Musique
Papa Wendo est mort Il était considéré comme le « géniteur » de la rumba congolaise. Papa Wendo n’est plus des nôtres. Il est décédé lundi dernier à l’âge de 82 ans Par Kadje Kamga C’est une longue maladie qui a eu raison de l’artiste. Son ami et par ailleurs président de l’Ong Artiste en danger (Congo), Shaka Kongo a informé le public que Papa Wendo s’en est allé lundi dernier. Né en 1925, Antoine Wendo Kolosoy, plus connu par son nom d’artiste « Papa Wendo » a marqué le monde musical en 1952 avec son titre « Marie Louise.» Alors que les mélomanes du Zaïre et du reste du monde savouraient les décibels de cette galette musicale, ce titre lui a attiré plutôt les foudres de l’Eglise catholique. Les prêtres belges croyaient tout simplement que la chanson était satanique. En effet, les Congolais d’alors accordaient à la chanson des vertus magiques comme celles de ressusciter les morts ou de faire danser les génies du fleuve. Papa Wendo avait alors connu pour un temps l’excommunication de l’Eglise catholique. Difficultés et succès Le visage creusé et profond qu’il avait ces dernières années est le résultat des difficultés rencontrées au cours de sa vie. Il est d’abord orphelin très jeune. Pour survivre, il se met à faire des petits jobs. Plus tard, il sera batelier et mécanicien pendant une dizaine d’années et naviguant sur le fleuve Congo. Mais aussi boxeur, puis chanteur, son métier que tout le monde connaît. Le parcours et la vie de Papa Wendo étaient tout un poème, qu’il a su déclamer pendant sa riche carrière. Wendo a contribué à importer en Afrique les musiques aux sons latino-américains, avec les autres ténors de la rumba comme Franco ou Tabu Ley. Le style Wendo était une belle mixture de rumba chaloupée, qui donnait des notes de guitare qui coulent dans un entrelacs de bruissement enveloppé par une voix qui avec les ans, devenait roulante. « Amba », son dernier album est sorti en 2003. Avec sa disparition, les hommages viennent de partout, et le quotidien congolais Le Phare titrait mardi : « Un baobab de la musique est mort. » Il n’y a pas mieux pour parler de Wendo, à qui le réalisateur Jacques Sarasin a consacré l’année dernière un documentaire au titre très évocateur : « On the Rumba river», que nous traduirons librement : « Sur la rivière Rumba. » Un film qui apparaît aujourd’hui comme le testament laissé par l’artiste. Des témoignages, des rencontres inédites et des retrouvailles entre Wendo et ses anciens musiciens. Un cocktail assaisonné de tranches de vie quotidienne et familiale. La caméra du réalisateur ne loupe rien, et fait revivre la musique quand Papa Wendo, poussé par sa femme va rassembler ses anciens compagnons pour remettre la rumba originale à la une. Les guitares et les maracas pourront encore se faire apprécier, même si Wendo s’en est allé. Salut l’artiste. KK