Correction de la question de synthèse I.
Travail préparatoire 1. Dans le passage souligné ,l’engagement écologique d’un individu est expliqué par un calcul coût bénéfice typique d’un homo sociologicus actif. En effet , l’individu a pour objectif d’avoir la meilleure qualité de vie . avant de s décider d’agir pour l’environnement, il opère un calcul coût bénéfice . il compare le coût de son action ( perte de temps , produits plus chers , moins d’utilisation de voitures , .. ) avec ce qu’elle lui rapporte : un environnement de meilleure qualité . Si cette explication était valable , ce sont dans les pays où l’environnement est dégradé qu’il y aurait le plus d’actions visant à le protéger . Dans ce cas , le bénéfice serait nettement supérieur au coût . Or ?d’après l’auteur , c’est le contraire qui se remarque : « les catégories sociales et les pays les plus portés par l’écologie sont aussi ceux qui ont le moins à souffrir de la qualité environnementale et inversement ». Selon J.P.Bozonnet , l’engagement écologique ne peut s’expliquer par un calcul rationnel 2. 55% des suédois opèrent des achats en fonction de leurs conséquences écologiques en 20022003 : Nombre de suédois qui font es achats écologiques en 2002-2003 x 100 Nombre de suédois en 2002-2003 3. Premier tiret : religion protestante et pays du nord, plus particulièrement scandinaves : Les 5 pays où l’engagement écologique est le plus fort sont : Suède , Danemark, Finlande, Allemagne, Norvège Second tiret : religion catholique et pays du sud, méditerranéens : Portugal , Italie et Grèce ont des indice d’environnementalisme très faibles , 6 fois moins élevé que ceux des pays scandinaves 4. L’engagement écologique varie donc en fonction de la culture nationale : certains pays ( protestants et scandinaves ) développent des valeurs et des pratiques visant à protéger l’environnement : 55% des suédois et 44% des danois opèrent en 2002-2003 des achats favorables à l’environnement . D’autres ne considèrent pas le respect de l’environnement comme un idéal à atteindre : 1% des italiens travaillaient volontairement pour l’environnement en 2002-2003 Une démarche déterministe et culturaliste est donc adaptée pour expliquer l’engagement écologique des individus : les individus croient être libre et faire des choix, mais en réalité ils sont contraints par la culture et l’histoire du pays . Les théoriciens culturalistes vont s’inscrire dans la filiation durkheimienne. La culture est définie par un système de normes et de valeurs se caractérisant par leur cohérence (ils s’inscrivent donc plutôt dans une perspective holiste) .Les individus vont intérioriser ce modèle culturel sous la forme d’une personnalité de base au cour d’un processus de socialisation (la culture est donc acquise). La culture va déterminer des modèles de comportement assurant aux individus une sorte de guide pratique des usages de la société 5. L’auteur explique la forte progression des idées écologiques à partir des années 60-70 grâce à l’analyse d’Ingelhart . Selon cet auteur, dans les sociétés où la population est pauvre, ses exigences passent par la satisfaction de biens matériels. En revanche, dans les sociétés postmodernes , les valeurs changent :comme les revenus sont élevés les biens matériels ( se loger , manger) sont couverts . La population ne demande plus de nouveaux biens matériels, mais recherche la satisfaction de biens immatériels tels la réalisation de soi , la défense de l’environnement « (doc 3)
Selon Inglehart , tous les pays , quelles que soient leur histoire et leur culture, vont automatiquement passer au stade de protection de l’environnement dès que leur revenu sera assez élevé . La culture influence peut-être l’engagement écologique ,mais son influence est nettement plus faible que celui de l’enrichissement du pays :tous les pays protégeront à terme l’environnement 6. L’engagement écologique peut s’expliquer par la socialisation que l’on peut définir d’après G.Rocher comme « étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socio-culturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre » Lors de la socialisation primaire , les enseignants vont être un agent de socialisation important pour créer un intérêt vis-à-vis de l’environnement . Mais en plus de cet agent dont la fonction de socialisation est explicite, d’autres agents de socialisation dont leur fonction n’est qu’implicite ont une influence : ce sont les amis, »le groupe de pairs »
7. On remarque que : • Quel que soit le diplôme de l’individu, plus le niveau d’études de ses parents est élevé, plus l’engagement en faveur de l’environnement est fort : quand un européen a un niveau d’études secondaires , 22% ayant des parents avec un niveau d’études primaires font au moins une action environnementale , c’est le cas de 45% ayant des parents avec un niveau d’études supérieur . • Quel que soit le diplôme de ses parents, plus un européen a un diplôme élevé, plus l’engagement en faveur de l’environnement est fort : quand les parents ont un niveau d’étude primaire, 10% des européens avec un niveau d’études primaires sont engagés dans au moins une action en faveur de l’environnement ; c’est le cas de 40% ayant un niveau d’études supérieur • Ces 2 variables s’ajoutent : l’engagement environnemental est le plus faible pour les européens ayant un niveau d’études primaires dont les parents ont un niveau d’études primaires ( 10%) ; l’engagement est le plus fort pour les européens ayant un niveau d’études supérieures et dont les parents ont un niveau d’études supérieur ( 55%) Cela tient à l’influence de la socialisation sur l’engagement écologique : • C’est la socialisation scolaire et universitaire qui est prédominante dans l’acquisition de valeurs écologiques : plus l’individu poursuit des études longues, plus il sera en contact avec ces valeurs et les intégrera • La socialisation primaire par la famille jouera alors : plus la mère est diplômé, plus l’intérêt face à l’environnement est fort
II.
Question de synthèse
La conférence internationale de Poznan sur les changements climatiques s’est déroulée en Pologne, du 1er au 12 décembre 2008. Organisée sous l'égide des Nations Unies (ONU), la conférence internationale de Poznan sur les changements climatiques a pour objectif de poursuivre la mise en œuvre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et du Protocole de Kyoto sur les changements climatiques. Cette conférence de Poznan montre ainsi l’importance accordée à la dégradation de l’environnement et aux problèmes écologiques dans les pays occidentaux On peut chercher à expliquer les raisons de cet engagement croissant envers l’écologie. Après avoir montré qu’en apparence l’engagement écologique des européens s’explique par la dégradation de l’environnement incitant les individus à se mobiliser, vous relativiserez en montrant le rôle
déterminant des variables culturelles nationales. Dans une seconde partie vous expliciterez l’influence du passage à des sociétés post-modernes mais surtout le rôle essentiel des socialisations primaire et secondaire pour comprendre l’engagement écologique
Partie I A. En apparence l’engagement écologique des européens s’explique par la dégradation de l’environnement incitant les individus à se mobiliser 1. Constat : une dégradation de l’environnement Depuis le début des années 70 , la raréfaction des ressources naturelles , la montée de la pollution , la dégradation de la qualité de l’air et de l’eau ont engendré ,chez les scientifiques et la population une prise de conscience des risques à plus ou moins long terme de notre modèle de croissance productiviste basée sur une augmentation infinie de la production .En effet , le nombre de catastrophes naturelles se multiplient , tant dans les pays pauvres ( Tsunami) que dans les pays riches ( ouragan Katrina) .. 2. Devrait inciter les européens à se mobiliser Les conséquences de la dégradation de l’environnement pèsent donc de plus en plus fortement sur la population mondiale et devraient donc les inciter à faire des efforts conformément au modèle de l’homo sociologicus actif . En effet, d’après cette analyse, l’individu est un être rationnel qui n’agit que pour son profit après avoir opéré une analyse coût-bénéfice. Avant d’agir pour l’environnement, il compare le coût de son action ( perte de temps , produits plus chers , moins d’utilisation de voitures , .. ) avec ce qu’elle lui rapporte : un environnement de meilleure qualité .Si le coût lui paraît supérieur au bénéfice ,il n’agit pas ; dans le cas contraire , il met en place cette action . Or avec la dégradation de l’environnement ,le bénéfice attendu d’actions pratiques visant à protéger l’environnement augment et devrait pousser tous les individus à mette en place ce type de comportement
B. Mais il faut surtout tenir compte du rôle déterminant des variables culturelles nationales 1. Cette explication est à relativiser Or d’après J.P.Bozonnet , cette explication apparaît peu pertinente . En effet ,si cette explication était valable , ce sont dans les pays où l’environnement est dégradé qu’il y aurait le plus d’actions visant à le protéger . Or , d’après l’auteur , c’est le contraire qui se remarque : « les catégories sociales et les pays les plus portés par l’écologie sont aussi ceux qui ont le moins à souffrir de la qualité environnementale et inversement ». Une démarche de type wéberienne basée sur le calcul rationnel de l’individu ne paraît donc pas pertinente pour expliquer l ‘engagement écologique les individus croient être libreS et faire des choix, mais en réalité ils sont contraints par la culture et l’histoire du pays. 2. C’est la culture qui est essentielle dans l’engagement écologique Pour J.P.Bozonet , c’est « la culture religieuse et politique nationale qui influent sur les pratiques environnementales » ( doc 1 ) a) Constat
On peut effet opérer une typologie des pays selon l’importance de l’engagement écologique. Un premier groupe de pays se dégage : les pays du nord, particulièrement scandinaves et de religion protestante où l’engagement écologique est très fort. Ainsi, les 5 pays où l’indice d’environnementalisme est le plus élevé sont Les 5 pays où l’engagement écologique est le plus fort sont la Suède ,le Danemark, la Finlande, l’Allemagne et la Norvège . Ainsi, 55% des suédois et 44% des danois opèrent en 2002-2003 des achats favorables à l’environnement (doc 2 ) Un second groupe de pays apparaît : les pays du sud, méditerranéens et d e religion catholique dont l’engagement écologique est très faible. Ainsi le Portugal, l’Italie et la Grèce ont des indice d’environnementalisme très faibles : en moyenne 6 fois moins élevé que ceux des pays scandinaves. Par exemple seulement 1% des italiens travaillaient volontairement pour l’environnement en 20022003 b) Explications L’engagement écologique varie donc en fonction de la culture nationale que l’on peut définir comme un ensemble d’éléments interdépendants constituant un tout organisé ,inculqué aux membres de la société et respecté sous peine de sanctions, visant à répondre aux défis auxquels chaque société est confrontée :certains pays ( protestants et scandinaves ) développent des valeurs et des pratiques visant à protéger l’environnement . D’autres ne considèrent pas le respect de l’environnement comme un idéal à atteindre. C’est ce qu’affirme J.Bozonet : « des enchaînements de longue durée par lesquelles les idées sont associées et, sous la forme d’héritages pluriels ou de résurgences du passé expliqueraient les pratiques environnementales » . Une démarche déterministe et culturaliste est donc adaptée pour expliquer l’engagement écologique des individus .Les théoriciens culturalistes vont s’inscrire dans la filiation durkheimienne. La culture est définie par un système de normes et de valeurs se caractérisant par leur cohérence (ils s’inscrivent donc plutôt dans une perspective holiste) .Les individus vont intérioriser ce modèle culturel sous la forme d’une personnalité de base au cour d’un processus de socialisation (la culture est donc acquise). La culture va déterminer des modèles de comportement assurant aux individus une sorte de guide pratique des usages de la société .Ainsi , si un individu a une conscience écologique c’est parce que la culture de son pays valorise l’idéal environnemental. Ainsi, contrairement à ce que l’on aurait pu penser a priori ce n’est pas le développement des nuisances liées à la pollution qui est à l’origine de l’apparition d’actions protégeant l’environnement .En effet , alors que la plupart des pays européens subissent les mêmes dégradations , seuls certains considèrent l’environnement comme une priorité . Le facteur essentiel serait alors les valeurs et les normes de chaque pays
PARTIE II Or avec la mondialisation et l’enrichissement des sociétés, les cultures nationales se rapprochent et on observe une tendance générale à la protection de l’environnement dans tous les pays occidentaux. Comme la population est plus riche et plus instruite, les revendications changent de matérielles, elles deviennent immatérielles
A. l’influence du passage à des sociétés post-modernes D’après Inglehart ,la forte progression des idées écologiques à partir des années 60-70 s’explique par l’enrichissement des pays .En effet, dans les sociétés où la population est pauvre, les exigences passent par la satisfaction de biens matériels. En revanche, dans les sociétés post-modernes, les valeurs
changent :comme les revenus sont élevés les biens matériels ( se loger , manger) sont couverts . La population ne demande plus de nouveaux biens matériels, mais recherche la satisfaction de biens immatériels tels la réalisation de soi , la défense de l’environnement « (doc 3) Ainsi , tous les pays , quelles que soient leur histoire et leur culture, vont automatiquement passer au stade de protection de l’environnement dès que leur revenu sera assez élevé . La culture influence peut-être l’engagement écologique, mais son influence est nettement plus faible que celui de l’enrichissement du pays :tous les pays protégeront à terme l’environnement
B. le rôle essentiel des socialisations primaire et secondaire pour comprendre l’engagement écologique. L’enrichissement du pays aura aussi des conséquences indirectes sur l’engagement écologique . En effet ,plus le niveau de vie moyen augmente , plus la durée de scolarisation augmente .Or on remarque que plus le niveau d’études est élevé , plus la prise de conscience écologique est forte . 1. Constat ( doc 4) Ainsi, quel que soit le diplôme de l’individu, plus le niveau d’études de ses parents est élevé, plus l’engagement en faveur de l’environnement est fort : quand un européen a un niveau d’études secondaires, 22% ayant des parents avec un niveau d’études primaires font au moins une action environnementale , c’est le cas de 45% ayant des parents avec un niveau d’études supérieur . De même, quel que soit le diplôme de ses parents, plus un européen a un diplôme élevé, plus l’engagement en faveur de l’environnement est fort : quand les parents ont un niveau d’étude primaire, 10% des européens avec un niveau d’études primaires sont engagés dans au moins une action en faveur de l’environnement ; c’est le cas de 40% ayant un niveau d’études supérieur Ces 2 variables s’ajoutent : l’engagement environnemental est le plus faible pour les européens ayant un niveau d’études primaires dont les parents ont un niveau d’études primaires (10%) ; l’engagement est le plus fort pour les européens ayant un niveau d’études supérieures et dont les parents ont un niveau d’études supérieur ( 55%) 2. Explications L’engagement écologique peut ainsi s’expliquer par la socialisation que l’on peut définir d’après G.Rocher comme « étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socio-culturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre » L’engagement écologique dépend prioritairement de la socialisation scolaire. C’est la socialisation scolaire et universitaire qui est prédominante dans l’acquisition de valeurs écologiques : plus l’individu poursuit des études longues, plus il sera en contact avec ces valeurs et les intégrera. Les enseignants vont être un agent de socialisation important pour créer un intérêt vis-à-vis de l’environnement. Mais en plus de cet agent dont la fonction de socialisation est explicite, d’autres agents de socialisation dont leur fonction n’est qu’implicite ont une influence : ce sont les amis, « le groupe de pairs » ( doc 3 ) On retrouve alors l’analyse de l’habitus de P.Bourdieu : chaque individu va au cours de sa socialisation primaire intérioriser un système relativement cohérent de dispositions durables et transposables à beaucoup de situations qui va fonctionner comme un guide d’appréciations, de perceptions influençant ses actions. Mais au cours de sa socialisation secondaire, il sera en contact avec d’autres individus, d’autres cultures qui lui feront modifier ses valeurs et ses comportements. La socialisation primaire par la famille jouera alors : plus la mère est diplômé, plus l’intérêt face à l’environnement est fort
L’engagement écologique croissant en Europe s’explique ainsi par le biais de 2 facteurs essentiels : la culture du pays qui pousse à valoriser ou non la protection de l’environnement et l’enrichissement des nations qui modifie les revendications et développe la scolarisation favorable à ces valeurs environnementalistes ; Ainsi les sociétés post-modernes seraient plus aptes à protéger l’environnement. C’est ce qui peut expliquer le relatif échec de al conférence de Poznan . Les pays développés cherchaient à mettre en place une vision commune sur un objectif à long terme de réduction des émissions. Certains pays industrialisés estiment qu'une réduction de 50% des émissions en 2020 par rapport au niveau de 1990 est nécessaire pour l'objectif de prévention de la hausse des températures. Pourtant, les pays en développement ont rejeté un tel objectif mondial à ce stade, arguant que cette vision n'est pas possible car il n'y a pas de plans concrets sur la fourniture de financements et de technologies nécessaires exigés par les pays en développement.