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30/06/2009

Au-delà de l'érudition, la conscience...

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Au-delà de l'érudition, la conscience... par La Rédaction du DL | le 20/11/08 à 07h09 1 vote | 46 vues | 0 commentaire

Professeur des universités, Olivier Ihl est directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de Grenoble.

Pourquoi un tel colloque ? « Ce qui nous a intéressés, c'est que ce colloque traite d'un champ peu investi jusque-là. Il s'agit d'une piste originale que celle des militaires français dans la Résistance. Et, pour de multiples raisons, elle a été masquée. Du coup, de nombreuses questions se posent, comme la loyauté à l'armée et l'engagement dans la Résistance, l'importance de cette Résistance-là par rapport à la Résistance civile. De surcroît, à Grenoble, l'armée comme la Résistance constituent des éléments identitaires très forts. Il fallait saisir cette opportunité de débattre avec des Italiens, des Allemands... Il y a aussi une urgence ».

Dans quel but ? « Parce que ce qui m'intéresse vraiment, ce sont toutes les questions que cela induit. Quelle est l'utilité de l'armée dans le monde d'aujourd'hui ? Avec la fin de la conscription, qu'est devenu le creuset civique ? L'armée est-elle une valeur conjugable au présent ? Qu'est-ce que le patriotisme aujourd'hui ? Pour ce faire, on a lancé une enquête auprès des étudiants des écoles militaires comme de l'IEP et j'ai été très agréablement surpris du taux de retour, 36 % pour l'IEP, entre 40 et 45 % pour Saint-Cyr. Peut-on encore parler de laGrande muette ? En tout cas, on ne sait que peu de choses sur ce que pense la jeunesse de tout cela... ».

Peut-on dire que c'est plus ce qui en aval du sujet traité qui vous intéresse ? « Pas seulement ! Il est temps de rendre justice à des engagements que la mémoire n'a pas su porter. Car cette Résistance est complexe, avec des motivations différentes. Sans entrer dans la distribution de bons points, il convient de marier la complexité et la nuance ! Si la dimension historique est importante, l'érudition n'est pas tout ! Après, ce qui est sûr, c'est que d'autres questions se posent. Quand on est jeune, y a-t-il des choses pour lesquelles on est prêt à mourir ? ».

Vous avez parlé d'urgence ? « Oui, car les acteurs sont en train de disparaître et on peut se débarrasser du corporatisme mémoriel. C'est donc bien aujourd'hui qu'il faut le faire. Avec une autre nouvelle question : qui va demain porter cette Histoire ? Et puis quelle est son actualité ? Ce n'est parce qu'on a une armée professionnelle qu'il ne faut plus se poser la question de la sécurité du territoire. Qu'est-on prêt à accepter ? Mon pays me doit certes des choses, mais que dois-je à mon pays ? Enfin, on n'a pas fini de se poser la question du patriotisme... Peut-on accepter que la Marseillaise soit sifflée ? Comprenez-moi bien : l'idée n'est pas d'apporter des réponses, mais de faire en sorte que les uns et les autres se saisissent de ces questions et qu'il y ait des lieux où l'on puisse s'en saisir ». Propos recueillis par Philippe GONNET Paru dans l'édition 38H du 20/11/2008 (51378)

Communes: GRENOBLE

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