Chapitre introductif – croissance et développement
Fiches 1 , 2 , 4 et 5
Thème 2 – Les relations entre croissance et développement Introduction : Définition du développement Document 1 : A: Le développement implique, en plus de la croissance, une meilleure satisfaction des besoins fondamentaux (alimentation, santé, éducation), une réduction des inégalités, du chômage et de la pauvreté. Ainsi, il s'agit d'un « mouvement vers le haut de tout le corps social» (Myrdal1). [...] Le développement est un processus cumulatif puisqu'il permet. une amélioration des capacités humaines, et donc une hausse de la productivité favorable à la croissance : « Les premières conditions d'une productivité élevée... sont que les masses populaires soient alphabétisées, en bonne santé, et suffisamment bien nourries» (Viner). Au contraire, le sous-développement est «un gaspillage, une destruction des capacités humaines... un état auto-entretenu d'insatisfaction des besoins fondamentaux» (Guillaumont). Source : J. Brasseul, Introduction à l'économie du développement, coll. Cursus, Armand Colin, 1989. B : diaporama développement Questions : - Les termes développement et croissance sont-ils synonymes ?Précisez le concept de développement . - Quelles relations entre croissance et développement sont mises en en évidence dans le document A ?
I.
L’analyse libérale de la relation croissance-développement A. La croissance est une condition nécessaire au développement
Document 2 : La croissance économique est une condition nécessaire du développement, puisqu'elle seule permettra d'améliorer les niveaux de vie, d'augmenter « l'étendue des choix humains » (Lewis), de dégager des ressources en faveur de la santé, de l'éducation,et d'accroître l'indépendance économique nationale en rendant l'aide étrangère moins nécessaire.( … ) Il serait abusif, cependant, d'imputer la responsabilité du « mal développement » (Dumont) à la croissance économique, les divers aspects de la dégradation sociale que l'on vient d'énumérer se produisant également, et étant probablement pires, dans des pays où la croissance a été faible ou nulle. À long terme une croissance continue s'est toujours accompagnée d'une amélioration pour toutes les catégories sociales. Source : J. Brasseul, Introduction à l'économie du développement, coll. Cursus, Armand Colin, 1989. - Pourquoi la croissance peut-elle être considérée comme une condition nécessaire au développement ?
B. Et suffisante Document 3 : A: L'approche de l'école anglo-saxonne est principalement quantitative, ce qui a souvent pour conséquence de réduire l'étude du développement à l'étude du produit national brut (PNB), de son évolution et de sa répartition. De la sorte, elle confond croissance et développement. Partant de là, certains auteurs dont Simon Kuznets considèrent que le développement peut se réduire à l'examen du PNB (ou du PIB) par habitant. L'aspect multiforme du développement n'est pas nié, mais les auteurs de l'école anglo-saxonne considèrent que l'examen du PIB par habitant reste encore le meilleur moyen d'appréhender l'ensemble des dimensions du développement. Comme le souligne J.Bruton ( 1965) : « l'idée que le développement est une notion multidimensionnelle est importante, mais il n'est pas nécessaire de rechercher avec une insistance telle, une mesure multidimensionnelle. Dans presque tous les cas, le produit par tête est un substitut efficace». Source : P Gaudron, économie du développement, Hachette, 1995. B: Pour les économistes libéraux “néoclassiques”, le sous-développement ne serait qu’un retard sur la voie royale et universelle tracée par les pays aujourd’hui développés : c’est bien ce que signifie d’ailleurs le terme « sous-développement ». Mais ce retard n’est en rien expliqué ; il est seulement décrit par des batteries de critères propres à chaque auteur et qui font référence à des données démographiques, économiques ou sociales, à la recherche de l’introuvable « indicateur synthétique ». Cette position est fortement consacrée par la célèbre théorie des étapes de la croissance économique de l’historien américain W.W.Rostow selon laquelle toutes les sociétés doivent passer par les cinq étapes suivantes : la société traditionnelle, les conditions préalables audémarrage, le démarrage, le progrès vers la maturité, et l'ère de la consommation de masse. Source : P.Dockès, B.Rosier, L’histoire ambiguë : croissance et développement en question, PUF 1988) Questions : - Expliquez la phrase soulignée - Quelle conception du sous développement développent les auteurs libéraux ?
II.
Vérification empirique A. Une corrélation certaine 1. Une analyse longitudinale
Document 4 : http://www.gapminder.org/video/gap-cast/gapcast1---health-money--sex-in-sweden.html Questions : - Quelles variables sont corrélées pour la Suède de puis 300 ans ? - Quelle analyse théorique paraît vérifiée dans le film ? Document 5 : A : http://www.gapminder.org/fullscreen.php?file=GapminderMedia/GapTools/HDT05L/application.swf ( présentations 1 , 2 , 3 ) B/ Entre 1981 et 2005 , le nombre de pauvres dans le mode a diminué de 500 millions , et leur proportion est tombée de 52% à 26% ; Cette Bonne nouvelle –relative , puisque l’Afrique ne profite pas de l’embellie – est extraite d’un rapport publié le 26 août,par la Banque mondiale , et intitulé « Les pays en développement son plus pauvres qu’on le croyait , mais le combat qu’ils mènent contre la pauvreté porte ses fruits » . En effet , la Banque a profondément révisé ses données sur la pauvreté . Elle a pris en compte 675 enquêtes conduites auprès des ménages dans 116 pays en développement représentant 96% des populations de cette catégorie de pays . Les résultats obtenus au titre de l’année la plus récente sont basés sur des entretiens avec un échantillon aléatoire de 1,2 millions de ménages . A partir de quel seuil de pauvreté est-on pauvre ? Le seuil de pauvreté moyen est établi à 1,25 $ par jour ( valeur 2005) dans les 20 pays les moins développés ( … ) « Les anciennes données prêtaient à penser que le nombre de pauvres était tombé en dessous de 1 milliards de personnes » note la Banque , mais « en tenant compte de l’augmentation du coût de la vie dans les pays en développement , leur nombre est désormais estimé à 1,4 milliards de personnes » contre 1,9 milliards en 1981 . « Ces nouvelles données confirment que le monde atteindra probablement le premier objectif de développement pour le Millénaire arrêté par l’ONU , consistant à réduire de moitié le taux de pauvreté de 1990 au plus tard en 2015 , commente Justin Lin , chef économiste de la Banque . Le taux de pauvreté a baissé d’environ un point par an depuis 1981 « Les progrès sont très contrastés selon les régions . L’Asie de l’Est , qui affichait le taux de pauvreté le plus élevé avec plus de 80% en 1981 , a obtenu des résultats si spectaculaires que le taux y est tombé à 18 % et que 600 millions de personnes y sont sorties de la très grande misère . Le taux de pauvreté recule aussi en Asie du Sud , en Amérique latine , aux Caraïbes , au Moyen-Orient et en Afrique du Nord , mais pas suffisamment pour que le nombre de très pauvres baisse. En revanche , l’Afrique subsaharienne n’a pas vu diminuer son taux de pauvreté , stabilisé à 50% depuis 25 ans .Pire le nombre de ses déshérités ( en moyenne , moins de 0.7 dollar de revenu par jour ) a pratiquement doublé , passant de 200 à 380 millions de personnes . A ce rythme , un tiers du milliard de pauvres que comptera le monde en 2015 se trouvera en Afrique subsaharienne . Source : A.Faujas , La proportion de pauvres dans la population mondiale a diminué de moitié depuis 1981 , Le Monde , 28/08/2008 Questions : - Comment évolue entre 1970 et 200 la part des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ? ( doc A ) - Toutes les régions en ont-elles profité de la même manière ? ( doc A ) - Comment peut-on expliquer cette inégale diminution de la pauvreté ? ( doc A ) - Le nouveau rapport de la Banque mondiale remet-il en question ces évolutions ? ( doc B) - Expliquez la phrase en gras ( doc B ) Document6 http://graphs.gapminder.org/world/#$majorMode=chart$is;shi=t;ly=2003;lb=f;il=t;fs=11;al=30;stl=t;st=t;nsl=t;se=t$wst;tts=C$ts;sp=6 ;ti=2006$zpv;v=1$inc_x;mmid=XCOORDS;iid=phAwcNAVuyj1jiMAkmq1iMg;by=ind$inc_y;mmid=YCOORDS;iid=phAwcNAVu yj2tPLxKvvnNPA;by=ind$inc_s;uniValue=8.21;iid=phAwcNAVuyj0XOoBL_n5tAQ;by=ind$inc_c;uniValue=255;gid=CATID0;by=g rp$map_x;scale=log;dataMin=199;dataMax=42642$map_y;scale=lin;dataMin=25;dataMax=84$map_s;sma=49;smi=2.65$cd;bd=0$i nds= Questions : - Vérifiez les relations entre le niveau de PIB par habitant et • Le taux de mortalité des enfants • L’accès des filles à la scolarisation primaire • Le taux de décès par tuberculose - Que pouvez vous en conclure ?
2. Une analyse transversale Document 7:
Questions : - Donnez le mode de lecture et de calcul pour le Nigeria - Quelle corrélation pouvez-vous faire apparaître entre IDH et PIB/habitant ? Prenez des exemples précis Document 8 : Liberté économique et PIB par tête
Questions : Questions : - Donnez le mode de lecture du chiffre entouré. - Pouvez vous faire une relation entre les deux variables étudiées dans le graphique ? - Quelle théorie vue dans le cours distribué semble t’elle justifier ?
B. Mais absolument pas automatique Document 9 : http://www.gapminder.org/downloads/presentations/human-development-trends-2005.html Questions : 1. Cliquez sur l’animation 4, revenu et santé : • Pouvez vous établir une relation entre santé et revenu en 1970 • Quelle évolution observez vous entre 1970 et 2000 ? 2. Cliquez sur l’animation 5 : • Les inégalités de santé résultent –elles uniquement de l’appartenance à une région ? 3. Cliquez sur l’animation 6 : • Peut-on conclure que la santé dépend uniquement du revenu, justifiez votre réponse . 4. Cliquez sur l’animation 7, à partir des exemples de pays cités peut-on en conclure qu’il existe un chemin unique de développement ? Justifiez votre réponse, quelle théorie cela remet-il en cause ? Document 10 : http://www.gapminder.org/downloads/presentations/mdg-achievement-graphs--2003.html Questions :
-
Quels sont les objectifs du millénaire ? Quelle était la situation pour l’année de départ pour : l’éducation, l’eau, la faim, le système sanitaire par rapport au PIB par habitant , pouvez vous faire apparaître une relation ,si oui laquelle ? les objectifs fixés en 200 seront-ils atteints par tous les pays, ceux ayant le meilleur classement économique ont-ils la plus forte probabilité d’atteindre les objectifs ?
III.
Une remise en cause de la conception libérale A.
La croissance n’est ni une condition suffisante pour assurer le développement
Document 11 : A: Mais elle n'est pas une condition suffisante du développement, au moins à court terme, si elle n'est accompagnée de politiques visant à une réduction directe de la pauvreté. En effet, la croissance peut aller de pair avec un accroissement des inégalités, une détérioration des conditions de vie pour les plus pauvres, la misère et la répression politique et sociale. On parlera alors de «croissance sans développement». Source : J. Brasseul, Introduction à l'économie du développement, coll. Cursus, Armand Colin, 1989. B: La croissance de l'ensemble des pays du Sud [est] indéniable. Mais [...] la croissance et le développement sont deux choses différentes. [...] C'est parce que le développement est insuffisant que la pauvreté stagne ou s'amplifie. La croissance, si elle a lieu, ne concerne que certains secteurs de l'économie. La prospérité relative de ces secteurs n'a aucun effet d'entraînement sur le reste de l'économie. La croissance ressemble à une bulle qui se dilate sans incidences sur la pauvreté. Ou plutôt si : les pauvres se sentent encore plus pauvres de la richesse souvent arrogante d'une minorité. Pour ne prendre qu'un exemple, l'Afrique subsaharienne a connu un bel essor dans les années 1960. [...] Dans les années 1970, c'est l'effondrement. [...] L'endettement augmente. Les gouvernements s'en remettent à la Banque mondiale et au FMI. Les programmes d'ajustement n'ont qu'une recette : l'apurement des déficits, les privatisations et la baisse des droits de douane dans le but de promouvoir la compétitivité extérieure - autrement dit la croissance par les exportations et les investissements directs. Focalisées sur l'exportation de quelques produits primaires, trop peu intégrées, les économies africaines dans le meilleur des cas produisent de la croissance mais pas de développement. [...] En dépit d'une croissance de 6 % , le Mali a vu son taux de pauvreté s'accroître de 28% depuis 1995... [...] En définitive, les pays du Sud ont suivi deux voies assez différentes: celle du développement ou celle de la croissance sans développement. • La Corée du Sud a su promouvoir un développement relativement égalitaire qui a conduit à une croissance forte et à l'élimination de la quasi- totalité de la pauvreté. La stratégie d'export a été profitable parce qu'elle a été précédée et accompagnée d'un effort de développement. • Par contraste, le Brésil, dont certains secteurs ont un niveau technologique comparable à celui de l'Europe et des Etats-Unis, ne parvient pas à venir à bout d'une pauvreté résistante. De même l'Inde traîne une pauvreté massive qu'une croissance plus qu'honorable ne parvient pas à réduire... Selon le FMI, les deux tiers des Indiens vivraient en dessous du seuil de pauvreté. Le Mexique, il y a peu, connaissait l'un des taux de croissance les plus élevés du continent latino-américain. Les cours de la bourse flambaient mais le taux de pauvreté, lui, explosait. Source : Philippe Engelhard, « Économie informelles et criminelles : la face cachée de la mondialisation», dans L'Université de tous les savoirs: l'économie, le travail, l'entreprise, © Odile Jacob, 2002. Questions : - Opposez les stratégies de développement de la Corée et du Brésil - En quoi la croissance est-elle une condition nécessaire mais non suffisante pour assurer le développement ?
B. Ni nécessaire Document 12: A quoi sert le développement humain ? [...] Le développement de la santé publique, de l'éducation, de la protection sociale, etc., contribue directement à la qualité et à l'épanouissement de la vie. Tous les indices montrent que, même à bas niveau de revenu, un pays qui garantit les soins et l'éducation à tous est capable d'atteindre des résultats remarquables en termes d'espérance et de qualité de vie pour l'ensemble de sa population. La santé et l'éducation publiques reposant, pour l'essentiel, sur le travail humain, ces secteurs sont relativement peu coûteux en phase initiale de développement économique, lorsque la main-d'œuvre est bon marché. [...] L'impact du développement humain va bien au-delà de l'amélioration directe de la qualité de vie. Il favorise aussi les facultés productives des personnes et donc la croissance économique partagée. Savoir lire et compter facilite la participation au processus d'expansion économique (comme l'illustrent, entre autres, les exemples japonais ou thaïlandais). Pour s'insérer dans les échanges mondiaux, il est crucial de pouvoir se plier à des normes telles que «le contrôle de qualité» que la main-d'œuvre analphabète maîtrise mal. En outre, tout montre que l'amélioration de la santé et de l'alimentation favorise la productivité et les rémunérations de la maind'œuvre salariée. Source : Amartya Sen (Prix Nobel d'économie 1998),Un Nouveau Modèle économique, © Odile Jacob, 2000. Questions : - Pourquoi selon Sen ne peut-on affirmer que la croissance économique soit un préalable au développement ? - Quelle relation de causalité entre croissance et développement Sen met –il en évidence ?