Yuri Kissin

  • Uploaded by: Daria Moudrolioubova
  • 0
  • 0
  • May 2020
  • PDF

This document was uploaded by user and they confirmed that they have the permission to share it. If you are author or own the copyright of this book, please report to us by using this DMCA report form. Report DMCA


Overview

Download & View Yuri Kissin as PDF for free.

More details

  • Words: 2,206
  • Pages: 1
Le Courrier de Russie

8

LES RUSSES EN FRANCE

Chant

Du 26 septembre au 12 octobre 2008

Chronique littéraire

Rire sans peur

Le « Roman de la Mamie », ou les Russes en Amérique

Youri Kissin souffle un vent sibérien sur l’Opéra de Paris parodies. Un jour, alors que je venais de faire une parodie d’un chanteur d’opéra, j’ai été abordé par mon futur professeur de chant. En un mois, il m’a préparé au concours d’entrée à l’Académie de musique de Tel Aviv, et j’ai été pris. » En 1999, après une audition pour l’Opéra de Paris où se déroulait le concours d’entrée au Centre de formation lyrique, il est invité à participer directement à la finale et se retrouve parmi les douze chanteurs élus. Il apprend le français et, fort des invitations qui lui parviennent des théâtres de France, décide de rester.

Iouri Droujnikov, Grandeur et déclin de Lily Bourbon, poétesse et catin

Vagabond au coeur casanier

D.R.

Parisien d’adoption, il se sent néanmoins plus proche de la mentalité du Sud de la France, où il chante souvent : « Tout y est plus simple, les gens sont plus détendus. Et puis il y a la mer, et le soleil. Je ne supporte pas le ciel gris de Paris. » De Paris, il n’aime pas non plus la distance entre les gens. Mais il y reste : « Paris, c’est comme une série télé : certes, c’est une histoire qui se répète, qui n’est pas toujours très intéressante et que l’on devine d’avance mais dont on ne peut pas se détacher : on doit absolument savoir si, à la fin, le héros conquerra Paris. » Et voilà Bel Ami transformé en soap opera!

Yuri Kissin dans le rôle du Médecin dans "Pelléas et Mélisande" de Debussy (Théâtre des Champs-Elysées)

Alors que les antimondialistes critiquent l’uniformisation de la planète, les chanteurs d’opéra en profitent. Forts de leur langue universelle, ils filent d’un point à l’autre du globe et s’avancent sur scène, de Berlin à Bangkok, avec la même aisance. Une Traviata asiatique dans un théâtre français ? Personne ne crie à la concurrence déloyale. Un Selim russoisraélien dans Le turc en Italie de Rossini, joué à Marseille ? Quoi de plus normal ! Justement, ce Selim-là, c’était Yuri Kissin qui, à peine rentré d’une tournée au Japon, endosse le rôle du comte de Ceprano dans Rigoletto à l’Opéra de Paris. Pour le Courrier de Russie, nous le croisons sur les marches de l’Opéra Bastille.

Né à Perm, dans l’Oural, là ou l’Europe prend fin et où commence l’Asie, Yuri a émigré en Israël à 16 ans et habite aujourd’hui en France où se déroule l’essentiel de sa carrière. Son père et un de ses oncles sont violonistes, et le reste de la famille fou d’opéra : « au fond, une famille juive tout ce qu’il y a de plus banal », plaisante Yuri. Rien d’étonnant alors dans sa découverte précoce de l’art lyrique. A trois ans, il assistait à un opéra pour enfants pour découvrir, un peu plus tard, Madame Butterfly. « J’avais tellement aimé le spectacle que j’essayais de persuader ma mère de m’obtenir une place dans la production pour jouer le fils de Madame Butterfly. Mais, enfant, je chantais faux, et on me disait que je ne serai jamais chanteur. » Il se met donc à la flûte et se passe en boucle les disques de Chaliapine… « I don’t cook », peut-on lire sur le Tshirt de Yuri. Il se retourne et révèle la fin de la phrase : « But I do the dishes ». De plaisanterie en plaisanterie, la conversation est aisée ; Yuri grimace, paro-

die, esquisse quelques onomatopées, s’amuse... Un sens de l’humour inné qui lui vaut sa réputation de farceur et de bon vivant. Il avoue cependant : « Sur scène, l’opéra est un art très sérieux et, souvent, l’humour qui y est présent est un comique de situation assez lourd. En revanche, en coulisses, les situations loufoques ne sont pas rares et sont beaucoup plus spontanées ! J’adore, par exemple, ce qui se passe lors de chaque dernier spectacle d’une série de représentations : les chanteurs se lâchent complètement ! Un grand classique, à l’opéra, est de remplacer les pages du livre que le chanteur doit faire semblant de lire sur scène par des pages de Playboy. » Mais, tout l’art de la farce en coulisses consiste précisément à ne rien laisser transparaître : « si le public s’en rend compte, ça ruine le spectacle ». C’est d’ailleurs l’humour qui lui a ouvert les portes de l’Opéra. « En Israël, je faisais partie de l’équipe KVN (une émission de télé humoristique originaire de Russie, ndlr) et on sillonnait le pays avec des spectacles. J’étais spécialiste des

« Un grand classique, à l’opéra, est de remplacer les pages du livre que le chanteur doit faire semblant de lire sur scène par des pages de Playboy »

MESTA•RESTAURANT

Si tout n’est pas facile en France pour un chanteur étranger (« cela m’a pris du temps, de comprendre comment fonctionne le système bureaucratique français ! » s’exclame Yuri) et que les discriminations persistent, l’opéra reste néanmoins un domaine où l’obtention d’un rôle ne dépend pas de la nationalité. Aussi, Yuri chante autant dans les opéras de Wagner et de Strauss que dans ceux de Rossini ou de Verdi. « Curieusement, je n’aime pas chanter en russe et le fais rarement », avoue-t-il. « Quand je chante, mon accent de l’Oural – qui ne s’entend presque pas quand je parle – ressort si fortement que je suis obligé de l’italianiser pour ne pas tourner au ridicule ! Un rôle chanté en russe me demande énormément de préparation. Pour l’instant, le seul personnage qui soit vraiment dans mon répertoire est celui de Gremine dans Eugène Onéguine. » Mais, comme pour n’importe qui, la mondialisation n’a pas que des avantages pour les chanteurs. « Depuis le mois de février, je n’ai fait que voyager de théâtre en théâtre. Et, lorsque j’imagine qu’il faut encore faire les valises et repartir, fut-ce pour des vacances, j’en ai la chair de poule! « Aujourd’hui, cette vie nomade est encore plus difficile à gérer : je suis marié et on vient d’avoir une fille ! Les vacances, les chanteurs les passent à la maison ! C’est peut-être le seul défaut de ce métier. » Le chant, la comédie… et encore ? Yuri rêve de s’atteler, un jour, à la mise en scène. « Au XIXe siècle, c’étaient les compositeurs qui « faisaient » le spectacle; puis, les chanteurs et, plus récemment, les chefs d’orchestre. Depuis deux ou trois décennies, ce sont les metteurs en scène qui sont au pouvoir. » Réunir l’humour et l’opéra pourrait en effet devenir sa vocation. Et une occasion, peut-être, de dépoussiérer certaines oeuvres et de faire à nouveau rire les foules. Daria Moudrolioubova

Où écouter Yuri Kissin : Rigoletto Opéra de Paris, du 24 septembre au 2 novembre 2008

MESTA•CULTURE

Carré Blanc

Crêperies de Paris

Seleznevskaya, 19/2 Tél : 258 44 03

www.creperie.ru

LIBRAIRIE FRANCAISE

Pangloss Menu d’automne

La vraie cuisine française Terrasse d'été • bistrot P'tit Carré • business lunch • banquets

Tél : 250 06 55 - M. Maïakovskaïa Tél : 125 83 00 - M. Akademitcheskaïa Tél : +7(499) 264 11 04 - M. Sokolniki

Bolchoi Tcherkaskii Per 13/14 bat 4 Metro Kitai-Gorod sortir du côté de la rue Ilinka, première à droite. Tél : 625 58 19 www. pangloss.ru

« Nous, les émigrés de Russie, souffrons d'un grave handicap par rapport aux migrants de nombreux pays : nous n'avons pas la possibilité de retourner chez nous. »

vêtement, à l'exception de ses escarpins rouges à hauts talons. » : ainsi nous apparaît la « plus grande poétesse de tous les temps ». Dans les années 1920, elle profita de sa ressemblance avec l’actrice Lillie Langtry, alors au sommet de sa gloire, pour épouser le poète Andreï Bourbon et se forger une réputation de femme fatale : « Il circulait à son propos toutes sortes d’histoires, et plus Lily acquérait un statut officiel, plus étaient suggestives les fables dont elle était l’héroïne. » En publiant les vers de son mari sous son propre nom, elle devient LA poétesse pour enfants soviétique. Mais Lily Bourbon fut aussi l’amante d’un bon nombre de hauts fonctionnaires sous Staline et se maria dix-huit fois, avant que, avec la chute de l’URSS, la fortune ne lui tourne le dos. Aussi décida-t-elle de partir pour l’Amérique à la recherche d’un cour (et d’un portefeuille) à prendre. Les intéressés ne manqueront pas. Autour de Lily gravitent des personnages loufoques, tous conquis par son charme : un retraité californien aux idées socialistes, un spécialiste de Hemingway, un tanguero mexicain et, enfin, le narrateur, universitaire et spécialiste de la poésie russe de l’Âge d’argent enseignant à Berkeley. S’ensuit un jeu de chaises musicales (et nuptiales) des plus cocasses, décrit par Droujnikov avec un sens du détail et une ironie pincesans-rire dignes des meilleurs représentants de la satire soviétique, de Zochtchenko à Ilf et Petrov. Avec l’introduction du personnage de Kharia, opportuniste ukrainien fraîchement débarqué au Texas, la satire sociale de l’immigration russe aux Etats-Unis fait place à un vaudeville absurde. Au gré de supercheries et de fiascos aussi improbables que fastidieux, nos héros poursuivent un rêve américain de plus en plus lointain. Le roman se trouve affaibli par ce changement de registre, car le sens de l’observation et l’humour impayables de Droujnikov disparaissent au profit d’une histoire largement moins passionnante. Il n’en reste pas moins une lecture légère et farfelue dont on aurait tort de se priver.

« Lily Bourbon fut l’amante d’un bon nombre de hauts fonctionnaires sous Staline et se maria dix-huit fois »

Ainsi parlait Iouri Droujnikov, écrivain russe émigré aux Etats-Unis à la fin des années 1980 et devenu plus populaire à l’étranger qu’en Russie. Son précédent roman, Des anges sur la pointe d’une aiguille, avait été inscrit par l’UNESCO sur une liste des « Meilleurs ouvrages de littérature contemporaine en traduction ». Peu après la disparition de l’auteur, en mai dernier, Fayard publie son dernier roman satirique, Grandeur et déclin de Lily Bourbon, poétesse et catin, sur les tribulations d’une chercheuse d’aventures de quatre-vingt-quatorze ans en Amérique. À part peut-être Le Roman de la Momie de Théophile Gautier, rares sont les livres où l’héroïne est âgée de plus de quarante ans et les romans satiriques ne font pas exception, bien au contraire. Ne plaisanterait-on pas avec la vieillesse ? Il est d’autant plus surprenant, au fil des pages du roman de Droujnikov, de faire connaissance avec Lily Bourbon, séductrice de quatre-vingt-quatorze ans. Sa beauté terrasse les hommes, quand son humour et son excentricité séduisent le lecteur, au-delà des barrières linguistiques. « Devant nous se tenait une vieille femme longue comme une perche, d'un âge difficile à déterminer, les seins jaunes collés au ventre et encadrant un collier de perles d'ambre grosses comme des grains de raisin, collier qui constituait son unique

Daria Moudrolioubova Iouri Droujnikov, Grandeur et déclin de Lily Bourbon, poétesse et catin, Paris, Fayard, 2008.

Programme de TV5 •La cuisine au beurre comédie de Gilles Grangier, 1963 Prisonnier de guerre, Fernand, bien que marié avec Christiane, reste en Autriche à la fin des hostilités, auprès de Gerda. Mais le mari de cette dernière, libéré, revient de Sibérie. De retour en France, Fernand trouve son épouse remariée et son petit restaurant transformé en un bel établissement... Avec Fernandel, Bourvil, Michel Galabru Le 22 septembre à 20h25.

•La jeune fille et les loups drame de Gilles Legrand, 2007 1918. Angèle, 20 ans, est déterminée à devenir la première femme vétérinaire. À travers son destin aventureux, elle sera l’objet d’une rivalité sans merci entre Emile, son promis, un industriel visionnaire mais sans scrupule et Giuseppe, un homme simple, retiré dans la montagne près des loups et loin de la folie des hommes. Angèle va exploiter cette rivalité pour atteindre son véritable objectif : sauver les loups… Avec Laetitia Casta, Jean-Paul Rouve, Michel Galabru Le 18 septembre à 23h00. •Notre univers impitoyable comédie de Léa Fazer, 2007 Pour Margot et Victor, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Beaux, jeunes cadres dynamiques dans le même cabinet d'avocats d'affaires, ils filent le parfait amour. Mais rien ne va plus le jour où leur patron est contraint de nommer un nouvel associé pour l'épauler. Uni dans la vie, le couple se retrouve malgré lui en concurrence frontale. Sortiront-ils indemnes de ce combat ? Bienvenue dans le monde impitoyable du travail... Avec Alice Taglioni, Thierry Lhermitte Le 14 septembre à 01h30.

•Viens chez moi, j’habite chez une copine comédie de Patrice Leconte, 1981 Guy, renvoyé de son travail de pompiste et mis à la porte par son propriétaire, vient s'installer chez Daniel et Françoise, un couple d'amis. Plus par paresse que par calcul, il va s'incruster chez eux pendant plusieurs semaines. La vie paisible et tendre du couple va être bouleversée par l'intrusion de ce parasite loufoque, totalement inconscient, sur qui les événements heureux ou malheureux ne semblent pas avoir de prise.... Avec Michel Blanc, Bernard Giraudeau, Thérèse Liotard, Anémone Le 15 septembre à 20h25. Retrouvez la liste des programmes sous-titrés en russe sur www.tv5.org

Related Documents

Yuri Kissin
May 2020 9
Kissin Cousins
November 2019 17
Yuri Pimenov
June 2020 6

More Documents from ""

May 2020 3
May 2020 1
May 2020 0
Yuri Kissin
May 2020 9
Pirate Bay
May 2020 25