Chapitre Premiere Culture 2008-2009

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Partie 1 – Les activités économiques et sociales Sous-partie 1 – L’organisation sociale

Fiche 1 – Définition de la culture

Chapitre 1 – La culture – transmission et construction collective

Notions fondamentales : culture

Introduction – La culture , un concept délicat à définir 1. La culture un concept polémique Comme le souligne E Morin, le terme culture est un mot piège : • Selon la science qu l’utilise, il désigne : - soit le développement du corps humain (culture physique), - soit la totalité des productions d’une société ( la culture s’oppose alors à la nature ; l’acquis à l’inné), - soit un nombre limité de production maîtrisé par l’esprit d’un individu (la culture générale).



Il peut sous entendre un jugement de valeur (ethnocentrisme : opposition entre le barbare et le civilisé) ou au contraire rechercher une impossible neutralité (cf. le relativisme culturel dans la suite du chapitre)



160 définitions au moins ont été proposées par les sociologues et ethnologues afin de cerner le concept sans qu’aucune ne recueille un accord réel.

Conclusion : •

E Morin peut alors en conclure que : « la notion de culture est sans doute en science sociale la moins définie de toutes les notions, tantôt elle englobe tout le phénomène humain pour s’opposer à la nature, tantôt elle est le résidu où se rassemble ce qui n’est ni politique, ni économique, ni religieux ».



Doit-on en conclure que cette notion doit être abandonnée ? Non, car supprimer le mot ce n’est pas résoudre le problème auquel nous sommes confrontés, c’est à dire décrire un des concepts clé des sciences sociales.



La solution paraît alors d’aborder le terme en s’appuyant sur les différents sens qui lui ont été donnés.

2. La culture , un concept protéiforme Comme on l’a vu précédemment de multiples définitions du terme ont été proposées (pas moins de 160). Il peut donc être utile d’opérer un tri parmi toutes les définitions et de faire apparaître les six principales façons de définir le terme : voir à la fin du chapitre le complément n°1

Définition de la culture : (cf. doc. 8 p144) Pour conclure ont peut donc retenir que la culture est - un ensemble d’éléments interdépendants constituant un tout organisé, - inculqué aux membres de la société et respecté sous peine de sanctions, - visant à répondre aux défis auxquels chaque société est confrontée.

Fiche 2 – Fonctions et composantes de la culture

I.

Notions fondamentales : valeurs , normes ,rôle statut et rites

Les fonctions A – L’homme se définit par la culture (7 et 8 p143-144)

Le concept de culture est essentiel pour les sciences sociales car il permet de penser l’unité de l’humanité dans la diversité autrement qu’en termes biologiques : • En effet si l’on ne fait pas référence à la culture, les différences de comportements entre les peuples peuvent conduire à une explication naturalisante en terme de race. Explication dont on connaît aujourd’hui non seulement les dangers (cf le génocide du peuple juif par les nazis) mais aussi l’absence de caractère scientifique. • La référence à la culture permet alors de démontrer que chez l’homme rien n’est purement naturel : même les fonctions qui répondent à des besoins physiologiques (boire, manger) ne s’observent jamais à l’état naturel, mais sont retranscrits en termes culturels (chaque société définissant des interdits culturels).

B – La culture adapte l’homme a son environnement Face aux limites et aux contraintes qui lui sont imposés par son environnement (en particulier le milieu naturel dans lequel il vit), l’homme va développer des stratégies adaptatives plus ou moins inconscientes et complexe qui vont assurer sa survie (par exemple la société va imposer des interdits alimentaires afin d’assurer la survie de la population). Relativisation : Mais l’homme ne fait pas que s’adapter passivement à une prétendue nature hostile : • chaque société va sélectionner la réponse qui lui paraît la plus adaptée au contexte dans lequel elle vit : les types de réponses peuvent être ainsi très différents • l’homme transforme la nature en fonction des ses propres besoins. Ainsi aujourd’hui même les paysages apparemment les plus naturels ont subi l’influence de l’homme.

C– La culture permet de reunir une pluralite de personnes (9p145) Apparemment l’individu dispose d’une aptitude naturelle à se mouvoir en société et à communiquer . Mais cette capacité n’est pas aussi évidente que l’on peut le penser au premier abord. Prenons par exemple les interdits que peut violer sans même sans rendre compte un individu voyageant dans un pays dont il ne maîtrise pas la culture . Ainsi l’on peut mieux comprendre le rôle fondamental que joue la culture : • elle permet à une pluralité d’individus de vivre ensemble • de pouvoir communiquer



de fonder une collectivité en partageant des références et des modèles de comportement

II – Les composantes de la culture A - La distinction entre valeurs et normes 1 – définition du terme valeurs On appelle valeur une manière d’être ou d’agir qu’une personne ou une collectivité reconnaît comme idéale et qui rend estimables les êtres ou les conduites auxquels elle est attribuée. Il en découle que : • La valeur est un idéal duquel il faut se rapprocher mais qui n’est pas forcément accessible • La valeur appelle l’adhésion des membres de la communauté • La valeur est la finalité et la justification de l’action • La valeur se situe dans un système qualitatif, les différentes valeurs ne sont donc pas indépendantes les unes des autres . Elles tendent à s’inscrire : - dans une hiérarchie qu’on appelle l’échelle des valeurs - elles s’organisent dans un système où chacune prend sens de ses relations avec les autres ( la devise française « liberté égalité fraternité »suggère bien cette idée d’interdépendance) - on peut alors parler d’éthos afin de désigner le système de valeurs caractéristique d’une culture

-

néanmoins la cohérence des valeurs n’est pas totale la possibilité d’incomptabilité ou de conflits entre les valeurs existe.

2 – définition du terme norme les normes sont des règles de conduite très largement suivies dans une société ou un groupe donné, dont la non-observance entraîne des sanctions diffuses ou explicites. Il en résulte que : • les normes sont des règles sociales ayant un caractère contraignant mais pas forcément légal • les normes sont attachées à des valeurs puisqu’elles ont pour fonction d’inciter les individus à se rapprocher d’un idéal de comportement : par exemple à la valeur respect d’autrui l’interdiction de la violence et du meurtre • Maisonneuve distingue 2 types de normes : - les normes communes à tous les membres de la société ou d’un groupe se référant aux cadres généraux de la vie et au système de représentation, de croyances , de valeurs - les normes de rôle qui dictent les conduites inhérentes à la position d’un individu dans un système social particulier (exemple les normes à suivre comme élèves sont inscrites dans le contrat de vie scolaire)

B- Statut et rôle 1 – définition du statut Le statut est la position qu’un individu occupe sur une des dimensions de l’espace social comme la profession, le niveau d’instruction, le sexe, l’âge, etc. Il en résulte que : • le statut définit l’identité sociale de l’individu. • le statut social n’est jamais complètement inné, il reçoit toujours au moins en partie une définition sociale (ex : dans les sociétés traditionnelles les hommes sont plus valorisés que les femmes) • le statut n’est pas définitif, il peut évoluer au cours du temps ( ex : statut d’élève, puis d’étudiants, puis d’actifs, puis de retraité) • L’individu peut avoir simultanément plusieurs statuts : par exemple : le père de famille, maire de sa ville, ingénieur

2 - définition du rôle. Le rôle correspond à l’ensemble des comportements d’un individu qui sont attendus par les membres de la société, en fonction du statut qu’il occupe. Il en résulte que : • la société va imposer un système de norme qui lui est spécifique et qui va définir le comportement exigible de la part de l’individu en fonction du statut qu’il occupe • Si l’individu ne respecte pas le comportement exigible il sera sanctionné (exemple un élève dont l’absentéisme est récurrent) • Un même individu peut avoir plusieurs rôles (qui peuvent être contradictoire) en fonction des différents statuts qu’il occupe : l’individu n’est donc jamais totalement passif ;il dispose d’une liberté d’action lui permettant de s’adapter aux différents groupes auxquels il appartient .

C - Les rites Les rites sont des pratiques codifiées obéissant à des règles précises qui symbolisent : • la communion des membres d’une collectivité, • leur acceptation d’un certain ordre des choses, • leur intégration à la société. On peut distinguer deux grands types de rite : • Les rites de passage qui servent à marquer les étapes de la vie d’un individu ( exemple le baptême, le bizutage) • Les rites d’entretien de la relation qui ponctuent la vie sociale aussi bien dans ses manifestations symboliques et festives (ex Noêl) que dans ses aspects les plus quotidiens ( ex : se serrer la main) Remarque : Il faut distinguer le rite du comportement ritualiste qui correspond au cas de l’individu attache tant de prix aux règles qu’elles deviennent une fin en soi, et qu’elles ne sont plus rattachées aux valeurs qu’elles doivent perpétuer.

Fiche 3 – Les différentes analyses de la culture

Notions fondamentales : déterminisme , holisme , culturalisme , interactionnisme

I - L’approche culturaliste . Introduction - un précurseur : Durkheim . Comme l’explique Durkheim dans une perspective holiste la culture (qu’il nomme conscience collective) est : • un tout qui est extérieur aux individus qui composent la société • caractérisé par un système de normes et de valeurs relativement cohérent • qui s’impose aux individus sans recourir obligatoirement à la contrainte, qui a pour fonction d’assurer un lien entre les générations qui se succèdent.

A - Les principes de base de l’analyse culturaliste. Les théoriciens culturalistes vont s’inscrire dans la filiation durkheimienne. Ils vont considérer que c’est l’adhésion des individus au modèle culturel spécifique à leur société qui en assure à la fois l’existence, le fonctionnement et la pérennité. Ils vont partager une conception qui les conduit à partir des postulats suivants : • une société particulière est caractérisée par sa culture et non par sa production matérielle : ils s’inscrivent donc dans une conception idéaliste (réfutant le matérialisme en particulier des économistes)



la culture est définie par un système de normes et de valeurs se caractérisant par leur cohérence (ils s’inscrivent donc plutôt dans une perspective holiste)



les individus vont intérioriser ce modèle culturel sous la forme d’une personnalité de base au cour d’un processus de socialisation ( la culture est donc acquise )



les culturalistes refusent donc les justifications naturalisantes qui expliquent essentiellement le comportement des individus par des contraintes d’ordre physiologiques et psychologiques



la culture va déterminer des modèles de comportement assurant aux individus une sorte de guide pratique des usages de la société , permettant donc une prévisibilité des comportements qui conditionne leur intégration et la survie de la société

B - Limites des analyses culturalistes Les théoriciens en particulier individualistes vont émettre un certain nombre de critiques qui visent à montrer les limites des analyses culturalistes : • le culturalisme développe une conception déterministe des phénomènes culturels : les individus censés accepter passivement à un conditionnement qui en fait des sortes d’automates. Or en réalité selon de nombreux auteurs dont Boudon : « de nombreux comportements doivent être analysés non comme le produit d’un conditionnement mais d’une intentionnalité » . C’est à dire que les individus peuvent faire des choix et sont donc amenés à opérer des arbitrages entre les différentes valeurs et normes caractérisant une société •

Le culturalisme paraît relativement bien adapté aux sociétés traditionnelles que ses fondateurs ont étudié. Il fournit une grille de lecture beaucoup moins bien adaptée aux sociétés modernes. En effet ci se caractérisent par : - une perspective dynamique, une évolution perpétuelle des modèles de comportement des systèmes de normes et de valeurs. Alors que le culturalisme suppose une stabilité des modèles culturels - le culturalisme postule que chaque culture forme un tout indissociable. Or si cela peut s’avérer réaliste pour des sociétés de taille restreinte, c’est beaucoup moins crédible pour des sociétés complexes et hautement différenciées telles que les nôtres aujourd’hui.

II - Les analyses interactionnistes de la culture . Les théoriciens interactionnistes refusent de considérer que la culture est un tout cohérent extérieur au individus qui composent la société. Ils vont chercher à analyser les processus d’élaboration de la culture qui repose selon eux sur les interactions individuelles. Pour faciliter la compréhension de leur analyse on peut prendre le modèle d’un orchestre : • tous les membres de l’orchestre participent solidairement mais chacun à sa manière, à l’exécution d’une partition invisible. La partition c’est à dire la culture n’existe que par le jeu interactif des individus • le travail du sociologue qui étudie la culture consiste alors à analyser les processus d’interaction . • Mais pour cela il faut aussi tenir compte des contextes dans lesquels s’opèrent ces interactions car chacun impose ses règles et conventions. • Ainsi la pluralité des contextes explique le caractère : - pluriel - instable de la culture Conclusion : Par l’approche interactionniste il devient alors possible : • de penser l’hétérogénéité des cultures au lieu de s’évertuer (comme tentaient de le faire les théoriciens culturalistes) à trouver une homogénéité culturelle illusoire • le caractère dynamique et provisoire de toute culture qui n’est jamais figée mais en perpétuelle évolution

III – La conception développée par Pierre Bourdieu (17 p150) -

P Bourdieu cherche à dépasser les deux conceptions théoriques dominantes qui, selon lui , ne permettent pas d’analyser la réalité : • la conception strictement déterministe conduisant à poser l’individu comme manipulé par des forces qui lui échappent , n’est pas adaptée aux sociétés modernes individualistes • la conception actionnaliste postulant un individu rationnel sans attaches sociales et familiales , ne lui paraît pas plus réaliste • paradoxalement , les deux conceptions , bien que développant des démarches opposées conduisent finalement à des résultats comparables : les individus n’ont pratiquement aucune liberté d’action , puisqu’ils sont : + soit déterminés par des forces qui leur échappent + soit prisonniers des effets d’agrégation conduisant à des résultats non souhaités et sur lesquels ils n’exercent pratiquement aucune maîtrise.

-

Bourdieu veut développer une analyse lui permettant de dépasser les contradictions mises en évidence dans les deux traditions : • chaque individu est caractérisé par une histoire ( une trajectoire familiale , personnelle ) , occupe une position sociale ( appartenance à un milieu ) qui déterminent un point de vue particulier sur le monde social : c’est l’habitus .C’est-à-dire un ensemble de dispositions que l’individu a incorporé , assimilé au cours du temps et qui lui font percevoir le monde d’une manière particulière et guident ses actions . L’habitus est donc l’ensemble des savoirs et des savoir-faire que l’individu a intériorisé qui lui permet de se comporter avec naturel , de s’adapter avec finesse à un milieu donné . •

mais l’individu n’est pas seulement déterminé ; il est aussi un acteur dont la liberté ( certes surveillée ) n’est jamais inexistante . En effet , en fonction du système de valeurs intériorisé dans l’habitus , l’individu dispose d’une grille de lecture qui va lui permettre de choisir le comportement qui est le plus adapté aux buts qu’il cherche à atteindre . Ainsi ,l’habitus n’est pas figé , il évolue avec l’histoire de l’individu , par exemple sa trajectoire professionnelle .

Fiche 4 – Des cultures

Notions fondamentales : sous-culture , contre-culture , ethnocentrisme ,ethnocide , génocide, relativisme culturel , acculturation , assimilation , syncrétisme , contre-acculturation

I - Les cultures ne sont pas homogènes A- Définition de la sous-culture (19 p 152) Les sociétés modernes sont des sociétés complexes qui du fait de leur hétérogénéité imposent aux individus des modèles de comportement plus souples et moins contraignants que ceux des sociétés primitives. La diversité des catégories ou communautés qui caractérisent nos sociétés conduit alors à introduire la notion de sous culture c’est à dire : Une sous-culture est le système de valeurs , normes et modèles de comportements, propre à un groupe social (les jeunes, les ouvriers, les occitans, etc.) lui permettant de se différencier et d’intégrer ses membres en développant une conscience collective sans pour autant s’opposer à la culture de la société. Ainsi : • la sous culture est en quelque sorte l’ aménagement d’un espace propre compte tenu des contraintes ou des opportunités des membres du groupe en fonction de leur place dans la société. • les valeurs et normes de la sous-culture reflètent au moins en partie la culture de la société. En effet partie prenante du système social global, le groupe le plus souvent emprunte, voire subit les modèles culturels de ce système.Mais il peut , inversement , être un élément innovateur générant de nouvelles normes et de valeurs . • les individus peuvent appartenir à plusieurs groupes et donc assimiler plusieurs sous-cultures qu’ils vont utiliser en fonction du contexte dans lequel ils se situent.

B – Définition de la contre-culture La contre-culture est la culture d’un groupe social dont les valeurs, les normes et les modèles de comportement s’opposent au foyer culturel légitime de la société dans laquelle il réside. Il en résulte que : • La contre-culture se différencie de la sous-culture en ce qu’elle affirme son autonomie , voire même sa volonté de destruction de la culture dominante et légitime • Une contre-culture même quand elle affirme rejeter voire détruire la culture de la société dans laquelle elle se situe n’est jamais complètement autonome car les individus qui s’en réclament ont intériorisé la culture à laquelle ils s’opposent. • Les traits contre culturels ne sont souvent qu’une inversion (parfois violente et exacerbée) de la culture légitime, toute contreculture est donc une sous-culture. • En réalité loin d’affaiblir le système culturel légitime, la contre-culture contribue à le renouveler et à développer sa dynamique propre car dans la plupart des cas les mouvements de contre-culture ne produisant pas d’alternative à la culture qu’il dénonce.

II - Culture : entre intolérance et pouvoir A - Culture et ethnocentrisme . Comme l’indique Lévi-Strauss, la majorité des sociétés considèrent que « l’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique parfois même du village ». Ceci les conduit à s’autodésigner du nom d’homme et donc à refuser aux autres peuples le statut d’être humain. Ainsi, les hommes ont tendance à tenir pour naturel ce qui est culturel, ce qui les conduit à porter des jugements dévalorisants sur les autres cultures c’est à dire à être ethnocentriste (cf. chapitre 1)

B - Les cultures sont hiérarchisées Comme l’indique D Cuche: « si toutes les cultures méritent le même attention et le même intérêt de la part du chercheur, cela ne permet pas d’en conclure qu’elles sont toutes socialement reconnues de même valeur » Il existe en effet une hiérarchie de fait entre les cultures qui résulte de la hiérarchie sociale. Dés lors parler de culture dominante ou de culture dominée , c’est recourir à des métaphores, dans la réalité ce sont des groupes sociaux qui sont en rapport de domination et de subordination les uns par rapport aux autres .

III - Deux écueils : la marche vers une culture dite civilisée ou le relativisme culturel A - La marche vers une culture dite civilisée 1- Les théories évolutionnistes A l ‘époque des lumières s’est développé le courant évolutionniste évoquant l’adoucissement des mœurs, le développement des arts, le respect des institutions politiques dont les effets sont ambivalents : • il est un facteur de progrès car il postule l’unité du genre humain donc rejette l’idée de race. • mais il n’est pas sans dangers car il considère que : - il y aurait un progrès des civilisations humaines - ce progrès serait historiquement nécessaire, il existerait des lois de l’évolution applicables à toutes les sociétés humaines - l’histoire de l’humanité suivrait une évolution linéaire et continue orientée vers un avenir meilleur - Ce progrès traduirait un perfectionnement des sociétés qui passerait du simple au complexe : du sauvage inférieur au barbare pour atteindre enfin le stade de la civilisation Les postulats sur lesquels ce courant repose sont fortement contestables car : • contrairement ce que postulent les évolutionnistes , on ne peut affirmer que les sociétés primitives sont caractérisées par la simplicité de leur système social et culturel et que nos sociétés seraient plus complexes. Certes les peuples andins n’utilisaient pas la roue même s’ils la connaissaient mais ils avaient développé des états centralisés dont la complexité n’a rien n’a envié aux nôtres. • donc contrairement aux pré-supposés des évolutionnistes il n’y a pas de trajectoire historique unilinéaire de l’humanité, l’ordre d’apparition des phénomènes est variable selon les sociétés , les logiques historiques sont irréductibles à toute notion de nécessité. • L’idée que l’intégration progressive des peuples non civilisés, des sauvages soient souhaitables est d’autant plus contestable qu’elle a souvent servi de justification à la colonisation .

2- Risquent de générer des dérives : l’ethnocide et le génocide L’ethnocentrisme peut ainsi mener au racisme qui postule : • qu’il existerait des différences d’ordre naturel entre les peuples : des races • qui permettraient de justifier une supposée supériorité d’une race sur les autres • dont la pureté serait menacée par les peuples définies comme inférieurs • afin d’éliminer tout risque de mélange des races serait alors mis en œuvre un génocide un génocide peut être défini comme l’extermination physique systématique d’une population (exemple le génocide du peuple juif) L’ethnocide doit selon les sociologues et ethnologues être différencié du génocide : • comme l’indique P Clastres : « le génocide assassine les peuples dans leurs corps, l’ethnocide les tue dans leur culture ». l’ethnocide peut ainsi être définie comme culture d’un peuple

une volonté d’extermination systématique de la

C’est l’exemple de l’Amérique du Sud après 1492 : - l’Europe catholique imposa son autorité et soumit les indiens à l’esclavage - mais elle voulut en plus extirper l’idolâtrie - pour cela elle interdit et réprima par la force tout ce qui pouvait avoir un caractère sacré dans les cultures indiennes - le christianisme ne s’attaqua pas au corps mais à l’âme qu’il détruisit le plus souvent en voulant la redresser au nom d’une prétendue civilisation. Remarque : ethnocide et génocide se recoupent en partie car le meurtre de la culture signifie la destruction de la personne dans son identité profonde et la conduit donc à une déchéance physique et morale qui n’est souvent qu’une mort différée.

B - Le relativisme culturel

1 - Vers une macdonaldisation de la culture ? (23 p 154) Certains sociologues dont A Mattelart : • s’inquiètent d’une tendance à l’uniformisation culturelle qui risquerait de conduire à terme à la disparition des cultures les plus fragiles et les plus minoritaires. Ce qui conduirait à un appauvrissement de la diversité culturelle • cette uniformisation qui a pu être dénommée la mac donaldisation de la culture résulterait : - d’une consommation de masse dont les symboles sont aujourd’hui universels ( ex le mac do ou le coca cola) - du développement des réseaux techniques de l’information en temps réel ( cf. CNN) - de la mondialisation des économies résultant du développement du libre-échange censé apporter à tous croissance et bien-être.

2- Les risques de dérive du relativisme culturel. • •

Le relativisme culturel est souvent compris comme un principe préconisant la neutralité à l’égard des différents cultures, car toute production humaine n’a de sens que dans le contexte de la culture qui l’a fait naître et donc on doit se garder de tout jugement de valeur assimilable à de l’ethnocentrisme Mais cette conception n’est pas sans danger : - puisqu’elle peut conduire à considérer que toutes les pratiques sont également respectables puisqu’elles ont sens dans leur contexte culture. - la neutralité éthique (louable) peut alors conduire à cautionner des pratiques sociales s’opposant aux droits fondamentaux établis par la déclaration des droits de l’homme (excision, guerre sainte, esclavage)

IV - La rencontre des cultures A- Définition de l’acculturation (20 p 152) Selon la définition classique de Redfield, Linton et Herskovits l’acculturation est « l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraîne des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes » Ainsi : • chaque société possède un foyer culturel qui la caractérise, un noyau dur en fonction duquel elle sélectionne les apports extérieurs : elle ne les intègre que dans la mesure où ils sont compatibles. • il est ainsi très rare que, malgré la violence du choc culturel que peut représenter l’acculturation (par exemple en cas de colonisation), la culture primitive disparaisse complètement. Généralement la culture survit en réinterprétant les traits culturels compatibles. • L’acculturation s’opère d’ailleurs rarement à sens unique, R Bastide parle ainsi de double acculturation afin de qualifier les répercussions que la rencontre des cultures à sur chacune des sociétés . • Néanmoins la capacité d’une culture a influencé l’autre est inégale selon les rapports de pouvoir qu’elles entretiennent . En particulier l’intégration d’éléments nouveaux sera d’autant plus faciles que les groupes dominants seront les porteurs des nouvelles valeurs ou normes.

B- Les processus de l’acculturation Les processus acculturatifs varient mais ces variations ne s’opèrent pas au hasard. On peut ainsi dégager un certains nombre de types : • Suivant que l’acculturation s’opère dans l’amitié (ex l’apport d’éléments culturels US après la libération) ou dans l’hostilité (en cas de colonisation forcée) • Suivant que les cultures sont proches (exemple : le processus de construction d’une Europe culturelle), ou éloignées et peu compatibles(exemple : la rencontre des cultures européennes et africaines au 19 ème siècle) • Suivant que les populations en contact sont démographiquement égales (exemple l’amitié franco-allemande )ou au contraire que l’une est majoritaire (exemple :les indiens d’Amérique du Nord face aux colons) • Enfin suivant le lieu où se produisent la rencontre. Les processus d’acculturation sont ainsi très différents dans le cas ou le contact s’opère dans une algérien colonisée ou quand un immigré algérien vient travailler en France. Malgré ces variations on peut dégager un certain nombre de constances qui caractérisent le processus dynamique dans lequel s’opère l’acculturation : • on constate d’abord une période d’opposition de la culture native à la culture conquérante ou dominante • puis si le contact se prolonge se produit une sélection par la culture native des traits offerts par la culture conquérante : certains traits sont acceptés et deviennent dés lors partie intégrante de la nouvelle culture en formation, alors que d’autres sont refusés pour cause d’incompatibilté.



On distingue alors généralement trois types de conséquences : - l’adoption qui peut conduire à l’assimilation c’est à dire à la disparition d’une des deux cultures qui acceptent intégralement les valeurs de l’autre, mais elle doit être volontaire , sinon la culture dominée continue d’imprégner la culture dominante - la combinaison c’est à dire la constitution d’une culture syncrétique ( ou métisse) c’est à dire que de la rencontre des deux cultures naît une culture nouvelle qui peut être une véritable synthèse ou une configuration éclectique adaptable selon les comportements et les situations. - la réaction à cause de l’oppression ou des conséquences négatives imprévues résultant de l’adoption de traits étrangers peut s’opérer un processus de contre-acculturation, c’est à dire un mouvement de refus actif de la culture dominante qui peut générer une contre culture préconisant la restauration du mode de vie antérieur au contact (mode de vie lui-même réinterprété donc largement mythique)

Remarque : • contrairement à ce qui est souvent affirmé (au moins implicitement)l’acculturation ne produit pas des êtres hybrides, malheureux et inadaptés.. Ce type d’affirmation repose sur l’idée (fausse) que le métissage culturel serait un phénomène négatif voire pathologique traduisant une perte de repères irréparable. • Il faudrait inverser la perspective : aujourd’hui on ne part plus de la culture afin de comprendre l’acculturation mais de l’acculturation pour mieux appréhender la culture. En effet aucune culture n’existe à l’état pur, identique à elle-même depuis toujours. Le processus d’acculturation est un phénomène universel : toute culture est un processus permanent de construction, déconstruction et reconstructions. Certains préconisent alors selon D Cuche de « remplacer le mot culture par celui de culturation pour souligner cette dimension dynamique de la culture »

Complément n°1

II - LA CULTURE , UN CONCEPT PROTEIFORME. Comme on l’a vu précédemment de multiples définitions du terme ont été proposées ( pas moins de 160). Il est donc nécessaire d’opérer un tri parmi toutes les définitions et de faire apparaître les six principales façons de définir le terme :

A– UNE DEFINITION PAR LE CONTENU L’objectif est ici de recenser tous les éléments qui composent une culture, d’établir en quelque sorte un catalogue. Exemple de définition : celle célèbre de Tylor : « culture : ce tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l’art, la morale, les lois, les coutumes et autres dispositions acquises par l’homme en tant que membre d’une société » Faiblesses de ce type de définition : Ce type de définition qui est simplement une énumération de caractéristiques est un fourre-tout manquant de cohérence.

B – LES DEFINITIONS QUI REPOSENT SUR L’IDEE D’ACQUISITION ET D’HERITAGE. Le critère essentiel est d’opposer tout ce qui inné (qui est exclu de la définition), à ce qui est acquis, appris par l’individu , et transmis par la société au cours de la socialisation (cf. chapitre suivant). Exemple de définition : celle que R Benedict énonce : « la culture : ce tout complexe qui inclut toutes les habitudes acquises par l’homme, comme membre de la société »

C – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’OPPOSITION A LA NATURE. Ce type de définitions a pour point commun d’exclure du champ d’analyse tout ce qui repose sur une caractéristique physiologique d’ordre biologique.

D – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’IDEE DE CONTRAINTE . L’élément central est ici de considérer que : • la culture n’est pas acquise librement par l’individu, • mais lui est imposée par la société • qui sanctionne tout comportement considéré comme déviant.

E – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’IDEE DE REPONSE A UNE FINALITE Dans ces définitions la caractéristique centrale est que : • la société est confrontée à des contraintes naturelles (climat, qualité et sol) • qui vont nécessiter des réponses spécifiques édictées par chaque société afin de satisfaire les besoins humains.

F – LES DEFINITIONS REPOSANT SUR L’IDEE D’ORGANISATION. Dans ces définitions c’est l’interdépendance entre les différents éléments qui est le point essentiel . La culture est ici considérée comme un tout relativement cohérent.

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