J. F. E. LE BOYS DES GUAYS 2e VOL.
COLLECTION
MÉLANGES CONCERNANT LA NOUVELLE JÉRUSALEM
TOME QUATRIEME.
S A I X T - A M A N D (CHER) A la Librairie de LA NOUVELLE JÉRUSALEM, chez Porle, libraire. PARIS M. MISOT, RL'E DE SÈVRES, 96. E. JIING-TRECTTEL, LIBRAIRE, RUE DE LILLE, 19. LOS DUES SWEDENBORG SOCIETY, 36, BLOOMSBURY STREET, OXFORD STREET.
NEW-YORK PUBÎ.ISIIING HOUSE 0F THE GEN. CONVENTION OF THE SEW JERUSALEM S» 20, COOPER UNION.
1865
AVERTISSEMENT.
Ce second Volume de Mélanges, par Le Boys des Guays, était imprimé sous sa direction jusqu'à la page 288, lorsque la carrière de cet infatigable travailleur a été soudainement interrompue par sa mort, le 18 décembre 186-i. C'était pour nous à la fois un pressant devoir et une douce tâche que de pourvoir à l'achèvement de ce Recueil de souvenirs personnels de notre ami et collaborateur bien-aimé. Heureusement les matériaux pour cela se trouvaient tout préparés par lui; les extraits de sa correspondance, transcrits de sa main jusqu'à la date du 25 juin 1862; les Lettres devant fournir des extraits à la suite, désignées jusqu'à celle du 2o juillet 1863 ; le reste à choisir jusqu'à la fin du Recueil de copies de sa volumineuse correspondance, tout entier de sa main, nouveau et précieux témoignage de sa prodigieuse activité, que nous a confié avec le reste de ses manuscrits sa digne compagne, notre chère sœur en la Nouvelle Église du Seigneur, M me Le Roys des Guays.
Pour maintenir ce Volume dans des bornes qui déjà dépassent celles du Volume précédent, il a fallu limiter le nombre et l'étendue des extraits, ce dont notre ami lui-même avait d'ailleurs donné l'exemple, en réservant tout ou partie de plus d'un des extraits qu'il avait d'abord transcrits. Nous réunissons ci-après, dans une courte Notice, des renseignements qui serviront à coordonner et à compléter ceux qu'il a donnés dans ces Volumes sur sa personne et sur son œuvre.
NOTICE SUR LE BOYS DES GUAYS
« LE BOTS DES GDAYS (Jean-François-Élienne) naquit à Châtillon-sur-Loing (Loiret), le 18 octobre 179/i. » Sa famille appartenait depuis longtemps à la magistrature. Son grand-père, lieutenant particulier au baillage et présidial de Montargis, fut député de cette ville à l'Assemblée nationale de 1789, et remplit sous l'Empire les fonctions de procureur général; son père avait servi dans la maison militaire de Louis XVI. » Après avoir fait les dernières campagnes de l'Empire, le jeune Le Boys des Guays étudia le Droit à Paris, se fit inscrire en 1823 au tableau des avocats près la Cour royale et, livré spécialement à l'élude du Droit romain, il donna en 1826, dans la 2e livraison de la Thëmis, une dissertation sur le Furtum prohibilum d'après la loi des XII Tables. » Nommé juge au tribunal civil de Saint-Amand (Cher), en 1827, M. Le Boys des Guays se retira de la magistrature quelques années après et (à partir de 1838) se consacra entièrement à la propagation des doctrines de la Nouvelle Jérusalem ou Nouvelle Église du Seigneur Jésus-Christ, en traduisant du latin en français et en publiant à ses frais,avec l'aide de quelques généreux amis, les Écrits de Swedenborg. »
Telles sont les indications sommaires qui, rédigées d'après une note fournie par notre ami lui-même, parurent en 1859 dans un Recueil biographique où elles servaient d'introduction à la liste de ses publications concernant la Nouvelle Église parues jusqu'à celte époque. Outre une occasion de publicité à donner à celle liste, il avait particulièrement en vue la rectification de plusieurs inexactitudes que présentait à son égard un autre Recueil, le Dictionnaire biographique des Contemporains, au moins dans sa première édition. Faible de conslitution dans ses premières années, le jeune Le Boys des Guays, à peine sorti du collège de Monlargis, donna néanmoins bientôt des preuves d'énergie morale. C'était le temps des grandes levées d'hommes, vers la fin de l'Empire; et un moyen d'améliorer les conditions du service militaire était de devancer l'appel. C'est ainsi, qu'engagé volontaire dans la cavalerie, il fit la campagne de Leipzig, et prit part à des charges qui se renouvelèrent pendant toute une journée de la grande balaille, terminée le 18 octobre 181Û, le jour même où il atteignait l'âge de 20 ans accomplis. A la balaille de Uanau, renversé de son cheval, il fut blessé d'un coup de lance à la cuisse droite. L'année suivante, attaché comme secrétaire à un jeune colonel, il assistait en témoin à la bataille de Waterloo. De ses campagnes militaires il gardait un souvenir indigné des abus de la force qu'il avait vu exercer contre des populations sans défense. Après ses études de droit et le stage d'avocat, nommé juge à St-Amand, M. Le Boys y épousa Mlle Clothilde Rollet, petite-fille de M. Tabouet, magistrat dont le siège au tribunal de cette ville, devenu vacant par sa retraite, était précisément celui que venait occuper le nouveau juge. A la suite de la révolution de juillet 1830, sur la demande de ses concitoyens de Saint-Amand, M. Le Boys des Guays fut nommé sous-préfet de l'arrondissement dont cette ville
III est le chef-lieu; mais la réaction qui bientôt se manifesta dans la politique du gouvernement ne le laissa pas longtemps dans ces fonctions (*) ; il rentra alors définitivement dans la vie privée, donnant cours à son activité par la rédaction d'un ouvrage de droit resté inédit, sur la loi romaine des XII Tables. C'est dans ces circonstances que son attention fut appelée sur un ordre de faits dont jusque-là il n'avait pas eu l'occasion d'acquérir la connaissance. On racontait des choses étranges d'un petit pâtre, enfant abandonné, employé à la garde des pourceaux sur les terres d'une ferme appartenant à la famille Rollet, — des faits indiquant une vue indépendante des obstacles matériels, des perceptions du genre de celles que les adeptes du magnétisme,, suivant leurs écrits, prétendaient provoquer par leurs opérations. Étonné de ces faits, M. Le Boys recueille l'enfant, se procure les ouvrages les plus célèbres sur le magnétisme, expérimente sur son « sujet » et obtient des résultats qui dépassaient ceux qu'avaient publiés les magnétiseurs de cette époque. Là-dessus, disposé à engager avec ardeur la lutte en faveur du progrès des lumières sur cet ordre de faits, il se rend à Paris avec Mme Le Boys et l'enfant qu'il se proposait de présenter aux corps savants. Arrivés à Paris en novembre 183i, M. et Mme Le Boys des Guays y rencontrèrent quelqu'un avec qui la conversation engagée les amena à parler du motif de leur voyage. Cet interlocuteur se montrait très au fait de ce genre de phénomènes, et assura qu'il leur ferait connaître des ouvrages où ils en trouveraient l'explication, avec beaucoup d'autres choses encore plus surprenantes; c'était le Traité du Ciel (') ïci et dans le paragraphe sur la jeunesse et les campagnes militaires de M. Le Boys, nous avons rectifié, d'après les renseignements de M°e Le Boys, plusieurs inexactitudes qni nous avaient échappé dans la Notice adressée à Vlntrll. Tîpposîforj/ de février 1865.
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et de l'Enfer et quelques autres ouvrages de Swedenborg que leur prêta M. Caudron. M. Le Boys, ravi des lumières qu'il découvre dans ces ouvrages, les dévore et se hâte de s'en procurer la collection, telle qu'elle existait alors ; mais en même temps, jugeant que les explications qu'il obtient ne seraient pas du goût des corps savants, il retourne à SaintAmand avec son sujet, sur lequel il poursuit d'abord ses expériences, tout en se livrant à l'élude de son nouveau trésor. Bientôt, cependant, éclairé à la fois par ses expériences même et par les enseignements si précis de Swedenborg, sur les dangers que présente la provocation des communications spirituelles, il l'abandonne absolument et, préoccupé d'intérêts plus élevés, se livre entièrement à l'étude rationnelle et à la propagation des enseignements de cette doctrine céleste que la divine Miséricorde envoie au monde comme un nouveau secours pour la guérison de nos maux; secours promis pour conduire l'humanité vers les destinées glorieuses que lui prépare l'avènement du règne futur du Seigneur, en esprit et en vérité. Dans le volume de Mélanges déjà publié et dans celui-ci, on trouvera les documents qui retracent l'histoire des efforts de notre ami pour la propagation des doctrines de la Nouvelle Église, et d'abord : ouverture du culte public dans sa maison à Saint-Amand, le 18 novembre 1837 (voir tome 1", page 409) ; fondation, en mars 1838, de ta Nouvelle Jérusalem, Revue religieuse et scientifique, dont les livraisons mensuellesétaient alternativement accompagnées des feuilles détachées de deux ouvrages : les Arcanes Célestes, ce premier et grand ouvrage théologique de Swedenborg, qui paraissait alors pour la première fois en français, et l'Apocalypse dans son sens spirituel, extrait de Swedenborg (volume complété en 18ûl, voir ci-après, page 285). Outre ces travaux et les articles ici réunis, il fournit encore à la
Revue, de 1841 à 18Ù8, la série des « Lettres à un homme du monde qui voudrait croire,» Lettres réimprimées à part en 1852, traduites et publiées depuis en Angleterre el en Amérique à plusieurs éditions, en anglais et en allemand. Quelques disciples anciens et nouveaux de nos doctrines apporlèrent à celle Kevue une part de collaboration, le concours de quelques articles: mais noire ami, seul signataire responsable, portait le poids de la rédaction principale el celui des avances de fonds. Or, l'excédant de la dépense sur la recelte ne fit que s'accroître d'année en année jusqu'à la dixième de l'existence de celte publication •. c'esl alors, en 18A8, qu'elle dut être suspendue. Mais le dévoué travailleur n'adoptait ce grave parti qu'avec la résolution de consacrer avec d'autant plus d'énergie tout son temps et loules les ressources dont il pourrait disposer à la Iraduclion el à la publication des ouvrages de Swedenborg. Déjà avaient paru, feuille à feuille, avec les livraisons de 1 Revue el sur son budgel, cinq volumes des Arcanes Célestes, plus deux autres, imprimés aux frais d'un disciple de la nouvelle doctrine, et quelques-uns des opuscules de Swedenborg, publiés en partie aux frais du même ami et en partie au moyen de souscriptions. Dans une lettre de février 1853 (voir ci-après, page 288), M. Le Boys raconte, ce que plusieurs de nos amis peuvent se rappeler avoir entendu de sa bouche, comment un jour il s'était posé ce problème : combien, avec un bon emploi de son temps, lui faudrait-il d'années pour achever de traduire tous les ouvrages lliéologiques de Swedenborg ? — II savait par expérience ce qu'il pouvait traduire par jour (dix pages in-8° de texte latin, nous disait-il). Le calcul fait sur celle base, en 18i3, lui donnait pour résultat un compte de sept années ; et en 1850, en effet, le tout élail traduit. En celle même année 1850 parurent, outre un nouveau volume des Arcanes, plusieurs des opuscules de Sweden-
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borg marquant la reprise des publications, puis le Traité du Ciel et de l'Enfer (*) imprimé aux frais d'un nouveau donateur qui, depuis, contribua puissamment à l'achèvement de l'œuvre. En 1851, l'exposition universelle de Londres l'ut l'occasion d'une réunion de disciples de nos célestes doctrines, à laquelle M. Le Boys eut la satisfaction d'assister, accompagné de quelques amis, et où il trouva des sympathies qui ne tardèrent pas à se manifester (**). Une souscription, ouverte l'année suivante parmi nos frères d'Angleterre, fut un secours très-opportun pour la suite des publications. A l'impression des Arcanes, terminée en 185/1, succéda immédiament celle de l'Apocalypse Expliquée, et de front marchait celle d'autres ouvrages : Vraie Religion Chrétienne, de la Nouvelle Jérusalem, Sagesse Angélique, Amour Conjugal, l'Apocalypse Révélée, etc. Dans cette même année 1854, l'ami déjà mentionné, M. Emm.de L... C....,qui depuis plusieurs années aidait largement M. Le Boys dans ses publications, meurt, mais en lui laissant un legs qui assurait l'achèvement de l'œuvre (voir page 426). L'année 1857 amenait l'anniversaire séculaire de l'inauguration du nouveau règne du Seigneur au moyen du Jugement opéré par Lui dans le Monde spirituel en 1757. Notre ami, en reconnaissance des secours qu'il reçut, célébra cette date en imitant un exemple donné par Swedenborg. Cent et quelques bibliothèques publiques de la France et de (*) II est à remarquer qu'on avait dû conimeacer de préférence pa> des ouvrages non compris parmi les traductions de Moët, de Versailles, publiées de 18)9 à (821 aus frais de M. A. Tulk, membre du Parlement d'Angleterre. L'ancienne traduction du Traité du Ciel et de l'Enfer, se trouvant la première épuisée, fut aussitôt avantageusement remplacée par celle de Le Boys des Guays. (") On trouvera plu^ loin (page 2i7),k t e x t e d'une brochure publiée Ion de cette solennité.
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l'étranger reçurent le don de la collection des œuvres théologiques de notre auteur, en tout plus de cinq mille volumes (voir pages 334, 337). Cet anniversaire fut en Angleterre l'occasion d'un nouveau et solennel rendez-vous de disciples des doctrines de la Nouvelle Église, de différentes nations, à Manchester, pendant l'exposition internationale des chefs-d'œuvre de l'art ouverte dans cette ville. L'accueil chaleureux de nos frères d'Angleterre vint encore resserrer et multiplier les liens d'affection précédemment formés entre eux et nous. La collection des œuvres primitivement éditées par Swedenborg se trouvait alors déjà complète; enfin, en 1859, fut achevée la publication de son grand ouvrage posthume, l'Apocalypse Expliquée, et ainsi la série entière de ses œuvres théologiques à partir des Arcanes Célestes, et, ce qui ne s'était vu nulle part ailleurs, par un même traducteur. Ce traducteur, en outre, ajoutait à son œuvre de précieux travaux d'éditeur dans ces Tables analytiques et Index qu'il avait coutume de joindre à chaque ouvrage. Swedenborg, dans son Index de l'Apocalypse Révélée, avait donné le modèle le plus perfectionné du genre, celui que notre ami Le Boys s'est partout appliqué à suivre. Quiconque fera usage de ses Tables en sentira le prix (*). Une pensée qui se présentait naturellement était celle de réunir en un ensemble toutes ces Tables ou Index particuliers (voir pages 290, Ù36). Notre ami a pu la réaliser seulement en partie dans son Index général des passages des Écritures cités ou expliqués dans les Ouvrages de Swedenborg (voir page 398). Le besoin que nous en ressentions nous-mêmes fut le motif qui l'engagea à en hâter l'achevées Traduites par une de nos sœurs d'Angleterre, la plupart onl été jointes aui éditions anglaises des mêmes ouvrages.
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ment. Publié en 1859, cet Index trouva aussitôt son application à notre travail sur le Livre d'Ésaïe : Èsaias, traduction latine de Swedenborg avec ses explications du sens spirituel en colonnes parallèles, complétée, annotée, ouvrage que nous présentâmes à nos amis de la conférence de Londres dans la troisième grande réunion convoquée à l'occasion de l'exposition universelle de 1862. C'était le spécimen d'un plan d'édition de la Sainte Écriture dont nous aurions aimé étendre l'exécution à toutes ses parties, l'étude de la version de Swedenborg et du sens spirituel nous paraissant être la préparation nécessaire à toute bonne traduction (voir page 408). Le manuscrit latin des Quatre Évangé(istes, préparé sur le même plan par mon laborieux collaborateur, nous servit pour l'édition du Nouveau Testament, premier essai de notre version française de la divine Parole, publié aux frais d'un généreux ami (voir page 414) et achevé en même temps que YÉsaïas, en 1862. L'expérience acquise alors nous fit comprendre l'avantage qu'il y aurait à mener de front l'un et l'autre travail : le latin, d'après Swedenborg, et le français: c'est ce que nous entreprimes de faire pour le livre des Psaumes, encore en cours d'impression: c'est dans le désir de comprendre dans notre travail les citations inédites de VIndex Bibiicits de Swedenborg que, pour en faire les extraits, nous nous rendîmes, en 1862, à Tubingue auprès de notre ami le docteur ïafel (voir pages 441, 443). Tafel! Le Boys des Guays! ces deux dévoués et infatigables ouvriers dans l'œuvre de la Nouvelle Église du Seigneur ont été appelés à ce repos où leurs œuvres les suivent (*). Le dimanche 18 décembre 1864, notre ami Le Boys, saisi d'une indisposition qui l'empêcha de présider au culte ce jour-là, dut se mettre au lit à 5 heures du soir; à 7 heures, dans ',') l'oir. sur la mort du docteur Tafel, l'âge 461.
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une courte crise, son esprit avait quitté son enveloppe mortelle. La veille de sa mort il venait de corriger la dernière feuille d'épreuve d'un travail capital : son Index Méthodique des Arcanes Célestes, en deux volumes in-8°. Un troisième volume supplémentaire, en partie imprimé depuis longtemps (voir page AÙ9), attend son complément pour lequel des matériaux se trouvent heureusement préparés. Pour ÏIndex Méthodique de l'Apocalypse Expliquée, le seul aujourd'hui manquant des Index particuliers, un premier travail préparatoire était fait et la rédaction commencée jusqu'au mot «Apocalypse». Notre ami M. Blanchet, grâces lui en soient rendues, a accepté la tâche importante de cette rédaction. Toujours devançant la publication., trop lente à son 'gré, retardée qu'elle était par les difficultés que présentait ma part de la lâche, celle de la révision sur les originaux, et par d'autres raisons, M. Le Boys a laissé, préparés en manuscrits sur le plan de notre Èsaïas, outre les Livres des Quatre Évangélistes et des Psaumes, ceux de Jérëmie, des Lamentations et de Josué; et en français, préparés d'après la version de Swedenborg complétée par celle de Schmidt, Ésaïe et Jérémie. Nous n'avons pas parlé des ouvrages accessoires d'introduction à la doctrine publiés ou réimprimés par ses soins : Exposition Populaire de la Vraie Religion Chrétienne, par A. Blanchet; La Religion du Bon Sens et deux volumes de Mélanges d'Éd. Kicher; VAppelât Noble et les Particularités de la Bible, par Rendell ; l'Abrégé de la Vraie Religion Chrétienne, par Rob. Hindmarsh, et ses Lettres au Docteur Priestley, traduites par M. Eug. Rollet: enfin ces volumes de Mélanges, dont nous présentons ici le second. Rien, en effet, ne pouvait mieux répondre à nos sentiments d'affection et, nous le croyons, à l'attente des nom-
breux amis de Le Boys des Guays, que de commencer par ces souvenirs personnels la reprise de la tâche de notre cher collaborateur. Cette tâche, nous voulons, avec le secours de la divine Miséricorde du Seigneur, la poursuivre selon la mesure de nos forces, selon l'aide et les ressources dont nous pourrons disposer par l'appui de nos frères. Nous rendons grâces ici à ceux qui déjà nous secondent, à l'un d'eux surtout qui, après avoir eu la plus grande part au soutien de l'œuvre de notre collaborateur (voir pages A08 et suiv.), nous continue son généreux appui. Puisse le Seigneur bénir nos communs efforts et les faire servir à l'avancement de son règne. Auc. IIARLÉ.
TABLE.
De l'État de la Nouvelle Église en France Sur le souci du lendemain et sur l'état de paix Du moyen d'obtenir le bonheur. Esquisse Un mot sur les réminiscences La Société sera religion De la nécessité, pour les Novi-Jérusalémites, de substituer le Tu au Vous dans les traductions de la Parole Exégèse. Jean.— Chapitres XX et XXI Vocabulaire pour les Chap. XX et XXI Chapitre XX Chapitre XXI Exégèse. Généalogie de Jésus-Christ Objection et réponse sur un Article concernant les Généalogies de Jésus-Christ Exégèse. Nouvelles observations sur les Généalogies de JésusChrist Addition à l'Article ayant pour titre : Généalogie de Jésus-Christ. Appel aux membres de la Nouvelle Église pour la publication des ouvrages de Swedenborg et le soutien de la Revue L'Union chrétienne Nécessité d'une nouvelle Traduction de la Parole Divine . . . . Projet d'une Traduction latine de la Parole Divine État de la publication française des ouvrages de Swedenborg dans l'année 1847 La Revue Gallicane Digression sur la politique Sur l'établissement de la Nouvelle Église en Europe
1 9 16 21 27 40 47 51 64 84 102 118 124 129 159 153 157 169 175 180 188 191
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Sur le Rétablissement des Juifs dans la terre de Canaan . • . • 201 Sur Pie IX en 1817 208 Sur la liberté de conscience 215 Danger de la Propagande dans l'état actuel de la France . . . . 220
Réflexions sur la révolution de 1848 226 Le danger de la propagande devient plus grand 231 De la Religion considérée dans son action sur l'état de la société. 217 CORRESPONDANCE. — Sur la question des montagnes 278 Sur le spirituel Publications de 1858 à 1832
282 285
Sur la substance et la forme État de la Nouvelle Église en France État spirituel de la France Des substances
295 501 506 508
Réponses à quelques questions
510
Danger des communications avec le Monde des esprits De l'origine du mal
515 521
Sur l'élection et la prédestination
525
Réponses à diverses questions Anniversaire séculaire. Distribution aux bibliothèques . . . . De l'origine du mal Des répétitions dans Swedenborg De l'établissement de là Nouvelle Église Doit-on attendre de quelque autre un supplément des Écrits de
529 552 559 545 517
Swedenborg
Publication de l'Index général des passages de la Divine Parole cités dans les Écrits de Swedenborg Société de la Nouvelle Église à l'île Maurice Version latine des Saintes Écritures d'après Swedenborg. Esaïas. Fondation d'un journal (l'Echo de la Nouvelle Jérusalem) à l'île Maurice. Instruction de jeunes Nègres et Indiens Publication des Saintes Écritures. Nouveau Testament en français Élablissement du culte; église de l'île Maurice Don de M. Ediu. de Cliazal, de l'île Maurice. Envoi de livres au Canada
560
598 102 408 112 414 417 420
XIII
Conseils et directions à l'église de l'île Maurice . . • . . . . 431 CORRESPONDANCE; suile. — Voyages à Tiibingue et à Londres. . 441 Ouvrage de M. Malter sur Swedenborg
Conférences avec M. Matter Sa déclaration De l'influx Mort du docteur Tafel De la révélation faite à Swedenborg Signes des temps Notes additionnelles
414
446 451 455 461 464 467 469
-
ERRATA
Page — — — — — — — —
9, ligne 56, — 64, — Mih, — 155, — 201, — 217, — 218, — 395, —
3, 5e soutira, lisez : se souciera. 18, tout corps, lisez : tout le corps. 22, tes Ver-, lisez : les Versets. ll\, bien moins, lisez : moins bien. 16, des doctrines, lisez : ses doctrines, 3, divers, lisez : diverses. 21, obtenu, lisez : obtenue. 20, ou de jésuite, lisez : ou de jésuites. 19, amenées, lisez : amenés.
• •••'.
SUR L'ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE EN FRANCE*
Qu'on nous permette, en commençant cette sixième année de notre Revue, de présenter quelques considérations sur l'état de la Nouvelle Église en France. Après cinq ans d'efforts publics pour la propagation de la Nouvelle Jérusalem, on serait en droit de nous demander quels résultats nous avons obtenus. Aux yeux du monde ils sont peu apparents, aux yeux de tout disciple ils sont immenses. Mais, pourrait-on ajouter, pourquoi le monde continue-t-il à montrer de l'indifférence pour des doctrines qui, selon vous, sont seules capables de le rendre heureux ? Nous pourrions donner ici plusieurs raisons que ceux qui sont censés nous interroger connaissent aussi bien que nous; mais nous nous contenterons de présenter celle-ci, qui est la principale : Le Seigneur a dit : « Le serviteur qui connaît la volonté de son Sci» gneur, et ne s'est pas préparé et n'a pas fait selon * Mars 1813. 1.
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SUR L'ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE
» sa volonté, sera battu beaucoup ; mais celui qui ne » l'a pas connue, et qui a fait des choses dignes de » châtiments, sera battu peu. » — Luc, XII. 47, 48. Connaître la volonté du Seigneur, c'est évidemment, dans le sens le plus proche de la lettre, connaître les vérités Divines ; et ne pas faire cette volonté, c'est ne pas les mettre en pratique. Voir Arc. Céi. N° 7790. Or, dans l'état actuel de la Société, si les vérités Divines que nous développons dans notre Revue eussent été accueillies avec empressement par le public, n'eût-il pas été à craindre que la plupart de ceux qui les auraient d'abord reçues avec plaisir ne les eussent ensuite abandonnées par la difficulté de les mettre en application dans leur propre vie? Loin d'être améliorée, leur position spirituelle en serait donc devenue plus déplorable, puisqu'ils auraient connu la volonté du Seigneur, et auraient refusé de la faire. Le Seigneur étant le Père de tous les hommes veut le bonheur de tous ses enfants; il ne peut, il est vrai, les contraindre à être heureux, puisqu'il les a créés libres; mais par sa Divine Prévoyance il s'efforce continuellement de les préserver des épreuves qui seraient trop fortes pour eux, et qui pourraient par conséquent rendre leur position spirituelle plus dangereuse. Le Seigneur veille donc avec la plus tendre sollicitude à ce que la doctrine de sa Nouvelle Église reste inconnue et indifférente à ceux qui ne
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pourraient pas la mettre en pratique : il vaut mieux pour eux qu'ils restent dans leurs erreurs ; et il est, en outre, d'un grand intérêt pour la Nouvelle Église qu'ils n'entrent pas dans son sein ; son établissement n'en deviendra que plus solide. Telle est la principale raison qui s'oppose à un accroissement trop rapide du personnel de la Nouvelle Jérusalem. Quant aux résultats immenses qui ont été obtenus, il n'est pas un seul disciple qui ne trouve dans les faits relatifs à l'Église, pendant ces cinq dernières années, des preuves évidentes que le Seigneur l'a préservée de mille embûches dressées contre elle par l'ennemi, et que toutes les épreuves qu'elle a subies ont tourné à son avantage et servi à sa consolidation. D'ailleurs, ce que nous disons de l'Église en général, chaque disciple peut se l'appliquer à luimême en particulier : que chacun passe en revue les événements qui ont agité sa vie pendant ces cinq années, et il reconnaîtra qu'il n'est pas une seule de ses épreuves dont le Seigneur n'ait tiré parti pour le faire progresser dans la vie spirituelle. Le progrès de la vie spirituelle, voilà le but où nous devons tous tendre; nous devons nous régénérer, non-seulement pour notre propre bonheur, car si nous n'étions mus que par ce sentiment, ce serait un égoi'sme spirituel, mais nous devons surtout nous régénérer dans la vue de coopérer à la consolidation d'une Église qui fera le bonheur de l'humanité tout
4 SUR L'ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE entière, car le progrès réel d'une véritable Église consiste dans le degré de régénération de ses membres, et nullement dans l'augmentation rapide de leur nombre. Mais, dira-t-on encore, si la Nouvelle Église reste longtemps concentrée parmi un petit nombre d'hommes, l'humanité entière en souffrira, puisque, d'après vos principes, c'est de la Nouvelle Jérusalem seule qu'elle doit attendre son bonheur. Nous ne saurions en disconvenir; mais la précipitation a-telle jamais été de la prudence? et pour vouloir atteindre plus vite le moment désiré où les hommes vivront en frères, ne risquerions-nous pas de le retarder, en contrariant les voies secrètes de la Divine Providence? Ne nous laissons donc pas détourner de la route que nous avons suivie jusqu'à présent; continuons tous à agir avec la plus grande circonspection, et ne soyons nullement découragés par le peu de succès apparent de nos doctrines. Le Seigneur fera fructifier en leur saison les semences que chacun de nous répand. Travaillons avec persévérance à notre œuvre, et laissons ceux qui courent après un bonheur qui les fuit toujours, recevoir mécompte sur mécompte; ils ne nous écouteraient pas, tandis que l'expérience pourra du moins leur ouvrir les yeux, et les convaincre enfin qu'ils ont fait fausse route. Laissons le Catholicisme-Romain et le Protestantisme accélérer, dans un esprit de secte, le réveil re-
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ligieux qui se manifeste de tous côtés, et même réjouissons-nous de leurs efforts; ils travaillent, sans le savoir, à l'édifice spirituel de la Nouvelle Église du Seigneur. Laissons les'Socialistes de toutes les nuances accélérer le renouvellement de la vieille société, et même réjouissons-nous de leurs efforts ; ils travaillent, sans le savoir, à l'édifice naturel de la Nouvelle Église du Seigneur. Il est aujourd'hui un grand nombre d'esprits élevés qui désirent vivement le bien général; mais la plupart d'entre eux, avant d'entrer dans la Nouvelle Jérusalem, ont encore une déception à subir : ils pensent que ce qui s'oppose seul au bonheur de l'espèce humaine, c'est la misère qui pèse sur les masses. Quand les masses seront sorties de leur misère, l'on verra encore les hommes aussi malheureux qu'ils le sont maintenant, non sous le rapport physique, mais sous le rapport moral; et comme les maux moraux sont plus difficiles à supporter que les maux physiques et bien plus dangereux pour la société, il faudra bien alors que les amis de l'humanité soient forcés d'avoir recours au principe religieux. Déjà même il en est parmi eux plusieurs qui l'invoquent, mais ce n'est encore que comme accessoire et non comme principal; ils l'invoquent comme un frein, c'est-àdire qu'ils voudraient en faire un auxiliaire de la législation humaine ; mais quand cette dernière expérience leur aura démontré que le principe religieux,
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6 SUR L'ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE pour produire son effet salutaire, doit être le principal, alors ils s'en occuperont non-seulement pour les autres, mais encore pour eux-mêmes; et quand ils en seront arrivés là, leur intérêt propre les forcera d'examiner sérieusement la valeur intrinsèque des divers systèmes religieux. Oh ! c'est alors que le résultat d'un examen fait par des hommes ainsi préparés ne pourra manquer d'être tout à l'avantage de la Nouvelle Église. Quel est parmi eux celui qui voudra faire taire sa conscience'pour croire aveuglément aux décisions de ces assemblées tumultueuses et passionnées qu'on nomme Conciles, lorsqu'on les comparera aux doctrines célestes que renferment les écrits de Swedenborg? Aujourd'hui, Catholiques-Romains et Protestants se gardent bien de parler de leurs dogmes; ils s'en tiennent prudemment à une sorte de morale, sûrs de plaire à leurs auditeurs instruits, qui les écoutent par habitude ou pour donner l'exemple, et qui ne veulent de la religion que pour ce qu'ils appellent le peuple; mais quand les auditeurs instruits voudront sérieusement aussi pour eux-mêmes des croyances, il faudra bien que prédicateurs et publicistes religieux abordent enfin les questions dogmatiques. Jusqu'à ce que nous soyons parvenus à cette époque, nous chercherions en vain à appeler le Catholicisme-Romain et le Protestantisme sur le terrain de la discussion; nos appels depuis cinq ans n'ont pas été entendus, ils resteraient encore sans réponse, Ce
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n'est donc plus de ce côté que nous devons porter nos efforts; toutefois, si nous étions attaqués, nous répondrions; mais maintenant nous avons mieux que cela à faire : pendant que le Protestantisme et le Catholicisme-Romain vont de nouveau lutter ensemble dans un esprit de secte; pendant que l'un et l'autre se déchireront par des guerres intestines qui existent déjà dans le Protestantisme, et qui ne tarderont pas à se manifester dans le Catholicisme-Romain, restons simples spectateurs de ces combats et préparons dans le silence tous les travaux qu'il nous reste à effectuer pour populariser la Vraie Religion Chrétienne. Nous n'avons pas, comme la Primitive Église Chrétienne, à formuler un Symbole, à composer une Doctrine; tout cela est fait, tout est posé clairement et sans aucune ambiguïté dans les écrits de Swedenborg, et tout s'y trouve en parfaite conformité avec la Parole de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ainsi, point de discussion entre nous sur ces sujets, qui ont causé tant de débats dans l'Église précédente ; nous ne perdrons pas un temps précieux dans des arguties théologiques; nous marcherons comme un seul homme à la conquête de tous ceux qui sont à la recherche du vrai pour faire le bien, et nous n'aurons pour armes que les sublimes enseignements que le Seigneur nous a transmis par son fidèle Serviteur.
Mais ces enseignements, nous ne les possédons pas
8 SUR L'ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE. encore tous, ou plutôt nous ne sommes pas encore en mesure de les mettre tous sous les yeux du public, puisque la plus grande partie des écrits de notre Swedenborg n'ont pas encore été imprimés en français. Empressons-nous donc de remplir cette lacune ; que ce soit là notre tâche principale, et poursuivonsla avec persévérance. Le Seigneur, qui connaît nos intentions, nous donnera les forces nécessaires, car sans lui nous ne pouvons rien faire.
SUR LE SOUCI DU LENDEMAIN ET SUR l'ÉTAT DE PAIX.
« Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain; car le » lendemain se soutira de ce qui le concerne. » MATTH. vi. 34.
Lorsqu'on ignore que l'Écriture-Sainte renferme un sens interne, ne doit-on pas être porté à croire que le Seigneur, en prononçant ces paroles devant la foule assemblée sur la montagne, a présenta l'homme de ne prendre aucun soin de ce qui concerne les choses nécessaires à son existence terrestre ? Ne doit-on pas, en outre, être confirmé dans cette opinion par les passages qui précèdent, et dont celui-ci n'est que la conclusion ? Et cependant tel n'a pu être l'intention du Divin Législateur. Il suffit d'un moment de réflexion pour reconnaître que le Seigneur n'a pu prescrire à l'homme une insouciance totale pour les choses terrestres, insouciance qui aurait été préjudiciable non-seulement à l'individu, mais encore à l'espèce humaine en général, car l'insouciance ainsi portée jusqu'à l'imprévoyance eût été subversive de l'ordre social. Mais quand on sait que la Pa-
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rôle, par cela seul qu'elle est Divine, n'a dû s'occuper que de choses spirituelles; et que, si elle semble traiter de choses terrestres, c'est parce que les idées spirituelles, pour qu'elles soient saisies par la généralité des hommes, ont besoin d'être revêtues par des idées terrestres; alors l'intention du Seigneur se manifeste clairement, et il est facile de reconnaître qu'il a prescrit à l'homme, non de rejeter toute prévoyance humaine, mais d'avoir une entière confiance dans la Miséricorde Divine, en subordonnant en toutes choses la propre prudence à la Divine Prévoyance. Ce point important ayant été traité par Swedenborg, il nous suffira, pour illustrer le sujet, de présenter les développements qu'il donne dans le N° 8478 des Arcana Cœlestia. « Celui qui ne regarde pas au-delà du sens de la lettre peut croire qu'on doit rejeter tout souci pour le lendemain, et par conséquent attendre chaque jour du Ciel les nécessités de la vie ; mais celui qui considère la chose plus profondément que d'après la lettre, celui, par exemple, qui la considère d'après le sens interne, peut savoir ce qui est entendu par le souci du lendemain : II n'est pas entendu le souci de se procurer la nourriture, le vêtement, et ce qui est nécessaire pour le temps à venir, car il n'est pas contre l'ordre de pourvoir à ses propres besoins et à ceux des siens ; mais ceux qui ont le souci du lendemain sont ceux qui ne sont pas contents de leur
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sort, qui mettent leur confiance, non dans le Divin, mais en eux-mêmes, et qui considèrent seulement les choses mondaines et terrestres, et non les choses célestes; chez eux régnent universellement la sollicitude pour l'avenir, le désir de posséder tout et de dominer sur tous, désir qui s'enflamme et s'accroît selon qu'il est alimenté, et qui dépasse enfin toute mesure; ils s'affligent s'ils ne possèdent pas ce qu'ils convoitent, et se tourmentent quand ils font des pertes; il n'y a pas pour eux de consolation, car alors ils s'irritent contre le Divin ; ils le rejettent avec tout ce qui est de foi, et ils se maudissent; tels sont ceux chez lesquels il y a le souci du lendemain. » II en est tout autrement de ceux qui se confient au Divin : Ceux-ci, quoiqu'ils aient le souci du lendemain, cependant ils ne l'ont point; car ils ne pensent point au lendemain avec inquiétude, ni moins encore avec anxiété; ils sont d'un esprit égal, soit qu'ils possèdent ce qu'ils ont désiré, soit qu'ils ne le possèdent pas; ils ne se tourmentent pas non plus des pertes, ils sont contents de leur sort; s'ils deviennent opulents, ils ne placent pas leur cœur dans l'opulence; s'ils sont élevés aux honneurs, ils ne se considèrent pas comme plus dignes que les autres; s'ils deviennent pauvres, ils ne s'affligent pas; s'ils tombent dans une condition basse, ils ne perdent pas courage ; ils savent que pour ceux qui se confient au Divin tout se succède pour un état de bonheur dans
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l'éternité, et que les choses qui leur arrivent dans le temps sont avantageuses pour cet état. » II faut qu'on sache que la Providence Divine est universelle, c'est-à-dire qu'elle existe dans les plus petites particularités, et que ceux qui sont dans le fleuve de la Providence sont continuellement portés vers les choses heureuses, de quelque manière que les moyens se manifestent; que ceux-là sont dans le fleuve de la Providence, qui se confient au Divin, et lui attribuent tout; et que ceux-là ne sont pas dans le fleuve de la Providence, qui se confient en eux seuls et s'attribuent toutes choses, puisqu'ils sont dans l'opposé, car ils enlèvent la Providence au Divin et se l'arrogent : il faut aussi qu'on sache qu'autant quelqu'un est dans le fleuve de la Providence, autant il est dans l'état de paix; et qu'autant quelqu'un est dans l'état de paix d'après le bien de la foi, autant il est dans la Providence Divine : ceux-ci seulement savent et croient que la Providence Divine du Seigneur est dans toutes et chacune des choses, et même dans les plus petites de toutes, et que la Providence Divine a en vue l'éternité. Au contraire, ceux qui sont dans l'opposé veulent à peine entendre parler de la Providence; mais ils rapportent tout, en général et en particulier, à la prudence, et ce qu'ils n'attribuent pas à la prudence, ils le rapportent à la fortune ou au hasard; quelques-uns le rapportent au destin, auquel ils donnent pour origine la nature et non le Divin ; ils appellent simples ceux qui n'attri-
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buent pas toutes choses à eux-mêmes ou à la nature. » Ceux qui ne sont pas en souci pour le lendemain sont donc ceux qui mettent toute leur confiance dans le Seigneur, en subordonnant leur propre prudence à la Divine Prévoyance. Ceux-là, ajoute Swedenborg, sont dans l'état de paix en proportion de ce qu'ils s'abandonnent au courant du fleuve de la Providence; mais l'état de paix dont parle Swedenborg n'est pas celui auquel le monde donne ce nom : « Presque tout le monde, dit-il, croit que la Paix consiste à être en sécurité au sujet des ennemis, et à jouir de la tranquillité dans la maison et entre concitoyens ; mais la paix céleste est immensément audessus de cette paix-là. La paix céleste ne peut être accordée qu'à celui qui est conduit par le Seigneur et qui est dans le Seigneur ; elle influe lorsque les cupidités, qui tirent leur origine de l'amour de soi et du monde, ont été enlevées, car ce sont elles qui détruisent la paix ; en effet, elles infestent les intérieurs de l'homme, et font qu'enfin il place le repos dans le trouble, et la paix dans les choses nuisibles, parce qu'il place le plaisir dans les maux ; tant que l'homme est dans ces cupidités, il lui est absolument impossible de savoir ce que c'est que la paix, il croit même que cette paix est une chose de néant ; et si quelqu'un dit que cette paix vient à la perception lorsque les plaisirs qui dérivent de l'amour de soi et du monde ont été enlevés, il sourit; et cela, parce qu'il place 2.
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la paix dans le plaisir du mal, qui est opposé à la paix. » — Arc. Cél.N0 S662. « La paix a en soi la confiance que le Seigneur gouverne tout et pourvoit à tout, et qu'il conduit à une bonne fin ; lorsque l'homme a cette conviction, il est dans la paix, car alors il ne craint rien, et aucune sollicitude de l'avenir ne le rend inquiet; l'homme vient dans cet état en tant qu'il vient dans l'amour pour le Seigneur ; tout mal, surtout la confiance en soi, enlève l'état de paix. On croit que le méchant est dans la paix, lorsqu'il est dans la joie et dans la tranquillité parce que tout lui réussit ; mais ce n'est pas là la paix, c'est le plaisir et la tranquillité des cupidités, plaisir qui simule l'état de la paix; mais comme ce plaisir est opposé au plaisir de la paix, il est changé dans l'autre vie en déplaisir, car le déplaisir est intérieurement caché en lui; les extérieurs, dans l'autre vie, sont successivement déroulés jusqu'aux intimes; la paix est l'intime dans tout plaisir, même dans le déplaisir chez l'homme qui est dans le bien ; autant donc celui-ci dépouille l'externe, autant se révèle l'état de la paix et autant il est affecté d'un bonheur, d'une béatitude et d'une félicité dont l'origine vient du Seigneur Même. Quant à l'état de paix qui est dans le Ciel, on peut dire qu'il ne peut être décrit par aucune parole ni venir par aucune idée du monde dans la pensée et la perception de l'homme, tant que celui-ci est dans le monde; cet état est alors au-dessus de tout sens; la tranquil-
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lité d'esprit, le contentement et l'allégresse produits par les succès ne sont rien relativement, car cela fait seulement impression sur les externes; mais la paix affecte les intimes de toutes choses, les substances premières et les principes des substances chez l'homme, et de là elle se dérive et se répand dans les substanciés et dans les principiés, et elle les affecte de charme; elle affecte aussi de bonheur et de félicité les origines des idées, par conséquent les fins de la vie de l'homme; et ainsi elle fait du mental de l'homme un Ciel. » — Arc. Cil. N° 8455.
DU MOYEN D'OBTENIR LE BONHEUR. ESQUISSE.
Chacun parle de la religion ; tout le monde convient qu'il est important qu'elle soit florissante; tout le monde la veut pour les autres; et, sauf quelques exceptions, personne ne la veut pour soi. C'est que chacun sent que la religion est un frein; et l'on aime mettre un frein aux autres, mais on ne veut pas s'en imposer un à soi-même. Voilà pourquoi ceux qui s'efforcent de propager la doctrine de la Nouvelle Église du Seigneur trouvent tant d'indifférence pour les sublimes vérités qu'elle renferme; parler aux hommes de religion, c'est prêcher dans le désert. En est-il de même lorsqu'on parle du bonheur?— Oh ! quant au bonheur, c'est absolument l'inverse ; tout le monde le veut pour soi, et s'inquiète peu qu'il arrive aux autres. Chacun court après lui, et personne ne l'atteint. Pourquoi? parce que personne ne sait en quoi consiste le bonheur; parce que chacun se le représente à sa manière ; parce qu'enfin l'on prend l'ombre pour la réalité. Le pauvre le place dans la richesse; devient-il riche, il n'en est pas plus heureux. Le malade le place dans la santé; est-il
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guéri, il n'en est pas plus heureux. L'avare le place dans un coffre-fort; le remplit-il, il n'en est pas plus heureux. Mais à quoi bon répéter tout ce qui a été dit depuis trois mille ans sur le bonheur? faisons seulement remarquer que, malgré tout ce qu'on a pu avancer sur l'impossibilité d'arriver au bonheur, chacun veut cependant toujours l'atteindre. Ce désir général de bonheur n'indique-t-il pas suffisamment que l'impossibilité n'est point absolue, et que si elle continue à exister, c'est qu'on ne sait pas la faire disparaître? On vogue en aveugle et sans boussole sur une mer remplie d'écueils, et l'on a cependant le fol espoir d'arriver au port; aussi que de naufrages ! Pour atteindre le bonheur, la première, condition est de savoir en quoi il consiste; mais, tant qu'on le cherchera en se laissant guider par dépures illusions, l'impossibilité d'y parvenir subsistera toujours. En quoi consiste donc le bonheur?... On a écrit bien des volumes sur ce sujet, on est entré dans les plus grands détails, on a fait des Traités ex professa : Pour nous, nous répondrons en deux mots : Le bonheur consiste à cesser entièrement de haïr, et à aimer même ses ennemis, Est-il rien qui nuise davantage au bonheur de l'homme que ces mouvements d'envie et de jalousie qui ne sont que des ramifications de la haine qu'il porte à tout ce qui n'est pas lui, ou à tout ce qu'il n'identifie pas avec lui? Supposez qu'il trouve le se2".
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cret de se débarrasser de ces sentiments égoïstes, ne voguera-t-il pas dès lors à pleines voiles sur un océan de paix vers la contrée où réside le bonheur? Le précepte est beau, répondra-t-on ; mais le tout est de le mettre en pratique. Comment l'homme pourra-t-il parvenir à l'appliquer? Qu'on nous permette ici de continuer pour un instant la forme du dialogue. — Il y parviendra par la Religion Chrétienne. — Mais depuis dix-huit cents ans la Religion Chrétienne s'est montrée impuissante. — Parce qu'elle a été détournée de sa marche et falsifiée peu de temps après son établissement. — Comment pourra-t-elle être rétablie dans sa pureté ? — Par la connaissance de ses véritables dogmes. — Quels sont les principaux dogmes qui peuvent amener l'homme à cesser entièrement de haïr, et à aimer même ses ennemis? — Les voici : Un seul Dieu, Créateur de l'univers, Rédempteur des hommes et leur Régénérateur, dans la Personne unique du Seigneur Jésus-Christ, qui est ainsi Lui seul Père, Fils et Saint-Esprit : — une vie réelle après la mort, l'âme de l'homme étant l'Homme Même, c'est-à-dire, un être spirituel ayant spirituellement substance et forme, et vivant dans un inonde réel composé spirituellement de substances et de formes ou d'objets spirituels : — un Ciel et un Enfer, c'est-à-dire, un Monde Spirituel composé de
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substances bonnes et de formes belles pour ceux qui auront aimé et pratiqué le bien et le vrai; et un monde spirituel composé de substances mauvaises et de formes laides pour ceux qui auront aimé et pratiqué le mal et le faux. Lorsqu'un homme est pénétré de ces vérités, lorsque sa conviction est devenue inébranlable, il ne peut manquer d'avancer chaque jour dans le chemin qui conduit au bonheur. Son Dieu n'est plus un être insaisissable par la pensée, un être dont il ne puisse avoir la moindre idée quant à la forme : c'est JésusChrist Lui-Même, dont l'Ame est le Dieu à jamais invisible qui a tout créé, mais dont le Corps, enveloppe Divine de cette âme, est le corps même qu'il a glorifié sur notre terre, en le dépouillant successivement de tout ce qu'il tenait de Marie. Dès lors, Dieu n'est plus pour lui un être idéal, c'est un Homme réel, l'Homme Divin, l'Homme Même, dont nous ne sommes que des images et des ressemblances : il se le représente, il le voit, c'est son Père, c'est le Père de tous les humains. Loin de lui désormais la crainte de rester seul, isolé, sans secours, sans consolation ; il a un Père dont la sollicitude ne sommeille jamais : dans quelque position qu'il se trouve, serait-il dans celle qui aux yeux du monde passerait pour la plus malheureuse, il sait que son Père a les yeux sur lui, qu'il ne l'abandonnera pas, et qu'il fera tourner ce mal passager au plus grand bien de sa vie éternelle. Il ne lui reste plus qu'une seule crainte, c'est de se
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détourner de ce Dieu d'amour, de ce Père des miséricordes, en contrevenant aux lois de son Ordre Divin? Comment pourrait-il alors s'abandonner à des sentiments haineux? la haine n'est-elle pas l'opposé de l'amour? haïr, n'est-ce pas tourner le dos au Seigneur, le rejeter, ne plus vouloir être son fils? Loin donc de haïr ses ennemis, ses persécuteurs, il les plaindra; ils seront pour lui des frères égarés et malheureux au sein même des fausses jouissances qu'ils se procurent; il priera pour eux, comme son Père lui en a donné l'exemple; et lorsqu'il aura persévéré quelque temps dans cette vie de la vraie Charité chrétienne, il finira par les aimer. Alors, il jouira du bonheur le plus pur, et, quand bien même il serait dans les fers, il éprouvera dans son cœur plus de jouissances réelles qu'un conquérant sur son trône.
UN MOT SUR LES REMINISCENCES.
Par réminiscence on entend le ressouvenir ou le renouvellement d'une idée presque effacée, c'est du moins la définition que l'Académie donne de ce mot; mais les Anciens appelaient aussi réminiscence le Souvenir d'une chose qu'on n'avait cependant jamais entendue ou vue. Telle était, par exemple, l'assertion de ce philosophe qui prétendait se rappeler avoir assisté à la guerre de Troie, quoiqu'il fût né plusieurs siècles après cette guerre. Nous ne parlerons ici que des réminiscences prises dans cette dernière acception. Si le philosophe, que nous venons de citer, avait été le seul qui eût eu de pareilles réminiscences, on l'aurait certainement considéré comme fou ; mais ce phénomène de l'ordre spirituel s'était présenté si souvent, qu'il avait déjà attiré la sérieuse attention des philosophes les plus renommés de l'antiquité; toutefois, comme il était difficile de s'en rendre raison sans admettre l'existence d'une vie antérieure, il n'y a pas à douter que ces réminiscences n'aient donné aux anciens philosophes la première idée de
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SUR LES RÉMINISCENCES.
leurs systèmes de Métempsycose, et n'aient été la cause principale de la propagation rapide de ces systèmes chez un grand nombre de peuples. On sait d'ailleurs que les Platoniciens admettaient le fait des réminiscences; ils croyaient même que toutes les Connaissances que nous acquérons ne sont que des réminiscences de ce que nous avons su avant d'être nés; et, en cela, ils ne faisaient que suivre la doctrine du Maître, qui avait dit dans le Phédon : « Appren» dre n'est que se ressouvenir, » — page 219 ; — et plus loin : « L'âme existait avant de paraître sous la » forme humaine, » — page 229. Les doctrines de Pythagore et de Platon ont été fortement ébranlées par les lumières que le Christianisme est venu répandre sur le monde; et d'ailleurs les idées de ces philosophes sur ce point furent tellement dénaturées par quelques-uns de leurs disciples, que le mot de Métempsycose ne fit bientôt plus qu'exciter le sourire. Cependant, on ne peut pas dire qu'il en fut de même de l'idée primitive; on riait, il est vrai, quand on parlait de la transmigration des âmes dans des sujets du règne animal et du règne végétal; mais on réfléchissait quand il était seulement question de l'âme ayant antérieurement vécu dans un corps humain, et devant, dans un temps plus ou moins long, après sa sortie de ce monde, se revêtir de nouveau d'un corps humain pour y séjourner, et ainsi de suite alternativement. Cette pensée, qui avait tant occupé Pythagore et Platon, ne fut
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donc pas absolument reléguée parmi les autres rêveries de ces philosophes; elle continua à être un sujet de méditation pour un grand nombre de penseurs, et elle ne cessera point d'avoir des partisans, tant qu'on n'aura pas donné une explication des réminiscences ; car pour nier la Métempsycose ainsi comprise, il ne suffit pas de mettre en doute le fait qui lui a donné naissance, mais il faut l'expliquer; et cette explication est d'autant plus nécessaire, que bien qu'il soit moins fréquent de nos jours, il se reproduit cependant quelquefois, et pourrait par conséquent donner une nouvelle vogue à un système non encore entièrement discrédité. Or, on trouve dans Swedenborg un passage qui non-seulement confirme le fait des réminiscences, mais qui l'explique en même temps, du moins pour tous ceux qui admettent des relations entre les êtres du monde spirituel et l'homme. Voici comment s'exprime Swedenborg dans son Traité du Ciel et de l'Enfer, N° 256 : « II n'est permis à aucun Ange ni à aucun Esprit de parler avec l'homme d'après leur mémoire, mais ils parlent d'après la mémoire de l'homme; caries Anges et les Esprits ont également, comme les hommes, une mémoire. Si l'Esprit parlait d'après sa mémoire avec l'homme, l'homme ne pourrait que considérer comme lui appartenant les choses qu'il penserait alors, tandis que cependant elles appartiendraient à l'Esprit; il y aurait comme réminiscence
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d'une chose gué cependant l'homme n'aurait jamais entendue ou vue; c'est par l'expérience qu'il m'a été donné de savoir qu'il en est ainsi, quand cela a lieu ; de là, parmi quelques anciens, l'opinion qu'après quelques milliers d'années ils reviendraient dans leur vie précédente et dans tous ses actes, et aussi l'opinion qu'ils y étaient revenus; ils avaient conclu cela de ce que parfois il leur était survenu comme un souvenir de choses que cependant ils n'avaient jamais vues ou entendues; cela était arrivé, parce que des esprits avaient, d'après leur propre mémoire, influé dans les idées de la pensée de ces hommes. » Pour quiconque voudra prendre connaissance des théories spirituelles développées dans les écrits de Swedenborg, le fait des réminiscences se trouvera suffisamment expliqué par ce passage; mais nous doutons fort que cette explication puisse satisfaire ces Savants qui croiraient compromettre leur dignité s'ils admettaient l'existence des Esprits. Et cependant à quoi sert la Science, si par elle l'homme n'est pas conduit à rechercher la cause des choses ? N'estce pas là surtout ce qui doit faire son bonheur? « Félix qui potuit rerum cognoscere causas '. » Si donc, comme l'expérience l'atteste, les théories qui ne s'élèvent pas au-dessus du naturel sont insuffisantes pour découvrir les causes des choses, et si, comme tout le prouve, ces causes se manifestent clairement à la vue, lorsqu'on admet l'existence des Esprits et leurs relations avec l'homme, nous devons
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plaindre sincèrement ces docteurs modernes de fermer les yeux à la lumière en persistant dans leur superbe dédain, et de refuser ainsi les charmes réels que procure la science véritable; car, au rapport de tous les sages, la véritable Science consiste à connaître l'homme, ou, pour parler plus exactement, à se connaître soi-même. Mais puisque chaque jour les rangs des physiologistes vont s'éclaircissant, et que la génération nouvelle est portée à s'occuper de psychologie, n'est-il pas évident que bientôt on sera, non-seulement conduit à examiner sérieusement tous les faits extraordinaires qui ont quelque analogie avec celui dont nous venons de nous occuper, c'est-à-dire, avec les faits qui se produisent si fréquemment aujourd'hui dans l'état de somnambulisme, de catalepsie, d'extase, mais que l'on voudra aussi en rechercher les causes dans les seules connaissances qui puissent les donner, c'est-à-dire, dans les connaissances des relations qui existent entre le monde spirituel et le monde naturel? C'est alors, et alors seulement,qu'on •pourra acquérir sur ces faits extraordinaires des notions claires et justes; et ces phénomènes, qui aujourd'hui présentent les plus grands dangers, tant pour le spirituel que pour le moral, et même pour le physique, étant alors mieux connus, deviendront par cela même moins nuisibles à l'humanité. Leur danger vient surtout de ce qu'ils n'ont encore pu être soumis à aucune théorie, non pas qu'ils se refusent à 3.
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toute théorie, mais parce qu'on n'a pas voulu et qu'on ne veut pas encore les considérer sous leur véritable point de vue. Mais dès qu'ils auront été étudiés théoriquement, l'homme sera toujours en garde contre eux, et ils ne produiront plus chez lui cette fascination qui le prive de sa liberté, et le rend le jouet d'Esprits malveillants ou enthousiastes qui conspirent sa ruine en flattant avec adresse son amour dominant.
LA SOCIÉTÉ SERA RELIGION (*)
La Société sera Religion! Cette vérité que projlame la Nouvelle Jérusalem, M. de Lamartine vient de l'entrevoir, et nous devons lui savoir gré de l'avoir publiée au moyen de la presse périodique; certes, il y a eu dans la position sociale qu'occupé le député de Maçon indépendance et courage à produire cette pensée, quand l'idée seule de la théocratie suffit encore pour mettre en émoi tous les esprits indépendants. Cette pensée, cependant, a passé presque inaperçue au milieu de toutes celles que renferme son écrit si remarquable ; elle n'a pas été relevée, ou, en d'autres termes, elle n'a soulevé dans la presse aucune discussion ; et cela, on ne saurait s'y méprendre, parce qu'elle a été considérée comme une utopie. Il en aurait été bien autrement si elle eût été prise au sérieux. — Quoi ! se seraient écriés tous les hommes de progrès, nous n'aurions en perspective que la théocratie ! Les efforts de nos pères, les nôtres, ceux que feront nos enfants pour constituer le (*) M. de Lamartine, dans l'écrit : L'État, l'Église $ l'Enseignement.
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nouvel ordre de choses, tout cela aurait pour résultat définitif le gouvernement pour lequel nous éprouvons le plus de répulsion ! Non, M. de Lamartine, vous êtes sur ce point dans l'erreur, la théocratie a fait son temps et ne peut plus reparaître. Mais nous, qui prenons au sérieux la pensée publiée par M. de Lamartine, parce qu'elle est la conséquence dernière des vérités nouvelles que le Seigneur répand chaque jour parmi les hommes, nous répondrons : Oui, la pseudo-théocratie, ou la théocratie hypocrite, telle que l'histoire nous la fait connaître, ne reparaîtra plus; mais entre elle et la vraie théocratie il y a autant de différence qu'entre le mal et le bien, qu'entre les ténèbres et la lumière. La théocratie réelle est le gouvernement de la Société au Nom du Seigneur, seul et vrai Dieu, c'est-à-dire, au moyen des lois humaines en parfaite correspondance avec les véritables Lois Divines; et nous aimons à croire que c'est un tel gouvernement que M. de Lamartine avait en vue quand il a dit : La Société sera Religion. En effet, la Religion et la Société ne feraient alors qu'un comme l'âme et le corps, puisque les lois de la Société auraient pour but de mettre en application dans l'ordre naturel les lois de la Religion ou de l'ordre spirituel, comme le corps met à exécution les affections et les pensées de l'âme. Eh bien ! c'est à cette théocratie que nous marchons ; voilà où tendent, sans qu'on s'en soit douté, tous les pas qui ont été faits depuis quatre-vingts
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ans, et tous ceux que nous faisons chaque jour, pour remplacer ce vieil état de choses qui nous pèse, et qui, tant au spirituel qu'au temporel, ne peut plus se soutenir. Le Seigneur, qui nous a créés libres, ne pourrait pas nous y conduire directement sans porter atteinte à notre liberté, ce qu'il ne fait jamais; mais sa Divine Providence, tout en nous laissant agir selon nos vues quand nous refusons d'écouter ses inspirations, n'en poursuit pas moins continuellement son but par des voies que nous ne pouvons pénétrer : d'ailleurs, puisque les hommes se succèdent, puisque leur but, toujours plus ou moins entaché d'égoi'sme, varie très souvent, ils ne peuvent que contrarier, mais non empêcher l'accomplissement des vues miséricordieuses de la Providence, dont le but, basé sur l'amour et constamment le même, consiste à conduire l'humanité au bonheur sans contraindre sa liberté. Mais avant de présenter un aperçu de ce gouvernement théocratique, il est indispensable de montrer que la pensée publiée par M. de Lamartine doit être prise au sérieux, ou, en d'autres termes, de faire voir que tous les efforts faits depuis quatre-vingts ans, et continués avec persévérance pour arriver à un nouvel ordre de choses, nous entraînent irrésistiblement à une théocratie. L'ancien état de choses avait pour base le droit Divin faussement interprété : ainsi engagées dans une voie sans issue, les religions et les sociétés devaient 3*'
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nécessairement subir les déplorables conséquences de la falsification du principe ; liées les unes aux autres, elles devaient donc succomber ensemble. C'est ce qui est devenu aujourd'hui assez manifeste pour qu'on ne puisse douter que, malgré tous les efforts qu'elles font pour se soutenir, elles ne soient condamnées à périr, ou tout au moins à subir une transformation totale par des transitions successives. Chacun, il est vrai, s'aperçoit que nous marchons vers un nouvel ordre de choses, mais quelle forme aurat-il, c'est ce qui est généralement ignoré. Dès le commencement de la lutte, les adversaires du vieil ordre de choses, considérant le droit Divin comme la clé de voûte de l'édifice, réunirent tous leurs efforts pour le combattre, et ils réussirent, surtout en France, à le renverser. Mais qu'en est-il résulté? c'est qu'on ne fut pas longtemps sans s'apercevoir que les préceptes de morale et les lois ne suffisent pas pour constituer solidement une société, et qu'il faut nécessairement des principes religieux. Dès lors il y eut rapprochement entre les deux partis; l'un consentit à accepter la religion, mais comme auxiliaire; l'autre voulut bien prêter son concours, mais avec l'intention de profiter de toutes les circonstances pour ressaisir son ancienne domination.
Loin d'être un pas en avant, une pareille transaction ne faisait que replacer les choses dans la vieille ornière, et renfermait en germes une foule de diffi-
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cultes inextricables, dont quelques-unes viennent déjà de se révéler à la tribune et dans la presse. Et comment en aurait-il été autrement? La Religion Catholique-Romaine ne peut pas transiger avec sincérité; sa foi erronnée s'y oppose formellement. « Vous aurez beau lui faire une part immense, dit M. de Lamartine, elle trouvera toujours que c'est peu, car il lui faut tout. Vous verrez éternellenient renaître, sous une forme de séduction pieuse ou de violence morale, selon le temps, les prétentions, les envahissements, les dominations, les usurpations d'enseignement, de consciences, de corporations, de propriétés sacrées. Vous lui auriez donné toute la place, qu'elle vous refuserait l'air (1). » II n'y a donc pas d'issue dans une telle voie; aussi M. de Lamartine ajoute-il : « La situation présente ne peut pas durer un demi-siècle impunément, » II est bien certain que ni les peuples ni les gouvernements ne voudront se soumettre à la puissance ultramontaine ; et cependant plus on avancera, plus on éprouvera le besoin de fonder la Société sur une base religieuse. Aujourd'hui, tous ceux qui possèdent veulent une religion, quelques-uns par sentiment, le plus grand nombre pour servir de frein au peuple. Si donc la crainte qu'inspiré le prolétariat a déjà tellement agi sur les esprits que ceux qui naguère étaient opposés à toute manifestation religieuse (1) L'État, l'Église § l'Enseignement.
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sont maintenant des premiers à parler de religion, que sera-ce donc dans quelques dizaines d'années? Ne peut-on pas déjà prévoir, par ce qui se passe dans les contrées industrielles, ce qui doit arriver prochainement? Il n'y aurait même plus aucune invention nouvelle, que le seul développement de l'industrie actuelle suffirait pour encombrer tous les marchés; mais chaque année nous apportera des inventions par centaines et des perfectionnements par milliers. Et, qu'on le remarque bien, il est désormais impossible d'arrêter le déploiement progressif de l'industrie; on le voudrait, qu'on ne le pourrait pas, il y aurait trop d'intérêts compromis : entraînée comme Phaéthon sur un char qu'elle est incapable de diriger, l'industrie, ne pouvant plus ni revenir sur ses pas, ni s'arrêter, est forcée de se lancer sans rênes dans des routes qui lui sont tout à fait inconnues. En présence d'une position aussi périlleuse, que deviendront, dans quelques années, toutes les autres questions qui, jusqu'à présent, ont tant occupé les esprits? Ne se verront-elles pas absorbées par la question bien autrement palpitante du paupérisme envahissant tous les états de l'Europe par suite de ce développement de l'industrie? Quelle importance, en effet, auraient alors des débats politiques ou internationaux, quand les yeux les moins clairvoyants verront enfin suspendue sur la tête de la Société cette nouvelle épée de Damoelès?
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En vain la philanthropie multipliera ses efforts : que pourra-t-elle en face du colosse toujours grandissant? Il arrivera donc un temps, et ce temps n'est pas éloigné, où tous ceux qui tiennent à l'existence d'un état social regarderont le principe religieux comme la seule ancre de salut pour tous. Or, ce principe, par sa nature même, étant audessus de tout ce qui vient de l'homme, doit nécessairement dominer tous les autres principes; la société se trouvera donc ramenée, après un long circuit, à ce droit Divin pour lequel elle éprouve aujourd'hui une répulsion qui n'est légitime que parce que ce droit a été mal compris par tout le monde, et surtout encore plus mal appliqué par ceux qui s'en sont faits les exécuteurs. On ne refait pas le passé, c'est ce qui a souvent été dit et ce que prouve l'histoire; on ne reviendra donc pas à ce droit Divin faussement interprété; on reconnaîtra que toutes les religions qui sont exclusives sont par cela même dans le faux, car la vraie religion ne réprouve que les affections mauvaises et les actes qui en résultent, et ne condamne personne pour des croyances religieuses; la vraie religion a pour mission de rallier les hommes et non de les diviser, et toutes les religions actuelles les divisent, puisque chacune sans exception condamne toutes celles qui n'ont pas sa foi. Ce ne sera donc ni Rome, ni Genève, qui seront appelées à promulguer le Vrai droit Divin ; le Ça-
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tholicisme-Romain voudra toujours refaire le passé, et le Protestantisme avec son dogme fondamental de la foi seule ne pourra jamais que diviser au lieu de réunir. Le Vrai droit Divin se manifestera dans toute sa majesté lorsque la Vraie Doctrine Chrétienne, qui commence déjà à se répandre, sera entrée dans un plus grand nombre de cœurs; et comme cette Doctrine a pour base la liberté humaine, et place la charité autant au-dessus de la foi que la substance l'emporte sur la forme, il n'y aura plus à craindre que l'hypocrisie prenne le masque de la religion pour dominer la Société, car son masque lui serait aussitôt arraché; on ne parlera plus de nos distinctions actuelles entre l'Église et l'État, puisque enfin on verra clairement que la véritable Église et l'État, de même que l'âme et le corps, ne peuvent et ne doivent faire qu'un ; et c'est alors, et seulement alors, que la Société sera Religion. Quant à l'aperçu de ce que sera ce gouvernement théocratique, il suffit pour le moment de présenter ce que publiait Swedenborg, en 1758, dans son Traité de la Nouvelle Jérusalem et de sa Doctrine Céleste, N08 311 à 325. DU GOUVERNEMENT ECCLÉSIASTIQUE ET CIVIL.
311. Il y a deux sortes de choses qui, chez les hommes, seront dans l'ordre, à savoir, les choses qui
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appartiennent au Ciel, et celles qui appartiennent au Monde : celles qui concernent le Ciel sont nommées Ecclésiastiques; celles qui concernent le Monde sont nommées Civiles. 312. L'ordre ne peut être tenu dans le monde sans des Chefs chargés de surveiller tout ce qui se fait conformément à l'ordre, et tout ce qui se fait contre l'ordre; de récompenser ceux qui vivent conformément à l'ordre, et de punir ceux qui l'enfreignent; si cela ne se fait pas, le genre humain périra; car tout homme d'après l'héréditaire naît avec le penchant à vouloir commander aux autres et posséder les richesses des autres, d'où découlent les inimitiés, les envies, les haines, les vengeances, les fourberies, les cruautés, et plusieurs autres maux; c'est pourquoi, si les hommes ne sont pas tenus dans des liens par des Lois, et par des récompenses convenables à leurs amours, c'est-à-dire, par des honneurs et des profits pour ceux qui font des biens, et par des punitions contraires à leurs amours, c'est-à-dire, par la perte des honneurs, des possessions et de la vie, pour ceux qui font des maux, le Genre humain périrait. 313. Il y aura par conséquent des Chefs qui tiendront les Réunions d'hommes dans l'ordre; ces Chefs seront experts dans les lois, remplis de sagesse, et auront la crainte de Dieu. Il y aura parmi les Chefs un ordre, de peur qu'aucun d'eux, par bon plaisir ou par ignorance, ne permette les maux contre l'ordre, et par conséquent ne le détruise, ce qui
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est évité quand il y a des Chefs supérieurs et des Chefs inférieurs, entre lesquels existe une subordination. 314. Les Chefs préposés sur ce qui, parmi les hommes, concerne le Ciel, ou sur les choses Ecclésiastiques, sont appelés Prêtres, et leur fonction est appelée Sacerdoce. Les Chefs préposés sur ce qui, parmi les hommes, concerne le Monde, ou sur les choses Civiles, sont appelés Magistrats, et le Premier d'entre eux, dans les pays où existe une autorité suprême, est appelé Roi. 315. Quant à ce qui concerne les Prêtres, ils enseigneront aux hommes le chemin qui conduit au Ciel, et en outre ils les dirigeront; ils les enseigneront conformément à la doctrine de leur Église d'après la Parole, et les dirigeront pour qu'ils vivent selon cette doctrine. Les Prêtres qui enseignent les vrais, et qui par ces vrais conduisent au bien de la vie, et par conséquent au Seigneur, sont les bons Pasteurs des brebis ; mais ceux qui enseignent, et ne conduisent pas au bien de la vie, ni par conséquent au Seigneur, sont les mauvais Pasteurs. 316. Les Prêtres ne s'arrogeront aucun pouvoir sur les âmes des hommes, parce qu'ils ne savent pas dans quel état sont les intérieurs de l'homme; ils ne s'arrogeront pas, à plus forle raison, le pouvoir d'ouvrir et de fermer le Ciel, puisque ce pouvoir appartient au Seigneur seul. 317. Il y aura pour les Prêtres dignité et honneur
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à cause des choses saintes qui appartiennent à leurs fonctions; mais ceux d'entre eux qui sont sages attribuent l'honneur au Seigneur, de Qui procèdent les choses saintes, et non à eux-mêmes; ceux, au contraire, qui ne sont point sages, s'attribuent l'honneur : ceux-ci le dérobent au Seigneur. Ceux qui s'attribuent l'honneur à cause des choses saintes qui appartiennent à leurs fonctions préfèrent l'honneur et le gain au salut des âmes, auquel ils doivent veiller; mais ceux qui attribuent l'honneur au Seigneur, et non à eux-mêmes, préfèrent le salut des âmes à l'honneur et au gain. L'honneur d'une fonction ne réside pas dans la personne, mais il est adjoint à la personne selon la dignité de la chose qu'elle administre; et ce qui est adjoint, cela n'appartient pas à la personne même, et aussi en est séparé avec la fonction : l'honneur dans la personne est l'honneur de la sagesse et de la crainte du Seigneur. 318. Les Prêtres enseigneront le peuple, et le couduiront par les vrais au bien de la vie; mais néanmoins ils ne contraindront qui que ce soit, puisque nul ne peut être contraint à croire le contraire de ce qu'il a pensé du fond du cœur être vrai ; celui qui croit autrement que le Prêtre et ne cause pas de troubles sera laissé en paix.; mais celui qui cause des troubles sera séparé; car cela appartient aussi à l'ordre pour lequel le sacerdoce a été établi. 319. De même que les Prêtres ont été préposés pour administrer les choses qui concernent la Loi U.
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Divine et le Culte, de même les Rois et les Magistrats l'ont été pour administrer les choses qui concernent h Loi Civile et le Jugement. 320. Comme le Roi seul ne peut administrer toutes choses, il a en conséquence sous lui des Chefs, à chacun desquels a été confiée la charge d'administrer ce que le Roi ne peut administrer et n'a pas la faculté d'administrer; ces Chefs, pris ensemble, constituent la Royauté, mais le Roi lui-même est te chef suprême. 321. La Royauté elle-même n'est pas dans la personne, mais elle a été adjointe à la personne ; le Roi qui croit que la Royauté est dans sa personne, et le Chef qui croit que la dignité de sa fonction est dans sa personne, ne sont point sages. 322. La Royauté consiste à administrer selon les lois du Royaume, et à juger selon ces lois d'après le juste. Le Roi qui regarde les Lois comme au-dessus de lui est sage; mais le Roi qui se regarde comme au-dessus des lois n'est point sage. Le Roi qui regarde les lois comme au-dessus de lui place la Royauté dans la Loi, et la Loi-domine sur lui; car il sait que la Loi est la Justice, et que toute Justice, qui est la Justice, est Divine : mais le Roi qui regarde les lois comme au-dessous de lui, place la Royauté en lui-même, et croit ou qu'il est lui-même la Loi, ou que la Loi, qui est la Justice, vient de lui; de là, ce qui est Divin, il se l'arrogé; au-desscms du Divin cependant il doit être.
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323. La Loi, qui est la Justice, doit être établie dans le Royaume par des Jurisconsultes sages et craignant Dieu ; puis, et le Roi et les sujets vivront selon cette loi : le Roi qui vit selon la loi établie, et qui en donne le premier l'exemple aux sujets, est véritablement un Roi. 324. Le Roi, qui a un pouvoir absolu, et qui croit que ses sujets sont tellement esclaves qu'il a droit sur leurs possessions et sur leur vie, n'est pas un Roi s'il exerce un tel droit, mais c'est un tyran. 325. On doit obéir au Roi selon les lois du Royaume, et ne l'outrager en aucune manière, ni en fait ni en paroles, car de là dépend la sécurité publique.
DE
LA. NÉCESSITÉ, POUR SUBSTITUER LE TU
LES NOV1-JÉRUSALÊMITES, DE
AU VOUS DANS LES TRADUC-
TIONS DE LA PAROLE*
On sait que dans les traductions de l'Écriture Sainte les Catholiques-Romains se sont conformés aux usages mondains en employant le vous lorsqu'il ne s'agit que d'une seule personne, et que les Réformés ont conservé religieusement le lu. Les NoviJérusalémites, au contraire, n'ayant pas encore en propre une traduction de la Bible, emploient le vous ou le tu, suivant qu'ils font usage ou d'une traduction catholique-romaine, ou d'une traduction protestante. Ce défaut d'uniformité se rencontre même chez les traducteurs de Swedenborg; ainsi Bénédict Chastanier, qui a publié en Angleterre, avant notre première révolution, quelques traductions françaises des écrits de Swedenborg, a employé le tu; Moët, dans ses traductions publiées à partir de 1819, s'est servi du vous; et nous, dans cette publication mensuelle et dans nos traductions, nous avons, rigides observateurs du texte, constamment employé le tu. Il serait bon cependant qu'on s'entendît sur ce point, qui est pour nous beaucoup plus important qu'il ne \
* Voir aux notes additionnelles.
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l'était pour les Réformés; car nous avons pour substituer le tu au vous des motifs bien supérieurs à ceux qui ont dirigé les auteurs des traductions protestantes. Nous pourrions cependant faire valoir les raisons que ces auteurs ont données, car elles subsistent toujours, et suffiraient seules pour trancher la question; mais ces raisons sont bien connues; et du reste il suffira, nous l'espérons, de présenter ici les inconvénients pour le Novi-Jérusalémite de l'emploi du vous pour que ceux de nos frères qui, par la force de l'habitude, en font encore usage, le rejettent entièrement. Pour le disciple de la Nouvelle Jérusalem, toutes les expressions de la Parole sont significatives; changer l'expression, c'est donc changer la signification ; on voit par cela seul, combien il est important d'avoir une traduction fidèle. Mais, nous dira-t-on, la substitution du vous au tu peut-elle avoir un grand inconvénient? est-ce bien là un changement d'expression susceptible d'altérer la signification? — Oui, répondons-nous; et pour prouver que cette substitution peut changer le sens spirituel, nous n'aurons pas besoin de multiplier les exemples, un seul suffira pour établir une conviction complète. Philippe s'adressant au Seigneur, lui dit : « Mon» tre-nous le Père. Jésus lui dit : Depuis tant de » temps avec vous je suis, et tu ne m'as point connu !» — Jean, XIV. 8, 9.
Le sens naturel de ce passage n'offre aucune am4'.
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biguïté. Il est bien évident que le Seigneur s'étonne de ce qu'étant depuis tant de temps avec tous ses disciples, Philippe ne l'ait point connu. Mais si au lieu du tu on met vous, le sens devient équivoque, on ne sait plus si le Seigneur s'adresse à tous ses disciples, ou à Philippe seul; et, si en raison de ces mots : Jésus lui dit, on en concluait que le Seigneur s'adresse à Philippe seul, la phrase n'aurait plus le même sens; car alors le Seigneur s'étonnerait seulement de ce qu'étant avec Philippe depuis tant de temps, Philippe ne l'eût pas encore connu. Enfin le sens serait de même changé si l'on prenait vous dans l'acception du pluriel, puisque le Seigneur s'étonnerait de ce qu'étant avec ses disciples depuis tant de temps, aucun d'eux ne l'eût encore connu. La substitution du vous au tu offre donc des inconvénients, même pour ceux qui ne considèrent que le sens littéral; mais si, d'après ce précepte évangélique : La lettre tue et l'esprit vivifie, nous cherchons à découvrir les vérités spirituelles que le sens naturel enveloppe, les inconvénients deviendront plus grands, parce qu'ils pourraient nous faire tomber dans des erreurs plus graves. Examinons donc le même passage dans son sens spirituel. On sait que les Disciples, ou les Apôtres, pris ensemble, représentent la généralité des hommes qui composent l'Église, et que chacun d'eux, pris isolément, représente une classe spéciale des hommes de l'Église, ou bien, en faisant abstraction des per-
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sonnes, que les douze Apôtres signifient tous les biens et toutes les vérités de l'Église, et que chacun d'eux désigne une classe de biens ou de vérités. Philippe représente donc ici les hommes de l'Église qui ne sont pas encore parvenus à un degré de régénération qui leur permette de voir clairement que le Seigneur est le Dieu Unique dans lequel est la Divine Trinité, et que ce Dieu est Un tant en personne qu'en Essence; car c'est Philippe qui a dit au Seigneur : Montre-nous le Père. Ou bien, en faisant abstraction des personnes, Philippe signifie une classe de biens ou de vérités qui ne sont pas d'un ordre assez élevé pour montrer l'unité de Dieu dans la seule Personne du Seigneur Jésus-Christ. Au moyen de ces significations, ces paroles du Seigneur : Depuis tant de temps avec vous/e suis, et TU ne m'as point connu! présentent le sens suivant : J'influe depuis tant de temps sur tous les hommes de l'Église pour les convaincre que je suis le seul Dieu du Ciel et de la terre, et vous que Philippe représente, vous n'êtes point parvenus à me reconnaître dans cette qualité ! Mais si dans le premier membre de la phrase le Seigneur ne s'adressait qu'à Philippe, le sens ne serait plus le même ; il en résulterait, en effet, que le Seigneur, au sujet de cette vérité fondamentale, n'influerait plus que sur une portion de l'Église, tandis qu'au contraire il influe continuellement sur toute l'Église pour que cette vérité ne lui soit pas arrachée
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par l'ennemi. Enfin, si l'on prenait vous dans l'acception du pluriel, on se trouverait encore plus en opposition avec la doctrine ; car ce serait dire que le Seigneur influe sur tous les hommes de l'Église pour les convaincre qu'il est le Seul Dieu, et que pas un seul d'entre eux ne l'a reconnu pour tel, ou, en d'autres ternies, qu'il n'existe point d'Église; car il n'y a pas d'Église sans cette reconnaissance : or, nous savons que, quel que soit l'état de dégradation de l'Église, le Seigneur se réserve toujours quelques hommes, appelés restes ou résidu dans la' Parole, pour que la communication de la terre avec le Ciel, qui n'existe que par l'Église, ne soit pas entièrement rompue. Tel est l'inconvénient qui résulte de la substitution du vous au tu, lorsqu'on veut chercher, en lisant la Parole, à en découvrir le sens spirituel. Mais cette substitution n'est-elle pas du moins indifférente lorsqu'on lit la Parole dans la simplicité du cœur, avec l'intention pieuse de se consocier avec le Ciel et de se conjoindre au Seigneur?—Non; en ce sens du moins que cette consociation et cette conjonction ne s'opèrent pas alors aussi facilement que si on lisait le sens véritable de la lettre. En effet, notre doctrine nous apprend que la Parole a été prononcée par le Seigneur, de manière à ce qu'elle fût appropriée en même temps à la haute intelligence des Esprits et des Anges et à la faible portée de celle de l'homme; elle nous apprend aussi que quand la Parole est
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lue par l'homme et comprise par lui selon sa capacité, elle est en même temps comprise par les bons Esprits et par les Anges qui sont en lui selon le degré d'intelligence de chacun d'eux. Or, si par les expressions que le traducteur a employées, l'homme est porté à comprendre autre chose que ce qui est réellement dans le texte, ne doit-il pas en résulter une sorte de trouble et de confusion dans les idées des Esprits et des Anges qui sont chez lui? Et ces Esprits et ces Anges peuvent-ils alors agir sur lui avec autant d'efficacité? Nous ne le pensons pas. Heureusement que le Seigneur, dans sa Divine Miséricorde, a pourvu à ce que les divers traducteurs de la Parole n'en aient pas dénaturé le sens au point de la rendre inefficace ; mais toujours est-il que l'homme doit attacher beaucoup d'importance à la lire dans la traduction qui s'éloigne le moins du texte primitif. Les remarques que nous venons de faire sur le Verset 9 du Chapitre XIV de Jean pourraient s'appliquer au Verset 10, qui nous offre un cas analogue; car c'est à Philippe que le Seigneur s'adresse quand il dit : « Ne crois-tu pas que Moi, je suis dans le » Père et que le Père est en Moi. » Et quand aussitôt après il ajoute : « Les paroles que Moi, je vous pro» nonce, de moi-même point je ne les prononce, » c'est évidemment à tous ses disciples qu'il parle. Eh bien ! cette distinction ne peut pas être saisie dans une traduction où l'on emploie vous lorsqu'il ne s'agit que d'une seule personne. Dans une telle traduction, il
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n'y a pas non plus de différence entre le commencement du Verset 10 et celui du Verset 11 du même Chapitre, tandis qu'il est bien évident que dans le Verset 10 le Seigneur parle à Philippe seul, et que dans le Verset 11 il s'adresse à tous ses disciples. Il nous serait facile de multiplier les exemples; mais nous pensons que ceux-ci suffiront pour prouver la nécessité de substituer le tu au vous dans les traductions de la Parole, en attendant que nous ayons une traduction Novi-Jérusalémite de la Bible (1). (1) Une nouvelle traduction de la Bible est sans doute d'une nécessité urgente; mais un tel travail ne doit pas être fait avec précipitation. Réunissons d'abord tous les matériaux qui sont épars dans les nombreux écrits de Swedenborg; communiquons-nous nos réflexions sur les passages qui présentent le plus de difficultés ; faisons usage de toutes les ressources que nous offrent les travaux des philologues modernes; tirons parti de l'élan qui pousse aujourd'hui les Européens à s'occuper des langues orientales; et nous pourrons alors, avec la Miséricorde du Seigneur, donner à nos frères une traduction Novi-Jérusalémite de la Bible.
EXÉGÈSE.
JEAN.— CHAPITRES XX ET XXI.
Clowes a présenté le sens interne de ces deux Chapitres sous le point de vue de l'Église en général, mais on sait que dans la Parole tout ce qui est dit de l'Église en général, s'applique aussi en particulier à tout homme de l'Église. Nous allons essayer de présenter le sens interne de ces mêmes Chapitres sous ce dernier point de vue; cette étude nous semble d'autant plus importante que chaque membre de l'Église, par sa propre régénération, coopère activement à la régénération de l'Église, et que la connaissance de ce sens le dispose plus particulièrement à s'observer lui-même, puisqu'elle lui dévoile les divers états spirituels par lesquels il a déjà passé, celui dans lequel il est, et ce qui lui reste à faire pour compléter sa régénération. La Parole étant Divine dans toutes ses parties, et jusqu'au moindre accent, est infinie, c'est-à-dire que chacune de ses parties peut présenter une infinité de
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EXÉGÈSE.
vérités qui se manifestent aux yeux des Anges et des hommes avec diversité selon l'état de chacun d'eux, et qui toutes, quoique différentes, les affectent délicieusement. Il en est de cela comme d'un tableau qu'un peintre habile expose en public; tous les visiteurs restent en admiration devant cette peinture, et chacun est diversement affecté selon son état ; telle beauté qui frappe l'un échappe à l'autre, et souvent le même homme admire le lendemain ce qui n'avait fait aucune impression sur lui la veille. Toutefois, dans cette diversité infinie que présente la Parole, on remarque, en général, trois sens distincts : Un sens suprême, où il n'est question que du Seigneur seul ; un sens interne dans le commun, où il s'agit du Royaume du Seigneur dans les Cieux et de son Église sur la terre; et un sens interne dans le particulier, où il s'agit de l'homme considéré comme un Ciel et comme une Église dans la forme la plus petite. Ce dernier sens est celui dont nous allons nous occuper dans cet essai d'exégèse. La première chose que nous ayons à faire, c'est de découvrir le sujet principal dont il est question dans le sens interne particulier de ces deux Chapitres. Nous remarquerons d'abord que, dans le sens suprême, où il s'agit du Seigneur seul, ces deux Chapitres doivent traiter du complément de la glorification du Seigneur; en effet, dans les Chapitres qui précèdent, il s'agit de sa glorification, ou de l'union de son Humain avec son Divin par les plus terribles
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combats des tentations, représentés par sa dernière tentation qui fut la passion de la croix ; dès lors tous ses travaux sur notre terre furent terminés; mais, pour remonter définitivement vers le Père, c'est-àdire, pour rendre sa glorification complète,-il avait encore à rétablir l'ordre dans le monde spirituel par l'entière subjugation des enfers. Ainsi, il est bien évident que ce complément de la glorification du Seigneur, doit former le sujet principal du sens suprême de ces deux Chapitres qui terminent l'Évangile. Or, comme la régénération de l'homme est l'image de la glorification du Seigneur,—Arc. Cél. N° 3212, — le sujet principal du sens interne particulier doit être le complément de la régénération de l'homme. Nous devons donc considérer ici l'homme de l'Église, ou le régénéré, comme venant de subir sa dernière tentation, et le sens interne doit nous apprendre ce qui lui reste à faire pour compléter sa régénération, quand dans cette tentation il est parvenu, avec le secours du Seigneur, à sortir victorieux. De même que dans le sens suprême tous les représentatifs et tous les significatifs concernent le Seigneur seul, de même dans ce sens interne particulier ils concernent uniquement l'homme de l'Église ou le régénéré; c'est donc dans l'homme même que se passent spirituellement toutes les scènes qui sont décrites dans le sens naturel. Les disciples ou les douze apôtres représentent les principaux mobiles chez le 5
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EXÉGÈSE.
régénéré, c'est-à-dire, les principales choses qui le constituent Église, et chaque apôtre représente un de ces mobiles; ainsi, Pierre représente sa foi, Jacques sa charité, Jean le bien de sa charité ou ses œuvres, Thomas son sensuel; quant aux autres personnages ici nommés, Marie la Magdalène représente son affection du bien, et Nathanaël de Cana en Galilée le vrai qui procède du bien dans son naturel. Enfin Jésus est le Divin Amour ou le Seigneur quant au Divin Amour, c'est-à-dire, le Moteur de la vie spirituelle du régénéré. Les significations qui nous ont servi à composer le sens interne ont toutes été tirées des écrits de Swedenborg; mais pour ne pas interrompre la série de ce sens, nous ne placerons entre les Versets que de simples observations, et seulement quand elles seront nécessaires pour en faciliter l'intelligence ; et nous allons donner ici un vocabulaire des mots, en indiquant les Traités de Swedenborg d'où les significations ont été extraites.
VOCABULAIRE Pour les Chapitres XX et XXI de Jean (1).
AGNEAUX (les),—XXI.15,—sign. ceux qui sont dans l'innocence; et, par abstraction, tout ce qui est dans l'innocence. A. E. 9. ANGES (les deux) vêtus EN BLANC, — XX. 12, — sign. les Divins Vrais qui procèdent du Seigneur; les Anges sign. les Cieux, parce que ce sont eux qui constituent le Ciel, et comme ils sont les réceptions du Divin Vrai, ils signifient dans le sens abstrait les Divins Vrais. A. C. 9987. Le Blanc dont ils sont vêtus se dit du vrai, parce que le blanc tire son origine de la lumière du soleil. A. R. 167. BAISSER (se), — XX. 5, 11, — sign. être dans l'humiliation. A. C. 5682. (1) Les nombres qui suivent immédiatement le mot indiquent les Chapitres et les Versets où ce mot est employé ; les initiales et les nombres qui sont après la signification indiquent les Traités de Swedenborg et les N01 de ces Traités. — A. C. désignent les Arcanes Célestes; A. E. l'Apocalypse Expliquée; A. R. l'Apocalypse Révélée; R. C. la Vraie Religion Chrétienne; C. E. le Ciel et l'Enfer; D. E. la Doctrine sur l'Écriture Sainte; D. S. la Doctrine sur le Seigneur; D. F. la Doctrine sur la Foi ; sign. est l'abréviation de signifie.
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VOCABULAIRE.
BARQUE (la),—XXI. 3,6,8,—sign. les connaissances du bien et du vrai d'après la Parole, qui servent pour l'usage de la vie. A. R. 406; ainsi, c'est la doctrine des connaissances naturelles; la Nacelle ou petite barque sign. la doctrine des connaissances les plus extérieures. BRASIER (le),—XXI.9,—sign.lebien.A.C.7852. BREBIS (les), — XXI. 16,17, — sign. ceux qui sont dans la charité; et, par abstraction, tout ce qui est dans la charité. A. C. 3994; au Vers. 16, tout ce qui est dans la charité par la volonté, et au Vers. 17, tout ce qui est dans la charité par l'entendement, A. C. 4169. CANA EN GALILÉE (de),—XXI. 2, — sign. chez les nations. A. E. 376 ; et ici, où il s'agit de Nathanaël, c'est dans l'extérieur ou le naturel. CEINDRE SA TUNIQUE, — XXI. 7,— sign. être prêt à recevoir l'influx et à agir selon cet influx. A. C. 7863. Se ceindre soi-même,— XXI. 18,— sign. agir d'après la liberté; et êlreceintpar unautre,sign. être sous la direction d'un autre. A. C. 10087. CENT CINQUANTE-TROIS, — XXI. 11, — sign. tous; en effet, cent sign. plénitude. A. C. 2905; cinquante, beaucoup. A. C. 5708; et trois, ce qui est complet. A. C. 4495. CHRIST (le),—XX.31, —sign. le Divin Vrai. A.C. 3004 ; et ainsi la Divine Sagesse. CLOU (le),—\XX.25,—sign. ce qui affermit et conjoint; il sign. atossi l'adjonction. A. C. 9777,8990.
VOCACULAIRE.
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CORPS DE JÉSUS (le), — XX. 12,— sign. l'Humain du Seigneur glorifié, cfr. A. C. 2083. CÔTÉ DE JÉSUS (le), — XX. 20, 28, 27, — sign. l'amour du Divin Humain ; le côté, considéré comme renfermant le cœur, signifie l'amour, cfr. A. C. 6960. COURIR, — XX. 2, 4, — sign. la propension ou l'intention de l'affection. A. C. 3127 ; il signifie aussi l'examen de la chose vers laquelle on court. A. C. 3088. CROIRE, — XX. 8, 25, 27, 29, 31, — c'est reconnaître en même temps par l'entendement et par la volonté, cfr. A. C. 10155. DEUX CENTS,—XXI. 8,—ce nombre, étant le produit de la multiplication de deux par cent, sign. la même chose que deux, c'est-à-dire, la conjonction. A. C. 5194. DIDYME ou JUMEAU, — XX. 24. XXI. 2, — sign. ce qui doit coopérer, ou se joindre à, cfr. A. C. 3299, 4918. DIEU, — XX. 17, 28. XXI. 19, — sign. le Divin Vrai ou la Divine Sagesse. A. C. 9167. DINER, — XXI. 12, 1S, — sign. la conjonction et l'appropiation ; les repas signifient se consocier et se conj oindre quant à l'amour, et aussi s'instruire mutuellement de ce qui concerne l'amour et la foi. A. C. 7996. DIRE, — XX. 2, 13 à 22, 25, 27 à 29. XXI. 3, 5, 6,10,12,15 à 23, — sign. percevoir; dire sign. 5*.
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VOCABULAIRE.
aussi penser et réfléchir, parce que la pensée et la réflexion résultant de la pensée viennent de la perception. A. G. 2770; il signifie encore instruire ou suggérer. A. C. 8619; communiquer. A. G. 5012. Dire, relativement à celui qui agit, sign. l'influx; et, relativement à celui qui reçoit, il signifie la réception. A. C. 8660. DISCIPLE (le) que Jésus aimait ou Jean, —XX. 2, 3, 4, 8, 10. XXI. 7, 20, 23, 24, — sign. le bien de la charité ou les œuvres. A. E. 8. Disciples (les douze), — XX, 18, 19, 20, 25, 26, 30. XXI. 1, 2, 4,8,12,14, — sign. l'ensemble de toutes les choses qui constituent l'Église; ici, les principaux mobiles ou les choses principales chez le régénéré. A. C. 3863. cfr.D. E. 71. DOIGT (le), — XX. 25, 27, — sign. la puissance, parce qu'il appartient à la main qui a cette signification. A. C. 7430. DOUZE, — XX. 24, — sign. toutes choses en général. A. G. 3858; l'un des douze, c'est l'un des principaux mobiles. DROIT (le côté), — XXI. 6, — sign. le bien d'où procèdent les vrais. A. G. 10061. ÉCRIRE, — XX. 30, 31. XXI. 24; 25, — sign. rendre manifeste. A. R. 473. Ex VÉRITÉ ou AMEN, — XXI. 18, 25, — sign. une confirmation Divine. A. R. 23. ESPRIT SAINT (!'), — XX. 22, — sign. le Divin Vrai ou la Divine Sagesse procédant du Seigneur. A. R. 343.
VOCABULAIRE.
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FEMME (la), — XX. 13, 15, — sign. l'affection du bien. A. G. 4510. FILET (le), —XXI. 6,8,11, —sign. l'extrême de la vie correspondant à la vie inférieure qui appartient à l'entendement et à la volonté. A. G. 9728; ainsi, c'est le mental naturel. Fas DE DIEU (le),—XX. 31,— sign. l'Humain du Seigneur. D. S. 19 ; et ici, après la résurrection,c'est le Divin Humain du Seigneur. FRÈRES (les) ou les douze disciples,—XX.17.XXI. 23, — sign. les principaux mobiles chez le régénéré. Voir ci-dessus Disciples. HUIT, — XX. 26, — sign. le commencement d'un état nouveau, parce que Huit suit immédiatement Sept, qui signifie une période complète. A. G. 9227, 2866. INSUFFLER, — XX. 22,— sign. vivifier par la foi et par l'amour. A. G. 9229; c'est donner la faculté de percevoir les Divins Vrais et de recevoir ainsi les vrais de la foi. A. G. 10135. JARDINIER (le), —XX. 15. —Le Jardin signifiant l'intelligence ou l'entendement du vrai, A. G. 98,305; le Jardinier est le dispensateur de l'intelligence ou de l'entendement du vrai. JÉSUS, — XX. 14 à 17, 19, 21, 24, 26, 29, 30, 31. XXI. 1, 4, 5, 10, 12 à 15, 17, 20, 21, 22, 25, — sign. le Divin Bien ou le Divin Amour. A. G. 3004; c'est-à-dire, le Seigneur quant au Divin Amour.
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VOCABULAIRE.
JOUR (le),—XX. 19,—sign. l'état; le jour et la nuit signifient l'état de l'homme régénéré quant à ses intellectuels, dont les alternatives ressemblent à celles du jour et de la nuit. A. G. 936. JUIFS (les), — XX. 2, 13, 19, — sign. les biens; et, dans le sens opposé, les maux. A. R. 96, 350. LIEU (le), — XX. 7. — sign. l'état. A. C. 2786. LINGES (les),—XX. 5, 6,7,— sign. les vrais. A. C. 10243, parce qu'ils servent à couvrir; ici, ce sont les vrais extérieurs, parce qu'il est parlé ensuite du suaire ou du linge qui couvrait la tête du Seigneur. LIVRE (le), — XX. 30. XXI. 25, — sign. la vie de tous dans le ciel et sur la terre. A. E. 299. MAIN (la), — XX. 20, 25, 27. XXI. 18, — sign. la puissance. A. C. 78; la main a cette signification, parce que les forces et la puissance de tout corps se réfèrent aux bras et aux mains, car c'est par eux que le corps exerce ses forces et sa puissance. A. C. 4932, 4933. MANGER, — XXI. 5, — sign. s'approprier. A. C. 3168. MARCHER, — XXI. 18, — sign. vivre, se diriger dans la vie. A. C. 8420. MARIE LA MAGDALÈNE,—XX.1,11,16,18,—sign. l'affection du bien; la femme signifie cette affection. A. C. 4510; et d'ailleurs tout ce que l'Évangile rapporte sur Marie la Magdalène indique suffisamment qu'elle représente l'affection du bien.
MATIN (le), — XX. l. XXI. 4, — sign. un commencement d'illustration. A. C. 8211.
VOCABULAIRE.
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MER DE TIBÉRIADE (la),— XXI. 1, 7,— sign. l'ensemble des connaissances dans le naturel. A. G. 8313. MILIEU (le), — XXI. 19, 26, — sign. l'intime. A. C. 200. MONDE (le), — XXI. 25, — sign. l'Église et tout ce qui est Église. A. R. 589 ; ainsi,l'Ange 3t l'homme régénéré. MONTER, — XX. 17.XXI. 11,— sign. s'élever vers les intérieurs. A. G. 9373 ; ce mot renferme en soi une élévation vers le bien. A. C. 4815. MORT (la), — XXI. 19, — sign. une vie nouvelle. A. C. 6499. MOURIR, — XXI. 23, — sign. avoir une vie nouvelle. A. C. 6499. NATHANAEL, — XXI. 2, — sign. celui qui est dans le bien de la charité, et par ce bien dans les vrais; ainsi, celui qui est dans les vrais procédant du bien. A.E.866; et,par abstraction,les vrais qui procèdent du bien. NOM (le) du Seigneur, — XX. 31.— Le nom sign. la qualité. A. C. 144; le Nom du Seigneur sign. la qualité du Seigneur, c'est-à-dire, le bien de l'amour et de la charité conjoint au vrai de la sagesse et de la foi. A. G. 3006. Nu, — XXI. 7, — sign. celui qui reconnaît qu'en lui il n'y a rien du bien, ni rien du vrai. A. G. 4956. NUIT (la), — XXI. 3, — sign. un état d'ombre produit par le faux qui provient du mal ou du propre. A. C. 5092. A. E. 513.
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VOCABULAIRE.
PAIN (le), — XXI. 9, 13, — sign. tout bien qui nourrit la vie spirituelle de l'homme. G. E. 111. PAITRE, — XXI. 15, 16, 17, — sign. instruire. A. E. 9; appliqué à la foi, c'est illustrer. PAIX (la), —XX. 19, 21, 26, — sign. le Divin qui influe dans le bien ou dans les affections du bien, et qui produit par l'intime la joie et la félicité. A. C. 3780. PÊCHER, — XXI. 3,—sign. enseigner les connaissances du bien et du vrai, et ainsi régénérer. A. E. §13. PÉCHÉS (les), — XX. 23, — sign. tout ce qui est contre l'ordre Divin. A. G. 5076; ainsi, tous les maux et tous les faux. Remettre les péchés, c'est remplacer les maux et les faux par les biens et les vrais; retenir les péchés, c'est tenir éloignés les maux et les faux, et ainsi les mettre dans l'impuissance de nuire. Voir A. C. 9410. PIEDS (les), — XX. 12, — sign. les naturels. A. C. 259, ou les choses du dernier degré; l'Ange placé aux pieds sign. le Divin Vrai dans les derniers. A. E. 687. PIERRE (Apôtre), — XX. 3, 4. XXI. 7, 17, 20, 21, — sign. la foi. A. C. 3869. Voir SIMON. PIERRE (la),—XX. 1,—sign. le vrai. A.C. 1298. PÈRE (le), — XX. 17, 21,— sign. le Divin Même, et aussi le Divin Bien Même. A. C. 4334. PLEURER, — XX. 11, 13,15,—sign. avoir tin chagrin intérieur. A, C. 4786.
VOCABULAIRE.
S9
POISSON (le petit) mis sur un brasier, — XXI. 9, — sign.le vrai du bien spirituel mis dans le naturel. A. G. 7852. POISSONS (les), — XXI. 6, 8, 10, 11, — sign. les scientifiques. A. C. 40, qui viennent des sensuels. A. G. 991. PORTE (la), — XX. 19, 26, — sign. la communication. A. C. 8989. RABBONI ou MAÎTRE, — XX. 16, — sign. le Seigneur quant à la Divine Sagesse ou au Divin Vrai. A. G. 9167. RÉPONDRE, — XX. 28. XXI. S, — sign. recevoir. A. C. 2941 ; reconnaître. A. C. 5255. RESSUSCITER DES MORTS, — XX. 9. XXI. 14, — sign. être retiré d'entre les maux; ressusciter,sign. entrer dans la vie. A. C. 290; les morts sign. ceux qui sont morts spirituellement, ou qui sont dans les maux; et, par abstraction, les maux. A. R. 525. RIVAGE (le), — XXI. 4, — sign. les extrêmes des connaissances. A. C. 8237. SABBATH (le), — XX. 1, 19, — sign. le repos. A. C. 87. •SAVOIR (ne pas), — XX. 2, 13, 14. XXI. 4; — sign. être dans l'obscurité à l'égard des choses qui appartiennent à la vue spirituelle. A. C. 3717. SEIGNEUR (le), — XX. 2,13,18, 20, 25, 28. XXI. 7, 12, — sign. le Divin Amour uni à la Divine Sagesse; ainsi, le Divin Humain. R. C. 778. SÉPULCRE (le), — XX. 1, 2, 3, 4, 6, 8, 11, —
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VOCABULAIRE.
sign. la résurrection, car lorsque l'homme est enseveli quant au corps, il renaît quant à l'esprit; il signifie aussi la régénération, car la régénération est la première résurrection de l'homme, puisqu'il meurt alors quant au vieil homme et ressuscite quant à l'homme nouveau. A. C. 2916, 1551. A. E. 687. SIMON, fils DE JONAS, — XXI. 15, 16, 17, — et SIMON PIERRE, — XX. 2, 6, 10. XXI. 2, 3, 11, 15. — Simon, fils de Jonas, sign. la foi procédant de la charité. A. E. 820, ou la foi qui est l'affection du vrai. A.E. 443; Simon Pierre sign. la foi qui obéit et met les préceptes en pratique, ainsi c'est la foi entrée dans la volonté et par conséquent dans l'homme lui-même, ou la foi de la volonté. A. E. 443; et Pierre sign. le.vrai ou la foi seulement; c'est à cause de ces différentes significations que Pierre, selon le sujet dont il s'agit, est appelé tantôt Pierre seulement, tantôt Simon Pierre, tantôt Simon, fils de Jonas. Voir A. E. 443. SOIR (le), — XX. 19, — sign. l'état de l'intérieur quand les vrais de la foi sont dans l'obscurité. A. C. 10135; ainsi, c'est une faible lumière. SOUPER (le),— XXI. 20,—sign. la conjonction du Seigneur avec l'homme de l'Église. A. R. 816. SUAIRE (le) ou le linge sur la tête, — XX. 7, — sign. le vrai intérieur ; le linge sign. le vrai. A. C. 10243; et la tête, l'intérieur. A. C. 5145. SUIVRE,— XX. 6. XXI. 19, 20, —sign. être sous l'auspice et sous la conduite de celui qu'on suit. A. C. 3191.
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TERRE (la), —• XXI. 8, 9, 11, — sign. le sensuel externe de l'homme. A. G. 6948. TÊTE (la),—XX. 7,12,—-sign. les intérieurs, ou les choses qui sont dans les premiers. A. G. 5145, 6188; Y Ange placé à la tête sign. le Divin Vrai dans les premiers. A. E. 687. THOMAS, — XX. 24, 26, 27, 28, 29, — sign. le sensuel; cfr. A. G. 128, 129. TOUCHER, — XX. 17, — sign. recevoir. A. G. 10130. TOURNER (se), — XX. 14, 16. XXI. 20, — sign. éprouver un changement d'état. A. R. 42. TROISIÈME FOIS (la), — XXI. 14, 17, — sign. ce qui est complet ou ce qui complète. A. R. 505. R.C. 387. TUNIQUE (la), — XXI. 7, — sign. le vrai naturel. A. G. 9826. VENIR, — XX. 1, 2, 3, 18, 19, 24, 26. XXI. 8, 12, — sign. se conjoindre. A. G. 3850; s'approcher, parvenir. A. G. 5941 ; communiquer par influx ou influer. A. G. 5249. Venir au sépulcre sign. le successif de la régénération. A. C. 5505, c'est par conséquent s'occuper de continuer la régénération. VIE (la), — XX. 31, — sign. la vie éternelle. A. C. 5407. VIEUX (devenir), — XXI. 18, — sign. dépouiller un précédent état et revêtir un état nouveau. A. C. 4620. VOIR, — XX. 1, o, 6, 8, 18, 20, 25, 29. XXI. 9, 6.
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VOCABULAIRE.
20, 21, —sign. comprendre. A. G. 2807; reconnaître. A. G. 3786; percevoir. A. C. 5400; et s'apercevoir. A. C. 2150. ZÉBÉDÉE (les fils de),—XXI. 2,— sign. la charité et le bien de la charité. A. E. 8.
Pendant la dernière et la plus douloureuse tentation du Seigneur, lorsqu'il est livré aux Juifs, condamné et crucifié, tous ses disciples l'abandonnent; Pierre lui-même,naguère si ferme,le renie; et quand Jésus expire, il n'a près de lui que Jean et quelques femmes qui avaient coutume de le suivre. Ces faits historiques, dans le sens interne particulier, signifient que, chez le régénéré, pendant la dernière tentation, qui est aussi pour lui la plus douloureuse, lorsque Jésus ou le Divin Amour, c'est-àdire, le Moteur de la vie spirituelle, est livré au milieu des maux qui le harcèlent, le condamnent et l'étouffent, les principaux mobiles ou principales choses de l'Église chez le régénéré, abandonnent ce Moteur; la foi elle-même, naguère si vive, le renie, et quand le Divin Amour est ainsi étouffé, il n'y a près de lui que le bien de la charité, et quelques affections qui précédemment s'étaient habituées à suivre toutes ses impulsions.
EXÉGÈSE.
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Tel est l'état spirituel du régénéré pendant sa dernière tentation ; mais vers la fin de cette tentation, Jésus, à l'insu des disciples et des femmes, ressuscite d'entre les morts, ce qui signifie que le Divin Amour, à l'insu du régénéré, qui le croit étouffé en lui, se dégage d'entre les maux, les chasse de chez le régénéré, et les tient éloignés, et peut dès lors agir chez lui avec d'autant plus de force que dorénavant les maux ne pourront plus s'opposer à son action. Mais cette action du Divin Amour ou du Seigneur chez le régénéré ne peut s'exercer que progressivement et selon les lois de son Ordre Divin ; de là les diverses manifestations rapportées dans les deux Chapitres qui vont être expliqués : ces manifestations représentent les diverses merveilles que le Seigneur opère dans le régénéré, après la dernière tentation, pour compléter la régénération.
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EXÉGÈSE.
CHAPITRE XX.
i. Or, au premier des sab- 1. Or, dans l'état de repos bats, qui, chez le régénéré, succède à la dernière tentation, Son affection du bien, Marie la Magdalèoe Vient de grand matin, Dans un commencement tandis qu'il faisait encore ob- d'illustration, lorsqu'il y a scur, au sépulcre; encore peu de lumière, s'occupe de la régénération, Et elle voit la pierre ôlée Et elle s'aperçoit que le vrai a été détourné de la rédu sépulcre. génération. Dans les tentations, et surtout dans la dernière tentation, le régénéré est dans l'obscurité, mais après la tentation, le Seigneur lui donne la consolation et le repos, et dissipe l'obscurité en l'illustrant peu à peu. A. G. 5264, 5773. Quand le régénéré est dans cet état de repos et dans le commencement de l'illustration, c'est Marie la Magdalene, c'est-à-dire, son affection du bien qui s'occupe d'abord de la régénération, car c'est elle qui vient la première au sépulcre; mais elle voit la pierre ôtée du sépulcre; et alors elle croit, ainsi que l'indiquent les Ver2, il et 13, que les Juifs ont enlevé la pierre et ont dérobé le corps du Seigneur, c'est-à-dire qu'elle
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pense que les maux ont détourné de la régénération le vrai, et ont soustrait le Divin Amour. 2. Elle court donc et vient vers Simon Pierre, et vers l'autre disciple qu'aimait Jesus, Et elle leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre,
2. Elle s'empresse donc, de se conjoiodre à la foi de la volonté et an bien de la charite, Et elle leur communique sa pensée, que les maux ont privé du Divin Amour la régénération, Et nous ne savons où ils Et que le régénéré ne sait l'ont mis. comment le retrouver.
L'affection du bien ne pouvant agir seule dans la régénération a recours à la foi de la volonté et au bien de la charité, et comme elle pense que les maux qui ont assailli le régénéré pendant la dernière tentation ont soustrait le Divin Humain du Seigneur, elle leur communique cette pensée. Quand le régénéré se croit abandonné du Seigneur, c'est alors que le Seigneur est le plus près de lui, ainsi qu'il arrive dans toutes les tentations spirituelles : c'est pour cela que l'affection du bien pense que les maux ont privé du Divin Amour la régénération ; mais ce Divin Amour ou Divin Humain est bien près du régénéré, et va bientôt se manifester devant lui. 3. Pierre et l'autre disciple 3. La foi et le bien de la sortirent donc, et ils vinrent charité se disposent donc au sépulcre. pour la régénération.
Il est à remarquer qu'ici il est dit seulement Pierre 6*.
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EXÉGÈSE.
et non Simon Pierre; ainsi, il est question ici de la foi seulement et non de la foi entrée dans la volonté ou dans le régénéré même; mais au Verset 6, quand Pierre suit Jean ou se laisse diriger par le bien de la charité, il est de nouveau appelé Simon Pierre, comme il l'avait été précédemment Vers. 2, quand Marie la Magdalène ou l'affection du bien s'était adressée à lui. tt. Or, ils couraient eux 4. Or, ils se livrent endeux ensemble, semble à un examen, Et l'autre disciple courut Et le bien de la charité s'y en avant plus vite que Pierre, livre avec plus d'ardeur que
la foi, Et arriva le premier au seEt il est disposé le premier pour la régénération ; pulcre ;
Jean arrive au sépulcre avant Pierre, parce que le bien de la charité conduit à la régénération plus promptement que la foi. 5. Et, s'étant baissé, Vit étendus les linges;
5. Et, s'humiliant, Aperçoit les vrais extérieurs qui la concernent; Cependant il n'entra point. Cependant il ne pénètre pas plus avant.
Par l'humiliation le bien de la charité aperçoit les vrais extérieurs de la régénération, mais il a besoin d'être éclairé par la foi de la volonté pour en apercevoir le vrai intérieur; c'est pour cela que Jean, quoiqu'arrivé le premier, n'entra point dans le sépulcre, avant que Simon Pierre y fût entré,
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6. La foi de la volonté y 6. Vint donc Simon Pierre, parvient donc, dirigée par le qui le suivait, bien de la charité, Et il entra dans le sépul- Et elle pénètre dans la régénération, cre, Et aperçoit les vrais extéEt vit les linges étendus, rieurs qui la concernent, 7. Et le vrai intérieur, 7. Et le suaire qui avait été sur sa tète, Non mêlé avec les vrais exNon pas avec les linges étendu, mais replié à part térieurs, mais disposé selon dans un lieu. son état. La foi ne peut apercevoir les vrais de la régénération, ni faire la distinction entre les vrais naturels et le vrai spirituel, qu'après avoir été échauffée par le bien de la charité; voilà pourquoi Pierre avait Jean près de lui quand il entra dans le sépulcre, et est alors appelé Simon Pierre, parce que maintenant il désigne la foi passée de l'entendement dans la volonté. 8. Alors donc pénètre aussi 8. Alors donc entra aussi l'autre disciple qui élait ar- le bien de la charité qui avait rivé le premier au sépulcre; été disposé le premier pour la régénération ; Et il vit, et il crut; Et il comprend et il reconnaît. 9. Car ils étaient encore 9. Car ils ne connaissaient pas encore l'Écriture : dans l'obscurité touchant cette vérité, Qu'il fallait que d'entre les Qu'il fallait que le Divin morts il ressuscitât. Amour fût retiré d'entre les maux.
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EXÉGÈSE.
Quand Jésus parlait aux Apôtres de sa mort prochaine et de sa résurrection, ils ne le comprenaient pas, ils craignaient même de l'interroger à ce sujet; ils auraient voulu qu'il restât toujours avec eux; et quoiqu'il les en eût avertis plusieurs fois, ils ne pouvaient pas se persuader qu'après qu'il les aurait quittés, ils le posséderaient bien plus complètement que pendant son séjour dans ce monde. Il en est de même du régénéré avant qu'il ait subi sa dernière tentation ; heureux de sentir la présence du Seigneur qui le dirige dans sa régénération, il ne comprend pas qu'il faut dans son propre intérêt qu'il en soit comme privé momentanément, car il voudrait toujours sentir en lui sa présence ; et quoique la doctrine le lui enseigne, il a de la peine à se persuader qu'après que le Seigneur aura été comme étouffé en lui, il le possédera ensuite avec plus de plénitude qu'auparavant; cependant il faut absolument que chez le régénéré Jésus soit crucifié, afin qu'il ressuscite d'entre les morts, c'est-à-dire qu'il faut que le Divin Amour soit pour ainsi dire étouffe chez lui pendant la dernière tentation, afin que cet Amour, par un dernier combat contre les maux du régénéré, les chasse et se retire du milieu d'eux, pour pouvoir ensuite se manifester chez le régénéré dans toute sa splendeur et dans toute sa gloire. Avant la dernière tentation, le Divin Amour agissait chez le régénéré au milieu de maux de tout genre qui s'opposaient sans cesse à son action-, après la dernière tentation, les maux étant
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repoussés et mis dans l'impossibilité de nuire, le Divin Amour a dès lors chez le régénéré toute sa plénitude d'action. 10. De nouveau donc s'en allèrent chez eux les discipies. 11. Mais Marie se tenait près du sépulcre, en dehors, pleurant.
10. De nouveau donc la foi et le bien de la charité sont laissés à eux-mêmes. 11. Mais l'affection du bien persiste pour la régénération, restant dans les externes, avec un profond chagrin. Comme donc elle pleurait, Comme donc elle ressent elle se baissa vers le sépul- ce chagria, elle s'humilie au cre, sujet de la régénération,
Les disciples s'en allèrent à eux-mêmes, ou chez eux ; mais Marie resta au sépulcre, sans y pénétrer, se tenant dehors et pleurant : c'est que l'affection du bien, lors même qu'elle se tient dans les externes, est spécialement douée de persévérance et de tendresse; c'est à cette affection, comme on le verra plus tard, qu'appartient la tâche d'exciter et de mettre en action les autres mobiles chez le régénéré. Le Seigneur aimait Jean plus que les autres Apôtres, parce que Jean représente le bien de la charité ou les œuvres, et que les œuvres sont ce qui plaît le plus au Seigneur, mais ici il préfère Marie la Magdalène à Jean, parce que c'est l'affection du bien qui, dans la régénération, est le premier et le principal mobile. 12. Et elle voit deux An- 12. Et elle perçoit les Diges en blancs, assis l'un à la vins Vrais, tant dans les prétête, et l'un aux pieds, miers que dans les derniers,
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EXÉGÈSE.
Où avait été étendu le Relativement à l'état de corps de Jésus. l'Humain du Seigneur.
Les disciples en entrant dans le sépulcre ne virent que les linges qui avaient enveloppé le Seigneur, Marie la Magdalène en se baissant y voit deux Anges. Voilà la première manifestation dans le régénéré après sa dernière tentation, et c'est dans son affection du bien qu'elle a lieu. Quand cette affection s'humilie au sujet de la régénération, les Divins Vrais qui concernent l'Humain du Seigneur se manifestent devant elle. 13. Et ils lui dirent, eux : 13. Et la perception de Femme, pourquoi pleures» ces vrais la fait réfléchir sur tu? la cause de son profond chagrin ; Elle leur dit : Parce qu'ils Elle pense que c'est parce ont enlevé mon Seigneur, que les maux ont éloigné le Divin Amour, Et je ne sais où ils l'ont Et que dans son état d'obmis. scurité elle ne sait comment le retrouver.
Malgré la perception des Divins Vrais sur l'état dé l'Hutoain du Seigneur, l'affection du bien ne percevant pas encore le Divin Humain, pense toujours que ce sont les maux qui l'ont éloigné. 14. Et quand elle eut dit lu. Et pendant qu'elle ces choses, pense ainsi, Elle se tourna en arrière II se fait en elle un chanet elle voit Jésus debout ; gement d'état, et elle perçoit le Divin Amour;
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Mais elle ne savait pas que Mais elle est dans trop d'obscurité pour reconnaître c'était .Jésus. que c'est le Divin Amour.
C'est aussi Marie la Magdalène qui la première voit le Seigneur en personne après la résurrection. Néanmoins, malgré le changement d'état qui s'opère dans l'affection du bien, cette affection ne pouvait pas reconnaître tout de suite le Divin Amour ; c'est d'ailleurs ce qui est exprimé clairement dans ce Verset, en ce que Jésus se manifesta derrière Marie, et que c'est en se retournant qu'elle le vit. 15. Jésus lui dit : Femme, 15. Le Divin Amour par pourquoi pleures-tu ? Qui un influx dans l'affection du cherches-tu? bien la fait réfléchir sur la cause de son chagrin et sur l'objet de ses désirs, Elle, croyant que c'est le Elle, le prenant pour le Disjardinier, pensateur de l'intelligence, Lui dit : Seigneur, si toi, tu Pense que si c'est lui qui l'as emporté, tient le Divin Humain éloigné à cause des maux. Dis-moi où tu l'as mis; et II lui fera connaître dans moi, je l'enlèverai. quel état elle doit être pour le retrouver, et qu'elle l'obtiendra.
Par ce premier influx dans l'affection du bien, le Divin Amour ne se fait pas reconnaître comme tel, mais il produit en elle un progrès, en ce qu'elle le prend pour le Dispensateur de l'intelligence, et qu'elle espère, par l'intermédiaire de ce Dispensateur, retrouver le Divin Humain. .
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EXÉGÈSE.
16. Jésus lui dit : Marie!
16. Un second influx du
Divin Amour pénètre dans toute l'affection du bien, Elle, s'étant retournée, Cette affection, subissant un changement d'état, Lui dit : Rabboni! c'est-àLe reçoit comme Divine dire, Maître! Sagesse ou Divin Vrai. Ce second influx pénètre dans toute l'affection du bien, car Jésus l'appelle par son nom, Marie! ce qui montre qu'il s'adresse à sa qualité, c'est-à-dire, à tout ce qui constitue cette affection ; il est dit ensuite qu'elle se retourna, ce qui indique qu'après avoir répondu à Jésus qu'elle avait pris pour le Jardinier, elle s'était tournée vers le sépulcre où elle avait précédemment vu les Anges, c'est-à-dire, vers les Divins Vrais qui concernent l'Humain du Seigneur, Vers. 12 ; mais qu'en entendant prononcer son nom, elle se retourna et alors reconnut Jésus, car elle l'appelle Rabboni, c'est-à-dire que par un nouveau changement d'état ou un nouveau progrès, elle reçoit le Divin Amour, non pas, il est vrai, comme Divin Amour, puisqu'elle l'appelle Maître, mais seulement comme Divine Sagesse. 17. Jésus lui dit : Ne me 17. Un troisième influx touche point, du Divin Amour lui fait percevoir qu'elle ne peut pas le recevoir en cette qualité ; Car je ne suis pas encore Parce que le régénéré ne monté vers mon Père; s'est pas encore élevé vers le Divin Bien Même;
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Mais qu'elle doit mettre en activité les principaux mobiles du régénéré, Et dis-leur : Je monte vers Et les exciter à s'élever vers le Divin Bien Même, mon Père et votre Père, Et vers le Divin Vrai MêEt vers mon Dieu et votre me. Dieu. Enfin, par an troisième influx, l'affection du bien perçoit qu'elle ne peut pas recevoir le Divin Amour avant que le régénéré se soit élevé vers le Divin Bien Même. Par monter vers le Père, il est entendu, dans le sens suprême, l'union complète de l'Humain du Seigneur avec son Divin, l'Humain provenant de sa mère ayant été entièrement rejeté. A. E. 899 ; mais dans le sens interne particulier, c'est l'élévation du régénéré vers le Divin Bien Même. Le Seigneur appelle les disciples ses frères, parce qu'il s'agit principalement du bien, le mot frère se référant au bien. 18. Marie la Magdalène 18. L'affection du bien vint annoncer aux disciples, se conjoint aux principaux mobiles pour leur communiquer Qu'elle avait vu le SeiQu'elle a eu une percepgneur, tion du Divin Humain du Seigneur, Et qu'il lui avait dit ces Et que d'après cette perchoses. ception il faut pour le recevoir comme Divin Amour, s'élever vers le Divin Bien Même et vers le Divin Vrai Même. Mais va vers mes frères,
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EXÉGÈSE.
Jusqu'ici le Divin Humain du Seigneur ne s'est manifesté dans le régénéré qu'à son affection du bien, parce que cette affection doit préparer et exciter les principaux mobiles chez le régénéré à s'élever vers le Bien Même et le Vrai Même, avant que le Divin Humain puisse se manifester à eux. 19. Quand donc ce fut le 19. Puis dans la faible soir, ce même jour, le pre- lumière de ce même état de repos, mier des Sabbaths, Et les portes étant fermées Et la communication avec les choses du monde étant fermée, dans les principaux mobiles Là où les disciples étaient Réunis (excepté le sensuel), assemblés, A cause de la crainte des Par crainte des Juifs, maux, Le Seigneur comme Divin Jésus vint et se tint au Amour influe et pénètre jusmilieu, qu'à Fin lime, Et par cet influx il introEt il leur dit : Paix à vous! duit dans le régénéré une félicité intime. Maintenant la manifestation du Seigneur ou du Divin Amour, a lieu devant les disciples assemblés, mais en l'absence de Thomas, voir Vers. 24. Thomas n'était pas présent, parce qu'il représente le sensuel; or, la régénération s'effectue selon l'ordre descendant des degrés, et le sensuel est au dernier degré ; l'externe est régénéré plus tard et plus difficilement que l'interne. A. C. 3469 : il est donc con-
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forme aux lois de l'ordre que les autres principaux mobiles chez le régénéré reconnaissent le Divin Humain, avant que le Divin Humain puisse se faire reconnaître par le sensuel du régénéré. 20. Et disant cela,
20. Et en introduisant celle félicité, II leur monlra ses mains et II manifesta sa puissance son côté. et son amour. Les disciples se réjouirent Ces principaux mobiles donc en voyant le Seigneur, sont donc dans la joie, en reconnaissant le Divin Humain du Seigneur. 21. Puis, Jésus leur dit en21. Puis, le Seigneur incore : Paix à vous! traduit dans le régénéré une félicité encore plus intime, Comme M'a envoyé le PèAvec la conviction que re, Moi aussi je vous en- comme du Divin Même a provoie, cédé le Divin Vrai, de mémo du bien interne procède le vrai interne chez le régénéré. Dans le sens interne, relativement à l'Église sur la terre, par : « Comme te Père m'a envoyé, Moi aussi je vous envoie, » il est signifié que les hommes de l'Église doivent enseigner le Divin Vrai procédant du Seigneur, de Qui vient la vie spirituelle; en effet, le Seigneur dans le monde était le Divin Vrai qu'il enseigna d'après le Divin Bien qui était en Lui par la conception ; c'est ce Divin Bien que le Seigneur appelle ici le Père; et comme, lorsqu'il sortit du monde, il unit le Divin Vrai au Divin Bien afin qu'ils fussent un en Lui, et comme alors le Divin Vrai procède de
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Lui, voilà pourquoi il a dit : « Comme mon Père m'a envoyé, Moi aussi je vous envoie. » A. E. 419. Mais dans le sens interne particulier, où tout se passe dans le régénéré qui est l'image du Seigneur, il est signifié que le vrai chez le régénéré procède du bien, comme le Divin Vrai chez le Seigneur a procédé du Divin Bien ou du Divin Même appelé le Père. • 22. Et, disant cela, II insuffla, Et leur dit : Recevez Esprit Saint 23. A ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis; A ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus,
22. Et en introduisant cette félicité et celte conviction, II insinue dans le régénéré la vie de la foi, Et le régénéré perçoit que la Divine Sagesse ou le Divin Vrai influe en lui ; 23. Que par celte sagesse il doit remplacer les maux et les faux par les biens et les vrais, Et que les maux et les faux seront tenus éloignés et dans l'impuissance de nuire.
Des paroles presque semblables ont été adressées à Pierre lorsque le Seigneur lui promit les clés du Royaume des Cieux,— Matth. XVI. 19 ; — mais c'est à la foi, procédant de la charité, foi représentée par Pierre, alors appelé Simon, fils de Jonas, et non à Pierre lui-même qu'appartiennent ces clés : cette foi est seulement chez ceux qui sont dans l'amour envers le Seigneur et dans la charité à l'égard du prochain,
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c'est elle qui ferme le Ciel pour que les maux et les faux n'y entrent pas, et c'est elle qui ouvre le Ciel pour les biens et les vrais ; les douze Apôtres aussi représentent tout ce qui appartient à une telle foi. A. C. Préf. IIIe Part. Cette foi est chez le régénéré quand il a reçu la Divine Sagesse ou le Divin Vrai : c'est alors qu'il reçoit en abondance des biens et des vrais à la place des maux et des faux qui ont été chassés, et qui sont tenus éloignés et dans l'impuissance de lui nuire. 2û. Or, Thomas, 24. Or, le sensuel, L'un des douze, L'un des principaux mobiles, Appelé Didyme, Qui doit coopérer avec les autres chez le régénéré, N'était point avec eux N'était pas d'abord conquand vint Jésus. joint avec eux quand le Seigneur influa. Thomas, qui représente le sensuel du régénéré, a été surnommé Didyme, c'est-à-dire, Jumeau, parce que le sensuel, bien que constituant l'externe du régénéré, est le frère jumeau des internes ou des autres principaux mobiles, et comme tel, il doit se conjoindre à eux ou coopérer avec eux chez le régénéré; car tant qu'il reste séparé, la régénération est imparfaite. Thomas n'était pas avec les autres Apôtres quand Jésus vint; c'est-à-dire que le sensuel n'avait pas conscience de la présence du Divin Amour dans les intérieurs du mental du régénéré; et cela parce que le sensuel étant plongé dans les idées mon7*.
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daines, il faut que les intérieurs soient ramenés à l'ordre et reconnaissent la présence du Seigneur, pour que le sensuel puisse ensuite être atteint, car c'est par l'interne que l'externe est régénéré. « Nettoie premièrement l'intérieur de la coupe et du plat, afin que l'extérieur devienne aussi net. » — Matth. XXII. 26. 25. Les autres disciples lui 25. Les autres principaux dirent donc : Nous avons vu mobiles lui communiquent le Seigneur; donc, qu'il y a eu chez eux manifestation du Divin Humain du Seigneur. Mais lui, leur dit : Si je ne Mais il déclare que s'il ne vois dans ses mains les mar- voit pas dans la puissance du ques des clous, et ne mets Divin Humain l'adjonction de mon doigt dans la marque des la puissance naturelle, clous, Et ne mets ma main dans Et que si la puissance nason côté, turelle n'est pas conjointe au Divin Amour, Je ne croirai point. Il ne le reconnaîtra point.
Avant d'avoir été régénéré, le sensuel a de la peine à croire à la glorification du Seigneur ou au Divin Humain, lors même que les autres principaux mobiles la reconnaissent pleinement; c'est-à-dire que lors même que le régénéré est pleinement convaincu dans son intérieur que le Seigneur a rendu Divin son Humain, néanmoins lorsque son sensuel n'a pas encore été régénéré, et dans les instants où chez lui ce sensuel domine, il a de la peine à reconnaître le Divin Humain, il voudrait alors avoir des preuves matérielles et palpables.
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26. Et huit jours après,
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26. Et au commencement de l'état suivant,
Les principaux mobiles De nouveau les disciples étaient au-dedans du logis, étant de nouveau dans une perception intérieure, Et le sensuel étant conjoint Et Thomas avec eux. à eux, Le Seigneur influe, Jésus vint, La communication avec les Les portes étant fermées, choses du monde étant fermée, Et il pénètre jusqu'à l'inEt il se tint au milieu time, Et par cet influx il introEt dit : Paix à vous! duit dans le régénéré une félicité intime. 27. Puis il influe spéciale27. Puis il dit à Thomas : ment dans le sensuel, Porte ton doigt ici, et vois Et par cet influx le sensuel perçoit que chez le Seigneur mes mains, la puissance naturelle est adjointe à la puissance Divine, Et que cette puissance naEt porte ta main et metsla dans mon côté; turelle est aussi conjointe avec l'Amour Divin; Et qu'ainsi il ne doit plus Et ne sois pas incrédule, nier, mais qu'il doit reconmais croyant. naître. 28. Et le sensuel reçoit cet 28. Et Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon influx, et reconnaît le Divin Humain du Seigneur comme Dieu! étant l'union du Divin Amour et de la Divine Sagesse.
Par la glorification de son corps jusque dans les
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derniers, le Seigneur peut se rendre accessible au sensuel chez le régénéré. Au Vers. 16, Jésus dit à Marie : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père, » et maintenant Jésus dit à Thomas : « Porte ici ta main, et mets-la dans mon côté. » Lorsqu'il s'adressait à Marie, l'union de son Humain avec son Divin n'était pas encore complète; mais huit jours se sont écoulés, et pendant ce temps il était monté vers le Père, c'est-à-dire qu'il avait complété l'union de l'Humain avec le Divin, au point qu'il pouvait être accessible au sensuel chez le régénéré. Dans le sens interne particulier, ces huit jours écoulés entre les deux manifestations signifient une période entière, pendant laquelle le régénéré a fait dans la régénération des progrès analogues à ceux que fit le Seigneur dans sa glorification; et ces progrès, auxquels le sensuel a participé, mettent le sensuel en état de percevoir le Divin Humain. Si les preuves internes ne suffisent pas, le Seigneur donne des preuves externes en manifestant sa puissance et son amour dans le degré naturel. 29. Jésus lui dit : Parce que tu M'as vu, Thomas, tu as cru :
29. Le Seigneur par son influx fait percevoir au sensuel qu'au lieu de reconnaître le Divin Humain par des moyens externes, Heureux ceux qui n'ont II vaudrait mieux qu'il Le pas vu et qui ont cru! reconnût par des moyens internes.
Dans le sens interne général, Thomas représente
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ceux qui veulent voir avant de croire, c'est-à-dire, ceux qui veulent des miracles et des visions; ceux au contraire qui croient quoiqu'ils ne voient pas, sont ceux qui veulent non des signes, mais des vérités tirées de la Parole, et qui croient ces vérités. A. E. 1136. A. G. 7290, 8078. Ce Verset signifie aussi qu'aujourd'hui les hommes de l'Église doivent croire les choses qu'ils ne voient pas, parce que les miracles les priveraient de leur liberté. A. G. SS08; enfin, par ces paroles : « Heureux ceux qui ne voient point et qui croient, » il faut aussi entendre non pas la foi séparée d'avec la reconnaissance interne du vrai, mais que bienheureux sont ceux qui ne voient pas le Seigneur de leurs propres yeux, comme Thomas le vit, et qui cependant croient qu'il est LuiMême le Seigneur, car c'est là être dans la lumière du vrai par la Parole. D.F. 10. La foi purement naturelle est la foi insinuée par le chemin externe et non par le chemin interne, comme la foi sensuelle, qui consiste à croire qu'une chose est, parce que l'œil voit et la main touche, foi dont le Seigneur parlait, quand il a adressé ces paroles à Thomas; comme aussi la foi des miracles, qui consiste à croire qu'une chose est, seulement d'après des miracles; comme encore la foi de l'autorité, qui consiste à croire qu'une chose est, parce qu'un autre en qui l'on a confiance le prétend; mais la foi spirituelle est celle qui est insinuée par le chemin interne et en même temps par le chemin externe; l'insinuation par
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le chemin interne fait que l'on croit, et alors ce qui est insinué par le chemin externe fait que la chose est confirmée. Le spirituel de la foi est l'affection de la charité et par suite l'affection du vrai pour un usage bon et pour la vie ; voilà ce qui fait que la foi est spirituelle. L'insinuation de la foi par le chemin interne se fait par la lecture de la Parole, et alors par l'illustration qui procède du Seigneur, et qui est donnée selon la qualité de l'affection, c'est-à-dire, selon la fin qu'on se propose en désirant connaître le vrai. A. G. 8078. 30. Certes donc beaucoup 30. Certes le Seigneur fait d'autres signes fit Jésus en encore dans le régénéré beaucoup d'aulres merveilles, présence de ses disciples, Lesquelles ne sont point Lesquels ne sont point manifestées dans l'état de sa écrits dans ce livre. vie, soit sur terre, soit au Ciel. 11 y a dans la régénération de l'homme des arcanes innombrables qui ne peuvent jamais entrer dans l'intelligence d'aucun homme, ni d'aucun ange. A. C. 5202. 31. Mais les merveilles cidessus rapportées sont manifestées, Afin que les hommes de Afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de l'Église reconnaissent le Divin Amour uni à la Divine Dieu; Sagesse dans le Divin Humain du Seigneur, 31. Maisceux-ci sont écrits,
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Et afin qu'en croyant
Et que par cette reconnaissance., Vous ayez la vie éternelle Ils jouissent de la vie éternelle,
En son Nom.
En conjoignant le bien de l'amour avec le vrai de la foi.
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EXÉGÈSE.
CHAPITRE XXI.
1. Après cela, Jésus se ma1. Après cela, le Seigneur nifesta de nouveau aux disci- se manifeste de nouveau chez ples le régénéré, Près de la mer de Tibévers l'ensemble des conriade. naissances du naturel; Or, il se manifesta ainsi : Or, il se manifeste ainsi : Après les manifestations précédentes, on pourrait croire que l'homme de l'Église a été complètement régénéré, puisque son sensuel, qui est dans le dernier degré, a été conjoint aux internes et a reconnu le Divin Humain du Seigneur; mais il ne suffit pas que le principe sensuel soit arrivé à cette conjonction et à cette reconnaissance, il faut encore que tout ce qui est dans le dernier degré, ou dans le naturel, soit rétabli dans l'ordre, ou, ce qui est la même chose, régénéré. Il s'agit donc ici de la régénération complète du naturel. 2. Vers l'ensemble de ces 2. Ensemble se trouvaient connaissances se trouvent réunis, La foi de la volonté Simon Pierre, Et le sensuel alors conjoint Et Thomas appelé Didyme, à la foi, Et le vrai qui procède du Et Nathanaêl, de Cana en bien naturel, Galilée,
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Elles/(k de Zébédée,
Et la charité et le bien de la charité, Et deux autres de ses disTous conjoints aux autres principaux mobiles du régéciples, néré (1). Les connaissances naturelles ne sont réformées et régénérées que quand les connaissances spirituelles ont été perçues et reconnues, parce que la régénération procède de l'intérieur vers l'extérieur. Ici les principaux mobiles chez le régénéré sont descendus des intérieurs où ils étaient précédemment, et se réunissent tous dans les extérieurs où sont les connaissances naturelles. 3. Simon Pierre leur dit : 3. La foi de la volonté les Je vais pêcher. fait réfléchir qu'il faut régénérer le naturel. Ils lui dirent : Nous y alTous, par suite de celte lons aussi, nous, avec toi. réflexion, se joignent à la foi de la volonté pour le régénérer. Ils sortirent et montèrent Ils se mettent à l'œuvre et pénètrent aussitôt dans la dans la barque aussitôt; doctrine des connaissances naturelles; Et dans cette nuit-là, ils Et étant dans l'obscurité produite par le propre, ils n'y ne prirent rien. trouvent rien. Les principaux mobiles stimulés par la foi de la (1) DeM: signifiant la conjonction, elles disciples étant au nombre de Sept, qui signifie tous, A. E. 20, deux autres de ses disciples, sign. qu'ils étaient tous conjoints aux autres principaux mobiles du régénéré. 8.
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volonté entreprennent de réformer le naturel; ils ont en conséquence recours h la doctrine des connaissances naturelles; mais comme ils agissent par le propre ou par eux-mêmes, ils n'y trouvent rien, car c'est par le Seigneur qu'on trouve tout ce qui est utile. A. E. 513. Quand le régénéré entreprend une nouvelle œuvre de la régénération, il agit ordinairement par son propre, et malgré toutes les peines qu'il se donne, il n'obtient aucun résultat; toutefois, ce travail n'est pas sans utilité, car fatigué d'avoir cherché en vain, il est porté à reconnaître qu'il n'a agi que par lui-même, et que par lui-même il ne peut rien; c'est aussi ce qu'on voit dans les Versets suivants, les principaux mobiles y reconnaissent n'avoir rien trouvé qui pût être approprié. tt. Or, le malin étant déjà !i. Or, un commencement venu, Jésus se tenait sur le d'illustration étant alors surrivage; venu, le Seigneur se manifeste dans les extrêmes des connaissances, Toutefois, les disciples ne Toutefois, les principaux savaient point que c'était Je- mobiles du régénéré sont sus. alors dans trop d'obscurité pour reconnaître que c'est le Seigneur.
Comme il est peu d'hommes qui parviennent sur la terre à la période de régénération qui est ici décrite, il nous est difficile de la bien comprendre. Les extrêmes des connaissances sont les connaissances naturelles, et les extrêmes du naturel sont les sen-
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suels. A. C. 9331. Le régénéré ayant entrepris de réformer le naturel au moyen de la doctrine des connaissances naturelles, et n'ayant obtenu aucun résultat parce qu'il agissait par lui-même, le Seigneur se manifeste dans les connaissances sensuelles qui sont les extrêmes ou les dernières des connaissances naturelles, pour de là lui indiquer la marche qu'il doit suivre, mais le régénéré ignore encore que c'est le Seigneur, c'est-à-dire qu'il ne perçoit pas encore l'influx du Divin Amour dans les connaissances sensuelles-naturelles. 5. Jésus donc leur dit : 5. Le Seigneur donc les Enfants, n'avez - vous pas porte à faire celle réflexion : quelque chose à manger? Avons-nous trouvé quelque chose qui pût nous être approprié? Ils lui répondirent : Non. Ils reconnaissent n'avoir rien trouvé de tel.
Par ce premier influx du Seigneur, le régénéré reconnaît qu'il a agi d'après son propre, et que c'est pour cela qu'il n'a obtenu de ses recherches aucun résultat. 6. Or, il leur dit : Jelez au G. Or, par un nouvel incôlé droit de la barque le fi- flux il leur suggère de porter let, le menlal naturel (1) vers le bien des connaissances d'où procèdent les vrais, (l)Le mental de l'homme ou le mental humain (Menshumana) consiste en deux parties, la volonté" et l'entendement. A. C. 310. Il y a
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EXÉGÈSE.
Et vous trouverez. Et qu'ils trouveront. Ils le jetèrent donc, et ne Ils font donc ainsi, et ne pouvaient point le tirer à peuvent point tirer parti de cause de la multitude de ce mental à cause du grand poissons. nombre de scientifiques (1) qui le remplissent. Le régénéré agissant par son propre pour réformer le naturel était entré dans la doctrine des connaissances naturelles sans obtenir aucun résultat; maintenant qu'il suit l'impulsion du Seigneur, en portant son mental naturel, c'est-à-dire, sa volonté naturelle et son entendement naturel, vers le bien de la doctrine, les scientifiques se présentent en si grand nombre que ce mental en est rempli, et que les mobiles supérieurs du régénéré ne peuvent en tirer parti en raison du grand nombre de scientifiques. Cela vient de ce que, dans l'état actuel, le régénéré doit agir d'après le bien et non d'après le vrai ; dans la première période de la régénération, il arrivait au bien par le vrai, maintenant c'est par le bien qu'il perçoit le vrai, car le vrai réel procède du bien. chez l'homme deux mentais, à savoir, le mental rationnel et le mental naturel; le mental rationnel appartient à l'homme interne, et le mental naturel appartient à l'homme externe. A. C. 5301. Le mental naturel est régénère' par le mental rationnel. A. C. 3509. (1) Entre les doctrinaux, les connaissances et les scientifiques, il y a celte distinction : Les Doctrinaux sont les choses qui ont été tirées de la Parole; les Connaissances sont celles qui ont été tirées de ces Doctrinaux d'une part, et des Scientifiques d'une autre part ; et les Scientifiques sont celles qui appartiennent à l'expérience acquise par soimême et par d'autres. A. C. 9386.
89 7. Le bien de la charité suggère donc à la foi que c'est une manifestation du Divin Humain du Seigneur. La foi de la volonté, ayant donc compris que c'est une manifestation du Divin Humain du Seigneur, se dispose pour recevoir le vrai naturel, Car par elle-même elle ne possédait rien de ce qui appartient à ce vrai. Et elle pénètre dans l'ensemble des connaissances naturelles.
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7. Ce disciple que Jésus aimait dit donc à Pierre : C'est le Seigneur. Simon Pierre, ayant donc entendu que c'était le Seigneur, ceignit sa tunique, Car il était nu, Et il se jeta dans la mer.
La foi de la volonté appartient a. l'homme intérieur, et tant que l'homme extérieur n'a pas été régénéré, cette foi ne possède encore rien de ce qui concerne le vrai naturel, lequel est externe, voilà pourquoi il est dit que Simon Pierre était nu ; il ceignit sa tunique et se jeta à la mer, c'est-à-dire que cette foi se dispose à recevoir ce vrai en pénétrant dans l'ensemble des connaissances naturelles, car il s'agit ici de la régénération de l'homme externe et de tout ce qui le concerne. 8. Mais les autres disciples 8. Mais les autres princivinrent dans la nacelle, — paux mobiles du régénéré car ils n'étaient pas loin de la s'approchent du sensuel exterre, mais à environ deux terne par la doctrine des cents coudées,— connaissances les plus extérieures, car ils n'étaient pas éloignés de ce sensuel, mais 8*'
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presque conjoints par la qualité, Traînant le filet de poisTirant parti du menlal sons. naturel rempli de scientifiques. Pour que les principaux mobiles du régénéré puissent reconnaître et s'approprier les scientifiques qui sont au dernier degré (les poissons), il faut nécessairement qu'ils s'approchent du sensuel externe (la terre), dans lequel ces scientifiques peuvent être mis en évidence et examinés, et c'est par la doctrine des connaissances les plus extérieures (la nacelle ou petite barque), qu'ils s'approchent de ce sensuel, tirant parti du mental naturel (le filet), c'est-à-dire, de la volonté naturelle et de l'entendement naturel du régénéré où étaient les scientifiques ; mais ils ne font point entrer ce mental dans le sensuel externe; c'est la foi de la volonté qui est chargée de ce soin. Voir Vers. 11. 9. Lors donc qu'ils furent 9. Lors donc qu'ils sont descendus à terre, descendus dans le sensuel externe, Ils voient un brasier qui Ils aperçoivent le bien qui était là, était là, Et un petit poisson rais Et d'après ce bien le vrai dessus, et du pain. du bien spirituel, et le bien de l'amour. Parvenus dans le sensuel externe après tous ces préliminaires, les principaux mobiles du régénéré y aperçoivent le bien, et par suite le vrai du bien spirituel, et le bien de l'amour, qui vont leur servir a faire un examen des scientifiques.
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10. Jésus leur dit : Appor- 10. Le Seigneur par son lez de ces poissons que vous influx les fait réfléchir qu'ils avez pris maintenant. doivent examiner les scientifiques qu'ils ont découverts maintenant.
Après avoir aperçu le bien et le vrai dans le sensuel externe, les principaux mobiles du régénéré sont aptes à examiner les scientifiques, et le Seigneur par son influx les porte à faire cet examen. 11. Simon Pierre monta, 11. La foi de la volonté s'éet il tira le filet à terre, plein lève vers le bien, et elle de poissons grands, cent cin- fait entrer dans le sensuel quante-trois; externe le mental naturel rempli de tous les scientifiques; Et, quoiqu'il y en eût tant, Et quoique le nombre en point ne fut déchiré le filet, soit très-grand, le mental naturel n'en souffre point.
Cette pêche merveilleuse, faite sur le côté droit de la barque, montre qu'en agissant d'après le bien naturel, le régénéré découvre les choses innombrables qui appartiennent au vrai naturel, et qui sont appelées scientifiques; que sa volonté naturelle et son entendement naturel en sont remplis; et que malgré la multiplication excessive des scientifiques, cette volonté et cet entendement n'en souffrent aucun dommage. 12. Jésus leur dit : Venez, 12. Le Seigneur par son dînez, influx les convie à la conjonction et a l'appropriation,
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EXEGESE.
Or, aucun des disciples Or, aucun des principaux n'osait lui demander : Qui mobiles du régénéré n'entrees-tu? prend de rechercher d'où provient cet influx, Sachant que c'était le SeiPercevant qu'il procède du gneur. Divin Humain du Seigneur. A l'inspection de tous ces scientifiques qui sont étalés à ses yeux, le régénéré ne peut douter un instant que cette multiplication prodigieuse n'ait été produite par la miséricorde du Seigneur; et quand aussitôt après il se sent porté à se les approprier, il ne pense nullement à rechercher d'où provient cette impulsion, étant bien convaincu qu'elle procède du Seigneur. 13. Jésus donc vient, et il 13. Le Seigneur donc se prend le pain, et il leur don- conjoint avec eux, et il leur ne, et le petit poisson pareil- communique dans le dernier lement. degré le bien de l'amour, et pareillement le vrai du bien spirituel. Par cette conjonction et par cette communication du bien de l'amour, et du vrai du bien spirituel, le régénéré s'approprie ce bien et ce vrai dans le degré naturel-sensuel. lit. C'était déjà la troisième l/i. C'est là le complément fois que Jésus s'était mani- des manifestations du Seifesté à ses disciples, gneur dans le régénéré, Après être ressuscité des Après que chez lui les morts, maux ont été entièrement repoussés.
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Depuis que les maux avaient été repoussés chez le régénéré, c'est-à-dire, depuis sa dernière tentation, le Seigneur s'était d'abord manifesté dans tout le régénéré, le principe sensuel excepté, et par cette manifestation l'ordre fut rétabli dans tous ses principaux mobiles autres que le sensuel; le Seigneur se manifesta une seconde fois dans tout le régénéré sans en excepter le mobile sensuel, et par cette seconde manifestation ce mobile fut aussi remis dans l'ordre, et il reconnut le Divin Humain du Seigneur. Enfin, par cette troisième manifestation dans le régénéré, tout ce qu'il y a de plus extérieur, c'est-àdire, tout ce qui dépend du sensuel externe est remis dans l'ordre ou est régénéré par cette appropriation du bien et du vrai. 15. Lors donc qu'ils eurent 15. Lors donc que le régédîné, Jésus dit à Simon néré se fut approprié ce bien Pierre : et ce vrai, le Seigneur porto la foi de la volonté à faire cette réflexion : Simon, fds de Jonas, M'aiSon affection du vrai aimemes-tu plus que ceux-ci? t-elle le Seigneur plus que le régénéré lui-même? Il lui dit : Oui, Seigneur, Celte réflexion la conduit à se conjoindre comme d'elleToi, lu sais que je T'aime. même au Seigneur. IlluiditîPaismesagneaux. Le Seigneur lui fait percevoir qu'elle doit éclairer, chez le régénéré, tout ce qui est dans l'innocence.
Tout ayant été enfin remis dans l'ordre chez le ré-
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généré, le Seigneur trace à la foi de la volonté ce qu'elle doit faire pour perfectionner la régénération. Quoique le Seigneur connaisse l'état de l'homme mieux que l'homme ne le connaît lui-même, néanmoins il arrive souvent que, dans la Parole, il l'interroge à ce sujet, ce qui signifie que le Seigneur porte l'homme à réfléchir sur cet état, afin qu'il soit par cette réflexion conduit comme par lui-même à se conjoindre au Seigneur, et afin que par suite de ce réciproque de conjonction il puisse percevoir ce qu'il doit faire. Ici la foi de la volonté du régénéré perçoit que chez lui elle doit éclairer tout ce qui est dans l'innocence, c'est-à-dire, tout ce qui constitue chez lui le plus haut degré; dans ce degré le régénéré doit aimer le Seigneur, c'est-à-dire, le bien et le vrai, plus que lui-même. 16. Il lui dit encore une 16. Par un influx de conseconde fois : Simon, fils de jonction il porte encore l'afJonas, M'aimes-lu? fection du vrai à faire cette réflexion : Aime-t-elle le Seigneur? Il lui dit : Oui, Seigneur, Cette réflexion la conduit à Toi, lu sais que je T'aime. se conjoindre comme d'ellemême au Seigneur. Il lui dit : Fais paître mes Le Seigneur lui fait percebrebis, voir qu'elle doit éclairer, chez le régénéré, tout ce qui est par la volonté dans le bien ou la charité.
Tout ce qui, chez le régénéré, est dans le bien par
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la volonté, c'est tout ce qui constitue chez lui le degré moyen. 17. Il lui dit pour la troi17. Par un influx complésièrae fois : Simon, fils de mentaire, il porte l'affection du vrai à faire cette réflexion : Jonas, M'aimes-tu? Aime-t-elle le Seigneur? La foi est attristée de ce Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit pour la que par cet influx complétroisième fois : M'aimes-tu? mentaire elle est portée à faire cette réflexion : Aimestu le Seigneur? Et cette réflexion la conEt il lui dit:Seigneur, Toi, lu sais toutes choses; Toi, tu duit à se conjoindre comme d'elle-même au Seigneur. connais que je T'aime. Le Seigneur lui fait perceJésus lui dit : Pais mes voir qu'elle doit éclairer, brebis. chez le régénéré, tout ce qui est par l'entendement dans le bien ou la charité.
H est à remarquer qu'ici il est dit que Pierre fut attristé, tandis que précédemment, dans ce Chapitre l'Apôtre est nommé Simon Pierre, et Simon fils de Jonas; ainsi ce n'est pas ici à la foi de la volonté, ni à l'affection du vrai, mais c'est simplement à la foi du régénéré qu'il est dit d'éclairer chez lui tout ce qui est dans le bien par l'entendement, c'est-àdire, tout ce qui constitue chez lui le degré dernier ou le plus bas ; en effet, ce degré est éclairé par la foi simple, mais cette foi doit se mettre sous la direction du Seigneur, afin d'acquérir une vie nouvelle; c'est ce que signifient les Versets suivants où l'Apôtre est toujours appelé simplement Pierre.
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18. En vérité, en vérité, je 18. Un influx confirmatif le dis : Lorsque lu étais plus fait réfléchir la foi que dans jeune, lu te ceignais toi-mê- le commencement de la renie, et tu marchais où lu génération elle agissait d'avoulais: près la liberté, et se dirigeait où elle pouvait aller; Mais quand tu seras deMais qu'elle va perdre sa venu vieux, lu étendras les puissance et qu'un autre la mains, et un autre te cein- dirigera et la conduira où dra, et te mènera où tu ne d'elle-même elle ne peut alveux pas. 1er.
Dans le commencement de la régénération la foi tient le premier rang, et la charité est au second rang; alors la foi agit en pleine liberté, et elle se dirige où elle peut aller, c'est-à-dire qu'elle fait tout ce qu'elle peut accomplir par elle-même dans cette première période de la régénération; mais dans la dernière période, la charité doit être au premier rang et la foi doit descendre au second ; alors c'est à la charité à diriger la foi, et à la conduire où d'ellemême elle ne peut aller, c'est-à-dire, dans les opérations qu'elle ne peut entreprendre par elle-même. Dans le sens interne appliqué à la première Église chrétienne, ce Verset signifie que dans le commencement de cette Église la foi serait dans le bien de l'innocence comme un enfant, mais qu'à la fin de cette Église elle ne serait plus dans ce bien, ni dans le bien de la charité, et qu'alors le mal et le faux la dirigeraient ; qu'ainsi de libre, elle deviendrait esclave. A. C. 10087.
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En comparant ce sens avec celui qui est donné ici, on voit que dans la seconde partie de ce Verset ils ne ne paraissent point corrélatifs, car ici, par cet autre qui doit la diriger, on n'entend ni le mal, ni le faux. Pour qu'il y eût corrélation entre ces deux sens, il faudrait qu'il fût question ici d'un régénéré qui succombe dans les tentations et retourne à sa première vie, puisque la première Église chrétienne a fini par succomber et est arrivée à sa complète consommation. Le sens interne que nous présentons n'étant appliqué qu'au régénéré qui sort victorieux de la dernière tentation ne doit donc être en corrélation qu'avec le sens interne qu'on appliquerait à la Nouvelle Jérusalem, car cette Église étant le couronnement de toutes celles qui ont existé ne doit pas succomber. Or, il est bien évident que dans la Nouvelle Église, de même que chez le régénéré victorieux, la foi ne sera dirigée, dans sa vieillesse, ni par le mal, ni par le faux, mais qu'elle sera alors sous la direction de la charité, et acquerra par là une vie nouvelle, comme il est dit au Verset suivant. Ainsi, relativement à la première Église chrétienne, ces paroles du Seigneur adressées à Pierre sont maintenant accomplies; relativement à la Nouvelle Église, elles s'accompliront dans leur temps qui est connu du Seigneur seul; et relativement à l'homme de la Nouvelle Église, elles s'accomplissent dès à présent chez le régénéré qui est parvenu à subir sa dernière tentation, et à en sortir victorieux. 9.
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19. Or, il dit cela, signi19. Or, cet influx manifiant de quelle mort il devait fesle par quelle vie nouvelle la foi doit glorifier la Divine glorifier Dieu ; Sagesse ;
Et, ayant dit cela, il lui Et, en même temps, il lui dit : Suis-Moi. est insinué qu'elle doit se mettre sous la direction du Divin Amour.
C'est en mourant, c'est-à-dire, en acquérant une vie nouvelle, que la foi peut glorifier la Divine Sagesse, et pour cela il faut qu'elle se mette sous la direction du Divin Amour. 20. Or, se tournant,Pierre 20. Or, se détournant du voit le disciple, qu'aimait Je- Divin Amour, la foi s'aperçoit sus, qui suivait, que le bien de la charité se met sous la direction de cet Amour, Lequel aussi s'était penché Lequel bien aussi avait été pendant le souper sur sa poi- pénétré du Divin Amour pentrine, et avait dit : Seigneur, dant la conjonction du Seiqui est-ce qui te livre? gneur avec le régénéré, et s'était enquis du mobile général qui devait le trahir.
Avant d'acquérir une vie nouvelle, en se mettant sous la direction du Divin Amour, comme il vient de lui être commandé, la foi se détourne de cet Amour, et montre pleinement quel est son caractère, quand elle est livrée à elle-même, ainsi qu'on le voit par la question que Pierre adresse au Seigneur dans le Verset suivant.
JEAN. CHAP. XXI.
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21. Pierre, le voyant, dit à 21. La foi, s'en apercevant, Jésus : Mais celui-ci, quoi! fait cette réflexion : Mais ce bien, dans quel état est-il? Cette question montre clairement quel est le mépris de cette foi pour le bien de la charité, ou, ce qui est la même chose, pour les œuvres, car l'expression, quoi! renferme en elle le mépris. Voir A. G. 6073. A. E. 9. 22. Jésus lui dit : Si je 22. Le Seigneur fait entenveux qu'il demeure jusqu'à dre que s'il veut que ce bien ce que je vienne, que t'im- resie tel jusqu'à la parfaite porte? régénération, peu importe à celte foi ; Toi, suis-Moi. Que, quant à ce bien, il doit se mettre sous la direction du Divin Amour. C'est à Jean que ces dernières paroles sont adressée, et non à Pierre. Voir A. E. 821, 250, cfr. A. E. 9, 229. Dans le sens interne relatif à la Vieille Église, les Vers. 20, 21 et 22, signifient qu'à la fin de cette Église, la foi se détournerait du Seigneur, et que le bien de la charité continuerait à suivre le Seigneur et à le reconnaître; ce qui est arrivé puisque les chefs de cette Église prétendent que la foi seule fait l'Église et sauve, et que malgré cette funeste et fausse doctrine qui considère le bien de la vie comme de nul effet, ce bien a néanmoins continué à subsister.
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EXEGESE.
Mais dans le sens interne particulier, ces Versets signifient que, chez le régénéré, la foi telle qu'elle existait d'abord n'a plus rien à faire dans la régénération; qu'elle doit recevoir une nouvelle vie en se plaçant au-dessous du bien de la charité; et que ce bien doit se mettre sous la direction du Divin Amour. 23. Ce qui fit alors penser 23. Cette parole donc se répandit parmi les frères, que au régénéré, que ce bien ne ce disciple ne mourrait point. devait pas avoir une vie nouvelle. Cependant le Seigneur n'aCependant Jésus ne lui avait pas dit qu'il ne mour- vait pas fait entendre que ce rait point, mais : Si je veux bien n'aurait pas une vie qu'il demeure jusqu'à ce que nouvelle; mais que s'il veut qu'il reste tel jusqu'à la parje vienne, que t'importe? faite régénération, peu importe à cette foi. 2/i. Ce bien est chez le ré2/i. C'est ce disciple qui atteste ces choses, et qui les généré le mobile général qui donne la preuve que ce écrit -, sont là des vérités, et qui manifeste ces vérités par les états de la vie, Et tout homme de l'Église Et nous savons que vrai est son témoignage. voit clairement que celle preuve est certaine.
Le bien de la charité ou les œuvres, voilà ce qui prouve que l'on est véritablement un disciple du Seigneur; « Par leurs fruits vous les connaîtrez. » — Matth. \ll. 16, 20. 25. Or, il y a encore beau25. Mais il y a encore
JEAN. CHAP.
coup d'autres choses qu'a faites Jésus, Lesquelles, si elles étaient écrites une à uneje ne pense pas que le monde même contînt les livres qu'on en écrirait.
Amen.
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beaucoup d'autres merveilles que le Seigneur opère, Lesquelles, si elles étaient manifestées chacune en détail, il serait impossible que l'homme régénéré et même l'ange pussent comprendre tous les divers états par lesquels ils sont obligés de passer jusqu'à la parfaite régénération. Confirmation Divine que tout ce que contient la Parole est la vérité.
9*.
EXÉGÈSE. G É N É A L O G I E DE J É SU S - C H P. I ST . Matth. 1.1 à l l . Luc, III. 23 à 38.
En nous faisant observer que dans les divers Index des Ouvrages de Swedenborg, on ne trouve nulle part qu'il soit question de la Généalogie de Jésus-Christ, un de nos frères nous demande ce que nous pensons du Silence de notre Auteur sur un point qui présente tant de difficultés, surtout en raison du peu d'accord des deux généalogies entre elles. Comme celte remarque a pu ou pourrait être faite par plusieurs autres personnes, nous avons cru qu'il convenait de publier, dans cette Revue, les recherches auxquelles nous nous sommes livrés, pour répondre au désir de notre Correspondant. Nous dirons d'abord que si Swedenborg garde le silence sur les deux Généalogies de Jésus-Christ, données par Matthieu et par Luc, il parle souvent des généalogies des divers personnages dont il est question dans l'Ancien Testament; et que ce qu'il dit de ces généalogies suffit pour nous mettre sur la
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voie de ce qui est signifié par la Généalogie de JésusChrist. On sait que, dans le sens interne de la Parole, les noms propres signifient des choses; c'est un point sur lequel Swedenborg revient souvent, et qu'il prouve en s'appuyant, selon sa coutume, sur de nombreux passages de la Parole. De là résulterait déjà que les généalogies, qui ne présentent, dans le sens de la lettre, que des séries de noms propres, doivent, dans le sens interne, signifier des choses qui aient, entre elles, des rapports analogues à ceux qui existent entre les personnes nommées, c'est-àdire, des rapports de filiation, en ce qu'elles dérivent les unes des autres. « II était ordinaire chez les Très-Anciens, dit » Swedenborg, d'imposer des noms, et par les noms » de signifier des choses, et d'établir ainsi une gé» néalogie; les choses, en effet, qui appartiennent à » l'Église, se comportent de même, l'une est conçue » et enfantée par l'autre, et il en est de cela comme » d'une génération; c'est pourquoi il est commun, » dans la Parole, lorsqu'il s'agit de telles choses de » l'Église, de les appeler conception, enfantement, » descendants, petits-enfants, enfants, fils, filles, etc. » Les prophétiques sont pleins de telles dénomina» lions. » — A.C. N°339. Il dit plus loin en parlant des noms des fils de Sem : « Ils signifient que l'Église Ancienne, qui fut » interne, a été douée de sagesse, d'intelligence, de
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» » » » » » » » » » » »
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science et des connaissances du vrai et du bien. Ce sont de telles choses que contient le Sens interne, quoiqu'il y ait seulement des noms, d'après lesquels, dans le Sens littéral, il semble qu'on ne puisse tirer autre chose, sinon qu'il s'agit d'autant (['origines de nations ou de pères des nations, et qu'ainsi il n'y a là rien de doctrinal, ni à plus forte raison rien de spirituel, ni rien de céleste. Il en est de même dans les Prophètes, où souvent l'on trouve des Séries de noms par lesquelles les choses signifiées, dans le Sens Interne, se suivent dans un bel ordre. » — A. G. N° 1224. D'après cela, il est constant que toutes les généalogies et toutes les séries de noms qu'on rencontre si souvent dans la Parole de l'Ancien Testament, et qui sont même quelquefois répétées, sans qu'on puisse, dans le sens de la lettre en apercevoir le motif, renferment, dans le sens interne, des choses qui concernent en général l'Église, et en particulier les hommes de l'Église, et qui se suivent dans un très bel ordre. Il doit donc en être de même des deux Généalogies de Jésus-Christ dans la Parole du Nouveau Testament. Si, dans les Index des Ouvrages de Swedenborg, on ne trouve aucune mention de ces deux Généalogies, cela vient de ce que Swedenborg n'ayant pas donné sur les Évangiles une exégèse suivie, comme sur l'Ancien Testament et sur l'Apocalypse, n'a cité, et par suite expliqué, que des passages des Évangiles qui pouvaient lui servir à corroborer, par
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la Parole, les diverses propositions qu'il émettait; or, les Généalogies de Jésus-Christ ne pouvaient offrir aucune preuve confirmative, puisqu'elles ne se composent que de noms, propres. Le silence de Swedenborg sur les Généalogies de Jésus-Christ, se trouvant ainsi expliqué, passons à l'examen de ces deux Généalogies. La première remarque que peut faire tout homme. qui les lit avec attention, c'est que toutes deux, dans le sens littéral, concernent Joseph l'époux de Marie et non JésusChrist. En effet, on lit dans Matthieu : « Livre de Nati» vite de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham. » Abraham engendra Isaac; puis Isaac engendra...; » puis Mathan engendra Jacob; puis Jacob engcn» dra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle naquit » Jésus, qui est appelé Christ; » et dans Luc : « Et » Lui, Jésus, était, commençant d'avoir environ » trente ans, selon que l'on pensait, fils de Joseph, » d'Héli, de Matthat,...., d'Énos, de Seth, d'Adam, » de Dieu. » Ainsi, bien qu'il soit dit dans Matthieu : Livre de Nativité de Jésus - Christ, fils de David; il résulte du sens de la lettre que cette Généalogie est celle de Joseph, l'époux de Marie; d'ailleurs le Seigneur ayant été conçu du Saint Esprit, ne pouvait pas avoir humainement une Généalogie paternelle; ainsi, la naissance de Jésus-Christ qui est racontée aussitôt après la Généalogie, ne laisse à cet égard aucun doute; il est même ajouté, Vers. 25, que « Jo-
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» seph ne connut point Marie, jusqu'à ce qu'elle eût » enfanté son fils le premier-né. » Dans Luc, il n'y a pas la moindre incertitude, car il n'est pas dit, comme clans Matthieu, que la Généalogie est celle de JésusChrist, elle est donc bien évidemment celle de Joseph, dont Jésus était supposé le fils. Du reste, le Seigneur Lui-Même a déclaré qu'il n'était pas le fils de David, et qu'ainsi, dans le sens de la lettre, cette Généalogie n'était pas la Sienne, lorsque s'adressant aux Pharisiens, il leur dit : « Que vous semble-t-il du Christ? De qui est-il fils? Ils lui dirent : De David. Il leur dit : Comment donc David par l'esprit l'appelle-t-il Seigneur, disant : « Le Seigneur a dit à » mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce » que j'aie mis tes ennemis pour marchepied de tes » pieds. » Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils? » — Matth. XXII. 42 à 45. Puisque les deux Généalogies, dans le sens de la lettre, concernent Joseph l'époux de Marie, et non Jésus-Christ, il faut nécessairement que dans le sens interne elles concernent le Seigneur ; car les contradictions que présente le sens littéral ne peuvent exister qu'en apparence, et doivent disparaître quand la lettre est éclairée par l'esprit, c'est-à-dire, quand le sens littéral est illustré par le sens interne, comme l'indique très clairement le docteur Beyer dans une lettre à M.Nordenskiod, en date du 23 mars 1776 (1), (1) Cette lettre fait partie des Documents sur Swedenborg, qui sont insérés dans le 7me Vol. de la Revue, Pag. 159 à 115.
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où il est expliqué pourquoi le sens littéral de la Parole offre souvent des contradictions : cherchons donc à découvrir le sens interne des deux Généalogies; et, ce sens découvert, la contradiction disparaîtra. Le docteur Beyer, dans la lettre dont nous venons de parler, dit, au sujet des Généalogies dans Matthieu et dans Luc, que « les noms de la première se rap» portent à l'incarnation et à la naissance du Sei» gneur sur la terre, et ceux de la seconde à sa » seconde naissance ou à la Divinisation de son Hu» main. » Et celui de nos frères qui nous a adressé la question que nous cherchons à résoudre dans cet Article, nous dit, en nous transmettant cette explication, qu' « elle paraît au docteur K... profonde et » digne de Swedenborg, quoiqu'il ne se rappelle » pas l'avoir lue dans aucun de ses ouvrages. » Nous fûmes d'abord, comme le docteur K... frappé de la profondeur de l'explication du docteur Beyer, aussi la prîmes-nous aussitôt pour base de notre travail exégétique. Nous n'eûmes, il est vrai, aucune peine à faire concorder nos recherches sur la seconde généalogie avec la dernière partie de l'explication, tout nous prouvait que cette généalogie traite de la Divinisation de l'Humain du Seigneur. Mais il n'en fut pas de même pour la première généalogie, il s'éleva d'abord pendaBt notre examen quelques doutes, nous éprouvions de la difficulté a admettre que la Parole qui, dans son sens suprême, ne traite que de
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la Glorification du Seigneur, ne contînt dans les dixsept premiers Vers, du Chap. Ier de Matthieu, que des choses relatives à la naissance du Seigneur sur la terre; mais bientôt il ne nous fut plus permis de conserver le moindre doute, et la première partie de l'explication du docteur Beyer, vint se briser à nos yeux contre un des principes fondamentaux de l'exégèse de Swedenborg. Notre Auteur répète en mille endroits que la régénération de l'homme est l'image de la Glorification du Seigneur, et qu'ainsi, tout ce qui, dans le Sens suprême, est dit du Seigneur, s'applique dans le sens respectif à l'homme qui est en voie de régénération. D'après cela, si dans le sens suprême, la première généalogie traitait de l'incarnation et de la naissance du Seigneur, il s'ensuivrait que, dans le sens respectif, elle traiterait de la première naissance de l'homme, ce qui est inadmissible. Notre première base se trouvant ainsi renversée, il fallait la remplacer par une autre qui fut assez solide pour résister à toutes les objections, et le plus sûr moyen était de la chercher dans Swedenborg lui-même. Nous pensons l'avoir trouvée dans les explications qu'il donne sur l'échelle de Jacob.— A. G. N° 3699 et suivants. Il y a d'abord une analogie frappante entre l'échelle de Jacob, sur laquelle les Anges de Dieu montaient et descendaient, et les deux Généalogies de Jésus-Christ, dont l'une est ascendante et l'autre descendante; d'ailleurs, une généalogie n'est autre
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chose qu'une échelle puisqu'elle ne se compose que de degrés ou d'échelons. Voyons d'abord ce que Swedenborg dit de l'échelle de Jacob ; nous examinerons ensuite si les explications qu'il donne peuvent être appliquées aux deux Généalogies. « Les Anges qui montaient et descendaient, dit » Swedenborg, signifient que de l'infime, ou du de» gré le plus bas, il y a comme une ascension, et » qu'ensuite, lorsque l'ordre est inverse, il y a comme » une descente. » — A. G. N° 3701.— Et plus loin : « Quand le régénéré est parvenu à être affecté » du Céleste de l'amour, le Seigneur lui apparaît, » car alors il est monlé comme par une échelle de» puis le degré le plus bas jusqu'au degré où est le » Seigneur; c'est là aussi l'ascension qui a été signi» fiée par l'échelle de Jacob.... la descente vient en» suite, parce que l'homme ne peut descendre, à » moins qu'il n'ait monté auparavant; or, la descente » n'est autre chose que regarder le vrai d'après le » bien, comme du sommet d'une montagne où l'on a » gravi avec effort on regarde les objets qui sont au » pied. » — A . C. N°3882. De ces passages et de l'ensemble des autres explications données par Swedenborg, il résulte que les Anges qui montaient et descendaient sur l'échelle que vit Jacob signifient, dans le sens respectif, les deux périodes de la régénération de l'homme ; dans la première période, désignée par les Anges qui 10
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montaient, l'homme regarde le bien d'après le vrai, c'est-à-dire que chez lui le vrai occupe la première place et le bien la seconde ; il parvient ainsi par des échelons jusqu'au sommet de l'échelle ou jusqu'au Seigneur qui lui apparaît, c'est-à-dire qu'il parvient enfin à être affecté du Céleste de l'amour ; puisl'ordre chez lui devient inverse, c'est-à-dire qu'au lieu de regarder le bien d'après le vrai, il regarde le vrai d'après le bien, ou, qu'au lieu de placer le vrai au premier rang et le bien au second, il place le bien au premier rang et le vrai au second; alors il descend, c'est-à-dire que le bien ayant alors la domination sur le vrai, l'homme entre dans la seconde période de la régénération, laquelle s'effectue en commençant par l'interne qui est le degré le plus élevé, et en descendant par les intermédiaires jusqu'au naturel infime, qui est le degré le plus bas. Examinons maintenant si ces explications qui concernent le sens respectif, peuvent être appliquées dans le sens suprême aux deux généalogies; et commençons par celle qui est dans Luc, puisque c'est celle qui se présente, avec évidence, dans un ordre ascendant. Il est d'abord à remarquer qu'elle est placée immédiatement après le baptême de Jésus, et qu'il est dit : « Jésus commençant d'avoir environ trente » ans. » Or, on sait que le baptême signifie la naissance nouvelle ou la régénération; et que trente, venant de dix multiplié par trois, signifie le plein état
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des restes(reliquiœ). «Le Seigneur, dit Swedenborg, » se manifesta à trente ans, parce qu'il était alors » dans la plénitude des restes ; mais les restes » qu'il eut, il se les était acquis Lui-Même, et ils » appartenaient au Divin ; par eux il a uni l'Essence » Humaine à l'Essence Divine, et il a fait Divine » cette Essence Humaine.» — A.G.N°5335.—II faut encore remarquer que c'est l'Évangile selon Luc, qui renferme le plus de détails sur les premières années du Seigneur sur notre terre; ces paroles : « Jésus » commençant d'avoir environ trente ans, » qui suivent immédiatement le baptême de Jésus, et précèdent immédiatement la généalogie, signifient donc que pendant toute cette période de sa vie, pour ainsi dire cachée, le Seigneur avait acquis par sa propre puissance la plénitude des restes, c'est-à-dire qu'il avait accompli la période ascendante de sa Glorification. D'après ces remarques on peut s'expliquer pourquoi cette généalogie a été placée ici, et pourquoi elle est donnée dans un ordre ascendant, c'est-à-dire en remontant de Joseph, dont Jésus était présumé fils, jusqu'à Dieu : on voit que c'est pour indiquer que le Seigneur avait accompli tous les travaux qui concernent cette première période de la Glorification de son Humain. Alors, il était parvenu au sommet de l'échelle de Jacob, et Jéhovah lui apparut, c'est-àdire qu'alors entre son Homme Externe et son Homme Interne, ou Jéhovah, il y eut une communication
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complète et par suite une conjonction ; car il est dit : « Pendant que Jésus était en prière, le Ciel s'ouvrit, » et l'Esprit Saint descendit sur Lui en forme corpo» relie comme une Colombe, et il y eut une voix du » Ciel, disant : Toi, tu es mon Fils bien-aimé ! en toi » je me suis complu ! » Pour compléter la concordance du Sens Suprême de cette Généalogie avec l'échelle de Jacob, sur laquelle des Anges montaient et descendaient, il faudrait que la Généalogie qui exprime l'ascension depuis le naturel jusqu'au céleste, fût suivie d'un texte exprimant la descente depuis le céleste jusqu'au naturel. Or, si nous examinons le sujet du texte qui suit immédiatement la généalogie, nous y trouvons ce complément de concordance. En effet, on y lit : « Jésus, rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain, et » était conduit par l'Esprit dans le désert, durant » quarante jours tenté par le diable. » — Luc, IV. 1 ; — ce qui indique déjà avec évidence qu'alors le Seigneur entra immédiatement dans les combats des tentations, qui étaient indispensables pour cette œuvre de la glorification ; et les trois tentations, dont il est ensuite parlé, prouvent clairement que ce fut pour glorifier successivement, comme dans le sens suprême de l'échelle de Jacob, tout ce qui appartenait à son Humain externe ou naturel, ou en d'autres termes, pour accomplir la seconde période de sa Glorification, et cela, en suivant l'ordre descendant des degrés. En effet, il est dit dans Swedenborg, —
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A. C. N° 1690, — que les Versets 2, 3, 4, où il s'agit de la première tentation par le diable, concernent l'Amour qui fut la vie même du Seigneur; que les Versets S, 6, 7, 8, où il est question de la seconde tentation, concernent les combats du Seigneur contre l'amour du monde ou contre toutes les choses qui appartiennent à l'amour du monde ; et que les Vers. 9, 10, 11, 12, où il s'agit de la troisième tentation, concernent les combats du Seigneur contre l'amour de soi et contre toutes les choses qui appartiennent à cet amour. Si, ensuite, on observe que dans la première tentation il est principalement question dit pain qui signifie le Céleste; que dans la seconde, il s'agit des royaumes de la terre, qui signifient le spirituel, et que dans la troisième il est dit : de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre, ce qui s'applique au dernier degré, le pied signifiant le naturel; et si enfin, on se reporte au N° 3469 des Arcanes Célestes, où Swedenborg dit que l'externe est régénéré bien plus tard et bien plus difficilement que l'interne, on reconnaîtra que les trois tentations du Seigneur, par le diable, concernent les combats et les victoires du Seigneur, pour glorifier sucessivement tout ce qui appartenait à l'Humain qu'il avait pris dans le monde; et cela, en suivant l'ordre descendant des degrés. Enfin, pour que la concordance du sens suprême des Généalogies de Jésus-Christ, avec celui de l'échelle de Jacob, acquit la dernière évidence, il fau10*.
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drait que la Généalogie donnée dans Matthieu, présentât les mêmes caractères de similitude que ceux que nous venons de reconnaître dans l'autre. Portons donc notre examen sur cette Généalogie. Au premier abord, il semble que Matthieu ne donne qu'une seule Généalogie qui est dans un ordre descendant ; et comme rien dans l'Évangéliste ne précède cette généalogie qui forme le commencement de son récit, on pourrait croire, d'après cela, qu'il y a impossibilité d'établir une complète similitude avec l'échelle de Jacob, car les Anges ne descendaient sur l'échelle qu'après y avoir monté, et ici il y aurait seulement une descente sans que rien n'indiquât qu'il y eût eu auparavant une ascension. Mais il n'en est pas ainsi, il y a réellement deux généalogies dans le récit de Matthieu, l'une dans un ordre ascendant, et l'autre dans un ordre descendant. En effet, la série généalogique descendante ne commence qu'au Vers. 2. « Abraham engendra Isaac, Isaac en» gendra... » et il est dit dans le Vers. 1 : « Livre de » Nativité de Jésus-Christ, fils de David, fils d'A» braham. » Or, il suffit de la moindre réflexion pour voir que ce premier Verset renferme seul une généalogie dans l'ordre ascendant, puisqu'il est dit que Jésus-Christ est fils de David, fils d'Abraham; ce premier Verset exprime donc en quelques mots tout ce qui a été signifié dans la Généalogie selon Luc, c'està-dire, toute la première période de la glorification du Seigneur. Il est même facile de voir que les noms
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qui composent cette généalogie sont aussi, d'après leurs significations respectives, dans l'ordre ascendant des degrés; en effet, Jésus-Christ signifie le bien et le vrai dans tous les degrés, Jésus le bien, et Christ le vrai, mais comme il s'agit de Jésus-Christ venant dans le monde, puisqu'aussitôt après la généalogie, il est question de sa naissance, il est évident que la signification se réfère ici au dernier degré ou au degré naturel; David signifie le spirituel, et Abraham le céleste, ainsi qu'il résulte des preuves irrécusables que renferment les écrits de Swedenborg. Quant à la généalogie dans l'ordre descendant, Vers. 2 à 46, on voit qu'elle est divisée en trois séries distinctes comprenant chacune quatorze générations, ainsi que l'indique la récapitulation contenue dans le Vers. 17. Cette division s'accorde parfaitement avec l'admirable théorie de notre Swedenborg sur les degrés discrets et continus. « II y a en toutes choses trois » degrés discrets, et chaque degré discret se com» pose de degrés continus. » D'après cela, on voit clairement le motif de la division de cette généalogie en trois séries bien distances, et que chaque série doit se rapporter à l'un des trois degrés discrets. La première série commence par Abraham et s'arrête à David; c'est le degré céleste représenté par Abraham, ou le degré discret le plus élevé; les quatorze patriarches qui forment cette série, représen-
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tent la filiation de toutes les choses qui appartiennent à ce degré, et le nombre quatorze montre que toutes ces choses ont été rendues très-saintes par le Seigneur; en effet, quatorze étant le double de sept, a la même signification que sept qui désigne la Sainteté, les nombres composés signifiant la même chose que les nombres simples dont ils sont formés. La deuxième série commence par David et s'arrête à la captivité de Babylone; c'est le degré spirituel représenté par David, ou le second degré discret. L'on sait, en effet, que David comme Roi signifie le gouvernement Royal du Seigneur, ou tout ce qui a rapport au spirituel; les quatorze Rois qui forment cette série représentent la filiation de toutes les choses qui appartiennent au degré spirituel, et qui ont été rendues très-saintes. Enfin la troisième série commence à la captivité de Rabylone, et va jusqu'au Christ; c'est le degré naturel ou premier degré discret; ce degré est suffisamment indiqué par l'état de Captivité, comme les deux autres l'ont été par le Patriarchat et par la Royauté. Les quatorze personnages qui composent cette série, représentent la filiation de toutes les choses qui appartiennent au degré naturel, et qui ont été aussi rendues très-saintes par le Seigneur. De tout ce qui précède, il résulte que les deux Généalogies, considérées dans le sens suprême, présentent une concordance parfaite avec ce que dit Swedenborg au sujet des Anges qui montaient et des-
GÉNÉALOGIE DE JÉSUS-CHRIST.
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coudaient sur l'échelle de Jacob, et qu'elles offrent ainsi dans ce Sens, l'ensemble de la Glorification du Seigneur, et, dans le sens respectif, l'ensemble de la régénération de l'homme. Nous ne pousserons pas plus loin ces recherches exégétiques; il serait inutile de vouloir pénétrer plus avant, car il y a dans la Glorification du Seigneur et dans la régénération de l'homme des mystères connus du Seigneur seul, et impénétrables à l'homme, et même aux Anges ; et ces mystères sont précisément renfermés dans les séries de noms propres dont se composent les Généalogies. Nous terminerons cette exégèse en faisant observer : 1° Que la Généalogie dans Matthieu semble placée en tête de l'Évangile comme un sommaire de tout ce qu'il contient, puisqu'elle offre l'ensemble de tous les travaux du Seigneur, dans les deux périodes ascendante et descendante de sa Glorification. 2° Que cette Généalogie, dans le sens suprême, est bien celle de Jésus-Christ, quoique dans le Sens de la lettre, elle soit réellement celle de Joseph l'époux de Marie; car elle se rapporte à la Divinisation de l'Humain externe ou naturel du Seigneur, et par conséquent à la seconde Naissance de Jésus-Christ.
OBJECTION ET RÉPONSE SUR UN ARTICLE CONCERNANT
LES
GÉNÉALOGIES
DR
JÉSUS-CHRIST.
• Un correspondant du Mirror ofTruth lui adresse les observations suivantes sur un Article traduit de notre Revue, celui sur les Généalogies de JésusChrist. « MESSIEURS, « Dans le New Jérusalem Magazine, Vol. 18, N° 7, dans un Article traduit du français, nous trouvons un essai de conciliation, d'après les principes de la Nouvelle Église, des discordances littérales que présentent les généalogies de Jésus-Christ données par Matthieu et par Luc. Quelquesunes des vues présentées dans cet Article, et particulièrement celle qui consiste à assimiler ces généalogies à l'ascension et à la descente des anges de Dieu sur l'échelle de Jacob, et à expliquer les généalogies des Évangélistes par le passage de la Genèse, ne paraissent point satisfaisantes à mon esprit. L'explication de Swedenborg de ce passage de la Genèse est parfaitement satisfaisante, et elle doit avoir l'assentiment de tout esprit rationnel et impartial; mais dans ce cas, nous le voyons, il faut qu'il y ail une ascension, avant qu'il puisse y avoir une descente, et cela par l'homme qui
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a atteint, ou qui atteint à la première période de la régénération, correspondante, comme il est dit avec raison dans l'Article, à la première période de la glorification de l'humanité du Seigneur. Mais le Seigneur, comme divine vérité, n'élait-il pas descendu de son état de gloire première, par les degrés spirituel, rationnel et naturel, jusqu'au degré le plus bas de corporelle sensuelle de la famille (humaine) déchue, pour effectuer leur rédemption, avant qu'il fût possible à l'homme d'atteindre à la première période de la régénération, ou de commencer à monter les degrés de l'échelle de Jacob? Et n'esl-il pas à supposer que ce fut cette descente qui fut entendue, dans la pensée divine, par la généalogie présentée dans Matthieu ? Swedenborg nous dit que les noms, dans l'Écriture, signifient des qualités; Abraham, quelquefois, signifie le divin spirituel, Isaac le divin rationnel et Jacob le divin naturel, et ainsi des autres noms. Or, cela seul, bien compris, suffit, je pense, pour éclaircir tout le mystère; car l'œuvre de la rédemption de l'homme étant accomplie, et l'homme se trouvant être mis en état de pouvoir être régénéré et sauvé, le premier but de la descente du Seigneur, après celui-là, fut de glorifier son humanité en la rendant divine, et en l'élevant à une parfaite unité avec le Divin Bien dans son essence, ou le Père; et j'imagine que c'est celle progression que décrit Luc dans sa généalogie ascendante, commençant au degré le plus bas de l'humiliation du Seigneur, signifié par Joseph, et aboutissant au plus haut degré de sou exaltalion, signifié par « Adam qui était fils de Dieu. » Comme ces progressions furent différentes, et comme l'ascension, par la glorification de l'humanité, exigeait plus de gradations qu'il n'en fallait dans la descente pour prendre celte humanité, il n'est pas présumable que les écrivains inspirés aient dû choisir les mêmes noms dans leurs généalogies, mais que chacun a dû présenter des noms qui, par leur correspondance, signifient les degrés de la progression
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qu'il décrivait. Ce point de vue de la question dissipe toute ombre de discordance entre les deux Évangélistes, et montre qu'ils donnent l'un et l'autre la vraie généalogie de « JésusChrist, fils de David, fils d'Abraham, » tandis qu'à les entendre selon le pur sens de la lettre, ils se trouvent présenter une inconciliable discordance; et quoique Matthieu nous dise qu'il donne le livre de nativité de Jésus-Christ, ces généalogies aboutissent néanmoins, dans les deux cas, à n'être que le livre de nativité de Joseph, l'époux de Marie, duquel il nous est certifié que Christ n'était point le fils; et Joseph même, elles ne le font point descendre de la même ligne d'ancêtres. « Je soumets en toute humilité cet aperçu, dans l'espoir que quelque plus forte tête pourra s'emparer du sujet pour le traiter avec plus d'avantage. L'écrivain qui recevrait du Ciel le don d'expliquer la vraie correspondance de tous les noms contenus dans la suite de ces généalogies, répandrait un flot de lumière sur le monde chrétien : mais je ne doute pas qu'il n'y ait dans la descente du Divin Vrai, ou de « la Parole qui a été faite chair et a habité parmi nous, » ainsi que dans sa réascension jusqu'à « la gloire qu'il avait avec le Divin Bien, ou le Père, avant que le monde fût, » des mystères divins que ne sauraient sonder les plus élevés d'entre les anges. Jusque-là, je n'ai eu égard qu'au sens suprême, mais dans le sens respectif, ces généalogies ne pouvaient-elles pas se rapporter au déclin de l'Église, depuis son premier état de pureté jusqu'à son dernier élat de dévastation, puis à son rétablissement, par une miséricordieuse rédemption et rénovation, jusqu'à recouvrer la possession intérieure du bien et du vrai? Je ne doute pas que, depuis l'année 1757, l'Église n'ait été dans une ascension graduelle par « Héli,fils « de Matlhat, » etc., jusqu'à Abraham, et peut-être jusqu'à « Adam, fils de Dieu, » et que cette progression ne continue à avoir son accomplissement en temps voulu par le Seigneur,
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en dépil de loule l'opposition que peuvent y apporter les infidèles ou une église dévastée et corrompue. « Je suis, avec une parfaite considération, votre frère, etc.» Signé « BENJAMIN SHARP. « Warren Co, Missouri, 7 avril 1845. (Mirror of Truth, Vol. i, Pag. 70, Cincinnati, 3 mai 1845.)
Cette lettre ne pr-ésente qu'une seule objection à notre Exégèse, encore disparaît-elle devant un examen attentif; nous sommes convaincus que l'Auteur l'a faite sous la première impression d'une idée spécieuse, dont il n'aura pas tardé lui-même à reconnaître ensuite le peu de fondement ; cependant, comme cette idée pourrait avoir frappé des lecteurs, nous allons présenter quelques observations qui suffiront pour montrer qu'elle ne saurait être admise. L'Auteur de la lettre suppose que le Seigneur, comme Divine Vérité, est descendu de son état de gloire première, par les degrés spirituel, rationnel et naturel, jusqu'au degré le plus bas de Corporéité sensuelle,^.; cette supposition sur laquelle repose son objection, renferme un principe qui nonseulement n'est pas appuyé sur les Saintes Écritures, et qu'on ne trouve nulle part dans les écrits de Swedenborg, mais qui est même en contradiction manifeste avec les Lois de l'Ordre Divin. A la vérité, il est incontestable que Jénovah ou le Seigneur, en ve11.
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nant dans le Monde, c'est-à-dire, en prenant l'Humain dans le dernier degré, est descendu de son état de gloire première; toute la Parole l'atteste, et Swedenborg le démontre en mille endroits; mais que, pour parvenir à revêtir cet humain il soit successivement descendu par les degrés spirituel, rationnel et naturel, c'est ce qui ne pourrait être confirmé ni par un seul passage de la Parole, ni par une seule phrase de Swedenborg; une telle descente ressemblerait beaucoup à une chute, car c'est ainsi que sont successivement tombées toutes les Églises. On conçoit facilement que le Seigneur soil rentré dans son état de gloire première, en passant par divers états successifs, car étant venu dans le Monde pour enseigner à l'homme le chemin de la régénération, il devait se soumettre en cela, comme en toutes choses, aux lois de son Ordre Divin, qui est Lui-Même, afin que sa Glorification devînt le type de la régénération humaine; mais ce qu'on ne conçoit pas, c'est que le Seigneur, pour venir dans le Monde, ait été obligé de passer par divers états successifs, car on n'en voit nullement la nécessité; on voit, au contraire, qu'une telle descente aurait été en opposition manifeste avec les lois de l'Ordre Divin; en effet, qu'aurait-elle représenté, sinon la descente successive de l'homme des degrés supérieurs au degré le plus bas? Or, celte descente de l'homme a été une violation de l'Ordre Divin, et n'a pu être par conséquent représentée par le Seigneur.
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En un mot, en admettant avec l'Écriture et Swedenborg, que Jéhovah, ou l'Amour Même et la Sagesse Même, s'est revêtu d'une nature humaine dans le dernier degré, pour rendre Divin cet Humain et par là sauver les hommes, il y a réellement descente du Divin dans l'Humain ; mais si l'on supposait que pour venir dans le Monde Jéhovah eût passé par les degrés spirituel, rationnel et naturel jusqu'au degré le plus bas de la Corporelle sensuelle, ce ne serait plus une descente du Divin dans l'Humain, mais ce serait une véritable dégradation ou une chule du Divin. L'objection présentée par l'Auteur de la lettre étant ainsi privée de sa base, nous n'ajouterons qu'une seule remarque. Chaque Évangile pris séparément doit former un tout : dans notre Exégèse ce principe est reconnu, car on y voit que dans Luc, comme dans Matthieu, il y a ascension et descente ; au contraire, selon l'Auteur de la lettre, il y aurait seulement descente dans Matthieu, et l'ascension ne se trouverait que dans la généalogie donnée par Luc.
EXÉGÈSE. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES GENEALOGIES DE JÉSUS-CHIST. Tirées de l'Intdlectual Repositonj.
L'Article d'Exégèse sur la Généalogie de JésusChrist, publié dans notre Revue, tome VII. p. 129, traduit en anglais pour le New Jérusalem Magazine, de Boston (N° de mars 1845), a été reproduit par l'Intellectual Repository (N° de juillet 1845). Des objections soulevées par un correspondant du Mirror of Truth ont été insérées avec la réponse dans notre Revue de la présente année, tome VIII. p. 58. Un correspondant de Ylnlellecluat Repository a présenté à son tour de nouvelles objections insérées par ce journal dans son numéro d'octobre 1845.
Les voici : « GÉNÉALOGIE DE JÉSUS-CHRIST.
» Une remarque ou deux, à propos de l'intéressant Article
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traduit du français sur ce sujet, semblent devoir être prises en considération. » II est dit page 246 (de la Revue, p. 131 ; ici,p. 106) :« Du » reste, le Seigneur Lui-Mème a déclaré qu'il n'était pas le » fils de David, et qu'ainsi dans le sens de la lettre, cette » généalogie (dans Luc) n'était pas la sienne. » Celte thèse, que le Seigneur n'est pas le fils de David, est ensuite soutenue par une citation (à l'exemple de notre Auteur, Apoc. Exp. 205, et ailleurs) de Matin. XXII. 42 à 45. Mais encore ne paraît-il pas de là, autant que je puis voir, que pour cela cette généalogie ne soit pas la sienne. Swedenborg, dans le passage indiqué, donne les raisons spirituelles pour lesquelles le Seigneur naquit de la maison de David, et se nomme aussi la racine et la race de David; il constate ensuite comme raison pourquoi le Seigneur n'est plus le fils de David, que c'est parce qu'il a dépouillé l'infirme Humanité qu'il avait tirée de sa mère, et s'est revêtu de la Divine Humanité du Père; mais cela implique que comme fils de Marie, il était, par naissance, le fils de David, et que Marie était de la maison de David, et qu'avant sa glorification, la généalogie donnée dans Luc, si elle était celle de Marie, était nécessairement la généalogie de son fils Jésus-Christ, et par suite elle l'est encore, relativement à la période qui précéda sa glorification. Il me semble que la portée attribuée par notre Auteur au passage cité,— Matth. XXII. 42 à 45,— en constitue plutôt, à proprement parler, le sens spirituel que le sens littéral ; et que cela n'empêche pas de prendre à la lettre la signification évidente que ces paroles paraissent comporter. Suivant leur teneur, tout ce qu'on peut inférer, c'est que, puisque David appelait « Seigneur » le Messie promis, il ne pouvait êlre le fils de David dans un sens absolu,ou du côté du Père; mais cela n'empêche nullement qu'il n'ait été le fils de David originairement, du côté de la mère. Je ne nie point que, selon le sens doctrinal-,sptntae/, le Seigneur
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ne soit plus le fils de Marie et le fils de David, sous le rapport de la continuité de parenté naturelle, mais néanmoins, quoique l'image matérielle ait été effacée de son Humanité, il a plu au Seigneur, après son ascension dans le Ciel, de faire une déclaration qui implique littéralement de Sa part, la volonté que son Humanité soit présente à notre souvenir comme identique, en un certain sens, avec ce même Jésus qui fut à la fois le Fils de Dieu et le fils de Marie. » Autant que j'en puis juger, notre Auteur confirme cette conclusion, que je tire du dernier témoignage qu'il a plu au Seigneur de se donner à Lui-Même, — Apoc. XXIL 16, — où II dit : « Je suis la racine et la race de David. » Comme Fils de Jéhovah, le Seigneur fut nécessairement un avec le Père dont il était issu, parce que Dieu, étant indivisible, ne peut engendrer un Fils Divin différent de Lui-Même; le Seigneur du côté du Père fut donc (comme Auteur de toute existence humaine) « la racine de David; mais du cftlé maternel il fut la « race de David. » Voici donc une déclaration d'après laquelle, en un certain sens, le Seigneur fut le Fils de David, même après avoir monté au-dessus des Cieux, et quoiqu'il eût dépouillé dans le monde toute parenté naturelle avec Marie, en rejetant tout ce qu'il avait tiré d'elle par héritage naturel. Il parait ainsi, qu'il avait dépouillé cette parenté naturelle seulement de manière à conserver néanmoins son identité personnelle avec le fils de Marie, de la race de David. Et il a si complètement conservé celte identité, encore aujourd'hui, que Swedenborg nous rapporte à l'appui un fait très-remarquable dont il a été témoin dans une vision spirituelle : il dit que le Seigneur s'est montré dans le soleil du Ciel à certains Juifs qui l'avaient connu dans le monde, et dans la mémoire desquels était resté gravé le souvenir de ses traits, « et que tous confessèrent alors le Seigneur Lui-Même. » — A. C. 7173. Te. AO. — Quelques personnes pourront être portées à écarter la véritable dé*
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duclion de ce fait, en parlant ^apparences; pour ma part, je perçois quelle sorte de preuve il était destiné a offrir à ces Juifs, et je pense qu'il est aussi destiné à en fournir une semblable aux membres de la Nouvelle Église, qui en ont reçu ainsi la communication surnaturelle. » Que Swedenborg ait envisagé la chose sous ce point de vue, c'est ce qu'on peut raisonnablement inférer de ce qu'il dit — A. R. 954 : — « Je suis la racine et la race de Da» vid, signifie qu'il est lui-même le Seigneur qui naquit dans » le monde, ainsi le Seigneur dans son Divin Humain ; c'est » d'après cet Humain qu'il est racine et race de David, et » aussi le germe de David, — Jérém. XXIII. 15 ; XXXIII. 15 ; » — puis, rameau du tronc d'Ischaji, et rejeton de ses ra» cinés. — Es. XI. 1, 2. » » Ainsi, relativement au Seigneur comme fils de Marie, et par suite de David, l'ancêtre de Marie, il paraît donc qu'à considérer son Humanité comme le fils de Marie sous un point de vue — comme portant réellement son image — il cessa d'être son fils sous ce point de vue lorsqu'il eut dépouillé son image par sa glorification même partiellement accomplie, c'est-à-dire, aux noces de Cana, lorsqu'il appela Marie « femme » et non « mère » indiquant par là comme l'enseigne Swedenborg, que désormais il n'était plus son fils, c'est-à-dire qu'il n'était plus son fils quant à cet attribut de la relation filiale, qui consiste à porter l'image de la mère. Mais il paraît aussi que si nous considérons l'Humanité glorifiée sous un autre point de vue —• comme gardant, en un certain sens, son identité avec l'être humain visible réellement né de Marie, et qui a vécu dans le monde, est mort sur la croix, est ressuscité des morts, et maintenant au haut des Cieux, — il est encore « la race de David, » par Marie la descendante de David.
» Le fait que Marie était de la maison de David, est, je crois, universellement reconnu. Je me trompe fort si je n'ai
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point lu quelque part dans les Ouvrages de Swedenborg, que le Seigneur est né de la maison de David, et de la tribu de Juda, à cause du surcroît de dégénéralion de cette tribu et de celte maison, afin qu'il pût prendre sur lui le degré le plus extrême du mal hérédilaire, et, en le dépouillant par les tentations, pourvoir au salut de l'homme jusqu'à ses dernières limites. Les commentateurs en général ont conclu (Voir le commentaire du docteur Adam Clarke) que Matthieu donne la généalogie légale du Seigneur, en donnant celle de Joseph réputé son père, tandis que Luc donne sa généalogie naturelle du côté maternel, c'est-à-dire, la généalogie de Marie. Ainsi Matthieu appelle Joseph le fils de Jacob, tandis que Luc l'appelle le ( ) d'Héli. Nos traducteurs, pour compléter le sens, ont rempli la lacune par le mot de fils, imprimé en italique pour marquer l'interpolation; mais tous les commentateurs, je crois, seraient plutôt portés à ajouter en cet endroit beau-fils (ou gendre) d'Héli, déclarant qu'Héli fut le père de Marie, et ainsi seulement le beau-père de Joseph. Si ceci est exact, l'Auteur de l'Article traduit du français est tombé dans l'erreur lorsqu'il dit que « dans Luc, la généalogie est celle de Joseph, » et aussi que » les deux généalogies, dans le sens de la lettre, appartien» nent à Joseph, l'époux de Marie. » » J'avoue que je ne suis point savant sur ce sujet, mais comme le docteur Adam Clarke et d'autres affirment avec tant d'assurance qu'Héli fut le père de Marie, et non celui de Joseph, si ce n'est par le mariage, je suis porté à conclure, jusqu'à meilleure information, que la généalogie de Luc est celle de Marie, et par suite la généalogie naturelle de Jésus-Christ. Elle ne peut être la généalogie de Joseph que dans le cas où il serait de la maison de David du côlé de sa mère, aussi bien que du côté de son père, qui, selon Matthieu, se nommait Jacob. Dans cette hypothèse, Héli ne fut pas le père de Joseph, mais son grand'père, et le père de
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sa mère, mais ce n'est point là, je crois, l'idée reçue dans l'Église. Une seule chose paraît certaine, c'est que Jacob et Iléli, dont chacun est nommé comme le père de Joseph, en supposant que chacune des deux généalogies soit celle de Joseph, ne peuvent être la même personne, puisque Jacob descendait du fils de David Saloinon, et Héli du fils de David Nathan; ainsi l'on ne pourrait conclure sans une absurdité manifeste, qu'Héli et Jacob furent une même personne; et s'ils ne le furent point, il n'y a pas plus de raison pour conclure qu'Héli fut le père de la mère de Joseph, que pour le supposer père de Marie, à moins d'attribuer une portée non motivée à ces paroles de Luc : « Étant comme on croyait, » fils de Joseph, ( ) d'Héli; » comme si le mot « fils, » devant Joseph, entraînait nécessairement le même complément pour l'intervalle à remplir devant Héli, qu'on peut aussi bien compléter par les mots « gendre, » ou « petit-fils,» car le mot « fils, » est évidemment hors de propos. » Signé : « Inquirer (qui s'enquiert.) »
ADDITION A L'ARTICLE AYANT POUR TITRE : GÉNÉALOGIE DE JÉSUS-CHRIST Matlh.I. 1 à 17; Luc, III. 23 à 38. (Pour servir de réponse aux Observation} qui précèdent).
Dans l'Article sur les Généalogies de Jésus-Christ, notre but était de présenter un simple aperçu du sens interne, et ce n'est que sous forme de remarque
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qu'il a été parlé du sens de la lettre et des contradictions apparentes qu'il présente; mais puisque les Observations qui précèdent concernent uniquement le sens littéral, nous saisirons cette occasion pour examiner les Généalogies dans ce sens. Depuis Jules Africain, auteur chrétien du IIIe siècle, diverses hypothèses ont été avancées pour concilier entre elles les deux généalogies de JésusChrist (1). Ces hypothèses sont plus ou moins ingénieuses, mais aucune, ce nous semble, ne lève complètement la difficulté; et cela, parce que ceux qui les ont présentées étaient dans une entière ignorance du sens interne; car ce n'est pas en torturant le sens de la lettre, qu'on pourra en faire disparaître les contradictions apparentes; on ne parviendra au but qu'on se propose qu'en éclairant ce sens par le sens interne, au moyen des vérités que renferment les écrits de Swedenborg. Or, le sens de la lettre, lorsqu'on ne cherche pas à le torturer, attribue positivement les deux généalogies à Joseph, et c'est pour cela que dans notre Remarque nous les lui avons aussi attribuées. Mais avant de passer aux diverses questions soulevées sur le sens de la lettre, nous ferons observer que l'opinion présentée par Inquirer, d'après le docteur Clarke, remonte il est vrai à Jean Damascène, auteur du VIIIe siècle, lequel déclare que Luc (1) Voir le résumé qu'en donne Hermann Janssens (Herméneuliqtie Sacrée, Nos 536 et suiv.)
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a tiré la généalogie de Marie, et Matthieu celle de Joseph ; mais que, bien avant Jean Damascène, et dès les premiers temps du Christianisme, l'opinion que les deux généalogies appartenaient à Joseph avait été émise par Jules Africain. En effet, d'après un passage curieux qu'on trouve dans Eusèbe, — I. 6, — Jules Africain prétend que Matthieu a donné la généalogie naturelle, et Luc la généalogie légale de Joseph, et il assure qu'il tenait cette opinion de quelques parents de notre Sauveur; Jacob—Matth. 1.15, — et Héli — Luc, III. 23, — auraient été frères de mère, et Héli marié étant mort sans enfants, Jacob son frère aurait épousé sa veuve d'après la loi du lévirat, — Deutér. XXV. 5, 6. — De cette veuve d'Héli, Jacob aurait eu Joseph, qui ainsi aurait été, selon la nature, fils de Jacob, et selon la loi fils d'Héli. Il est trois questions principales qu'on peut adresser au sujet des généalogies de Jésus-Christ : l'une sur la généalogie donnée par Matthieu, l'autre sur celle que donne Luc, et la troisième sur la différence que présentent les deux généalogies. Examinons successivement ces trois questions. I. Pourquoi est-il dit dans Matthieu : « Livre de » Nativité de Jésus-Christ, fils de David, etc., » tandis qu'il résulte du sens de la lettre que la généalogie qui est donnée est celle de Joseph, l'époux de Marie ? Cette question se divise en deux parties : 1° Pourquoi est-il dit Livre de Nativité de Jésus-Christ
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2° Pourquoi cette généalogie, au lieu d'être celle de Jésus-Christ, est-elle celle de Joseph? 1° Pourquoi est-il ait Livre de Nativité de JésusChrist? Les Prophètes de l'Ancien Testament avaient annoncé que le Christ, (le Messie) naîtrait de la race de David, il fallait donc que dans le Nouveau Testament il fût donné une Généalogie de JésusChrist, et que cette généalogie remontât à David. Nous ne parlons pas ici des motifs tirés de l'enchaînement qui doit exister dans le sens interne entre toutes les parties de la Parole. 2° Pourquoi cette généalogie, au lieu d'être celle de Jésus-Christ, est-elle celle de Joseh? Les généalogies contenues en grand nombre dans l'Ancien Testament sont toutes dressées selon la branche paternelle; et la raison en est facile à concevoir, lorsqu'on sait que l'âme ou l'homme spirituel vient du père, et que la mère ne donne que l'enveloppe ou l'homme naturel. Or, Jésus-Christ ayant été conçu de Jéhovah, ou, en d'autres termes, l'âme de Jésus-Christ étant Jéhovah Même, il ne pouvait pas avoir une généalogie paternelle, et puisqu'il lui fallait une généalogie, et qu'il eût été contraire aux usages et aux mœurs des Juifs de lui en donner une maternelle, sa généalogie ne pouvait être que celle de son père putatif. Nous ajouterons ici quelques considérations générales :
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On sait avec quelle prudence le Seigneur parlait aux Juifs de sa Divinité : il ne leur a jamais dit ouvertement qu'il était Jéhovah; et cela, parce que personne n'aurait voulu le croire. N'a-t-il pas été crucifié, parce qu'il s'était dit le Fils de Dieu? Si donc, il se fût dit Dieu Même ou Jéhovah, il n'aurait pas conservé un seul disciple ; cette' déclaration aurait été pour tout Juif le plus grand des scandales, et le Seigneur eût été Lui-Même considéré comme blasphémateur au dernier degré ou abandonné comme fou par les plus fidèles de ses disciples, eux qui avaient tant de peine à saisir qu'il était un avec le Père, et qui, un instant après avoir saisi cette vérité, cessaient de la comprendre. Dans les Évangiles, qui ont été écrits après l'ascension du Seigneur, il n'est pas dit non plus qu'il est Jéhovah, et s'il est avancé en quelques endroits qu'il est un avec le Père, il est néanmoins généralement parlé de Lui comme s'il était distinct du Père; et cela aussi, afin que les hommes pussent être amenés plus facilement à embrasser le Christiatianisme, et en outre par des motifs tirés de la nature de la Parole qui a éié écrite pour les deux Mondes, le spirituel et le naturel. S'il a fallu dix-huit siècles avant que l'humanité pût être en état de comprendre l'incarnation de Jéhovah Même, et si aujourd'hui il n'est encore que peu d'hommes qui puissent la comprendre, il devient bien évident que Dieu qui, dans ses révélations, se conforme toujours aux mœurs et aux idées des hommes qu'il veut ramener à Lui, a dû 12.
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approprier la Parole du Nouveau Testament à l'état de simplicité dans lequel se trouvaient les peuples appelés alors à constituer la première Église chrétienne. Or, les premiers Chrétiens ne discutaient point, ils adoraient; ils n'avaient pas besoin de comprendre l'incarnation de Jéhovah Même, ils savaient seulement et ils croyaient fermement que le Seigneur était retourné au Père et ne faisait qu'une seule et même personne avec Lui. Lorsque plus tard les Chrétiens sortirent de cette simplicité et se mirent à entrer dans des discussions, ils tombèrent successivement dans les erreurs les plus graves, et l'Église fut perdue. Maintenant qu'elle a été entièrement dévastée, le Seigneur remplit sa promesse « en venant » sur les nuées des Cieux avec une grande puissance » et une grande gloire, » c'est-à-dire, en divulguant le sens interne de la Parole; et par ce sens tout homme peut maintenant comprendre les Saintes Écritures, et voir disparaître les nuages qui les couvraient : ainsi, quant au point qui nous occupe, chacun peut voir que, dans le sens interne, celte Généalogie est celle de Jésus-Christ, puisqu'elle concerne la Glorification de son Humain externe, ou la Seconde Naissance du Seigneur; et qu'en conséquence, quoique réellement dans le sens de la-letlre elle soit celle de Joseph, elle a dû, à cause du sens interne, èlre appelée « Livre dfi Nativité- de Jésus-Clirisl ; » que cette dénomination n'a pu porter aucun préjudice aux Chrétiens qui ont adoré le Seigneur dans la simpli-
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cité du cœur; et qu'enfin si l'expression paraît impropre lorsqu'on ne considère que le sens de la lettre, elle devient tout-à-fait convenable, lorsqu'on ne sépare pas l'esprit d'avec la lettre, c'est-à-dire, lorsqu'on a en même temps égard au sens interne. II. La Généalogie donnée dans Luc est-elle la généalogie de Joseph ou celle de Marie? Nous avons déjà fait observer qu'une généalogie maternelle aurait été en opposition avec les usages et les mœurs des Juifs; mais comme cette simple obsertion pourrait, pour beaucoup de personnes, paraître insuffisante; nous allons de nouveau examiner la question : toutefois, nous n'ajouterons rien à ce que nous avons dit sur les diverses opinions des commentateurs; car, à quoi bon commenter un texte, lorsque le sens en est précis? Or, ici la lettre attribue positivement la généalogie à Joseph; et pour s'en convaincre, il suffit de se reporter au texte grec, car l'ellipse qui est avant le mot Héli se reproduit devant tous les noms propres dont se compose cette généalogie; laissons donc de côté tous les commentateurs, qui ne connaissaient que le sens de la lettre et n'avaient aucune idée du sens interne, et voyons si le sens interne peut résoudre la question. On sait que Marie représente toujours l'Église, soit dans le sens réel (in sensu genuino) soit dans le sens opposé, et ne représente jamais le Seigneur. Que deviendrait donc le sens suprême de cette Généalogie, si, au lieu de celle de Joseph, elle était celle
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de Marie? Avec une généalogie paternelle, quoique partant de Joseph père putatif de Jésus-Christ, le sens interne se manifeste aussitôt; on voit qu'il s'agit, dans le sens suprême, de la première période de la glorification du Seigneur, et, dans le sens respectif, de la première période de la régénération de l'homme. Mais avec une généalogie maternelle, nonseulement il n'y aurait plus de sens suprême, mais encore respectivement à l'Église et à l'homme, comme le Seigneur a rejeté tout ce qu'il tenait de sa mère, cette généalogie devrait être prise dans le sens opposé, ainsi qu'il arrive souvent pour Marie ellemême, qui représente alors l'Église pervertie. Or, puisque cette généalogie est donnée comme étant celle de Jésus-Christ, il est bien évident qu'elle ne peut être prise dans le sens opposé, et qu'ainsi elle est la généalogie de Joseph et non celle de Marie. III. Pourquoi les deux généalogies diffèrent-elles entre elles ? Disons d'abord que les différences qui existent entre les deux généalogies n'impliquent point contradiction, du moment où l'on admet l'hypothèse de Jules Africain, car dès lors peu importe la différence des noms; peu importe aussi que Salathiel et Zorobabel tiennent dans Luc le 20e et le 49 e rang, tandis que dans Matthieu ils ne sont qu'au 10e et au 9e, cela indique au contraire que le Salathiel et le Zorobabel de Luc ne sont pas les mêmes que ceux de Matthieu, ce qui est d'autant plus probable que chez les Juifs
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les mêmes noms se reproduisent souvent, comme on le voit ici même dans Luc, où l'on trouve trois Juda, deux Lévi, deux Joseph, deux Héli et deux Mathathie. Ainsi, selon cette hypothèse de Jules Africain, qui nous semble la seule admissible, Luc aurait tracé une descendance légale et Matthieu une descendance naturelle. Maintenant, si nous avons recours au sens interne, nous découvrirons facilement pourquoi Luc n'a pas reproduit la Généalogie donnée par Matthieu et en a présenté une autre. L'on sait que, dans la Parole, le Seigneur est considéré dans deux fonctions principales, la fonction sacerdotale qui concerne le céleste, et la fonction royale qui concerne le spirituel. Or, la Généalogie donnée par Matthieu contenant la série des Rois de Juda, se réfère indubitablement à la fonction royale du Seigneur ou au spirituel, et dès lors la Généalogie donnée par Luc doit se référer à la fonction sacerdotale du Seigneur ou au céleste; et ce qui le prouverait encore, c'est que chez les Juifs la loi procédait du sacerdoce. Il était donc essentiel qu'il y eût deux Généalogies qui différassent entre elles. D'après tout ce qui précède nous persistons à dire que les deux Généalogies, dans le sens de la lettre, appartiennent à Joseph, mais que dans le sens interne elles sont celles de Jésus-Christ; et nous ajoutons que l'une concerne sa fonction royale ou le spirituel, et l'autre sa fonction sacerdotale ou le céleste. 12*.
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EXÉGÈSE,
Nous désirons que ces explications puissent satisfaire l'Auteur des observations signées Inquirer; quant à sa dissertation sur l'identité personnelle du Seigneur, nous pensons qu'il suffit de se reporter à notre Article sur les Généalogies pour voir que nous n'avons nullement mis en doute cette identité, comprise comme elle doit l'être. En disant que « le Sei» gneur a déclaré Lui-Même qu'il n'était pas le Fils » de David, et qu'ainsi, dans le sens de la lettre, » cette Généalogie (dans Luc) n'était pas la sienne, » nous n'avons pas prétendu dire que Jésus-Christ n'avait pas été le Fils de David par sa mère; nous avons seulement cherché à corroborer l'assertion précédemment émise, que « le Seigneur ayant été conçu » du Saint-Esprit ne pouvait pas avoir humainement » une Généalogie paternelle. »
APPEL AUX MEMBRES DE LA NOUVELLE ÉGLISE POUR LA PUBLICATION DES OUVRAGES DE SWEDENBORG ET LE SOUTIEN
DE LA Bévue (*).
Le Règlement Organique, adopté par la Convention générale des Sociétés de la Nouvelle Église dans les État-Unis, portant Création d'un Comité de Correspondance extérieure, dont les attributions sont déterminées par la Section 14 de l'Art. II. du Chap. IV (1), le Rédacteur de la Revue s'est empressé d'adresser à Monsieur \V. M. Chauvenet, son correspondant à Philadelphie, une lettre dans laquelle il lui donne plusieurs détails sur l'état de la Nouvelle Église en France, en le priant de les communiquer au Comité de Correspondance extérieure. Cette lettre ayant été traduite en Anglais, et insérée dans le New Jérusalem Magazine de Boston et dans le Journal de la Nouvelle Église à Cincinnati, nous pensons qu'il est de notre devoir de la mettre sous les yeux de nos lecteurs; ils pourront d'ailleurs par ce moyen mieux apprécier toute l'importance de la réponse que Monsieur Chauvenet vient d'adresser. (*) Voir aux notes additionnelles. (1) Voir tome W de la Revue, pag. 254 et 286.
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APPEL.
« Saint-Amand, 12 février » J'ai reçu, cher frère, les Journaux et minutes des trois conventions de la Nouvelle Église aux ÉtatsUnis pendant l'année 1843 ; le rapport de la Convention Centrale a été traduit et inséré dans les dernières livraisons de la Revue. — L'Église de France félicite l'Église des États-Unis de l'attitude noble et imposante qu'elle a prise, et elle en rend grâces au Seigneur, duquel procède l'Ordre et l'Union qui constituent la force. Les lois politiques et civiles et les institutions morales des États-Unis ont aussi beaucoup contribué à l'établissement de votre organisation religieuse; mais tout cela vient encore du Seigneur qui se sert des hommes, à leur insu, pour préparer d'avance les voies de sa Divine Providence. » L'Église de France n'entrevoit pas encore le moment où elle pourra, elle aussi, se constituer publiquement; mais ses membres pleins de confiance dans les promesses du Seigneur, attendent avec résignation sa volonté ; lui seul étant juge de l'opportunité; ils ne restent cependant pas dans l'inaction, puisque le Seigneur veut que l'homme agisse comme de lui-même; mais quand leurs efforts ne produisent pas tous les effets qu'ils en attendaient, loin d'en murmurer, ils en remercient le Seigneur, dans la conviction où ils sont, que s'il ne l'a pas permis, c'est parce qu'il était plus avantageux pour le bien
APPEL.
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de l'Église qu'il en fût autrement. Il en est de l'Église comme de l'homme ; l'homme ne peut être régénéré qu'en subissant de nombreuses tentations, une Église véritable ne peut donc non plus se constituer qu'en passant par de nombreuses épreuves : l'Église de France en a déjà subi beaucoup, mais elle en rend grâces au Seigneur, et le remercie de l'avoir fait échapper à de grands dangers par les épurations auxquelles elle a été soumise. Si donc l'Église de France n'augmente pas sensiblement en nombre, du moins ses membres véritables se connaissent mieux de jour en jour, et forment maintenant un centre capable de résister, avec le secours du Seigneur, à tous ceux qui se prétendant de la Nouvelle Jérusalem, voudraient faire dévier la Nouvelle Église de la voie qui lui est tracée par les écrits de Swedenborg. » Aussi est-ce sur la propagation de ces écrits que que se portent tous nos efforts : vous savez, cher frère, que les diverses traductions françaises, antérieures à celles de Moët, laissaient beaucoup à désirer, et que quelques-unes d'entre elles, et notamment celles de Pernety, avaient été faites dans un mauvais esprit; mais celles de Moët elles-mêmes, quoique faites consciencieusement, sont loin d'être fidèles; je revois maintenant celle du Ciel et de l'Enfer; et il n'est guère de pages où je ne trouve quelque contre sens; d'ailleurs Moët se permet souvent de paraphraser le texte; partout il coupe les
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APPEL.
phrases dont les membres se lient si admirablement entre eux dans l'original, et par là il détruit la force des arguments; il supprime aussi la plupart des conjonctions, ce qui dénature entièrement le sens; il rend souvent un verbe latin par trois verbes français, croyant mieux exprimer la pensée de Swedenborg, tandis que par là il met ce Savant judicieux au rang de ces auteurs qui entassent indistinctement des mots sur des mots; et cependant Swedenborg est l'auteur le plus sobre, car il n'emploie jamais que le mot propre, et dans tous ses ouvrages il n'est pas une seule particule qu'on puisse supprimer, ni un seul mot qu'on puisse changer, sans nuire à la symétrie ou au sens de la phrase. Il est encore très-important que les expressions techniques employées par Swedenborg soient toujours traduites dans nos langues modernes par les mêmes mots, et c'est ce que n'a pas fait Moët (1). D'après toutes ces considérait) Puisque cette lettre a été publiée par la presse, j'éprouve le besoin de rendre aux travaux et à la personne de Moè't toute la justice qu'ils méritent. J'ai souvent demandé des renseignements sur Moët à ceux de nos frères qui habitent Versailles et Paris, mais son décès dale déjà de si loin qu'ils n'ont pu eu obtenir que de très-vagues; on sait seulement qu'il était bibliothécaire à Versailles et membre de la Société exégétique de Stockolm. Je présume que ses traductions furent entreprises vers 1780, du moins si j'en juge par celle de la deuxième partie des Arcanes, qui fut commencée le 20 juin 1"82 et terminée le i septembre de la même année ; ce volume in—i° fut donc traduit en deux mois et demi, et les volumes suivants ne lui prirent pas plus de temps, ce qui me fait présumer qu'il traduisait Swedenborg pour son usage particulier, ou que, si son intention était de le livrer à l'impression, il se
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tions et plusieurs autres qu'il serait trop long de déduire dans une lettre, il serait donc indispensable que les ouvrages de Swedenborg déjà traduits le fussent de nouveau, et que tous les autres le fussent, s'il est possible, par la même personne : c'est là une lâche très-grande et très-difficile à remplir; il sera même impossible de l'exécuter sans laisser encore beaucoup à désirer, mais du moins on doit l'entreprendre sauf à revoir les parties défectueuses lors d'une seconde édition, afin de faire passer dans notre langue cette unité d'expressions ainsi que la concision de style et la force de logique qui régnent dans tous les écrits de Swedenborg. » Comme j'avais déjà traduit quelques Traités de notre Auteur et que personne ne se présentait pour remplir cette tâche, je m'en suis chargé dans la confiance que le Seigneur me donnerait les forces nécessaires pour la mener à exécution; c'est un nouveau travail que j'ai joint à ceux que j'avais déjà entreroservait de revoir avec attention son premier travail : mais ses manuscrits ne commencèrent à être imprimés que près de 40 ans plus tard, en 1819, époque sans doute bien postérieure à son décos. Quanta sa personne, les paraphrases qu'il se permettait souvent de faire dans sa traduction des Arcanes attestent chez lui un cœur généreux et une profonde piété. Je me plais à ajouter que c'est à ses traductions, quelque défectueuses qu'elles soient, que la plupart des membres actuels de l'Église de France doivent la connaissance des doctrines de la Nouvelle Jérusalem ; et enfin je dirai avec un vif sentiment de reconnaissance que si ces traductions ont été publiées, c'est à la munificence de M. J. A. Tulk, Membre du Parlement d'Angleterre, que nous en sommes redevables. (Le Red. de la Revue.)
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pris; j'ai divisé le tout en portions mensuelles de manière que la traduction de tous les ouvrages de Swedenborg, y compris YApocalypsis Explicata, fût terminée au premier janvier 1850. J'ai pu, grâce au Seigneur, accomplir ma tâche mensuelle ; j'en suis déjà pour les Arcana Cœlestiu au cinquième volume, et pour VApocalypsis Explicata au deuxième. » En raison du nouveau plan que je me suis tracé par suite des observations dont je viens de vous parler, les deux premiers volumes A'Arcanes et les autres traductions imprimées avant que ce plan eût été tracé, auront besoin d'être retouchés, s'il s'en fait une nouvelle édition. J'hésitais, dans le principe, à faire des néologismes, dans la crainte d'être bien moins compris des gens du monde ; mais cette hésitation a dû disparaître, lorsque j'ai reconnu que par là je cessais de rendre toute la pensée de l'Auteur ; par exemple, je ne pouvais pas me résoudre à traduire falsa par les faux, et je le rendais, comme mes devanciers, par les faussetés; en cela je m'écartais du texte, car Swedenborg fait une distinction entre les faux et les faussetés; il emploie toujours le mot faussetés (falsitates) comme corrélatif de cupidités, et le mot falsa comme corrélatif de ver a; dès lors je ne pouvais plus hésiter à me servir des expressions les faux et les vrais, au lieu de les faussetés et les vérités, quand dans le texte il y avait falsa et fera, car Swedenborg distingue aussi entre les vrais et les vérités. Je m'étais aussi servi jusqu'à-
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lors de l'expression la Divine Humanité, employée par mes devanciers pour rendre le Divinum Humanum de Swedenborg, mais j'ai reconnu de même qu'il était indispensable pour la régularité de la remplacer par celle du Divin Humain. Du reste, je ne me suis décidé à introduire ces changements, qu'après avoir consulté ceux de nos frères qui sont les plus compétents en cette matière, et avoir reçu leur approbation. On ne saurait trop rester dans le mot à mot quand on traduit Swedenborg; il y a même du danger à transposer les mots, ce qui se fait ordinairement quand on traduit du latin ; c'est, en effet, ce qu'il est facile de voir, puisqu'il y a dans Swedenborg une différence notable entre le Divin Vrai et le Vrai Divin. A. G. N° 2814; et entre le Céleste Vrai et le Vrai Céleste. A. C. N0 1545. » J'espère donc, s'il plaît au Seigneur, que cette traduction complète de Swedenborg sera terminée au 1er janvier 1850 (*); d'ici là, nous ferons tous nos efforts pour en poursuivre l'impression, mais nos ressources sont si bornées que nous n'avancerons que très-lentement. Loin de voir augmenter le nombre de ses abonnés, la Revue en perd chaque jour, non-seulement eu Angleterre et aux États-Unis, mais aussi en France; elle en gagne, il est vrai, en Allemagne et dans les États du Nord, mais en bien petit nombre, en comparaison de ses perles. Les pertes qu'elle éprouve en France viennent des épurations (*) Voir aux notes additionnelles. 13.
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APPEL.
que l'Église a faites, du peu d'aisance de beaucoup de membres de l'Église, et en général de la retraite de ceux qui comptaient sur une manifestation éclatante de la Nouvelle Jérusalem devant les yeux du monde, et qui, voyant leurs espérances déçues, sont rentrés dans leur indifférence religieuse. Cependant la Revue est jusqu'ici notre seul drapeau ostensible, et si elle cessait de paraître, non-seulement il ne serait plus question de la Nouvelle Jérusalem dans le public, mais ses membres épars ça et là perdraient leur point de ralliement. Il est donc important qu'elle ne cesse pas de paraître, et je continuerai à faire tous mes efforts pour qu'elle ne tombe pas; elle avait d'abord quatre fondateurs, depuis trois ans je suis resté seul; et comme elle n'a pour se soutenir que ses abonnements, car les cotisations que font nos frères sont employées à la publication des Traités, je suis par conséquent obligé chaque année de combler le déficit, qui va toujours augmentant. Si du moins les volumes des années antérieures et les Traités que nous avons publiés s'écoulaient, nous pourrions par la suite espérer de faire face aux dépenses, mais jusqu'ici il n'y a que très-peu d'écoulement, et chaque jour nous sommes encombrés d'imprimés, quoique notre tirage soit très-modéré. » Malgré la position critique dans laquelle nous nous trouvons, sous le rapport des finances, je suis convaincu que s'il y avait écoulement de nos livres, non-seulement l'existence de la Ilcruc serait assu-
APPEL.
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rée, mais nous pourrions encore doubler et même quadrupler par la suite la publication des traductions de Swedenborg. Notre Auteur n'ayant encore été traduit complètement qu'en Anglais, il me semble aussi qu'il est de l'intérêt général de l'Église entière qu'une traduction complète en français vienne donner un nouveau degré de publicité à ses doctrines. » Je ne suis entré, mon cher frère, dans tous ces détails, que pour faire connaître au Comité de correspondance extérieure de la Nouvelle Église aux Étals-Unis, la position dans laquelle se trouve la Nouvelle Église en France. Veuillez donc, je vous prie, lui communiquer cette lettre, et engager ses membres à se réunir à nous, afin de faire leurs efforts pour trouver de nouveaux débouchés à nos publications. Je sais bien que le premier devoir de la Nouvelle Église des États-Unis est de subvenir à ses propres dépenses; mais ce premier devoir rempli, je suis porté h croire que sa plus grande sympathie est pour l'Église de France, tant par rapport aux avantages que l'Église en général peut tirer de la position de la France pour répandre ses doctrines, que par rapport aux liens intimes qui unissent depuis si longtemps les deux peuples, et qui viennent d'être encore resserrés dernièrement par l'accueil que vous avez fait au général Bertrand. » Nous donnerons d'abord un Extrait de la réponse que fit M. Chauvenet dès qu'il eut reçu cette lettre.
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APPEL.
« Le tableau de l'état de l'Église en France, quoique trèsaffligeant, est néanmoins tel qu'il ne doit pas étonner les membres de la Nouvelle Église. Ces preuves et ces contrariétés sont fréquentes dans l'Église, partout où la Providence lui permet de paraître : c'est l'amour de soi et l'amour du inonde s'opposant à l'amour du Seigneur et à l'amour du prochain. » L'indifférence religieuse, qui est si grande parmi les Français, est sans doute une autre cause du retard que la vérité éprouve dans ses progrès parmi nos compatriotes; néanmoins les promesses du Seigneur ne peuvent pas faillir, et elles s'effectueront dans leur propre temps. Quant à nous qui avons reçu du Seigneur la grâce d'apercevoir un rayon de ces vérités célestes, nous ne pouvons rétrograder ni même cesser de coopérer avec sa Divine Providence; et, quand un usage se présente, nous sentons l'impérieux devoir de l'exécuter. » L'importance que vous attachez à ce que la France possède une traduction complète des Ouvrages de Swedenborg me paraît très-réelle, et il me semble que les membres de la Nouvelle Église dans tous les pays doivent en convenir. Votre lettre a été traduite en anglais, et une copie en a été envoyée à plusieurs membres du Comité de correspondance étrangère. Ce grave sujet sera soumis à la considération des trois Conventions de la Nouvelle Église qui vont avoir lieu sous peu. »
. Voici maintenant un Extrait de la lettre de M. Cliauvenet dont il est parlé au commencement de cet Article, et dont l'importance nous a déterminés à présenter tous ces détails à nos lecteurs. « Par nia dernière lettre je vous donnais une idée des mesures que je prenais pour que votre lettre fût généralement connue de la Nouvelle Église dans les États-Unis; elle
APPEL.
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fut traduite, comme je vous l'ai dit, et envoyée à plusieurs membres de l'Église sur divers points, et surtout aux membres du Comité de correspondance; je tenais beaucoup à ce que son contenu fût apprécié et qu'il fût soumis aux trois Conventions de l'Église. Les efforts que vous faites, pour que la France puisse posséder une Traduction complète des Ouvrages de Swedenborg, ont obtenu l'approbation et la sympathie de tous les membres de l'Église dans ce pays-ci, comme vous pourrez le voir par les Journaux des minutes des trois Conventions. Ils sont tous d'opinion qu'on devrait vous aider dans cette entreprise importante, et à cet effet ils ont nommé des Comités pour arriver à ce but. J'ai assisté à deux Conventions, et l'on m'a placé à la tête de chaque Comité pour que je pusse vous communiquer plus tard le résultat de ces mesures, et vous transmettre les fonds qui pourront être souscrits pour cette œuvre. » Dans la Convention de l'Ouest, tenue à Cincinnati, on a fait insérer votre communication dans le Journal, et on a nommé un Comité pour correspondre avec vous. » Aussitôt que j'eus communiqué votre lettre à nos frères de Boston, elle fut tout de suite, de leur propre accord, insérée dans le New-Jérusalem Magazine; ce Journal est celui de l'Église qui a le plus de circulation dans les Étals-Unis; c'est l'Organe de la Convention Générale, dont vous avez publié dans votre Revue les Règlements Organiques (1). » La Convention Générale et la Convention Centrale ont été tenues la même semaine; néanmoins je fis un voyage à New-York, où la Convention Générale était en séance, pour m'unir à nos frères et pour nous concerter relativement à votre communication. L'expression de la Convention Générale à cet égard est des plus flatteuses. On a donné trois mois aux membres qui ont été placés dans le Comité pour (I) Voir Tome VII de la /terne, pag. 216 à 223; 248 à 256j 285 J 288.
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APPEL.
rapporter le succès -de leurs travaux individuels, c'est-à-dire, pour transmettre les souscriptions qu'ils pourront recevoir. »
Tous ceux qui s'intéressent à la publication des écrits de Swedenborg et au maintien de notre Renie, dont le but principal est d'en propager la connaissance, s'uniront certainement à nous pour exprimer à nos frères des États-Unis toute leur reconnaissance pour l'accueil bienveillant qu'ils ont fait à la communication du Rédacteur de cette Revue, et pour le zèle qu'ils mettent à venir au secours de la Nouvelle Eglise de France; mais nous espérons aussi que ceux de nos frères de l'intérieur, pour lesquels la position de fortune n'est pas un obstacle, redoubleront d'efforts pour soutenir la Revue, qui est notre seul drapeau ostensible, et pour hâter la publication des écrits de Swedenborg. Le seul Ouvrage de notre Auteur, les Arcanes Célestes, aura 17 volumes grand in-8° (*). D'après le mode actuel de publication, il ne paraît qu'un demivolume par an, et par suite nous ne sommes parvenus jusqu'ici qu'à la moitié du 3me volume; en continuant ainsi il nous faudrait pour les 1-4 volumes et demi qui restent à publier vingt-neuf années, tandis que si nous n'étions pas arrêtés par la question financière, nous pourrions en publier deux et même trois volumes par an. UApocalypsis Explicata formera 10 volumes in-8° ; à ces 27 volumes il faut encore ajouter tous les Traités traduits par Moét, qui (*) Voir aux notes additionnelles.
APPEL.
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devront être imprimés de nouveau, tant par rapport aux conditions exposées dans la lettre du Rédacteur de la Revue, que parce qu'ils ne tarderont pas à être épuisés; et, en outre, beaucoup d'autres Traités qui n'ont pas encore été imprimés en Français. Toutefois, malgré ce grand nombre de volumes, l'impression des Œuvres complètes de Swedenborg pourrait être terminée en moins de dix ans, avec les seules ressources des ouvrages que nous avons déjà publiés, si le zèle de nos frères et des admirateurs de Swedenborg parvenait à faire écouler les exemplaires qui nous restent. C'est donc uu appel que nous faisons à tous les membres de la Nouvelle Église du Seigneur, quelle que soit la contrée qu'ils habitent, et en même temps à tous ceux qui, sans être encore convaincus de la Sainteté des doctrines de la Nouvelle Jérusalem, admirent la sublimité des théories renfermées dans les Ouvrages de Swedenborg, et désirent leur propagation dans l'intérêt de l'humanité et de la science; en répandant les ouvrages que nous avons publiés depuis six ans, non-seulement ils propageront des doctrines dont personne n'oserait publiquement contester la profonde moralité, mais ils nous fourniront, en outre, les moyens de continuer nos publications, et de terminer l'impression des écrits de Swedenborg dans une langue qui est répandue dans toutes les contrées du monde.
Si, pour accélérer l'impression des Ouvrages de
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APPEL.
Swedenborg, quelques membres de l'Église ou quelques admirateurs de l'illustre Suédois, soit en France, soit à l'Étranger, étaient dans l'intention de faire des dons, ils pourraient les adresser à la Rédaction de la Bévue, à Saint-Amand (Cher), ou à M. Hartel (*), rue du Mail, N° 36, à Paris. A l'imitation des Journaux de la Nouvelle Église qui se publient à l'Étranger, la Bévue donnera la liste des personnes qui auront fait des dons à l'Église, ainsi que la valeur et la destination spéciale des dons, et remplacera le nom du Donateur par une simple initiale ou par le mot Anonyme quand le désir en sera exprimé. Les personnes qui seraient retenues de faire une demande de livres, ou des dons par la difficulté de faire parvenir les fonds, peuvent indiquer dans une lettre à l'une des adresses ci-dessus, le montant de la somme qu'elles destinent à cet effet, et on la fera toucher à leur domicile, quelle que faible qu'elle soit. (*) Voir aux notes additionnelles.
L'UNION CHRÉTIENNE.
Nous recevons d'Amérique, avec les journaux des trois Conventions de la Nouvelle Église, une brochure au sujet de laquelle notre correspondant de Philadelphie, M. W. Chauvenet, écrit au Rédacteur de la Revue : « Le secrétaire de la Convention centrale vous envoie une petite brochure (40 pages gr. in-8") sur le caractère des doctrines de la Nouvelle Jérusalem et leurs progrès dans les États-Unis. Cet écrit est de l'un de nos frères de la Virginie. Il a été rédigé pour faire partie d'un Ouvrage considérable, publié par l'entremise d'une association de la Vieille Église, lequel doit contenir des exposés des dogmes et des doctrines de toutes les Communions chrétiennes qui existent aux Etats-Unis. Chacun de ces exposés a été fourni à l'éditeur par la Communion même ou par un de ses organes. »
Certes, c'est une généreuse pensée, digne de voir le jour dans un pays libre et qui honore ses auteurs, — au milieu d'un monde travaillé par le doute d'une part et de l'autre par des tiraillements et des luttes religieuses, — d'ouvrir un Recueil au plaidoyer des doctrines de toutes les communions par des organes accrédités de ces communions elles-mêmes. Quel livre plus directement utile peut-on offrir à ceux qui désirent franchement, ou sortir du doute et choisir une
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L'UNION CHRÉTIENNE.
croyance, ou éclairer celle qu'ils possèdent, en s'appliquant avec une parfaite indépendance à la recherche de la vérité ? Quoi de plus loyal que de faire parler chaque communion pour elle-même, présenter ses dogmes à son point de vue, au lieu de les ramener tous à un point de vue exclusif, comme cela a lieu dans tous les Recueils religieux existants? A en juger par l'Article qui nous concerne et que nous avons sous les yeux, le programme de l'ouvrage est suivi dans l'exécution de la manière la plus large et la plus libérale; l'apologiste y jouit pleinement du droit de soutenir ses dogmes et sa doctrine par la libre discussion des dogmes et des doctrines opposées ; et il fallait qu'il en fût. ainsi pour donner tout son effet au plan proposé, pour faire jaillir le plus de lumière possible du rapprochement de ces divers plaidoyers. Nos lecteurs savent que nulle doctrine, plus que la nôtre, n'appelle les lumières de la discussion. Nous sommes fermement convaincus que la cause que nous défendons a tout à gagner sur ce terrain ; c'est pourquoi, nous applaudissons de toutes nos forces à l'entreprise ici annoncée. Nous doutons qu'elle soit autant du goût de la plupart des représentants des doctrines exclusives. La libre discussion en appelant au jugement de la raison, et s'appuyant en matière théologique sur le témoignage de la Sainte Écriture, ne peut convenir à ceux qui voudraient étouffer la raison sous l'empire d'une foi aveugle, et
L'UNION CHRÉTIENNE. 155 encore moins à ceux qui voudraient couvrir d'un boisseau le flambeau de la Parole Divine. Les Chrétiens de la Vieille Église qui ont pris part à l'association dont parle M. Chauvenet, association qui préside à une publication si libérale, sont évidemment de ces hommes bien disposés qui cherchent et trouvent dans l'esprit de l'Évangile un principe d'union supérieur à la lettre morte des professions de foi de leurs communions respectives. A la description du caractère de celte association, on reconnaît qu'elle n'est autre que celle déjà mentionnée dans une lettre de M. Barrett, de New-York, à l'un de nos collaborateurs (Voir la Revue. Vol. VII. Page 88) ; c'est par une réunion de ses membres que ce prédicateur de la Nouvelle Église fut invité à présenter une suite de lectures sur des doctrines; elle se nomme, nous dit M. Barrett : « l'Union Chrétienne. » Mais l'union ainsi entendue, dans un esprit de liberté et de charité, a des ennemis irréconciliables que nous venons de signaler. Il est surtout une puissance dans le monde qui n'admet l'union qu'avec la soumission aveugle à son autorité spirituelle unique et absolue; elle devait manifester ici son opposition. En elfet, nous ajouterons pour plus ample information, que nous avons lu de nos yeux dans un journal, organe le plus fougueux de FuHramontanisme à Paris, une bulle ou lettre encyclique papale qui attaque et frappe nominativement de sa censure l'association
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L'UNION CHRÉTIENNE.
américaine désignée sous le nom y Alliance (ou Union) Chrétienne, composée de membres de diverses communions, comme coupable de séduire les fidèles, notamment par la distribution de versions des Écritures en langue vulgaire de complicité avec les Sociétés bibliques, et cela jusque dans l'Étal papal. Pour en revenir à la brochure qui nous touche plus particulièrement, nous devons dire que notre représentant, dans cette publication, nous paraît avoir été heureusement inspiré; son Exposé nous semble si clair, si bien approprié au service de la cause qu'il soutient avec nous, que nous nous ferons un devoir de le traduire pour l'insérer par Extraits dans cette Revue (1). (1) Foir Tome VII. Page 161 à 176; 195 à 202; 225 à 254; 321 à 354.
NÉCESSITÉ D'UNE NOUVELLE TRADUCTION DE LA PAROLE DIVINE.
Nous avons déjà annoncé, dans notre avant-dernière Livraison, tome VII, page 190, que la Convention de l'Ouest commençait à se préoccuper du besoin de pourvoir, dans un avenir peu éloigné, à une nouvelle Traduction de la Divine Parole en anglais ; voici maintenant le Rapport qui fut fait à cette Convention sur cet important sujet. Rapport du Comité sur une Traduction nouvelle des Sainlcs Écritures. « Le Comité, qu'on avait chargé de correspondre avec les autres Conventions et avec la Conférence anglaise au sujet d'une nouvelle Traduction des Saintes Écritures, s'est conformé aux instructions qu'il avait reçues de la Convention. « Au mois de juillet dernier, il a adressé aux Présidents des autres Conventions et de la Conférence anglaise une lettre dans laquelle il appuyait surtout sur la nécessité qu'éprouvait la Nouvelle Église de posséder une Traduction fidèle de la Parole, et demandait en même temps qu'on voulut bien s'en occuper à la première réunion annuelle. « Aucune réponse n'a encore été faite à ce sujet; on ne s'y attendait même pas; l'opinion du Comité étant que rien ne peut se faire au moment actuel, sauf peut-être d'attirer 14.
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NÉCESSITÉ D'UNE NOUVELLE TRADUCTION
l'attention de l'Église sur un sujet si important. Sous ce point de vue, on peut se flatter d'avoir réussi, puisque la requête fut insérée dans Ylntclleclual Rcpository, et que peu de temps après il parut dans la même publication un Article appuyant chaudement la proposition, et demandant qu'une société fût formée à cet effet. Nous espérons donc que le sujet sera convenablement pesé et discuté à la première réunion de la Conférence anglaise, ainsi qu'à celle des deux Conventions d'Amérique. « Nous joignons ici la lettre adressée par nous à ces trois assemblées. « Cincinnati, 23 juillet 18Û3. CHERS FRÈRES! « A la dernière réunion de la Convention de l'Ouest, nous fûmes institués en Comité, afin de communiquer avec les antres Conventions des États-Unis et celle d'Angleterre, au sujet d'une nouvelle Traduction des Saintes Écritures. « Au moment présent, nous ne pensons guère pouvoir faire plus que d'attirer l'attention de nos frères les plus éloignés sur cet important sujet. Il est généralement reconnu parmi les membres de la Nouvelle Église qu'une Traduction des Écritures serait fort à souhaiter, les anciennes étant pleines d'erreurs, dont quelques-unes, touchant à des points de doctrine, sont par conséquent dangereuses. La plupart de ces dernières ayant été indiquées dans différentes publications de la .Nouvelle Église, il serait superflu de les reproduire ici. « Partant du principe fondamental qu'il est du devoir de ceux qui possèdent le vrai de détruire l'erreur, surtout quand elle est grossière et palpable, et d'y substituer des vérités, nous pensons que l'Kglise s'imposera la loi de faire un bon usage de la grande lumière qu'elle possède, pour, tôt ou tard, donner aux hommes une Traduction fidèle de la Divine
DE LA PAROLE DIVISE.
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Parole. Elle a, pins que toute autre, les moyens d'accomplir cette grande et belle œuvre, par sa connaissance des correspondances, sans laquelle ce serait en vain que des hommes, quelque instruits qu'ils puissent être d'ailleurs, entreprendraient une tâche tellement au-dessus de la science purement naturelle.
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NÉCESSITÉ D'UNE NOUVELLE TRADUCTION
Le Rédacteur-Gérant de la Revue ayant communiqué au Comité de rédaction une lettre qu'il a adressée aux membres du Comité de la Nouvelle Église à Cincinnati, sur le sujet dont il est parlé dans les deux pièces précédentes, le Comité de rédaction a jugé qu'il était à propos d'insérer cette lettre dans la Revue, son contenu étant de nature à intéresser plusieurs de nos frères, tant en France qu'à l'étranger. Saint-Amand (Cher), 9 janvier 18/i5. A Messieurs les Membres du Comité de (a Nouvelle Eglise à Cincinnati (Convention de l'Ouest), chargés de s'entendre avec les Comités des autres Conventions, au sujet d'une Traduction des Saintes Écritures.
MESSIEURS ET CHERS FRÈRES ! C'est avec un grand plaisir que j'ai appris par votre rapport à la Convention de l'Ouest, que la Nouvelle Église aux Etats-Unis est préoccupée du besoin de pourvoir à une nouvelle Traduction de la Parole en anglais, et que vous désirez pour le moment attirer sur cet important sujet l'attention de nos frères les plus éloignés, dans l'espoir de trouver parmi les membres de la Nouvelle Église quelques frères capables d'entreprendre un pareil travail. Votre but est trop louable et promet de trop grands
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avantages aux membres de la Nouvelle Église, pour que le Seigneur ne suscite pas, tôt ou tard, parmi nos frères de la langue anglaise, un ou plusieurs hommes propres à mener cette entreprise à bonne fin; mais en attendant que cette faveur vous soit accordée, veuillez permettre à un frère, depuis longtemps préoccupé d'une nouvelle Traduction de la Parole en français, de vous soumettre quelques réflexions. Si Swedenborg avait donné en latin pour tous les livres de la Parole, comme il l'a fait pour la Genèse, l'Exode et l'Apocalypse, une Traduction complète, il est évident que les difficultés qui se présentent pour une Traduction en langue vulgaire se trouveraient bien diminuées, car en suivant ponctuellement la Version de Swedenborg, et en s'aidant de tous les précieux documents qu'il donne dans l'explication du sens interne, on aurait toujours avec soi un guide sûr. Cette réflexion que je fis dès l'instant où je me suis occupé de traduire notre Auteur, m'a porté à me demander si, au moyen des nombreux passages de la Parole renfermés dans les Écrits de Swedenborg, il ne serait pas possible de composer une version de la Parole, sinon tout à fait complète, du moins presque complète. Quoiqu'une telle entreprise dût exiger un temps considérable et une grande patience, le but, lors même qu'il ne serait pas entièrement atteint, présentait une si grande importance, 14*.
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que je me suis mis aussitôt à. l'œuvre. Je commençai par faire le dépouillement de tous les passages contenus dans les Arcana Cœlestia; ma récolte fut très-abondante, surtout pour ce qui concerne les Prophètes; je passai ensuite à d'autres Ouvrages, et pour désigner les différents Traités d'où les passages bibliques étaient extraits, j'employai les abréviations dont s'est servi le docteur Beyer dans son Index. Mais pourquoi avoir pris tant de peine? pourraiton me dire; la troisième partie de cet Index du docteur Beyer n'était-elle pas suffisante? et ne trouvet-on pas aussi à la fin de VApocalypsis Explicata un Index du même genre? Ces deux Index sont, il est vrai, précieux, mais ils ont été faits dans un but différent de celui que je me proposais : ces Index concernent seulement les passages de la Parole qui, dans les divers Traités de notre Auteur, ont été rendus clairs, ainsi que l'exprime leur titre (locorum luculentatorum), et par conséquent ils n'indiquent pas les passages qui ont été donnés par Swedenborg sans être suivis d'explications; or, ce sont tous les passages traduits par Swedenborg qu'il m'importait de recueillir ; et quoique la collection dont je m'occupe ne soit pas encore terminée, en la comparant avec les Index elle renferme plus du double de passages. D'ailleurs, considérés comme auxiliaires pour la confection d'une traduction de la Parole en langue vulgaire, les Index seraient d'un secours bien res-
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treint; car il ne suffit pas toujours d'avoir un passage isolé pour en découvrir le sens, il faut souvent le comparer à ce qui précède et à ce qui suit; en un mot, il faut, autant que possible, avoir sous les yeux l'ensemble du Chapitre. Or, avec les Index seuls, on ne peut avoir que de simples fragments de la traduction de Swedenborg, à moins qu'on ne fasse successivement pour chaque Chapitre un travail préliminaire analogue à celui que je me suis proposé pour l'ensemble de toute la Parole. Mais, outre cela, il est encore une autre considération qu'il est bon de mentionner : L'on sait que Swedenborg, qui cite beaucoup de passages un grand nombre de fois, les présente souvent avec des Variantes; ces Variantes sont précieuses pour un traducteur des Saintes Écritures en langue vulgaire. En effet, sans ces Variantes il serait parfois exposé à faire un mauvais choix dans les différents mots de sa langue qui expriment le mot à traduire; mais au moyen des Variantes, il ne tarde pas à être fixé sur le mot qui convient le mieux. Or, les Index ne signalent point ces Variantes ; et pour les trouver il faudrait, à chaque passage, consulter successivement tous les Traités cités, et souvent il arriverait qu'après s'être livré à ee travail, on découvrirait qu'il n'y a pas de Variantes pour ce passage. On peut voir, d'après cela, qu'il serait très-important d'avoir sous les yeux le dépouillement complet de tous les passages de la Parole, qui sont épars dans les divers ouvrages de Swedenborg, avec l'Indica-
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tion, à la fin de chaque Verset, des N03 de tous les Traités où ils sont cités, afin que le traducteur puisse s'y reporter au besoin, et aussi avec toutes les Variantes, afin qu'il puisse faire son choix. C'est là le travail que j'ai entrepris il y a sept ans, et que j'espère terminer, s'il plaît au Seigneur. Les trois derniers Livres de Moi'se, et les Livres de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois, sont ceux qui seront restitués avec le plus de difficultés; mais les Adversaria vont être d'un grand secours; en effet, si les Adversaria ne présentent pas le texte latin des Versets, du moins ils donnent parfois les expressions principales, et c'est le plus important. Quand le travail de dépouillement sera terminé, je pense que pour remplir les lacunes, il faudrait se servir de la traduction latine de Sébastien Schmidt, qui est celle que Swedenborg préférait aux autres, quand il n'avait pas recours aux textes originaux, ainsi qu'il est facile de le reconnaître par l'inspection de ses écrits. Alors pour distinguer les passages donnés par Swedenborg de ceux qui auront été pris dans Schmidt pour combler les lacunes, il suffira d'imprimer les premiers en caractères ordinaires et les autres en italiques. Cette traduction latine devrait ensuite être placée en regard du texte original, savoir, pour l'Ancien Testament en regard de la Bible Hébraïque d'Èverard Van-der-Hooght, et pour le Nouveau-Testament en regard de l'un des deux Textes Grecs cités dans la
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Note de M. A. Nordenskiold (Voir Revue, 6 année, page 245). Mais auparavant il y aurait à exécuter un travail fort important; ce travail consisterait, tout en laissant subsister les Variantes, à faire entre elles un choix, afin d'indiquer au Lecteur quelle est la Version qui paraît la plus convenable, sans pour cela le priver de choisir lui-même. Je compte alors sur la bienveillante coopération de plusieurs de nos frères de Paris, qui font une étude spéciale de la Langue Hébraïque; et j'espère qu'avec de la patience et de la persévérance, et surtout avec le secours du Seigneur, sans lequel nous ne pourrions rien faire, nous parviendrons à rendre aussi complète que possible cette traduction latine des Saintes Écritures par Swedenborg. Si je suis entré dans tous ces détails, Messieurs et chers frères, c'est parce qu'ayant vu par votre rapport à la Convention de l'Ouest, que vous pensiez que le moment n'était pas encore venu d'entreprendre une nouvelle traduction de la Bible en langue vulgaire, j'ai pensé que des travaux préliminaires, qui ont été entrepris dans le but de faciliter une traduction Biblique en langue quelconque, ne vous paraîtraient pas indifférents. Je dois d'ailleurs vous avouer, qu'en entreprenant ce travail, j'avais l'intention, si le Seigneur m'accordait de le mener à bonne fin, de demander l'appui de toutes les sociétés de la Nouvelle Église; car nous sommes encore trop peu nombreux en France, pour que nous puissions
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seuls en entreprendre la publication. Du reste, lorsque le moment de commencer sera arrivé, si la tâche entière paraissait trop forte pour les ressources de l'Église, au lieu de publier toute la Parole, on pourrait pour spécimen n'en donner d'abord qu'une partie, par exemple, le prophète Ésaïe, qui est celui que Swedenborg cite le plus souvent. Veuillez encore me permettre quelques réflexions. Il n'est douteux pour aucun de nous que la Nouvelle Église ne doive régner sur la terre; l'époque seule de sa manifestation complète dans le degré naturel est et doit être inconnue; mais nous qui avons l'inappréciable avantage de savoir et d'être convaincus que le second Avènement du Seigneur est accompli, et que maintenant son Royaume descend continuellement sur la terre, quoique d'une manière inaperçue par les hommes du monde et par ceux de la Vieille Église, nous devons diriger nos travaux de manière à ce qu'ils se coordonnent avec ceux que nos neveux devront nécessairement exécuter. Or, ce qui se passe maintenant sous nos yeux, ces merveilles de la vapeur pour rapprocher les peuples et les mettre en contact, ces nouvelles méthodes qui s'introduisent dans tous les pays pour faciliter l'étude des langues vivantes, tout, en un mot, ne nous dit-il pas qu'avant peu la plupart des obstacles qui s'opposent encore à la fraternité des peuples, et à leur concours pour un intérêt commun, vont disparaître. Si donc nous parvenions d'abord à avoir un édition nouvelle
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des Saintes Écritures dans le texte original avec la traduction latine de Swedenborg en regard, pourquoi plus tard n'entreprendrions-nous pas, nous tous réunis, un travail analogue à celui qu'Origène exécuta seul, au troisième siècle de l'ère vulgaire? Ne pourrions-nous pas aussi avoir nos Hexaples? Ne serait-ce pas un beau travail que celui qui présenterait la Parole dans son texte original, dans la traduction latine de Swedenborg, et dans les quatre langues vivantes qui sont le plus répandues sur la surface du globe, l'Anglais, le Français, l'Allemand et l'Espagnol? Et remarquez, Messieurs et chers Frères, que ce premier travail, qui contiendrait encore beaucoup d'imperfections, se perfectionnerait à chaque édition nouvelle, d'autant plus facilement qu'on pourrait d'un seul coup d'œil confronter verset par verset, les divers traductions vulgaires, et qu'il se trouverait alors des hommes instruits, possédant suffisamment ces quatre langues, pour mettre à profit cette confrontation, en faisant dans chaque langue les rectifications qui seraient jugées nécessaires. D'ailleurs, puisque la Nouvelle Jérusalem doit régner sur la terre, et qu'elle ne peut régner que par la Parole, nous devons être convaincus que le Seigneur fera entrer peu à peu dans les langues vulgaires des expressions et des tours de phrase propres à rendre parfaitement ceux qui sont dans le texte original de la Parole; et pour ne parler que de la France, puisque je n'ai pas l'avantage de counaî-
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tre les trois autres langues, ne voyons-nous pas déjà cette révolution dans le langage commencer à s'accomplir? l'école littéraire moderne ne dédaigne plus la langue du peuple, et elle remet en honneur quelques-unes de ces locutions brèves et énergiques qui ont tant de rapport avec celles que renferme la Bible. Enfin, la Parole est restée pure dans le texte original, et cela, parce que le Seigneur a continuellement veillé sur ce texte, car c'est Lui qui a inspiré les travaux des Massorètes ; il veillera donc aussi à ce que, dans toutes les langues, cette Divine Parole soit restituée dans sa pureté, dans un temps plus ou moins éloigné, selon que sa Prévoyance infinie le jugera convenable pour chaque peuple. Agréez, Messieurs et chers Frères, l'assurance de mon affection fraternelle et de mon parfait dévouement. LE BOYS DES GUAYS.
PROJET D'UNE TRADUCTION LATINE DE LA PAROLE DIVINE (*).
Les éditeurs du New Jérusalem Magazine de Boston ayant manifesté le désir d'établir une correspondance pour ce Journal avec le Rédacteur en chef de la Revue, le Rédacteur s'est empressé de répondre à cette marque d'intérêt fraternel. Sa lettre du 1er Janvier 1847 avait pour sujet principal une communication dont nous allons donner l'extrait. Communication sur un travail préparatoire ayant pour but d'aider à l'achèvement de la version latine de la Divine Parole extraite des ouvrages de Swedenborg.
Le travail de dépouillement de tous les passages bibliques cités par Swedenborg, du moins en ce qui concerne les ouvrages publiés, étant aujourd'hui terminé, nous avons maintenant à conférer les diverses versions données par Swedenborg, à mettre à profit tous les éclaircissements dont ses ouvrages sont remplis, et à combler les lacunes Conduit sur ce sujet, dont je suis sans cesse préoccupé, (*) Voir aux noies additionnelles.
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PROJET D'UNE TRADUCTION LATINE
je ne saurais l'abandonner sans me livrer à quelques réflexions; je profiterai aussi de cette circonstance pour vous soumettre un premier moyen d'exécution, car il ne suffit pas de former des projets, il faut aussi exécuter, et pour que l'exécution soit plus facile, il faut que tous les ouvriers puissent mettre la main à l'œuvre. Établir d'après les écrits de Swedenborg une traduction latine de la Parole, pour, de là, arriver à avoir des traductions exactes en langue vulgaire, est une œuvre capitale pour la Nouvelle Église; c'est une tâche que nous devons entreprendre avec résolution et continuer avec persévérance; que le temps qu'il nous faudra pour l'accomplir ne nous effraie point, plus elle nous présentera de difficultés à surmonter, plus nous devrons redoubler d'eiforts. Les Chrétiens du moyen-âge employaient des siècles pour élever leurs cathédrales, qui n'étaient cependant que des monuments de pierres; ils persévéraient sans perdre courage jusqu'à ce que l'édifice fût terminé, une génération continuait ce qu'une autre avait commencé; et nous, Chrétiens de la Nouvelle Jérusalem, membres d'une Église qui subsistera toujours, serions-nous moins persévérants qu'eux? Et cependant il ne s'agit pas de mettre des pierres sur des pierres, nous avons à élever un Édifice bien autrement majestueux, nous avons à donner à la Parole Divine dans chaque langue vivante la forme simple et sublime qu'elle a dans la langue originale
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qui n'est plus parlée. En présence d'une telle œuvre, le cœur nous manquerait-il parce que nous verrions devant nous de grandes difficultés à surmonter, ou parce que le cours d'une vie humaine ne nous paraîtrait pas suffisant pour l'accomplir? Aurions-nous moins d'amour pour un monument de vie que n'en eurent les peuples du moyen-âge pour des monuments périssables? Commençons donc, sans nous inquiéter de savoir si nous achèverons; commençons, mais gardons-nous d'aller trop vile; point de précipitation; que chaque année apporte son tribut composé des efforts réunis de chaque ouvrier, et le Seigneur, sans lequel nous ne pouvons rien faire, conduira successivement l'édifice vers la perfection à laquelle il doit nécessairement parvenir. Nous ne devons donc pas hésiter à nous mettre à l'œuvre; des matériaux ont déjà été préparés, utilisons-les; mais comment les utiliser? c'est là pour aujourd'hui la question qu'il importe de résoudre. Ces matériaux, reconnus nécessaires pour la construction de l'Édifice, devraient être à la disposition de tous, et cependant ils ne sont qu'en la possession de celui qui les a recueillis. Le moyen le plus propre à faire cesser cet état de choses consisterait à livrer à l'impression ce travail préparatoire, afin que tous aient la faculté d'y puiser; mais ce serait constituer l'Église dans des dépenses qui pourraient être trop lourdes pour elle dans ce moment-ci; toutefois, si ce moyen ne peut pas être employé, il en est un autre
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PROJET D'UNE TRADUCTION LATIXE
qui, sans exiger de grandes dépenses offrira cependant les mêmes avantages, sauf à obliger chaque ouvrier à recourir lui-même aux sources qui lui seront indiquées; c'est celui-là que je crois devoir vous proposer; vous le trouverez suffisamment indiqué dans une lettre de M. Auguste Harlé; comme le paragraphe dans lequel il se trouve concerne le sujet dont nous nous occupons maintenant, je vais transcrire ce paragraphe en entier. « Mes études sur le prophète Nahum, me dit-il, m'ont donné une peine effroyable, mais non sans profit; c'est en poursuivant, comme j'ai voulu le faire, une exégèse entièrement basée sur Swedenborg, que l'on sent de quelle utilité serait un travail comme celui que vous avez préparé. J'espère que le mien viendra à l'appui de votre thèse, dont je fais aussi la mienne, au moins dans l'esprit de ceux qui se donneront la peine d'étudier ce travail. Pour le moment, je veux vous communiquer les premières conclusions auxquelles me paraît conduire l'expérience. Il y a un immense travail à faire pour passer des citations partielles de Swedenborg à une version suivie et complète, d'un système uniforme et basé sur ses meilleurs indications. Je crois que la version de Séb. Schmidt pure et simple romprait l'unité, et qu'elle peut seulement servir de base, mais doit être revisée, ramenée au système général de Swedenborg, amendée d'après les indications que fournissent les passages traduits dans ses ouvrages, et aussi d'après
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les données de la science moderne éclairée par l'exposé du sens spirituel, dans les passages non traduits par notre Auteur. En attendant, il s'agit précisément de favoriser les travaux qui peuvent conduire à ce résultat désiré. J'ai éprouvé que les passages extraits d'avance sont sans doute fort commodes, mais ne dispensent pas de recourir le plus souvent à l'ouvrage cité pour recueillir les précieuses explications jointes à ces passages. D'après cela, je pense qu'une première publication très-utile, et en même temps la plus facile à réaliser, serait un Index complet des passages, au lieu de l'Index incomplet de Beyer, et de ces autres Index partiels et incorrects publiés à Londres. Cet Index, vous Cavez tout préparé, et il ne vous resterait qu'à l'extraire de votre travail. Il serait à la portée de tous, puisque des noms propres et des chiffres sont de toutes les langues, et il serait ainsi d'un usage et d'un intérêt universels. Une marque signalant les passages textuels, et une autre les passages auxquels sont en outre jointes des explications développées, me sembleraient de la plus grande utilité. (L'Aslérique de l'Index (1) de YApocalypsis Explicata est déjà utile, mais ne distingue que deux classes, et il y en a au moins trois). Je pense qu'on intéresserait facilement les Comités à cette publication, dont M. le (t) Cet index est lui-même très-incorrect; les fausses indications qui sont nombreuses dans le corps de l'ouvrage, comme j'ai pu m'en assurer dans mon travail de dépouillement, sont répétées dans l'Index. 15*.
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docteur Tafel devrait exécuter l'impression, en la rattachant à ses éditions in-octavo. » Vous voyez, d'après cette lettre, que ce moyen est simple et n'exigera que peu de dépenses; je ne doute pas que M. le docteur Tafel, dont le dévouement est si constant, ne veuille se charger de l'impression, ainsi que le propose M. Harlé; je vais lui écrire à ce sujet, en le priant de m'aider de ses avis; car, pour que je puisse commencer l'extrait dont il s'agit, il est nécessaire que nous nous concertions sur le mode d'exécution de l'Index; toutefois, M. Tafel ne pourrait entreprendre cette impression qu'autant qu'il serait assuré de l'appui des divers Comités, et j'espère que cet appui ne sera refusé par aucun d'eux. Je me propose de soumettre incessamment cette même question à nos frères d'Angleterre. Agréez les sentiments d'affection chrétienne de votre tout dévoué. LE BOYS DES GUAYS.
ÉTAT DE LA PUBLICATION FRANÇAISE DES OUVRAGES DE SWEDENBORG DANS L'ANNÉE 1847
(*).
Lorsque nous avons changé, il y a deux ans, le mode de publication de la Revue, nous nous sommes fondés sur ce motif, que notre œuvre principale était la publication de Swedenborg en français, et qu'en conséquence il nous fallait employer toutes nos ressources pour l'accélérer le plus possible. Aujourd'hui que deux années se sont déjà écoulées depuis ce changement, nous croyons qu'il est de notre devoir de faire connaître à tous ceux qui s'intéressent à la propagation des doctrines de la Nouvelle Église, quels sont les avantages que nous en avons retirés, et quels sont ceux que nous pouvons en espérer. Disons d'abord quel était l'état de nos publications lors du changement : Pendant les sept années qui l'avaient précédé, nous avons publié environ deux Volumes et demi des ARCANES CÉLESTES ; plus, en dehors de la Bévue, les six Traités suivants : DOCTRINE DE VIE pour la Nouvelle Jérusalem. (*) Voir aux notes additionnelles.
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PUBLICATION FRANÇAISE
DOCTRINE de la Nouvelle Jérusalem SUR L'ÉCRITURE SAINTE. DIVIN AMOUR ET DIVINE SAGESSE (ouvrage posthume) . Du CHEVAL BLANC, dont il est question dans l'Apocalypse. DOCTRINE de la Nouvelle Jérusalem SUR LE SEIGNEUR. DOCTRINE de la Nouvelle Jérusalem SUR LA Foi. Depuis le changement, nous avons publié deux Volumes des ARCANES CÉLESTES; et, en outre, les six Traités qui suivent : EXPOSITION SOMMAIRE du sens interne des Prophètes et des Psaumes, DE LA PAROLE et de sa Sainteté (Extrait de Y Apocalypse Expliquée}. DOCTRINE DE LA CHARITÉ (Extraite des Arcanes Célestes]. DES BIENS DE LA CHARITÉ, et Explication du DÉCALOGUE (Ext. de l'Apocalypse Expliquée). DOCTRINE DE LA CHARITÉ (ouvrage posthume). EXPOSITION SOMMAIRE de la DOCTRINE de ta NOUVELLE ÉGLISE. Pendant ces deux dernières années nous avons donc fait, à peu de chose près, autant de publications que pendant les sept années précédentes. Cet avantage est déjà important, mais il n'est pas le principal.
DES OUVRAGES DE SWEDENBORG.
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L'avantage le plus grand que nous devons au nouveau mode adopté, c'est celui d'avoir établi aux yeux du plus grand nombre de nos lecteurs, que la publication des ouvrages de Swedenborg en français pouvait être réalisée. Quand on voit chaque jour échouer tant de projets annoncés par les Prospectus, comment aurait-on pu croire à la réalisation du nôtre, surtout lorsqu'on réfléchissait qu'il avait fallu sept années pour livrer au public deux Volumes et demi d'un seul des ouvrages de la Collection, et qu'en continuant à ne donner qu'un demi-volume par année, il faudrait encore vingt-huit ans pour que cet ouvrage fût terminé? Mais dès que le nouveau mode de publication eut été adopté, on a pu concevoir enfin quelqu'espoir que cet important ouvrage serait complètement imprimé; car, en voyant que nous donnions vingt-quatre feuilles d'impression par an, après avoir commencé par en donner seulement six, puis douze, on devait facilement présumer que ce ne serait pas là le dernier terme de cette progression ascendante. Or, l'avantage qui devait résulter de cet espoir était immense, si l'on considère qu'une publication, pour peu qu'elle soit volumineuse, n'a de chance de succès qu'autant qu'il y a quelques probabilités qu'elle sera terminée. Mais aujourd'hui ce n'est plus seulement un espoir que nous donnons, c'est pour ainsi dire une certitude. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer à ceux qui s'intéressent à la publication des Arcanes
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Célestes, que cet important Ouvrage sera entièrement publié dans l'espace de quelques années. Un des disciples des doctrines de la Nouvelle Église, M. L. de Z. (*), a pourvu aux frais de publication de la Partie qui traite de l'Exode; le premier volume de cette partie (le XIe de l'Ouvrage entier) est maintenant sous presse; le XII suivra immédiatement et sera terminé avant six mois; et comme la Partie qui traite de la Genèse continuera à être publiée avec la Revue, nous aurons à la fin de cette année sept volumes complets, savoir, les Vol. I, II, III, IV, V, XI et XII. Nous avons l'intention de publier en 1848 les Vol. VI, XIII et XIV; puis en 1849, les Vol. VII, XV et XVI; et enfin en 1850, les Vol. VIII, IX et X. La publication des Arcanes Célestes étant ainsi assurée, nous allons porter tous nos efforts sur les autres Traités de Swedenborg ; et sur ce point nous avons le plus grand espoir que le mouvement d'accélération continuera et suivra la même progression ascendante; d'abord parce que M. L. de Z. a déjà été imité par un autre disciple, M. D. (**), qui se propose de pourvoir aux frais d'impression du beau Traité du Ciel et de l'Enfer, et que l'exemple que donnent ces deux disciples peut être suivi par d'autres, soit individuellement, soit collectivement; et, en second lieu, parce que la Société qui a déjà fait imprimer plusieurs Traités de Swedenborg verra chaque jour (*) Voir aux notes additionnelles. (**) Voir aux notes additionnelles.
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augmenter ses ressources, puisqu'on outre des dons qu'elle recueille, elle destine à la publication de nouveaux Traités tout le produit de la vente des Traités déjà imprimés. Nos lecteurs nous pardonneront ces détails; nous les avons donnés pour montrer à tous que le projet de publier une traduction française des ouvrages de Swedenborg, projet qui, mis en avant il y a quelques années, pouvait alors paraître colossal en raison de la faiblesse de nos moyens, est cependant sur le point d'être réalisé, pour peu que ceux de nos frères, tant de France que des autres contrées de l'Europe et de l'Amérique, qui nous ont aidés jusqu'à présent, veuillent bien, en raison de nos efforts, nous continuer leurs encouragements. D'ailleurs, en cela comme en toutes choses, nous plaçons notre confiance dans le Seigneur; il y pourvoira. Dominus Provide bit.
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Nous avons déjà dit plusieurs fois que, professant une doctrine toute de charité et de paix, nous n'avions pas à nous immiscer dans les discussions religieuses avec les autres communions chrétiennes; qu'il nous suffisait de chercher à répandre peu à peu les principes de notre céleste doctrine, en publiant les écrits de Swedenborg; que ces principes produiraient des fruits dans leur saison; et que les Communions de la Vieille Église se chargeraient ellesmêmes de se détruire, soit par des combats entre elles, soit par des divisions intestines. Les événements nous prouvent chaque jour que c'était la meilleure marche à suivre; en effet, la lutte qui existe depuis la Réforme entre les deux branches principales du Christianisme n'en est pas moins vive aujourd'hui, quoiqu'elle soit exercée sourdement; ces deux Communions ne se persécutent plus, il est vrai, les armes À la main, comme dans les derniers siècles, mais elles se détestent mutuellement autant que par le passé. Si nous les examinons dans leur intérieur, nous voyons dans le Protestantisme un schisme qui grandit chaque jour; et le temps n'est pas éloigné, s'il n'est pas déjà arrivé, où les Séparatistes s'eront plus irrités contre leurs frères, qu'ils
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appellent indifférents, qu'ils ne le sont contre les Catholiques romains. Quant au Catholicisme romain, on sait ce qui s'est passé dernièrement en Allémtigne, et combien Ronge et ses sectateurs ont donné d'inquiétude au Vatican ; il est vrai qu'en France on n'en est pas encore arrivé à une semblable scission, mais il n'en existe pas moins entre le bas et le haut clergé des germes de division qui éclôront tôt ou tard, et déchireront en France l'Église catholique romaine. Quelques symptômes de ce déchirement futur se sont déjà manifestés, et les tendances actuelles de la cour de Rome viennent tout nouvellement de séparer le clergé de France en deux camps, encore peu distincts en raison de la discipline ecclésiastique, mais disposés à se montrer au jour à la première occasion favorable. La Bévue Gallicane, qui fait le sujet de cet Article, semble appartenir à un troisième camp ; car ses Rédacteurs ne se rangent ni sous l'ancienne bannière de Grégoire XVI, ni sous la bannière nouvelle de Pie IX. Cette Revue, d'après son Titre, est un Journal Religieux et Philosophique, destiné à provoquer la régénération devenue nécessaire dans la Chrétienté, et à préparer un rapprochement mutuel des diverses Communions Chrétiennes. Une telle tâche est belle, et nous désirerions que la Revue Gallicane pût la remplir ; mais forte pour signaler les abus, qu'elle sape du reste avec une grande hardiesse, aura-t-elle autant de force quand ilVagira 16.
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de reconstruire? Il est généreux de vouloir en revenir au Christianisme primitif; mais la chose est-elle possible? peut-on remonter le cours des siècles? Oui, certes, le Christianisme, aujourd'hui presque étouffé par les superfétations dont on l'a accablé, est destiné à revivre de nouveau pour le bonheur des peuples, mais en entrant dans une nouvelle phase, et non en retournant à son berceau ; et il ne peut entrer dans cette phase nouvelle, que par un supplément de vérités qui n'avaient pas pu être révélées à son origine, parce que les hommes d'alors n'étaient pas en état de les comprendre. La Revue Gallicane possède-telle ce supplément de vérités? Disons maintenant quel est le motif qui nous fait parler ici de la Revue Gallicane, malgré notre réserve à entrer dans des discussions religieuses. Cette Revue, dans un de ses Articles, vient de s'occuper de Y Église de la Nouvelle Jérusalem; et, loin de suivre l'exemple de certains organes du Catholicisme romain, elle a gardé toutes les formes d'une discussion décente; nous manquerions donc aux convenances, si, d'abord, nous ne répondions pas à cet Article, qui se compose de quelques détails sur Swedenborg et sur l'état actuel de la Nouvelle Église, et d'un Extrait des Lettres de M. Oegger aux Archevêques de Reims et de Paris; et si ensuite nous ne faisions pas connaître cette Bévue à nos Lecteurs par la citation de quelques-uns de ses derniers Articles. .
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Swedenborg est encore si peu connu des Chrétiens de la Vieille Église, que nous n'avons pas été surpris de trouver quelques inexactitudes dans le peu de mots que la Revue Gallicane a dit de lui ; nous citerons seulement les deux suivantes : « La doctrine de ce théologien, dit la Revue, s'éloigne peu du protestantisme suédois. » Si les persécutions que Swedenborg et ses adhérents eurent à supporter de la part du clergé suédois, ne suffisaient pas pour montrer le peu de fondement de cette assertion, nous dirions que dans tous ses Écrits Swedenborg combat plus souvent le Protestantisme que le Catholicisme romain. La seconde inexactitude est celle-ci : « Swedenborg dit avoir conversé avec les saints, » et nous ne la mentionnons que parce qu'elle pourrait donner à croire que Swedenborg reconnaît des saints. Swedenborg, il est vrai, dit avoir conversé avec certains hommes que la Vieille Église appelle saints, et dont quelques-uns étaient alors des Anges, et quelques autres des Réprouvés; mais il ne donne jamais aux premiers la qualification de saints, il la réserve pour le Seigneur Seul et pour ce qui procède du Seigneur, d'après ce principe que Dieu seul est Saint. Sur l'état actuel de la Nouvelle Jérusalem quant au nombre des adhérents, la Revue Gallicane dit qu'aujourd'hui cette Église compte environ cent mille disciples. Nous ferons à cet égard une simple remarque : 11 n'en est pas de la Nouvelle Église du Seigneur Jésus-Christ, comme de toutes les autres
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Communions chrétiennes; elle échappe à toute statistique humaine, parce qu'elle est plutôt interne qu'externe; elle est universelle, en ce sejns qu'elle se compose de tous ceux qui vivent dans le bien en vue d'un Dieu, quels que soient d'ailleurs les extérieurs de leur culte; tous ceux-là, qu'ils appartiennent à la Vieille Église chrétienne, ou qu'ils soient Mahométans, Indiens, Chinois, ou même Idolâtres, sont acceptés par le Seigneur, comme futurs membres de sa Nouvelle Jérusalem céleste, et après leur mort ils reçoivent facilement les vérités chrétiennes et rejettent les faussetés de leur religion, parce que le bien de leur vie leur reste, et que leurs œuvres les suivent. La plupart des Communions chrétiennes sont exclusives, et font injure à la Justice de Dieu, en déclarant qu'il n'y a de salut que pour ceux qui admettent leurs croyances; la Nouvelle Jérusalem, au contraire, reconcilie le Christianisme avec la Justice Divine, en proclamant que l'on peut être sauvé dans toutes les religions, pourvu qu'on vive dans le bien en vue d'un Dieu. Ainsi, tous ceux qui font le bien pour le bien, et non en vue d'eux-mêmes, sont des disciples de la Nouvelle Jérusalem, et nous les reconnaissons pour nos frères; nous les reconnaîtrions pour frères, quand même ils combattraient nos Doctrines, parce qu'alors ce serait de bonne foi qu'ils les combattraient, et la bonne foi excuse; d'ailleurs, en persévérant dans le bien, ceux-là ne peuvent manquer d'adopter tôt ou tard nos doctrines, et si
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ce n'est dans ce monde, ce sera dans l'autre, où tous ceux qui ont aimé et fait le bien vivront éternellement dans la véritable fraternité chrétienne. Quant à la seconde partie de l'Article relative aux Lettres de M. Oegger aux archevêques de Reims et de Paris, nous n'avons rien à en dire, attendu que nous avons d'avance décliné la responsabilité de ces Lettres, particulièrement en ce qui concerne l'opinion de l'auteur sur le recours aux phénomènes de l'extase; voici ce que nous en disions, dans notre Numéro de Juin 1846, peu de temps après leur publication : « Comme disciples, nous devons prévenir » que plusieurs particularités de ces lettres de » M. Oegger donnaient à sa démarche un caractère » individuel qui devait nous empêcher de nous y » associer par leur publication intégrale. Malgré les » avertissements de Swedenborg sur le danger de » provoquer les phénomènes de l'extase, M. Oegger » ne craint pas (page 18 de sa brochure) de présen» ter ces phénomènes comme étant à la disposition » de chaque disciple, ce que ne sauraient approuver » tous ceux qui comme nous, d'après les leçons de » Swedenborg, apprécient la nature de ces mêmes » phénomènes, en même temps qu'ils en reconnais» sent la réalité. » (Voir notre Revue, 9e année, page 280*.)
Citons maintenant quelques-uns des Articles de la Revue Gallicane : (*) Voir aussi aux notes additionnelles. 16*.
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Essence et possibilité des phénomènes surnaturels. Dans cet Article de sa dernière livraison, la Revue Gallicane approche de la vérité; elle s'en écarte seulement en ce qu'elle suit la vieille tradition qui reconnaît des créatures intermédiaires entre Dieu et l'homme; cette erreur a été la source de mille superstitions, et les Rédacteurs de la Revue Gallicane sont trop ennemis de toute superstition pour ne pas chercher à s'éclairer sur ce point; qu'ils lisent sans prévention notre Swedenborg, et ils reconnaîtront que tous les êtres qui peuplent le monde spirituel ont d'abord vécu hommes sur des terres. Influences remarquables de la Religion sur la santé, signalées par un Médecin. Il y a de trèsbonnes choses dans cet Article; mais la conviction du médecin eût été bien plus forte, s'il avait eu connaissance des Écrits de Swedenborg concernant l'influence de l'âme sur le corps, et les correspondances du monde spirituel avec le corps humain. Prodige notable du magnétisme animal. —• Embarras de l'Eglise prétendue infaillible au sujet du magnétisme animal. Outre ces deux Articles sur le magnétisme animal, la Revue Gallicane en contient plusieurs autres dans ses premières livraisons. Les idées qu'elle émet sur les phénomènes du somnambulisme sont en général assez justes. Loin de nier les faits, comme certaines autres feuilles, elle les admet; mais en même temps elle signale avec raison les dangers qu'ils présentent. Elle cherche
LA REVCE GALLICANE.
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aussi à les expliquer, et elle y parviendrait, car elle est sur la voie, si, au lieu d'avoir recours à des êtres intermédiaires entre Dieu et l'homme, elle reconnaissait l'existence d'esprits qui ont été hommes, et si elle avait sur ces esprits des notions exactes, qu'on ne peut acquérir qu'en lisant les Écrits de Swedenborg. Il est encore plusieurs autres Articles que nous aurions pu citer, mais leur seul examen nous aurait entraîné hors des bornes que nous nous sommes prescrites. La Revue Gallicane termine son Article sur la Nouvelle Jérusalem par ces mots : u Au reste, une » Église Chrétienne de cent mille âmes mérite atten» tion; et nous avons dessein d'examiner un jour, » dans la Revue Gallicane, les doctrines particuliè» res de la Nouvelle Jérusalem. » — Nous pensons que les Rédacteurs de la Revue Gallicane, avant de juger des doctrines particulières de la Nouvelle Jérusalem, voudront bien prendre connaissance de l'ensemble de la Nouvelle Théologie Chrétienne, car sans la connaissance de l'ensemble, il est généralement difficile de porter un jugement sain sur les détails. Nous attendons cela de leur bonne foi et de leur impartialité.
DIGRESSION SUR LA POLITIQUE (*).
Quoique notre Revue ne s'occupe point de politique, les grands événements qui viennent de s'accomplir en France sont d'une telle nature, que nous devons nécessairement en parler, ne fût-ce que pour montrer que la Révolution de 1848, attribuée à la Providence par ceux-là mêmes qui ne professent ordinairement aucune religion, est visiblement destinée par le Seigneur à hâter la descente de la Nouvelle Jérusalem sur la .terre. Pour nous, tout événement, grand ou petit, est providentiel; car nous savons que la Divine Providence est universelle, Détendant à tout, et qu'il n'arrive jamais rien sans la permission du Seigneur; mais nous divisons les événements en deux classes, les uns directement providentiels, les autres indirectement providentiels; et pour distinguer à quelle class,e appartient un événement, il nous suffit d'examiner s'il est de nature à favoriser ou à contrarier le but constant du Seigneur, à savoir, le bonheur spirituel de l'humanité, d'où résultera plus tard son bonheur temporel. Or, comme il nous est prouvé que les hommes ne pourront parvenir à ce bonheur que dans le sein de (*) Voir aux notes additionnelles.
DIGRESSION SUR tA POLITIQUE.
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la Nouvelle Jérusalem, et que le Règne de la Nouvelle Jérusalem ne pourra être établi sur la terre qu'autant qu'il y aura liberté des cultes, non-seulement de droit, mais aussi de fait, nous en concluons que tout événement politique qui donne chez un peuple plus d'extension à la liberté des cultes est directement providentiel, et que tout événement politique qui restreint cette liberté est indirectement providentiel, c'est-à-dire que le Seigneur l'a seulement permis, et cela, afin de laisser intact le libre arbitre humain ; il est indirectement providentiel, en ce sens qu'il concourt indirectement au but constant de la Divine Providence, parce que, quelque pernicieux que soit un événement, le Seigneur en tire toujours du bien. L'humanité est libre de s'écarter du chemin qui doit la conduire aux hautes destinées qui lui ont été promises, et elle s'en écarte très-souvent; mais, tout en lui laissant entière cette liberté dont il l'a douée et sans laquelle elle ne serait qu'une machine, le Seigneur la ramène constamment dans ce chemin, et même presque toujours sans qu'elle s'en doute. D'après cela, il est bien évident pour nous que la Révolution de 1848 est directement providentielle, car elle va donner à la liberté des cultes un développement immense, en l'établissant de fait en France, et en disposant toutes les nations du globe à conquérir cette précieuse liberté, qui est aux autres libertés ce que le spirituel est au naturel. C'est donc
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DIGRESSION SUR LA POLITIQUE.
avec acclamation que nous avons salué la République naissante; nous ne l'acceptons pas comme une nécessité, nous l'accueillons avec le respect que tout homme religieux doit avoir pour une forme de gouvernement qui nous est si visiblement donnée par la Providence Divine. Jusqu'ici notre Bévue a été étrangère à la politique, elle continuera à suivre la même marche; néanmoins elle ne s'interdira pas, comme par le passé, de s'occuper de faits politiques, lorsque ces faits se rattacheront à des sujets religieux; elle en fera ressortir les avantages ou les désavantages pour la Nouvelle Église. Quant aux faits antérieurs à la Révolution de Février, si nous ne nous en sommes pas occupé dans la Bévue, il nous est quelquefois arrivé, comme correspondant du New-Jérusalem Magazine, de les discuter dans les lettres que nous adressons chaque mois à ce Journal, qui se publie à Roston (États-Unis d'Amérique). Nous pourrions en donner ici la substance dans un simple résumé ; mais plusieurs de nos abonnés, qui ont lu ces lettres traduites en anglais dans le journal américain, ayant témoigné le désir d'en voir reproduire quelques-unes dans cette Bévue, nous allons donner, avec leur date, celles qui ont quelque rapport avec les événements qui fixent maintenant l'attention.
191 Aux Rédacteurs du New Jérusalem Magazine, à Boston. SUR L'ÉTABLISSEMENT DE LA NOUVELLE ÉGLISE EN EUROPE (*). Saint-Amand (Cher), 12 février 1847. A défaut d'autres nouvelles, permettez-moi de vous présenter quelques considérations générales sur l'établissement de la Nouvelle Église dans notre vieille Europe. Il est incontestable que la Nouvelle Église régnera sur toute la surface de notre globe : c'est ce que le Seigneur a annoncé par ses Prophètes dans mille passages de l'Ancien et du Nouveau Testament ; c'est ce qu'il nous déclare aujourd'hui dans les Écrits de Swedenborg, par lesquels il a dévoilé sa Sainte Parole, et a fait une nouvelle Dispensation de Vérités Divines. Mais pour que le Royaume du Seigneur s'étende sur toute la terre, il faudra nécessairement beaucoup de temps, car le Seigneur ne contraint personne; il frappe, il est vrai, chaque jour et à chaque instant à la porte de chacun, mais il veut qu'on lui ouvre librement; telles sont les lois de son Ordre Divin. Or, l'empire de l'amour de soi et du (*) Voir aux notes additionnelles.
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monde est encore si grand dans notre vieille Europe, que bien peu d'hommes aujourd'hui entendent la voix du Seigneur; et encore, parmi ceux qui l'entendent, bien peu se décident à tenir la porte ouverte. Il serait à désirer que la Nouvelle Église pût s'établir chez nous d'une manière insensible et sans secousses violentes, mais pour cela il faudrait que nos vieilles sociétés se transformassent volontairement, car « toutes choses doivent être nouvelles » dans le Royaume du Seigneur, non-seulement quant au spirituel, mais aussi quant au moral, au politique et au civil, puisque ceux-ci dépendent de celuilà. Or, l'ordre étant depuis longtemps renversé, pouvons-nous espérer que le rationnel et le scientifique se soumettront d'eux-mêmes au spirituel? Quand l'histoire des quinze derniers siècles prouve, dans chacune de ses pages, que le spirituel a toujours abusé ou cherché à abuser du pouvoir, ne devientil pas presqu'impossible de détruire les préventions qu'on a en général contre le spirituel, c'est-à-dire, contre quiconque déclare le spirituel au-dessus de tout ce qui est naturel? Et comment prouver que ce prétendu spirituel de la Vieille Église est faux, tant que le mot seul restera un épouvantail pour la plupart des hommes instruits, dont l'opinion a tant d'empire sur les masses? Pouvons-nous dès lors espérer que le véritable spirituel puisse, du moins •chez nos contemporains, reprendre le rang qui lui
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est dû? Et dans l'ordre politique et civil, pouvonsnous espérer que les Potentats, tant Catholiques romains que Protestants et Grecs, se soumettent jamais volontairement aux principes célestes de la Nouvelle Jérusalem, quand les uns regardent encore le Catholicisme romain comme le plus ferme soutien de leurs trônes, parce qu'ils s'en servent en le ravalant au rôle d'agent de police morale, et que les autres se sont faits ou cherchent à se faire Chefs suprêmes ou Papes de leur communion, afin de réunir en eux le pouvoir spirituel au pouvoir temporel? Si nous avons peu d'espoir que la transformation de nos vieilles sociétés se fasse insensiblement et sans commotions, nous ne devons pas cependant rejeter cette hypothèse consolante, car le pouvoir du Seigneur est immense et sa Miséricorde est infinie. Si le Seigneur a laissé les hommes dans l'ignorance sur un point qui semble si important pour eux, lorsque cependant il leur a révélé par sa Dernière Dispensation les plus sublimes vérités, c'est encore par un effet de sa bonté inépuisable, c'est pour qu'ils jouissent pleinement de'lellr liberté, car la connaissance de l'avenir, en ce qui concerne les faits particuliers, les priverait de leur libre arbitre, et serait pour eux plus désastreuse que profitable, parce que, dans leur imprévoyance et leur précipitation, ils dérangeraient les plans de sa Divine Providence. Conservons donc encore quelque espoir, et tout «en nous 17.
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résignant à la volonté du Seigneur, prions-Le d'attirer à Lui, s'il est possible, nos malheureux contemporains. Portons maintenant nos regards sur ce qui arriverait si la Nouvelle Église ne pouvait pas s'implanter dans notre Europe, avant que le vieux Monde Chrétien eût été renouvelé. Cette seconde hypothèse exige un sérieux examen, non-seulement en raison des faits qui viennent d'être rapportés, mais encore à cause de certaines assertions de Swedenborg. Vous savez, en effet, que Swedenborg, lorsqu'il parle de la consommation des diverses Églises et de l'instauration de l'Église qui doit succéder, s'explique toujours d'une manière pour ainsi dire affirmative, en ce qui touche le passé. Il dit par exemple, dans les Arcanes Célestes, N° 2910 : « Quand une Église est consommée et » périt, le Seigneur en suscite toujours une nouvelle » quelque part, mais rarement, si jamais, d'entre » les hommes de l'Église précédente, mais c'est d'en» tre les nations qui ont été dans l'ignorance. » Dans d'autres passages il répète en général ces mots : « rarement, si jamais; » mais au N° 2986, il parle aussi, sans la nommer, de la Nouvelle Jérusalem, car il dit : « Après que ce simulacre d'Église (l'É» glise juive) eût été consommé, la Primitive Église » fut instaurée avec des nations (Gentils;, les Juifs » ayant été rejetcs : il en sera de même de cette » Église gui est appelée Chrétienne (Similitcr
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» erit cum hac Ecdesia quœ Christiana dicitur). » II semble donc résulter de ce passage, que les Chrétiens seraient rejetés de la Nouvelle Jérusalem, comme les Juifs l'ont été de la Primitive Église Chrétienne. Toutefois, cela ne peut concerner que la généralité des Chrétiens, et non tout chrétien, puisqu'il est bien certain que ce sont des Juifs qui ont formé le noyau de l'Église Chrétienne. Un siècle s'est déjà écoulé depuis que Swedenborg a publié les Arcanes Célestes; si tous les événements qui sont survenus pendant ce siècle prouvent que la Vieille Église est tombée, qu'il est impossible qu'elle se relève, et que le Royaume du Seigneur s'avance à grands pas, ils prouvent aussi que le vieux Monde Chrétien rejette l'influx du Seigneur, puisque, malgré les signes des temps, il se précipite de plus en plus dans un sensualisme qui le conduira à sa destruction. L'expérience viendrait donc déjà confirmer l'assertion de Swedenborg, et porterait à conclure qu'à l'exemple du Christianisme, qui a commencé à être prêché dans la Judée par des hommes qui avaient appartenu au Judaïsme, la Nouvelle Jérusalem continuera encore à être répandue dans le vieux Monde Chrétien par des hommes ayant appartenu à la Vieille Église, et que, comme la grande majorité du peuple Juif a refusé d'entrer dans le Christianisme, de même la grande majorité des Européens refusera d'entrer dans la Nouvelle Jérusalem.
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Dans celte seconde hypothèse qui paraît ainsi la plus probable, si des événements au-dessus de loule prévision humaine ne viennent pas changer la marche des choses, la Nouvelle Jérusalem opérera sans bruit, au milieu du vieux Monde Chrétien, les travaux nécessaires et indispensables à sa manifestation parmi les Gentils, manifestation qui aura lieu quand les Gentils auront été entièrement disposés par le Seigneur à recevoir les vérités de la Nouvelle Doctrine. Et, du reste, les Gentils ne sont-ils pas déjà pour la plupart bien plus près de la Nouvelle Église que les Chrétiens? Les Mahométans, par exemple, ne reconnaissent qu'un seul Dieu, tandis que les Chrétiens en ont trois; ils suivent par religion les préceptes du Décalogue, tandis que ceux des Chrétiens qui les suivent, ce n'est le plus souvent que par moralité; or, la reconnaissance d'un seul DieuHomme et la vie par religion selon les préceptes du Décalogue étant les deux Essentiels de la Nouvelle Église, les Mahométans n'ont plus qu'un pas à faire, c'est de reconnaître le Seigneur Jésus-Christ pour le Dieu Unique. Toutefois, ce pas serait très-difficile si les Mahométans étaient restés dans leur immobilisme; mais, que voyons-nous depuis peu? Non-seulement les Mahométans, mais les peuples de l'Inde, mais la Chine, mais les Iles les plus retirées, tout sort de l'état de somnolence, tout s'cbranle, tout marche; et cependant nous ne sommes encore qu'au commencement des grands événements naturels qui se-
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ront dus à la vapeur et aux autres découvertes scientifiques dont le nombre s'accroît chaque jour; encore quelques années, et le Monde entier va être ouvert aux Chrétiens de la Vieille Église; et ces pauvres Gentils que le Seigneur dispose avec tant de soin pour sa Nouvelle Église deviendraient infailliblement la proie des Européens, qui leur inculqueraient leurs fausses doctrines et leurs idées philosophiques, si le Seigneur n'y avait pourvu en laissant se développer au sein des sociétés Chrétiennes une lèpre, le paupérisme, qui, au souffle du vent oriental, quand leur temps sera arrivé, fera disparaître ces sociétés de la scène du Monde, comme ont disparu les puissants Empires de Babylone, d'Assyrie et d'Egypte, et comme plus tard a disparu l'Empire Romain dont la puissance cependant paraissait indestructible lors de la naissance de la première Église Chrétienne. S'il en doit être ainsi, ne faut-il pas qu'auparavant les Écrits de la Nouvelle Dispensation soient traduits dans les langues des peuples Chrétiens dont l'action se fera le plus sentir sur les Gentils, afin que ces Écrits servent de contre-poison aux doctrines fausses qu'on cherchera à répandre parmi eux? C'est donc aux disciples à redoubler de zèle dans leurs travaux. Peu importe que le vieux Monde ne s'occupe point d'eux ; qu'ont-ils à faire avec lui? D'ailleurs, ne vaut-il pas mieux que, pour son propre intérêt spirituel, ce vieux Monde reste dans l'igno17*.
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rance que de connaître des vérités qu'il profanerait? Toutefois, comme la moisson est grande, et qu'il y a peu d'ouvriers, c'est aux disciples à prier instamment le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson ; et, parmi ces masses indifférentes, le Seigneur, qui seul sonde les cœurs et les reins, saura bien discerner ceux qui sont susceptibles de connaître et d'aimer la vérité, et il les leur adjoindra pour les aider à accomplir cette grande tâche qui leur est maintenant imposée, à savoir : Restituer la Bible dans sa plus grande pureté, au moyen des Écrits de Swedenborg, afin qu'elle puisse être traduite littéralement et fidèlement dans toutes les langues; et traduire dans les principales langues de l'Europe les Ouvrages qui concernent la Nouvelle Dispensa tion. J'ai dû, chers frères, examiner les deux hypothèses au sujet de l'établissement de la Nouvelle Jérusalem sur notre Globe; et je l'ai fait rapidement afin de ne pas dépasser les bornes d'une lettre; mais dans la seconde hypothèse elle-même, comme la Nouvelle Église sera le couronnement de toutes les précédentes, et qu'elle doit régner à toujours sur toute la terre, il s'ensuit que si nos Empires actuels sont détruits comme ceux de l'Antiquité, du moins ils ne resteront point livrés à une désolation si longue, et que le Seigneur les rétablira sous une autre forme avec de vrais Chrétiens, chez qui la science restera subordonnée au rationnel et le rationnel au spirituel.
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Ainsi dans l'une et dans l'autre hypothèse, les travaux et les efforts des disciples sont de la plus haute importance. Si les disciples, sous la direction du Seigneur, parviennent à faire adopter les doctrines célestes de la Nouvelle Jérusalem par le vieux Monde Chrétien, ce Monde sera sauvé de la destruction par une rénovation qui s'opérera plus ou moins sensiblement, avec plus ou moins de promptitude, mais qui n'en sera pas moins complète; si, au contraire, le vieux Monde rejette ces doctrines célestes, il disparaîtra infailliblement dans des convulsions affreuses, mais sur ses ruines s'édifiera une société de vrais chrétiens, dont les travaux des disciples auront préparé la formation. Quelques mots encore : Si, dans ce simple exposé, je nie suis servi de l'expression : «Vieux Monde Chrétien, » c'est pour indiquer que la jeune Amérique, et surtout votre patrie, se trouvent dans un cas tout exceptionnel. Chez vous, il est vrai, règne comme partout ailleurs l'amour de soi et du monde ; mais il n'y a pas comme dans la vieille Europe, autant d'obstacles à l'établissement de la Nouvelle Église, ni les mêmes causes de destruction violente. Votre Gouvernement ne reconnaît pas de religion d'État; tous les cultes sont libres, et aucun n'est privilégié au détriment des autres; votre Chef ou Président n'étant élu que pour quatre ans, n'a aucun intérêt à réunir en sa personne le spirituel au temporel ; du reste, votre population a déjà secoué une grande
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DE LA NOUVELLE ÉGLISE EN EUROPE.
partie des préjugés qui régnent en Europe; et chaque jour elle se recrute d'hommes qui, par cela seul qu'ils abandonnent leur patrie, ne tiennent pas beaucoup à ses vieux principes politiques ni à ses dogmes religieux. Quant au paupérisme, cette plaie effrayante, ce nouvel Attila, dont les bataillons se grossissent chaque jour, et commencent déjà à menacer l'Europe, quoiqu'il existe aussi chez vous, il ne se présente pas si menaçant, et d'ailleurs il pourra être facilement apaisé. Chez nous, il n'y a pas un centiare de terre qui n'ait son maître; dès lors comment satisfaire ce désir de posséder qui alimente continuellement la haine du prolétaire contre le propriétaire? vous, au contraire, vous avez d'immenses terrains libres, et malgré les distributions qui peuvent être faites dès à présent, il en resterait toujours assez pour apaiser le prolétariat, si, levant sa tête menaçante, il demandait à jouir, lui aussi, des avantages de la propriété.
SUR LE RETABLISSEMENT DES JUIFS DANS tA TERRE DE CANAAN (*).
Saint-Amand (Cher), 1" octobre 1847. Il est une croyance généralement répandue dans les divers communions de la Vieille Église, c'est que les Juifs se convertiront enfin au Seigneur et seront de nouveau introduits dans la terre de Canaan. De là proviennent ces efforts multipliés que font dans tous les pays certaines sociétés de Chrétiens pour la conversion des Juifs. Cette croyance est-elle fondée, et ces efforts par conséquent ont-ils quelques chances de succès? En cela, comme en beaucoup d'autres choses, la Nouvelle Église du Seigneur est en complet désaccord avec la Vieille Église. En effet, Swedenborg déclare positivement que si la nation juive a été conservée jusqu'à ce jour, ce fut à cause de la Parole de l'Ancien Testament, parce qu'il avait été prévu par le Seigneur que les Chrétiens rejetteraient presque cette Parole, et en souilleraient les internes par des choses profanes; et il ajoute que si les Chrétiens qui (*) Voir aux notes additionnelles.
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connaissent les internes eussent pu vivre en hommes internes, il y a longtemps que cette nation eût été détruite. — Arcanes Célestes, Nos 3479, 7051. Or, puisque le Seigneur instaure maintenant une Nouvelle Église sur la terre, et qu'il n'est plus à craindre que la Parole de l'Ancien Testament, aujourd'hui en la possession de cette Église, soit rejetée ou falsifiée, nous devons en conclure que la nation juive va être détruite ou disparaître de la terre. Voyons donc si les faits accomplis depuis que la Nouvelle Église a commencé à être manifestée publiquement sont d'accord avec cette conclusion. Mais, avant tout, il importe de dire ce qu'on doit entendre par la disparition de la nation juive : La disparition des Juifs n'implique pas leur anéantissement comme individus. La nation juive disparaîtra comme toutes les autres nations ont disparu ; les nations anciennes n'ont pas été anéanties, ou, en d'autres termes, ceux qui les composaient n'ont point été extirpés de manière à ne point laisser de descendants; mais ces nations se sont fondues insensiblement dans les nations modernes, sans laisser subsister aucune trace qui indiquât, après un certain nombre de siècles, que tel individu était originaire de telle ou telle nation ancienne. C'est ainsi, par exemple, qu'il serait aujourd'hui impossible à un Français d'établir s'il est d'une origine celtique, gauloise, romaine ou franque. Je reviens maintenant à la disparition prochaine de la nation juive.
DANS LA TERRE DE CANAAN.
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Si de toutes les nations anciennes la nation juive est la seule qui ait traversé les siècles sans se perdre ou se confondre avec les nations modernes, chacun peut, en dehors du but providentiel dont il vient d'être parlé, en voir clairement les motifs; c'est d'un côté parce qu'elle a conservé avec ténacité ses coutumes religieuses et ses mœurs, et d'un autre côté parce que toutes les nations chrétiennes avaient pour elle la plus grande aversion ; ces deux motifs réunis ont évidemment rendu impossible toute fusion entre elle et les autres peuples. Du moment donc où d'un côté les Juifs commenceraient à se relâcher de leur ténacité pour leurs coutumes religieuses, et où de l'autre côté les nations chrétiennes n'auraient plus pour les Juifs cette aversion séculaire, d'impossible qu'elle était la fusion deviendrait possible, et dès lors la disparition des Juifs comme nation ne serait plus qu'une affaire de temps. Cela doit être évident pour tout le monde. Or, cette fusion est déjà depuis quelque temps commencée, et elle est même aujourd'hui plus avancée qu'on ne le pense, car tout va vite dans notre siècle. L'initiative du rapprochement a d'abord été prise par les nations chrétiennes ; et, pour ne parler que de la France, il y a déjà un demi-siècle que les Juifs chez nous sont des citoyens français ; on les trouve maintenant partout, au barreau, dans la magistrature, à la chambre des députés, et ceux qui se sont ainsi lancés dans notre vie sociale en ont pris les mœurs,
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et même les idées philosophiques ; car, pour la plupart, ils ne tiennent pas plus à la loi de Moi'se que nos hommes du monde ne tiennent à la loi du Christ. Bien plus, les idées philosophiques du siècle et le rationalisme se sont même glissés chez une partie des Rabbins, et se répandent parmi les masses. On peut en juger par la pièce suivante qui vient de paraître dans une Revue accréditée parmi les Israélites de France : « L'expérience a établi avec évidence que la plus » grande partie de notre code religieux est devenue » impraticable, et est effectivement impratiquée par » des Israélites devenus citoyens, c'est-à-dire, par » ceux qui, ayant renoncé à une nationalité asia» tique, ont adopté la nationalité de la contrée natale. » Les hommes les plus instruits, tenant fermement » au dogme mosaïque, ont cessé de considérer com» me fondamentaux des points qui passaient pour tels » autrefois. De ce nombre sont l'inauguration mas» culinc (la Circoncision), la période septénaire, les » prohibitions alimentaires, les prescriptions pas» cales, les alliances exclusivement indigènes. En » effet, les formes du culte ne sont pas le culte ; le » fond est immuable, mais les formes varient avec » les besoins qui les ont établies, avec le- sens qu'on » y attachait, et cessent d'être obligatoires. D'ail» leurs rien n'est moins obligatoire que l'impossible. » Cette lutte contre des impossibilités que la foule
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» prétend soutenir, est le principal obstacle que la » civilisation ait à soutenir parmi nous. » Voilà où en sont les choses en France en 1847. Je n'ai pas pour le moment en ma possession les documents nécessaires pour préciser l'état où elles sont en Allemagne; mais il est à présumer qu'au milieu de l'agitation intellectuelle où se trouve maintenant ce pays, elles sont au moins aussi avancées qu'en France, si elles ne le sont pas davantage, car voici ce qu'on lisait dans la Gazette d'Augsbourg, il y a quelques années (août 1843): « Des Israélites de Francfort-sur-le-Mein ont cons« titué une société réformatrice, pour confesser pu» bliquement des principes qui se résument en trois » points : 1° La loi de Moi'se est susceptible de dé» veloppement et de progrès ; 2° Le Talmudn'a. au» cune autorité obligatoire ni en principe ni en praM tique; 3°La venue d'un Messie pour conduire les » Israélites en Palestine n'est ni attendue ni souhaitée » d'eux ; ils ne reconnaissent pour patrie que celle à » laquelle ils appartiennent par leur naissance ou par » les rapports civils. » Le journal français qui reproduisait l'article de la Gazette d'Augsbourg contenait à la suite les réflexions-suivantes faites par un Allemand : « L'Allemagne est le pays des réformes religieuses. » Après avoir, au XVe siècle, battu en brèche l'au» torité papale, après avoir la première consacré le » grand principe de la liberté de conscience, la voilà 18.
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» » » » »
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qui prélude à l'émancipation de la race juive, émancipation difficile ou à peu près impossible dans des pays comme la Pologne ou la Russie, mais facile et bien préparée chez nous par l'émancipation morale et industrielle de ce peuple. » II y a déjà une quinzaine d'années que les Israé» lites éclairés de Berlin, comprenant les besoins de » la Société actuelle, entreprirent d'introduire le » principe de la réforme dans leur culte suranné, et » de se rapprocher par là du milieu chrétien plus » que cela ne s'était fait jusqu'alors. Aujourd'hui il » ne s'agit de rien moins pour une partie de nos Juifs, » que d'abandonner la Circoncision. La ville de » Francfort a, la première, donné le signal de cette » réforme, et d'autres localités ont l'intention d'imi» ter cet exemple. Il va sans dire que le vieux parti » orthodoxe, à la tête duquel se trouve la famille » Rothschild, ne voit pas sans dépit celte défection, » et qu'il fait tout son possible pour l'empêcher. » Menaces, promesses, tout est employé pour rame» ner dans le bercail le troupeau égaré. L'heure de » la délivrance a sonné pour la maison d'Israël, et » toutes les menées de la faction Rothschild seront » en pure perte. Peu à peu le parti progressif se » confondra dans la société chrétienne, et ainsi se » trouvera résolue la principale difficulté qui, jus» qu'à présent, s'opposait à l'émancipation complète » d'une partie notable de notre population. » — » Démocratie Pacifique, 30 août 1843.
DANS LA TERRE DE CANAAN.
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Que conclure de tout cela, sinon que la disparition des Juifs, annoncée par Swedenborg à une époque où rien ne présageait un tel événement, est aujourd'hui dans sa première phase d'accomplissement, et que le temps n'est pas éloigné, où la nation juive se trouvera entièrement fondue dans toutes les nations parmi lesquelles elle a vécu tant de siècles sans aucun mélange. Ainsi la nation juive sera détruite et non pas rétablie dans la terre de Canaan ; ainsi les efforts des comités chrétiens pour la conversion des Juifs seront impuissants. Les Juifs abandonneront leur nationalité et leurs coutumes religieuses pour des avantages mondains et terrestres et non pour des avantages spirituels, qu'ils dédaignent aujourd'hui comme ; il y a dix-huit siècles. „ I
SUR PIE IX EN 1847 (*).
Saint-Amand (Cher), 1" novembre 1847. Depuis ma dernière lettre où je vous parlais de la destruction prochaine de la nation juive par la fusion complète des Juifs avec les autres peuples, il s'est produit en France un nouveau fait qui va accélérer encore cette prochaine disparition des Juifs, annoncée par notre Swedenborg à une époque où rien ne pouvait la faire présumer. Voici ce fait : Un mariage avait été contracté en 1842, à Marseille, entre un catholique romain et une juive, et malgré toutes les démarches qui furent faites depuis ce moment auprès de l'autorité ecclésiastique, celle-ci avait opiniâtrement refusé jusqu'ici d'en permettre la bénédiction ; mais une demande ayant été adressée dernièrement à Pie IX, l'autorisation fut aussitôt accordée, et ce mariage mixte vient d'être béni par un prêtre catholique romain. C'est le premier mariage autorisée par l'Église romaine entre Catholiques et Israélites. Ainsi se trouve levé en France le dernier obstacle à la fusion qui, dès ce moment, ne pourra plus être arrêtée (*) Voir aux notes additionnelles.
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chez nous dans sa progression croissante et rapide. Ce fait me conduit naturellement à vous parler de Pie IX et de ses réformes, dont le retentissement n'a pas manqué de venir jusqu'à vos lecteurs. Quoique le mouvement, qui s'est emparé des peuples de l'Italie à la voix de Pie IX, soit avant tout essentiellement politique, et quoiqu'il s'agisse surtout de réformes dans l'ordre temporel, les réformes dans l'ordre spirituel auront certainement leur tour ; alors les Chrétiens de la Nouvelle Jérusalem pourront, en connaissance de cause, porter un jugement sur Pie IX ; mais jusque-là ils ne peuvent voir dans Pie IX qu'un prince dont le courage est admirable, qu'un tribun couronné appelant les peuples à la liberté, qu'un patriote s'occupant avec persévérance de l'émancipation intellectuelle et politique des Italiens. Comme prince souverain, Pie IX peut, dès à présent, être jugé, mais comme pape il importe de suspendre toute appréciation de son caractère jusqu'à ce qu'il se soit manifesté par quelques actes importants. Nous n'aurons cependant pas longtemps à attendre, la liberté civile et politique appelle la liberté religieuse; l'une est la conséquence inévitable de l'autre ; après avoir obtenu leurs droits de citoyens, les peuples réclameront infailliblement leurs droits de chrétiens. Gardons-nous toutefois de croire que les réformes religieuses qui partiront de Rome puissent amener autre chose qu'un déchirement dans le catholicisme 18*.
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SUR PIE IX EN 18*7.
romain, déchirement qui pourra causer de grandes catastrophes dans l'ordre moral et civil, mais qui conduira nécessairement à une plus grande émancipation de la liberté de conscience, principal but providentiel de l'élévation de Pie IX au pontificat ; car lors même que nous supposerions que le Pape aurait connaissance de nos célestes doctrines, et les reconnaîtrait de cœur, il deviendrait impuissant du moment où il témoignerait l'intention de les faire admettre, et il se verrait aussitôt brisé par ceux-là mêmes qui ont contribué à son exaltation. En effet, on peut supposer qu'un prêtre, malgré l'éducation qu'il a reçue dans le séminaire, malgré les doctrines qu'il est obligé de suivre et de prêcher publiquement, malgré tous les avantages mondains qu'elles lui procurent, malgré le pouvoir spirituel qu'elles lui donnent dans ce monde-ci et pour l'autre, on peut, dis-je, supposer qu'un prêtre, quoiqu'entravé par tant d'obstacles, soit néanmoins intérieurement convaincu que cette éducation est pernicieuse, que ces doctrines sont fausses, que les avantages mondains qu'elles procurent sont pour la perte de l'âme, qu'il n'a lui-même en réalité aucun pouvoir spirituel, et soit par suite de cette conviction porté à rechercher la vérité ; et que, l'ayant trouvée, il reconnaisse de cœur que l'Humain du Seigneur est Divin, et qu'en conséquence Jésus-Christ est à la fois le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et qu'on ne peut être sauvé qu'en vivant selon les préceptes de ce Dieu unique.
SUR PIE IX EN W7.
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Mais cette supposition, qui peut sembler à beaucoup de personnes bien hasardée, pourrait-on la faire même pour un très-petit nombre de prêtres? En trouverait-on un sur mille qui fut disposé à abandonner pour la vérité tous les avantages qu'il tire de sa position ? Or, puisque dans la supposition même où Pie IX reconnaîtrait nos doctrines célestes, il serait impuissant pour les faire admettre, nous devons en conclure que nous n'avons rien à espérer directement des réformes religieuses qu'il pourra faire ; je dis directement, car ces réformes, quelles qu'elles soient, auront une grande importance pour nous en ce sens, qu'elles donneront une plus grande latitude à la liberté de conscience. Ce qui étonne dans les événements dont la péninsule Italique est aujourd'hui le théâtre, ce n'est pas tant de voir un pape libéral se tracer et suivre avec résolution une marche politique opposée à celle de ses prédécesseurs en rompant ainsi avec le passé, que de voir une partie du clergé appuyer des réformes qui paraissent si contraires à son intérêt. Je citerai ici une disposition importante du Molu proprio de Pie IX sur la municipalité : Cette disposition remet à l'autorité municipale la tenue des registres de l'état civil, sans préjudice cependant des registres tenus par le clergé. Mais les registres municipaux, plus complets, ne tarderont pas à éclipser les autres, comme cela s'est fait en France. C'est là une mesure des plus hardies, qui aurait dû soulever une répro-
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SUR PIE IX EN »847.
bation invincible dans le clergé, et cependant le clergé n'a pas fait de protestation. On se demande donc si les adhérents ecclésiastiques de Pie IX sont de bonne volonté, ou s'ils ne le suivent que parce qu'il est le chef et que de lui dépendent les faveurs, ou parce que dans le mouvement général des esprits ils craignent de se montrer hostiles au vœu des populations. Comme il vaut mieux supposer la bonne volonté, examinons si le bon vouloir du clergé peut se concilier avec son intérêt bien ou mal entendu, car si la conciliation est possible, l'étonnement devra disparaître. Le clergé catholique romain a toujours eu pour but la domination, et pour atteindre ce but il s'est ligué selon les circonstances, soit avec les peuples, soit avec les rois ; ligué avec les peuples, il abaissait les rois ; ligué avec les rois, il foulait les peuples ; tels sont les enseignements de l'histoire. Malgré son abaissement actuel, le clergé n'a pas cessé de rêver le retour de cette suprême domination, qui lui est échappée peu à peu du moment où les trônes ont commencé à se consolider par la destruction successive des grands vassaux et de la féodalité. Depuis cette époque il est resté, il est vrai, presque toujours ligué avec les rois contre les peuples, mais il y a eu pour cela plusieurs causes ; d'abord les peuples étaient trop faibles et les rois trop forts ; ensuite les rois ont toujours eu soin de flatter le clergé, et de lui assurer des avantages ho-
SCR PIE IX EN m?.
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norifiques et pécuniaires; enfin, il était resté au clergé pour consolation sa puissance spirituelle tant sur les grands que sur le peuple. Mais aujourd'hui tout est bien changé, les peuples sont devenus ou deviennent forts, et les trônes vacillent ; les avantages du clergé sont ou diminués ou perdus, et ceux qui lui restent sont menacés d'être engloutis avec les trônes ; enfin sa puissance sur les âmes a tellement été attaquée par les idées philosophiques, qu'elle n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était. Dans ces circonstances, lorsque le haut clergé voit à sa tête un homme jeune encore, hardi, entreprenant, devenu en quelques jours l'idole d'un peuple de vingt-sept millions d'âmes, est-il bien étonnant qu'il juge le moment arrivé de changer sa tactique en abandonnant les rois pour se mettre avec les peuples ? Le bon vouloir des adhérents ecclésiastiques de Pie IX peut donc ainsi se concilier parfaitement avec leurs intérêts ; mais ils sont dans une grande erreur, s'ils croient par là arriver à cette domination qui n'a pas cessé d'être le but de tous leurs actes ; elle est à jamais perdue pour eux, et il n'est pas d'efforts qui puissent la rétablir. Les peuples pourront se servir du clergé pour recouvrer leurs droits, mais il ne sera pour eux qu'un simple instrument, qu'ils briseront dès qu'ils auront obtenu une victoire complète. Il faudra pour les peuples émancipés et libres autre chose qu'une doctrine religieuse qui, en proscrivant l'examen, détruit la liberté de conscience, la
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SUR PIE IX EX W7.
plus précieuse de toutes les libertés, et accorde aune classe d'hommes un pouvoir qui ne peut appartenir qu'à Dieu seul.
SUR LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE (*).
Saint-Amand (Cher), 10 janvier 1848. Quoique le but de votre journal soit de répandre les vérités spirituelles, je crois cependant qu'en présence des graves événements politiques, sociaux et scientifiques, qui surgissent chaque jour et de tous côtés sur la surface de notre globe, il ne serait pas hors de propos de jeter de temps en temps un coup d'œil sur le milieu naturel dans lequel nous vivons ; et qu'en conséquence je puis, dans une correspondance avec vous, aborder quelquefois des faits politiques, ou sociaux, ou scientifiques, en les rattachant aux faits spirituels qui les dominent nécessairement, puisqu'il n'y a rien de naturel qui ne soit dominé par quelque chose de spirituel qui y correspond. Je commence aujourd'hui par les faits politiques, non pas que je veuille les examiner en détail, mais pour montrer qu'ils tendent tous directement ou indirectement, sans que les publicistes le présument, vers un principe spirituel, la liberté de conscience. Ce principe, je le trouve implicitement écrit dans (*) Voir aux notes additionnelles.
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SUR LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE.
la Divine Parole, et manifestement dévoilé par la Nouvelle Dispensation. En effet, d'un côté la Parole déclare qu'à la consommation du siècle le Règne du Seigneur s'établira sur toute la terre. D'un autre côté la Nouvelle Dispensation nous prouve que la consommation du siècle est la fin de la première Église Chrétienne, à savoir, quand il n'y n'aura plus en elle ni charité ni foi ; et que le Règne du Seigneur sur la terre est l'établissement d'une nouvelle Église où le Seigneur sera reconnu pour seul et unique Dieu, et où l'on vivra librement selon ses préceptes. De plus, la Nouvelle Dispensation nous apprend, et les faits nous confirment, que la première Église Chrétienne a cessé d'exister, comme Église, depuis 1757 ; et que la Nouvelle Jérusalem, depuis cette époque, descend peu à peu du ciel sur la terre. " Ainsi il est incontestable pour tous les nouveaux Chrétiens, que la Nouvelle Jérusalem régnera sur toute la terre dans un temps plus ou moins éloigné ; or, elle ne peut régner qu'autant que la liberté régnera, car l'homme ne pouvant être régénéré que dans l'état libre, il en est de même des peuples et de l'humanité entière; et comme tout doit être successivement et nécessairement dispose par le Seigneur pour que son Règne arrive, il en résulte que, malgré la perversité humaine, et sans que le libre arbitre humain soit brisé, les grands événements politiques convergeront tous vers ce principe sacré, liberté de conscience, et que tout ce qui s'opposera
SUR LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE.
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à l'établissement de ce principe sera tôt ou tard brisé. Le principe une fois posé et admis, il est facile de se former un jugement sur les faits politiques. Pour qu'un peuple parvienne à la liberté de conscience, il est d'abord nécessaire qu'il obtienne la liberté politique, car sans celle-ci la liberté de conscience est illusoire, ou du moins très-précaire. De là il résulte : 1° que tout peuple qui n'a pas encore obtenu la liberté politique est destiné à subir des commotions et des révolutions pour parvenir à celte liberté. Exemples : l'Italie, une grande partie de l'Allemagne, la Russie, etc. 2° Que tout peuple qui a obtenu la liberté politique devra encore subir des commotions et des révolutions pour qu'il obtienne la liberté de conscience. Exemples : l'Espagne, la Grèce, le Mexique, l'Amérique méridionale, etc. 3° Et, enfin, que tout peuple qui n'a la liberté de conscience que de droit subira de nouveau des commotions et des révolutions jusqu'à ce qu'il l'ait obtenu de fait. Exemples : La France, etc. Comme la Divine Providence est universelle et qu'il n'arrive rien sans la permission du Seigneur, il en résulte que tout fait politique ayant pour but d'étendre la liberté d'un peuple est directement providentiel, et que tout fait politique tendant à restreindre cette liberté est indirectement providentiel, c'est-à-dire qu'il a été seulement permis par le Seigneur pour ne pas froisser le libre arbitre humain, 19.
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et que, bien qu'il paraisse opposé aux vues de la Providence, il y tend cependant indirectement, et cela, parce que le Seigneur lire toujours du bien d'un événement quel qu'il soit. Ainsi, dans les luttes que soutiendront les peuples pour obtenir leur liberté, il pourra survenir bien des événements, qui seront jugés funestes, qui peut-être les rendront momentanément plus esclaves ; mais tous ces événements n'en tendront pas moins au but, quoiqu'indirectement, et la victoire n'en sera pas moins certaine, quoique reculée. Si nous jetons maintenant un simple coup-d'œil sur la France, qui n'a la liberté de conscience que de droit, sans l'avoir de fait, qu'y voyons-nous? Des symptômes bien frappants d'une prochaine commotion qui nous conduira entin à la vraie liberté de conscience. Depuis soixante ans que la France combat pour la liberté, elle a toujours instinctivement considéré le Calholicisme-romain, sous le nom de parti-prêtre ou de jésuite, comme son ennemi le plus dangereux. Après chaque victoire nationale, le peuple français a cru ce parti abattu pour toujours, et peu de temps après il l'a vu se relever, grandir et dominer dans les conseils du gouvernement. N'est-ce pas ce qui est encore arrivé depuis 1830? Quoiqu'il fut prouvé aux yeux des moins clairvoyants que le parti-prêlre avait cauîé les malheurs de Louis XVI, contribué puissamment à la chute de Napo'éon, et liàtéle renvoi honteux de Charles X, le Gouverne-
SUR LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE.
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ment nouveau a été assez insensé pour se confier à ce parti, qui maintenant domine ostensiblement dans ses conseils. Le Gouvernement actuel est aussi aveugle sur ce point que le Gouvernement impérial ; il croit que le clergé lui sert d'instrument, et c'est luimême qui sert d'instrument au clergé. Les tendances du Gouvernement à favoriser les Jésuites ne sont plus un secret pour personne ; il les a fait sortir de France l'an dernier, il est vrai ; mais il vient de les soutenir ostensiblement en Suisse et en Italie ; il vient enfin, pour leur complaire, de fermer le cours d'un des professeurs les plus estimés du Collège de France, et ce dernier fait a soulevé l'indignation générale. Tout cela n'esl-il pas indirectement providentiel? Et si le Seigneur le permet, n'est-ce pas afin que nous arrivions par là à la liberté de conscience de fait? En effet, il sera désormais impossible à de nouveaux jongleurs politiques de l'escamoter encore une fois, lorsqu'une commotion, qui devient chaque jour de plus en plus imminente, aura brisé toutes les entraves. Le peuple, trompé tant de fois, ne se contentera pas de la voir inscrite dans une Charte, il exigera des garanties certaines, il la voudra réellement en fait, et il l'aura. Alors et seulement alors l'abîme des révolutions sera fermé pour nous, car cette précieuse liberté est la fin pr opter quem. C'est aussi pour cette liberté que tous les autres peuples combattent à leur insu, et sans qu'ils s'en rendent compte, parce qu'elle est indispensable pour l'établissement du Règne du Seigneur sur la terre.
DANGER DE LA PROPAGANDE DANS L ÉTAT ACTUEL DE LA FRANCE (*).
Saint-Amand (Cher), 20 février 1848.
En vous communiquant, au mois de décembre dernier, notre détermination de nous en tenir pour le moment à notre mode de publication, sans chercher à retendre par la prédication publique, je vous promettais d'entrer plus tard dans quelques détails. Je vais tâcher aujourd'hui de vous présenter quelquesuns des motifs qui nous ont dirigés. Si nous n'avions consulté que nos désirs, il n'y a aucun doute que nous n'eussions suivi l'impulsion donnée par quelques-uns de nos frères, car il n'y a personne qui ne souhaite ardemment voir répandre ses opinions, soit politiques, soit religienses ; mais le désir de propagation, quelque désintéressé qu'il soit, doit toujours être soumis à la prudence, et principalement en matières religieuses. Si la Nouvelle Jérusalem était une secte, elle aurait, comme toutes les sectes, fait de rapides progrès dès son apparition, pour ensuite végéter comme elles plus ou moins longtemps, avec plus ou moins de bruit ; car c'est là l'histoire de toutes les sectes, his(*) Voir aux notes additionnelles.
DANS L'ÉTAT ACTUEL DE LA FRANCE. 221 toire qui du reste s'explique facilement. En effet, quoique chaque secte ait la prétention d'être FÉglise, aucune ne l'est réellement; dès lors les principaux instigateurs d'une secte se trouvent sous la direction d'Esprits enthousiastiques qui prétendent être ou le Seigneur ou le Saint-Esprit, et qui-les poussent à une propagation d'autant plus active, qu'il s'y mêle toujours des motifs humains. Mais la Nouvelle Jérusalem étant la véritable Église du Seigneur, et non une secte, c'est sous la direction du Seigneur seul qu'elle doit marcher, et pour qu'elle se maintienne sous cette direction, il est absolument nécessaire qu'elle soit sans cesse en garde contre toute impulsion qui viendrait des Esprits enthousiastiques; car ces Esprits, semblables à des loups ravissants, tournent continuellement autour de la cité sainte, pour y trouver quelque brèche et s'y introduire. Quand on réfléchit qu'un siècle s'est déjà écoulé depuis que la Doctrine de la Nouvelle Jérusalem a commencé à être publiée, on ne peut s'empêcher de reconnaître que la marche lente, qu'elle a suivie jusqu'à présent, est due à la sagesse de la Divine Providence, qui la dirige selon ses vues impénétrables dans un chemin étroit mais sûr. Est-ce qu'elle n'aurait pas fait plus de progrès, si le Seigneur n'eût modéré le zèle des disciples î car il n'est pas un seul disciple qui, au moment de son introduction dans la Nouvelle Église, n'ait fait, selon son aptitude et ses moyens, d'immenses efforts pour hâter le Règne du 19*.
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DAXGER DE LA PROPAGANDE
Seigneur sur la terre ; mais le Seigneur a toujours modéré insensiblement ce zèle, c'est-à-dire que de naturel qu'il était d'abord il l'a peu à peu rendu spirituel, et par conséquent moins propre à captiver les hommes, qui pour la plupart ne sont accessibles qu'autant qu'on joint à une doctrine nouvelle quelque appât terrestre conforme à leur désir. C'est encore ce que prouve l'histoire des diverses sectes religieuses, lorsqu'on l'examine avec soin, car on y reconnaît qu'elles n'ont dû en grande partie leurs succès de propagation qu'à des intérêts mondains qui venaient se joindre à leur doctrine. Ce mélange du sacré et du profane qui a existé chez toutes les sectes, parce qu'elles étaient des sectes, devait être rigoureusement interdit dans la Nouvelle Jérusalem, puisqu'elle est la véritable Église du Seigneur; et s'il y était introduit, il la ferait descendre à l'état de secte. Si donc nous voulons ne point nous opposer aux vues de la Divine Providence, et rester sous la direction du Seigneur seul, il faut que nous nous tenions continuellement en garde contre tout zèle intempestif, afin de conserver pure et sans le moindre alliage la Doctrine céleste qu'il nous a confiée comme un dépôt sacré. Maintenant, si nous appliquons à la France ces réflexions générales, il sera facile de voir que si cette Doctrine céleste était dans ce moment-ci pré chée publiquement à Paris, elle courrait de trèsgrands risques d'être pervertie ou au moins forte-
DANS L'ÉTAT ACTUEL DE LA FRANCE. 223 ment altérée, En effet, il se fait aujourd'hui en France un bouleversement complet dans toutes les idées : les découvertes, qui s'accumulent tous les jours dans chaque branche des connaissances humaines, ébranlent tellement les principes qui y étaient précédemment reconnus, que ce qu'on croyait fermement la veille être vrai, est mis en doute le lendemain. On nous dira sans doute que cet ébranlement intellectuel ne peut être que favorable à la propagation de la vérité ; cela est incontestable, et nous sommes les premiers à le reconnaître ; nous regardons même cet ébranlement comme un des principaux faits providentiels destinés à amener le Règne du Seigneur sur la terre ; mais nous n'en persistons pas moins à penser que ce serait compromettre gravement les doctrines de la Nouvelle Jérusalem, si nous les prêchions inconsidérément au milieu de cette confusion générale des idées. Une comparaison va rendre cela plus facile à saisir. Lorsqu'un orage est suspendu menaçant au-dessus de nos têtes, la lumière pénètre difficilement jusqu'à nous ; et, pour qu'elle brille dans toute sa pureté, il faut que l'orage ait été entièrement dissipé ; tant que les nuages s'accumulent, ils interceptent les rayons du soleil, et quand ils s'entrechoquent, il n'en sort que des étincelles électriques qui éblouissent plutôt qu'elles n'éclairent. C'est là précisément ce qui se présente aujourd'hui à l'égard de la vérité dont la lumière est la correspondance; il y a évidemment
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DANGER DE LA PROPAGANDE
orage dans les mentais humains qui sont représentés par le eiel astral; les nuages, qui sont les erreurs, s'y sont accumulés et interceptent la lumière, c'està-dire, la vérité ; toutes les découvertes, dont on est si fier et qui ébranlent les vieux principes, sont autant d'étincelles électriques qui se dégagent des nuages, mais elles éblouissent plutôt qu'elles n'éclairent ; le tonnerre, qui retentit avec fracas après chaque éclair, représente les discussions qui s'élèvent à l'apparition de chaque découverte nouvelle. Mais si, pendant qu'un orage suit ses phases ordinaires, le fluide électrique se trouve tout-à-coup accumulé sur l'un des principaux points d'où jaillissent les éclairs, qu'arrive-t-il ? Non-seulement l'éclair éblouit, mais il porte alors avec lui la destruction et la mort. Or, Paris est sans contredit l'un des | points principaux d'où jaillissent les éclairs spirituels ou les découvertes nouvelles ; y prêcher publiquement les vérités de la Nouvelle Dispensation au milieu de cet orage, ce serait y accumuler en trop grande abondance le fluide électrique, et l'éclair qui jaillirait du choc des nuages porterait avec lui chez les uns la destruction intellectuelle, et chez d'autres la mort spirituelle ou la profanation. La vérité ne pourra donc être maaifestée sans danger qu'après que l'orage, qui gronde maintenant sur Paris, aura été entièrement dissipé. Du resle, ce qui s'est passé jusqu'à présent en France montre suffisamment quels dangers la Nouvelle Église aurait à redouter chez nous, si dans
DANS L'ÉTAT ACTUEL DE LA FRANCE. 225 l'état actuel des esprits sa Doctrine était publiquement prêchée à Paris ; les Écrits de Swedenborg ne sont encore que peu répandus dans notre pays, et cependant parmi le petit nombre de personnes qui les connaissent, nous en avons déjà eu malheureusement plusieurs qui, tout en les prônant avec zèle, les subordonnent néanmoins à leurs propres idées, et en font un amalgame déplorable. Ce sont, il est vrai, des Swedenborgiens, dénomination adoptée par quelques-uns d'eux, plutôt que des Novi-Jérusalémites ; mais s'il s'opérait maintenant une grande manifestation publique en faveur des Écrits de Swedenborg, il n'est pas douteux qu'il y aurait bientôt plus de ces Swedenborgiens, qui abusent du nom de Swedenborg, que de vrais Novi-Jérusalémites ; et dès-lors le danger que nous venons de signaler ne pourrait plus être évité, c'est-à-dire que la Nouvelle Jérusalem, au lieu de rester l'Église du Seigneur, ne serait plus en France qu'à l'état de secte. Pour qu'un tel danger ne soit plus à craindre pour nous, il nous faut laisser passer l'orage intellectuel, travailler pendant ce temps à augmenter le nombre des vrais disciples par une propagation réfléchie et prudente, publier autant que nos moyens nous le permettront les Ouvrages de Swedenborg, afin de n'être pas pris au dépourvu lorsque le temps de la manifestation sera arrivé, et continuer surtout à mettre toute notre confiance en la Divine Providence du Seigneur Jésus-Christ.
RÉFLEXIONS SUR LA RÉVOLUTION DE 1848 (*).
Saint-Amand (Cher), 16 mars 18i8. Depuis ma dernière lettre, il s'est accompli en France, comme vous le savez, une révolution dont les effets se feront sentir sur toute la surface du globe ; ce sera sans contredit le plus grand événement des temps modernes. Inutile d'entrer dans des détails pour montrer que cet événement est providentiel, ceux mêmes qui chez nous n'ont aucune croyance religieuse ne peuvent s'empêcher de l'attribuer à la Providence, et d'en faire publiquement l'aveu. Inutile aussi de dire à vos lecteurs qu'il est destiné à faire avancer» le Règne du Seigneur sur la terre, tout Novi-Jérusalémite en esl convaincu, puisque le régime républicain, qui va s'établir de proche en proche dans toute l'Europe, proclamera la liberté des cultes, liberté sans laquelle il serait impossible que la Nouvelle Jérusalem pût descendre sur la terre. Lorsque je vous parlais, il y a deux mois, de cette liberté des cultes, et des commotions qu'aurait à subir tout peuple qui n'en jouissait pas encore, j'avais la conviction que les temps étaient proches ; qu'il (*) Voir aux notes additionnelles.
SUR LA RÉVOLUTION DE 1848.
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tardait au Seigneur de briser les obstacles qui s'opposaient à l'avancement de son Règne; mais j'étais loin de présumer qu'il suffirait de trois jours, et même de trois heures, pour républicaniser la France, et fournir ainsi à tous les autres peuples des moyens prompts et faciles de secouer le joug monarchique et sacerdotal. Grâces en soient rendues au Seigneur, qui, dans sa Miséricorde inlinie, a évité à ma chère patrie une longue commotion dans ce passage du régime monarchique au gouvernement républicain. Mais ce grand événement providentiel doit-il nous faire dévier de la ligne de conduite que je traçais dans ma lettre du 20 février dernier, relativement à la propagation de nos doctines célestes ? Je ne le pense pas. Nous devons plus que jamais travailler dans le silence, et ne faire qu'une propagande réfléchie et prudente, tout en nous tenant prêts à agir sur les masses, lorsque le moment sera devenu propice. Laissons agir le Seigneur, nous nuirions à son œuvre en voulant la hâter; si, comme tout semble l'annoncer, le grand jour de sa visite sur notre terre est arrivé, prions-Le d'user de miséricorde envers nous et de nous cacher sous l'autel, comme il y cacha, il y a 92 ans, dans le monde spirituel, les âmes de ceux qui avaient gardé sa Parole.
D'après celle correspondance, on voit que nos espérances pour le moment sont bien faibles ; nous
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RÉFLEXIONS
sommes encore au milieu de l'orage dont il est parlé dans ma lettre précédente, et personne ne peut dire quand le calme reviendra. Il faudra du temps, et beaucoup de temps, pour déraciner du cœur de l'homme tout ce qui s'oppose à son bonheur sur cette terre. La société était corrompue avant le 24 février, elle ne saurait être saine dès à présent. La Révolution, il est vrai, a comprimé l'égoi'sme ; elle a donné l'essor à de nobles sentiments ; elle a proclamé les vrais principes évangéliques en prenant pour devise ces trois mots qui contiennent l'essence du Livre Divin : Liberté, Égalité, Fraternité; mais elle ne pourra que peu à peu, et avec l'aide du Seigneur, faire entrer ces principes dans la vie des citoyens. L'égoi'sme, qui aurait eu honte de se montrer dans les premiers jours de la République, commence déjà à se produire sous mille formes différentes. Pour que l'humanité puisse reposer en paix sous son cep et sous son figuier, il ne suffit pas que la sainte devise, Liberté, Égalité, Fraternité, soit inscrite en tête des constitutions et placée en lettres d'or sur les monuments publics ; il faut qu'elle soit gravée dans tous les cœurs, et que les trois termes, bien compris de tous, soient coordonnés et restent indivisibles. Pouvons-nous, dès maintenant, atteindre à ce but si désiré par tous les cœurs généreux? je ne le pense pas. Notre première Révolution, elle aussi, avait proclamé la Liberté, l'Égalité et la Fraternité; et
SUR LA RÉVOLUTION DE 1848.
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cependant, après des efforts inoui's, elle n'a pu atteindre qu'au premier terme de la formule ; la Liberté, ou plutôt une quasi-Liberté, a été le seul fruit qu'on ait retiré d'une lutte de tant d'années. La Révolution de Février 1848 nous conduira sans aucun doute au second terme ; oui, par elle, et au travers de nouvelles luttes, nous parviendrons à VÉgalité, ou plutôt encore à une quasi-Égalité; mais elle ne nous conduira pas au-delà. Pour arriver au troisième terme, la Fraternité, il faudra encore un de ces grands événements providentiels, tels que ceux qui ont produit les mouvements populaires de 1792 et de 1848. Il est facile de comprendre que si nous n'avons eu pour résultat de la Révolution de 1792 qu'une quasiLiberté, et si nous ne pouvons espérer de la Révolution de 1848 qu'une quasi-Égalité, c'est parce que la Liberté réelle est impossible sans l'Égalité et sans la Fraternité, et que la Liberté réelle et l'Égalité réelle ne peuvent pas non plus exister sans la Fraternité ; les trois termes sont indivisibles, comme nous venons de le dire; si l'un des trois manque, les autres ne sont que l'ombre de ce qu'ils devraient être. Lorsque la quasi-Liberté et la quasi-Égalité nous auront conduits à une quasi-Fraternité, de la quasi-Fraternité nous passerons à la Fraternité réelle, et celle-ci nous donnera la véritable Égalité, et par suite la véritable Liberté. C'est alors seulement que notre céleste devise républicaine sera inscrite aussi dans nos cœurs. Quant au grand événement providentiel qui doit 20.
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RÉFLEXIONS
nous conduire à la Fraternité, et faire ainsi entrer l'humanité dans la terre promise, ce ne peut être que la manifestation éclatante des vérités de la Nouvelle Église, la Nouvelle Jérusalem, manifestation dont le Seigneur seul connaît le temps, le lieu et le mode. Nous tous, ouvriers que le Seigneur daigne employer à la construction du monument, remercionsLe, et continuons à obéir à son impulsion, comme des manœuvres aux ordres d'un architecte. Si nous ne pouvons encore qu'entrevoir les beautés de la Sainte Cité quadrangulaire qu'une enceinte, faite de planches ou de toile, dérobe complètement aux regards du monde, du moins comme ouvriers, pendant nos heures de travail, nous pouvons, placés en dedans de cette enceinte, parcourir avec admiration quelques-uns des détails du monument, et nous faire une idée de ce que sera l'ensemble, lorsque plus tard les planches ou la toile tombant sous uu souffle du Seigneur, la Nouvelle Jérusalem frappera le monde d'étonnement et d'admiration par son éclat et par sa magnificence.
Ici se terminent les Extraits de LA REVUE, les Lett?-es à un homme du monde ayant été imprimées séparément en 1852.
(NOTA.) Depuis que LA REVUE a cessé de paraître, c'està-diro, depuis 17 ans, son Rédacteur-Gérant s'est entièrement livré aux divers travaux dont il a été parlé ci-dessus (lettres du 12 février 1844, page l/iO, et du 9 janvier 1845, page 160) ; et pendant ce même temps chaque membre de l'Église a agi, sous la direction du Seigneur, selon ses propres moyens et son aptitude ; ainsi, il n'y a pas eu inaction. Il sera plus tard parlé de ce qui s'est passé pendant cette période silencieuse ; toutefois, le Rédacleur-Gérant de LA REVUE croit devoir extraire, dès maintenant, de sa correspondance, par ordre de date, quelques lettres ou fragments de lellresqui pourront présenter, soit certains faits relatifs à l'état de l'Église, soit quelques discussions concernant la Do.'.trine.
I.E DANGER DE LA PROPAGANDE DEVIENT PLUS GRAND.
A Monsieur B. Saint-Arnaud (Cher), 27 mai 1848. Je suis parfaitement de voire avis quant aux faits relatés dans votre lettre du 31 mars, et quant à l'action directe de la Divine Providence dans les grands événements dont nous avons été et sommes témoins ; mais quant aux moyens que vous proposez, je suis O.'une opinion entièrement opposée. Nous jeter dans <îe tohu-bohu en prêchant nos Célestes Doctrines sur les toits, ce serait les compromettre, et en reçu-
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LE DANGER DE LA PROPAGANDE
1er peut-être pour bien longtemps la manifestation. Laissons agir le Seigneur ; vouloir maintenant seconder par des démonstrations éclatantes son action bien visible, ce serait nuire à son développement successif et le retarder. Laissons crouler les vieux trônes et les vieux autels, sans nous mêler à l'œuvre de destruction. Quand, d'après les faits épouvantables qui surgiront de leurs combats acharnés, les hommes se seront convaincus que leurs théories sont impraticables ; qu'elles manquent de base ; que la souveraineté du peuple, si elle n'est point basée sur le vrai principe religieux, est aussi impuissante que la légitimité ; que le Protestantisme est aussi opposé à ce vrai principe que le Catholicisme-romain ; que tous les nouveaux systèmes de religion qui se présentent ou vont se présenter sont impuissants ; quand, dis-je, les hommes auront ainsi tout essayé, et auront été désabusés par mécomptes sur mécomptes, et que fatigués, harassés, moralement et physiquement, reconnaissant ainsi l'impuissance de leurs vaines théories politiques et religieuses, ils tourneront sincèrement les yeux vers le Seigneur des Seigneurs, alors les Novi-Jérusalémites pourront prêcher sur les toits, car alors ils seront entendus et compris. Mais, avant cela, qu'ils restent dans le désert, s'ils ne veulent pas être entraînés dans la destruction de la nouvelle Sodôme. Rester dans le désert, c'est continuer à nous occuper de tout ce qui doit précéder la grande mani-
DEVIENT PLUS GRAND.
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festation ; mais le pourrons-nous ? Voilà la question. Vous parlez de nous transporter à Paris, d'y fonder un journal quotidien, ou pour le moins hebdomadaire ; et les moyens d'exécution, y avez-vous songé? Au lieu de nous lancer au milieu de cette Babel, où nous succomberions bientôt, lors même que nous aurions d'énormes capitaux à notre disposition, tâchons seulement de conserver notre position, qui aujourd'hui est si précaire que je ne sais pas même si nous pourrons continuer notre publication trimestrielle. Depuis la troisième année de la Revue, le nombre des abonnés a continuellement diminué, et il est maintenant si faible, qu'il nous sera impossible de continuer s'il n'augmente pas. Le déficit est grand, et j'ignore quand il pourra être comblé ; toutefois, si je suis forcé de suspendre, je n'en continuerai pas moins à me vouer complètement aux travaux que j'ai entrepris pour la Nouvelle Église, et qui occuperont ma vie entière, lors même que j'aurais encore à passer trente ans sur cette terre. Je ne demande au Seigneur, pendant cette tourmente, qu'un asile où je puisse, avec la nourriture et le vêtement, m'occuper exclusivement de ces travaux.
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LE DANGER DE LA PROPAGANDE
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A Monsieur Hartet (*), à Paris. Saint-Amant! (Cher), 10 juio 1848. Je recois à l'instant une lettre de M. F...... avec le prospectus d'une brochure, mais je n'ai pas encore reçu la brochure qui sans doute uie parviendra demain, je ne puis donc pas encore m'expliquer sur cette œuvre. Tout ce que je puis dire, c'est que nous finirons par épuiser totalement nos ressources, si nous les disséminons en voulant agir sur nos contemporains, au lieu de travailler pour nos neveux en publiant Swedenborg. Jamais le moment n'a été plus inopportun pour nous adresser au public ; nous n'avons rien à faire dans tout ce gâchis ; je respecte les bonnes intentions de nos frères qui croient le moment favorable; mais je suis convaincu qu'ils seraient bien vite désabusés, s'ils parvenaient à avoir, comme ils le désirent, une tribune et quelques milliers d'auditeurs. Le Seigneur, qui veille sur son Église, ne le permettra pas ; ne mettons donc pas, par notre précipitation, des entraves à l'œuvre si éminemment providentielle qu'il dirige maintenant à l'insu des instruments dont il se sert. (*) Voir aux notes additionnelles.
DEVIENT PLUS GRAND.
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Au même. Saiot-Amand (Cher), 21 juin 1848.
Devons-nous cesser de faire paraître ta Revue, me demandez-vous? La solution de celte dernière de vos questions dépendra de nos abonnés. Si après l'envoi de la dernière livraison de la dixième année, que nous allons expédier, le nombre des abonnés est encore sensiblement diminué, comme il est à présumer, et qu'il ne nous survienne pas de nouvelles ressources, nous serons matériellement forcés de cesser cette publication. Mais lors même que nous serions obligés de prendre ce parti désespéré, je ne cesserais pas pour cela la publication des Arcanes Célestes, et je continuerais à consacrer à cette publication tous les fonds dont je pourrais disposer, et au fur et à mesure qu'ils seraient en ma possession, car il y aurait imprudence à contracter des dettes ; et comme malheureusement nous avons été amenés par les circonstances à ne pas être en état pour le moment de solder les neuf dernières feuilles imprimées, nous devons nécessairement suspendre l'impression jusqu'à ce que ces feuilles aient été soldées. La question principale va donc dépendre de nos frères ; si nous restons tous unis, la Revue pourra continuer à paraître ; mais si nous nous divisons sous
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l'empire de cette idée qu'on n'avance pas, qu'on ne profite pas des circonstances nouvelles, qu'on pourrait faire mieux, qu'il faut prêcher publiquement, etc., la Revue tombe, tandis que pour la soutenir il ne faudrait pas le centième des fonds qu'on dépenserait pour faire des prédications publiques, qui dans ce moment-ci produiraient plus de mal que de bien.
A Monsieur F
Saint-Amand (Cher), 21 juin 1848.
J'ai reçu, quelques jours après votre lettre, les deux brochures dont vous me parlez. Puisque vous me demandez mon avis, je dois vous le donner. J'ai l'intime conviction que dans ce moment-ci nous 'devons plus que jamais rester dans le désert, et qu'il est inopportun de chercher à répandre nos doctrines au milieu de gens qui ne s'occupent que d'affaires temporelles. J'ai aussi l'intime conviction que ce serait un malheur pour la Nouvelle Église, si ses Doctrines étaient accueillies maintenant par un assez grand nombre de personnes, et surtout si elles étaient prêchées publiquement. Si l'esprit de prosélytisme a
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son bon côté, il a aussi son mauvais côté ; et nous devons toujours être en garde contre lui ; il est dangereux pour ceux qui s'y abandonnent, parce qu'il s'y mêle presque toujours quelque chose de mondain, même à notre insu ; et il peut être nuisible pour les autres, parce qu'il peut introduire dans l'Église des personnes pour qui il aurait été avantageux de n'y jamais entrer. Ce que le Seigneur dit dans Matthieu, — XXIII. 15,— peut aussi s'appliquer à ceux de la Nouvelle Église, qui se laisseraient entraîner par un prosélytisme inopportun. Sachons attendre, et restons dans le désert tant que le péril existera.
A Monsieur C
Saint-Amand (Chçr), 20 septembre 18/i8. Depuis votre bonne visite de l'année dernière, dont je conserve toujours un souvenir bien agréable, de grands événements se sont accomplis, et ne sont peut-être que le prélude d'événements encore plus grands, si notre Société ne veut pas profiter de cet avertissement pour se transformer pacifiquement; mais sera-t-elle assez sage, j'en doute, lorsque je
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considère toutes le£ passions <[iii bouillonnent au sein de l'Assemblée nationale et de la Presse, et dont l'effervescence se communique rapidement dans le corps social tout entier. Nous devons nous trouver bien heureux d'avoir rencontré, au milieu de ce cataclysme intellectuel, une arche dans laquelle nous pouvons nous réfugier en toute sûreté, tandis que les nouveaux Titans qui voudraient gouverner la terre à leur guise, en escaladant le Ciel, ne peuvent que bouleverser le vieux monde et s'engloutir sous ses ruines ; hommes de la résistance et hommes du mouvement, tous sont aveuglés par des passions mondaines et embrasés d'un amour plus ou moins corrompu, faute de vouloir recourir à Celui qui Seul donne la vraie intelligence et l'amour réel. Tous périront dans cette grande affliction telle qu'il n'y en a point eu et telle qu'il n'y en aura, car nous ne sommes encore qu'au commencement des douleurs. Abrités comme nous le sommes, poursuivons nos travaux au milieu du fracas des idées qui s'entrechoqueront de plus en plus, et ne nous laissons pas détourner de notre but, lors même que nous nous trouverions entourés de décombres et de ruines ; car les faits suivent les idées, et tout cataclysme intellectuel est infailliblement suivi d'un cataclysme matériel ; si nos travaux ne servent pas à éclairer nos contemporains, ils seront utiles à nos neveux. Comme vous, j'ai été un peu distrait par quelques préoccupations
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politiques ; mais je suis décidé, maintenant plus que jamais, à m'occuper exclusivement de la tâche que j'ai entreprise ; inutile de vous dire que j'ai éprouvé le plus grand plaisir, en voyant par votre lettre que vous aviez repris votre important travail avec l'espoir de le mener à bonne fin. Nous ne tarderons pas, ainsi que vous le pressentez, à voir l'idée d'indépendance et de réforme radicale pénétrer dans les idées religieuses ; l'Allemagne commencera et nous la suivrons de près ; c'est alors que la lutte deviendra plus acharnée, et que tout croulera. Le Catholicisme et le Protestantisme tomberont sous les coups de leur terrible adversaire, le naturalisme; et alors les derniers liens qui retenaient encore une portion du Vulgaire étant rompus, il y aura débordement complet. N'espérons pas que nos doctrines puissent être accueillies au milieu de cette lutte épouvantable ; elles seraient rejetées et bafouées par les deux partis, si nous les leur présentions ; elles ne seront admises que par un petit nombre d'hommes que le Seigneur seul connaît, et auxquels sa Providence les fera parvenir. Pour que la Nouvelle Église puisse s'établir sur notre continent, il faut que la dévastation soit complète, qu'il y ait table rase ; jusque là elle est destinée à rester dans le désert. Les événements politiques ont atteint dans leur fortune plusieurs personnes qui soutenaient nos publications, ce qui nous obligera momentanément à les
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ralentir ; mais cela, loin de nuire à nos travaux de traduction, nous permettra d'y consacrer plus de temps encore.
A Monsieur Ch. P.
Saint-Amand (Cher), 19 mai 1849.
Je ne pense pas que nous puissions reprendre cette année la publication de la fievue, mais nous continuons l'impression du tome vie des Arcanes Célestes, et les fonds que vous nous avez envoyés seront employés ta accélérer cette impression. Quant à la propagande dans le moment actuel, je ne puis être de votre avis ; je regrette beaucoup d'être en désaccord sur ce point avec vous, B , L... de Z.....F et quelques autres de nos frères ; mais je persiste à croire que le moment serait mal choisi, et que le plus prudent est de travailler dans le silence et d'éviter toute espèce de manifestation publique. J'ai été le mois dernier à Paris, où je suis resté quelques jours. La majorité de l'Église de Paris est de mon avis, D le partage complètement; F a persisté dans son opinion, et j'en suis très-fâché, plutôt pour lui que pour l'Église, parce que je suis convaincu, comme je le lui ai dit, que le Seigneur ne permettra
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pas que les projets de la minorité de l'Église de Paris soient mis à exécution. F est emporté par son zèle qui l'aveugle au point de ne pas lui laisser voir qu'il est la dupe d'un intrigant de bonne compagnie ; nous avons fait tout notre possible, D et moi, pour le désabuser ; mais à notre grand regret nous n'y sommes pas parvenus. Travaillons dans le silence, cher frère, veillons tous à notre propre régénération, non pour nousmêmes, car ce serait encore de l'égoïsme, mais dans cette conviction qu'en nous régénérant nous devenons de plus purs récipients de l'influx divin, et que par là nous accélérons la venue du Royaume du Seigneur sur cette terre beaucoup plus que par une propagande à découvert, dans laquelle il se glisse toujours, même à notre insu, un peu de l'amour de soi et du monde. Laissons le Seigneur préparer lui-même les masses par son influx commun pendant ce cataclysme qui ne fait que commencer ; réfugions-nous dans l'arche pendant sa durée, et n'en sortons que lorsque la Colombe reviendra avec une feuille d'olivier. Alors les masses viendront à nous ; mais courir à elles maintenant, ce serait, je n'en doute pas, perdre notre temps. Quant aux savants, ceux-là sont des incorrigibles ; en convertir quelques-uns, si toutefois c'était possible, ce serait les exposer à la profanation, car ils sont tous dominés par l'amour de la propre intelligence.
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RÉPONSES A DIVERSES QUESTIONS.
A. Monsieur J. A.... Sainl-Amand (Cher), 21 novembre 1850. Je m'empresse de répondre aux questions que vous m'adressez, en vous priant de m'excuser, si je ne donne pas à mes réponses les développements qu'elles exigeraient, mais qui dépasseraient les bornes d'une lettre. 1° A quelle formule pratique pour le monde naturel actuel la Doctrine de la Nouvelle Jérusalem conclut-elle ? Que l'homme rentre dans l'ordre de sa création, et le monde naturel rentrera dans l'âge d'or. Ce n'est pas la Société qui a rendu l'homme mauvais, mais l'homme devenu mauvais a fait la Société mauvaise : le tout dépend de la qualité des parties; tant que les parties resteront mauvaises, le tout ne pourra devenir bon. En un mot, nécessité absolue de régénération individuelle ; c'est à cette seule condition qu'on parviendra à un état social normal. La Vieille Église a, depuis quinze cents ans, fait preuve d'impuissance pour la régénération de l'homme ; donc une Nouvelle Église.
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2° D'où vient l'homme à sa naissance?
Le genre humain est un homme en puissance, comme le gland est un chêne en puissance ; c'est vous dire qu'avant de naître dans le monde l'homme n'a jamais existé qu'en puissance. Chaque homme a l'éternité en avant, mais il n'a pas l'éternité en arrière ; il est in œternum, mais non ab œterno ; Dieu seul est ab œterno et in œternum. Ainsi le nombre des hommes sera à l'indéfini, parce que Dieu est infini, et qu'à sa ressemblance il a placé les indéfinis dans la création. Limiter le nombre d'hommes ou d'âmes, en supposant que le nombre en a été déterminé dès la première création, ce serait mettre des bornes à la puissance infinie de Dieu. Je dis dès la première création, parce que Dieu n'a jamais cessé un instant de créer, et qu'il crée et créera continuellement ; car la conservation est une perpétuelle création. 3° Pour quelle fin Dieu fait naître l'homme?
Pour qu'il soit sa ressemblance et son image ; c'est-à-dire, pour qu'il reçoive librement son amour et sa sagesse et devienne ange; ou, en d'autres ternies, pour peupler le monde spirituel d'êtres aimants et intelligents, dont l'existence éternelle consistera à vivre dans des sociétés bien ordonnées, où chacun s'occupera du bonheur des autres, ou le plus heureux sera celui qui aimera le plus et songera le moins à lui-même, et où le progrès sera continuel en suivant le cours d'une spirale sans fin. Les terres naturelles
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sont les pépinières des cietfx ; l'homme doit nécessairement naître sur une terre naturelle, mais il la quitte pour une terre spirituelle sur laquelle il vivra éternellement, sans jamais revenir sur une terre naturelle. 4° Le monde naturel ne mérite-t-il qu'anathème ? Le monde naturel ne doit pas être anathématisé. Le monde naturel est le fondement du monde spirituel ; l'un ne peut pas subsister sans l'autre. Le monde spirituel sans le monde naturel serait comme une maison sans fondement, et comme un palais dans l'air. Le monde naturel subsistera donc toujours, puisque sa destruction entraînerait celle du monde spirituel, et par conséquent la destruction complète de l'œuvre de Dieu, ce qui serait supposer qu'en créant l'univers Dieu s'est trompé. Si par anathème au monde vous entendez anathème à la chair, je dirai la chair ne doit pas êtreanathématisée,— les anachorètes étaient des égoïstes d'un genre spirituel, inutiles aux autres, et ne pensant qu'à eux seuls, — mais la chair doit être remise à son rang, c'est-à-dire, subordonnée à l'esprit, ou, pour employer les expressions de Swedenborg, le spirituel chez l'homme doit faire la tête et le naturel les pieds. La chute consiste en ce que l'ordre a été renversé, et qu'on a fait le naturel la tête, et le spirituel les pieds.
A MomieurW. Chauvenet, à Annapolis (ÉtatsUnis de l'Amérique du Nord).
Saint-Amand (Cher), 8 octobre 1851.
Votre lettre du 18 juillet est arrivée à Saint-Amand pendant mon absence, qui a été bien plus longue que je ne présumais ; je croyais qu'elle ne serait que de trois semaines environ, et elle a durée plus de six semaines, y compris mes deux séjours à Paris avant de me rendre en Angleterre et après mon retour en France. Du reste, je ne regrette nullement ce temps enlevé à mes travaux ordinaires, car je l'ai employé aussi bien que possible dans l'intérêt de l'Église, et je suis charmé d'avoir fait la connaissance personnelle d'un grand nombre de nos frères, et surtout de ceux avec qui j'entretiens depuis longtemps une correspondance suivie. Je ne vous parlerai pas de la grande réunion qui eut lieu le 19 août, les grands journaux s'en sont occupés le lendemain en présentant plusieurs détails, et d'ailleurs YIntellectualRe~ pository a dû en donner un compte-rendu. Nos Frères d'Angleterre en ont paru très-satisfaits, et pour nous Français, qui étions là, au nombre de neuf, nous nous trouvions heureux de nous voir en si nombreuse compagnie. Invité par le Comité de Londres à traiter
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un sujet quelconque, qu'il se chargeait de faire imprimer et distribuer le jour de la grande Solennité, je pris pour texte : La Religion considérée dans son action sur l'état de la Société; le manuscrit que je lui remis à mon arrivée à Londres fut aussitôt, par ses soins, livré à l'impression, mis en brochure et distribué.....
Telle est la circonstance mémorable qui a donné lieu à l'Article qui suil.
DE LA RELIGION CONSIDÉRÉE DANS SON ACTION SUR l'ÉTAT DE LA SOCIÉTÉ.
« La Société est en danger ! » Voilà le cri de détresse que chaque jour on entend répéter ; la crainte de voir l'édifice social disparaître dans un cataclysme préoccupe la plupart des esprits, aussi cherche-t-on de tous côtés à prévenir ce danger ; et comme on a surtout remarqué que les révolutions ont rapidement succédé l'une à l'autre depuis que les anciennes croyances religieuses ont été affaiblies par le philosophisme, plusieurs sont convaincus, et un plus grand nombre se persuadent, qu'un retour à ces anciennes croyances donnera à la Société toute la stabilité désirable. Cette opinion se répandant chaque jour de plus en plus, il est important d'examiner si elle est bien fondée. Mais, avant tout, il est à observer que vouloir sauver la Société par la Religion, c'est reconnaître implicitement que l'état social des peuples dépend
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DE LA RELIGION CONSIDÉRÉE
de leur état religieux ; et qu'ainsi la Religion a une action puissante sur la Société. C'est aussi ce que nous reconnaissons; mais en ajoutant que, par suite de cette action puissante, l'état social devient meilleur ou pire, selon que les principes de la Religion sont vrais ou ont été falsifiés. Si la Société est maintenant dans un grand péril, c'est parce que, depuis le plus haut degré de l'échelle socialejusqu'au plus bas, il y a partout antagonisme au lieu d'amour mutuel ; toutefois, cet antagonisme ne règne pas d'aujourd'hui seulement, car aussi loin qu'on puisse remonter dans l'histoire, on le voit en tous lieux se développer avec plus ou moins d'intensité sous les diverses formes de l'amour de soi ; mais aujourd'hui il est parvenu à un tel point, qu'il menace de tout engloutir. Les lois civiles et politiques, comme le prouve l'expérience, sont impuissantes contre lui ; elles ne feraient que le déplacer ou le forcer à prendre une autre forme, mais il n'en subsisterait pas moins, et serait toujours menaçant; il n'y a que les croyances religieuses qui puissent le réprimer en changeant le cœur de l'homme ; mais pour cela il faut des croyances fortes et vraies, et non pas ces vieilles croyances qui, n'ayant pu arrêter la marche de l'antagonisme lorsqu'elles étaient généralement admises et non contestées, montrent suffisamment par là quelle est leur impuissance. Ce qui peut arrêter aujourd'hui l'antagonisme, et le ehanger peu à peu en amour mutuel, ce n'est pas un
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Christianisme falsifié depuis plus de quinze siècles, ainsi qu'il va être montré, mais c'est le vrai Christianisme ; car lui seul, par sa doctrine et par ses dogmes, possède la force de persuasion nécessaire pour opérer un tel changement. Ceux qui sont habitués à confondre le Christianisme, soit avec le Catholicisme-romain, soit avec le Protestantisme, soit avec l'Église Grecque, seront surpris d'entendre dire que le Christianisme, tel qu'il existe maintenant dans les diverses Communions Chrétiennes, est un Christianisme falsifié ; car si chacune de ces trois Communions admet que le Christianisme a été falsifié chez ses deux rivales, elle soutient qu'il est pur chez elle. Cependant, comme l'antagonisme règne au même degré, quoique sous des formes diiférentes, chez tous les peuples qui appartiennent à ces trois Communions, elles ne sauraient échapper à ce dilemme. Ou le Christianisme a été conservé pur, ou il a été falsifié. S'il a été conservé pur, l'état social chez les peuples Chrétiens depuis quinze cents ans, c'est-àdire, depuis qu'il existe des peuples Chrétiens, l'accuse d'impuissance, et fait douter de son origine Divine; s'il a été falsifié, il ne peut lui être adressé aucun reproche, et les misères de ces quinze siècles doivent être imputées à ceux qui l'ont falsifié. Un vrai Chrétien hésiterait-il à absoudre le Christianisme ? Aimerait - il mieux l'accuser d'impuissance ?
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II est bien évident que si le Christianisme avait été conservé dans sa pureté, son action puissante se développant à l'extérieur aurait peu à peu produit un état social tout opposé à celui que nous présente l'histoire, et aurait ainsi manifesté à tous les yeux son origine Divine. Examinons maintenant les diverses propositions qui viennent d'être avancées. Et d'abord, pour faire comprendre quel aurait été l'état social produit par le Christianisme, s'il eût été conservé pur, montrons quelle est sa vraie doctrine. Lorsque l'on considère aujourd'hui les doctrines reconnues par les diverses Communions Chrétiennes, on est porté, tant elles diffèrent entre elles, à croire que le Seigneur en fondant son Église a voulu en laisser la doctrine à l'arbitre des hommes, ou que du moins il n'en a pas posé les bases en termes tellement clairs, que personne ne pût s'y méprendre. Cependant il n'en a pas été ainsi ; ces bases ont été si nettement posées, qu'il faudrait être aveugle pour ne pas les y voir ; mais l'amour de la domination et l'amour de la propre intelligence rendent aveugle pour le vrai, et donnent de la clairvoyance pour le faux ; et comme ces amours ont commencé à régner parmi quelques Chrétiens dès les premiers siècles du Christianisme, et se sont ensuite généralement répandus, c'est pour cela qu'on a laissé de côté ces bases pour en chercher d'autres plus conformes à ces deux amours.
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La Doctrine Chrétienne, donnée par le Seigneur Lui-Même, avait pour fondement l'amour mutuel ; et tout homme qui lira l'Évangile sans idée doctrinale préconçue, devra s'étonner que depuis quinze siècles les Chrétiens se soient déchirés entre eux pour des points de doctrine, lorsqu'ils auraient pu voir clairement que le Seigneur avait placé toute la doctrine Chrétienne dans l'amour des hommes les uns envers les autres, et qu'ainsi cesser d'être dans l'amour mutuel, c'était cesser d'être dans sa doctrine, c'est-à-dire, cesser d'être Chrétien. En effet, il n'est pas un seul Chrétien érudit qui ne sache que par ces mots : « La Loi et les Prophètes, » le Seigneur entendait toute l'Écriture Sainte ou toute la Parole; or, un Pharisien ayant demandé quel était le grand commandement dans la Loi, « Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » de tout cœur, et de toute ton âme, et de toute ta » pensée ; c'est là le premier et le grand comman» dément; puis le second, semblable à celui-là : Tu » aimeras ton prochain comme toi-même. De ces » deux commandements toute la Loi et les Pro» phèles dépendent. » —Matlh. XXII. 36 à 40. — En demandant au Seigneur quel était le grand commandement dans la Loi, le Pharisien voulait savoir comment il entendait la Loi, et quel était le fondement de la doctrine qu'il prêchait ; or, le Seigneur pose d'une manière précise l'amour envers Dieu comme premier et grand commandement ; mais afin
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que ce commandement soit saisi dans toute son extension, il ajoute : «Le second semblable à celui-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; » c'était lui dire : Si tu ne sais pas ce que c'est qu'aimer Dieu, tu dois savoir ce que c'est qu'aimer ton prochain comme toi-même ; aime donc ton prochain comme toi-même, ce sera aimer Dieu, car le second commandement est semblable au premier ; et il ajoute encore : «De ces deux commandements toute la Loi et les Prophètes dépendent. » N'était-ce pas dire en termes clairs : L'amour à l'égard du prochain est le fondement de toute ma doctrine ; c'est la pierre de touche dont vous devez vous servir quand les Écritures ont besoin d'être interprétées; toute interprétation qui se concilie avec cet amour est bonne, et toute interprétation qui ne se concilie pas avec lui est mauvaise ; car tout est renfermé dans l'amour à l'égard du prochain, amour qui lui-même renferme l'amour envers Dieu. Il restait à expliquer ce que c'est que le prochain, et le Seigneur l'a enseigné dans la parabole du Samaritain. — Luc, X. 25 à 37, — par sa réponse au légiste qui lui avait dit: «Et qui est mon prochain?» Le Seigneur a montré aussi ce que c'est que l'amour à l'égard du prochain, lorsqu'il a dit: « Toutes les cho» ses que vous voulez que vous fassent les hommes, » de même aussi, vous, faites-les-leur; car c'est là la » Loi et les Prophètes. » — Matth. VII. 12. — En effet, par ces mots : « C'est là la Loi et les Prophè-
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tes, » qu'il a employés ici, et qu'on ne retrouve plus nulle part au sujet d'aucun autre commandement, il a déclaré que ce commandement-ci est le même que les deux précédents, qui eux-mêmes sont semblables, et que par conséquent faire aux autres ce que nous voudrions que les autres nous fissent, c'est aimer le prochain comme nous-mêmes, et c'est aimer Dieu. Toute la doctrine évangélique est donc renfermée dans ce commandement : Faire aux autres ce que nous voudrions que les autres nous fissent ; or, c'est là, en d'autres termes, l'amour mutuel ; car si tous les Chrétiens agissaient ainsi, ils s'aimeraient tous mutuellement, et il n'y aurait plus d'antagonisme. Cette doctrine a été du reste pleinement confirmée par le Seigneur dans les dernières exhortations qu'il a adressées à ses disciples : « C'est ici mon comman» dément, que vous vous aimiez les uns les autres, » comme je vous ai aimés. » —Jean, XV. 12. —Puis, de nouveau : « Ces choses je vous commande, afin que » vous vous aimiez les uns les autres. »— l'oid. 11. — Et un instant auparavant il leur avait déjà dit : « Un commandement nouveau je vous donne, que » vous vous aimiez les uns les autres ; à ceci ils conri naîtront tous que mes disciples vous êtes, si de » l'amour vous avez les uns pour les autres. » — XIII. 3i, 35, — Est-il besoin de plus de confirmations ? Les Apôtres, qui avaient très-bien compris que toute la doctrine chrétienne était renfermée dans l'a-
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mour mutuel, avaient toujours prêché cet amour tant recommandé par le Seigneur. La tradition rapporte que Jean l'Évangéliste, qu'on a surnommé le théologien, étant dans un âge avancé, ne disait aux fidèles que ces paroles : « Mes petits enfants, aimez-vous les » uns les autres ; » et que, lorsqu'on lui fit observer qu'il répétait toujours la même chose, il répondit : « C'est le commandement du Seigneur ; et si on le » garde, il suffit pour qu'on soit sauvé. » Ainsi le théologien par excellence résumait toute la science divine dans l'amour mutuel. Oui, toute la science divine est dans cet amour ; aimez, vous saurez ; mais aimez réellement, sinon vous resterez dans votre ignorance. Aimer réellement c'est sentir comme un plaisir en soi le plaisir d'autrui ; mais sentir son plaisir dans autrui, ce n'est pas aimer autrui, c'est s'aimer soi-même. Vouloir pénétrer dans la science divine, ou faire de la théologie sans aimer réellement, c'est-à-dire, sans l'amour d'où procède la vraie intelligence, c'est se plonger dans les ténèbres les plus épaisses. Voilà pourquoi ce qu'on décore du nom de Théologie dans le monde chrétien, n'est qu'un tissu d'incohérences et d'aberrations de l'esprit humain : «Ils ont fait éclore des œufs d'aspics, et ils ont » tissé des toiles d'araignées. » — Ésaïe, LIX. 5. Maintenant, puisque toute la doctrine chrétienne est renfermée dans l'amour mutuel il est facile de voir que si cette doctrine eût été suivie, le Christianisme aurait produit un état social qui eût manifesté
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à tous les yeux son origine divine ; car l'amour mutuel mis en application aurait produit tout l'opposé de ce qui existe depuis quinze cents ans, et l'on n'aurait pas vu les Chrétiens se faire continuellement une guerre acharnée, non-seulement de peuple à peuple, mais aussi de ville à ville, de bourgade à bourgade, de famille à famille, et d'homme à homme, chacun méprisant le prochain, ou n'aimant que soi-même dans le prochain. On dira que cet amour mutuel n'a jamais cessé d'être prêché dans toutes les chaires de la Chrétienté. Cela est vrai ; mais en a-t-on fait le fondement de toute la doctrine ? Lui a-t-on tout rapporté ? Tous les dogmes qu'on a répandus sont-ils d'accord avec lui? Toutes les pratiques qu'on a recommandées se concilient-elles avec lui? En un mot, l'a-t-on mis au-dessus de tout, comme le seul et unique moyen de salut? Qu'importé donc qu'on l'ait recommandé dans des sermons, si l'on n'a pas su, en prêchant d'exemple, le faire pénétrer dans les cœurs. La doctrine de l'amour mutuel, expressément recommandée par les Apôtres, subsista pendant les trois premiers siècles ; non pas que tous ceux qui se disaient Chrétiens fussent alors dans l'amour mutuel, car il s'était déjà produit plusieurs hérésies ; mais néanmoins la généralité des Chrétiens suivaient la doctrine apostolique, et l'amour mutuel conservé parmi eux manifestait l'origine divine du Christianisme. Cependant, il est à observer qu'alors les Chré-
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tiens n'étajent pas encore constitués en peuples ou nations ; répandus dans un grand nombre de contrées soumises pour la plupart à la domination romaine, ils avaient presque toujours vécu dans la persécution, privés souvent des droits civils et politiques. Si les successeurs des premiers Chrétiens les eussent imités en conformant leur vie à l'Évangile, la vraie doctrine chrétienne se serait conservée ; mais les discussions auxquelles ils se livrèrent eurent pour premier résultat de faire préférer le vrai au bien, ou la foi à la charité. Dès lors, tout commença à être interverti, puisqu'on mettait au premier rang ce qui devait être au second, et au second ce qui devait être au premier ; de là sont nés les hérésies, les schismes, les sectes, et toutes les fausses doctrines qui ont désolé la Chrétienté jusqu'à nos jours. La Bible, tant le Nouveau Testament que l'Ancien, devint un arsenal où chacun alla chercher des armes pour soutenir la doctrine qui concordait avec son amour dominant et avec sa propre intelligence, et le passage qui était le plus en faveur de cette doctrine en devenait le fondement. Qu'il en ait été ainsi, on le voit clairement en ce que parmi les milliers d'hérésies ou de sectes qui ont déchiré le Christianisme, il n'y en a pas une seule qui ne se soit appuyée et qui ne s'appuie sur la Bible. Du moment où les Chrétiens eurent interverti l'ordre en préférant le vrai au bien, ou la foi à la charité, ils perdirent successivement toutes les notions
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spirituelles dont leurs prédécesseurs avaient eu perception. Ils ne surent plus ce que c'est que Dieu, ni ce que c'est que le prochain, ni ce que c'est que le bien et le vrai, la charité et la foi, le ciel et l'enfer, ni ce que c'est que l'âme de l'homme, ni quel est son mode d'existence après la mort. Ils en étaient déjà arrivés à ce point, — du moins ceux qui se prétendaient leurs chefs, car ces notions étaient encore perçues par les simples,—lorsque, par un édit, Constantin permit aux Chrétiens l'exercice public de leur religion. Le Christianisme parut alors triomphant, mais ce ne fut qu'à l'extérieur; car frappé déjà au cœur par les hérésies qui s'étaient multipliées, et surtout par les discussions sur la foi, il ne fut plus conservé intérieurement que chez le plus petit nombre. L'Arianisme, qui était alors très-puissant, faillit même l'étouffer ; car s'il eût été victorieux, il n'y aurait plus eu de Chrétiens, même à l'extérieur, dans l'acceptation propre de ce mot, puisque Arius niait la divinité de Jésus-Christ. Cependant, après une lutte longue et acharnée, l'Arianisme l'ut vaincu, mais la victoire coûta cher au Christianisme; en effet, il n'y avait eu jusqu'alors pour les Chrétiens, malgré leurs discussions, qu'un seul symbole, celui des Apôtres ; il avait suffi aux premiers Chrétiens, hommes simples qui croyaient sans discuter ; mais pour apaiser les dissentions qui s'élevèrent au sujet de la doctrine Arienne, le Concile de Nicée, qui condamna cette doctrine, fit le symbole 22*.
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qui porte son nom ; et peu de temps après, pour mieux s'opposer à cette doctrine toujours menaçante, il parut un troisième symbole, qui est connu sous le nom d'Athanase. Ces trois symboles ont subsisté jusqu'à présent dans les Églises chrétiennes, malgré les divergences de ces Églises. Dans les deux premiers, l'unité de Dieu est maintenue, mais dans celui d'Athanase elle n'existe plus, car il est dit : « Je crois en Dieu le Père, en Dieu le Fils et en Dieu l'Esprit Saint ; » ainsi en trois Dieux, puisqu'on y trouve ces mots : « Autre est la Personne du Père, autre celle du Fils, et autre celle de l'Esprit Saint. » II est ajouté, il est vrai, que les trois Personnes Divines de toute éternité ne font néanmoins qu'un seul Dieu ; mais quoiqu'on dise de bouche qu'il n'y a qu'un seul Dieu, l'idée de trois Dieux n'en subsiste pas moins dans l'esprit, puisqu'on donne à chacun d'eux des attributions différentes. Les Ariens niaient la Divinité de Jésus-Christ, parce qu'ils ne voyaient pas d'autres moyens de conserver intacte la parfaite unité de Dieu ; et les auteurs du symbole d'Athanase ont fait trois Personnes Divines, parce qu'ils ne voyaient pas d'autres moyens de conserver quelque reconnaissance de la Divinité du Seigneur Jésus-Christ ; or, ce point étant indispensable pour que le Christianisme ne fût pas entièrement détruit, la Providence permit que l'erreur Athanasienne, comme moins pernicieuse, obtînt la victoire sur l'erreur Arienne,
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Ce dogme de la Trinité Divine en trois Personnes distinctes fut dès lors adopté par ceux qui dirigèrent le Christianisme, et devint la tête de toute la Théologie ; on crut aussi voir cette Trinité des Personnes dans le symbole de Nicée, où il est dit seulement : « Je crois en un seul Dieu, le Père ; en un seul Seigneur, Jésus-Christ, et à l'Esprit Saint; et comme alors pour soutenir un tel dogme, on fut obligé d'introduire la métaphysique dans la Théologie, toutes les idées saines furent remplacées par les arguties. Tel n'était pas cependant le dogme de la Trinité enseigné par les Apôtres. Les premiers Chrétiens ne reconnaissaient nullement la Trinité des Personnes ; ils savaient que le Sauveur ou Rédempteur annoncé par les Prophètes, et attendu sous le nom de Messie, n'était autre que Jéhovah Lui-Même, puisque Jéhovah avait dit en beaucoup d'endroits, et notamment dans Hosée : «Moi Jéhovah ton Dieu, et de Dieu ex» cepté Moi tu ne reconnaîtras point ; et DE SAU» VEUR, point d'autre que Moi. » — XIII. 4. — Et dans Ésai'e : « Ainsi a dit Jéhovah le Roi d'Israël, et » son RÉDEMPTEUR Jéhovah Sébaoth : Moi le Pre» mier, et Moi le Dernier ; et, excepté Moi, point de » Dieu. » — XLIV. 6. — Ils ne reconnaissaient donc qu'un seul Dieu dans la Personne du Seigneur JésusChrist, car Lui-Même,[en qui ils croyaient, avait dit : « Moi et le Père nous sommes un. » — Jean, X. 30. — « Philippe ! qui M'a vu, a vu le Père ; et comment n toi, dis-tu ; Montre-nous le Père?»—Jean, XIV.1
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9. — C'était du reste le dogme prêché par les premiers Disciples ; l'Apôtre Jean dit dans sa première Jlpître : « Jésus-Christ est le vrai Dieu et la vie éter« nelle. » — V. 20. — Et Paul déclare que « dans » Jésus-Christ habite corporellement toute la pleut nitude de la Divinité. » — Coloss. II. 9. — N'était-ce pas affirmer que dans le corps ressuscité du Seigneur Jésus-Christ il y avait le Trine Divin, et qu'ainsi le Seigneur était le Vrai Dieu, comme le disait Jean? Et maintenant, éclairés par une nouvelle dispensation de Vérités Divines, les nouveaux Chrétiens savent que dans le Seigneur il y a le Père, le Fils et l'Esprit Saint, comme dans chaque homme, créé à l'image de Dieu, il y a la volonté, l'entendement et l'acte qui en résulte ; que la Volonté Divine ou l'Amour Divin est le Père, que l'Entendement Divin ou la Sagesse Divine est le Fils, et que l'Acte qui en résulte ou l'Opération Divine est l'Esprit Saint; pu bien, que dans le Seigneur l'Ame est le Père, l'Humain Glorifié ou le Corps est le Fils, et l'Action ou la Providence est l'Esprit Saint. Que l'on ne dise pas, pour soutenir la Trinité des Personnes, que ce dogme a été puisé dans la Parole ; car il suffirait de répondre que la Parole dans l'Ancien Testament enseigne partout l'Unité de Dieu, et que si dans le Nouveau Testament il est parlé du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, cette Trinité concerne des attributs différents de la Divinité, ainsi qu'il vient d'être dit, et non pas des Personnes distinctes.
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De ce dogme de la Trinité des Personnes Divines Je toute éternité, qui montre combien les auteurs du symbole d'Athanase avaient perdu les vraies notions de la Divinité, il en a découlé un autre par lequel on attribue à Dieu les passions humaines, en le faisant même plus cruel que l'homme le plus vindicatif; et, ce qu'il y a de plus étonnant, quoique ce dogme répugne à la raison, il s'est néanmoins conservé intact dans toute la Chrétienté, et règne encore aujourd'hui d'une manière absolue tant chez les Protestants que chez les Catholiques romains, Le sens commun cependant dit à tout homme doué de raison que Dieu est la Miséricorde même et la Clémence même, parce qu'il est l'Amour même et le Bien même, et que c'est là ce qui constitue son Essence. Si donc on n'avait pas, dès l'enfance, été familiarisé en quelque sorte avec un tel dogme, pourrait-on, sans éprouver un sentiment d'indignation, entendre dire que Dieu, qui est notre Père céleste et la Bonté même, selon les expressions de l'Évangile, s'est irrité contre le genre humain, et l'a destiné tout entier à une damnation éternelle ; que longtemps après, et par une grâce spéciale, il a engagé son Fils, Dieu de toute éternité comme Lui, à descendre dans le monde, à prendre sur lui la damnation qui avait été décidée, et ainsi à apaiser la colère de son Père ; que ce n'était que par ce moyen que le Père pourrait regarder l'homme avec quelque faveur ; que le Fils a exécuté cette œuvre, de sorte que prenant sur Lui la
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damnation du genre humain il s'est laissé crucifier comme malédiction de Dieu ; que le Père après l'ac complissement de cette œuvre est devenu propice, et a, par amour pour son Fils, retiré la damnation, mais seulement de dessus ceux pour lesquels le Fils intercéderait, la laissant peser tout entière sur les autres. Par ces deux dogmes principaux de la Théologie on peut juger de l'effet que leur enseignement a dû produire, car toute la doctrine en a découlé. Avec la vraie doctrine chrétienne, l'action du Christianisme sur l'état" social aurait été telle, que chez tous les peuples, où le Christianisme depuis le quatrième siècle a été admis, les hommes, devenus successivement de vrais Chrétiens à l'intérieur, auraient constitué à l'extérieur un état social conforme à leur état intérieur, et dès lors l'amour mutuel aurait été le fondement de toute communion religieuse véritablement chrétienne. Au contraire, avec la doctrine chrétienne pervertie par ces deux dogmes, l'action du Christianisme au lieu de s'étendre sur les Chrétiens en général n'a pu pénétrer que chez quelques hommes, et alors au lieu de l'amour mutuel s'est établi dans toute la Chrétienté cet antagonisme qui, de progrès en progrès, est parvenu aujourd'hui à son comble, et menace d'engloutir la société chrétienne. Qu'on ouvre l'histoire depuis Constantin jusqu'à nos jours, y trouvera-t-on une seule époque, ne futelle que d'une année, où l'amour mutuel ait régné,
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je ne dis pas entre tous les peuples chrétiens, mais seulement chez un peuple, soit dans une de ses provinces, soit dans une de ses villes, ou même dans la moindre de ses bourgades? Qu'y voit-on? Partout division ouverte ou secrète, partout antagonisme patent ou caché, Sont-ce là les fruits que l'Évangile aurait dû porter? Que l'on compare l'époque où nous vivons avec celle où Jéhovah s'est incarné pour fonder le Christianisme et sauver les hommes ; quelle différence y trouvera-t-on ? La civilisation n'étaitelle pas alors à son apogée, comme on prétend assez généralement qu'elle y est aujourd'hui? Les reproches que les penseurs d'alors faisaient à cette civilisation, les penseurs de nos jours ne les adressent-ils pas à la nôtre? En quoi l'homme a-t-il été changé? Est-ce que les mauvaises passions que l'Évangile signale, et qu'il est destiné à réprimer, ne bouillonnent pas avec autant de force dans le cœur humain ? Il est vrai que les deux civilisations, quoique semblables dans le plus grand nombre de points, diffèrent aussi en quelques-uns ; ce ne sont plus les mêmes mœurs, les mêmes lois civiles, les mêmes institutions politiques ; mais si l'homme aujourd'hui est en général plus policé extérieurement, en est-il devenu intérieurement meilleur? N'a-t-il pas le même égoi'sme, la même cupidité, la même ardeur de dominer? Si donc il y a eu progrès à l'extérieur ou dans l'ordre naturel, ce n'est pas à la religiosité dite Chrétienne qu'on le doit, car il est prouvé qu'elle a
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employé toutes ses forces pour comprimer la pensée, et la contenir dans des bornes qu'elle croyait infranchissables; mais on le doit au vrai Christianisme, car bien qu'il ait été arrêté dans sa marche et enseveli sous les langes du Catholicisme romain, il y a dans ses principes une force latente qui n'a pu être étouffée, et qui a produit ces résultats. Ceux qui dirigent maintenant les diverses Communions chrétiennes soutiendront que le Christianisme n'a pas été falsifié, — et cependant chacune de ces communions l'interprète à sa manière et se prétend exclusivement Chrétienne ; — ils diront que c'est seulement à la philosophie moderne qu'on doit attribuer l'état social actuel. Cette manière d'expliquer la chose pourrait être admise, si avant l'irruption de la philosophie moderne, on pouvait montrer un seul peuple chrétien qui eût manifesté comme effet le caractère du vrai Christianisme ; mais on fouillerait eu vain dans l'histoire, on n'en découvrirait pas un seul; il ne s'agit pas ici des Chrétiens qui vivaient dans les premiers siècles ; car, nous le répétons, avant que Constantin eût admis le Christianisme dans l'Empire, il n'y avait pas encore eu de peuples chrétiens ; les Chrétiens formaient alors de simples sociétés religieuses et non un corps de nation ; et, presque continuellement persécutés, ils n'avaient par conséquent aucune action sur les lois civiles et politiques des pays qu'ils habitaient. Il est vrai, cependant, que la philosophie moderne
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a contribué pour beaucoup à l'état social actuel, mais nous allons voir qu'elle en est seulement la cause secondaire, et non pas la cause principale. On croit généralement que la religion et la philosophie sont tout à fait antipathiques, et ne sauraient vivre ensemble ; c'est là une erreur ; l'une traitant de choses spirituelles et l'autre de choses naturelles, il y a entre elles la même relation qu'entre le spirituel et le naturel ; et comme le spirituel ne saurait exister sans un naturel correspondant, il en résulte que toute religion a nécessairement avec elle une philosophie, c'est-à-dire qu'elle a des principes naturels qui correspondent à ses principes spirituels. Si la Religion est vraie, sa philosophie est vraie ; si la religion est falsifiée, sa philosophie l'est aussi ; de même donc qu'il n'y a qu'une seule religion vraie, de même aussi il n'y a qu'une seule philosophie vraie. Tant qu'une religion falsifié ne comptera dans son sein que des croyants aveugles, elle régnera avec sa philosophie sans contestation ; mais du moment où la foi aveugle cessera d'être universelle, ceux qui auront déchiré le bandeau qui leur couvrait les yeux se feront des principes philosophiques opposés à la philosophie de cette religion, et par conséquent opposés aussi à ses principes spirituels; de là combat entre cette religion et cette autre philosophie naissante, qui, se formant d'elle-même, et ne découlant pas de la vraie religion, ne sera pas par conséquent la vraie philosophie ; mais le combat n'en sera pas 23.
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moins acharné, car l'erreur attaque l'erreur qui lui est opposée avec autant d'acharnement qu'elle attaque la vérité. Toutefois, il est à remarquer que dans toute philosophie erronée, comme dans toute religion falsifiée, il y a toujours quelques vérités; mais ces vérités entourées de faussetés et d'erreurs perdent leur efficacité. D'après cela, on voit que, lorsqu'à côté de sa propre philosophie, une religion falsifiée à laquelle on a cru aveuglement laisse se former une philosophie qui ne découle pas de ses dogmes, cette religion court inévitablement à sa perte, et est dans l'impossibilité de recouvrer son autorité ; car le combat ne cessera que quand les deux adversaires, après nombre de victoires et de défaites alternatives, succomberont tous deux d'épuisement. La France, surtout depuis un siècle, en offre un exemple frappant; le Catholicisme romain et la Philosophie s'y font une guerre acharnée, tantôt ouvertement, tantôt sourdement; et cette guerre ne cessera que par l'anéantissement de l'un et de l'autre, pour faire place à la vraie Religion Chrétienne et à la vraie Philosophie. Ces luttes, plus ou moins longues, qu'on retrouve partout depuis les temps historiques les plus anciens, sont le résultat de la liberté spirituelle que le Seigneur a donnée à l'homme en le créant, .liberté sans laquelle l'homme aurait été une brute et non un homme. C'est par cette liberté que l'homme est tombé, et c'est aussi par elle qu'il se relèvera ; mais
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comme de la dégradation spirituelle la plus profonde il ne pouvait être ramené librement à la vraie religion qu'au moyen de principes religieux susceptibles d'être admis par sa nature déchue, le Seigneur a permis qu'il s'établît partout des religions en rapport avec l'état de chaque peuple ; et comme toute religion qui n'est pas la vraie Religion tend à se maintenir perpétuellement stationnaire, et ne consentirait même pas à se transformer en une autre moins impure, car ses directeurs tiennent à la conserver intacte pour jouir des avantages mondains qu'elle leur procure, le Seigneur a permis aussi ces luttes entre chaque religion et la philosophie qui naît tôt ou tard malgré la compression exercée sur les esprits ; ainsi s'est manifestée et se manifeste encore de nos jours la loi du progrès. Si aujourd'hui le monde entier chancelle dans ses vieilles croyances, cela ne se rattache-t-il pas à ce même plan providentiel, qui consiste à conduire par la liberté spirituelle tous les habitants du globe à la vraie Religion ? Est-ce que les peuples soumis à l'Islamisme, est-ce que les Indiens, les Chinois, les Australiens, et tous les habitants des îles, idolâtres ou sauvages, pourraient jamais se délivrer des langes religieux qui les enveloppent, si les nations chrétiennes, aidées des chemins de fer et de la vapeur, ne glissaient pas chez eux avec les denrées commerciales les idées qui résultent du libre examen ? Ainsi se prépare chez tous ces peuples la lutte entre leurs vieilles religions et une philosophie naissante,
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qui périra avec elles, lorsque le temps sera venu. Quant c'i la loi du progrès, dont il vient d'être parlé, elle ne saurait être mise en doute, quand on connaît sa vraie marche. Ce n'est ni en suivant la ligne droite, ni en parcourant un cercle, que se fait le progrès; c'est en décrivant une spirale, et, de même que la spirale, il est indéfini. Cette loi ainsi conçue est conforme et à l'infinité de Dieu se manifestant dans la création par les indéfinis, et à l'histoire de l'humanité qui descend, il est vrai, après avoir monté, mais qui ne descend que pour remonter plus haut chaque fois. C'est d'ailleurs ce qui nous est représenté dans la nature par le cours apparent du soleil, qui, à partir du solstice d'hiver, monte et descend chaque jour, mais pour se trouver chaque lendemain un peu plus élevé à midi. D'après cette loi du progrès, les diverses Communions chrétiennes, étant visiblement arrivées à la fin de leur période descendante vont peu à peu faire place à la vraie Religion Chrétienne; et la philosophie moderne, ayant rempli les vues de la Providence en détruisant l'esclavage spirituel, mais étant incapable de coopérer au rétablissement de l'ordre en raison des principes dissolvants qu'elle renferme, va aussi elle-même être remplacée peu à peu par la vraie Philosophie, dont les principes découleront des principes du vrai Christianisme, qui, loin d'être atténués par l'examen de la raison, en receveront au contraire une confirmation plus éclatante.
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Si l'état social des peuples chrétiens est si déplorable, on doit donc moins s'en prendre aux principes de la philosophie moderne qu'aux doctrines religieuses des diverses Communions chrétiennes; caries philosophes en combattant l'esclavage spirituel servaient sans le vouloir, et sans en avoir conscience, le progrès religieux, puisque le Christianisme ne pouvait entrer dans sa nouvelle période ascendante qu'au moyen d'une liberté spirituelle pleine et entière, tandis que les chefs des diverses Communions chrétiennes, au contraire, en s'opposant de tous leurs efforts à la liberté spirituelle, retardaient cette nouvelle période du Christianisme. .Puisque les croyances religieuses produites par la falsification du Christianisme sont la principale cause de l'état social actuel, et puisque le philosophisme a été permis par la Providence pour détruire l'esclavage spirituel, il est bien évident qu'un retour à ces croyances religieuses serait impuissant pour sauver la société ; et qu'au lieu de prévenir la catastrophe, il pourrait au contraire la rendre plus imminente ; car la cause persistant, l'effet persiste ; et donner plus d'activité à la cause, c'est rendre l'effet plus prompt. Et d'ailleurs peut-on espérer que cette impuissance de la vieille Église Chrétienne cessera, quand le Catholicisme romain se prétend immobile, et veut rester immobile ; et quand on voit le Protestantisme, variable par sa nature, essayer maintenant de revenir aux principes de ses premiers fondateurs, 23*.
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afin de se rendre immobile aussi pour éviter le rationalisme qui le mine ? Mais d'un côté si un retour à ces croyances religieuses est impuissant pour sauver la société, d'un autre côté la persistance dans le philosophisme ne la sauverait pas davantage, car le philosophisme renferme dans l'ordre naturel presque autant d'erreurs que le Catholicisme romain renferme de faussetés dans l'ordre spirituel ; et par conséquent ils présentent l'un et l'autre à peu près autant de dangers. Qu'on ne s'appuie donc ni sur l'un ni sur l'autre, et qu'on les laisse s'entre-déchirer. Aujourd'hui, en France, l'Université est battue en brèche par le Catholicisme romain, qui naguère pliait sous les coups de sa rivale ; ce n'est point là une victoire, c'est seulement un succès passager ; ces succès et ces revers alternatifs sont permis par le Seigneur, afin que par là ils s'arrachent mutuellement leurs oripeaux, et que leurs partisans désillusionnés les voient enfin dans toute leur nudité, et en aient honte. L'unique moyen de sauver l'état social, ce serait de le reconstituer peu à peu par un retour au vrai Christianisme, non pas en remontant le cours des siècles, mais en développant le Christianisme avec la somme des connaissances spirituelles et naturelles aujourd'hui acquises. Vouloir remonter le cours des siècles, c'est-à-dire, reprendre le Christianisme à l'époque où il a commencé 4 être falsifié, ce serait inéepnaître les lois
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de l'Ordre Divin, et accuser d'imprévoyance la Providence Divine, qui aurait ainsi dépensé inutilement quinze siècles, lorsqu'au contraire cette longue période de temps a servi à l'accomplissement de ses vues toujours miséricordieuses. Quand le Christianisme fut fondé, le voile qui couvrait les vérités que renferme la Parole ne pouvait pas encore être entièrement levé ; les hommes n'étaient pas alors en état de contempler certaines vérités, et si elles leur eussent été présentées sans voile, pas un seul ne les aurait reçues ; le Seigneur ne fit donc que lever un coin du voile, et en découvrant au monde les vérités qu'il était susceptible de recevoir, il avertit ses disciples que l'Église qu'il instaurait alors aurait le sort des Églises précédentes ; mais qu'à la « consommation du siècle, » c'est-à-dire, à la fin de cette Église, il viendrait « dans les nuées du ciel avec puissance et gloire » pour fonder une Église qui n'aurait point de fin. C'est cette Église que le Seigneur instaure aujourd'hui en étant le voile qui couvrait sa Parole. Les Vérités Divines, ces « pierres précieuses, » maintenant exposées aux yeux des hommes, peuvent être contemplées par eux, et admises par l'intelligence et par la raison ; car les connaissances naturelles aujourd'hui acquises, loin d'être en opposition avec les vérités internes de la Parole Divine, viennent au contraire les confirmer ; et plus les sciences feront de progrès, plus elles fourniront de moyens confirmatifs ; les vérités spirituelles et les
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vérités naturelles étant liées entre elles comme l'âme et le corps. Ce n'est pas ici le lieu de prouver que le Seigneur Jésus-Christ n'est plus avec la vieille Église Chrétienne, dont la consommation est accomplie ; et qu'il instaure maintenant sa Nouvelle Église, signifiée dans la Parole par la Nouvelle Jérusalem ; toutes les preuves qu'on pourrait désirer se trouvent en abondance dans les Écrits théologiques de Swedenborg. Il s'agit seulement de montrer que cette Nouvelle Église Chrétienne peut seule sauver la société. La Société est un être collectif ou un tout, dont les hommes sont les parties. Si le tout est mauvais, c'est évidemment parce que les parties sont mauvaises, et pour que ce tout devienne bon, il faut nécessairement que les parties deviennent bonnes. Rendez bonnes les parties, c'est-à-dire, réformez les hommes, et le tout ou l'état social sera bon ; mais autrement, vous échouerez. Quelques-uns, il est vrai, prétendent que si l'homme est mauvais, c'est parée que la société mal constituée ne lui permet pas d'être bon ; et, pour soutenir cette prétention, ils posent en principe que l'homme naît bon, d'où ils concluent que s'il est mauvais, c'est la mauvaise organisation de la société qui le rend tel. Admettre ce principe, n'estce pas nier l'utilité de la Religion? Car si c'est la mauvaise organisation de la société qui rend l'homme mauvais, il suffit de bien constituer la société pour le rendre bon, et dès lors la religion devient inutile,
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Mais c'est absolument le contraire : L'homme naît mauvais, car il naît avec'l'amour de soi, comme on le voit clairement par les petits enfants qui, sans aucune exception, rapportent tout à eux; or, l'amour de soi ou l'égoïsme est le mal d'où découlent tous les autres maux, puisqu'il est l'opposé de l'amour mutuel ou du dévoûment, qui est le bien d'où découlent tous les autres biens. Ainsi, la société est mauvaise parce que l'homme est mauvais, et il n'est pas vrai de dire que l'homme est mauvais parce que la société est mauvaise ; nous posons ceci en thèse générale d'après ce principe, que l'amour mutuel ou le dévoûment est le bien, et que l'amour de soi ou l'égoi'sme est le mal : mais nous ne nions pas que la mauvaise organisation de la société ne réagisse sur beaucoup d'hommes qui, dans un milieu moins mauvais, auraient été moins méchants. Du reste, il est facile de reconnaître que l'organisation d'une société est la conséquence de l'état intérieur de ceux qui la composent, et que vouloir réformer la société sans que les individus aient été préalablement réformés, c'est vouloir ce qui est impossible ; on pourra, il est vrai, en changer la forme, ainsi que cela a déjà été fait tant de fois ; mais changer la forme, ce n'est pas ce que nous entendons ici par réformer. Supposons que, dans une de ces révolutions qui enthousiasment un peuple entier, à cet instant sublime où, après la victoire complète, tous les citoyens
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s'oubliant eux-mêmes donnent toutes les preuves d'un pur dévoûment, supposons, dis-je, qu'un législateur, généralement estimé, mettant à profit cet élan généreux, leur présente une constitution en tous points conforme à ce pur dévoûment, et que tous l'acceptent aussitôt avec admiration et amour sans avoir aucune arrière-pensée. Cette constitution, si les citoyens en eussent été dignes, non pas accidentellement, mais réellement, c'est-à-dire, s'ils eussent été individuellement réformés, aurait fait le bonheur de la nation entière; mais acceptée dans un moment d'enthousiasme, elle ne sera pas longtemps respectée ; et, dès le lendemain, l'enthousiasme n'étant plus au même degré, cette œuvre si admirée la veille ne sera déjà plus vue du même œil. Chacun, frappé à son point de vue des vices de la société, veut et même désire avec ardeur que la société soit réformée ; mais en même temps chacun veut rester tel qu'il est, c'està-dire, ne pas se réformer lui-même ; on voit le mal chez les autres, mais chez soi on ne le voit pas ; ou, si on le voit, on l'atténue. L'homme collectif, ou la Société, restera donc mauvais tant que l'ameur de soi ou l'égoi'sme régnera chez l'homme individu ; pour remplacer chez l'homme l'amour de soi par l'amour mutuel, les institutions humaines seules sont impuissantes, nous l'avons déjà dit ; elles peuvent modifier les mœurs et accélérer la civilisation, mais rien de plus. En quoi ont-elles changé le cœur humain? L'homme est-il au fond
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moins égoïste ? Il peut à l'extérieur le paraître moins, mais à l'intérieur il l'est tout autant. Il n'y a donc que la Religion qui puisse opérer la réforme intérieure, et seulement la vraie Religion Chrétienne, puisque le Christianisme falsifié qui règne depuis tant de siècles a complètement échoué dans cette œuvre. La Vieille Église Chrétienne a échoué, parce que la falsification des dogmes lui a fait perdre les notions qu'elle avait reçues concernant Dieu, l'âme de l'homme, et la vie après la mort ; et la Nouvelle Église Chrétienne peut seule réformer la société, parce que, possédant ces notions avec les vérités nouvellement dévoilées, et s'appuyant ainsi sur les vrais dogmes, elle peut régénérer l'homme, et par la régénération individuelle arriver à la réformation complète de la Société. Que, dans les diverses Communions chrétiennes, les ecclésiastiques qui comprennent l'importance de leurs fonctions, c'est-à-dire, qui veulent avant toutes choses le salut des âmes et leur propre salut à euxmêmes, veuillent bien fixer leur attention sur ce simple exposé, et recourir ensuite aux Écrits théologiques de Swedenborg pour ce qui concerne les dogmes de la Nouvelle Église Chrétiennne, et les vérités nouvellement dévoilées qui sont aujourd'hui en la possession de cette Église ; il ne s'agit pas de rompre la chaîne des temps, en renversant l'édifice religieux pour en construire un nouveau sur le sable mouvant des passions humaines ; la Révélation est précieuse-
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ment conservée, et c'est sur elle, c'est sur ce roc, que s'appuie la Nouvelle Église du Seigneur Jésus-Christ, Seul et Unique Dieu, en qui est la Divine Trinité. Il ne s'agit pas non plus des formes extérieures du culte ; conservez celles que vous avez tant que vous les croirez utiles au salut des âmes, et qu'elles ne choqueront pas vos consciences ; la forme n'est qu'un vêtement, et chacun doit être libre de se vêtir à sa manière ; mais n'altérez plus la substance des choses spirituelles. Cessez de penser, chacun de votre côté, que votre communion seule est l'Église ; l'Église n'est pas ici ou là, elle est partout où règne l'amour mutuel basé sur la reconnaissance d'un Dieu. Tous ceux qui fuient les maux comme péchés appartiennent à l'Église du Seigneur Jésus-Christ, quelle que soit du reste la religion dans laquelle ils ont été élevés ; car fuir les maux comme péchés, c'est reconnaître un Dieu et vivre dans l'amour mutuel ; si le Seigneur les rejetait, parce que, n'ayant pas entendu parler de Lui, ils ne Le reconnaissent pas, serait-il l'Amour même et la Justice même ? Quant h tous les hommes de bonne volonté, nous leur dirons : Vous voulez sauver la Société, revenez à des idées religieuses vraies, et cessez de vous persuader que les vieilles croyances puissent faire autrement qu'elles n'ont fait ; ce sont elles qui ont conduit la Société sur les bords de l'abîme, et elles ne sauraient l'empêcher d'y tomber. D'ailleurs, habitués que vous êtes à faire usage de votre raisonnement en
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chaque chose, pourriez-vous jamais vous astreindre à croire sincèrement ce que votre raison repousse, et à faire en matière de religion une abnégation complète de votre intelligence? De ce que l'homme ne pourra jamais comprendre l'infinité de Dieu, car pour comprendre Dieu dans son infinité il faudrait être Dieu, on ne doit nullement en inférer que la Religion oblige à croire ce qui est mathématiquement impossible ; car Dieu est le Suprême Géomètre, et toutes les lois de son Ordre Divin sont mathématiquement réglées. Croire, ce n'est pas admettre sans comprendre; croire, c'est voir, voir avec les yeux de l'intelligence les choses qui ne sont pas du ressort de la vue corporelle. Abandonnez donc le spirituel faux, qui ne peut convenir ni à votre nature nia votre éducation ; adoptez le spirituel vrai, propagez-le, et vous verrez alors l'antagonisme disparaître peu à peu pour faire place à l'amour mutuel ; et la Société, se reconstituant ainsi sur des bases solides, sera désormais à l'abri des révolutions violentes que vous redoutez.
SUR LA QUESTION DES MONTAGNES.
A Monsieur H
, à Manchester. Saint-Amand (Cher), 15 juillet 1852.
Au sujet de la question des montagnes, dont on s'est occupé dans une de vos dernières réunions, vous me demandez de vous faire part de mes idées, spécialement sur ce point : Pourquoi les montagnes sont si belles dans le monde spirituel, et si laides ici. Les montagnes sont belles dans les cieux, parce que tout y est dans l'ordre, et qu'ainsi les montagnes ont conservé leur correspondance vraie ou plutôt genuine (comme vous dites en Angleterre). Les montagnes sont laides ici-bas, parce que l'ordre a été renversé, et qu'ainsi les montagnes ont pris une correspondance opposée à leur correspondance primitive. La nature dépend de l'homme, parce que la nature a été créée pour l'homme; la nature, nous dit Swedenborg, est le théâtre représentatif du royaume du Seigneur. Si le royaume du Seigneur existait sur terre comme il existe dans les cieux.
SUR LA QUESTION DES MONTAGNES.
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I— avec la différence, bien entendu, qu'il y a entre l'ange et l'homme de l'Église, — la terre serait un paradis terrestre ; tout y serait dans l'ordre, et les montagnes terrestres offriraient à l'homme de l'Église des agréments analogues à ceux qu'éprouvent les anges sur leurs montagnes. Les animaux féroces, les insectes nuisibles, les miasmes, les ronces, les épines, les lieux arides, etc., n'existent sur terre que par suite de la chute de l'homme ; que le royaume 'du Seigneur revienne sur notre globe, ou, en d'autres termes, que son Église nouvelle s'y établisse, et toutes ces productions de l'enfer disparaîtront à mesure qu'elle fera des progrès. Tout a été créé bon par le Seigneur, et tout redeviendra bon à mesure que son influx sera reçu avec moins d'obstacle par les hommes. Quant à ce qui concerne spécialement les montagnes. Pourquoi, a-t-on dit, éprouve-t-on en les gravissant une sensation de plus en plus pénible, tellement qu'enfin la vie cesserait, si l'on ne se hâtait de descendre ? Aux arguments qui me sont transmis, j'ajouterais ceux-ci, si toutefois ils n'ont pas été présentés : II y a trois atmosphères, Taure, l'éther et l'air proprement dit ; la dernière renfermant les deux autres. La physique nous apprend que l'air est d'autant moins dense qu'on s'élève au-dessus du niveau de la mer, et que l'homme pour exister a besoin d'être environné d'une atmosphère assez dense pour que ses poumons y puisent la dose d'air qui leur est
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SUR LA QUESTION DES MONTAGNES.
nécessaire. D'après cela, les naturalistes ne sont nullement étonnés que l'homme éprouve sur les montagnes les sensations dont il vient d'être parlé ; et comme ils ne s'occupent que du naturel, notre discussion leur paraîtrait futile ; mais pour nous elle est très-importante, et j'y reviens. L'homme par la chute s'est créé de nouveaux besoins ; devenu grossier, il lui a fallu, pour respirer, une atmosphère plus grossière, d'où il résulte que maintenant s'il entre dans un milieu moins dense que celui qui convient à sa constitution actuelle, l'aliment aériforme devient insuffisant, et il mourrait faute de respirer assez, comme il meurt faute de manger suffisamment. Mais que l'homme par la régénération améliore progressivement sa constitution, et le séjour sur les hautes montagnes ne sera plus nuisible, mais même deviendra délicieux. Il est une objection qu'on pourrait me faire, et au-devant de laquelle je dois aller. Supposez, me dira-t-on, qu'un homme de la Nouvelle Église se soit régénéré au point d'être dans un état semblable h celui des hommes avant la chute, croyez-vous qu'il serait exempt d'éprouver sur les hautes montagnes les sensations qu'éprouvent les hommes en général ? Je répondrai : Non ; et cela, parce que la régénération de cet homme, étant isolée, n'a pas pu changer la constitution actuelle des montagnes, devenues arides par l'état de corruption où vivent en général les hommes depuis des siècles. Ce n'est pas la ténuité de l'air qui lui
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serait nuisible, car par sa régénération cet air, quoique ténu, serait suffisant pour lui, en raison de l'éther et de l'aure qui s'y trouvent enveloppés, et qui conviennent spécialement à son état de régénération ; mais la nudité des montagnes depuis des milliers d'années est cause que cet air a perdu les qualités qu'il avait lorsque les montagnes étaient couvertes d'une riche végétation ; et c'est précisément par suite de cette dénudation séculaire que l'air y est si froid. Si les hommes se régénéraient en masse, tout ce qui, dans la nature actuelle, provient de l'enfer, disparaîtrait peu à peu ; on verrait les glaciers se fondre insensiblement, la végétation gagner de proche en proche, et les plus hautes montagnes, de nouveau couvertes de verdure et d'arbres, offriraient un séjour délicieux aux hommes qui se seraient assez régénérés, pour que la ténuité de l'air qu'on y respirerait fût suffisante pour les besoins de leurs poumons. Ainsi les hautes montagnes sur notre globe présenteraient un analogue des montagnes dans les cieux, et seraient habitées, non-seulement sans danger, mais même de préférence et avec délices par les hommes qui seraient dans l'amour envers le Seigneur.
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SUR LE SPIRITUEL.
A Monsieur D. Sainl-Amand (Cher), 22 décembre 1852.
Je répondrai aussi en quelques mots à vos questions sur le spirituel. Pour bien saisir les matières philosophiques traitées dans Swedenborg, il convient d'abord de mettre de côté tout ce qui est appelé métaphysique, car nul n'est autant opposé que Swedenborg à la métaphysique et aux systèmes des spiritualistes, de même que nul n'est plus opposé que lui aux mystiques, quoiqu'on le confonde toujours avec eux. Il faut ensuite connaître la théorie des degrés, qui est la clé sans laquelle il est impossible d'avoir des notions claires sur le céleste, le spirituel etle naturel. Partant alors de la nature de Dieu, qu'il est facile de se représenter comme Amour et Sagesse, on arrive à reconnaître que l'Amour est une substance, et que la Sagesse est la forme de cette substance ; car si l'Amour et la Sagesse n'étaient pas substance et forme, ils ne seraient que ce que la philosophie
SUR LE SPIRITUEL.
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appelle des êtres de raison, ou, pour mieux dire, ils n'auraient ni l'être ni l'exister. Que l'on fasse mille efforts d'imagination, on ne parviendra jamais à saisir l'Amour et la Sagesse hors d'un sujet ; il leur faut absolument un sujet pour qu'ils soient et existent, et ce sujet est nécessairement substance et forme. Dieu est donc substance et forme, puisqu'il est Amour et Sagesse ; il est la substance en soi ou le Divin Amour, et la Forme en soi ou la Divine Sagesse. De lui, comme Créateur, proviennent des substances et des formes, qui ne sont ni substances en soi ni formes en soi, puisqu'elles sont et existent par Lui, et non par elles-mêmes. De ces substances et de ces formes, les unes sont des substances et des formes spirituelles ou de repos, et les autres sontdes substances et des formes fixes ou matières, celles-ci ayant pour but de continuer celles-là, et de leur servir de base et d'affermissement. Chez l'homme, lorsqu'il vit sur la terre, son esprit est une substance spirituelle, et son corps est une substance fixe ou de la matière. Mais, de même que la substance générale de son corps est composée d'un nombre indéfini de substances particulières, de même la substance générale de son esprit, qui est un amour bon ou mauvais, est composée d'un nombre indéfini de substances particulières, qui sont appelées affections, sentiments, désirs, etc. Ces substances particulières sont comme la substance générale, elles ne
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SUR LE SPIRITUEL.
peuvent être que dans un sujet. Qu'est-ce, en effet, qu'une affection, un désir, si l'on ne suppose pas un sujet dans lequel soit cette affection ou ce désir? Excusez-moi, si je n'entre pas aujourd'hui dans de plus grands développements; ce sera pour une autre fois.
PUBLICATIONS DE 1838 A 1852.
A Monsienr B...., à Londres. Sainl-Amand (Cher), 20 février 1853. Dans l'intérêt de nos publications futures, vous me demandez un rapport très-détaillé de celles que nous avons faites jusqu'à ce jour ; puisque vous attachez, me dites-vous, une grande importance à ce rapport, je vous adresse la note suivante qui pourra, je crois, en tenir lieu : C'est en 1838 que nos publications commencèrent. Le premier numéro de la Revue parut le 21 mars ; outre la partie-journal, chaque numéro contenait alternativement une feuille y Arcanes Célestes et une feuille de 1''Apocalypse dans son sens spirituel, de sorte qu'il n'était publié chaque année que 6 feuilles ou 96 pages des Arcanes Célestes. A continuer ainsi il aurait fallu plus de 70 ans pour terminer la publication de cet important Ouvrage. Mais en 1840, quoique la Revue fût loin de faire ses frais, — et pendant son existence de 10 ans, elle n'est jamais parvenue à les faire, — nous nous dé-
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PUBLICATIONS DE 1838 A 1852.
cidâmes à donner une feuille à'Arcanes Célestes par mois ou 12 feuilles par an, et nous parvînmes ainsi à compléter le premier volume dans la livraison de février 1841. Il nous a donc fallu trois ans pour publier ce premier volume qui porte la date de 1841, quoiqu'il ait été commencé en 1838. Ainsi il y a bientôt 1S ans que cette publication a été entreprise; mais grâce aux secours qui viennent de nous être si généreusement offerts, elle sera terminée dans le courant de 1834, si la Divine Miséricorde du Seigneur nous le permet. Pendant cette même année 1840, quelques-uns de nos frères proposèrent de publier LA DOCTRINE DE VIE, et les fonds nécessaires ayant été souscrits, celte proposition fut mise à exécution. Ce fut le premier ouvrage publié en dehors de la Revue. L'année 1841 se passa sans aucune autre publication que la Revue et les 12 feuilles d''Arcanes Célestes qui l'accompagnaient. Dans cette année, parut aussi l'Apocalypse dans son sens spirituel, dont six feuilles étaient imprimées chaque année avec la Revue. Nous publiâmes, en 1842, LA DOCTRINE SUR L'ÉCRITURE SAINTE. En 1843. Le Traité posthume DU DIVIN AMOUR ET DE LA DIVINE SAGESSE, et le Traité DU CHEVAL BLANC, dont il est parlé dans l'Apocalypse. En 1844. LA DOCTRINE sur le Seigneur, et LA DOCTRINE sur la Foi,
PUBLICATIONS DE 1838 A 1852.
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En 1845. L'EXPOSITION SOMMAIRE du sens interne des Prophètes et des Psaumes, et le Traité posthume de la Parole et de sa Sainteté. En 1846. LA DOCTRINE de la Charité (extraite des Arcanes Célestes] et DES BIENS DE LA CHARITÉ ET DES BONNES ŒUVRES (extraite de l'Apocalypse Expliquée}. A partir de cette année 1847, nous donnâmes deux feuilles à'Arcanes Célestes avec chaque livraison de la Revue. En 1847. LA DOCTRINE de la Charité (Traité posthume), Bt I'EXPOSITION SOMMAIRE de la Doctrine de la Nouvelle Église ; plus le XIe volume des Arcanes Célestes, imprimé aux frais de M. Lino de Zaroa (*). En 1848. Le XIIe volume des Arcanes Célestes, imprimé aussi aux frais de M. Lino de Zaroa, LE COMMERCE DE L'AME ET DU CORPS. C'est en 1848 que la Revue a cessé de paraître ; pendant ses dix années d'existence, les cinq premiers volumes d'Arcanes Célestes avaient été imprimés en même temps qu'elle, et sur son budget ; mais son budget était dans un triste état ; non-seulement , •) (*) M. Lino de Zaroa était un prêtre espagnol, retiré en Ffaneei depuis nombre d'années ; il habitait dans le département des Ça,s,sfs.T Pyrénées, et ordinairement à Orlhez. En 1851, quoiqu'il eût alors 78 ans, il n'hésita pas à traverser toute la France pour 'se' Wnflrif avec nous à la grande Réunion du 19 août. II estiiBiaiittendiU'dnttt le Monde Spirituel.
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nous ne pouvions plus continuer, mais le déficit était considérable, et il nous fallait beaucoup de temps et d'économie pour le combler. Nous fûmes. par conséquent dans l'impuissance de continuer nos publications pendant l'année 1849. Pendant ces dix années de publications, j'étais parvenu à traduire la presque totalité des Ouvrages de Swedenborg. Un jour je m'étais proposé ce problême : Combien faudrait-il d'années à un homme faisant bon emploi de son temps, et doué de persévérance, pour traduire tout Swedenborg ? Le problème ainsi posé, il s'agissait de le résoudre. Aussitôt je rassemble tous les ouvrages de notre Auteur, et me voilà à additionner les pages des volumes qui n'avaient pas encore été traduits par moi. Dès que j'en eus le total, comme je savais par une expérience de plusieurs années, combien de pages je pouvais traduire par semaine, en dehors de nos travaux de composition de la Renie, de révision de copie avant de la livrer à l'imprimeur, de correction d'épreuves et de correspondance avec nos frères tant en France qu'à l'Étranger, je divise mon nombre total par le nombre de pages que je crois pouvoir traduire par semaine, et je trouve 366 pour quotient ; c'était donc encore sept années. Je faisais ce calcul en 1843, et en 1850, le tout était traduit. Dans ce calcul n'étaient compris ni le Diarium, ni les Adversaria; mais quand tous les autres Ouvrages auront été imprimés, ces deux derniers seront en
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état d'être livrés à l'impression, si toutefois on juge à propos de les publier en français. En 1850. Nous reprenons nos publications ; nous imprimons : 1'APPENDICE à la Vraie Religion Chrétienne; la CONTINUATION sur le Jugement Dernier; les NEUF QUESTIONS sur la Trinité ; le Traité DU CIEL KT DE L'ENFER ; le VIe volume des ARCANES CÉLESTES ; et DU JUGEMENT DERNIER. En 1851 : DES TERRES DANS L'UNIVERS ; 1'AUTOBIOGRAPHIE de Swedenborg ; le XIIIe volume des AKCANES CÉLESTES. En 1852. La Sagesst Angélique sur LE DIVIN AMOUR ; le VIIe et le XIVe volumes des ARCANES CÉLESTES ; le Ier et le II" volumes de LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. Nous avons encore à publier cinq volumes des Arcanes Célestes, et l'Index; l'Apocalypse Expliquée ; le IIIe volume de la Vraie Religion Chrétienne ; la Sagesse Angélique sur la Divine Proridence;l'Apocalypse Révélée; V Amour Conjugal; et la Doctrine Céleste de la Nouvelle Jérusalem. Il pourrait paraître étrange que plusieurs des Traités qui nous restent à publier n'aient pas été imprimés, en raison de leur importance, avant quelques-uns de ceux que nous avons édités. Si nous n'avons pas commencé par ces Traités, c'est que, traduits par Moët, ils avaient été imprimés de 1819 à 1824. Tant que cette édition n'a pas été épuisée, nous avons dû porter nos ressources financières sur 25.
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les Traités qui n'avaient pas encore paru en français ; mais cette édition ne se trouvant plus depuis quelques années dans le commerce, il est maintenant de la plus grande importance que la nouvelle traduction soit imprimée le plus promptement possible. D'ailleurs, je ferai remarquer que je mets maintenant à la suite de chacun de ces Traités une Table alphabétique et analytique et un Index des Passages de la Parole. Quatre de ces Traités, à savoir : Du Ciel et de l'Enfer, des Terres dans l'Univers, du Jugement Dernier et sa Continuation, et la Sagesse Angélique sur le Divin Amour, sont accompagnés d'une Table alphabétique et analytique. Non-seulement j'en mettrai une à chacun des Traités qui restent à imprimer; mais j'en dresse aussi pour ceux qui le sont déjà, afin de les en munir lorsqu'ils seront réimprimés. Mon but est non-seulement de faciliter au Lecteur les recherches, et de lui présenter dans une sorte de Tableau synoptique la substance de chaque Ouvrage, mais encore de parvenir plus tard, au moyen de ces Tables, à composer une vaste Table analytique de tous les Ouvrages de Swedenborg. 'L'Index de Beyer nous est certainement d'une grande utilité ; mais cet Ouvrage a été composé avec trop de précipitation, il manque de méthode, les extraits étant placés sans autre ordre que celui des lettres de l'Alphabet. Il nous faudra autre chose, si nous voulons faciliter les travaux de nos successeurs. La construction de ces Tables analy-
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tiques exige beaucoup de temps, de patience et de persévérance ; chacun peut en faire, mais chacun en fait à son point de vue. Je m'attache principalement à extraire les définitions, les sentences, les choses les plus substantielles, et à les coordonner dans chaque Article, en plaçant en tête la définition, s'il y en a une. Dans les Tables que je dresse maintenant, lorsqu'un article a besoin d'explications qui ne se trouvent pas dans le Traité, mais qu'on rencontre dans d'autres Traités de notre Auteur, je fais suivre cet Article d'une observation en caractères plus petits. Quant aux Index des Passages de la Parole, j'ai rejeté l'Astérisque, et adopté une nouvelle notation qui me donne la facilité de désigner au Lecteur les passages cités textuellement dans l'Ouvrage ; je n'emploie que les trois lettres *, e , ', placées en petit caractère à la suite du Numéro. Ainsi : 1 Signifie Texte formel ; i Renversé, Texte en termes non formels ; e Explication ; ' Illustration ; te Texte formel et Explication ; ti Texte formel et Illustration ; 1° Texte non formel et Explication ; n Texte non formel et Illustration. Si le Numéro n'est suivi d'aucune lettre, il y a seulement renvoi au Passage pour confirmation. Remarquez que par Illustration, j'entends non-
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seulement une Explication plus détaillée, mais aussi et principalement un de ces traits de lumière qui ne consistent souvent qu'en un seul mot, et qui cependant peuvent résoudre un point controversé. Tous ces travaux ne sont, pour ainsi dire, que des préparations pour un travail beaucoup plus important, et qui ne pourrait pas être entrepris fructueusement sans eux ; je veux parler de la traduction de la Parole en langue vulgaire. C'est à ce travail que M. Harlé et moi nous tendons de tous nos efforts ; nous accumulons chacun de notre côté le plus possible de documents.
SUR LA SUBSTANCE ET LA FORME.
A Monsieur D. Saint-Arnaud (Cher}, 24 août 1853.
Les questions que renferme votre dernière lettre exigeraient, pour être convenablement traitées, de longues dissertations qui dépasseraient les bornes d'une simple lettre. Veuillez donc m'excuser, si je ne fais qu'en aborder quelques-unes aujourd'hui. Et d'abord, les difficultés que vous éprouvez pour saisir le spirituel comme substance ne viendraientelles pas en partie de l'idée que vous avez de la substance, à en juger du moins par cette phrase de votre lettre :
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SUR LA SUBSTANCE ET LA FORME.
phie elle-même reconnaît des Substances spirituelles. Toutefois, la définition de l'Académie ne pourrait, selon nos doctrines, s'appliquer qu'à Dieu, puisque Dieu est le seul Être qui subsiste par lui-même ; aussi notre Swedenborg dit-il que Dieu est la Substance Même ; puis, en ce qui concerne la création, ou l'univers créé, il donne le nom de Substance à ce qui constitue l'être même d'une chose, et le nom de forme à ce qui constitue l'exister de cette chose, de sorte que tous les sujets ou objets, soit naturels, soit spirituels, ont substance et forme. Quant aux substances et aux formes spirituelles, tout ce qui procède de la volonté est une substance spirituelle, et tout ce qui procède de l'entendement est une forme spirituelle. Vous avez une affection, cette affection est donc une substance spirituelle, car toute affection procède de la volonté ; mais vous ne pouvez pas avoir cette affection, sans avoir en même temps une pensée qui vous la manifeste, et cette pensée qui procède de votre entendement est la forme spirituelle. Le statuaire veut une statue pour une fin ou dans un but quelconque, voilà la substance spirituelle ; son entendement la conçoit de telle ou telle manière, voilà la forme spirituelle ; tout cela est et existe indépendamment du bloc de marbre ; seulement cette statue spirituelle ne subsistera qu'autant que la volonté et l'entendement du statuaire, qui constituent l'être et l'exister de la statue, subsisteront dans le même état chez le statuaire ;
SUR LA SUBSTANCE ET LA FORME.
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elle se modifiera, s'évanouira et reparaîtra selon l'état de ces deux facultés du mental ; et cela, parce que c'est seulement une statue spirituelle, et que les* objets spirituels, ne dépendant ni du temps ni de l'espace, ne subsistent que selon l'état et s'évanouissent quand l'état cesse. Mais si un bloc de marbre est donné au statuaire, et que sa main sculpte la statue, la volonté et l'entendement passent, par cet acte, du monde spirituel dans le monde naturel, le marbre devient la substance matérielle de la statue, et ce marbre, limité en tous sens par le ciseau du sculpteur, en devient la forme matérielle ; tant que la statue de marbre subsistera, elle présentera, fixées au moyen de la matière, l'affection et la pensée qu'avait le statuaire en sculptant la statue. Telle est l'acception dans laquelle est pris le mot spirituel respectivement au mot matériel. Mais si l'on considère le spirituel respectivement au naturel, voici la définition qu'en donne Swedenborg : « Par le spirituel il est entendu ce qui dans le » naturel appartient à la lumière du Ciel, et par le » naturel ce qui dans le naturel appartient à la lu» mière du monde; car tout cela est appelé spirituel, » et tout ceci est appelé naturel. » — Arcanes Célestes, N° b328. — Cette définition nous apprend à distinguer un bien spirituel d'un bien naturel, et en général une action spirituelle d'une action naturelle, lorsque nous savons ce que Swedenborg entend par la lumière du ciel et par la lumière du monde dans
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l'entendement humain. Quant au Spirituel respectivement au Céleste, Swedenborg dit : « II faut » qu'on sache que le spirituel, dans un sens commun, » signifie l'affection tant du bien que du vrai ; de là » le Ciel est appelé monde spirituel, et le Sens interne » de la Parole Sens spirituel ; mais dans un sens » spécial, ce qui appartient à l'affection du bien est » appelé Céleste, et ce qui appartient à l'affection du » vrai est appelé Spirituel. » — Arcanes Célestes, N° 5639. — Ce N° 5639, trop long pour être rapporté en entier dans une lettre, est d'une grande importance. Maintenant qu'il est établi que le mot substance s'applique aussi bien à l'immatériel qu'au matériel, et s'applique même, philosophiquement parlant, de préférence à l'immatériel, je passe à votre importante question : « D'où est venue la matière ? » Vous savez, d'après nos doctrines, que Dieu est substance, que sa substance est l'Amour Même et sa forme la Sagesse Même ; que l'ensemble est l'Homme Même ou le Divin Homme ; que de ce Divin Homme émane une sphère qui l'enveloppe et apparaît aux êtres spirituels sons la forme d'un Soleil répandant continuellement une chaleur spirituelle qui est l'Amour, et une lumière spirituelle qui est la Sagesse, et que c'est par ce soleil que Dieu a créé l'univers tant spirituel que matériel, et qu'il le conserve ou le crée perpétuellement, puisque la conservation est une perpétuelle création comme la subsistance est
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une perpétuelle existence. D'après cela, votre question : D'où est venue la matière? peut être mise sous cette forme : Comment la matière a-t-elle pu émaner de Dieu qui es^immatériel? Mais à la question ainsi posée, on pourrait joindre celle-ci : Comment le spirituel a-t-il pu émaner d'un Être qui est Divin ? ou, en se reportant à la forme primitive de la question, y joindre celle-ci : D'où est venu le spirituel? Car la difficulté de solution pour l'une et l'autre question sera la même, quoique cela ne semble pas ainsi au premier abord, parce qu'on est porté à considérer seulement Dieu comme un Être spirituel. Mais la réflexion nous montre qu'entre le spirituel et le Divin'la différence est aussi grande qu'entre le matériel et le Divin, car la différence entre le spirituel et le Divin est incommensurable, ainsi telle qu'entre eux on ne peut établir aucun rapport; qu'importé alors la différence qu'il y a entre le matériel et le spirituel? cette différence ne fait nullement que la seconde question soit plus facile à résoudre que la première. Quoiqu'à des degrés différents, toujours est-il que le céleste, le spirituel et le matériel sont finis, tandis que le Divin est infini ; on peut, entre les trois, établir le rapport de la fin, de la cause et de l'effet, mais aucun rapport ne peut être établi entre la céleste, qui est le plus élevé des trois, et le Divin, car il n'en existe aucun entre le fini et l'infini. Nous reconnaissons sans contestation les subs-
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tances matérielles, parce que nous les voyons des yeux du corps; nous pouvons par l'entendement nous former une idée des substances spirituelles et célestes; mais il y aurait folie, même pour des anges, à vouloir connaître la substance divine ou même à vouloir nous en former une idée, parce que le fini ne peut en aucune manière se former une idée de l'infini. Le Seigneur, en tant que Jéhovah ou le Père, est inaccessible, invisible, incompréhensible, et inconjongible ; aussi, combien ne devons-nous pas être reconnaissants envers Lui, de ce qu'il a daigné, par amour pour nous, descendre dans les derniers et prendre l'humain qu'il a divinisé, puisque maintenant par ce Divin Humain il est devenu accessible, visible, compréhensible et conjongible pour tous ceux qui vivent selon ses préceptes. La création de la matière, comme résultant de l'émanation de Dieu, ne doit donc pas être plus difficile à admettre que la création du spirituel et du céleste. Du moment qu'il y a eu création des fins et des causes, il fallait nécessairement qu'il y eût pour complément création des effets, non-seulement des effets spirituels, mais aussi des effets derniers qui sont les matières. Lors donc qu'on admet que le céleste et le spirituel ont pu émaner de Dieu, on est conduit à admettre que le matériel a pu aussi en émaner. Quant à cette émanation, qui a produit l'univers et qui le conserve à chaque instant, veuillez vous reporter, je vous prie, aux Lettres à un homme
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du monde sur la création. En somme, l'univers a été créé pour être réceptacle de Dieu ; Dieu est dans l'univers, mais l'univers n'est pas Dieu ; Dieu est hors de l'espace et dans l'espace, et hors du temps et dans le temps, ou, en d'autres termes, Dieu est dans l'espace sans espace et dans le temps sans temps ; mais par suite de l'éducation première que nous avons reçue, et aussi en raison de ce que nous sommes dans l'espace et dans le temps, il nous est difficile de ne pas mêler des idées d'espace et de temps dans nos pensées sur l'infini et l'éternel.
ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE EN FRANCE.
A Monsieur W. C , à Annapolis (ÉtatsUnis de l'Amérique du Nord).
Saint-Arnaud (Cher), 28 septembre 1853. Vous me demandez, mon cher frère, un aperçu statistique de la Nouvelle Église en France, consistant dans le nombres des Sociétés ; les localités où il y a des membres de l'Église et des amis de nos doctrines.; les efforts qu'ils font individuellement ou collectivement pour répandre les doctrines ; quelles sont les voies religieuses, morales ou pécuniaires, dont ils se servent pour préparer les esprits à la réception des célestes vérités ; et vous me dites que la connaissance de ces détails serait agréable à l'Église en général dans vos contrées. Puisque vous croyez que ces détails seront agréables à nos frères, je vous les transmettrai volontiers, bien qu'ils ne soient pas
ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE EN FRANCE.
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aussi intéressants qu'on pourrait le désirer. Je vais suivre l'ordre établi dans votre question : 1° Le nombre des Sociétés. !l n'y a pas en France, à proprement parler, de Sociétés constituées comme celles qui existent aux États-Unis et en Angleterre. Jusqu'à présent tous les gouvernements qui se sont succédé ne l'auraient pas permis, et celui qui existe maintenant le permettrait moins que tout autre. Nous devons donc attendre que la Divine Providence du Seigneur ait disposé chez nous les choses de manière que nous puissions clairement voir sous quelle forme la Nouvelle Église doit être constituée en France. 2° Les localités où il y a des membres de l'Église et des amis de nos doctrines. Ces localités sont encore en petit nombre ; outre Paris et Saint-Amand, comme possédant des membres de l'Église, nous avons Versailles, Nantes, Boulogne, Toulouse, Tarbes, Orthez, Rayonne, Bourg, Châlon, Pau, Bordeaux, et plusieurs petites localités. Quant aux amis de nos doctrines, la plupart, par des considérations mondaines dont ils n'ont pas encore pu se débarrasser, ne désirent pas se mettre en évidence, ou bien ne veulent pas même être connus de nous, ce dont j'ai la preuve par des secours anonymes que je reçois de temps en temps. 3" Les efforts qu'ils font individuellement ou collectivement pour répandre les doctrines. Les efforts sont plutôt individuels que collectifs, 26.
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puisqu'il nous est pour le moment impossible de former des Sociétés. Les efforts individuels sont en raison du caractère de chacun ; en général, les nouveaux membres sont plus actifs que les anciens, parce que sous l'impulsion de l'éclatante lumière qui vient de frapper leurs yeux, ils ne voient pas encore les inconvénients qui peuvent résulter d'une propagande irréfléchie. Les anciens agissent avec plus de prudence ; ils examinent attentivement la nature du terrain avant d'y jeter la semence ; leur amour du prochain est soumis, pour ainsi dire, à un calcul spirituel ; ils aiment mieux laisser le prochain dans ses erreurs que de lui dévoiler des vérités dont il ne pourrait pas soutenir l'éclat, ou que peut-être il profanerait. 4° Quelles sont les voies religieuses, morales ou pécuniaires, dont ils se servent pour préparer les esprits à la réception des célestes vérités. Les voies religieuses et morales consistent pour chacun, dans le cercle restreint des personnes qu'il connaît, à saisir l'occasion de montrer les erreurs de telle ou telle idée religieuse ou morale, et de réformer cette idée en la présentant dans sa pure vérité, telle qu'elle résulte de nos célestes doctrines, et à donner à lire à la personne, si elle y paraît disposée, quelques-uns des Ouvrages de notre Swedenborg, en choisissant ceux qui peuvent le mieux convenir à son caractère. Les voies pécuniaires consistent dans une souscription annuelle pour la publi-
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cation des Ouvrages de Swedenborg. Chacun souscrit selon ses moyens, et le montant de la souscription lui est délivré en livres qu'il répand suivant sa convenance. Biais, comme la plupart des membres sont dans une position de fortune peu aisée, cette souscription annuelle est très-faible, eu égard aux impressions qui nous restent à faire. Ces détails, comme je vous le disais, ne sont pas aussi intéressants qu'on pourrait le désirer, et ne donneront pas à nos frères des États-Unis une idée bien satisfaisante de l'état religieux dans lequel se trouve la France. Il ne faudrait pas, cependant, qu'ils jugeassent de l'état futur par l'état présent ; il y a, il est vrai, un temps d'arrêt, qui pourrait même être considéré au premier abord comme un pas rétrograde vers les vieilles idées religieuses ; mais, pour qui connaît la France et le caractère de ses habitants, ce temps d'arrêt n'est qu'un simple repos pour se disposer à marcher plus vite. La protection bien manifeste que le Gouvernement accorde au clergé Catholique romain, les prétentions de ce clergé, aujourd'hui entièrement ultramontain, et ses empiétements continuels, vont nécessairement forcer les hommes sensés et probes à étudier les matières religieuses, afin de pouvoir opposer une digue aux envahissements du parti-prêtre; et, en outre, ce n'est que dans les Écrits de Swedenborg que les hommes sincères, qui cherchent la vérité, pourront trouver un refuge contre l'idolâtrie de Rome, le rationa-
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ÉTAT DE LA NOUVELLE ÉGLISE EN FRANCE.
lisme de Genève et le naturalisme des philosophes. De là l'importance de la publication des Écrits de Swedenborg en français. Cette importance se déduit encore de ce que notre langue est parlée non-seulement en France, mais encore en Suisse, en Belgique, dans les anciennes possessions françaises, et est en outre connue de presque tous ceux qui sur terre ont étudié une autre langue que la leur ; en Russie surtout, où elle est pour ainsi dire la langue inalernelle de la haute société. C'est principalement sous ce point de vue que les traductions françaises peuvent être utiles dans ce moment, car elles ont pénétré en Suisse et en Belgique où nous avons des frères ; en Russie, d'où je reçois souvent des demandes de livres par l'entremise des libraires de Paris ; elles sont répandues dans l'île de Jersey, ancienne possession française, où il existe une Église constituée ; elles se répandent maintenant à l'île Maurice, autrefois l'île de France, où elles ont pénétré il y a deux ans : par sa dernière lettre mon correspondant de Maurice m'adresse une demande de livres, dont le montant s'élève à 1,064 francs, faite par 37 souscripteurs. J'ai aussi à différentes fois reçu de plusieurs officiers de marine au long cours des demandes de livres ; la plupart de leurs lettres me venaient des côtes de l'Inde orientale, de Smyrne, de la mer Rouge; d'autres m'écrivaient de Nantes avant de partir pour les Indes. Vous avez des Missionnaires, ne serait-ce pas
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le cas de tâter maintenant l'élément français dans vos vastes contrées, et même au dehors, si vos Missionnaires sont envoyés aussi hors des États-Unis ; vous avez près de vous le Canada ; vous avez Saint-Domingue ; vous avez nos Antilles.
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ÉTAT SPIRITUEL DE LA FRANCE.
A Monsieur Jos. A , à Boston (Etats-Unis de l'Amérique du Nord). Saint-Amand (Cher), 18 octobre 1853. Quant à votre question : Quel est l'Etat spirituel de la France vis-à-vis de nos doctrines ? Voici ce que je puis vous répondre. La Divine Providence étant non-seulement dans les communs, mais aussi dans les particuliers et les singuliers et même dans les très-singuliers, car tous les cheveux de notre tête sont comptés, et il n'en tombe pas un seul sans la permission de notre Père qui est dans les cieux, nous devons êlrc continuellement convaincus que, quelque chose qu'il arrive, le Seigneur ne le permet que pour conduire le genre humain à sa fin dernière, qui est la Nouvelle Jérusalem, dans laquelle chacun vivra sous son cep et sous son figuier. Pour peu que le disciple de la Nouvelle Église réfléchisse sur les événements passés et présents, il voit dans chacun d'eux le doigt du Seigneur.
ÉTAT SPIRITUEL DE LA FRANCE.
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Quant à l'état de la France en particulier, ce qui se passe aujourd'hui nous montre visiblement l'action miséricordieuse de la Divine Providence ; la France, depuis un siècle surtout, est ballotée entre le philosopliisme et le Catholicisme romain, ou plutôt entre le naturalisme et l'idolâtrie. Il faut que ces deux forces se combattent et s'affaiblissent mutuellement ; mais si l'une était complètement victorieuse et anéantissait sa rivale, les vues miséricordieuses du Seigneur ne seraient pas remplies. Admettez la victoire complète du philosophisme sur le Catholicisme romain, la France devient athée ou tout au moins arienne ; supposez, au contraire, le Catholicisme romain écrasant le naturalisme, la France tombe dans l'idolâtrie la plus grossière ; il faut donc que la lutte continue entre eux, et qu'ils s'affaiblissent mutuellement. Aujourd'hui le Catholicisme romain paraît l'emporter ; mais ne voyez-vous pas qu'en même temps que le parti-prêtre semble se renforcer en s'emparant de l'éducation de la jeunesse, il fait nos affaires plutôt que les siennes ; il sera, il est vrai, maître de l'intelligence de ses élèves jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de la rationalité ; mais alors ils lui échapperont, et imbus de principes religieux faux, ils voudront les discuter en eux-mêmes, et seront plus disposés à recevoir les vrais principes religieux que s'ils n'avaient sucé que le poison de nos écoles philosophiques.
DES SUBSTANCES.
A Monsieur D... Saint-Amand (Cher), 15 décembre 1853. Quelque nombreuses que soient mes occupations, je saurai toujours trouver un moment pour répondre aux questions que vous voudrez bien me faire. Veuillez donc, je vous prie, ne pas craindre de m'en adresser. Celle que renferme votre dernière lettre est relative aux substances ; vous me dites : « Si l'af» fection est dans le sujet, par conséquent un état du » sujet, alors c'est le sujet qui est la substance. » Vous avez vous-même résolu la question. Oui, c'est le sujet qui est la substance ; et c'est pour cela que Swedenborg, en parlant des anges et des esprits, emploie quelquefois ces expressions : « Ils sont des » charités. Ils sont des paresses. » Un sujet est quelque chose qui existe substantiellement; mais ce sujet, pour le cas dont il s'agit, est un sujet spirituel et non un sujet matériel ; d'ailleurs, tout sujet matériel est l'enveloppe d'un sujet spirituel, organisé de la même manière que lui, mais spirituellement
DES SUBSTANCES.
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Livrés l'un et l'autre aux occupations que le Seigneur nous a données, il nous est difficile de nous voir quant aux corps, mais nos esprits sont souvent en présence, et se chérissent mutuellement ; lors donc que le Seigneur nous aura appelés dans le inonde spirituel, nous y ferons aussi des usages, car notre vie s'y continue, et celui qui a aimé les usages dans ce monde-ci les aime aussi dans l'autre ; mais comme alors il suffira que l'un de nous pense à l'autre, pour que nous nous trouvions en présence, j'espère que nous serons très-souvent ensemble.
RÉPONSE A QUELQUES QUESTIONS.
A Monsieur II Saint-Amand (Cher), le 28 janvier 185Û. Dans votre dernière lettre, vous posez plusieurs questions ; commençons par le N° 103 de la Vraie Religion Chrétienne. Dans l'ignorance où je suis si vous avez emporté avec vous le premier vo • lume de ma traduction, je transcris ici le sujet en question. « L'âme qui vient du père est l'homme lui-même, et le corps qui vient de la mère n'est pas l'homme en soi, mais il est d'après l'homme ; c'est seulement son vêtement, tissu de choses qui sont du monde naturel, tandis que l'âme est composée de choses qui sont dans le monde spirituel. Tout homme après la mort dépose le naturel qu'il a reçu de la mère, et retient le spirituel qui lui vient du père, et en même temps autour de ce spirituel une sorte de limbe tiré des parties les plus pures de la nature. » Vous voyez d'abord qu'en employant le mot choses, j'ai évité l'inconvénient que vous et vos amis vous
RÉPONSES A QUELQUES QUESTIONS.
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signalez au sujet du mot talibus, que la traduction anglaise rend par of such materials ; puis, le mot limbe, au singulier, étant pris en français dans plusieurs cas pour bord, limité., j'ai pensé que je pouvais l'employer de préférence à tout autre mot pour exprimer le limbus du texte. Quant au mot naturœ, je crois qu'il serait impossible de le rendre autrement que par nature, même en se servant d'une circonlocution, car on courrait risque de faire dire-à l'Auteur ce qu'il n'a pas eu l'intention de dire ; j'ai souvent eu lieu de remarquer que c'est en voulant rendre Swedenborg plus clair qu'on s'éloigne le plus du sens réel de son texte. Il vaut donc mieux, sur le point en question, laisser à chacun le droit d'interpréter le mot nature qu'il emploie. On peut d'ailleurs conférer ce qu'il dit dans son Traité nu DIVIN AMOUR, ]N'° 237, § o et 6 ; puis, dans le Traité DE L.V DIVINE PROVIDENCE, j\"° 220, où sont ces expressions : «Post mortem retinet puriora naturœ, qiue proxima spiritualibus sunt, et luec sunt tune ejus continentia. » Ces puriora naturœ peu vent-il s résider dans le monde spirituel avec l'homme devenu esprit ou détracé des crassiora dont il s'est dépouillé en moutj fj rant ? Telle est, ce me semble, la question à traiter. Pour la résoudre, il faudrait déterminer la qualité, ou, comme dirait Swedenborg, le quale de ces puriora naturœ. Essayons-donc. Vous savez que dans les deux, les deux royaumes du Seigneur, le céleste et le spirituel, quoiqu'il n'y ail entre eux aucune cornL
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RÉPONSES A QUELQUES QUESTIONS.
munication, sont cependant liés l'un à l'autre, et cela au moyen de Sociétés angéliques intermédiaires, qui sont appelées Célestes-Spirituelles, (CIEL ET EXFEU, N°27 ;) et elles sont appelées ainsi, parce qu'elles tiennent à la foi? et du céleste et du spirituel. Or, ne pouvons-nous pas, en nous reportant à la création de l'univers, qui se compose du monde spirituel et du monde naturel, conclure par analogie ( N° 20 ) à l'existence de substances intermédiaires ( N ° 2 8 ) entre ces deux mondes ? En l'homme aussi ont été rassemblées toutes les choses de l'ordre depuis ses premiers jusqu'à ses derniers (N° 30), et ce tout, étant composé de choses qui appartiennent aux degrés discrets, ne peut être cohérent qu'au moyen d'intermédiaires ; « ce qui est intermédiaire, dit Swedenborg, doit tirer quelque chose de l'un et de l'autre côté, autrement il ne peut servir comme intermédiaire. » A. C. 4585. Je serais donc porté à croire que ces puriora naturœ sont des choses intermédiaires qui, parce qu'elles tiennent du spirituel et du naturel, ont été appelées ainsi dans ces passages de Swedenborg. Je vous soumets ces observations qui se sont présentées à mon esprit à la lecture de votre lettre ; vous voyez, du reste, qu'elles ne détruisent en rien vos deux hypothèses, et peuvent même servir à les expliquer. Dans tous les cas, je persiste à croire que le mot nature doit être conservé dans une traduction de ce N° 103, sauf à l'expliquer dans une note si on le juge convenable.
RÉPONSES A QUELQUES QUESTIONS.
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Quant au N° 689 de la Vraie Religion Chrétienne, il faut, je crois se reporter à l'époqne dont il est question, à savoir, au moment où Jean baptisait dans le Jourdain. Il s'agit par conséquent de ceux qui sur terre devaient alors former le noyau de la première Église Chrétienne, et de leur insertion dans le Ciel, quant à leur esprit, parmi ceux de l'Église précédente, qui avaient attendu et désiré le, Messie, pendant qu'ils vivaient dans le monde, c'està-dire, qui avaient reconnu un seul Dieu et avaient vécu conformément aux préceptes du Décalogue en fuyant les maux comme péchés ; car c'était là attendre et désirer le Messie. Quoiqu'alors le jugement dernier ir'eût pas encore été complètement exécuté dans le monde spirituel sur l'Église juive dévastée, ceux-là néanmoins, ayant bien vécu sur terre, se trouvaient dans le monde spirituel, consociés avec les anges au moyen de l'influx, et pouvaient transmettre cet influx à ceux qui étaient baptisés par Jean, et qui alors, quant à l'esprit, étaient insérés dans le Ciel parmi eux. D'après ces considérations j'ai d'autant moins hésité à rendre les parfaits expectaverunt et desider-averunt du texte par des pi us-que-parfaits, que ce temps est très-rarement employé par notre Auteur, qui se sert très-souvent du parfait, lorsque notre langue très-exigeante veut le plus-que-parfait. J'ai donc traduit ainsi ce passage : «Si lechcminaété préparé par le baptême de Jean, c'est parce que par ce baptême, ainsi qu'il vient d'êlre montré, on était in27.
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RÉPONSES A QUELQUES QUESTIONS.
troduit dans l'Église future du Seigneur, et inséré dans le Ciel parmi ceux, qui avaient attendu et désiré le Messie, et qu'ainsi on était gardé par les anges. » Puisque nous en sommes sur le Traité de la Vraie Religion Chrétienne, je vous envoie ci-inclus VObservation que j'ai placée avant la Table analytique. Je vous prie de la communiquer à MM. Bush, Ford, Johnson, Hitchcock, lorsque vous vous réunirez à eux en petit comité ; et voici pourquoi. Si nos frères d'Amérique ont l'intention, quand ils feront de nouvelles éditions des Traités de Swedenborg, d'y joindre des Tables alphabétiques, je crois qu'ils feraient bien d'abandonner la marche qui a été suivie dans la composition de la Table alphabétique anglaise de la Vraie Religion Chrétienne, et d'adopter celle qui consiste à présenter les Extraits dans un ordre rationnel, ce qui est beaucoup plus avantageux pour ceux qui ont recours à ces Tables.
DANGER DES COMMUNICATIONS AVEC
LE MONDE DES ESPRITS.
A Madame de St-A...., à Oran (Algérie). Saint-Amand (Cher), 22 avril 1854. Il n'est pas étonnant qu'un Journal de magnétisme dirigé par un moderne magicien parle mal de Swedenborg ; il vaut mieux cependant qu'il en ait dit du mal que s'il en avait parlé avec éloge ; car dans ce dernier cas certaines personnes, en lisant un éloge de Swedenborg dans un tel journal, auraient pu croire qu'il y avait entre nous et ces magnétiseurs une communauté de sentiments. S'ils accusent Swedenborg d'avoir émis des principes immoraux, les pharisiens avant eux avaient dit du Seigneur qu'il chassait les dénions par le prince des démons. Du reste, le Seigneur n'a-t-il pas dit: «S'ils traitent ainsi le Maître de la maison, à combien plus plus forte raison ses domestiques ?» Ne nous inquiétons donc pas de leurs blasphèmes ; ils tomberont avec eux, quand la lumière aura dissipé les ténèbres. Quant aux tables tournantes dont vous faites men-
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DANGER DES COMMUNICATIONS
tion dans votre lettre, c'est là un sujet grave qui peut induire dans de funestes erreurs, et produire de terribles effets pour les imprudents qui se livrent à ce jeu en apparence futile, mais infernal en réalité ; les personnes qui s'y abandonnent ressemblent à des enfants qui jouent avec le feu. Aussitôt qu'il a été question de ces tables, j'ai prévenu nos frères de tous les inconvénients, tant spirituels que naturels, qui pouvaient en résulter, et aucun de nous ici n'a cherché à faire des expériences, qui du reste ne nous auraient rien appris sur la nature de ce phénomène, puisque cette nature nous était bien connue. Ce n'est autre chose que la partie mauvaise du monde des esprits, mise maintenant en communication avec la presque généralité des humains. Cette communication, permise par le Seigneur, causera bien des perturbations, tant dans la société en général que dans les familles et chez les individus, et nous devons nous attendre à de tristes événements. Mais ces perturbations et ces événements sont sans aucun doute dans les vues de la Divine Providence pour la régénération de l'espèce humaine, car sans cela le Seigneur n'eût jamais permis une telle communication. Gardez-vous donc, je vous en prie, d'assister même comme simple spectatrice à aucune de ces expériences, le Seigneur vous en récompensera. Quant à l'apparition de votre chère Minna, il n'y a rien qui puisse vous donner la pleine certitudeque ce soit elle ; ce peut être elle, mais aussi ce peut ne pas être elle. Je n'ai
AVEC LE MONDE DES ESPRITS.
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jamais eu de vision, et j'espère que le Seigneur ne permettra jamais que j'en aie d'aucune sorte ; mais je verrais mon père ; je reconnaîtrais tous ses traits ; il me rappellerait une à une toutes les circonstances de mon enfance ; il me citerait des choses qu'il n'y aurait que lui et moi qui les connussions ; eh bien ! je me dirais encore : Rien de cela me donne la pleine certitude que ce soit lui ; ce peut-être lui, mais aussi ce peut ne pas être lui. Rappelez-vous ce que nous dit Swedenborg de ces mauvais esprits qu'il désigne sous le nom de Syrènes. Les Syrènes s'emparent en un instant de toute la physionomie et du ton de voix d'une personne quelconque, homme, femme ou enfant, dans le monde des esprits ; elles s'emparent aussi de sa mémoire et de tout ce qui est dans son mental, et se présentent alors à d'autres comme étant cette personne ; elles aiment surtout à se présenter comme des innocences, et alors tout ce qu'elles disent est conforme au rôle qu'elles jouent; mais au milieu des bons conseils qu'elles donnent elles en glissent de pernicieux ; car le seul but auquel elles tendent, c'est de perdre l'âme de ceux du monde naturel avec lesquels elles se mettent en communication
,27*.
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DANGER DES COMMUNICATIONS
A Madame B
, à Nantes. Sainl-Amand (Cher), 26 juillet 1854.
Je suis très-content que vous me consultiez au sujet de la prétendue apparition de la Vierge, parce que ceci va me donner l'occasion de vous prémunir contre toutes les espèces de manifestations spirituelles, qui se produisent maintenant, et qui se produiront à l'avenir d'autant plus fréquemment que les idées se tournent aujourd'hui vers ces sortes de phénomènes. Dans l'état où se trouve actuellement notre monde, toute communication avec le monde des esprits est dangereuse. Quelque bons que paraissent les conseils que les esprits peuvent donner aux personnes qui sont en communication avec eux, ils sont toujours entachés de quelque hérésie pernicieuse, par cette raison qu'il n'y a que de mauvais esprits qui puissent désirer entrer en communication directe avec notre inonde. Il n'y a que deS esprits sensuels et corporels au plus bas degré qui cherchent à pénétrer par le moyen de l'homme dans le monde naturel, parce que ceux-là seuls regrettent ce monde et veulent savoir ce qui s'y passe, afin d'y exercer directement leur malice aux dépens des dupes qui les écoutent et les vénèrent comme des oracles. Les bons esprits savent que ce mode de communication est
AVEC LE MONDE DES ESPRITS.
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contraire aux lois de l'ordre, et ils agissent sur nous d'après les moyens ordinaires en nous communiquant des affections bonnes et des pensées vraies sans que notre liberté soit lésée, tandis que par les moyens extraordinaires nous nous trouvons privés de notre libre arbitre et à la merci d'esprits astucieux. D'ailleurs, vous savez qu'il est très-facile à un mauvais esprit de se transformer en ange de lumière ; aussi n'y manque-t-il jamais, lorsqu'il est en rapport avec des personnes pieuses ? S'il s'adresse à des Catholiques romains, il dira qu'il est tel Saint, ou la Vierge elle-même ; s*l s'adresse à des Protestants, il se présentera comme étant FEsprit-Saint ; s'il s'adresse à des membres de la Nouvelle Église, il dira qu'il est Swedenborg, ou même le Seigneur; et dans l'un ou l'autre de ces cas, il parlera toujours conformément à la doctrine de ceux à qui il s'adresse, et il les flattera adroitement pour s'emparer d'eux, et pour les faire tomber dans de monstrueuses hérésies. Le Seigneur ne parle aux hommes que dans sa Parole ; et nous pouvons maintenant l'enten.dre d'autant plus facilement qu'il nous l'a ouverte par son second avènement, en nous en dévoilant le sens interne au moyen de son serviteur Swedenborg. Quant à Swedenborg, qu'aurait-il besoin de venir maintenant causer avec des hommes ? Ne possédons-nous pas ses inappréciables Écrits, qui suffisent certainement pour l'instruction des générations présentes et futures ? L'apparition de la Yierge,
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DANGER DES COMMUNICATIONS
dont vous me parlez dans votre lettre, n'est donc que l'une de ces mille opérations magiques dont s'occupent les mauvais esprits pour séduire les pauvres humains...........
A Monsieur M
, à Port-Louis (Ile-Maurice). Sainl-Amand (Cher), le 18 octobre 1854.
Si les tables parlantes avaient été en renom, il y a vingt ans, lorsque je commençais à étudier les Écrits de Swedenborg, j'aurais fait comme vous, je me serais livré à des expériences ; mais depuis vingt ans, j'ai longuement médité les enseignements que nous donne Swedenborg sur les dangers qu'il y a maintenant à entrer en conversation avec les êtres du monde spirituel, et lorsqu'il a été question de ces tables, je me suis bien gardé de m'en occuper ; elles ne pouvaient rien nous apprendre, et elles auraient pu sous plus d'un rapport nous être très-préjudiciables, en nous inculquant des principes erronés au moyen de flatteries faites avec une satanique adresse, et en nous berçant d'illusions nuisibles à notre propre régénération. Aucun de nous, à Saint-Amand, ne s'en est donc occupé ; il en a été de même à Paris, nos frères s'en sont abstenus.
AVEC LE MONDE DES ESPRITS.
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Quant au fait en lui-même, il est certainement providentiel, comme tout ce qui arrive ; mais il est de la classe des faits de Permission. Le Seigneur a permis aux Esprits sensuels-corporels, — car il n'y a que ceux-là qui désirent entrer en communication directe avec les hommes,— de lier conversation avec des habitants de notre globe, parce qu'il est de sa Divine Providence de tirer du bien des pernicieuses intentions de ces esprits qui ne se plaisent qu'à dresser d'astucieuses embûches ; et je reconnais avec vous que ce phénomène de tables dont on s'occupe dans toutes les classes de la Société, soit ouvertement, soit secrètement, aura pour premier avantage d'amener beaucoup de personnes à méditer sur les choses spirituelles, ce qu'elles n'auraient pas fait sans cela. Mais aussi, que de maux il en résultera ! combien d'hérésies il en surgira ! que de désillusionnements ! combien d'hommes en deviendront fous ! nos hospices aujourd'hui en reçoivent chaque jour dont la folie n'a pas eu d'autre cause. Si les limites d'une simple lettre me le permettaient, que de choses j'aurais à vous dire sur ce point ; mais j'ai encore beaucoup d'autres questions à examiner avec vous. Passons à la suivante :
De l'origine du mal. Cette question que vous me posez est de la plus haute importance ; je n'ai pas la prétention de
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DE L'ORIGINE DU MAL.
a résoudre ici à la satisfaction de tous ceux qui désireraient la voir complètement hors de doute ; il faudrait pour cela la traiter pour ainsi dire ex professa ; je vais cependant vous présenter quelques raisonnements qui font qu'elle ne laisse en moi aucun doute, parce que je la trouve implicitement résolue par suite des principes qu'on rencontre ça et là dans Swedenborg. Tout ce qui procède de Dieu, nous dit notre Auteur, est Dieu ; ou, tout ce qui procède du Divin est un Divin ; ainsi, le bien, le vrai, la justice, etc., sont Dieu ou des Divins dans les réceptacles dans lesquels ils se trouvent, anges, esprits ou hommes. Tous ceux qui croient avoir Dieu en eux ailleurs que dans le bien, le vrai, la justice, etc., sont dans une grande erreur, et deviennent enthousiastes, visionnaires, etc. Le Seigneur habite ainsi dans ce qui lui appartient (insuo) chez l'ange et chez l'homme. Toutes ces choses de Dieu sont incréées comme Dieu ; comme lui elles sont ab œterno in œternum ; mais la création n'est que in œternum, et non ab œterno; c'est là ce qui principalement la distingue du Divin. La création, ou, en d'autres termes, les êtres ou vases récipients de certains attributs de Dieu, n'étaient pas des divins, ont dû nécessairement avoir un Propre, et ce propre par cela même est opposé au divin ; si un seul de ces récipients n'avait pas son propre, il serait Dieu ; or, l'opposé du Divin, ou du bien, du vrai, de la justice, etc., est le mal, le faux, l'injus-
DE L'ORIGINE DU MAL.
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tice, etc. Voilà donc ce que sont les hommes, et même les anges du troisième Ciel, considérés quant à leur propre, lequel, quoique éloigné par la réception du Seigneur chez eux, n'en subsiste pas moins, et même est indispensable pour leur perfectionnement continuel pendant l'éternité (in œternum); s'il cessait de subsister, ils se confondraient avec Dieu et perdraient ainsi leur individualité, ou ce qui fait qu'ils sont des créatures distinctes, et l'œuvre de la création, qui a principalement consisté à former des réceptacles ou récipients de Dieu, distincts de Dieu, serait détruite. Les Très-Anciens, quoiqu'ils reçussent d'abord le bien et le vrai sans les altérer d'une manière perceptible, avaient donc en eux à l'état latent les opposés, par cela seul qu'ils étaient des réceptacles de Dieu, distincts de Dieu et non des dieux. En créant les hommes, Dieu savait par conséquent qu'il les créait renfermant caché en eux un opposé, qui plus tard se développerait, et constituerait l'enfer ; il le savait, et s'il n'y a pas remédié, c'est qu'il ne le pouvait pas sans renoncer à la création, ainsi qu'il résulte de ce qui précède, et aussi parce que cet opposé était indispensable pour la formation et le perfectionnement à l'infini de son Royaume ou du Ciel. Cela peut à première vue paraître extraordinaire, mais néanmoins cela est une vérité que prouve l'expérience, lorsqu'on y a recours en réfléchissant sur la nature du bien, du vrai, de la justice, etc. Est-ce
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DE L'ORTGINE DU MAL.
que l'homme pourrait se former une idée du bien s'il n'y avait pas le mal, ou du vrai s'il n'y avait pas le faux, ou de la justice s'il n'y avait pas l'injustice, ou du beau sans le laid, ou du chaud sans le froid, etc. ? « Le bien, dit Swedenborg, n'est connu tel qu'il est que par relation avec un bien qui est moindre, et par opposition avec le mal L'opposé ôte et aussi exalte les perceptions et les sensations ; il les ôte, quand il se mélange, et il les exalte quand il ne se mélange pas. » — D. P. 24. — « Le mal et en même temps le faux servent pour l'équilibre, pour la relation et pour la purification, et ainsi pour la conjonction du bien et du vrai chez d'autres. » — D. P. 21. — II résulte de là que Dieu, quoique Tout-Sachant et Tout-Puissant, ne pouvait pas faire que le mal n'existât pas, puisqu'on créant l'univers il fallait nécessairement qu'il créât quelque chose qui ne fût pas Lui. Ce qui était conforme aux lois de son Ordre Divin, c'était de créer des réceptacles, et d'y infuser en même temps le bien et le vrai, avec pleine liberté pour chaque réceptacle de conserver ces précieux dons, ou de les altérer en se retournant vers son propre. Nous n'avons pas en France l'avantage de posséder, comme en Angleterre et aux Etat-Unis, des temples et des ministres exerçant publiquement. La liberté des cultes n'existe en France que sur le papier ; nos (rois révolutions qui l'ont proclamée n'ont pas encore suffi pour l'introduire de fait, sinon
DE L'EXERCICE DU CULTE.
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momentanément. Elle n'existe de fait que pour les cultes reconnus par l'État, à savoir, Catholique romain, Protestant national et Juif ; on ne tolère pas même les Protestants dissidents, à plus forte raison ne nous laisserait-on pas libres de prêcher publiquement. Cependant ici, à Saint-Amand, depuis près de vingt ans que nous nous sommes séparés ouvertement de l'Église romaine, on ne nous a pas inquiétés ; les cérémonies se font dans un salon de ma maison que j'ai affecté à l'usage du culte ; les baptêmes et les mariages s'y célèbrent aussi, et quand il y a un décès, l'enterrement se fait publiquement sans que l'autorité s'y oppose. Nos frères de Paris se réunissent aussi dans un local particulier. Il y a seize ans, nous avions entrepris la construction d'un temple, dont vous verrez le plan dans le second volume de la Revue ; mais, par des motifs qu'il serait trop long de vous expliquer, celte construction a été suspendue, et nous n'en sommes pas fâchés aujourd'hui; car, sous le gouvernement actuel, il ne nous aurait pas été permis de nous y réunir. SUR L'ÉLECTION ET LA PRÉDESTINATION.
Au même. Saint-Amand (Cher), 26 mars 1856. J'ai bien des fois entrepris de vous écrire; mais pour vous répondre, il me fallait relire votre disser28.
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SLR L'ÉLECTION
tation sur la question du bien et du mal, et lorsque celte lecture était terminée, je me trouvais dans un tel état de tristesse, que je reprenais mes travaux ordinaires, sans pouvoir me décider à combattre vos conclusions. Il est encore trop tôt, ni» disais-je ; ma réponse produirait peu d'effet ; ou peut-être, en perpétuant la discussion, produirait-elle un effet opposé à celui que je désire ; il vaut mieux différer; la lecture des Ouvrages de Swedenborg, et les réflexions qu'elle fera naître, seront sans aucun doute plus efficaces. Mais il y a un terme à tout, et mon silence ne peut durer plus longtemps ; je n'entrerai donc pas en discussion, je vous citerai seulement sur l'Élection et sur la Prédestination une série de passages de notre Auteur : \. Dans la Parole sont î^ppelés Elus ceux qui vivent selon l'ordre introduit dans la Création. — R. C.134. 2. Par les Élus sont entendus ceux qui sont dans la vie du bien, et de là dans la vie du vrai. — D. C. 276. A. C. 6487, 6i88. 3. Ceux qui sont avec le Seigneur dans les externes de l'Église sent dits Appelés, ceux qui sont dans les internes sont dits Elus, et ceux qui sont dans les intimes sont dits FidHrs. — A. R. 744. 4. Par les Elus, il n'est pas entendu que quelques-uns ont été élus par prédestination, mais sont app'elés ainsi ceux qui sont avec le Seigneur.— A. R. 744. ^ - "J0(|
ET LA PRÉDH5TINATION.
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5. Les Elus signifient ceux qui sont dans le bien de la Charité. — A. E. 418, 433, 624, 630, 650, 1074. 6. Les Elus signifient ceux qui sont dans la vie du bien et du vrai. — A. G. 3755, 3900, 4060. C. E.420. 7. Il n'y a pas Election ni par suite admission dans le Ciel par la seule Miséricorde, selon l'opinion du vulgaire. — A . C. 5057, 5058, 8700. C.E. 420. 8. Il n'y a aucune Élection avant la naissance, ni après la naissance, mais tous sont élus pour le Ciel, parce que tous ont été appelés. — R. C. 664. 9. Après la mort, le Seigneur choisit ceux qui ont bien vécu et ont sainement cru. — R. C. 664. 10. Le dogme de l'Église d'aujourd'hui sur l'Election est pernicieux et conduit à la prédestination. — R. C. 486, 629. 11. Dieu ne peut prédestiner l'âme d'aucun homme à la mort éternelle. — R. C. 56, 72. 12. Tout homme a été prédestiné pour le Ciel,. 6t personne ne l'a été pour l'enfer ; mais l'homme se livre lui-même à l'enfer. — R. C. 490. 13. Chaque homme naît pour le Ciel, et nul ne naît pour l'enfer ; et chacun vient dans le Ciel par le Seigneur, ou dans l'enfer par soi-même. — AM. C. 350. 14. Une prédestination autre que pour le Ciel est contre le Divin Amour qui est infini, et aussi contre la Divine Sagesse qui est infinie. — D. P. 330.
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SUR L'ÉLECTION ET LA PRÉDESTINATION.
15. Il n'y a pas de Prédestination ou de Destin; fous ont été prédestinés pour le Ciel, et nul ne l'a été pour l'enfer. — D. G. 276. A. G. 6487, 6488. 16. Supposer que quelques-uns du genre humain ont été damnés par Prédestination est une hérésie cruelle. — D. P. 330 (*). Je désire de tout mon cœur, mon cher Monsieur et Frère, que ces extraits de Swedenborg vous fassent revenir sur un point si important, qui, je l'espère, n'a pas encore été confirmé en vous. Appelez-en des décisions de votre entendement aux bonnes affections de votre cœur. Malgré les admirables beautés qu'on trouve dans les Écrits de Swedenborg, je ne l'aurais jamais pris pour mon guide spirituel, s'il avait admis la Fatalité ou Prédestination ; je serais resté tel que j'étais avant de connaître ses Écrits. Pour me faire abandonner le Dieu des philosophes, Être indifférent et insaisissable, il me fallait un Dieu Amour et Sagesse, un Dieu-Homme, un Père veillant continuellement sur toutes ses créatures, portant au bien celles qui consentent à se laisser conduire par Lui, et s'efforçant continuellement de retirer d'un mal plus profond dans un mal moindre celles qui résistent à son action. (*) A. C., pour Arcanes Célestes ; D. C., pour de la Nouvelle Jérusalem et de sa Doctrine Céleste ; D. P., pour Divine Providence ; A. R., pour Apocalypse Révélée; AM. G., pour Amour Conjugal ; R. C., pour Vraie Religion Chrétienne.
RÉPONSES A DIVERSES QUESTIONS.
Au même. Saint-Amand (Cher), 26 juin 1856.
L'ouvrage de M. de Mirville peut être bon pour faire admettre par quelques personnes les théories de Swedenborg ; mais si ces personnes sont prudentes et sages, elles feront bien ensuite de s'en tenir à notre Auteur. Le mot statue (Gén. XXVIH. 18) est le mot propre et étymologique ; stare, se tenir debout ; les anciens appelaient statue toute pierre qu'ils dressaient pour témoignage, sans pour cela la façonner; mettre témoignage au lieu de statue, ce serait interpréter, et alors sortir de la lettre ; d'ailleurs, dans le sens spirituel, témoignage a une autre signification que statue. Le mot monument, employé par David Martin, ne convient nullement, il emporte avec lui l'idée de construction ; statue, par son étymologie, est le seul convenable, en rejetant l'idée de pierre ciselée. Ce que nous appelons maintenant statue de pierre 28*.
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RÉPONSES
est désigné dans l'Écriture, selon la.version de Swedenborg, par sculptile (image taillée), et la statue de fonte est désignée par fusile (image de fonte). Jean, XXI. 25. — Voir dans la Revue, VIIe volume, page 293, le sens interne de ce Verset. Quant au sens de la lettre, on peut même s'en rendre compte ; en effet, toutes les actions du Seigneur, toutes ses paroles et jusqu'aux moindres gestes, tout était représentatif et significatif, et même chaque action, chaque parole et chaque geste, étant d'essence divine, contenait en soi l'infini. Si donc tout cela était rapporté et développé dans les trois sens, le monde pourrait-il contenir les livres qu'on en écrirait? Il n'existe aucune raison de contenance entre le fini (le monde) et l'infini (le Seigneur). La Parole,, qui est Dieu, n'est-elle pas inépuisable ? Un seul de ses Versets, qui est Dieu aussi, puisque le Divin est indivisible, n'est-il pas inépuisable ? Les Anges du troisième Ciel n'y trouveront-ils pas leur nourriture intellectuelle pendant toute l'éternité, en y puisant toujours de nouvelles connaissances, de nouvelles idées, sans jamais la tarir ? Quant aux divers contrastes que vous me signalez, et vous auriez pu m'en signaler beaucoup d'autres, on a toujours, depuis les premiers siècles du Christianisme, cherché à les concilier, mais on n'y est pas parvenu, et l'on n'y parviendra jamais, tant qu'on ne voudra pas reconnaître qu'il y a un sens interne dans
A DIVERSES QUESTIONS.
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la Parole, et que cette Parole a été donnée aussi bien pour les anges et pour les esprits que pour les hommes ; car .toutes les expressions qui sortaient de la bouche du Seigneur, lorsqu'il était dans le monde, étaient dites pour toutes ses créatures, et étaient entendues par les esprits et par les anges (par chacun selon le sens qui convenait à son état) en même temps qu'elles frappaient les oreilles des hommes qui l'écoutaient. La série devait toujours exister dans le sens spirituel, qui est l'esprit même de la Parole ; et pour que cette série ne fût pas interrompue, il fallait nécessairement qu'en certains endroits le sens de la lettre se prêtât aux exigences du sens spirituel ; de là le décousu et les contrastes qui se présentent souvent dans le sens littéral. Pour vous convaincre que ces contrastes ne doivent pas être pour nous des pierres d'achoppement, veuillez lire entièrement un Article remarquable de la Revue, sous ce Titre : «De la Parole Divine.» — Tom. VIII. page 289 à 311. — Cet Article est du général russe M , et a été traduit en français par une princesse russe qui est venue nous voir à Saint-Amand.
ANNIVERSAIRE SÉCULAIRE, DISTRIBUTION AUX BIBLIOTHÈQUES.
A Monsieur Jos. Andrews, à Boston (EtatsUnis d'Amérique), Saint-Amand (Cher), 9 mai 1857. Vous me demandez des détails sur l'état de la Nouvelle Église soit en France, soit dans les autres pays où j'ai des communications par correspondance ; je vais, autant que possible, tâcher de vous satisfaire. Je me serais certainement fait un devoir de vous écrire plus souvent, et de vous tenir au courant de tout ce qui peut intéresser nos amis d'Amérique, si un devoir plus impérieux ne m'eût contraint de cesser pour ainsi dire mes relations épistolaires, pour m'occuper exclusivement de la tâche que j'ai entreprise, et que je désire vivement ne pas interrompre, afin d'avoir le temps de la terminer. Je ne puis donc guère vous parler que de ce que j'ai fait, et vous pensez bien qu'il n'est nullement agréable d'être obligé, à défaut d'autres choses, d'entretenir les autres de soi ; c'est là un second motif qui me fait depuis longtemps
DISTRIBUTION AUX BIBLIOTHÈQUES.
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garder le silence. Cependant, dans la circonstance présente, je dois, d'après votre demande, faire violence à ma répugnance, et instruire nos frères des États-Unis de ce qui s'est passé dans nos contrées depuis l'été dernier. Vers la fin d'août, nous partîmes, ma femme et moi, pour visiter nos amis de la Suisse. Nous nous trouvions à Neuchâtel le 3 septembre, au moment où le château fut pris, par suite d'un complot, et nous déjeunions le même jour dans un village, à une lieue de là, chez des amis, de la Nouvelle Église, lorsqu'une colonne d'insurgés royalistes se dirigeant sur Neuchâtel traversa le village en y commettant des dévastations, ce qui nous obligea à y passer la nuit ; mais le lendemain le château ayant été repris, nous rentrâmes à Neuchâtel. Nous allâmes ensuite voir des frères à Yverdun et à Berne ; à Vevey, nous visitâmes le ministre, M. Jacquier, que nous avions déjà vu lorsqu'il habitait Paris. Pendant notre séjour à Neuchâtel, j'eus occasion de voir le bibliothécaire, jeune littérateur distingué. Il accepta l'offre d'une collection complète des Ouvrages de Swedenborg publiés par nous, pour la bibliothèque publique dont il est le conservateur. Le bon accueil fait à cette offre me suggéra l'idée de doter aussi Genève des Ouvrages de Swedenborg ; c'est pourquoi, dès notre arrivée dans cette ville, nous allâmes visiter la bibliothèque publique, et l'offre que je fis au bibliothécaire fut agréée avec de grands remerciements. Il en fut
ANNIVERSAIRE SÉCULAIRE,
de même lorsque nous visitâmes une autre bibliothèque très-importante, qui appartient à la société de lecture, composée de plus de trois cents membres ; mon offre d'une collection des Ouvrages de Swedenborg fut acceptée avec des témoignages de vive gratitude. Ce succès obtenu en Suisse nous fit penser qu'en France le moment était peut-être venu de mettre les Ouvrages de Swedenborg à la disposition du public ; car depuis nombre d'années nous avions vainement t'ait des efforts pour doter de ces Ouvrages les bibliothèques des grandes cités, et ce n'est qu'avec beaucoup de démarches que nous étions parvenus à les faire accepter par quelques bibliothèques ; ainsi, par quatre bibliothèques à Paris, et par celles de Besançon, de Rennes et de Saint-Malo. Il s'agissait donc de faire de nouveaux efforts. D'ailleurs, l'état de la Nouvelle Église en France ne lui permettant pas de célébrer par une manifestation publique son entrée dans le second siècle de la nouvelle ère chrétienne, il nous paraissait convenable de célébrer l'anniversaire centenaire par un moyen quelconque, et la dotation des bibliothèques pouvait être celui que le Seigneur nous avait réservé. Mus par cette pensée, nous adressâmes une circulaire (*) aux principales bibliothèques de France et de l'étranger, et le succès qu'elle obtint dépassa nos espérances. Nous avons (*) Voir aux nutes additionnelles,
DISTIUCUTION AUX BIBLIOTHÈQUES.
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reçu 84 lettres d'acceptation, contenant toutes des expressions de gratitude pour le don, et renfermant pour la plupart une haute appréciation du caractère de Swedenborg. Voici les noms des villes qui ont reçu gratuitement les collections de nos Ouvrages, formant chacune un ballot de 52 volumes. FRANCE Carcassonne. Abbevillc. Chàlons-sur-Marne. Agen. Chàlons-sur-Saône. Aix. Chartres. Alençon. Clermont-Ferrant. AmieBs. Dijon. Angers. Dijon, société de Lecture. Angoulème. Arles.
Dole. Douai.
Arras. Auxonne. Bar-le-Duc. Bayonne. Beauvais. Béziers.
Dunkerque. Evreux. Grenoble.
La Rochelle. Laval. Le Havre. Blois. Le Mans. Bordeaux. Lille. Boulogne-sur-Mâ7.!Joli"";HLimogcs. Bourg-en-Brêsse. Lisieux.
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ANNIVERSAIRE SÉCULAIRE,
Lyon. Troyes. Lyon, palais des arts. Valence. Maçon. Valenciennes. Montargis. Vannes. Montauban. Versailles. Montpellier. Vienne. Moulins. — Nancy. BELGIQUE. Anvers. Nantes. Narbonne. Bruxelles. Gand. Nevers. Nîmes. Liège. Louvain. Orléans. Pau. SUISSE. Périgueux. Lausanne. Poitiers. Reims. ÉTATS-SARDES. Rochefort. Nice. Saint-Etienne. Saint-Omer. Saint-Quentin. HOLLANDE. Utrecht. Saumur. Sedan. ALLEMAGNE. Strasbourg. Hambourg. Tarbes. Toulon. — Dans une lettre précédente, je vous avais indiqué les envois gratuits faits aux principales bibliothèques de Suède et de Paris, et à quelques bibliothèques de
DISTRIBUTION AUX BIBLIOTHÈQUES.
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France ; j'ajouterai que l'année dernière une collection complète a été acceptée par la bibliothèque de l'école polytechnique. Voici les noms des villes qui n'ont pas répondu à mon offre gratuite, ou qui ont refusé le don : Alger. Foix. Alby. Grasse. Amsterdam. Le Puy. Leyde. Auxerre. Avignon. Marseille. Berlin. Metz. Calais. Niort. Cambrai. Oran (Algérie). Castres. Perpignan. Châteauroux. Rouen. Cherbourg. Soissons. Toulouse. Colmar. Constantine (Algérie). Tours. Turin. Dieppe. Épinal. Verdun. Voilà donc une centaine de collections complètes, c'est-à-dire, plus de cinq mille volumes mis à la disposition du public, et confiés à la garde de bibliothécaires, hommes instruits et toujours jaloux de conserver précieusement les ouvrages qui sont une fois entrés dans l'établissement qu'ils dirigent. En agissant ainsi, nous avons cru suivre une impulsion donnée par le Seigneur, et nous espérons que ces volumes produiront leurs fruits lorsque le Seigneur 29.
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ANNIVERSAIRE SÉCULAIRE.
le jugera à propos. Nous avions aussi à cet égard un devoir à remplir : Nous avons reçu à diverses époques des secours pécuniaires, tant de nos frères de France que de ceux d'Angleterre et des États-Unis; ces secours nous étaient adressés pour la publication des Ouvrages de Swedenborg, sans aucune autre prescription ; mais nous avons pensé qu'après avoir donné à ces fonds leur destination, à savoir, l'impression des Traités théologiques de notre Auteur, le meilleur moyen de témoigner nos remerciements à ces bienveillants donateurs, c'était d'aller au-devant de leurs désirs, en mettant les Écrits de Swedenborg à la disposition de toutes les personnes qui fréquentent les bibliothèques publiques.
DE L'ORIGINE DU MAL.
A Monsieur M
, à Port-Louis (Ile-Maurice). Saint-Amand (Cher), 11 juillet 1857.
Après avoir cité celte phrase de ma réponse à une précédente question : « En créant les hommes, Dieu savait par conséquent qu'il les créait renfermant caché en eux un opposé qui plus tard se développerait et constituerait l'enfer ; il le savait, et s'il n'y a pas remédié, c'est qu'il ne le pouvait pas sans renoncer h la création, etc. « Vous dites : « Eh bien ! l'humanité est arrivée plus tard dans le mal, et cela, jusqu'à nos jours, ainsi qu'il est mentionné ci-dessus. Nous demandons de quel côté est la faute;du côté de Dieu, ou du côté de l'humanité qui ne s'est pas faite d'elle-même. Là est toute la question. » Vous dites ensuite : « Maintenant, j'ajoute de mon propre gré : Est-ce réellement une faute ? Est-ce bien là le mot propre?»
340 DE L'ORIGINE DU MAL. Non ; en ce qui concerne la création et la nature de l'homme, il n'y a eu faute ni du côté de Dieu, ni du côté de l'humanité. Non ; ce n'est pas là le mot propre. Les choses ne pouvaient pas être autrement qu'elles n'ont été. Dieu ne pouvait pas créer des Dieux, ni même créer des Divins, puisque tous les Divins, tels que le Bien, le Vrai, la Justice, etc., sont ab œterno, comme Dieu Lui-Même ; il ne pouvait pas non plus créer l'homme automate ou sans libre arbitre. Dieu ne pouvait que créer des réceptacles de ces Divins avec plein pouvoir de les adultérer, et c'est ce qu'il a fait. Quant à l'explication que vous donnez, quoique très-ingénieuse, je ne puis l'admettre tout entière, et voilà pourquoi : II me semble, si toutefois j'ai bien saisi votre argumentation, que vous divisez les hommes en deux catégories : ceux qui ont été créés hommes intérieurement, et ceux qui n'ont pas été créés hommes intérieurement, et qui sont des opposés nécessaires à la régénération des autres. S'il en était ainsi, on pourrait accuser Dieu d'injustice, puisque nous ne serions pas tous enfants de Dieu au même titre, les uns ayant été créés pour être heureux, et les autres pour être malheureux ; ce serait, en d'autres termes, la classification en élus et en reprouvés, tandis qu'au contraire tous les hommes indistinctement sont créés pour le Ciel. — D. P. N° 330. Cet opposé au Divin que Dieu, en créant les
DE L'ORIGINE DU MAL. 341 hommes, savait être renfermé en eux, c'est l'amour de soi ; et si Dieu n'y a pas remédié, quoiqu'il le sût, c'est parce que l'homme n'étant pas Dieu, ne pouvait exister qu'autant qu'il aurait en lui l'amour de soi. Tous les hommes sont donc indistinctement par leur nature des opposés au Divin, mais en même temps tous indistinctement sont aptes à subordonner par la régénération cet amour de soi à l'amour de Dieu. L'amour de soi, dit Swedenborg, est de création ; il reste chez l'homme, même lorsque l'homme est devenu ange, mais il doit faire les pieds et non la tète ; s'il fait la tête, l'homme est un diable, et non un ange ; ainsi, c'est à l'homme à s'imputer la faute, s'il n'est pas dans l'autre vie parmi les heureux. Je suis d'accord avec vous sur tout le reste. Cette question est d'autant plus importante que les hommes de bonne volonté sont assez généralement portés à admettre le Ciel, mais que presque tous ne veulent pas entendre parler de l'enfer ; on veut bien admettre Dieu pur amour, mais à la condition de rejeter l'enfer qu'on ne peut pas concevoir avec un Dieu bon et miséricordieux. Cela vient nonseulement de ce qu'on ne réfléchit pas assez sur la loi des relatifs et des opposés, mais principalement de ce qu'on a conservé sur l'enfer et sur les damnés des notions fausses. Les damnés sont dans l'enfer, parce qu'ils veulent y être ; Dieu ne les y a pas précipités, ils s'y sont jetés eux-mêmes ; ils en sortent quelquefois quand ils le désirent vivement, mais ils 29*.
342 DE L'ORIGINE DU MAL. ne tardent pas à y rentrer, parce que là ils sont dans leur élément, tandis que hors de l'enfer ils sont comme le poisson dans l'air. Ils tiennent à leur vie infernale, malgré les tourments qu'ils endurent, comme les malheureux sur terre tiennent à la vie malgré leur misère, comme le goutteux malgré sa goutte, comme le forçat malgré sa chaîne ; et si dans leur désespoir quelques-uns appellent la mort, ils sont comme le bûcheron de la fable, si elle pouvait s'y présenter, ils la renverraient.
DE L'HUMAIN GLORIFIÉ DU SEIGNEUR.
A Mademoiselle de S
, à Vevey (Suisse). Sainl-Amand (Cher), 2 juin 1858.
J'ai vu avec grand plaisir que vos idées se sont portées avec une profonde méditation sur la grande question qui malheureusement, en Angleterre, a soulevé entre quelques-uns de nos frères une discussion regrettable, parce qu'elle a été trop vive. Il devrait nous suffire de connaître cette sublime vérité que l'humain pris par le Seigneur a été fait entièrement Divin par Lui; et qu'étant ainsi à éternité dans les derniers comme dans les premiers, il a, comme il le dit lui-même, tout pouvoir dans le Ciel et sur terre. Toutefois, comme chacun aime à confirmer par le raisonnement ce que la Divine Parole nous enseigne, et que vous me demandez mes motifs de confirmation, je vais tâcher de vous les exposer en quelques mots. Le Seigneur, exempt du mal héréditaire paternel, puisqu'il était conçu de Jéhovah, a eu cependant par Marie le mal héréditaire maternel ; sans cela il n'au-
344 DE L'HUMAIN GLORIFIÉ DU SEIGNEUR. rait pas pu être tenté. Or, par les tentations et par ses victoires, il a extirpé successivement toutes les ramifications de ce mal héréditaire, et rendu ainsi divin son naturel (*). Quant à son naturel-matériel, ou quant à la chair et aux os, pour me servir des expressions de l'Écriture, ils ont été divinisés par suite de l'action de l'âme sur le corps. L'âme chez Lui, étant Jéhovah même ou Divine, rendait divines les parties matérielles du moment où le naturel maternel, vaincu dans la tentation, perdait son action mortifère sur elles. Il en est autrement chez tout homme, son âme n'ayant par elle-même rien de Divin, mais étant seulement un réceptacle du Divin, ne peut pas changer la nature du matériel ; l'homme ne peut donc pas, quelque progrès qu'il fasse dans sa régénération, emporter avec lui dans l'autre vie ce matériel; aussi, le laisse-t-il sur la terre. Celui seul dont l'âme était Divine a pu glorifier ainsi son corps, et avoir dans le monde immatériel la chair et les os, comme il nous le dit luimême, — Luc, XXIV. 39. — L'esprit et l'ange ont, il est vrai, chair et os, mais chair et os spirituels, tandis que le Seigneur Seul a la chair et les os pris dans les derniers de la nature et divinisés par lui, de sorte que Seul il est dans les derniers et dans les premiers, et gouverne l'univers entier d'après les premiers par les derniers (*) Voir aux notes additionnelles.
DES REPETITIONS DANS SWEDENBORG ; DE LA SITUATION APPARENTE DES ESPRITS.
A Monsieur M....,, à Port-Louis (Ile-Maurice). Saint-Amand (Cher), 23 juin 1858. Swedenborg s'est répété, il est vrai, dans plusieurs de ses Ouvrages; mais c'était pour que chaque Ouvrage, tombant seul entre les mains d'une personne, pût donner une idée de l'ensemble du système. Du reste, il est à remarquer que, lorsqu'il se répète, il ajoute le plus souvent quelque chose de nouveau. Votre manière d'interpréter les trois citations des A. G. tome X, est bonne ; l'obscur dont vous parlez pourra se dissiper, si vous réfléchissez que la scène, pour les trois cas indiqués, se passe dans le monde des esprits, qui tient le milieu entre les deux grands organismes opposés l'un à l'autre, et que les esprits jouissent en général d'une sorte d'ubiquité ; or, le monde des esprits ayant lui-même la forme humaine, les esprits infernaux, quoiqu'ayant leur place arrêtée et fixe dans l'organisme infernal, peuvent cependant,
346
DES RÉPÉTITIONS DANS SWEDENBORG.
en raison de la faculté d'ubiquité, se présenter dans l'organisme du monde des esprits dans telle ou telle place qui correspond à l'étal présent de leur mental, par exemple, dans le plan du sommet de la tête, s'ils sont dans un haut degré de domination, etc v et que pour dominer plus fortement ils veuillent empêcher l'influx angélique de pénétrer.
DE
L'ÉTABLISSEMENT DE LA NOUVELLE ÉGLISE
A Monsieur Edm. de C Louis (Ile-Maurice).
, à St-A., par Port-
Saint-Amand (Cher), 21 octobre i858.
Ceux qui voudraient établir la Nouvelle Église en prenant strictement pour modèle l'établissement de la primitive Église Chrétienne n'obtiendraient aucun bon résultat. L'Église primitive n'était qu'un acheminement pour arriver à la Nouvelle Jérusalem ; en raison de l'état des hommes et des choses d'alors, elle n'a pu être fondée que par la contrainte, ainsi plutôt d'après les lois de permission que d'après les lois mêmes de l'ordre ; de là les miracles, les extases, etc., toutes choses qui contraignent ; et c'est pour cela que cette Eglise devait périr pour faire place à une Église qui, n'étant composée que cl'liommes qui agiraient « d'après le libre selon la raison (ex libéra scciindum rationem), » demeurerait stable à perpétuité, et serait enfin la véritable Eglise du Seigneur Jésus-Christ, ou le couronnement de toutes les Églises précédentes.
348 DE L'ÉTABLISSEMENT Les réflexions qui suivent votre conclusion sont de toute justesse ; ce que nous devons éviter par-dessus tout, c'est de faire perdre à la Nouvelle Église son caractère d'universalité, en la rabaissant à l'état de secte. Nous sommes encore du même sentiment en ce qui concerne le fouriérisme. Sans avoir fait partie d'aucun groupe phalanstérien, j'avais cependant étudié Fourier et admiré son génie avant de connaître Swedenborg. Nous avons aussi parmi nous quelques anciens phalanstériens, et il n'est guère de lettres que je reçoive d'eux dans lesquelles ils ne fassent allusion à leur ancien état et ne bénissent le Seigneur de les avoir retirés de leurs illusions. Avant d'aborder les autres questions de votre lettre, je vais, comme je vous l'ai promis, vous faire connaître l'état de la Nouvelle Église en France ; si je ne vous l'ai pas exposé plus tôt, c'est que je ne pouvais le faire sans vous parler assez longuement de moi, ce qui me répugne toujours. Quand je fondai la Revue, quoique je connusse déjà depuis trois ou quatre ans les Écrits de Swedenborg, j'étais cependant encore dans cet état de zèle de propagation, qui toujours s'empare de tous ceux qui sortent des ténèbres spirituelles et entrent dans l'éclatante lumière des vérités divines ; et, heureux de ma nouvelle position, je brûlais du désir d'en faire jouir les autres, et je croyais, sans toutefois me faire trop d'illusions, qu'il suffirait de présenter aux hommes les sublimes
DE LA NOUVELLE ÉGLISE.
349
vérités de la doctrine de la Nouvelle Jérusalem, pour que du moins elles fussent accueillies par tous ceux que je supposais aimer le vrai pour le vrai ; je croyais par conséquent à un prochain établissement du Règne du Seigneur sur la terre, ne me rappelant pas assez que, malgré son ardent désir d'attirer les hommes à Lui, le Seigneur ne précipite rien, ne contraint personne, laisse chacun libre, et attend patiemment, parce que le temps n'est rien pour Lui. Je dus donc éprouver bien des mécomptes ; mais le Seigneur, dans sa Divine Miséricorde, ne m'a pas abandonné, il m'a donné la force nécessaire pour persévérer, et surtout pour éviter les pièges qui m'ont été tendus par le Jésuitisme, et pour déjouer ses machinations infernales. Je n'ai pas été longtemps sans reconnaître que la vieille Europe était peu propre à recevoir les divines vérités de la Nouvelle Dispensation ; que, semblable à la Judée, elle serait le berceau de la Nouvelle Église, comme la Judée avait été celui de la première Église Chrétienne ; mais que, de même que la première Église Chrétienne était sortie de son berceau pour se répandre chez les Gentils et s'y établir, de même la Nouvelle Jérusalem, après avoir été accueillie par le très-petit nombre de personnes susceptibles de reconnaître de cœur et d'intelligence le Divin Humain du Seigneur Jésus-Christ et de conformer leur vie à ses préceptes, sera portée par quelquesuns de ses disciples ohcz ces nations nombreuses et 30.
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DE L'ÉTABLISSEMENT
dans ces contrées favorisées du Soleil, où, malgré leur idolâtrie, les hommes sont plus près du Seigneur que ceux qui se disent Chrétiens ; car ils ont moins de répugnance qu'eux à reconnaître un DieuHomme et en même temps Unique. Or, toute la Nouvelle Jérusalem consiste dans ce dogme : Jésus-Christ est le Seul et Unique Dieu ; s'adresser à Lui dans l'Humain qu'il a fait Divin et suivre ses préceptes. En effet, c'est cet Humain qui est la Porte, par laquelle il faut entrer. Depuis 2o ans, combien ai-je vu d'admirateurs des Écrits de Swedenborg se fourvoyer pour avoir négligé ces paroles du Seigneur : « Je suis la Porte ! » Combien peut-être y en a-t-il encore qui feront fausse route par suite d'une semblable négligence ! C'est là le grand écueilpour ceux qui, dès leur jeune âge, ont été habitués à considérer Dieu comme un pur esprit, dans l'acception que le Catéchisme de la Vieille Église et la philosophie moderne donnent au mot esprit. Mais si le Royaume du Seigneur ne s'établit pas encore d'une manière bien ostensible sur noire globe, il nous suffit de réfléchir sur les événements accomplis depuis 1757, et sur ce qui se passe maintenant, pour reconnaître que tout est admirablement dirigé par la Divine Providence pour le préparer et le faire avancer chaque jour, sans que des milliers d'instruments qu'elle emploie en aient la moindre connaissance. Les hommes s'agitent, poussés souvent par les plus mauvaises passions, et la Providence du Sei-
DE LA NOUVELLE ÉGLISE.
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gneur fait servir ces passions à ses vues miséricordieuses. Quant à nous, mon cher frère, heureux de connaître la vérité au milieu de tant d'hommes qui veulent rester aveugles, bénissons le Seigneur en suivant ses lois ; faisons tous nos efforts pour répandre sa doctrine céleste, mais avec la plus grande prudence; et si nous ne réussissons pas au gré de nos désirs, restons alors convaincus que c'est le Seigneur qui, dans sa prévoyance infinie, s'y oppose en raison de la profanation qui en résulterait ; car il vaut mieux pour la génération actuelle qu'elle reste, quant à la majeure partie, dans ses ténèbres spirituelles, que d'être introduite dans une lumière qui, trop brillante pour elle, l'éblouirait sans lui donner la chaleur nécessaire pour suivre le Divin Maître. Ce que Swedenborg nous dit de la profanation, et du sort affreux des profanateurs, doit être pour nous la clé de bien des choses qui, sans cela, ne sauraient être expliquées. Le peu de succès de la Revue sur le public, et 1® événements politiques qui survinrent, nous contrai* gnirent de suspendre celte publication ; toute mo* activité se porta sur le projet de donner, si le Seigneur le permettait, une traduction complète des Ouvrages théologiques de notre Swedenborg. J'avais aussi en vue le projet de donner une traduction de la Parole ; mais ce travail ne pouvait être entrepris qu'autant que nous aurions sous la main, M. Harlé et moi, tous les instruments nécessaires, c'est-à-dire
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DE L'ÉT\BLISSEMENT
qu'autant que nous serions en état de ne rien négliger de ce que notre Auteur avait dit sur tel et tel passage ; c'était donc d'un outillage, si l'on peut s'exprimer ainsi, qu'il fallait préalablement s'occuper. Cet outillage h créer, c'étaient des Tables analytiques et des Index à placer à la suite de chaque Traité. C'est ce que je me suis empressé de faire dès que mon plan eut été définitivement arrêté. Ce travail avance, mais il me demandera encore beaucoup de temps ; car lorsque chaque Traité sera suivi de sa Table analytique et de ses Index, j'aurai à les refondre tous en un seul corps qui formera une sorte d'encyclopédie spirituelle, et dispensera ainsi tout travailleur d'avoir recours à une multitude de volumes pour trouver ce qu'il cherchera. Quant à notre personnel, il est toujours peu nombreux; nous nous trouvons disséminés sur la surface de la France, et il n'existe de réunion pour le culte qu'à Paris chez M. Minot, et à Saint-Amand chez moi. Jusqu'à présent le gouvernement ne nous a pas persécutés, mais sa prédilection avouée pour le Catholicisme romain nous fait présumer que si notre nombre augmentait de manière à donner de sérieuses inquiétudes au parti clérical, il ne nous laisserait pas tranquilles. Le clergé ne dit rien, parce qu'il craint de nous mettre en évidence, et d'exciter ainsi la curiosité publique au sujet de nos Doctrines, ce qui lui serait plus nuisible qu'avantageux. C'est en raison de cette crainte que nous pouvons exercer ostensible-
DE LA NOUVELLE ÉGLISE.
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ment notre culte, sans que personne s'y oppose. A Saint-Amand, il y a deux réunions le Dimanche, l'une le matin spécialement pour les enfants, et l'autre le soir. La réunion pour les enfants, après la lecture de la Parole, est principalement destinée à leur instruction ; ils ont pour catéchisme la Doctrine de la Charité (extraite des Arcanes Célestes) qu'ils apprennent par cœur ; je ne pense pas que nous puissions avoir un meilleur catéchisme ; les plus âgés apprennent ensuite la Doctrine sur l'Écriture Sainte, De cette manière ils sont préparés de bonne heure pour lire avec fruit dans un âge plusavancé les autres Traités de Swedenborg. Le culte pour les adultes consiste à lire les passages de la Parole indiqués pour chaque Dimanche dans la liturgie de Ledru, qui du reste ne nous sert que pour cela ; puis, en une instruction puisée dans les Écrits de Swedenborg. Nous commençons le culte par la lecture du Décalogue et par» notre prière unique : L'Oraison Dominicale. Tel est l'état des choses en France : c'est un temps d'arrêt résultant de l'état politique dans Tequel se trouve notre pays. Devons-nous le déplorer? Je ne le pense pas. Le Seigneur, qui veille avec amour sur son Église, ne le permettrait pas, s'il devait lui être nuisible. Pendant que l'Église semble sommeiller, le Seigneur qui veut quelle soit universelle dispose, comme je le disais précédemment, toutes les nations de la terre à recevoir librement plus tard les Doe-
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trines Célestes, et il donne à tous ceux qui ont consenti à les recevoir, en ouvrant leur porte, le temps d'exécuter les travaux qui sont nécessaires pour que ces doctrines soient plus facilement comprises. Mais ce qui a lieu pour la France ne saurait être une règle pour les autres contrées. C'est aux disciples à juger eux-mêmes de l'état des choses dans la contrée qu'ils habitent, et à décider suivant les circonstances la marche qu'ils doivent prendre, tout en réglant leur décision sur la doctrine réelle de l'Église. N'oublions jamais ce grand principe : La Diversité dans l'Unité.L'unité sans diversité, telle qu'était celle du Catholicisme romain dans le moyen âge, est une monstruosité. La Nouvelle Jérusalem, nous dit Swedenborg, sera Une quant à l'interne, mais Diversifiée quant à l'externe plus que ne l'a jamais été la première Église Chrétienne, c'est-à-dire, Une quant au culte interne ayant pour base la Charité, mais Diversifiée quant au culte externe qui n'est qu'un vêtement relativement au culte interne. Chaque groupe pourra donc s'habiller comme il voudra, c'est-à-dire, donner à son culte externe les formes qu'il jugera les plus convenables, sans que les autres groupes puissent s'en formaliser, pourvu que la Charité réelle soit la base de sa conduite......
DE LA NOUVELLE ÉGLISE.
A Monsieur Edm. de C Louis (Ile-Maurice).
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, à St-A., par Port-
Saint-Amand (Cher), 2/i décembre 1858.
Je ne vois en France aucune autre personne qui puisse remplir dans votre île les fonctions du ministère. Toutefois, une pensée doit nous consoler : De votre côté vous avez fait tout ce qu'il était possible de faire pour avoir un ministre, et de mon côté j'ai fait toutes les démarches possibles pour vous en trouver un ; si nos efforts restent infructueux, c'est, n'en doutons pas, qu'il est dans les vues insondables de la Divine Providence qu'il en soit ainsi. Nos désirs, quelque purs qu'ils soient en eux-mêmes, ne sont pas toujours conformes aux plans de la Providence Divine; et alors, quoiqu'il nous soit tenu compte de leur pureté, ils ne sont pas exaucés. J'ai lu avec le plus grand intérêt la relation concernant votre culte de famille, et je vous félicite cordialement d'avoir institué ce culte dont vous avez ressenti sur-le-champ pour vous et les vôtres la douce influence ; continuez, mon cher frère, sans trop vous préoccuper de l'effet plus ou moins grand que, dans la suite, ce culte pourra produire sur les auditeurs, et soyez persuadé que l'audition de la Parole fera sur chacun d'eux, lors même qu'il ne s'en apercevrait
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pas, un travail intérieur proportionné à son état présent et à son état futur, dont les effets ne deviendront visibles que plus tard. Toute la sainteté du culte réside dans la lecture ou l'audition de la Parole, quand le lecteur ou l'auditeur la considère avec respect comme étant la Parole même de Dieu ; l'homme est alors avec le Seigneur, ou plutôt le Seigneur et l'homme interne s'entretiennent ensemble, sans que l'homme externe en ait conscience, et l'homme interne illustré par cette communication a plus de force pour agir contre l'homme externe et pour le vaincre lorsqu'arrivent les tentations. Les explications qui suivent la lecture de la Parole sont excellentes, il est vrai, mais elles agissent seulement sur l'homme externe, et sous ce rapport elles n'ont pas une semblable efficacité, quoique cependant elles soient très-importantes pour nous diriger dans le chemin de la vérité, et nous aider à dissiper les faussetés dont nous avons été imbus. Je ne mets sous vos yeux ces principes que pour en conclure que vous pouvez parle culte, tel que vous l'avez institué, retirer, quoique privé d'un ministre, les avantages les plus grands pour votre régénération et pour celle des membres de votre famille. Cherchez, par tous les arguments que le Seigneur vous suggérera, à convaincre chaque membre de votre petite Église, 1° que Dieu est Un, que ce Dieu Un est notre Seigneur Jésus-Christ en qui est le Divin Même ou le Père, le Divin Humain ou le Fils, et le Divin procédant ou le Saint-Esprit ;
DE LA NOUVELLE ÉGLISE.
qu'ainsi Dieu est visible aux yeux de l'entendement de l'homme, puisque l'homme peut se le représenter tel qu'il s'est montré aux trois disciples lorsqu'il s'est transfiguré, et tel qu'il se montre réellement aux anges lorsqu'il le juge convenable, et que par conséquent nous devons toujours nous le représenter ainsi lorsque nous nous adressons à lui, et non pas sur la croix où il n'a été qu'un moment pour dépouiller le reste de l'humain qu'il tenait de Marie ; 2° que la Parole est divine dans sa lettre même, qu'il n'y a pas un seul mot qui ne renferme un Divin ; qu'elle est le seul moyen de communication entre le Seigneur et l'homme, et que tout autre mode de communication est une déception qui ne peut produire que des résultats funestes. Ces deux points étant bien inculqués chez les membres de votre Église avec l'intention de fuir les maux comme péchés, n'ayez plus aucune inquiétude, le Seigneur pourvoira aux besoins spirituels de chacun, non sans quelque péripétie pour quelques-uns, car chacun doit être soumis à des tentations plus ou moins fortes, mais du moins sans danger pour son salut s'il reste convaincu de ces principes fondamentaux et les suit ponctuellement. Quant au mode d'instruction, ne vous en préoccupez pas trop non plus ; une instruction familière, d'abondance, passant d'un point à un autre selon qu'on s'y trouve naturellement conduit, est bien préférable, et porte beaucoup plus de fruits, que ces sermons apprêtés pour produire de l'effet, et qui sou-
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vent causent la perte des prédicateurs, parce qu'ils n'y cherchent qu'à briller sans produire d'autres résultats que l'admiration des auditeurs Ayez, en toutes choses, une confiance illimitée en la bonté miséricordieuse du Seigneur; agissez avec toute votre prudence, mais en la soumettant à la prudence divine; et, à ce propos, puisque nous parlons à cœurs ouverts, vous me permettrez de me mettre en avant, et de vous dire comment depuis longtemps pour mon propre compte je comprends cette proposition importante : « Soumettre sa prudence à la Prudence Divine. » Je cherche dans toutes mes actions à suivre les règles de la prudence humaine ; si je réussis, je n'attribue rien à cette prudence, je me dis seulement qu'en cela j'ai suivi l'impulsion du Seigneur ; si je ne réussis pas, je ne m'afflige nullement, je suis même porté à m'en réjouir, car je me dis : Imprudent que tu étais ! avec ta prétendue prudence, tu ne voyais que les choses d'ici-bas, mais ton Père, qui voit le futur comme le présent, et qui met le bonheur éternel des ses enfants bien au-dessus d'un prétendu bonheur terrestre, n'a pas permis que tes souhaits fussent accomplis; garde-toi donc d'en murmurer, mais bénis-le. Cette manière de considérer ainsi les choses, mon cher frère, méfait jouir d'un bonheur inaltérable ; et puisque l'occasion s'en est présentée, je vous en parle, désirant de tout cœur que ce bonheur dont je jouis, vous puissiez en jouir aussi.
DE LA NOUVELLE ÉGLISE.
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Le voyage que vous projetez de faire en France, nous procurerait à tous un plaisir infini, désireux que nous sommes de faire la connaissance personnelle d'un si excellent frère. Si ce voyage est dans les vues de la Providence, nous nous en réjouirons ; si, au contraire, le Seigneur vous retient sur ce que vous appelez votre rocher, nous en augurerons que vous êtes indispensable pour ses plans pour les vastes contrées de l'Orient, par suite de la position avantageuse qu'occupé l'île Maurice
DOIT-ON ATTENDRE DE QUELQUE AUTRE UN SUPPLÉMENT DES ÉCRITS DE SWEDENBORG ?
A Monsieur Ed.-J. B
, à Manchester.
Saint-Arnaud (Cher), 18 octobre 1859. Mon cher Ami, Vous me demandez mon opinion au sujet d'un Ouvrage nouvellement publié en Angleterre, ayant pour titre : « Arcanes du Christianisme, Explication du sens céleste de la Divine Parole par le moyen de T. L. Harris ; » puis vous me posez les questions suivantes : La Révélation donnée au moyen de Swedenborg est-elle en elle-même une révélation complète? — Comprend-elle un supplément ou continuation? — Enseigne-t-elle, ou pouvons-nous voir dans ses enseignements, la possibilité d'une autre diffusion de vérités d'un caractère semblable ou plus élevé, telle qu'une révélation du sens céleste de la Parole, dans lequel serait corrigé ce qu'on pourrait considérer
US SUPPLÉMENT DES ÉCRITS DE SWEDENBORG ?
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comme des erreurs commises par Swedenborg, en jugeant de certains détails d'un point de vue spirituel? Je répondrai d'abord en quelques mots à ces questions, sauf à développer plus loin les considérations sur lesquelles mon opinion est fondée. Le Seigneur étant infini, tout ce qui émane de Lui tend par conséquent à l'infini. Il y aurait donc d'après cela inconséquence à poser des limites à l'action du Seigneur pour éclairer ses créatures ; car l'Humanité, de même que le Ciel, est destinée par l'amour infini du Seigneur à un progrès indéfini ; mais ce dont je suis pleinement convaincu, c'est que ce qu'il a plu au Seigneur de nous révéler par le moyen de son serviteur Swedenborg, pour accomplir soir second avènement, doit suffire à perpétuité quant à lu Doctrine pour la régénération de l'homme, et est même tout à fait suffisant pour alimenter la vie intellectuelle, non-seulement des hommes de la génération présente, mais aussi des hommes d'un grand nombre de générations successives. Nous et nos descendants nous pourrons toujours trouver dans les Écrits de Swedenborg de quoi satisfaire notre désir de connaissances nouvelles; il y a là une mine presque inépuisable ; et je m'étonne que, même dans noire siècle, lorsque cette mine est à peine effleurée, on cherche déjà à vouloir en découvrir une plus riche. Dans ce qui suit, vous pourrez voir dans quelles illusions seraient ceux qui ne se contenteraient pas des sublimes vérités contenues dans les Écrits de notre Auteur, et 3l.
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quels effroyables malheurs tomberaient sur ceux qui se croiraient destinés par le Seigneur à faire de nouvelles révélations. Vous étiez bien jeune encore, mon cher a m i , lorsqu'on 1848 vous vîntes, avec votre beau-frère, M. H., passer quelques mois à Saint-Amand. Nous nous réunissions alors tous les soirs pour nous entretenir de nos sublimes doctrines ; et, d'après ces entretiens, vous avez dû prévoir quelle serait ma réponse à vos questions. Mais puisque vous désirez que je déduise les raisons qui m'ont porté à me former cette opinion, à cause, dites-vous, de l'influence qu'exercent sur beaucoup de nos frères l'ouvrage et les prédications de M. Marris*, je vais tâcher de remplir votre désir; cependant, comme il s'agit de détruire cette influence que vous redoutez, je crois qu'il est indispensable de présenter ici quelques développements sur le mode de transmission de la Parole de Dieu aux hommes, et sur la révélation du sens interne de cette Parole, afin qu'on soit bien fixé et sur l'état des prophètes et sur le caractère de la mission de Swedenborg ; car les questions que vous me posez ayant déjà été soulevées plusieurs fois en France, et sans doute aussi en Angleterre et aux Etats-Unis, par des membres de k Nouvelle Église, cela indique suffisamment que plusieurs de nos frères n'ont pas sur cet élat et sur cette mission une idée parfaitement exacte. Avant donc d'examiner la prétention de M. Barris, il convient d'établir, d'après les connaissance? acquise»
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par les Écrits de Swedenborg, que la mission dont il fut chargé a été le Couronnement des deux Révélations qui constituent notre Divine Parole. Nous savons que la Parole du Seigneur est le lien qui u n i t le monde spirituel et le monde naturel, que ces deux mondes ne peuvent subsister l'un sans l'autre, et que pour conserver l'univers, qui aurait péri lorsque l'ancienne Parole ou Parole antémosaïque eut été entièrement oblitérée, le Seigneur donna, par le moyen de Moi'se et des autres prophètes, la Parole del'Ancien Testament. Nous savons aussi que les prophètes, par le moyen desquels cette Parole a été transmise aux hommes, étaient des instruments tout à fait passifs et ne comprenaient pas mieux que le peuple ce qu'ils prononçaient ou ce qu'ils écrivaient. Il suffisait pour les Juifs d'exécuter ponctuellement la Parole dans le sens de la lettre, et le sens interne leur resta entièrement caché, parce que s'il eût été dévoilé, ils l'auraient profané. Lorsque cette Parole eut été adultérée par les traditions des Juifs, au point que la destruction de l'univers devenait encore imminente, le Seigneur LuiMême vint dans le monde pour le sauver, c'est-à-dire que la Parole elle-même, qui est Dieu, — Jean, I. 1, — se fit chair. Mais comme les hommes étaient alors tombés dans le degré naturel le plus bas, qui est le sensuel-corporel, l'Église que le Seigneur fonda ne pouvant alors être que spirituelle-naturelle, il souleva seulement un coin du voile qui couvrait laParole; et,
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après sa sortie du monde, il donna, par le moyen des Kvangélistes, une nouvelle Parole dont le sens de la lettre, approprié à cette Église, cachait toujours, sauf en quelques endroits, le sens spirituel. De même que les Prophètes, les Évangélistes ont donc été aussi des instruments passifs lorsqu'ils ont écrit les Évangiles et l'Apocalypse, qui constituent la Parole du Nouveau Testament. Les hommes étant alors sensuels-corporels, la primitive Église chrétienne ne pouvait pas s'établir sans l'intervention de miracles ; et comme les miracles contraignent, et que tout ce qui est faitpar contrainte ne reste pas, cette Église devait périr comme les précédentes, et n'était qu'un acheminement pour arriver plus tard à une Nouvelle Église qui s'établirait rationnellement et librement, par conséquent sans miracles, au moyen de la révélation du sens spirituel. C'est ce que le Seigneur a prédit à ses disciples, lorsqu'il leur a dit qu'à la consommation du siècle, c'est-à-dire, à la fin de l'Église, il viendrait sur les nuées du ciel avec puissance et gloire ; les nuées du ciel, comme tous nos frères le savent, sont le sens de la lettre de la Parole, et la gloire en est le sens spirituel. Cette Nouvelle Eglise, qui est désignée dans l'Apocalypse sous le nom de la Nouvelle Jérusalem, devait être par conséquent une Église spirituelle-rationnelle; et par cela même qu'elle doit s'établir rationnellement et librement, sans l'intervention de miracles, elle sera le couronnement des Églises précédentes, et subsistera
UN SUPPLÉMENT DES ÉCRITS DE SWEDENBORG?
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à perpétuité. Ainsi, par la révélation du sens spirituel de la Parole devait s'effectuer le second avènement du Seigneur, en ce qui concerne la fondation de sa Nouvelle Église, la Nouvelle Jérusalem. Or, pour révéler aux hommes le sens interne de la Parole, le Seigneur n'avait pas à recourir à des instruments passifs, tels que les Prophètes et les Évangélistes ; en effet, il ne s'agissait pas de donner un nouveau supplément à la Parole qui, ayant été faite chair, était devenue complète, après l'ascension du Seigneur, par les quatre Évangiles et par l'Apocalypse ; il fallait au Seigneur un instrument actif, c'est-à-dire, un homme qui, illustré par Lui selon les lois de l'ordre, pût reconnaître, en méditant la Parole, les vérités réelles cachées sous les vérités apparentes du sens de la lettre, et établir ainsi sur le sens de la lettre illustré par le sens spirituel la vraie doctrine de l'Église. Mais comme la Parole avait été écrite au moyen de représentatifs et de correspondances, afin qu'elle servît en même temps aux habitants du monde spirituel et à ceux du monde naturel, et qu'elle tînt reliés ensemble les deux mondes, il fallait de toute nécessité que l'instrument que le Seigneur allait employer acquît rationnellement la connaissance de la science des Correspondances, science que possédaient les anciens et qui avait été entièrement perdue. Or, pour qu'un homme put acquérir rationnellement cette science, qui n'est autre que le rapport 3l*.
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existant entre les clioses naturelles et les choses spirituelles, il fallait d'abord que cet homme fût celui qui par ses études scientifiques aurait obtenu les notions les plus saines sur les objets de la nature ; puis, il fallait que cet homme, par la probité de sa vie dans le monde, fût le plus apte à pénétrer avec le moins de danger dans ce monde spirituel, où existent tant d'êtres pervers et astucieux, puisqu'il s'agissait de le parcourir dans toutes ses parties pour en avoir une connaissance suffisante. Par ses travaux scientifiques et par sa vie exemplaire, Swedenborg était bien l'homme qui remplissait le mieux ces deux conditions ; il fut donc introduit dans le monde spirituel, afin d'étudier les phénomènes de ce monde avec celte même sagacité dont il avait donné tant de preuves dans son étude des phénomènes du monde naturel. D'après ce qui précède, on voit que le Seigneur, pour transmettre sa Parole aux hommes, a pu prendre ou des bergers et des pêcheurs, ou des hommes d'une condition plus élevée, puisqu'il s'agissait seulement d'instruments passifs ; mais que, pour la révélation du sens interne de sa Parole, il lui fallait, comme instrument actif ou rationnel, l'homme de l'époque le plus instruit elle plus sage. Toutes ces vérités sont connues de la plupart des membres de la Nouvelle Église ; mais ce que quelquesuns ignorent, c'est la marche qu'a suivie Swedenborg pour la découverte du sens spirituel de la Parole.
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Comme de tout temps et en tous pays il y a eu des extatiques, c'est-à-dire, des personnes qui, par dérogation aux lois de l'ordre divin mais d'après les lois de permission, ont eu communication avec le inonde spirituel, on est porté à croire que Swedenborg ne différait de ces extatiques qu'en ce que sa mission était d'un ordre beaucoup plus élevé, puisqu'il s'agissait pour lui de dévoiler le sens spirituel delà Parole, afin que par là le Seigneur accomplit son second avènement ; mais entre Swedenborg et les extatiques il y a une autre différence bien grande qu'il est important de signaler. Il est bien connu, par les divers écrits que les extatiques ont laissés, qu'ils s'annoncent pour la plupart comme agissant sous l'impulsion directe, soit du SaintEsprit, soit du Seigneur Jésus-Christ, soit même de Dieu le Père ; les plus modestes se disent en relation avec les personnages les plus vénérés de leur auditoire ou de la secte à laquelle leurs écrits sont destinés, et les plus extravagants déclarent qu'ils sont le Saint-Esprit ou le Père éternel. Mais tous donnent ou transmettent des ordres, et quelques-uns vont même jusqu'à menacer des plus grands malheurs ceux qui ne les exécuteraient pas ; eux-mêmes se montrent comme privés de libre arbitre ; tout ce qu'ils font, tout ce qu'ils disent, c'est par ordre ; ils obéissent, et ils veulent qu'on obéisse. Leurs paroles et leurs écrits sont en général remplis d'aperçus brillants, propres à frapper l'imagination de ceux qui les écoutent ou qui
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les lisent; mais on y rencontre le plus souvent des obscurités qui font alors un contraste frappant avec ces aperçus. S'ils parlent de certains points de doctrine, ils les présentent comme leur étant imposés, et ils les imposent à ceux qui ont confiance en eux, ou qui croient que le Seigneur ou le Saint-Esprit a parlé par leur bouche. Il en est tout autrement de Swedenborg, comme on peut le voir par ses Écrits, dans lesquels toutes les propositions nouvelles qu'il avance sont soumises au libre examen du lecteur, et sont prouvées, d'abord par des passages de la Parole, et ensuite, s'il le juge à propos, par des vérités scientifiques qui les confirment et les corroborent. Du reste, son style est toujours simple et jamais boursoufflé. Toutefois, on pourrait croire que Swedenborg, lorsqu'il a écrit son Traité de l'Apocalypse Révélée, a été, comme les Prophètes, un instrument passif du Seigneur ; car, dans la Préface de ce Traité, on lit ce passage : « Chacun peut voir que F Apocalypse ne peut » nullement être expliquée, sinon par le Seigneur » Seul ; car chaque mot y contient des arcanes qui ne » peuvent jamais être connus sans une illustration » spéciale, et par conséquent sans mie révélation; » c'est pourquoi, il a plu au Seigneur de m'ouvrir la » vue de mon esprit, et de m'instruire. Qu'on ne » croie donc pas que j'y aie pris quelque chose de moi » ni de quelque ange ; j'ai tout reçu du Seigneur » Seul. »
Comme ce passage a fait impression sur quelques-
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uns de nos frères, qui même se sont adressés à moi pour savoir ce que j'en pensais, et comme il pourrait produire un effet semblable sur quelques autres, je crois qu'il est utile de vous dire ici comment je le comprends, et de m'étendre quelque peu sur ce sujet, ce qui, dans la circonstance présente, ne doit pas paraître hors de propos. D'ailleurs, je n'oublie pas M. Harris, et je reviendrai à lui le plus tôt possible. Il est bien certain que l'Apocalypse n'a pu être expliquée que par le Seigneur Seul, comme le dit Swedenborg ; mais parce que Swedenborg ajoute qu'il a tout reçu du Seigneur Seul, on tomberait dans une grande erreur si l'on en concluait que le Seigneur a parlé avec lui comme il parlait avec les Prophètes, et lui a donné de vive voix le sens interne de l'Apocalypse. Pour s'en convaincre, il suffit de faire cette seule remarque, que tout ce qui sort de la bouche du Seigneur est la Parole Divine (car lorsque le Seigneur parle, il parle pour toutes ses créatures, tant pour les anges et les esprits que pour les hommes), et que d'après cela le sens interne de l'Apocalypse, dans le Traité de Swedenborg, serait une Parole Divine nouvelle. Or, cela serait tout à fait opposé à la mission môme de Swedenborg, qui consista, non pas à donner aux hommes une nouvelle Parole, mais seulement à leur révéler le sens interne de la Parole de l'Ancien et du Nouveau Testament, afin qu'une nouvelle Église pût être instaurée.
Mais on va, sans aucun doute, demander ce que
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Swedenborg a entendu par ces mots : J'ai tout reçu du Seigneur Seul. Remarquons d'abord que Swedenborg a commencé par dire que « chaque mot de l'Apocalypse contient des arcanes qui ne peuvent jamais être connus sans une illustration spéciale. » Maintenant, voyons ce que c'est que l'illustration : l'acception dans laquelle ce mot doit être pris est d'autant plus importante à connaître, qu'on pourrait confondre l'illustration avec ce que, dans le inonde, quand il s'agit des mystiques, on appelle l'illumination ; et pour qu'on soit bien fixé sur ce point important, nous allons présenter ici les principales propositions contenues dans les Écrits de notre Auteur sur l'illustration, sur ses effets, et sur ceux chez qui elle existe, c'est-à-dire, sur les illustrés. Ces propositions sont les suivantes : L'illustration est une ouverture actuelle des intérieurs qui appartiennent au mental, et aussi une élévation dans la lumière du Ciel.—G. B. 1. La lumière du Ciel est illustration pour l'entendement comme la lumière du monde pour la vue. — D. C. 35. C'est l'entendement de l'homme qui est illustré par cette lumière. — D. C. 3o. L'entendement est illustré en tant que l'homme reçoit le vrai par la volonté, c'est-à-dire, en tant qu'il veut faire selon le vrai. — D. C. 33. Le sens littéral de la Parole est celui qui est illust r é . — D . C. 256.
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Le Seigneur donne à ceux qui sont illustrés la faculté de comprendre le vrai, et de discerner les choses qui, dans la Parole, semblent se contredire.— D. G. 256. Le sens réel de la Parole n'est saisi que par ceux qui sont illustrés, et il n'y a d'illustrés que ceux qui sont dans l'amour et dans la foi envers le Seigneur. — B . C . 253. Sont illustrés d'après la Parole ceux qui la lisent d'après l'amour du vrai et du bien, et non ceux qui la lisent d'après l'amour de la réputation, du gain, de l'honneur. — D. G. 256. Telle est l'illustration en général, et tout homme qui reconnaît la Parole comme Divine, et qui la lit pour y découvrir le vrai afin de l'appliquer à sa vie, peut reconnaître par lui-même la justesse de ces propositions. N'est-il pas vrai qu'en lisant la Parole il arrive parfois qu'on est surpris d'y découvrir des choses qu'on n'y avait pas vues précédemment lorsqu'on avait lu les mêmes passages? El quand cela arrive-t-il ? N'est-ce pas précisément quand, moins préoccupé de choses mondaines, on désire le vrai pour la direction de la vie? C'est là l'illustration, qui diffère selon la qualité de chacun, et, chez chacun, selon sa propre disposition quand il lit la Parole. Chez Swedenborg, il y avait illustration spéciale, ou au plus haut degré, en raison et de la mission qu'il avait à remplir et des connaissances qu'il avait acquises sur la science des Correspondances par ses
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longues pérégrinations dans le monde spirituel. C'est là aussi la révélation dont il pai'le clans le moine passage de sa Préface, puisque l'illustration lui révélait ou lui faisait découvrir le sens interne ; c'est aussi l'instruction qu'il a plu, dit-il, au Seigneur de lui donner ; car, « depuis que la Parole a été écrite, le Seigneur parle par elle avec les hommes,» — D. C. 263,— « et ne parle pas avec l'homme autrement que par sa Parole, » — A. G. 10290. Le sens interne de l'Apocalypse a donc été révélé à Swedenborg au moyen de l'illustration ; c'est lorsqu'il était dans l'état naturel, et non en même temps dans l'état spirituel ou de vision, lisant la Parole dans le recueillement et avec les dispositions voulues par les lois de l'ordre, que le sens interne se révélait à lui au moyen de la science des Correspondances, dans laquelle il faisait continuellement des progrès en parcourant le monde spirituel, et en comparant les choses de ce monde avec les choses naturelles. C'est parce qu'il en était ainsi, que dans cette Préface il dit qu'il n'a rien pris de lui, ni d'aucun ange ; il s'entretenait, il est vrai, avec les anges, il discutait même avec eux, et il arrivait quelquefois que, par suite de ses connaissances sur les Correspondances des spirituels avec Ses naturels, il leur apprenait des choses qu'ils ignoraient, quoique d'un autre côté il reçût d'eux des instructions; mais on ne voit nulle part dans ses Écrits qu'ils lui aient appris quelque chose concernant la doctrine clé la Nouvelle Église et le sens interne de la Parole.
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Ainsi, dans l'explication de l'Apocalypse, comme, du reste, dans lesexplications dusens interne qu'on trouve dans ses autres Traités, Swedenborg a tout reçu du Seigneur Seul, non de vive voix, mais par l'illustration, puisque, comme il a été dit ci-dessus, depuis que la Parole a été complètement écrite, le Seigneur ne parle pas avec l'homme autrement que par la Parole. On peut voir, d'après cela, combien l'illustration de Swedenborg diffère de l'illumination des extatiques, qui n'est autre chose que la possession de l'homme par des esprits, au point que celui qui est ainsi possédé n'est plus conduit que par eux, lors même qu'il croit jouir pleinement de son libre arbitre. Dire que Swedenborg est un illuminé, ainsi que le nomment communément ceux qui ne connaissent pas ses Écrits, car on va jusqu'à lui donner le titre de prince des illuminés, c'est commettre la plus grande erreur. Qu'on donne le nom d'illuminés aux extatiques, cette qualification peut leur convenir et n'a rien qui étonne, elle est en quelque sorte en rapport avec leur état ; mais qu'on applique cette dénomination à Swedenborg, cela est manifestement en opposition avec les faits eux-mêmes ; car entre son illustration et l'illumination des extatiques il y a plus de différence qu'entre la lumière du soleil et la lueur de la lune ; et, pour que la comparaison fût exacte, il faudrait dire qu'il y a la môme différence qu'entre la lumière du jour et la lueur fantastique d'un feu follet. Qu'on lise 32.
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ses Écrits ; tout y est logique, tout y est conforme à la raison la plus saine quand elle met de côté les préjugés, et chaque découverte que fera la science viendra confirmer celles de ses assertions qui maintenant peuvent paraître hasardées. Pour qu'on saisisse encore mieux la différence qu'il y a entre Swedenborg et tous les extatiques, nous allons examiner quel a été son état à partir du moment où la rue de son esprit a été ouverte. C'est à l'âge de 57 ans que Swedenborg entre dans le monde spirituel ; et il y entre avec tous les préjugés résultant et de son éducation comme fils d'un évêque luthérien, et du milieu scientifique dans lequel il avait vécu. Qu'on ne croie pas que, dès son entrée dans ce monde, la vérité se soit montrée à ses yeux dans tout son éclat, et qu'il se soit aussitôt dépouillé de ses préjugés ; cela aurait été en opposition avec les lois de l'ordre, qu'il nous a si bien exposées pins tard dans ses Écrits. Son instruction spirituelle s'est faite graduellement, comme se fait toute instruction naturelle, et son illustration a été progressive selon que par sa vie même il avançait dans le chemin de la régénération. C'est, du reste, ce que prouvent évidemment ses premiers Écrits théologiques (les Advcrsaria et le Diarium), laissés par lui en manuscrit, mais publiés dernièrement ; ces Écrits nous ont montré quel a été pour ainsi dire jour par jour son avancement dans la découverte des vérités. Ce n'est même qu'environ trois ans après son introduction dans le monde spiri-
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tuel, à savoir, au commencement de l'année 1748, qu'il reconnaît que notre Seigneur Jésus-Christ est le seul et unique Seigneur qui gouverne le Ciel et la terre, et qu'en Lui Seul est la Divine Trinité de Père, de Fils et d'Esprit Saint; mais, dès ce moment,lorsqu'il parle de Lui, il n'emploie plus dans tous ses Écrits que l'expression Dominm (leSeigneur), tandis qu'auparavant pour le désigner il se servait de l'expression Deux Messias (Dieu le Messie). Cette substitution de Dominus à Deus Messias a pour nous de l'importance (permettez-moi cette remarque faite en passant) ; elle peut nous servir à indiquer l'époque de quelques-uns des Écrits posthumes de notre Auteur ; ceux où l'on trouve Deus Messias montrent suffisamment par celte expression qu'ils ont été composés avant 1748, c'est-à-dire, dans les trois premières années de l'introduction de Swedenborg dans le monde spirituel, et qu'ainsi ils ne peuvent pas avoir pour nous la môme autorité que ceux qui ont été écrits postérieurement. Il est encore à remarquer que ce n'est qu'une année après, en 1749, qu'il commença à publier son grand ouvrage, les Arcana Cœtestia; et, ce qui n'est pas moins remarquable, c'est que dans les divers Traités qu'il a publiés depuis 1749 jusqu'à la fin de sa vie, on ne trouve aucune mention de ces Écrits composés antérieurement à 1748, et qu'il n'y est même fait aucune allusion, ce qui prouverait que ce ne sont que des ébauches, et qu'il avait jugé que son instruction spirituelle et son illustration
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n'étaient pas encore à celte époque parvenues à un assez liant degré, pour qu'il put sans quelque inconvénient mettre au jour ce qu'il avait alors écrit. Toutefois, la publication décès Manuscrits a eu pour nous ce grand avantage de nous faire connaître le mode d'instruction spirituelle et d'illustration de notre Auteur, ce qu'on ignorait généralement avant cette publication ; mais il faut ajouter que ces Écrits antérieurs à 1748 ne doivent être lus qu'en tenant compte de l'état d'illustration encore faible dans lequel était alors Swedenborg ; car si on les mettait au même rang que les Traités qu'il a publiés lui-même, on pourrait en les confrontant les uns avec les autres trouver des contradictions, tandis qu'on n'en rencontre aucune dans tout ce qu'il a livré lui-même au public. Maintenant, d'après les explications qui précèdent, comme nous savons en quoi consiste l'illustration, et quel a été le mode d'instruction spirituelle de Swedenborg, les questions que vous avez posées se trouvent pour ainsi dire résolues d'elles-mêmes. En effet, il est facile de voir, 1° que la révélation donnée au moyen de Swedenborg est une révélation complète en elle-même, puisqu'après l'ascension du Seigneur la Parole a été complétée par les quatre Évangiles et par l'Apocalypse, et que son sens spirituel a été révélé au moyen de Swedenborg ; 2° que par conséquent il n'y a pas lieu à un supplément ou continuation, puisque, sans avoir recours à un nouvel instrument
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actif du genre de Swedenborg, le Seigneur, au moyen de l'illustration, que tout homme est susceptible de recevoir, fera progresser son Église dans la connaissance des vérités à mesure que le besoin s'en fera sentir, la science des Correspondances aidant ; 3° que rien dans les enseignements de Swedenborg ne fait entrevoir la possibilité d'une autre diffusion de vérités d'un caractère semblable au sien ou plus élevé que le sien, ce qui d'ailleurs peut être constaté par quiconque lira attentivement tous les Écrits de notre Auteur. Mais cette 3e question est complétée par ces mots : « Diffusion de vérités, telle qu'une révélation du sens céleste delà Parole, dans lequel serait corrigé ce qu'on pourrait considérer comme des erreurs commises par Swedenborg, en jugeant de certains détails d'un point de vue spirituel. » Ce complément de la question concerne sans aucun doute la prétention de M. Barris de surpasser Swedenborg en donnant comme révélation le sens céleste de la Parole. Du moment où M. Barris est de son aveu en communication avec le Monde spirituel, et s'annonce comme ne faisant qu'expliquer ce que dicte le Seigneur, sa prétention ne peut pas être admise par les membres de la Nouvelle Église, puisque maintenant le Seigneur ne parle pas avec l'homme autrement que par la Parole, c'est-à-dire, autrement que par l'illustration de l'entendement de l'homme, quand celui-ci lit la Parole avec les dispositions voulues par les lois de l'ordre. 32*.
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Nous admettons la mission de Swedenborg, parce qu'elle avait une cause, mais nous ne pouvons admettre celle que se donne M. Harris, parce qu'elle serait sans cause. En effet, le Seigneur avant de quitter ce monde annonce à ses Disciples qu'il viendra de nouveau à la consommation du siècle, c'est-à-dire, à la fin de l'Église qu'il fondait, mais sur les nuées du Ciel avec puissance et gloire, c'est-à-dire qu'il lèvera alors le voile qui doit rester jusque là étendu sur sa Parole; puis, dans l'Apocalypse, il annonce la fondation d'une Nouvelle Église sous la dénomination de la Nouvelle Jérusalem, dont il donne la description ; il fallait donc, comme nous l'avons vu, un homme spécial par le moyen duquel pût s'accomplir ce second avènement du Seigneur. La cause de la mission de Swedenborg étaitdonc une cause réelle, et sa mission, une mission nécessaire et indispensable. Mais où est la cause de la mission de M. Harris? Quelle est la nécessité de cette mission? Pour que M. Harris pût soutenir devant des membres de la Nouvelle Église sa prétention, il faudrait d'abord qu'il prouvât d'après la Parole que le second avènement du Seigneur, maintenant accompli, n'était pas son dernier avènement, et qu'il devait venir une troisième fois ; il faudrait ensuite que M. Harris prouvât que Swedenborg n'était pas en état de pouvoir comprendre et communiquer aux hommes le sens céleste qui lui est maintenant révélé, à lui M. Harris; et c'est lorsqu'on peut, d'après les lois naturelles, apprécier avec quelle économie de moyens la Divinité
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agit dans toutes ses œuvres, qu'on pourrait supposer que le Seigneur, cent ans à peine après son second avènement, viendrait donner aux hommes, en se servant d'un instrument passif, un supplément de vérités qu'il aurait pu leur communiquer par Swedenborg, instrument conforme aux lois de l'ordre ! Il serait inutile d'insister davantage sur ce point. Cependant, pour réduire tout à fait à néant la prétention de M. Harris de donner le sens céleste de la Parole, et pour qu'il ne reste aucune incertitude sur ce point, nous allons montrer, 1° combien le sens cékste est au-dessus du sens spirituel ; 2° que l'homme peut devenir ange, même du troisième Ciel, sans avoir besoin de connaître sur notre terre le sens céleste ; 3° que les anges du second Ciel, qui sont si intelligents, ne désirent môme pas le sens céleste. Ces trois Propositions trouveront successivement leur solution dans les considérations générales que nous allons présenter. Ceux qui ont lu les Ouvrages de Swedenborg savent qu'en toutes choses il y a trois degrés, appelés discrets ou séparés, parce qu'ils sont entre eux comme la fin, la cause et l'effet ; et que chacun de ces degrés contient d'autres degrés, appelés continus, parce qu'ils croissent continuellement dans chaque degré séparé, sans que ceux d'un degré inférieur puissent jamais atteindre le degré supérieur. Ils savent aussi que la Parole a trois sens selon les trois degrés discrets, à savoir, le sens naturel, le sens spirituel et le
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sens céleste, et qu'ainsi chacun de ces trois sens, qui sont entre eux comme l'effet, la cause et la fin, contient, selon son degré, des sens de plus en plus élevés, sans que ceux, par exemple, du degré spirituel, quelqu'élevés qu'ils soient, puissent atteindre les moins élevés du degré céleste. Ceci ne doit-il pas suffire pour faire voir combien le sens céleste est au-dessus du sens spirituel, même le plus élevé ? On sait aussi que le sens de la lettre de la Parole est pour les hommes dans le monde, et renferme les autres sens ; et, qu'outre le mental que Swedenborg appelle YAnimus, ou mental extérieur destiné aux choses purements naturelles, l'homme a encore trois autres mentais, à savoir, le mental naturel-spirituel, le mental spirituel et le mental céleste, qui correspondent aux effets, aux causes et aux fins, ou aux trois Cieux, et qu'il peut devenir ange de l'un de ces Gieux après sa mort, selon que par sa vie dans le monde il a ouvert le premier de ces mentais, ou successivement le second et le troisième. Ainsi, si l'homme, quelle que soit son intelligence, n'est porté qu'à s'occuper des effets, c'est-à-dire, s'il n'a en vue que le vrai naturel et le bien naturel, il est simplement dans la charité spirituelle-naturelle; alors s'ouvre chez lui le mental spirituel-naturel, et d'après cette ouverture, qui a lieu sans qu'il en ait conscience, il se trouve apte à de~ venir ange du premier Ciel. Mais si l'homme recherche aussi les causes, c'est-à-dire, s'il a aussi en vue le vrai spirituel et le bien spirituel, il est par là dans
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la charité spirituelle-rationnelle, mais plus dans cette charité que dans l'amour envers le Seigneur, c'est-àdire qu'il agit plus d'après l'entendement que d'après la volonté ; dès lors s'ouvre chez lui le mental spirituel, et d'après cette ouverture, qui a lieu aussi sans qu'il en ait conscience, il se trouve apte à devenir ange du second Ciel. Enfin si l'homme s'occupe spécialement des fins, c'est-à-dire, s'il a spécialement en vue le bien céleste et le vrai céleste, il est par là dans l'amour envers le Seigneur, et plus dans cet amour que dans la charité à l'égard du prochain, c'est-à-dire qu'il agit plus d'après la volonté que d'après l'entendement ; dès lors s'ouvre chez lui le mental céleste, et d'après cette ouverture, qui a lieu de même sans qu'il en ait conscience, il se trouve apte à devenir ange du troisième Ciel. On voit donc que l'homme peut devenir ange de l'un des Cieux, et même ange du troisième Ciel ou Ciel céleste, sans qu'il ait besoin de connaître sur notre terre le sens céleste de la Parole ; pour qu'il devienne ange du troisième Ciel il suffit que dans l'accomplissement de ses devoirs de chrétien il ait en vue les fins, c'est-à-dire, le bien céleste et le vrai céleste, agissant alors plutôt par volonté que par entendement. De plus, on sait que notre Parole existe dans les trois Cieux, et que dans chaque Ciel, où n'entrent pas les mots qui la constituent, elle présente en série le sens qui est propre à ce Ciel, ainsi le sens spiri-
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tuel-naturel dans le .premier Ciel, le sens spirituel dans le second Ciel, et le sens céleste dans le troisième Ciel. Or, comme la Parole est infinie, tant dans son ensemble que dans chacune de ses parties, puisqu'elle est Dieu et que Dieu est un et indivisible, chacun de ses sens internes est infini aussi, c'est-à-dire que dans chaque Ciel les anges trouvent dans le sens de la Parole, qui leur est propre, un aliment par lequel ils croissent et croîtront indéfiniment et à perpétuité en amour et en sagesse, sans toutefois sortir de leur sphère ou du degré discret dans lequel ils sont ; par exemple, l'ange du second Ciel ou Ciel spirituel restera a. éternité dans ce Ciel, et dans la Parole il trouvera toujours à satisfaire son désir de posséder de nouvelles affections et de nouvelles pensées. C'est en cela même que consiste le bonheur des anges, parce qu'ainsi ils restent dans la sphère qui convient à leur intérieur ; et même ils cesseraient d'être heureux, s'ils montaient dans une sphère supérieure. D'après cela il est évident que le sens céleste de la Parole n'est pas même désiré par les anges du second Ciel, dont l'intelligence est si élevée. Ajoutons ici, pour servir de confirmation, que le sens purement naturel, ou sens littéral de la Parole, offre aussi aux hommes des avantages analogues à ceux dont il vient d'être parlé; et ce qui le prouve, c'est que tout homme qui s'en tient au sens de la lettre, et vit réellement dans l'amour envers le Sei-
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gneur et dans la charité à l'égard du prochain, trouve continuellement dans ce sens de nouveaux aliments qui le font croître aussi en amour et en sagesse. De plus, ceci montre que le sens de la lettre a pu suffire aux hommes ; et il leur a suffi tant qu'ils sont restés simples de cœur; et il suffit encore à ceux qui, dans cette simplicité de cœur, laissent de côté les fausses interprétations et les funestes déductions des docteurs et des théologiens, et font consister la religion dans la vie. Or, puisque l'homme peut même devenir ange du troisième Ciel, sans avoir besoin de connaître le sens céleste, et puisque les anges du second Ciel, ou anges spirituels, se contentent du sens spirituel, et ne désirent même pas le sens céleste de la Parole, pourquoi chercherions-nous à le connaître ? De quel avantage nous serait-il sur cette terre? Pour satisfaire n»tre ardent désir de nouvelles connaissances, et notre pressant besoin de nouvelles affections, n'avons-nous pas à explorer le vaste champ que nous offre le sens spirituel ï car ce que le Seigneur nous en a révélé par le moyeu de son serviteur Swedenborg est loin de constituer la Paroie en série, telle que la lisent les Anges du second Ciel. En eifet, les mots dont est composée notre Parole n'entrant pas dans les Cieux, ainsi qu'il a été dit, et les anges dans chaque Ciel lisant la Parole dans le sens qui leur est propre, il est évident que pour les anges du second Ciel, le Livre qui renferme leur Pa-
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rôle n'est autre que le sens spirituel de notre Parole écrit en série, c'est-à-dire qu'il n'y a pas le plus petit mot, le moindre iota ou accent du texte original de notre Parole, qui ne s'y trouve traduit en sa signification spirituelle, ce qui constitue la série, et ce qui fait que là même où le sens de la lettre nous paraît décousu, le sens spirituel, nous dit Swedenborg, est dans une admirable série. Or, il y a spécialement trois Livres de la Parole, dont Swedenborg a donné le sens spirituel : ce sont la Genèse, l'Exode et l'Apocalypse. Qu'on lise les Traités où ce sens est donné, et l'on reconnaîtra qu'il n'en est présenté que le sommaire, sommaire admirable, il est vrai, mais ce n'est pas là seulement ce qui est sous les yeux des anges lorsqu'ils lisent leur Parole. Non-seulement pour eux le texte, spirituel lui-même est en série, sans que la signification du moindre iota de notre Parole y soit omise, mais ils voient dans une seule phrase, lorsque leur attention s'y arrête, beaucoup d'autres choses qui exigeraient des pages pour être écrites, et dont plusieurs ne pourraient pas même être exprimées dans aucune langue de notre monde. Gardons-nous, cependant, de nous plaindre de ce que le Seigneur, en nous révélant le sens spirituel de sa Parole, ne nous en ait donné que le sommaire; il nous a donné tout ce que nous pouvions présentement porter; mais au moyen de la science des Correspondances, dont les bases ont été posées dans les Écrits de Swedenborg, et en raison de l'illustration qui deviendra de plus
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en plus gîdiide à mesure que les hommes de la Nouvelle Église avanceront dans la voie de la régénération, nous et nos neveux nous pourrons toujours, sans une autre révélation extraordinaire, faire des progrès dans la connaissance du sens spirituel, qui ainsi se dévoilera indéfiniment selon les lois de l'ordre. S'il en est ainsi pour le sens spirituel, que seraitce donc pour le sens céleste? et c'est lorsque, par les révélations faites à Swedenborg, il a suffi, pour l'instauration de la Nouvelle Jérusalem, d'un simple sommaire du sens spirituel, que M. Harris aurait la prétention de nous 'révéler le sens céleste, dont les Anges du second Ciel ne peuvent saisir que quelque partie, de môme que les hommes ne peuvent saisir que quelque partie du sens spirituel ! Les Anges du troisième Ciel peuvent seuls comprendre le sens céleste en série. Dans le sens intime, dit Swedenborg, la Parole ne traite que du Seigneur Seul.— D. C. 263. — D'ailleurs, le sens céleste ne pourrait concerner qu'une Eglise céleste, et la Nouvelle Jérusalem est spécialement une Église spirituelle, qui doit subsister à perpétuité. Sa doctrine n'est-elle pas complète? Que peut-il lui manquer? Ne suffit-il pas à un homme qui l'admet de faire quelques pas dans la voie de la régénération, pour qu'aussitôt il reconnaisse que cette doctrine n'a aucun besoin de complément ? Maintenant qu'il est établi que la Nouvelle Jérusalem n'a aucun besoin de la révélation du sens céleste 33.
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de la Parole pour parvenir aux hautes destinées qui lui sont promises, il est à espérer que les écrits et les prédications de M. Harris n'exerceront plus sur l'esprit de certains membres de la Nouvelle Église du Seigneur cette influence que vous redoutez. Cependant, comme le merveilleux a toujours quelque attrait pour beaucoup de personnes, et, qu'en général on n'est pas longtemps porté à jouir paisiblement des richesses qu'on possède, même quand ce sont des richesses spirituelles, sans désirer en posséder de nouvelles, je crois qu'il est important de montrer par des exemples combien l'extase présente de dangers; et, puisque dans votre lettre vous désirez que j'entre sur ce sujet dans quelques détails, je m'empresse d'accéder à votre désir. Inutile de rapporter ici les nombreuses extravagances dites ou écrites par les extatiques de France dans ces derniers temps; il en a sans doute été de même en Angleterre ; mais je vous parlerai de deux extatiques qui ont appartenu à la Nouvelle Église, et dont l'état d'extase a beaucoup de rapport avec celui de M. Harris. Ils avaient l'un et l'autre les qualités qu'on se plaît à reconnaître dans M. Harris, et tous deux avaient fait une élude approfondie des Écrits de Swedenborg; mais, malgré les connaissances qu'ils y avaient puisées, ils ne purent pas résister longtemps aux astucieuses insinuations des esprits qui étaient en eux, et avec lesquels ils s'entretenaient.
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Ces esprits insinuèrent au premier, M. le comte de B., qu'il était chargé de la mission spéciale d'établir la Nouvelle Jérusalem sur notre terre. Par suite de cette insinuation, M. de B. avait fait ce raisonnement : « Le monde spirituel est le monde des causes, et le monde naturel est le monde des effets; Swedenborg a été le révélateur des causes et ne s'est point occupé des effets ; donc, pour que l'œuvre soit complète, il faut un révélateur des effets ; je suis ce révélateur. » Alors il reçoit ordre de faire la constitution que doit avoir la France sous le régime de la Nouvelle Jérusalem, et il se met aussitôt à l'œuvre; il commence à écrire cette constitution le 16 janvier 1830, et termine ce travail le 5 février suivant. Il faut ajouter que, dès la fin de 1829, M. de B. avait, à l'exemple de Swedenborg, commencé un Diarium ou journal, qu'il a continué sans interruption jusqu'au 22 novembre 1833, et dans lequel il a enregistré toutes ses visions ; mais il a quitté notre monde sans que ses révélations aient reçu leur accomplissement, que chaque jour il attendait. Peu de temps après son décès, tous ses écrits, dont quelques-uns sont bons, m'ont été adressés par sa veuve ; et, si l'on en excepte ses visions, sa prétention à être le révélateur des effets et quelques autres excentricités, M. de B. ne s'écarte pas de Swedenborg. Le sort du second, M. ***, a été plus douloureux pour nous. M. de B. s'était contenté d'être le révélateur des effets ; les esprits avec lesquels M. ***
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communiquait se montrèrent plus ambitieux pour lui, et lui insinuèrent qu'il avait pour mission de révéler les fins. Par un raisonnement analogue à celui de M. de B., ils faisaient dire à M. *** : « Le royaume spirituel du Seigneur est le royaume des causes, et son royaume céleste est le royaume des lins ; Swedenborg a été le révélateur des causes, et ne s'est point occupé des fins ; donc, pour que l'œuvre soit complète, il faut un révélateur des fins ; je suis ce révélateur. » Dès lors, M. "*** ne s'occupe qu'à remplir la mission dont il se croit chargé ; il veut découvrir les fins; mais ses facultés intellectuelles, quoique d'un ordre très-élève, sont tellement surexcitées que ses extases deviennent effrayantes; il divague, il entre en fureur, et l'on est contraint de le mettre dans une maison de fous. Vous parlerai-je d'un autre extatique qui se crut destiné à donner une troisième Parole pour compléter l'Ancien et le Nouveau Testament ? Je crois qu'il suffit des deux premiers exemples, sans qu'il soit même besoin de les accompagner de réflexions. Toutefois, comme le nombre des extatiques a beaucoup augmenté depuis qu'il est question des Tables tournantes, il ne serait pas hors de propos de dire ici quelques mots de ces Tables, surtout en raison du rapport qu'elles ont avec le sujet dont nous nous occupons maintenant. Or, quand on commença en France à faire tourner des tables, l'un de nos frères m'écrivit pour me demander ce que j'en pensais;
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mon opinion sur ce point n'ayant pas changé depuis la réponse que je lui adressai, je vous transcris ici cette réponse : « Nous ne nous sommes pas occupés ici des Tables tournantes et parlantes, ni d'aucun des phénomènes qui peuvent en dériver, parce que nous savons, par tons les enseignements que nous donne Swedenborg sur le Monde spirituel, combien il y a de dangers à entrer maintenant en conversation avec les êtres qui habitent ce monde. Quant au fait en lui-même, il est certainement providentiel, comme tout ce qui arrive, mais il est de la classe des faits de permission. Le Seigneur a permis aux esprits sensuels-corporels (car il n'y a que ceux-là qui désirent entrer en communication directe avec les hommes) de lier conversation avec les habitants de notre globe, parce qu'il est dans les vues de sa Divine Providence de tirer du bien des pernicieuses intentions de ces esprits, qui ne se plaisent qu'à dresser de fatales embûches, en se présentant soit comme des Anges de lumière, soit comme SaintEsprit, soit même quelquefois comme étant le Seigneur, et surtout en nous inculquant des principes erronés au moyen de flatteries faites avec une satanique adresse, et en nous berçant d'illusions nuisibles à notre propre régénération. Je suis persuadé ([ne ce phénomène des Tables, dont on s'occupe dans toutes les classes de la société, soit ouvertement, soit secrètement, aura pour avantage d'amener beaucoup de personnes à méditer sur les choses spiri33*.
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tuelles, ce qu'elles n'auraient pas fait sans cela. Mais aussi, que de maux il en résultera ! combien d'hérésies il en surgira ! que de désillusionnements ! combien d'hommes en deviendront fous ! les hospices en reçoivent chaque jour dont la folie n'a pas d'autre cause. Rendons donc grâces au Seigneur de ce qu'il nous a fait connaître par son serviteur Swedenborg la nature de ce monde spirituel, dont la communication avec le nôtre est si dangereuse maintenant que la partie la plus proche de nous (le monde des esprits) est encore composée de tant d'êtres pervers ; et ne cherchons la vérité que dans sa Parole, dont il nous a donné la clé en nous révélant le sens spirituel. Remarquez bien que, si Swedenborg a pu converser sans danger avec les êtres du monde spirituel, c'est parce qu'il a été continuellement sous la garde du Seigneur ; il déclare lui-même que s'il eût cessé d'y être un seul instant, il eût été perdu ; et il a été continuellement sous cette garde, parce qu'il était indispensable pour le second avènement du Seigneur qu'unhornme eût une connaissance parfaite du Monde spirituel, afin de pouvoir donner l'explication du sens interne de la Parole. Cette explication étant donnée, il n'y a plus maintenant aucune nécessité qu'un autre homme soit mis dans le même état que SAvcdenborg. Il ne peut donc arriver que des malheurs, soit naturels, soit spirituels, aux imprudents qui voudraient communiquer directement avec l'autre monde. »
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Enfin, pour en finir avec ces Tables, j'ajouterai que des habitants de notre ville, surpris de ce qu'aucun des nôtres ne s'occupait des Tables, nie firent demander ce que je pensais de ceux qui s'amusaient à les faire tourner ; je leur fis répondre que je ne saurais mieux les comparer qu'à des enfants qui jouent avec le feu. Quant au langage des esprits avec l'homme, et aux dangers qui en résultent, nous trouvons dans Swedenborg un passage que tous les membres de la Nouvelle Église devraient avoir sous les yeux pour le méditer ; c'est pourquoi, bien que ce passage soit long, je n'hésite pas à le donner ici tout entier. « Plusieurs croient que l'homme peut être enseigné par le Seigneur au moyen des esprits qui parlent avec lui ; mais ceux qui le croient et le veulent, ne savent pas que cela a été conjoint avec le péril de leur âme. Tant que l'homme vit dans le monde, il est, quant à son esprit, au milieu des esprits, et cependant les esprits ne savent pas qu'ils sont chez l'homme, et l'homme ne sait pas qu'il est avec les esprits : cela vient de ce qu'ils ont été conjoints immédiatement quant aux affections]de la volonté, et médiatement quant aux pensées de l'entendement ; en effet, l'homme pense naturellement, mais les esprits pensent spirituellement ; or, la pensée naturelle et la pensée spirituelle ne font un que par les Correspondances, et l'union par les Correspondances fait que l'un ne sait rien au sujet de l'autre. Mais dès que les
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esprits commencent à parler avec l'homme, ils passent de leur état spirituel dans l'état naturel de l'homme, et alors ils savent qu'ils sont chez l'homme, et ils se conjoignent avec les pensées de son affection, et parlent avec lui d'après ces pensées : ils ne peuvent entrer dans autre chose; car tous sont conjoints par une affection semblable, et par suite par une pensée semblable, et tous sont séparés par la différence de l'affection et de la pensée. De là résulte que l'esprit qui parle est dans les mêmes principes avec l'homme, que ces principes soient vrais, ou qu'ils soient faux, et qu'en outre il les excite et les confirme fortement par son affection conjointe à l'affection de l'homme. D'après cela, il est évident qu'il n'y a pas d'autres esprits que des esprits semblables à lui, qui parlent avec l'homme, ou qui opèrent d'une manière manifeste dans l'homme, car l'opération manifeste coïncide avec le langage; de là vient qu'il n'y a que des esprits enthousiastiques qui parlent avec les enthousiastes ; qu'il n'y a aussi que des esprits Quakers qui opèrent dans les Quakers, et des esprits Moraves dans les Moraves ; il en serait de même avec les Ariens, avec les Sociniens, et avec les autres hérétiques. Tous les esprits qui parlent avec l'homme ne sont autres que des hommes qui ont vécu dans le monde, et alors tels : qu'il en soit ainsi, il m'a été donné de le connaître par des expériences. Et, ce qu'il y a de plaisant, lorsque l'homme croit que l'Esprit Saint parle avec lui, ou opère en lui, l'esprit
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croit aussi lui-même q u ' i l est l'Espril Saint; cela est commun chez les esprits enlhousiastiques. D'après ces considérations, on voit clairement le danger dans lequel est l'homme qui parle avec des esprits, ou qui sent manifestement leur opération. L'homme ignore quelle est son affection, si elle est bonne ou mauvaise; il ignore aussi avec quelles autres affections elle a été conjointe ; et s'il a le faste de la propre intelligence, l'Esprit est favorable à ioule pensée qui en provient : il en est do même si quelqu'un a, pour des principes, une faveur pleine d'un certain feu qu'on trouve chez ceux qui ne sont pas dans les vrais par une affection réelle; quand l'Esprit d'après une affection semblable est favorable aux pensées ou aux principes de l'homme, l'un conduit l'autre comme un aveugle conduit un aveugle, jusqu'à ce qu'ils tombent tous deux dans la fosse. Tels ont été autrefois les Pythoniciens, et aussi dans l'Egypte et à Bahylone les mages, qui ont été appelés sages, parce qu'ils parlaient avec les esprits, et parce qu'ils sentaient manifestement-en eux leur opération : mais par là le culte de Dieu a été changé en culte des démons, et l'Eglise a péri : c'est pour cela que de telles communications furent interdites sous peine de mort aux lils d'Israël. » — A. E. 1182. Permettez-moi encore de rapporter ici ce que nous apprend Swedenborg sur la manière dont le Seigneur enseigne l'homme : « U n e des lois de la Divine Providence, nous dit-il, c'est que le Seigneur
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n'enseigne pas immédiatement les vrais à l'homme, ni d'après Lui-Même, ni d'après les Anges ; mais qu'il enseigne médiatement par la Parole, par les Prédications, par les Lectures, par les Entretiens et les Coinmiinications avec les autres, et ainsi par les Pensées qu'on a avec soi-même ; et que l'homme soit alors illustré selon l'affection du vrai d'après l'usage ; autrement l'homme n'agirait pas comme par luimême. « — A. E. 1173. —- « II n'y a pas de révélation immédiate, si ce n'est celle qui a été donnée dans la Parole, et telle qu'elle est dans les Prophètes et les Évangélistes, et dans les Historiques.» — A. E. 1177. A tout ce qui précède j'ajouterai une considération qui doit être d'un très-grand poids pour quiconque est réellement de la Nouvelle Église, c'est que la Bible défend impérativement d'avoir aucune communication avec les morts ; or, d'après nos doctrines, tous les êtres qui sont dans le monde spirituel ont été primitivement dans le monde naturel et y sont morts. La Nouvelle Église du Seigneur n'a rien à craindre du Catholicisme romain, ni du Protestantisme ; ces deux grandes fractions de la vieille Église, n'ayant plus aujourd'hui aucun lien interne avec l'Église du Seigneur dans le Ciel, et n'existant plus qu'à l'extérieur dans notre monde, sont destinées à se détruire mutuellement par des combats, et aussi à se déchirer elles-mêmes par des guerres intestines ; mais le dan-
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ger que pourrait courir la Nouvelle Église, et dont le Seigneur saura la préserver, c'est le zèle trop ardent de ceux de ses membres qui, ne se contentant pas de la nouvelle dispensation de lumières données par le Seigneur à son second avènement, voudraient en obtenir de plus éclatantes par des moyens opposés aux lois de l'ordre Divin ; car il ne pourrait résulter delà que de pernicieuses hérésies. Nous devons donc nous en tenir à la Parole, et aux explications que nous en donne Swedenborg ; c'est, en mon particulier, ce que je fais ; et s'il m'est arrivé, ou s'il m'arrive jamais d'écrire ou de dire quelque chose qui ne soit pas en concordance avec les enseignements doctrinaux et philosophiques de notre Auteur, ce n'aura été ou ce ne sera que par une pure inadvertance, et dès à présent je le rétracte. Je terminerai par une observation : Le Seigneur permet que quelques-uns de ceux qui doivent être de sa Nouvelle Église y soient amenées, soit par des communications qu'ils ont avec le monde spirituel, soit par des faits de ce genre dont ils ont été seulement témoins. Il en est ainsi, parce que ceux qui ont été dévastés complètement, c'est-à-dire, ceux qui ont entièrement rejeté les dogmes de la vieille Église, et qui par suite sont tombés dans l'incrédulité, sont plus aptes que les autres à recevoir les dogmes de la Nouvelle Église, s'ils ont conservé en eux de l'amour pour ce qui est bien et vrai, et pour ce qui est juste et équitable. Or, de tels hommes ne peuvent être re-
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tirés de l'incrédulité que par des faits qui leur prouvent manifestement qu'il y a dans l'univers autre chose que la matière, et que le spirituel, qu'ils avaient en mépris par suite de l'abus qu'on en fait pour obtenir domination sur les hommes, a cependant une existence réelle et certaine ; c'est donc dans leur intérêt spirituel que le Seigneur permet ces faits; mais si l'homme, retiré ainsi de son incrédulité, continue à avoir commerce avec les esprits, au lieu de recourir et de s'en rapporter à la Parole et . aux Écrits de Swedenborg, qui seuls peuvent lui faire connaiire quelle est la composition de ce monde des esprits, et quels sont les dangers dont lui-même est entouré, les esprits s'emparent facilement de toute sa confiance, et il perd son libre arbitre, c'està-dire qu'il n'agit plus d'après le libre selon la raison (ex liuero sfcundum r/nionem), comme tout homme sensé doit le faire; dès cet instant il n'est plus que leur esclave, lors même qu'il s'imagine être encore libre. Si donc il m'était permis de donner des conseils à nos frères, j'engagerais fortement ceux d'entre eux qui n'ont pas eu de communication avec le Monde spirituel, ci qui désireraient en avoir, à prier le Seigneur de leur donner la force de chasser loin d'eux ce désir ; et plus fortement encore j'engagerais ceux qui seraient en communication avec ce Monde spirituel, d'abord, à réfléchir sérieusement aux dangers t a n t naturels que spirituels auxquels ils se trou-
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vent exposés ; puis, à supplier le Seigneur de leur venir en aide pour rompre cette communication, ce qui ne pourrait être fait qu'autant que leur supplication partirait du fond de leur cœur, c'est-à-dire, qu'autant qu'eux-mêmes, loin d'avoir encore quelque penchant pour cette communication, ne ressentiraient plus pour elle que de la crainte et de l'aversion. Enfin, je dirais à tous en général : Le Seigneur nous a donné par Swedenborg la vraie doctrine de sa Nouvelle Église; cette doctrine est inattaquable, parce qu'elle est fondée sur le sens de la lettre de sa Parole, illustré par son sens spirituel, et qu'elle a pour base la base même qu'il lui a donnée lorsqu'il était dans le monde, à savoir, l'amour envers le Seigneur et la charité à l'égard du prochain. Qu'avonsnous besoin de plus ? rejetons donc loin de nous tous les autres moyens d'instruction qui sont incompatibles avec les lois de l'ordre divin ; cherchons le royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses nous seront données par surcroît, c'est-à-dire, régénérons-nous, et nous trouverons en abondance, au moyen de l'illustration, tout ce que nous pourrons désirer pour accroître notre intelligence dans les choses spirituelles. Agréez, mon cher ami, la nouvelle assurance de ma constante amitié.
PUBLICATION DE L'INDEX GÉNÉRAL DES PASSAGES DE LA PAROLE
CITÉS DANS LES ÉCRITS
DE SWEDENBORG.
A Monsieur S. Worcester, ministre de la Nouvelle Église, à Baltimore (États-Unis). Saint-Amand (Cher), 1" mars 1859.
Mon cher Monsieur, J'ai retardé de quelques jours ma réponse à votre lettre pour avoir le plaisir de vous annoncer que l'ouvrage dont vous me parlex est maintenant sous presse, et que la première feuille est déjà imprimée ; j'espère même que la publication pourra être terminée, s'il plaît au Seigneur, dans le courant de cette année ; car tout est maintenant disposé pour qu'il n'y ait pas d'interruption dans le tirage des feuilles ; l'ouvrage entier formera un volume in-8° d'environ 400 pages. Cet ouvrage comprendra tous les Traités théologiques de Swedenborg, sous 37 dénominations, car les Advenaria ayant 3 séries de numéros et une partie non numérotée, formeront 4 divisions. Chaque
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Traité est désigné par des initiales, et la nature de chaque citation des passages de la Parole est indiquée par les petites lettres initiales dont je me suis servi dans les Index particuliers qui sont à la suite de la plupart de mes traductions. Pour éviter la confusion, et principalement en raison de la faible importance des Adversaria, les Livres de la Parole qui en sont le sujet, à savoir : Le Pentateuque, Josué, les Juges, Samuel, les Rois, Ésaïe et Jércmie, auront un double Index. Ainsi, Genèse, Index I, contiendra les citations qui sont dans les 33 Traités, et Genèse, Index II, contiendra celles qui sont dans les 4 parties des Adversaria. L'Index II de la Genèse sera à la suite de l'Index I, et précédera l'Index I de l'Exode, et de même pour les Livres qui auront deux Index. Les Livres bibliques, tant de l'ancien que du nouveau Testament, qui ne font pas partie de la Parole, auront leur Index à la fin de l'ouvrage, de même que dans mes Index particuliers. Comme ce volume ne sera, pour ainsi dire, composé que de chiffres, il pourrait être a l'usage de toutes les nations, s'il n'était pas indispensable de le faire précéder d'un Avertissement, pour expliquer au lecteur la signification des initiales qui précèdent et suivent les chiffres, à savoir, les lettres qui indiquent les Traités, et celles qui indiquent la valeur de la citation. Or, pour que cet Avertissement fût à l'usage de tous les membres de l'É-
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glise, il suffirait de l'imprimer en même temps en anglais et en allemand ; car de tous ceux qui auront besoin pour leurs travaux de recourir à cet Index, il ne s'en trouvera pas un seul qui n'ait quelque notion de l'anglais, de l'allemand ou du français, langues qui sont les plus répandues dans le monde. Or, comme cet Avertissement, quoiqu'il doive être placé en tête de l'Index, n'a pas besoin pour cela d'être imprimé tout de suite, j'ai l'intention de le faire traduire en anglais et en allemand, afin de le donner dans les trois langues. Je suis encore porté à cela par deux autres considérations; la première, c'est que, malgré tout le soin qu'on pourrait mettre en réimprimant cet Index, il serait impossible qu'il ne se glissât pas de nombreuses fautes, puisque l'ouvrage entier ne se compose que de chiffres et de lettres initiales. La seconde considération, c'est que, s'il était seulement à l'usage de ceux qui connaissent le français, il ne s'en écoulerait peut-être pas dix exemplaires, tandis qu'étant d'un usage plus général au moyen des trois langues, j'ai l'espoir que tout ceux de l'Église qui s'occupent de travaux bibliques s'en serviront. D'un autre côté, il y aura économie pour les Églises des États-Unis, d'Angleterre et d'Allemagne; car si elles étaient obligées de faire réimprimer l'Index dans leur langue, elles ne rentreraient pas dans les frais considérables qu'une telle réimpression nécessiterait. Je vous annoncerai aussi que j'ai l'intention de
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faire réimprimer les Traités de Swedenborg que j'avais publiés avant d'avoir conçu l'idée de donner des Tables analytiques; on réimprime maintenant les quatre doctrines en un seul volume. Veuillez, je vous prie, remercier le Comité de ce qu'il a bien voulu s'adresser à moi pour le travail dont la Convention l'avait chargé, et lui dire que j'aurais, de mon côté, été charmé de recourir aux travaux qu'il a déjà préparés pour l'accomplissement de l'Index Général, si au moment où votre lettre m'est parvenue mon plan n'eût pas été arrêté, et si la première feuille de l'ouvrage n'eût déjà été en voie de composition à l'imprimerie.
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SOCIETE DE LA NOUVELLE EGLISE I>E L'ILE-MADIUCE.
A Monsieur M
, à Port-Louis (Ile-Maurice). Saint-Arnaud (Cher), 24 décembre 1859.
La rupture de M. B avec les Méthodistes, l'organisation par lui d'une Église semblable à celle des Apôtres, son adhésion à certains principes de notre doctrine, et la fusion de son Église avec la Nouvelle Église du Seigneur, sont des faits d'une importance bien grave, sur lesquels notre frère, M. Edmond de Chazal, m'invite par sa lettre à donner mon opinion. S'il ne s'agissait que de certains détails du culte, je répondrais : Faites à Maurice comme vous le jugerez convenable ; peu importe la forme, pourvu que dans l'Église la substance (la Doctrine) soit la même. Mais, comme il s'agit de fondre ensemble deux communautés dont les doctrines ne sont point identiques, et même de placer à la tête de la fusion un homme, respectable sans doute, mais qui n'a encore adopté qu'une partie de nos doctrines, je réponds, puisqu'on me demande mon avis, que cette fusion serait désastreuse pour l'Église.
SOCIÉTÉ DE L'ILE-MAURICE.
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C'est surtout à son commencement qu'une Église a besoin de prudence ; car tout dépend des commencements; engagée dans une voie fausse, elle ne tarderait pas à être dissipée; ce n'est pas au nombre qu'il faut viser, mais c'est à la qualité des membres, c'est-à-dire, à n'avoir pour nouveaux adeptes que des personnes susceptibles de commencer et de poursuivre leur régénération. Est-il possible d'obtenir ce résultat, en recevant dans votre sein une foule de personnes qui se sont détachées de leur communion par suite d'une querelle entre leurs ministres, et qui ont épousé le parti de l'un deux? Et encore, CG n'est pas vous qui les recevriez dans votre sein; mais, au contraire, vous iriez vous joindre à elles dans l'espoir de les attirer plus tard à vous. J'ai donc répondu à M. de Chazal que j'étais complètement de son avis, et qu'en s'opposant à la fusion il avait agi comme j'aurais cru devoir agir en pareille circonstance. Dans ce que je vous dis là, il n'y a rien de personnel pour M. B ; je désire même bien vivement que ce ministre de la vieille Église continue à étudier Swedenborg, et qu'il puisse se convaincre que tout ce que Swedenborg a écrit est conforme à la Divine Parole, et conforme en même temps à la saine raison ; alors, si l'Église do Maurice le jugeait à propos, elle pourrait le choisir pour ministre.
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A Monsieur Edm. de Chazal, à Si-A., par PortLouis (Ile-Maurice). Saint-Araand (Cher), 2ù décembre 1859. Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt vos brochures ; et je ne doute pas qu'il n'en soit de môme en Angleterre et en Amérique, où vous en avez sans doute envoyé quelques exemplaires. J'arrive maintenant à la question capitale de votre lettre : La fusion de la Nouvelle Église avec l'Église B Que vous avez été bien inspiré en résistant à cette fusion ! Puissiez-vous remporter une victoire complète ! non pas que notre Doctrine soit exclusive ; elle est très-tolérante, au contraire, puisque, quelle que soit la croyance des autres, elle admet comme étant de l'Église universelle du Seigneur tous ceux des autres communions qui croient en Dieu et qui vivent par religion conformément aux préceptes du Décalogue ; mais ce n'est pas une raison pour se joindre dans un culte externe commun avec ceux qui n'admettent pas l'ensemble de nos doctrines; une telle fusion serait on ne peut plus dangereuse pour nos frères en particulier, et pour l'avenir de la Nouvelle Église en général. L'affaire B me rappelle
celle de l'abbé Ledru, l'éditeur de la liturgie dont nous nous servons en quelque partie. L'abbé Ledru,
DE L'UE-MAURICE. 405 après 1830, s'étant brouillé avec son métropolitain, l'évêque de Chartres, fut destitué par lui ; les paroissiens de l'abbé l'aimaient beaucoup, car c'était, diton, un excellent homme ; ils se rangèrent de son côté, et M. Ledru, qui connaissait quelques Écrits de Swfr denborg, mais imparfaitement, établit un culte public. Or, tout en prêchant les doctrines de la Nouvelle Église, il les entremêlait de cérémonies Catholiques romaines, espérant par là retenir chez lui la majorité de ses paroissiens encore imbus de superstitions; mais on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres; aussi l'entreprise de M. Ledru n'eut-elle qu'un succès éphémère, et après sa mort le reste de ses paroissiens retourna à la Babylone. Il n'y eut plus dans sa paroisse une seule personne attachée aux doctrines de la Nouvelle Église. Jesuisloin de suspecter les intentions de M. B ; j'admets qu'il a sincèrement reconnu et adopté la Trinité dans l'Unité Divine de notre Seigneur Jésus-Christ ; que la foi ne peut pas sauver sans les œuvres, et que la Parole renferme un sens spirituel dont Swedenborg, comme M. B ledit, peut avoir mieux compris l'expression ; mais cela suffit-il dans
la position où se trouve M. B ? Pour conserver son ascendant sur ses ouailles, M. B ne sera-til pas forcé, comme M. Ledru, de faire des concessions à quelques-uns de leurs préjugés? Les ouailles auront un pied dans la Nouvelle Église et l'autre dans l'ancienne ; cette position est la plus dangereuse.
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La meilleure condition pour entrer dans la Nouvelle Église, c'est d'être dévasté ; j'admets que parmi ceux qui ont suivi M. B , il y ait plusieurs dévastés ; ceux-là ne pourront devenir de réels disciples, qu'autant qu'on les aura convaincus que Dieu luimême est Homme, que l'âme de Jésus-Christ était Dieu même, que le monde spirituel est un monde substantiel, que l'âme humaine est une substance organisée indestructible, donnant la forme à notre corps, et est, par conséquent, l'homme même, etc. Or, M. B pourra-t-il, en chaire, entrer dans tous les développements nécessaires pour prouver ces points capitaux ? S'il ne le fait pas, les dévastés retourneront à leur incrédulité, et les non-dévastés à leur foi seule; car ceux-ci ne manqueront pas de dire : Le vin vieux est meilleur? En effet, il est plus aisé de se croire sauvé par la foi seule que de se régénérer. Tout en admettant que M. B soit sincère, je ne crois pas lui faire injure en redoutant qu'il y ait encore en lui quelque reste de l'amour de la propre intelligence; car nous tous, qui faisons tous nos efforts pour avancer dans la régénération, nous savons que le chemin est rude, et qu'on n'avance que pas à pas. Du reste, nous n'aurions pas cette expérience personnelle, que le fait de M. B d'établir par lui-même un culte doctrinal suffirait pour nous donner cette crainte. Vous avez donc pris le parti le plus prudent, et je vous en félicite de tout
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cœur. Quoique nous ne soyons pas du monde, comme nous le dit le Seigneur, nous devons cependant vivre dans le monde ; mais pour la doctrine, c'est au monde à venir h nous, et non à nous à aller au monde ; nous n'avons donc aucune transaction à faire avec lui quant à tout ce qui concerne le spirituel. La propagande, telle que le monde la conçoit, a ses dangers ; le nombre ne fait rien pour la chose, la qualité fait tout ; le disciple qui fait des progrès dans sa propre régénération, fait plus avancer le règne du Seigneur sur la terre, que celui qui par ses discours arrive à pêcher quelques maigres poissons. Vous avez très-bien fait de ne pas vous laisser entraîner par les mots charité et tolérance; la vraie signification de ces mots est tombée en oubli comme celle du mot prochain. Vous êtes sur un bon terrain, restez-y ferme ; nos amis, j'en ai l'espoir, reconnaîtront que cette fusion était grosse de dangers; et ce queje souhaite ardemment pour M.B ,c'est qu'il continue à étudier Swedenborg, et qu'il se pénètre des principes de notre Doctrine céleste.
VERSION LATINE DES SAINTES ECRITURES D'APRÈS SWEDENBORG.
A Monsieur Edm. de Chazal, à St-A. rice).
(Ile-Mau-
Saint-Amand (Cher), 20 mars 1860.
Veuillez recevoir mes remerciements et l'expression de ma vive reconnaissance pour la somme que vous mettez à ma disposition. Cette somme nous est venue fort à propos pour nous déterminer à commencer dès maintenant une œuvre bien importante, vers l'exécution de laquelle tous mes travaux ont convergé depuis plus de vingt ans, mais qui ne pouvait être commencée que lorsque nous aurions à notre disposition l'outil principal, c'est-à-dire Vlndex Général de tous les passages bibliques cités dans les Écrits de Swedenborg ; je veux parler d'une Version latine de la Bible d'après Swedenborg. Convaincus, comme nous le sommes tous, que la Nouvelle Église dans un temps plus ou moins éloigné
VERSION LATINE DES SAINTES ÉCRITURES.
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sera répandue sur toute la surface du globe, nous devons considérer comme le plus universel de tous les usages, celui de présenter une Version de'la Bible dans la langue la plus généralement connue des érudits, afin que, à mesure que la Nouvelle Église pénétrera chez une nation, cette nation puisse en avoir une traduction dans sa langue. La Version latine ne servira donc pas seulement aux Français, aux Anglais et aux Allemands pour avoir une Version vulgaire, mais elle servira aussi aux Suédois, aux Espagnols, aux Portugais, aux Italiens, aux Polonais, aux Russes, etc., et plus tard, sans doute, aux diverses nations mahométanes, indiennes, etc. Cette Bible, dans le format in-8° sera à deux colonnes ; la première à gauche contiendra le texte, et à la suite de chaque Verset l'indication des Ouvrages de Swedenborg où le texte est cité, les variantes s'il en existe, et au besoin des observations ; la seconde colonne contiendra les significations données par Swedenborg dans ses divers Traités. Comme cette Bible formera, d'après cela, un assez grand nombre de volumes, nous avons pensé qu'il serait plus agréable pour les lecteurs d'avoir d'abord la partie prophétique; ainsi, nous allons commencer par Ésai'e ; et comme on est très-peu porté en général à lire le latin, lors même que l'on connaît bien cette langue, notre intention est de donner plus tard une traduction française de chaque volume publié. Je pars depiain pour Paris afin de me concerter avec M. Harlé, 35.
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VERSION LATINE DES SAINTES ÉCRITURES
qui veut bien prendre sa part dans cette œuvre ; et de là nous irons à Tubingue pour compulser ensemble les nouveaux manuscrits que M. Tafel a rapportés dernièrement de Stockholm. Lorsqu'une nouvelle Église se forme, je crois qu'il est bon que le frère qui s'est chargé de remplir provisoirement les fonctions du ministère continue, sauf empêchement, à les exercer tant que le provisoire subsiste Les détails que vous nous donnez sur l'impression que la cérémonie du baptême a produite nous ont beaucoup intéressés, et sont d'un très-bon augure pour l'avenir de l'Église dans votre île. Quant aux diverses tribulations que vous avez éprouvées, elles sont dans la nature des choses ; l'enfant qui vient de naître doit traverser diverses périodes douloureuses, avant que sa santé soit affermie, la dentition, par exemple; telle est toute Église naissante. Que votre Église se confie au Seigneur Seul, et elle sortira victorieuse de toutes ses épreuves. Ce que vous me dites de M. B me prouve suffisamment combien vous avez eu raison de vous opposer à sa réception comme ministre. Par cela seul que M. B a des communications avec le monde des esprits, quelle que soit du reste sa moralité, l'Église courrait les plus grands dangers, si elle se mettait sous sa direction ; car de telles communications sont contre l'ordre Divin ; le Seigneur ne communique avec l'homme que dans la Parole, lorsqu'elle est lue par l'homme avec intention d'y
D'APRÈS SWEDENBORG. 411 découvrir le vrai et de le mettre en application ; c'est là l'illustration ; l'homme alors conserve pleinement sa liberté. Dans le cas de M. B , il la perd tout à fait ; or, pour que l'homme puisse se régénérer et guider les autres, il faut qu'il agisse d'après le libre selon la raison, ex libéra secundum rationem, nous dit Swedenborg; belle sentence exprimée en peu de mots, et que nous devons avoir toujours présente à la mémoire........
FONDATION D'UN JOURNAL DANS L'ILE-MAURICE.
INSTRUCTION DES JEUNES NÈGRES ET INDIENS.
Au même. Saint-Amand (Cher), 24 avril 1860. ..' Si votre île appartenait encore à la France, je vous engagerais fortement à renoncer au projet d'y fonder un journal; mais comme vous jouissez d'une complète liberté de discussion, je ne vois pas un grand inconvénient à ce que vous fassiez ce que font nos frères en Angleterre et en Amérique, et votre polémique jusqu'à ce jour prouve suffisamment que vous saurez maintenir haut le drapeau de la Nouvelle Jérusalem. Votre Église est encore dans la période militante; il lui faut donc des discussions pour entretenir son zèle; mais il arrivera un temps où elle reconnaîtra l'inutilité de la lutte, et où chaque frère se reposera sous son cep et sous son figuier, laissant la vieille Église se déchirer de ses propres mains, nation contre nation, royaume contre royaume (mal contre mal, faux contre faux ) ; n'est-ce pas déjà ce que nous voyons dans notre vieille Europe ?
FONDATION D'CN JOURNAL DANS I/ILE-MAURICE.
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J'ai vu avec peine que votre école n'allait pas selon vos désirs ; il ne faudrait cependant pas jeter le manche après la cognée ; j'ai toujours considéré votre projet de donner de l'instruction aux enfants de vos travailleurs comme une des choses les plus importantes de la Nouvelle Église. Patience et persévérance, et vous réussirez ; parmi ces enfants, si insouciants d'instruction pour le moment, il suffira peutêtre que quelques-uns prennent enfin goût à l'étude, pour que la doctrine de la Nouvelle Église soit portée par eux chez les diverses nations de leur race. C'était votre espoir, dites-vous, et vous craignez que ce n'ait été qu'un rêve. Chassez, je vous prie, loin de vous cette crainte ; avisez, si vous le jugez convenable, à d'autres moyens d'exécution, mais persévérez dans votre dessein ; n'abandonnez pas un des principaux usages dont le Seigneur vous a gratifié, en mettant sous votre direction paternelle tant de jeunes enfants, et en vous donnant les moyens naturels de fonder l'établissement que je considère comme devant être le plus avantageux pour les destinées futures de la Nouvelle Église
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PUBLICATION DES SAINTES ECRITURES VERSIONS LATINE ET FRANÇAISE.
Au même. Saint-Amand (Cher), 21 juin 1860. Le secours pécuniaire, que vous avez la générosité de nous offrir, va nous permettre de donner une plus grande impulsion à nos publications. Aussitôt que j'eus reçu votre lettre, j'en ai fait part à M. Harlé, afin de me concerter avec lui sur la prompte mise à exécution de votre heureuse idée d'imprimer dès maintenant notre traduction de la Bible en français, et je n'ai retardé de quelques jours ma réponse à votre lettre, que pour avoir le plaisir de vous annoncer que nos dispositions sont déjà prises, et que nous allons mettre sous presse le nouveau Testament, se composant des quatre Évangiles et de l'Apocalypse. Ainsi, grâce à votre munificence, l'Église de France va jouir de l'avantage d'avoir sa Bible à elle, Bible qu'elle désirait depuis bien longtemps, et que sans vous nous n'aurions pu commencer à faire imprimer que dans quelques an-
PUBLICATION DES SAINTES ÉCRITURES.
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nées. Et, à ce propos, je vois confirmer d'une manière bien frappante cette déclaration de notre Swedenborg, que, selon les lois de l'Ordre Divin, c'est au moyen des hommes que l'action du Seigneur sur les hommes s'exerce. En effet, avant d'entreprendre la publication d'une traduction française de la Bible à l'usage des membres de la Nouvelle Église, il fallait de longs travaux préparatoires ; il fallait que tous les Ouvrages de Swedenborg eussent été traduits, afin que rien de ce qu'ils contiennent ne fût négligé, il fallait en outre un Index Général des passages de la Parole, qui pût permettre de trouvera l'instant celui dont on pourrait avoir besoin. Eh bien! à peine la traduction complète est-elle terminée et l'Index Général publié, lorsque, pour entreprendre l'œuvre, il ne manquait que les fonds, le Seigneur vous suggère l'idée de nous les offrir. Ce n'est certes pas la première fois que je constate l'action de la Divine Providence envers ceux qui ont mis toute leur confiance en elle, car depuis que j'ai eu le bonheur de revenir à mon Seigneur et à mon seul Dieu, j'ai eu bien des occasions, quoique moins solennelles que celle-ci, de reconnaître que dans sa Divine Miséricorde le Seigneur veille à tous nos besoins, et nous donne ce qu'il nous faut avant même que nous le lui demandions. Nous allons donc mener de front l'impression de la Bible latine dont je vous parlais dans une de mes précédentes lettres, et celle de la Bible française
Nous avons reçu, M. Harlé et moi, chacun deux
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PUBLICATION WES SAINTES ÉCRITURES.
exemplaires du catéchisme en français et en patois. C'est une heureuse idée que vous avez eue de composer, pour vos jeunes élèves, ce catéchisme en patois Je vous remercie de l'attention que vous avez eue de m'envoyer un exemplaire de votre réponse à l'évêque anglican de Maurice ; je l'ai lue avec un grand intérêt, et je vous félicite d'avoir si bien jugé et réfuté Adolphe Monod. Toutefois, si vous fondez un journal à Maurice, évitez autant que possible de parler de Paul. Si vous désirez savoir pourquoi, je vous le dirai.
ÉTABLISSEMENT DU CULTE
ÉGLISE DE L'ILE-MAURICE.
Au même. Saint-Aroand (Cher), 23 août 1860. Il arrive quelquefois que certains de nos projets, quoique empreints du plus pur dévouement au bien général de l'Église, ne peuvent pas être réalisés; nous nous en affligeons d'abord ; mais notre céleste doctrine, qui a du baume pour toutes les blessures, nous rappelle bientôt que, puisqu'il n'a pas plu au Seigneur d'exaucer nos vœux, c'est que leur accomplissement aurait été plus nuisible qu'utile aux vues miséricordieuses de sa Divine Providence ; et plus tard nous acquérons la certitude que ce que nous avions d'abord considéré comme désavantageux pour l'Église a cependant tourné à son avantage. C'est dans ce sens que l'Écriture dit qu'on ne peut voir Dieu que par derrière. Ces réflexions me sont suggérées par votre dernière lettre au sujet du projet que vous aviez formé d'élever à Port-Louis un temple pour la Nouvelle Église. Les tribulations que vous éprouvez présentent tant de similitudes avec celles qui m'ont
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ÉTABLISSEMENT DU CULTE.
assailli, que vous voudrez bien m'excuser, si je me permets de vous tracer un simple précis de ce qui nous est arrivé ici il y a environ vingt ans. La France, sous les Bourbons de la branche cadette, jouissait d'une sorte de liberté publique des cultes. En 1839, un homme, M. C , paraissant pénétré de toutes les vérités de la Nouvelle Église, se présente à moi et me déclare son intention de consacrer 80,000 francs à l'érection d'un temple dans la ville de Saint-Amand ; il achète et paye 12,000 francs le terrain, et me charge de faire dresser un plan de l'édifice ; le plan est fait et approuvé par lui ; c'est celui qui est inséré dans le Tome II de la Revue; les fondations sont effectuées, et le 20 mars 1840 est fixé pour la pose de la première pierre. M. C , arrive le jour dit, et la cérémonie a lieu au milieu du concours de toute la ville. Puis, dès le lendemain, les ouvriers se mettent à l'œuvre, et l'édifice s'élève; mais lorsqu'il fut question de couronner le dessus de la porte d'entrée, les constructions étant déjà arrivées à cette hauteur, M. C voulut y faire mettre des emblèmes qui ne convenaient nullement à nos principes ; résistance de ma part, obstination de la sienne. M. C était, il est vrai, un très-honnête homme, et admirateur de Swedenborg, mais malheureusement il était extatique, et les emblèmes qu'il proposait étaient un résultat de ses extases. Comme il n'y a pas à raisonner avec un extatique, quand il s'agit de ses extases, je fus contraint de rompre avec
ÉGLISE DE L'ILE-MAURICE.
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lui, et la construction du temple fut abandonnée (*). Vous devez juger des tribulations que j'éprouvai ; mais la doctrine me donna la force de les surmonter, et le temps est venu me fournir la preuve qu'il avait été avantageux pour l'Église de Saint-Amand que ce temple n'eût pas alors été construit ; en effet, il aurait pu rester ouvert jusqu'en 1851, mais alors il eût été inévitablement fermé. Autre exemple : La Revue, après une existence de dix années, cesse de paraître ; il m'en a, certes, coûté beaucoup d'être obligé de suspendre sa publication, car c'était en 1848, alors que tout portait à croire qu'elle pourrait jouir de toute sa liberté d'action. C'est encore la doctrine qui vint me soutenir dans cette affliction ; je portai alors toute mon activité sur les traductions de notre Auteur, que j'ai pu, d'après cela, mener à bonne fin, ce qui n'aurait pas pu avoir lieu, si j'eusse continué à publier la Revue. D'ailleurs, de quel avantage aurait été la Revue avec la nouvelle législation sur la presse depuis le rétablissement de l'empire ? Je ne vous cite, mon cher frère, que ces deux exemples qui me sont personnels ; il serait facile d'en multiplier le nombre. Restons donc invariablement convaincus que, quand nos intentions portent un cachet de dévouement, le Seigneur est toujours avec nous, et que s'il ne permet pas que nos intentions ('*) Voir Tome III des Mélanges, page 424.
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ÉTABLISSEMENT DU CULTE.
soient réalisées, c'est dans l'intérêt général de l'Église ou dans notre propre intérêt spirituel. Les luttes dont vous me parlez n'ont rien d'étonnant, elles sont même dans la nature des choses. Toute Église, soit grande en nombre, soit petite, est homme collectif, et soumise comme l'homme aux diverses phases de la régénération : or, de même que l'homme qui commence à se régénérer doit nécessairement éprouver de nombreuses tentations, de même doit-il en être pour toute Église naissante. Continuez donc, cher ami et frère, à suivre la ligne que vous vous êtes tracée, sans trop vous préoccuper de conflits qui ont leur raison d'être, mais qui en définitive tourneront à l'avantage de l'Église. Dans l'état d'irréligion où sont, en général, plongés les hommes de notre siècle, on devient Swedenborgien avant de devenir un vrai membre de l'Église du Seigneur Jésus-Christ; et le passage du premier état au second se fait plus ou moins rapidement selon la disposition d'esprit et le degré d'amour de chacun; tel qui aujourd'hui n'est encore que Swedenborgien, sera peut-être demain un vrai disciple du Seigneur, tel autre ne le deviendra que plus tard ; le Seigneur Seul connaît le vrai moment de ce passage pour chacun
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, à Port-Louis (Ile-Maurice). Saint-Amand (Cher), 24 septembre 1860.
Soyons les vrais disciples du Seigneur Jésus-Christ, en nous aimant tous les uns les autres ; laissons les morts ensevelir leurs morts, et ne nous jetons pas comme eux dans des discussions interminables, parce qu'alors les deux amours mauvais, qui ne peuvent être déracinés que par de nombreux combats intérieurs et beaucoup de temps, trouveraient dans ces discussions de nouvelles forces pour résister. Soyons sévères pour nous-mêmes, mais indulgents pour les autres, et nous pourrons alors maintenir parmi nous la concorde, l'union, l'amour. Ce conseil, mon très-cher frère, que je vous donne, en invoquant le nom de notre Divin Sauveur, c'est de passer l'éponge sur tous les faits qui se sont produits dernièrement, et de donner le baiser de paix à vos trois frères. Dans une lettre que j'écris aujourd'hui à M. de Chazal, je lui donne aussi ce conseil, et je prie le Seigneur de m'accorder la grâce qu'il soit bien accueilli des deux côtés. A quoi servirait-il de peser les griefs de part et d'autre ? ne serait-ce pas envenimer la plaie plutôt que la guérir? S'il s'agissait d'une hérésie quelcon36.
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que, ce serait différent ; il y aurait urgence à l'extirper; mais tant qu'il ne s'agit que de l'externe, qui est seulement un vêtement, comme chacun est libre de s'habiller à sa manière, chaque société peut, pour le culte et ses accessoires, adopter les formes qui lui paraissent les meilleures. Si donc, après vous être cordialement réconciliés, vous ne pouvez pas tomber d'accord sur les formes, gardez-vous d'entrer pour cela en discussion ; au lieu d'une société il y en aura deux, mais que ces deux sociétés restent sœurs, et l'Église n'en sera pas moins une. « La Nouvelle Église du Seigneur, nous dit Swedenborg, sera dans son externe beaucoup plus diversifiée qu'aucune des Églises précédentes, mais elle sera une dans l'interne; » et, en effet, l'Église universelle est homme aux yeux du Seigneur, comme le Ciel est homme, et c'est la diversité des parties de l'homme qui constitue son unité. Il est cependant un point sur lequel je dois dire quelques mots : c'est à l'égard du ministre demandé. S'il ne vous en a pas été envoyé un, ce n'est nullement la faute de M. de Chazal ; dans chacune des lettres qu'il m'écrivait, il insistait pour le prompt départ du ministre ; il a même été jusqu'à doubler le traitement annuel, dans la crainte que le premier traitement ne fût trop faible ; plusieurs personnes s'étaient présentées; mais, après renseignements pris, elles ne pouvaient convenir; enfin nous en trouvâmes un qui serait parti, si une maladie grave
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dont il fut attaqué ne l'eût rais hors d'état d'entreprendre la traversée. Maintenant, venons à M. B Je vous avouerai que je ne partage pas vos espérances sur le succès de ses prédications ; non pas, vous le pensez bien, que je mette en doute ce que vous me dites de son caractère, de ses bonnes intentions et de son savoir, mais mon opinion est fondée sur un fait analogue, qui s'est produit en France, il y a environ 2o ans. L'abbé Ledru (le traducteur de la liturgie dont vous avez, je crois, un exemplaire), s'étant fâché avec son évoque qui le destitua, était tellement aimé de ses paroissiens qu'ils résistèrent à l'évêque, se cotisèrent et gardèrent l'abbé pour leur guide religieux. M. Ledru connaissait quelques Ouvrages de Swedenborg, il ouvrit un temple à Lèves sa paroisse, faubourg de Chartres, et il y prêcha ouvertement les doctrines de la Nouvelle Jérusalem ; son troupeau lui resta fidèlement attaché tant qu'il vécut, mais dès qu'il fut mort, tous ses paroissiens, sans en excepter un seul, retournèrent à la Babylone. Ce n'est pas en masse qu'on entre dans la Nouvelle Église; et même, ce qu'il y a de plus dangereux pour l'homme quant à son âme, c'est d'avoir un pied dans une Église et l'autre pied dans une autre. Encore un exemple : Le révérend Clows (le traducteur anglais des Arcanes Célestes), continua toute sa vie à rester extérieurement attaché à l'Église anglicane ; il prétendait, disait-il, être plus utile à la propagation de la Nouvelle
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ÉTABLISSEMENT DU CULTE.
Église, parce qu'il pouvait ainsi s'adresser à Manchester à un nombreux auditoire; et il critiquait Robert Hindmarsh qui s'était résolument séparé de la vieille Église. Hindmarsh était un laïque qui avait été nommé ministre par trois ou quatre amis. Lorsque je m'informai à Manchester des résultats obtenus par Clows, j'appris qu'après sa mort pas un seul de ses paroissiens n'était entré dans la Société de la Nouvelle Eglise, tandis que toutes les Sociétés actuelles d'Angleterre et des États-Unis sont des filles de la petite Église que Robert Hindmarsh et ses trois ou quatre amis avaient fondée. D'un autre côté, il paraît que M. B a quelquefois des rapports avec le monde spirituel. Si le fait est vrai, je le plains bien sincèrement; mais il me deviendra impossible de lui accorder ma confiance, parce que j'ai la conviction que, dans le temps présent, d'après l'état actuel du monde des esprits, toute communication avec ce monde par la voie de l'extase ne peut causer que des désastres dans l'Église, en y introduisant des hérésies ; nous n'en avons eu jusqu'à présent que trop d'exemples. Je ne vous citerai que M. OEgger, dont la Revue contient quelques articles signés QE M. Œgger était premier vicaire de la cathédrale de Paris et professeur de philosophie avant d'adopter la doctrine de la Nouvelle Jérusalem ; il eut malheureusement des extases, et mêla ses perceptions personnelles avec celles qu'avait eues Swedenborg ; il en résulta une hérésie, qui aurait été un
ÉGLISE DE L'ILE-MAURICE. 425 serpent volant dans l'Église, si le Seigneur n'y eût pourvu en isolant sous ce rapport M. QEgger, qui cependant, sauf cette hérésie, demeura toujours uni avec nous ; mais malgré toutes les raisons qu'on ne cessa de lui donner pour la lui faire rejeter, il y restait attaché, tant il est vrai que, sur certains points, chaque extatique se trouve privé de son libre arbitre, et ne peut plus dès-lors agir ex libéra secundum rationem, sentence admirable que nous donne Swe-^ denborg, et qui devraitrester toujours gravée dans la mémoire de tout Novi-Jérusalémite. Malgré le vif désir que M. OEgger avait d'être ministre de la Nouvelle Église, et quoiqu'on n'eût aucun autre reproche à lui faire, jamais nos frères de Paris n'ont voulu le reconnaître en cette qualité.
DON DE M. E. DE CHAZAL, DE L'ILE-MAURICE ENVOI DE LIVRES AU CANADA,
ETC.
A Monsieur Edm. de Chazal, à St-A. rice).
(Ile-Mau-
Saint-Amand (Cher), 24 octobre 1860. J'ai reçu avec votre dernière lettre la traite de 10,000 fr. qu'elle contenait; je vous prie d'agréer au nom de l'Église de France et au mien toute notre reconnaissance pour ce généreux don, qui nous met en position de donner une nouvelle activité aux publications que nous avons entreprises. Jusqu'à présent j'ai eu pour habitude, toutes les fois que j'ai reçu des dons, sans autre désignation que l'emploi pour l'impression de nos ouvrages, de distribuer gratuitement nos Traités pour une valeur équivalente aux dons; c'est ainsi qu'en 1857, par suile du don de 20,000 fr. que M. Emmanuel de L m'avait
précédemment fait, je dotai une centaine de bibliothèques publiques, tant de France que de l'étranger, d'une collection complète des Ouvrages jusqu'alors
ENVOI DE LIVRES AU CANADA.
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publiés. Je ne vous rapporte ce fait que pour vous prévenir que j'ai l'intention d'en agir de même pour les sommes que vous m'avez envoyées ; ainsi, nonseulement vous avez puissamment contribué à l'impression des ouvrages que nous nous proposons de publier, mais encore votre générosité aura servi à répandre sur le globe les célestes doctrines de la Nouvelle Jérusalem. J'ai même commencé : ayant lu, il y a peu de temps, dans le New-Jérusalem Messenger, la lettre d'un Canadien qui demandait au Rédacteur s'il avait des traductions de Swedenborg en français, je m'empressai d'envoyer à M. Jewett une lettre pour M. J.Q., en le priant de la lui transmettre; la réponse ne se fit pas longtemps attendre ; il en résulte qu'il y a à Québec un noyau de la Nouvelle Église, composé de six personnes parmi lesquelles se trouve un médecin qui, par suite de ses études antérieures, peut prêcher et prêche publiquement nos doctrines. A cette nouvelle, j'écrivis sans perdre de temps à M. Minot pour le charger d'envoyer à Québec, non-seulement une collection complète de nos ouvrages, mais plusieurs exemplaires des Traités qui, par leur nature, sont plus propres à être répandus dans le public ; la caisse va partir, et ce sera spécialement à vous que les Canadiens qui, en qualité d'anciens colons français, sont en conformité de rapports avec les habitants de l'ancienne Ile de France, devront la connaissance des ouvrages français de la Nouvelle Église, Mes efforts en 1857, pour doter les
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ENVOI DE LIVRES AU CANADA.
bibliothèques publiques des principales villes d'Italie, ont été vains ; mais les circonstances n'étant plus les mêmes, je vais les renouveler, et j'espère être plus heureux. J'ai lu avec la plus grande satisfaction votre réponse et celle de M. Lesage aux attaques de M. Lebrun ; vous ne pouviez pas frapper plus juste ; mes compliments aussi à M. Lesage. Les nouvelles que vous me donnez de l'état des esprits dans votre île sont plus satisfaisantes que les précédentes, et cependant vous manifestez une sorte de découragement; je conçois cet état ; j'y ai passé ; ce sont là des tentations que le Seigneur permet pour notre propre régénération. Lui-Même ne s'y est-il pas soumis ? et la régénération de l'homme est l'image de la glorification du Seigneur ; c'est lorsque notre Divin Sauveur voyait l'état spirituel des hommes parmi lesquels il vivait, et celui de l'humanité tout entière, qu'il était porté à désespérer d'accomplir son œuvre de Rédemption ; c'était là une de ses plus cruelles tentations, et c'est alors qu'il s'adressait au Père. De même, nous, adressons-nous dans ces moments au Seigneur en qui seul est le Père, et il nous rendra l'espoir. Vous parlez de vous réfugier en France ou en Amérique ! Vous étiez encore sous le coup de la tentation, quand vous avez écrit ces mots. Songez donc que si vous mettiez en acte une telle idée, vous seriez comme un soldat qui abandonnerait le poste qu'on lui a confié ; et encore quel poste ! le plus
MISSION DE L'ÉGLISE DE L'ILE-MAURICE.
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glorieux qui puisse être offert. Située entre les deux mondes, l'occidental et l'oriental, l'île Maurice ne paraît-elle pas destinée à transmettre la nouvelle révélation de l'occident qui la méprise à l'orient qui en a soif, bien qu'il en ignore encore l'existenee? Qui mieux que vous qui avez, comme planteur, une sort» de pouvoir paternel sur de jeunes êtres susceptibles d'être façonnés par l'éducation, pourrait remplir les vues du Seigneur pour la propagation de sa doctrine céleste dans les vastes régions orientales? Si donc cette pensée de découragement, qui n'a été que momentanée, s'emparait de nouveau de vous, chassez-la avec le secours du Seigneur, et songez aux immenses résultats que votre persistance à conserver- votre poste produira, sinon pour le présent, du moins pour l'avenir. Efforcez-vous d'être moins sensible aux coups qu'on vous porte, soit du dehors, soit même de l'intérieur; c'a d'abord été comme des coups de poignard, je le sais par expérience, et je vous ai plaint; « qui ne sait compatir aux maux qu'il a soufferts! »et j'ai prié le Seigneur pour vous:mais ces coups de poignard doivent déjà ne plus pénétrer si profondément, et bientôt ils ne feront qu'effleurer Fépiderme. Vous désirez voir la France, rien de plus naturel ; si vous pensez pouvoir vous absenter sans grand inconvénient, venez nous voir ; vous nous ferez à tous le plus vif plaisir, mais que ce soit comme voyageur et non comme réfugié. Je vous ai adressé avec ma dernière lettre un exem-
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RÉIMPRESSION DE LA RELIGION DU BON SENS.
plaire de notre réimpression de la Religion du bon sens. L'édition de Richer étant épuisée, nous aurions désiré réimprimer aussi la Clé du mystère; mais comme Richer n'a l'ait imprimer lui-même que le premier volume de son ouvrage, et que les sept autres volumes ont été édités par M. de Tollenare, il n'y a que le premier volume qui soit tombé dans le domaine publie ; et M. de Tollenare ayant laissé pour héritiers des mineurs (son fils étant mort), nous ne pouvons pas encore réimprimer les volumes qui sont leur propriété ; cependant M. de Tollenare m'ayant abandonné les manuscrits inédits de Richer, dont plusieurs ont été insérés dans la Revue, un second volume qu'on imprime maintenant sous le titre de Mélanges sera peut-être suivi d'un troisième.
CONSEILS ET DIRECTIONS A L'ÉGLISE DE L'ILE-MAURICE.
Au même. Saint-Aœand (Cher), 24 novembre 1860. J'ai vu avec plaisir que, grâce à la Divine Providence, votre petite société a échappé aux dangers dont la tempête soulevée par des amours propres la menaçait ; continuez à suivre la marche prudente que vous avez adoptée, et si de nouveaux orages survenaient, ils se dissiperaient d'eux-mêmes, sans nuire à votre vie spirituelle ; on n'a rien à crain. dre pour elle, lorsqu'on reconnaît le Seigneur pour seul et unique Dieu dans son Divin Humain et qu'on vit selon ses préceptes. Le Divin Humain du Seigneur ! Que l'homme est heureux quand il le reconnaît, le confirme et s'adresse uniquement à Lui ! Ce Divin Humain de Jésus-Christ est la pierre d'achoppement pour les hommes de notre siècle, même pour quelques-uns qui se croient de sa Nouvelle Église, parce qu'ils ont adopté les Doctrines de la Nouvelle Jérusalem. L'unité de Dieu dans le Seigneur Jésus-
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CONSEILS ET DIRECTIONS A I/ÉGLISE
Christ leur plaît, surtout parce qu'ils la voient inscrite dans mille passages de la Parole ; mais comme ils ne cherchent pas à confirmer ce dogme fondamental de la Nouvelle Église par des scientifiques, il en résulte que, vivant dans un siècle raisonneur, ils sont naturellement portés à douter, lorsque leur croyance au Divin Humain de Jésus-Christ tombe sous l'examen de leur rationnel, ce qui arrive assez souvent, et bien qu'alors ils cherchent à chasser la raison, leur foi chancelle. Nous devons, il est vrai, arriver au dogme par la Divine Parole, et non par les scientifiques, parce que agir autrement, ce serait contraire aux lois de l'ordre ; mais une fois le dogme ainsi admis et reconnu, il nous est permis de le confirmer par des scientifiques, et dès qu'il a été ainsi confirmé, nous n'avons nullement à redouter la raison humaine. Il y a donc du danger k ne s'attacher dans les Écrits de Swedenborg qu'à la partie théologique, et à laisser de côté la partie philosophique ; et ce danger existe principalement pour les membres de la Nouvelle Église qui sont nés dans le protestantisme. Ceci m'explique pourquoi en Angleterre et aux États-Unis des ministres mêmes ont été entraînés dans de fatales hérésies, et m'explique aussi pourquoi Swedenborg n'a pas publié un seul Ouvrage où il ne soit question de l'état extraordinaire dans lequel le Seigneur l'avait mis, et où il ne traite philosophiquement son sujet, après avoir pris pour base la Parole. Excusez cette digression, qui n'est pas pour vous, mon cher ami,
DE L'ILE-MAURÏCE. 433 mais qui pourrait être utile à quelques-uns de nos frères ; car j'ai plusieurs fois entendu dire en Angleterre et aussi en France : « Les Mémorables de Swedenborg nuisent à la propagation de la Nouvelle Église, et l'on ferait beaucoup plus d'adeptes si on publiait ses principes doctrinaux qui sont admirables, en éloignant tout ce qu'il donne comme mémorable » (*). Cela serait possible quant au nombre, mais quant à la qualité, non ; car beaucoup retourneraient ensuite à ce qu'ils avaient vomi ; et c'est ce que nous devons soigneusement éviter, puisque la profanation qui en résulterait est l'état le plus déplorable pour l'homme.
Au même. Saiot-Amand (Cher), 16 avril 1861.
J'ai lu avec un grand intérêt vos réflexions sur la constitution externe de la Nouvelle Église; c'est un sujet qui m'a toujours beaucoup préoccupé^ et plus je le méditais, plus j'y trouvais de difficultés, surtout en raison de la constitution du clergé à une (*) Voir Tome III des Mélanges, page 546. 37.
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CONSEILS ET DIRECTIONS A L'ÉGLISE
époque comme la nôtre, où l'amour de la domination et l'orgueil de la propre intelligence ont encore tant de force. Nous ne devons pas oublier que ce sont les prêtres qui ont le plus contribué à perdre toutes les Églises, et cependant il faut un sacerdoce. Mais estce bien le moment de le constituer en corps avec certains pouvoirs? Je ne saurais le décider ... J'ai cru longtemps, comme vous, dans mon ardent désir pour le bien de l'humanité, que l'universalité de l'Église pourrait se réaliser assez promptement sur notre globe; mais je crains beaucoup que ce ne soit qu'après des siècles, quoique nous marchions, certes, avec une rapidité toujours croissante dans la nouvelle voie ouverte par le Seigneur depuis 1757 ; voir le N° 73 du Jugement Dernier. Nous sommes en général, par suite de notre nature, trop pressés de jouir. Heureux de connaître la vérité, nous voudrions que tous la connussent ; convaincus que la fraternité réelle ne pourra exister entre les hommes qu'autant que la Nouvelle Jérusalem régnera sur la terre, nous voudrions que son règne s'établît tout de suite; do là le besoin qui se fait aussitôt sentir de constituer l'externe de l'église. Jusque là il n'y 'a pas grand mal, mais voici le danger : on se trouve porté à croire qu'une Église ainsi constituée, quant à l'externe, va présenter l'image de la concorde et de l'union ; et, comme il ne saurait en être ainsi, il peut arriver qu'on se désespère. Or, s'il ne peut pas y avoir concorde, c'est parce qu'alors
DE L'ILE-MAURICE.
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chaque homme de l'Église a des tentations à subir, d'où résultent des troubles individuels et collectifs. S'il ne peut pas y avoir union, c'est parce que, en admettant même que tous les membres d'une Église fussent de vrais Jérusalémites, ils ne pourront pas cependant, dans l'état actuel des choses, constituer l'homme spirituel qu'on nomme Église; car il manquera à cet homme certain organe ou certain viscère important, ou bien, il s'y trouvera des parties dont la vraie place serait dans un autre corps, et tout cela en raison des Correspondances, puisque chaque homme de l'Église correspond à une des parties du corps humain. Ce qui s'opère dans le monde spirituel, où il n'y a qu'apparence d'espace, et où l'union est la conséquence de la sympathie, ne peut avoir lieu sur notre terre qu'à l'égard de l'Église vue intérieurement. Ainsi, depuis le JugementDernier, la Nouvelle Église sur notre terre se présente comme un seul homme aux yeux du Seigneur, et les diverses parties de cet homme se trouvent disséminées sur toute- la surface du globe; il en est de même des Églises partielles ; chacune, dans un royaume ou dans un empire, constitueun homme dont les diverses parties sont éparses ça et là, et se trouvent chez ceux qui reconnaissent le Seigneur et vivent selon ses préceptes, à quelque communion qu'ils appartiennent. Je ne suis entré dans ces détails, que vous connaissez aussi bien que moi, qu'afin de vous encourager dans votre dessein de ne pas trop chercher à augmenter
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CONSEILS ET DIRECTIONS A L'ÉGLISE
en nombre, et de vous rappeler que votre Église, quelque petite qu'elle soit, fait partie d'une Église plus grande dont le Seigneur seul connaît la composition. Quant à l'interprétation de la doctrine, je pense que la Nouvelle Jérusalem n'aura pas à redouter ces discussions interminables qui ont troublé la première Église chrétienne, depuis son commencement jusqu'à nos jours. La doctrine est exposée si clairement dans les Écrits de Swedenborg, qu'il est impossible qu'on puisse la falsifier; et quiconque voudrait seulement la modifier devra par cela même être considéré comme hors de l'Église. Il n'en serait peutêtre pas de même pour les autres vérités que renferment les Écrits de Swedenborg ; car ces Écrits sont si nombreux qu'on pourrait, lorsqu'on n'a pas encore saisi l'ensemble de son système si bien coordonné, en détacher une proposition, et en déduire toute autre chose que ce que l'Auteur voulait exprimer. Ce danger, je l'ai déjà reconnu depuis longtemps, et c'est ce qui m'a décidé à consacrer tout le temps que j'ai à rester sur cette terre à joindre à chaque Traité de Swedenborg une Table analytique, à réunir toutes ces Tables en un volumineux dictionnaire méthodique, et à donner une Bible latine et une Bible française avec toutes les explications qui sont éparses dans tous les Écrits de Swedenborg. Ce sera, pour ainsi dire, une sorte d'arsenal, où chaque disciple pourra trouver des armes pour combattre les adver-
DE L'ILE-MAURICE. 437 saires de la Nouvelle Église, ou pour confondre ceux qui prétendraient que Swedenborg a dit des choses que réellement il n'a pas dites, ou qui interpréteraient mal des choses qu'il a avancées.
Au même. Saint-Arnaud (Cher), 16 juin 1861.
J'ai reçu avec votre lettre du 4 mai les quatre exemplaires de vos Réponses au révérend Lebrun, son attaque et les divers journaux dont vous me parlez. Ce qui étonnera certainement ceux qui liront l'Attaque, c'est qu'un tel écrit porte là signature d'un ministre protestant. Ses coreligionnaires doivent être confus d'avoir pour champion un tel énergumène ; car si ce pamphlet tombait sous les yeux des ministres protestants français, ils en rougiraient d'indignation. Votre réponse, mon excellent ami, estdipe, votre modération admirable ; aucun des arguments que notre Auteur pouvait fournir n'a été omis ; ia défense de la Nouvelle Église ne pouvait être en de meilleures mains...... Le choix des Articles extraits de la Revue est aussi très-heureux.
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CONSEILS ET DIRECTIONS A L'ÉGLISE
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 novembre 1861.
Vous avez près de vous nos frères MM. Châteauncuf, Lesage et autres, avec qui vous pourrez vous entendre pour vos publications. Nous sommes vos aînés, il est vrai ; mais vous avez marché vite, à Maurice ; et par les connaissances que vous avez acquises sous la direction du Seigneur, par la liberté légale dont vous jouissez dans votre île, par sa position admirable pour la propagation parmi les gentils, vous avez une haute mission à remplir. Vous venez de commencer en publiant Y Écho de la Nouvelle Jérusalem • Quant à Madagascar, laissons d'abord les missionnaires catholiques etprotestants se disputer ce pauvre peuple ; leur action sur lui aura du moins cet avantage de lui donner quelques idées sur le Seigneur; quoique erronnées, "elles le prépareront Ce que vous me dites de votre petite école et de ses progrès nous a fait le plus grand plaisir ; vous ne sauriez croire à quel point je m'intéresse à cette école, et combien j'ai été heureux d'apprendre qu'elle commençait à bien marcher........
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DE L'ILE-MAURICE. - •• -, • .. Au même.
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Saint-Amand (Cliei), 25 mars 1862.
Les découragements qui surviennent, plus ou moins intenses selon la nature de chaque disciple, sont permis par le Seigneur, parce qu'ils sont indis-' pensables pour que la régénération poursuive son cours. Dans votre Église, ils ont principalement eu pour cause son organisation provisoire qu'on aurait voulu remplacer par une organisation définitive au moyen d'un ministre; mais le Seigneur, malgré toutes nos démarches, n'ayant pas permis que nos désirs fussent satisfaits, n'en devons-nous pas conclure qu'il est dans les vues de sa Divine Providence que l'état provisoire subsiste encore ? Nous ne pouvons voir Dieu que par derrière, et le temps n'est peut-être pas éloigné où nous reconnaîtrons que nos désirs, quoique partant d'un cœur pur, auraient par leur accomplissement été préjudiciables et à l'état spirituel du troupeau, et principalement à celui du pasteur. Je dis principalement à celui du pasteur, car dans l'état présent de la société humaine, et avec les idées qu'on a en général à l'égard, soit d'un ministre protestant, soit d'un prêtre catholique, il y a beaucoup plus de danger pour le pasteur que pour ses brebis; en effet, il lui est bien difficile de ne pas reporter un peu sur sa personne ce qui n'est dû qu'à sa fonction,
CORRESPONDANCE; SUITE. et de n'être pas gonflé par cette sorte de vénération outrée que le sexe féminin est porté à avoir pour lui. L'histoire de toutes les religions montre clairement qu'elles ont été perverties par l'esprit de domination* du sacerdoce; aussi, cette question du sacerdoce est celle qui m'a toujours le plus préoccupé ; et, sans critiquer en aucune manière l'établissement du sacerdoce dans les sociétés de la Nouvelle Église en Angleterre et aux États-Unis, car le sacerdoce est nécessaire, et il en faut un, je me suis souvent demandé si, en lui donnant presque les mêmes formes que dans la vieille Église, on n'aurait pas plus tard à s'en repentir. En effet, notre pauvre espèce humaine est prompte à s'enorgueillir, et si malheureusement l'esprit de corps, partout si pernicieux, se glissait un jour dans le sacerdoce de la Nouvelle Jérusalem, n'y aurait-il pas pour elle un grand danger? Les laïques, devront, je crois, en vue du bien général, tout en entourant le sacerdoce d'égards et de respect, veiller soigneusement pour le maintenir dans de justes bornes, afin qu'il ne puisse pas être entraîné à suivre les errements des autres sacerdoces.
Au même.
Saint-Amand (Chef), 25 juin 1862. Vous avez très-bien fait de chasser tout
DE L'ILE-MAURICE. 437 saires de la Nouvelle Église, ou pour confondre ceux qui prétendraient que Swedenborg a dit des choses que réellement il n'a pas dites, ou qui interpréteraient mal des choses qu'il a avancées.
Au même. Saint-Arnaud (Cher), 16 juin 1861. J'ai reçu avec votre lettre du 4 mai les quatre exemplaires de vos Réponses au révérend L«brun, son attaque et les divers journaux dont vous me parlez. Ce qui étonnera certainement ceux qui liront Y Attaque, c'est qu'un tel écrit porte la signature d'un ministre protestant. Ses coreligionnaires doivent être confus d'avoir pour champion un tel énergumène ; car si ce pamphlet tombait sous les yeux des ministres protestants français, ils en rougiraient d'indignation.
Votre réponse, mon excellent ami, est digne, votre modération admirable ; aucun des arguments que notre Auteur pouvait fournir n'a été omis;
la défense de la Nouvelle Église ne pouvait être en de meilleures mains...... Le choix des Articles extraits de la Revue est aussi très-heureux.
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CONSEILS ET DIRECTIONS A L'ÉGLISE
Au même. Sainl-Amand (Cher), 25 novembre 1861. Vous avez près de vous nos frères MM. Châteauneuf, Lesage et autres, avec qui vous pourrez vous entendre pour vos publications. Nous sommes vos aînés, il est vrai ; mais vous avez marché vite, à Maurice ; et par les connaissances que vous avez acquises sous la direction du Seigneur, par la liberté légale dont vous jouissez dans votre île, par sa position admirable pour la propagation parmi les gentils, vous avez une haute mission sa remplir. Vous venez de commencer en publiant l'Écho de la Nouvelle Jérusalem j Quant à Madagascar, laissons d'abord les missionnaires catholiques et protestants se disputer ce pauvre peuple ; leur action s,ur lui aura du moins cet avantage de lui donner quelques idées sur le Seigneur ; quoique erronnées, "elles le prépareront Ce que vous me dites de votre petite école et de ses progrès nous a fait le plus grand plaisir; vous ne sauriez croire à quel point je m'intéresse à cette école, et combien j'ai été heureux d'apprendre qu'elle commençait à bien marcher
VOYAGES A TU6INGUE ET A LONDRES.
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doute relativement au droit de conférer le baptême ; je conçois votre hésitation, car j'ai passé aussi par cet état ; mais j'ai fini par reconnaître que dans la situation embryonnaire où notre Église se trouve, ce serait nous priver des plus grands avantages que le Seigneur accorde, si nous hésitions plus longtemps ; j'ai donc considéré cette hésitation comme produite par certains esprits que Swedenborg appelle consciencieux; voir A.. G. 5386, 8724. Vous ne sauriez croire à quel point cette cérémonie du baptême conféré à de jeunes idolâtres nous a tous intéressés ; j'ai lu publiquement à notre culte du dimanche la partie de votre lettre qui en traitait, et l'impression qu'elle produisit sur tous les assistants était saisissante; nous étions surtout frappés de l'immense résultat qu'aurait cette introduction de jeunes indiens et africains dans la Nouvelle Église du Seigneur, eux élevés sous votre tutelle, et destinés sans doute par le Seigneur, lorsqu'ils seront adultes, à propager parmi leur race les principes de la Nouvelle Jérusalem. Nous nous rendrons, M. Harlé et moi, dans les premiers jours de Juillet auprès du Dr Tafel, à Tubingue, et nous ignorons encore le temps que nous y resterons ; car le but principal de notre voyage est d'avoir une copie de l'Index Biblicus, dont le Dr Tafel fait la publication; cette publication demandant beaucoup de temps pour être conduite à sa fin, et d'un autre côté notre travail sur la Bible exi-
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CORRESPONDANCE ; SUITE.
géant que nous ayons au moins sous les yeux les passages qui sont donnés dans cet Index, et qui n'ont pas été cités en tout ou en partie dans les autres Écrits de Swedenborg, nous aurons à examiner sur les lieux s'il vaudra mieux faire nous-mêmes le dépouillement de ces passages, ou confier à un copiste intelligent la transcription de tout le manuscrit. —• A notre retour d'Allemagne, nous avons le projet d'aller avec quelques autres de nos frères à la conférence générale de la Nouvelle Église, qui ouvrira à Londres le 12 août.
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 septembre 1802. Cher et excellent ami et bien aimé frère en notre S. J.-C.
Je vous ai écrit en quelques mots, de Tubingue et de Londres, en vous promettant des explications sur ces deux voyages lorsque je serais de retour. Me voici à Saint-Amand depuis une quinzaine de jours; mais, depuis mon arrivée, j'ai été tellement occupé à corriger les épreuves des compositions faites pendant mon absence, et à préparer de la copie pour les compositeurs, que je suis pour ainsi dire harassé ; je vais
VOYAGES A TUliINGUE ET A LONDRES.
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cependant tâcher de vous donner un aperçu de ce que nous avons vu et fait, M. Harlé et moi, pendant ces deux voyages. A Tubingue, nous avons été occupés du matin au soir à recueillir sur les manuscrits de Swedenborg tout ce qui pouvait nous servir à compléter notre travail sur les Psaumes et sur Jérémie, afin de livrer immédiatement à la presse ces deux volumes de notre Bible latine. A Londres, où M. Tafel s'est rendu avec nous, nous avons assisté à la conférence, et nous y avons renoué connaissance avec la plupart de nos frères que nous y avions vus en 1851, et à Manchester, en 1857. Nous y avons trouvé la même cordialité, le même empressement à nous être agréable et la même fraternité.
Au même. Sainl-Amand (Clicr), 25 octobre 1862.
Votre dernière lettre nous a fait grand plaisir; d'abord le choléra a disparu ; puis la cérémonie dont vous nous donnez les détails, et dont le résullat a été si satisfaisant; mes sincères compliments à notre frère M. Pastourel surtout, pour la prompte décision qu'il a prise, après la discussion approfondie qui a eu lieu. Toute société de la Nouvelle Église a le droit
444 CORRESPONDANCE; SUITE. de se constituer comme bon lui semble; voilà le principe quant à l'externe. J'ai lu avec intérêt l'article que vous m'avez envoyé ; quant à l'avis que vous me demandez sur l'opportunité d'appliquer nos doctrines aux discussions politiques et sociales, je me trouve incompétent sur ce point; il faudrait être sur les lieux et bien connaître la législation et les mœurs du pays pour émettre une opinion ; vous seul pouvez donc juger des avantages ou des inconvénients qui pourraient en résulter; du reste, cette application n'est nullement en opposition avec nos doctrines, puisque tout naturel dérive nécessairement d'un spirituel ; tout dépend de Pà-propos. L'un de nos savants littérateurs, M. Matter, connu par de nombreux écrits estimés du public, vient de faire paraître un ouvrage sur Saint-Martin, (le « philosophe inconnu »,) et en a fait annoncer un sur Swedenborg. En homme consciencieux, M. Matter a voulu connaître les Écrits de l'homme qu'il veut faire connaître, et son éditeur, le libraire Didier, les lui a procurés. A la date du 19 octobre, M. Harlé m'écrit : — « Je viens de recevoir la visite de M. Matter, en » séjour à Paris pour quinze jours chez son fils, mi» nistre de la confession d'Augsbourg. Il désirait » beaucoup vous voir et dit qu'il vous en écrira, en » vous expliquant la difficulté pour lui d'aller jusqu'à » vous. Nous avons beaucoup causé, et il me parait » très-bien disposé pour un examen sérieux et sym» pathique, reconnaissant bien qu'il aborde tin hom-
OUVRAGE DE M. MATTER.
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» me très-supérieur à Saint-Martin, dont il voit les » côtés faibles. » — Le lendemain, 20 octobre, M. Matter m'adresse la lettre suivante : — « Mon» sieur, — Vos amis de Paris vous ont entretenu de » la publication que je prépare sur la vie et les Écrits » de Swedenborg. Ils ont mis à ma disposition quel» ques-uns des ouvrages les plus considérables de » l'homme extraordinaire dont je tiens à présenter » et à faire apprécier le caractère, les facultés et la » doctrine si exceptionnels dans les annales de l'hu» manité. J'ai pris dans mes entretiens avec eux des » points de vue beaucoup plus clairs et plus positifs » que dans les livres que j'avais consultés. Rien ne » manquerait à mes vœux, si je pouvais y ajouter une » conférence ou deux avec vous-même, Monsieur ; et » si vos affaires, si l'intérêt que vous portez à une » sainte cause, pouvaient vous amener à Paris d'ici » au 4 novembre, je vous demanderais de me donner » un rendez-vous aussitôt votre arrivée. Je dresse » une série de notes dans la perspective que mon » vœu pourrait se réaliser. — P. S. Mon âge, ma » santé et mes affaires me rendent une excursion à » Saint-Amand impossible. » Depuis la réception de cette lettre, j'ai pris mes dispositions pour pouvoir m'absenter sans que notre imprimerie en souffre, et je partirai après-demain pour Paris. Comme c'est la première fois que la littérature savante entreprend de s'occuper sérieusement de Swedenborg, je ne veux pas laisser échap38.
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CORRESPONDANCE; SUITE.
per l'occasion de conférer avec l'un de ses représentants.
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 novembre 1862.
Je vous disais dans ma dernière lettre que j'allais partir pour Paris, afin d'avoir plusieurs conférences avec M. Matter. Je suis extrêmement content du résultat de ce voyage. Nous avons trouvé, M. Harlé et moi, notre savant encore mieux disposé en faveur de Swedenborg que nous ne pouvions le supposer, même d'après ce que nous connaissions déjà de l'opinion que s'en était formée M. Matter à la première inspection de ses Écrits. « Quel homme extraordinaire ! » nous répétait-il souvent. Ce qui nous a surtout réjouis, ce furent ces paroles, par lesquelles dès le commencement M. Matter aborda la discussion : «On dit, en parlant de Swedenborg, que c'est un mystique, qu'il est le prince des mystiques ; mais nul n'est plus que lui opposé au mysticisme ! » iN'ous avons abordé avec M. Matter, au sujet de Swedenborg, presque toutes les questions, tant scientifiques que doctrinales; toutefois, nous ne devons pas nous attendre à ce que l'ouvrage que publie M. Mat-
CONFÉRENCES AVEC M. MATTER.
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ter soit du genre de ceux qui seraient écrits par des disciples; mais il n'en fera que mieux son chemin parmi les hommes du monde, et sera propre à dissiper les idées fausses qu'on s'est généralement formées sur Swedenborg, car il le présentera avec pièces justificatives tel qu'il était réellement. Nous avons remis à M. Matter tous les livres français, anglais et allemands qui traitent de Swedenborg, et nous nous sommes séparés les meilleurs amis du monde, lui étant retourné à Strasbourg et moi à Saint-Amand.
Au même. Sainl-Amand (Cher), 1l\ décembre 18G2. Depuis ma dernière lettre, dans laquelle je vous parlais de M. Matter, nos relations avec lui ont continué avec une franche cordialité; son ouvrage est sous presse, et aussitôt qu'il aura paru, je m'empresserai de vous en adresser un exemplaire; ce ne sera toutefois que dans quelques mois. Nous avons maintenant sous presse les Psaumes en latin ; même disposition que notre Esaias, et en même temps la traduction française dans le même
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CORRESPONDANCE; SUITE.
format que notre Nouveau Testament ; celle double publication nous occupe beaucoup, M. Harlé et moi. Je continue simultanément l'Index des Arcanes Célestes, dont je vous ai envoyé il y a deux mois les douze premières feuilles; le mois prochain, je vous enverrai les feuilles suivantes qui auront paru ; cette publication, en raison des nombreuses recherches qu'elle nécessile, ne va pas aussi vite que je le désirerais; je pense cependant que le 1er volume, qui aura au moins 500 pages, pourra être terminé dans trois ou quatre mois. Outre ces Iravaux, qui me prennent beaucoup de lemps, je n'oublie pas votre recommandation de donner des traductions des bons ouvrages de nos frères d'Angleterre. L'ouvrage de M. Rendell, les Particularités de la Bible est aux trois quarts imprimé ; mais il nous a fallu faire beaucoup de suppressions; malgré les bonnes choses que cet ouvrage renferme, je crois qu'il n'aurait pas été du goût des Français si nous l'avions donné en son entier; nous avons supprimé la plupart des discussions avec les théologiens de la vieille Église et les notes qui s'y réfèrent. Les travaux actuels de nos frères d'Angleterre conviennent sans doute très-bien pour amener une nation protestante à lire les Ouvrages de Swedenborg, mais je doute que reur manière de présenter les choses puisse avoir le même résultat pour une .nation catholique telle que la nôtre......
SUITE DES PUBLICATIONS.
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Au même. Sainl-Amand (Cher), 24 janvier 1863.
Cher et excellent ami... J'ai appris avec grande satisfaction que mon envoi des douze premières feuilles de l'Index des Arcanes vous avait fait plaisir, et je m'empresse de vous adresser les 7 feuilles suivantes.... Je joins à ces feuilles 24 demi-feuilles qui forment le commencement du 3e volume du même Index ; ces 24 demifeuilles sont imprimées depuis très-longtemps, et le volume ne sera continué que lorsque les deux premiers volumes, qui composent l'Index proprement dit, auront été imprimés. Si j'ai commencé par le 3e volume, ce qui peut paraître étonnant, en voici la raison : Je ne pouvais composer l'Index Général des passages de la Parole qu'autant que j'aurais à ma disposition tous les Index particuliers des Traités de Swedenborg ; or, le plus important, celui des Arcanes Célestes, me manquait ; il fallait donc d'abord l'imprimer, et c'est ce que je .fis. Si ces 24 demifeuilles ne contenaient que cet Index des passages de la Parole, je me dispenserais de vous l'adresser, puisque vous avez l'Index Général ; mais vous y trouverez en outre plusieurs Tableaux alphabétiques qui vous seront d'un grand secours pour vos travaux. Ce 38*.
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CORRESPONDANCE ; SUITE.
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3 volume, d'après le plan que je me suis tracé, contiendra ensuite un exposé de la science des Correspondances, la théorie des Degrés, celle des Nombres, et une sorte de grammaire, tout cela tiré des Arcanes Célestes.— Sous les mômes bandes vous trouverez de plus les deux premières feuilles de notre traduction des Psaumes J'arrive maintenant à votre bienveillante lettre. Combien je rends grâces au Seigneur d'avoir fait pénétrer ses célestes doctrines dans l'ancienne Ile de France et de vous les avoir fait connaître. Sans vos généreux secours, sans votre participation active aux frais de nos publications, où en serions-nous ici au milieu de l'indifférence générale? Aurions-nous pu faire ce que nous avons fait ? Mais le Seigneur sait lever les obstacles lorsqu'il le faut ; et quand on met toute sa confiance en Lui, quand on s'abandonne au courant de sa Divine Providence, le secours arrive au moment opportun ; c'est ce que j'ai éprouvé bien des fois depuis plus de 25 ans.
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 février 1863. Je vois par votre dernière lettre, du 5 janvier, que ce que je vous ai dit de M. Matter vous a
DÉCLARATION DE M. MATTER.
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beaucoup intéressé, je pense donc vous être agréable en vous transcrivant un passage de la lettre qu'il nous a adressée de Strasbourg, il y a une huitaine de jours : — « Mon travail avance, mais j'ai encore be» soin de tous vos documents pour la correction des » épreuves, qui est bien plus laborieuse que pour » Saint-Martin ; celui-ci n'était qu'un individu ; Swe» denborg est un interprète de la Révélation et un » fondateur, celui d'une Église. Sans nos conféren» ces du mois d'octobre, mon travail se faisait bien » autre ; vous me l'avez facilité, mais il est encore bien » difficile. Pour un membre de la Nouvelle Jérusa» lem tout est aisé; je le vois dans voire Revue et » dans vos autres travaux. Il n'en est pas de même » pour nous; dès que nous sommes d'une bienveil» lance complète, nous avons l'air, aux yeux des adver» saires, de trahir nos convictions. Pour moi, j'ai M pris un parti héroïque : « Ceci est vrai, donc je » le dis ; car c'est mon droit et mon devoir d'être » vrai. » Que Dieu soit avec moi ! » — Ce sont de bons sentiments et de nobles paroles, comme tout savant honnête et consciencieux devrait en avoir et les manifester; mais ils sont rares ceux qui préfèrent l'amour du vrai à l'amour de leur propre renommée. Toutes les nouvelles que contient votre dernière lettre sont des plus satisfaisantes; d'abord, la réapparition de l'Écho; je ne saurais trop vous recommander de continuer cette publication, qui est la
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CORRESPONDANCE ; SUITE.
seule qui puisse, pour le moment, être publiée en français ; le reproche que vous me citez, du correspondant du « Monthty Observer, » dont votre N° 14 contient la réfutation, serait une preuve, s'il en était besoin, des services que votre Écho peut rendre.
Au même. Saint-Amand (Cher), 1k mars 1863.
... Les événements qui se passent maintenant, «n AmériqueetenEurope.sont une preuve bien évidente que le Seigneur n'est plus avec la vieille Église, puisqu'il renouvelle de jour en jour avec plus de rapidité des choses de la société civile qui, jusqu'en 1757, avait eu pour base la vieille société religieuse ; celleci ne recevant plus l'influx du Seigneur, l'autre doit nécessairement être renouvelée. « Voici, dit le Seigneur, nouvelles toutes choses je fais. » .... Je compte toujours sur vous pour m'indiquer ceux des ouvrages de .nos frères d'Angleterre et d'Amérique que vous jugerez propres a être traduits ibrement en français. Pour le moment nous avons sous presse les Lettres de Rob. Hindmarsh au docteur Priestley,.......
DE L'INFLUX. 453 Vous me demandez ce que nous devons comprendre par Présence du Seigneur en nous, Influx, et Influence de CÉglise sur la terre etc., et vous résumez, ce me semble, votre opinion sur ce sujet par ces mois : «La puissance dans le monde des effets, vient du monde des causes par la sphère de l'homme de l'Église ici-bas. » C'est là une incontestable vérité, et je suis complètement de votre avis en ce qui concerne l'argumentation qui précède cette conclusion. Vous citez ensuite deux exemples, à savoir : La pierre du sépulcre roulée par l'Ange, et la femme guérie de sa perte de sang. Dans le second exemple, le médium naturel est évident, c'est la main de la femme qui touche le vêtement du Seigneur; mais dans le premier exemple, je ne vois pas de médium naturel ; car ce ne saurait être la présence des femmes et des gardes, puisque ni les uns ni les autres ne s'attendaient à l'événement, et par conséquent ne pouvaient y contribuer, ni par la volonté, ni par le regard, le regard, lorsqu'il résulte de la volonté, pouvant être considéré comme médium. Est-ce un motif pour mettre en doute l'événement? Loin de nous cette pensée, qui serait un blasphème; mais je dis : Au-dessus du cas ordinaire, il y a le cas extraordinaire, l'un et l'autre soumis ci une loi générale; ici, il y a cas extraordinaire ; la loi générale, c'est que le spirituel met en action le naturel, et non vice versa; le cas ordinaire, c'est que pour cette mise en action il faut qu'il y ait recours à un médium naturel, ce qui n'a pas lieu
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pour le cas extraordinaire; ainsi la loi est une pour les deux, mais l'exécution est différente. J'aurai occasion de revenir sur ce sujet, lorsqu'à propos des Tables tournantes, dont vous parlez à la fin de votre lettre, je vous donnerai mon opinion sur les miracles divins et les miracles magiques ; mais j'ignore encore si j'aurai le temps de vous développer dans cette lettre mes idées sur cette importante théorie, qui me semble indispensable pour se rendre compte des divers phénomènes du spiritisme, dont beaucoup trop de personnes sont engouées aujourd'hui dans toutes les classes de notre vieille société en dissolution; mais si, en raison de ce que j'ai encore À vous dire, je ne pouvais pas aborder ce sujet dans cette lettre, ce serait pour la lettre du mois prochain. Je reviens à cette partie de votre question : « Que devons-nous comprendre par Présence du Seigneur en nous et par influx?» — Le Seigneur étant la vie même, le Seigneur est en nous puisque nous vivons ; il est même dans l'être infernal le plus dégradé, puisque cet être vit ; mais il est chez chacun, homme, esprit ou ange, dans l'intime même. Ainsi, prenons l'homme : chaque homme a un mental naturel d'après lequel il veut et pense ; mais ce mental en renferme trois autres, ayant aussi, selon les degrés discrets, volonté et entendement, à savoir, un mental naturelspirituel, un mental spirituel et un mental céleste; au dedans du mental céleste est le Seigneur. Or, comme tout influx vient du Seigneur, l'influx chez l'hom-
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me, l'esprit et l'ange, vient donc du dedans au dehors, ou de l'intime jusque dans l'exlime, et non d'en haut en bas ou du supérieur à l'inférieur, comme il y a apparence, tant dans le monde spirituel que dans le monde naturel ; « le Royaume des cieux est au dedans de vous, » nous dit le Seigneur; c'est là la réalité. En effet, comme tout ce qui entoure l'esprit ou l'ange dans le monde spirituel n'est autre chose que la manifestation à l'extérieur de toutes les affections et de toutes les pensées qui sont en lui, et qui constituent pour lui son monde spirituel ou son Ciel, il en résulte que dans le monde spirituel le Ciel intime apparaît à la vue au-dessus des autres cieux, et que l'influx du Seigneur parait descendre du Ciel intime pour parvenir aux autres cieux; mais, d'après les principes ci-dessus, il est évident que ce n'est là qu'une apparence. Si l'homme, doué en naissant de tousses mentais, ne commence pas sa régénération sur cette terre, les trois mentais contenus dans son mental naturel restent fermés, et il ne peut recevoir l'influx du Seigneur qu'en ce qui concerne la vie naturelle; or, comme par nature il est porté à adultérer le bien et à falsifier le vrai, il ne diffère (les animaux que par l'intelligence dont ceux-ci sont privés; c'est en vain que le Seigneur a continuellement frappé à la porte, cet homme n'a pas ouvert, par cela qu'il ne s'est pas mis en voie de régénération. Au contraire, par la régénération commencée sur cette terre, il y a ou-
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CORRESPONDANCE; SUITE.
verture des divers mentais chez l'homme, à savoir : ouverture du premier mental par la réception des vrais et des biens naturels-spirituels; ouverture du second par la réception des vrais et des biens spirituels, et ouverture du troisième par la réception des vrais et des biens célestes; et après sa mort il devient habitant, ou du premier Ciel, ou du second, ou du troisième; habitant du premier, s'il ne s'est occupé que des effets; du second, s'il est remonté aux causes, et du troisième s'il s'est élevé jusqu'aux fins; mais, quelque soit le Ciel dans lequel il vivra éternellement, ce Ciel sera toujours pour lui celui qui lui conviendra le mieux, et celui où il sera le plus heureux.
Au même. Saint-Ainand (Cher), 25 avril 1863.
Votre Écho fait du bruit, et ce n'est pas étonnant; continuez et laissez le PèreLafond et tutti quanti déblatérer à leur aise; cela ne durera pas longtemps, car ces énergumènes seront rappelés à l'ordre par leurs supérieurs, lorsque ceux-ci s'apercevront que cette polémique est plus préjudiciable qu'avantageuse pour leur parti. C'est ce qui est arrivé en France en
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1838. Ce sont les chefs de l'ultramontanisme qui ont intimé l'ordre à leurs subordonnés de cesser toute discussion avec la Nouvelle Jérusalem. Je reviens pour un moment sur le cas extraordinaire, c'est-à-dire, sans médium humain, dont je vous parlais en quelques mots dans ma dernièrelettre. Le cas ordinaire en fait de miracles, soit divins, soit magiques, c'est que le spirituel se sert d'un médium pour agir sur le naturel; il en est ainsi parce que, le spirituel n'agissant que sur le spirituel contenu dans tout naturel, la règle la plus ordinaire, c'est qu'il y ait un signe naturel pour que le spirituel contenu dans le naturel agisse sur le naturel qui le contient; mais ce signe naturel n'est pour ainsi dire qu'un accessoire, et ce n'est pas une raison, parce qu'il est employé le plus souvent, pour en conclure que le spirituel ne peut agir sans avoir recours à un médium. Plusieurs miracles rapportés dans la Parole en donnent la preuve; — Voir sur II Sam. XXIV. io, 16, et II Rois, XIX. 35, les Nos 5717 et 7879 des Arc. Cet. — Voici comme je me rends raison des faits rapportés dans ces deux passages : De même que le naturel peut modifier le naturel, de même le spirituel peut modifier ou déplacer le spirituel. Or, dès qu'un spirituel dépourvu d'un matériel (ou un esprit) a agi sur un spirituel revêtu d'un matériel (ou un homme) de manière a le mettre hors d'état de rester dans son matériel, ce matériel se trouve privé de vie, ou, en d'autres termes, l'esprit de l'homme 39.
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n'étant plus dans son enveloppe matérielle, cette enveloppe n'est plus qu'un cadavre.
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 mai 1863. Je commence celte lettre par vous annoncer l'envoi de l'ouvrage de M. Matter... Je ne saurais mieux vous exprimer l'effet qu'il a produit sur nous qu'en vous transcrivant la réponse que je fis à l'auteur, et dont le contenu fut approuvé par nos amis : — « . . . » En raison du peu de temps dont vous pouviez dis» poser avant la publication, il vous était impossi» blé d'avoir, sur la doctrine de la Nouvelle Église, » toutes les connaissances qu'on serait en droit d'exi» ger d'un disciple. Si le vœu que vous exprime/, » d'être assez heureux pour en faire une deuxième » édition, s'accomplissait, vous nous trouveriez tou» jours disposés à avoir avec vous de nouvelles con» férences, sur le même pied d'aménité qui a existé » pendant celles que nous avons eues » —Si M. Matter s'était prononcé davantage en faveur de Swedenborg, son livre n'aurait peut-être pas eu l'effet qu'on en peut attendre; du reste, il redresse
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la plupart des idées erronées qu'on avait généralement sur la personne et les Écrits de Swedenborg.
Au même. Saint-Âmand (Cher), 25 juin 1863. J'ai lu avec intérêt vos réflexions sur ce que j'appelais dans une de mes lettres cas ordinaire et cas extraordinaire, expressions qui, dans ma pensée, équivalaient à celles de lois de l'ordre proprement dit et lois de permission ; votre médium conscient et non conscient exprime, ce me semble, la même chose en d'autres termes ,
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 juillet 1863. Je vois que par médium non conscient, vous entendez ce qui a lieu chez l'homme interne En effet, quoique le mot médium soit pris en gêné-
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rai par Swedenborg (voir A.. G. 5411) dans un sens qui diffère beaucoup de celui dans lequel on le prend communément aujourd'hui,... cependant on trouve dans les A. G. un passage qui concorde avec ce que vous appelez médium humain ; c'est le N° 3702 ; je vous transcris ce passage, parce que l'imprimeur (c'était à Paris) a commis deux fautes grossières, signalées du reste dans l'errala du volume ; voici ce passage : » L'homme a été créé de manière que par » lui les divins du Seigneur descendent jusque dans » les derniers de la nature, et que des derniers de la » nature ils montent vers le Seigneur, de sorte que » l'homme fût le médium de l'union du Divin avec » le monde de la nature, et de l'union du monde de » la nature avec le Divin, et qu'ainsi par l'homme » comme médium d'union (médium uniens) le der» nier même de la nature vécût d'après le Divin, c'est » ce qui serait si l'homme avait vécu selon l'ordre » divin. » — II est à remarquer que celte acception du mot médium par Swedenborg concerne l'influx médiat, sans néanmoins exclure l'influx immédiat, car l'influx immédiat agit chez l'homme, en même temps que l'influx médiat. Or, l'influx immédiat ne vient pas à la perception, parce que c'est un influx dans les intimes de l'homme, N° 8690. Ainsi, votre médium humain conscient se rapporte à l'influx médiat, et votre médium humain non conscient se rapporte à l'influx immédiat, et tout se trouve ainsi concilié, ce me semble, entre nous.
MORT DU DOCTEUR TAFEL.
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An même. Saint-Amand (Cher), 25 septembre 18 La Nouvelle Église vient de faire une perte bien sensible dans la personne du Dr Tafel. Il était parti de Tubingue pour faire sa tournée ordinaire en Suisse pendant les vacances, lorsqu'une indisposition le força à s'arrêter À Ragatz, le 15 août; il ne quitta plus le lit, et passa dans le monde spirituel le 29 août à 10 heures du matin. On me fit aussitôt part de ce triste événement, auquel tous nos frères étaient loin de s'attendre, car il paraissait devoir vivre longtemps et n'avait que 68 ans; mais le Seigneur dispose de nous à sa volonté et toujours selon ses vues miséricordieuses; inclinons-nous donc devant cette sainte volonté. Comme, avant de quitter Tubingue l'an dernier, j'avais eu soin de prendre en note un état descriptif des cinq manuscrits de Swedenborg confiés à M. Tafel par l'Académie royale de Stockholm, je m'empressai d'envoyer une copie de ma note au Comité de Londres, en l'engageant à s'adresser comme corps constitué à l'Académie et à lui demander autorisation de retirer ces manuscrits, et de les confier à qui de droit jusqu'à leur complète publication. Le Comité a envoyé deux de ses membres à Tubingue ; ces Messieurs m'ont écrit pour me prévenir de leur mission. 39*.
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CORRSEPONADNCE ; SUITE.
.... Quant à l'ouvrage de M. Matter, vous ferez bien de donner dans votre Echo quelques articles. Vous avez eu raison de penser que nous ne pourrions pas nous en occuper en France ; cependant, notre ami Blanchet m'écrit qu'il va envoyer une lettre en Amérique sur cet ouvrage; mais cette lettre, qui sera traduite en Anglais, ne pourrait vous arriver que tardivement.
Au même. Saint-Amand (Cher), 25 octobre 1863. J'ai reçu dernièrement d'un Suédois, le Dr S...., une longue lettre en latin qui m'a fait un grand plaisir. C'est un homme qui me paraît bien pénétré des doctrines de Swedenborg, et tout à fait orthodoxe Excellente acquisition pour l'Église. Vos observations sur le mot intermédiaire sont justes, mais la difficulté est de trouver le mot propre. Je me suis toujours attaché à rendre le mot latin par le mot français, et même à franciser le latin, lorsque notre langue n'avait pas de mot convenable, ce qui m'a attiré quelques reproches de la part de ceux qui ne voulaient pas de nçologismes.... Je dois reconnaître que ces reproches ne laissaient pas de m'in-
I)U MOT MEDIUM.
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fluencerdans les premiers temps, et de me rendre parfois timide; ainsi j'ai hésité longtemps à employer le mot médium, et je rendais les deux expressions intermedhtm et médium par le même mot intermédiaire ; mais ces incorrections disparaîtront dans une deuxième édition. J'ai lu avec le plus grand intérêt, dans le N°21 de l'Écho, votre article sur M. Matter. Je vous en fais mon sincère compliment.
A Monsieur le Dr S...., à Cliristianstad(Suède). Saint-Amand (Cher), 29 octobre 1863. Les'principes que vous exprimez, mon cher et très estimé M., en fait de traduction des Saintes Écritures, sont tout à fait les nôtres Quant à la critique des citations latines dans Swedenborg, soit directes, soit d'après Séb. Schmidt, vous verrez dans la préface de YEsaïas des relevés de points remarquables et les conclusions à en tirer Les éléments de notre critique continuent à se présenter dans notre travail sur la Scriptura Sacra.
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CORRESPONDANCE; SUITE.
A Monsieur Edm, de Chazal, à St-A. (Ile-Maurice). Sainl-Amand (Cher), 25 novembre 1863.
J'ai enfin reçu des nouvelles de Londres relatives au voyage des deux membres du Comité. Les manuscrits de Swedenborg sont en sûreté à Londres, et le Comité a acheté de M me Tafel le restant des exemplaires des éditions latines publiées par le Dr Tafel, moyennant une somme en capital et un droit sur le prix de vente de ces exemplaires
A Mademoiselle P
, à ***.
Saint-Amand (Cher), 15 juin 1864.
La révélation faite à Swedenborg ne ressemble en rien à la révélation faite aux prophètes; celleci constituait la Parole dans la lettre, et celle-là lève le voile qui couvrait cette Parole. •— Les prophètes étaient des instruments passifs; Swedenborg était aussi un instrument, il est vrai, mais conservant sa pleine liberté. — Les prophètes parlaient de vive voix avec un ange qui se disait et qu'ils croyaient être
DE LA RÉVÉLATION FAITS A SWEDENBORG.
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Jéhovah; Swedenborg recevait du Seigneur l'illustration lorsqu'il lisait la Parole. — Ne confondons pas l'illustration, qui est une révélation interne, avec la révélation proprement dite. — L'une doit avoir des degrés, l'autre ne saurait en avoir. •—• Depuis que la Parole a été complétée par le Nouveau Testament, il n'a plus été besoin de prophètes. — Swedenborg n'est pas un prophète ; pourquoi donc parler d'infaillibilité? — L'infaillibilité! Mais ce mot est horrible; i! suffirait d'y accoler le mot miracles pour se retrouver en plein moyen âge. Mira clés! infaillibilité! ce sont là des mots qui excluent la liberté humaine ; et la Nouvelle Église a cette belle devise : Agir « ex libéra secundum rationem, » d'après le libre selon la raison. —• Est-ce à dire que Swedenborg s'est trompé lorsqu'il a composé sa Doctrine céleste? Non, mille fois non !.... — Agent libre, Swedenborg entre dans le monde spirituel avec tous ses préjugés religieux, afin qu'il puisse les dépouiller librement pour arriver à l'illustration qui n'est donnée que progressivement. Il n'était donc pas étonnant qu'il eût d'abord conservé le dogme de la Trinité des personnes; ce n'est qu'en 1748 qu'il reconnaît que notre Seigneur jésus-Christ est le seul et unique Dieu en qui eslla Trinité. Dès lors il abandonne complètement l'expression Dieu Messie, dont il s'était d'abord servi, et n'emploie plus que l'expression le Seigneur, comme dans les Écrits qu'il a lui-même publiés, (à partir de \749). Comment donc
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CORRESPONDANCE; SUITE.
opposer à ces Écrits ceux qui les avaient précédés, (les Adversaria) non destinés par lui à la publication ; ceux-ci ne nous sont utiles que parce qu'ils nous apprennent comment Swedenborg est parvenu peu à peuàcette admirable illustration
A Monsieur Edm. de Chazal, à St-A. (Ile-Maurice). Saint-Amand (Cher), 25 juillet 1864. Je vous parlais dans ma dernière lettre d'un voyage que j'allais faire à Paris Pendant mon séjour, j'ai appris une triste nouvelle; M. Matter qui, par suite de son travail sur Swedenborg, semblait prendre goût à étudier notre céleste doctrine, vient de quitter ce monde. Espérons que cette étude, commencée ici-bas, l'aidera, dans le inonde qu'il habite maintenant, à rejeter les idées fausses que la science inculque à ses adeptes.
SIGNES DES TEMPS.
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Au même. Saint-Amand (Cher), 25 septembre 1864. Quoique toujours animé du vif désir de voir nos célestes doctrines se répandre parmi les hommes, j'aperçois la différence qu'il doit y avoir entre les commencements de la primitive Église chrétienne et ceux de la Nouvelle Jérusalem, et par conséquent entre le mode d'action des Apôtres et celui des disciples de la Nouvelle Église. Bien que la primitive Église chrétienne fût une Église spirituelle, elle n'était pas cependant en possession du sens interne de la Parole ; il ne lui en avait été révélé que la faible partie nécessaire pour le tempérament des hommes de cette époque ; la profanation n'était donc pas alors tant à craindre qu'elle le serait aujourd'hui. Or, la profanation, vous le savez, est ce que le Seigneur, dans sa Divine Miséricorde, veut nous éviter avant tout. C'est donc h cause de la profanation qui pourrait résulter de la diffusion de la lumière céleste, que le Seigneur ne permet pas que les doctrines de sa Nouvelle Église se répandent maintenant. Le Chérubin est toujours à l'entrée du jardin d'Eden, pour en détourner ceux qui ne pourraient pas y établir définitivement leur demeure Je suis de plus en plus convaincu que nous n'avons rien de mieux à faire que de remplir, chacun de son
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CORRESPONDANCE; FIN.
côté, les usages qui nous paraîtront les plus propres à l'accomplissement de notre tâche sur celte terre, en laissant agir le Seigneur sur l'ensemble de l'humanité. .Lorsque nous .portons nos regards sur cet ensemble, il nous est facile de voir comme tout marche rapidement vers l'accomplissement des promesses du Seigneur. Tout tend visiblement à une rénovation complète ; le vieux monde s'écroule, et le nouveau commence de tous côtés à manifester quelques signes d'une vie embryonnaire, il est vrai, mais qui parviendra en son temps à l'état de vie réelle. Quant au jour et à l'heure, le Seigneur seul les connaît. Il nous suffit de veiller.
Au même. Saiiit-Amand (Cher), 25 octobre 18G/i. Oui, les temps me paraissent arrivés; mais il me semble que, au lieu de nous jeter dans la mêlée, nous devons prier le Seigneur de nous mettre sous l'autel pendant le cataclysme naturel, comme il le fit pendant le Jugement Dernier dans le monde spirituel pour ceux qui devaient form'er le noyau de sa Nouvelle Kç'lisc !
NOTES A D D I T I O N N E L L E S ,
NOTE DE L'ÉDITEUR.
La première partie de ce volume, jusqu'à la Page 281, imprimée sous la direction de Le Boys des Guays, contient des renvois à des Notes Additionnelles pour lesquelles, interrompu par la mort, il n'a pas laissé, à notre connaissance, de renseignements manuscrits. Nous ne pouvons qu'y suppléer de noire mieux, sans avoir la certitude de répondre complètement à sa pensée. NOTE DE LA PAGE 40.
Voir, au sujet de la traduction de la divine Parole, les Articles, Pages 157, 160, 169. — H est à remarquer que l'emploi du vous en parlant à une seule personne a été une innovation introduite vers le xvn e siècle dans les versions françaises catholiques des Saintes Écritures, et à laquelle sont étrangères quelques versions antérieures. NOTE DES PAGES 139,
145.
Voir sur la Revue, sur sa suspension en 1848 et sur la suite de la publication des Ouvrages de Swedenborg, la Notice en tête de ce volume, Page iv, et l'Article, Page 285. NOTE DE LA PAGE
142.
A la Note sur Moët, ancien bibliothécaire de Louis XVI, nous pouvons ajouter ce renseignement : Un recueil littéraire anglais de 1807 (cité par Vlntellectual Hepository de mars 1856, Page 143), rapporte que Moët venait de mourir récemment à Versailles, à l'âge de 86 ans. 40.
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150.
L'édition imprimée des Arcanes Célestes se compose de 16 volumes in-8° de texte, auxquels on peu! joindre l'Index traduit de celui de Swedenborg, en 1 vol. in-8"; ïIndex Méthodique- et plus complet de Le Boys dos Guays, en 2 forts volumes in-8"; et nous espérons y ajouter le 3 e vol. supplémentaire commencé de cet Index, qui portera à 20 volumes l'ensemble de l'ouvrage et de ses compléments. NOTE DE LA l'AGE
152.
Notre excellent ami Hartel, ancien militaire décoré de la Légion d'honneur, invalide de la campagne de Russie où il avait perdu le bout des pieds par congélation, habile mécanicien, préposé à la fabrication des harpes dans la maison Érard, avait répondu selon son pouvoir, des la fondation de la Revue, au premier appel de M. Le Boys, en se faisant l'agent dévoué du journal et le dépositaire des ouvrages à Pans. 11 avait aussi ouvert son modeste logis à de petites réunions de culte privé où il avait rallié quelques membres épars de l'auditoire dissous de M. Broussais, fils du médecin de ce nom; réunions qui durèrent de 1838 jusqu'à la mort de M. Ilartel t-.n ISiS, et furent ensuite reprises chez notre ami M. Minot. On a vu, Page 312 du précédent volume, que d'autres réunions avaient eu lieu, en 1826, chez l'avocat M. Gobert. L'ouvrage récemment publié de Rob. Ilindmarsh, Risc and •proyress of (lie _Yeœ> Cliurck, nous montre (page 181) qu'en 1802, l'auteur assiste à Paris à une petite réunion de lecteurs des Ouvrages de Swedenborg, suite d'une société formée dès avant 1789, rassemblée occasionnellement parles soins de quelques amis d'Angleterre, et qui comptait parmi ses membres M. Parraud, auteur de quelques traductions publiées vers cette époque.
471 Nous aimons à recueillir ces traces de l'existence persistante, à Paris, d'un noyau de disciples des doctrines de la Nouvelle Église. Hindmarsh voit .M. Parraud, sur la demande d'un correspondant de Sainl-Petersbourg, expédier un envoi considérable de livres à celte destination. NOTE DE LA PAGE
169.
Voir dans la Notice, Page vin, l'état actuel d'avancement de la traduction des livres de la divine Parole et des travaux concernant cette traduction. NOTE DE LA PAGE
175.
Voir, Pages 285 et suivantes, l'état des publications en 1852, et l'état actuel dans la Notice en tête du volume. NOTES DE LA PAGE
178.
Voir, sur M. Lino de Zaroa, Page 287, et Notice, Page v. L'initiale D. est ici pour Dieudonné, nom sous lequel était entré en correspondance avec M. Le Boys, M. Emmanuel Dicudoimc C le de L.. C.... dont le vrai nom nous a été révélé à sa mort, à l'occasion de son legs en faveur de la publication des Ouvrages de Swedenborg, legs mentionné Page 426, et dans la Notice, Pages v, vi. NOTE DE LA PAGE
185.
Voir, Page ù2/i, quelques autres renseignements sur M. OEgger. NOTE DE LA PAGE
188.
Voir, sur la suite des événements de cette époque et la situation générale alors, les Lettres, Pages 231 à 241, et suivantes.
472 NOTE DE LA PAGE 191. Voir la Lettre, Pages 247 et suivantes. NOTE DE LA PAGE 201. Voir, sur les Juifs, dans les Arc. Ce'/., outre les N0i cités Page 202, le N" 4847 ; voir aussi la Lettre suivante, Page 208. NOTE DE LA PAGE 208. La suite des événements a montré combien il était difficile à la papauté de tenir des promesses libérales. NOTE DE LA PAGE 215. Les commotions prévues dans cette Lettre ont eu lieu, mais n'ont pas encore abouti à établir de fait, en France, la liberté de conscience. NOTE DE LA PAGE 220. Voir encore les Lettres, Pages 231 à 241. NOTE DE LA PAGE 226. Voir de nouveau ci-dessus la Note de la Page 188. NOTE DE LA PAGE 234. Voir de nouveau la Note de la Page 152 et la Lettre, Page 285. NOTE DE LA PAGE 334. Délibérée en comité et adressée aux bibliothécaires, cette circulaire était ainsi conçue : « M., — Traducteur et éditeur » des Œuvres de Swedenborg en français et désirant faire » connallre cette publication, je viens vous demander si » vous seriez diposé à recevoir, pour la bibliothèque de . . , » la collection des Ouvrages de cet Auteur. — Je puis vous » les offrir gratuitement, pourvu que vous consentiez à payer
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les frais de port. — En cas de réponse affirmative, veuillez m'indiquer par quelle voie je dois vous acheminer l'envoi.— Je joins ici le catalogue de ces ouvrages. — Agréez, etc.» Nous croyons à propos d'extraire des réponses les renseignements stalistiques suivants : — Le bibliothécaire de Nancy écrivait : « Je placerai avec plaisir vos traductions » près des Ouvrages originaux de Swedenborg que nous pos» sédons. »—Celui de Lyon : « La grande bibliothèque, dont » je suis le conservateur, possède la plupart des éditions orin ginales de Swedenborg, qu'on lui demande assez souvent, » mais elle n'a pas vos traductions, qui lui seront d'un grand » secours.»— Celui de Strasbourg : «Notre bibliothèque » possède, soit dans la langue originale, soit dans des tra» ductions, la plupart des Ouvrages de Swedenborg; 1" les » Arcana Gœlestia, édition de Londres, 17/|9, en 8 vol. » in-i°, édition si rare, que M. Tafel, de Tubingue, n'a pu » trouver que notre exemplaire pour en donner une réini» pression; 2°etc. (jusqu'àl/i articles).Vous voyez,Monsieur, » qu'il nous manque plusieurs ouvrages essentiels, et que » vos publications seront un complément important »— Celui de Boulogne-sur-Mer : «Votre traduction figurera chez » nous avec d'autant plus d'avantage que, par suite de nos » rapports avec l'Angleterre, des étrangers de celte nation » faisant à notre bibliothèque des dons assez fréquents, nous » possédons en anglais les principaux Ouvrages du grand » philosophe suédois, mais nous n'avons en français que » l'extrait sur la Nouvelle Jérusalem publié en 1834, par » Ed. Richer.» — Celui de Dole (Jura) : «Ces ouvrages » nous ferons d'autant plus de plaisir à recevoir, qu'on nous » les a demandés plusieurs fois. » NOTE DE LA PAGE Slilt. Le Seigneur, par les combats des tentations, a purifié,
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c'est-à-dire vaincu et expulsé lou! l'infirme ot l'héréditaire qu'il tetii'iit d'une Moie, an point do dépouiller absolument tout M a t e r n a i et de n'être, p l u s son fils. — Arc. Cet. N"' 17913, 2159. .NOTE
Sur les manuscrits de Swedenborg actuellement entre les mains du Comité de Londres. (Voir pages /|61, ùGi). L'INDEX BIBLICCS Ft'4t>n.s 2>stott«J
Nous avons averti, en commençant, que nous avons dû beaucoup restreindre les extraits de la correspondance.
-i/o Nous nous sommes arrêté à l'expression de la pensée de notre ami sur la situation générale actuelle et sur l'attitude qui convient aux disciples des doctrines de la Nouvelle Église en présence de cette situation. Nous devons nienSioaner, dans les dernières Lettres, l'envoi d'une photographie qui représente M. et M1"6 Le Boys des fiuays occupés à une collation d'épreuves. Les deux dernières, des 25 novembre et 6 décembre 1864, contiennent les expressions de vive reconnaissance adressées à M. de Chazal pour une nouvelle libéralité. Nous y joignons encore ici les nôtres pour ce généreux ami à qui surtout, nous aussi, nous devons de pouvoir continuer l'œuvre poursuivie depuis 25 ans de concert avec noire regretté collaborateur.
OUVRAGES D'EMMANUEL SWEDENBORG Traduits en Français PAR J.-F.-E. LE BOYS DES GUAYS
Arranes Célestes, 16 volumes grand in-8° 1201' » c Index des Arcanes, 1 volume grand in-8" 7 50 La Vraie Religion Chrétienne, 5 volumes grand in-18 . 15 » La Sagesse Angéliq. sur le Div. Amour, &c. 1 vol. g. in-18. 5 » La Sagesse Angélique sur la Divine Providence, 1 vol. 5 n Délices de la Sagesse sur l'Amour Conjugal, &c. 2 vol. 8 n De la Nouvelle .Jérusalem et de sa Doctrine Céleste, 1 vol. 4. » Les Quatre Doctrines , S » Exposition Sommaire de la Doct. de la AT||e Eglise, 1 vol. 2 oO Des Terres dans notre Monde solaire, 1 vol. gr. in-18. 2 » Du Jugement Dernier et de la Babylonie détruite, 1 vol. 2 » Continuation sur le Jugement Dernier, 1 volume in-18. 1 n Du Commerce de l'Ame et du Corps, 1 volume in-18 . 1 » Appendice à la Vraie Religion Chrétienne, 1 vol. in-18. 1 50 Exposition Sommaire du Sens interne, 1 volume in-8". 5 » Doctrine de la Charité (Extr. des Arc. Cet,), \ vol. in-8°. 1 50 Doctrine de la Nouv. Jérus. sur la Chanté, I vol. iu-8°. 1 » Des Biens de la Charité ou Bonnes (Eûmes, 1 vol. in-8". 1 50 De la Parole et de sa Sainteté, 1 volume in-8°. . . . n 75 De la Toute-Présence et de la Toute-Science de Dieu, » 50 Du Cheval Blanc, dont il est parlé dans l'Apocal., 1 v. 1 Du Divin Amour, 1 volume in-8° 2 Doctrine sur Dieu Triun, \ volume in-52 2 Traité des Représentations et des Correspondances, 1 v. 2 L'Apocalypse Révélée, ô volumes grand in-18 ,15 L'Apocalypse Expliquée selon le Sens Spirituel, 7 vol . 70 Vu Ciel et de l'Enfer (sous presse), 2e édit. 1 volume in-8". OUVRAGES CONCERNANT LA NOUVELLE ÉGLISE. Lettres à un Homme du Monde, 1 volume in-18 . . . 3 » L'Apocalypse dans son Sens Spirituel, 1 vol. gr. in-8". 7 50 Exposition Populaire de la Vraie Religion Chrétienne. » 50 La Religion du Don Sens, 1 volume in-18 G » Mélanges, i volumes in-18 2l» Abrégé de la Doctr. de la Vraie Religion Chrétienne, 1 v. 3 » Le Nouveau Testament, 1 volume in-52 2 50 Scriptttra Sacra.— Esaias, 1 volume in-8" 10 » Index, général des passages delà Parole, 1 volume in-8°. 10 » Appel aux Hommes réfléchis, 1 volume in-18 5 » Particularités de la Bible, 1 volume in-18. . . . . . 5 » Lettres au Docteur Priestleu, i volume in-18 5 » Index mélhudiqiie des Arcanes Célestes, 2 vol in-8". . 20 a Imprimerie dp INvtcnav, à Saint-Amand (Cher).