LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT CHAPITRE 6 : REUSSITE ET ECHEC DES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 1.Des modèles aux stratégies de développement.
1.1. L’articulation agriculture-industrie. • De nombreux PED ont appuyé leur développement sur l’industrialisation de leur économie, souvent au détriment de leur agriculture. (Influence de la thèse dualiste d’Arthur Lewis.) • Le développement de l’agriculture a peu fait l’objet de réflexions : secteur agricole comme réserve de main d’œuvre pour l’industrie, qui, au mieux bénéficie des effets d’entrainement de la modernisation du secteur industriel.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 1.Des modèles aux stratégies de développement. 1.2. Modèles de croissance équilibrée / modèles de croissance déséquilibrée. Deux thèses s’opposent sur la manière de stimuler l’industrialisation : Ragnar Nurkse et Paul Rosenstein-Rodan : répartir les investissements dans toutes les branches industrielles pour stimuler simultanément l’offre et la demande (croissance équilibrée / analyse en termes de cercles vertueux du sousdéveloppement) = suppose des investissements dirigés vers les industries légères et les industries de biens de consommation. Albert Hirschman ou François Perroux : concentrer l’investissement vers les branches les plus susceptibles d’entraîner des retombées positives sur l’ensemble de l’économie (croissance déséquilibrée) = stratégies de développement basées sur l’industrie lourde.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 1.Des modèles aux stratégies de développement. 1.3. Le rôle de l’Etat dans les stratégies volontaristes de développement. Les différents modèles et stratégies de développement ont en commun de mettre en avant le rôle de l’Etat comme acteur central de la stratégie d’industrialisation. En théorie, il existe des nuances importantes (rôle de coordination de l’Etat dans les modèles de croissance équilibrée / rôle plus important dans les modèles de croissance déséquilibrée / différences sur la durée d’intervention de l’Etat). Dans la pratique, dans la plupart des pays, l’Etat se voit conférer plusieurs rôles. L’exemple de la Corée du sud.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 2.Les stratégies d’industrialisation : de la protection à l’ouverture. 2.1. Le développement autocentré. 2.1.1. Les industries industrialisantes. Stratégie inspirée de Destanne de Bernis et de la thèse de la croissance déséquilibrée : Inde dans les années 1950 et l’Algérie à partir de 1967. 2.1.1.1. Les principes. - Développer les industries ayant des effets d’entraînement sur les autres et permettant de rendre le pays autonome. - Mise en place d’une politique volontariste de l’Etat à travers la planification publique ou en orientant les investissements à la place du marché. 2.1.1.2. Les limites. Dépendance technique / insuffisance de débouchés / coûts de production élevés / entreprises publiques peu innovatrices / sacrifice de certaines activités.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 2.Les stratégies d’industrialisation : de la protection à l’ouverture. 2.1.2. L’industrialisation par substitution aux importations (ISI). Stratégie théorisée par la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) à partir des travaux de Raùl Prebisch. Elle est mise en œuvre dans les années 1950 par la majorité des PED, généralisé en Amérique Latine mais aussi en Asie (Corée, Philippines…) et en Afrique (Sénégal, Kenya…). 2.1.2.1. Les principes. - Assurer un développement équilibré où la production nationale satisfait progressivement la demande interne en remplaçant les importations. - Elle s’appuie aussi sur des politiques protectionnistes. - Stratégies de remontée des filières : en produisant un bien, on acquiert progressivement des techniques de production nécessaires à sa fabrication. 2.1.2.2. Les limites. Secteur industriel protégé et inefficace et structures oligopolistique et monopolistique, sousutilisant la capacité de production, dépendant des technologies étrangères et créant peu d’emplois.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 2.Les stratégies d’industrialisation : de la protection à l’ouverture. 2.2. L’industrialisation exportations.
par
la
promotion
des
Stratégie d’industrialisation, passant par une participation croissante au commerce international (développement extraverti). On la nomme aussi Substitution d’Exportation (SE).
2.2.1.Les principes. Remplacer les exportations de produits primaires par des exportations de produits manufacturés et semi-manufacturés ou de produits primaires élaborés. Dans la pratique, stratégies mixtes mêlant industrialisation par substitution d’importations et industrialisation par promotion des exportations. Substituer progressivement aux exportations de produits primaires des produits de plus en plus élaborés par le principe de la remontée des filières.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 2.Les stratégies d’industrialisation : de la protection à l’ouverture. 2.2.2. Les avantages. Bela Balassa (Comparative advantage, trade policy and economic development, 1989), résume les avantages de la SE de la façon suivante: “Les politiques de promotion des exportations conduisent à une allocation des ressources conforme à l’avantage comparatif, permettant une plus grande utilisation des capacités de production, l’exploitation d’économies d’échelle, entraînent des améliorations technologiques face à la concurrence externe et contribuent à accroître l’emploi ». Présentation des principaux avantages .
2.2.3. Les résultats des expériences de promotion des exportations. Banque Mondiale : les performances des pays orientés vers l’extérieur sont systématiquement meilleures que celles des pays tournés vers le marchés externe. Illustration par les faits. Critique de Samir Amin et Hans Singer. La portée de la crise asiatique de 1997 et le cas de la Thaïlande.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 2.Les stratégies d’industrialisation : de la protection à l’ouverture. 2.3. Les transferts de technologie comme vecteur de l’industrialisation. Transferts de technologie : « l’exportation des moyens de mise en œuvre des techniques » (J.Perrin, Les transferts de technologie, Repères, La Découverte, 1983). Monopole écrasant des pays développés en matière de technologies. Les 112 innovations techniques majeures du XXe siècle ont toutes été faites dans les pays riches, et 60% aux Etats-Unis. Les PED représentent, en 2002, 10% des brevets déposés dans le monde (données OCDE) => PED importateurs nets de technologie (sauf cas de la Chine). Les vecteurs des transferts de technologie (licences, brevets, FMN, complexes industriels « clefs en main », coopération technique…) Paul Romer, (théories de la croissance endogène) : les multinationales constituent un des principaux moteurs du développement en jouant un rôle essentiel dans les transferts de technologie. La question des coûts des transferts.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 3.Les stratégies s’appuyant sur l’agriculture. 3.1. Une brève typologie des agricultures du TiersMonde. Quatre types d’organisation de l’agriculture dans le tiersmonde (Marc Pénouil, Sociologie du sous-développement, Paris, Dalloz, 1979): – L’agriculture de subsistance : Agriculture peu productive qui a vocation à nourrir les producteurs et non à participer aux échanges. – L’agriculture des grandes propriétés ou agriculture latifundiaire : Agriculture dans laquelle le travail humain reste le principal facteur de production tandis que les techniques de production sont peu performantes (faibles rendements). – L’agriculture de transition : Agriculture passant progressivement du secteur de subsistance vers le secteur marchand puisqu’une partie de la production est commercialisée (l’autre partie servant à l’autoconsommation). – L’agriculture de plantations modernes : Agriculture à vocation exportatrice dont la productivité est élevée.
Faible pertinence de l’opposition culture-vivrière – culture d’exportation. Nécessaire complémentarité.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 3.Les stratégies s’appuyant sur l’agriculture.
3.2. Les progrès agricoles comme préalable au développement ? Paul Bairoch (Le Tiers-Monde dans l’impasse, 1971), Simon Kuznets (Croissance et structures économiques, 1972): importance des surplus dégagés par le secteur agricole comme préalable au décollage économique des pays industrialisés. Les formes possibles du surplus agricole.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 3.Les stratégies s’appuyant sur l’agriculture. 3.3. Les modalités du développement agricole. 3.3.1. La révolution verte : des famines à l’autosuffisance alimentaire. Sur le plan technique, la Révolution verte s’appuie sur d’importants programmes de recherche et de diffusion de procédés visant à améliorer les performances des agricultures du Tiers-monde (cf Norman Borlaug, prix Nobel de la Paix en 1970). Sur les plans économique et politique : sécuriser le revenu des agriculteurs. Augmentation de la capacité productive des agriculteurs MAIS creusement des inégalités / menée en partie par FMN.
I) LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT : PORTEE ET LIMITES. 3.Les stratégies s’appuyant sur l’agriculture.
3.3.2. Les réformes agraires. On parle de réformes agraires dès lors qu’une politique publique volontariste s’engage dans la redistribution de l’usage des terres selon des choix issus d’une politique agricole clairement définie. Objectif global de développement rural centré sur la production vivrière : Redistribuer les terres des grandes propriétés vers les plus petites = résultats sociaux et économiques positifs. Mais des résistances d’ordre sociopolitiques.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 1.La crise de la dette dès le début des années 1980. 1.1. A l’origine de la rupture des années 1980. Des eurodollars à la surliquidité des banques : - Dollars investis en monnaie fiduciaire en Europe dans les années 50 par firmes US => eurodollars progressivement utilisés par les banques non-américaines (négociés à taux < taux du marché)=> attraction pour les banques internationales qui négocient eurodollars en monnaie scripturale => Les eurodollars se multiplient par le jeu des prêts entre banques du nord => Au milieu des années 60, développement des euro-obligations. - Les eurodollars croissent alors de manière exponentielle et le phénomène débouche sur la "surliquidité" des banques => Les banques du Nord vont alors prêter leurs surplus d’eurodollars accumulés sans trouver suffisamment d’emprunteurs à des taux d'intérêt réels faibles, voire négatifs, aux pays en développement.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 1.La crise de la dette dès le début des années 1980. Le développement des pétrodollars: - Seconde moitié des années 70 : les deux chocs pétroliers entraînent le développement des pétrodollars (les dollars issus du pétrole), venant s'ajouter aux eurodollars dans les caisses de banques de plus en plus en situation de surliquidité. - Entre 1970 et 1980, le montant de la dette du Tiers Monde contractée auprès des banques internationales est multipliée par 33. - A partir de la fin des années 1960, la dette du Tiers-Monde s’accélère : elle est multipliée par 12 de 1968 à 1980. - La dette résulte d’une logique de demande (les gouvernements financent leurs stratégies de développement) et d’une logique d’offre (les banques se bousculent pour accorder des prêts).
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 1.La crise de la dette dès le début des années 1980. 1.2. Le déclenchement de la crise de la dette. Arrivée de Paul Volcker à la Fed en 1979 : augmentation des taux directeurs + ralentissement de l’inflation => les taux d’intérêts réels augmentent de 20% entre 1978-1979 et 1980-1981. Les taux des prêts octroyés au Tiers Monde par les banques privées en situation de surliquidité étaient variables et directement déterminés par les taux américains => explosion mécanique des remboursements de la dette du Tiers Monde. Cas de l’Amérique latine, le taux d’intérêt réel passe d’un taux négatif de – 3,4% en moyenne de 1970 à 1980, à un taux de + 19,9% en 1981, +27,5% en 1982… Diminution du cours des matières premières : pression à la baisse sur les revenus d’exportation des PED => détérioration des termes de l’échange des pays non pétroliers. Ralentissement, puis baisse de l’activité économique mondiale => réduction des marchés d’exportation des PED. LA CRISE ECLATE AU Mexique EN 1982.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 1.La crise de la dette dès le début des années 1980. 1.3. La gestion de la crise et l’évolution de l’endettement des pays en développement. Risque systémique. Les banques créditrices risquent la faillite en cas de moratoire sur la dette . Décennie marquée par de multiples tentatives de rééchelonnement de la dette pays par pays (tâtonnements successifs de la part des Etats-Unis, des membres du G7 et des institutions financières internationales). Plusieurs plans de stabilisation dont plan Brady en 1989. Sommet du G7 de Cologne (juin 1999) et l’assemblée annuelle du FMI et de la banque mondiale (septembre 1999) => annulation d’une grande partie de la dette bilatérale et multilatérale des 33 pays les plus pauvres. Les prêts accordés aux pays développés cessent totalement mais progression de la dette au cours des années 80 et début années 90 par « effet boule de neige ».
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 2. Les politiques d’ajustement structurel.
2.1. Le consensus de Washington. • « consensus de Washington » (John Williamson) : désigne le corpus théorique d’inspiration néoclassique et monétariste mis en avant par le FMI et la Banque mondiale, à partir du début des années 1980. • Les « dix commandements faits pour le développement » 1989. • Trois principes : la libéralisation, la privatisation, la dérégulation. • Trois pôles d’hypothèses (Stéphanie Treillet dans l’économie du développement , 2008): pôle monétariste / pôle ultra-libéral /pôle inspiré des théories classiques du commerce international.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 2. Les politiques d’ajustement structurel. 2.2. Les modalités des stratégies d’ajustement : du conjoncturel au structurel. • Au départ, des politiques conjoncturelles cherchent à garantir le remboursement des prêts en : Promouvant les exportations (dévaluation monétaire) ; Comprimant la demande intérieure (coupe dans les dépenses publiques pour améliorer solde budgétaire et commercial) ; Comprimant la masse monétaire (augmentation des taux d’intérêt). • Ensuite, action plus structurelle (seconde moitié des années 1980 ou au début de la décennie 1990) par la libéralisation et la privatisation des structures.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 2. Les politiques d’ajustement structurel.
2.3. Les limites des stratégies d’ajustement structurel. 2.3.1. L’impact économique et social des politiques d’ajustement structurel. - Les plans d’ajustement structurel ont eu des effets bénéfiques dans les pays déjà avancés dans leur développement et qui disposaient d’institutions politiques et sociales stables. - Dans beaucoup de pays, les effets restent contrastés du fait d’une absence d’adaptation des politiques au contexte local. - Les taux de croissance restent inférieurs aux niveaux escomptés. - En Amérique latine, les plans d’ajustement sont à l’origine d’une hyperinflation qui affecte les plus vulnérables. - Conséquences sociales des politiques d’ajustement structurel : l’exemple de l’Afrique subsaharienne.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 2. Les politiques d’ajustement structurel. 2.3.2. Les crises financières dans les pays émergents. -
-
Les mécanismes des crises financières sont reliés aux choix de politique mis en œuvre dans le cadre des plans d’ajustement structurel. Les politiques anti-inflationnistes ont conduit à une surévaluation du taux de change et à des taux d’intérêt élevés. Surévaluation du change = perte de compétitivité-prix des secteurs exportateurs et déficit commercial et courant. Politiques d’ouverture aux échanges et libéralisation des capitaux => déficit commercial financé au départ par excédent de la balance des capitaux => les flux d’IDE qui tirent la croissance et les exportations vont conduire à accentuer déficit commercial (car les importations vont progresser plus vite que les importations du fait de la dépendance de l’appareil productif). Le gonflement du déficit courant érode la confiance des investisseurs : crise financière (crise de change, crise boursière et crise économique) => effet de contagion dans le cas de la crise asiatique de 1997.
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 2. Les politiques d’ajustement structurel. 2.3.3. La remise en cause du « consensus de Washington » et sa reformulation. 2.3.3.1. Une action inadaptée des institutions internationales. Critique des plans de sauvetage massifs mis en place depuis 1995 (50 milliards de $ pour le Mexique, plus de 100 milliards de $ pour l’Asie en 1997-1998) => risque d’encourager la spéculation et les comportements irresponsables. La question du contrôle des marchés financiers et de leur régulation se pose. Joseph Stiglitz, souligne l’importance de réglementer les mouvements de capitaux à court terme. Position critique de Stiglitz face au FMI qui aurait : - Conditionné ses aides aux réformes structurelles engagées ; - Encouragé des politiques dépressives (« thérapie de choc ») ; les crises financières à cause d’une - contribué à propager déréglementation trop rapide et incontrôlé qu’il qualifie de « fanatisme du marché » (Joseph Stiglitz, La Grande Désillusion, 2002.)
II) LE TOURNANT LIBERAL DES MODELES DE DEVELOPPEMENT. 2. Les politiques d’ajustement structurel. 2.3.3.2. Les leçons tirées des échecs participent à la formulation d’une nouvelle doctrine. A partir du milieu des années 1990, remise en cause des politiques d’ajustement structurel : formulation d’une « nouveau consensus de Washington » : - Constat de la nécessité de légitimer les mesures d’ajustement structurel auprès des populations, en les adaptant au contexte local et en luttant contre la pauvreté. (« empowerment » d’Amartya Sen); - Constat de la nécessité de réintroduire l’Etat dans le jeu économique, en cohérence avec les théories de la croissance endogène. Deux conditions à l’intervention de l’Etat : Son action doit être limitée à certains segments des infrastructures, de l’éducation, de la santé, qui sont mal prises en compte par le marché. L’intervention de l’Etat doit se faire dans la transparence, dans le respect du droit (« bonne gouvernance » Douglas North). Mise en avant de thématiques telles que le recours à la « société civile » et au « développement participatif » qui font partie de la nouvelle philosophie de l’ajustement structurel.
III) VERS UN NOUVEAU PARADIGME DU DEVELOPPEMENT ? 1. Le dilemme Etat / marché : les apports de la Nouvelle Ecole Keynésienne. • Les économistes de la Nouvelle Ecole Keynésienne (NEK) participent au renouvellement de la réflexion sur les rapports entre Etat et marché. • Les travaux de Stiglitz sur la concurrence imparfaite montrent que les structures du marché peuvent empêcher les mécanismes marchands d’être optimaux. • La correction des imperfections du marché par l’Etat dans les expériences asiatiques doit permettre de renouveler la perception des fonctions de l’Etat dans le développement. • Stiglitz propose d’élargir la notion de développement retenue par les institutions internationales à des dimensions non économiques comme l’accès à la culture, la démocratie, l’éducation, la santé et la réduction des inégalités => Le développement doit tenir compte des spécificités locales et impliquer la société civile.
III) VERS UN NOUVEAU PARADIGME DU DEVELOPPEMENT ? 2. Le développement des libertés. • Amartya Sen introduit une dimension philosophique dans son approche du développement : il n’y a pas d’acteur économique mais des personnes dotées d’une certaine morale. • Les Etats doivent choisir quelles dépenses pourront être utilisées par les plus pauvres pour qu’ils disposent des libertés réelles leur permettant d'exploiter leurs capacités et d'orienter leur existence (« capabilités »). • La démocratie devient centrale dans le raisonnement : elle doit permettre un développement qui prend en compte les aspirations de l'individu (leurs « libertés positives »).
III) VERS UN NOUVEAU PARADIGME DU DEVELOPPEMENT ? 3. Un développement durable. Les stratégies de développement semblent progressivement s’inscrire dans une démarche plus générale de développement durable.
3.1. L’apparition et la diffusion de la notion. Travaux du « club de Rome » aboutissent en 1972 au • « Rapport Meadows » intitulé « Halte à la croissance ». • Rapport Brundtland en 1987 : introduit le concept de sustainable development : il s’agit « d’un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations future de répondre aux leurs ». • Dimension économique, sociale et environnementale : L’articulation entre ces trois dimensions est supposée parvenir à la mise en place d’un cercle vertueux du développement.
III) VERS UN NOUVEAU PARADIGME DU DEVELOPPEMENT ? 3. Un développement durable.
3.2. L’enjeu du développement durable pour les PED. 3.2.1. La revendication d’un droit au développement par les PED. • Les PED considèrent qu’ils ont un droit légitime d’exploitation des ressources naturelles en fonction de leur besoin au même titre que les pays du Nord lors de leur révolution industrielle. • Crainte de devoir freiner leur développement. • Crainte d’un protectionnisme déguisé. • Revendication d’une redistribution des ressources environnementales en contrepartie d’efforts de développement durable.
III) VERS UN NOUVEAU PARADIGME DU DEVELOPPEMENT ? 3. Un développement durable.
3.2.2. Le risque de dumping environnemental. • L’absence de règlementation environnementale rend les économies en développement attractives pour les pollueurs. • Mais pressions sur les FTN pour adopter des technologies propres => les PED peuvent tirer avantages de transferts de technologies pour rendre leur marché attractif. • La courbe de Kuznets environnementale : comme pour les inégalités de revenus, la croissance du PIB aurait un effet de dégradation provisoire de l’environnement.
III) VERS UN NOUVEAU PARADIGME DU DEVELOPPEMENT ? 3. Un développement durable.
3.2.3. Des perspectives nouvelles de répartition des ressources économiques et écologiques. • Les pays du Tiers-Monde font face à des problèmes écologiques localisés qui les concernent spécifiquement (désertification, risques de voir des terres littorales submergés…). • Les populations les plus pauvres sont fréquemment les plus touchées par les catastrophes ou les dégâts environnementaux. • Les plus pauvres sont aussi très exposés aux formes diverses de pollution en tant que travailleurs.