Grenoble plus verte que jamais 12 juin 2009 La Croix C’est dans la cité iséroise que les listes d’Europe Écologie ont réalisé leur meilleur score. Une percée qui s’explique par une longue tradition « verte ». Lyon, De notre correspondant régional Dimanche à Grenoble, Europe Écologie a laminé ses adversaires. Avec 29,04 % des suffrages, la liste Verte a devancé l’UMP (21,22 %) et relégué en troisième position le Parti socialiste (19,09 %), desservi par « l’effet repoussoir des parachutages », estime Olivier Ihl, directeur de l’Institut d’études politiques de Grenoble (IEP). Ici, l’élan national en faveur des écologistes a été amplifié par de fortes spécificités locales. Et d’abord, par « une structure socioprofessionnelle constituée des mondes de la recherche, de l’éducation ou de la santé, qui votent plus que d’autres écologiste », relève Jean‐Paul Bozonnet, enseignant à l’IEP. À cela s’ajoute « l’héritage d’une mobilisation historique, poursuit le sociologue. Grenoble est l’un des points de l’Hexagone d’où est parti le mouvement écologique à la fin des années soixante ». En témoignent la création en 1963 du premier parc national dans le massif de la Vanoise, sous la pression des nombreux pratiquants de la montagne, puis le combat contre le projet de centrale nucléaire Superphénix. Si les Verts ne comptent que 200 adhérents en Isère, les associations environnementales, fédérées au sein de la Frapna (Fédération Rhône‐Alpes de la protection de la nature), en revendiquent 18 000. Enfin, le ralliement dans les années soixante‐dix de nombreux contestataires de gauche a politisé le mouvement plus tôt qu’ailleurs. « C’est le côté plus rouge que vert de notre histoire locale », note Marina Girod de L’Ain, neuvième sur la liste Europe Écologie et élue Verte au conseil municipal, où elle siège dans l’opposition aux côtés des Alternatifs et des élus de l’Association pour la démocratie, l’écologie et la solidarité (Ades). Mais ce fort enracinement n’explique pas à lui seul l’ampleur de la défaite du PS, une « déception », a commenté laconiquement Michel Destot, maire socialiste de la ville. « Lors des élections européennes de 2004, le PS avait réalisé un score de huit points supérieur à la moyenne nationale contre seulement deux points cette année », relève ainsi Fabien de Sans Nicolas, chef de file de l’UMP grenobloise, qui y voit le « signe d’un rejet de la politique menée par Michel Destot ». Les Verts ont ainsi porté le rejet d’un certain nombre de projets : celui de la rocade nord, de la candidature de Grenoble aux Jeux olympiques d’hiver ou, dans un tout autre domaine, de la hausse des impôts locaux. « Nous portons des revendications fortes, et les électeurs nous en ont été reconnaissants », estime Marina Girod de L’Ain, fustigeant une municipalité qui, selon elle, « a perdu les orientations de la gauche ». Pour Fabien de Sans Nicolas, « Michel Destot a été sanctionné après avoir délaissé son socle électoral de base pour passer une alliance contre nature avec le MoDem lors des dernières élections municipales ». Le maire de Grenoble espérait ainsi apaiser la vie de sa majorité et marginaliser les écologistes, des alliés difficiles. Raté.