Touaregs Niger Cadrage Politique

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Abdoulahi ATTAYOUB - Président de TEMOUST

Face à la question touarègue, l’État nigérien manque décidément d’imagination (Traduction anglaise à la suite de l’article en français !) mardi 17 juillet 2007

Depuis quelques mois, le Niger est entré dans une nouvelle phase dans sa quête récurrente d’un équilibre institutionnel à même de lui garantir une stabilité durable nécessaire à son développement économique. En effet, depuis l’Indépendance, le système politique qui a pris en main la destinée du Niger n’a, à l’évidence, pas été en mesure de construire un ensemble national dans lequel les différentes communautés culturelles qui composent le pays puissent se reconnaître. Ce système n’a pas été capable d’organiser dans la transparence et l’intérêt national la coexistence entre des communautés qui ont pourtant toujours cohabité, avant même la création de l’État sous sa forme post-coloniale. La Conférence nationale du début des années 90 fut une belle occasion de refonder le pays sur des bases authentiquement nigériennes, c’est-à-dire issues de la volonté commune de nos communautés à construire un État capable de leur assurer un développement harmonieux en respectant leurs spécificités. Malheureusement, les élites politiques de l’époque, encore incapables de s’affranchir des méthodes et des schémas de leurs aînés, n’ont pas pu ou voulu imposer une restructuration du système à la lumière des expériences vécues au Niger et ailleurs. La facilité du statu quo l’a emporté, et la Conférence nationale fut un échec sur ce plan. Les leaders issus de cette conférence nationale n’ont pas innové dans la pratique politique et perpétuent les mêmes erreurs d’analyse et de gestion que ceux qui avaient été formés à l’école coloniale. Bien que le processus démocratique, né avec cette Conférence nationale, ait permis l’émergence d’une multiplicité d’acteurs politiques, il n’a pas forcement donné de résultats probants en matière de pluralisme d’idées et encore moins de projets de société. La plupart des partis politiques nés de cette ouverture « démocratique » ont dupliqué les mêmes méthodes et le même esprit clientéliste que l’ancien parti unique. Ce qui fait dire à beaucoup que la politique n’est qu’un moyen pour accéder aux marchés publics pour les uns ou à un emploi pour les autres. La question touarègue a été clairement débattue lors de cette Conférence nationale suite aux massacres de Tchin-Tabaraden, mais aucune réponse n’a été apportée aux causes qui ont amené une partie de la jeunesse touarègue à s’exiler en Libye, Syrie, Liban… depuis les années 70. La naissance des premiers Mouvements politico-militaires devenait du même coup inévitable à cause du sentiment d’injustice partagé par l’ensemble de la communauté touarègue au-delà de la population de l’Azawagh. Très vite, la France et l’Algérie ont pris le dossier en main et ont poussé les protagonistes à la signature d’accords de paix censés mettre fin à « l’insécurité dans la zone ». La manière dont ces accords ont été préparés et signés montrait clairement la faiblesse politique du Mouvement touareg qui s’est laissé enfermer dans une logique sécuritaire faisant de l’intégration des combattants une fin en soi et d’ailleurs son seul acquis tangible. Il était apparu à l’époque que ni l’Algérie ni la France ne souhaitaient que soit traitée la dimension politique de la question touarègue. On retrouve le même schéma de traitement au Mali voisin, où la question avait pourtant pris une dimension encore plus dramatique,

avec le massacre de plusieurs milliers de civils touaregs par l’Armée nationale et ses milices parallèles. Le traitement politique de cette première « rébellion » contenait déjà les germes de celles qui allaient inévitablement suivre. Il explique également les actions sporadiques enregistrées dans le Nord du Niger depuis 1995. Aujourd’hui, nous sommes donc face à une nouvelle situation créée par la non-résolution de la question de fond qui est celle de la place de la communauté touarègue dans le projet national nigérien. Bien plus que par le passé, cette question se pose dans un contexte international, caractérisé par un intérêt grandissant des puissances internationales et régionales pour le sous-sol et le positionnement géostratégique de cette partie du Sahel et du Sahara central. Il est à craindre que les réponses envisagées par le Niger et les pays impliqués comme la France, l’Algérie et la Libye, s’articulent toujours autour des aspects purement sécuritaires et guerriers, doublés par des manœuvres clientélistes qui illustrent l’absence d’une volonté politique de poser clairement le problème et de lui apporter des solutions acceptables par toutes les parties concernées. Cette attitude de l’Etat nigérien demeure une constante du système qui traverse les générations, les gouvernements et les mouvances politiques. Il s’agit en fait d’une vision constitutive du système politique nigérien qui a du mal à accepter la légitimité de la communauté touarègue à exercer le pouvoir politique au même titre que les autres composantes du pays. Le noyautage de l’État par une classe politique essentiellement ethniciste empêche l’émergence d’une pratique politique plus ouverte permettant une compétition saine et loyale entre l’ensemble des élites du pays. Le Mouvement touareg est décidé à poser la question de la réforme politique du système pour que les Nigériens puissent s’asseoir autour d’une table et jeter les bases d’un véritable pacte national construit par la volonté, non pas de l’ancien colonisateur, mais des composantes ethnolinguistiques qui font le Niger d’aujourd’hui. À travers cette démarche, le Mouvement touareg s’adresse à la conscience nationale de chaque Nigérien pour faire évoluer le pays, sclérosé par un système figé depuis l’indépendance. Il s’agit de permettre à tous les citoyens d’être partie prenante de la construction d’un destin commun, structuré au sein d’une entité étatique pensée et voulue par toutes les composantes du pays. Quoi que l’on puisse dire, le Niger reste encore un projet que les différentes composantes nationales se doivent de structurer et faire vivre pour que naisse demain un pays dans lequel aucune communauté ne se sentira investie de la mission d’administrer les autres, et où aucune autre ne se sentira à l’écart pour des raisons obscures liées à l’héritage colonial. En réalité, les revendications portées par le Mouvement touareg se caractérisent par des exigences démocratiques et de bonne gouvernance. Elles ne peuvent plus être réduites uniquement à la problématique de l’exclusion de la communauté touareg du champ décisionnel. Il apparaît néanmoins illusoire de vouloir stabiliser le Niger et de le construire sans apporter au préalable une réponse politique claire et sans ambiguïté aux injustices subies par cette communauté depuis la création du pays. Le Mouvement touareg a le mérite, par conséquent, de questionner au niveau national la manière dont l’État gère la coexistence de ses différentes communautés. Il n’est pas normal que des jeunes Nigériens trouvent illégitimes les revendications du

Mouvement touareg. Ces jeunes doivent apprendre la marginalisation dont a souffert la communauté touarègue depuis la création du Niger. Ils doivent savoir que la stigmatisation basée sur l’appartenance supposée à cette communauté a existé dans les années 70-80 aussi bien dans la rue que dans l’administration nigérienne. Que des contrôles d’identité au faciès ont existé au Niger comme si certains faciès pouvaient être plus « Nigériens » que d’autres, au risque même de voir des non-nigériens plus libres de circuler sur le territoire national que certains compatriotes. Que des ressortissants de certains pays voisins pouvaient plus facilement accéder à des emplois de manœuvres dans les sociétés minières que les ressortissants de la région où elles sont implantées. Malgré cela, les Touaregs n’ont jamais pris les armes contre le Niger et encore moins contre telle ou telle autre communauté nationale. Ils interpellent un système qui a montré ses limites dans sa capacité à se remettre en cause et à amener le pays sur la voie du développement. La classe politique actuelle n’est manifestement pas capable d’imaginer et de proposer au pays une sortie de crise permettant de mettre un terme à ce climat de tension qui n’a jamais réellement disparu malgré les accords de 1995. Dans nos pays africains, la pratique politique est encore trop souvent basée sur des considérations ethniques ou régionalistes. Et en la matière, le Niger fait partie des pays les plus caricaturaux. En effet, les citoyens ne peuvent avoir d’autres repères en matière de représentation politique que la légitimité coutumière ou alors le clientélisme affairiste que développent tous les partis politiques, y compris ceux qui se veulent progressistes. The Nigerien State shows a definite lack of imagination in dealing with the Tuareg issueDevant cet état de fait, la résolution d’un problème aussi important que celui qui se pose au pays actuellement ne peut se faire uniquement à travers les partis politiques actuels. D’autres sources de légitimité porteuse de stabilité existent et doivent être interrogées pour asseoir un véritable socle national dans lequel toute la communauté nationale pourrait se retrouver. L’écart entre la légitimité politique et la légalité représentative n’a jamais été aussi important au Niger. N’importe qui, dès lors qu’il dispose de moyens matériels adéquats, pourrait se faire élire député ou maire d’une région ou d’une population des intérêts de laquelle il n’a que faire. Cette pratique est considérée comme « normale » car la classe politique privilégie souvent l’opportunisme immédiat au détriment d’une vraie politique de construction d’un État disposant d’institutions qui refléteraient réellement les aspirations de sa population. Cela s’explique aussi par une paresse notoire à rechercher une synthèse intelligente entre les exigences d’une véritable représentation démocratique de la population et la nature même du paysage démographique et culturel du pays Dès lors que les choix démocratiques ne reposent plus sur une compétition d’idées, mais sur des considérations purement ethniques, la notion de démocratie, elle-même, est à revisiter pour qui veut asseoir un système politique adapté aux réalités nationales. Cela est encore plus vrai dans un pays dont l’écrasante majorité de la population est encore analphabète. Nous continuons à singer les institutions occidentales et sommes encore incapables d’imaginer une organisation politique respectueuse de nos propres réalités. Par cette insuffisance, nous contribuons, volontairement ou non, à entretenir cette situation d’instabilité que connaissent beaucoup de nos pays. D’autant plus que certaines de nos régions sont sujettes à des convoitises qui ont souvent intérêt au désordre et à l’anarchie. Il est parfois nécessaire de passer par des mesures symboliques et fortes pour faire évoluer les esprits (nominations…), mais la question de fond demeure celle d’un partage structurel de la décision politique et donc, de la répartition équitable des pouvoirs au sein

des institutions de l’État. Tant que l’indicateur unique de l’intégration de la communauté restera le nombre de ministres touaregs, cela voudra dire que la volonté politique n’y est pas. Nous avons vu ces dernières années à quel point un ministre peut être figuratif jusqu’à pousser un membre du gouvernement, dans un geste noble et courageux, à donner sa démission car il estimait que sa fonction et sa personne n’étaient plus respectées par le gouvernement dont il faisait partie. Le Mouvement touareg donne aujourd’hui l’opportunité à toute l’élite politique (partis, syndicats, chefferies traditionnelles…) d’accepter une sorte de seconde Conférence nationale dotée de tous les pouvoirs pour mettre à plat l’ensemble des pesanteurs politiques depuis les indépendances et qui pourrait jeter les bases de nouvelles institutions émanant réellement de la volonté nationale. Les travaux de la dernière Conférence nationale seraient réactualisés dans un souci d’efficacité et de pragmatisme. Cette initiative permettra au préalable de mettre au clair l’ensemble des injustices faites aux différents pans de notre société. Il sera alors possible d’envisager une véritable réconciliation de l’État avec l’ensemble de ses citoyens. Aujourd’hui, les élus issus de la communauté touarègue se cachent derrière l’État et la légalité pour fuir leurs responsabilités, au lieu de porter les aspirations des populations qu’ils sont censés représenter. Ces élus ont encore du mal à s’autoriser à exprimer ouvertement les attentes de leurs populations. Si des Touaregs en arrivent à prendre les armes contre l’État, c’est aussi parce que les députés, les maires et les chefs traditionnels de leurs régions ne jouent pas leurs rôles et sont incapables d’aider cet État à prendre conscience des souffrances de ces populations. Il est vrai que nous sommes dans un pays où les élus se prennent trop souvent pour des fonctionnaires qui tiennent leur légitimité plus de l’État ou de leurs partis politiques que des populations qui les ont élus… L’option militaire ne peut pas régler un problème aussi complexe que celui-ci, car ni l’Armée nigérienne ni les groupes politico-militaires ne peuvent gagner durablement la guerre sur le terrain. Par conséquent, la solution ne peut être que politique. Ce que les différents gouvernements qui se sont succédé jusqu’à maintenant ont toujours refusé d’admettre. Confortés en cela par l’attitude de la France et de l’Algérie qui n’ont jamais voulu d’un traitement politique de la question touarègue. Cela explique d’ailleurs l’importance qui a été accordée aux intégrations de combattants touaregs dans les différents corps militaires et paramilitaires de l’État à la suite des accords de 1995. Au point que ces intégrations étaient devenues, aux yeux de certains, la preuve que la question était désormais réglée… Alors que ces intégrations ne devraient être que la conséquence logique du traitement politique de la question. Pour endiguer les sources des tensions politiques actuelles, l’État peut difficilement faire l’économie d’une évolution institutionnelle y compris sur sa forme elle-même. Le fédéralisme ou l’autonomie des Régions ne doivent plus être tabous, dés lors que le pays est assuré de son intégrité territoriale. La décentralisation poussée qui se met laborieusement en place depuis quelques années devra aboutir, à terme, à cette réorganisation de l’État qui correspond, à mon sens, à la nature géographique, historique et culturelle de nos régions. C’est la nature même du pays qui exige une évolution vers un système de ce type, basé sur la prise en compte des spécificités de nos régions naturelles. Cela pourrait désamorcer durablement les tensions nées de la malgouvernance et des insuffisances de nos élites politiques actuelles. La société civile nigérienne doit rester vigilante et empêcher que des politiciens irresponsables n’engagent le pays dans une fuite en avant qui ne pourra déboucher que

sur une impasse politique. Malgré ses démonstrations de force et le savoir-faire militaire dont il a fait preuve sur le terrain, le Mouvement touareg ne souhaite à l’évidence pas engager un bras de fer avec l’armée. Toute perte de vie humaine est un drame pour tout le Niger car il s’agit avant tout de Nigériens qui sont condamnés à construire ensemble l’avenir. En commettant des exactions contre les civils innocents, l’armée nationale se décrédibilise et cause un tort énorme à l’État, vidé ainsi d‘une partie de sa raison d’être qui est avant tout de protéger ses citoyens. Une armée qui fait peur à ses citoyens n’a aucune légitimité à rester sur leur territoire. Elle devient alors une armée d’occupation que ces citoyens auront tout le droit et le devoir de combattre en tant que telle. À la lumière des réactions enregistrées jusqu’ici, il apparaît qu’une grande partie de la classe politique nigérienne ne réalise toujours pas les enjeux de ce qui se passe et la portée des décisions qui sont à prendre pour l’avenir du pays. Sinon, comment expliquer que la question touarègue ne soit évoquée que sous la pression militaire de ceux qui estiment ne plus avoir d’autres choix que prendre les armes pour faire avancer les choses ? La même interrogation s’adresse d’ailleurs également et peut-être en premier lieu à l’élite touarègue elle-même, qui est incapable de se poser comme telle en s’appuyant sur sa légitimité et sur les outils de la vie politique traditionnelle. Cette élite, dans ces composantes modernes et coutumières, a visiblement du mal à se positionner entre une attitude de résignation voire de soumission au système et le choix des armes qui traduit toujours un échec de la gestion politique des problèmes. Abdoulahi ATTAYOUB Président de TEMOUST Lyon, France

The Nigerien State shows a definite lack of imagination in dealing with the Tuareg issue A few months ago, Niger entered a new phase in its recurrent quest for balanced institutions which could guarantee the sustained stability required for economic development. Indeed, ever since Independence, the political system handling Niger’s destinies has obviously not been able to build a national ensemble in which the various cultural communities making up the country could recognise themselves. This system has not been able to organise, transparently and in the national interest, the coexistence between communities, though these had always lived together, even before the State was created in its postcolonial shape. A frozen system In the early 90s, the National Conference was a good opportunity for rebuilding the country on genuinely Nigerien bases, i.e. based on the common willingness of our communities to build a State that would prove capable of ensuring harmonious development, with each community keeping its own characteristics. Unfortunately, political elites did not free themselves of their elders’ methods and mental patterns, so that they could not - or would not - enforce a restructuration of the system in the light of past experiences, whether in Niger or elsewhere. The status quo was an easy option, and the National Conference failed in that area. When analysing and managing crises, those leaders that arose from the National Conference never changed their political practices, and perpetuated the mistakes made by those educated in colonial schools. Although the democratic process born out of the National Conference allowed for the emergence of a great many political players, it did not necessarily bear conclusive results as far as pluralism is concerned, whether in the field of ideas or in societal projects. Most political

parties born out of this “democratic” opening have duplicated the same methods and the same spirit of political patronage as the former single party, so that many think politics are only the means - for some to get public works contracts or for others to get a job. The Tuareg issue was clearly raised during the National Conference after the massacres in Tchin Tabaraden, but it did not answer the question as to why, from the 70s onward, many young Tuaregs left for exile in Libya, Syria, Lebanon, etc. It was inevitable that politico-military movements would arise because of the feelings of unfairness held throughout the Tuareg community, and not only in the Azawagh populations. Emphasising security issues France and Algeria moved quickly to handle the problem and urged the protagonists towards negotiating peace agreements which were supposed to end “insecurity in the area”. The way these agreements were prepared and signed clearly showed the political weakness of the Tuareg Movement locked within the logic of security, which meant that integration of the fighters became an end onto itself - which by the way, was its only tangible achievement. It became apparent then that neither Algeria nor France wanted to deal with the political aspects of the Tuareg issue. The same pattern arose in neighbouring Mali where the problem had taken an even more dramatic turn with the killing of several thousand Touareg civilians by the national Army and its militias. The political handling of this first “rebellion” contained the seeds of those inevitably following. It also explains all sporadic actions undertaken in Northern Niger since 1995. So we now are now faced with a new situation created by the fact that the fundamental question was never resolved : what position does the Tuareg community hold in the Nigerien national project ? This question is more than ever put forward in its international context, with international and regional powers showing a growing interest in this part of the Sahel and central Sahara because of its natural resources and because of its geostrategic situation. There is some concern that any option considered by Niger and all interested parties, such as France, Algeria and Libya, would still be based on the problem’s purely military and security aspects, and linked to clientelist manoeuvres illustrating the absence of a political will to clearly clarify the issue, and bring about solutions that could be accepted by all parties involved. Old-fashioned politics The Nigerien government has maintained this attitude throughout many generations, governments and political movements, showing how much the Nigerien political system is unwilling to accept the legitimacy of the Tuareg community to exercise political power in the same capacity as others. The state has been infiltrated by a political class for the most part ethnically based, thus preventing the emergence of more open political practices allowing for healthy and loyal competition between all elites in the country. The Tuareg movement has decided to raise the issue of reforming the system so that Nigeriens can gather around the negotiating table and sow the seeds of a true national pact based not on the will of the former colonial power, but on the will of those ethnolinguistic components making up modern Niger. Thus, the Tuareg Movement is appealing to the national conscience of each and every Nigerien, so as to bring about changes in the country which, due to a frozen system, has remained fossilised since independence. Its objective is to allow all citizens to be actively involved in building a common destiny within a state entity, as will be thought up and willed by all components of the country. Whatever one might hear, Niger remains a project and all the various components of the nation must give it structure and life, so that a country can be born tomorrow in which no community will feel invested with the mission to run all others, and so that none will feel left out for obscure reasons based on colonial history.

In fact, the demands made by the Tuareg Movement are those of democracy and good governance. They cannot be reduced to the issue of the Tuareg community being excluded from the decision-making arena. But it would be an illusion to believe that Niger can be stabilised and rebuild without first giving clear cut political answers to the question as to why this community has been treated unfairly ever since the country was created. It is therefore to the Tuareg Movement’s credit that it raises the issue on how the State manages the coexistence of its various communities. Ending dicrimination It is not in the normal state of affairs that young Nigeriens should think the demands of the Tuareg Movement are not legitimate. These young must learn how the Tuareg community was marginalised ever since Niger was born. They must know that allegedly belonging to this community has led to stigmatisation in the 70s and 80s, whether in the street or in the Nigerien civil service ; that identity checks based on facies has existed, as if some facies were more “Nigerien” than others, to such an extend that non-Nigeriens could more freely move around the country than some of its citizens ; that foreign nationals from neighbouring states could more easily get menial jobs in mining companies than those living on the land where they operate. Nevertheless, the Tuaregs never took up arms against Niger and even less against this or that national community. They question a system which has reached its limits in its capacity of self-reappraisal, and in bringing the country onto the path to development. The current political class obviously cannot think up and put forward a way out of the crises, and end the climate of tension which was never really lifted despite the 1995 peace agreements. In our African countries, political practices are too often still based on ethnic or regional considerations, with Niger being a kind of caricature in this area. Traditional legitimacy, or wheeler-dealer patronage used by all political parties, including those claiming to be liberal, are the only references known to citizens. Thus, solving a problem as important as the one the country is currently experiencing cannot be left to present political parties. There are other sources of stability building legitimacy which should be queried, so as to establish a genuine basis for the nation, reflecting the wishes of all those belonging to the national community. In Niger, the gap between political legitimacy and representative legality has never been so wide. Anybody with enough money could get himself elected as member of parliament or mayor, even though he could not care less about the area or its population. This is considered “normal” practice because the political class often favours immediate opportunistic gain, rather than genuine state building policies, or implementing new institutions which would reflect its people’s real wishes. This can also be explained by a notorious laziness in searching for an intelligent combination between a genuine democratic representation of the population and the very nature of the country’s demographic and cultural landscape. When democratic choices do not depend on actual competition of ideas, but on purely ethnical considerations, the very notion of democracy needs to be revisited by those who want to establish a system adapted to national realities. This is all the more true in a country where the overwhelming majority of the population remains illiterate. We keep aping Western institutions and we are still unable to think up a political organisation based on our own realities. Because of these shortcomings, we willingly or unwillingly participate in maintaining the kind of instability currently rife in our countries. All the more so since some of our regions are coveted by other countries, who’s best interests lie in maintaining instability and anarchy. Taking strong symbolic measures might be useful in bringing about changes in people’s minds (nominations, etc.), but the basic issue remains that of a structural sharing in political decision making, and therefore of a just distribution of power within State

institutions. As long as the only indicator of integration in the community will remain the number of Tuareg ministers in the government, this will be proof that there is no political will. In the last few years, we witnessed how ministers only play figurative roles, and this went so far as to drive one member of government to resign in a noble and brave gesture because he thought that the government he belonged to had no respect for his position or his person. A second National Conference The Tuareg Movement has now given the political elite (parties, unions, traditional chiefs, etc.) the opportunity to accept a kind of second National Conference endowed with full powers for a complete review of what political inertia has survived since independence, which could bring about new institutions truly emanating from the people’s will. The work of the last National Conference would be updated with a view to being more efficient and pragmatic. This initiative will first allow for a review of all wrongs experienced by the various sections in our society. It will then become possible to consider reconciling the State with its citizens. Today, elected representatives of the Tuareg community hide behind the State and the law to shun responsibilities, instead of carrying the wishes of the people they are supposed to represent. These elected representatives still have problems openly expressing themselves in defence of their people. If the Tuaregs went so far as to bear arms against the State, it is also because members of parliament, mayors and traditional chiefs do not play their part in their constituencies, and are unable to help the State become aware of the sufferings of the populations. It is true, this is a country where elected representatives too often think of themselves as civil servants whose legitimacy derives from the State or the Party, rather than from the people who elected them… A political solution The military option cannot solve such a difficult problem, because neither the Nigerien Army, nor the politico-military groups can win the war on the ground for a sustainable amount of time. Consequently the only solution is political, which is what the various successive governments always refused to acknowledge. They were confirmed in this opinion by France and Algeria who never wanted the Tuareg issue to be politically handled. This, by the way, explains why integrating Tuareg fighters into the various military and paramilitary government forces became such an issue after the 1995 peace agreements – and for some, this became the proof that the problem had been settled, when joining the forces should only have been viewed as the logical consequence of the political handling of the issue. In order to curb current political tensions, the government can hardly avoid institutional changes, including State reform. Federalism or regional autonomy should be taboo no more, since the country’s territorial integrity is secure. Comprehensive decentralisation, as it is laboriously being set up these last few years, should in time bring about this State reorganisation which is, in my opinion, more suited to the geography, history, and culture of our regions. The very nature of the country requires such a change toward such a system, taking into account the characteristics of our natural regions. This could permanently defuse the tensions born out of bad governance and the shortcomings of our current political elites. Nigerien society must remain watchful and stop irresponsible politicians from rushing headlong towards inevitable political dead-ends. Despite displays of strength and military know-how on the ground, the Tuareg Movement obviously does not wish to enter in a trial of strength with the army. Any loss of human life is dramatic for Niger since all are first and foremost Nigeriens compelled to build their future together. When committing atrocities against innocent civilians, the national army is

loosing credibility and greatly damaging the State, while the latter is loosing part of its raison d’être, which is first and foremost to protect its citizens. When an army scares its citizens, it becomes illegitimate on their territory. It becomes an occupation army and, as such, the citizens may and must fight against it. In the light of strong reactions so far registered, it appears that a large part of the Nigerien political class is not exactly aware of what is at stake, nor of the impact of the decisions on the future of the country. How else can one explain that the Tuareg issue is only raised under military pressure from those who believe they have no other choice but to take up arms to force changes ? The same question can also be put to Tuareg elites which proved unable to raise the issue as such, drawing on its legitimacy, and on the tools of traditional political life. Obviously, this elite, with its modern and traditional components, has difficulties positioning itself, between resignation - or even surrender - and armed struggle, when the latter is always a proof of failure in the political handling of a problem. Abdoulahi ATTAYOUB President of TEMOUST Lyon, France

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