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Filière Pêche industrielle Le Cameroun est doté dans la partie sud-ouest de son territoire d’environ 360 Km de côtes ouvertes sur l’océan Atlantique dans le golfe de Guinée où se pratique la pêche maritime industrielle et artisanale. Le plateau continental qui couvre une superficie d’environ 14 000 km² présente dans la zone nord (de Rio Del Rey à l’estuaire du Cameroun) des fonds constitués par une vase sableuse propice au chalutage tandis que la partie sud (du Nyong jusqu’à Campo) se caractérise par un relief tourmenté comprenant des récifs coralliens, des fonds rocheux et vaseux-sablonneux. La faune aquatique est diversifiée grâce à l’existence de facteurs abiotiques qui ont donné naissance à la prolifération de certaines espèces de poissons occupant pratiquement toutes les niches écologiques (pélagiques, démersales et benthiques). Les principales espèces exploitées sont le bossus, le bar, le machoiron, l’ethmalose, la sole, le disque, la carpe, le capitaine, le brochet, la congre, le mérou, l’ombrine, la raie, le rouget, la sardinelle, le requin, etc …). Par ailleurs, les côtes camerounaises sont propices au développement de la pêche à haute valeur marchande grâce à la présence importante de crustacés (crevettes péneides, langoustes et crabes) ainsi que des céphalopodes (seiche, etc…). On y note également une grande richesse des fonds marins encore inexploités. Sur le plan continental, le réseau hydrographique est constitué de fleuves, rivières, lacs naturels et artificiels ainsi que des plaines d’inondations où se pratique la pêche artisanale continentale. Ces eaux continentales couvrent une superficie totale d’environ 35 000 km², soit 7,4% du territoire national. La faune ichtyologique abondante et très variée comprend essentiellement les espèces telles que l’hétérotis, le clarias, le capitaine, le machoiron, le tilapia, la sardinelle, etc… Les activités de pêche s’exercent dans le domaine maritime et continental. Le secteur des pêches joue un rôle socioéconomique très important et constitue le socle de la sécurité alimentaire en matière de protéines d’origine animale. En effet, le poisson demeure la source de protéines la plus importante dans l’alimentation des populations et particulièrement pour les couches les plus défavorisées. Les produits de la pêche constituent pour près du tiers des protéines animales consommées. Malgré le faible financement du secteur, les activités de pêche et les services connexes ont généré plus de 119 milliards de F CFA en 2003. Par ailleurs, la pêche représente aussi un grand pourvoyeur d’emplois. En effet, près de 250 000 personnes sont impliquées dans les activités liées à la pêche dont 65 000 en emplois directs (capture) et 185 000 en emplois indirects (construction et entretien des embarcations, réparation et entretien des moteurs, ramendage des filets, marayage, transformation et commercialisation du poisson, etc…), soit 5% de la population active du pays estimée à 41% de la population totale du Cameroun. Cependant, on estime qu’environ 80% du nombre d’emplois
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générés par la pêche seraient occupés par les étrangers, notamment les nigérians, maliens, béninois, etc… pour la pêche artisanale et les expatriés européens et asiatiques pour la pêche industrielle. Malgré les opportunités d’augmentation de la production, l’exploitation actuelle du potentiel halieutique ne fournit que 180 647 tonnes de poissons par an (soit 172 500 tonnes disponibles après déduction des 15% des pertes après capture), dont 93 218 tonnes pour la pêche maritime artisanale, 7 408 tonnes pour la pêche industrielle, 75 000 tonnes pour la pêche continentale et 5 000 tonnes pour la pisciculture. Cette offre reste très insuffisante face à la demande toujours croissante de la population camerounaise estimée à environ 15 millions d’habitants (2001).
Les besoins annuels de cette
population se situent autour de 298 000 tonnes pour une consommation de 17,9 kg/habitant/an (Ngok et al., 2005). Pour résorber le déficit, le pays importe chaque année plus de 126 000 tonnes de poisson, ce qui constitue une importante fuite directe de capitaux, à laquelle s’ajoute une fuite de capitaux supplémentaire inhérente aux intrants connexes (glacières, congélateurs, chambres froides, véhicule frigorifiques, appareils de fabrication de la glace, etc..) également importés, soit environ 150milliards de francs cfa de fuite de capitaux par an. Dans le contexte global de croissance démographique soutenue (2,8%/an), du fort et rapide accroissement de la population urbanisée compris entre 5-7% (le poisson est plus consommé en ville que dans les zones rurales) ainsi que d’une relative amélioration du pouvoir d’achat des populations, si des mesures adéquates ne sont pas prises urgemment, on peut s’attendre à une augmentation significative de la demande locale dans un proche avenir, ce qui pourrait induire une augmentation des importations qui représentent déjà 52,9% de la disponibilité apparente. Ce scénario placerait les consommateurs camerounais dans une situation d’insécurité alimentaire inacceptable qui pourra sérieusement compromettre la lutte contre la pauvreté engagée par le gouvernement. Pourtant, au regard des ressources halieutiques disponibles et des conditions marines dans l’ensemble, la pêche pourrait jouer un rôle plus important dans l’économie nationale. Une bonne gestion des ressources halieutiques disponibles permettrait d’augmenter la production halieutique sans besoin de recourir aux importations pour satisfaire la demande locale d’une part, d’assurer une exploitation rationnelle et durable des ressources halieutiques d’autre part afin que non seulement les générations présentes, mais aussi et surtout futures puissent également tirer pleinement parti des biens et services qu’offre l’environnement marin et enfin de dégager dans le meilleur des cas
des
excédents
de
production
pour
l’exportation
dans
la
sous
région.
Malheureusement, plusieurs obstacles techniques et institutionnels s’opposent à la réalisation de ce double défi aussi bien pour la pêche maritime que continentale.
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La pêche industrielle traverse une période de grave crise marquée par une diminution du volume des captures, imputable aux facteurs tels que l’utilisation des engins et techniques de pêche inadaptés, la flottille vétuste, l’absence totale d’armateurs camerounais, etc… De 70 bateaux en 2000, 42 en 2002, huit sociétés, employant 700 personnes ont été agréées en 2006 pour un nombre de 55 bateaux. L’une des principales productions halieutiques camerounaises présente sur le marché mondial est représentée par les crevettes de mer de genre penaeus. La forte valeur marchande de la crevette a induit une pression forte sur cette ressource par la quasi-totalité des armateurs. En effet, depuis 15 ans, 85% voire 90% des bateaux sont des crevettiers. Depuis cette époque, un seul type d’engin de pêche, le chalut de fond et une même technique, le chalutage à tangons ont été pratiqués pour la pêche crevettière. L’insuffisance de la sélectivité de cet engin et son utilisation abusive ont entraîné une surexploitation non seulement sur les stocks de crevettes, mais aussi de poissons en raison du caractère mixte des pêcheries camerounaises. La pêche crevettière telle que pratiquée dans les eaux camerounaises depuis plusieurs années a détruit, et détruit encore le plancher océanique qui constitue les nurseries ou nourricières de certaines espèces benthiques comme la sole,
favorise
une importante prise des espèces non visées (prises accessoires), ceci met en péril le potentiel de régénération des stocks et compromet une pêche durale. Par ailleurs, la quasi-obsolescence de la flottille de pêche limite l’autonomie de navigation des navires qui ne peuvent pas accéder aux zones de pêche lointaines plus poissonneuses. De même, l’incapacité à concevoir et à construire les engins de pêche capables de capturer les espèces pourtant abondantes des fonds marins (80-100 m de profondeur) telles que l’espèce de poisson arioma boni, ou certaines réserves de crevettes (penaeus notialis) situées à 60-70 m de profondeur limitent considérablement le volume des captures de la pêche industrielle. Les professionnels de la pêche sur les bateaux étant des expatriés, on assiste à des transbordements frauduleux en mer. La pêche artisanale maritime est pratiquée à bord des embarcations monoxyles ou en planches, motorisés seulement à 30% environ, ce qui réduit significativement le rendement de la pêche. Les techniques de pêche sont généralement rudimentaires, peu rentables et nocives. Par conséquent, les pêcheurs ne peuvent pas capturer les espèces de poissons abondants sur les fonds rocheux par manque d’engins de pêche appropriés. Pourtant, ces poissons non capturés au terme de leur durée de vie normale constituent d’énormes pertes des ressources marines. La présence de plusieurs pêcheurs nigérians favorise les débarquements dans leur pays le Nigeria, au détriment du Cameroun.
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La production de la pêche continentale qui a connu une croissance significative dans les années 80 est en voie de diminution à cause de la baisse de la productivité des retenues artificielles. A ces obstacles techniques et technologiques s’ajoute un obstacle institutionnel majeur lié à la réglementation. On note une extrême stabilité du maillage, des poids et tailles des espèces cibles. Les valeurs de ces paramètres réglementaires destinées à assurer une pêche responsable restent inchangées depuis plusieurs années malgré les fluctuations spatio-temporelles permanentes des espèces cibles et des conditions de pêche. Par ailleurs, il n’existe pas un code de pêche au Cameroun, permettant de réguler l’activité de pêche dans son ensemble. Le Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) qui assure la gestion de l’exploitation des ressources halieutiques relevant de la juridiction du Cameroun procède seulement par promulgation des Décrets, Arrêtés, etc… pour réguler la pêche lorsque cela s’avère nécessaire. Le Cameroun a dans ses eaux des richesses halieutiques inestimables qui ne demandent qu’à être valorisées. Cette valorisation passe par une exploitation rationnelle des ressources qui crée des opportunités pour l’économie nationale. Les difficultés actuelles observées dans le secteur des pêches résultent prioritairement de l’absence d’un minimum de ressources humaines compétentes, dotées
d’une expertise avérée,
d’une vision globale et cohérente de développement de la pêche au niveau décisionnel. En effet, on n’enregistre aucun spécialiste des pêches hautement qualifié à la Direction des Pêches du MINEPIA ou dans les services rattachés (centres de recherche halieutique, etc…) qu’il s’agisse des pêches de capture, de la gestion des ressources halieutiques, encore moins de la recherche. La presque totalité du personnel est médecin ou technicien de
santé
vétérinaire.
La
formation
des
spécialistes
des
pêches
s’est
limitée
essentiellement à des stages sporadiques de quelques mois à l’étranger. Il est évident que la recherche des mécanismes qui pourraient favoriser une évolution optimale de l’offre pondérale dans le secteur des pêches au Cameroun passe par la formation. Dans ce contexte marqué par une absence notoire de ressources humaines compétentes il devient urgent de commencer par former des spécialistes en pêche hautement qualifiés afin de répondre
aux impératifs immédiats de production et de gestion durable des
ressources halieutiques pour ne pas être confronté à un effondrement irréversible des ressources. Le Département des Pêches Industrielle de s’attellera à cette tâche fastidieuse et délicate.
La pêche qu’elle soit artisanale ou industrielle fait appel à une
technologie qui nécessite de plus en plus d’innovations dans les techniques d’exploitation, de gestion et même de commercialisation. L’état actuel de la ressource halieutique au Cameroun se caractérise par la diversité des situations allant de la sous-exploitation (espèces des fonds marins, des zones rocheuses peu propice au chalutage, crevettes des
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eaux profondes, etc…) à la surexploitation des espèces démersales côtières. Compte tenu des besoins importants et urgents en matière de personnel qualifié, le Département des pêches formera dans un premier temps, au cours des cinq premières années de formation spécialisée, des ingénieurs mécaniciens, spécialistes en pêche de capture (60 spécialistes à raison de 12 /an en moyenne), dotés d’aptitudes suffisantes en construction navale. De même le Département formera des gestionnaires en ressources halieutiques dotés d’une vision intégrée fondée sur une gestion écosystémique ( 40 spécialistes à raison de 8/an en moyenne). Une minorité d’étudiants, les plus méritants (3-5) seront retenus pour la poursuite des recherches doctorales. Soit au total 20 ingénieurs par an. Les premiers (spécialistes des pêches de capture) s’attèleront aux problèmes de sous-exploitation. Pour ce faire, ils devraient être à même de concevoir et de construire des engins de pêche rentables et sélectifs pour la pêche continentale et maritime. L’augmentation de la production halieutique continentale se fera à travers la valorisation des cours d’eaux encore inexploités, notamment non loin des embouchures par une installation des unités de pêche semi-industrielle mécanisée, fondée sur l’exploitation des migrations (anadromes et catadromes) et soucieuse du respect de l’environnement. Ils devront également être aptes à la construction des navires de pêche de moyenne dimensions (20-25m). Pour la pêche maritime, ils devront être en mesure de construire des engins de pêche (Chaluts démersaux hautement sélectifs) capables d’accéder et de capturer les espèces en eau profonde (arioma bonni, crevettes profondes) et sur les fonds rocheux (verveux, trabaques, etc…). La rétrocession de la péninsule de Bakassi au Cameroun, réputée riche en ressources halieutiques est un atout incontestable d’augmentation des captures. Ces étudiants sont destinés aux entreprises de pêche, ou alors avec des mesures d’accompagnement gouvernementales s’auto emploieront, notamment dans la pêche fluviale semi-industrielle dont la mise en œuvre nécessite des moyens financiers relativement peu importants. Les seconds (spécialistes dans la gestion des ressources halieutiques) s’attèleront aux problèmes de surexploitation. Pour ce faire, ils devront être en mesure de déterminer l’effort de pêche optimal sur un stock donné, le maillage optimal des engins de pêche, les tailles et poids maxima, les différents paramètres de réglementation de la pêche pour une exploitation durable des ressources halieutiques de la pêche continentale et maritime. Ils sont destinés à appuyer le Ministère attitré dans l’élaboration des mesures et techniques de régulation visant à protéger la ressource. Le ministère devra en recruter au moins 10 par an pour mener à bien ce programme pendant les dix prochaines années. Les troisièmes (chercheurs) s’attèleront à élaborer des codes de pêche industrielle et artisanale, évaluer les ressources halieutiques marines et continentales, enquêter sur
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les pêcheries, limiter les actions de pêche dans l’espace et le temps (déterminer les périodes de repos biologique, délimiter les
saisons et zones de pêche), etc… Ils sont
destinés aux centres de recherches halieutiques (Limbe, Foumban, etc…), à représenter le Cameroun dans les organisations internationales et régionales de la pêche (FAO, COREP, etc…) aux services centraux du Ministère ou dans des projets spécifiques. Ce programme emploiera au moins 10 par an dans les prochaines années. A la suite de la cinquième année de formation, le Département pourra éclater pour se déployer en une Ecole des pêches comme dans certains pays d’Afrique occidentale, septentrionale ou méridionale. En prenant en compte le taux d’auto emploi et l’ouverture en formation dans la sous région le département devra former au moins 40 ingénieurs par an pendant les dix prochaines années. La formation dans ce département nécessite la formation en mécanique et construction et en management. Les laboratoires auront des équipements très professionnels et
en particulier un simulateur de pêche en condition réelle (types de
captures, conditions marines, type d’embarcation, types d’équipements etc.).