Chapitre : mondialisation et internationalisation des échanges
Notions du référentiel : mondialisation,FTN, ,taux de change,régimes de change,FMI, IDE, investissement de portefeuille , délocalisation
Fiche 1 – Définition et mesure de la mondialisation Partie 1 - Présentation du phénomène I. Un concept complexe Le FMI définit la mondialisation comme : « l’interdépendance économique croissante de l’ensemble des pays du monde, provoquée par l’augmentation du volume et de la variété des transactions transfrontières de biens et de services, ainsi que les flux internationaux de capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et généralisée de la technologie ». D’autres définitions de la mondialisation : Le terme mondialisation , en anglais globalisation , est un concept protéiforme . R.Boyer dans « La mondialisation , au-delà des mythes » distingue 4 définitions : •
en 83 , T.Levitt propose le terme globalisation pour désigner la convergence des marchés dans le monde entier . La société globale constituerait ainsi une entité unique, en vendant la même chose , de la même manière , partout . Cette analyse s’oppose à celle du cycle de vie du produit de Vernon qui considérait que les firmes des pays développés vendaient aux pays les moins avancés les produits devenus obsolètes dans les pays riches.
•
en 90 , cette notion est étendue par K.Ohmae à l’ensemble de la chaîne de la création de la valeur ( RD , ingénierie , production , marchandisation , services et finances ) . Désormais , les firmes appartenant à un même groupe conduiraient leur RD , financeraient leurs investissements et recruteraient leur personnel à l’échelle mondiale . La globalisation définirait donc une forme de gestion totalement intégrée à l’échelle mondiale de la grande firme multinationale
•
la montée en puissance des firmes multinationales contraint alors les divers espaces nationaux à se plier à leurs exigences , du fait de l’extrême mobilité dont elles bénéficient . Ainsi, la globalisation désignerait alors le processus à travers lequel les entreprises les plus internationalisés tentent de redéfinir à leur profit les règles du jeu précédemment imposé par les Etats-nations. Souvent les tenants de la globalisation insistent sur le caractère irréversible des tendances à l’œuvre, considérant que les politiques traditionnelles des gouvernements sont devenues impuissantes face aux stratégies des grandes firmes
•
enfin , la globalisation peut définir une nouvelle configuration qui marque une rupture par rapport aux précédentes étapes de l’économie internationale
.Auparavant , l’économie était internationale , car son évolution était déterminée par l’interaction de processus opérant essentiellement au niveau des états nations . La période contemporaine verrait ainsi l’émergence d’une économie globalisée , dans laquelle les économies nationales seraient décomposées puis réarticulées au sein d’un système de transactions et de processus opérant directement au niveau international . Cette définition est la plus générale et systémique ; elle entend souligner une rupture qualitative par rapport à l’ensemble des régimes internationaux qui se sont succédés depuis l’émergence du capitalisme commercial
II. Indicateurs de la mondialisation A. Un développement des échanges internationaux : la mesure de ces échanges On assiste à une augmentation du volume des échanges et à une diversification : des échanges de biens et services, mais aussi de capitaux et d’hommes 1.
la mesure des echanges de biens et de services a.
La Balance Commerciale
- Le solde commercial est la différence entre les exportations ( X : vente de produits nationaux à l’étranger ) et les importations (M : achat de produits à l’étranger ) : X–M • On dira que la Balance commerciale est excédentaire si X > M • On dira que la Balance commerciale est déficitaire si X < M
On peut aussi calculer un taux de couverture : X x 100 M Quand le taux de couverture est > 100, la Balance commerciale est excédentaire . -
Attention : il ne faut pas confondre le taux de couverture et le taux d’ouverture : X + M x 100 2 PIB
b. La Balance des transactions courantes regroupe : la Balance commerciale qui comptabilise les exportations et les importations de marchandises • la Balance des invisibles qui comptabilise : - les opérations d’exportations et d’importations de services ( transports , tourisme , communication , … ) ainsi que certains revenus du •
travail ( les revenus du travailleur frontalier ) et les revenus du capital sous forme d’intérêts et de dividendes reçus ou versés - la Balance des transferts courants qui correspondent à des opérations sans contrepartie : ex : le revenu des travailleurs immigrés envoyé dans leur pays d’origine ou les dons ( accordés à la France à d’autres Etats )
c.
La balance des Paiements ( 1 p 278 )
La balance des paiements est un document comptable retraçant l’ensemble des opérations entre agents résidents et non résidents, c’est à dire toutes les entrées et sorties de biens, de services et de capitaux (titres financiers, et créances) et de monnaie pendant une période donnée (le plus souvent un trimestre ou un an). Ce document est établi par la banque centrale du pays considéré. Depuis 2001, la balance des paiements est décomposée de la manière suivante : •
Le C o mp te de s t r a n sa c tio n s co u r a n te s qui regroupe : o
La balance commerciale (qui enregistre les importations et exportations de biens)
o
Les échanges de services, les transferts courants, certains revenus du travail et les revenus du capital sous forme d’intérêts et dividendes.
•
Le co mp te de ca p ita l qui retrace les transferts en capital entre un pays et l’étranger (pour l’essentiel :acquisition d’actifs non financiers tels qu’achats /ventes de brevets, et remises de dettes).
•
Le co mp te fina n c ie r qui retrace les échanges de capitaux entre un pays et l’étranger : o
Investissements directs
o
Investissements de portefeuille
o
Autres investissements.
•
Le poste « Avo i r s de r é s e r ve » : ce poste est la contrepartie du solde global des autres postes. Il reflète la position monétaire du pays. En effet, tout excédent (courant,financier) se traduit par une augmentation des réserves de la nation et une baisse des engagements, et inversement.
•
Le poste « Er r e u r s e t o m is sio n s » permet l’ajustement des résultats en cas d’écarts inexpliqués (dus à des difficultés d’enregistrement, à des trafics illicites, etc.).
Source : http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article317#nb1
B. Les Firmes Transnationales : un agent essentiel de la mondialisation 1.
Définition des FTN 1. Le terme de multinationales ne convient pas ( 4 p 267 )
Le terme le plus fréquemment retenu pour décrire une entreprise qui a implanté des filiales de production et de distribution dans différents pays est le terme firme multinationale (FMN) . Pourtant, celui-ci est discutable. En effet : - il conduit à penser que les firmes pourraient avoir plusieurs nationalités. - Or, on constate que quasiment toutes les firmes conservent une nationalité de référence : celle de leur nation d’origine. 2.
Il faut parler de transnationales
Nous retiendrons donc le terme FTN car , selon R.Sandretto : « le préfixe trans est incontestablement mieux adapté à la situation actuelle de ses firmes . Son double sens ( celui de traverser et celui de dépasser ) signifie que les FTN sont le prolongement extraterritorial de leur nation d’origine , qu’elles débordent ( dépassent ) tout en traversant les espaces des pays d’implantation . La firme n’est donc pas au-dessus des nations ; elle en est au contraire un principe actif. Inversement, la nation ne se confond pas avec la délimitation des frontières territoriales , en particulier la nation américaine pourrait s’étendre , via ses FTN bien au-delà des limites des Etats associés aux 50 étoiles de la bannière » . 3. Le développent des IDE ( Investissements Directs à l’Etranger) ( p 274) Les FTN s’implantent à l’étranger en développant les investissements directs ( IDE ) dé f in i tio n : On considère généralement qu’un investissement étranger est : - un investissement direct si l’investisseur étranger possède 10% ou plus des actions ordinaires ou de droits de vote dans les entreprises . Ce critère a été retenu , car on estime qu’une telle participation est un investissement à long terme qui permet à son propriétaire d’exercer une influence sur les décisions de gestion des entreprises . Pour voir les relations entre une société et la firme acquéreuse : Une société A sera alors dite : - filiale d’une société B si elle possède plus de la moitié des droits de vote de ses actionnaires - affiliée si B possède moins de 50% des droits de vote , mais exerce un pouvoir de décision effectif dans la gestion de la société .
En revanche, un investissement étranger qui est inférieur à 10% du montant des droits de votes sera considéré comme un investissement de portefeuille, car il ne permet pas d’exercer une influence sur la gestion de la société. Les investissements de portefeuille sont généralement spéculatifs, c’est-à-dire qu’ils visent à obtenir une plus-value dans le court terme, par l’achat et la cession de placements financiers et/ou monétaires . Pour voir l ‘historique de la transnationalisation : Constat : Contrairement à ce que l’on pourrait penser , ce n’est pas un phénomène récent . W.Andreff prend comme exemple celui des USA ; il constate que le stock d’IDE rapporté au PNB américain était de 5,1% en 1897 , atteint 10,8% en 1935 , tombe à 4% en 45 , remonte à 8,5% en 74 . La transnationalisation est donc un phénomène séculaire . Néanmoins ce phénomène a connu des évolutions très importantes : Périodisation : on peut-alors distinguer les phases suivantes : - le stock des IDE passe de 14 milliards de $ en 1914 à 105 milliards en 1967 , atteint 525 en 1980 , - 1705milliards en 1990 pour culminer à 3541 milliards en 2000 . Conclusion : entre 1990et aujourd’hui le poids des IDE dans le PIB mondial a été multiplié par 4 Typologie des pays éméttant les IDE : la hiérarchie des pays à l’origine de l’IDE a elle aussi évolué : • en 1914 , 45% du stock total d’IDE était détenu par le RU , 18 par les EU , 12 par la France , 10 par l’Allemagne . • en 1960 , le premier rang est détenu par les EU : 52 % , le RU tombe à 17% , la France à 6,5 , la RFA à 1 , le Japon à 0,8 . • En 82 , les EU toujours leaders ne détiennent plus que 46% du stock d’IDE , suivis de la RFA à 8 % , du Japon et du RU à 6 , de la France à 5 . • En 1997 les EU ne détiennent plus que 25,6% du stock d’IDE, le royaume uni 11,7%, le Japon 8 %, les autres pays développés 45 %, les NPI 10 % .Les pays en voie de développement bien qu’en progression notable , représentent toujours une proportion négligeable de l’IDE . Typologie des pays recevant les IDE : la hiérarchie des pays recevant l’IDE a été profondément transformée : • en 1914 , 63% du stock d’IDE était destiné aux PVD ( 37% aux pays développés ) . • En 60 , 32% aux PVD ; 68% aux PDEM . • En 1990, 20% aux PVD, 80% aux PDEM. • En 1997 30% pour les PVD et 70 % aux PDEM. Typologie en fonction des secteurs : ceci résulte d’une évolution des secteurs dans lesquels est réalisé l’IDE . Comme l’écrit J.Adda : • « jusqu’à la seconde guerre mondiale , la majeure partie des IDE était concentrée dans les secteurs agricoles et miniers , l’IDE était moins animé par une logique de concurrence à l’échelle mondiale que par une logique de concurrence entre les nations pour l’accès aux ressources du sol et du sous-sol .La prépondérance des flux d’investissement n’était que le reflet à la course à la constitution d’empires coloniaux ou de zones d’influence où les nations les plus puissantes pourraient trouver les ressources nécessaires à leur industrie . » Au contraire aujourd’hui la majeure partie de l’IDE se dirige vers le secteur industriel et, phénomène nouveau et en forte expansion vers les services. 2.
Les explications de la transnationalisation
La transnationalisation peut s’expliquer par 3 grands types de raisons : •
les FMN primaires qui sont essentiellement implantées dans les PVD et qui sont concentrées dans les secteurs de l’extraction minière du pétrole ou des produits agricoles s’implantent à l’étranger afin de pouvoir exploiter les ressources naturelles du sol .
•
les FMN à stratégie commerciale qui visent à s’implanter sur des marchés porteurs ou de grande taille ( Inde ou pays riches ) en contournant les barrières protectionnistes mises en place par de nombreux pays (en voie de développement ( cf. le Brésil dans les années 60 ) ou développés ) en établissant des filiales relais qui montent une gamme de produits calqués sur ceux de la maison mère . Pour la relation entre barrières protectionnistes et ce type d’IDE : Ce type d’IDE devrait diminuer avec la réduction des barrières protectionnistes accélérées par la création de l’OMC . En réalité , il semble que les entreprises préfèrent s’implanter à l’étranger afin de mieux apprécier les choix des consommateurs . Une entreprise n’a pas intérêt à céder la licence malgré les redevances que celle-ci lui rapporte qui sont moins aléatoires qu’un investissement productif sur place , car comme l’écrit J.Adda : « les exemples abondent d’entreprises , souvent japonaises , ayant acquis des technologies étrangères par achat de licences dans les années 50 et 60 qui ont pu , 20 ans ou 30 ans plus tard racheter leur ancien cessionnaire . Il apparaît ainsi que les entreprises ayant des avantages spécifiques ont le plus souvent à intérêt à les préserver et donc à assurer elles-mêmes leur exploitation internationale . A la limite , une entreprise a intérêt à internaliser tout actif lui offrant un avantage compétitif majeur , autrement dit à bloquer sa diffusion sur le marché . l’internationalisation apparaît ainsi liée à l’internalisation comme réponse aux imperfections du marché , dans un contexte de concurrence oligopolistique . » • la transnationalisation répond enfin à une stratégie productive ( docs 3 et 4 p 264-265 °: dans ce cas , la conquête du marché local d’implantation n’est plus la raison essentielle de l’implantation de la filiale . En effet , la production de la filiale atelier qui est spécialisée dans la fabrication d’une partie du produit sera exportée vers le pays qui prendra en charge le montage final . On assiste alors à une véritable Division Internationale des processus productifs. La firme transnationale va implanter ses filiales dans les pays en fonction de la capacité de chaque pays à effectuer au moindre coût la pièce ou le sous-ensemble qui lui a été confié . Ceci conduit à une véritable internalisation de la production , les relations entre les filiales et la maison-mère donnant lieu à un véritable commerce intra-firme . pour un bon exemple d’analyse de DIPP(division international des processus productifs , le cas des Pontiac le mans : http://perso.orange.fr/revision-bac-es/terminale_es/chap13/dipp.htm M.Porter peut ainsi opposer : • les stratégies multinationales pratiquées par les firmes multinationales dans les années 60 qui consistaient à produire sur plusieurs marchés nationaux des biens adaptés à chaque marché . La production des firmes n’est donc pas spécialisée , chaque filiale est un centre de profit qui entretient des relations avec la maison mère et non avec les autres filiales . • aux stratégies globales qui visent à unifier la gamme des produits au niveau mondial et donc à faire de chaque filiale une unité spécialisée dans la fabrication d’un composant particulier du produit fini en fonction des avantages comparatifs de chacun . Conclusion : selon R.Reich,ce phénomène porte en lui les germes de la disparition de la nationalité des firmes , puisque la firme devient une structure mondiale en forme de réseaux dans laquelle la propriété du capital importe moins que la capacité à mobiliser et à combiner les compétences de toute nationalité en vue de réaliser les objectifs recherchés par la firme . Dès lors la firme se sert du pays dont elle est issue en fonction de ses besoins , mais son intérêt n’est pas complémentaire à celui du pays . Par exemple , par le biais des délocalisations , elle peut accroître sa compétitivité tout en augmentant le chômage dans son pays d’origine . Relativisation : Il n’en reste pas moins que les firmes transnationales , en particulier américaines , sont largement soutenues par les autorités des pays dont elles sont issues , ce qui relativise l’analyse de Reich . Pour les analyses théoriques de la transnationalisation Elles sont apparues à la fin des années 50 , en rejetant les hypothèses sur lesquelles étaient bâties les analyses traditionnelles de Ricardo et d’HOS , en particulier celles de : • concurrence pure et parfaite à laquelle elles substituent celle de concurrence imparfaite de type oligopolistique • d’immobolité internationale des facteurs de production , à laquelle elles substituent le développement des IDE d1 – concurrence imparfaite des marchés et transnationalisation
La première question est de savoir pourquoi une firme qui s’implante à l’étranger et qui subit donc des coûts de délocalisation de sa production a intérêt à opérer une stratégie de transnationalisation .Selon Hymer , c’est parce que les transnationales ont des avantages spécifiques transférables internationalement : • image de marque qui peut grâce à la publicité être facilement développée dans les pays étrangers • avantage technologique dont dispose la firme • politique gouvernementale des pays d’accueil qui cherche à attirer sur leur territoire des firmes pouvant exercer un effet d’entraînement d2- oligopole et firmes transnationales La théorie du cycle de vie de Vernon démontre que l’entreprise innovatrice qui dispose au départ d’un monopole technologique voit progressivement les barrières à l’entrée ( brevets , etc ) qui la protégeait tomber au fur et à mesure que le produit arrive à maturité . Elle va donc délocaliser sa production afin de : • réduire ses coûts • et/ou adapter ses produits à la demande locale La firme leader , en s’implantant à l’étranger , cherche à modifier à son avantage la structure du marché .Les firmes suiveuses de l’oligopole se sentant agresser se délocalisent alors pour tenter de rétablir leur part de marché antérieure . Knickerbocker a ainsi remarqué que les firmes américaines avaient tendance à implanter presque en même temps leur filiale à l’étranger . Il observe un phénomène de grappes . En contrepartie , la firme agressée sur son territoire par l’implantation d’une transnationale , va répondre en investissant sur le territoire de l’autre afin d’affaiblir la position du leader chez lui dans son prinipal centre de profit . Ce phénomène peut être interprété comme un échange de menaces ( exemple : quand Firestone s’est implanté en France , Michelin a racheté Uniroyal aux Etats Unis afin de mettre en difficultés Firestone sur son propre territoire et donc d’inciter la firme américaine à réduire ses ambitions en France )
d3 – internationalisation et transnationalisation de la firme Plus la firme se développe, plus elle cherche à se diversifier (notamment géographiquement ) pour réduire les risques d’augmenter ses profits .Mais alors , plus son organisation interne change et devient complexe .Dès lors , la firme peut avoir intérêt à développer un marché interne et à opérer une division internationale des processus productifs qui lui permet de réduire les risques et les coûts générés par les marchés : • défauts dans la qualité du produit • coût du produit • assurer son approvisionnement extérieur (Michelin possède des plantations d’hevea en Malaisie pour se fournir en caoutchouc) • assurer la continuité internationale de son processus de fabrication tout en défendant sa technologie R.Coase peut alors en conclure que quand les coûts de transaction sur les marchés sont plus élevés que ceux de l’organisation de la firme, celle-ci va s’internaliser et créer son propre marché. d4- le paradigme OLI : Dunning ( 21 p 295 et 10 p 497)
Dunning développe une analyse qui s’appuye sur les 3 grands types d’avantage à la transnationalisation : • l’avantage spécifique de la firme (O comme Ownorship advantages) • l’avantage à la localisation à l’étranger (L) • l’avantage à l’internalisation (I) Pour avoir plus de connaissances sur la stratégie des FTN : un artcile de C.Aubin dans les cahiers français
Stratégies des firmes et échanges internationaux Sommaire Division des processus productifs et internationalisation des firmes Dimension de l'intégration des activités des firmes L'investissement direct à l'étranger (IDE) Raisons de l'investissement direct à l'étranger Le " paradigme OLI " Logiques de réorganisation Les effets de l'investissement direct à l'étranger IDE et échanges internationaux Une relation plutôt positive par Christian Aubin. Les théories traditionnelles du commerce international consacrent le rôle des seules nations au détriment des stratégies des véritables acteurs des échanges que sont les grandes firmes, les échanges intragroupes des sociétés multinationales représentant par exemple près d'un tiers du commerce mondial. Après avoir brossé un tableau de la réorganisation des modes de production et de l'internationalisation de l'activité des entreprises, Christian Aubin traite la question de l'investissement direct à l'étranger, analysant les facteurs qui le déterminent et ses conséquences sur le commerce des produits, relation considérée in fine comme plutôt positive. Dans le prolongement des théories modernes du commerce international, qui mettent l'accent sur les déterminants technologiques et les imperfections de concurrence, l'analyse est amenée à prendre en compte les stratégies des firmes. Ce faisant on assiste à un rapprochement entre les analyses relevant de l'économie internationale et de l'économie industrielle(1). L'intérêt de cette évolution théorique apparaît au regard de l'internationalisation de l'activité des entreprises. Face à une mondialisation qu'elles contribuent elles-mêmes à promouvoir, les firmes sont poussées à réviser l'échelle de leurs opérations et leurs modes d'organisation. On estime aujourd'hui que les échanges intragroupes des sociétés multinationales représentent environ 33 % du commerce mondial et leurs exportations vers des entreprises non affiliées, 33 %. La part significative des échanges intragroupes s'explique par la constitution de réseaux de filiales résultant d'une implantation des différents éléments du processus de production dans les pays différents. Cette réorganisation des modes de production passe par un développement des investissements directs à l'étranger. Les liens réciproques entre dette activité d'investissement et le commerce international deviennent un sujet de préoccupation de premier plan(2) et l'importance des enjeux rend souvent difficiles les négociations multilatérales sur l'investissement direct à l'étranger (négociations de l'AMI, Accord multilatéral sur l'investissement, dans le cadre de l'OCDE) (voir encadré ci-contre).
L'AMI (Accord multilatéral sur l'investissement) Les négociations de l'Accord multilatéral sur l'Investissement ont été lancées lors d'une réunion du Conseil des ministres de l'OCDE en mat 1995 L'AMI ambitionnait d'être le premier accord multilatéral réglementant les trois aspects fondamentaux de l'investissement étranger : protection, libéralisation et règlement contraignant des différends. Le choix de l'OCDE, au détriment de l'OMC, comme cadre des négociations signifiait toutefois que les pays en développement n'étaient pas directement partie prenante. Outre la pertinence de ce choix, de nombreuses dissensions entre les pays de l'OCDE - notamment sur les législations extraterritoriales américaines et sur la protection des industries culturelles - ont conduit à un premier report de l'échéance initiale (fixée à mai 1997), puis à une suspension pour six mois des négociations (décision du Conseil des ministres de l'OCDE, 28-29 avril 1998), enfin à l'arrêt de celles-ci, fin 1998. Cet échec doit être attribué non seulement aux divergences entre les pays de l'OCDE, mais aussi au sentiment, largement partagé, que le processus de négociation faisait la part trop belle aux revendications des multinationales (celles-ci auraient pu notamment poursuivre un gouvernement devant un organe de règlement des différends), au
détriment de la capacité des gouvernements locaux à légiférer en matière de droit du travail, d'environnement ou de protection des biens et services culturels. Contrairement à son objectif, le projet a réveillé les tensions entre communautés locales et multinationales. Divers groupes d'intérêt se sont même organisés en lobbies à l'échelle internationale, notamment par l'intermédiaire du réseau internet, pour contrer le projet d'accord. Les oppositions, qu'elles viennent des gouvernements français et canadien, au nom de " l'exception culturelle ", ou de groupes écologistes, contestaient la philosophie libérale de l'accord ; au-delà de la question des multinationales, il s'agissait d'endiguer la progression de la mondialisation et sa dynamique de convergence.
Division des processus productifs et internationalisation des firmes La théorie du cycle international de vie du produit a illustré la possibilité d'un déplacement de l'avantage relatif, et donc des courants d'échange, en fonction des caractéristiques des différentes étapes de la vie du produit. Si le processus de production lui-même peut faire l'objet d'une segmentation en étapes, alors la même logique doit conduire à envisager la délocalisation de ces étapes en fonction de la distribution internationale des avantages relatifs. Chaque opération élémentaire est effectuée là où elle est la moins coûteuse, en raison d'une meilleure adaptation des conditions locales (dotations factorielles, compétences...). La logique sous-jacente à la spécialisation et à l'échange dans le cadre d'une division internationale du processus productif est semblable à celle qui fonde le commerce des produits dans l'analyse traditionnelle du commerce international. C'est essentiellement une logique d'exploitation des différences. Toutefois, une spécificité apparaît en raison du caractère intermédiaire des biens échangés. La réalisation d'une étape de production dans un pays donné peut impliquer des importations en provenance des pays assurant des étapes en amont du processus et des exportations vers des pays spécialisés en aval de ce même processus. L'échange peut ainsi être de type intrabranche. De plus, exportations et importations sont liées : la nature des exportations ne dépend pas seulement de caractéristiques nationales, mais aussi de la nature des importations. Les avantages relatifs que la spécialisation internationale cherche à exploiter s'expriment en termes de capacité à s'insérer efficacement dans le processus global de production. Parce qu'elles sont interdépendantes, les différentes opérations doivent s'inscrire dans un cadre qui coordonne les activités des unités de production délocalisées. L'analyse est ainsi conduite à prendre en considération l'organisation des firmes à l'échelle internationale.
Dimension de l'intégration des activités des firmes Dans une perspective d'économie industrielle, l'évolution des firmes peut être schématiquement représentée en considérant deux dimensions de l'intégration de leurs activités : l'intégration par la propriété des actifs et l'intégration par la coordination(3). Le degré d'intégration le plus faible est associé à une firme adoptant une stratégie d'exportation à partir de bases nationales. La firme dite " multidomestique " développe des implications dans plusieurs pays pour satisfaire des demandes locales (création de " filiales relais " dans le cadre d'une stratégie de marché). La coordination des activités s'accroît avec la multinationalisation pour mettre en oeuvre une division internationale des processus productifs (création de " filiales ateliers " dans le cadre d'une stratégie de rationalisation de la production). La globalisation se caractérise par une forte intensité de coordination au sein de réseaux d'entreprises conservant leurs propres bases nationales. Les stratégies de marché et de rationalisation de la production tendent à se fondre tandis que s'impose une stratégie techno-financière qui fonde l'internationalisation sur les actifs intangibles de la firme et permet une diversification sous des modes originaux (sous-traitance, cession de marques, participations minoritaires...). Dans une perspective d'économie internationale, le passage d'une stratégie d'exportation à une stratégie de délocalisation pose la question de l'investissement direct à l'étranger, des facteurs qui le déterminent et de ses incidences sur le commerce des produits. L'investissement direct à l'étranger (IDE) Il peut être défini comme une opération par laquelle un investisseur basé dans un pays (pays d'origine) acquiert un actif dans un autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le gérer. Cette intention assure la distinction entre IDE et investissement de portefeuille. L'investissement direct à l'étranger recouvre trois formes d'opérations : - la participation au capital (par fusion, acquisition ou création de nouvelles installations) à un niveau suffisant pour pouvoir exercer un contrôle ; - le réinvestissement sur place des bénéfices d'une filiale implantée à l'étranger ;
- les prêts à court ou à long terme réalisés entre la société mère et sa filiale. Bien que les statistiques existantes ne soient pas toujours idéales ni parfaitement comparables entre les pays, on peut donner une évaluation globale de l'ampleur de l'investissement direct à l'étranger. On estime que, sur la période 1973-1995, la valeur des taux annuels d'investissements directs à l'étranger est passée de 25 à 315 milliards de dollars. Cette évolution traduit une progression globale plus rapide que celle du commerce mondial des produits puisque, sur la même période, la valeur des exportations a augmenté de 575 à 4 900 milliards de dollars. La croissance de l'investissement direct est particulièrement nette dans le secteur tertiaire des services (plus de 50 % des taux annuels d'IDE). On notera enfin que, sur la période récente, l'évolution a été marquée par une montée de l'investissement international croisé an sein de la zone OCDE et par une suprématie des fusions-acquisitions sur les créations nouvelles.
Raisons de l'investissement direct à l'étranger Il ne suffit pas de montrer l'intérêt d'une extension de la production (pour bénéficier d'économies d'échelle sur un marché élargi) ou d'une division internationale des processus productifs (pour exploiter les avantages comparatifs des pays) pour expliquer l'investissement direct à l'étranger. Il faut encore expliquer pourquoi ce type d'opération est préféré au développement local de la production pour l'exportation ou à la concession de licences à des entreprises étrangères pour l'exploitation des technologies. A l'instar des développements de la nouvelle théorie du commerce international concernant les situations de concurrence imparfaite, la référence à la théorie des jeux et aux comportements stratégiques peut contribuer à formaliser l'analyse. Les comportements d'investissement direct à l'étranger et les structures de marché qui en résultent répondent à des choix pour faire face à des concurrents locaux existants ou potentiels. D'autres motivations peuvent expliquer l'investissement à l'étranger.
Le " paradigme OLI " Ainsi, dans une perspective plus générale, l'analyse se réfère au " paradigme OLI " (pour ownership, localisation, internalisation)(4). Celui-ci fait de la multinationalisation le résultat d'une combinaison de trois éléments interdépendants : • le premier (ownership) est la possession par l'entreprise d'actifs susceptibles d'être exploités de manière rentable à une échelle relativement large ; • le deuxième (localisation) est l'existence d'un avantage à utiliser ces actifs pour produire dans plusieurs pays plutôt que d'exporter à partir d'une production dans le seul pays d'origine ; • le troisième (internalisation) réside dans les avantages potentiels d'une " internalisation " de l'exploitation des actifs, en raison de certaines formes de défaillance de marché. Parmi les actifs dont la détention joue un rôle moteur dans l'internationalisation des opérations de sociétés multinationales, la technologie ou, plus encore, la capacité d'innover régulièrement du point de vue technologique est reconnue comme un élément de première importance. Plus généralement, on souligne souvent le fait que les sociétés multinationales possèdent de nombreux actifs incorporels qu'elles peuvent exploiter à l'échelle mondiale (brevets, droits d'auteur, compétences, noms de marque, réseaux de commercialisation...).
Logiques de réorganisation De multiples facteurs peuvent être associés au deuxième élément du paradigme OLI. Une présence physique sur les marchés étrangers est parfois nécessaire pour y être compétitif. C'est notamment souvent le cas dans les industries de services. L'implantation à l'étranger peut aussi s'inscrire dans le cadre d'une division internationale du processus productif. L'investissement direct à l'étranger répond alors à une logique de réorganisation verticale. Celle-ci peut aussi être horizontale lorsque des opérations de production similaires sont effectuées dans des pays différents. La délocalisation peut alors répondre à une volonté de s'affranchir d'entraves au commerce (frais de transport des produits, protectionnisme commercial du pays d'accueil) ou permettre une meilleure adaptation au marché (proximité des consommateurs, ajustement aux nonnes locales, meilleure connaissance des concurrents locaux). L'internalisation de l'exploitation des actifs permet d'éviter les coûts associés aux transactions entre sociétés indépendantes, coûts liés à la passation des contrats et à la garantie de la qualité. Elle assure un meilleur contrôle sur l'utilisation des technologies, notamment si l'environnement juridique dans le pays d'accueil n'offre pas des garanties jugées suffisantes en matière de protection de la propriété intellectuelle en cas d'octroi de licences pour l'exploitation d'une technologie mise au point par l'entreprise. Par ailleurs, il peut y avoir une sous-évaluation par le marché d'une telle technologie si, pour l'exploiter pleinement, on doit faire appel à des technologies
complémentaires, à des connaissances et à des compétences qu'il n'est pas facile de trouver en dehors de l'entreprise.
Les effets de l'investissement direct à l'étranger L'investissement direct à l'étranger affecte de façons multiples les économies du pays d'origine et du pays d'accueil. On s'accorde généralement à reconnaître dans l'investissement étranger un important vecteur de transfert international de technologie. Par les transferts directs aux filiales, mais aussi par les retombées sur leur environnement (formation de la main-d'oeuvre locale, assistance technique aux fournisseurs et clients locaux...), l'investissement étranger peut contribuer à une élévation de la productivité dans le pays d'accueil. Même si cette voie d'amélioration de l'efficacité productive varie selon les secteurs et les pays, elle semble suffisamment prometteuse pour pousser de nombreux pays à rechercher activement, par des incitations directes (financières ou fiscales) ou indirectes, des investissements en provenance de l'étranger. Nous pourrions encore nous attarder sur la question des effets en termes d'emploi, notamment dans le pays d'origine, de l'investissement direct à l'étranger. L'analyse sur ce point rejoint celle présentée à propos de la concurrence des NPI et il demeure difficile de fournir une évaluation précise et non controversée des gains ou des pertes d'emplois engendrés par le développement des investissements à l'étranger. En privilégiant le point de vue de l'économie internationale, nous laisserons ces questions de côté pour leur préférer une réflexion sur les conséquences de l'investissement direct à l'étranger sur le commerce des produits.
IDE et échanges internationaux Si l'on se situe dans la perspective théorique de l'interprétation factorielle de l'échange international des produits, on doit s'attendre à ce que le développement des flux d'investissement direct s'accompagne d'une diminution des flux commerciaux. La substituabilité entre échange de facteurs et échange de produits explique cette conclusion. De fait, la diminution du commerce est hautement probable si l'investissement direct à l'étranger a pour seul objectif la satisfaction d'un marché initialement desservi par des exportations. Cette configuration peut notamment se rencontrer dans le cas d'un investissement destiné à contrer une politique protectionniste du pays d'accueil. Mais ce n'est pas le seul motif pour investir à l'étranger et les incidences sur le commerce peuvent être de natures diverses. Le remplacement d'exportations de produits finis à destination d'un marché étranger par une production délocalisée sur ce marché doit, certes, conduire à une diminution de ces exportations, mais cela ne signifie pas nécessairement la disparition des flux commerciaux entre le pays d'origine et le pays d'accueil. Il peut y avoir un effet de substitution si la production délocalisée du bien final utilise des biens intermédiaires ou des services importés du pays d'origine. On peut même concevoir que ces nouveaux flux deviennent supérieurs aux anciens si la délocalisation permet un gonflement significatif des ventes sur le marché investi. Un effet supplémentaire peut jouer si le bien final dont la production est délocalisée constitue une variété particulière au sein d'une gamme plus étendue. Le développement du marché local pour la variété à production délocalisée peut s'accompagner d'une croissance de la demande pour d'autres variétés du produit. En restant dans la perspective d'un investissement destiné à remplacer des exportations, on peut concevoir un effet négatif sur les importations du pays d'origine puisque celui-ci verrait diminuer ses éventuels besoins en biens intermédiaires importés. Il y aurait alors un effet de détournement de commerce : les biens intermédiaires importés par le pays d'origine seraient alors importés par le pays d'accueil. Mais, à nouveau, d'autres mécanismes peuvent jouer puisque, comme cela a été envisagé précédemment, la délocalisation ne se traduit pas nécessairement par une diminution globale de l'activité productive dans le pays d'origine. La substituabilité entre investissement direct et commerce ne semble donc pas établie de manière certaine, même dans le cas le plus favorable d'un investissement de remplacement des exportations. Cette substituabilité est encore plus fortement remise en cause lorsque l'investissement direct à l'étranger répond à une stratégie de division internationale des processus productifs. Dans ce cas, la raison d'être de l'investissement est d'améliorer la position compétitive de l'entreprise dans le secteur par rapport à celle d'autres entreprises, tant dans le pays d'origine qu'à l'étranger. Dans cette perspective, l'investissement direct à l'étranger ne constitue pas un facteur d'homogénéisation des espaces, qui diminuerait l'intérêt de l'échange international. Même si le déplacement du capital entre les pays conduit à rapprocher les ratios de dotations globales en capital et en travail des pays, cela ne signifie pas une atténuation des avantages relatifs. Ceux-ci s'expriment à travers d'autres déterminants dans la mesure où l'on assiste à un renforcement de la dépendance à l'égard de variables technologiques (connaissances, compétences...) qui demeurent localisées. La réorganisation à l'échelle internationale des activités productives débouche sur une recomposition des flux commerciaux, sur une évolution de leur nature plus que de leur volume global. Un pays initialement exportateur d'un produit fini peut devenir importateur de ce même bien. Le croisement d'une logique
d'avantages spécifiques des firmes et d'avantages comparatifs des pays pousse à la hausse de la part des échanges intrafirmes ou intragroupes dans le commerce mondial. Le partage entre commerce interbranche et commerce intrabranche peut également être affecté. Quant à l'effet global, la persistance d'une spécialisation internationale, voire son renforcement à des niveaux de plus en plus fins, et les gains de productivité que l'on peut en attendre, interdisent de conclure à une influence négative de l'investissement direct à l'étranger sur le commerce.
Une relation plutôt positive La multiplicité des effets théoriquement envisageables et leur coexistence dans la réalité rendent difficile la recherche de relations statistiques significatives entre flux d'investissement et flux commerciaux. Le manque de données fiables sur l'investissement direct à l'étranger limite en outre la portée des études empiriques. Les travaux sur les sociétés multinationales restent souvent centrés sur quelques pays (États-Unis, Suède et Japon notamment) et l'on doit se garder de généralisations hâtives. En tenant compte de ces réserves, les résultats empiriques laissent à penser qu'il existe plutôt une relation positive entre l'investissement direct à l'étranger et les échanges commerciaux. Cette relation apparaît plus nette lorsque l'on regarde les exportations du pays d'accueil. Elle est moins marquée pour les exportations du pays d'origine et pour les importations des deux pays. Source :Les cahiers français, n° 299 Christian Aubin (Professeur d'économie internationale et de macroéconomie financière à la Faculté de Poitiers Groupe de recherche sur l'intégration économique et financière) . .
Conclusion On assisterait donc aujourd’hui à un développement du phénomène transnational, qui se caractériserait : • par un développement des implantations à l’étranger, sous forme d’investissements directs, • par l’existence de différentes filiales entretenant des relations internes qui font que l’on peut désormais parler d’un réseau interne propre aux FTN , qui dépasseraient ainsi le cadre des frontières , • par l’apparition d’un techno-globalisme : les entreprises ne géreraient plus leurs innovations, à partir d’une base nationale, mais implanteraient des laboratoires de recherche dans leurs filiales implantées à l’étranger , signeraient des accords de recherche en particulier dans l’industrie électronique , afin de pouvoir partager les efforts de mise au point très coûteux , d’établir des standards ou des normes communes au niveau mondial , de partager les risques d’échec . Pour voir l’évolution des IDE : On peut donc en conclure que la mondialisation des économies s’accélère et qu’elle devient une donnée incontournable . Ainsi , comme le constate F.Chesnais , base 100 en 75 , la FBCF se situe à 300 en 89 , le PIB à 350 , les échanges mondiaux 375 et l’IDE à 800 , alors qu’il n’était encore qu’à 200 en 85 . Cette accélération de l’investissement direct a été facilitée et s’explique par l’intégration financière internationale (les 3 D: désintermédiation , dérégulation , décloisonnement ) .
C. L’intégration financière internationale 1. Définition du Système monétaire international M.BERNARD écrit : « Un SMI est un ensemble de règles et d’institutions qui régissent comment , en quoi et à quel prix les monnaies s’échangent entre elles . » Un SMI donne alors les taux de change qui est le prix d’une monnaie exprimé par rapport à une monnaie étrangère.
Pour les problèmes posés par la fixation des taux de change : Ainsi 3 questions se posent : • la première est celle de la convertibilité : pour que l’échange international ait lieu , il est nécessaire que le vendeur bénéficie d’une garantie , c’est-à-dire que la monnaie dans laquelle il sera payé , représente un pouvoir d’achat ( la variation de ce pouvoir d’achat
et donc le risque encouru par le vendeur sera fonction du régime de change en vigueur : fixe ou flottant ). La deuxième celle des liquidités : c’est-à-dire les moyens de paiement internationalement acceptés qui vont constituer les réserves de change des Banques Centrales ( dans le système du Gold Standard , l’or est la liquidité en dernière instance , mais la livre est acceptée ; dans le système du Gold Exchange Standard issu de Bretton Woods , le dollar devient la principale réserve de change , car il est considéré équivalent à l’or : as so good as gold )
Pour voir que le SMI est un régime hiérarchisé
M.BERNARD écrit : « que les manifestations de la puissance et de la domination économique s’opposent souvent » . Il distingue , pour le démontrer 3 critères : • d’un point de vue commercial : un pays puissant qui dispose d’avantages compétitifs importants se caractérise par des excédents commerciaux élevés et croissants ( ex : Japon , RFA ). Au contraire , un pays dominant connaît généralement un déficit de sa Balance Commerciale , car sa puissance industrielle est contestée . Mais sa puissance hégémonique lui permet de se dispenser de rétablir l’équilibre de sa Balance Commerciale .( ex : GB fin XIX° , USA depuis 71 ) • d’un point de vue financier : la puissance financière consiste à être le bailleur de fonds du monde , ( USA dans les années 50 ) , ce qui permet aux pays de vivre de ses rentes et d’exercer ainsi une domination commerciale . Le déficit de sa Balance Commerciale est compensé par le revenu des capitaux que ses résidents ont placés dans le reste du monde ( ex : GB à partir des années 1880 ) . La domination financière s’exerce , au contraire , quand l’excédent de la Balance des capitaux ne permet plus de compenser le déficit de la Balance Commerciale , et donc que la Balance des Paiements devient déficitaire ( ex : USA dans les années 80 ) . Le pays pompe donc l’épargne du monde . • d’un point de vue monétaire : la puissance consiste pour le pays qui émet la monnaie du monde , la devise-clé à gérer son émission pour le bien de tous et non au service d’objectifs purement nationaux ( ex : les USA durant les années 50 dans le cadre des accords de Bretton Woods qui émettait des dollars pour financer le reconstruction des pays européens , tout en garantissant la couverture or du dollar , ce qui maintenait la confiance ). Au contraire , la domination monétaire s’exerce quand le pays émetteur de la devise clé se sert de la monnaie mondiale pour poursuivre des objectifs internes , sans se préoccuper des répercussions que sa gestion monétaire a sur le reste du monde , le pays dominant n’en supporte pas d’ailleurs les conséquences , car sa monnaie étant la devise de référence , il peut attire l’épargne mondiale à des coûts plus bas que ses partenaires ou financer son déficit sans pleurs ( sans plan d’adaptation de rigueur )en émettant de la monnaie ( ex : les USA à partir des années 60 et surtout après 71 ) • Conclusion : Ainsi , on peut en conclure que le SMI met en relation des partenaires qui ne sont pas situés sur un pied d’égalité et donc que les différences de puissance vont venir troubler son fonctionnement , ce que démontre l’historique du SMI depuis 1945 (cf. cours d’histoire).
•
La troisième celle de la formation des taux de change : qui joue un rôle essentiel dans la compétitivité des produits ; le taux de change est le point de contact entre l’économie nationale et le reste du monde . Le mode de fixation de ce taux de change va donc exercer une grande influence .
2. Le SMI actuel : un régime de changes flottants : Vers le système financier international ( SFI)(26-27 p 298 et, 8 p 312) Pour la présentation et la critique par les libéraux des taux de change fixes : - dans le cadre du SMI issu de Bretton Woods , la formation des cours de change est déterminée administrativement -
par les autorités monétaires ; elles ne reflètent pas toujours le taux de change d’équilibre du marché qui résulte de la confrontation entre l’offre et la demande de devises
dans le système de changes fixes mais ajustables , qui est celui issu de Bretton Woods , quand le décalage entre le cours vrai de la monnaie et le cours administré est trop important les autorités finissent par décider un réajustement monétaire ( dévaluation ou réévaluation ) . Mais durant la période intermédiaire
, durant laquelle il ne se passe rien , les spéculateurs qui anticipent le réajustement vont se déchaîner , ce qui va entraînait des coûts pour la Banque Centrale , qui doit défendre sa monnaie o
Définition
Le système de change actuel est basé sur les changes flexibles l’application de la loi de l’offre et de la demande de devises
o
qui résulteraient de
Intérêts des changes flexibles
Selon les défenseurs en particulier les théoriciens monétaristes le flottement devait permettre d’assurer un meilleur fonctionnement du SMI : • les taux de change flexibles devraient permettre de déterminer les cours vrais du marché : ceux qui reflétant la santé économique du pays ( on devrait donc se rapprocher des taux de PPA ) .En effet , la tendance normale pour réaliser un gain étant de vendre lorsque les cours sont élevés ( demande < offre entraîne une baisse du cours de la devise ) , d’acheter lorsque les cours sont bas ( offre < demande , d’où une augmentation du cours de la devise ); le taux de change devrait automatiquement revenir à son point d’équilibre : celui de PPA . • dès lors les banques centrales n’ont plus à détenir des réserves de change coûteuses et souvent insuffisantes pour soutenir le cours de leur monnaie . • le taux de change devient alors l’instrument principal de l’ajustement de chaque économie . En effet , quand le pays connaît un déficit extérieur ( excédent ), on observe une demande excédentaire ( déficitaire ) de monnaie étrangère qui entraîne une dépréciation ( appréciation ) de la monnaie nationale et améliore ( handicape ) sa compétitivité-prix . Dès lors , les exportations augmentent alors que les importations sont handicapées , et la Balance Commerciale excédentaire ( déficitaire ) . • les changes flottants permettent donc d’assurer l’autonomie des politiques monétaires , qui n’ont plus désormais à intervenir pour soutenir les taux de change , dans le cadre de marges préfixées . Le pays peut alors assigner sa politique monétaire aux objectifs internes , puisqu’il n’a plus à assurer la stabilisation du taux de change . Pour voir les raisons de la globalisation financière : Comme l’écrit J.ADDA dans « La mondialisation de l’économie » : • « la relative stabilité des taux de change observée dans les années 50 et 60 correspond à une phase très particulière de l’histoire financière : celle de la prépondérance d’un système de financement public et de la répression organisée de la finance privée . De façon significative , elle est contemporaine de l’apogée du système de l’Etat-Providence dans la plupart des nations occidentales , autrement dit d’un système où la logique de marché est largement encadrée par les interventions publiques au quadruple niveau de la gestion conjoncturelle , de la concurrence et de la formation des prix , de la distribution des revenus et de la protection sociale . ( ... ) Ce keynésianisme à l’échelle internationale souffre cependant d’un défaut constitutif : l’absence d’instances de régulation mondiale , susceptibles d’arbitrer entre les intérêts divergents des différentes unités composant l’économie mondiale capitaliste , d’opérer des redistributions exigées tant par l’équité que le bon fonctionnement de cette économie , de surveiller l’activité des firmes et des banques multinationales et de promouvoir des politiques d’intérêt planétaire » • Tout ceci va être remis en cause à partir des années 60 quand les EU opèrent une gestion égoïste du dollar , va être aggravé par le développement des firmes multinationales et va recevoir le coup de grâce quand R.Reagan et M.Thatcher seront élus au début des années 80 et appliqueront une révolution conservatrice qui sera à l’origine des 3 D :
D éf in i tio n : on doit distinguer :
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la désintermédiation : qui est le recours direct des opérateurs internationaux au marché financier ( finance directe ) sans passer par les intermédiaires financiers et bancaires( finance indirecte ) du décloisonnement des marchés : qui correspond à l’abolition des frontières entre des marchés qui jusque là étaient séparés : ouverture sur l’extérieur des marchés nationaux . Mais aussi , on assiste à l’éclatement existant entre les différents marchés . Désormais les marchés monétaires financiers des changes , à terme , ... sont interdépendants . Le système financier international est donc devenu un méga marché de l’argent qui se caractérise par une double unité : de lieu , grâce à l’interconnexion des places financières , de temps puisqu’il fonctionne en continu . de la déréglementation : qui a été le moteur de la globalisation . En effet , c’est parce que les autorités monétaires des principaux pays industrialisés ont aboli les réglementations qu’a pu se constituer un marché mondial du capital .
C o n clu sio n : Le SFI devait selon ses promoteurs assurer : • une meilleure circulation des capitaux , • une meilleure allocation de l’épargne • et une diminution du coût du crédit , • ce qui devait accroître l’efficacité du capital et donc la croissance économique .
Pour en savoir plus sur les étapes de la mondialisation financière : un article de P.Jacquet dans Problèmes économiques
Les principales étapes de la mondialisation financière Sommaire Libéralisation financière et régime de change Innovation financière et progrès technique Le mouvement de déréglementation Références bibliographiques par Pierre Jacquet. Si, historiquement, la mondialisation financière n'est pas un phénomène nouveau, sa profondeur et sa diffusion font d'elle une des évolutions majeures des deux dernières décennies. Trois étapes marquent cette mondialisation : l'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, les innovations financières et le mouvement de déréglementation. Ces deux dernières entretiennent une dynamique et des relations complexes. Quelle est la part de volontarisme des autorités gouvernementales en la matière ? (...) Un processus comme celui de la mondialisation financière ne peut être vraiment daté. Il se nourrit de la conjonction d'un certain nombre de facteurs : l'accroissement de l'interdépendance par le commerce et l'investissement, l'évolution du système monétaire international dans les années soixante-dix, le progrès technique, la concurrence et la déréglementation, la montée de la dette publique, la réalisation du marché unique européen, l'ouverture financière dans les pays en développement et les négociations multilatérales sur l'échange des services financiers.
Libéralisation financière et régime de change L'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, entre 1971 et 1973, conduit en 1976 au second amendement des statuts du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre des accords de la Jamaïque qui entrent en vigueur en 1978 et sanctionnent le flottement entre les grandes monnaies. Dans un tel contexte, les contrôles des mouvements de capitaux perdent leur intérêt, car le flottement des monnaies introduit une marge de manoeuvre complémentaire pour gérer les déséquilibres potentiels de la balance des paiements. C'est avec le souci de préserver la stabilité des taux de change que la mobilité des capitaux ne fait pas bon ménage, selon le fameux "triangle de Mundell"(1), à savoir l'incompatibilité de la mobilité parfaite des capitaux, de la fixité des taux de change et de l'autonomie des politiques monétaires au niveau national. L'acceptation du flottement des changes ouvre donc la voie au démantèlement des barrières réglementaires, à un moment où nombre d'économistes, notamment ceux de l'école de Chicago, recommandent précisément le flottement des taux de change et la liberté de mouvement des capitaux susceptible de conduire à une meilleure allocation de l'épargne mondiale(2).
Innovation financière et progrès technique Parallèlement, le progrès des technologies de l'information et de la communication facilite de plus en plus les transferts et les montages financiers internationaux. La finance est en effet largement liée à la collecte et au traitement de l'information(3). Les avancées informatiques sous-tendent également d'importants progrès des mathématiques financières qui facilitent la tarification des nouveaux instruments. L'innovation financière connaît dans les années quatre-vingt un développement fulgurant, élargissant considérablement le menu d'instruments financiers à la disposition des acteurs, investisseurs, spéculateurs ou trésoriers d'entreprise. Les produits dérivés, déjà utilisés sur les marchés des matières premières, se répandent : futures, swaps, options ou combinaisons de ces différents éléments, sur les marchés des changes et les marchés des taux. Il s'agit de contrats construits à partir de ("dérivés" de) variables sous-jacentes (titres, taux d'intérêt ou de change, indices boursiers) et qui permettent de couvrir certains éléments du risque et de transformer quelques-unes des caractéristiques financières de ces variables sous-jacentes. Ils s'échangent soit sur les marchés organisés, soit de gré à gré. Ainsi, certains produits dérivés permettent l'échange d'actifs financiers à taux fixes en actifs à taux variables, ou de titres libellés dans une certaine devise ou dans une autre. D'autres, les options, donnent le droit d'acheter (option call) ou de vendre (option put) un actif financier à un prix fixé et avant une date déterminée(4). L'innovation financière permet de décomposer le risque en plusieurs composants et d'échanger ces composants sur les marchés. Elle contribue à mettre ainsi en correspondance, pour les différents agents, le risque désiré et le risque effectivement pris. Elle facilite donc l'activité économique et l'allocation des ressources. Elle conduit cependant à une complexification croissante des transactions financières et des canaux de prise de risque, posant aux autorités de réglementation et de supervision, qu'elles soient publiques ou privées au sein des grands groupes, des problèmes considérables de suivi et d'analyse des risques, mais aussi de définition des modalités de réglementation, de contrôle et d'intervention. Dès lors, les excès sont difficiles à déceler et peuvent entraîner des ruines spectaculaires : les plus marquantes furent celles de Metallgesellschaft, perdant 1,3 milliard de dollars sur des futures pétroliers en décembre 1993 ; d'Orange County aux États-Unis, avec une perte de 1,7 milliard de dollars en décembre 1994 due à une spéculation malheureuse à la baisse des taux d'intérêt sur des produits dérivés sur taux d'intérêt et sur des titres de dette publique ; de la banque Barings qui, suite aux agissements incontrôlés de Nicholas Leeson (28 ans), a perdu près d'un milliard et demi de dollars sur l'indice Nikkei en février 1995 ; ou encore de Sumitomo Corporation qui, en mars 1995, a perdu 1,8 milliard de dollars sur des futures sur le marché du cuivre après avoir caché les pertes pendant de nombreuses années(5). Et, bien sûr, la faillite du fonds spéculatif LTCM (Long Term Capital Management) en octobre 1998, qui montre combien les montages les plus sophistiqués ne protègent pas même des prix Nobel contre un risque de liquidité résiduel que rien, finalement, ne permet d'évacuer.
Le mouvement de déréglementation Innovation, concurrence et déréglementation vont de pair. Le terme "déréglementation" n'est en fait pas approprié pour décrire l'évolution observée. En effet, il s'agit davantage d'une adaptation de la réglementation existante, qui conduit à éliminer certaines réglementations, que la concurrence et l'innovation rendent coûteuses ou désuètes, et à les remplacer par d'autres réglementations plus efficaces. Ce terme véhicule donc l'image trompeuse d'un marché livré à lui-même sans contrôle ni supervision. Cette image provient également du fait que l'évolution de la réglementation correspond cependant bien à une libéralisation des marchés. Elle laisse davantage de liberté aux différents intervenants, autorise un vaste menu de transactions et repose sur la notion d'un contrôle moins intrusif. La dialectique réglementation/innovation, suivant laquelle l'innovation répond à la réglementation existante, la
rend désuète et conduit à la "déréglementation", apparaît comme une constante dans l'évolution historique des marchés financiers(6). Elle rend difficile tout exercice qui consisterait à juger si les mouvements observés sont dus aux décisions des gouvernements ou à la dynamique des marchés. Les décisions sont importantes, mais elles traduisent souvent des réactions aux évolutions, plutôt que des démarches volontaristes pour façonner ces évolutions. Il n'en reste pas moins que d'importantes décisions de déréglementation ont été prises dans les vingt dernières années(7). C'est aux États-Unis que le mouvement commence au début des années quatre-vingt, avec un ensemble de mesures destinées à encourager la concurrence sur les marchés financiers, la poursuite de l'élimination des plafonds de taux d'intérêt engagée dès la seconde moitié des années soixante-dix et, pour renforcer l'attrait du marché américain, l'élimination en 1984 de la retenue à la source de 30 % sur les intérêts d'obligations souscrites aux États-Unis par des étrangers. La place de Londres embraye en préparant dès 1983 le "Big Bang" d'octobre 1986, qui met fin aux commissions fixes sur les transactions financières et à la distinction entre les courtiers (brokers) et les contrepartistes (market makers), qui ouvre la Bourse à des participations extérieures et qui met en place un système informatisé de transactions en continu. Cette réforme bouleverse les conditions de concurrence sur les places financières et pousse les autres places à s'engager également dans un mouvement de déréglementation. Ce mouvement a été amplifié par l'Union européenne avec la création du marché unique, qui portait notamment sur la libre circulation des capitaux et le libre-échange des services financiers. La libéralisation de la finance européenne a progressé rapidement tout au long des années quatre-vingt. Les derniers verrous ont sauté avec la directive européenne sur la mobilité des capitaux, adoptée en 1987. En France, le début des années quatre-vingt a été marqué par l'instauration de contrôles des capitaux visant à permettre au pays de mener des politiques économiques différentes de celles de ses voisins tout en maintenant le franc au sein du Système monétaire européen (SME). Dès 1983, cependant, la politique économique a opéré un virage à 180 degrés, et le gouvernement a délibérément poursuivi la modernisation de la place de Paris et la déréglementation(8). Il s'agissait alors notamment d'attirer les financements étrangers et de diminuer le coût du service de la dette publique. Nombre de pays en développement ont également considérablement libéralisé leurs marchés financiers, notamment dans le but d'attirer les investissements étrangers. La littérature économique s'est également penchée, au début des années quatre-vingt-dix, sur le rôle du développement de la finance dans le processus de croissance, poursuivant ainsi les travaux antérieurs sur les défauts des systèmes financiers "réprimés" dans lesquels les transactions sont pénalisées et les signaux de prix distordus(9). Enfin, les négociations du cycle de l'Uruguay sur les services financiers, longues et délicates, ont aussi contribué à porter l'attention sur le fonctionnement des marchés financiers, sur la différence entre libre mobilité des capitaux et non-discrimination sur les marchés, sur l'avantage de la libre concurrence entre institutions financières nationales et étrangères, dans les pays industrialisés aussi bien que dans ceux en développement(10). (...) Source : Problèmes économiques, n° 2669 Pierre Jacquet, directeur adjoint de l'IFRI (Institut français des relations internationales), rédacteur en chef de Politique étrangère.
D. Vers la disparition de l’Etat-Nation et la remise en cause des politiques économiques La mondialisation a alors une conséquence : les autorités publiques ne peuvent plus mener de manière indépendante leur politique économique. Leur seule tâche est alors de rendre leur territoire attractif pour attirer les FTN ( docs 1 p 266 , 5 p 267) Pour en savoir plus : Constat : Comme l’écrit J.ADDA, dans la mondialisation de l’économie : • « L’intégration croissante des parties constituant le tout de l’économie mondiale donne à celle-ci une dynamique propre , échappant de plus en plus au contraire des Etats et portant atteinte à certains attributs essentiels de leur souveraineté , tel le contrôle monétaire et la gestion de la finance publique . • La mobilité des données, des images et des capitaux devenue extrême , grâce à la révolution des communications rend désuète , dans nombre de domaines les notions de frontières ou de territoires » . • Ainsi, la multiplication des innovations financières qui ont conduit les salles de marché à assurer une optimisation du rendement à l’échelle mondiale ont rendu les mouvements de fonds privés plus importants que les réserves des Banques Centrales . Conséquences : Dès lors, les politiques économiques en sont totalement transformées.
• •
Comme l’écrit R.Boyer : « Les milieux financiers internationaux évaluent et anticipent en permanence les décisions des pouvoirs publics, au point de constituer un contre-pouvoir, apparemment anonyme mais puissant ». Ainsi, les autorités publiques auraient pour seule mission aujourd’hui d’opérer une gestion des finances publiques conduisant à un équilibre, afin d’attirer les placements privés, d’appliquer des politiques économiques visant seulement à rendre attractif le territoire national , afin que celui-ci demeure compétitif sur la scène mondiale , et que les firmes transnationales cherchent à y développer leurs investissements directs .l’Etat serait donc moins gros , mais plus efficace .
On assisterait ainsi, selon de nombreux auteurs libéraux , à une mondialisation de l’économie qui signifierait ( selon F.Fukuyama cf chapitre introductif ) la fin de l’histoire et de la géographie , l’économie de marché traduisant l’état naturel de la société universelle , pour le bien-être de tous(7 p 312) . Néanmoins cette vision parait trop idyllique et mérite d’être relativisée
Partie 2 – Une relativisation de la mondialisation I. L’entreprise globale entre mythe et réalité Il est nécessaire de remettre en cause certaines idées préconçues sur les FTN . A. Les FTN conservent toujours une base nationale Excepté les FTN issues des petites économies ouvertes, pour lesquelles une division du travail à l’échelle internationale s’impose (Nestlé Suisse, Electrolux Suède emploient respectivement 96 et 82 % de leurs salariés hors de leur pays d’origine. On ne constate pas réellement d’entreprises véritablement globales Pour en voir les raisons : • • • •
•
les grandes FTN, en particulier américaines, pourtant engagées de longue date dans un processus d’internationalisation, n’ont que très partiellement multinationalisé leur production. l’incorporation de dirigeants étrangers dans la haute hiérarchie des entreprises multinationales reste tout à fait exceptionnelle la transnationalisation des marchés financiers ne semblent pas avoir entraîné une diversification géographique des sources de financement des FTN. Elles continuent à financer leurs investissements sur les marchés financiers locaux bien que la demande se globalise, que quelques produits emblématiques se diffusent dans le monde entier ( coca-cola, Windows,... ), cela ne signifie pas, qu’à terme les modes de vie s’homogénéisent. La majeure partie de la consommation reste conditionnée par des déterminants spécifiques à chaque société. De ce fait, les FTN, en dépit de leurs efforts, ne peuvent transformer en profondeur des comportements inscrits dans l’histoire. Elles doivent donc, plutôt que des biens destinés au marché mondial, répondre à des demandes différenciées selon les pays. l’idée de techno globalisme est encore plus profondément démentie. Comme l’écrit R.Boyer : « Non seulement les pays protègent différemment les droits de la propriété intellectuelle, mais encore les grandes firmes continuent à considérer que l’innovation constitue la source de leur compétitivité, et qu’à cet égard, elle ne doit pas être disséminée sur des espaces géographiques qui seraient hors de son contrôle direct ou indirect, via l’Etat de leur nation d’origine. »
Conclusion : Ainsi, on peut en conclure avec R.Boyer que « la firme globale relève plus du projet, voire du mythe que de la pratique des grandes FTN. La trajectoire de celle-ci reste marquée par l’histoire longue de leur constitution et de leur évolution sur un espace national particulier. »
B . Les FTN , un bilan contrasté Le postulat libéral : Comme l’indique CA Michalet : « dans l’optique de la conception ultra-libérale (... ), l’implantation des FMN doit jouer un rôle d’entraînement automatique sur les structures productives locales. L’investissement étranger joue le même rôle que la création de pôles de croissance. » Les limites : Mais, en réalité, les effets d’entraînement sur les économies en voie de développement sont relativement réduits, pour 3 raisons essentiellement selon Michalet : • les entreprises des PVD ne sont généralement pas capables de livrer des produits dont les qualités correspondent aux attentes des FMN. • elles ne sont pas compétitives, car elles utilisent généralement des technologies dépassées et parce qu’elles sont mal gérées. • elles n’arrivent pas à produire dans les délais qui sont impartis par la firme. Pour voir l’évolution des relations entre PVD et FTN : Conséquences : Dès lors :la multinationale préfère internaliser sa production en assurant une décomposition internationale des processus productifs. Comme le conclue Michalet : « l’intérêt des FMN et la préoccupation industrialisante des pays membres ne coïncident donc pas » On comprend alors • pourquoi, en particulier dans les années 60 et 70, les PVD ont été très méfiants à l’égard des FMN et : « ont opéré une discrimination entre les investissements nationaux et les investissements étrangers. • Néanmoins, à partir des années 1980, les PVD ont été obligés de changer d’attitude par rapport aux FMN. : - Comme l’indique B Coriat Et D Taddei : « avec la globalisation l’objectif principal des Etats n’est plus de contrôler les activités des firmes étrangères ; il est de les attirer. » - En effet, avec l’abandon de la stratégie d’ISI remplacée par la SPE ( voire supra), les PVD ont essayé d’attirer les FMN qui, selon eux, sont à l’origine du succès des NPI ( cette opinion est à relativiser, puisque dans un pays comme la Corée du Sud, l’Etat s’est efforcé de freiner l’implantation des FMN afin de maintenir son indépendance ). La concurrence que se livre aujourd’hui les pays pour attirer les multinationales ne signifie pas que ceux-ci se développeront ; par contre, ils considèrent que sans apport du capital étranger, ils ne se développeront pas ; c’est donc une condition nécessaire mais non suffisante. Conclusion : Comme nous l’avons vu précédemment, la stratégie des FMN n’est pas sans inconvénient pour les pays riches ; les délocalisations qui sont opérés par les FMN conduisent à des résultats ambigus : • Selon certains, elles ne feraient que reprendre, en l’adaptant au nouveau contexte, la logique ricardienne, chaque pays se spécialisant dans la production pour laquelle il a un avantage comparatif ; les FMN, en s’implantant dans les PVD, détruisent certes des emplois peu qualifiés dans les PDEM, mais vont contribuer à leur développement et donc à fournir des débouchés aux industries de haute technologie des PDEM. • Pour d’autres au contraire dont Reich, les délocalisations ne font que traduire l’intérêt égoïste des firmes qui ne recoupe pas l’intérêt des nations dont elles sont issues. De même les 3 D n’ont pas eu les effets vertueux qu’ils devaient engendrer.
II – Les mécomptes du SFI Contrairement à ce qu’affirmaient les libéraux, la volatilité des taux de change est beaucoup plus forte depuis l’instauration des taux de change flexibles, ce qui a généré plus de spéculation Pour en savoir plus sur les critiques des changes flottants : Un constat critique : Comme l’indique J.Adda : • « le moins que l’on puisse dire au vu des variations considérables des principaux taux de change bilatéraux depuis 73 ( exemple : la volatilité du DM par rapport au $ ) est que les vertus stabilisantes attendues des changes flottants sont demeurées jusqu’ici fort discrètes. • Loin d’avoir modéré l’instabilité intrinsèque du régime des changes flexibles, la spéculation rendue plus facile et plus puissante que jamais par la globalisation financière l’a porté à son paroxysme,
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amenant les Banques Centrales les plus résolument monétaristes ( les plus favorables au nouveau système ) à intervenir sur les marchés des changes pour tenter, de temps à autre, de ramener la parité des monnaies vers des niveaux plus conformes aux données économiques fondamentales ( cf. PPA ).
Les explications : elles sont multiples : • En pratique, 95% de la valeur des transactions réalisées sur les marchés des changes correspondent à des mouvements financiers indépendants des opérations sur les biens et services ( le volume des opérations de change est 50 fois plus importants que la valeur du commerce des biens et services, d’où selon D.Plihon : « un découplage croissant entre les activités financières et l’économie réelle » ). • Les phénomènes de surréaction des taux de change ( c’est-à-dire d’une réaction de taux de change excessive par rapport aux facteurs qui l’ont suscité ou par rapport au taux de change d’équilibre de long terme ) et de bulles spéculatives ( la valeur des titres et des monnaies augmente sans que la situation économique des pays concernés justifie cette envolée, puis s’effondre lorsque se dégonfle la bulle, de façon disproportionnée : ex la crise mexicaine ) ont ainsi pu être expliqués par la déconnexion croissante entre la sphère financière et l’économie réelle ( entre 80 et 88, le PIB des pays de l’OCDE a été multiplié par 1,95 ; les flux commerciaux par 2, les flux d’investissements directs par 3,5 ; les flux financiers par le marché des changes par 8,5 ; en 80, le rapport flux financiers / réserves de change des Banques Centrales était de 0,58 ; en 89, il est passé à 1,35 ). » • J.Adda poursuit : « l’autonomie théoriquement restituée aux politiques monétaires par le flottement des monnaies suppose que celle-ci puisse se désintéresser, à l’heure de la mondialisation d’une variable aussi stratégique que le taux de change. Or, les fluctuations des taux de change affectent de multiple façon l’évolution économique : - elles créent tout d’abord une incertitude majeure sur l’évolution des prix, des biens et des services en devises qui est préjudiciable aux échanges avec l’extérieur elles affectent ensuite la compétitivité de l’offre nationale et donc l’activité et l’emploi - elles se répercutent sur le niveau général des prix et peuvent ainsi contrarier la politique économique du gouvernement - elles encouragent enfin les comportements spéculatifs qui se nourrissent de cette incertitude, concernant l’avenir en même temps qu’ils l’entretiennent. Conclusion : Pour toutes raisons, il est rare que le flottement des monnaies soit pur, autrement dit que l’autonomie de la politique monétaire soit parfaite ».Mais : • comme le constate D.Plihon, « le nouveau SFI est intrinsèquement instable, car il consacre la suprématie des forces du marché sur les politiques économiques, désormais ce sont les marchés qui décident si les politiques économiques nationales sont bonnes, les autorités monétaires ne peuvent plus grand chose pour défendre leur taux de change face à la spéculation » . Néanmoins, il ne faut pas en conclure que les autorités publiques sont totalement désarmées et sont condamnées à une stratégie de laissez-faire laissez-passer . Elle dispose, en effet de marges de manœuvre non négligeables : l’impuissance sur laquelle elles mettent l’accent, qui résulterait de la mondialisation, a pour objectif de se défausser de leurs erreurs ou leur incapacité sur un deus ex machina « Autrement dit la mondialisation. »
III – Le temps des nations n’est pas fini Constat : Comme le constate R.Boyer : « en dépit de la multiplicité des facteurs de déstabilisation, les espaces nationaux sont loin de s’être fondus dans un nouvel ensemble complètement mondialisé. En effet, paradoxalement, la mise en concurrence des différents capitalises semble avoir stimulé leur différenciation. » Ainsi, on pourrait opposer : • à une logique anglo-saxonne préférant le court terme, • un modèle rhénan et japonais misant sur la stimulation de l’innovation productive et la compétitivité de long terme. Remarque : Il ne faut pas en outre surévaluer l'influence des marchés financiers internationaux sur les politiques économiques. Certes : • le keynésianisme à l’échelle nationale semble mis à mal, cédant la place à une nouvelle orthodoxie ( une pensée unique ? ) privilégiant stabilité monétaire et compétitivité extérieure. • Néanmoins, le style des politiques économiques demeure imprégné de fortes spécificités nationales.: - la nature et l’ampleur des interventions publiques,
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le degré de coopération capital - travail permis par les relations industrielles, la qualité de la spécialisation industrielle, la politique de formation, la mise en place d’infrastructures Ces éléments définissent autant de contraintes ou d’opportunités pour la politique économique et façonnent par la même des stratégies nationales fortement contrastées.
Conclusion : Il ne faut pas oublier que : • si les Etats sont de plus en plus dépendants des marchés financiers internationaux, la contribution des capitaux à court terme (spéculatif) au taux d’investissement national demeure faible : on ne finance pas par des capitaux à court terme un ambitieux programme d’investissement, excédant largement les capacités d’épargne nationale, comme l’a montré la crise mexicaine de 94-95. • L’accès à la finance internationale est tout à la fois une opportunité et un risque, qui n’altèrent pas fondamentalement les conditions du développement :aide toi et le ciel t’aidera. Ainsi, si les pays du sud-est asiatique connaissent des rythmes de croissance très élevés, c’est parce qu’ils ont mené des politiques économiques efficaces, ils épargnent beaucoup, les financements extérieurs ne représentant qu’un complément à un processus de développement largement internalisé (même si celui-ci semble mis à mal aujourd’hui par la crise qu’ils ont connu en 1998 ). • Dès lors, il semble irréaliste de laisser les marchés imposer leur loi aux Etats et aujourd’hui de nombreux auteurs préconisent des mesures, visant à limiter les inconvénients générés par les 3 D . Pour voir les solutions préconisées : D.Plihon écrit : • « il n’est ni possible ni souhaitable de modifier tous les aspects de la globalisation financière. La mondialisation des échanges mondiaux et financiers est une tendance lourde aux effets globalement positifs. • Mais, contrairement à ce qu’affirme le credo libéral, le SFI est intrinsèquement instable. Il ne peut s’autoréguler, d’où la nécessité d’une régulation publique supranationale qui redonnerait une certaine efficacité aux politiques de stabilisation. Selon l’image de J. Tobin , il faut « mettre des grains de sables dans les rouages » trop bien huilés du SFI. En clair, introduire des limites à la libre circulation des capitaux. Les solutions : Deux types de solutions ont été envisagés : • Reréglementer ou taxer les opérations financières pour en réduire leur rentabilité et décourager ainsi les transactions purement spéculatives( 30 p 327). La communauté financière internationale qui vient de se livrer à une surenchère à la baisse de la fiscalité financière n’est certainement pas prête à accepter le principe de la taxation (cf.la difficulté à faire accepter le principe de la taxe Tobin) • en revanche, il apparaît possible d’atteindre un résultat voisin en instaurant de nouvelles règles prudentielles pour limiter les risques pris par les opérateurs à la recherche des plus-values. Mais prendra-t-on de telles mesures sans attendre que surviennent de nouvelles crises sur les marchés financiers et sur le marché des changes, crises toujours coûteuses pour l’activité et donc pour l’emploi. » Une autre possibilité envisageable si les pays n’arrivent pas à s’attendre au niveau international est de développer des règles au niveau régional, c’est en particulier la stratégie développée par l’Europe quand elle a décidé de mettre en place le SME
Chapitre : mondialisation internationalisation des échanges
et
Notions du référentiel : avantages comparatifs,division internationale du travail,libre-échange
Fiche 2 – Les raisons de l’échange international Les analyses traditionnelles du commerce international
Pour voir l’évolution des idées «économiques depuis le XVII° siècle ne ce qui concerne les échanges internationaux : Ha-Joon Chang.écrit que : Selon ce que j'appelle " l'histoire officielle du capitalisme ", et qui nourrit le débat sur le développement et la mondialisation, le monde s'est développé au cours des derniers siècles de la façon suivante. •
A partir du XVIIIe siècle, on assiste à la réussite industrielle du " laisser-faire ". La Grande-Bretagne prouve la supériorité de l'économie de marché et du libre-échange en devançant la France, dirigiste, son principal concurrent à l'époque, et en s'instituant comme le pouvoir économique mondial suprême. Une fois qu'elle eut abandonné la déplorable protection de son agriculture (la loi sur les blés) et les autres reliquats de mesures protectionnistes mercantilistes en 1846, elle fut en mesure de jouer le rôle d'architecte et de puissance tutélaire d'un nouvel ordre économique mondial " libéral ". Cet ordre mondial, mis au point vers 1870, était fondé sur une politique industrielle interne de " laisser-faire ", de faibles barrières pour les flux de marchandises, de capitaux et de main-d'oeuvre, et sur la stabilité macroéconomique, à la fois nationale et internationale, garantie par l'étalon-or et par le principe de l'équilibre budgétaire. Il s'ensuivit une période de prospérité sans précédent.
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Malheureusement, si l'on en croit cette histoire, les choses se sont gâtées avec la Première Guerre mondiale. En réaction à l'instabilité qu'elle a provoquée dans le système politique et économique mondial, les pays ont recommencé à ériger des bar rières douanières. En 1930, les Etats-Unis abandonnent eux aussi le libre-échange et augmentent leurs droits de douane avec la loi scélérate Smoot-Hawley (2), que le célèbre économiste libéral Jagdish Bhagwati désigna comme " l'acte le plus éclatant et le plus dramatique de la sottise antilibérale " (Bhagwati, 1985, p. 22, note 10). Le système mondial de libre-échang+ prit fin en 1932, quand les Britanniques, jusque-là champions du libéralisme, succombèrent à la tentation et réintroduisirent des droits de douane. La contraction et l'instabilité de l'économie mondiale qui en résultèrent, puis la Seconde Guerre mondiale, détruisirent les derniers vestiges du premier ordre mondial libéral.
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Après la Seconde Guerre mondiale, quelques progrès significatifs furent faits en matière de libéralisation+ des échanges par le biais des premières discussions du Gatt (l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce). Toutefois, les approches dirigistes du management de l'économie dominèrent malheureusement la scène politique jusque dans les années 70 dans le monde développé et jusqu'au début des années 80 dans les pays en développement+ (ainsi que dans les pays communistes jusqu'à leur effondrement en 1989). Selon Sachs et Warner (1995), de nombreux facteurs contribuèrent à la poursuite
du protectionnisme+ et de l'interventionnisme dans les pays en développement (p. 11-21). Il y avait les " mauvaises " théories, comme celle des " industries naissantes ", celle de la " grande poussée " (the Big Push) et le structuralisme latino-américain, sans parler de diverses théories marxiennes. Il y avait aussi les dividendes politiques du protectionnisme, tels que le besoin de construire une nation et celui d'" acheter " certains groupes d'intérêt. Enfin, il y avait les héritages du contrôle du temps de guerre, qui persistaient en temps de paix. •
Par bonheur, dit-on, les politiques interventionnistes ont été largement abandonnées dans le monde depuis les années 80 avec l'essor du néolibéralisme, qui a mis l'accent sur les vertus du gouvernement modeste, des politiques de " laisser-faire " et de l'ouverture internationale. A la fin des années 70, notamment dans les pays en développement, la croissance économique a commencé à chanceler dans tous les pays, en dehors de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, où l'on pratiquait déjà les " bonnes " politiques économiques (économie de marché et libre-échange). Cet échec de la croissance, qui s'est fréquemment manifesté par des crises économiques au début des années 80, montrait les limites de l'interventionnisme et du dirigisme+ à l'ancienne. En conséquence, de nombreux pays en développement ont choisi de réorienter leur politique dans un sens néolibéral.
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Lorsqu'ils se combinent avec la mise en place de nouvelles institutions de gouvernance+ comme l'OMC, ces changements de politique au niveau national forment un nouveau système économique mondial, comparable par sa prospérité - potentielle, du moins - au premier " âge d'or " du libéralisme (1870-1914). Renato Ruggiero, le premier directeur général de l'OMC, soutient que, grâce à ce nouvel ordre mondial, nous pouvons désormais " éradiquer la pauvreté dans le monde dès les débuts du siècle prochain (le XXIe) - une utopie il y a seulement quelques décennies, mais une réelle possibilité aujourd'hui " (1998, p. 131).
Partie 1- La vision mercantiliste de l’échange : un jeu à somme nulle I. Le contexte économique et social Constat : Les mercantilistes vivent dans un monde économique qui ne connaît pas de croissance économique durable. Conséquences : Ils en sont donc conduits à conclure que le stock de richesses dans le monde est constant, c’est-à-dire qu’il a été déterminé une fois pour toutes par Dieu et qu’il ne pourra évoluer. II. L’échange international , un jeu à somme nulle répercussions théoriques : Dès lors, cela va influencer la vision que les mercantilistes ont du commerce international. Ils en sont amenés à conclure que l’échange international est un jeu à somme nulle, que ce que gagnent les uns est forcément perdu par les autres. Les pays se livrent donc une guerre économique. III. L’économique inféodée au politique Mesures de politique économique pronées : Chaque pays va alors chercher à : • développer ses exportations en favorisant son industrie nationale ( exemple : les manufactures royales de Colbert ) tout en essayant d’importer le moins possible afin d’obtenir un excédent commercial. • Le pays connaîtra alors une entrée d’or qui épuisera le stock d’or de ses partenaires, • le pays gagnera alors en puissance politique, le roi pourra alors financer son armée et conquérir de nouveaux territoires. Conclusion : On se rend donc bien compte que l’objectif du mercantilisme n’a pas une finalité économique mais politique, ce qui démontre qu’à cette époque l’économie n’occupe pas la place qu’elle occupera à partir de Smith.
Partie 2 – Les théories classiques de l’échange I. Une remise en cause de l’analyse mercantiliste La théorie classique de l’échange introduite par Smith rompt avec la théorie mercantiliste. A. le contexte économique et social. Constat : En effet, elle se situe dans un autre cadre économique : c’est une période de bouleversements économiques (cf la révolution industrielles) Répercussions : Smith envisage pour la première fois la possibilité d’une croissance économique durable et auto entretenue. B. L’échange international , un jeu à somme positive Conséquences : Dès lors, l’échange international devient un jeu à somme positive, non plus nulle. En effet, chacun des 2 partenaires, en se spécialisant, va bénéficier d’une amélioration de son bien-être. Conclusion : On voit bien ici que s’impose la logique libérale chère à Smith : chacun des deux partenaires n’échange que s’il y trouve son intérêt. C’est l’extension au niveau international de la vision contractualiste et individualiste que Smith a développé au niveau individuel, puis national. C. la suppression des politiques mercantilistes : Mesures de politiques économiques pronées : Il faut alors tout faire pour que les échanges puissent être réalisés le plus facilement possible, en particulier Smith est favorable à la suppression des barrières douanières et des protections que les mercantilistes avaient accumulées ( suppression des privilèges des différentes compagnies des Indes ) II. La théorie des avantages absolus d’A.Smith ( 1p 256 , 1 et 2 p 399) A. une analyse individualiste Smith s’inscrit dans le cadre d’un homo oeconomicus égoiste et rationnel qui ne recherche que son intérêt matériel Pour voir l’exemple de Smith : l’exemple de référence : Smith part de l’exemple d’un chef de famille : « la maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi ce qu’il lui coûtera moins cher à acheter qu’à faire (... ) Il n’y en a pas un qui ne voit qu’il y va de son intérêt d’employer son industrie toute entière dans le genre de travail dans lequel il a quelque avantage sur ses voisins et d’acheter toutes les autres choses dont il peut avoir besoin avec une partie du produit de cette industrie » . B.
la société résulte de l’agrégation des comportements individuels :
le principe : Smith va alors passer du niveau micro-économique au niveau macroéconomique en agrégeant les comportements individuels ( cf. le raisonnement de la main invisible ) : « ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier, ne peur être folie dans celle d’un grand empire. Si un pays étranger peut nous fournir une
marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en l’état de l’établir nous-mêmes il vaut mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre propre industrie employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage. » Pour un exemple de compréhension : Smith prend alors l’exemple de la production de vin de Bordeaux en Ecosse afin de démontrer que la protection serait peut-être possible mais non rentable, car : • la France dispose d’un climat, de terrains propices à la production de vin qui lui confère un avantage absolu dans le vin. • Dès lors l’Ecosse a intérêt à se spécialiser dans la production de biens dont elle dispose d’avantages absolus ( ex : le saumon ), à ouvrir ses frontières, à importer du vin et à exporter du saumon, • ce qui améliorera le bien-être des français et des écossais(jeu à somme positive). C.
les limites de la théorie de Smith :
Mais la théorie de Smith, pour moderne qu’elle soit, n’est pas sans inconvénient. En effet : - elle est très limitée puisqu’elle ne concerne que les productions pour lequel les pays disposent d’un avantage absolu d’origine naturelle. Dès lors, le pays ne disposant d’aucun avantage ne peut échanger, ce qui limite le développement du commerce. - Smith est peu clair sur l’origine des avantages absolus Pour en savoir plus :Smith lui-même se contredit quand il écrit : « l’avantage qu’a un artisan sur son voisin qui exerce un autre métier n’est qu’un avantage acquis et cependant tous les deux trouvent plus de bénéfice à acheter l’un de l’autre que de faire eux-mêmes ce qui ne concerne pas leur aptitude particulière. » Dans l’exemple de l’Ecosse, l’avantage absolu est d’origine naturelle ; dans celui de l’artisan, il est acquis ; la différence est essentielle. En effet, le pays ne dispose alors d’un avantage absolu que parce qu’il s’est spécialisé ; un autre pays pourrait très bien faire la même chose en protégeant son industrie. Conclusion : la théorie de Smith est très moderne car elle est la première à rompre avec la conception mercantiliste de l’échange à somme nulle, mais elle reste très frustre et peu approfondie. III. La théorie des coûts comparatifs de Ricardo ( 1p 256) A.
les hypothèses de base du modèle de Ricardo
Cette théorie est basée sur 6 hypothèses qui doivent toutes être vérifiées simultanément pour que l’analyse de Ricardo demeure valable • Hypothèse n° 1:Principe de la libre circulation à l’intérieur de chaque pays : il n’existe aucune entrave au libre déplacement des marchandises et des facteurs de production (capital et travail) ( 5 p 400 ) • Hypothèse n°2 : à l’échelle internationale, les marchandises se déplacent librement. Par contre, les facteurs de production sont immobiles.(3 p 494) Pour voir l’importance de ces 2 hypothèses : Comme l’écrit R.Sandretto, « ces 2 hypothèses reprises également par les théoriciens néo-classiques sont très importantes ; elles fondent la spécificité du commerce international, ce sont elles qui expliquent en quoi les échanges internationaux diffèrent des échanges intérieurs. » En particulier, dès lors que les facteurs
de production sont mobiles de pays à pays, toutes l’analyse de Ricardo( mais aussi celle d’HOS ) est remise en cause. • •
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Hypothèse n°3 : dans chaque pays, les marchés de biens et de facteurs sont soumis à la concurrence pure et parfaite. Hypothèse n°4 : Ricardo retient la loi de la valeur travail, ce qui signifie que bien que les entreprises utilisent du travail et du capital simultanément, les marchandises s’échangent en proportion des quantités de travail nécessaires à leur fabrication ( le capital étant du travail accumulé ). Hypothèse n°5 : quel que soit le bien considéré, sa production est supposée exiger la mise en oeuvre de facteurs (travail, capital, ressources naturelles ) dans des proportions fixes. Pour produire un bien, une seule technique est disponible à un moment donné et dans un pays donné (il n'y a pas de possibilité de substitution entre facteurs : exemple on ne peut remplacer du travail par du capital). Hypothèse n°6 : la production s’effectue à coût ou à rendements d’échelle constants, c’est-à-dire que le pays ne dispose d’aucun avantage à produire à grande série plutôt qu’en petite. B.
l’exemple de la GB et du Portugal (4 p 400)
Ricardo prend l’exemple du Portugal et de la Grande-Bretagne qui ne produisent que 2 biens : du vin et du drap. Ricardo va s’efforcer de démontrer que les deux pays vont échanger et qu’ils vont tous les 2 y trouver un avantage, même si le Portugal a des avantages absolus dans les deux productions. Quantité de travail nécessaire à la fabrication d’une unité (mesurée en GB Portug nombre d’hommes) al Vin 120 80 Drap 100 90 Pour voir la logique smithienne de cet échange : Si l’on prend la logique smithienne : • le Portugal dispose par rapport à la Grande-Bretagne d’un avantage absolu dans les 2 productions puisqu’il lui faut moins d’heures de travail pour produire du vin (80 contre 120) et du drap (90 contre 100). Smith en conclurait que les 2 pays n’échangeraient pas puisque le Portugal dispose d’un avantage absolu dans les 2 cas. •
Si chaque pays désire produire une unité de chaque bien, les coûts de production mondiaux en situation autarcique sont de:120 + 100 +80 +90 = 390 heures de travail. Si le Portugal consacrait sur son territoire toute la production mondiale, les coûts de production deviendraient : (2x 80) + (2 x 90) = 340 heures. On observe donc une nette amélioration, mais cette solution est impossible pour 2 raisons : - le Portugal n’aurait aucun intérêt à échanger avec l’Angleterre qui ne lui apporterait rien, puisqu’elle n’a aucun avantage absolu - les facteurs de production étant immobiles, le Portugal ne peut importer la main d’œuvre anglaise ( 5 p 400) - Ricardo va alors démontrer tout l’intérêt d’une spécialisation
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En effet, en Grande-Bretagne le rapport d’échange interne qD / qV = 120 / 100 = 1,2, ce qui signifie que pour obtenir une unité de vin, le marchand de drap anglais doit offrir 1,2 unités de drap (puisqu’il faut plus de temps pour produire du vin que du drap et que derrière les biens ce sont les quantités de travail que l’on échange).
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au Portugal, le rapport d’échange interne qD/ qV = 80/90= 0,89. Dès lors, le marchand de drap portugais pour obtenir une unité de vin est obligé de donner 0,89 unités de drap.
Conséquences : les coûts comparatifs entre les deux pays sont donc différents , si l’on compare pour chaque production , les coûts des 2 pays , on constate que : • l’Angleterre est moins désavantagée dans la production de draps : 90 / 100 = 90 % • que dans la production de vin : 80 / 120 = 66 % • l’Angleterre possède donc un avantage comparatif dans le drap, le Portugal dans le vin et c’est de cette différence des avantages comparatifs que va résulter l’échange entre les deux pays. • En effet, le marchand de drap anglais a intérêt à exporter sa production vers le Portugal puisque au lieu d’obtenir une unité de vin contre 1,2 unités de drap, il obtient 1 unité de vin contre 0,89 unités de drap. Les Anglais vont donc se spécialiser dans la production de drap et abandonner la production de vin. • Au contraire, les marchands de vin portugais se rendent compte que, si, au Portugal, il faut donner 1 unité de vin pour obtenir 0,89 unités de drap, s’ils exportent leur production de vin vers la Grande-Bretagne, ils obtiendront 1,2 unités de drap contre 1 unité de vin. Ils améliorent donc leur bien-être. Les Portugais vont donc se spécialiser dans la production de vin et abandonner la production de drap. • Chaque pays a donc intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle son coût comparatif est le plus faible : les deux pays seront gagnants à l’échange tant que le rapport d’échange international qDi /qVi sera compris entre les 2 rapports d’échange internes : 0,89 < qDi /qVi < 1,2. • •
Si le rapport d’échange est de 0,89, les marchands portugais n’y gagnent rien mais ne sont pas perdants. Par contre, les marchands anglais améliorent leur bien-être. La situation est inversée si le rapport d’échange est de 1,2. Par rapport à la situation d’autarcie étudiée au début, on constate que si l’Angleterre et le Portugal se spécialisent en fonction de leurs avantages comparatifs respectifs , les coûts de production mondiaux deviennent : (80 x 2 ) + ( 100 x 2 ) = 360 heures , soit un gain de 30 heures par rapport à la situation autarcique .
Limites de l’analyse de Ricardo : En réalité, dans la plupart des cas, le rapport d’échange international sera compris entre les 2 bornes. Mais Ricardo est incapable de le déterminer avec précision.
IV. L’apport de J.S.Mill - détermination du rapport d’échange international : Il sera déterminé comme l’a démontré John-Stuart Mill par la loi de l’offre et de la demande:si la Grande-Bretagne est plus demandeuse de vin que le Portugal de drap, le Portugal pourra imposer ses conditions et donc fixer un rapport d’échange international qui se rapprochera de 1,2. -Conclusion : La théorie traditionnelle de l’échange explique qu’ • à l’origine de la spécialisation se trouvent des différences entre les pays de coûts et de prix ». • Si les pays échangent, c’est donc qu’ils sont complémentaires et que l’échange va apporter à chacun d’eux une amélioration de son bien-être. • La théorie de Ricardo justifie donc une division internationale du travail ( par exemple entre pays du nord et du sud ) reposant sur la différence des avantages comparatifs . Pour les critiques sur la neutralité de l’analyse de Ricardo :
Mais, la théorie de Ricardo n’est pas aussi neutre scientifiquement que l’on pourrait le penser . En effet , Ricardo n’est pas seulement un économiste , c’est aussi un bourgeois qui défend les intérêts de la bourgeoisie industrielle contre ceux de l’aristocratie terrienne : • A l’époque où Ricardo explicite sa thèse , l’Angleterre vit sous la protection des corn laws qui ont pour objectif de défendre l’agriculture anglaise dominée par les aristocrates de la concurrence que leur imposent les pays européens . Ceci a pour résultat d’augmenter le prix des céréales anglaises , ce qui oblige les industriels anglais à accroître les salaires . • Si au contraire les corn laws sont supprimés , les prix des céréales vont chuter grâce aux importations , ce qui diminuera le bien-être des producteurs agricoles , en particulier de l’aristocratie et au contraire améliorera celui des industriels qui auront pu baisser les salaires sans détériorer le pouvoir d’achat de leurs ouvriers . Les véritables objectifs de la démonstration ricardienne :On voit donc que l’analyse de Ricardo a pour objectif de : • justifier la suppression des corn laws qui interviendra après 1830 mais qu’elle n’est pas neutre politiquement et socialement : elle traduit la montée en puissance de la bourgeoisie industrielle au détriment de l’aristocratie agricole . • De plus , l’analyse de Ricardo a pour objectif de justifier l’ouverture des frontières des partenaires de l ’Angleterre qui dispose à cette époque d’une avance technologique , donc de faire de la Grande-Bretagne l’atelier du monde , alors que les autres pays seraient quant à eux cantonnés à la production de biens agricoles , ce qui correspond à une spécialisation nettement moins porteuse . Les répercussions négatives de l’analyse ricardienne : « l’idée selon laquelle le commerce est en tous temps et en tous lieux un facteur d’épanouissement est naïve théoriquement et fausse historiquement «(13 p 291) . En effet l’Angleterre a volontairement spécialisé sa colonie indienne dans la production de coton utile à l’industrie anglaise . Ceci a généré deux effets très négatifs d’après D.Cohen : - « l’Inde qui était exportateur net de produits textiles au début du 18ème siècle voit sa base industrielle totalement détruite. (…)Conformément à la théorie Ricardienne, l’Inde se désindustrialise en contrepartie de l’industrialisation anglaise » - « l’Inde qui était le grenier de l’Asie au début du 19 ème siècle, se spécialise dans la culture de produits qui ne garantissent plus son alimentation, et doit par conséquent importer son alimentation de base. Il ne faut pas attendre longtemps pour que les famines viennent sanctionner cette spécialisation ».
Partie III – La théorie néo-classique : la théorie des dotations factorielles d’Heckser-OhlinSamuelson (HOS , 1 p 256) I. Les hypothèses fondamentales (1p 402) Le modèle d’HOS repose sur 2 hypothèses essentielles : • Hypothèse n°1 : les facteurs de production n’ont aucune mobilité à l’échelon international, alors que les biens sont eux parfaitement mobiles (cette hypothèse est reprise de Ricardo ) . •
Hypothèse n°2 : les technologies de production sont identiques d’un pays à l’autre , mais diffèrent selon les branches d’activité , c’est-à-dire que , quel que soit le pays , pour produire du blé il faut utiliser une proportion identique de travail ,
de capital et de ressources naturelles , mais que la nécessite, elle , une utilisation de facteurs différente .
production d’automobiles
II. Une spécialisation en fonction des dotations factorielles (2 p 402) Sur la base de ces 2 hypothèses, HOS vont démontrer que « chaque pays doit se spécialiser dans la production et l’exportation de biens qui utilisent intensément le facteur de production le plus abondant » .En effet : • conformément à la loi de l’offre et de la demande , si un pays dispose abondamment de facteur travail et manque de capital , le coût du travail sera réduit alors que le coût du capital sera élevé , • le pays a donc intérêt à se spécialiser dans les productions nécessitant un usage intensif de travail qualifié de saving capital (c’est-à-dire économisant du capital ) • l’échange international de marchandises se révèle donc être un échange de facteur abondant contre des facteurs rares Pour voir les limites de la théorie : La théorie d’HOS est une théorie statique, c’est-à-dire que : • « la dotation en facteurs d’un pays va donc décider à tout jamais de sa place dans la Division Internationale du Travail » • Ainsi, chaque pays doit s’adapter passivement aux dotations factorielles dont il est muni. • Les pays ayant des dotations factorielles identiques n’ont aucun intérêt à échanger. Comme chez Ricardo, c’est de la différence que naît l’échange puisque les disparités des coûts de production s’expliquent par les différences de dotations en facteurs de production.
Pour la vérification empirique de l’analyse d’HOS : le paradoxe de Leontieff Léontieff (ou Léontiev) a cherché , à partir de l’exemple américain , à vérifier la validité de la thèse de HOS . Hypothèses :Il s’attendait à ce que : • les Etats-Unis , qui sont un pays développé et qui disposent donc de quantités importantes de capital , se spécialisent dans les productions utilisant intensément le capital et économisant le travail qui est un facteur rare et coûteux . • Au contraire , les EU devraient importer des biens utilisant intensément le travail . Constat : or dans l’étude qu’il a mené en 1947 , Léontieff constate que les EU exportent des produits qui en moyenne incorporent beaucoup moins de capital et plus de travail que n’en requièrent leurs importations . Paradoxe : ce paradoxe de Léontieff semble donc contredire la loi d’HOS puisque l’économie américaine , notablement mieux pourvu en capital qu’en travail devrait en principe exporter des biens intensifs en capital . Explications : Léontieff va alors s’efforcer de donner une interprétation qui a pour objectif de sauvegarder la théorie d’HOS . Ainsi les EU seraient en réalité relativement riches en travail parce qu’à équipement égal le travailleur américain du fait d’une meilleure organisation du travail , d’une meilleure qualification , ... serait trois fois plus productif que
le travailleur étranger . Les EU compteraient donc en 57 , non pas 65 millions de travailleurs mais 195 millions ( 65x3 ) de travailleurs équivalents étrangers . Critiques de l’analyse : L’analyse de Léontieff est plus que surprenante. En effet, il est étonnant d’appeler paradoxe un exemple qui montre que la théorie est fausse.
Chapitre : mondialisation et internationalisation des échanges
Notions du référentiel:échange intrabranche, échange interbranche, différenciation des produits
Fiche 3 – Les raisons de l’échange international Les analyses contemporaines du commerce international Introduction: la critique des analyses traditionnelles du commerce international ( 1 p 256) •
Les théories de Ricardo et d’HOS conduisent à considérer que plus les pays ont des dotations factorielles différentes, plus leurs spécialisations seront complémentaires et donc plus les échanges croisés seront élevés. Le commerce attendu est donc un commerce de type Nord-Sud. Or, à partir des années 60, les économistes ont constaté que de forts courants d’échange croisés de produits similaires entre pays présentant des caractéristiques proches du point de vue des dotations factorielles se développaient.
•
Pour l’exemple du marché commun : L’exemple le plus représentatif est celui du marché commun : « il est devenu rapidement évident que la première phase d’intégration européenne , le marché commun se faisait sur le mode de l’intrabranche plutôt que sur celui de l’interbranche . L’intégration économique n’avait pas pour corollaire la spécialisation .L’enjeu théorique de ce problème empirique est important puisque les théories traditionnelles de la spécialisation visent à expliquer l’interbranche. » Il semble donc qu’une part croissante des échanges ne puisse être expliquée par les théories s’appuyant sur les dotations factorielles. •
On en vient alors à distinguer 2 types de commerce :
-
un commerce de type Nord-Sud entre pays économiquement éloignés basé sur l’interbranche qui s’explique par les différences de dotations factorielles .(14 p 291) un commerce entre pays développés basé sur l’intrabranche qui s’explique par la similarité
Conclusion : On peut considérer que : • le commerce bilatéral (entre 2 pays) sera dominé par l’interbranche si les 2 pays ont des dotations factorielles différentes et donc des spécialisations complémentaires. • Au contraire, plus les dotations factorielles seront proches, plus la part de l’échange intrabranche sera élevée.
Partie 1 – La théorie de la demande représentative de Linder Linder part d’un constat : le commerce se développe entre des pays qui n’ont pas de différences significatives dans leurs dotations factorielles.
I. L’origine de l’avantage comparatif : une logique de la demande l’opposition de deux logiques : Ceci ne conduit pourtant pas Linder à rejeter la notion d’avantage comparatif mais plutôt à fonder les avantages comparatifs sur de nouvelles bases . - Ricardo et HOS ont développé une logique de l’offre contrairement à Linder qui, étant un économiste keynésien, va partir de la demande Conséquences : Ainsi pour expliquer le développement de l’échange présentant des caractéristiques similaires du point de vue des dotations factorielles, il va démontrer que l’avantage comparatif trouve son origine dans l’importance de la demande interne du produit exporté. En effet, un bien est susceptible d’être exporté que s’il est d’abord l’objet d’une forte demande interne. Le grand marché intérieur (USA, Japon, EEE) produit l’avantage comparatif parce que l’incitation à l’innovation y est plus forte, parce que les débouchés y sont assurés (cf. modèle de l’accélérateur). - De plus, grâce au développement de la production résultant de la taille du marché, le pays bénéficiera d’économies d’échelle qui lui permettront de diminuer ses coûts de production et donc ses prix La stratégie à appliquer selon Linder : elle est alors la suivante : • lancer le produit nouveau sur un marché intérieur, dynamique, innovateur à revenu élevé. • puis, dans un deuxième temps, quand le pays détient un avantage comparatif résultant de l’expérience qu’il a acquise , de son image de marque , de ses prix plus bas , ...il peut alors se lancer dans la conquête des marchés étrangers . II. Qui échange ? On arrive alors au second grand apport de Linder : vers qui le pays va-t-il pouvoir exporter ? - Les motifs de l’exportation : Comme l’indique M.Byé « il ne l’exportera cependant que dans un pays susceptible de le consommer.
- Les répercussions : Or la qualité et la nature des produits consommés dépendent du niveau de vie et donc très largement du niveau des salaires. Le produit (qui correspond au niveau de vie interne du pays exportateur) ne pourra donc être exporté que dans des pays à niveau de salaire comparable, donc à facteurs de production comparables. Conclusion : elle est alors aux antipodes de celle expliquant l’échange international dans les théories de dotations factorielles : - « l’identité des dotations en facteurs facilite donc le commerce qu’entrave au contraire leurs différences » - -le développement des échanges Nord-Nord comparativement à l’atonie relative des échanges Nord-Sud conduit à penser que la théorie de Linder est plus à même d’expliquer le commerce international contemporain que celles de Ricardo et d’HOS .
Partie 2 – La demande de différence de B.Lassudrie-Duchene (1 p 256) Problème soulevé : B.. Lassudrie-Duchêne cherche à établir une synthèse des logiques de la similarité et de la disparité. En effet : « là où tout est semblable, il est inutile de rien échanger ; l’échange ne peut donc s’expliquer que par une différence quelconque » ( B.Lassudrie-Duchêne) Constat: ainsi si les échanges intrabranches se développent entre pays présentant des dotations factorielles proches (cf. Linder) il n’en reste pas moins que les produits ne sont pas rigoureusement identiques. Il présente un potentiel de différentiation résultant de leur image de marque, de leurs qualités spécifiques. Explication :B .Lassudrie-Duchêne va alors expliquer le développement des échanges en disant : • « qu’un bien exportable (qui est donc largement banalisé dans le pays d’origine : cf Linder ) provoque une demande d’importation d’un bien différencié .Il est donc nécessaire qu’entre deux pays ayant tous deux des biens exportables , les produits similaires se croisent et les différences s’échangent » . • En effet, le goût du consommateur pour la variété offre une part de marché à tout exportateur qui propose une spécification différenciée d’un même produit générique. Ceci résulte de la volonté du consommateur de se différencier en acquérant des produits ayant une image de marque valorisante. • Ainsi même si la voiture est un produit générique, le consommateur qui recherche une image de marque sportive achètera une voiture italienne, celui qui désire obtenir une image british, achètera une voiture anglaise ( cf. les pubs Rover ) , celui qui veut imposer une image de respectabilité achètera une voiture allemande , .... Conclusion : Lassudrie-Duchêne explique que le « commerce international répond à une logique d’exotisme ». Limites : Néanmoins la logique de différenciation ne peut s’exprimer que dans les pays ayant un niveau de vie élevé : ce qui explique que l’échange intra-branche se fasse principalement entre les PDEM.
Partie 3 – Les théories du cycle de vie du produit I. Les théories de l’écart technologique
A. L’analyse de M.Posner Selon Posner, c’est donc l’avance technologique caractérisant un pays qui conduit à déterminer les avantages comparatifs du pays. Le déterminant du commerce international, selon Posner, réside alors dans l’écart technologique entre les pays : • les pays en avance exportent des produits intensifs en nouvelles technologies • les pays en retard sont spécialisés et exportent essentiellement voire uniquement des produits banalisés Pour en savoir plus Posner part du principe ( déjà développé par Ricardo ) qu’une firme qui introduit un nouveau produit peut profiter d’un monopole provisoire à l’exportation jusqu’à ce que les brevets tombent et que des firmes imitatrices lancent un produit comparable à un prix plus faible . L’analyse de Posner est intéressante car elle permet de dynamiser le modèle de Ricardo dans la mesure où les différences d’avantages comparatifs peuvent être expliqués par des écarts technologiques entre les partenaires participant à l’échange. Dès lors les avantages comparatifs ne tombent plus du ciel ; en contrepartie, les hypothèses de concurrence ne peuvent plus être appliquées.
B. L’approfondissement par Krugman Krugman va approfondir les intuitions de Posner. Il va différencier deux types de zones : • les pays du Nord innovent, ce qui permet de développer de nouveaux produits pour lesquels le Nord dispose d’une situation de monopole et peut donc produire sur son territoire des biens de haute technologie à un prix élevé • inversement, les pays du Sud ont des capacités d’innovation réduites. Dès lors, ils ne peuvent que copier les innovations réalisées au Nord, mais avec un décalage plus ou moins long .Ils fabriquent et exportent des produits banalisés à un prix réduit en raison de la concurrence. Conclusion : Krugman en conclut que des innovations générant de nouvelles industries doivent émerger en permanence au Nord afin de maintenir le niveau de revenu de la zone, les hauts salaires du Nord reflétant la rente de monopole pour les nouvelles technologies. Le monopole technique du Nord étant continuellement errodé par les transferts technologiques vers le Sud ne peut être maintenu que par des innovations constantes sur de nouveaux produits ou procédés .Les capacités d’innovation et donc les efforts de recherche-développement jouent alors un rôle essentiel.
II. La théorie de Vernon A. Une analyse au niveau interne A partir de l’examen des firmes américaines des années 50-60, R.Vernon montre qu’ « une production traverse généralement une série de phases :
• • • •
Démarrage : le produit apparaît, la production se fait en petites séries et le prix est élevé croissance exponentielle: le produit est au point, les économies d’échelle permettent une baisse des prix ce qui assure une augmentation de la demande ralentissement : le bien est largement diffusé, c’est surtout un achat de renouvellement déclin : le produit devient obsolète
Pour en savoir plus : Dans un premier temps, il se situe dans le cadre d’un pays ( les USA ) et regarde comment évolue le produit au cours des différentes phases de sa vie :
Caractéristiques production
NAISSANCE DU PRODUIT de -innovations élevées -techniques de production instables -production intensive en travailleurs qualifiés pour élaborer le produit - production à petite échelle, d’où coût unitaire de production important , prix de vente élevé
Caractéristiques de la - seule une élite consommation disposant de revenus élevés consomment le produit -l’élasticité-prix de la demande est faible car pas de produits substituables
Structure du marché
-monopole temporaire pour la firme innovatrice -nombre de firmes restreintes -taille des entreprises dans la branche
PRODUIT EN CROISSANCE -le produit est mis au point , la technologie se stabilise , sauf quelques innovations mineures visant à le différencier -intensité en capital devient forte pour répondre à l’augmentation de la demande -production standardisée à grande échelle d’où réduction des coûts de production et baisse des prix -à mesure que le prix diminue , il touche une partie croissante de la population qui cherche à imiter les leaders d’opinion qui ont lancé le produit - les consommateurs deviennent plus exigeants sur la qualité , les performances du produit -l’élasticité-prix augmente par l’apparition de substituts -structure oligopolistique se met en place car de nombreuses firmes sont attirées par des perspectives de profit élevé et imitent
PRODUIT A MATURITE
DECLIN DU PRODUIT
-banalisation de la technologie proportion de travailleurs non qualifiés s’accroît -taille des unités de production augmente afin de bénéficier d’économies d’échelle pour réduire les prix
-l’obsolescence du produit se confirme -l’intensité en travai non qualifié augmente -pas d’investissements
-les leaders d’opinion se détournent du produit qui touche désormais essentiellement les populations à bas revenu - la consommation arrive à saturation -le produit se banalise , la demande est de plus en plus élastique par rapport au prix
-du fait de l’apparition de nouveaux produits qui commence à se généraliser , les quantités consommées diminuent
l’oligopole se stabilise le produit se banalise , la concurrence se porte de plus en plus sur les prix
- la structure de la branche se déstabilise -sortie des grandes entreprises apparition des petites entreprises -le marché se trouve
élevée
l’innovateur la concurrence s’effectue par la différenciation des produits , ce qui n’empêche pas une standardisation et une baisse des prix
-la taille des entreprises s’accroît donc afin de rechercher les économies d’échelle - des efforts sont tentés pour prolonger le cycle de vie ( innovations mineures , publicité )
en surcapacité , suite à la baisse de la demande , le prix et la qualité des produits diminuent
B. L’analyse des échanges internationaux A ces différentes phases de cycle de vie du produit vont correspondre des flux d’échange internationaux entre le pays innovateur et ses partenaires. Vernon est alors amené à distinguer 3 catégories de pays : - le pays leader: les EU (années 50) se situe au sommet de la hiérarchie technologique ; les principales innovations émanent de lui - les pays suiveurs précoces : les pays européens (années 50 -60) - les pays imitateurs tardifs : les PVD Vernon va alors distinguer 3 phases: phase 1 : le pays leader le produit phase 2 : le pays leader exporte vers le pays imitateur phase 3 : délocalisation dans les pays imitateurs et suiveur
Pour en savoir plus : Pays leader
Pays suiveur précoce
PHASE 1 Vernon utilise le principe de la demande représentative de Linder : -l’apparition du nouveau produit répond à une attente exprimée par les consommateurs du pays d’origine -le marché intérieur sert de marché test afin d’améliorer le produit - seul le pays innovateur connaît une population assez élevée pour acheter le nouveau produit Conclusion :durant cette phase , pas d’échange international , le bien est fabriqué et consommé dans le pays d’origine de l’innovation
PHASE 2 Le produit étant stabilisé et le prix diminuant , le producteur va chercher à étendre son marché en exportant vers les marchés des pays développés dont les niveaux de revenu sont les plus proches ( cf. Linder ) -la firme innovatrice qui est concurrencée sur son marché intérieur va essayer de profiter de son avance technologique pour prolonger son monopole temporaire sur les marchés étrangers -le pays innovateur connaît donc un excédent de sa balance commerciale sur ce produit -les consommateurs des PDEM commencent à demander le produit , tout d’abord les leaders bénéficiant d’un revenu élevé , puis une partie croissante de la population - la balance commerciale des pays est donc de plus en plus déficitaire sur ce produit
PHASE 3 -le pays leader qui supporte des coûts de production élevés va alors délocaliser la production en implantant des filiales dans les pays imitateurs précoces afin de bénéficie de coûts de production plus réduits et de mieux satisfaire la demande des pays suiveurs - la balance commerciale voit son excéden diminuer , puis se transformer en déficit su ce produit
- les filiales du pays leader qui se son implantées permettent de mieux répondre aux goûts des consommateurs à des prix plus bas , développent la demande -le pays devient peu à peu exportateur , non seulement vers le pays leader mais auss vers les PVD , dont les classes les plus aisées commencent à consommer
Pays imitateur tardif
-la balance commerciale du pays devient de plus en plus déficitaire à mesure que les classes aisées se convertissent au produit Remarque : Dans un dernier temps , les pays imitateurs rapides vont eux aussi éprouver des difficultés à écouler leur production , car le produit étant devenu banal , les consommateurs se tournent vers de nouveaux biens , plus innovants .Les pays vont alors délocaliser leur production vers des PVD qui bénéficient de coûts de main-d’œuvre plus réduits et qui vont donc pouvoir rentabiliser la production , tout en baissant le prix de vente . Conséquences : Dès lors, le pays innovateur et le pays imitateur précoce vont tous deux connaître un déficit de leur balance commerciale sur ce bien,les PVD connaissant un excédent . Les entreprises qui produisent le bien dans les PVD peuvent être des filiales des grandes entreprises qui ont délocalisé leur production afin de réduire leurs coûts et/ou de se rapprocher des marchés de consommation. Conclusion : La théorie de Vernon permet donc d’expliquer certaines formes du processus de multinationalisation.
III. Le développement en vol d’oies sauvages de Kaname AKamatsu Cette théorie apparaît dans une certaine mesure comme une théorie du cycle de vie du produit adaptée aux PVD. K Akamatsu l’a forgé en s’appuyant sur le modèle suivi par le Japon. Il distingue 4 temps : • dans un premier temps, le PVD n’exporte que des matières premières ; - les importations en provenance des PDEM peuvent seules satisfaire sa demande intérieure de produits manufacturés. - durant cette phase, le pays développe ses échanges avec des pays qui ont des structures économiques complémentaires de la sienne (cf. HOS). On se situe donc dans le cadre de la DIT traditionnelle. •
dans un deuxième temps, la croissance de la demande domestique permet de rentabiliser la fabrication sur place de produits de consommation manufacturés qui sont, à l’origine, en fin de cycle de vie du produit. - Pour ces biens, la production nationale se substitue aux importations - Mais, en contrepartie, les importations de biens d’équipement rendus nécessaires par le développement des industries de consommation se développent.
•
dans un troisième temps, les producteurs locaux s’attaquent aux marchés des pays voisins. - Les importations de matières premières en provenant de pays moins développés s’accroissent. On assiste donc à une expansion des échanges entre PVD. Durant cette phase le pays considéré entreprend une production de biens d’équipements qui se substitue aux importations en provenance des PDEM
•
durant une quatrième phase, le pays va exporter une partie de sa production de biens d’équipement vers les PVD qui, pour répondre à leur demande intérieure ou pour produire à moindre coût et réexporter des biens de consommation, ont besoin de machines
Le développement en vol d’oies sauvages
« Cours d’économie générale », H. Bourachot.
Pour voir une animation flash : http://hgsoulage.aliceblogs.fr/_attachments/3614245/Oies2.swf Pour l’exemple du Japon : Cette théorie a connu un vif succès, car elle permet de mieux comprendre le développement de la zone asiatique : - dans un premier temps, le Japon a produit puis exporté des biens de consommation bas de gamme (le textile ) puis il s’est spécialisé sur des productions apportant une plus forte valeur ajoutée ( électronique grand public ) qu’il a exportées non seulement vers sa zone mais vers les PDEM . le Japon, au fur et à mesure de sons développement, a alors développé une industrie de biens d’équipement pour répondre à ses besoins domestiques. Il a par la suite exporté une partie de sa production vers des pays moins développés (les 4 dragons du Sud-est) vers lesquels il délocalisait la production de biens de consommation pour lesquels il n’était plus compétitif, suite à l’augmentation de ses coûts de main-d’œuvre. - le schéma est en train de se reproduire avec les tigres vers lesquels le Japon, mais aussi les dragons délocalisent des productions nécessitant une main-d’œuvre faiblement rémunérée
.
Chapitre : mondialisation et internationalisation des échanges
Notions du référentiel : compétitivité: prix/produit, spécialisation
Fiche 4 – L’insertion dans les échanges internationaux
Partie 1 – Définition de la compétitivité D éf in i tio n : « la compétitivité est la capacité à maintenir et à accroître ses parts de marché »
I. La compétitivité-prix Pendant très longtemps on a considéré que la seule source de compétitivité pour une entreprise ou un pays était la compétitivité-prix qui vise à produire à moindre coût afin de réduire les prix pour dépasser la concurrence et s’attirer les faveurs des consommateurs. Le s limi te s : Mais cette forme de compétitivité ne semble pas aujourd’hui être la forme dominante par laquelle luttent les entreprises les plus innovantes. II.
la compétitivité-qualité ou compétitivité hors-prix ou structurelle:
Il nous faut alors définir la compétitivité hors-prix ou structurelle qui est la capacité à imposer ses produits sur le marché indépendamment de leur prix .L’entreprise grâce à l’innovation , à l’amélioration de la qualité de ses produits , à son adaptation à la demande , à la qualité de ses services , ... peut gagner des parts de marché tout en maintenant des prix plus élevés que ceux de ses concurrents .Les entreprises bénéficient ainsi d’une meilleure rentabilité qui peut être à l’origine d’un cercle vertueux . III. Conclusion : Néanmoins, compétitivité-prix et hors-prix ne s’opposent pas nécessairement pour 2 raisons : • le consommateur opère son choix en se basant sur plusieurs critères : la qualité, l’innovation certes mais aussi le prix. Dans un contexte de concurrence très forte (marché offreur), les entreprises se doivent non seulement d’offrir des produits de qualité, mais aux prix les plus compétitifs possibles. • l’entreprise qui désire rentabiliser son innovation peut diminuer le prix de vente afin d’accroître la demande donc la production. Elle bénéficiera ainsi d’économies d’échelle qui lui permettront de diminuer son coût, d’améliorer sa rentabilité , donc de financer des efforts de recherche lui permettant de réaliser des innovations incrémentales ( différenciation des produits , ... ) ou majeures . Pour des informations supplémentaires sur le pôle de compétitivité : Critique de la conception libérale: Comme l’indique C.Stoffaes, la conception libérale du commerce international est trop limitée. En effet, elle considère seulement que : « la compétitivité d’une nation repose sur la capacité de ses entreprises prises individuellement à être plus compétitives. Mais ces entreprises sont plongées dans un environnement national. La compétitivité n’est pas seulement l’affaire des entreprises ; elle comporte des éléments compétitifs, ce qui font un tissu industriel compétitif . » Définition : dans cette perspective, les pôles de compétitivité jouent un rôle de structuration de l’appareil productif. En effet, ce sont « des ensembles
d’entreprises qui ont acquis des positions dominantes dans la concurrence internationale et qui exercent des effets d’entraînement pour une grande variété d’activités productives » (Aglietta) . Répercussions : elles peuvent s’exercer aussi bien vers l’aval que vers l’amont que latéralement entre les firmes : • vers l’aval : les clients peuvent bénéficier : - des gains de productivité acquis par les pôles grâce aux rendements d’échelle et surtout à l’apprentissage des facteurs qui influencent l’évolution de la demande. - Ils bénéficient aussi de produits intermédiaires plus innovants, de meilleure qualité qui leur permettront de mieux satisfaire leurs clients. • vers l’amont : en direction des fournisseurs et des sous-traitants car les pôles offrent : - des débouchés réguliers et généralement croissants (d’où économies d’échelle) - et des incitations à innover. • latéralement : entre les firmes composant le pôle par la diversification des produits, l’incitation à l’innovation, ils permettent de dynamiser la concurrence oligopolistique et donc la compétitivité du pôle. C o n clu sio n : Le pôle permet ainsi de constituer des filières de production qui améliorent la cohésion du tissu productif (en développant les synergies ) et permettent ainsi de réduire la contrainte extérieure que subissent les pays .
Partie 2 – Comment gagner en compétitivité ? La spécialisation, une stratégie dynamique L’approche des analyses traditionnelles néglige les deux dynamiques essentielles de l’échange : - celle des entreprises à l’échelle multinationale, - comme celle des nations ans l’espace économique mondial Pour les limites des analyses traditionnelles de la spécialisation : Critiques des analyses traditionnelles du commerce international : Comme l’indique Lafay , la théorie néo-classique de l’échange international basée sur les dotations factorielles présente 2 inconvénients majeurs : • elle est déterministe , c’est-à-dire que chaque pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il a reçu des dotations factorielles ; par contre elle n’explique pas comment elles ont été constituées . • elle est statique , c’est-à-dire que le pays , une fois qu’il a adopté une spécialisation en fonction de ses dotations factorielles doit s’y maintenir , quelle que soit l’évolution du commerce mondial . Conclusion : Lafay peut alors en conclure : « on a l’impression que les avantages comparatifs tombent du ciel ; chaque nation doit se soumettre passivement aux exigences de la DIT et aucune stratégie active de spécialisation n’est concevable . I. Les limites de la compétitivité salariale
Comme l’indiquent D.Taddei et B.Coriat , les tenants de la théorie de la compétitivité salariale qui considéraient que les pays devaient se spécialiser en fonction de leurs coûts de main-d’œuvre résultant des dotations factorielles se sont trompés : « il n’y a pas de corrélation significative entre les coûts salariaux et les parts de marché » . Ceci résulte en particulier du fait que les consommateurs ne s’intéressent pas seulement au prix mais aussi à la qualité du produit , que le coût du produit n’est pas seulement déterminé par le coût salarial , mais connaît d’amples variations en fonction du coût du capital et des consommations intermédiaires .
II. Se spécialiser , une stratégie dynamique Selon Lafay : • « la spécialisation d’une nation n’est pas le fruit d’une adaptation passive à des tendances spontanées, elle doit découler d’un effort permanent pour utiliser au mieux ses atouts dans un environnement en perpétuel mouvement. • Seule l’innovation peut permettre à l’industrie française de créer des avantages comparatifs et de les renouveler continuellement , soit par le lancement de nouveaux produits , soit par l’adoption de processus de production plus efficaces . • Et pour innover efficacement, il ne suffit pas de faire des efforts de R-D, il faut que les entreprises choisissent leurs cibles, en fonction de l’étude prospective du marché mondial, tant sur la demande que sur l’offre concurrente. • Au lieu d’effectuer des efforts uniformes dans tous les domaines, les entrepreneurs ont pour mission de prendre des risques, de dépasser la concurrence sur certains créneaux et sur certaines filières plutôt que sur d’autres, bref de mettre au premier rang l’impératif de la spécialisation. • Cela implique évidemment que l’on renonce à être présent dans certaines activités et donc que l’on abandonne les visions mythiques telle que la reconquête du marché intérieur :celles-ci n’ont de sens que dans une économie vouée à l’autarcie . Dans tous les pays qui ont choisi de s’ouvrir à la concurrence internationale , plus personne ne se pose la question de savoir s’il faut se spécialiser ; à partir du moment où l’on a préféré l’économie ouverte à l’autarcie , l’impératif de spécialisation l’emporte inéluctablement .» Pour en savoir plus La dynamique des entreprises résulte de l’innovation : nouveaux produits, nouvelles méthodes de production qui permet à chacune d’entre elles de créer des avantages comparatifs micro-économiques en surclassant ses concurrents (...). Les avantages comparatifs sont perpétuellement créés et renouvelés. La possibilité d’extension multinationale permet de choisir la localisation de ces activités, sous la contrainte des coûts nationaux de production » (cf. Vernon) . Il en est de même pour les nations : chaque nation peut faire évoluer sa dotation relative en facteurs de productions en fonction des innovations qu’elle réalise pour s’adapter ou devancer l’évolution de la demande mondiale. Les nations vont , en fonction de cette capacité d’adaptation , développer ou non leurs exportations et donc connaître des rythmes de croissance plus ou moins forts .
Partie 3 – Pourquoi gagner en compétitivité ? Le rôle de la contrainte extérieure I. Définition de la contrainte extérieure
L a notion de contrainte extérieure traduit la dépendance d’une économie à l’égard des autres économies et peut se définir par l’impossibilité pour certains pays de concilier une croissance forte et l’équilibre des échanges extérieurs ». Ainsi le pays ne pourrait pas connaître de décalage conjoncturel par rapport à ses concurrents (c’est-à-dire un rythme de croissance plus fort que celui des autres pays avec lesquels il commerce), sous peine de voir ses importations progresser plus vite que ses exportations et voir son déficit commercial se creuser. Pour l’exemple de l’échec de la relance de 1981 :L’exemple typique est celui de la relance keynésienne menée en 1981 par la France qui , à propension à importer constante ( m = M / PIB ) s’est traduite mécaniquement par une poussée des importations alors que dans le même temps nos partenaires appliquaient des politiques de rigueur qui diminuaient leur propension à importer et donc nos exportations .
II. Une contrainte extérieure forte si le pays dispose d’une compétitivité-prix •
la contrainte extérieure n’est pas seulement déterminée par le rythme de croissance du PIB ; elle est aussi fonction des coûts de production d’un pays . Celui-ci ne peut se permettre sous peine de voir sa compétitivitéprix diminuer et donc sa balance commerciale devenir déficitaire de voir son coût salarial (et plus largement ses coûts de production) progresser plus vite que celui de ses partenaires . Cela semble condamner une politique keynésienne par augmentation des salaires
•
A plus long terme , l’accumulation des déficits par un pays qui rend sa balance commerciale structurellement déficitaire nécessitera des importations de capitaux croissantes qui aggraveront le déficit de la balance des capitaux et qui , à terme , entraîneront une méfiance des prêteurs qui exigeront du pays des taux d’intérêt plus élevés ou qui même refuseront tout nouveau emprunt , dès lors que le pays a buté sur sa contrainte de solvabilité .
III. La compétitivité-qualité permet de desserrer la contrainte extérieure •
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l’effet de structuration par la constitution de filières cohérentes rend le contenu en importation de la croissance moins élevé , permet de tirer les exportations , donc réduit le déficit commercial malgré l’existence d’un décalage conjoncturel . Durant les années 80 , un pays comme le Japon ou l’Allemagne pouvait se permettre de connaître une croissance économique plus forte qu’un pays comme la France . le pôle de compétitivité proposant des produits innovants , de qualité recherche une compétitivité hors-prix qui lui permet d’offrir à ses employés des revenus plus élevés que ceux de ses concurrents sans subir de perte de compétitivité remettant en cause sa viabilité . Ceci peut permettre d’engager un cercle vertueux : les salaires étant plus élevés , les individus sont plus motivés , plus qualifiés donc plus incités à innover ( théorie du salaire d’efficience ) , ce qui accroît encore la compétitivité hors-prix .
Pour voir les exemples français , allemand , américain , japonais a ) L’exemple français Constat : La France , malgré une amélioration notable depuis le milieu des années 80 , se caractérise par un certain nombre de faiblesses du point de vue de sa compétitivité : • la France est peu spécialisée , c’est-à-dire qu’elle est présente sur beaucoup de marchés ( le slogan au début des années 80 était : il n’y a pas d’ industries condamnées , il ya seulement des technologies dépassées ) , sans bénéficier d’aucune avantage comparatif réel • la France est mal spécialisée : n’ayant pas su opérer suffisamment tôt des choix sur des créneaux porteurs , la France ne dispose d’aucune position forte sur les marchés connaissant une demande mondiale dynamique ( cf. l’exemple de l’informatique l’échec de Bull lancé dans les années 60 par la politique gaullienne de champions nationaux)
•
la France ne dispose pas véritablement de pôles de compétitivité structurés lui assurant une compétitivité hors-prix , les entreprises françaises étant concentrées sur des produits relativement banalisés sont très sensibles à la variation de leurs coûts de production et donc à leur compétitivité-prix
Conclusion : Le résultat de tout ceci est que l’économie française est très sensible à la contrainte extérieure. L’analyse que fait F.Milewski de l’amélioration du solde de la balance commerciale est à cet égard moins optimiste que ne le laisseraient penser les chiffres : • Certes après 12 ans de déficit commercial( sauf 1986 ) la France a connu depuis 1992 un excédent croissant jusqu’au début des années 2000, • mais celui-ci résultait au moins autant de l’atonie (faiblesse) de la croissance que l’on a pu observer durant les années 90 que de l’amélioration de la spécialisation . • En effet , depuis 1982 , la France applique une politique de désinflation compétitive qui a permis de diminuer les coûts salariaux et donc d’améliorer la compétitivité-prix . • Aujourd’hui , cette politique trouve ses limites , tous les pays européens l’appliquant simultanément elle n’a plus rien de compétitive , ce qui explique la dégradation de la balance commerciale depuis les années 2000 : l’économie française ayant mal résisté à la valorisation de l’euro, ses produits étant moins compétitifs du point de vue des prix. La forte dégradation de l’année 2005 est d’autant plus inquiétante qu’elle se situe dans un contexte de forte croissance du commerce mondial, les parts de marché détenues par l’économie française ont donc régressé. • Par contre , elle freine la croissance économique potentielle , donc l’augmentation de la demande , donc la progression des importations ( à propension à importer constante ) . • Une lecture attentive de l’amélioration de la balance commerciale conduit donc à penser que celui-ci résulte au moins en partie d’un décalage conjoncturel favorable à la France ( qui croît moins vite que ses partenaires, surtout que les USA ou le royaume uni ) plutôt que d’une amélioration sensible de sa compétitivité hors-prix ( même si celle réelle ne doit pas être sous-estimée ) . Les conséquences : Dès lors « en 95 et 96 , on ne peut s’empêcher de mettre en parallèle le ralentissement économique et l’amplification de l’excédent ( ...) . Certes , se créent des capacités de financement extérieur qui pourront être autant de réserves pour le développement futur . Mais en attendant , l’économie française s’est installée en deçà de son potentiel d’activité . Le chômage élevé en découle . » ( F.Milewski ) . Cette conclusion reste malheureusement valable pour le debut des années 2000. b ) L’Allemagne Constat : Contrairement en France , l’Allemagne est un pays spécialisé depuis fort longtemps qui dispose donc de pôles de compétitivité très performants ( en particulier dans la machine-outil ) qui lui ont permis de structurer des filières cohérentes ( principalement la chimie et la mécanique ) . Les limites de la spécialisation allemande : La situation de l’Allemagne paraît donc très enviable aux français , il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui un certain nombre d’observateurs se demande dans quelle mesure l’Allemagne n’est pas un géant aux pieds d’argile . En effet : • sa spécialisation manque de dynamisme ; elle n’a pas su s’adapter à l’évolution de la demande mondiale ; les points forts de l’Allemagne ont été constitués durant la seconde révolution industrielle basée sur la mécanique et la chimie . Il est donc normal que l’Allemagne excelle dans ses productions qui portent plus souvent sur des petites séries de produits spécialisés en faisant appel à une main-d’œuvre ouvrière très qualifiée . • Mais l’Allemagne n’a pas su prendre le train de la troisième Révolution industrielle basée sur les technologies électroniques . Dès lors , sa spécialisation se révèle de plus en plus inadaptée à l’évolution du commerce mondial et les hauts salaires qu’elle verse à sa population ne sont plus compensés par la compétitivité hors-prix qui se dégrade . c ) Les Etats-Unis Constat : On peut distinguer plusieurs phases : • Entre 1945 et 1960 , les EU occupaient une position de leader qui résultait de leur avance technologique très importante par rapport à leurs concurrents européens et japonais ( cf. Vernon ) .
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A partir des années 60 , japonais et européens ont rattrapé leur retard et ont même sur certains domaines dépassé le maître américain . On s’est même demandé , à partir des années 70 , suite à la non-convertibilité or du dollar , puis dans les années 80 avec l’accroissement du déficit commercial dans quelle mesure les américains ne seraient pas en train d’abandonner leur leadership , ne connaîtraient pas une désindustrialisation qui les conduirait à une évolution telle que celle qu’a connu la GB depuis le XIX° siècle Or il semble depuis la fin des années 80 , que les américains confrontés au défi japonais ont su réagir , ont restructuré leurs industries , ont relancé leurs formidables capacités d’innovation et ont donc conforté leur leadership en particulier dans le domaine des industries en tique et plus largement ont réorienté leur processus productif vers le secteur quaternaire d ) Le Japon
Présentation de La stratégie japonaise : elle est particulièrement intéressante : elle peut être assimilée à une stratégie de remontée des filières : • dans un premier temps , les entreprises japonaises ont concentré leurs efforts sur des produits de consommation grand public pour lesquels elles pouvaient bénéficier d’économies d’échelle . Elles ont donc développé en particulier la photo , la hi-fi des produits moyens de gamme , bourrés d’électronique qui ont mis à mal les produits hauts de gamme mécaniques allemands . • les entreprises japonaises ont pu alors constitué des pôles de compétitivité cohérents , caractérisés par une forte concurrence , une capacité d’innovation élevée qui leur ont permis de passer des produits moyens de gamme à des produits hauts de gamme et d’occuper une position dominante sur le marché . • ces pôles de compétitivité ont ainsi servi de base pour investir les autres postes de la filière et , en particulier , forts de l’expérience acquis dans l’électronique de consommation , les entreprises japonaises ont développé des biens d’équipement basés non plus sur la mécanique ( Allemagne ) mais sur l’électronique . Conclusion :Elles ont opéré ainsi une stratégie de remontée de filière qui est conforme à la logique du modèle de K..Akamatsu . Néanmoins aujourd’hui la stratégie japonaise semble mise à mal sur les créneaux les plus porteurs par le retour de l’économie américaine
Chapitre : mondialisation et internationalisation des échanges
Notions du référentiel : libre-échange, protectionnisme, barrières tarifaires/non tarifaires,normes sociales,normes environnementales
Fiche 5 – Le libre-échange assure croissance et développement L’analyse libérale Partie 1 – Les limites du protectionnisme I.
Le protectionnisme freine la croissance
Les auteurs libéraux considérant que le protectionnisme débouche sur une situation sousoptimale
Pour voir les effets pervers du protectionnisme dans les années 30 : l’expérience es années 30 a montré que le pays qui met sur pied une politique protectionniste afin de protéger son industrie nationale va subir à son tour des mesures de rétorsion de la part de ses partenaires étrangers, ce qui risque de déboucher sur une généralisation du protectionniste, qui ne peut que freiner la croissance et détruire des emplois A. Les effets négatifs du protectionnisme sur la demande 1.
Des PDEM
Le protectionnisme a un coût pour le consommateur, puisque cela augmente le prix du produit. Cette mesure a donc détérioré le pouvoir d’achat des consommateurs les plus défavorisés qui ont du payer plus cher des produits bas de gamme que les PVD leur auraient procuré à un prix beaucoup plus réduit. Pour un exemple sur le protectionnisme du textile au Canada Une étude de JENKINS concernant le coût de la protection de l’industrie textile canadienne démontre que l’imposition des auto-limitations a permis de maintenir ou de créer 6000 emplois mais que chaque poste de travail a coûté 14 000 dollars alors que le salaire moyen dans cette industrie n’était que de 10 000 dollars ( il aurait mieux valu payer 10 000 dollars des chômeurs ) . Cette mesure a coûté aux consommateurs canadiens 467 millions de dollars en 79 ; les industriels canadiens profitant des mesures protectionnistes pour augmenter leur prix jusqu’à 30 %.
2.
Des pays émergents
Les pays d’Asie du Sud-Est ne sont pas aujourd’hui seulement source de destruction d’emplois ; ils représentent la zone qui connaît la plus forte croissance économique et qui fournit donc des débouchés à nos entreprises, en particulier dans les secteurs à forte valeur ajoutée dans lesquels l’industrie française est en train de se spécialiser (ex : T.G.V. en Corée du Sud ) . Fermer nos frontières c’est se priver des débouchés dans cette zone et donc se priver d’emplois.
B. Les effets négatifs du protectionnisme sur l’offre 1.
Des PDEM
L’application de mesures protectionnistes en maintenant artificiellement des emplois dans des secteurs où elle n’est plus compétitive ( ex : textile ) retarderait une spécialisation sur les secteurs les plus dynamiques , qui (comme l’ a montré Lafay) nécessite d’opérer des choix . La France ne pouvant être présente sur tous les marchés, il faut qu’elle opère une stratégie de spécialisation qui dynamisera sa croissance économique Sauvegarder des emplois dans les secteurs traditionnels, c’est au contraire perpétuer une spécialisation sur les produits où l’on se concurrence par la compétitivité-prix ; c’est donc à terme détériorer la compétitivité structurelle de l’industrie française qui rejoindrait le rang des pays intermédiaires en quittant celui des PDEM 2.
Des pays émergents
La politique protectionniste est donc néfaste pour le pays qui l’applique, mais elle risque en outre de freiner le développement des PVD En effet, les PVD n’ayant pas de marché intérieur suffisamment solvable pour assurer un décollage économique (cf. cercle vicieux de Nurske et échec de la stratégie de l’industrialisation par substitution d’importations ) sont obligés d’appliquer une stratégie de promotion des exportations leur permettant , en particulier , de rembourser les dettes qui ont été nécessaires pour financer les investissements assurant le take off . Les PDEM ne peuvent avoir un double langage : souhaiter le décollage des PVD et en même temps par des mesures protectionnistes leur interdire d’y accéder
Conclusion :Le protectionnisme un jeu à somme négative Une politique protectionniste n’est donc pas neutre économiquement, elle engendre une redistribution des revenus des consommateurs qui perdent du pouvoir d’achat suite à la hausse des prix vers les producteurs qui maintiennent artificiellement des prix élevés. Elle représente donc un jeu à somme nulle. Le jeu est même à somme négative, si comme le montre l’exemple de l’industrie textile canadienne , les barrières douanières incitent les producteurs à se spécialiser vers les produits les moins porteurs , laissant ainsi à leurs concurrents étrangers les spécialisations les plus dynamiques II. Le protectionnisme empêche le développement Dans les années 60, les pays décolonisés mettent en place des stratégies de développement basées sur le protectionnisme . Ces stratégies se révèleront un échec A. L’industrialisation par substitution d’importations ( ISI) 1. -
Présentation de la stratégie
Comme le pays est en retard par rapport aux PDEM, il n’est pas compétitif au niveau des produits industriels Pour permettre à l’industrie de se développer,il faut mettre en place une protection douanière Les produits du pays remplacent alors les produits importés Pour en savoir plus : Causes du sous-Développement : « Un certain nombre de pays du Tiers-Monde ont tenté de sortir du sous-développement ,en brisant ce qu’ils pensaient être les causes de leur situation : la dépendance , les blocages , l’extraversion . Solutions préconisées : Le modèle de développement autocentré fondé sur la création d’industries de base susceptibles d’engendrer un tissu industriel complet par ses effets industrialisants devrait , en théorie , déboucher sur la constitution d’un véritable marché intérieur dynamique » . La stratégie d’ISI qui visait à remplacer les importations de biens de consommation , puis de biens d’équipement par des productions nationales devait , selon ses promoteurs , permettre d’assurer un développement économique cohérent ( de mettre un terme au dualisme ) , autonome , répondant aux besoins de la population .Pour cela , un certain nombre de mesures doivent être prise : • il faut mettre en place une protection douanière , qui vise à - permettre à une industrie naissante de croître , à l’abri de barrières protectrices lui permettant , alors qu’elle n’est pas encore compétitive , de ne pas avoir à subir les effets dévastateurs de la concurrence des PDEM ( ceci répond à la théorie du protectionnisme éducateur de List , cf section sur le protectionnisme). - Au fur et à mesure du développement de ces industries , les barrières douanières devraient être réduites pour inciter les entreprises à devenir compétitives . • il faut appliquer une politique de surévaluation de la monnaie permettant à la fois de - rendre les importations de biens d’équipement moins coûteuses ( afin de faciliter l’acquisition de capital importé , nécessaire durant une première phase , pour équiper les industries ) , - d’augmenter le prix des exportations agricoles ( ce qui rend la spécialisation dans les productions agricoles d’exportation moins rentable pour le capital national ) , - de rendre les produits industriels plus coûteux à l’exportation ( afin de bien faire comprendre aux entrepreneurs qu’ils produisent avant tout pour le marché national ).
•
il faut appliquer une politique de redistribution de la richesse nationale : l’ industrialisation est financée par un prélèvement opéré à la fois sur les agriculteurs ( par la hausse des prix et des prélèvements fiscaux ) et sur les consommateurs ( qui doivent accepter d’acquérir aujourd’hui des biens plus coûteux de qualité médiocre , afin d’assurer demain un développement économique et un mieux-être de la population) . 2.
Les résultats
La stratégie d’ISI qui recherchait un développement autocentré a paradoxalement rendu les pays plus dépendants des PDEM. En effet, pour lancer l’industrialisation il faut faire appel aux technologies des pays du Nord, donc s’endetter (puisque les capacités d’épargne sont limitées). . Mais la surévaluation des monnaies rend les produits moins compétitifs, donc réduit les capacités exportatrices des pays , donc les entrées de devises qui leur permettraient de rembourser la dette . B. Les industries industrialisantes Remarque : Cette stratégie présente de nombreux points communs avec celle de l’ISI, dont elle est fréquemment complémentaire.
1.
Présentation -
On considère que la spécialisation dans les produits agricoles ou miniers n’assure pas le développement: l’insertion des PVD dans la DIT traditionnelle ne permet ni la croissance ni le développement Il faut alors développer les seules industries qui assurent le développement : les industries industrialisantes, c’est-à-dire celles des biens d’équipement Pour cela, il faut développer une protection douanière
Pour en savoir plus : Présentation des causes du sous-développement : Elle dénonce selon A Lipietz : • « la spécialisation de la périphérie dans l’exportation de biens primaires qui soumet son économie aux fluctuations de la demande externe et traduit les gains de productivité de ce secteur en baissant les termes de l’échange et en créant du chômage » • Dés lors on ne peut espérer de l’insertion des PVD dans la DIT traditionnelle du dans le secteur des matières premières qu’elle assure une réelle croissance économique tirant l’ensemble du tissu productif . Solutions préconisées : Il faut donc appliquer une stratégie alternative visant à favoriser le développement de secteurs moteurs : • Partant de l’expérience de l’Allemagne, à la fin du XIX° siècle, ou de l’URSS de Staline, les partisans de cette stratégie ont préconisé l’investissement dans les industries de biens d’équipement qui sont considérés comme des industries industrialisantes, permettant d’assurer la propagation du processus d’industrialisation à l’ensemble de la structure productive de l’économie . • Ces industries présentent de surcroît l’avantage d’assurer un développement autonome puisque le pays n’est plus à terme dépendant des importations de biens d’équipement en provenance des PDEM
Comme la stratégie précédente, celle-ci nécessite un prélèvement opéré sur les consommateurs et le secteur agricole, afin de financer l’effort d’investissement qui est extrêmement coûteux. 2.
Les résultats
Ces stratégies se sont aussi souvent révélées inadaptées aux besoins de pays : - La production effectuée est de mauvaise qualité et est excessive par rapport à la demande Pour en savoir plus : en effet , les stratégies d’industries industrialisantes ont supposé qu’un développement des capacités de production résultant d’un effort d’investissement très élevé engendrerait un cercle vertueux ( une croissance économique tirant l’ensemble du tissu productif ) . Or , les capacités d’absorption des PVD sont limitées , et les projets souvent pharaoniques qui ont été lancés sous-utilisés , ce qui engendre des déséconomies d’échelle , une hausse des coûts et donc des prix . Une solution envisageable aurait pu être de réorienter les capacités de production vers l’exportation. Mais ceci n’est guère réaliste , non seulement car ces stratégies voulaient rompre avec l’extraversion , mais aussi parce qu’elles étaient implantées dans des secteurs dits industrialisants ( sidérurgie , métallurgie , ... ) qui se caractérisent par une surproduction au niveau mondial , résultant d’une stagnation de la demande les industries industrialisantes se caractérisent par un investissement massif dans les secteurs hautement capitalistiques, qui ne permettent pas d’absorber l’excédent de main-d’oeuvre et génèrent donc du chômage . Pour d’autres analyses tiers-mondistes : -
la thèse des technologies appropriées • présentation Postulat libéral : Les économistes libéraux considèrent que les pays pauvres bénéficient du privilège du retard au développement ( Gerschenkron ) : • ils peuvent utiliser une technologie déjà fiable et à moindre coût car ils n’ont pas à l’inventer . • Ils ont donc tout intérêt à opérer des transferts de technologies qui leur permettront , grâce aux techniques des pays du Nord de réaliser un bond en avant . Critique de la thèse libérale :Mais d’autres considèrent que l’utilisation de la technologie importée des pays industrialisés n’est pas efficace car elle n’est pas adaptée aux besoins des PVD : • une technologie n’est réellement efficace que si les structures culturelles sont prêtes à la recevoir et à l’accepter, c’est-à-dire si elle répond à une demande de la population. Dans le cas inverse, la greffe risque de ne pas prendre. • les technologies des PDEM sont dites labour saving , c’est-à-dire qu’elles ont pour objectif , le coût du travail étant élevé dans les pays industrialisés , de substituer du capital au travail ( hausse de l’intensité capitalistique ) . Mais les PVD sont dans une situation radicalement différente : en raison de leur forte fécondité (cf chap croissance démographique et développement) ils disposent d’une main d’oeuvre nombreuse et peu coûteuse. L’importation des technologies du Nord va donc augmenter le chômage, sans améliorer la rentabilité des entreprises. • la population ne dispose pas d’un niveau de qualification suffisant pour utiliser ou réparer des technologies performantes • le transfert de technologies nécessite, pour être efficace, des débouchés très importants, afin de bénéficier d’économies d’échelle, générant des gains de
•
productivité. Or, nombre de pays du Sud disposent d’une population réduite et la majorité ne peut compter sur une demande solvable générant des débouchés croissants en raison de la faiblesse des revenus. Dès lors, les usines clés en mains achetées aux PDEM ont un taux d’utilisation des capacités de production très réduit, donc des coûts de production et des prix élevés. le transfert de technologie renforce la dépendance des pays du Sud envers ceux du Nord : ils doivent s’endetter pour acquérir des machines qui généralement ne sont pas à la pointe du progrès, pour ne pas concurrencer les industries du Nord. Dès lors, les exportations sont peu compétitives, les rentrées de devises faibles, d’où des difficultés de remboursement .
Solutions préconisées : Aussi, de nombreux pays ont-ils : • préféré utiliser des technologies qui présentent l’avantage d’être appropriées aux conditions spécifiques du pays (culturelle, économique et sociale) • tout en leur permettant de rompre avec le modèle de développement des pays industrialisés. Exemple : Un exemple de programme pris souvent comme référence est celui dit : basic industry strategy, appliqué par la Tanzanie à partir de 1974, qui cherchait à établir des synergies entre secteur agricole et industrie : l’agriculture étant le principal débouché des produits industriels (engrais, houes), et la principale source d’approvisionnement • résultats les partisans des technologies appropriées considéraient que les pays pouvaient choisir , en toute liberté ,des technologies qui leur semblaient les plus adaptées à leurs besoins . Or , comme l’écrit M.Ikonicoff: « ce choix n’existe pas . En effet , quels que soient les facteurs qui provoquent le démarrage de l’industrialisation , le processus s’oriente en fonction de la demande d’un certain type de biens ( produits dans les pays industrialisés ) et qui correspond aux attentes des minorités locales ( ...) L’élection de la technologie utilisée au même moment dans les pays industrialisés pour la production d’un même type de biens est la seule démarche rationnelle pour l’entrepreneur . » L’erreur commise par les PVD a été de considérer que la technologie était un stock de connaissances définies une fois pour toutes , alors que c’est un flux qui se renouvelle perpétuellement . Ainsi , en choisissant des technologies qui auraient été compétitives à des époques passées , les pays ont accumulé un retard qui a freiné d’autant plus leurs capacités à innover et a accru leur retard par rapport aux PDEM -
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le rôle important de l’Etat : • présentation une analyse historique démontre que , si la Révolution industrielle anglaise a laissé au second plan l’Etat ( qui n’était pourtant pas un Etat-Gendarme au sens libéral ) , les modèles de développement de la fin du XIX°siècle ( Allemagne , Japon ) ont été impulsés par l’Etat qui était le seul à pouvoir assurer un investissement suffisamment massif pour assurer un décollage . contrairement à la vision libérale , le marché et l’homo oeconomicus ne sont pas des données naturelles , présentes dans toutes les sociétés ( cf chap croissance et développement + changement et valeurs ) . Dans la majeure partie des PVD , il n’existe pas de classe d’entrepreneurs ayant réalisé une accumulation permettant de financer l’investissement . L’Etat est donc obligé de se substituer aux entrepreneurs pour compenser la défaillance du secteur privé . dans les PVD , les infrastructures ( écoles , hôpitaux , routes ) sont inexistants ou insuffisants . Or elles représentent un préalable au développement (cf l’IDH et l’IPH). L’Etat est donc obligé de les financer .
contrairement à ce qu’énoncent les théoriciens libéraux , il n’est pas du tout certain que le marché soit le plus apte à allouer les ressources rares ( d’autant plus que le pays est plus pauvre ) vers les secteurs répondant le mieux aux besoins du développement . Conséquences : L’Etat doit alors élaborer une stratégie globale , mobilisant si cela est nécessaire un organe de planification : de nombreux pays du Sud qui avaient choisi de rompre avec le modèle capitaliste , ont été influencés par l’exemple soviétique et ont dès lors conféré à l’Etat et au Plan un rôle central -
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résultats
Ces stratégies ont surestimé les capacités des Etats des PVD à gérer et à organiser le développement. En effet : - comme l’indique G.Myrdal : « les pays sous-développés sont tous à des degrés variables des Etats mous (soft states) » .Ainsi, on constate que les PVD se caractérisent généralement par un manque d’autorité de l’Etat, une législation déficiente, un non respect des lois qui peuvent s’accompagner de phénomènes de collusion et de corruption qui sont inconnus à ce degré en Occident. - Par exemple, parlant de la Tunisie, H.BEJI écrit : « les moeurs du pouvoir sont celles des pressions engagées par la masse contradictoire d’intérêts particuliers de ceux qui détiennent une responsabilité. Tout le reste de la vie sociale est ignorée. Ainsi un droit légitime ne sera jamais octroyé en tant que tel à cause de son inviolabilité : le droit d’être soigné, d’être défendu, ... Mais il sera presque toujours octroyé comme une faveur ... La privatisation de la vie politique est à la base de la déchéance du droit. Les groupes dominants y sont tellement accoutumés que la notion de vie publique a perdu toute signification pour eux. » - Dès lors, on ne peut pas considérer que les Etats des PVD soient aptes à lancer des stratégies de développement cohérentes, et l’on comprend mieux l’échec des politiques menées dans la plupart des PVD. Constat : Le paradigme du « trop d’Etat » a remplacé celui du « pas assez d’Etat » , selon G.GRELLET .En effet , même si , excepté les auteurs ultralibéraux , personne ne conteste la nécessité d’une intervention de l’Etat , celle-ci doit être mesurée à l’aune de son efficacité : l’expérience montre que , dans de nombreux PVD , l’intervention de l’Etat a généré des effets contre-productifs . -
Les explications : pour trois raisons essentielles : • l’Etat a été à l’origine de distorsions qui entravent l’allocation optimale des facteurs de production : o Ainsi , les PVD bénéficient d’une main d’oeuvre abondante , ce qui devrait , conformément à la loi de l’offre et de la demande , engendrait une réduction des salaires permettant de diminuer le chômage et de développer la production dans les secteurs exportateurs utilisant intensément la main d’oeuvre ( ex : le textile ) . o Mais , certains pays ont voulu mettre en oeuvre des législations sociales inadaptées à leur stade de développement ( salaire minimum , protection sociale ) qui ont augmenté le coût du travail et incité les entreprises à substituer du capital au travail ( d’où augmentation du chômage ) . o Les pays doivent donc, pour diminuer le chômage et améliorer la compétitivité, supprimer les législations handicapantes, comme l’ont fait, selon Kuznets les NPI dont la forte croissance s’explique par la flexibilité du marché du travail
•
la multiplication des mesures, leur incohérence et leurs aspects contradictoires font que les réglementations administratives sont souvent mal connues ou détournées de leur objectif : ainsi, en Inde les licences d’importation étant délivrées proportionnellement à la part détenue par l’entreprise dans la production totale,chaque entreprise avait intérêt à accroître sa production même si celle-ci était invendue . Les mesures risquent donc de favoriser des rentes de situation qui nuisent à l’innovation et à la compétitivité
o o •
dans les pays où l’Etat est omniprésent mais n’a pas la capacité d’imposer des mesures qu’il instaure : o les entreprises développent des marchés parallèles qui leur permettent d’échapper aux prélèvements publics. En contrepartie, elles doivent verser aux fonctionnaires et au pouvoir des pots de vin leur évitant des sanctions o Ceci permet de rompre avec une vision idéaliste ( selon les libéraux ) qui fait des agents de l’Etat des individus altruistes , cherchant à maximiser le bienêtre général , alors qu’en réalité , ils veulent améliorer leur bien-être personnel.
Conclusion : Les résultats très décevants obtenus par ces stratégies expliquent le désintérêt croissant pour les analyses tiers-mondistes et le recours aux idées libérales qui ont d’autant plus le vent en poupe, qu’elles semblent à première vue à l’origine des stratégies de développement des pays d’Asie (cf chapitre mondialisation)
Partie 2 – Le libre-échange assure croissance et développement I. Les explications théoriques
A. Les analyses traditionnelles 1. -
Le libre-échange assure la croissance :l’analyse de Ricardo
les pays se spécialisent dans la production où ils ont un avantage comparatif c’est-à-dire là où la productivité est la plus forte les facteurs de production sont alors utilisés dans les activités où la productivité est la plus élevée la production augmente don 2.
Le libre-échange assure le développement et la réduction des inégalités entre pays a.
L’analyse de J.S.Mill
Selon J.S.Mill,les pays pauvres sont les grands gagnants de l’échange international. En effet, ils se caractérisent : - par des capacités de production généralement plus réduites que celles des pays riches, en raison de la faiblesse de leurs capacités d’investissement par une demande plus faible en raison de la faiblesse du revenu des ménages. Ainsi, les marchés dans lesquels sont spécialisés les pays pauvres se caractérisent par une sous-production déterminant une hausse des prix alors que ceux des pays riches connaissent une surproduction (résultant de la forte capacité de production du pays riche et de la faible capacité d’absorption du pays pauvre) engendrant une baisse des prix.
Dans l’optique libérale qui va de Smith à HOS, le libre-échange est optimal et conduit à une amélioration du bien-être de tous les échangistes .En effet, les pays ayant basé leur spécialisation sur des dotations factorielles complémentaires ont intérêt à laisser librement entrer les produits, car il bénéficie ainsi de biens de meilleure qualité à des prix plus réduits, ce qui améliore la satisfaction des consommateurs b. L’analyse d’Hecksher-Ohlin-Samuelson :Une rémunération des facteurs
égalisation
de
la
le principe :HOS vont chercher à montrer comme l’écrit Sandretto que : « En dépit de l’immobilité internationale des facteurs de production , leur rémunération tendrait néanmoins à s’égaliser dans tous les pays sous l’influence du commerce international des marchandises » explication du modèle : - à l’origine le pays s’est spécialisé dans la production qui utilisait intensément le facteur le plus abondant donc le moins cher ; mais, suite à cette spécialisation , l’utilisation du facteur abondant va s’intensifier , ce qui à terme va augmenter son coût : le facteur devenant plus rare . - Au contraire le facteur rare voit son utilisation diminuer puisque le pays importe les biens nécessitant son utilisation, le facteur rare devient alors plus abondant et donc moins coûteux. Répercussions positives : Le développement des échanges internationaux réduit donc les différences de rareté relative ; il rend moins abondant le facteur pléthorique, atténue la rareté relative du facteur rare, de ce fait le libre-échange tend à réduire les disparités, de pays à pays, des rémunérations des facteurs. Sandretto peut en conclure : « ce théorème d’HOS implique que, sous l’effet du commerce international, les taux de profit deviennent égaux partout et que le pouvoir d’achat des travailleurs s’égalise dans tous les pays, aux Etats-Unis comme au Bangladesh ou en Ethiopie », ce qui conduirait progressivement à un phénomène de convergence des économies. Pour le théorème de Stolper-Samuelson qui complète la théorie d’HOS Stolper avec Samuelson a complété la théorie d’HOS par le théorème suivant : si un pays instaure un tarif douanier sur l’importation des biens incorporant un facteur rare , cela conduit à augmenter le revenu relatif de ce facteur rare au détriment des facteurs abondants Exemple de compréhension : en Angleterre au XVIII° siècle, la terre est un facteur rare , les propriétaires terriens sont alors protectionnistes , car le libre-échange abaisserait la rente foncière dont ils bénéficient ( la terre étant rare , sa rémunération est élevée ) . La protection du marché du blé va augmenter le revenu des propriétaires terriens au détriment des consommateurs et des industriels qui paient les produits agricoles à un prix plus élevé que s’ils étaient importés Conséquences : le protectionnisme conduit à privilégier des intérêts particuliers de ceux qui bénéficient de la protection au détriment de l’intérêt général.
CONCLUSION : Dès lors , la théorie d’HOS qui justifie la DIT traditionnelle ( les PVD du Sud sont spécialisés dans la production de biens utilisant beaucoup de main-d’œuvre ou des ressources naturelles abondantes alors que les pays du Nord se spécialisent dans les productions qui utilisent intensément le capital ) va montrer que contrairement aux affirmations des
théoriciens de la dépendance ( cf. chapitre Tiers-Monde ) tous les pays et surtout les pays les plus pauvres sont gagnants à l’échange international .
B. L’apport des nouvelles théories de la croissance Les nouvelles théories de la croissance semblent rendre le libre-échange plus nécessaire que jamais : - la théorie de la croissance endogène montre que, plus l’accumulation du progrès technique et des connaissances est élevée, plus forte sera la croissance potentielle, le resserrement des liens économiques entre les pays accroît la propagation des techniques, réduit le risque de duplication d’activités de R-D et génère donc une croissance économique plus forte. afin de réduire leurs coûts de production, les entreprises cherchent à bénéficier de rendements d’échelle qui nécessitent une augmentation des débouchés qui n’est réalisable que par le développement du libre-échange et l’instauration du marché mondial. le libre-échange réduit les distorsions de prix en homogénéisant les prix des entreprises fabriquant les mêmes produits. Dès lors, les entreprises vont être incitées à investir sur les marchés les plus porteurs, ce qui conduira à une amélioration de l’efficience économique et donc à terme de la croissance économique Le rapport de l’OMC de 1998 explicitant la relation entre libéralisation des échanges et croissance économique dans les analyses traditionnelles et modernes
Commerce international et croissance Sommaire Commerce extérieur et croissance dans les modèles traditionnels de la croissance Le commerce international et la croissance dans les nouveaux modèles de la croissance Commerce international et croissance : données empiriques Bibliographie La relation entre libéralisation du commerce international et la croissance économique fait l'objet de recherches théoriques et empiriques et conduisent à de nombreuses interrogations. L'ouverture au commerce international agitelle directement ou indirectement sur la croissance ? Agit-elle positivement ou négativement ? Quels sont les autres facteurs qui interviennent dans la relation ? Comment évalue-t-on le degré d'ouverture de la politique commerciale lorsqu'on procède à une étude empirique ? Une revue de la littérature théorique et empirique. (...) Des observations de plus en plus nombreuses donnent à penser que le principal avantage de la libéralisation du commerce ne se manifeste pas immédiatement mais sur une longue période, en stimulant l'investissement et la croissance. Une variation même modeste du taux de croissance peut entraîner des gains beaucoup plus importants que les gains statiques que nous avons analysés jusqu'à présent. Pour apprécier l'importance des politiques qui sont favorables à la croissance économique, il peut être utile d'examiner combien de temps il faut pour doubler le revenu national avec divers taux de croissance. Par exemple, avec une croissance annuelle de 1 %, il faut près de soixantedix ans. Si des réformes économiques peuvent faire passer le taux de croissance de 1 à 2 %, les revenus doublent en trente-cinq ans seulement(1). Et 2 % est encore un taux de croissance très modeste, du moins pour des pays en développement ayant un grand potentiel de rattrapage. D'ailleurs, avant la récente crise financière, les "tigres" d'Asie orientale avaient enregistré des taux de croissance de 6 à 7 % pendant plusieurs décennies à la suite de la déréglementation de leur économie et de leur intégration dans l'économie mondiale. Avec de tels taux de croissance, le revenu double environ tous les dix ans. Le succès des pays en développement dynamiques dépendant de nombreux facteurs, notamment d'importants investissements dans le capital physique et humain(2), il ne fait guère de doute que l'ouverture sur l'extérieur a joué un rôle essentiel. En fait, la plupart des études empiriques constatent l'existence d'une rétroaction positive entre l'ouverture du régime commercial et la croissance économique. La Banque mondiale (1987) a classé quarante et un pays en développement en quatre catégories selon leur degré d'ouverture commerciale : 1) pays très tournés vers l'intérieur, 2) pays modérément tournés vers l'intérieur, 3) pays
modérément tournés vers l'extérieur et 4) pays très tournés vers l'extérieur. On a ensuite comparé le degré d'ouverture avec le taux de croissance par habitant moyen sur trois périodes, 1963-1973, 1974-1985 et 1986-1992. (La dernière période a été ajoutée par le FMI, 1993). On constate que les pays tournés vers l'extérieur croissent en moyenne plus rapidement que les pays tournés vers l'intérieur. Toutefois, le gain de croissance est moins élevé. En effet, l'étude ne tient pas compte d'autres facteurs et l'indicateur d'ouverture peut saisir l'influence conjointe du régime commercial et d'autres variables omises qui sont corrélées avec le régime commercial. Par exemple, il y a probablement une corrélation entre un bon régime de commerce extérieur et la qualité globale de la politique économique, qui a aussi une influence sur la croissance. D'ailleurs, les études qui tiennent compte d'autres variables constatent que le régime de commerce extérieur a une influence moins prononcée, mais quand même importante. Nous passerons en revue les données empiriques plus loin mais il peut être utile de commencer par la théorie de base : quel est le moteur de la croissance économique et quel est le rôle du commerce extérieur ?
Commerce extérieur et croissance dans les modèles traditionnels de la croissance Les modèles traditionnels (néo-classiques) de la croissance économique considèrent l'accumulation de capital comme le moteur de la croissance(3). On postule que les investissements sont intégralement financés par l'épargne intérieure(4). Le taux d'épargne intérieure joue donc un rôle essentiel pour la croissance. Les pays qui épargnent davantage pourront plus investir et donc croître plus vite. Dans un premier temps, le rendement des investissements est élevé, puis il diminue à mesure que le stock de l'économie augmente. En effet, l'investissement a un rendement décroissant. Par conséquent, le taux de croissance diminue à mesure que le pays s'enrichit. Ce modèle identifie deux raisons fondamentales pour lesquelles différents pays peuvent ne pas parvenir au même revenu par habitant, même à long terme. Premièrement, la productivité des facteurs peut différer pour diverses raisons, la plus évidente étant les différences en capital humain. Il existe une forte corrélation entre le capital humain et le revenu par habitant(5). Les autres variables qui ont une influence sur la productivité et la croissance sont notamment les dépenses publiques (corrélation négative avec la croissance globalement mais positive pour certaines catégories de dépenses comme les dépenses d'éducation et d'infrastructure), l'inflation (corrélation négative en cas de taux d'inflation élevé), le primauté du droit (corrélation positive), les rigidités du marché du travail (corrélation négative), le développement du secteur financier (corrélation positive), et l'ouverture du régime de commerce extérieur (corrélation positive)(6). Deuxièmement, le revenu par habitant augmente avec l'intensité de capital de l'économie et donc indirectement avec le taux d'épargne. Les énormes différences de taux d'épargne, qui vont de moins de 5 % du PIB dans certains des pays les plus pauvres du monde, à plus de 45 % dans certains pays d'Asie de l'Est, sont un facteur essentiel pour expliquer les écarts de taux de croissance et de revenu par habitant entre les différents pays. Tant que ces différences subsistent, il est peu probable que les revenus convergeront à l'échelle mondiale. En fait, jusqu'à présent les revenus ne convergent qu'entre des pays ayant une situation socioéconomique similaire (capital humain, politiques publiques, taux d'épargne, etc.), comme le prédit la théorie. Dans ces modèles, la libéralisation du commerce extérieur peut influencer indirectement la croissance économique. Toute politique qui augmente l'efficience de l'économie, y compris de la libéralisation du commerce, entraînera une croissance plus rapide temporairement, le revenu additionnel se traduisant par une augmentation de l'épargne et de l'investissement(7). Ce processus correspond à une version dynamique du célèbre multiplicateur keynésien, c'est-àdire le mécanisme par lequel une injection d'argent public peut accroître le PIB d'un montant supérieur à l'injection initiale en stimulant l'économie, particulièrement en période de chômage généralisé. Toutefois, l'effet de multiplication des investissements n'est pas suffisant pour expliquer les différences de croissance entre économies ouvertes et économies fermées. Les versions multisectorielles du modèle font apparaître un autre lien entre la croissance et le commerce extérieur(8). Dans ce cadre, l'ouverture au commerce extérieur et la restructuration de l'économie qu'elle accompagne peuvent stimuler la croissance pendant plusieurs décennies, comme cela a été le cas en Asie de l'Est. Les limites de la croissance sont déterminées par la disponibilité de l'épargne intérieure et de l'investissement étranger pour financer les secteurs en expansion et par la saturation du marché mondial. Cependant, une fois l'économie restructurée, les taux de croissance retomberont inévitablement à un niveau plus normal. Il n'en reste pas moins que le pays ne sera peut-être plus pauvre ou du moins plus aussi pauvre qu'avant les réformes commerciales(9). Il convient de souligner que rien dans cette catégorie de modèles ne laisse penser que la libéralisation du commerce extérieur stimulera la croissance de façon permanente. L'impulsion donnée à la croissance finira par s'épuiser une fois l'économie restructurée et intégrée dans l'économie mondiale. Néanmoins, les analyses empiriques montrent que les économies ouvertes croissent plus rapidement que les économies fermées pendant de longues périodes, peutêtre plus longues que ne peut l'expliquer la dynamique du modèle de croissance traditionnel. Cela peut être dû au fait que la concurrence internationale force les entreprises à être plus novatrices et ouvertes à des idées et
technologies étrangères, alors que la protection peut encourager la complaisance et la stagnation technologique. Les modèles de croissance traditionnels, qui traitent le changement technologique comme un processus exogène ou indépendant qui ne réagit pas aux forces du marché et aux politiques publiques, ne comportent pas de lien de ce genre. Il y a là évidemment une abstraction, comme le montre la littérature visant à expliquer la croissance qui attribue une large part de celle-ci au progrès technique, en particulier dans les pays développés où l'accumulation de capital traditionnel n'est plus le moteur de la croissance(10). Ainsi, les modèles de la croissance plus anciens peuvent expliquer certaines observations empiriques, comme la convergence des revenus entre pays similaires, mais ils n'expliquent guère des différences persistantes de taux de croissance ou la façon dont ces diffèrences sont liées à la politique commerciale. Nous allons maintenant passer en revue des modèles plus récents qui apportent un nouvel éclairage à cette question.
Le commerce international et la croissance dans les nouveaux modèles de la croissance Au cours des deux dernières décennies, il y a eu d'importants progrès dans la théorie de la croissance. L'évolution a consisté essentiellement à remplacer le postulat traditionnel d'une progression exogène (indépendante) de la productivité (déterminée par une évolution technique inexpliquée) par un processus endogène (dépendant), déterminé par les forces du marché. Ces modèles sont donc appelés "modèles de croissance endogènes". Ils ont été employés pour étudier les répercussions sur la croissance d'un large éventail de politiques, notamment les politiques fiscales, les politiques de dépenses publiques, les politiques de l'éducation et les politiques commerciales(11). Dans la présente sous-section, nous passerons en revue la littérature qui est directement applicable aux relations entre commerce et croissance. Il convient de souligner toutefois que le commerce extérieur n'est qu'un élément de l'équation de la croissance. Comme on l'a déjà signalé, le grand nombre des variables qui sont corrélées avec la croissance donne à penser que les résultats obtenus par un pays dépendent de la qualité globale de sa politique économique et sociale et notamment de la qualité de son enseignement, de sa stabilité macroéconomique, de son ouverture à l'investissement étranger direct, de la primauté du droit, de la flexibilité du marché du travail, de la qualité des infrastructures, etc. Une politique de libre-échange ne peut certainement pas compenser des défaillances dans d'autres domaines. On peut établir un lien entre les gains de productivité et les forces du marché en postulant un simple processus d'apprentissage par l'expérience : plus un pays fabrique un certain produit, mieux il le fabrique. On connaît bien les exemples de l'assemblage d'avions ou de la fabrication de microprocesseurs, secteurs dans lesquels il est connu que les coûts baissent de façon spectaculaire à mesure que les producteurs acquièrent de l'expérience. Le commerce intervient de deux manières directes. Premièrement, un pays apprendra plus rapidement dans les secteurs en expansion et plus lentement dans les secteurs qui se contractent. L'effet net sur la croissance dépend de la marge d'apprentissage dans les secteurs en expansion comparée à celle qui existe dans les secteurs en déclin. Deuxièmement, si le commerce facilite la diffusion de la technologie, et cela semble de plus en plus probable, les pays apprendront non seulement grâce à l'expérience qu'ils acquièrent en produisant, mais aussi grâce à celle de leurs partenaires commerciaux. Dans un premier temps, les pays qui ont de l'avance dans des industries dynamiques profiteront davantage de la libéralisation du commerce en accroissant leur part de marché dans ces secteurs. Toutefois, les autres pays qui se spécialisent dans des industries traditionnelles et mûres profiteront indirectement de la libéralisation grâce à la baisse des prix d'importation de produits pour lesquels la productivité augmente rapidement. Par exemple, la chute du prix des ordinateurs et autres produits de haute technologie réduit la facture d'importation des pays qui se spécialisent dans les industries mûres et traditionnelles. Ce modèle amène à conclure que tous les pays bénéficient à long terme d'une intensification de la spécialisation internationale car celle-ci accélère l'apprentissage et le progrès de la productivité. Cela est particulièrement vrai si le commerce facilite la diffusion de technologies et de savoir entre les pays. Les modèles fondés sur l'apprentissage par l'expérience sont un peu particuliers car ils considèrent que l'apprentissage n'est qu'un sous-produit de la production. En fait, l'apprentissage n'est pas seulement un effet secondaire, car les entreprises consacrent aussi des ressources importantes à la recherche-développement (R & D) pour trouver de nouvelles manières de produire (innovation concernant les processus) et de nouveaux objets à produire (innovation concernant les produits). Les dépenses de R & D peuvent dépasser 2 % de la valeur ajoutée industrielle dans les pays avancés, parfois beaucoup plus, et de façon générale elles ont tendance à augmenter(12). Plusieurs modèles récents considèrent la R & D comme le moteur de la croissance(13). Un des postulats fondamentaux de ces modèles est que la R & D produit deux types de résultats connexes. Le premier est le nouveau procédé ou produit. Il est admis que l'innovateur reçoit un droit exclusif de commercialisation, par exemple au moyen d'un système de protection par brevet. La protection juridique des droits de propriété intellectuelle est nécessaire pour permettre aux entreprises novatrices de récupérer leurs dépenses de R & D et donc pour les inciter à faire de la R & D. Le second type de résultat consiste en l'information technique qui est incorporée dans les produits
et qu'il peut être beaucoup plus difficile de s'approprier. Par exemple, même si un médicament est protégé par un brevet, l'inventeur ne peut pas nécessairement empêcher les compagnies pharmaceutiques rivales d'en apprendre les principes fondamentaux. Une analyse de la composition chimique et un examen de la demande de brevet et des documents qui l'étayent peuvent permettre d'apprendre à peu près tout ce qu'on peut savoir de ce médicament. Grâce à cette information, les entreprises rivales peuvent mettre au point des médicaments concurrents mais assez différents pour ne pas être visés par le brevet. Dans cette catégorie de modèles, c'est cette interaction entre l'innovation, la diffusion de la technologie incorporée et les nouvelles innovations qui constitue le moteur de la croissance. Toute mesure ayant une incidence sur l'incitation à investir dans la R & D aura aussi des effets sur la croissance économique. L'exemple classique est celui de la protection par brevet qui vise à empêcher les contrefaçons, lesquelles découragent la recherche originale(14). On peut mentionner d'autres exemples, comme les aides publiques visant à favoriser l'enseignement des sciences de la nature, la recherche fondamentale et la diffusion des résultats de la recherche. Les autres instruments couramment employés sont les subventions ou allègements fiscaux accordés aux entreprises privées pour la recherche appliquée. Tous ces instruments agissent plus ou moins directement soit sur le coût soit sur la rentabilité des activités de R & D. En outre, il existe un certain nombre d'instruments indirects qui, d'une façon ou d'une autre, influencent l'incitation à investir dans la R & D, l'un d'entre eux étant la politique commerciale. Comme l'expliquent succinctement Grossman et Helpman (1995), on peut présumer que l'intégration mondiale a une influence tant sur les incitations privées à investir dans la technologie que sur ses retombées sociales. Du côté positif, l'intégration élargit le marché et accroît donc le bénéfice potentiel d'une entreprise qui réussit à inventer un nouveau produit ou procédé. En outre, un pays qui s'intègre dans l'économie mondiale peut souvent tirer avantage d'un apprentissage qui s'est fait en dehors de ses frontières. Du côté négatif, les entreprises mentionnent souvent la concurrence internationale comme étant l'un des grands risques associés à l'investissement dans les technologies avancées et comme un des arguments en faveur d'une intervention accrue des pouvoirs publics dans la mise au point de nouvelles technologies. Dans cette catégorie de modèles, la libéralisation du commerce international peut stimuler l'innovation et la croissance dans une série de pays et les retarder dans d'autres pays. Il est plus probable que l'effet sur la croissance sera positif pour tous les pays participants si le commerce international facilite la diffusion de la technologie et du savoir. Sinon, il y a très peu de résultats qui restent valables lorsqu'on modifie les postulats. Grossman et Helpman (1995) résument l'ambiguïté théorique actuelle en disant que, lorsque les retombées du savoir - qu'il s'agisse de l'apprentissage par l'expérience ou des résultats de la recherche - sont localisées, le commerce international peut freiner le progrès technique dans un petit pays ou un pays qui commence avec un handicap technologique, car les forces de la concurrence font qu'il consacrera ses ressources à des activités plus traditionnelles à faible taux de croissance. En revanche, lorsque le processus d'apprentissage se caractérise par des économies d'échelle dynamiques, les possibilités de gains résultant de l'intégration et du commerce internationaux peuvent être plusieurs fois plus élevés que ne le laissent entendre les modèles statiques du commerce international. Le résultat dépend de la nature et de l'ampleur des retombées technologiques, au sujet desquelles on commence seulement à accumuler des données empiriques.
Commerce international et croissance : données empiriques Comme la théorie ne peut pas dire sans ambiguïté si la libéralisation du commerce, ou l'intégration économique plus généralement, stimule la croissance pour tous les pays, nous allons passer en revue la littérature empirique pour essayer d'y voir plus clair. Il convient de noter d'emblée que la littérature empirique sur le commerce international et la croissance se heurte à plusieurs problèmes conceptuels ainsi qu'à des problèmes de données. Le problème essentiel est l'étalonnage de la politique commerciale, pour lequel il faut traduire les innombrables obstacles au commerce visant des milliers de lignes tarifaires en un indice global d'ouverture du régime de commerce extérieur. Les conclusions de diverses études sont récapitulées dans le tableau ci-contre. La méthode la plus simple pour déterminer le degré d'ouverture d'un pays consiste à utiliser comme indicateur de substitution ses flux commerciaux effectifs, l'idée étant que les économies libéralisées croissent plus vite que celles qui le sont peu. L'existence d'une corrélation positive entre la croissance des exportations et celle du PIB est alors considérée comme une preuve que la libéralisation du commerce stimule la croissance. Plusieurs études ont abouti à des résultats de ce type(15). Le défaut évident de cette méthode est que les flux d'échanges sont au mieux un indicateur imparfait du degré d'ouverture de la politique commerciale. Par exemple, en général, les petits pays exportent et importent davantage que les grands pays, tant pour des raisons d'économies d'échelle que par manque de ressources. Toutefois, les études qui comportent des ajustements pour tenir compte des différences naturelles de la propension à commercer trouvent toujours une corrélation positive entre la croissance et le commerce extérieur, la prime de croissance liée à l'ouverture vers l'extérieur allant de 0,2 point de pourcentage pour les grands
exportateurs de produits manufacturés à 1,4 point de pourcentage pour les petits exportateurs de produits primaires(16). Une autre méthode consiste à déduire le degré d'ouverture en comparant l'écart entre les exportations effectives et celles que prédirait un modèle théorique du commerce extérieur. Si l'écart est positif, on considère que le pays est particulièrement ouvert et vice versa. Les études fondées sur cette méthode ont aussi confirmé l'existence d'une corrélation positive entre l'ouverture du régime de commerce extérieur et la croissance(17). Une autre méthode encore consiste à élaborer un indice d'ouverture sur la base de critères multiples, comme l'importance des obstacles non tarifaires, les taux moyens de droits, l'écart entre le taux de change du marché noir et le taux de change officiel et l'importance des entreprises commerciales d'État. Une étude employant cette méthode a montré que les économies ouvertes croissent de 2 à 2,5 points de pourcentage par an plus vite que les économies fermées, après ajustement pour tenir compte des autres facteurs(18). Une étude similaire a montré que les économies ouvertes convergent progressivement vers un niveau de revenu plus élevé que les économies fermées(19). Enfin, il existe encore une autre méthode consistant à mesurer l'ouverture en comparant les prix intérieurs et les prix internationaux. Les pays dans lesquels les prix relatifs sont les plus proches des prix mondiaux enregistrent une croissance nettement plus rapide(20). En particulier, les petits pays pauvres en ressources semblent souffrir des restrictions à l'importation, probablement parce que leur production est davantage tributaire des intrants étrangers. La robustesse (sensibilité) de ces résultats a été vérifiée dans plusieurs études employant des indices multiples d'ouverture au commerce extérieur. Quel que soit l'indice, la méthode d'estimation et la période, la corrélation entre le degré d'ouverture et la croissance est dans la plupart des cas positive et, lorsqu'elle est négative, c'est dans des proportions statistiquement insignifiantes(21). En outre, il semble y avoir un cercle vertueux de libéralisation et de croissance : les périodes de forte croissance semblent encourager l'ouverture des marchés (probablement parce que la croissance atténue les problèmes d'ajustement et réduit la résistance aux changements) et l'ouverture des marchés elle-même favorise la croissance(22). Certains auteurs se sont demandés si la corrélation entre commerce et croissance était valable pour les pays les moins avancés, soutenant qu'il faut avoir atteint un certain niveau de développement pour pouvoir pleinement tirer parti des avantages du commerce international(23). Il existe en effet quelques études relativement anciennes qui donnent à penser que la corrélation est plus forte pour les pays à revenus moyens que pour les pays à bas revenus(24). Toutefois, il s'agit probablement d'une constatation non valide liée au fait que les politiques économiques pratiquées dans les pays à revenus moyens sont plus cohérentes et sont poursuivies plus longtemps, ce qui laisse aux effets sur la croissance le temps de se manifester. En effet, des études plus récentes tenant compte d'un ensemble plus large de variables affectant la croissance ne constatent aucun affaiblissement de la corrélation entre commerce et croissance même pour les pays les plus pauvres d'Afrique subsaharienne(25). Corrélation entre commerce et croissance sur la base de comparaisons entre différents pays Source et pays couverts Indice d'ouverture au commerce Résultats Michaely (1977),pays Taux de croissance de la part des Corrélation positive (rang) entre les en développement. exportations. exportations et la croissance. Á La corrélation est plus marquée dans un souséchantillon de pays à revenus moyens. Feder (1983),pays Croissance des exportations pondérées Liens positifs entre la croissance du PIB et semi-industriels. par la part des exportations. la croissance des exportations. Syrquin et Chenery Part des exportations dans le PIB après Le taux de croissance est plus élevé pour les (1989),pays divers. ajustement pour tenir compte de la taille pays ouverts sur l'extérieur dans tous les du pays et de la spécialisation des sous-groupes : petits exportateurs de produits exportations. primaires, grands exportateurs de produits primaires, petits exportateurs de produits manufacturés, grands exportateurs de produits manufacturés. Á Le gain de croissance dû à l'ouverture vers l'extérieur est compris entre 0,2 et 1,4 point de pourcentage. Balassa (1985),pays Indice d'ouverture sur le commerce Les pays tournés ves l'extérieur croissent en développement. extérieur défini sur la base de la plus rapidement. différence entre les exportations effectives et prédites. Edwards (1992),pays Indice d'ouverture de Leamer (1988) Les pays plus ouverts (moins en développement. fondé sur l'écart entre le commerce prédit interventionnistes) ont tendance à croître et le commerce effectif. plus rapidement. Á Ce résultat est confirmé par huit autres indicateurs de politique
Banque mondiale (1987),pays en développement. Sachs et Warner (1995),pays divers.
Les pays sont classés en quatre groupes : fortement tournés vers l'intérieur, modérément tournés vers l'intérieur, modérément tournés vers l'extérieur, fortement tournés vers l'extérieur. Indice ouvert/fermé sur la base de cinq critères (voir texte).
Proudman, Redding et Bianchi(1997), pays divers.
Indice ouvert/fermé sur la base de plusieurs mesures de l'orientation de la politique de commerce extérieur.
Barro (1991), divers.
Indice de distorsion des prix des biens d'équipement (écart à parité de pouvoir d'achat par rapport à la moyenne de l'échantillon pour les biens d'équipement).
pays
Dollar (1992),pays en développement.
Distorsion du taux de change.
Easterly (1993), pays divers.
Indice mesurant la distorsion entre les prix relatifs du marché mondial et les prix relatifs intérieurs.
Lee (1993), divers.
Indice mesurant à quel degré le commerce est faussé par rapport au niveau qu'il atteindrait en régime de libreéchange du fait des distorsions introduites par le taux de change réel et les droits de douane Indice d'ouverture au commerce
pays
Source et pays couverts Harrison (1995), pays en développement.
Sept indices : libéralisation du commerce extérieur (1960-1984), (1978-1988), prime du marché noir, part du commerce, distorsion du taux de change réel, évolution vers les prix internationaux, distorsions au détriment de l'agriculture.
commerciale sur neuf. Les pays tournés vers l'extérieur ont tendance à croître plus rapidement.
Les pays ouverts croissent plus rapidement que les pays fermés, avec un écart de 2 à 2,5 points de pourcentage. Á Dans les pays ouverts, le ration d'investissement est plus élevé, la situation macroéconomique est plus équilibrée et le secteur privé joue un plus grand rôle en tant que moteur de la croissance. Les pays ouverts convergent vers un niveau de revenus plus élevé. Á Ces différences subsistent même lorsqu'on tient compte des différences dans le niveau relatif de l'investissement. La distorsion des prix des biens d'équipement réduit la croissance. Á Les coefficients calculés indiquent que lorsque l'écart à parité de pouvoir d'achat par rapport à la moyenne de l'échantillon augmente d'un écart type, le taux de croissance diminue de 0,4 point de pourcentage. Le taux de croissance par habitant moyen dans le quartile des pays (principalement asiatiques) dans lesquels la distorsion était la plus faible était de 2,9 % ; dans le deuxième quartile, le taux de croissance était de 0,9 %, dans le troisième il était de - 0,2 % et dans le quatrième de - 1,3 %. Á Si la distorsion du taux de change réel était ramenée au niveau observé en Asie, le taux de croissance augmenterait de 0,7 point de pourcentage en Amérique latine et de 1,8 point de pourcentage en Afrique. Plus la distorsion est grande, plus la croissance diminue. Lorsque la distorsion augmente d'un écart type, le taux de croissance diminue de 1,2 point de pourcentage. Le taux de croissance augmente lorsque la distorsion diminue. Á Les distorsions du commerce extérieur réduisent davantage la croissance dans les petits pays pauvres en ressources que dans les grands pays riches en ressources. Résultats Tous les indices statistiquement signifiants font apparaître une corrélation entre un régime de commerce extérieur libéral et la croissance du PIB. Le lien de causalité entre le libéralisme commercial et la croissance existe dans les deux sens. Avec un décalage dans le temps, le niveau de la croissance
Edwards (1997), pays divers.
Matin (1992), Afrique subsaharienne.
Neuf indices : indice d'ouverture de Sachs-Warner (1995), indice d'ouverture vers l'extérieur de la Banque mondiale (1987), indice d'ouverture de Leamer (1988), prime du marché noir, droit d'importation moyen sur les produits manufacturés, champ d'applica tion des obstacles non tarifaires, indice des distorsions du commerce de la Heritage Foundation, ratio du produit des impôts sur le commerce, indice de Wolf (1993) de la distorsion des importations Quatre indices : part du commerce extérieur, prime du marché noir, indice de libéralisation du commerce extérieur, distorsion du taux de change réel.
Levine et Renelt (1992), pays divers.
Analyse de sensibilité pour des indices multiples avec régression interpays.
Gallup et Sachs (1998), pays divers.
Indice de Sachs-Warner (1995).
Coe et Helpman (1995),OCDE.
s.o.
Keller (1997), OCDE.
s.o.
Balasubramanyam, Salisu et Sapsfort (1996), pays en développement.
Indicateur d'ouverture de la Banque mondiale.
explique de façon significative le degré d'ouverture de l'économie et réciproquement. Il y a une corrélation positive entre les indices d'ouverture et la croissance de la productivité totale des facteurs, et une corrélation négative avc l'image symétrique des indices de distorsion du commerce. Le commerce n'est pas la variable la plus importante pour expliquer les différences de croissance entre pays ; le PIB initial et le capital humain jouent un rôle plus important. Á Les données font apparaître une convergence conditionnelle. Tous les indices qui sont statistiquement significatifs font apparaître une relation positive entre un régime de commerce extérieur libéral (faible distorsion) et la croissance. Á Le lien entre le degré d'ouverture et la croissance est aussi fort pour les pays d'Afrique subsaharienne que dans l'échantillon témoin d'autres pays africains. Nette corrélation positive entre la croissance et la part de l'investissement dans le PIB. Á Nette corrélation positive entre la part de l'investissement dans le PIB et la part du commerce dans le PIB. Á Lien à deux maillons reliant le commerce à la croissance par le biais de l'investissement. Il y a une corrélation positive entre l'indice d'ouverture et la croissance, après ajustement pour tenir compte des autres facteurs. Á En outre, les facteurs géographiques qui rendent le commerce plus coûteux réduisent la croissance. La croissance des pays sans littoral est inférieure de 0,9 point de pourcentage à celle des pays côtiers. La productivité intérieure est influencée positivement par la somme, pondérée par les importations, du stock de R & D des partenaires commerciaux. Le commerce extérieur facilite la transmission intersectorielle et intrasectorielle de la productivité. La réduction des obstacles au commerce renforce l'efficience de l'IED et, indirectement, la croissance.
Il y a aussi quelques études qui cherchent à déterminer exactement pourquoi les économies ouvertes croissent plus vite que les économies fermées. L'une des conclusions, conforme aux modèles traditionnels de la croissance, est que la libéralisation du commerce extérieur stimule l'investissement et donc indirectement la croissance économique(26). En outre, il semble qu'un régime de commerce extérieur ouvert améliore la qualité des investissements. Une étude portant sur trente-quatre pays en développement a montré que les investissements étrangers directs avaient un impact positif sur la croissance pour les pays tournés vers l'extérieur et n'en avaient pas pour les pays tournés vers l'intérieur(27). En outre, on a de plus en plus d'indices montrant que le commerce induit des transferts de technologie, ingrédient important dans les modèles de croissance endogène. Une étude a montré que la productivité des facteurs intérieurs était positivement influencée par la somme des dépenses de R & D des
partenaires commerciaux pondérée par les importations(28). Une autre étude a montré que les dépenses étrangères de R & D dans une branche de production améliorent la productivité nationale dans la même branche, mais aussi dans d'autres branches de production connexes en amont ou en aval(29). Cette constatation confirme l'idée que le commerce facilite la diffusion de la technologie dans le monde et renforce la conclusion selon laquelle il a des effets positifs sur la croissance des pays qui s'intègrent dans l'économie mondiale. En résumé, un large éventail d'études très différentes les unes des autres arrivent toutes à la même conclusion fondamentale, à savoir qu'un régime de commerce extérieur ouvert stimule la croissance. En outre, la littérature empirique infirme le point de vue pessimiste selon lequel la libéralisation du commerce compromet les perspectives de croissance des pays en développement. Au contraire, les pays en développement ouverts ont des résultats nettement meilleurs que les pays en développement fermés. Enfin, il ne faut pas oublier qu'un régime de commerce extérieur ouvert n'est pas une panacée ; pour que les forces productives de l'économie puissent se déployer sans entrave, il faut que les autres éléments de la politique économique s'y prêtent. (...) Source : Rapport annuel 1998 de l'OMC
II. L’exemple des pays d’Asie du sud-est : la stratégie de promotion des exportations A la fin des années 50, les meilleurs experts de l’ONU prévoyaient un avenir brillant au Congo belge riche en matières premières et était très pessimiste pour la Corée du Sud. Or, depuis 60, le revenu par tête du Zaïre, ex Congo belge, a régressé de plus de 2 % par an , alors que celui de la Corée du Sud a progressé de plus de 7% par an .Cela s’explique par l’adoption par la Corée d’une stratégie cde promotions d’exportations . Pour une analyse plus développée par G.Grellet : G.Grellet écrit : « à l’encontre de l’ancienne orthodoxie des années 50 et 60 (dominée par le Tiers-Mondisme structuraliste ou marxiste), les années 80 auront vu apparaître ce que nous pouvons appeler une nouvelle orthodoxie. (... ) Selon celle-ci, la compréhension des phénomènes de croissance est fondée sur les 3 postulats suivants : • la croissance des nations est fortement dépendante de leur ouverture vers l’extérieur • l’offre globale dépend de l’allocation des ressources rares ; celle-ci est optimale dans un marché concurrentiel, soumis aux impulsions du marché mondial • le développement est d’autant plus rapide que les incitations des agents sont socialement compatibles Remarque :On notera que ces postulats contredisent point par point l’ancienne orthodoxie , le marché mondial devient source de croissance , et l’Etat source de mauvaise allocation des ressources . » A. Constat Une étude de la Banque mondiale comparant les résultats de 41 pays orientés vers l’intérieur et vers l’extérieur constate que les résultats en terme de taux de croissance, de taux d’épargne, d’inflation et de création d’emplois sont d’autant plus satisfaisants que le taux d’ouverture ( X+M / 2 PIB ) x 100 est élevé . Pour la comparaison des résultats des deux stratégies : ISI et SPE Comme l’indique G.GRELET , le passage du paradigme de l’introversion ( stratégie d’ISI ) à celui d’extraversion ( stratégie de SPE ) s’explique par l’analyse des résultats comparés des 2 modèles : • « les grands pays introvertis comme l’Inde ou la Chine ne connurent (dans les années 70) que des résultats médiocres .
•
A l’opposé, quelques pays très extravertis comme Taiwan , Hong Kong ou Singapour réussirent des percées fulgurantes dans un contexte international par ailleurs difficile » . B. Explications 1.
Une stratégie basée sur l’analyse libérale
La stratégie de SPE prend le contre-pied systématique de celle d’ISI. Gillis écrit ainsi : « une prescription utile pour les politiques de SPE est de faire tout ce qui est évité par le régime de substitution d’importations. » Les gouvernements vont ainsi appliquer : a. des politiques de dévaluation compétitive Elles vont, à la fois leur permettre d’améliorer : • la compétitivité-prix de leurs produits donc d’augmenter les exportations • mais aussi, selon Balassa, permettre une substitution d’importations (plus forte paradoxalement que dans la stratégie d’ISI). Car, les produits nationaux sont moins chers que les produits importés (grâce à la dévaluation et aux économies d’échelle permises par le développement des exportations). b. une réduction des tarifs douaniers Celle-ci incite les entrepreneurs nationaux à se spécialiser en fonction de leurs avantages comparatifs, c’est-à-dire principalement dans le cas des NPI d’Asie dans les industries utilisant intensément la main-d’oeuvre nombreuse et qualifiée dont ils disposent à faible coût. L’allocation des ressources est donc beaucoup plus optimale qu’elle ne l’est dans la stratégie d’ISI c.
des prix reflétant les raretés relatives
Ce dernier point est d’autant plus renforcé que les gouvernements s’efforcent de mettre en place des prix ( des biens , des services et des facteurs de production ) qui reflètent les raretés relatives . On a en effet, constaté, selon J.Brasseul , que s’il ne s’agit pas d’une condition suffisante au développement , remettre de l’ordre dans les prix constitue un point de départ indispensable , une condition nécessaire . Cette stratégie semble donc reposer sur une logique libérale, puisqu’elle repose apparemment sur la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, qui énonce que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il dispose d’un avantage par rapport à ses concurrents. 2.
mais adaptée au cas des pays d’Asie du sud-est
Or, les NPI d’Asie : - ne disposaient pas de ressources naturelles leur permettant de développer une spécialisation dans l’exportation de matières premières. Comme ils disposent, de plus , d’une population relativement restreinte ( en particulier Hong Kong et Singapour qui sont des pays villes ) , la production pour le marché intérieur et les stratégies d’ISI qui furent appliquées à la fin des années 50 montrèrent rapidement leurs limites . - La seule solution qui s’imposait à eux (la notion de volontarisme est donc à relativiser) est d’utiliser leur seule richesse, c’est-à-dire leur main d’oeuvre pour produire des biens nécessitant une utilisation intensive du travail à destination des PDEM (le textile, l’électronique, ...) Ces pays suivaient, avec 20 ans de retard, la stratégie développée par le Japon. Comme celui-ci , la réussite du modèle ( basé contrairement au modèle allemand du XIX° siècle et soviétique du XX° sur les industries de
consommation , comme l’Angleterre au XVIII° ) a engendré une augmentation du coût du travail , au fur et à mesure du développement ( les NPIA appartiennent aujourd’hui à l’OCDE et sont donc des pays développés ) , donc a nécessité une adaptation . Conformément au modèle japonais , les NPIA ont donc délocalisé les productions nécessitant beaucoup de main d’oeuvre vers les tigres d’Asie ( Thaïlande , Indonésie , ... ) et ont opéré une stratégie de remontée de filières qui permet à la fois de s’implanter sur des marchés à plus forte valeur ajoutée et d’opérer une industrialisation plus complète de leur tissu productif ( la spécialisation passant des biens de consommation courants aux biens de consommation élaborés et aux biens d’équipement ). Pour voir les stratégies traditionnelles du développement :
- le rôle central de l’investissement l’analyse libérale du développement : Un rapport de l’ONU explicite parfaitement quel rôle les théoriciens libéraux accordent à l’investissement : • « l’accumulation du capital peut être considérée comme un processus central , par lequel tous les autres aspects du développement deviennent possibles » . • Une forte augmentation du taux de l’investissement est ainsi considérée comme une condition impérative pour que les PVD puissent décoller et engager un processus de croissance ( selon Rostow , le taux doit passer de 5 à 10 % ) . • Les théoriciens du big push , en particulier Rosenstein-Rodan, considèrent que la brusque élévation de l’investissement engendrera un cercle vertueux : hausse de l’investissement → augmentation de l’efficacité des entreprises → gains de productivité→ hausse du revenu → hausse de l’épargne → hausse de l’investissement Constat :L’effort d’investissement réclamé dans les premières phases du processus est plus prononcé que dans les suivantes . Il existe un seuil minimal d’investissement en déca duquel les espoirs de démarrage sont illusoires .Selon C. Albagli , le taux d’investissement nécessaire pour connaître un rythme de croissance annuel de 2 % est au minimum de 21 %. Problèmes : Mais on retrouve alors la théorie de Nurske ( les cercles vicieux ) qui pose le problème du financement de ces investissements . Comment le pays peut-il par ses propres capacités générer une épargne suffisante pour assurer le décollage ? D’autant plus que l’on sait , que : • dans les sociétés agraires , l’épargne est faible et dépensée ostentatoirement , • que le travail n’occupe pas une place centrale ( la valeur relative du travail , dans le système de valeurs , n’incite guère à dégager une épargne motivée par l’investissement productif ). Solutions : 2 courants s’opposent alors pour trouver les fonds finançant les taux d’investissement : • selon certains auteurs , une révolution agricole devrait permettre d’assurer un financement interne . Ils reprennent l’exemple anglais , selon lequel celle-ci est un préalable au décollage économique . • d’autres auteurs rétorquent que le pays étant pauvre , il ne peut assurer un taux d’épargne suffisamment élevé et donc , il doit , au préalable , compter sur l’apport de capitaux extérieurs -
le rôle des progrès agricoles
Les PVD se caractérisent par le poids très important de la population travaillant dans l’agriculture . Il est donc bien évident qu’un processus de croissance et de développement ne peut être engagé s’il laisse de côté la majeure partie de la population . P.Bairoch écrit ainsi : « il est impossible de concevoir un développement économique rapide sans
une industrialisation accélérée , mais celle-ci n’est possible que grâce à la progression rapide de la demande intérieure dans laquelle la demande rurale joue un rôle prépondérant . » Ce schéma peut être actualisé en tenant compte des éléments suivants : • l’accroissement de la production agricole permet de développer les exportations qui accroissent les entrées de devises nécessaires pour importer les technologies en provenance des PDEM . On comprend mieux pourquoi les pays qui , suivant le modèle soviétique , ont sacrifié l’agriculture au bénéfice de l’industrie , en appliquant un schéma de croissance déséquilibrée ( l’augmentation des taux d’investissement dans le secteur des biens d’équipement est financée par la confiscation des recettes issues de l’agriculture ) n’ont pas pu engager un véritable processus de croissance . • l’augmentation très rapide de la population ( cf chap croissance démographique et développement ) rend d’autant plus impérieuse la modernisation de l’agriculture , permettant de dégager des surplus ( cf révolution verte ) . Problèmes : Néanmoins , considérant le niveau élevé des investissements nécessaires pour engager le décollage économique , de nombreux auteurs considèrent que les capacités internes du pays à dégager un surplus et une épargne ne sont pas suffisantes . Solutions : Il faut alors faire appel aux capitaux extérieurs , qui peuvent prendre 2 formes : • une aide , réalisée sous formes de dons ou de prêts réalisés à faible taux d’intérêt . • un endettement extérieur . -
l’appel au financement extérieur
1°) L’AIDE EXTERIEURE .(27 p 325) a – DEFINITION DE L’AIDE Constat : Paradoxalement , « l’aide au développement apportée par les pays industrialisés à ceux qui ne le sont pas , est une idée relativement neuve . : • Jusqu’à la seconde guerre mondiale , la doctrine des puissances coloniales est que les colonies doivent se suffire à elles-mêmes sans subsides de la métropole . » • Par contre , après 1945 , un accord se fait sur une idée simple : les économies sous-développées ne disposant que de faibles revenus , la production augmentant avec la capacité de production il fallait investir et l’aide des PDEM s’avère alors absolument nécessaire comme l’écrit H.B.Chènery: « l’assistance de l’étranger favorise le développement » . L’aide publique peut prendre diverses formes : • On distingue l’aide bilatérale versée directement de pays à pays de l’aide multilatérale qui passe par les organisations internationales comme la Banque mondiale ou le FED (fonds européen de développement) • L’aide peut être liée ( sujette à être dépensée dans le pays donateur ) ou libre (cas beaucoup moins fréquent) • elle peut être spécifique ( destinée à un projet précis ) ou générale • en nature (ex apport de technologie ou de produits agricoles (en cas de famine) ou financière . Constat : L’effort des pays riches est très variable : L’aide publique au développement a, pour la première fois, dépassé la barre des 100 milliards de dollars en 2005 (81,7 milliards d'euros), pour s'établir à 106,5 milliards de dollars, selon les chiffres publiés, mardi 4 avril, par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ce record est en partie dû à l'allégement de la dette de l'Irak et du Nigeria (19 milliards de dollars) et à l'aide versée aux victimes du tsunami en Asie du Sud-Est (2,2 milliards de dollars). Parmi les pays riches, les Etats-Unis se sont montrés les plus généreux, avec 27,5 milliards de dollars distribués, une hausse de 35,6 % en termes réels. "Abstraction faite de l'allégement de la dette de l'Irak, cette augmentation s'explique principalement par l'aide à la reconstruction consentie à l'Irak (3,5 milliards de dollars), l'aide à la reconstruction et aux programmes de lutte contre les drogues accordée à l'Afghanistan (1,5 milliard de dollars) et l'aide à l'Afrique subsaharienne", détaille l'OCDE. Le Japon est ainsi le deuxième donateur (13,1 milliards de dollars). Il devance le Royaume-Uni (10,8 milliards de dollars) et la France (10,1 milliards). Viennent ensuite l'Allemagne (9,9 milliards), les Pays-Bas (5,1 milliards) et l'Italie (5,05 milliards). Ce classement de la générosité des pays riches est différent si l'on prend en compte un autre critère, celui du pourcentage que représentent les dons par rapport au produit intérieur brut (PIB). LA NORVÈGE, LA PLUS PRODIGUE Les pays scandinaves sont des modèles en la matière. La Norvège est la plus prodigue, avec un ratio aide/PIB de 0,93 %, devant la Suède (0,92 %), le Luxembourg (0,87 %), les Pays-Bas (0,82 %) et le Danemark (0,81 %). La France est au neuvième rang (0,47 %), derrière le Royaume-Uni (0,48 %), mais devant la Suisse (0,44 %) et l'Allemagne (0,35 %). "L'aide publique au développement globale des quinze pays européens a augmenté de 27,9 % en termes réels, s'établissant à 55,7 milliards de dollars, équivalant à 0,44 % du PIB cumulé", note l'OCDE, qui rappelle que ces pays se sont engagés, en 2002, à respecter un objectif minimal de 0,33 %. "L'Espagne, la Grèce, l'Italie et le Portugal doivent augmenter leur aide s'ils veulent atteindre cet objectif", observe l'Organisation. L'Italie a un ratio de 0,29 %, ce qui la place devant le Japon (0,28 %) et les Etats-Unis. Avec 0,22 % en 2005, ces derniers n'ont jamais été aussi généreux depuis 1986. Source : P Delhommais, , p^lus de 100 milliards de dollars pour les pays pauvres in Le Monde, 05-04-06. b – LES EFFETS DE L’AIDE Un espoir : Dans les années 60 , des organisations comme le FED ou la Banque Mondiale pensaient que l’aide allait quasi automatiquement assurer un décollage économique . Une déception : Mais , comme l’indique J.J.Giri : « manifestement l’aide n’a engendré en Afrique , ni décollage , ni développement autoentretenu. Dans certains cas , elle n’a même jamais engendré aucun développement du tout , et certains pays d’Afrique se retrouvent plus pauvres , dans les années 80 que dans les années 60 » . Conséquences : Ceci a conduit certains auteurs à affirmer que l’aide ne sert à rien et peut même engendrer des effets pervers ( doc 6 p 89 ) : • Pour S.Brunel , l’aide ne sert pas à accroître la capacité productive du pays ; elle est utilisée - soit pour construire des ouvrages de prestige sans but économique ( le Transgabonais ) , soit à acheter des usines clés en main trop élaborées qui ne peuvent s’adapter aux conditions du pays . la maintenance est alors très difficile à assurer , car la main-d’œuvre est insuffisamment qualifiée ,la capacité de production est très largement supérieure aux capacités d’absorption du marché . Ainsi la production qui subit la concurrence des produits des pays riches est de mauvaise qualité , à un prix plus élevé ( déseconomies d’échelles , en raison du faible taux d’utilisation des capacités de production ) . - Les usines sont donc à terme condamnées : l’aide ne s’est donc pas traduite par une création de richesses supplémentaires .
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l’aide n’a pas transformé en profondeur les mentalités , elle a seulement servi à greffer artificiellement une façade moderne sur une société demeurée traditionnelle ; elle a donc , par là , contribuer au dualisme , opposant la majeure partie de la population perpétuant ses méthodes ancestrales à une minorité qui survit grâce à une injection continue de fonds en provenance des PDEM
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les auteurs libéraux sont les plus critiques : ils considèrent , reprenant les thèses de Ricardo et de Malthus ( cf chap croissance démographique et développement ) que l’aide maintient les assistés dans la pauvreté en désincitant au travail et à l’épargne ( les dons de produits agricoles concurrencent la production nationale et ruinent les petits producteurs ). Comme l’écrit Bauer : « à la vérité , aider les responsables politiques sur la base de la pauvreté de la population a plus de chances d’encourager les politiques d’appauvrissement que d’y faire obstacle » (d’autant plus que les sociétés n’étant pas démocratiques , l’aide est détournée par des dirigeants corrompus).
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les auteurs marxistes , quant à eux , pensent que l’aide n’est qu’un moyen de maintenir la domination impérialiste dans le tiers-monde. L’étude des donateurs montre que ceux-ci orientent et concentrent leur aide sur les pays qu’ils veulent influencer ( la France aide surtout ses anciennes colonies).
Relativisation : Pourtant , comme l’écrit J.Brasseul: « ces critiques en forme de brillants paradoxes peuvent bien contenir une part de vérité , mais elles oublient que l’aide a quand même des effets positifs , et surtout qu’en son absence , de nombreux pays ne pourraient simplement plus fonctionner » . Conclusion : Ce n’est donc pas le principe de l’aide qui ne doit pas être remis en cause , mais les arrière-pensées qui en sont à l’origine de la part des PDEM et la façon dont elle est utilisée par les PVD : • Si l’aide sert à financer des projets clairement définis et dont la rentabilité ou l’utilité est clairement démontrée ( construction d’infrastructures , éducation de la population ) elle s’avérera favorable . • D’autant plus que son versement peut être soumis à conditions : le PDEM peut ainsi inciter le PVD à assurer un passage à un régime démocratique ou à appliquer des réformes économiques - le recours à l’endettement extérieur a ) LE DEVELOPPEMENT PAR L’ENDETTEMENT Constat : on peut établir la périodisation suivante : • Jusqu’au début des années 70 , la principale source de financement extérieur des PVD est l’aide publique versée par les Etats ou les organisations internationales . • Mais des déterminants conjoncturels vont amener un tarissement de l’aide publique et un développement du financement par l’endettement . En effet , les chocs pétroliers de 73 et de 79 vont : - être à l’origine d’une réduction de la croissance des PDEM , d’une explosion de leurs déficits commercial et public qui vont conduire leurs dirigeants à réduire leur effort d’aide aux PVD - or , dans le même temps , les pays exportateurs de pétrole bénéficient , à la suite du quadruplement de son prix , d’une forte augmentation de leurs recettes qu’ils ne peuvent absorber et qu’ils vont donc placer , contre rémunération , dans les banques des PDEM .On assistera alors au développement des pétrodollars qui succéderont aux eurodollars résultant de la crise du Système Monétaire International . Analyse libérale du financement du développement : Ces raisons conjoncturelles vont bénéficier du renouveau des théories libérales durant les années 70 - 80 . En effet , pour la théorie économique classique : l’endettement est un phénomène normal pour les PVD : on peut , en fonction du stade de développement auquel se situe le pays caractériser son besoin de financement ( son degré d’endettement ) ou sa capacité de financement : • première phase : emprunteur jeune : - les PVD , pour connaître une croissance économique doivent importer des biens d’équipement alors que leurs capacités d’exportation sont réduites . Leur Balance Commerciale est donc déficitaire . Pour financer ce déficit , ils ne peuvent faire appel à l’épargne intérieure ( cf Nurske ) , ils doivent s’endetter .
Un pays se situant au stade de l’emprunteur jeune se caractérise donc par une Balance Commerciale déficitaire et une Balance des Capitaux et des Paiements excédentaires . deuxième phase : emprunteur évolué : - grâce à l’endettement et aux importations de biens d’équipement , le pays peut assurer un décollage économique , lui permettant de développer ses capacités de production , donc de réduire ses importations et d’accroître ses exportations de biens . - A ce stade , sa Balance Commerciale devient donc excédentaire , ce qui lui permet de rembourser ses dettes , sa Balance des capitaux et des Paiements devient donc déficitaire . troisième phase : prêteur jeune : - le pays développe ses exportations , connaît une croissance économique forte , sa Balance Commerciale voit donc son excédent augmenter , le pays peut donc désormais prêter des capitaux , sa Balance des Capitaux et des Paiements continue à être déficitaire , mais pour des raisons différentes ( prêts et non plus remboursement d’emprunts ). quatrième phase : prêteur évolué : - le pays est désormais un PDEM : sa Balance Commerciale devient , à terme , déficitaire . Mais grâce aux entrées de devises issues de ses placements à l’étranger , le pays connaît un excédent de sa Balance des Capitaux et des Paiements . -
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Constat : Ce découpage correspond au modèle américain : - emprunteur jeune au XIX° , - emprunteur évolué fin XIX ° début XX° , - prêteur jeune de 1918 à 1950 , - prêteur évolué jusqu’en 1971 . - A partir de cette date , les EU connaissent à la fois un déficit de leur Balance Commerciale et un excédent de leur Balance des capitaux , puisqu’ils font appel aux capitaux étrangers : la boucle semble bouclée . Conclusion : La vision libérale montre donc bien que l’endettement est source de développement économique , et donc , que contrairement à l’adage populaire , l’endettement n’est pas mauvais en soi pourvu qu’il contribue à créer des richesses : le taux de croissance de l’économie ( qui détermine sa capacité de remboursement ) doit être supérieure au taux d’intérêt réel ( qui détermine le prélèvement opéré sur l’économie ) . Relativisation : Mais cette vision très optimiste montrera ses limites , quand elle sera confrontée à la réalité . Elle conduira , au début des années 80 , de nombreux PVD à se déclarer en cessation de paiements .
3°) LA CRISE DE L’ENDETTEMENT . a ) LES CAUSES CONJONCTURELLES . Principe de base : Comme nous l’avons vu plus haut , l’endettement est viable tant que les richesses créées sont supérieures aux montants à rembourser (c’est-à-dire si le taux de croissance économique est supérieur au taux d’intérêt réel ) . Constat : On peut opérer la périodisation suivante : • Or , si dans les années 70 , les taux d’intérêt réels étaient faibles voire négatifs et la croissance espérée par les PVD forte ; • un retournement de conjoncture s’opéra dans les années 80 : les taux d’intérêt réels ( taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal - taux d’inflation ) augmentèrent , les taux de croissance chutèrent . Plusieurs déterminants se cumulèrent pour plonger les PVD dans la crise : - à partir des années 80 , les EU suivis par l’ensemble des PDEM décidèrent de lutter contre l’inflation ; ils mirent alors en oeuvre des politiques de restriction monétaire inspirées des préceptes monétaristes .
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L’offre de monnaie fut réduite par les autorités , ce qui entraîna une hausse des taux d’intérêt nominaux ; simultanément ,l’inflation baissa , ce qui détermina une forte hausse des taux d’intérêt réels . or , la dette , dans la majorité des cas ,était rémunérée à taux variable ou flottant ( 70 % de la dette était contractée à taux flottants et 80 % libellée en dollars) . Les banques limitaient ainsi , en théorie , le risque qu’elles couraient en prêtant à long terme des capitaux qui étaient placés à court terme par les pays de l’OPEP .La hausse des taux d’intérêt réels s’appliqua donc aux dettes émises durant les années 70 , période durant laquelle on n’anticipait pas de remontée des taux d’intérêt .Les PVD furent donc incapables de supporter la charge de la dette venant à échéance . D’autant plus que les politiques de rigueur appliquées dans les PDEM , contrairement aux attentes des économistes libéraux plongèrent les pays industrialisés dans la récession : leurs capacités d’importation diminuèrent , et par là même , les exportations des PVD .
Conclusion : Cet effet de ciseaux ( de nature conjoncturelle ) a révélé les choix souvent irrationnels des investissements opérés par les PVD dans une période d’euphorie et acceptés par les banques prêteuses ( qui sont donc en partie responsables ). Ces erreurs qui étaient sans conséquence dans les années 70 eurent , dans les années 80 , des conséquences dramatiques . b ) LES CAUSES STRUCTURELLES . Constat : Contrairement aux prévisions des théoriciens qui attendaient de l’augmentation des taux d’investissement et d’endettement une hausse quasi automatique de la croissance , on a pu constater qu’entre 1973 et 1982 l’élévation des taux d’endettement ne s’est pas traduite par une hausse comparable ni des taux d’investissement , ni des taux de croissance. Explications : Ceci s’explique par les raisons suivantes : • la dette a servi à financer le déficit commercial ; pour les PVD ce déficit ne provient pas essentiellement de l’achat de biens d’équipement mais résulte de l’évolution des relations commerciales et financières . La moitié de l’augmentation de la dette provient de l’accroissement du prix du pétrole , un quart de la détérioration des termes de l’échange . • la plus grande partie de la dette n’est pas placée dans le pays mais détournée par les dirigeants pour être placée sur des comptes bancaires privés , notamment aux Etats Unis car la rémunération y est plus forte .Ainsi la population va devoir contribuer au remboursement d’une dette,, accepter des plans d’ajustement structurel alors que les emprunts ont été confisqués par les élites dirigeantes . Ainsi , au Venezuela , entre 72 et 82 , la fuite des capitaux a représenté 136,6 % des importations brutes de capitaux . Conclusion : Donc , la dette n’a pas servi à créer des richesses supplémentaires (contrairement aux prévisions) . Tant que les taux d’intérêt réels étaient faibles , les problèmes étaient masqués . Avec la hausse des taux , les difficultés , les erreurs et les détournements de fonds apparaissent .
4° ) LES SOLUTIONS A LA CRISE : l’AJUSTEMENT STRUCTUREL PRECONISE PAR LE FMI . Constat : Comme l’indique H.Bourguinat, les PVD dans un contexte d’unification de la finance mondiale ont • dans , un premier temps , cru : « constituer un groupe d’emprunteurs susceptibles de trouver sur ce marché financier international tous les crédits consortiaux dont ils pouvaient avoir besoin . » • Mais , à partir du mois d’Aout 82 , « ils ont dû très vite subir la loi du groupe des pays créanciers et accepter de passer sous les fourches caudines des programmes de rééchelonnement » . En effet , même si les responsabilités de la crise auraient dû être également partagées entre : - les PVD qui ont gaspillé les crédits , les banques qui ont accordé des prêts sans respecter les règles prudentielles ( ratio de solvabilité ) , - les PDEM qui ont fermé leurs frontières aux produits des PVD et les ont donc empêché de rembourser leurs dettes ; - Les organisations internationales (FMI,Banque Mondiale) qui ont mal conseillé les PVD. Explications : On peut constater que l’ajustement a été supporté quasiment uniquement par les pays emprunteurs ( doc 8 p 290 ) . En effet :le F.M.I. ( Fonds Monétaire International ) a considéré que la responsabilité de la crise s’expliquait par l’échec des stratégies de développement ( particulièrement les stratégies autocentrées )
Répercussions : « les prêts conditionnels du FMI vont alors généralement de pair avec une action de stabilisation destinée à corriger les déséquilibres macro-économiques » . • Les pays doivent donc appliquer des politiques visant à assainir l’économie , ils doivent dévaluer leur monnaie , appliquer des politiques de rigueur désinflationnistes ( en diminuant la masse monétaire en circulation ) , diminuer les déficits budgétaires par la baisse des dépenses publiques , les privatisations et l’augmentation de la fiscalité , diminuer les salaires afin d’améliorer la compétitivité des entreprises . « Le FMI subordonne le versement de ses crédits à l’application , avec succès , de ces mesures » . • Ces programmes d’ajustement ont des visées conjoncturelles , mais surtout structurelles : ils « peuvent apparaître comme une première étape essentielle du remodelage d’une économie , vers un état d’ouverture » . Conclusion : On ne peut contester la nécessité de ces plans d’ajustement , il n’en demeure pas moins qu’ils traduisent une nette orientation idéologique : le Tiers-mondisme marxisant des années 70 s’est vu remplacer par un ultra-libéralisme conquérant dans les années 80 - 90 . Or : • on a pu qualifier les années 80 d’années perdues pour le développement : « les programmes préconisés par le Fonds se sont vus ainsi accuser d’être néfastes à la croissance et au développement , de toujours recourir à une cure d’austérité , d’accroître la pauvreté » . On a assisté à une véritable mise sous tutelle des pays à monnaie faible qui « n’ont guère le choix , sans le sceau d’approbation de la Banque Mondiale et du FMI , ils ne trouveront ailleurs aucun financement , ni public , ni privé » . • On en est ainsi arrivé , au début des années 90 , à la situation paradoxale suivante : on observe un transfert net des ressources des PVD vers les pays riches : les PVD financent les pays riches , en particulier les EU : « alors que tout semble indiquer que le capital devrait aller des pays industrialisés à Balance courante excédentaire vers les pays à haut taux de rendement de l’investissement , mais à ressources d’épargne domestique faibles , c’est le schéma inverse qui paraît devoir prévaloir » .
D ) LES FTN : UNE SOLUTION ALTERNATIVE A L’ENDETTEMENT Constat : on peut opposer deux périodes : • Dans les années 60-70 , les PVD étaient dans l’ensemble méfiants vis-à-vis des FTN . Ils avaient donc : - mis en place des législations spécifiques dont la finalité : « était dominée par la sauvegarde de l’indépendance nationale face aux empiétements des investisseurs étrangers » . - Un certain nombre de pays ont même été jusqu’à appliquer des politiques de nationalisation des filiales des FTN . • Mais , « les années 80 ont été marquées par un mouvement général de révision des codes d’investissement dans les pays du Sud ( ... ) . Avec la globalisation , l’objectif principal des Etats n’est plus de contrôler les activités des firmes étrangères , il est d’abord de les attirer » . Les explications : Ceci s’explique par un certain nombre de raisons d’ordre à la fois conjoncturelle et structurelle : • les raisons conjoncturelles sont dominées par les retombées de la crise de l’endettement : - suite aux difficultés des années 80 , les banques privées sont devenues très réticentes à développer le financement des PVD . Elles ont même cherché à se débarrasser , en les bradant plus ou moins , des créances dont elles disposaient sur des pays qu’elles considéraient maintenant comme non solvables . Dans le même temps , les PVD qui appliquaient les politiques d’ajustement du FMI s’efforçaient de privatiser leurs entreprises publiques , en échangeant les actions de celles-ci contre des titres de la dette . Les FTN qui avaient racheté des créances pouvaient donc , à faible coût , prendre le contrôle d’entreprises dans les PVD . - L’investissement direct des FTN est donc considéré désormais par les PVD comme une alternative à l’endettement , ils entrent donc en concurrence afin de les attirer ( « surenchère aux incitations fiscales, aux aides et à la prise en charge des coûts externes ») . • les raisons structurelles : « le mouvement de libéralisation a été intensifié par le grand retournement dans les stratégies de développement , qui s’ébauche dès le début des années 80 , et qui tourne le dos au modèle de substitution aux importations appliquées durant les 20 dernières années . La nouvelle orientation prône la croissance tirée par les exportations » : - A la croyance en un développement autocentré basé sur des théories marxistes ou structuralistess’est substitué la foi en des théories libérales , qui risquent comme les précédentes d’engendrer de nouvelles désillusions .
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En effet , « dans l’optique des conceptions ultra-libérales , l’implantation des FTN doit jouer un rôle d’entraînement automatique sur les structures productives locales . L’investissement étranger joue le même rôle que la création de pôles de croissance ( ... ) . Mais en ce qui concerne les économies en voie de développement , les arguments des FTN sont nombreux qui visent à montrer les limites , sinon l’impossibilité de l’intégration locale . Ceux qui sont les plus souvent avancés constituent une trilogie qualité , coût , délai ( ... ) .L’intérêt des FTN et la préoccupation industrialisante des pays ne coïncident donc pas . » On constate , en effet , que , « les choix des multinationales revêtent une très grande constance , caractérisés par une attitude extrêmement sélective , vis à vis de l’investissement au Sud ( doc 16 p 295 ) . Vers 1980 , 40 % du total des investissements directs étaient dirigés vers 10 pays du Sud » . La polarisation des investissements directs des FTN sur les pays les plus rentables économiquement ( en particulier les NPI ) est donc très forte ( 10 et 11 p 313).
Conclusion : On ne peut , dès lors , considérer que l’implantation des FTN puisse constituer une véritable alternative à l’aide ou au crédit , en direction des pays les moins développés . Ceux-ci sont en effet complètement délaissés ( sauf s’ils disposent de ressources en matières premières : et intéressent ainsi les FTN dites primaires ) , dès lors , qu’ils apparaissent comme présentant un risque politique ( continent africain ) ou insuffisamment compétitifs au niveau économique ( « derrière cette concentration sur un nombre limité de pays du Sud , il existe une rationalité économique » ) .
III. La libéralisation des échanges internationaux par le GATT et l’OMC Constat : il y a eu un cercle vicieux dépressionniste engendré en particulier par la multiplication des barrières protectionnistes durant l’entre-deux guerres qui a freiné l’expansion du commerce mondial et donc la croissance économique , Solution : les grands pays développés ont, dès la fin de la guerre, signé un accord ( le GATT en 47 ) qui avait pour objectif affirmé de favoriser le plein emploi et la croissance économique par le développement des échanges internationaux assurés par une diminution des barrières protectionnistes . Résultat : l ‘objectif a été atteint puisque les tarifs douaniers moyens des produits industriels dans les PDEM sont passés de 40 % à 5 % en 90 Nouveau débat : mais, suite à l’entrée en crise, la tentation protectionniste est réapparue dès les années 70 par l’imposition de barrières non tarifaires . Les pays signataires de l’accord du GATT devaient alors décider : • s’ils voulaient comme dans les années 30 engager une guerre protectionniste qui bloquerait la croissance économique • ou au contraire s’ils désiraient, par une libéralisation accrue des échanges internationaux (portant non plus seulement sur des barrières tarifaires mais aussi sur des barrières non tarifaires , portant non plus seulement sur l’industrie mais aussi sur les services et l’agriculture ) dynamiser le commerce mondial et assurer ainsi une sortie de crise Solution : c’est dans cette perspective qu’ont été menées les discussions de l’Uruguay Round qui ont débouché sur la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995 Pour en savoir plus un sur le GATT et l’OMC, un article de E .Combe dans les cahiers français Sommaire L'avènement du multilatéralisme Les fondements du GATT Le fonctionnement du GATT Du GATT à l'OMC La naissance de l'OMC Les premiers pas de l'OMC par Emmanuel Combe.
Comment le commerce mondial s'est-il organisé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Né en 1947 du refus du Congrès américain de ratifier la Charte de La Havane prévoyant la création d'une véritable organisation internationale du commerce, le GATT a néanmoins posé les grands principes qui structurent le commerce mondial depuis plus d'un demi-siècle. Emmanuel Combe en rappelle les fondements, avant d'analyser le fonctionnement et l'évolution du GATT à travers les différents cycles de négociation qui, par l'Accord de Marrakech (avril 1994) clôturant l' Uruguay Round, ont abouti à la naissance, le 1er janvier 1995, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Une nouvelle organisation internationale au champ de compétences considérablement élargi, dont les structures et les premiers pas sont ici décrits.
L'avènement du multilatéralisme Les fondements du GATT La naissance du GATT En 1945, les États-Unis sont à la poursuite d'un objectif politique majeur : ériger un nouvel ordre mondial sur une base négociée, au moyen d'organisations internationales. Cette volonté américaine donne naissance dès 1945 à des institutions telles que l'ONU, le FMI ou la BIRD. En matière de commerce international, les Américains, soutenus par des économistes de renom (au rang desquels figure Keynes), veulent éviter à tout prix la répétition de la solution protectionniste qui a prévalu dans les années 30, en instaurant une structure qui permette de négocier multilatéralement l'élimination progressive des obstacles aux échanges. A cet effet, deux négociations sont entamées dès 1946, l'une au sein de l'ONU portant sur la création d'une organisation internationale du commerce, l'autre à Genève sur la réduction des barrières douanières. Les débats au sein des Nations unies se concluent en mars 1948 par la Charte de La Havane, qui reste cependant lettre morte, le Congrès américain refusant de la ratifier : il y voyait en effet une trop grande perte de souveraineté dans la formulation de la politique commerciale américaine. Sur le plan institutionnel, aucune organisation internationale du commerce ne voit le jour. De leur côté, les négociations de Genève débouchent en octobre 1947 sur un accord général de réduction des tarifs douaniers, qui s'institutionnalise sous le nom de GATT (Général Agreement on Tariffs and Trade) : le GATT ne constitue donc pas une organisation internationale au sens juridique du terme. Lors de la signature de l'accord à Genève, le GATT comprenait vingt-trois " parties contractantes " : en décembre 1993, à l'issue des négociations sur l'Uruguay Round, on dénombre pas moins de cent-vingt membres permanents, auxquels il faut ajouter les pays disposant du statut d'observateur et les pays admis à titre provisoire.
Les principes du GATT Les cinq principes Composé à l'origine de trente-huit articles, la Charte du GATT repose sur cinq grands principes, qui structurent le commerce international depuis maintenant plus d'un demi-siècle. • L'article 1 de la Charte établit la clause inconditionnelle de la nation la plus favorisée, qui assure un traitement identique à tous les partenaires. Si deux pays A et B réduisent bilatéralement leurs barrières douanières, cette concession doit être automatiquement étendue aux autres pays signataires de la Charte. • Le deuxième principe fondamental porte sur la consolidation des droits de douane (article II). Chaque signataire doit déclarer le taux de droit de douane maxima qu'il compte appliquer sur chaque catégorie de produit. Un pays ne peut donc appliquer effectivement un taux plus élevé que celui annoncé. Les engagements de consolidation sont pris pour une période de trois ans, avec reconduction automatique si le pays ne manifeste pas son intention de modifier ses taux maxima. • Le troisième principe fondamental est celui du traitement national (article III) : dès lors que les produits importés se sont acquittés des droits de douane, ils doivent être traités de la même manière que les produits domestiques. • Le quatrième principe établit la transparence des politiques commerciales : les signataires doivent éliminer toutes les barrières à l'importation autres que les droits de douane. En particulier, les restrictions quantitatives sont interdites (article XI). • Le dernier principe porte sur la réciprocité des concessions tarifaires (article XXVIII) : il stituple que tout pays acceptant une concession tarifaire doit également en offrir une en retour.
Les exceptions aux principes La Charte du GATT apparaît très pragmatique dans ses modalités d'application : en effet, les cinq principes du GATT connaissent de nombreuses exceptions. L'article XXIV relatif aux unions régionales (zone de libre-échange ou union douanière) constitue sans doute l'exception la plus importante à la clause de la nation favorisée. En effet, l'union régionale consiste à renforcer l'intensité des relations commerciales entre les membres, au détriment des pays tiers : à ce titre, elle constitue une remise en cause du principe de non-discrimination. Pourtant le GATT autorise la conclusion d'accords de régionalisation, tout en fixant un certain nombre de conditions : en particulier, les tarifs vis-à-vis des pays tiers ne doivent pas être globalement supérieurs à leur niveau antérieur. Le principe de réciprocité a été remis en cause par le statut spécial accordé aux pays en voie de développement à partir de 1964 : ce statut leur permet de bénéficier de la clause de la nation la plus favorisée, sans être soumis au principe de réciprocité. Le principe de transparence des politiques commerciales comprend plusieurs exceptions : • les restrictions quantitatives sont autorisées dans certains secteurs, tels que l'agriculture et la pêche ; • l'article XII autorise les restrictions quantitatives dans certaines situations, en particulier si le pays connaît une grave crise de sa balance des paiements ; • l'article XIX permet à un pays de se protéger si les importations affectent gravement la production locale : ces mesures de sauvegarde ne doivent toutefois être utilisées qu'à titre temporaire et les pays qui y recourent doivent s'engager à compenser les pays exportateurs.
Les structures du GATT L'accord du GATT est géré par une structure de fait, dont le siège se situe à Genève. La session des parties contractantes constitue l'organe suprême du GATT ; elle se déroule une à deux fois par an et entérine les décisions sur la base du principe : un État = une voix. Le Conseil du GATT fonctionne entre deux sessions ; il réunit chaque mois les représentants des parties contractantes et prépare les grands dossiers qui seront adoptés lors des sessions. A la tête de l'administration du GATT se trouve un secrétariat, comprenant un directeur général, un directeur général adjoint, deux sous-directeurs généraux et les directeurs de division. Le fonctionnement du GATT Les cycles de négociation L'activité principale du GATT a consisté à organiser régulièrement des Négociations Commerciales Multilatérales (NCM) entre les parties contractantes. Depuis 1947, près d'une dizaine de cycles de négociation (round) peuvent être identifiés (voir encadré ci-contre). Les sessions de Genève au Kennedy round ont porté pour l'essentiel sur l'abaissement des barrières tarifaires. A partir du round de Tokyo sont entamées des discussions sur les barrières non tarifaires, et tout particulièrement à l'occasion de l'Uruguay Round. On notera que la durée des sessions a tendance à croître au cours du temps, ce qui s'explique par deux facteurs ; • la croissance du nombre de participants : de vingt-trois signataires en 1947, le GATT est passé à cent-vingt en 1994, lors de la signature de l'Accord final à Marrakech ; • la complexité des dossiers, avec les discussions relatives au protectionnisme non tarifaire et aux nouveaux domaines de négociation (agriculture, textile, etc.). (...) Parmi les différentes négociations du GATT, celle de l'Uruguay marque un véritable tournant. En effet, outre les négociations tarifaires, le cycle de l'Uruguay comprend plusieurs accords et mesures novateurs : • un accord sur le commerce des services (GATS) ; • un accord sur la propriété intellectuelle (TRIPS : Trade Related aspects of Intellectual Property Rights) ; • un accord sur le commerce des textiles et vêtements, qui démantèle le système de l'AMF (Accord Multifibres), mis en place à partir de 1974 ; • un accord sur l'agriculture, qui vise à diminuer la protection dont a toujours bénéficié ce secteur ; • un accord sur les obstacles à l'investissement direct étranger (TRIMs : Trade Related Investment Measures). En particulier, les normes de contenu local, imposant à une firme étrangère de s'approvisionner localement ou d'exporter une partie de sa production, sont interdites ; • le GATT est transformé en une Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le règlement des différends Tout membre du GATT peut déposer une plainte contre un autre signataire s'il estime que ce dernier viole les obligations de l'accord et que cette violation entraîne l'annulation (ou la réduction) d'un avantage résultait directement ou indirectement de l'accord. Le mécanisme de règlement des différends est décrit dans les articles XXII et XXIII et s'agence en deux phases : • dans un premier temps, les pays en conflit entament une " procédure de consultation " et tentent de trouver une solution bilatérale ; • en cas d'échec de la première phase, la " procédure du panel " est mise en oeuvre. Le conflit est soumis à l'ensemble des parties contractantes, qui sont alors investies de deux missions : dans un premier temps, une enquête est confiée à des experts indépendants, qui remettent un rapport proposant une solution au différend. Le rapport des panels est ensuite adopté par consensus par les parties contractantes, qui proposent aux pays en conflit de suivre les recommandations des experts. Le système de règlement des différends a été particulièrement mis à contribution depuis les années 70, comme le soulignent les rapports successifs du GATT. En particulier, les dépôts de plainte initiés ou visant les États-Unis se sont multipliés, mettant aux prises les membres de la Triade (États-Unis, Japon, CEE). Nous allons montrer que le quota constitue un instrument plus dommageable que le droit de douane. Le système de règlement des différends n'échappe pas à la critique : • il est soumis à la règle du consensus : les parties au différend, et tout particulièrement la partie incriminée, peuvent utiliser leur droit de veto lors du vote du rapport. Dans la pratique néanmoins, il apparaît que la plupart des rapports sont adoptés ; • le GATT ne prévoit aucun délai spécifique dans le déroulement de la procédure ; • les parties contractantes proposent de simples recommandations, qui n'ont pas de véritable valeur coercitive. Il est vrai néanmoins que dans la plupart des cas les pays en conflit suivent les recommandations des experts. [...] Les cycles de négociations multilatérales : du GATT à l'OMC par Pierre Jacquet, Patrick Messerlin, Laurence Tubiana. GATT : octobre 1947 (25 pays)(1) Accord général sur le commerce et les tarifs La Havane : mars 1948 (53 pays) Charte relative à la création d'une Organisation internationale du commerce non ratifiée par le Congrès américain Genève : 1947 (23 pays) Réduction des droits de douane Annecy : 1949 (33 pays) Réduction des droits de douane Torquey : 1951 (34 pays) Réduction des droits de douane Dillon : 1960-1961 (35 pays) Réduction des droits de douane Kennedy : 1964-1967 (48 pays) Réduction des droits de douane et mesures anti-dumping Tokyo : 1973-1979 (99 pays) Réduction des droits de douane, mesures non tarifaires et " accords cadres " (subventions, obstacles techniques, marchés publics et aéronautique civile) Uruguay : 1986-1993 (120 pays)
Réduction des droits de douane, mesures non tarifaires, agriculture, services, propriété intellectuelle, règles, préférences commerciales pour le développement, règlement des différends et création de l'OMC Singapour(1ère conférence de l'OMC)(2) : décembre 1996 (130 pays) Programme de travail élargi de l'OMC : investissement, concurrence, transparence, (marchés publics) environnement et pays les moins avancés Genève(2e conférence de l'OMC) : mai 1998 (134 pays) Préparation du prochain cycle, transparence et participation des ONG à l'OMC Seattle(3e conférence de l'OMC) : novembre 1999 (136 pays) Lancement du prochain cycle
Du GATT à l'OMC La naissance de l'OMC Une nouvelle organisation internationale Les accords de l'Uruguay Round, signés en avril 1994, entérinent la naissance, à partir du 1er janvier 1995, d'une nouvelle organisation internationale, dénommée OMC (Organisation mondiale du commerce), au même titre que la Banque mondiale ou le FMI. L'adhésion à l'OMC implique pour un membre de souscrire en bloc à tous les accords couverts par cette organisation. Cette nouvelle institution se voit confier quatre missions principales : • veiller à la mise en place des accords de l'Uruguay Round ainsi que des accords plurilatéraux, signés par un nombre plus restreint de pays ; • constituer le nouveau cadre pour les négociations multilatérales en cours et à venir ; • établir régulièrement le bilan des politiques commerciales suivies par les pays membres ; • proposer un règlement aux différends qui peuvent surgir entre plusieurs pays membres ; En 1996, l'OMC compte pas moins de cent-vingt-sept pays membres, ce qui représente près de 90 % du commerce mondial(1). Trente pays possèdent le statut d'observateurs et vingt-huit négociations d'adhésion sont en cours, dont celles de l'Ukraine, de la Chine et de la Russie. La structure de l'OMC L'OMC est composée d'une conférence ministérielle, d'un conseil général, d'un secrétariat général et de conseils spécialisés. La conférence ministérielle constitue l'organe étatique et plénier de l'OMC : elle correspond à l'ancienne assemblée des parties contractantes du GATT. Composée des représentants de tous les pays membres, elle doit se réunir au moins tous les deux ans, pour faire le bilan des négociations en cours et fixer le programme de travail. Entre deux sessions, la direction de l'OMC est gérée par le conseil général, qui reprend les fonctions assurées précédemment par le Conseil du GATT. Ce conseil général est assisté par trois conseils spécialisés. Le conseil général remplit les fonctions de l'Organe de Règlement des Différends (ORD) et celles de l'Organe d'examen des politiques commerciales. Trois conseils spécialisés ont été créés, sous la direction du conseil général : il s'agit du conseil du commerce des marchandises, du conseil du commerce des services et du conseil des ADPIC (portant sur la propriété intellectuelle). L'OMC, dont le siège se trouve à Genève, dispose d'un secrétariat, placé sous l'autorité d'un directeur Le règlement des différends La procédure de règlement des différends a été renforcée, en particulier pour remédier à la lenteur des procédures du GATT et aux difficultés de mise en application des recommandations. En effet, certains pays comme les ÉtatsUnis ont justifié leur approche unilatérale, avec l'adoption du Trade Act en 1988, en arguant que la procédure de résolution des différends du GATT était trop lente et trop sujette au pouvoir de veto d'un membre. La nouvelle procédure modifie l'étape du panel : l'ORD désigne un panel de trois experts, qui doivent fournir un rapport dans un délai de six mois. Le conseil général de l'OMC adopte automatiquement le rapport sauf s'il est rejeté à l'unanimité ; ce principe d'automaticité conditionnelle permet une prise de décision plus rapide. Une des parties peut faire appel devant l'organe d'appel de l'ORD ; dans ce cas, l'ORD suit la décision de l'organe d'appel, sauf s'il la rejette à l'unanimité. L'ORD est alors chargée de la mise en application de la décision (du panel ou de
l'organe d'appel) ; si l'une des parties refuse de s'y plier, l'ORD peut autoriser les pays lésés à prendre automatiquement des mesures compensatoires. Cette procédure de règlement des différends parviendra-t-elle vraiment à s'imposer aux signataires ? La question demeure pour l'heure ouverte : comme le souligne B. Guillochon, " reste à savoir si tous les membres, en particulier les grandes puissances commerciales vont accepter de se plier à cette discipline. Il est possible, en effet, de se soustraire aux règles de l'OMC en préférant négocier un accord hors de son cadre, en pratiquant le bilatéralisme. Dans ce cas, les pays finissent par s'entendre, certes, mais en excluant les autres partenaires, ce qui n'est pas conforme à l'esprit de l'OMC "(2) Toujours est-il que les pays membres recourant plus fréquemment qu'auparavant à la procédure de règlement des différends, ce qui semble témoigner d'une certaine crédibilité de l'institution : entre janvier 1995 et juin 1997, une soixantaine d'affaires ont été soumises à l'ORD.
Les premiers pas de l'OMC La conférence de Singapour La conférence de Singapour, qui a eu lieu en décembre 1996, constitue la première conférence interministérielle de l'OMC. Elle visait à évaluer la mise en oeuvre de l'accord de Marrakech, à faire le point sur les négociations en cours et à préciser le programme de travail de l'OMC pour les deux ans à venir. Sur ce dernier aspect, cinq thèmes principaux ont été abordés, qui ont donné lieu à la création de groupes de travail : • les relations entre commerce international et environnement : dans quelle mesure les impératifs de compétitivité peuvent-ils conduire à une dégradation de l'environnement ? A l'inverse, le thème de la protection de l'environnement ne risque-t-il pas de servir d'alibi à des pratiques protectionnistes (" protectionnisme vert ") ? Ce thème de réflexion a été confié au comité du commerce et de l'environnement de l'OMC, créé en 1995 ; • le rôle de l'IDE (Investissement Direct Étranger) et des relations qu'il entretient avec le commerce : dans quelle mesure les restrictions à l'IDE affectent-elles les flux de commerce ? • la question de l'introduction d'une clause sociale dans les accords commerciaux : l'absence de protection sociale et de règles minimales sur les conditions de travail dans les pays pauvres ne conduit-elle pas à une forme de concurrence déloyale, comme le soutient la France ? A l'inverse, l'imposition de normes sociales ne constitue-t-elle pas une forme de protectionnisme détourné ? • les relations entre la politique de la concurrence et la politique commerciale. Outre l'ouverture de ces nouveaux chantiers, la conférence de Singapour a vu la conclusion d'un accord sur la libéralisation du commerce des technologies de l'information. Ce texte, signé par vingt-huit pays prévoit la suppression d'ici l'an 2000 des barrières douanières sur un certain nombre de produits de la filière électronique (semi-conducteurs, écrans d'ordinateurs, etc.) Quel bilan tirer de cette première conférence interministérielle de l'OMC ? Comme le souligne B. Guillochon(3), " la conférence de Singapour est loin d'avoir réglé ces divers problèmes. Du moins la déclaration finale témoigne-telle d'une certaine volonté, de la part des États membres, d'apporter des débuts de solutions dans ces domaines [...]. Les grandes questions faisant partie du programme de travail de la conférence de Singapour en sont restées à la phase préliminaire de désignation d'organes chargés des dossiers et de fixation d'objectifs ". L'accord sur les télécommunications A la suite de Singapour, un premier accord important a été conclu sous l'égide de l'OMC : il s'agit d'un accord sur le commerce des services de télécommunications de base, signé par soixante-neuf membres de l'OMC (tous les pays industrialisés, quarante pays en voie de développement). Ce texte prévoit la libéralisation commerciale et l'ouverture des marchés intérieurs dans le domaine des services téléphoniques, dans un délai variable selon les régions et les produits. Selon l'OMC, l'accord devrait avoir une incidence forte sur le coût des télécommunications, qui baissera sous l'influence de la concurrence étrangère. Source: Les cahiers français, n° 299, Emmanuel Combe (Professeur à l'Université du Havre) .
Chapitre : mondialisation et internationalisation des échanges
Notions du référentiel : protectionnisme, barrières tarifaires/non tarifaires, dumping social, normes sociales, normes environnementales
Fiche 6 – La critique du libre-échange comme source de croissance et de développement Le renouveau du protectionnisme
Introduction : Le protectionnisme s’appuie sur trois types d’instruments : - les tarifs douaniers (droits de douane), cet instrument est soumis désormais à des règles précises : les droits de douane ne peuvent augmenter, sauf pour des périodes limitées et sous condition que le pays procédant à ces hausses les justifie par le fait que la concurrence étrangère engendre des conséquences négatives pour l’appareil national de production, - les restrictions quantitatives (existence de contingents d’importation pour un produit donné), elles sont en principe interdites : néanmoins, elles demeurent tolérées lorsqu’elles font l’objet d’un accord bilatéral entre les parties concernées, - les protections non tarifaires (par exemple l’édiction de règles environnementales conçues de manière à empêcher l’accès de certains produits étrangers au marché national), de plus en plus le protectionnisme tend à se cacher derrière des mobiles
de type environnementaux, sociaux ou consuméristes, mobiles que l’on appelle souvent la « zone grise protectionniste », parce qu’il est bien difficile de savoir si ces règles ont été adoptées pour des raisons de protection du marché national, ou pour des raisons non commerciales. Source :http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article303
Partie 1- Le libre échange n’assure pas toujours croissance et développement I. Les stratégies des NPI sont en réalité peu libérales A. Une protection douanière élevée Quand on compare la protection tarifaire entre 2 groupes de pays : ceux ayant adopté l’ISI et ceux ayant adopté la SPE, on remarque • certes que la protection moyenne est supérieure dans l’ISI • Mais les écarts de protection sont plus grands dans la SPE : en effet , cette stratégie distingue les secteurs qui n’ont pas besoin de protection car le pays dispose d’un avantage comparatif ou ceux pour lesquels la protection serait coûteuse : le pays ayant besoin de ces biens mais ne sachant pas les produire ( ex : biens d’équipement dans une première phase ) ; des secteurs que le pays cherche à développer sans être compétitif pour le moment , pour lesquels un protectionnisme éducateur semble nécessaire . • On peut dès lors en conclure qu’il semble y avoir une stratégie plus rationnelle de protectionnisme que celle opérée par les pays adoptant l’ISI B. Pour créer des avantages comparatifs Ce protectionnisme sélectif montre donc que • contrairement aux apparences et aux dires des théoriciens libéraux, l’Etat n’est pas absent, il applique une politique qui, selon M.Fouquin, tend à concentrer les efforts sur les secteurs compétitifs et à abandonner les secteurs, dans lesquels le pays n’a pas d’avantages ; • car, contrairement aux affirmations de Ricardo, une adaptation passive aux avantages naturels ne suffit pas : « l’expérience de tous les pays en développement, y compris de ceux qui ont le mieux réussi, est en faveur d’un certain volontarisme : dans les phases de démarrage du processus de développement, l’Etat doit choisir les secteurs prioritaires qui doivent être créés ou développés ( ...). Pour en savoir plus : • Les échecs qui ont été enregistrés proviennent soit de choix erronés, soit de l’incapacité des Etats à mobiliser des moyens nécessaires et à mener des politiques économiques convenables ». On retrouve ici la responsabilité des Etats mous dans l’échec du développement ; on sait qu’au contraire, en Corée, un Etat fort et interventionniste a contribué notablement au développement du pays, en assistant ou en se substituant aux entrepreneurs quand cela était nécessaire Remarque : On peut d’ailleurs s’interroger à la fois sur la généralisation du modèle de croissance tirée par les exportations mais aussi sur sa validité : • la stratégie de SPE s’est révélée efficace quand un nombre réduit de pays comportant une population restreinte (les 4 Dragons d’Asie du Sud-Est) l’ont appliquée ; mais si cette stratégie devient un modèle copié par tous les PVD, et en particulier par des pays
très peuplés comme la Chine ou l’Asie, on peut se demander si elle ne se révélera pas intenable : - en effet si un grand nombre de pays se spécialise dans des produits banalisés en fin du cycle de vie, dont la demande progresse faiblement, une augmentation de la production risque de se traduire par une baisse des prix et une détérioration des termes de l’échange (comme pour les produits primaires), donc une diminution des recettes d’exportation qui ne permettrait pas de financer le développement. - la concurrence exercée sur ces pays sur les industries des PDEM utilisant beaucoup de main d’oeuvre peu qualifiée serait destructrice et appellerait, de la part des autorités, des mesures de protection ruinant la stratégie de SPE Comme l’indique M .Fouquin: « l’idée de la croissance tirée par l’exportation qui pourrait faire croire qu’un pays qui exporte plus a une croissance plus forte est , en général , fausse . Car, parvenu à un rythme très élevé, les économies butent sur des goulets d’étranglement qui les contraignent à importer de plus en plus. La croissance des importations finit à être plus forte que celle des exportations. La croissance tirée par les exportations ne peut être qu’exceptionnelle et de courte durée ». Comme le constate d’ailleurs G.Grellet : « la corrélation positive entre la part des exportations dans le produit national et la croissance, si elle existe , n’est pas sans ambiguïté , dans la mesure où elle ne fait que refléter le fait que les pays les plus pauvres n’ont rien à exporter . »
II. Le libre échange n’est pas toujours optimal A. Constat Les pays qui occupent aujourd’hui un leadership dans le commerce mondial (Allemagne, EU , Japon ) et qui sont donc les plus favorables au développement des échanges internationaux étaient au XIX° siècle les défenseurs d’un protectionnisme éducateur qui devait les mettre à l’abri de la concurrence exercée par le RU . B. Explications En effet, contrairement à ce qu’affirme Ricardo et toute l’école libérale, la spécialisation ne tombe pas du ciel ; elle est construite par le pays qui cherche à s’implanter dans les secteurs les plus porteurs. Si les pays les plus faibles acceptent le libre- échange , ils vont être obligés de se cantonner aux productions délaissées par le pays leader , car leurs industries n’étant pas encore compétitives , elles seront éliminées .
Partie 2 -Un protectionnisme nécessaire Pour l’’analyse de Ha-Joon Chang :le protectionnisme est un facteur de développement ; « A peu près tous les pays aujourd'hui développés (PAD) avaient des politiques interventionnistes actives en matière de commerce, d'industrie et de technologie. Pendant les périodes de " rattrapage ", leur but était de développer leurs industries naissantes ; lorsqu'ils ont atteint leur objectif, ils ont eu recours à des pratiques leur permettant de distancer leurs possibles concurrents. Ils ont pris des mesures pour maîtriser les transferts de technologies vers ces derniers (par exemple en mettant en place un contrôle de l'émigration des travailleurs qualifiés ou de l'exportation+ des machines) et, par des traités inégaux et par la colonisation, ont contraint les pays moins développés à ouvrir leurs marchés. Toutefois, les économies en phase de rattrapage autres que les colonies (officielles ou de fait) n'ont pas accepté passivement ces mesures restrictives. Pour surmonter les obstacles qu'elles créaient, elles ont mis en oeuvre toutes sortes de moyens légaux et illégaux, tels que l'espionnage industriel, le débauchage illégal de maind'oeuvre et le passage d'équi pements en contrebande.
L'étude des expériences historiques d'un ensemble de PAD (la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Suède, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, le Japon, la Corée et Taiwan) détruit beaucoup de mythes qui biaisent aujourd'hui le débat, les plus nombreux portant sur les politiques économiques de la Grande-Bretagne et le capitalisme+ de libre-échange+ des Etats-Unis - les deux patries supposées du libéralisme+. 1.
La Grande-Bretagne
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Contrairement au mythe populaire qui veut qu'elle se soit développée sur la base du libéralisme et du libreéchange, la Grande-Bretagne a utilisé agressivement - jusqu'à en être un pionnier dans certains domaines des politiques volontaristes destinées à développer ses industries naissantes. De telles pratiques, même si leur portée est limitée, remontent au XIVe siècle (Edouard III) et au XVe siècle (Henry VII) pour ce qui concerne l'industrie lainière, l'industrie de pointe à l'époque. L'Angleterre exportait alors de la laine brute vers les Pays-Bas. Henry VII tenta de changer cette situation en taxant les exportations et en débauchant des ouvriers qualifiés hollandais. Entre la réforme de la politique commerciale, décidée en 1721 par le Premier ministre Robert Walpole, et l'abrogation de la loi sur les blés, en 1846, la Grande-Bretagne a mis en oeuvre des politiques agressives en matière d'industrie, de commerce et de technologie. Pendant cette période, elle pratiqua activement la protection des industries naissantes, les subventions à l'exportation+, les réductions de droits pour l'importation de matières entrant dans la fabrication des produits qu'elle exportait, le contrôle de la qualité des exportations par l'Etat - toutes pratiques qui sont typiquement associées au Japon et autres pays est-asiatiques. Comme le montre le tableau supra, la Grande-Bretagne a eu des tarifs douaniers très élevés sur les produits manufacturés jusque dans les années 1820, soit quelque deux générations après le démarrage de sa révolution industrielle et alors qu'elle possédait une avance technologique significative sur les nations concurrentes.
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C'est donc avec l'abrogation de la loi sur les blés, en 1846, que les Britanniques se sont convertis nettement - même si ce n'était pas complètement - au libre-échange. On considère habituellement cette décision comme la victoire définitive de la doctrine économique libérale classique sur l'aberration mercantiliste (par exemple Bhagwati, 1985), mais nombre d'historiens la voient comme un acte d'" impérialisme libreéchangiste " destiné à " mettre un terme à l'industrialisation+ sur le continent en accroissant les débouchés pour les produits agricoles et les matières premières " (Kindleberger, 1978, p. 196). C'est d'ailleurs ainsi que le présentaient les meneurs de la campagne pour l'abrogation de la loi sur les blés, tels que le politicien Richard Cobden et John Bowring, de la Chambre de commerce+.
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En bref, contrairement à la croyance populaire, l'exemple britannique de passage à un régime de libreéchange s'est construit " derrière des barrières douanières élevées et durables ", comme l'écrit l'éminent historien de l'économie Paul Bairoch (Bairoch, 1993, p. 46). C'est pourquoi Friedrich List, l'économiste allemand du XIXe siècle considéré (à tort, comme nous allons le voir) comme le père de la théorie moderne des " industries naissantes ", a déclaré que les Britanniques prêchant pour le libre-échange se comportaient comme celui qui, arrivé en haut du mur, " tire l'échelle " qui lui a servi à grimper. Cela vaut la peine de le citer plus longuement : " C'est un ingénieux procédé, fort commun, lorsque quelqu'un a atteint le sommet de sa grandeur, qu'il tire l'échelle qui lui a permis de grimper, afin de priver les autres des moyens de le rattraper. C'est le secret de la doctrine cosmopolite d'Adam Smith, des tendances cosmopolites de son grand contemporain William Pitt, et de tous ceux qui leur ont succédé au gouvernement britannique. Toute nation qui, sous la protection des droits de douane+ et des restrictions à la navigation, a porté sa puissance industrielle et maritime à un tel niveau de développement qu'aucun autre pays ne peut lui faire concurrence, n'a rien de plus sage à faire que de retirer ces échelles vers sa grandeur, de prêcher aux autres nations les avantages du libre-échange+ et de déclarer sur le ton du repentir qu'elle s'était jusqu'ici égarée, et qu'elle vient de découvrir la vérité " (List, 1885, p. 295-296).
2.
Les Etats-Unis
Si la Grande-Bretagne fut le premier pays à lancer avec succès sur une grande échelle la stratégie de la promotion des industries naissantes, ses utilisateurs les plus actifs furent les Etats-Unis - que Paul Bairoch a désignés comme " le berceau et le bastion du protectionnisme+ moderne " (Bairoch, 1993, p. 30). •
En effet, les premiers arguments systématiques en faveur des industries naissantes ont été développés par des penseurs améri cains, comme Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis, et Daniel Raymond. C'est dans les années 1820, pendant son exil aux Etats-Unis, que Friedrich List, le père
intellectuel supposé de la théorie de la protection des industries naissantes, a commencé à apprendre sur la question. Beaucoup d'intellectuels et de politiciens américains avaient bien compris, pendant la période de " rattrapage " de leur pays, que la théorie du libre-échange défendue par les Britanniques ne leur convenait pas. List fait l'éloge des Américains pour ne pas avoir écouté des économistes influents comme Adam Smith ou Jean-Baptiste Say, qui soutenaient que la protection des industries naissantes serait un désastre pour les Etats-Unis, pays riche en ressources. Les Américains ont obéi au " bon sens " et à " l'instinct de ce qui était nécessaire pour la nation " (List, 1885, p. 99-100), et continué à protéger leurs industries, en commençant par mettre en vigueur un nouveau tarif douanier+ en 1816 (3). •
Entre 1816 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont eu l'un des taux moyens de droits de douane sur les importations de produits manufacturés les plus élevés du monde. Comme le pays a bénéficié, au moins jusque dans les années 1870, d'une protection " naturelle " exceptionnelle, du fait des coûts de transport élevés, on peut dire que les industries américaines ont été les plus protégées du monde jusqu'en 1945. Après la guerre de Sécession, le protectionnisme devint très important. Contrairement à ce que l'on croit, ce conflit n'a pas eu comme seul motif la question de l'esclavage : les tarifs douaniers furent une cause au moins aussi importante (4). C'est seulement après la Seconde Guerre mondiale, quand leur suprématie industrielle ne fut plus contestée, que les Etats-Unis libéralisèrent leur commerce (même si ce ne fut pas aussi radicalement que les Britanniques l'avaient fait au milieu du XIXe siècle) et commencèrent à se faire les champions du libre-échange+ - apportant une fois de plus la preuve que List avait raison avec sa métaphore de l'" échelle tirée ". La citation ci-après d'Ulysses Grant, héros de la guerre de Sécession et président des Etats-Unis de 1869 à 1877, montre bien que les Américains ne se faisaient aucune illusion sur le fait qu'ils avaient, comme les Britanniques, " tiré l'échelle " (5) : " Pendant des siècles l'Angleterre a tablé sur la protection, qu'elle a porté à son plus haut niveau. Elle en a obtenu des résultats qui la satisfont. C'est sans aucun doute à ce système qu'elle doit sa puissance actuelle. Après deux siècles, elle a trouvé bon d'adopter le libre-échange+ parce qu'elle pensait que le protectionnisme+ ne pouvait plus rien lui apporter. Eh bien, messieurs, ma connaissance de notre pays me permet de croire que dans deux cents ans, quand l'Amérique aura tiré de la protection tout ce qu'elle peut lui apporter, elle aussi se convertira au libreéchange " (Ulysses S. Grant, cité dans A. G. Frank, 1967, p. 164).
3.
Exercices de distancement
Comme je l'ai signalé plus haut, une fois arrivés au sommet, les PAD ont utilisé toutes sortes de tactiques pour distancer les pays qui suivaient. Les politiques mises en oeuvre furent, bien entendu, différentes selon le statut politique de ces derniers - colonies, pays semi-indépendants liés par des traités inégaux ou nations concurrentes indépendantes. •
La Grande-Bretagne a empêché le développement industriel de ses colonies de façon particulièrement agressive. Premièrement, elle a encouragé la production de matières premières par des subventions (les " primes ") et supprimé les droits de douane+ sur les importations+ de ces marchandises en provenance de ses colonies. Deuxièmement, elle a mis hors la loi, dans ses colonies, les activités manufacturières à haute valeur ajoutée+. Troisièmement, elle a interdit aux colonies d'exporter des produits concurrents des siens. Par exemple, les Anglais ont interdit les importations+ de cotonnades d'Inde (les " calicots "), en 1700, et les exportations+ de drap au départ de leurs colonies (par exemple l'Irlande et les Etats-Unis) vers d'autres pays, en 1699. Quatrièmement, l'Angle terre interdisait aux autorités coloniales d'imposer des droits de douane+ ; et lorsqu'ils étaient nécessaires au budget+ du territoire, elle les contrait d'une façon ou d'une autre. Par exemple, quand le gouvernement colonial britannique en Inde imposa, pour des raisons purement fiscales, des droits - fort réduits : de l'ordre de 3 à 10 % - sur les importations+ de textiles, les producteurs locaux durent payer une taxe+ du même ordre, afin que la situation " soit équitable pour tous ".
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Des " traités inégaux " furent utilisés pour priver des pays théoriquement indépendants de leur autonomie douanière, en maintenant leurs tarifs à des niveaux très bas (habituellement de 3 à 5 %). Entraient dans cette catégorie tous les pays d'Amérique latine, à commencer par le Brésil en 1810, ainsi que la Chine, le Siam, la Perse, l'Empire ottoman et le Japon.
•
Contre les pays concurrents, la politique consistait à limiter les transferts de technologies, en interdisant l'émigration de la main-d'oeuvre qualifiée ou l'exportation+ de machines performantes. Les concurrents contre-attaquaient en pratiquant l'espionnage industriel et le recrutement " illégal " de travailleurs
qualifiés, et en ne respectant pas les brevets et autres droits de propriété intellectuelle. La plupart de ces pays n'accordaient qu'une protection très insuffisante aux droits de propriété intellectuelle des étrangers (par exemple en autorisant la prise de brevets sur une " invention importée "). La Suisse n'a pas eu de système de brevets jusqu'en 1907, et les Pays-Bas, même s'ils ont passé une loi sur les brevets en 1817, l'ont abrogée en 1869 et ne l'ont pas réintroduite avant 1912. Et jusqu'à la fin du XIXe siècle, au moment où l'Allemagne était sur le point de dépasser la Grande-Bretagne sur le plan techno logique, cette dernière était très préoccupée par les nombreuses contrefaçons de ses marques par les Allemands Contexte : La création de l’OMC s’est faite dans un contexte politique très favorable au libéralisme . En effet , l’effondrement du bloc soviétique traduit pour les libéraux la supériorité du capitalisme , du marché de CPP sur tout autre système . La généralisation de l’économie de marché et la libéralisation des échanges semblent alors être les seules solutions qui s’offrent au pays qui veut connaître une croissance et un développement économique . Limites : comme l’indique l’analyse historique de P.Bairoch , il n’y a pas de lien de cause à effet obligatoire entre la libéralisation des échanges , le développement du commerce international et la croissance économique . En effet : « l’expansion du commerce extérieur européen a été généralement plus rapide durant les périodes protectionnistes que durant la période libérale , globalement les 30 années de période libérale ( 1860-1890 ) ont été nettement plus négatives que les 30 années précédant cette période et que les 25 années la suivant . » Conclusion : A.Grjebine peut en conclure : « en fait , le libre-échange a été favorable surtout sinon exclusivement à la première puissance économique de l’époque , c’est-à-dire le Royaume-Uni » . On peut alors se demander dans quelle mesure la libéralisation des échanges internationaux qui est en train de s’opérer aujourd’hui n’a pas été réalisée par le pays leader ( les EU ) au nom de l’intérêt général et en particulier I. Un protectionnisme éducateur A. Un protectionnisme indispensable Le pays en retard doit alors appliquer une stratégie protectionniste, qui contrairement à la théorie développée par les libéraux n’est pas défensive mais offensive. En effet, son industrie n’étant pas compétitive, il doit dans un premier temps la protéger par des barrières douanières qui lui offriront un marché captif (le consommateur en contrepartie subit un coût : il paye plus cher des biens de moins bonne qualité). B. Mais provisoire Mais ces barrières douanières ne seront que provisoires ; au fur et à mesure, les industries naissantes vont gagner en maturité, vont devenir plus compétitives, les barrières protectionnistes pourront alors progressivement être réduites . List qui est avec Hamilton le promoteur du protectionnisme éducateur considère, en effet, qu’il faut instaurer des barrières tant que les industries ne sont pas compétitives , mais que les producteurs doivent dès l’origine savoir que ces barrières ne sont que provisoires , sinon ils ne seront pas incités , sous l’aiguillon de la concurrence ,à accroître leur compétitivité . Exemples d’application de la stratégie : Beaucoup d’exemples de développement basés en apparence sur la logique libérale sont en réalité conformes à la logique du protectionnisme éducateur : - les pays , comme le Japon ou la Corée du Sud qui ont su tout en appliquant une promotion par les exportations protéger leur marché intérieur par des barrières douanières ont pu constituer une base économique cohérente qui a été une des conditions ayant assuré leur développement économique . - L’exemple de la GB aux XVIII- XIX° siècles est aussi probant : • durant une première phase , les industriels anglais ont réclamé et obtenu l’introduction de barrières douanières pour protéger l’industrie textile naissante de la concurrence indienne ( qui produisait des produits de meilleure qualité à moindre coût ) .A l’abri des barrières , les anglais ont mécanisé leur production et ,
•
une fois que celle-ci est devenu compétitive , ils sont devenus libre-échangistes , ont imposé à l’Inde un tarif douanier très faible et ont alors inondé le marché indien de leurs cotonnades ruinant par là-même l’ébauche de développement économique qu’était en train de connaître l’Inde .
II. Vers un renouveau du protectionnisme défensif ? Protectionnisme défensif : protéger des activités dépassées et peu concurrentielles au niveau international pour permettre de les rendre compétitives ou d’assurer leur reconversion A. Constat ( doc 1 p 246) Les PDEM connaissent un mouvement de délocalisations de leurs établissements industriels vers les pays émergents Délocalisation : transfert à l’étranger d’une activité jusque là assurée sur le sol national B. Explications Les PDEM accusent alors ces pays de faire du dumping social et environnemental (doc6 p 251) Dumping : amélioration artificielle de la compétitivité commerciale à l’exportation Social : grâce à la faiblesse ou l’absence de protection sociale et de réglementations du travail (ex : travail des enfants, 3 p 250) Environnemental : grâce à la faiblesse où l’absence de réglementations visant à protéger l’environnement C. Une opposition entre PDEM e pays émergents 1. les propositions des PDEM (doc6 p 251) Les PDEM accusent alors les pays émergents de concurrence déloyale et veulent faire adopter au niveau international deux types de normes qui répondent à 2 objectifs : - un objectif implicite : limiter la concurrence déloyale - un objectif explicite : améliorer le sort de la population Deux types de normes ou clauses : - clauses sociales : Une clause sociale est l'introduction, ici dans des accords internationaux, d'une norme imposant le respect par tous de certaines règles sociales (exemple du travail des enfants). Son non-respect pourrait impliquer des sanctions commerciales (droit à des mesures protectionnistes de rétorsion à l'égard du pays violant cette clause). - clauses environnementales : ici c’est le respect de règles environnementales 2. Sont refusés par les pays émergents (7 p 251) Les pays émergents refusent l’introduction de ces clauses pour plusieurs raisons : - ils accusent les PDEM d’hypocrisie : au même stade de développement, ceux-ci n’étaient pas contraints par ce type de règles - ils considèrent qu’ils ne peuvent les appliquer :
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• leur niveau de richesse est plus faible • leur niveau de productivité aussi • ils ne peuvent donc financer ces normes ces clauses ne sont pas demandées par leur population car leur niveau de développement est inférieur à celui des PDEM
Pour en savoir plus sur les clauses sociales et normes environnementales
Où l'on reparle de la clause sociale L'inclusion d'une clause sociale dans les textes de l'OMC a été rejetée au cours du cycle de l'Uruguay à l'instigation des PED et l'idée a simplement débouché sur la proposition faite à la conférence ministérielle de Singapour en décembre 1996 de collaborations plus étroites entre l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'OMC. La question n'est pas définitivement évacuée pour autant et de nouvelles tentatives ont été faites en ce sens, en particulier par les États-Unis à la veille de la réunion de Seattle(7). Les PED sont résolument hostiles à l'insertion d'une telle clause(8). Dans ce débat qui met essentiellement l'accent sur le travail des enfants, le lien entre faiblesse des normes sociales et pauvreté (c'est parce que le pays est pauvre que les enfants sont obligés de travailler) tend à être occulte par des considérations morales (il est inadmissible de faire travailler des enfants). Ce raisonnement s'appuie sur une comparaison fausse celle qui oppose la situation actuelle à une situation idéale, or dans la réalité le choix est tout autre et il serait sans doute pire que les enfants ne travaillent pas. Le remède préconisé n'est donc pas approprié, empêcher les enfants de travailler ne résout pas le problème de la pauvreté, bien au contraire. Il semble en outre que l'on se trompe de cible selon l'OIT, en effet, l'essentiel du travail des enfants dans les PED concerne le secteur agricole des biens non échangés. L'application de sanctions commerciales pour éradiquer le travail des enfants ne serait donc pas efficace. Par ailleurs la sélectivité de la clause sociale (elle ne porterait par exemple que sur le travail des enfants, mais pas sur les conditions de travail des travailleurs émigrés par exemple) est suspecte et suggère que les motivations de ses partisans sont de nature protectionniste. Les responsables des pays industrialisés craignent pour certains secteurs de leur économie, et pour certains groupes " défavorisés ", et cherchent à les protéger. Le problème est extraordinairement complexe, étant donné qu'à vouloir défendre " leurs " pauvres c'est-à-dire les ouvriers peu qualifiés en concurrence directe avec ceux des pays à bas salaires les pays industrialisés sanctionnent finalement les pauvres du reste du monde et entravent même les chances de développement dans ces pays, en restreignant l'accès de leurs produits aux marchés du monde développé. Un cercle vicieux s'installe alors par lequel la réussite économique des PED avive les réactions protectionnistes dans les pays industrialisés, qui risquent de remettre en cause la dynamique de croissance dans les PED (Deardorff, 2000).
La montée des préoccupations environnementales Les PED sont également hostiles à l'inclusion de préoccupations environnementales dans les attributions de l'OMC. Les contraintes imposées par des normes environnementales jugées trop élevées porteraient atteinte à la compétitivité de leurs entreprises. A l'inverse, les pays industrialisés jugent indispensable la mise en place de normes internationales pour éviter un dumping environnemental et prévoient de sanctionner ceux qui ne les respecteraient pas. Les choses sont en la matière assez complexes. Il peut paraître a priori justifié de chercher à imposer des normes pour les exportations de produits pouvant mettre en danger l'environnement ou la santé des consommateurs du pays importateur. Celte possibilité existe à vrai dire déjà dans les dispositions de l'OMC, qui autorisent les gouvernements nationaux à restreindre les échanges dans de tels cas. La véritable opposition porte sur le lien établi entre normes environnementales et sanctions commerciales Les accusations de dumping portées par les pays industrialisés ne paraissent pourtant pas vraiment fondées, en particulier car il n'existe pas de preuve que la faiblesse des réglementations environnementales dans les PED confère un quelconque avantage aux producteurs de ces pays. Ce problème est là encore lié au niveau de développement et au manque de moyens dans ces économies. Il s'agit donc plutôt d'un problème de développement que d'un problème commercial. Comme dans le cas de la clause sociale, les intentions des pays industrialisés sont probablement de nature protectionniste sous couvert de préoccupations écologiques. Si l'intention était vraiment le souci de la protection de l'environnement, alors l'instrument choisi n'est pas le bon, car ce n'est pas en interdisant aux produits des PED l'accès aux marchés des pays industrialisés que l'on résout le problème de la dégradation de l'environnement dans les pays d'origine, bien au contraire. En effet, dans la mesure où l'on observe une corrélation positive entre croissance économique et amélioration de la qualité de l'environnement, tout au moins au delà d'un certain seuil de revenu par tête(9), la meilleure des stratégies de sauvegarde de l'environnement consisterait à encourager la libéralisation des échanges qui est source de croissance.
Les divergences d'opinions sur ces deux questions reflètent certes des divergences en matière de priorités et d'objectifs économiques entre les deux parties, mais aussi de conception quant au rôle que l'OMC peut et doit jouer. Du côté des pays industrialisés, la tentation est forte de chercher à utiliser le pouvoir de coercition de l'ORD pou faire respecter un code de bonne conduite même dans des domaines non directement liés au commerce(10). La principale raison de soumettre de telles questions à cet organe tient au fait qu'il est un lieu unique d'arbitrage des conflits entre États, et de production sous forme de jurisprudence d'un droit dérivé (Allard, 2000). Pour les raisons évoquées plus haut, les PED sont pour leur part logiquement hostiles à une évolution en ce sens, qui déboucherait sur des décisions et des règles à la légitimité à leurs yeux, contestable.
III. La politique commerciale stratégique : un nouveau protectionnisme Constat : On a assisté au début des années 80 à une réhabilitation de la théorie du protectionnisme éducateur. Explications : elle est basée sur la remise en cause des hypothèses démontrant l’optimalité du libre-échange : • dès lors que l’on ne se situe pas sur des marchés de CPP , le libre-échange peut générer des effets pervers . En effet : - contrairement à ce qu’affirmaient Ricardo et à sa suite HOS , la spécialisation ne résulte pas de déterminants statiques adoptés passivement par les Etats ( dotations factorielles ) ; elle est construite par les Etats qui cherchent à s’implanter sur les marchés les plus porteurs . - Un pays qui dispose d’une avance technologique (exemple les USA) va alors essayer de la maintenir en mettant en place des barrières à l’entrée qui dissuaderont ses concurrents étrangers de se lancer dans l’innovation . • Une des barrières essentielles est constituée par les coûts de recherche : - Ceux ci sont très élevés , et ne pourront être rentabilisés que si l’entrant sur le marché peut bénéficier d’économies d’échelles. Il peut être alors nécessaire d’appliquer des mesures protectionnistes qui en rendant le marché intérieur captif aux entreprises nationales leur permettront Dans une première phase de rentabiliser leurs investissements . - comme l’a démontré la théorie de la croissance endogène , l’innovation sera d’autant plus aisée que l’expérience et le capital de connaissances accumulés dans le domaine seront forts . Dès lors , il peut être utile d’aider les entreprises à obtenir ces connaissances qui constituent, elles aussi une barrière à l’entrée : l’Etat peut ainsi, soit se substituer aux entreprises afin de mener des recherches , soit par des aides les inciter à investir les créneaux les plus porteurs. Conclusion :Ainsi, dès lors que l’on ne se situe plus sur un marché de CPP c’est à dire que : - les entreprises du pays leader appliquent une stratégie commerciale visant à rendre leurs concurrents économiquement dépendants et incapables de générer un progrès technique leur permettant de rattraper le retard accumulé , - une intervention de l’Etat peut s’avérer nécessaire afin de contribuer à la constitution des avantages comparatifs sur les marchés les plus dynamiques . - En appliquant une stratégie s’appuyant sur les principes du protectionnisme éducateur ( cf. exemple d’Airbus : doc 22 p 247 ) un pays peut permettre à ses entreprises de conquérir une place sur un marché oligopolistique caractérisé par de fortes barrières à l’entrée , ce qui à terme diminuera la dépendance et permettra la réduction des barrières douanières
Pour en savoir plus sur les politiques commerciale et industrielle stratégiques : un extrait d’article de M.Rainelll La nouvelle théorie a également développé une analyse originale de la politique commerciale, qui n'a été défendue que pendant une durée assez brève. La théorie traditionnelle montre, lorsque la concurrence est parfaite, que le libre-échange est optimal ; la nouvelle théorie, reposant sur une analyse en termes de concurrence imparfaite, développe au contraire des justifications fortes à une intervention publique par le biais de politiques industrielle ou commerciale. C'est un article de James Brander et Barbara Spencer qui marque la naissance de la nouvelle théorie du protectionnisme(15). Les auteurs envisagent le cas particulier d'une firme domestique qui entre en concurrence de Cournot avec une firme étrangère sur un marché tiers où il n'existe pas de producteur autochtone. Les firmes ont des dépenses de R&D qui conduisent à une diminution de leurs coûts de production ; ces dépenses peuvent être subventionnées par les pouvoirs publics du pays domestique. Cette politique industrielle permet d'abaisser le coût de production de la firme en dessous de celui de sa rivale et donc de modifier l'équilibre atteint sur le marché tiers. Le niveau optimal de subvention est celui qui permet de passer d'un équilibre de Cournot (sans intervention publique) à un équilibre de Stackelberg où la firme domestique est leader, ce qui accroît son profit. Cette situation est décrite comme l'" extraction d'une partie des rentes d'oligopole de la firme étrangère "(16). Dans le prolongement de ces résultats, de nombreux travaux vont s'intéresser à la description de cas où l'intervention des pouvoirs publics, au moyen d'une politique commerciale ou d'une politique industrielle peut conduire à améliorer la situation d'une firme nationale, ou à lui permettre d'entrer sur un marché dans lequel, sans intervention publique, elle ne pourrait obtenir un profit positif. De telles formalisations sont apparues comme pertinentes pour décrire, par exemple, le cas de l'industrie aéronautique avec la rivalité entre Airbus et Boeing. Cependant, les premiers enthousiasmes à l'égard de cette approche vont rapidement être tempérés ; d'une part, les résultats obtenus ne sont pas robustes : la modification des hypothèses de comportement des firmes remet en cause les modalités de l'intervention publique. D'autre part, les tentatives pour chiffrer les gains résultant d'une politique activiste ont conduit à relativiser son intérêt. Krugman, dans un article célèbre paru en 1993, considère, tous comptes faits, que le libre-échange demeure la politique optimale(17). Ainsi, les apports de la nouvelle théorie, s'ils sont indéniables sur le plan conceptuel, parce qu'ils permettent de raisonner sur des cas généraux et non plus limites, n'ont pas encore fait l'objet de vérifications empiriques probantes. De ce point de vue, la faiblesse de la nouvelle théorie renvoie à celle de la théorie traditionnelle. Source :Les cahiers français, n° 299 , Auteur : Michel Rainelli (LATAPSES-IDEFI CNRS et Université de Nice Sophia-Antipolis) . Limites :Il n’en reste pas moins que l’exemple de Boeing et d’Airbus montrent que la politique menée par les 2 gouvernements peut être assimilée à un jeu à somme négative , puisque les pertes subies par les américains n’ont pas été compensées par une amélioration du bien-être des européens . Pour étudier les deux formes du protectionnisme offensif et défensif Contrairement à ce que l’on pourrait penser , une étude historique montre que leprotectionnisme se développe durant des périodes présentant des caractéristiques bien précises . B.assudrie-Duchêne écrit ainsi : « les poussées protectionnistes doivent être mises en relation , historiquement avec des périodes dans lesquelles les transformations technologiques sont capables de créer des retournements d’avantages comparatifs ou de spécialisation . » B.Lassudrie-Duchêne est amené à distinguer 2 types de périodes : - les périodes de croissance hégémonique : ( ex : 1840-1875 , 1945-1970 ) qui sont des périodes au cours desquelles le pays leader comme ses partenaires bénéficient d’avantages ou de désavantages comparés relativement stables . Dans les domaines de la haute technologie , l’avantage du leader est tel que ses suiveurs ne peuvent le concurrencer et qu’ils ont donc intérêt à importer ses produits afin d’exporter librement des produits plus traditionnels dans lesquels ils sont spécialisés .
au contraire , dès lors que l’hégémonie du pays leader est remise en question ( la GB à la fin
PROTECTIONNISME DEFENSIF
PROTECTIONNISME OFFENSIF
du XIX° , les EU depuis 1970 ) ou que la croissance économique se ralentit les conflits de répartition interne et externe se multiplient , les décideurs politiques sont alors incités à intervenir en manipulant les droits de douane , les taux de change afin de protéger leur avances technologique ( pays leader ) ou de réduire leur retard ( pays suiveur ) . Ils vont alors être amenés 2 types de protectionnisme selon LAFAY qui visent des objectifs bien différents comme l’indique le tableau suivant : Secteur concerné
Objectifs recherchés
Dangers encourus
Type de mesures à appliquer
-les secteurs stratégiques relevant de la défense nationale -les secteurs de reconversion qui subissent de plein fouet la concurrence extérieure - il s’agit de reconvertir la branche menacée par la concurrence étrangère en favorisant un repli en bon ordre sur les créneaux les plus porteurs , en restructurant la filière par la spécialisation intrabranche - le danger est que la protection devienne permanente , sous la pression des secteurs traditionnels qui cherchent à se protéger de la concurrence des PVD , ceci retarderait un nécessaire redéploiement du tissu productif vers les branches les plus dynamiques - une protection planifiée qui vise à assurer une restructuration en bon ordre du tissu productif , en particulier un redéploiement des emplois ( mais aussi des investissements) vers les secteurs porteurs - une protection dégressive dans le temps : les producteurs nationaux doivent comprendre , dès l’application de mesures défensives qu’elles visent à accélérer les restructurations et non à les retarder
- les secteurs porteurs et innovateurs pour lesquels le pays ne dispose pas encore d’un avantage comparatif - le pays qui n’est pas encore compétitif sur un secteur d’avenir doit protéger ses industries naissantes , afin de combler le handicap provisoire et de ne pas tomber dans la dépendance du pays leader sur ce marché ( ex : l’informatique en Europe ) - la protection des industries naissantes doit être planifiée et dégressive dans le temps . LAFAY écrit : « rien ne serait plus dangereux qu’une protection appliquée hâtivement sous l’influence de groupes de pression et donc le maintien illimité contribuerait ensuite à pérenniser des structures inadaptées - une protection planifiée et dégressive dans le temps qui permette au producteur de rattraper leur retard et d’opérer une transition en douceur vers le libre-échange qui est l’objectif de moyen terme - des objectifs réalistes qui tiennent compte des capacités réelles du pays afin de déterminer les activités pour lesquelles le seuil de compétitivité peut être atteint des délais raisonnables - une limitation du nombre de productions protégées qui permettent réellement d’opérer des choix stratégiques de spécialisation
Conclusion : Comme le conclue LAFAY , le protectionnisme peut être la meilleure ou la pire des choses , la pire s’il consacre d’avantages d’efforts à la production défensive d’industries du passé qu’à la protection offensive des industries de l’avenir ; la meilleure s’il vise par une analyse de l’évolution des marchés une spécialisation qui dynamise les avantages comparatifs .
Chapitre : mondialisation et internationalisation des échanges
Notions du référentiel : acculturation, différenciation culturelle
Fiche 7 - Mondialisation et culture Partie 1 – La mondialisation se traduit-elle par une perte de diversité culturelle ? I. Un risque de mcdonaldisation du monde
La mondialisation intègre la plupart des nations dans l’échange marchand et modifient leurs économies, ainsi que leur mode de vie et de consommation. Or, chaque produit porte en lui sa culture d’origine. Par conséquent, la substitution d’un produit national par celle d’un produit étranger favorise le processus d’acculturation. La confrontation des systèmes productifs traditionnels à l’appareil de production capitaliste tourne à leur désavantage. L’efficacité de l’économie capitaliste lui procure une force d’imposition sur les économies traditionnelles et contribue ainsi à une uniformisation culturelle planétaire. Celle-ci prend les formes suivantes A. Constat (1 p 284) 1.
Une standardisation des modes de vie.
– Urbanisation, salarisation : l’accumulation du capital conduit à l’extension du salariat et de l’urbanisation à l’échelle planétaire ainsi que de tout ce qui en découle (productivisme, montée de l’individualisme, civilisation de l’automobile, etc.). – La diffusion des produits manufacturés et des biens culturels standardisés qui véhiculent partout les mêmes valeurs et normes : Coca-cola, Macdonald, films, 2p 284) et séries télévisés diffusent l’« american way of life » à travers le monde ). Ils se substituent aux produits nationaux ou locaux, ce qui engendre un processus d’acculturation voire d’assimilation). 2. Un vaste processus d’acculturation, voire de déculturation (4 p 284) a. -
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La rencontre des cultures
La disparition des sociétés traditionnelles rurales, fondées sur l’agriculture. Le petit artisanat et souvent le troc, sont « remplacées » par des sociétés monétarisées, où la majeure partie de la population travaille contre un salaire monétaire. Les solidarités traditionnelles sont remplacées par la logique contractuelle. La diffusion de pratiques culturelles mondiales relègue les pratiques culturelles locales, voire conduit à leur disparition progressive ou brutale (musique, football « coupe du monde », lecture des best seller Da Vinci Code, Harry Potter).,une langue internationale (l’américain) et une monnaie internationale (le dollar). L’extension de l’économie de marché à l’ensemble de la planète s’accompagne donc d’un vaste processus d’acculturation.
Définition de l’acculturation (1p 192): Selon la définition classique de Redfield, Linton et Herskovits l’acculturation est « l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraîne des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes » b. Peut se traduire par une perte de diversité culturelle -
On observe une diffusion du modèle culturel occidental et tout particulièrement du modèle américain. Un consommateur mondial type se dessine peu à peu, la « macdonaldisation » du monde serait donc inéluctable. La diversité des cultures serait menacée . Les pratiques de dépigmentation qui se développent chez les Africains ont en effet de quoi inquiéter .L’acculturation se traduirait donc par une assimilation ou une déculturation :
Définition de l’assimilation: c’est une des conséquences de l’acculturation :à la disparition d’une des deux cultures qui acceptent intégralement les valeurs de l’autre, mais elle doit être volontaire , sinon la culture dominée continue d’imprégner la culture dominante Définition de la déculturation : phase de déconstruction des valeurs et des normes d’un groupe ou d’une société au contact de groupes d’une autre culture. La
déculturation peut être si profonde que toute restructuration culturelle devient impossible .
B. Explications 1. -
Les FMN pratiquent la DIPP en implantant leurs filiales dans de nombreux pays pour étendre leurs marchés, rationaliser leurs activités (réaliser des économies d’échelle, tirer avantage des spécificités de chaque pays). L’accumulation du capital à l’échelle mondiale entraîne ainsi l’extension des marchés. 2.
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Amplifié par les nouvelles technologies
Ce phénomène est accentué par le développement et la diffusion de nouvelles technologies qui accélèrent la circulation des biens et services, des hommes et des capitaux et de l’information et des idées. Elles multiplient les moyens de communication et permettent de réduire les distances et les temps des communications ainsi que de baisser leurs coûts ; elles favorisent donc leur augmentation (téléphone fixe puis mobile, fax, Internet, diffusion par satellites, transports à grande vitesse ou grande capacité, TV et publicité). Ainsi la circulation des biens et des idées est-elle accélérée. 3.
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Les stratégies des firmes s’organisent à l’échelle mondiale.
Une volonté d’imitation
les PDEM et notamment les Etats-Unis sont les pays les plus riches du monde adopter leur mode de vie permet d’obtenir une partie de leur prestige
II. A relativiser A. L’acculturation peut engendrer d’autres conséquences que l’assimilation 1. Les différences culturelles entre pays se maintiennent : une culture syncrétique Définition de la culture syncrétique ou métisse :de la rencontre des deux cultures naît une culture nouvelle qui peut être une véritable synthèse ou une configuration éclectique adaptable selon les comportements et les situations -
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Patrimoines culturels nationaux clairement identifiables (littérature, peinture, musique, architecture, etc.), goûts différents avec lesquels les FMN doivent composer, s’adapter aux spécificités locales (Mac Do en Inde ou en France effectue une certaine adaptation de ces produits aux exigences locales). Certaines populations utilisent aujourd’hui leur culture d’origine pour fabriquer des produits nouveaux. La culture dans certain cas, devient un label commercial Les modes d’organisation capitalistes restent différents: l’Angleterre valorise la culture du contrat , l’Allemagne celle du consensus . Des processus de métissage culturel et de réinterprétation se multiplient et témoignent du maintien de la diversité culturelle. Pas de culture à l’état pur, mais un processus permanent d’acculturation qui s’intensifie avec la mondialisation. La culture est toujours en mouvement 2.
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Des réactions identitaires se manifestent
permettent de sauvegarder les spécificités culturelles nationales : revendication européenne de l’exception culturelle pour maintenir la création artistique dans le domaine de la musique et du cinéma ; exemple du cinéma indien : forte créativité nationale (Bollywood) et faible pénétration du cinéma américain. Ou constituent de véritables phénomènes de contre-acculturation avec un retour à des valeurs en opposition à celles des démocraties occidentales. Ex. : les mouvements d’extrême droite, la montée du
fondamentalisme religieux dans le monde musulman en réaction à la domination économique, politique et culturelle de l’Occident (7 p 285) Définition de la contre-acculturation :c’est un mouvement de refus actif de la culture dominante qui peut générer une contre culture préconisant la restauration du mode de vie antérieur au contact (mode de vie lui-même réinterprété donc largement mythique) B. Les écarts de mode de vie entre pays comme à l’intérieur des pays restent considérables.(6 p 285) 1. -
Toutes les nations du monde ne sont pas intégrées au même niveau dans l’échange international. Ceci est vrai aussi à l’intérieur d’un même pays. La vision d’un village planétaire concerné par les mêmes valeurs et les mêmes préoccupations est donc un leurre. En effet, évoquer l’uniformisation, c’est oublier que la mondialisation n’a pas gommé les écarts considérables de modes de vie entre les pays riches et pays pauvres. La salarisation à l’échelle planétaire est loin d’être homogène : le niveau de salaires, la protection et les droits des travailleurs diffèrent. Les écarts de niveau de vie maintiennent de fortes inégalités de mode de vie, d’accès à l’éducation, à la santé, accès à l’eau potable, d’espérance de vie entre les pays et à l’intérieur des pays. 2.
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La mondialisation ne concerne pas tous les pays au même degré.
Ainsi, l’uniformisation des modes de vie ne doit faire illusion.
Le phénomène d’urbanisation dans les PED ne revêt pas les mêmes formes que dans les pays développés. Seules les élites, ou les classes moyennes de ces pays accèdent véritablement au mode de vie occidental. Il y a moins d’écart entre un cadre américain et un cadre indien qu’entre ce dernier et un paysan indien ou qu’entre le cadre et l’ouvrier américain. En dépit de pratiques vestimentaires, culinaires différentes, religieuses, etc., les deux cadres partagent une vision de l’entreprise, des méthodes de travail, des niveaux de vie qui les rapprochent et qui structurent leur quotidien à l’identique et les éloignent de l’univers économique et mental du paysan indien ou de l’ouvrier américain.
Partie 2 – Faut-il mener des politiques d’exception culturelle ? Politique d’exception culturelle :la nature même des biens culturels (livres, musique, cinéma) nécessite de mettre en place des mesures protectionnistes visant à protéger cette production : - aides financières - impositions de quotas de produits nationaux
I. Les politiques d’exception culturelles sont néfastes ; la mondialisation reposant sur la circulation des idées est souhaitable Pour voir des exemples montrant l’inefficacité des politiques d’exception culturelle : 1. -
Exemples historiques
la mise à l’index des ouvrages remettant en cause les préceptes de la religion catholique
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les autodafés sur les livres considérés avilissants par les nazis le bloc soviétique et en particulier le mur de Berlin ( cf cours d’histoire-géo) ont amplement démontré que la volonté de préserver un peuple de la soi-disant influence nocive d’un modèle concurrent ( le modèle occidental et en particulier la RFA ) peuvent servir à légitimer une absence complète de liberté l’Albanie de E .Hodja , la révolution culturelle de Mao , le Cambodge de Pol Pot sont là pour prouver que des politiques visant à produire un nouvel homme en détruisant les symboles du passé impliquent une violation des droits de l’homme 2.
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Exemples récents
l’imposition de la charia et la destruction des Bouddhas en Afghanistan les mesures prises par les autorités chinoises lors de la préparation des jeux de Pékin et sur internet avec Yahoo. A. Explications -
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Le principe de base de toutes ces mesures est de définir une culture considéré comme pure (c’est-à-dire n’ayant subi aucune influence extérieure) qui doit être préservée ou retrouvée. Les moyens : • L’élimination de tous les éléments culturels définis comme étrangers ou impurs • Le refus de laisser circuler des éléments culturels qui viendraient abâtardir la culture en opérant un métissage culturel Les conséquences : • L’impossibilité de définir une culture pure ( qui n’existe pas puisque par définition les cultures sont syncrétiques)conduit à la recherche d’ennemis de l’intérieur ( la culture bourgeoise en URSS ) et à une fermeture toujours plus poussée du pays sur lui-même dont l’objectif est d’homogénéiser les modèles de comportements , les valeurs et les normes B. La critique des politiques d’exception culturelle (8 p 288)
Même si elles ne sont en rien comparables aux dérives dangereuses et condamnables des politiques des pays totalitaires, les politiques d’exception culturelle conduisent selon leurs opposants, principalement les anglo-saxons à une série d’effets pervers qui doivent conduire à leur remise en cause : - les politiques d’exception culturelles qui visent à protéger le local des appétits du « grand méchant loup mondialiste » peuvent traduire chez les militants anti-mondialisation un désir de pureté culturelle qui postule une conception de la culture dangereuse : « des segments culturels étanches auraient traversé les siècles sans se mêler véritablement et seraient aujourd’hui en passe de s’abîmer irrémédiablement dans le grand chaudron de la mondialisation » - la France qui est le leader du camp exceptionniste ne s’interrogeait pas sur les dangers de l’exception culturelle quand le modèle français était adopté partout en Europe, voire aux EU : les rédacteurs de la Constitution américaine étant très influencés par la philosophie des Lumières - ces politiques rejettent les principes de la libre-circulation des idées, sont donc un frein au développement des idées démocratiques et de liberté - ces politiques remettent en cause le libre-choix des citoyens à pouvoir consommer les produits qu’ils désirent : les français sont ainsi obligés d’écouter à la radio des chansons françaises qui ne leur conviennent pas forcément du fait de l’imposition de quotas - les producteurs de programmes culturels qui ne sont pas mois en concurrence ne sont pas incités à répondre aux besoins des consommateurs, en particulier en augmentant la qualité des produits ou en cherchant à les démocratiser pour les rendre accessibles - le soutien public à ces programmes culturels conduit à un gaspillage de ressources
II. Des politiques culturelles nécessaires A. Les américains sont les plus protectionnistes -
les EU importent moins de 1% de la production cinématographique mondiale
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ils occupent une situation dominante qui leur donne une situation de quasi-monopole : il s’agit donc d’un « faux marché » les EU ont défendu au GATT le principe du traitement des biens culturels comme des biens purement marchands soumis donc aux même critères que les autres biens B. La nécessité de politiques d’exception culturelle a été reconnu par l’Unesco ( 2 p 286) 1. La culture ne peut être assimilée à une marchandise ( 7 p 288 )
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car véhicule des « contenus , des valeurs , des modes de vie qui sont partie prenante de l’identité culturelle d’un pays et reflète la capacité créatrice des individus » 2.
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pour éviter la disparition de leur cinéma , de leur modèle alimentaire , … les pays peuvent et doivent adopter des politiques visant à se protéger de la standardisation commerciale qui va de pair avec la consommation de masse et les économies d’échelle la France va , par exemple , imposer des quotas , mais aussi protéger la production cinématographique par le mécanisme d’avances sur recettes 3.
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il faut donc affirmer le droit souverain des Etats à mettre en œuvre des politiques culturelles
Renforcer la solidarité et la coopération en faveur des pays en développement
l’objectif de l’exception culturelle n’est absolument pas, comme le disent les exceptionnistes , d’imposer un rideau de fer c’est au contraire de préserver la diversité culturelle et de favoriser la rencontre des cultures : un projet comme le musée des Arts premiers au Quai Branly ou la réussite de la world music traduisent bien cette volonté d’ouverture et de confrontation des cultures