QSTP SECONDE H DE DEUX HEURES SUR LE CHAPITRE FAMILLE Travail préparatoire : EXERCICE 1 : Tous ceux qui ont entrepris de retracer la genèse de l'humanité ont considéré que les plus anciennes réunions d'êtres humains ne sauraient avoir connu d'organisation plus simple ni plus primitive que celle de la famille patriarcale, fondée sur le mariage monogame. L'origine de toute société, a-t-on répété depuis l'Antiquité, c'est l'agglomération naturelle des parents par le sang, composée du père, de la mère et de leurs descendants : c'est là, le groupe primordial donné par la nature « au commencement des choses », la famille naturelle, en quelque sorte la monade souche d'où sont sorties jadis « les nations de la terre ». Les auteurs de l'Antiquité classique, les livres sacrés de l'Orient, et même la plupart des philosophes modernes, ont paru admettre, comme un axiome évident par lui-même, que la famille, sortie d'un couple unique, groupée autour du père, maître absolu de sa femme, des enfants et des biens, et auquel succédera son fils aîné, avait été l'origine nécessaire de toute société. Cette famille patriarcale dont l'histoire profane et l'histoire sacrée nous reproduisent le tableau stéréotypé, au début des civilisations antiques, est devenue le moule dans lequel on a fait entrer toutes les institutions politiques, sociales, économiques et religieuses de l'ancien monde. Elle se présente à nous, dit-on, apportée par une tradition si ancienne et si générale, que le système patriarcal emporterait avec lui comme l'idée d'une caractéristique de la race humaine. Source : A Giraud-Teulon, histoire du mariage. Questions : 1. Quelles sont les caractéristiques de la famille qui sont considérées comme normales 2. Expliquez la phrase soulignée , que traduit-elle ? Exercice 2 : Elisabetta est née en Italie deux ans après la mort de sa mère naturelle, de sa mère génétique, après avoir été portée pendant neuf mois par la propre soeur de son père génétique. La vraie mère d’Elisabetta, femme souffrant de stérilité et désirant fort normalement des enfants, avait fait confiance à la procréation médicalement assistée. Après prélèvement de plusieurs de ses ovules et fécondation en éprouvette par le sperme de son mari, les embryons furent congelés dans l’attente d’une implantation qui ne put jamais se faire. En effet, la jeune femme se tua dans un accident. Plus d’un an après sa mort, plusieurs de ces embryons sont implantés dans l’utérus de la propre soeur [célibataire] du mari... Celle-ci et son frère entendent ainsi perpétuer « ce désir de maternité brisé par une mort précoce ». Après neuf mois de gestation, Elisabetta, fille de sa tante porteuse vient au monde. Juridiquement, le cas est inextricable. La loi italienne veut en effet que soit déclarée mère légale celle qui accouche. Ce qui fait que légalement la petite Elisabetta est née fille de sa tante et de père inconnu. Et que, tout aussi légalement, elle devenue la nièce de son propre père. Source : Pierre Georges, Le Monde, 13 janvier 1995 Questions : 1. A priori une femme peut-elle avoir des enfants après sa mort ? 2. Qui est la véritable mère biologique, sociale, légale d’Elisabetta Exercice 3 : « La famille Malaise proprement dite - le Sa-Mandei - consiste dans la mère et ses enfants : le père n'en fait point partie. Les liens de parenté qui unissent ce dernier à ses frères et sœurs sont
plus étroits que ceux qui le rattachent à sa femme et à ses propres enfants. Il continue même après son mariage à vivre dans sa famille maternelle ; c'est là qu'est son véritable domicile, et non pas dans la maison de sa femme : il ne cesse pas de cultiver le champ de sa propre famille, à travailler pour elle, et n'aide sa femme qu'accidentellement. Le chef de la famille est ordinairement le frère aîné du côté maternel (le mamak ou avunculus). De par ses droits et ses devoirs, c'est lui le vrai père des enfants de sa sœur. À sa mort, c'est le fils aîné parmi les mâles de la samandei maternelle, qui prend la place de l'oncle. S'il n'existe aucun fils en âge d'occuper cette situation, c'est la mère qui prend la direction de la famille, et ce n'est qu'à défaut de la mère et de ses frères, que le père, si les enfants sont encore mineurs, devient le chef de la famille. Le mari n'est chargé ni de l'alimentation ni de l'entretien de sa femme et de ses enfants. Cette obligation revient à la famille maternelle, à laquelle appartiennent la femme et les enfants. Les biens de la famille sont affectés à cet usage et forment un patrimoine commun inaliénable. Les biens de chaque Malais reviennent après sa mort à sa famille maternelle, en premier lieu à ses frères et à ses sœurs, et après eux aux enfants de ses sœurs, mais jamais à sa femme ou aux enfants qui en sont nés. Source : A Giraud-Teulon, histoire du mariage. Questions : 1. La famille malaise est-elle une famille nucléaire (rappelez sa définition) ? 2. Quelle est la filiation caractérisant la famille malaise ? 3. les femmes exercent-elles l’autorité dans la famille malaise ? Justifiez . Exercice 4 : Danny et son frère aîné sont Américains. Ils vivent avec leur mère divorcée et le second mari de celle-ci, quand la jeune femme disparaît brutalement dans un accident. Danny est alors âgé d’un an à peine. Leur père ne demande pas la garde, et les enfants sont élevés par leur beau-père, qui s’en charge volontiers. Six ans plus tard, le frère aîné de Danny décide de vivre avec son père biologique. Celui-ci demande alors la garde de Danny en disant que les enfants ne doivent pas être séparés. Le beau-père s’y oppose, et le tribunal lui donne raison : c’est lui qui a été, pendant 6 des 7 années de la vie de Danny, son parent principal...Mais la décision est ensuite cassée en appel, au motif qu’un beau-père n’est qu’un tiers, qui ne saurait être autorisé à interférer avec l’intérêt légitime du parent biologique. Cette affaire aurait très bien pu se passer en France. Elle illustre une incertitude sur ce que nous nommons aujourd’hui un parent, et donc aussi un fils et une fille. La justice est soumise à un dilemme lorsqu’elle se doit de trancher entre des prétentions contradictoires. Quel est le « vrai » parent d’un enfant ? Son père biologique ou son père social, celui qui a donné le jour ou celui qui l’élève ? Source : Irène Théry, Sciences humaines n° 101, janvier 2000 Questions : 1. Expliquez la phrase soulignée 2. Montrez que l’exemple de Danny et de son frère en sont représentatifs .
Question de synthèse : Vous montrerez que la famille présente des caractéristiques qui sont les mêmes dans toutes les sociétés et qu’elle est donc un phénomène universel et apparemment naturel. Pourtant en réalité on observe des formes familiales extrêmement différentes suivant les sociétés et les époques ce qui démontre que la famille est un construit social un fait culturel