Traité De Béton Armé Bael Vers Ec2.pdf

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Traité de béton armé

Traité de béton armé Des Règles BAEL à l'Eurocode 2

Préface de Jean-Armand Calgaro

Jean Perchat

CHEC Centre des Hautes Rudes de la Comtrudloo

~. 3 0

.,-------

_

Illustrations: Ursula Bouteveille, Rachid Maraï, Anthony Cristo Maquette et mise en page: edito.biz, Mikaël Bidault, Paris Photo de couverture: © Cmon - Fotolia.com

© Groups Moniteur (Éditions du Moniteur), 17 rue d'Uzès - 75002 Paris, 2010 ISBN: 978-2-281-11452-2 www.editionsdumoniteur.com

DANGER

Nous alertons nos lecteurs sur la menace que représente, pour l'avenir de l'écrit, le développement massif du « photocopillage n. Le Gode de la propriété intellectuelle interdit expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or. cette pratique s'est développée dans de nombreux cabinets, entreprises, administrations, organisations professionnelles et établissements d'enseignement, provoquant une baisse des achats de livres, de revues et de magazines. En tan! qu'éditeur, nous vous mettons en garde pour que cessent de telles pratiques.

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SOMMAIRE

Préalable

1

Préface

3

Avant-propos

7

Abréviations

11

Chapitre 1

Généralités

13

Chapitre 2

Matériaux

49

Chapitre 3

Actions et sollicitations

129

Chapitre 4

Association acier-béton

173

Chapitre 5

Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales

241

Chapitre p

Traction simple

259

Chapitre 7

Flexion simple

267

Chapitre 8

Flexion composée

401

Chapitre 9

Flexion déviée

471

Chapitre 10

Compression « centrée»

521

Chapitre 11

État-limite ultime de stabilité de forme (flambement)

543

Chapitre 12

Effort tranchant - Poinçonnement

633

Chapitre 13

Torsion

731

C.hapitre 14

Dimensionnement des bielles, tirants et nœuds

765

Chapitre 15

Fissuration et déformations (EC2)

771

Chapitre 16

Annexes

807

Table des matières

849

PRÉALABLE

La version initiale de ce cours de béton armé, rédigée avant même la parution des Règles BAEL 80, avait subi de multiples aménagements rendus nécessaires par les modifications en 1983 et 1991 de ces Règles BAEL. Pendant dix ans, tout au long de la phase de préparation de l'EC2, M. Perchat en a assuré une mise à jour annuelle afin de suivre au plus près l'évolution de l'EC2 dans ses nombreuses versions successives. En 1996, Jean Perchat a abandonné le cours de béton armé du CHEBAP pour en passer le témoin à Jean Hueber. Michel Weick a pris le relais en septembre 2005. Nous avons souhaité donner à ce cours, issu de nombreuses mises à jour, une présentation homogène qui permette une consultation plus facile. Jean Perchat, lorsque nous lui avons fait part de ce projet, a de lui-même entrepris une nouvelle mise à jour: la version définitive de l'EC2, publiée en octobre 2005, n'avait effectivement pas pu être prise en compte dans le document existant. Je tiens donc à le remercier chaleureusement pour cette nouvelle contribution, persuadé que ce cours, qui analyse parallèlement les Règles BAEL et les prescriptions de l'EC2, restera un document de référence pour tous les élèves du CHEBAP.

Dominique Vié Directeur du CHEC

PRÉFACE

Le Monde change. La population de notre planète croît rapidement: alors qu'elle vient de franchir les 6,5 milliards d'individus, les estimations les plus sérieuses envisagent le nombre de 9 milliards dans une trentaine d'années. Par ailleurs, nous devons désormais faire face aux effets du réchauffement global de la planète, préserver notre environnement et faire évoluer nos modes de vie. Ceci veut dire que la construction de logements et autres services publics, d'infrastructures de transports, de réseaux d'assainissement, de réseaux d'approvisionnement et de distribution d'énergie, etc. resteront la clé du développement dans toutes les sociétés. L'environnement bâti conditionne la qualité de vie et contribue à l'identité et à l'héritage culturels. Actuellement, pour donner quelques ordres de grandeur simples, on produit chaque année dans le Monde environ 2,3 millions de tonnes (hors clinker) de ciment, ce qui veut dire de l'ordre de 7 milliards de m3 de béton, dont 1,5 à 2 milliards de m3 de béton prêt à l'emploi. L'industrie de la construction utilise un volume de béton représentant environ plus du double en poids de l'ensemble des autres matériaux traditionnels de la construction (acier, bois, plastiques et aluminium). Et le béton armé, ainsi que son jeune cousin le béton précontraint, resteront encore longtemps des matériaux privilégiés de l'activité de construire. Les maîtres mots de l'art de l'ingénieur sont désormais la durabilité (des constructions et des produits de construction) et l'utilisation raisonnée des matériaux, tout en respectant les exigences essentielles de solidité et de bon fonctionnement des structures, et en évitant les erreurs d'origine humaine tant soit peu importantes, souvent sources de défaillances structurales au cours du processus de construction. C'est là que les normes et codes de calcul apportent une aide précieuse aux ingénieurs et techniciens. D'ailleurs, les normes et codes de calcul ont au départ une légitimité historique puisqu'un demisiècle à peine après les tout premiers brevets de Louis Lambot et Joseph Monier la première « Circulaire du ministre des travaux publics, des postes et télégraphes» transmettait, ie 20 octobre 1906, les instructions relatives à l'emploi du béton armé en France. Au fait, à quoi sert un code? Tout d'abord, il fixe les notations et la terminologie, ce qui permet aux ingénieurs de mieux se comprendre en évitant de parler des langages différents. En second lieu, il doit énumérer la liste des points principaux à vérifier et qu'il serait impardonnable d'omettre. Cette liste ne peut être exhaustive, mais elle doit comprendre les cas les plus généraux ou courants, ainsi que les mesures à prendre pour remédier à la pathologie constatée et tenir compte de l'expérience des bons constructeurs. Enfin, les codes, même s'ils ne peuvent tout prévoir a priori, constituent des <
4 Traité de béton armé la conception d'ouvrages exceptionnels que l'on cherche à se caler, quelle que soit la méthode de calcul employée, aussi sophistiquée soit-elle, par rapport à des règles issues des résultats de la recherche la plus avancée. Mais ces règles, encore faut-il les écrire, puis les expliquer de la manière la plus pédagogique de façon à cerner au mieux leur domaine d'utilisation. Pour écrire les règles, il faut des experts comprenant le comportement d'un matériau que l'on pourrait parfois qualifier de «versatile» et le fonctionnement des structures dans leurs moindres détails, capable d'interpréter les résultats d'expérimentations qui ne sont souvent pas réalisées dans des conditions comparables, et proposant des règles suffisamment simples pour être facilement applicables, tout en restant sécuritaires sans excès. Jean Perchat est l'un de ceux-là: il fut en particulier l'un des rédacteurs du code-modèle CEBFIP de 1978 pour les structures en béton et l'un des signataires de son introduction, aux côtés de trois autres experts illustres: Franco Levi, Manfred Miehlbradt et Yves Saillard. Puis débuta l'aventure de l'Eurocode 2 qui connut, comme les autres Eurocodes, trois phases principales. Une première phase (1976-1990) correspondant à la rédaction de documents-cadres sous l'égide de la Commission européenne, puis une seconde phase (19901998) correspondant à la mise des premiers documents au format de normes provisoires par le CEN en tenant compte des résultats des enquêtes internationales ayant porté sur la première génération, et enfin, la troisième phase (1998-2007) correspondant à la transformation des normes européennes provisoires en normes européennes définitives EN. Jean Perchat resta un expert actif pour l'élaboration de l'Eurocode 2 de première génération, puis de la norme ENV après transfert des travaux au CEN selon l'agrément de 1989 entre la Commission et le CEN. Naturellement, cette activité internationale se doublait d'une activité nationale avec, probablement, les états d'âme d'un pionnier de la nouveauté. Ainsi, Jean Perchat resta longtemps aux premières loges de ce grand bouleversement de la seconde moitié du XXe siècle qui vit se cristalliser une approche différente de la conception, de l'exécution et de la maintenance des ouvrages. Il fallait parallèlement diffuser toute cette connaissance accumulée et là, on retrouve Jean Perchat dans un rôle qu'il a toujours joué avec bonheur: le rôle d'enseignant (notamment au CHEC) et de formateur. Il lui fallait, pour cela, un support écrit dans lequel chacun puisse trouver les réponses aux questions qu'il se posait. Et, au fil des ans et des évolutions techniques, ce support écrit fut rédigé, repris, perfectionné, et complété pour lui conférer une actualité permanente. L'ancien cours du CHEC eut une notoriété telle qu'on l'appela bientôt « Le Perchat » : l'article en dit long ! Que penser de ce nouvel ouvrage, si ce n'est qu'il est un outil fondamental pour permettre à tous les ingénieurs et techniciens français et étrangers imprégnés d'une tradition technique française encadrée par des textes nationaux de qualité, de découvrir et d'adopter une culture développée à l'échelle européenne qui suscite déjà un vif intérêt dans de nombreux pays non européens.

Jean-Armand Calgaro Ingénieur Général des Ponts et Chaussées Président du CENrrC250 (Eurocodes)

L'élément principal des calculs est l'évaluation des limites des efforts que l'on peut faire supporter aux parties des divers matériaux. Cette évaluation, établie d'après l'expérience des constructions existantes, n'est pas susceptible d'une rigoureuse exactitude. Il pourra donc exister quelques d~fférences dans les nombres qui seront adoptés par diverses personnes. Le temps, et la réunion d'un grand nombre de comparaisons, peuvent seulsflXer les idées sur ce sujet.

Il ne faudrait pas conclure, d'ailleurs, que l'on doit toujours, pour avoir égard à l'économie, se placer tout près de ces limites. Les différences que l'on trouve dans les qualités des matériaux, et plusieurs autres motifs, s y opposent; l'art consiste principalement àjuger jusqu'à quel point il est permis de s'en approcher, et par là, il introduit implicitement ['idée d'une nécessaire réduction des valeurs limites des efforts pour garantir la sécurité, tout en considérant qu 'i! est bon d'avoir égard à l'économie.

Louis Navier, « Résumé des leçons données à l'École des Ponts et Chaussées », 1839

AVANT-PROPOS

Si la date du 9 mai 1950, avec l'appel de Robert Schumann, est une date importante dans le processus d'unification de l'Europe, celle du 6 novembre 1953 ne l'est pas moins pour les constructeurs européens. C'est en effet ce jour-là qu'au cours d'une séance inaugurale tenue au Luxembourg, a été fondé le Comité Européen du Béton (CEB) qu'André Balency-Béarn, qui présidait alors la Chambre Syndicale des Constructeurs en Ciment Armé, avait décidé de créer, à l'instigation de techniciens français qui désiraient confronter leurs vues et leurs expériences avec des techniciens étrangers. Il s'agissait initialement de réunir périodiquement un petit nombre de techniciens particulièrement compétents, chercheurs, professeurs, ingénieurs et constructeurs issus de divers pays. Ces réunions restreintes devaient permettre des échanges très libres et des répartitions de tâches expérimentales que n'autorisent pas des assemblées trop nombreuses dans lesquelles il ne peut être question que de communications, mais pas de dialogues et encore moins de discussions. Dix pays étaient représentés à la séance inaugurale. En 1960, ce nombre était passé à dix-neuf. En 1975, le CEB en comptait trentedeux et d' «européen», il était devenu «euro-international». Actuellement, le CEB a disparu, intégré à la Fédération Internationale du Béton (fib). Le CEB .a joué un rôle essentiel dans l'évolution des connaissances sur le comportement des structures en béton armé et sur celle des textes réglementaires. Les objectifs qui avaient été statutairement fixés visaient la coordination internationale et la synthèse des recherches, la sécurité et la durabilité, la conception et le calcul, la règlementation et l'application pratique aux diverses technologies de la construction. Dans les années qui suivirent, il apparut rapidement que l'harmonisation des règles de calcul ne pouvait se faire sur la base des règlementations nationales existantes, beaucoup trop différentes les unes des autres. Il fallait partir de nouveaux concepts. Déjà, dans les divers pays d'Europe et d'Amérique, s'élaboraient de nombreuses théories, les expériences se multipliaient et des connaissances nouvelles sur le comportement, la sécurité et la conception des ouvrages en béton commençaient à s'accumuler. En 1964, parurent les «Recommandations pratiques à l'usage des constructeurs», rédigées par Nicolas Esquillan, qui réunissaient sous une forme pseudo réglementaire la synthèse des connaissances déjà acquises au CEB. Ce document ne concernait que les 'structures en béton armé classiques. Il exposait les principes fondamentaux, développait surtout, bien qu'il y soit déjà question du concept plus général d' «états-limites», une méthode pratique de calcul des sections à la rupture en flexion, proposait un mode de vérification des poteaux exposés au flambement, et un mode de prévision par le calcul des ouvertures de fissures. Il comportait de nombreuses lacunes, et était loin d'être opérationnel. Mais il avait le mérite de faire apparaître les sujets (le calcul de la résistance à l'effort tranchant ou au poinçonnement, l'étude des phénomènes d'adaptation et de

8 Traité de béton armé redistribution dans les structures hyperstatiques, .... ) sur lesquels les recherches et les études devaient encore porter. Après cette publication, une étroite coopération technique s'établit entre le CEB et la Fédération Internationale de la Précontrainte, qui, les réflexions et connaissances ayant continué de progresser, conduisit en 1970 à une deuxième édition des recommandations sous le titre de «Recommandations internationales CEB/FIP pour le calcul et l'exécution des ouvrages en béton». Celles-ci, bien que n'ayant pas encore le caractère d'un code pratique et opérationnel, constituèrent un document de référence dont s'inspirèrent nombre de règlements nationaux. Un pas décisif fut franchi avec l'idée, émise en 1974, de réunir l'ensemble des textes visant des matériaux aussi différents que le béton, le métal, le bois,.etc. en un vaste «système international de réglementation technique unifiée des structures», partant de principes de sécurité communs. Dans ce système, on passa du stade de «recommandations» à celui de «modèle de code», susceptible d'être adopté tel quel comme règlement national par n'importe quel pays. Dans le «Code-Modèle 1978 pour les structures en béton», les règles assorties de commentaires couvraient, sous une forme homogène et cohérente, les différents types de problèmes que doit appréhender l'ingénieur dans l'établissement du projet, le calcul, le dirnensionnement, la réalisation et le contrôle de qualité des ouvrages. Elles avaient été rédigées dans une perspective opérationnelle, en vue de leur application directe par les ingénieurs d'études et de chantiers. L'aspect opérationnel avait été contrôlé sur une série d'exemples concrets que chaque pays membre avait eu à résoudre et dont il avait comparé les résultats avec ceux de sa propre règlementation. Quoique le CEB ne disposât d'aucun pouvoir pour en imposer l'application, l'impact du Code-Modèle 1978 sur les règlementations nationales n'en fut pas moins considérable. En particulier, nos Règles BAEL 80 en ont largement subi l'influence. Et lorsque la Commission Européenne a décidé de se doter de textes techniques, c'est tout naturellement que le Code-Modèle 1978 a été pris comme texte de référence pour la rédaction de la première ébauche de l'Eurocode 2. En 1990, une version remaniée, le Code-Modèle 90, a pris le relais. La rédaction d'une norme expérimentale, convertie ensuite en norme européenne, stade final de l'Eurocode 2, a demandé beaucoup de temps et a connu bien des vicissitudes. Le passage d'un <<modèle» de code à un code «réel», accepté par tous et applicable dans l'ensemble des pays membres de l'UE, a exigé de multiples enquêtes et nécessité des aménagements successifs avec de nombreux compromis obtenus après des discussions parfois assez âpres. Au terme d'un parcours de 25 ans, l'Eurocode 2 a fini par obtenir le statut de norme européenne, dont l'application deviendra obligatoire en 2010. Mais il faudra sans doute encore quelque temps ensuite avant que cette norme ne se substitue totalement aux règles . en vigueur dans les pays membres de l'UE et en particulier à nos Règles BAEL et BPEL. J'ai eu la chance d'entrer dans la Profession au moment de la création du CEB. André Balency-Béarn m'a présenté à Pierre Lebelle, un grand ingénieur, lui-même disciple de Freyssinet. Pierre Lebelle m'a d'emblée associé à ses études, à ses recherches et à ses projets et introduit dans les commissions nationales et internationales de réglementation. Là, j'ai eu le grand privilège de rencontrer d'éminents ingénieurs français ou étrangers. En France, Albert Caquot, qui présidait la plupart des réunions techniques, René Chambaud

Avant-propos 9 dont j'ai été le disciple et l'assistant au CHEC pour l'enseignement du calcul à la rupture, Nicolas Esquillan, avec lequel j'ai collaboré à l'élaboration des Recommandations du CEB et qui m'a passé la main pour le Code-Modèle 78. Je n'oublie pas Jean Blévot, professeur à l'Ecole Centrale de Paris, qui m'a associé à la rédaction de ses publications sur le béton armé. C'est à eux tous, Jean Blévot, René Chambaud, Nicolas Esquillan et Pierre Lebelle, mes «maîtres», par qui j'ai beaucoup appris, et auxquels je ne saurais manquer de joindre André Balency-Béarn, que je souhaite dédier le présent cours.

Jean Perchat

ABRÉVIATIONS

ACI

American Concrete Institute

ADETS

Association technique pour le développement de l'emploi du treillis soudé

AFCAB

Association française de certification des armatures du béton

AFNOR

Association française de normalisation

BA

Béton armé

BAEL

Béton armé aux états-limites

BCN

Béton à caractères normalisés

BHP

Béton à hautes performances

BPEL

Béton précontraint aux états-limites

BS

British standards (norme britannique)

CCAP

Cahier des clauses administratives particulières

CCBA

Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constructions en béton armé

CCTG

Cahier des clauses techniques générales

CEB

Comité euro-international du béton

CEBTP

Centre expérimental de recherches et d'études du bâtiment et des travaux publics

CEN

Comité européen de normalisation

CHEBAP Centre des hautes études du béton armé et précontraint CHEC

Centre des hautes études de la construction

CPC

Cahier des prescriptions communes

CRM

Centre de recherches métallurgiques

CSTB

Centre scientifique et technique du bâtiment

12 Traité de béton armé

DIN

Deutsches Institut fUr Normung (organisme allemand de normalisation)

DTU

Document technique unifié

EC

Eurocode

ELS

Etat-limite de service

ELU

Etat-limite ultime

ENPC

Ecole nationale des ponts et chaussées

EOTC

European Organization for Testing and Certification (Organisation européenne pour les essais et certifications)

EPFL

Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

fib

Fédération internationale du béton

FIP

Fédération internationale de la précontrainte

HA

Haute adhérence

HLE

Haute limite d'élasticité

IRSID

Institut de recherche de la sidérurgie

ISO

International Organization for Standardization (Organisation internationale de normalisation)

ITBTP

Institut technique du bâtiment et des travaux publics

MEL

Ministre de l'Équipement et du Logement

NF

Norme française

NV

Neige & vent

POT

Pull-out test

RlLEM

Réunion internationale des laboratoires d'essais des matériaux

TSHA

Treillis soudé à haute adhérence

UE

Union européenne

CHAPITRE 1 GÉNÉRALITÉS

1.1

PRINCIPE DU BÉTON ARMÉ

Le béton est un matériau obtenu en mélangeant en proportions convenables et de manière homogène: - du ciment, un « granulat» composé de sable et de matériaux pierreux (gravillons, cailloux), - de l'eau. Le mélange fait prise puis « durcit »1, ce qui se traduit par un accroissement de ses résistances à la compression et à la traction. La première atteint des valeurs élevées (courammenr, en moyenne, 25 à 35 MPa), mais la seconde reste relativement incertaine et faible (de l'ordre du douzième de la résistance à la compression, c'est-à-dire de 2 à 3 MPa). Le béton est donc un matériau fragile. Pour pallier les inconvénients résultant de cette fragilité, on associe au béton des armatures en acier: le matériau ainsi obtenu est le béton armé.

La présence d'armatures dans le béton ne suffit pas à/aire de celui-ci un béton armé. Il faut en plus une organisation structurale spécifique portant sur les formes des pièces, ainsi que sur la quantité et l'agencement des armatures .

• Principe nO 1 Tout élément doit être armé suivant trois directions non coplanaires, généralement orthogonales. Toutefois, les éléments de faible épaisseur (comme les dalles) ne sont généralement armés que dans deux directions, parallèles à leur feuillet moyen (voir exemples de ferraillage, figures 1.1 et 1.2).

1. Contrairement à ce que l'on entend souvent, le béton ne« sèche» pas. Le durcissement n'est pas dû à une perte d'eau, mais à une réaction chimique d'hydratation du ciment. Si le béton devait sécher, comment aurait-on pu l'utiliser dans des ouvrages maritimes, où il est souvent coulé sous l'eau? 2. Les bétons à hautes performances (BHP) permettent d'obtenir des résistances bien supérieures, pouvant atteindre 100 MPa et même davantage.

14 Traité de béton armé • Principe nO 2 Seuls peuvent être considérés comme « éléments en béton armé» ceux qui sont encore aptes à jouer leur rôle dans la structure dont ils font partie lorsque la résistance à la traction de leur béton constitutif est supposée nulle. L'application de ce second principe conduit : 1. à toujours mener les calculs comme si le béton avait effectivement une résistance nulle à la traction, donc à déterminer les armatures des zones tendues pour qu'elles soient capables d'équilibrer la totalité des efforts de traction développés par le fonctionnement mécanique de la structure. 2. à toujours prévoir une quantité d'armatures tendues au moins égale à celle nécessaire pour équilibrer la force de rupture par traction du béton tendu, supposé non armé (condition de non-fragilité, définissant le pourcentage minimal d'armatures tendues) .

• Exemple 1 (figure 1.1) : Poutre encastrée à une extrémité, reposant librement sur un appui intermédiaire, avec porte-à-fallX. Schéma de la Résistance des Matériaux Diagramme de l'effort tranchant

Face supérie..,re Face inférieure

-

-T T

T

~

C

----:;:.--=;------TTC

~

C

----. Diagramme du moment de flexion

T= tendu C = comprimé

Extrêmum Armature longitudinale supérieure sur appui « chapeau» Barres de montage (ou armatures longitudinales supérieures) en travée Cadre ou étrier

CoupeAA Crocl1et Armatures klngitudinales inférieures

ROIe des am>atu,•• d'âme , équilibrer les tractions obliques dues à l'effort tranchant

Figure 1.1. Exemple de ferraillage d'une poutre

f"><

1

T","km

Chapitre 1 • Généralités 15 • Exemple 2 (figure 1.2) : Dalle encastrée sur son contour Chapeaux sur appuis

CoupeAA

t'B

J...

Armature longitudinale inférieure

A

Figure 1.2. Dalle encastrée sur son contour

1.2

FORMES USUELLES DES ÉLÉMENTS

En béton armé, on retrouve constamment: - le poteau, élément vertical porteur, - la dane ou hourdis, plaque plane horizontale de faible épaisseur par rapport à ses dimensions en plan, - la nervure, élément prismatique, à section généralement rectangulaire. L'association hourdis-nervure constitue une poutre en T ou à table de compression (figure 1.3). La combinaison poteau-hourdis-nervure donne la solution classique pour réaliser des planchers. - le voile plan ou courbe délimité par deux surfaces planes ou courbes, l'épaisseur étant faible vis-à-vis des dimensions de sa surface. La combinaison voiles plans-hourdis aboutit aux poutres-caissons (figure 1.4).

+ Figure 1.3. Association hourdis-nervure

16 Traité de béton armé

Figure 1.4. Des voiles à simple ou double courbure permettent de réaliser des couvertures, des réservoirs, des réfrigérants, etc.

1.3

ÉVOLUTION DES MÉTHODES DE CALCUL DU BÉTON ARMÉ

Après une période de relative stabilité, jusqu'aux environs de 1945, les méthodes de calcul des constructions en béton armé ont subi une évolution continue qui a abouti, à la suite de concepts qui se sont développés dans la seconde moitié du siècle dernier, à une modification profonde des principes mêmes sur lesquels reposaient ces méthodes. Les changements successifs ont résulté: - d'une part, d'une connaissance plus précise du comportement du matériau «béton armé », acquise à la suite de nombreux essais effectués dans différents pays; - d'autre part, d'une évolution de la notion même de la sécurité des constructions où l'on est passé d'une conception de caractère déterministe à une conception de caractère probabiliste ou plutôt semi-probabiliste (§ 1.34). Un rappel de cette évolution est nécessaire pour en mieux comprendre les raisons et la portée. Auparavant nous devons nous livrer à un certain nombre de considérations à caractère général.

1.31

Considérations générales

l}n ouvrage doit être conçu et calculé de manière à présenter durant toute sa durée d'exploitation des sécurités appropriées vis-à-vis: - de sa ruine ou de celle de l'un quelconque de ses éléments; - d'un comportement en service susceptible d'affecter gravement sa durabilité, son aspect ou encore le confort de ses usagers.

Chapitre 1 • Généralités 17 Or un certain nombre de facteurs sont susceptibles, par leur intervention isolée ou combinée, d'influer sur la sécurité d'une structure et éventuellement de la compromettre. Parmi ces facteurs, on peut citer: • la définition des actions appliquées à l'ouvrage, • les propriétés des matériaux constitutifs, • la détermination des sollicitations (M, N, V,1), • les méthodes de calcul des sections, • les règles de détail (disposition des armatures, enrobages, recouvrements, etc.). • la qualité de l'exécution qui dépend elle-même: - des règles de contrôle, - de la qualification du personnel, etc. Étant donné les incertitudes qui entachent ces différents facteurs, il est nécessaire de prendre des marges de sécurité, sous la forme de « coefficients de sécurité» à introduire dans les calculs.

1°) Selon le mode d'introduction des coefficients relatifs à la sécurité, on distingue: -les méthodes de calcul aux «contraintes admissibles» (coefficients de sécurité appliqués uniquement aux « résistances» des matériaux - voir § 1.32); les méthodes de calcul à la rupture (coefficients de sécurité appliqués uniquement aux « actions» qui, le plus souvent, sont des charges - voir § 1.33) ; -les m~thodes de calcul avec coefficients de sécurité partiels (appliqués d'une part aux résistances, d'autre part aux actions et éventuellement, aux sollicitations, voir § 1.34).

2°) Selon la conception même de la sécurité, suivant la manière dont on considère les paramètres de base, on distinglle : -les méthodes déterministes (paramètres de base considérés comme non-aléatoires), -les méthodes probabilistes (paramètres de base considérés comme aléatoires). Toute méthode de calcul devrait donc normalement apparaître comme une combinaison des méthodes la, ou 1b, ou 1c, avec l'une des deux méthodes 2a ou 2b ci-avant. En fait, il arrive souvent que ces différentes méthodes s'interpénètrent plus ou moins, ce qui est très apparent dans la norme allemande DIN 1045 ou le Code américain de l'ACI, mais est également vrai dans les Règles BAEL. Dans ces dernières, les lettres « EL » signifient « états-limites ». Il faut bien comprendre . que ce mot, à la mode depuis les années soixante' , ne recouvre en fait que des concepts

1. Mais dés 1926, en Allemagne, Max Meyer avait proposé de justifier la bonne tenue des ouvrages en béton armé non par le calcul des contraintes, mais par le calcul aux états-limites. Cette nouvelle façon de considérer le problème des calculs avait été étudiée par les spécialistes russes, et notamment par le professeur A. F. Loleit qui, en juin 1932, avait fait à ce sujet une conférence à Léningrad. Les

18 Traité de béton armé connus et appliqués depuis fort longtemps. En effet par le terme « état-limite », on désigne tout état au-delà duquel une structure ou une partie de cette structure deviendrait inapte à remplir les fonctions pour lesquelles elle a été conçue. Lorsqu'un état-limite est atteint, l'une des conditions requises de la structure ou de l'un de ses éléments pour remplir son objet, et qui ont été fixées lors du projet, est donc strictement satisfaite, mais cesserait de l'être une fois franchi cet état. Envisagées sous cet aspect, les méthodes «aux contraintes admissibles» (§ 1.32) par exemple, sous la forme où elles étaient utilisées autrefois, étaient elles-mêmes des méthodes d'états-limites. On les retrouve d'ailleurs maintenant, avec leurs hypothèses propres, pour justifier les « états-limites de service ». Toutefois l'habitude s'est prise (et nous ferons donc de même) de réserver le nom de « méthode de calcul aux états-limites» à la méthode de calcul se mi-probabiliste avec coefficients de sécurité partiels (combinaison 1c-2b selon la classification précédente).

1.32

Méthodes aux contraintes admissibles

1.321

Méthode « classique»

Cette méthode de calcul, longtemps considérée comme la seule scientifiquement valable, était la base des prescriptions des premiers règlements: Circulaires ministérielles de 1906 et de 1934 et, dans une large mesure, Règles BA 1945. Dans cette méthode, le modèle de calcul est le modèle élastique. En particulier, les matériaux acier et béton sont supposés obéir à la loi Hooke (0' = E ê). Pour chacun d'eux, la contrainte maximale 0' sous sollicitations de service, calculée par les méthodes de la Résistance des Matériaux classique, étendue aux pièces hétérogènes par introduction d'un «coefficient d'équivalence» et en négligeant le béton tendu, est bornée à une fraction

!y

jugée convenable de la contrainte au-delà de laquelle le matériau se rompt

(béton) ou subit des déformations importantes (acier). Cette contrainte - ou «résistance» f - peut être évaluée en tenant compte (probabilisme) ou non (déterminisme) de la dispersion des résultats d'essais. La contrainte maximale admissible cr est ainsi définie par vérifier est donc:

0: = f

et la condition à

y

[1.1 ] où y (> 1) est un coefficient global tenant compte de toutes les causes d'incertitude.

travaux, discussions et expériences qui suivirent cette conférence aboutirent aux règlements de 1939 rendant en URSS le calcul aux états-limites obligatoire pour toutes les constructions en béton armé.

Chapitre 1 • Généralités 19

Si la fraction

!

y

est fixée une fois pour toutes indépendamment du mode de sollicitation

des pièces (méthode « classique »), on aboutit à des coefficients de sécurité non homogènes, car variant selon ce mode de sollicitation, et par voie de conséquence, à un dimensionnement parfois surabondant.

1.322

Méthode classique « aménagée»

L'un des moyens de pallier l'inconvénient mentionné au paragraphe précédent consiste à apporter des correctifs à la méthode, en adoptant une fraction

!

y

variable en fonction

de la nature de la sollicitation (par exemple, en tenant compte des phénomènes d'adaptation plastique qui se manifestent dans les poutres fléchies) de manière à obtenir, sans complications excessives, des coefficients de sécurité homogènes (Règles BA 1960, Circulaire ministérielle de 1964, Règles CCBA 68). Un premier pas dans cette voie avait été fait dans les Règles BA 1945, qui admettaient une légère augmentation des contraintes sur appuis des poutres continues. Mais les Règles BA 1960 allaient beaucoup plus loin: c'est ainsi que, dans une poutre fléchie de section rectangulaire, la contrainte admissible par compression du béton était double de celle d'un poteau soumis à la compression simple. De même, les valeurs des contraintes admissibles des armatures d'âme sous l'effet de l'effort tranchant variaient en fonction de la valeur de la contrainte tangente, afin de tenir c0!llpte des résultats de nombreux essais. Les Règles CCBA 1968 avaient repris pour l'essentiel les prescriptions fixées par les Règles BA 1960. La méthode de vérification des sections par application de ces différents textes avait constitué un progrès notable par rapport à la méthode classique.

1.323

Critique des méthodes aux contraintes admissibles

Toute méthode de vérification en phase élastique, en limitant les contraintes à des valeurs fixées par avance, risque de présenter des inconvénients graves dans tous les cas où les contraintes ne sont plus proportionnelles aux sollicitations (M, N, Vou 1) et donc aux forces appliquées, ce qui est notamment le cas de la flexion composée l . La relation [1.1] revient à s'assurer que la sollicitation S, c'est-à-dire M, N, Vou T, obtenue pour une combinaison l:Qi d'actions de service (par exemple de charges), demeure inférieure à celle qui amènerait le dépassement de la contrainte cr .

l. Attention aux notations: V désigne l'effort tranchant, Tle moment de torsion.

20 Traité de béton armé Le principe de superposition étant ici applicable,

S('L,Qj) = L,S(Q) et l'inégalité à véri-

fier peut donc s'écrire, sous forme symbolique : [1.2] a) Considérons d'abord le cas où l'élément que l'on calcule n'est soumis qu'à une seule action Q et où les sollicitations sont proportionnelles aux actions appliquées. Si, conformément à la méthode des coefficients partiels, on met en évidence les différentes causes d'incertitude (voir chap. 3), chacun des termes S, Q et f doit être affecté d'un coefficient partiel de sécurité et la condition à vérifier est: [1.3] avec: YQ

coefficient de sécurité partiel applicable à l'action Q considérée

S

sollicitation (M, N, Vou 1) due à l'action Q

a

contrainte du matériau calculée élastiquement sous la sollicitation S fonction elle-même de YQ Q

YB, Ym

coefficients tenant compte des écarts possibles des sollicitations et résistances par rapport à leurs valeurs moyennes

Les solli~itations étant supposées proportionnelles aux actions (forces) appliquées, dans l'hypothèse d'un modèle de calcul élastique, on a :

S(yQQ) = yQS(Q) et

yF3a [S(yQQ)]= y~a [S(Q)]

[1.4] [1.5]

Les relations [1.1] et [1.3] sont donc équivalentes, car la relation [1.3] peut s'écrire, compte tenu de [1.5] :

y~a [S(Q)] ~ L

[1.6]

Ym

c'est-à-dire

[1. 7]

Chapitre 1 • Généralités 21 b) Considérons maintenant le cas où les sollicitations ne sont plus proportionnelles aux actions appliquées. Ce cas est par exemple celui d'une cheminée en béton armë (figure 1.5).

(Q) ---Ho--l

Une section droite quelconque L est en effet soumise : - à un effort normal N (dû au poids propre G de la partie située au-dessus de la section L considérée),

Vent

- à un moment M dû à l'action Q (ici, le vent).

Figure 1.5.

Les contraintes extrêmes crmin et cr max sur cette section droite se calculent par les formules classiques de la Résistance des Matériaux:

cr

max

N Mv =-+S 1 N S

[1.8]

Mv 1

[1.9]

cr . = - - mm

Ces formules comportent une partie fixe

O'G(N) = N S

due au poids propre et une partie

variable crrjM) due au moment de flexion (évalué au centre de gravité G de L). Le poids propre et le vent constituant deux actions ne donnant pas lieu aux mêmes incertitudes, il faudrait écrire, au lieu de [1.3], en appliquant toujours la méthode des coefficients partiels de sécurité: [1.10]

1. Nous citons cet exemple car il est caractéristique. Vers la fin des années « vingt» en effet, un certain nombre de cheminées en béton armé, qui avaient été calculées uniquement en vue de résister à un vent conventionnellement considéré comme « normal» se sont rompues â mi-hauteur sous l'effet de bourrasques.

22 Traité de béton armé Cette dernière formule n'est plus équivalente à [1.1]. En effet la méthode des contraintes admissibles reviendrait à écrire (voir [1.7]) :

avec

[1.11]

ou encore

[ 1.12]

c'est-à-dire à affecter d'un même coefficient de sécurité « global» les contraintes (JG et dont les dispersions sont nécessairement très différentes puisque les causes d'incertitude sur le poids propre et sur le vent ne sont pas les mêmes. (JQ

Ainsi, pour ne parler que du béton, la limitation de la contrainte à une valeur admissible

f

y

ne permet pas d'assurer que la construction ne se rompra pas tant que l'action Q ne

sera pas multipliée par y. On est au contraire certain que le coefficient de sécurité est inférieur à y. Si donc les actions extérieures viennent pour une cause quelconque à dépasser la valeur maximale théorique Q prise en compte dans le calcul (et en particulier pour le vent comme pour toute autre action «naturelle », cette éventualité ne peut être écartée a priori), la contrainte maximale du béton risque de croître beaucoup plus vite que Q et même d'.atteindre la valeur de la résistance à la compression. Ou bien encore, comme le montre la relation [1.9], dans le cas où (Jmin est positif mais voisin de zéro, ce dépassement de la valeur maximale théorique Q peut rendre (Jmin négatif, et donc entraîner un renversement d'effort puisque des tractions apparaîtront là où l'on avait auparavant des compreSSIOns. Pour se préserver contre un risque de rupture prématurée, il faut vérifier que la section présente une sécurité suffisante vis-à-vis de la rupture. On trouve là l'origine de la « vérification complémentaire de la sécurité à l'égard des charges variables» (charges d'ex.ploitation ou charges climatiques), prescrite par les règlements français depuis 1945 et dans laquelle les contraintes étaient déterminées après majoration des actions.

1.33

Méthodes de calcul à la rupture

Le but idéal de toute analyse de résistance est la prévision, par le calcul, du danger de rupture. Dans le cours qu'il professait à l'École polytechnique fédérale de Zurich, E. Morsch disait en 1912: «Le but de tout calcul statique est moins de déterminer exactement les fatigues causées dans un ouvrage par des forces extérieures quelconques que de prouver que la sécurité de cet ouvrage contre la rupture est suffisante. On devrait donc évaluer la résistance à la flexion des constructions en béton armé en se basant sur la phase de rupture ». De même Considère, dans les commentaires de l'article 3 de la Circulaire Ministérielle du 20 octobre 1906, avait examiné l'idée d'un

Chapitre 1 • Généralités 23 calcul à la rupture où le coefficient de sécurité serait défini comme le coefficient d'amplification par lequel il faudrait multiplier les charges pour provoquer la rupture. L'idée de déterminer les sollicitations probables de rupture d'une pièce (par exemple, le moment fléchissant probable de rupture d'une poutre) en fonction des caractères géométriques de la pièce (dimensions du béton, position et section des armatures) et des caractères mécaniques du béton et de l'acier, puis, par comparaison de la sollicitation de service et de la sollicitation probable de rupture, d'apprécier si le coefficient de sécurité est suffisant, n'est donc pas nouvelle.

À l'inverse d'ailleurs, à partir d'une sollicitation de service donnée et d'un coefficient de sécurité fixé, on peut déterminer une sollicitation de rupture et en déduire le dimensionnement des sections. De telles méthodes sont dites « méthodes de calcul à la rupture ». Dans ces méthodes, le modèle de calcul est élastique pour les sollicitations. Pour les matériaux, on adopte les lois cr - e réelles. La vérification consiste à s'assurer que la sollicitation S (M, N, V, obtenue pour une combinaison

LY

n

Qi

Qi d'actions de calcul Qi majorées par yQi Ci > 1)

demeure inférieure à celle qui amènerait le dépassement de la résistance f Sous forme symbolique, l'inégalité à vérifier est: [1.13] Les fonctions S (Q), R Cf) n'étant pas linéaires, les inégalités [1.2] et [1.13] ne sont pas identiques, et il ne revient donc nullement au même de minorer les résistances ou de majorer l~s actions. Dans les années cinquante, il a existé en France une méthode de calcul à la rupture, qui avait été mise au point par R. Chambaud à la suite d'essais sur des poutres en béton armé, qu'il avait conduits en 1948, avec l'aide de la Chambre syndicale des constructeurs en ciment armé. L'application de cette méthode était, dans certains cas, plutôt laborieuse, mais elle a permis de conserver, sans renforcement, certains éléments d'ouvrages non conformes aux prescriptions des règlements alors en vigueur. Toutefois, la méthode de R. Chambaud n'a jamais été officialisée et les Règles de calcul du béton armé (Règles BA 1945, Règles BA 1960, Circulaire Ministérielle de 1934 et Règles CCBA 1968), en imposant la vérification complémentaire de la sécurité, dont il a déjà été question ci-avant, sous des charges variables majorées (sollicitations du 2e genre), tout en conservant les principes généraux et les hypothèses de base du calcul élastique, se bornaient donc à ne demander qu'un« pseudo-calcul à la rupture ».

1.34

Méthode de calcul semi-probabiliste avec coefficients partiels de sécurité (états-limites)

Les méthodes de calcul à la rupture permettent d'estimer d'une façon assez précise la sécurité des pièces en béton armé et, par conséquent, d'avoir des coefficients de sécurité sensiblement homogènes.

24 Traité de béton armé Toutefois, comme les méthodes élastiques le sont elles-mêmes vis-à-vis de la rupture, ces méthodes s'avèrent incomplètes car elles ne dispensent pas de procéder à d'autres vérifications, dont on avait tout d'abord cru que l'on pourrait se dispenser, suivant les méthodes élastiques sous les charges de service. En effet, une structure qui présente une sécurité suffisante vis-à-vis de la rupture n'a pas nécessairement un comportement convenable en service (notamment en ce qui concerne les déformations et la fissuration) car les critères sont absolument indépendants. Et, ainsi qu'on l'a vu, la réciproque peut aussi être vraie dans certains cas. Il convenait donc d'imaginer et de mettre au point une extension et une généralisation des méthodes de calcul: les méthodes dites « aux états-limites» répondent à cet objet.

1.341

Définition des états-limites

L'article A-1.2 des Règles BAEL 91 donne d'un état-limite la définition suivante, plus précise que celle que nous avons donnée au § 1.31 :

Un « état-limite» est un état particulier dans lequel une condition requise d'une construction (ou d'un de ses éléments) est strictement satisfaite et cesserait de l'être en cas de modification défavorable d'une action. Les divers états-limites que l'on peut envisager peuvent être classés en deux catégories selon le tableau ci-dessous (dû à R. Favre, EPFL, Lausanne).

États-limites ultimes

États-limites de service

Mettent en jeu la sécurité des biens et des personnes (droit pénal)

Sont liés aux conditions normales d'exploitation et de durabilité (droit civil)

Correspondent au maximum de la capacité portante de l'ouvrage ou d'un de ses éléments par :

ouverture excessive des fissures - compression excessive du béton

- perte d'équilibre statique

- déformations excessives des éléments porteurs

- rupture de sections non ductiles ou déformations plastiques excessives - instabilité de forme (flambement) transformation de la structure en un mécanisme

- vibrations inconfortables pour les usagers, ou rendant la structure impropre à remplir sa fonction - étanchéité, isolation, etc.

Critères de calcul:

Critères de calcul:

- déformations relatives limites (ou courbure limite)

- contraintes admissibles (ou déformations admissibles)

- calculs de type « rupture» : lois réelles (idéalisées) cr - e

- calculs de type « élastique» : loi de Hooke, coefficient d'équivalence ...

Chapitre 1 • Généralités 25

1.342

Origine des méthodes de calcul aux états-limites

Les méthodes de calcul aux états-limites ont leur origine: - d'une part, dans les recherches théoriques dans le domaine du probabilisme concernant la sécurité des constructions, - d'autre part, dans le développement continu des recherches théoriques et expérimentales sur le comportement des matériaux et des structures. C'est à Marcel Prot et Robert Levi que revient, en France, le mérite d'avoir montré dès 1936 qu'il ne peut exister de sécurité totale en matière de construction et d'avoir proposé des méthodes d'analyse statistique tenant compte de la variabilité des divers paramètres influant sur la sécurité. Une telle approche repose principalement sur la probabilité de ruine ou de dommages, définissant un risque « calculé» qui puisse être accepté a priori. Ces idées se sont développées sur le plan international et ont donné naissance à des principes de sécurité qui ont été exposés pour la première fois en 1957 dans un rapport du Conseil International du Bâtiment, et adoptés par la suite par le Comité Européen du Béton (1964), la Fédération Internationale de la Précontrainte (1966), l'Organisation internationale de normalisation (norme internationale ISO 2394, 1972) et par la Convention Européenne de la Construction Métallique. Ces principes de sécurité ont également constitué la base de la deuxième édition des Recommandations internationales CEB-FIP pour le calcul et l'exécution des ouvrages en béton (armé ou précontraint) publiées en 1970. Depuis 1970, le Comité Euro-international du Béton (CEB) a décidé que les éditions futures d~ ses Recommandations internationales devraient s'insérer dans un vaste « Système international de réglementation technique unifiée des structures », à établir par l'ensemble des associations techniques internationales, agissant en étroite collaboration. Les travaux, commencés en 1974, ont abouti à la publication en 1978 1 des deux premiers volumes de ce grand ensemble, à savoir: -le volume l, Règles unifiées communes aux différents types d'ouvrages et de matériaux, issu des travaux du Comité mixte Inter-associations sur la sécurité des structures (JCSS) ; - le volume II, Code-Modèle CEE-FIP pour les structures en béton, issu des travaux du Comité Euro-international du Béton. Ces deux documents tenaient compte de l'évolution scientifique et technique qui a profondément modifié, au cours de la deuxième moitié du siècle dernier, les concepts relatifs à la sécurité des structures et à l'analyse de leur comportement. Ils constituaient une synthèse des idées les plus évoluées à l'époque en matière de sécunté, conception et exécution des structures. Les règles des volumes 1 et II étaient le

1. Le CES a procédé en 1990 à une quatrième édition des Recommandations internationales, sous le nom de «Code modèle 1990 ». Ce texte comporte de nombreuses innovations, mais son usage demandera probablement une assez longue période d'adaptation.

26 Traité de béton armé résultat de compromis entre plusieurs tendances nationales, mais un accord international avait néanmoins pu être obtenu 1• Ces deux textes ont eu un retentissement considérable sur les différents codes nationaux. En France, les Directives communes de 1979 et les Règles BAEL 91 s'en sont largement inspirées; il en est de même en ce qui concerne l'Eurocode 2, bientôt en vigueur dans tous les pays de l'UE.

1.343

Idée de base du probabilisme

Un état-limite pourrait être atteint par intervention combinée de multiples facteurs aléatoires d'insécurité. L'idée de base du probabilisme est de limiter la probabilité d'atteindre l'un quelconque des états-limites à une valeur acceptable, en tenant compte du caractère aléatoire : des propriétés (en particulier la résistance) des matériaux constitutifs de la structure (incertitudes dues à la dispersion des mesures en laboratoire sur éprouvettes, ou dues aux défauts locaux, conditions climatiques, etc., affectant la résistance effective du matériau en œuvre); - des actions (charges d'exploitation, charges climatiques, etc.) (incertitudes sur les valeurs normalement prévisibles, les valeurs anormales ou imprévues) et des combinaisons entre elles des différentes actions; - des hypothèses de calcul faites pour déduire des actions les sollicitations [c'est-à-dire les efforts (normaux ou tranchants) ou les moments (de flexion ou de torsion)], de la convenance des modèles de calcul utilisés pour représenter le comportement de la structure, des conditions d'exécution et de contrôle sur le chantier (incertitudes dues aux approximations inévitables adoptées dans les modèles de calcul utilisés et aux imperfections de l'exécution).

1.344

Recours au cc semi-probabilisme »

Malheureusement, si le problème exposé ci-avant est théoriquement résolu, il est loin de l'être pratiquement car toutes les données statistiques ne sont pas disponibles. En effet, certains facteurs d'insécurité ne sont pas « probabilisables» ; pour ceux qui le sont, les lois de probabilité à prendre en compte ne sont pas toujours connues. En pratique, on est obligé de s'en tenir au « semi-probabilisme », qui permet une approche suffisamment correcte des problèmes, sans complication excessive des calculs. Dans le procédé de calcul semi-probabiliste dit « de niveau 1 »2 tel qu'il a été préconisé par le Comité Euro-international du Béton et la Fédération Internationale de la Précontrainte et adopté par de nombreux pays dont la France, l'établissement du projet passe par deux séries d'opérations: a) processus destiné à couvrir la divergence statistique, ou variabilité, des résultats d'essais des matériaux et des observations d'actions au cours du temps:

1. Pour le volume 1 à Paris en novembre 1976 et pour le volume II à Grenade en septembre 1977. 2. Terminologie maintenant abandonnée.

Chapitre 1 • Généralités 27 - la variabilité de la résistance et des autres propriétés du béton et de l'acier est prise en compte en définissant, sur une base statistique, à partir des mesures effectuées en laboratoire sur éprouvettes, des résistances caractéristiques associées à des propriétés caractéristiques; - la variabilité des actions sur la structure est prise en compte en définissant pour cellesci des valeurs caractéristiques, déterminées soit par l'exploitation statistique des données nécessaires, lorsqu'elles existent, soit par une estimation basée sur l'expérience dans le cas contraire. b) processus destiné à couvrir les incertitudes résultant de la connaissance imparfaite des données de base, de l'imprécision des calculs et des imperfections de l'exécution au moyen de coefficients partiels de sécurité y transformant les valeurs caractéristiques en valeurs de calcul. Les valeurs numériques de ces coefficients (coefficients YI1l diviseurs pour les résistances; coefficients YQ (ou YF) ou Ys multiplicateurs pour les actions ou les sollicitations), ainsi que d'autres coefficients ('1') qui interviennent dans les combinaisons d'actions, ont été fixées en fonction de l'état-limite considéré, sur la base de considérations probabilistes. Ces valeurs numériques sont évidemment plus élevées pour les états-limites ultimes (qui mettent en jeu de façon immédiate la sécurité des personnes et des biens) que pour les états-limites de service. Remarques 1. Du fait de l'introduction des coefficients partiels de sécurité, un état-limite ultime est un état de ruine conventionnel normalement très éloigné de l'état physique de ruine tel qu'on peut l'observer au cours d'un essai en laboratoire. Il doit être bien compris que la charge de rupture observée au cours d'un essai en laboratoire, qui résulte d'une constatation sans intervention de la statistique et sans prise en compte de coefficients de sécurité, diffère de la charge ultime; celle-ci ne serait atteinte que si un certain nombre de circonstances défavorables se trouvaient réalisées en même temps, et n'a qu'une faible probabilité - c'est ainsi qu'elle est définie - d'être atteinte. 2. II est possible, comme le font les Règles BAEL, d'envisager des simplifications. A contrario, on trouve dans le volume 1 du Code-Modèle 78 la description d'un procédé dit « de niveau 2 », dans lequel les résistances et les actions sont représentées par leurs distributions connues ou supposées, et dans lequel une certaine probabilité de ruine est acceptée. Il s'agit donc là d'un procédé de calcul vraiment probabiliste, dont les applications, aussi bien théoriques que pratiques, sont restées très limitées.

1.345

Vérifications

La vérification d'une structure ou de l'un de ses éléments doit être effectué en deux étapes: - la première étape consiste en général à déterminer les effets des actions de calcul y Qi Qi correspondant au cas étudié (par exemple, dans le cas des états-limites de résis-

28 Traité de béton armé tance à déterminer des «sollicitations agissantes» de calcul Sd), les actions y Qi Qi ayant leurs positions et configurations les plus défavorables et étant prises dans leurs combinaisons appropriées. -la seconde étape diffère selon la nature de l'état-limite à vérifier.

1.345-1

Cas des états-limites ultimes de résistance (par ex. vis-à-vis de la flexion ou de l'effort tranchant)

Pour chaque état-limite et pour différentes sections de la structure étudiée, il faut montrer que pour le cas de charge le plus défavorable sous la combinaison d'actions considérée, la sollicitation agissante de calcul Sd correspondante ne dépasse pas la sollicitation résistante de calcul Rd.

a) Sollicitation agissante de calcul Une structure est soumise à des combinaisons d'actions complexes et variées. La sollicitation de calcul (effort normal N, moment de flexion M, effort tranchant V, moment de torsion T) correspondant à une combinaison et à un état-limite donnés est dite « sollicitation agissante de calcul» et désignée symboliquement par la lettre Sd. Pour déterminer Sd, on est amené à faire un choix parmi toutes les combinaisons d'actions qui peuvent agir simultanément et à ne retenir que celles qui sont physiquement possibles et hautement probables. On définit ainsi, à partir de certaines combinaisons d'actions de calcul

(LY

Qi

une méthode de calcul appropriée, des sollicitations agissantes de calcul y S3 S que les Règles BAEL simplifient en

S(L y Q,.) avec si

ysi

Qi) et par

(L Y

Qi

Qi )

= YS3 YQi • Selon l'état-limite

considéré et les valeurs de Ysi prises en compte, ces sollicitations peuvent être des sollicitations agissantes ultimes Su ou des sollicitations agissantes de service Sser. Lorsque plusieurs actions individuelles interviennent dans une même combinaison, la valeur du produit yQi Qi peut d'ailleurs, pour certaines actions, être réduite (par rapport à la valeur prise en compte pour la même action supposée isolée) pour tenir compte du fait que la probabilité que toutes les actions de la combinaison atteignent simultanément leur valeur caractéristique est faible. Ce résultat est obtenu en introduisant selon le cas, pour une même action, des « valeurs représentatives» différentes:

- valeur de combinaison 'l'oQ à l'état-limite ultime, - valeurs fréquentes ou quasi permanentes 'l'IQ, 'l'2Q à l'état-limite de service (voir chap.3).

b) Sollicitation résistante de calcld Pour chaque état-limite ultime de résistance, il existe une « sollicitation résistante de calcul» de la structure, qui est celle pour laquelle l'un des matériaux constitutifs a atteint soit une certaine déformation limite, soit une certaine contrainte limite.

Chapitre 1 • Généralités 29 Cette sollicitation résistante de calcul, désignée symboliquement par Rd, est normalement déterminée dans l'hypothèse d'un comportement plastique des matériaux en prenant en compte leurs résistances de calcul (c'est-à-dire leurs résistances caractéristiques divisées par les coefficients Ym). c) Équation de vérification de la sécurité

L'équation de vérification de la sécurité est de la forme symbolique et vectorielle: avec Elle doit être satisfaite pour un certain nombre de sections et d'éléments. On se borne donc à vérifier que la probabilité pour qu'un état-limite ultime de résistance soit atteint dans les différentes sections étudiées n'excède pas celle que l'on a acceptée a priori sans pouvoir conclure en ce qui concerne la probabilité d'atteindre ce même état-limite ultime pour l'ensemble de la structure. De façon plus précise, on peut écrire l'équation de vérification de la sécurité: - sous forme générale :

~ YS3 s(~YQi

Q)< R (le i

-

!Cj J;j Ys Yb Yb

J

d -,-,-

[1.14]

- ou, sous la forme simplifiée des Règles BAEL :

Sd (LY Qi

Q)< Rd (le ' fcj , J;j J i

-

[1.15]

Ys Yb Yb

avec:

le

limite d'élasticité (considérée comme « résistance caractéristique») de l'acier,

!cj,jlj

résistances caractéristiques du béton à la compression et à la traction, respectivement, àj jours d'âge,

Ys, Yi,

coefficients partiels au moins égaux à l'unité relatifs respectivement à l'acier et au béton.

Le processus de vérification est résumé de façon schématique figure 1.6. Remarque

L'équation de vérification écrite sous la forme

l.

L'indice d (de l'anglais design), désigne une valeur de calcul c'est-à-dire dans laquelle les coefficients de pondération y ont été introduits.

30 Traité de béton armé

F

1 1

1 1

1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

1 1 1

1 1 1 1 1

1

1 1 1

r-------I--- ...

r------.J.--- ...

r--------J..- ...

1

1

:

:

:

l

1

Probabilité

1

Probabilité

:

: simplifiée : I ______ .., ___ .J

: pure : I-------r--.J

1 1

1 1

Déterminisme :

11________ j_.J1

Figure 1.6. Processus de vérification est très générale. On peut en dériver toutes les méthodes de calcul possibles:

1. Contraintes admissibles Pour retrouver la méthode aux contraintes admissibles, il suffit de faire:

YF3 =1

Yg, =1

Qi etfétant évalués de façon déterministe.

Chapitre 1 • Généralités 31 2. Calcul à la rupture Le calcul à la rupture correspond à :

Ym = 1

YF3 = 1

Qi et/étant toujours évalués de façon déterministe.

3. Calcul aux états-limites Dans ce cas, plusieurs voies sont possibles l

:

A. Méthode des coefficients de sécurité partiels (CEB, BAEL 91, Code britannique BS 8110, Eurocode 2)

La formule complète est applicable, mais: YF3 est éventuellement pris égal à 1 ;

Qi et / sont évalués (en principe) de façon probabiliste, et plusieurs valeurs représentatives sont à considérer pour Qi'

B. Méthode « load and resistance factor» (Code américain ACI 318)

L'équation de la sécurité peut aussi s'écrire: S(LYQj

Q):::;_1 YF3

Le Code ACI adopte y m

=12 et pose

Rd(LJ Ym

(_I_J = YF3

<1>

étant différent pour chaque type de sollicitation (par exemple <1> = 0,9 pour la traction simple ou la flexion simple; <1> = 0,85 pour l'effort tranchant et la torsion; <1> = 0,70 pour la compression avec ou sans flexion) <1>

- / est évalué de façon probabiliste.

1. Les codes européens cités ici sont ceux qui étaient en vigueur avant l'adoption de l'Eurocode 2. 2. Entre autres arguments d'ingénieurs américains pour l'adoption de cette valeur unité: 1. les coefficients partiels appliqués au béton et à l'acier risquent d'être mal interprétés par les constructeurs en donnant l'impression à ceux-ci qu'ils doivent viser, comme résistance réelle, la valeur flYm prise en compte dans les calculs. 2. le coefficient appliqué au béton, nettement plus grand que celui appliqué à l'acier, risque d'être exploité dans la concurrence entre l'acier et le béton comme traduisant le fait que le béton est un matériau moins fiable que l'acier.

32 Traité de béton armé C. Méthode du « coefficient global» (ancienne norme allemande DIN 1045)

Dans l'équation ci-avant, la norme DIN adoptait:

Ym

=1

La valeur du coefficient YF3 (= y) n'intervenait que dans les calculs en flexion. Elle dépendait du type de rupture, soit par l'acier (y = 1,75), soit par le béton (y = 2,1).

1.345-2

Cas des états-limites ultimes de stabilité de forme

Dans ce cas, il faut montrer qu'il existe dans l'ensemble de la structure une distribution de contraintes qui équilibre dans chaque section les sollicitations de calcul à considérer, y compris celles du second ordre. Il n 'y a pas toujours en ce cas de sollicitation résistante, et l'équation de vérification peut ne s'appliquer qu'aux actions, c'est-à-dire prendre la forme:

1.345-3

Cas des états-limites de service

Dans ce cas, il faut montrer que les sollicitations de calcul agissantes ne provoquent pas le dépassement des limites qui résultent des exigences fonctionnelles en ce qui concerne une contrainte 0' ou 't, une flèche a, une ouverture de fissure w , etc. L'équ,,:tion de vérification prend alors l'une des formes:

Ces comparaisons ne sont pas toujours nécessaires si l'on a pris soin de respecter certaines dispositions constructives. Par exemple, il n'est pas utile de vérifier la condition a::; alim si l'on a pris soin de choisir judicieusement «l'élancement» l/h d'une poutre de portée 1 et de hauteur h (voir par exemple, art. B-6.5,1 , B-6.8,424, B-7.5 des Règles BAEL). Remarque importante

Dans un ouvrage réel, on ne peut mesurer que des déformations et non des contraintes. Il n'est donc généralement pas possible de s'assurer directement par voie expérimentale que 0':::;; O'lim ou 't':::;; 't'lim • Pour les fissures, l'expérience montre que leur «ouverture» est en fait une notion indéterminée. D'une part, le choix de la direction de mesure n'est pas évident (parallèle à la ligne moyenne, perpendiculaire à la fissure, parallèle à la direction principale des armatures par lesquelles elle est traversée... ). D'autre part, cette ouverture varie considérablement aussi bien en parement, le long d'une même fissure et

Chapitre 1 • Généralités 33 d'une fissure à l'autre qu'en profondeur. Il en résulte que la mesure d'une ouverture de fissure est très mal définie. Aucun projeteur ne doit tomber dans le piège qui consisterait à garantir par contrat l que les ouvertures des fissures resteront inférieures à une valeur donnée2 • Pour éviter ce piège, il est d'usage de parler des ouvertures calculées, comme le fait l'Eurocode 2, ou mieux, comme le font les Règles BAEL à l'article A-4.5, de ne pas mentionner de valeurs pour les ouvertures de fissures et de remplacer la condition w ~ Wlim par une condition cr ~ crlim • De même, pour les bâtiments courants, il n'est généralement pas possible de mesurer les flèches à long terme. Aussi bien les ouvertures des fissures que les flèches dépendent d'ailleurs d'un grand nombre de paramètres, dont certains sont totalement inconnus lors de l'élaboration du projet (conditions thermo-hygrométriques, durée de l'étaiement, etc.). Pour toutes ces raisons il serait vain, ainsi que le signalent les Règles BAEL dans les commentaires de l'article B-6.5,2, de rechercher une identité entre la valeur calculée (ouverture de fissure ou flèche) et la valeur constatée en œuvre. Aussi, plus que pour tout autre calcul, les vérifications vis-à-vis des états-limites de service doivent-elles être considérées comme des vérifications conventionnelles permettant seulement d'assurer que la structure devrait avoir, avec une forte probabilité, un comportement satisfaisant en service.

1.345-4' Cas des états-limites ultimes d'équilibre statique Pour les états-limites ultimes d'équilibre statique, il faut montrer que les combinaisons d'actions de calcul à considérer n'entraînent pas la perte d'équilibre de la construction ou de l'élément étudié. Dans ce cas, on compare donc les valeurs de calcul Ed.dsl des actions déstabilisantes (dst) et celles Etbslb des actions stabilisantes (stb). Il faut avoir:

1.

Ce que voudraient obtenir les poseurs d'étanchéité par exemple, qui ont eux-mêmes, à garantir la tenue de leur produit. 2. Un expert n'aurait en effet aucun mal à trouver au moins une zone où les ouvertures des fissures dépasseraient les valeurs garanties.

34 Traité de béton armé

1.4

RÉGLEMENTATION FRANÇAISE

1.41

Distinction entre maÎtre d'ouvrage et maÎtre d'œuvre

Dans le cadre d'un marché: -le maître d'ouvrage est la personne physique ou morale pour laquelle les travaux ou ouvrages sont réalisés (en quelque sorte, le « client »). Son rôle est d'abord de définir l'ouvrage sous la forme d'un programme précis indiquant les données sur le site, les contraintes réglementaires et d'environnement auquel il est soumis, les exigences de qualité, de prix, de délais, etc. Il est ensuite chargé de passer le marché et d'assurer la réception. - le maître d'œuvre est la personne physique ou morale reconnue compétente, et chargée par le maître d'ouvrage de concevoir et de contrôler la bonne exécution du marché, de diriger et de surveiller les travaux et de veiller au respect des «règles de l'art» et de la réglementation (un architecte, par exemple, est un maître d'œuvre).

1.42

Portée juridique des différents textes réglementaires

Les textes réglementaires français se composent de : - Cahiers des clauses techniques générales (CCTG) ; - Documents techniques unifiés (DTU) ; Nonnes AFNOR; - Règles professionnelles, Guides, etc. Tous ont des portées juridiques différentes. Cependant la plupart des DTU constituent aussi des fascicules CCTG (voir § 1.422b) ou des nonnes (voir remarque au § 1.423).

1.421

Cahiers des clauses techniques générales (CCTG)

Les fascicules des CCTG sont des documents d'application obligatoire pour tous les marchés de l'État (marchés de travaux publics et marchés de bâtiment). Ils sont publiés dans les Bulletins Officiels du Ministère de l'Urbanisme et du Logement l . La liste à . jour de tous les CCTG est publiée chaque année au Journal officiel.

1. Devenu par la suite ministère de l'Équipement et du Transport. Actuellement (2009), ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable, et de la Mer.

Chapitre 1 • Généralités 35

1.422

Normes et Documents techniques unifiés (DTU)

Normes françaises AFNOR

Les normes françaises sont constituées par trois types de documents: - des normes homologuées, ayant reçu une sanction officielle des pouvoirs publics parce que leur valeur technique est reconnue, et qu'elles jouent un rôle important dans le système de construction ; - des normes expérimentales soumise à une période de mise à l'épreuve avant, moyennant des amendements éventuels, de devenir normes françaises homologuées; - des fascicules de documentation, à caractère essentiellement informatif. Ces documents sont établis par les bureaux de normalisation et des représentants des divers acteurs de la construction (Centres techniques, entrepreneurs, industriels, architectes, bureaux de contrôle, etc. et, bien entendu, l'Association Française de Normalisation AFNOR). Normes européennes EN

Ces normes sont établies par le Comité Européen de Normalisation (CEN). Après une période de mise à l'essai, une norme expérimentale (ENV) est soumise au vote des États-membres. Si, selon les règles qui ont été fixées par l'UE, le résultat de ce vote est positif, cette norme (EN) devient ipso facto applicable dans tous les États, même ceux qui ont voté contre, et se substitue donc à toute norme nationale traitant du même sujet, s'il en existe une. Il en résulte que de nombreuses normes françaises sont progressivement remplacées par des normes EN. Mais alors que dans le conception française, qu'il s'agisse de produits, d'essais, ou autres, une norme contient des spécifications très strictes, dont les conditions de mise en application sont du ressort des fascicules du CCTG et des DTU, dans la conception européenne, une norme peut être une simple convention technique, parfois un peu floue ou incomplète et même, parfois aussi, de peu d'utilité. Ceci ne va pas sans inconvénients: le catalogue AFNOR contient maintenant des texte au contenu très varié, qui tous s'appellent «normes»: certains traitent de produits, d'autres de travaux, d'autres encore de calcul, voire des trois à la fois. Les mécanismes de mise en application (voir ci-après l'application des DTU aux travaux de bâtiment) sont devenus beaucoup moins sûrs et exigent maintenant de sélectionner, au cas par cas, les textes qui auront un caractère contractuel pour un chantier déterminé. DTU

Les DTU sont des documents établis par le Groupe de coordination des textes techniques, autrefois appelé Groupe DTU, mais qui, en 1990, a pris le nom de « Commission Générale de Normalisation du Bâtiment/DTU ».

36 Traité de béton armé Les DTU sont principalement: - des Cahiers des Clauses Techniques (CCT), qui indiquent les conditions techniques que doivent respecter les entrepreneurs pour le choix et la mise en œuvre des matériaux dans l'exécution des travaux des différents corps d'état; - des Règles de calcul, qui permettent de dimensionner les ouvrages en fonction des conditions d'exploitation; - des Cahiers des Clauses Spéciales (CCS), qui accompagnent les Cahiers des Clauses Techniques, et qui précisent la nature des travaux du corps d'état considéré et les obligations de l'entrepreneur par rapport aux corps d'état voisins. Ces trois types de documents sont d'application contractuelle. Il existe aussi des mémentos et des guides de choix qui ne sont pas destinés à être imposés à l'entrepreneur.

Évolution du statut des DTU L 'harmonisation européenne a conduit à transformer progressivement les DTU en normes. De ce fait, les DTU ont maintenant l'un des statuts suivants:

- norme française homologuée; - norme expérimentale; - fascicule de documentation ; - DTU, statut originel provisoirement conservé; ne fait pas partie du système normatif officiel. Application des DTU aux marchés de travaux de bâtiment a) Marchés privés de travaux Quels que soient leur statut et leur nature, l'application des DTU résulte d'un accord passé entre le maître d'œuvre et l'entrepreneur. Un DTU n'engage donc que les signataires d'un marché de travaux de bâtiment qui l'ont introduit comme pièce du marché, lui donnant ainsi une valeur contractuelle. La norme NF P 03-001 (Cahier des Clauses Administratives Générales applicables aux travaux de bâtiment faisant l'objet d'un marché privé) rend contractuelle l'application des normes françaises homologuées, des DTU Cahiers des Clauses Techniques et DTU Règles de calcul pour le marché visé, sous réserve de mentions faites aux clauses particulières du marché. Les documents qui concernent les travaux visés par ces marchés acquièrent alors un caractère d'obligation contractuelle. Certaines normes françaises homologuées et certains DTU peuvent être rendus d'application obligatoire par décret ou arrêté. Sauf indication contraire d'une norme ou d'un DTU, son application s'impose dans les consultations lancées plus de trois mois après sa date d'effet, mentionnée dans le document.

Chapitre 1 • Généralités 37 b) Marchés publics de travaux Normes Selon le décret du 16 juin 2009 les normes homologuées et publiées par l'AFNOR sont en principe d'application volontaire, mais elles peuvent être rendues obligatoires par un arrêté signé du ministère chargé de l'industrie et du ou des ministres intéressés. DTU Cahiers des Clauses Techniques et DTU Règles de calcul Un Cahier des Clauses Techniques Générales (CC TG) applicables aux marchés publics de travaux de bâtiment a été institué par décret. Ce CCTG est constitué principalement par les DTU Cahiers des Clauses Techniques et les DTU Règles de calcul, dont une liste est publiée périodiquement au Journal Officiel.

1.423

Règles professionnelles, guides, etc.

Ces textes, dont le domaine d'application n'est couvert ni par des CCTG, ni par des DTU, ni par des normes (exemples: cheminées, tours, silos, coffrages et étaiements, etc.) ne peuvent être éventuellement imposés que par voie contractuelle.

1.43

Règles applicables au béton armé

Jusqu'en 2010, où l'Eurocode 2 sera d'application obligatoire, les Règles du béton armé applicables en France sont les Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constructions en béton armé suivant la méthode des états-limites, en abrégé Règles BA EL 91 modifiées 99. Elles constituent à la fois un fascicule du CCTG (fascicule 62 - titre 1 section 1) et un DTU. Ces Règles BAEL ont été adoptées comme base du présent traité; celui-ci analyse également les prescriptions de l'Eurocode 2. Remarque importante 1°) Un texte réglementaire formant toujours un tout, il doit seul être appliqué pour l'étude d'un même ouvrage. Il est absolument interdit, sous peine de s'exposer à mécomptes graves, d'appliquer successivement des prescriptions de textes différents, par exemple de calculer les moments dans des poutres de plancher avec un texte puis d'effectuer le dimensionnement avec un autre texte (de manière à combiner les solutions les plus favorables dans chaque cas). 2°) Pour les calculs manuels, il suffit en général de conserver trois chiffres significatifs (mais il faut les avoir, et exacts !) qu'il s'agisse de forces, de moments, de contraintes, etc., exprimés respectivement en MN, MNm, MPa ou, plus généralement, de n'importe quelle valeur numérique. 3°) Dans ce qui suit, le calcul automatique n'apparaît qu'en filigrane. Ceci est volontaire: il s'agit en effet d'un traité de béton armé et non d'un traité d'informatique! De nos jours, on a trop tendance à faire aveuglément confiance à l'informatique, qui

38 Traité de béton armé n'est et ne demeurera jamais qu'un outil (au même titre que la simple table de multiplication). Avant toute chose, il est important de comprendre les phénomènes physiques. Le processus logique de leur mise en équations, lorsqu'il est possible et qu'il ne comporte pas de lacunes, est suffisamment explicité dans cet ouvrage pour que la mise sur ordinateur ne présente pas de difficultés particulières.

1.5

L'EUROCODE 2

Pour plus de détails, se reporter au cours de J.-A. Calgaro, Présentation des Eurocodes ou à l'ouvrage Les Eurocodes, conception des bâtiments er des ouvrages de génie civil, Éditions du Moniteur.

1.51

Historique

Les travaux relatifs à l'Eurocode 2 (désigné en abrégé par EC2 dans ce qui suit) ont commencé le 14 février 1980. Le document de base était le Code-Modèle CEB/FIP pour les structures en béton, qui avait été approuvé par l'Assemblée générale du Comité Euro-intemational du Béton (CEB) à Grenade en septembre 1977 et présenté au 8°Congrès de la Fédération Internationale de la Précontrainte (FIP) à Londres en 1978. Après une enquête restreinte au cours de l'année 1981, le texte initial a été révisé en 1982-1983 pour aboutir au printemps 1984 à la publication officielle par la Commission des Communautés européennes, dans les trois langues (DE, EN, FR), du Rapport EUR 8848 Eurocode n02 Règles unifiées communes pour les constructions en béton. Bruxelles a mis officiellement ce texte à l'enquête dans les différents États-membres à l'automne 1984. Cette enquête a donné lieu à un nombre très volumineux d'observations (l 200 pages dont près du tiers pour les seules observations anglaises).

Le texte a donc été de nouveau révisé par un groupe de rédaction étendu, comportant un représentant de chaque État-membre (saufIe Luxembourg, représenté par la Belgique), et publié en 1992 comme norme expérimentale (ENV). Celle-ci a été mise à l'enquête pendant six ans, puis revue de nouveau par un groupe de rédaction (project team). La version finale a été mise à disposition en décembre 2004.

Chapitre 1 • Généralités 39

1.52

Présentation de l'Eurocode 2 (EC2)

1.521

Contenu de l'EC2

L'Eurocode 2 (EN 1992-1-1, en France, norme NF P 18-711) s'applique au calcul des bâtiments et des ouvrages de Génie Civil en béton non armé, en béton armé ou en béton précontraint. La partie 1-1 donne les règles générales et les règles pour les bâtiments! . Ne sont pas concernés par cette première partie les armatures en ronds lisses, les immeubles de grande hauteur (lGH), les viaducs, les ponts, les barrages, les enceintes sous pression, les plates-formes en mer ou les réservoirs, ni les éléments en béton caverneux ou en béton de granulats lourds. Sont déjà publiés, en cours de publication ou encore à l'étude: a) en complément à cette première partie, une partie 1-2 Résistance aufeu des ouvrages en béton. b) des adaptations à d'autres types de constructions: - partie 2 : Ponts en béton armé ou précontraint. - partie 3 : Réservoirs et silos.

1.522

Documents d'accompagnement

L'EC2 se réfère à des normes internationales lorsqu'elles existent et à des normes élaborées par le Comité Européen de Normalisation (CEN). L'EC2 doit, dans chaque pays, être normalement utilisé avec une Annexe Nationale (norme NF P 18-712) précisant l'interprétation à donner à certains articles ou précisant leurs conditions d'application, et/ou précisant également certaines valeurs numériques présentées seulement comme « valeurs recommandées» dans l'EC2.

1.523

Distinction entre Principes et Règles d'application

L'EC2 établit une distinction entre Principes et Règles d'application: • les Principes (signalés par le symbole (P) à la suite du numéro de leur paragraphe) contiennent soit: des définitions, - des prescriptions générales, - des exigences, '- des modèles analytiques, pour lesquels aucune alternative n'est possible.

1. Le texte de référence (mas/el' copy) est le texte en anglais. La présente analyse ayant été faite avant la parution de la traduction officielle française, on y décèlera nécessairement quelques différences dans la terminologie utilisée (par exemple « calcul» au lieu de « projet ») sans que cela n'ait de répercussions sur le sens général ou l'interprétation.

40 Traité de béton armé

• les Règles d'application sont constituées par des règles généralement admises, qui respectent les principes et en satisfont les exigences.

1.53

Sommaire détaillé de l'EC2

L'EC2 comporte douze grands chapitres et dix annexes:

1.

GÉNÉRALITÉS

1.1.

Domaine d'application

1.2.

Références normatives

1.3.

Hypothèses

1.4.

Distinction entre Principes et Règles d'application

1.5.

Définitions

1.6.

Symboles

2.

BASES DU CALCUL

2.1.

Exigences

2.2.

. Principes du calcul aux états-limites

2.3.

Variables de base

2.4.

Vérification par la méthode des coefficients partiels

2.5.

Dimensionnement assisté par l'expérimentation

2.6.

Exigences complémentaires pour les fondations

2.7.

Exigences relatives aux fixations

3.

MATÉRIAUX

3.1.

Béton

3.2.

Acier de béton armé

3.3.

Acier de précontrainte

3.4.

Dispositifs de précontrainte

Chapitre 1 • Généralités 41 4.

DURABILITÉ ET ENROBAGE DES ARMATURES

4.1.

Généralités

4.2.

Conditions d'environnement

4.3.

Exigences de durabilité (enrobage)

4.4.

Méthodes de vérification

5.

ANALYSE STRUCTURALE

5.1.

Généralités

5.2.

Imperfections géométriques

5.3.

Modélisation de la structure

5.4.

Analyse élastique-linéaire

5.5.

Analyse élastique-linéaire avec redistribution limitée des moments

5.6.

Analyse plastique

5.7.

Analyse non-linéaire

5.8.

Analyse des effets du second ordre en présence d'une charge axiale

5.9.

Instabilité latérale des poutres élancées

5.10.

Éléments et structures précontraints

5.11.

Analyse pour certains éléments structuraux particuliers

6.

ÉTATS-LIMITES ULTIMES (ELU)

6.1.

Flexion simple et flexion composée

6.2.

Effort tranchant

6.3.

Torsion

6.4.

Poinçonnement

6.5.

Dimensionnement à l'aide de modèles bielles-tirants

6.6.

Ancrages et recouvrements

6.7.

Pressions localisées

6.8.

Fatigue

42 Traité de béton armé 7.

ÉTATS-LIMITES DE SERVICE (ELS)

7.1.

Généralités

7.2.

Limitation des contraintes

7.3.

Maîtrise de la fissuration

7.4.

Limitation des flèches

8.

DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES RELATIVES AUX ARMATURES DE BÉTON ARMÉ ET DE PRÉCONTRAINTE

8.1.

Généralités

8.2.

Espacement des armatures de béton armé

8.3.

Diamètres admissibles des mandrins de cintrage pour les barres pliées

8.4.

Ancrage des armatures longitudinales

8.5.

Ancrage des armatures d'effort tranchant et autres armatures transversales

8.6.

Ancrage au moyen de barres soudées

8.7.

Recouvrements et coupleurs

8.8.

Règles supplémentaires pour les barres de gros diamètre

8.9.

Paquets de barres

8.10.

Armatures de précontrainte

9.

DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES RELATIVES AUX ÉLÉMENTS ET RÈGLES PARTICULIÈRES

9.1.

Généralités

9.2.

Poutres

9.3.

Dalles pleines

9.4.

Planchers-dalles

9.5.

Poteaux

9.6.

Voiles

9.7.

Poutres-cloisons

9.8.

Fondations

9.9.

Régions de discontinuité de géométrie ou d'action

9.10.

Chaînages

Chapitre 1 • Généralités 43

10.

RÈGLES ADDITIONNELLES POUR LES ÉLÉMENTS ET LES STRUCTURES PRÉFABRIQUÉES EN BÉTON (POUR LES CHAPITRES 1, 2, 3, 5 ET 9)

10.1.

Généralités

10.2.

Bases du calcul, exigences fondamentales

10.3.

Matériaux

10.5.

Analyse structurale

10.9.

Dispositions constructives relatives aux éléments et règles particulières

11.

STRUCTURES EN BÉTON DE GRANULATS LÉGERS

11.1.

Généralités

Il.2.

Bases du calcul

11.3.

Matériaux

Il.4.

Durabilité et enrobage des armatures

Il.5.

Analyse structurale

Il.6.

États-limites ultimes (ELU)

11. 7.

États-limites de service (ELS)

Il.8.

'Disposition des armatures - Généralités

Il.9.

Dispositions constructives et règles particulières

Il.10.

Règles additionnelles pour les éléments et les structures préfabriqués en béton

Il.12.

Structures en béton (léger) non armé ou faiblement armé

12.

STRUCTURES EN BÉTON NON ARMÉ OU FAIBLEMENT ARMÉ

12.1.

Généralités

12.3.

Matériaux

12.5.

Analyse structurale: états-limites ultimes

12.6.

États-limites ultimes (ELU)

12.7.

États-limites de service (ELS)

12.9.

Dispositions constructives relatives aux éléments et règles particulières

44 Traité de béton armé ANNEXES A (Informative). Modification des coefficients partiels relatifs aux matériaux B (Informative). Déformations dues au fluage et au retrait C (Normative).

Propriétés des matériaux compatibles avec l'utilisation de cet Eurocode

D (Normative).

Méthode de calcul détaillée des pertes de précontrainte par relaxation

E (Informative). Classes indicatives de résistance pour la durabilité F (Informative). Expressions pour le calcul des armatures tendues dans les situations de contraintes planes G (Informative). Interaction sol-structure H (Informative). Effets globaux du second ordre sur les structures 1 (Informative). Analyse des planchers-dalles et des voiles de contreventement J (Informative). Dispositions constructives pour des cas particuliers

1.54

Concept de sécurité structurale de l'Eurocode 2

Le concept de sécurité structurale est développé dans le chapitre-modèle (2.1 à 2.4) commun à tous les ECn, à quelques détails près dus aux particularités du matériau considéré à chaque fois. Ce concept ne diffère pas de celui exposé au § 1.344 (méthode semi-probabiliste aux états-limites).

1.55

Normes et textes de référence

Le texte renvoie généralement: - aux normes ISO (International Organization for Standardization), - aux normes CEN (Comité Européen de Normalisation), - aux recommandations de la RILEM (Réunion Internationale des Laboratoires d'Essais des Matériaux).

1.56

Notations et unités

Les notations sont conformes à la norme ISO 3898 (dont ont également été dérivées la plupart des notations des Règles BAEL et BPEL). Les unités sont celles du système international SI (lSOIDP 4357).

Chapitre 1 • Généralités 45

1.6

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 1

Les titres sont classés dans l'ordre chronologique de leur parution.

1.61

Traités généraux

- Robinson (J.-R), Béton armé, Cours CHEBAP (non édité en librairie). - Fauchart (J.), Initiation au calcul des structures, béton et acier, 1981, éd. Eyrolles. - Albigès (M.), Mingasson (M.), Théorie et pratique du béton armé aux états-limites, 1981, éd. Eyrolles. - Fuentès (A.), Lacroix (R), Thonier (H.), Traité de béton armé, 1982, éd. Eyrolles. - Montoya (P.-J.), Meseguer (A.-G.), Moran Cabre (F), Hormigon armado, 1982, Gustavo Gili, Barcelone.

1.62

Formulaires et guides d'emploi

- Chambaud (R), Lebelle (P.), Formulaire du béton armé, Tome l, 1967, éd. Eyrolles. - Courtand (M.), Lebelle (P.), Formulaire du béton armé, Tome II «Application de la Résistaqce des Matériaux au calcul des structures en béton armé» (2 e édition complétée et refondue par W. Jalil), 1976, éd. Eyrolles. - Darpas (G.), Béton armé. Application du nouveau règlement, Bulletin technique du Setra (F) nO 2, mars 1971 (il s'agit des Règles CCBA 68).

- Beton Kalender, édition annuelle, Verlag W. Ernst und Sohn. - Capra (E.), Davidovici (V.), Guide pratique d'utilisation des Règles BAEL 80, 1981, éd. Eyrolles. - Artopoeus (J.), Fouré (B.), Hueber (J.), Perchat (J.), Manuel d'application des Règles BAEL, 1981, Syndicat national du béton armé et des techniques industrialisées. - Perchat (J.), Roux (J.), Pratique du BAEL 91, éd. Eyrolles. - Perchat (J.), Roux (J.), Maîtrise du BAEL 91, éd. Eyrolles .

. 1.63

1.631

Méthodes de calcul. Règlements et Recommandations Méthode aux contraintes admissibles

- Instructions relatives à l'emploi du béton armé, circulaire du 20 octobre 1906. Imprimerie centrale administrative.

46 Traité de béton armé - Règlement sur les constmctions en béton armé établi par la Commission d'études techniques de la Chambre syndicale des constructeurs en ciment armé de France, 1931, Gauthier-Villars. - Instructions relatives à l'emploi du béton armé dans les ouvrages dépendant du Ministère des Travaux Publics et commentaires explicatifs, circulaire du 19 juillet 1934, Imprimerie centrale administrative.

- Règles d'utilisation du béton armé applicables aux travaux dépendant du Ministère de la Reconstmction et de l'Urbanisme et aux travaux privés, Règles BA 1945, modifiées en mars 1948, Documentation technique du bâtiment.

- Règles d'utilisation des ronds crénelés et lisses pour béton armé de limite élastique supérieure ou égale à 40 kg/mm2 , Règles 1948 ronds n'e 40-60, Institut technique du bâtiment et des travaux publics et Centre scientifique et technique du bâtiment.

- Règles pour le calcul et l'exécution des constmctions en béton armé (DTU), Règles BA 1960. Documentation technique du bâtiment, mars 1961.

- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constmctions en béton armé (dites« Règles CCBA 1968, révisées 1970 »), 1975, éd. Eyrolles. - Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constmctions en béton armé, circulaire MEL n° 70-115 du 27 octobre 1970. Fascicule 61 - Titre VI modifié du CPC (le texte de ce document est le même que celui des Règles CCBA 68, il tient compte des modifications de juillet 1970), BOUL fascicule spécial nO 70-93bis.

1.632

Méthodes de calcul à la rupture

Ces méthodes n'ont jamais fait, en France, l'objet de textes réglementaires. Chambaud (R.), Le calcul du béton armé à la mpture, 1965, éd. Eyrolles.

1.633

Méthodes de calcul aux états-limites et Eurocode 2

- Recommandations internationales pour le calcul et l'exécution des ouvrages en béton, Congrès de la FIP, Prague 1970 par le Comité Européen du Béton et la Fédération Internationale de la Précontrainte, Tome 1: Principes et Recommandations, 1970. Tome II: Fascicules annexes, propositions, 1970, éd. Eyrolles.

- Système international de réglementation technique unifiée des stmctures, Volume 1. Règles unifiées communes aux différents types d'ouvrages et de matériaux. Volume II. Code-Modèle CEB-FlP pour les structures en béton, Bulletin d'information CEB n° 124/125 - F, avril 1978 .

.- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages en béton armé suivant la méthode des états-limites (dites « Règles BAEL 91 modifiées 99 »), ccrG - fascicule 62 - titre 1 - section 1. - Blévot (1), Les annexes F des Règles BAEL 80, Annales ITBTP, mars 1981. 1

1.

Les Règles BAEL 91 constituent une version révisée des Règles BAEL 80 et 83.

Chapitre 1 • Généralités 47 - Perchat (J.), Règlements étrangers du béton armé. Étude comparative des Codes CEB, BSI, DIN, ACI, 1982, éd. Eyrolles.

- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages en béton précontraint suivant la méthode des états-limites (dites « Règles BPEL 91 »), CCTG fascicule 62 - titre 1 - section II. - CEB-FIP Model Code 90 - Thomas Telford (Londres). - Selected Justification Notes - Bulletin d'information du CEB n° 217, 1993. - Structural Concrete Textbook on Behaviour, Design and Peiformance, Update knowledge of the CEB-FIP Model Code 1990 (3 tomes),fib, 1999. - ENV 1992-1-1 : 2004 Eurocode 2 : Design of concrete structures - Part 1 - General rules for buildings, Thomas Telford (Londres), 2004 1• - Calgaro (J.-A.), Moreau de Saint-Martin (1), Les Eurocodes. Conception des bâtiments et des ouvrages de génie civil, éd. du Moniteur, 2005. - Calgaro (l-A), Cortade (J), Application de l'Eurocode 2 au calcul des bâtiments, Presses des Ponts et Chaussées. - Beeby (A.W.), Naranayan (RS.), Designer's Guide to EN 1992-1-1 Eurocode 2 : Design of concrete structures - General rules and ru/es for buildings, Thomas Telford, août 2005. - Perchat (1), Eurocode 2. Béton armé, Techniques de l'ingénieur, 2006 (certains tableaux et figures du présent ouvrage sont extraits de ce document). De manière générale, le lecteur peut consulter: pour les publications de lafib et les bulletins du CEB : www.fib-intemational.org/ publications; - pour les publications en anglais relatives aux Eurocodes : www.thomastelford.com/books.

l.

En France, normes NF P 18-71l et NF P 18-712.

CHAPITRE 2 MATÉRIAUX

2.1

RAPPELS PRÉLIMINAIRES

2.11

Diagramme contraintes-déformations d'un matériau

La courbe contraintes-déformations d'un matériau homogène quelconque, sollicité dans le sens de sa plus grande résistance, fait en général apparaître deux phases (figure 2.1).

R

CSR -------------------~---------------- •• ___ _

: 1

F

CSF

-----------/1------,. 1

1' • 1 1 1

,

E

1 1 1

1

:

i

-------

-

__

--.

1 1 1

1 1 1

1 1

1 1

:

:

1 1

1 1

1

:

1

1

: 1 1

1 1 1

E

:

' 1

1 1 1

1 1 1

1

1 1 1

1 1 1 1

1

1

o Figure 2.1. Diagramme C1 • t réel d'un matériau 1°) Une phase élastique OF, dans laquelle pour toute contrainte 0 telle que 0::: OF, la . déformation E est réversible et s'annule lorsque la contrainte (ou la charge) cesse d'être appliquée. Il est souvent possible d'assimiler le comportement du matériau à un comportement linéaire sur une partie OE de la phase OF, c'est-à-dire tant que la contrainte demeure modérée. La déformation E varie alors proportionnellement à la contrainte cr - ou charge - appliquée, ce que traduit la loi de Hooke : cr = E E.

50 Traité de béton armé E, pente de la droite OE, est le module de déformation longitudinale du matériau considéré.

Bien noter que l'élasticité n'implique nullement la linéarité. 2°) Une phase plastique FR où la déformation croît beaucoup plus vite que la contrainte - ou charge - appliquée (celle-ci pouvant d'ailleurs passer par une valeur maximale avant de décroître). Par convention, l'ordonnée maximale GR de la courbe (point R) est appelée « résistance » du matériau. Sous la contrainte GR, le matériau ne se rompt pourtant pas toujours. Si la courbe continue (pointillé, figure 2.1), la rupture physique ne survient que lorsque le matériau atteint sa capacité maximale de déformation Emax. Il est possible de trouver des expressions mathématiques plus ou moins complexes représentant avec une bonne approximation le comportement du matériau, aussi bien dans la phase OF que dans la phase FR (voir, par exemple, § 2.234).

2.12

Diagramme élastoplastique parfait

Dans certains calculs, en particulier dans le calcul plastique des structures hyperstatiques en acier, on remplace le diagramme réel OEFR par un diagramme «élastoplastique» bilinéaire OER comportant (figure 2.2) : - une zone où le matériau est parfaitement élastique (droite OE) - une zone où le matériau est parfaitement plastique (palier horizontal ER).

Gr

E

------------- • _ _ _ _ _ _ _ _ _ _--,

R

o Figure 2.2. Diagramme élastoplastique

Ce diagramme est également celui adopté dans les Règles BAEL comme diagramme idéalisé pour les aciers de béton armé. Il est aussi l'un des diagrammes idéalisés proposé par l'EC2 pour ces aciers.

Chapitre 2 • Matériaux 51 Dans le calcul des dalles par la théorie des lignes de rupture, on considère que les déformations élastiques sont négligeables vis-à-vis des déformations plastiques, ce qui conduit au diagramme rigide-plastique (figure 2.3). cr

Er

0,

.--------------------------~

R

o Figure 2.3. Diagramme rigide-plastique

2.2

BÉTON

Voir aussi le cours CHEBAP spécialisé sur ce sujet.

2.21

Brefs rappels sur les constituants du béton

a) Ciment (voir norme NF P 15-301 de juin 1994)

Le ciment le plus utilisé est le ciment Portland artificiel avec (CEM II-CPJ) ou sans (CEM I-CPA) ajouts. Les classes courantes en France sont les classes 32,5 et 42,5. Le dosage (poids de ciment par m 3 de béton mis en œuvre) varie de 300 à 400 kg/m 3 ; le dosage le plus fréquent est de 350 kg/m3 • b) Gramdat

La dimension maximale du granulat varie de 15 à 25 mm, cette dernière valeur étant la plus fréquente.

52 Traité de béton armé c)Eau Le dosage en eau est déterminé par une étude de composition du béton. La nécessité d'avoir un béton «maniable» entraîne toujours un excédent d'eau par rapport à la quantité nécessaire à l'hydratation du ciment l . Il faut se garder de transformer cet « excédent» en « excès ».

2.22

les résistances du béton

Pour les prescriptions réglementaires, voir § 2.24. Dans la pratique, les essais de rupture du béton ont pour objet la vérification de ses résistances maximales en compression ou en traction, qui font partie des critères de qualité et sur lesquelles sont basés les calculs des ouvrages courants. Ces essais, définis par les normes, sont conventionnels en raison du fait que les valeurs des charges de rupture ne sont pas indépendantes du type d'éprouvette choisi et de la définition du processus d'essai. Suivant les pays, l'essai de compression est effectué sur des éprouvettes de différentes formes : cubes, prismes, ou cylindres.

2.221

Rupture par compression

2.221-1

Essais de rupture par compression sous charge « instantanée »

Plaçons une éprouvette de béton cylindrique ou prismatique entre les plateaux d'une presse hydraulique et parmi les deux méthodes d'essai décrites au § 2.23, choisissons d'exercer un effort axial constamment croissant. Lorsque celui-ci atteint une certaine valeur, l'éprouvette finit par se rompre. L'aspect que présente la rupture et la valeur même de la charge de rupture sont influencés par la présence d'efforts parasites qui naissent au contact de l'éprouvette et des plateaux de la presse. Pour obtenir un contact aussi parfait que possible, on peut, soit rectifier à la meule les faces du prisme à essayer, soit plus couramment les surfacer à l'aide d'un mortier de ciment à prise rapide. Quelle que soit la nature du surfaçage, il se produit malgré tout des frottements dirigés vers le centre des surfaces de contact et la rupture prend l'aspect que présente la figure 2.4a.

1. Cette quantité correspond au quart du dosage en ciment soit E = O,25C. Elle est normalement au moins doublée; toutefois l'emploi de superplastifiants permet de réaliser des bétons avec un faible dosage en eau.

Chapitre 2 • Matériaux 53

----

------ttttttt

.,

ttttttt



---ttttttt ct

Figure 2.4. Différents aspects de la rupture par compression d'une éprouvette de béton

En revanche, si l'on interpose une feuille de néoprène qui, en se déformant, exerce des poussées dirigées vers le contour extérieur de l'éprouvette, la rupture se produit comme l'indique la figure 2.4c, pour une charge très inférieure à celle que donne le dispositif précédent. Si l'on interpose des multicouches appropriées de façon à supprimer frottements et poussées parasites, la rupture se manifeste par séparation du prisme en colonnettes (figure 2.4b). La charge de rupture est comprise entre les valeurs que donnent les deux cas a et c précédents. Le critère de rupture semble être lié à l'effet Poisson, c'est-àdire au gonflement latéral qui accompagne toujours le raccourcissement d'une éprouvette comprimée, De nombreuses théories ont été proposées pour tenter d'expliquer la rupture du béton pour différents types de sollicitations (uniaxiale comme ci-avant, bi-ou triaxiale, etc.). Des expériences sont toujours en cours à ce sujet.

2.221-2

Mesure de la résistance à la compression fer

Pendant longtemps jusque dans les années 60 - la mesure de la résistance à la compression a été effectuée sur des éprouvettes cubiques (de 14 ou de 20 cm de côté en général), mais les résultats ainsi obtenus étaient éloignés des résistances réelles par suite notamment des eft'ets de frettage dus au frottement mentionnés ci-avant. Bien qu'encore en usage dans certains pays européens (Grande-Bretagne, Allemagne, etc.), cette méthode a été progressivement abandonnée en France dès la parution des Règles BA 1960.

54 Traité de béton armé

Celles-ci, tout en laissant la liberté d'utiliser à titre transitoire des éprouvettes cubiques, préconisaient l'emploi d'éprouvettes cylindriques ayant une hauteur double de leur diamètre et donnaient comme valeur du rapport « résistance sur éprouvettes cylindriques/résistance sur éprouvettes cubiques» le chiffre de 0,83, qui ne représentait malgré son apparente précision qu'une moyenne assez approximative (entre 0,70 et 0,90 pour des cubes de 14 ou 20 cm de côté). Bien qu'il soit plus satisfaisant que l'essai sur éprouvettes cubiques, l'essai sur éprouvettes cylindriques de hauteur double de leur diamètre ne donne pas la résistance vraie à la compression du béton.

Plan de rupture

Figure 2.5

Pour mesurer celle-ci, il conviendrait de procéder à un essai sur des éprouvettes cylindriques Ge plus grande hauteur par rapport au diamètre et comportant des embases; de telles éprouvettes ont bien été utilisées en laboratoire (éprouvette de R. 1'Hermite, figure 2.5). Mais les faibles dimensions que l'on était fatalement conduit à leur donner leur conféraient une grande fragilité et par suite des difficultés de confection et de transport, il n'a pas été possible d'en généraliser l'emploi sur les chantiers. Dans ces éprouvettes, les ruptures se produisaient suivant des plans inclinés faisant un angle d'environ 30° avec l'axe de l'éprouvette, c'est-à-dire avec la direction de l'effort de compression, ce qui était en accord avec la théorie et avec les résultats expérimentaux ayant conduit à la « courbe de résistance intrinsèque du béton» telle que définie en 1932 par le Règlement sur les constructions en béton armé de la Chambre syndicale des constructeurs en ciment armé. Actuellement, en France, la résistance à la compression est mesurée par écrasement à la presse hydraulique de cylindres droits de révolution de 16 cm de diamètre et de 32 cm de hauteur, dont l'aire de la section droite est donc B = 200 cm2 = 0,02 m 2 (dimensions 'valables pour une grosseur de granulat au plus égale à 31,5 mm). Le CEB préconise des éprouvettes cylindriques de 15 x 30 cm qui donnent des résultats très voisins de l'éprouvette de 16 x 32 cm. L'EC2 laisse la liberté d'utiliser des éprouvettes cylindriques ou des éprouvettes cubiques.

Chapitre 2 • Matériaux 55 Si P est la charge de rupture de l'éprouvette, on a pour une éprouvette cylindrique de 16 x 32 cm âgée dej jours: [2.1] La résistance à la compression varie avec l'âgej du béton. Dans les calculs, on se réfère habituellement à la résistance à 28 jours d'âge.

2.221-3

Interprétation statistique des essais

Les résistances à la compression mesurées sur éprouvettes sont affectées d'une certaine dispersion mise en évidence par leur étude statistique. Le béton idéal est celui qui présenterait la plus faible dispersion autour de la valeur moyenne désirée. Sur le diagramme des fréquences observées pour chaque valeur de la résistance, ce béton idéal peut être par exemple représenté par une courbe telle que la courbe A (figure 2.6). Si, en laboratoire, il est possible de réaliser un tel béton à faible dispersion, il n'en va pas de même sur les chantiers où les conditions de fabrication et de mise en œuvre sont moins favorables. Les bétons mal composés ou mal mis en œuvre peuvent donner lieu à une dispersion importante. Par exemple, un béton relativement sec permet d'obtenir des résistances élevées, .mais son ouvrabilité est médiocre. Si la mise en place est défectueuse, la dispersion peut être très grande (courbe B). Pour éviter de tels écarts, préjudiciables à la sécurité d'un ouvrage, il est nécessaire de fabriquer un béton dont la plasticité ait été étudiée pour que la courbe statistique C se rapproche le plus possible de la courbe idéale. On constate ainsi que la prise en compte dans les calculs de la valeur moyenne de la résistance (qui est la même, dans l'exemple choisi, pour les trois courbes A, B et C) ne tient aucun compte de la dispersion et correspond à un risque inacceptable: elle a en effet une chance sur deux de ne pas être atteinte. D'où l'introduction de la notion de « résistance caractéristique ».

56 Traité de béton armé Nombre d'éprouvettes

o

Moyenne (30 par exemple)

Résistance (MPa)

Figure 2.6. Distributions possibles des résistances d'un béton

2.221-31 ]0)

Résistance caractéristique

Aspects théoriques

Soit un échantillon de taille n (n éprouvettes de béton) faisant partie d'un ensemble indéfini de résultats de mesure de la résistance à la compression (!ct.1c2,1c3, ·.. ,Ic;, ... ,j~n)' En admettant que la dispersion aléatoire de ces résultats suive la loi normale de LaplaceGauss, la moyenne arithmétique m Il et l'écart-type SIl sont définis par :

-

1"

mil =-

n

sn

1

Lfci ;=1

n

-

= (n-1) ~ (m71 - !ci)

Si n augmente indéfiniment, mil et

Sil

2

[2.2]

tendent respectivement vers la moyenne vraie

m et l'écart-type vrai S qui définissent la loi normale de dispersion que l'on obtiendrait en poursuivant indéfiniment les mesures. Les quantités connues mil et sn diffèrent des quantités inconnues m et 'd'autant plus que n est plus petit.

S

et cela

Chapitre 2 • Matériaux 57 Le problème est alors le suivant: connaissant mn et sn quelle probabilité a-t-on qu'une mesure quelconque vérifie la relation: lci:2: m n - kns n , où kn désigne un coefficient numérique dépendant du nombre d'essais et de la probabilité acceptée? Le repère fck

= mn -

kns n est appelé résistance caractéristique.

De façon plus précise, on définit pour un caractère quelconque d'un matériau la valeur caractéristique requise d'ordre p de la manière suivante: Étant donné une distribution statistique des valeurs d'un caractère soit potentielle (avant toute fabrication du matériau) soit réelle (correspondant à une fabrication) on appelle « valeur caractéristique requise d'ordre p» la valeur telle que la proportion de la population qui lui est inférieure est égale à p (0 :S p :S 1). Cette quantité (abscisse du point d'ordonnée p de la fonction de répartition) s'identifie au fractile d'ordre p de la distribution (figure 2.7). Fonction de répartition

0,5 ------------------------------------7~

P

o

------------------.~ ,

l 1

1 1 1 1

Valeurs du caractère

Fonction de distribution

o

Valeur moyenne

Valeurs du caractère

Valeur caractéristique d'ordre p

Figure 2.7. Définition de la valeur caractéristique requise d'ordre p

58 Traité de béton anné Dans le cas d'une distribution statistique réelle: a) Si n est très grand, par exemple supérieur à 100 (pour l'acier, ce serait le cas du contrôle continu en usine), on peut admettre dans ce cas: m" = m et s" = s. La résistance caractéristique est alors définie par (figure 2.8) :

lek = m-ks k, fonction de la seule variable p, est donné par les tables de Galton. Pour n = 00 : Tableau 2.1 p(%)

50

20

10

5

2,5

k

0

0,8

1,28

1,64

1,96 ::::::2

Fréquence

o

fek

>

Figure 2.8. Relation entre la résistance moyenne et la résistance caractéristique

L'aire hachurée représente la probabilité p (%), c'est-à-dire le pourcentage admis de valeurs individuelles inférieures à la résistance caractéristique. b) Si n est faible (de l'ordre de 6 à 30 par exemple) k n augmente d'autant plus que n est plus petit. Il est à la fois fonction de p et de n.

L'inégalité fc..j ~ lek = m n - kns n a (l - p) chances sur 100 d'être satisfaite lorsque kil prend les valeurs du tableau 2.2 :

Chapitre 2 • Matériaux 59 Tableau 2.2. 00

100

35

30

20

12

6

p=5%

1,647

2,000

2,250

2,300

2,500

2,890

>3

p=lO%

1,280

1,460

1,650

1,690

1,820

2,060

2,690

0,000

0,190

0,380

0,430

0,560

0,800

-

n

P=50%

Les Recommandations Internationales CEB-FIP de 1970 avaient adopté:

sans préciser la valeur n du nombre des essais. On voit donc qu'avec cette formule, la probabilité d'avoir fc; ~ f ck ' est de : - 95 % si n = 00 - 90 % seulement si n = 35 environ. Il faut bien voir que l'idée des rédacteurs des premiers projets des Recommandations du CEB avait surtout été de pénaliser, par l'introduction de la valeur caractéristique, les bétons à forte dispersion (courbe B, figure 2.4) et qu'ils se bornaient alors à retirer un seul écat:t-type soit fck =m - s (sans préciser non plus le nombre d'essais effectués pour connaître m et s). La figure 2.9 montre cette pénalisation pour deux bétons de même résistance moyenne, mais de dispersions différentes. Dispersion s1 faible

Fréquence

o

fck2 < fck1

fck1

Figure 2.9. Résistances caractéristiques de deux bétons de même résistance moyenne, présentant des dispersions différentes

>

60 Traité de béton armé Les études qui se sont poursuivies par la suite ont pennis de définir de façon plus précise des «règles de contrôle» de la qualité, et l'interprétation des essais est devenue beaucoup plus délicate, comme indiqué ci-après. 2°) Aspect pratique Au stade de la conception d'un projet, la résistance caractéristique de l'acier que l'on utilisera est généralement bien connue, car il s'agit d'un produit souvent déjà fabriqué et contrôlé dont on connaît en tout cas la loi de distribution des résistances. Il n'en est pas de même du béton qui ne sera fabriqué et contrôlé qu'au moment de l'exécution. Seule donc l'exécution donnera une existence à la distribution et le projeteur ne peut choisir dans la plupart des cas qu'une valeur conventionnelle de la résistance. Ce choix est fonction des résultats d'essais antérieurs d'éprouvettes fabriquées en laboratoire ou sur chantier sur des bétons ayant la composition retenue pour l'exécution (voir § 2.241). La distribution statistique ne peut être connue pour une opération donnée qu'une fois essayées toutes les éprouvettes de contrôle prélevées lors de cette opération. Le nombre des éprouvettes ne pouvant être infini, cette connaissance demeure imparfaite.

Il en résulte que les conditions auxquelles le béton réellement exécuté peut être considéré comme ayant la résistance exigée (c'est-à-dire au moins celle prise en compte dans les calculs) imposent des règles assez complexes relatives à l'interprétation des essais effectués au cours de l'exécution. Ces règles prennent en compte quantité de facteurs: probabilité acceptée, nombre de gâchées, nombre de prélèvements sur l'ensemble des gâchées, nombre d'éprouvettes dans chaque prélèvement, etc. l La conformité aux spécifications est vérifiée au moyen de «règles de contrôle de la qualité ces règles comportent deux séries d'épreuves:

»;

- la première (étude; convenance) est effectuée et sanctionnée avant l'ordre de service de bétonnage, - la seconde (contrôle; information) est effectuée pendant le bétonnage et sanctionnée après celui-ci. . L'interprétation doit assurer un juste équilibre entre le risque du fournisseur (se voir refuser comme mauvais un lot bon) et celui du client (accepter comme bon un lot mauvais).

À titre indicatif, on indique ci-après l'une des règles prévue par le fascicule 65A pour les essais de contrôle de conformité: -le lot de béton est défini aux dispositions du marché; -le nombre de prélèvements par lot est égal à 3 (3 gâchées différentes) ; -le nombre d'éprouvettes par prélèvement est de 3, et la résistance applicable au prélèvement est la moyenne arithmétique des trois valeurs mesurées.

J. Voir le fascicule 65 du CCTG, « Exécution des ouvrages de génie civil en béton armé ou précontraint », Annexe technique T24.4, et fascicule 65A, art. 75 et 77.

Chapitre 2 • Matériaux 61 On dispose donc de trois valeurs de la résistance par lot essayé (trois moyennes arithmétiques portant sur les trois prélèvements). Le lot est réputé conforme à la résistance caractéristique requise !c28 si :

avec

!c !cl

moyenne arithmétique des résultats d'essais effectués sur le lot, plus petit résultat observé,

k l et k2 définis par le tableau 2.3. Tableau 2.3.

(2)

(1)

!c28 (MPa)

(3)

< 30

2: 30

<30

2: 30

< 30

2: 30

k,

1,0

2,0

1,5

2,7

4,0

6,0

k2

3,5

3,0

3,5

3,0

1,0

0,0

(1) Bétons entrant dans la fabrication d'éléments préfabriqués, avec certification ou béton prêt à l'emploi bénéficiant de la marque NF. (2) Bétons de chantier ou béton prêt à l'emploi ne bénéficiant pas de la marque NF. (3) Cas ne rentrant ni dans (1) ni dans (2).

2.221-32

La résistance nominale des Règles CCBA 68

Les « Règles de conception et de calcul des ouvrages et constructions en béton armé» (Règles CCBA 68) définissaient à leur article 9,3 une résistance dite nominale par la formule: 0"28

= O'~128 -

0,8s'

[2.3]

avec O"m28

s'

résistance moyenne à la compression à 28 jours déduite des essais de n éprouvettes (nombre n non précisé; il était seulement question de résultats d'essais « en nombre suffisant») écart-type.

Pour un nombre d'essais infini, cette résistance aurait été une résistance caractéristique au sens défini au § 2.221-31 et aurait correspondu à un risque que 20 % des valeurs individuelles n'atteignent pas la résistance nominale ainsi fixée (voir tab. 2.1).

62 Traité de béton armé Pour un nombre d'essais limité à 12, (valeur mentionnée dans les Règles BA 1960) le risque devenait 50 % (voir tableau 2.2). En d'autres termes, la résistance nominale calculée sur 12 éprouvettes s'identifiait à la résistance moyenne vraie que l'on aurait obtenue en opérant sur un grand nombre d'éprouvettes. C'est pour cette raison que les Règles BAEL 83 précisaient, en commentaire de l'article A-2.1,13 (et répétaient au chapitre B 1) que les valeurs caractéristiques sont inférieures de 10 à 15 % aux valeurs nominales de la réglementation antérieure pour des bétons identiques.

2.221-4

Influence de la durée d'application de la contrainte

D'après la norme NF P 18-406, la mise en charge d'une éprouvette de béton dont on désire connaître la résistance à la compression doit s'effectuer avec une vitesse de montée en contrainte de (0,5 ± 0,2) MPa par seconde. L'essai dure donc environ une minute par éprouvette, et les résistances mesurées, sur lesquelles est basée toute l'interprétation statistique (voir § 2.221-3), sont des résistances « instantanées» sous chargement rapidement croissant. Du point de vue de la sécurité, il est plus intéressant de connaître la résistance du béton sous contrainte soutenue. Les essais effectués dès 1960 par le Professeur Rüsch de Munich, et repris en 1982 par B. Fouré à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, ont montré que la résistance du béton, compte tenu de la durée d'application de la contrainte, résulte de deux phénomènes dont les effets sont antagonistes : 1°) le durcissement progressif du béton en l'absence de toute contrainte, dû aux phénomènes physico-chimiques liés à l 'hydratation du ciment; 2°) l'endommagement interne progressif sous l'effet de la contrainte appliquée, correspondant au développement de microfissures. Si la contrainte est variable dans le temps, l'étude du problème est très complexe. Dans les essais, on se borne à étudier le cas particulier de la rupture sous contrainte maintenue constante, censé représenter la condition de chargement la plus sévère. Des essais d'éprouvettes du même béton à des âgesj différents permettent de déterminer la résistance instantanée!c V) et de tracer la courbe représentative de la loi de durcissement en fonction du temps (figure 2.10). Si à l'âgej du béton on applique à une éprouvette une contrainte 0"0 légèrement inférieure à !cV) et qu'on la maintienne ensuite constante, on obtient généralement une rupture . différée à l'âge j + du correspondant à une durée de vie du (trajet MNP, figure 2.10).

Chapitre 2 • Matériaux 63 Contrainte cr Variable « loi de durcissement )} sous cr Rupture instantanée fe (j + du) I--~----:»I,....

(Béton âgé)

insta\.~~__ ..o-__

......-

cro = cru

----

:

/ (j

.,

: " .• P' N' .-...,..--_ Rupture différée

:

-=-e_._

-+-" -e-...e

constante

,

..t f / fe (j) I-----!.::t/

--1\: _----0----0

/

"'-...

: 1

"-

N P : (Béton jeune) :



t

1 1 1 1 1 1

M"

M

o

Tempst

1.. Durée de vie du

Figure 2.10. Rupture différée du béton (d'après 8. Fouré) Contrainte soutenue

."

CD Béton jeune

cg)

.'.

Béton âgé

Limite conventionnelle

1

"""-.j,

d* fixée

1

N'e

}l'

1

crer t - - - - - - - l

Contrainte de rupture minimale

1

P'e

asymptote?

M'

M

e - - - - - - -1r - - - - ' - - - - - - - - 3 P der

der

Temps

Temps

Figure 2.11.

a) Cas où /'âgej estfaible (figure 2.11) II existe une contrainte critique crer (à laquelle correspond une durée de vie critique faible) telle que: - SI.

der

crcr <- cr 0 <.j" - J c ( } .) ,on a 0 -< d u < - d cr'. - si cr :s; crcr ' on n'observe pas de rupture; autrement dit, dans ce cas, l'effet du durcis0

sement l'emporte sur celui de la contrainte soutenue.

64 Traité de béton armé b) Cas où l'âgej est grand (durcissement du béton presque terminé) Dans ce cas, on observe une décroissance continue de la contrainte soutenue de rupture cr/l quand la durée de vie d/l croît. Autrement dit, l'effet de l'endommagement dû à la contrainte soutenue l'emporte toujours sur celui du durcissement. En pratique, on peut définir une contrainte de rupture limite conventionnelle pour une durée de vie fixée assez grande. Le Professeur Rüsch a proposé de prendre comme contrainte de rupture limite la valeur cr/l = 0,85Icj; c'est cette valeur qui apparaît dans les vérifications vis-à-vis des étatslimites ultimes de résistance sous sollicitations normales (voir § 5.222). Selon les conclusions de B. Fouré, il semble que le coefficient 0,85 serait valable en moyenne pour les bétons à durcissement normal, mis en charge à un âge j compris entre quelques jours et deux ou trois mois. Pour un âge de mise en charge très élevé, le rapport cr/l !fe(j) serait susceptible de s'abaisser jusqu'à 0,75 environ. Les Règles BAEL 91 modulent la valeur 0,85 par un coefficient e (voir § 5.222). II doit être souligné que l'article B-8.4,1 des Règles BAEL relatif au calcul de l'effort normal résistant des poteaux soumis à une compression centrée, de même que son commentaire, ne tiennent aucun compte des phénomènes décrits dans le présent paragraphe ni des conclusions qui en découlent. Bien au contraire, l'effet du durcissement (pris en

compte par l'introduction d'un terme fc28 > fc28) et celui d'un chargement tardifne sont 0,9 considerés que par leur côté favorable!

2.222

Rupture par traction

Les Règles BAEL, suivant en cela les Règles CCBA 68, de même que l'EC2, ne fixent pas de méthode de mesure directe de la résistance à la traction du béton ; la valeur « caractéristique» (Règles BAEL) de celle-ci est définie conventionnellement à partir de la résistance la compression. On peut le regretter dans la mesure où le rapport des deux résistances n'est pas constant et où un béton qui a une bonne résistance à la traction possède également une bonne résistance à la compression alors que l'inverse n'est pas toujours vrai. Mais c'est de toute évidence une simplification.

2.222-1

Essais de rupture par traction

La mesure directe de la résistance à la traction par un essai de traction axiale est délicate, car il faut assurer la transmission de l'effort et son centrage; un tel essai ne peut donc être réalisé qu'en laboratoire. Il s'effectue sur des éprouvettes cylindriques sur lesquelles, après sciage des deux extrémités, on a collé des têtes de traction métalliques parfaitement centrées. Il ne doit y avoir aucun effort de flexion parasite. Lorsque cette condition est remplie, la rupture survient par formation d'une fissure perpendiculaire à l'axe de l'éprouvette.

Chapitre 2 • Matériaux 65 En pratique, on tourne la difficulté du mode opératoire en opérant comme indiqué ciaprès au § 2.222-2.

2.222-2

Résistance à la traction ftr

Dans le cas où elle doit être contrôlée, la résistance à la traction est déduite d'essais effectués selon deux modes opératoires différents: - flexion d'éprouvettes prismatiques non armées - fendage diamétral d'une éprouvette cylindrique (essai dit « brésilien» à cause de son « inventeur» F.L.L. Carneiro (1949) alors que le mérite semble devoir en revenir au japonais Akazawa (Journal of the Japanese Civil Engineering Institute, novembre 1943)). 1°) Flexion d'éprouvettes prismatiques non armées

Cet essai a été pendant longtemps souvent pratiqué, sur les chantiers mêmes, avec un appareil Simrup (figure 2.12), en opérant sur des éprouvettes à section carrée de 50 cm2 d'aire et de longueur égale à quatre fois initialement (Règles BA 1945) puis cinq fois (Règles BA 1960), leur dimension transversale. Les éprouvettes étaient soumises à un système de deux charges égales et symétriques entre lesquelles elles étaient sollicitées en flexion circulaire (M constant et V nul) (figure 2.13) ; elles se rompaient par traction du béton dans leur partie centrale.

Figure 2.12. Appareil Simrup En effet, la limite de résistance est atteinte sur la face tendue bien avant que les possibilités de résistance de la partie comprimée ne soient épuisées.

66 Traité de béton armé p

"2

~--l:------------~t-f­

~-- -----------~--a

.. 1

1..

Figure 2.13. Essai par flexion d'une éprouvette prismatique non armée. En appelant a le coté de l'éprouvette et Mu le moment de rupture, la Résistance des Matériaux (diagramme linéaire des contraintes) conduirait à la formule qui était donnée par la Circulaire ministérielle de 1934 :

Mv a a4 ( - avec v=- et 1 = - ) 1 2 12

Irr (flexion) = 6~1I a

[2.4]

La comparaison avec des essais de traction directe, effectués au même âge sur des bétons provenant de la même gâchée, montre que l'on a sensiblement:

Irr (traction) "" 0,6Irr (flexion) d'où

f,

= 3,6Mu a3

Ir

[2.5]

Cette formule due à A. Caquot est celle que l'on trouvait dans les Règles BA 1945 et dans les Règles BA 1960. La formule [2.4] qui admet un comportement élastique jusqu'à la rupture, ne correspond pas à la résistance réelle à la traction et ne définit qu'une valeur purement conventionnelle. La formule [2.5], par contre, tient compte du fait que le diagramme des contraintes ne demeure pas linéaire jusqu'à la rupture (figure 2.14).

<...

a

"2

t

"

,,,'"

Diagramme élastique --- Diagramme à la rupture

Figure 2.14. Diagramme des contraintes dans une éprouvette prismatique non armée soumise à la flexion circulaire.

Chapitre 2 • Matériaux 67

Compte tenu de ce que Mu

2 = -p'p (pour une charge totale Pu) et a = 0,0707 m (valeur

3 fréquente), la formule de A. Caquot conduit à :

ftr = 480 Pu

(MN, MPa)

[2.6]

Les essais effectués sur des éprouvettes de 50 cm 2 de section (a = 7,07 cm) conduisaient à des résultats présentant fréquemment des dispersions notables, mais ils avaient l'avantage de nécessiter un matériel simple facilement transportable sur les chantiers et, si l'on disposait d'une presse de faible puissance, de permettre de les compléter par des essais de compression sur les deux parties des éprouvettes rompues en appliquant l'effort sur une surface de 50 cm2. A défaut d'essais par des procédés plus élaborés, on avait ainsi des possibilités, sinon de mesure exacte des résistances, tout au moins de contrôle de la régularité des bétons. On a quelquefois utilisé, mais plus rarement en raison des difficultés de manutention et de transport, des éprouvettes de dimensions plus importantes, a = 10 cm et même a = 14,14 cm.

2°) Fendage diamétral d'une éprouvette cylindrique Actuellement, on tend à mesurer la résistance à la traction en pratiquant, sur des éprouvettes cylindriques identiques à celles servant pour la détermination de la résistance à la compression, un essai de fendage consistant à appliquer les efforts sur deux génératrices diamétralement opposées (figure 2.15).

Fissure

Figure 2.15. Essai de fendage (<< essai brésilien ») La rupture se produit par apparition d'une fissure suivant le plan diamétral correspondant.

68 Traité de béton armé En appelant : Pli

la charge de rupture par fendage;

d

le diamètre;

1

la longueur de l'éprouvette ;

la Théorie de l'Élasticité conduirait à :

2P ftr (fendage)::::-" nd 1

(MN, m, MPa)

[2.7]

La comparaison avec des essais de traction directe, effectués au même âge sur des bétons provenant de la même gâchée, montre que l'on a sensiblement:

frr (traction) :::: 0,85 frr (fendage) On arrive ainsi à : l'

Jtr

°

(traction):::: 85 2P', , ndl

°

=

'

55

~

dl

(MN,mMPa)

ou, compte tenu de ce que d= 0,16 met 1= 0,32 m frr(traction)::::10,74~

(MN, m MPa)

2.23

Diagramme contraintes-déformations du béton

2.231

Diagramme expérimental

2.231-1

Méthodes d'essai

[2.8]

Pour obtenir le diagramme cr-a d'un béton en compression, on place entre les plateaux d'une presse hydraulique une éprouvette cylindrique ou prismatique de béton munie de deux colliers séparés par une distance 1 donnée et de comparateurs permettant de mesurer la variation M de 1. Sur cette éprouvette, on peut exercer: - soit un accroissement constant des contraintes dans le temps, - soit un accroissement constant des déformations dans le temps.

a) Accroissement constant des contraintes dans le temps: da = constante dt L'essai donne une relation entre la déformation et la contrainte moyenne. A la fin de l'essai, l'accroissement de déformation dE est très rapide (figure 2.16). Pour suivre dt cette phase de l'essai, le débit d'huile de la machine d'essai devrait s'accroître égale-

Chapitre 2 • Matériaux 69 ment, ce que ne permettent pas la plupart des machines d'essai car elles ne possèdent pas de pompes d'un débit suffisant. Quand l'accroissement da est maintenu constant jusqu'à la rupture de l'éprouvette, on dt observe une rupture explosive due à la libération brutale de l'énergie accumulée. En • J:'. • 'C':: d"munuerda pratique toutelOlS ce type de rupture s ' 0 bserve rarement car on prelere dt vers la fin de l'essai pour protéger l'appareillage. De ce fait, les résultats sont influencés par la machine d'essai et par l'exécutant.

L'essai de contrôle normalisé du béton est exécuté de cette manière avec: da dt

= (O,5±O,2) (MPa). s

--- ~ fer 1 1 1 1 1 1

da = este dt

-

1 1 1

1 1

1 1

: 2.10.3

"-------.---->3> o

êbc

Figure 2.16

b) Accroissement constant des déformations dans le temps: de dt

=constante

Le comportement du béton est totalement différent de celui observé en a). Dans la première phase de l'essai, les différences entre les diagrammes obtenus par les deux méthodes sont négligeables car, dans cette phase, la relation cr - e est sensiblement linéaire. Quand on atteint les contraintes qui amènent un comportement plastique, l'accroissement constant des déformations entraîne un ralentissement de l'accroissement de contrainte: le béton se déforme « plus vite» que dans la zone élastique (figure 2.17).

70 Traité de béton armé Pour une certaine valeur de crbc les déformations imposées par la machine d'essai sont en équilibre avec celles du béton. On a alors da = 0, a be = constante: la charge maximale est atteinte. La microfissuradt tion du béton est très importante, mais le béton n'est pas écrasé. En poursuivant l'essai, on constate que la charge exercée sur le prisme décroît: la déformation du béton est alors plus forte que la déformation imposée par la machine d'essai. Quand on arrête l'essai après être resté longtemps dans la partie décroissante du diagramme, l'éprouvette est intacte. Il est possible de la recharger dans un essai avec da =constante. La résistance observée diffère peu de celle d'une éprouvette qui dt n'aurait pas subi ce type de chargement.

: fer

• 1

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

de - =Cste dt

: ---------=>:;;. 2'10.3

L -_ _ _ _ _ _

€be

o

r--------~--------------~~~e

Figure 2.17 c) Comparaison entre les deux méthodes da de Les diagrammes trouvés par les deux méthodes - =constante dt ' dt totalement différents (figure 2.18).

=constante sont

Chapitre 2· Matériaux 71

2.231-2

Phases de comportement

Sur une courbe contraintes-déformations obtenue à vitesse constante de déformation dE = constante, ) on peut d'lstmguer, . 'c. . crOIssante, . ( -a, delormatlOn quatre ph ases de comdt

portement (figure 2.19). Phase 1 : (cr:::; O,4fcr environ): comportement analogue à celui d'un matériau homogène et élastique. Dans cette phase, le béton suit sensiblement la loi de Hooke; la pente à l'origine de la courbe est le module de déformation tangent à l'origine Ebo' Phase 2: développement de la microfissuration, d'où incurvation progressive de la courbe jusqu'à la résistance à la compression !cr (contrainte maximale) atteinte pour une certaine valeur Ebc\' de la déformation. (Dans l'essai à da dt

= constante la rupture survient alors plus ou moins brutalement, et la

phase suivante est incontrôlable).

abc (MPa)

35

de

-- --- r- - - - -,- ----l-- _.. -r -- - -- ,------r-_.. --,

30

:

1

j

1

1

:

: l

: ; ....+---~ da ~': l -dt = 1 MPa/s

:

,~i

.. ·--·t-----i---,-'

do

- =Cste dt

:

!

- =Cste dt

1

1

:

1

...

I/.'I ,

25

20

,

1

' ,

dE --: 1 dt 1 1

1

1

-'-

= 0 ' 5 MPa/s --~-----~ de

: ,:

: / ,: 1.

: -

:

1

; :

!

i

i

; : I I I

: 1

1

1

:

:

:

:

1

1

1

1

f

1

dt

-----t- -- r----t-----r-----+----+----1

:~

----

:

-.

:

= 2 %o/mn = 0,1 %o/mn

----1------{------~-----_l-----~~~~---i

i 1

10

C ",""

-----t---- ----,-:----'

1

15

1

---~-----+----+-----~

1

~:::

1

1

(

:

!

~

1 l

i

1

1

)

1

:

;

;

1

,

1 1

i 1

1 l

,

~

i

t

i

!

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

-r·----t·-----}------~-----_i-----+----1

;; ~

!:

---r - -----f -..... -- r-----:---.. --r--.. . . -; 1

-~-

~; ~

i

:::::

: 2,5

2,0

1,5

~--~--:---

0,5

1,0

__~--.r~~~--~--~--~~--~~E~(%o)

obt (MPa)

Figure 2.18

72 Traité de béton armé

t
Comportement homogène élastique .

r-®-!- Développement de la microfissuration 1

: 1 :

:

,

- - @ - - - - Propagation de la rupture 1 !-@- Comportement type « sol»

1

fer

1

1 r--+---+--~~~_~_--

: 1

....

1

. . . "" ! "

,11

':---1

- - - - - __ _

1 1

o

Figure 2.19 La pente générale de cette branche renseigne sur le caractère fragile plus ou moins accentué du béton étudié (si elle est presque horizontale, le béton est très ductile, si elle est quasi verticale, le béton est très fragile). Phase 4 : cette phase est sans intérêt pratique; le béton désagrégé se comporte comme un sol « tout-venant» qui aurait été placé entre les plateaux de la presse hydraulique. Pour les vitesses d'accroissement de la contrainte ou de la déformation habituellement utilisées dans les essais «de courte durée» on peut admettre que, dans la phase l, la relation entre cr et E ne dépend pas du mode opératoire. En particulier, comme déjà dit, les valeurs du module EbO obtenues dans les essais normalisés à vitesse constante d'accroissement de la contrainte (da = 0,5 MPais environ) ne diffèrent pas de celles dt obtenues à vitesse constante d'accroissement de la déformation (dE = 0,002/mn par dt exemple). En revanche la phase 2, surtout au voisinage du sommet de la courbe, dépend, comme déjà dit, du mode opératoire et de la vitesse choisie. L'essai à vitesse constante d'accroissement de la déformation est celui qui permet de fixer de la manière la plus fiable la valeur de EbC\. La phase 3 de propagation de la rupture est fortement influencée par le mode opératoire . (vitesse choisie, «raideur» de la machine, temps de réponse de l'asservissement, et même, opérateur). Il existe une déformation limite Eblim qui, conventionnellement, correspond à la frontière entre les phases 3 et 4 mais qui, pratiquement correspond au point à partir duquel on n'est plus en mesure de maîtriser la déformation et donc d'enregistrer la courbe.

Chapitre 2 • Matériaux 73

2.231-3

Effets de la présence d'armatures transversales dans la zone comprimée

Les essais sur éprouvettes en béton non armé ne permettent pas de représenter le phénomène de raccourcissement des fibres comprimées d'éprouvettes comportant des armatures transversales. Celles-ci rendent possible une concentration des contraintes de compression dans un noyau réduit où le raccourcissement et la contrainte du béton peuvent atteindre des valeurs élevées par suite d'un effet de« confinement ». La figure 2.20 montre les courbes obtenues sur des éprouvettes cylindriques 16 munies ou non d'armatures transversales (deux pourcentages différents).

x

32 cm

On constate que la branche descendante de la courbe d'une éprouvette armée transversalement (même faiblement) est beaucoup plus étendue que celle de l'éprouvette non armée.

Contrainte rapportée à la section initiale (MPa)

50

40

30

20

10

o

L--------r--------~------_+--------+_--~

5

10

Figure 2.20.

15

20

Raccourcissement relatif total (%0)

74 Traité de béton armé

2.232

Relation entre le diagramme a - & et la distribution des contraintes dans le béton comprimé

La valeur êb,lim dont il vient d'être question ne doit pas être confondue avec la valeur limite du raccourcissement êbcll à prendre en compte dans les calculs en flexion (simple ou composée, droite ou déviée) (voir § 5.21-4). En effet, les phénomènes physiques intervenant dans le comportement, d'une part, du béton de la zone comprimée d'une poutre jusqu'à rupture sous moment fléchissant croissant et, d'autre part, du béton d'une éprouvette soumise à un essai de compression simple à déformation contrôlée, ne sont pas exactement assimilables l'un à l'autre. Il en résulte que l'assimilation du diagramme de calcul utilisable pour le calcul des sections soumises à des sollicitations normales (diagramme parabole-rectangle, voir § 5.222-1) à la loi de comportement déterminée par un essai de compression simple et bornée à êb.lim est purement conventionnelle. En flexion, il est possible de déterminer expérimentalement une valeur ultime êbcu du raccourcissement du béton correspondant à l'atteinte du moment maximal et au début d'écrasement du béton sur les fibres les plus comprimées de la section [dans les années cinquante R Chambaud en France avait ainsi trouvé ê ClI = 3,6.10-3, valeur confirmée par E. Hognestad aux USA (3,8.10-3) mais infirmée par H. Granholm en Suède (de 4 à 7.10-3)]. Mais, on peut aussi définir le moment ultime comme le moment maximal à déformation croissante, et le calculer en utilisant une loi cr-ê du béton possédant une branche décroissante, sans qu'il soit indispensable d'introduire une déformation limite (voir par exemple la loi de Desayi et Krishnan, § 2.234).

2.232-1

Poutres soumises à la flexion simple

La déformation d'une fibre dans la zone comprimée est proportionnelle à sa distance à l'axe neutre (hypothèse de la conservation des sections planes, voir § 5.21-1). La vitesse à laquelle chaque fibre se déforme est également proportionnelle à cette distance. Comme le diagramme cr-ê dépend de la vitesse de déformation, pour chaque fibre la relation cr-ê est différente. Sur la hauteur de la zone comprimée, il existe donc un gradient de déformation (figure 2.21). b

~

ct l -t-------------- __I ___L____)____Ao<~~~ y

comprimée

Zone tendue

/

Figure 2.21

Chapitre 2· Matériaux 75 Par exemple, la vitesse de déformation de la fibre de béton « c » située à la distance yl2 de l'axe neutre est moitié de la vitesse de déformation de la fibre extrême comprimée « b », à la distance y de ce même axe.

À des raccourcissements successifs croissants Bc\' Bc2, Ec3, au niveau de la fibre «c» correspondent des contraintes O"c\' O"c2, O"c3 au niveau de cette fibre, lues sur la courbe « c » (figure 2.22). Aux raccourcissements 2Bch 2Ec2, 2Ec3, de la fibre «b» correspondent des contraintes au niveau de cette fibre, lues sur la courbe « b ».

O"b\, O"b2, O"b3

Les distributions des contraintes dans la zone comprimée prennent ainsi l'allure représentée sur la figure 2.23. Le diagramme obtenu avec de =constante permet donc d'expliquer ce qui se passe dans dt la zone comprimée d'une poutre fléchie: une redistribution des contraintes dans cette zone est possible, et les fibres ayant des déformations très importantes (fibres b) voient leur contrainte diminuer, alors que la contrainte des autres fibres augmente (courbe 3). Dans un essai de longue durée, la distribution des contraintes dans la zone comprimée diffère de celle observée dans un essai de courte durée, car l'influence de la « vitesse de mise en déformation» sur la forme du diagramme O"-E est très importante. Si la charge croît très lentement, la distribution des contraintes est plus uniforme que dans le cas d'une charge rapidement croissante et les charges ultimes ne di:fferent pas de façon significative.

;;

A O"b2

:,.,.~

~,

,

,

,..

vb1·

1

1

/

,

1 1 1

1 l l l

.. ' .... ..........

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l

,

li-

---------

,< i O"c3

'.

1

0"c2

III

1

.~b3

1

l

: : Il

1

1 1 1 , 1 1 • 1 {iO"c11 , 1 1 '1 1 '1 1 11 1

!

I lEc2

C

0,5 %o/mn

'"

b

1 %o/mn (par exemple)

1

1 1 1 1 1 1 1 1 1

IlEc3 1

L-~-4-=----~~--------------~----------~

Figure 2.22

E

76 Traité de béton armé 2ec1

ï---;



1 1 1

1 1 1 1

2ec2

1 1 1 1

:e 1/

1

2Ec3

O"b2

j------7

A

11 1 1

1

1 1 1

1 lec2/ L ____ I "

C

L_..1

1

1 1 1 1 1 1 1 1 11

:

Il

1 1 L ________ ec3. / ~

"

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.t.Il ___ _ ___________ L ________ __________

o

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./

1 ,

1

1 1 1 1 1 / l' l'

11

j-------------,

1 1 1 1

.-

.-'.-

/

/

1 ,_____________ _

~

f) Figure 2.23

2.232-2

Poteaux soumis à la compression centrée

Toutes les fibres subissent le même raccourcissement et par conséquent la même contrainte. Dans ce cas « l'adaptation» dans une section qui se manifeste par une redistribution des contraintes entre les différentes fibres est impossible. Le diagramme obtenu avec da =constante permet de comprendre le comportement sous charge croissandt te : une rupture brusque se manifeste sous la charge ultime. Si un poteau est chargé longtemps à 90 % (par exemple) de la charge ultime correspondant à un essai de courte durée, on peut également observer une rupture brusque. La durée du chargement entraîne une réduction de la résistance (voir § 2.221-4 et § 5.2221).

On en conclut que: - dans les éléments fléchis, la distribution des déformations dans la zone comprimée n'est pas uniforme, une redistribution des contraintes est possible: les déformations sont prépondérantes; - dans les éléments soumis à une compression centrée, la distribution des déformations est uniforme: les contraintes sont alors prépondérantes.

2.233

Valeur expérimentale des principaux paramètres

a) Pour un chargement de courte durée, la relation entre le module tangent de déformation longitudinale et la résistance à la compression est assez bien représentée par la formule

EbO

=1200013

(MPa)

[2.9]

Le module sécant, correspondant à une contrainte de l'ordre de 0,5!cr à 0,6!cr est (voir BAEL, art. A-2.l,21) :

E ::::: EbO b

1,1

= 11000Jl'X cr

(MPa)

Toutefois, l'EC2 adopte une valeur assez différente (voir tableau 2.4).

[2.10]

Chapitre 2 • Matériaux 77 Raccourcissement ebc1

3 . ~-.,-~~ ..,---~-~-- .. ----- 'l ~ - - - - - - - I ,

: 1

4

-

---

~- ~ï w~~ _ _ ..,, _ _ _ _ _ _ _ _ ~_

l 1

Essais: de/dt = e s t e : Ages: 3, 28, 92 jours l

:

:

:

:

:.

.1: ...

. . : . . .

:

: , "

--~------------------~--------------,---~------------

ebe1

1 1

:

! 2

-r ---- ---- - --,--- ~ ~ --1

! 1

: :

i 1

! r;---·- ... ---1-·----1

.

= ~,59 fcr1/3

1

:

i :

,~

,l

1 - - ~---- -- -- --- -- --- -~i --- -- --- -- -- - -- -- ~-1 - -- --- -- -- --- -- --~--- --- -- - -- --- ---:1 1 1 1

o

1

i

1

1

1

1

1

1

1 1

1

1 1

1 1

1 1

1

1

1

1

1

1

l

,

30

40

10

20

1

50 Résistance fer (MPa)

Figure 2.24. Raccourcissement Ebc1 en fonction de la résistance à la compression fcr

b) Le raccourcissement Sbc1 atteint lorsque 0' = 1er est fonction de 1er. M. Kavyrchine a proposé: Ebcl

=0,59f3

(!cr en MPa,

Sbc1

en %0)

[2.11]

c) Les courbes «moyennes» ont des formes qui peuvent être caractérisées par une branche croissante d'allure parabolique, suivie d'une branche décroissante dont la forme varie d'une courbe très aplatie et à pente très faible, à une courbe parabolique à peu près symétrique de la branche croissante: dans les cas intermédiaires, la branche décroissante présente une influence peu marquée. Le raccourcissement maximal qu'il est possible d'enregistrer (et qui soit significatif, c'est-à-dire qui ne corresponde pas à la phase 4 du comportement définie précédemment) est très variable. Il est très supérieur à la valeur Sbc1 sauf si l'âge est grand.

2.234

loi de comportement « exacte»

La loi de comportement, dite « exacte» par raccourci de langage, est l'idéalisation aussi fidèle que possible de la courbe obtenue dans les essais de compression simple. Diverses idéalisations peuvent être utilisées qui décrivent bien la branche croissante de la loi de comportement et, plus ou moins fidèlement, l'allure de la branche décroissante.

78 Traité de béton armé Parmi ces idéalisations, l'expression la plus générale est celle qui a été proposée par Sargin 1 :

~= fer

2 K11+ (K' -1)11 1+(K-2)11+K'112

[2.12]

avec

K = E bO ê bel / fer (Ebo , pente de la tangente à l'origine) K' choisi en fonction de la forme de la branche décroissante. M. Kavyrchine a montré qu'il était commode de déduire de l'ensemble des courbes définies par l'équation [2.12] deux sous-ensembles obtenus en faisant K' = 0 et K' = K - 1 ce qui conduit respectivement à: 2 Kl1-11 fer = 1+(K-2)11

[2.13]

cre K11+(K-2)rt2 fer = 1+(K-2)11+(K-l)112

[2.14]

cre

- sous-ensemble 1 :

- sous-ensemble 2 :

Ces deux familles sont représentées sur la figure 2.25 pour diverses valeurs du paramètre K.

Il est possible de substituer à la branche descendante une droite de pente (- E') d'équation

cre "11-1 () -=I-K

- droite 3 :

fer

[2.15]

On peut alors retrouver, comme cas particuliers, les idéalisations le plus couramment utilisées:

• sous-ensemble 1 seul: diagramme de l'EC2, équation [3.14] de l'article 3.1.5 de l'EC2, identique à [2.13]. • sous-ensemble 2 et droite 3 : . - avec K = 2 et K"

=

0 (E' = 0) : diagramme parabole-rectangle (voir § 5.222, figure 5.4)

• 015ê - avec K = 2 et K = ( , bel

0,038-ê bel

)

:

. diagramme d'Hognestad

1. M. Sargin, Stress-straÎn relationships for concrete and the analysis ofstructural concrete sections. SM Study nO 4, Solid Mechanics Division, University of Waterloo, Ontario, Canada (1971).

Chapitre 2 • Matériaux 79

• sous-ensemble 2 avec

K

= 2 : diagramme de Desayi et Krishnan:

(voir BAEL 91, art. E 7.1,22).

:A!II!III''''''--;.::--- -- --- -- --~--- -

-r ---------i,, ,, ,,

1,

0,5

o

2 Sous-ensemble 1

,

,

- ---- ------ - - -- -- -- r-- ---- -- --,

:

0,5

o

2 Sous-ensemble 2

Figure 2.25

:,

0' he

fer

=~ 1+11

[2.16]

80 Traité de béton armé

2.24

Prescriptions réglementaires

2.241

Résistance caractéristique à la compression

a) Règles BAEL (art. A 2.1.11)

Dans les cas courants, pour l'établissement des projets, le béton est défini par une valeur de sa résistance à la compression à 28 jours, appelée valeur caractéristique requise (ou spécifiée), notée !c28. Cette valeur est choisie a priori compte tenu des possibilités locales et des règles de contrôle qui permettront ultérieurement de vérifier sur le chantier qu'elle a bien été atteinte. Pour un béton âgé de plus de 28 jours (j 2: 28), lorsque l'on doit justifier la résistance des sections, on conserve !ci =!c28. Pour un béton âgé de moins de 28 jours (j < 28) non traité thermiquement, on peut admettre une loi du type : j

Ic} = a + bj le28

[2.17]

avec: - pour!c28:S 40 MPa : a = 4,76 et b = 0,83 -

POurj~'}.8

> 40 MPa : a = 1,40 et b = 0,95

Les Règles BAEL stipulent (art. A.2.1, 1) que les projets doivent être établis en fonction d'une résistance caractéristique spécifiée, qu'il y a lieu d'obtenir lors de l'exécution. Les compositions des bétons ne sont donc normalement définies au niveau du projet qu'à titre indicatif, à moins qu'on ne dispose soit de références précises, soit de garanties comme c'est le cas pour la résistance caractéristique des bétons prêts à l'emploi, à caractéristiques normalisées (BCN). Le commentaire de l'article A. 2.1,13 donne pour le choix des valeurs de !c28 les indications suivantes: - une résistance de 20 MPa est facilement atteinte sur les chantiers convenablement outillés; - on obtient facilement 25 MPa sur les chantiers faisant l'objet d'un contrôle régulier; - on peut obtenir 30 MPa dans toutes les régions, à condition, en outre, de choisir convenablement les matériaux et d'étudier la composition du béton; - des résistances supérieures peuvent être atteintes, moyennant une sélection rigoureuse des matériaux utilisés. Depuis l'apparition des adjuvants fluidifiants (superplastifiants) qui permettent de réduire le dosage en eau et, plus récemment, des fumées de silice, il est à présent possible de fabriquer à peu près partout en France des bétons à hautes performances correspondant à des résistances pouvant atteindre 60, voire 80 MPa et même davantage. Le domaine

Chapitre 2 • Matériaux 81 d'application des Règles BAEL 91 modifiées 99 a donc été étendu, mais en le limitant toutefois à 80 MPa (au lieu de 40 MPa antérieurement). Les indications précédentes sont plutôt applicables à des travaux pour lesquels on dispose de références au départ et qui font l'objet d'un contrôle suivi en cours d'exécution. Sur les chantiers courants de bâtiments, il est souvent difficile de disposer d'informations préalables précises sur les bétons réalisables au lieu de l'exécution. Par ailleurs, on met fréquemment en œuvre des bétons ayant, au slump-test, un affaissement d'environ 10 cm. Les Règles applicables aux ouvrages et éléments courants de structures en béton armé fournissent les indications complémentaires dans un tableau (art. B 1.1) qui donne, pour les ciments des classes 32,5 (ou 32,5 R) et 42,5 (ou 42,5 R), les dosages en ciment (en 3 kg/m ) permettant l'obtention des valeurs caractéristiques normalisées de.fc28 (en MPa). Il est évidemment possible d'adopter pour les mêmes compositions des résistances supérieures à celles du tableau lorsque les conditions requises sont remplies.

b) Eurocode 2 La résistance à la compression du béton est déterminée soit sur éprouvettes cylindriques soit sur éprouvettes cubiques, au moyen d'essais normalisés effectués conformément à la norme EN 206-1. L'EC2 est basé sur la résistance caractéristique à la compression sur cylindres.fck, définie comme la valeur de la résistance au-dessous de laquelle on peut s'attendre à trouver 5 % de la population de toutes les mesures possibles de résistance du béton spécifié. A partir de là, l'EC2 définit un certain nombre de classes de résistance (voir tab. 2.4). A un âge t quelconque en jours, on peut admettre que pour une température moyenne de 20 oC et une cure effectuée conformément à l'EN 12390, la résistance moyenne à la compression du béton.fcm(t) peut être évaluée par :

.fcm(t) = ~ee(t).fcm avec:

lem résistance moyenne à 28 jours (tab. 2.4) et:

. où s est un coefficient qui prend les valeurs: • 0,20 : pour les ciments CEM 42,S R, CEM 52,5 N, CEM 52,5 R (classe R) ; • 0,25 : pour les ciments CEM 32,5 R, CEM 42,5 N (classe N) ; • 0,38 : pour les ciments CEM 32,5 N (classe S).

Note: exp ( ... ) a la même signification que é

.. ).

82 Traité de béton armé La résistance caractéristique à la compression !c~t) à l'âge de t jours se déduit de la résistance moyenne du béton au même âge par :

!ck(t) = !cm(t) - 8 MPa pour 3 < t < 28 jours. Pour t;::: 28 jOurS,!ck(t) = !ck (tab. 2.4).

2.242

Résistance à la traction

La résistance à la traction du béton étant faible et incertaine, elle est normalement négligée dans les calculs. Toutefois, certains calculs (adhérence, pourcentages minimaux... ) se rétèrent à une valeur de cette résistance. a) Règles BAEL (art. A 2.1,12)

La résistance caractéristique à la traction du béton à 28 jours, notée 1128, est conventionnellement définie par la relation suivante, valable pour !c28 :s 60 MPa :

;;28 =0,6 + 0,06fc28

(MPa)

[2.18 a]

Le fait que les Règles BAEL donnent de la résistance caractéristique à la traction une valeur conventionnelle en fonction de fc28 ne doit pas inciter à négliger de faire, en cours de travaux, un contrôle des résistances à la traction soit par essais de fendage d'éprouvettes cylindriques, soit par essais de flexion d'éprouvettes prismatiques (voir § 2.222-2). La résistance à la traction du béton a une influence notable sur le comportement des ouvrages (fissuration, déformations), et des bétons ayant des résistances élevées à la compression peuvent avoir des résistances assez faibles à la traction, tandis que l'inverse ne se produit pas. b) Eurocode 2

La résistance à la traction prise en compte est la résistance à la traction axiale (fcr,aJ. La résistance moyenne à la traction peut être déduite d'essais de fendage (splitting) effectués selon la norme EN 206-1 par la formule suivante, valable pour des bétons de classes au plus égales à C50/60 (tab. 2.4) :

fct,ax

=0,9Icl,sp

A défaut de données plus précises, on peut admettre que la résistance moyenne à la ~action axiale est donnée en fonction de!ck par la relation:

(MPa)

[2.18 bl

qui donne des valeurs un peu plus élevées que la formule des Règles BAEL 91. Les résistances caractéristiques à la traction minimale !crk,o,o5 (fractile 5 % inférieur) ou maximale Ictk,O,95 (fractile 5 % supérieur) correspondent respectivement à 0,7!ctm et à 1,3!crm'

Chapitre 2 • Matériaux 83 La valeur à introduire dans les calculs dépend du type de problème. Par exemple, il convient normalement de considérer: pour calculer les déformations de la structure ou la contreflèche à donner à une poutre ;

- !ctk 0,95 :

pour calculer les effets des actions indirectes, avant fissuration du béton (exemple: pourcentage minimal d'armatures);

- !crk 0,05 :

pour calculer le moment de fissuration.

2.243

Valeurs à introduire dans les projets; classes de résistance

2.243a)

Règles BAEL, art. A2.1.13

Les Règles BAEL ne se rétèrent pas explicitement à des classes de résistance (en pratique toutefois, la notion de classe apparaît lorsque l'on utilise des bétons prêts à l'emploi). Les valeurs de résistance à introduire dans les projets peuvent être déterminées: - soit à partir de résultats statistiques obtenus sur des chantiers comparables, - soit à partir d'études préalables des bétons, - soit encore en s'inspirant des données des circulaires d'agrément des bétons prêts à l'emploi.

À défaut de telles données, études ou précédents, on peut dans le cas de chantiers courants de bâtiments, avec des bétons à base de CEM I-CPA 42,5 ou de CEM II-CPJ 42,5, dosés à 350 kg/m3 et mis en œuvre dans de bonnes conditions, adopter sans trop de risques:

fc28 =25 MPa

d'où fr28

=2,1

MPa

Il est rappelé que les valeurs caractéristiques sont inférieures aux résistances déterminées comme moyennes arithmétiques de résultats d'essais, ce qui veut dire que pour obtenir la résistance caractéristique requise, le chantier doit viser en moyenne une valeur supérieure à la valeur prise en compte dans les calculs (de l'ordre de 15 à 30 % supérieure, la valeur étant d'autant plus grande que le chantier est moins bien contrôlé et le béton moins régulier, figure 2.26).

84 Traité de béton armé /

Chantier bien contrôlé; béton régulier

1.

,.

. ./ Chantier peu contrôlé; béton irrrégulier

"",""---11 --.......... ........ $

............

........

........

-------

1

fe2S = 25 MPa

t Valeur de projet

fe moy fe moy

= 33 MPa ('" 1,3 fc2S )

= 29 MPa ('" 1,15 fc2S )

.... Valeurs moyennes à viser par le chantier

Figure 2.26

2.243b)

Eurocode 2 : classes de béton

Un projet donné doit se référer à une classe de béton correspondant à une valeur spécifiée de la résistance caractéristique à la compression (à 28 jours d'âge). Quatorze classes de béton sont définies. Chaque classe est représentée par deux nombres : le premier correspond à la résistance sur cylindres et le second à la résistance sur cubes (tableau 2.4).

2.244

Déformations du béton

À l'article 3.1.3, l'EC2 énonce que les déformations instantanées ou différées (de même que le module de déformation longitudinale à prendre en compte dans les calculs) dépendent non seulement de la classe de résistance, mais également des propriétés des granulats ainsi que d'autres paramètres liés à la composition du béton et à l'environnement. Il en résulte une grande variabilité et le choix des valeurs appropriées (maximale, moyenne ou minimale) dépend donc de l'objet du calcul.

2.244-1

Diagrammes contralntes-déformatlons

L'EC2 établit une distinction entre les diagrammes utilisés dans l'analyse structurale et ceux utilisés pour le calcul des sections : 10 ) pour les méthodes d'analyse non-linéaire (voir § 3.526) et le calcul des effets du second ordre (voir chap. 11), on peut utiliser pour les charges de courte durée des diagrammes tels que celui représenté figure 2.27, déduit de la loi de Sargin (voir rela. tion [2.13]). Pour l'analyse non linéaire, on prend pour le module tangent à l'origine: Ebo = 1,05 Ecm' etfcr est remplacé parfcm. Pour le calcul des effets du second ordre, voir § 11.861.

(MPa)

27

1.8

(MPa)

Eon (GPa)

<%0)

€",

2,0

l1lo,Q5

(MPa)

J:1À.G.05

1,1

1,6

(MPa)

J,~,.

1,9

29

2,5

1,3

1,9

24

20

15

20

16

12

t;o.. (MPa)

(MPa)

h,t('u~'

l~

2.0

30

2.9

1.5

')" -,-

28

25

20

2,1

31

3,3

1,8

2,6

33

30

25

2,2

33

3,8

2,0

2,9

38

37

30

2,25

34

4,2

2,2

3,2

43

45

35

2,3

35

4,6

2,5

3,5

48

50

40

2,4

36

4,9

2,7

3,8

53

55

45

2,45

37

5,3

2,9

4,1

58

60

50

Classes de résistance du béton

2,5

38

5,5

3,0

4,2

63

67

55

Tableau 2.4. des bétons

2,6

39

5,7

3,1

4,4

68

75

60

2,7

41

6,0

3,2

4,6

78

85

70

2,8

42

6,3

3,4

4,8

88

95

80

2,8

44

6,6

3,5

5,0

98

105

90

2/3

=0,71clm = 1,31clm

p.3 femen MPa Voir fig. 2.27
Ecm == 22[rem /10

fractile 95 %

lelk

fractile 5 %

J~lk

si :5 C50/60 fc:/m = 2,121n(1 + Icm /10) si > C50/60

lelm - 0,31c1k

_

lem =fc:k +8(MPa)

Expression analytique Commentaires

(")

::::r

CIl

co

X

c:



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CD-



-

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l'V

ëD

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1» "0

2,2

3,1

1,75

2,0

3,5

2,0

Cc2 (°/00 )

(°/00 )

Il

C,'U2

3,2

3,5

CCIII (%0)

Classes de résistance du béton

1,6

1,45

2,7

2,4

2,3

2,9

2,8

3,0

1,4

2,6

2,6

1,4

2,6

2,8

2,5

2,8

(%,) = 2,0 + O,085[r.,

,'u2

- 50

n=14+234[90- h m ' , 100

J

J

f,·n 00= 2 6 +35[90100 - .t;'NI 00' pour.h·k ;,: 50 MPa

li

Voir fig. 5.4 pour Ici< ;,: 50 MPa

ISe'

r (0%o)=~.8+27100 ') [98- j~m Voir fig. 5.4 pour!ck ;,: 50 MPa

ccul

Voir fig. 2.27 pour!ck ;,: 50 MPa

Expression analytique Commentaires

3(1),

tu

S" ::J

c(1),

(1)

0..

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-1

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CD

3,5

E,,,, (1/00 ) 3,1

1,8

2,9

1,9

2,7

2,0

2,6

2,2

Selon l'Annexe Nationale, des valeurs différentes Qeuvent être Qrises si elles sont justifiées Qar des essais

1,75

1>.'3 (%0)

Classes de résistance du béton

2,6

2,3

rJ

&",3

o

_

(%0) - 2,6 + 35

\00

90-1,,",

[ J

(%) = 1, 75 + 0, 55[ fi 40 - 50] 00 Voir fig. 5.7 pour /ck ;:: 50 MPa

6

Voir fig. 5.7 pour /ck ;:: 50 MPa

Expression analytique Commentaires

::r

(")

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co

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Il)

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ëi3

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Il)

88 Traité de béton armé

O.4fcm

o

0 - - - - - ' ' - - - - - - - - ' - - - " " " ' ' - - - - - 3 1 > !Oc

Figure 2.27. Diagramme contraintes-déformations schématique pour l'analyse structurale Ce type de diagramme est aussi celui adopté par les Règles BAEL 91 au commentaire de l'article A 4.4.32 en prenant Ec.nom = Ej'Yb (voir formule [2.19]), en remplaçant !cm par 0,85fc28 et en adoptant uniformément

f)yb

Ccl

= 0,002 (Yb,

coefficient «de sécurité»

partiel du béton, égal à 1,5 en général). 2°) pour le calcul des sections à l'état-limite ultime de résistance sous sollicitations normaltls (M + N), on peut substituer au diagramme expérimental des diagrammes idéalisés (voir § 5.222).

2.244-2

Module de déformation longitudinale instantanée

a) Règles BAEL, art. A 2.1.21

Sauf en ce qui concerne les vérifications au flambement (voir chap. Il) à l'âge dej jours, pour une contrainte de courte durée d'application (t < 24 heures), le module de déformation longitudinale instantanée Eij peut être pris égal à : (MPa)

[2.19]

Chapitre 2 • Matériaux 89 b) Eurocode 2 A défaut de données plus précises, lorsqu'une grande précision n'est pas requise, on peut, pour estimer le module sécant moyen Ecm' utiliser les valeurs données (en kN/mm2 ou GPa = 103 MPa) par le tableau 2.4. Ces valeurs sont applicables pour du béton non étuvé. Lorsque les flèches ont une grande importance, ou lorsqu'il s'agit de granulats particuliers, la fourchette dans laquelle se situent les valeurs de Ecm doit être déterminée au moyen d'essais. Les valeurs indiquées concernent Ecm à l'âge de 28 jours (puisque les classes se réfèrent àlck à ce même âge). Pour des âges différents on peut encore utiliser le même tableau en prenant la colonne correspondant à la résistancelck du béton sur cylindres à l'âge considéré (exemple: pour un béton C25/30 âgé de 14 jours, Ick.14 ~ 20 MPa et Ecm = 30 kN/mm2 ).

2.244-3

Coefficient de Poisson

Lorsque l'on soumet à la compression axiale une éprouvette cylindrique de longueur 1et de diamètre a, elle subit un raccourcissement longitudinal 111 et une dilatation transversale qui porte le diamètre de a à a + l1a. On appelle coefficient de Poisson et l'on désigne par u le rapport de la déformation transversale relative à la déformation longitudinale relative:

l1a/a u=-Mil En béton armé, ce coefficient intervient dans le calcul des éléments soumis à des flexions simultanées dans deux directions orthogonales (dalles, parois de réservoirs, etc.). L'article A 2.1.3 des Règles BAEL 91 indique que « sauf cas, particuliers, le coefficient de Poisson est pris égal à 0 pour le calcul des sollicitations et à 0,2 pour le calcul des déformations ». L'EC2 dit pratiquement la même chose: le coefficient u peut être pris égal à 0,2 pour le béton non fissuré, et à 0 si la fissuration du béton est admise (art. 3.1.3.4).

Remarque: II faut prendre garde que les tableaux que l'on peut trouver dans certains ouvrages ou formulaires de Résistance des Matériaux et qui donnent les moments de flexion dans les plaques, ont parfois été établis pour des valeurs « quelconques» du coefficient de Poisson (0,15 ; 0,20 ; 0,30 ou autre).

90 Traité de béton armé Les valeurs numériques figurant dans ces tableaux doivent donc, le cas échéant, être corrigées. Soient:

MT , My

les valeurs des moments de flexion correspondant à la prise en compte d'une valeur u du coefficient de Poisson,

M/, My' les valeurs correspondant à u' *u. On a, en signe:

M~ =_1_2 [{I-uu')My +{u' -u)MJ l-u

2.244-4

Coefficient de dilatation thermique

Pour les calculs où la dilatation thermique n'a pas une grande influence, ce coefficient peut être pris égal à lO.lO-6/o C (BAEL, Commentaire de l'article A 3.1.33; EC2, art. 3.1.3.5).

2.244-5

Auage et retrait

1°) Rappel sur les effets du fluage On rappelle que lorsqu'une contrainte de compression abc uniforme et constante est appliquée pendant une longue durée à un élément en béton, on observe:

a) Un accroissement de la déformation au cours du temps: Si si;{abc) est la déformation instantanée du béton à l'âgej où l'on applique la contrainte ab

(Eij =

cr he / Eij)' on admet, en première approximation, qu'il s'y ajoute au cours du

temps une déformation complémentaire due au fluage et que celle-ci est elle-même proportionnelle à sij (abc)' La déformation totale au bout du temps t > j est ainsi:

Eij

(crhe) [1 +
avec


Chapitre 2 • Matériaux 91 b) La rllptllre ail boltt d'lin temps plus 011 moins long, sous toute contrainte maintenue constante et supérieure, en principe, à (0,7 à 1)fcj, en pratique, dans les calculs de flexion, à 0,85fcj. Ces deux effets doivent être considérés comme indépendants l'un de l'autre, c'est-à-dire que le fait de prendre en compte dans les calculs les effets du fluage n'autorise pas à faire abstraction du coefficient 0,85 qui frappe fcj (voir par exemple au chapitre Il la figure 11.14 OÙ/bll = 0,85fcj/Yb)' 2°) Prescriptions des Règles BAEL a) Fluage - Modllle d'élasticité différé Sauf s'il s'agit d'ouvrages exceptionnels (voir Règles BAEL, art. A-4.4,32 et ses commentaires) il est d'usage de considérer qu'au-delà d'un temps de chargement suffisamment long, le coefficient de fluage ne varie plus et reste égal à 2 ; on admet donc couramment que la déformation due au fluage est le double de la déformation instantanée. Il en résulte que la déformation totale du béton sous une charge de longue durée appliquée au jour j est le triple de la déformation instantanée sous la même contrainte appliquée au même âge. Il y correspond un module de déformation Evj défini par 1:

E.. E IJ. =-.!L .{"1/3 3 =3670 JCj

(MPa)

[2.20]

Pour une analyse plus fine des effets du fluage, il convient de se reporter à l'annexe 1 du béton des Règles BPEL ou au Manuel du CEB, Bulletin 142/142 bis ou encore aux bulletins du CEB 199 et 215.

Déforma~ions

b) Retrait hydrallliqlle (BAEL, art. A-2.1,22) Conservé dans un milieu non saturé d'humidité en permanence, le béton perd une partie de son eau libre et ses dimensions diminuent (retrait hydraulique). Pour des pièces en béton armé non massives, à l'air libre, comportant un pourcentage moyen d'armatures, les Règles BAEL indiquent que le raccourcissement unitaire final dû au retrait peut être pris égal à : - 1,5.10-4 dans les climats très humides, - 2,0.10-4 en climat humide (cas de la France métropolitaine, à l'exception de son quart sud-est), - 3,0.10-4 en climat tempéré (quart sud-est de la France métropolitaine), - 4,0.10-4 en climat chaud et sec, ..:.. 5,0.10-4 en climat très sec ou désertique.

1.

L'indice « v» vient de ce que E. Freyssinet qui a été le premier à découvrir et à étudier le phénomène de fluage, considérait que ce module est le module « vrai» du béton.

92 Traité de béton armé Dans la plupart des cas, il est suffisant de s'en tenir à ces valeurs. Au cas où une analyse plus fine des effets du retrait s'avèrerait nécessaire, il conviendrait de se reporter aux documents déjà mentionnés au dernier alinéa du paragraphe a précédent. 3°) Prescriptions de l'EC2 pour le retrait et le fluage L'EC2 commence par rappeler l'ensemble des paramètres dont dépendent le fluage et le retrait: humidité ambiante, dimensions des pièces, composition du béton ainsi que, pour le fluage, degré de maturité du béton, durée et intensité de la contrainte appliquée. • Fluage Pour une contrainte de compression cre constante, la déformation de fluage ê ee ( 00 , to) peut être calculée par: avec: to

âge du béton au premier chargement,


coefficient de fluage final,

Ec

module tangent de déformation longitudinale du béton, pris égal à 1,05 Eem.

Lorsqu'une grande précision n'est pas nécessaire, pour un béton où cre:::; 0,45!ck (to) subissant son premier chargement à l'âge to, le coefficient de fluage final

0,45!ck (to), il faut prendre:
avec:
ka = cre / !cm (to).

Chapitre 2 • Matériaux 93

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1

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1 1

1 1

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5,0

3,0

2,0

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1

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1,0

___ C55/67 --C60/75 -C70/85

----- ----

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l 1

/ /C45/55

~C50/60

---- -----

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~

--~

100

300

500


700

900 1100 1300 1500 ho (mm)

Environnement intérieur - RH = 50 %



Note: - le point d'intersection des droites 4 et 5 peut également se situer au-dessus du point 1 - pour to > 100, il est suffisamment précis de supposer to = 100 (et d'utiliser la tangente)

-1'"

---~--

R

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I

3

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_~.,I

_ _ C20/25 ___ C25/30

- - C45/55

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!., ____ ~ _____ ! _____ ~~~~~+~

~g~~~ i~lili"I-:'i-i--i-l'-i- i-i-Ti-i- i-I-·~-i- i-I~-i- :::=~~g~~~~

1

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50

1

--t.-_.+----t-- .+,

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(

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l

,

~

0.." C60/75

C70/85 C80/95 COO/105

100~--~--~--~--~--~~

6,0

5,0

4,0

3,0

2,0

1,0

o


100 300 500 700 900 1100 1300 1500 ho (mm)

CD Environnement extérieur - RH = 80 % Figure 2.28. Méthode de détermination du coefficient de fluage


94 Traité de béton armé • Retrait Le retrait total Bes est égal à Bes = Bed + Bea avec: Bed, retrait de dessication, fonction de la migration de l'eau au travers du béton durci et qui se développe lentement,

retrait endogène qui se développe durant le durcissement du béton et dont la majeure partie s'effectue dans les premiers jours qui suivent le coulage. Eea,

À un âge t quelconque en jours : • Retrait de dessication

avec: (t

-tJ

retrait de dessication non gêné (tableau 2.5 ; les valeurs données sont des valeurs moyennes «attendues» avec un coefficient de variation de 30 %). Eedo:

Tableau 2.5. Valeurs nominales (%0) du retrait de dessication non gêné Ecdo pour les bétons à base de ciments CEM de classe N Humidité relative (%)

!cJ!ck,cube (IylPa)

20

40

60

80

90

100

20/25

0,62

0,58

0,49

0,30

0,17

0,00

40/50

0,48

0,46

0,38

0,24

0,13

0,00

60/75

0,38

0,36

0,30

0,19

0,10

0,00

80/95

0,30

0,28

0,24

0,15

0,08

0,00

90/105

0,27

0,25

0,21

0,13

0,07

0,00

t, ts : âges du béton respectivement au moment considéré et lorsque le retrait de dessication commence (à la fin de la cure), - ho = 2Aju (mm) ; Ac, aire de la section droite et u, périmètre de la section, - kh = 1 pour ho = 100 mm, 0,85 pour 200 mm, 0,75 pour 300 mm et 0,70 pour 500 mm et au-delà. La valeur finale du retrait de dessication est Bed = kh Eedo• • Retrait endogène

Chapitre 2 • Matériaux 95 ê ca

= fJas (t) ê ca (

00 )

avec:

fJas (t) = 1 - exp (- 0,2 t l12 ) ê ca (

(t en jours)

6

00 )

2.245

= 2,5 ((cl 10).10-

Résistance à la traction par flexion

Dans certains cas (assez rares) où les calculs feraient intervenir la résistance moyenne à la traction par flexion!ctmj7, celle-ci peut être prise égale à :

!ctmj7 = max [(1,6 - h/1000)!ctm ;!ctm] avec: h

hauteur totale de l'élément (mm)

!ctm

résistance moyenne à la traction axiale, selon tableau 2.4.

La formule donnant!ctmj7 s'applique également aux valeurs caractéristiques!ctkj7 et!ctk.

2.246

Béton confiné

Le confinement du béton peut être réalisé au moyen de cadres fermés ou d'armatures transversales. Il permet d'obtenir des résistances et des déformations critiques plus élevées (!chc >!ch ê c2,c> ê e2; ê cll2,c > êcll2, voir tableau 2.4 pour êclI2,c et ê cll2) qu'en l'absence' de confinement. Vis-à-vis du calcul, les autres caractéristiques de base peuvent être considérées comme non affectées. On peut utiliser le diagramme contraintes-déformations de la figure 2.29, où 0"2 (= 0"3) est la contrainte de compression latérale à l'état-limite ultime due au confinement, en prenant:

!ck.c = !ck (l + 5 0"2 !fck)

pour

0"2 ~

!ck.c =!ck (1,125 + 2,5

pour

0"2

0"2 !fck)

êc2,c = êe2 (!ck,c !fcki ê'1/2,c = êcll2 + 0,2 0"2!fck

0,05!ck

> 0,05!ck

96 Traité de béton armé

,

,,""

fek

1

1

l'~''i-----: /./

~'

4

'I

o

1

1

1

1

:

l

,---+--------------~~~

! 1

1

t

1 1

f

1

i i

cd.c

!

L-----~--~~--------------~I__?Ec

Ecu2.c

Figure 2.29. Relation contraintes-déformations dans le cas du béton confiné

2.3

ACIERS POUR BÉTON ARMÉ

L'association acier-béton, de même que la mise en œuvre des armatures, imposent, pour les aciers de béton armé, de strictes exigences qui ne peuvent se trouver représentées par un caractère unique. Compte tenu de leurs conditions d'emploi et de leurs caractères mécaniques, ces aciers doivent présenter une adhérence convenable, une ductilité et une aptitude au façonnage satisfaisantes et, le cas échéant, présenter l'aptitude au soudage requise pour l'exécution des jonctions, surtout en croix. L'acier- « idéal» devrait aussi avoir un prix à la tonne rapporté à la limite d'élasticité le plus bas possible. Après avoir assisté pendant près de trente ans à une «course» d'abord à la limite d'élasticité, puis aux caractères technologiques - en particulier l'aptitude au soudageentre les différents producteurs, on assiste maintenant à une recherche de fiabilité dans la qualité, dont l'utilisateur ne peut que bénéficier.

2.31

Brefs rappels sur la fabrication de l'acier

2.311

Types d'aciéries

II existe deux grandes catégories d'aciéries : 1°) les aciéries « de conversion» qui élaborent l'acier par décarburation de la fonte en fusion, sans apport de chaleur extérieur : • soit par soufflage, à travers la charge de fonte liquide, d'air sous pression, enrichi ou non à l'oxygène (procédé Thomas, quelque peu tombé en désuétude) • soit par insufflation d'oxygène pur au-dessus de la surmce de la charge de fonte liquide, au moyen d'une lance refroidie, les procédés pouvant être séparés en deux catégories:

Chapitre 2 • Matériaux 97 - pression d'oxygène élevée et four fixe (procédés LD, LD Pompey, OLP ... ); - pression d'oxygène relativement faible et four rotatif (procédé Kaldo). 2°) les aciéries « sur sole» qui opèrent dans des fours sur la sole desquels sont fondues, puis affinées ferrailles et/ou fontes. Dans le procédé Martin (long et coûteux) la fusion est obtenue en brûlant du gaz ou un combustible pulvérisé, et les impuretés sont éliminées essentiellement par oxydation. Dans le four électrique, couramment utilisé dans les «mini-aciéries» fabriquant des aciers pour béton armé, on part essentiellement de ferrailles dont la fusion est obtenue par un arc électrique produit par d'énormes électrodes en graphite qui pénètrent dans la masse métallique. L'affinage s'opère essentiellement par réactions entre le métal et un laitier liquide obtenu par fusion de matériaux calcaires.

2.312

Coulée de l'acier

Pendant longtemps l'acier élaboré au convertisseur ou au four électrique a été coulé d'abord dans une poche puis de la poche dans une lingotière placée en position verticale. Cette façon de procéder, encore en usage de nos jours, entraîne deux inconvénients: 1°) une ségrégation dans la hauteur de la lingotière, d'où un manque d'homogénéité du métal et la nécessité de « chuter» la tête et le pied du lingot, ce qui correspond à une perte d'environ 20 à 25 % sur le volume du métal fabriqué, les parties chutées devant être refondues (opération dite de mise au mille) ; 2°) l'obligation de laisser refroidir le lingot avant démoulage, pour le réchauffer ensuite en vue du laminage d'une ébauche (ou demi-produit), elle-même utilisée par la suite pour fabriquer le rond à béton, d'où une consommation élevée d'énergie. Actuellement, plus de 50 % de l'acier est produit par le procédé de la coulée continue qui s'est développé au cours de la deuxième moitié du siècle dernier et s'est considérablement développé en raison des économies d'énergie qu'il permet de réaliser. Ce procédé consiste à solidifier le plus rapidement possible l'acier liquide. Celui-ci est d'abord coulé à sa sortie du convertisseur ou du four électrique dans une poche, puis de celle-ci dans un répartiteur alimentant à gauche ou à droite, sur deux lignes sensiblement horizontales, un moule en cuivre à canaux de section rectangulaire, refroidi à l'eau. Dès que le métal touche la paroi il se solidifie en surface et se rétracte; on obtient ainsi une veine de métal qui glisse le long du moule. À la sortie de celui-ci, quinze mètres plus loin environ, on obtient directement un demi-produit solide, ayant une grande homogénéité interne, la ségrégation ayant été empêchée par un brassage magnétique. Il n 'y a plus ni chutage, ni mise au mille. Après coupe et réchauffage, le demi-produit obtenu est prêt à être laminé.

98 Traité de béton armé

2.313

laminage à chaud

Par passages successifs à chaud du demi-produit dans des cannelures appropriées qui ont été fraisées sur les cylindres d'un laminoir, avec une réduction de section à chaque passage, on peut obtenir : - soit des barres droites lisses ou « à haute adhérence» (de 6 à 50 mm de diamètre), - soit un fil machine (de 5 à 13 mm de diamètre) enroulé en couronnes à spires non rangées, directement après le laminage à chaud. C'est du laminage que dépendent les caractères géométriques du produit fini; en conséquence, l'usure des cannelures des cylindres du laminoir est soigneusement contrôlée.

2.314

Tréfilage et! ou laminage à froid du fil machine

Le tréfilage consiste, après avoir débarrassé de sa « calamine» le fil machine reçu en couronnes, à le faire passer à travers une ou plusieurs « filières» successives constituées par des blocs de métal dur comportant en leur centre un orifice conique; l'effort de traction nécessaire est exercé par des bobines circulaires en rotation, sur lesquelles le fil tréfilé vient s'enrouler. Les filières, aux orifices parfaitement calibrés, réduisent la section tout en améliorant l'état de surface. De ce fait, immédiatement après les filières, le fil est rigoureusement cylindrique. Si l'on veut améliorer ses qualités d'adhérence au béton, il faut le faire passer entre des galets crantés avant son enroulage. Le même résultat peut être obtenu par un laminage à froid effectué seul ou en combinaison avec le tréfilage. Si la rétluction de section obtenue dans l'opération de tréfilage et/ou laminage à froid est élevée (> 25 %) le fil machine acquiert une texture allongée et est écroui: sa limite d'élasticité a fortement augmenté, sa résistance à la traction également mais beaucoup moins. En contrepartie son allongement sous charge maximale (voir § 2.37b) a fortement diminué. Le produit ainsi obtenu, appelé couramment fil par les utilisateurs ne doit pas être confondu avec le fil machine de départ.

2.315

Traitements mécaniques ou thermiques

Actuellement, les utilisateurs demandent de plus en plus, en France comme à l'étranger, des ronds à béton à limite d'élasticité élevée, ductiles, facilement soudables, de composition chimique et de fabrication économiques. . Ces exigences sont en fait contradictoires. Par exemple, si on veut obtenir un acier «naturellement dur» à l'état-brut de laminage, c'est-à-dire possédant, à la sortie du laminoir et sans qu'un traitement particulier soit nécessaire, une limite d'élasticité relativement élevée, on peut agir sur sa composition chimique et, par référence à un acier à bas carbone (C - 0,2 %) :

Chapitre 2 • Matériaux 99 - soit augmenter les teneurs en carbone (C - 0,3 %) et en manganèse (Mn), mais le gain de limite d'élasticité est alors obtenu au détriment de la ductilité et de l'aptitude au soudage, - soit simultanément ou sans toucher à la teneur en carbone, avoir recours à des additions importantes de niobium (Nb), de vanadium (V) ou de titane (Ti) - aciers « rnicroalliés» - ce qui augmente sensiblement le coût de la fabrication. Pour conférer à des aciers à bas carbone (ductiles et aisément soudables), des caractères mécaniques élevés sans grever exagérément leur prix de revient, on peut avoir recours soit à un traitement mécanique soit à un traitement thermique.

1°) Traitement mécanique d'écrouissage Ce traitement consiste à imposer à un acier à bas carbone (C - 0,2 %) une déformation permanente: - soit par traction et/ou torsion à froid, sans réduction sensible de section, - soit par tréfilage et/ou laminage à froid, avec forte réduction de section. Cet « écrouissage» a pour effet d'élever la limite d'élasticité dans le sens de la déformation sans que cela ait une incidence sur l'aptitude au soudage. Cependant l'allongement de rupture est généralement diminué, dans des proportions variables. Toutefois, les valeurs finales des caractères mécaniques ne sont pas acquises instantanément, mais seulement après un certain temps (2 à 3 semaines en été, 2 à 3 mois en hiver). Ce phénomène, appelé vieillissement, est général l . Le vieillissement peut être accéléré par un chauffage ne dépassant pas 250

oc.

Les conditions économiques et les recherches en matière de traitements thermiques (moins coûteux que l'opération complémentaire d'écrouissage) ont progressivement amené le déclin du procédé Tor consistant à écrouir l'acier par torsadage à froid. Le tréfilage et/ou le laminage à froid de barres ou fils de faible diamètre continuent par contre d'être assez répandus. JO) Traitement thermique Vers 1980, le Centre de Recherches Métallurgiques (CRM) en Belgique et l'Institut de Recherches de la Sidérurgie (lRSID) en France ont mis au point, chacun de leur côté, un procédé de traitement thermique des ronds à béton armé qui repose sur un principe très simple.

À la sortie du laminoir, la barre subit rapidement une trempe superficielle à l'eau, de manière à faire apparaître un anneau de martensite (figure 2.30) très résistante mais peu ductile, tandis que le cœur de la barre conserve une grande partie de sa chaleur.

1.

Pour les aciers naturellement durs, on observe au cours des deux premières semaines qui suivent le laminage une perte de limite d'élasticité d'environ 10 à 20 MPa accompagnée d'un gain de quelques % en allongement de rupture. C'est le contraire pour un acier écroui à froid (et non revenu ensuite) qui voit sa limite d'élasticité augmenter et son allongement de rupture diminuer.

100 Traité de béton armé Martensite

Ferrite et perlite

Figure 2.30

Lors du séjour de la barre sur le refroidissoir, les températures s'homogénéisent de façon naturelle dans la section: la martensite reçoit un apport de chaleur par conduction à partir du cœur resté chaud et subit donc un « auto-revenu» qui restaure la ductilité. Les barres ainsi traitées ont une limite d'élasticité supérieure de 100 à plus de 200 MPa à celle de barres qui auraient été laissées à l'état brut de laminage. Ce résultat est acquis sans qu'il ait été besoin d'augmenter la teneur en carbone, ce qui laisse intacte l'aptitude au soudage, ni d'ajouter des éléments «dispersoïdes » (Nb, V , Ti) coûteux. Ce résultat est également acquis sans altération de la ductilité, c'est-à-dire que le produit obtenu a une bOnne aptitude au façonnage. Enfin, avantage non négligeable, le coût du traitement thermique compte relativement peu dans le prix global de la fabrication. L'acier obtenu par ce procédé de fabrication a reçu le nom d'« acier Tempcore ».

2.32

Classification des produits

Compte tenu des rappels qui viennent d'être faits, les produits utilisés pour constituer les armatures du béton armé peuvent être classés: ]0)

Du point de vue de leur mode de production, en :

a) aciers laminés à chaud sans traitement thermique ou mécanique ultérieur (aciers «naturels »), dont les caractères mécaniques dépendent principalement de la composition chimique; b) aciers doux laminés à chaud, puis soumis à un traitement thermique approprié (voir § 2.315); c) aciers doux laminés à chaud, «d'écrouissage» (voir § 2.315).

puis soumis à un

traitement

mécanique

Chapitre 2 • Matériaux 101 2°) Du point de vue de la forme de leur surface, en : - barres lisses et fils tréfilés lisses, à section droite circulaire; - barres et fils à haute adhérence dont la surface latérale présente des aspérités judicieusement disposées (nervures, verrous), destinées à réduire la possibilité de glissement du produit dans la gaine de béton qui viendra l'entourer. Si leur aptitude au soudage le permet, ces barres et fils à haute adhérence peuvent être utilisés pour constituer des treillis soudés ou des« panneaux-pré-assemblés ».

3°) Du point de vue de leur aptitllde au soudage, en : - aciers non soudables, - aciers soudables.

2.33

Désignations officielles et appellations pratiques

1°) À la commande, la terminologie qu'il convient d'utiliser pour désigner les armatures concerne, à la fois, le processus de fabrication et le conditionnement. On doit distinguer ainsi: • les ronds lisses en barres droites (0 6 à 50 mm) qui peuvent provenir: - soit de ronds laminés à chaud eux-mêmes droits - soit de fil machine (voir § 2.313) redressé et livré droit. les barres à haute adhérence (barres HA) laminées à chaud (0 8 à 40 mm), et livrées en barres droites (parfois en couronnes pour les petits diamètres) ; e

• les fils-machine à haute adhérence (06 à 0 16 mm), laminés à chaud et livrés en couronnes pour les petits diamètres ou, après redressage à froid, en barres droites; • les fils à haute adhérence (0 4,5 à 0 16 mm), tréfilés et/ou laminés à froid à partir de fil machine et livrés en couronnes l pour les petits diamètres ou, après redressage à froid, en barres droites; • les fils lisses, tréfilés à partir de fil machine, utilisés autrefois uniquement sous la forme de treillis soudés. 2°) Dans le langage courant des bureaux d'études et des chantiers, cette terminologie n'est pas toujours respectée. On y désigne en effet le plus souvent sous les noms de: ..:..« aciers à béton », « fers à béton 2 « , «ronds à béton », l'ensemble des produits utilisés pour constituer les armatures du béton ;

- « barres », les produits laminés à chaud en barres droites;

1. Le redressage des produits livrés en couronne pose des problèmes particuliers et délicats (§ 2.39). 2. Éviter l'appellation « fers» pour « aciers» ou, ce qui est pire « ferrailles» pour « ferraillage» !

102 Traité de béton armé -« fils », les produits tréfilés et/ou laminés à froid, qu'ils soient livrés en barres droites l ou en couronnes; - « armatures », un ensemble ou un sous-ensemble de ferraillage. Ces différents produits sont couramment utilisés : a) soit sous forme de ferraillages traditionnels, composés de barres droites ou façonnées selon les formes prévues aux dessins d'exécution; les opérations de «façonnage» comprennent la coupe à longueur, le pliage, l'assemblage, le ligaturage ou le soudage s'il est autorisé, opérations exécutées soit en atelier soit sur le chantier de construction; b) soit sous forme de treillis soudés fabriqués en usine (voir § 2.343-1) et livrés au chantier sous forme de panneaux plans ou prépliés, ou sous forme de rouleaux lorsque le diamètre des fils constitutifs n'excède pas 5,5 mm. Il existe des panneaux (P) ou des rouleaux (R) standards sur stock intéressants sur le plan économique. Les panneaux standards peuvent être utilisés soit individuellement soit combinés. Il existe également des panneaux standards à la demande et des produits sur devis 2 ; c) soit sous forme d'armatures préfabriquées pré-assemblées, réalisées en usine ou dans un atelier forain, et livrées prêtes à l'emploi, c'est-à-dire en principe sans nécessité de façonnages complémentaires sur le chantier.

2.34

Description des différents types de produits 3

2.341

Barres laminées à chaud: ronds lisses, barres à haute adhérence

Si la section transversale d'une barre est constante et approximativement circulaire, on a un rond lisse, qui est toujours brut de laminage. Si la surface latérale est munie de nervures transversales (<< verrous»), celles-ci améliorent la liaison avec le béton et la barre est dite« à haute adhérence» (barre HA). Les barres à haute adhérence se présentent le plus souvent sous la forme de ronds munis en saillie de nervures droites, obliques ou hélicoïdales. Il en existe de nombreux types. L'augmentation de l'adhérence dépend beaucoup de l'importance et des dispositions des

1. « Fil » est une erreur d'appellation: un produit livré droit est toujours appelé « barre» même s'il s'agit d'un fil redressé. 2. Voir Le treillis soudé, Calcul et utilisation conformément alLl: Règles BAEL 91, Chapitre 1 - Génémlités, Association technique pour le développement de l'emploi du treillis soudé (ADETS). 3. Consommation en Fmnce pour 2008,2 202 628 tonnes réparties en : - ronds lisses: 12652 t (0,57 %) - barres HA : 634624 t (28,81 %) dont 284320 d'importation 212 184 t (9,63 %) dont 85559 d'importation - couronnes HA: - couronnes de fils lisses: 563 843 t (25,60 %) dont III 431 d'importation - treillis soudés: 779325 t (36,38 %) dont 193 078 d'importation.

Chapitre 2 • Matériaux 103 nervures. Le dessin de celles-ci est souvent étudié (verrous obliques) pour que la section du rond reste constante sur toute la longueur. Le profil d'une telle barre peut être obtenu: - soit directement, à la passe finisseuse du laminage à chaud: l'acier qui est alors « brut de laminage» provient soit de coulées d'acier élaborées spécialement, soit parfois d'aciers de récupération (acier à rails) relaminés ; - soit, plus rarement maintenant, par écrouissage par torsion à froid d'une barre à section non circulaire laminée à chaud (cas autrefois de l'acier Tor). Le torsadage, au pas de 8 à 12 diamètres, constitue une épreuve sévère de la qualité car il permet de mettre en évidence certains défauts et d'éliminer les barres défectueuses. Au cours de la torsion, les arêtes ou nervures prennent une forme hélicoïdale. Pour les diamètres supérieurs à 10 mm, il est indispensable de prévoir des nervures transversales ou «verrous» dont le rôle est de s'opposer à un dévissage éventuel de la barre dans le béton. En Europe, à la haute adhérence (HA) est toujours associée une haute limite d'élasticité (HLE) obtenue soit par la nature même de l'acier, soit par un écrouissage. Selon les pays, cette limite d'élasticité varie entre 400 et 600 MPa, la valeur de 500 MPa étant la plus fréquente. En Suède, on a été jusqu'à 900 MPa (acier KAM 90).

2.342

Ais tréfilés et/ou laminés à froid

Un fil tréfilé lisse est un fil machine lisse qui a subi une réduction de section par passage à froid dans une ou plusieurs filières (voir § 2.314). En raison de la régularité parfaite de la section et de l'état de surface résultant de leur mode de fabrication, les fils tréfilés lisses ont une adhérence très faible, bien inférieure à celle des ronds laminés lisses de même diamètre. Ils n'ont donc été utilisés que sous la forme de treillis soudés où ce sont les nœuds soudés, et non l'adhérence longitudinale, qui s'opposent à tout déplacement à l'intérieur du béton (voir § 2.343). Actuellement, on ne trouve plus que des treillis soudés constitués de fils à haute adhérence. Un fil tréfilé nervuré ou à empreintes est un fil machine lisse qui a été laminé ultérieurement à froid entre galets, cette opération pouvant ou non être précédée d'un tréfilage ou d'un laminage à froid: sa surface latérale présente, par rapport à la surface moyenne: - soit des nervures en relief(fil nervuré) ..:.- soit des défoncements en creux (fil à empreintes). Les fils à haute adhérence peuvent être utilisés: - soit tels quels, - soit sous forme de treillis soudés ou de panneaux pré-assemblés.

104 Traité de béton armé

2.343

Treillis soudés ou pré-assemblés

De manière générale, on appelle « treillis» des armatures préfabriquées qui se présentent sous la forme de réseaux plans constitués de fils et/ou de barres lisses et/ou à haute adhérence, de diamètres inférieurs ou égaux à 16 mm, qui sont assemblés rigidement entre eux en mailles généralement rectangulaires. La résistance des assemblages aux points de croisement peut, ou non, être prise en compte dans les calculs, ce qui amène à différencier très nettement: - d'une part les treillis (ou panneaux) soudés, d'autre part les treillis (ou panneaux) pré-assemblés.

2.343-1

Treillis soudés

L'appellation « treillis soudé» est réservée à tout treillis dans lequel : -l'assemblage des éléments constitutifs est obtenu par soudage de chaque point de croisement, effectué par résistance, en usine, sur machines automatiques; - la résistance au cisaillement des soudures est garantie car elle est mise en jeu dans la liaison de l'armature avec le béton, du fait de l'ancrage mécanique créé par la soudure d'un élément sur un élément perpendiculaire. L'écartement entre éléments constitutifs parallèles peut être constant ou varier, d'une façon discontinue, d'un endroit du treillis à l'autre. Les éléments constitutifs dans une même direction sont de même nature (généralement à haute adhérence) et présentent les mêmes caractères mécaniques garantis. Ils sont parfois grouPés par paquets de deux ronds, fils ou barres accolés.

2.343-2

Treillis pré-assemblés

Dans ce cas, les assemblages des barres sont réalisés : - soit par des ligatures, - soit par des soudures dont la résistance au cisaillement n'est pas garantie (et qui n'intéressent pas nécessairement tous les points de croisement), l'assemblage soudé devant toutefois résister aux sollicitations et aux chocs pouvant résulter des manutentions lors du stockage, du transport, du déchargement et de la mise en place; - soit par tout autre procédé: nœud plastique, collage, etc. La résistance des assemblages des treillis pré-assemblés est trop aléatoire pour pouvoir être prise en compte dans les calculs: la liaison des armatures avec le béton n'est donc çonsidérée comme assurée que par l'adhérence propre des barres constitutives.

Chapitre 2 • Matériaux 1 05

2.35

Documents normatifs

2.351

Normes

La qualité des armatures pour béton armé est définie par des caractères géométriques, mécaniques et technologiques (adhérence, façonnage, soudage) spécifiés dans chaque norme relative à chaque type d'armature.

a) Normes françaises Les normes auxquelles renvoie le titre 1 « Armatures pour béton armé » du fascicule 4 du Cahier des Clauses Techniques Générales (CCTG) applicables aux Marchés de l'État définissent respectivement: -les ronds lisses soudables (NF A 35-015 de novembre 2007) ; -les barres et couronnes soudables à verrous de nuance FeE500 et les treillis soudés constitués de ces armatures (NF A 35-016 de novembre 2007) ; - les barres et fils machine non soudables à verrous (NF A 35-017 de décembre 2007) ; -les armatures constituées de fils soudables à empreintes (NF A 35-019 de novembre 2007). D'autres normes visent les armatures galvanisées ou en acier inoxydable ou les barres de diamètre supérieur à 40 mm, etc. La liste comporte aussi un certain nombre de normes d'essais. Toutes ces normes sont appelées à être remplacées par des normes européennes. La norme principale est la norme EN 10080.

b) Norme européenne EN 10080 (norme AFNOR EN 10080, décembre 2007) Cette norme vise les armatures pour béton armé soudables. Elle couvre aussi bien les produits laminés à chaud que les produits tréfilés et/ou laminés à froid, à haute adhérence et de limite d'élasticité comprise entre 400 et 600 MPa. Elle définit trois classes de « convenance» A, B,C , dénommées « classes de ductilité» par l'EC 2 (voir § 2.372). Les aciers sont désignés par la lettre B, suivie de la valeur de la limite d'élasticité exprimée en MPa et de la lettre correspondant à leur classe de ductilité. Ex. : B500B au lieu de FeE500.

2.352

Certification

Autrefois soumis en France à la procédure d'homologation avec contrôle par la Commission Interministérielle d'homologation et de contrôle des armatures pour béton armé, les aciers pour béton armé sont maintenant « certifiés ». La certification a pour objet d'attester de la conformité des armatures aux normes. Les règlements de certification sont définis par l'EOTC (Organisation Européenne pour les essais et la certification) dans un groupe composé de représentants des organismes nationaux de certification et de représentants des producteurs et des utilisateurs. Pour la France, il s'agit de l'Association Française de Certification des Armatures du Béton (AFCAB), qui a pris la suite de la Commission interministérielle.

106 Traité de béton armé La création juridique de l'AFCAB remonte à décembre 1990. Elle a, depuis, établi un « Règlement de la certification et du contrôle des armatures industrielles pour le béton» et un « Règlement particulier de la marque NF-AFCAB « Armatures pour béton armé ». Les certifications NF-AFCAB se substituent aux fiches d'identification antérieurement délivrées par la commission interministérielle. Depuis le 1er janvier 1993, les aciers à béton, barres, couronnes, doivent: - être conformes aux normes AFNOR en vigueur et à des spécifications complémentaires indiquées au règlement particulier de l' AFCAB ; provenir d'une fabrication dont la qualité est contrôlée suivant les dispositions prévues par ce règlement; - avoir une origine identifiable.

2.353

Identification

L'identification de l'acier exige de connaitre : -le(s) producteur(s) et le nom du produit, - la nuance de l'acier, -le type de l'acier (mode d'obtention des caractères mécaniques) (famille), - les marques spécifiques de laminage, - les caractères géométriques avec leurs tolérances, -les caractères d'adhérence, - les aptitudes au façonnage et au soudage. L'identification d'un Producteur de barres HA se fait par un système de verrous normaux entre des verrous renforcés (figure 2.31). Pour les fils HA un système de points peut se substituer aux verrous renforcés. L'identification du pays d'origine est obtenue par le nombre n de verrous normaux entre verrous renforcés (ou entre points) avec:

n=1 n= 2 n= 3 n= 4 n =5

pour l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse; pour la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg; pour la France ; pour l'Italie; pour le Royaume-Uni, l'Irlande et l'Islande, etc.

Chapitre 2 • Matériaux 107 --+- Sens de lecture

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Début du

Pays n° 3

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Usine n° 15

«message»

Figure 2.31. Exemple de marquage d'identification d'un Producteur de barres HA

La disposition des verrous sur les deux chants d'une barre et leur inclinaison sur l'axe de celle-ci permettent de reconnaître par simple inspection visuelle la nuance et la classe de ductilité de l'acier (et, éventuellement, son aptitude au soudage - figure 2.41, § 2.383-2). Ces marques sont obtenues au laminage ou, pour les fils tréfilés, lors de leur crantage. Elles se répètent à chaque tour du cylindre de laminoir ou du galet de crantage.

2.36

Caractères géométriques

2.361

Barres et fils

Les caractères géométriques font l'objet de valeurs nominales affectées de tolérances qui définissent des bornes inférieure et/ou supérieure dont le respect est garanti par le Producteur. Les caractères géométriques comportent toujours la section nominale. Pour les armatures à haute adhérence (voir ci-après) ils comportent en outre des paramètres, définissant la forme de la section transversale, spécifiés dans les normes.

2.361-1

Caractères nominaux

Le diamètre nominal d'une barre (lisse ou HA) ou d'un fil (lisse ou HA) est le diamètre théorique à prendre en compte dans les calculs de résistance. Il est désigné par le symbole 0 (0 barré, mais prononcer« phi »). C'est ce diamètre qui doit être spécifié sur les plans et à la commande. Le diamètre nominal est défini comme le diamètre d'un cylindre de révolution du même métal, ayant la même masse linéique. Au diamètre nominal correspondent: . - une section nominale: aire du cercle ayant pour diamètre le diamètre nominal, - un périmètre nominal : longueur de la circonférence ayant pour diamètre le diamètre nominal. Pour les différents types de produits, la gamme des diamètres nominaux (en mm) et les caractères qui y sont associés sont donnés dans les tableaux 2.6, 2.7, 2.8 et 2.9.

108 Traité de béton armé Tableau 2.6. Gamme des diamètres nominaux en France (mm) Diamètres nominaux

5

4,5

Ronds lisses et barres HA

5,5

6 7

8





10

9

12

14

• •

Fils HA (1)



Treillis soudés

• • • • • • • •

20

16

• •

25

32

• •

40

50

• •



• * • * • •

(1) Diamètres 7 et 9 pour armatures préfabriquées seulement.

Tableau 2.7. Gamme des diamètres nominaux de la norme EN 10080 (mm) Barres Barres B 500 A et couronnes Barres B 500 B

10

12

14

16

• • • • • •

• •

• •



6

8



20

25

28

32

40











Tableau 2.8 Treillis-soudés

5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 9 9,5 10 10,5 11 11,5 12 14 16

• • • • • • • • • • • • • • • •

B500A B500B



• •



• • • • • •

Tableau 2.9. Diamètres, sections, périmètres nominaux, masses linéiques des produits sidérurgiques utUisés en béton armé Diamètre nominal 0 (cm)

Section nominale (cm2)

Périmètre nominal (cm)

Masse linéique (kg/m)

4,5

0,159

1,414

0,125

5

0,196

1,571

0,154

5,5

0,238

1,728

0,187

6

0,283

1,885

0,222

6,5

0,332

2,042

0,261

7

0,385

2,199

0,302

7,5

0,442

2,356

0,347

Chapitre 2 • Matértaux 109 Diamètre nominal 0 (cm)

Section nominale (cm2 )

Périmètre nominal (cm)

Masse Iinéique (kg/m)

8

0,503

2,513

0,395

8,5

0,567

2,670

0,445

9

0,636

2,827

0,499

9,5

0,709

2,984

0,556

10

0,785

3,142

0,616

10,5

0,866

3,299

0,680

11

0,950

3,455

0,746

11,5

1,039

3,613

0,815

12

1,131

3,770

0,888

14

1,539

4,398

1,208

16

2,011

5,027

1,579

20

3,142

6,283

2,466

25

4,909

7,854

3,854

28

6,158

8,796

4,834

32

8,042

10,053

6,313

40

12,566

12,566

9,864

2.361-2

Forme de la surface latérale des barres et fils HA

La surface latérale des barres HA et des fils HA est pourvue de nervures ou « verrous» destinés à s'opposer au glissement de l'armature dans sa gaine de béton. Les nervures transversales et les nervures continues hélicoïdales remplissent une fonction semblable pour les barres et les fils machine. li en est de même des nervures transversales pour les fils nervurés ou à empreintes.

. a) Nervures transversales 011 « verrous» Les nervures transversales sont discontinues, de hauteur variable (en forme de croissant), et inclinées sur l'axe longitudinal de la barre ou du fil (figures 2.32 et 2.33). Elles ne sont normalement pas en contact avec les nervures continues éventuelles. Elles peuvent s'enrouler hélicoïdalement ou être disposées «en arête de poisson », cas de la figure 2.32).

11 0 Traité de béton armé Nervure transversale (verrou)

Nervure continue parallèle

à l'axe de la barre

Figure 2.32

~~I$

. .c.t:..~/.2~;....,N . . . . . . . •.• • • •.• • • •.•.• •'•.•.•.•.• .•./ ..• .

.

\..'

.... y ...



Figure 2.33

b) Nervures continues Les nervures continues sont des saillies prismatiques: - parallèles à l'axe de la barre ou du fil, lorsque l'acier est simplement laminé à chaud (nervure.s longitudinales, figure 2.32) : elles contribuent à éviter le « dévissage» de la barre ou du fil dans le béton lorsque toutes les nervures transversales sont orientées dans le même sens; - hélicoïdales, lorsque la barre est écrouie par torsion (figure 2.34)1 .

Nervure continue hélicoïdale

Nervure transversale (verrou)

Figure 2.34

Ce procédé de fabrication, maintenant abandonné, était celui de l'acier Tor (marque déposée) longtemps le plus vendu du marché. Il ne faut pas, comme le font encore certains bureaux d'études et certains chantiers, appeler « Tor» n'importe quel type de barre HA.

Chapitre 2 • Matériaux 111 c) Empreintes

Cette disposition ne se rencontre que pour les fils. Ceux-ci présentent des défoncements en creux par rapport à leur surface latérale extérieure (figure 2.35).

Figure 2.35

2.361-3

Caractères normalisés des barres HA ou fils HA

Les normes NF A 35-016 et NF A 35-019 définissent les différents critères géométriques de forme relatifs : - aux verrous: hauteur minimale, écartement moyen ou maximal, longueur et inclinaison sur l'axe de la barre ou du fil (ainsi que le pas de torsadage et la hauteur minimale des nervures dans le cas des barres torsadées) ; - aux nervures continues éventuelles (hauteur minimale, pas) ; - aux empreintes: profondeur minimale, écartement maximal, inclinaison minimale sur l'axe longitudinal du fil, ainsi que la largeur minimale du relief entre deux empreintes successives d'une même série et longueur minimale de celles-ci.

2.362 . Treillis soudés Les caractères géométriques, qui concernent les dimensions des mailles avec des tolérances diverses sur les distances entre éléments constitutifs, sur la longueur de ceux-ci, l'équerrage des mailles, etc., sont donnés dans les normes NF A 35-016 et A 35-019. Les valeurs nominales des dimensions des mailles, mesurées par les espacements entre axes des éléments constitutifs parallèles, et exprimées en mm, appartiennent normalement à la série suivante: 75 100 125 150 200 250 300 La valeur de 75 mm entre éléments constitutifs parallèles ne se rencontre que dans le cas où le diamètre nominal de ces éléments est au plus égal à 12 mm.

·2.37

Caractères mécaniques

Les caractères mécaniques auxquels les normes font référence sont: -la limite d'élasticité en traction (apparente dans le cas des aciers naturels, conventionnelle dans le cas des aciers écrouis) ; -la contrainte de rupture par traction; -l'allongement sous charge maximale;

112 Traité de béton armé -l'allongement de rupture par traction (base de la mesure: 5 0). a) La limite d'élasticité et la contrainte de rupture par traction sont conventionnellement rapportées à la section nominale d'une barre et non à sa section réelle. Pour les treillis soudés, ces caractères (et l'allongement de rupture) sont mesurés sur des constituants comportant, en leur milieu, un élément transversal soudé. Les modes opératoires sont ceux décrits dans les normes particulières relatives aux éléments constitutifs. b) Allongement sous charge maximale:

Certaines méthodes de calcul font systématiquement appel à l'adaptation plastique des matériaux. De même, dans le cas de structures soumises à des sollicitations accidentelles telles que séismes, chocs, etc., ou exposées à des situations accidentelles, telles qu'un incendie, il peut se produire, localement, des redistributions d'efforts: la sécurité de la structure dépend alors de la capacité de déformation que présentent les matériaux dans leur domaine plastique. Pour l'acier, cette capacité de déformation est caractérisée par l'allongement total pour cent sous charge maximale dont la détermination est définie par la norme NF EN ISO 15630-1. Cet allongement est l'allongement maximal pris par une éprouvette au cours d'un essai de traction avant que n'apparaisse l'amorce d'un phénomène de striction en une section quelconque de celle-ci. La norme retient comme principe de «mesurer, sur le fragment le plus long d'une éprouvette ayant été soumise à un essai de traction, l'allongement non proportionnel sous charge maximale, à partir duquel est calculé l'allongement total pour cent sous charge maximale» (ce dernier est noté AgI)' En adoptant les notations de cette norme, l'allongement total sous charge maximale, exprimé en %, est constitué par la somme (figure 2.36) : - de l'allongement pour cent non proportionnel (allongement plastique rémanent) Ag déterminé comme indiqué ci-après; - d'un allongement élastique égal à 100 R", (retour élastique, Rm: contrainte correspon-

Es

dant à la charge maximale). On a donc, en exprimant Rm en MPa et, compte tenu de ce que Es = 2.105 MPa,

R A =A +-"'gr g 2000

[2.22]

Chapitre 2 • Matériaux 113 Contrainte (MPa)

IRm

.------------~~--~--­ 1

1 1

--

....

...... , ..

Zone de striction

1 1 1

1 1

1 1 1 1

1 1

1 1

°1:::=====-Ag....;:;-'-Ag-=--t------~...~·+-i-==,.+oi.:--10-~-:-m------->",.

Allongement (%)

Figure 2.36 La méthode de détermination de l'allongement total sous charge maximale consiste à mesurer l'accroissement de longueur entre des repères délimitant une zone concernée ni par la striction, ni par l'effet des mors de la machine de traction. Conventionnellement, la base de mesure doit être située à une distance au moins égale à 5 0 de la striction et à 2,50 de l'extrémité des mors (figure 2.37) : Limite de la mâchoire Strictipn -JI>-

Çl~tii~z··,ü.·•• illl.·OO••·.·.·.w·.·.·.·.·ü··IiiiJ·.·.·.·.w.·.·.·.w.·.·.·••iiiJ·••

iiiil~.·iiiJ·.·•• ·.w·Iw,····iiiJ·.·•••·.·ü••···•••·w·····'w·····w.·•••·lli$·I~•. • ·w·••·w······@····w·:··OO··:·ii$·'··w···:w·.·w·····m

·.·q.·.·•.·f@···i4]@.··· ••·••

50

1.

B.~d.~~~

.1

2,50

Figure 2.37 La valeur initiale 10 de la longueur entre repères, fonction de la valeur escomptée pour Ag, est normalement prise égale à : - 100 mm pour les barres (A gt > 5) ; - 50 mm pour les fils (2 ~ Agt ~ 5). Deux séries de marques équidistantes sont faites sur l'éprouvette, ces deux séries étant décalées d'environ loi 2. La longueur minimale de la base de mesure est au moins égale . à 10' Pour les aciers nervurés, les marquages se font en fonction du pas des verrous.

La longueur ultime entre repères étant lu, on a Ag

= III - /0 .100 10

d'où l'on déduitAgt par

la formule [2.22]. Une autre méthode, couramment employée au Bénélux, consiste à déterminer l'allongement sous charge maximale à partir des allongements de rupture mesurés respectivement sur des bases de 10 0 et de 5 0 (figure 2.38) ce qui revient à considérer les

114 Traité de béton armé allongements hors striction (/uhs) 1 et (/uhs)2 de part et d'autre de la section de rupture. De cette manière l'allongement uniforme caractérise la ductilité de l'acier dans sa zone a priori la moins résistante. Cette deuxième méthode nécessite un tracé fin et précis des repères ; on a : - avant striction: AA'= 100 BB'= 50

AB + A' B'= 5 0

10 0 (1 + AIO ) - 5 0 (1 + As ) 100 100

ou

=5 0

(1 + Agi + Ag2 100

J

1

d'où

Figure 2.38.

Les essais comparatifs qui ont été effectués montrent que cette méthode donne des valeurs de. résultats d'essais plus élevées, donc plus favorables, que la première.

2.371

Prescriptions des normes NF et des Règles BAEL

a) Limite d'élasticité garantie Dans les calculs, l'acier est défini par la valeur garantie, notée le, de sa limite d'élasticité. Cette valeur correspond sensiblement à une valeur caractéristique requise d'ordre p = 0,025 (voir § 2.213-1, 1°).

1.

A

A

100

100

~ et ~ représentent respectivement les allongements unitaires des tronçons AB et NB'. De façon générale,

1+ I.l/ =1( 1+

~/) .

Chapitre 2 • Matériaux 115 Pour les aciers certifiés, un contrôle extérieur effectué en usine (VCU) vient se superposer au contrôle du producteur et vérifier la fiabilité de ce dernier contrôle. Ceci pennet de donner une définition statistique précise de la notion de garantie (c'est-à-dire de la frange limitée de la production qui peut tomber hors des limites spécifiées). Les désignations conventionnelles, les nuances et les limites d'élasticité correspondantes des produits actuellement sur le marché sont (Fe pour acier ou « fer », E pour élasticité, TS pour treillis soudé) : - ronds lisses FeE 215,1e = 215 MPa : emploi très courant autrefois; - ronds lisses FeE 235, le = 235 MPa: utilisés uniquement et obligatoirement pour constituer les épingles de levage des éléments préfabriqués; - barres et fils tréfilés ou laminés HA FeE 500, le = 500 MPa, emploi généralisé sous forme de barres droites ou de treillis soudés ; - treillis soudés HA (TSHA) fonnés de fils HA FeE 500,1e = 500 MPa, emploi courant. b) Diagramme contraintes-déformations (BAEL, art. A-2.2,2)

Pour les calculs sous sollicitations normales (voir chap. 6 à Il), on substitue aux diagrammes expérimentaux le diagramme idéalisé suivant qui se compose conventionnellement: - de la droite de Hooke, de pente Es = 200 000 MPa, indépendante de la nuance de l'acier, - d'un palier horizontal d'ordonnéele. Remarque:

II est toutefois loisible d'utiliser une forme de courbe se rapprochant du diagramme réel de l'acier employé, à condition de se référer à la valeur garantie de la limite d'élasticité le et de contrôler la contrainte prise en compte pour l'allongement de 10 %0. c) Valeur garantie de l'allongement sous charge maximale (BA EL, art. A.2.2.2) Cette valeur est de : - 5 % pour les barres HA ; - 2 % pour les treillis soudés.

116 Traité de béton armé

Pente Es ------------~--~~--~--------------------~€s

Figure 2.39

Remarque: Il convient de noter que les Règles BAEL ne se réfèrent plus nulle part ensuite à des conditions de ductilité minimale pour les aciers.

2.372

Prescriptions de l'EC2

Le tableau Cl de l'annexe C dont le tableau 2.10 est extrait donne les valeurs caractéristiques de la limite d'élasticité en traction (apparente ou conventionnelle à 0,2 % d'allongement rémanent) /yk et de l'allongement sous charge maximale 8uk (voir figure 2.40). La limite d'élasticité en compression est prise aussi égale à/yk. Les valeurs de/yksont rapportées à la section nominale.

a) Classes de ductilité La ductilité d'un acier de béton armé est caractérisée par les valeurs nominales de: - &uk(figure 2.40) ; - la valeur caractéristique du rapport (fr //y). L'EC2, suivant en cela la norme EN 10080, définit trois classes de ductilité: - classe A:

ductilité normale (treillis formés de fils tréfilés ou laminés à froid),

. - classe B:

haute ductilité (barres laminées à chaud et treillis formés de fils laminés à chaud),

- classe C:

très haute ductilité (aciers réservés à des usages spéciaux; constructions parasismiques).

Cette différence de comportement du point de vue de la ductilité est prise en compte dans l'analyse structurale (voir § 3.524). Les confusions entre barres de nuances ou de classes de ductilité différentes sont évitées grâce à un marquage spécifique.

Chapitre 2 • Matériaux 117 Tableau 2.10 Barres et fils redressés

Forme du produit

Exigence ou valeur du fractile

Treillis soudés

( %) Classe

A

B

Limite caractéristique d'élasticité.t;,k ou fo.2k (MPa) Valeur minimale de

k=(j;/fyt Valeur caractéristique de la déformation relative sous charge maximale, Euk ( %)

A

C

B

C

5,0

400 à 600 (1)

;::: 1,05

;::: 1,08

;::: 2,5

;::: 5,0

;::: 1,15

< 1,35

;::: 7,5

;::: 1,05

;::: 1,08

;::: 2,5

;::: 5,0

;::: 1,15

< 1,35

;::: 7,5

10,0

10,0

(1) Pour l'Annexe nationale, la valeur maximale de /yk à utiliser est généralement de 500 MPa. Les normes NF A 35-016 et A 35-017 de novembre et décembre 2007 ont adopté les nuances B500A, B500B, B540B et B540C.

b) Diagramme contraintes-déformations (art. 3.24 et 3.27 de L'EC2) Pour l'analyse globale, les vérifications locales ou le calcul des sections, il est permis de substituer aux diagrammes expérimentaux de la figure 2.40 des diagrammes idéalisés (Es = 200 GPa) choisis de manière à donner des approximations dans le sens de la sécurité. L'EC2 propose d'adopter (voir figures 5.3 et 7.58) : 1. soit un diagramme à branche supérieure horizontale (comme dans les Règles BAEL) sans limite pour la déformation de l'acier; 2. soit un diagramme à branche supérieure inclinée, mais avec une déformation de l'acier limitée à Eud = 0,9.Euk'

Remarque: La norme EN 10080 introduit également un critère de résistance à la fatigue (EC2, art. 3.2.5 et tableau C2N). Jusqu'à présent, ce caractère n'était pas pris en considération en France pour les armatures de béton armé.

118 Traité de béton armé cr

cr

ft = kfyk

- - - - - - -- - - - -:..:;;-... - _ - , -_ _

ft = kfO,2k fO,2k

fyk - - -

o ~1~f--___EU_k_ _ _Jol.1

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

"1±=

0.2 % Euk

.1

Figure 2.40. Types de diagrammes contraintes-déformations pour les aciers de béton armé

2.38

Caractères technologiques

Les caractères technologiques sont: -l'absence de défauts préjudiciables à l'emploi, - l'aptitude au façonnage, définie par référence à des essais de pliage et de pliage suivi de dépliage, et garantie par le Producteur, -l'aptitude d'une barre à assurer les liaisons mécaniques entre elle et le béton qui l'entoure (caractères d'adhérence), - l'aptitude au soudage. Pour les treillis soudés, vient s'ajouter à ces caractères une résistance minimale au cisaillement des assemblages soudés, garantie par le Producteur.

2.381

Aptitude au façonnage

II faut distinguer les conditions de laboratoire et les conditions de chantier.

2.381-1

Conditions de laboratoire

. En laboratoire, l'aptitude au façonnage s'apprécie par des essais de pliage ou de pliage suivi de dépliage. Ce dernier, qui constitue un test de «non-fragilité» peut servir à déterminer le diamètre du plus petit mandrin qui donne un essai bon pour une barre donnée. On appelle ce mandrin: «mandrin critique ». Le diamètre de mandrin garanti doit évidemment être supérieur à celui du mandrin critique.

Les angles de pliage et de dépliage choisis (50 et 30 grades) sont conventionnels. Après pliage et avant dépliage, l'acier est« vieilli» par immersion durant plusieurs minutes (- 30 rnn) dans

Chapitre 2 • Matériaux 119 l'eau bouillante. Le choix de la température de vieillissement est purement conventionnel. Il est donc difficile de considérer le résultat de l'essai comme une mesure certaine de l'aptitude au façonnage. Ce résultat permet cependant de signaler les aciers dont le vieillissement après déformation augmente sensiblement la raideur et sans doute la fragilité.

2.381-2

Conditions de chantier

Des aciers satisfaisant aux conditions de pliage indiquées dans les spécifications (plus ou moins basées sur les diamètres minimaux garantis des mandrins de pliage) ont autrefois donné lieu à des ruptures au façonnage sur le chantier. La raison tenait à ce que trop souvent, aussi bien sur les chantiers que dans les ateliers, le façonnage des armatures à haute adhérence de nuance FeE 400 ou FeE 500, était conduit de la même manière que celui des ronds lisses en acier doux (FeE 215). Par ailleurs, le producteur d'acier ne peut prévoir les traitements malencontreux auxquels les barres sont exposées sur le chantier. Parmi les mauvais traitements qui ont le plus attiré l'attention, on a noté le pliage par temps froid l, le dépliage intempestif de barres au cours du façonnage et l'emploi de cintreuses mal adaptées à leur fonction. Le façonnage à la machine est maintenant toujours conseillé. Il est plus progressif que le façonnage à la main pour les barres de diamètre supérieur 14 mm. Les plieuses sont du type « à mandrin» ou du type « à trois galets ». Dans les premières, la barre est engagée sur le mandrin et pliée sur celui-ci sous l'action d'un effort exercé par un taquet agissant suivant un cercle concentrique au mandrin. Si la distance du taquet au mandrin n'est pas judicieusement déterminée, la régularité de courbure en souffre et les nervures s'écrasent facilement sous le taquet (et sur le mandrin également si l'on n'a pas pris la précaution d'augmenter la surface d'appui en prévoyant un mandrin à gorge); il arrive aussi que certaines machines n'aient pas de mandrins de rechange ou que le personnel d'exécution néglige de changer de mandrin lorsque le diamètre des barres varie; enfin on ne trouve généralement pas dans le commerce de mandrin de diamètre suffisant pour les très grosses barres (ou bien c'est le chantier qui n'en dispose pas). Les cintreuses à trois galets, dans lesquelles la courbure est obtenue par pression du galet central, ont le grave inconvénient de nécessiter plusieurs passes, de donner des pliures avec des courbures non continues et de provoquer des détériorations des nervures, Le résultat satisfaisant à l'oeil est obtenu par pliages successifs et parfois par des dépliages susceptibles de provoquer des amorces de rupture. Pour éviter des incidents graves et obtenir sur les chantiers courants des pliages corrects, les recommandations d'emploi conseillent d'adopter des diamètres de pliage nettement supérieurs aux valeurs minimales garanties. 'Une distinction doit être faite entre le cas des armatures «transversales» (étriers ou cadres) pour lesquelles certaines déficiences ne sont pas trop graves, celui des ancrages aux extrémités des barres, et celui des coudes (barres relevées à 45°, armatures principa-

1. Des essais effectués par le Centre de recherches métallurgiques du Bénélux ont montré que moyennant certaines précautions, le pliage d'aciers trempés auto-revenus (Tempcore) était possible sans aléas, même pour des températures nettement inférieures à 0 oc.

120 Traité de béton anné les de poutres ou de consoles parallèles à un parement présentant un changement de direction) où les risques de dépliage au façonnage sont les plus grands. En effet d'une part, plus le diamètre augmente, plus le façonnage devient difficile, d'autre part, si dans les ancrages il n'y a pas normalement nécessité de revenir sur un façonnage initial de la barre, avec les barres coudées, la correction nécessaire ne peut parfois être obtenue que par un dépliage intempestif. Ce dépliage comportant de gros risques, le cintrage des barres doit toujours être conduit de telle façon que la correction éventuelle du coude soit réalisée par une accentuation du pliage et non par dépliage. Un problème qui se rattache à celui-ci est celui des épingles de levage pour la manutention des éléments préfabriqués, pour la confection desquelles il convient de n'utiliser exclusivement que des ronds lisses de nuance Fe E 235', en raison des contraintes et déformations auxquelles ces épingles sont exposées. En effet, pour la nuance Fe E 235, des fourchettes d'élaboration plus serrées au niveau de l'analyse chimique permettent de garantir des performances plus élevées en ce qui concerne l'aptitude au façonnage (pliage, pliage suivi de dépliage) et l'aptitude au soudage, que pour la nuance Fe E 215 qui est celle parfois encore utilisée en ronds lisses, mais qui est aussi celle pour laquelle les tolérances à la production sont les plus larges. Des dépôts régionaux d'acier Fe E 235 existent chez un nombre limité de « marchands de fers» (pour la liste des dépôts, voir le fascicule OTUA « Aciers pour béton armé »).

2.382

Caractères d'adhérence

L'adhérence d'une barre au béton qui l'enrobe constitue l'un des phénomènes les plus complexes des constructions en béton armé. Elle a fait l'objet de nombreuses théories parmi lesquelles il est encore difficile de dégager une position qui ne soit pas susceptible d'être controversée. Il est en effet difficile de représenter cette notion par des modèles fiables. Les divers essais que l'on peut faire pour contrôler les qualités d'adhérence d'une barre ou d'un fil, ainsi que les prescriptions réglementaires concernant l'adhérence sont étudiés en détail au chapitre 4.

2.382-1

Barres ou fils

a) Surface relative des verrous Conventionnellement, la norme EN 10080 caractérise l'adhérence par un coefficient appelé « surface relative des verrous» dont la définition, due au Professeur Rehm en Allemagne, est purement géométrique: il s'agit en effet de la surface des verrous transversaux projetée sur la section droite de la barre et rapportée au produit de la circonférence nominale par la distance moyenne entre ces verrous.

1 Ne jamais

utiliser pour ces épingles des barres HA quelle que soit leur nuance.

Chapitre 2 • Matériaux 121 Selon l'EN 10080, pour les barres n'ayant pas subi un traitement d'écrouissage par torsion, cette surface relative IR peut être déterminée au moyen de la relation (notations de l'EN 10080) : .. _ kFR sin~ 1t d c

JR -

où: k

nombre de files de verrous obliques ou transversales,

FR

aire de la section longitudinale d'une nervure selon son axe (F = Flache = aire),

~

angle formé par les verrous transversaux avec l'axe de la barre,

d

diamètre nominal de la barre,

c

distance entre les sections droites passant par les points homologues de deux verrous transversaux consécutifs de la même file.

Concernant cette surface relative, les conditions pour que les barres puissent être considérées comme à haute adhérence sont:

IR ~ 0,035

pour 5 :::; 0:::; 6 mm ;

IR ~ 0,040

pour 6,5:::; 0:::; 12 mm;

IR ~ 0,056

pour 0 > 12 mm.

Cette not,ion de surface relative et les critères qui y sont associés ont amené les Allemands à pousser à un très haut degré le contrôle des formes géométriques, qui exige pour une seule éprouvette la mesure dix fois répétée de 5 ou 6 paramètres. Ceci est réellement excessif car les dispersions observées sur les différents paramètres sont tout à fait négligeables devant les dispersions des mesures d'adhérence elles-mêmes. Bien que figurant dans l'EN 10080, cette notion de surface relative des nervures demeure discutable. Il a existé des aciers dont l'adhérence était expérimentalement correcte bien que leur surface relative ne satisfasse pas aux exigences indiquées ci-avant. b) Coefficient de fissuration et coefficient de scellement

L'aptitude d'une barre à rester solidaire de la gaine de béton qui l'enrobe en dépit des forces qui tendent à la faire glisser suivant son axe est définie en France par deux coefficients sans dimensions: - l'un Tt, appelé coefficient de fissuration, qui est pris en compte dans les calculs relatifs à la fissuration, -l'autre 'l's, appelé coefficient de scellement, qui intervient dans le calcul des ancrages. Les caractères géométriques liés à l'adhérence (hauteur, écartement, longueur, inclinaison des nervures ou des empreintes) sont ceux définis pour différents profils-types dans les normes NF A 35-016 ou NF A 35-019. Après avoir longtemps estimé en France que les caractères d'adhérence ne pouvaient être fixés qu'après essais (voir § 4.23) on

122 Traité de béton armé considère maintenant que sont réputés « à haute adhérence» les barres ou fils qui respectent les critères géométriques (assortis de tolérances) fixés par les normes précitées. Lorsqu'il en est ainsi les coefficients d'adhérence sont pris alors égaux: - en ce qui concerne le coefficient de fissuration à : 11 = 1

par définition, pour les ronds lisses bruts de laminage

11 = 1,6

pour les barres HA courantes quel que soit 0 et pour les fils HA 0 2: 6 mm

11 = 1,3

pour les fils HA 0 < 6 mm

- en ce qui concerne le coefficient de scellement, à : 'Ils

=1

'Ils = 1,5

par définition, pour les ronds lisses bruts de laminage qu'il s'agisse de barres HA ou de fils HA et quel que soit le diamètre.

Esquisse de la signification physique de ces deux coefficients Pour l'origine expérimentale des valeurs numériques de 11 et 'Ils indiquées ci-avant, se reporter à § 4.231-2 et § 4.232.

1°) Coefficient de fissuration 1/ Considérons deux prismes en béton à section carrée, de longueur au moins égale à 10 fois le côté du carré et traversés chacun suivant leur axe par une barre lisse de nuance douce dans un cas, à haute adhérence et à haute limite d'élasticité dans l'autre, de même diamètte. Soumettons les deux barres à un même effort de traction (assez élevé, mais nettement inférieur à la limite d'élasticité la plus faible). Soit nL et nHA le nombre total de fissures transversales qui sont apparues dans le béton qui enrobe les barres. On constate que grossièrement (car les choses ne sont pas aussi simples, voir figure 4.10):

Or un nombre élevé de fissures entraîne, à contrainte égale de l'acier, une réduction de leur ouverture moyenne W m • Par exemple, si W m = 0,16 mm pour la barre lisse, on constate que W m ~ 0,1 mm pour la . barre HA. Donc, à contrainte égale, la fissuration étant plus fine, le risque de corrosion est moindre avec une barre HA qu'avec une barre lisse. Si l'on accepte maintenant la même ouverture moyenne dans les deux cas, on pourra tolérer en principe pour les barres HA des contraintes 1,6 fois (ou si l'on préfère « 11 fois») plus élevées que pour les ronds lisses. Là réside le succès rencontré par les barres à haute adhérence: la haute limite d'élasticité autorise en service des contraintes plus élevées que pour les aciers doux et

Chapitre 2 • Matériaux 123 donc une économie sur la section d'acier, sans que cet avantage ne soit acquis au détriment d'une fissuration excessive. C'est bien en effet grâce aux reliefs en saillie sur leur surface latérale que les barres HA ne peuvent pas glisser dans le béton aussi facilement que des ronds lisses et que la fissuration peut se distribuer tout au long de la pièce.

2°) Coefficient de scellement 'fis Cherchons maintenant à extraire de deux blocs de béton (essai de «pull-out », voir § 4.231-1), deux barres droites, l'une lisse, l'autre à haute adhérence, de même diamètre et enrobées sur la même longueur. Soit F L et F HA les forces de traction nécessaires pour extraire respectivement la barre lisse (Fd et la barre à haute adhérence (FHA ). Grossièrement (car les choses ne sont pas aussi simples, voir § 4.231) il faut exercer une force plus grande pour extraire la barre à haute adhérence que pour extraire la barre lisse, ces forces étant telles que:

Si

\jf; =(1,5)2 = 2,25, cela signifie que l'on peut:

- soit « ancrer» la même force sur une longueur 2,25 fois plus courte pour une barre HA que pour une barre lisse de même diamètre (mais ce n'est pas ainsi que se pose généralement le problème) ; - soit, pour une même « longueur d'ancrage» autoriser une force 2,25 fois plus élevée dans la barre HA que dans la barre lisse (c'est par exemple le cas d'une barre HA Fe E 500 et d'un rond lisse Fe E 215, 500/215::::: 2,25, pour lesquels on aboutit à la même longueur d'ancrage, voir formule [4.6] et tableau 4.5).

Remarque: Dans le cas exceptionnel de barres ou de fils qui ne respecteraient pas les critères géométriques définis par les normes, il conviendrait de procéder à des essais d'adhérence (voir § 4.23), de manière à justifier expérimentalement que les caractères d'adhérence de ces barres ou fils sont bien au moins égaux à 11 = 1,6 (ou 1,3) et 'l's = 1,5 respectivement.

2.382-2 Treillis soudés Les Règles BAEL 91 indiquent que: - pour les treillis soudés constitués par des fils tréfilés lisses, le coefficient de fissuration 11 doit être pris égal à 1, mais de tels treillis ne sont pratiquement plus utilisés. - pour les treillis soudés formés de constituants autres que les fils lisses, le coefficient 1) doit être pris égal au coefficient de fissuration des éléments constitutifs.

124 Traité de béton armé En ce qui concerne le coefficient de scellement 'Vs : -lorsque les règlements prévoient que l'ancrage des éléments constitutifs est assuré uniquement par les soudures (ce qui était le cas des treillis soudés formés de fils lisses), il n'y a pas lieu de fixer une valeur à ce coefficient l, - dans le cas contraire (TSHA), la valeur de ce coefficient est prise égale à celle du coefficient des éléments constitutifs.

2.383

Aptitude au soudage

On appelle soudage l'opération de micro-métallurgie consistant à exécuter la fusion d'une zone de métal, avec ou sans métal d'apport, liant intimement les deux bords de deux pièces à assembler. Le résultat de l'opération de soudage est appelé soudure.

2.383-1

Principes généraux

Le soudage des armatures concerne à la fois divers types d'assemblage et différents procédés. Au niveau de l'assemblage unitaire de deux barres, les conditions définies par la norme visent: - le soudage en croix effectué par résistance, -le soudage bout à bout ou par recouvrement effectué avec électrode enrobée (manuel à l'arc, ou semi-automatique sous gaz protecteur). Le soudage par résistance n'est normalement admis qu'en atelier c'est-à-dire dans un local abrité des intempéries, disposant du personnel qualifié et du matériel nécessaire pour la réalisation de soudures correctes. Pour cette raison, le soudage en croix (0:S 20 mm) est un mode de soudage fréquent dans les ateliers de préfabrication d'armatures, où il est utilisé pour réaliser des éléments bi- ou tridimensionnels (treillis soudés ou pré-assemblés, ou cages d'armatures). En revanche, les soudages bout à bout (0 2: 20 mm) ou par recouvrement (0 < 20 mm), qui n'exigent pas nécessairement un site totalement abrité des intempéries, constituent deux modes de soudage qui peuvent être utilisés sur le chantier, même si ce n'est pas très courant. On les emploie surtout dans des cas particuliers pour assurer ou rétablir la continuité mécanique des armatures (exemples: cas où les longueurs commerciales sont trop courtes, manque de place en chantier urbain, reprise de barres en attente, réparation d'une erreur de conception ou d'exécution, ouvrages très particuliers: galeries, cais. sons, grands ouvrages d'art). On peut souder de cette manière soit deux barres individuelles isolées, soit des armatures préalablement soudées en croix lorsque la longueur des éléments doit être limitée pour des raisons d'encombrement lors de leur transport ou de leur mise en place.

1. Dans un treillis soudé, chaque soudure doit être capable de résister à un effort de cisaillement au moins égal à 30 % du produit de la limite d'élasticité garantie par la section nominale du fil ancré.

Chapitre 2 • Matériaux 125 Les chantiers de centrales nucléaires ont provoqué le développement des techniques de «raboutage », car les densités de ferraillage de certaines parties d'ouvrages sont si importantes (de l'ordre de 700 à 1000 kg d'acier par m3 au lieu de 80 à 150 kg/m 3 couramment), qu'elles rendent impossibles les jonctions par recouvrement traditionnelles (voir § 4.6). À titre d'exemple, pour la centrale de Creys-Malville, les CPS de l'appel d'offre prévoyaient l'exécution de plus de 10 000 soudures bout-à-bout ou par recouvrement.

2.383-2

Conditions auxquelles sont soumis les aciers dits cc soudables »

En principe, quelle que soit sa composition chimique, n'importe quel acier pourrait être soudé à condition d'y mettre le temps, les moyens et le prix. L'aptitude au soudage des aciers pour béton armé ne concerne donc en fait que l'aspect pratique et économique de cette opération. L'idée de base est que le soudage des aciers à béton doit pouvoir être effectué au moyen de procédures applicables de manière simple sur chantier et ne nécessitant pas un soudeur hautement qualifié. La qualité des opérations de soudage est en effet fonction de deux types de paramètres: - ceux inhérents à l'acier; - ceux inhérents au matériel de soudage et au niveau de qualification de l'opérateur. Dans la pratique courante en France: - tous les aciers conformes aux normes NF A 35-015 et A 35-016 sont aptes au soudage par étincelage -les ronds lisses Fe E 235 sont aptes au soudage à l'arc et en croix par résistance, de même, généralement, que les barres HA obtenues par traitement thermique, ou par écrouissage à froid, d'un acier doux. Pour qu'un acier à béton ait droit à la mention « soudable» au sens précédemment donné à ce terme, l'analyse de sa composition chimique, faite sur le produit livré, doit respecter simultanément les conditions: C::; 0,25 %

C eq

=C + Mn :::; 0,48% 6

(carbone« équivalent»)

Cette aptitude est en outre contrôlée par des essais de cisaillement, de traction, de pliage .sur joint soudé pour le soudage par résistance, de traction et de pliage sur joint soudé pour le soudage à l'électrode. Pour les barres HA, une simple inspection visuelle permet de distinguer une barre soudable d'une barre non soudable: en effet, l'espacement des «verrous» transversaux n'est pas le même sur chacun des deux chants de la barre (figure 2.41). Seul l'acier Tor, acier souda.ble, créé antérieurement à cette convention de marquage, ne la respectait pas. Cet acier constituait donc une exception pour les aciers soudables, mais on pouvait facilement le reconnaître grâce à ses nervures continues hélicoïdales.

126 Traité de béton armé

Barre HA soudable

Barre HA non soudable

Figure 2.41

II est rappelé que l'EN 10080 n'envisage que l'emploi d'aciers soudables.

2.39

Redressage des aciers livrés en couronnes

Une large part des ronds lisses est constituée par du fil machine vendu en couronnes et redressé chez les « marchands de fer », les « armaturiers » ou les « préfabricants ». Les barres HA de petit diamètre sont, elles aussi, souvent livrées en couronnes. Le redressage peut être effectué sur deux types de machines : - les redresseuses à cadres tournants - les redresseuses à galets. Pour les ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235, cette opération ne présente en principe aucune difficulté. Pour les barres HA en revanche, les difficultés sont de deux ordres: - pour les aciers « naturellement durs », il existe des dresseuses modernes qui permettent moyennant certaines précautions de redresser jusqu'à 0 12 mm. Au-delà, ou bien le prix de revient du redressage devient prohibitif, ou bien l'acier est « matraqué» : les verrous sont écrasés, ce qui est non seulement préjudiciable à l'adhérence mais peut aussi amener de sérieux risques de fragilisation locale des barres; - pour les aciers écrouis et en particulier pour les fils tréfilés HA, le redressage provoque une détension partielle des contraintes internes, ce qui réduit la limite d'élasticité de quelques pour-cent. Pour les aciers écrouis livrés en barres, ce problème est l'affaire du producteur. En ce qui concerne les aciers livrés en couronnes et redressés par l'utilisateur, une enquête faite autrefois sur un certain nombre de chantiers a montré que, trop souvent, il était fait usage d'un matériel inadapté, et que de plus le personnel exécutant l'opération de redressage n'était pas qualifié. En conséquence, les réglages nécessai. res et les adaptations indispensables en fonction de la nature de l'acier et de son diamètre, ou bien n'étaient pas faits, ou bien l'étaient incorrectement (on a pu par exemple constater dans certains cas que des barres HA livrées en couronnes avaient, après redressage, perdu leurs nervures de surface et avaient même subi une réduction de diamètre !). Le redressage est donc une opération qui demeure toujours délicate.

Chapitre 2 • Matériaux 127

2.4

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 2

2.41

Béton

Se reporter d'abord au cours spécialisé du CHEBAP sur ce sujet, et en outre à: - Rilem CPC 6, Essai en traction par fendage, Paris, 1975. - Rilem CPC 7, Essai en traction directe, Paris, 1975

- Recherches sur les structures en béton, Annales de l'ITBTP, avril 1978 (chapitre III). - Rüsch (H.), Grasser (E.), Rao (P.S.), Principes de calcul du béton armé sous les deux états de contraintes monoaxiaux, Bulletin d'information CEB nO 36, juin 1982. - Fouré (B.), Résistance du béton sous contrainte soutenue, Annales de l'ITBTP, juin 1982. - Lambotte (H.), Motteu (H.), Contrôle de la qualité du béton sur chantier et en usine, Note d'information technique du CSTC, Bruxelles, juin 1979. - CCTG, fascicule n° 65 «Exécution des ouvrages de génie civil en béton armé ou précontraint », Bulletin officiel du ministère de l'Équipement, fascicule spécial n° 85-30 bis. - CCTG, fascicule nO 65 A.

2.42

Aciers

- Normes A 35-015, A 35-016, A 35-019, citées au § 2.351 (toutes de novembre 2007) - Norme A 35-017 (décembre 2007) Norme NF EN 10080 (décembre 2007)

- Aciers pour béton armé, 1981, OTUA. Documentation technique de la Société Torsid (1983). -Le Treillis soudé. Calcul et utilisation conformément aux Règles BAEL 91, ADETS, 2005. - Maldague (lC), Perchat (J), et Saillard (Y) : Compte rendu des essais effectués en vue

de fixer les conditions d'emploi des aciers HA, des treillis soudés et des tôles déployées, Annales de l'ITBTP, mai 1960 et mars-avril 1962. - NF A 35-020-1 (juillet 1999): Dispositifs de raboutage ou d'ancrage d'armatures

HA. - XP A 35-025 (mars 2002): Barres et couronnes pour béton aimé galvanisées à

chaud - NF A 35-030 (décembre 2007) : Barres crénelées HA pour supports de lignes aériennes. - NF A 35-024 (décembre 2007): Treillis soudés constitués de fils de diamètre inférieur à 5 mm.

CHAPITRE 3 ACTIONS ET SOLLICITATIONS

3.1

NOTATIONS DU PRÉSENT CHAPITRE BAEL

EC2

-

Fki

G

G kj

- valeur minimale

G min

G kin!

- valeur maximale

G max

G ksup

Action permanente indirecte

-

Gind

Charge variable quelconque

Qi

Qki

Action v.ariable indirecte

-

Qind

FA

A

YG

YGj

YGmin

YGin!

YGmax

YGSllp

YQi

YQi

Action, en général Charge permanente quelconque - valeur caractéristique

Action accidentelle Coefficients partiels de sécurité - sur les charges permanentes

- sur les charges variables

3.2

TERMINOLOGIE

• Actions Les actions sont les forces et/ou les couples appliqués à une construction: - soit directement: charges permanentes, charges d'exploitation, charges climatiques, etc., - soit indirectement (résultant de déformations imposées à la construction) : effets thermohygrométriques (retrait, fluage, variations de température), déplacements (tassements) d'appuis, etc.

130 Traité de béton armé Il arrive que l'on utilise le mot action pour désigner l'origine; on dit par exemple « le vent est une action ».

• Combinaisons d'actions Les combinaisons d'actions sont les ensembles constitués par les actions à considérer simultanément. Celles-ci sont introduites dans les combinaisons avec différentes « valeurs représentatives» correspondant à différents niveaux d'intensité.

• Sollicitations Les sollicitations sont les efforts (effort normal N, effort tranchant V) et les moments (moment de flexion M, moment de torsion 1). Les sollicitations sont en général déduites des actions par des méthodes appropriées, mais peuvent parfois être déduites de résultats d'essais sur modèles.

3.3

ACTIONS

Les Règles BAEL (A-3.1.1) et l'Eurocode 0 distinguent (notations BAEL): -les actions permanentes G, dont l'intensité est constante ou très peu variable dans le temps (par exemple, charge d'eau d'un pont-canal très rarement mis à sec) ou varie toujours dans le même sens en tendant vers une limite (comme les actions différées du béton : retrait, fluage) ; - les actions variables Qi, dont l'intensité varie fréquemment et de façon importante dans le temps, selon une loi tout à fait quelconque; - les actions accidentelles FA, provenant de phénomènes se produisant très rarement (par exemple séismes, chocs).

3.31

Actions pennanentes

:> Référence: BAEL, art. A-3.1,2 Les actions permanentes comprennent: - le poids propre Go des éléments de la structure, -le poids des équipements fixes de toute nature (dans les bâtiments, par exemple, revê. tements de sols et de plafonds, cloisons) ; -les efforts (poids, poussées, pressions) exercés par des terres, par des solides ou par des liquides dont les niveaux varient peu (valeurs pratiquement constantes dans le temps) ; - les déplacements différentiels des appuis; -les forces dues aux déformations (retrait, fluage ... ) imposées en permanence à la construction.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 131 a) Lorsque l'on peut valablement admettre qu'une action permanente n'est pas susceptible de subir des écarts sensibles par rapport à sa valeur moyenne, on peut considérer cette valeur moyenne comme la plus probable, et c'est elle que l'on introduit alors dans les calculs. Ainsi, dans la plupart des cas, le poids propre est représenté par une valeur nominale unique, Go, calculée à partir des dessins du projet et des masses volumiques moyennes des matériaux. Pour le béton armé, on a : Go = 25 V (unites: kN, m3 )1 avec V volume théorique, évalué d'après les dimensions prévues aux dessins d'exécution et le nombre 25 représentant le poids volumique moyen du béton armé en kN/m3 • b) Lorsqu'une action permanente est susceptible de subir des écarts sensibles par rapport à sa valeur moyenne, il convient d'en tenir compte. On introduit alors dans les calculs la valeur escomptée la plus défavorable (soit maximale, soit minimale) vis-à-vis de la combinaison et du cas de charge considérés. Cette circonstance se rencontre par exemple dans les cas suivants: - masse volumique mal connue à l'avance ou variable dans le temps, - imprécisions d'exécution élevées en valeur relative (éléments très minces où une variation d'épaisseur de ± 1 cm par exemple n'est pas impensable), - renforcements ultérieurs prévisibles (revêtements de chaussée), etc.

3.32

Actions variables

Les actions variables comprennent: -les charges d'exploitation (poids et effets annexes tels que forces de freinage, forces centrifuges, effets dynamiques, etc.) ; -les efforts (poids, poussées, pressions) exercés par des solides ou par des liquides dont le niveau est variable; -les charges non permanentes appliquées en cours d'exécution (équipements de chantier, engins, dépôts de matériaux, etc.) ; - les actions naturelles : neige, vent, température climatique, etc.

1.

Exemples: poids propre d'une dalle d'épaisseur h (m) : go (kN/m 2) = 25 h ; poids propre d'une poutre à section rectangulaire bh (m2) : g (kN/m) = 25 bh.

132 Traité de béton anné

3.321

Valeurs « représentatives »

Pour bien comprendre cette notion de valeurs «représentatives» ainsi que la manière dont on constitue les « combinaisons d'actions» (voir § 3.42) nous allons nous intéresser tout d'abord au débit des cours d'eau, même si, de prime abord, ce sujet semble n'avoir qu'un lointain rapport avec le béton armé.

3.321-1

Les débits des cours d'eau

Les débits d'un cours d'eau sont mesurés par des « stations de jaugeage» judicieusement disposées le long de celui-ci.

a) Courbe des débits instantanés Une station de jaugeage permet de connaître le débit instantané qj, à un instant t, au point où elle se trouve (figure 3.1)

1 1 1 1 1 1

1

: 1

1 1 1 1 1

: 1

: t

o

'-----------.. ---------->~ Temps Figure 3.1. Courbe des débits instantanés

b) Courbe des débits journaliers En notant, chaque jour, dans une station de jaugeage, le débit moyen journalier du cours d'eau, on obtient, au bout d'une année une série de 365 valeurs numériques, classées dans l'ordre chronologique où les débits moyens journaliers ont été relevés.

c) Courbe des débits classés Mais on peut aussi ranger ces 365 débits moyens journaliers par ordre décroissant en commençant par le débit qM le plus grand de l'année (jour de la plus grosse crue) et en terminant par le débit qm le plus faible (étiage le plus bas). La courbe représentative de ces 365 valeurs décroissantes est la courbe des débits classés. Elle se déduit facilement de la courbe des débits journaliers.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 133 En effet, une horizontale correspondant à un débit journalier quelconque q (qm < q < qM) fait apparaître un certain nombre de segments ab, cd, ... , de longueurs th t2, ... exprimées en jours. La longueur cumulée L t i = l, + 12 + ... représente le nombre de jours pendant lesquels les débits journaliers ont été supérieurs à q. On obtient ainsi un point M de la courbe des débits classés, d'abscisse L li et d'ordonnée q. q

q

I----~M

q

o

' - - - - - - - - - - - - - - ' - - - : ; ; . Jours 365

o

' - - - - - - - ' - - - - - - - - - - ' - - - 3 > - Jours 365

Figure 3.2. Courbes des débits journaliers et des débits classés

d) Probabilité d'lin débitjollrnalier Au lieu d'opérer sur les 365 débits journaliers d'une année, on peut classer les débits relatifs à plusieurs années d'observation: la courbe des débits classés permet alors de connaître la probabilité pour que le débit du cours d'eau soit supérieur à un débit q donné. Mais, en réalité, on continue d'enregistrer les courbes annuelles des débits classés. Sur N années d'observation, on dispose de N courbes. Pour chaque valeur de q, on note pour chaque courbe la valeur du nombre de jours cumulés L li et on en fait la moyenne. Si l'on gradue alors les abscisses en pourcentages (le temps d'observation Ir = 365 jours étant pris pour unité, si

(Lt; Lo =36,5 y

jours par exemple, le pourcentage est de

36,5 = 10 %), on obtient la probabilité pour qu'au cours d'une période donnée, le débit 365 d'eau soit supérieur à q.

e) Débits caractéristiqlles Si l'on considère, des intervalles de 3 mois et si l'on met en évidence aux extrémités des segments de longueur conventionnellement égale à 10 jours, on obtient 5 points qui définissent respectivement:

134 Traité de béton armé q

CD débit caractéristique de crue ~ débit caractéristique

de 3 mois

® débit caractéristique

~ft

de 6 mois @) débit caractéristique de 9 mois

1 1

: 1

L-..L.-----'-----'-----"'------'--'-------7

® débit caractéristique

:!-I..-10j

6

d'étiage

9

~10j

Mois

Figure 3.3 : Courbe des débits caractéristiques

Ces différentes valeurs permettent de fixer le débit maximal dérivable par une usine hydroélectrique projetée sur le cours d'eau considéré, le volume d'eau turbinable dans une année moyenne et l'énergie susceptible d'être produite par la future usine en fonction de la hauteur de chute.

3.321-2

Actions variables

Les lois action-temps sont de formes complexes et variées. La figure 3.6 en donne quelques e~emples qui ne sont pas sans rappeler la courbe des débits instantanés d'un cours d'eau (figure 3.4). Pour les étudier, on a recours à des modèles de représentation. En découpant le temps en intervalles de base arbitraires mais raisonnables en fonction de l'action considérée, (ex. : pour le vent: 10 mn, pour l'eau dans un réservoir 24 h, etc.), on peut rechercher: - soit la distribution des maxima périodiques, - soit le nombre de fois et le temps durant lequel un niveau donné a été dépassé (voir § 3.321-1c). La distribution des maxima périodiques est ramenée à : - une valeur moyenne Qm, - un coefficient de variation s, fonctions de l'intervalle de base.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 135

Î Q

i

Maximum périodique

~~__~~--.r~~~~~~

Q' e - - . I

Niveau de dépassement

.'-I---4---!---

VV 1 ,

,,1 , ,,1 ,1

-"I-I--...ICf-

Intervalle de base

Tempst

Figure 3.4. Modèle de représentation des actions On peut ainsi définir la valeur caractéristique d'une action Q = Qm - ks comme celle qui a une probabilité p acceptée a priori (par exemple 5 %) de ne pas être atteinte ou dépassée, dans un sens défavorable, au cours d'une certaine« durée de référence ». On peut aussi faire le cumul des temps Mi pendant lesquels un niveau quelconque Q' a été atteint ou dépassé pendant un temps de référence tr (cf. figure 3.2 pour l'analogie). En fixant alors certains niveaux de manière conventionnelle, on peut définir pour chaque action variable, plusieurs valeurs représentatives. Une même action variable quelconque n'est donc généralement pas définie par une valeur unique, mais par plusieurs « valeurs représentatives », qui sont fixées en fonction de sa fréquence, de sa durée d'application et de la nature des combinaisons dans laquelle elle intervient l . Ces valeurs représentatives sont conventionnellement classées de la manière suivante: - valeur nominale (tenant lieu de valeur caractéristique) Qi ; - valeur de combinaison, 'l'oi Qi: cette valeur intervient dans les combinaisons fondamentales (ELU) et dans les combinaisons rares (ELS) ; - valeur fréquente 'l'li Qi : cette valeur n'intervient que dans les combinaisons accidentelles ;

1. Note complémentaire sur les valeurs représentatives d'une même action variable: La Résistance des Matériaux traditionnelle ne se préoccupe ni de la nature, ni de la durée d'application d'une action quelconque. Il faut donc se garder de croire que l'effet le plus défavorable est toujours dû à l'intensité maximale d'une action variable (son intensité minimale étant toujours zéro ... elle n'est pas là). Ainsi: - une fissure très ouverte sous la valeur maximale Qk (caractéristique) d'une action variable, dont la durée d'application est très courte, est moins dangereuse vis-à-vis de la corrosion de l'acier qu'une fissure moins ouverte, mais ouverte plus longtemps sous une action 'l'Qk < Qk. - de même, une charge de très courte durée telle que Qk n'induit pas dans un poteau de déformations différées par fluage, alors qu'une charge 'l'Qk < Qk de plus longue durée d'application peut engendrer de telles déformations et se révéler, en définitive, plus dangereuse que Qk (voir § 11.32).

136 Traité de béton armé - valeur quasi permanente "'2i Qi ; cette valeur intervient dans les combinaisons accidentelles et pour la vérification de l'état-limite ultime de stabilité de forme.

"'0' "'1. "'2

ne sont pas des coefficients « de sécurité ». Ils sont liés uniLes coefficients quement à la probabilité d'occurrence de la combinaison de plusieurs actions variables simultanées qui ne peuvent atteindre toutes ensemble leur intensité maximale. Les valeurs numériques de ces coefficients sont données tant pour les ponts-routes que pour les bâtiments à l'annexe D des Règles BAEL (voir tableaux 3.2 à 3.5) ainsi que dans l'Eurocode 0 sur les actions. Q (t)

Ok _~~~E!~!_~!~p!~!Î_~19~_~____ ------------------------fValeur de combinaison 1

"'0 Qk ---------------- ----------

------------------------r -----------------------1-11 1 1 1

L--_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _---l_

o

_=::;;,. Temps t

tr (50 ans)

Q (t)

.- Valeur fréquente 1 1 1 1 1

: UVtr

"'2Qk~--~----~~

1 ......

o

'-'-------1...-------..1---7 tlt r 0,01

0,5

Figure 3.5. Représentation schématique d'une action variable illustrant le choix des valeurs représentatives (cas des charges sur les planchers des bâtiments)

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 137 F

F

Éxécution

o

Vie de la construction

o Action d'un véhicule en marche

Charge permanente

F

F

o

o

30 min

3h

3 h + 10 min

Action de piéton sur l'escalier d'une salle de spectacle

Action de plusieurs véhicules à l'arrêt

F

F

o

1 jour

o Action de la température

Eau dans un réservoir

F

F 5s ~

3h

Il

o

o Action du vent

Action de la neige

F

F

o

,, ,, ,

.

:

30s

,, , ,,

o

-~ 1s

,.'

Action d'un séisme

Action d'un choc

Figure 3.6. Exemples de variations de charge en fonction du temps (d'après H. Mathieu)

138 Traité de béton armé

3.322

Charges d'exploitation et charges climatiques

:> Référence: BAEL, art. A-3.1,31 Les valeurs nominales des charges d'exploitation et des charges climatiques sont en principe définies par les textes réglementaires ou normatifs en vigueur.

3.322-1

Charges d'exploitation

a) Bâtiments Les charges d'exploitation des bâtiments sont définies par la norme NF P 06-001. Toutefois, pour les bâtiments industriels, la norme NF P 06-001 ne donnant que le principe d'évaluation des charges, les charges à prendre en compte sont normalement fixées par le maître d'œuvre (voir § 1.41). Les charges permanentes et les charges d'exploitation dues aux forces de pesanteur sont définies par la norme NF P 06-004.

b) Ponts Les charges d'exploitation des ponts routiers ou ferroviaires sont définies par les titres l, n et III du fascicule 61 du CCTG. Les valeurs représentatives s'obtiennent en multipliant les valeurs données dans ces textes par les coefficients suivants: - pour les vérifications aux états-limites ultimes: 1,07 pour les charges de chaussée, de trottoir, et celles sur les passerelles pour piétons et 1,00 pour les charges exceptionnelles et les convois militaires; - pour les vérifications aux états-limites de service: 1,2 pour les charges de chaussée et 1,0 dans les autres cas.

3.322-2 3.322-21

Charges climatiques Vent

Les actions du vent sont en principe définies par les textes réglementaires en vigueur: - pour les ponts, par les titres l, II et III du fascicule 61 du CCTG (art. 14 du titre II pour les ponts-routes) ; - pour les autres ouvrages, en attendant la parution du titre IV du fascicule 61, il convient de se référer aux Règles NV 65 révisées (NF P 06-002 et DTU) mais les va. leurs représentatives à prendre en compte pour l'action du vent à l'état-limite ultime sont 1,2 fois les valeurs correspondant au vent normal des Règles NV (voir art. III 1.232 de ces Règles). En revanche, dans les vérifications aux états-limites de service, les valeurs à prendre en compte sont celles correspondant au vent normal des Règles NV, sans majoration; il est même possible de réduire ces dernières valeurs dans certains cas ne mettant pas en cause la durabilité de la construction, ou en phase d'exécution.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 139

3.322-22

Neige

Pour les ponts-routes, il n 'y a pas lieu d'appliquer des charges de neige; Pour les bâtiments, la valeur caractéristique de la charge de neige est fixée par les Règles N 84 (CCTG, fascicule 61, titre IV, section II) de même que les situations de compatibilité des actions de la neige et du vent.

3.323

Charges appliquées en cours d'exécution

:> Référence: BAEL, art. A-3.1,32 L'annexe D aux Règles BAEL distingue: - les charges connues en grandeur et en position qui, si elles sont peu variables (car présentant un caractère permanent durant la phase d'exécution considérée), sont assimilées dans les calculs à des charges permanentes; -les charges de caractère aléatoire (pouvant varier ou se déplacer au cours d'une même phase d'exécution) qui sont assimilées à des charges d'exploitation.

3.324

Température climatique

:> Référence: BAEL, art. A-3.1,33 Pour un ouvrage situé à l'air libre en zone de climat tempéré, les actions dues à la température sont déterminées en supposant que les variations de température peuvent être comprises entre - 40 oC et + 30 oc. Ces variations concernent la température ambiante initiale, dont la valeur est supposée comprise (en général) entre + 5 oC et + 15 oC environ. Il convient d'évaluer les variations réellement subies par l'ouvrage en tenant compte de l'inertie thermique des pièces qui le constituent et de leur isolation éventuelle. Les sollicitations correspondantes, qui ne sont pratiquement prises en compte que pour les structures particulièrement sensibles aux effets thermiques, sont évaluées: - en admettant, forfaitairement, un coefficient de dilatation thermique du béton armé égal à 10 - 5 par degré centigrade; - en introduisant pour le béton un module de déformation longitudinale dépendant de la durée d'application de l'action climatique: on admet généralement que l'action de la température climatique comprend une partie rapidement variable correspondant à une variation de ± 10°C qui est prise en compte avec le module de déformation instantanée Eij, le reste, considéré comme lentement variable, étant pris en compte avec le module Evj.

140 Traité de béton armé

"'....._ _-

-

____ J___

Module Evj

(.M =-30 oC)

..........

~~_

Module Eij (.<1e ± 10 OC)

=

......

_-~_

Module EVj (.<1e + 20 OC)

=

Figure 3.7. Variations de température et modules de déformation correspondants

Dans certains cas (cheminées par exemple) il est nécessaire de tenir compte des effets d'un gradient thermique. Les valeurs représentatives de cette action sont introduites conformément aux textes spécifiques en vigueur ou, à défaut, aux stipulations du marché.

3.325

Autres actions variables

:> Référence: BAEL, art. A-3.1,4 Lorsque des actions variables autres que celles visées ci-dessus sont susceptibles d'être appliquées à la construction, elles doivent normalement être définies par le maître d'œuvre (voir § 1.41) qui doit en préciser les modalités de prise en compte dans le Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP).

3.33

Actions accidentelles

:> Référence: BAEL, art. A-3.1,4 Les actions accidentelles comprennent par exemple: - les chocs de véhicules contre les dispositifs de retenue ou les appuis des ponts, - les chocs de bateaux contre les appuis des ponts, - les séismes, - les cyclones tropicaux, -les effets de la destruction d'un remblai par une crue exceptionnelle, - les glissements de terrain, - les explosions, etc. La valeur représentative d'une action accidentelle est toujours une valeur nominale (une valeur « caractéristique» suppose en effet une interprétation statistique, pour laquelle, ~tant donné le caractère peu fréquent des actions accidentelles, il est impossible dans ce cas de disposer des données nécessaires).

Normalement le CCTP doit préciser les actions accidentelles à considérer et indiquer les valeurs à prendre en compte lorsque celles-ci ne sont pas fixées par des textes réglementaires.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 141 Pour les chocs accidentels de véhicules ou de bateaux sur les appuis des ouvrages d'art, il Y a lieu de se reporter à l'annexe D des Règles BAEL qui définit les valeurs représentatives des actions (chocs frontaux ou latéraux). Pour les séismes, il convient de se référer aux Règles parasismiques (Règles PS ou NF P 06-003, ou DTU). Un incendie correspond à une situation accidentelle. La résistance au feu fait l'objet du DTU «Règles FB », décembre 1993.

3.4

COMBINAISONS D'ACTIONS

3.41

Généralités

3.411

Combinaisons d'actions

Vouloir construire des ouvrages capables de résister à toutes les actions possibles, quelle que soit la probabilité de leur apparition, ne serait pas économique (par exemple, il est couramment admis d'édifier des ponts ou des bâtiments qui ne sont pas capables de résister à la chute d'un avion même si la probabilité d'une telle chute n'est pas nulle). Pour la ·vérification d'un état-limite quelconque, la question se pose de savoir quelle combinaison d'actions il y a lieu de prendre en compte, puisque peuvent agir simultanément des actions permanentes, des actions variant d'une manière connue et des actions aléatoires. Il s'agit donc de trouver la combinaison la plus agressive qu'il convient de retenir relativement à telle ou telle inégalité d'état-limite. Comme la probabilité d'apparition simultanée de l'intensité maximale d'actions d'origines diverses (charges d'exploitation, vent, variations thermiques, etc.) est faible, les coefficients de pondération vis-à-vis des différentes actions doivent être différents selon que l'on considère une seule action s'exerçant isolément ou une combinaison de plusieurs actions s'exerçant simultanément (d'où la notion déjà évoquée ci-avant, au § 3.321-2, de« valeur représentative »). Étant donné le grand choix de combinaisons d'actions complexes et variées auxquelles peut être soumise une construction, on est nécessairement amené à faire un choix en cherchant à couvrir avec une forte probabilité les circonstances les plus défavorables susceptibles de se présenter au cours de la vie de la construction. Il est donc admis de n'étudier qu'un nombre limité de combinaisons en ne considérant que celles qui apparaissent comme les plus dangereuses, qui doivent être physiquement possibles et avoir une probabilité d'occurrence non négligeable, en ne considérant pas celles qui sont manifestement couvertes par une combinaison plus défavorable.

142 Traité de béton armé

3.412

Cas de charge

Les actions « libres », c'est-à-dire celles qui peuvent avoir une distribution arbitraire quelconque dans la construction, à l'intérieur de limites données (comme les charges d'exploitation en général) conduisent à l'étude de différents cas de charge. Un cas de charge se définit par la fixation de la configuration formée par les actions. On recherche, pour chaque combinaison, le cas de charge le plus défavorable vis-à-vis de l'état-limite étudié et de sollicitation étudiée, soit pour l'ensemble de l'élément soit pour la section considérée.

Les «cas de charge» ne doivent pas être confondus avec les «combinaisons d'actions» (voir par exemple § 3.423-31). Ainsi, il faut se garder de combiner vectoriellement les composantes maximales d'une sollicitation si, prise individuellement, chaque composante maximale correspond à un cas de charge différent, comme illustré par la figure 3.8. N

N

N

-----------------------:

2 B Nmax l---"'----::I\"---------1

1

1

1

1

1

:

1

: 1

N

1

:A

2

1 1 1 1 1 1

1 1 1 1

o

"""'------......-3>M

o

L-----~----~1~7M

M

Cas de charge A

Cas de charge B

(N correspond à Mmax dans ce cas de charge)

(M correspond à Nmax dans ce cas de charge)

o Faux 1 pUisque les cas de charge sont différents, Nmax ne peut coexister avec M max

~-----------------------------------------------------------' Même combinaison d'actions

Figure 3.8. Exemple de combinaison d'actions erronée La distinction de plusieurs cas de charge pour les actions libres conduit, en cas d'analyse linéaire, à l'usage de lignes ou de surfaces d'influence. Les valeurs caractéristiques ou nominales des actions libres peuvent dépendre du cas de charge (par exemple, charges routières, direction du vent. .. ). .En résumé, avant d'entamer le calcul d'une structure quelconque (dont par ailleurs on a défini toutes les dispositions et dimensions par des dessins appropriés), on doit: 1. établir, dans les différentes situations, les différentes combinaisons d'actions à considérer dans le calcul, en attribuant à chacune des actions la valeur représentative qui convient; 2. pour chaque combinaison, rechercher le cas de charge le plus défavorable (ce qui conduit généralement au tracé des « courbes-enveloppes» du moment de flexion et de l'effort tranchant, voir figure 3.11).

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 143

Sollicitations de calcul

3.42

:> Référence: BAEL, art. A-3.3,Il Les justifications doivent montrer, pour les divers éléments d'une structure et pour l'ensemble de celle-ci, que les sollicitations de calcul définies ci-après ne provoquent pas le phénomène que l'on veut éviter. Grossièrement, une loi action variable-temps peut être schématisée comme indiqué sur la figure 3.9. Q

-------- Action n° 2 '-----Action n° 1 GI------

Charge permanente

~------~----~---------------------7Temps

o

Temps t1

Temps t2

Figure 3.9. Loi simpliste action variable-temps Ce schéma simpliste montre que lorsque plusieurs actions variables s'exercent sur une construction, à l'instant où l'une quelconque (action variable « de base» ou dominante) des actions atteint sa valeur maximale, les autres (actions« d'accompagnement ») sont à un niveau 'l'i Qi inférieur et que les actions permanentes sont toujours présentes, de sorte qu'une combinaison comprend toujours: -les actions permanentes (G) - une action quelconque Q), considérée comme action variable dominante, - toutes les autres actions susceptibles de s'exercer en même temps que QI (actions d'accompagnement) à un niveau réduit 'l'iQi' Chaque action variable doit successivement être considérée comme action dominante, et venir en occuper le rang. Le cas où deux actions variables atteindraient au même moment leur valeur maximale (pointes à la même abscisse sur la figure 3.9) n'est pas à envisager, car la probabilité . d'avoir, pour deux actions QI et Q2 et rigoureusement au même instant, la simultanéité QI + Q2 est très inférieure à celle d'avoir QI + 'l'2Q2 ou Q2 + 'l'IQI. De ces remarques découle ce qui suit

144 Traité de béton armé

3.421

Combinaisons d'actions à prendre en compte dans les états-limites ultimes de résistance

Pour les états-limites ultimes, on distingue: - des combinaisons fondamentales, - des combinaisons accidentelles.

3.421-1

Règles BAEL (A-3.3,2)

a) Combinaisons fondamentales (à considérer lors des situations durables ou transitoires) Les combinaisons fondamentales comprennent: - soit les actions permanentes seules; - soit les actions permanentes, une action variable dominante avec sa valeur caractéristique (ou nominale) et, s'il ya lieu, une ou plusieurs actions dites «d'accompagnement» avec leurs valeurs de combinaison. Les actions dominantes prennent soit la valeur zéro, soit leur valeur représentative, c'est-à-dire qu'on ne recherche pas si des valeurs intermédiaires pourraient être éventuellement plus défavorables. Gmax

ensemble des actions permanentes défavorables (par rapport à l'action dominante)

Gmin

.ensemble des actions permanentes favorables (par rapport à l'action dominante)

QI

action variable dominante

Qi

actions variables« d'accompagnement» (i> 1).

Une combinaison fondamentale prend la forme symbolique et vectorielle suivante:

(1,35 G max et/ou Gmin ) + YQIQI + ~),3If/oiQi ;>1

(où le signe « + » ne désigne pas ici une addition numérique, mais a le sens de « à combiner avec ».) avec: 1QI =

1,5 en général

1QI = 1,35 pour la température, les charges d'exploitation étroitement bornées de caractère particulier (convois militaires, convois exceptionnels par exemple) et les bâtiments agricoles à faible densité d'occupation humaine.

L'application pratique à la détermination des sollicitations de calcul pour les pontsroutes ou dans les structures de bâtiments est donnée au § 3.423.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 145 La combinaison symbolique ci-avant appelle les commentaires suivants:

1. Prise en compte des charges permanentes Dans cette combinaison symbolique, « et» correspond au cas où G rnax et Groin sont des actions d'origines et de natures différentes donc indépendantes les unes des autres, les effets des actions Groin étant en sens inverse de ceux de l'action variable dominante QI (il s'agit du sens des composantes principales vis-à-vis de l'effet considéré, certaines autres composantes de Gmin et QI pouvant être dirigées dans le même sens). C'est donc seulement lorsqu'il existe des actions permanentes, les unes favorables, les autres défavorables, qu'on introduit à la fois G roax et Groin dans la même formule. Si les actions permanentes sont toutes défavorables, ou toutes favorables, on n'introduit dans la formule que G rnax ou Groin (par exemple, cas d'une tour ou d'une cheminée ou l'on étudie successivement les combinaisons de G roax , puis de Groin, avec les actions du vent). Dans une poutre à travées continues, on peut se demander s'il y aurait lieu de calculer la sollicitation de flexion due à la charge permanente en considérant alternativement G rnax et Groin sur les différentes travées, selon que la charge permanente agit dans le sens favorable ou défavorable, et donc aussi s'il y aurait lieu d'utiliser les coefficients 1,35 ou 1 selon les travées dans les mêmes conditions. Considérant que l'alternance de telles valeurs dans la construction réelle peut être estimée comme ayant une probabilité négligeable, les Règles BAEL 91 ont tranché et ont admis que lorsqu'une même action permanente a des effets partiellement défavorables et partiellement favorables, on lui attribue globalement ou la valeur G roax , ou la valeur Groin. En conséquence, une même action permanente n'a pas à être partagée en deux parties. Il en résulte qu'en particulier, le poids propre d'une poutre continue doit être introduit d'une part avec la même valeur (Groax ou Groin), d'autre part avec le même coefficient (1,35 ou 1) sur toute sa longueur donc avec 1,35 G max ou avec Groin. Comme ce poids propre est représenté en général par une valeur unique G (valeur moyenne probable), ceci signifie qu'il faut «dédoubler» la combinaison symbolique ciavant et considérer successivement le cas où la valeur 1,35 G est appliquée simultanément sur toutes les travées puis celui où la valeur G est appliquée simultanément sur toutes les travées (voir tableaux 3.6 et 3.7). En revanche, s'il s'agit d'un remblai dont le poids G a normalement un effet favorable et la poussée P un effet défavorable, le problème est plus complexe, car l'incertitude sur G est due à celle sur la masse volumique y du remblai, tandis que l'incertitude sur Pest due à la fois à celle sur y et à celle sur le coefficient de poussée ka qui dépend lui-même de l'angle de frottement interne du terrain, c'est-à-dire que les incertitudes sur P et G ont partiellement la même origine physique. En principe, il conviendrait de considérer: - d'une part une valeur minimale et une valeur maximale du poids du remblai, - d'autre part, quatre valeurs possibles de la poussée correspondant aux combinaisons deux à deux des quatre paramètres kamin , kamax , Yroin et Ymax.

146 Traité de béton armé Mais, en pratique, pour simplifier, on se borne à associer le poids minimal (Ymin) à la poussée maximale (kama,x, Ymax) même si, nécessairement, le poids volumique y prend la même valeur (max ou min) dans le calcul du poids du remblai et dans celui de la poussée. 2. Prise en compte des actions variables

Les actions variables doivent être considérées les unes après les autres comme action

« dominante» pour former les différentes combinaisons, les autres actions variables étant ajoutées s'il y a lieu comme actions d'accompagnement. Elles sont toujours introduites de la manière la plus défavorable, soit avec la valeur de combinaison indiquée, soit avec leur valeur minimale, qui est toujours nulle (absence d'action). b) Combinaisons accidentelles (à considérer lors des situations accidentelles)

Les combinaisons accidentelles comprennent les actions permanentes, une action accidentelle et s'il ya lieu une ou plusieurs actions d'accompagnement avec leurs valeurs fréquentes ou quasi permanentes. Symboliquement et vectoriellement, une combinaison accidentelle, si elle n'est pas définie par des textes spécifiques, est de la forme:

(GmaxetlouGmin)+FA +'JfllQ\ + L'Jf2iQi i>\

où: FA

valeur représentative de l'action accidentelle

'1' II QI

valeur fréquente de l'action variable dominante

'l'2iQi

valeur quasi permanente d'une autre action variable d'accompagnement.

Pour les modalités d'application, il convient de se reporter: - pour les ponts-routes, à l'annexe D qui donne les valeurs des coefficients '1' applicables aux différentes actions en fonction notamment de la classe de l'ouvrage; - dans les structures de bâtiment, aux textes spécifiques (Règles PS pour les séismes, DTU Cuvelages pour l'action des crues, etc.). Remarque:

En cas d'actions accidentelles, la sollicitation résistante est évaluée en appliquant à la limite d'élasticité de l'acier et à la résistance caractéristique spécifiée du béton des coefficients Ys et Yb réduits respectivement à 1 (au lieu de 1,15) et 1,15 (au lieu de 1,5) (voir BAEL A-4.3,2 et A-4.3,41).

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 147

3.421-2

Prescriptions de l'EC2

a) Combinaisons fondamentales Pour les combinaisons fondamentales de base, se reporter au cours de Jean-Armand Calgaro ou à l'ouvrage Les Eurocodes, conception des bâtiments et des ouvrages de génie civil, Éditions du Moniteur. Pour les bâtiments, l'annexe Al de l'Eurocode 0 donne, dans son tableau A.l.2. les combinaisons ci-après (on rappelle ici le caractère symbolique donné au signe « + », qui signifie « à combiner avec») : - États-limites EQU (équilibre statique; situations durables et transitoires) : 1,10 Gk,sup + 0,90

Gk,inf +

1,50 Qkl + 1,50

L '1'

oiQki

i>1

- États-limites STR (résistance; situations durables et transitoires) : 1,35

Gk,sup

+ 1,15 Gk,inf+ 1,50 Qkl + 1,50

L '1'

oiQki

i>1

1,35

Gk,sup

+ 1,00 Gk,inf+ 1,50 '1'01

Qkl

L '1' + 1,50 L '1'

+ 1,50

oÛki

associée à

i>1

1,15

Gk,sup

+ 1,00 Gk,inf+ 1,50 Qkl

oÛki

i>1

"'0, "'1 "'2,

Pour les coefficients et l'annexe Al de l'Eurocode 0 (EN 1990-1-1) recommande les valeurs données dans le tableau 3.1 ci-après, qui, en principe, sont également celles retenues par l'Annexe Nationale.

Tableau 3.1. Valeurs des coefficients '1'0, '1'1 et '1'2 Action

'1'0

'1'1

'1'2

AetB

0,7

0,5

0,3

CetD

0,7

0,7

0,6

E

1

0,9

0,8

F

0,7

0,7

0,6

G

0,7

0,5

0,3

H

0

0

0

0,7

0,5

0,2

0,5

0,2

0

Charges d'exploitation selon catégorie (1 )

Neige (2)

H> 1 OOOm H$lOOOm

1 Combinaisons

non autorisées par l'Annexe Nationale de l'ECO.

148 Traité de béton armé Action

"'0 0,6

"'1 0,2

"'2

Vent (2) Température

0,6

0,5

0

0

(1) Les catégories sont définies par la norme EN 1991-1-1 (A = habitation, B = bureaux, C = lieux de réunions, D = commerces, etc.). (2) Valeurs à adopter selon la région géographique où la structure est édifiée (H: altitude).

Dans « 1'analyse» des bâtiments courants, on peut généralement se borner à considérer des combinaisons d'actions et des cas de charges simplifiés: 1. chargement alterné des travées par YG Gk + YQ Qk, d'une part et par YG Gk d'autre part ; 2. deux travées solidaires quelconques chargées par YG Gk + YQ uniquement par YG Gk•

Qh

les autres chargées

b) Combinaisons accidentelles (séismes exclus)

Elles sont définies par :

LYGaj Gig + Ad + ("'II ou "'21) Qkl + L \If 2iQki i>1

avec: Ad valeur spécifiée de l'action accidentelle

YGaj = 1, sauf spécification contraire. Dans le cas d'une combinaison accidentelle autre qu'un séisme, les coefficients appliqués aux matériaux sont pris respectivement égaux à Yc = 1,3 pour le béton (au lieu de 1,15 dans les Règles françaises) et Ys = 1 pour l'acier.

3.422

Combinaisons à prendre en compte pour la vérification aux étatslimites de service

3.422-1

Règles BAEL (art. A-3.3,3)

Les combinaisons à prendre en compte résultent des combinaisons d'actions dites « combinaisons rares» dont on retient les plus défavorables. Dans une combinaison rare, interviennent les actions permanentes, une action variable dominante avec sa valeur caractéristique (nominale) et s'il y a lieu une ou plusieurs actions d'accompagnement avec leurs valeurs de combinaison, c'est-à-dire symboliquement et vectoriellement : (Gmax et/ou Gmin)+QI + L\lfoiQi i>1

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 149 L'application de cette formule symbolique à la détermination des sollicitations de calcul pour les ponts-routes ou dans les structures de bâtiments est donnée au § 3.423.

3.422-2

EC2

Comme pour les états-limites ultimes de résistance, il convient de se reporter à l'Eurocode 0 dont les règles conduisent aux combinaisons symboliques ci-après: - combinaison caractéristique:

LGkj + Qkl + L'lfOiQ/d j<:l

i>l

- combinaison fréquente :

L Gkj + 'If llQkl + L'If 2iQki j<:l

i>l

- combinaison quasi permanente:

Qkl

représente l'action variable dominante dans la combinaison étudiée.

En ce qui concerne les matériaux, pour les vérifications relatives aux états-limites de service, on prend en général 'Yc = 'Ys = 1 comme dans les Règles BAEL.

3.423 . Modalités pratiques d'application des Règles BAEL On désigne encore par : G

l'ensemble des actions permanentes (définies au § 3.31)

Qprc

les charges d'exécution connues (en grandeur et position)

Qpra

les charges d'exécution de caractère aléatoire

QI"

les charges d'exploitation des ponts-routes sans caractère particulier (systèmes A et B et charges sur trottoirs)

Q,p

les charges d'exploitation des ponts-routes de caractère particulier (convois militairef: ou exceptionnels)

QB

les charges d'exploitation des bâtiments

·W

l'action du vent évaluée comme indiqué au § 3.322-21

Sn

la charge de neige évaluée comme indiqué au § 3.322-22

T

les variations uniformes de la température suivant le § 3.324

.6.9

le gradient thermique éventuel.

150 Traité de béton armé

3.423-1

Combinaisons d'actions à considérer dans le cas des ponts-routes

1°) Pour la vérification des états-limites ultimes de résistance

Tableau 3.2. Ponts-routes - états-limites ultimes de résistance

Situation

Situation d'exécution

Actions permanentes ou assimilées

1,35 Gmax + Gmin 1,35 G ou G +

Actions variables d'accompagnement

1,3 !P02 ~ 1,5 Qpra

oou 1,3 W

1,5 W

o ou 1,3 Qpra

1,35 Qprc ou Qprc

1,5 Qr Situation d'exploitation

1,35 G ou G

1,35 Qrp 1,5 W

La température ne figure pas dans ce tableau, car elle n'est généralement pas à prendre en compte dans les états-limites ultimes.

2°) POlir la vérifICation des états-limites de service

Tableau 3.3. Ponts-routes - états-limites de service Situation

Actions permanentes ou assimilées

Gmax + Gmln Situation d'exécution

G + Qprc

Actions variables dominante

d'accompagnement

Q1

!P02 ~

Qpra

Oou W

W

oou Qpra oou Qpra oou 0,5 ~e

Tou~e

Qr Situation d'exploitation

G

ou 0,6 T 0

Qrp ~eou

W

T

0 0

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 151

3.423-2

Combinaisons d'actions à considérer dans le cas des structures de bâtiments (cas généraO

1°) Pour la vérification des états-limites ultimes de résistance (ou de stabilité defonne) Tableau 3.4. Bâtiments - états-limites ultimes de résistance Actions variables

Actions permanentes

1,35 Groax + Groin

dominante yQ1 Q1

1,5 QB

1,35 G ou G

1,5 W

1,5 Sn 1

d'accompagnement

1,3 ql02 Q2

oou Wou Sn ou W+Sn

oou 1,3 '1'0 QB ou Sn ou 1,3 '1'0 QB + Sn

oOU 1,3 '1'0 QB ou W ou 1,3 '1'0 QB + W

Avec '1'0 défini par la norme NF P 06-001 ; en principe '1'0 = 0,77 pour tous les locaux, saufIes locaux d'archives et les parcs de stationnement pour lesquels '1'0 = 0,9.

Remarques: • en situation d'exécution, on peut se reporter aux dispositions indiquées pour les ponts-routes; • les combinaisons faisant intervenir la neige et le vent dépendent des conditions de compatibilité indiquées dans les Règles N 84. • les effets de la température ne sont généralement pas pris en compte, mais: - s'ils doivent intervenir en tant qu'action dominante, ils sont introduits avec le coefficient 1,35 ; - s'ils interviennent en tant que seconde action d'accompagnement, ils sont introduits avec les coefficients 0 ou 0,8 ; • pour les halles équipées de ponts-roulants, les actions variables dominante et d'accompagnement sont déterminées en tenant compte des conditions d'utilisation simultanée de ces ponts.

Dans ce cas, \jIo = 0,77 est à remplacer par \jIo = 0,77 x 1,1:::: 0,85 si l'altitude est supérieure à 500 m.

152 Traité de béton armé 2°) POlir les vérifications des états-limites de service

Tableau 3.5. Bâtiments· état-limite ultime de service Actions variables Actions pennanentes Gmax + Gmin

dominante

d'accompagnement

Q1

lI'02 ~

QB W G

Sn

1

oou 0,77 Wou 0,77 Sn oou '1'0 QB oOU '1'0 QB

Pour '1'0, voir note sous le tableau 3.4. Remarques:

- En général, les actions dominantes interviennent seules pour les états-limites de déformation; - Il est rappelé que l'action Wn'est pas évaluée sur les mêmes bases dans les vérifications aux états-limites ultimes et dans celles aux états-limites de service (voir § 3.322-21).

3.423-3

Combinaisons d'actions à considérer dans le cas des ossatures et éléments courants des structures en béton armé

Dans la partie B des Règles BAEL, des indications sont données sur les différentes combinaisons d'actions à prendre en compte dans les cas les plus usuels (y compris ceux de l'équilibre statique), afin de simplifier la tâche des projeteurs. Les Règles BAEL distinguent (art. B-2.1 et B-2.2) :

• les constructions courantes définies comme celles dans lesquelles les charges variables représentent à la fois : - moins de deux fois les charges permanentes et - moins de 5 kN/m 2 , et où les charges localisées, s'il en existe, appliquées à un élément quelconque de plan. cher sont au plus égales à : -2kN -le quart de la charge d'exploitation totale susceptible d'être appliquée à cet élément; • les constructions industrielles définies comme celles dans lesquelles l'une quelconque des conditions ci-avant n'est pas remplie;

Dans ce cas, '1'0 = 0,77 est à remplacer par '1'0 = 0,77 x 1,1 ::::: 0,85 si l'altitude est supérieure à 500 m.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 153 • les constructions spéciales qui relèvent partiellement de l'un et/ou de l'autre des deux types ci-avant. Les Règles BAEL (art. B-3.1) désignent par : G

l'action des charges permanentes évaluée à partir des volumes définis par les dessins d'exécution (G inclut généralement le poids des cloisons et revêtements),

QB

l'action des charges d'exploitation qui est à prendre ou non dans les différentes travées par travées entières,

W

l'action du vent (voir § 3.322-21),

Sn

l'action de la neige.

Dans ce qui suit, on n'indique que les combinaisons vis-à-vis des états-limites ultimes. Les combinaisons à considérer vis-à-vis des états-limites de service peuvent aisément s'en déduire au moyen du tableau 3.5 (en se servant pour l'analogie, du tableau 3.4). 3.423-31

Cas des planchers et des poutres (BAEL, art. B-6.1,2)

a) Combinaisons faisant intervenir G et QB seuls Tableau 3.6. Combinaisons d'actions à l'ELU- planchers et poutres Travées chargées

Travées déchargées

Combinaison (1)

1,35 G + 1,5 QB

1,35 G

Combinaison (2)

G+ 1,5 QB

G

La combinaison (2) n'est généralement pas déterminante pour les poutres continues si une partie des aciers inférieurs est prolongée jusqu'aux appuis (décalage de la courbeenveloppe par adaptation).

Exemple: poutre-console. Dans ce cas, il y a deux combinaisons d'actions, à savoir: 1,35 G + 1,5 QB G+ 1,5 QB mais il y a cinq cas de charge à considérer, qui sont représentés sur la figure 3.10. Ces cinq cas de charge servent à tracer les lignes-enveloppes du moment de flexion d'une part et de l'effort tranchant d'autre part (figure 3.11). Ils donnent respectivement: - cas 1 ou 3:

moment sur appui maximal en valeur absolue et effort tranchant maximal à gauche de l'appui (côté console) ;

- cas 3 :

effort tranchant maximal à droite de l'appui (côté travée) ;

- cas 4 :

moment minimal en valeur absolue en travée et longueur des chapeaux côté travée (éventuellement associé au cas 1) ;

154 Traité de béton armé - cas 5 :

(ou cas 2 selon la valeur du rapport G / Q) : moment maximal positif en travée;

- cas 2:

(ou cas 5 selon la valeur du rapport G / Q) : effort tranchant maximal (en valeur absolue) sur l'appui de droite.

• • •.,

1,35 G + 1,5 OB

1,35G

t 1,35G

t 1,35 G + 1,5 OB

t 1,35 G + 1,5 OB

t 1,35 G + 1,5 OB

t G+1,50 B

t G

t

Ct

G

t G + 1,5 OB

t

t

Figure 3.10. Cas de charge pour une poutre-console

Moments

Efforts tranchants

Figure 3.11. Poutre-console - moments et efforts tranchants

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 155 b) Combinaisons faisant intervenir G, {ln et W Aux combinaisons (1) et (2) ci-avant, il faut ajouter les combinaisons du tableau 3.7. Tableau 3.7. Combinaisons d'actions à l'ELU - planchers et poutres· suite Travées chargées

Travées déchargées

Combinaison (3)

1,35 G+ 1,5 QB+ W

1,35 G+ W

Combinaison (4)

G+ 1,5 QB+ W

G+W

Combinaison (5)

1,35 G + 1,5 W + 1,3 '1'0 QB

1,35 G + 1,5 W

Combinaison (6)

G + 1,5 W + 1,3 '1'0 QB

G+ 1,5 W

Pour les valeurs de '1'0, voir note sous le tableau 3.4 et note 1 au bas de la même page.

c) Combinaisons faisant intervenir G, QB et Sn sans W Dans (3), (4), (5) et (6) remplacer W par Sn et appliquer éventuellement la remarque relative à l'action de la neige (voir tableau 3.4). Les cas de charge à considérer sont ceux définis dans les Règles N 84. Sur les planchers-terrasses des bâtiments d'habitation ou analogues, il est d'usage courant de prendre en compte, soit la charge d'exploitation QB seule (sans Sn), soit la charge de neige 'Sn seule (sans QB) c'est-à-dire que l'on n'envisage pas pour le calcul une application simultanée de QB et de S,I, même avec une réduction éventuelle.

Remarque: II convient d'envisager également des cas où le vent est accompagné de la neige, dans les conditions précisées par les Règles N 84.

3.423-32

Cas des poteaux soumis à une « compression centrée»

:> Référence: BAEL, art. B-8.2,1 a) Combinaisons faisant intervenir G et QB sellls Dans les cas les plus courants, une seule combinaison est à considérer: 1,35 G + 1,5 QB

QB tenant éventuellement compte de la dégression des charges d'exploitation définie par la norme NF P 06-001.

156 Traité de béton armé b) Combinaisonsfaisant intervenir G, QB, Wet éventuellement Sn Dans les cas les plus courants, quatre combinaisons sont à considérer: 1,35 G + 1,5 QB 1,35 G+ 1,5 QB+ W 1,35 G + 1,5 W + 1 ,3

"'0 QB (pour \!fo voir la note sous le tableau 3.4)

G+ 1,5 W S'il est tenu compte de la loi de dégression des charges d'exploitation, le coefficient 1,3 s'applique aux charges après prise en compte de la dégression.

"'0

3.423-33

Autres poteaux

:> Référence: BAEL, art. B-8,22 Ils' agit en particulier des poteaux d'ossatures calculées en portiques sous l'action des charges de pesanteur et du vent. Les combinaisons sont les mêmes que pour les poutres, mais en tenant compte pour QB de la loi de dégression des charges d'exploitation.

3.424

Vérification de l'état-limite de stabilité de forme

Se reporter au chapitre Il.

3.425

Vérification de l'équilibre statique

II s'agit d'un sujet très complexe, car les équilibres statiques sont largement indépendants du matériau constitutif et les formules correspondantes doivent donc être communes à tous les modes de construction. La manière de traiter ce problème ne peut être que semi-probabiliste, et son point de départ doit être commun avec la manière de traiter les problèmes de résistance. On se réfère ici aux indications données par l'Ingénieur Général H. Mathieu dans le Manuel du CEB « Sécurité des structures ». Un état-limite d'équilibre statique résultant d'une différence d'effets des actions et notamment des actions permanentes, la sécurité vis-à-vis d'un tel état dépend avant tout de la finesse de l'analyse (prise en compte ou non des actions, efforts ou paramètres parasites) et de la variabilité des actions permanentes . . Les dépassements d'équilibre statique peuvent être de diverses natures et de gravité très inégales. Par exemple, si dans un pont à plusieurs travées continues, l'extrémité du tablier peut se soulever dans certains cas de charge : - un soulèvement de 1 à 2 cm ne présente qu'un danger minime et cet état est assimilable à un état-limite de service; - un soulèvement croissant peut, au-delà de 5 cm par exemple, présenter un danger de plus en plus grave pour les usagers de la route. À partir d'une certaine valeur, il n'est

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 157 pas plus acceptable qu'un état-limite ultime. L'appréciation de cette valeur est d'autant plus délicate que le soulèvement peut se faire à un angle de l'about et non sur toute la largeur de celui-ci. Les états-limites d'équilibre statique étant donc très divers par leur nature et par leurs conséquences, il est très difficile de fixer des coefficients y couvrant la totalité des cas possibles.

À l'article A-3.3,4, les Règles BAEL renvoient aux Directives Communes qui distinguent: a) l'ensemble G 1 des actions permanentes y compris les parties du poids propre qui ont un effet stabilisateur ; b) l'ensemble G2 des actions permanentes et quasi permanentes, ainsi qu'éventuellement les charges non permanentes appliquées en cours d'exécution, qui ont l'effet inverse; c) la valeur caractéristique QIk, de l'action dominante qui a un effet déstabilisant; d) l'ensemble ~:>jfOiQik des valeurs de combinaison des actions d'accompagnement i>1

éventuelles. Pour les raisons exposées ci-dessus, le choix des coefficients à appliquer à chacun de ces termes est une affaire d'appréciation. Pour fixer les idées, les Directives Communes indiquent qu'assez généralement la combinaison fondamentale prendra la forme: 0,9 G1 + 1,1 G2 + 1,5 Qlk + 1,3

L \jf

OiQik

i>1

À l'artiéle B-3.3 les Règles BAEL distinguent: - les cas d'« équilibre statique pur », par exemple celui de la poutre-console de la figure 3.10 supposée posée sur des appuis en néoprène (à réaction unilatérale) où l'équilibre statique doit être vérifié pour le quatrième cas de charge de la figure mais en plaçant 0,9 G au lieu de G sur la travée adjacente au porte-à-faux; - les « autres cas », pour lesquels le problème peut être relativement complexe et fait alors l'objet soit de prescriptions, soit de documents, spécifiques, soit du Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP). Pour certains ouvrages de génie civil (cheminées, réservoirs, cuvelages), il existe des textes particuliers auxquels il convient de se reporter.

-3.5

CALCUL DES SOLLICITATIONS

Pour ce calcul, on effectue une analyse dont l'objet est d'établir la distribution, sous des actions données, soit des sollicitations (M, N, V, 1), soit des contraintes, des déformations et des déplacements pour l'ensemble, ou une partie seulement, d'une structure. Si nécessaire, une analyse locale additionnelle doit être faite.

158 Traité de béton armé L'analyse est basée sur une modélisation de la structure, en recherchant dans chaque combinaison d'actions le (ou les) cas de charge le(s) plus défavorable(s) pour l'élément ou la section étudiés, à l'état-limite considéré. Dans la plupart des cas, l'analyse fournit la distribution des sollicitations; cependant, pour certains éléments complexes, la méthode utilisée (par exemple, méthode des éléments finis) ne fournit que les contraintes, les déformations et les déplacements. TI faut avoir recours à des méthodes spéciales pour déduire de ces résultats les sections d'armatures appropriées. Des analyses locales complémentaires peuvent être nécessaires dans les zones où l 'hypothèse d'une distribution linéaire des contraintes ne peut plus être conservée comme, par exemple: les appuis, les zones d'application de forces localisées, les croisements de poutres, les jonctions poutres-poteaux, les zones d'ancrage, les changements de section.

3.51

Prescriptions des Règles BAEL

:> Référence: BAEL, art. A 3,2 Les sollicitations doivent théoriquement être calculées en tenant compte du comportement réel de la structure dans l'état-limite correspondant, tel qu'il ressort des essais d'éléments ou de structures soumis aux mêmes types d'actions, ce qui conduit à cinq modes d'analyse différents : -l'analyse linéaire, basée sur l'hypothèse que les sollicitations sont des fonctions linéaires des'actions, -l'analyse linéaire avec« redistribution» arbitraire (voir § 3.512), -l'analyse non-linéaire (qui n'est en fait qu'une analyse des structures ayant un comportement local non-linéaire), -l'analyse plastique (pour les dalles, plus rarement pour les poutres), qui constitue une simplification schématique des analyses non linéaires, obtenue en supposant que le béton armé se comporte comme un matériau rigide-plastique parfait (voir § 2.12, figure 2.3). -Panalyse basée sur un modèle formé de bielles et de tirants. En pratique, on se contente le plus souvent d'une analyse linéaire en utilisant pour la structure un modèle élastique et linéaire et en appliquant les procédés de la Résistance des Matériaux classique, dans la mesure où la forme des pièces le permet. Cette analyse est faite en principe en attribuant directement à chaque action sa « valeur de calcul », c'est-à-dire la valeur obtenue en multipliant sa valeur représentative par le coefficient de sécurité partiel approprié. Lorsque la forme des pièces ne permet pas une application directe de la Résistance des Matériaux classique, on peut: - soit adopter des schémas se rapprochant de structures connues ; - soit avoir recours à des modèles de calcul plus élaborés (méthode des éléments finis, application du principe des équivalences, etc.) ; - soit procéder à une expérimentation sur modèle réduit ou en vraie grandeur.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 159

3.511

Simplifications admises dans l'application des méthodes de la Résistance des Matériaux

Dans l'application des méthodes de la Résistance des Matériaux, les simplifications suivantes sont admises: - Lorsque les inconnues hyperstatiques ne dépendent pas de la valeur du module de déformation longitudinale, il est loisible d'introduire, dans les équations servant à leur détermination, les constantes mécaniques (aires et moments d'inertie) calculées sur les sections du béton seul des pièces supposées non fissurées et en négligeant leurs armatures. Cette approximation n'est toutefois valable que dans la mesure où les rapports des déformabilités des différentes pièces ne sont pas, de ce fait, fondamentalement changés (ce qui serait, par exemple, le cas d'un arc sous-tendu par un tirant de section relativement réduite, dont la déformabilité peut être voisine de celle des aciers nus). - Dans le cas très fréquent d'une poutre en T formée d'une nervure associée à un hourdis, on attribue une largeur constante au hourdis associé à la nervure, cette largeur étant égale à celle susceptible d'être prise en compte en travée dans les calculs de résistance (voir § 7.6). - Les sollicitations du second ordre sont, le plus souvent, négligées sauf dans les vérifications d'état-limite ultime de stabilité de forme (voir chap. Il). - Pour les éléments dont les conditions d'encastrement aux appuis ne peuvent être définies avec précision, on peut évaluer les moments d'encastrement à des fractions, choisies forfaitairement, des moments positifs maximaux qui seraient supportés par la pièce reposant sur appuis simples. C'est notamment le cas des dalles et des poutres courantes de structUres de bâtiments.

3.512

Redistributions d'efforts

Dans certains cas, il convient de tenir compte des redistributions d'efforts dues à la nonconcordance du comportement des matériaux avec le modèle théorique adopté. Cette non-concordance a le plus souvent pour origine les phénomènes de fissuration et de plasticité du béton. Pour la prise en compte de ces redistributions, il convient de s'appuyer, dans la mesure du possible, sur des bases expérimentales probantes. Vis-à-vis de l'état-limite ultime, ces phénomènes se traduisent généralement par une atténuation des efforts en certaines sections, mais les Règles BAEL insistent sur les deux points suivants: - il est déconseillé de prendre en compte des redistributions théoriques non vérifiées par l'expérience; - les déformations résultant de ces redistributions doivent être compatibles avec l' étatlimite considéré.

160 Traité de béton armé

3.52

Prescriptions de l'EC2

3.521

Analyse structurale

L'analyse peut être basée sur un modèle de comportement : -linéaire élastique (sollicitations proportionnelles aux actions), - linéaire avec redistribution limitée, - plastique, incluant les modèles à bielles et tirants - non-linéaire, Les effets d'imperfections géométriques éventuelles et d'écarts dans la position des charges doivent être pris en compte à l'état-limite ultime (voir chapitre Il);

3.522

Modélisation de la structure

:> Référence: EC2, art. 5.3 Les éléments constitutifs d'une structure sont normalement classés d'après leur nature et leur fonction en poutres, poteaux, dalles, murs, etc. Un élément est considéré comme une poutre lorsque le rapport de sa portée 1 à la hauteur totale h de sa section droite est au moins égal à 2 : II h 2: 2. Une poutre dans laquelle cette condition n'est pas vérifiée est considérée comme une poutre-cloison. Un élément est considéré comme une dalle si sa portée minimale est au moins égale à cinq fois son épaisseur. Une dalle soumise en majeure partie à des charges uniformes est considérée comme portant dans un seul sens si le rapport Ixlly (notations françaises) est au plus égal à 0,5. Est considéré comme un poteau un élément tel que 1;::: 3 b avec b:::; 4 a (l, hauteur; a et b, respectivement, petite et grande dimensions de la section transversale). Un voile est un élément plan ou courbe, vertical ou incliné, dont la longueur horizontale est au moins égale à quatre fois son épaisseur. S'il n'en est pas ainsi, on a affaire à un poteau. Pour les calculs, tous ces éléments sont réduits à leur ligne moyenne ou à leur plan ou feuillet moyen. Il faut faire en sorte que le modèle ainsi constitué ait un comportement se rapprochant aussi fidèlement que possible de celui de la structure réelle. Par exemple, si deux travées de poutre ont des inerties différentes de part et d'autre d'un appui commun, les lignes moyennes sont décalées, le nœud est complexe, et il ne s'agit pas seulement de mener les calculs en prenant une inertie Il à gauche et une inertie h à droite avec une ligne moyenne rectiligne commune. De façon générale, les conditions de liaison des éléments entre eux, introduites dans un calcul, ne doivent pas être choisies arbitrairement, mais en fonction des raideurs respectives de ces éléments. Pour finir, il faut aussi tenir compte du mode d'application des forces. La Résistance des Matériaux n'en tient aucun compte. Mais, en béton armé, du fait que les éléments ont une certaine épaisseur, ce mode a une importance sur la disposition des armatures. Ainsi

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 161 par exemple, les charges appliquées dans une zone de poutre tendue par la flexion, qui, du point de vue de la RdM, engendrent le même effort tranchant quel que soit leur point d'application sur leur ligne d'action, doivent être «remontées» du côté comprimé, ce qui nécessite de prévoir dans ce but des armatures spéciales qui viennent en supplément des armatures d'effort tranchant (voir § 12.74).

3.522-1

Largeur participante des tables des poutres en T (pour tous les états-limites)

Lorsqu'une grande précision n'est pas exigée (par exemple, poutres continues des bâtiments) l'analyse peut être faite en admettant une largeur constante, celle en travée, sur toute la portée. Pour une poutre en T ou en L (figure 3.12) : beff

=Lbeff ,i + bw :::; b

où beff,i = 0,2 bi + 0,1/0 :::; 10

et beff,i:::; bi Dans ces formules, 10 représente la portée entre points de moment nul, évaluée forfaitairement selon la figure 3.13.

Figure 3.12. largeur efficace de la table d'une poutre en T

to= 0.15 (l1 + l2)

to= 0.7l 2

Figure 3.13. Distances conventionnelles entre points de moment nul

162 Traité de béton armé

3.522-2

Portées

La portée 1 considérée dans les calculs est la portée «effective », pnse égale à: leff = ln + al + a 2 avec 1" portée libre entre nus d'appuis. Les valeurs de al ou ab aux extrémités de chaque travée, sont à déduire dans chaque cas de la figure 3.14. ai = min {1/2 h ; 1/2 t}



Éléments isostatiques

ai = min {1/2 h ; 1/2 t}



Éléments continus

ai = min {1/2 h ; 1/2 t} Axe d'appui

V



Appuis considérés comme des encastrements parfaits

ca

Présence d'un appareil d'appui

ai = min {1/2 h ; 1/2 t}



Console

Figure 3.14. Portées « effectives» à prendre en compte dans les calculs

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 163 Écrêtage sur appuis de la courbe des moments Pour une poutre (ou une dalle) continue pouvant être considérée comme simplement posée sur ses appuis, on peut « écrêter» la courbe des moments sur appuis tracée en considérant la portée entre axes des éléments (figure 3.15) de la quantité: t

f).M Ed

= FEd ,sup "8

avec: FEd,sup

réaction d'appui (<< sup » pour support en anglais, et non pour supérieur)

t

largeur de l'appui

Cet écrêtage est justifié par le fait que la réaction d'appui n'est pas une force concentrée, agissant suivant l'axe de l'appui.

En admettant une distribution uniforme de la réaction sur la largeur t de l'appui, cette distribution crée dans l'axe de l'appui un moment égal à

FEd,sup

=(FEd,SUP] (t/2)2 =F

f).M Ed

t

2

Ed,sup

!.. 8

(cf. console de portée t/2 uniformément chargée par FEd,sup) qui vient en déduction du pic de moment obtenu en considérant la réaction FEd,sup comme concentrée.

Figure 3.15. Écrêtage de la courbe des moments sur appui. Dans le cas où la poutre (ou la dalle) est solidaire des poteaux (ou murs) qui la supportent, le moment critique de calcul peut être pris égal au moment au nu d'appui sans que la valeur retenue puisse être inférieure à 65 % du moment d'encastrement parfait de la même poutre (::::: O,43Mo ).

3.523

Analyse élastique linéaire

L'analyse linéaire, basée sur la Théorie de l'Élasticité, peut être utilisée pour les étatslimites de service et pour les états-limites ultimes. Pour la détermination des sollicitations, on peut également supposer les sections non fissurées, en admettant des lois de comportement (J"-g linéaires et en adoptant des valeurs moyennes pour le module d'élasticité.

164 Traité de béton armé Pour l'effet des déformations imposées (effets du retrait, effets thermiques, tassements d'appui) à l'état-limite ultime, on peut admettre une réduction de la rigidité due aux sections fissurées, en négligeant la contribution du béton tendu (§ 15.232), mais en incluant les effets du fluage. Pour les états-limites de service, l'évolution graduelle de la fissuration doit être prise en compte.

3.524

Analyse élastique linéaire avec redistribution limitée

Pour les vérifications à l'état-limite ultime des poutres et des portiques, à condition que la capacité de rotation puisse être établie de manière fiable, les moments de flexion ultimes, déterminés au moyen d'une analyse élastique linéaire peuvent être redistribués, c'est-à-dire que les moments de flexion dans les sections les plus sollicitées peuvent être multipliés par un coefficient réducteur Ô (voir ci-après), les moments dans les autres sections étant augmentés en conséquence pour maintenir l'équilibre. Toutes les conséquences de la redistribution admise sur l'effort tranchant, les ancrages et les arrêts de barres, ainsi que sur la fissuration, doivent être prises en compte dans le calcul, à toutes les étapes de la vérification. En particulier, les longueurs des barres doivent être suffisantes pour qu'aucune autre section ne devienne critique. Dans les poutres continues et les dalles où la flexion prédomine et où le rapport des portées adjacentes est tel que 0,5 ::; li 1li + t ::; 2, on peut se dispenser de vérifier explicitement la capacité de rotation sous réserve que le rapport Ô du moment redistribué au momel.1t élastique originel soit tel que (x u , hauteur de l'axe neutre à l'état-limite ultime, après redistribution, dhauteur utile) : Ô ~ kt

+ k2Xul d POur!ck::; 50 MPa

Ô ~ k3

+ k4Xul d pourfck > 50 MPa

avec en outre Ô ~ 0,70 dans le cas d'emploi d'armatures des classes de ductilité Bou C, et Ô ~ 0,80 dans le cadre d'emploi d'armatures de classe de ductilité A. Les valeurs de kt, k2, k3 et k4 sont:

= 0,44 k3 = 0,54

kt

k2 = 1,25 (0,6 + 0,0 14h'cII2) (scu2selon tableau 2.4)

k4 =k2

Pour la vérification des poteaux, les moments élastiques dus au fonctionnement en portique ne peuvent faire l'objet d'aucune redistribution.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 165

3.525

Méthode d'analyse plastique

3.525-1

Généralités

De telles méthodes ne doivent être utilisées que pour les vérifications à l'état-limite ultime. La capacité de rotation plastique doit être vérifiée. L'analyse peut être faite soit par la méthode statique (méthode des bielles et tirants par exemple, voir § 3.525-4 ci-après), soit par la méthode cinématique (théorie des lignes de rupture pour les dalles, par exemple).

3.525-2

Analyse plastique des poutres, portiques et dalles

Si l'on utilise la méthode cinématique, plusieurs mécanismes possibles doivent être envisagés, de manière à déterminer la capacité portante minimale. Une ductilité convenable est réputée obtenue (sans qu'il soit besoin de la vérifier) si toutes les conditions suivantes sont satisfaites: • la section des armatures tendues est limitée en sorte qu'en toute section:

xul d:S 0,25 pour les classes de béton au plus égales à C50160, xul d:S 0,15 pour les classes de béton au moins égales à C55/67 ; • l'acier est des classes de ductilité B ou C ; • le rapport des moments sur appuis intermédiaires aux moments en travée est compris entre 0,5 et 2. Les potea.ux des portiques doivent être calculés pour le plus grand moment plastique susceptible de leur être transmis par les poutres auxquelles ils sont liés.

3.525-3

Capacité de rotation

Pour les structures formées de poutres et de poutres-dalles, on considère des portions de poutres ou de dalles d'une longueur d'environ 1,2 h, supposées subir une déformation plastique (formation de rotules plastiques) sous la combinaison d'actions considérée. On doit s'assurer qu'à l'état-limite ultime, sous la combinaison d'actions considérée, la rotation calculée es est au plus égale à la rotation plastique admissible ep1d. Dans les régions des rotules plastiques, il faut avoir:

xul d:S 0,45 pour les classes de béton au plus égales à C50160, xul d:S 0,35 pour les classes de béton au moins égales à C55/67. Nota: 1. Se reporter à la figure 5.6 N de l'EC2 pour avoir les valeurs de base de la rotation plastique admissible ep1dPour les aciers à haute ductilité (classes B et C). 2. Un exemple d'application de chacune des deux méthodes d'analyse linéaire avec redistribution limitée des moments et d'analyse plastique est donné, pour une poutre continue, dans l'ouvrage Applications de !'Eurocode 2 (Presses des Ponts et Chaussées).

166 Traité de béton armé 3.525-4

Analyse avec modèles à bielles et tirants (stmt-and-tle models)

a) Présentation Dans cette méthode, on imagine un schéma plausible de cheminement des forces à l'intérieur d'un élément par l'intervention de bielles de béton comprimées donnant naissance à des forces de traction qu'il est nécessaire d'équilibrer par des armatures (tirants). L'exemple le plus classique est, en France, celui de la «méthode des bielles », due à P. Lebelle, pour le calcul des semelles de fondation. L'article 48 des Règles CCBA 68 : «Assemblage des pièces dont le calcul ne relève pas des hypothèses de la Résistance des Matériaux» formulait déjà des recommandations qualitatives et indiquait les précautions à prendre, en particulier pour l'ancrage des barres des tirants. Sous l'influence des travaux des Professeurs Schlaich et Schâfer de l'Université de Stuttgart (Konstruiren in Stahlbetonbau, 1984), le Code-Modèle CEB-FIP de 1990 a érigé cette méthode en méthode générale de calcul des ouvrages en béton armé ou précontraint (voir aussi Practical design of structural concrete, fib 1999). L'usage de tels modèles exige une certaine expérience de la part du projeteur. Les éléments d'un modèle à bielles et tirants sont: les tirants constitués par des nappes d'armatures tendues, les bielles de béton véhiculant des contraintes de compression et les nœuds formés par des volumes de béton confiné aux changements de direction des bielles et/ou des armatures et aux ancrages de ces dernières. On distingue: - les régions « B » de continuité où le principe de Saint-Venant est applicable (<< B » pour bending = flexion) -les régions« D» de discontinuité où le principe de Saint-Venant n'est pas applicable: zones d'about des poutres, nœuds de portiques, consoles courtes, poutres-cloisons, etc.

b) Règles de l'EC2 Pour assurer une compatibilité approximative, les bielles principales du modèle adopté doivent être placées et orientées selon le champ de contraintes donné par la Théorie de l'Élasticité. Si cette condition est satisfaite, le calcul à l'état-limite de service peut aussi être effectué en utilisant le modèle adopté. Les forces véhiculées par les éléments constitutifs du modèle doivent être déterminées de manière à maintenir, à l'état-limite ultime, l'équilibre avec les charges appliquées (pour le dimensionnement de ces éléments, voir chap. 14). Il n'est généralement pas possible de superposer plusieurs modèles à bielles et tirants. Une superposition n'est envisageable que dans le cas où le même modèle peut être adopté pour chaque cas.

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 167 c) Considérations générales (hors EC2) sur le choix des modèles Il convient d'essayer de concevoir des modèles simples, comportant un faible nombre de bielles et de tirants. La position et la direction des bielles doivent être déterminées en effectuant, par exemple, une analyse élastique par un calcul aux éléments finis (voir, à titre d'exemples donnés par K. Schafer, les figures 3.16 a et b). Un choix judicieux nécessite une certaine expérience (figure 3.17: le modèle (a) est bon, le modèle (b) ne l'est pas, à un double titre: il entraîne un risque de fissuration non négligeable dans la direction indiquée par la figure et une dépense d'acier supérieure à la disposition a).

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Figure 3.16. Modèles de calcul: a) pour une poutre-cloison chargée en son milieu b) pour un bloc supportant une charge localisée

168 Traité de béton armé

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Figure 3.17. Modèles de calcul pour une poutre-cloison soumise à une charge uniforme

• Choix des angles 8 d'inclinaison des bielles selon Kurt Schiifer Les angles 8 entre les bielles et les tirants doivent être aussi grands que possible Ç2: 45°, figure 3.18; cf. en France, la méthode des bielles pour les semelles sur pieux). Il convient cependant de faire une exception pour les cas, très courants, où une bielle aboutit à l'angle de deux tirants orthogonaux (figure 3.19). Dans ce cas, la bielle doit être contenue à l'intérieur d'un dièdre ouvert de ± 15° de part et d'autre de la bissectrice de l'angle droit.

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92 > 30·

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9 1 > 30·

t Figure 3.18. Inclinaison d'une bielle sur appui

Figure 3.19. Inclinaison de bielles aboutissant à l'angle de deux tirants orthogonaux

• Forces concentrées sur lin bord 011 près d'un angle (figure 3.20) On a sensiblement Ô = 32° (8 = 58° ; plus classiquement on adopte en général une pente telle que Arc tg Ô = 2/3 soit Ô = 33°7). Selon les dimensions et les conditions aux limites

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 169 de la région D de discontinuité, l'angle 8 peut être plus grand ou plus petit que 32°. Par exemple, pour la poutre-cloison de la figure 3.20c, on peut choisir pour le nœud sous la charge 8 ~ 45°. Si la distance a augmente, on peut adopter les modèles d ou e de la figure 3.20, qui comportent un tirant intermédiaire, afin de ne pas trop réduire l'angle e.

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F

3 - NEd/F Os FwS F

cotS= Fh/F

Figure 3.20. Différentes solutions possibles dans le choix de modèles de calcul

170 Traité de béton armé

3.526

Analyse non-linéaire

L'hypothèse de la linéarité de la relation effort-déplacement présente des insuffisances pour expliquer le comportement réel des structures, qui ont amené à développer l'analyse non-linéaire. La non-linéarité est due au fait qu'il n'existe pas de matériau parfaitement élastique. En béton armé, le béton et l'acier contribuent à la non-linéarité à différents niveaux: - par dépassement de la limite d'élasticité de chacun d'eux (franchissement du point E sur la figure 2.1) ; - dans la section, en raison du dépassement de la résistance à la traction du béton (changement de géométrie et modification des caractères mécaniques - aires, moments d'inertie, ... -lors du passage de la phase non fissurée à la phase fissurée) et ensuite, en raison du dépassement de la limite de plasticité de l'acier tendu et/ou de la limite de linéarité du béton comprimé; - dans la structure enfin, pour les systèmes hyperstatiques, à cause de la modification de la relation charges-moments fléchissants par suite du changement des caractères géométriques et mécaniques des sections des éléments. L'analyse non-linéaire se fait pas à pas, en tenant compte à chaque étape du comportement réel des matériaux et de la structure. Le recours à l'ordinateur est inévitable. Les méthodes d'analyse non-linéaire peuvent être utilisées aussi bien pour les étatslimites ultimes que pour les états-limites de service, à condition que la compatibilité soit satisfaite, qu'un comportement non-linéaire convenable des matériaux puisse être admis et que la capacité des sections critiques locales à supporter les déformations inélastiques soit vérifiée. Cette analyse peut être du premier ou du second ordre. Pour les structures élancées, dans lesquelles les effets du second ordre ne peuvent être négligés, on peut utiliser la méthode générale de calcul donnée au § II.622.

3156

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 3

- Instructions techniques sur les directives communes de 1979 relatives au calcul des constructions, circulaire nO 79-25 du 13 mars 1979. BOUL 1, fascicule spécial 79-12 bis. - Conception, calcul et épreuves des ouvrages d'art, titres 1 et III du fascicule 61 du CPC. Circulaire nO 65 du 19 août 1960. Titre 1 : Programme de surcharges et épreuves des ponts-rails, titre III: Programme de charge et épreuve des ponts-canaux. BOUL 1, fascicule spécial nO 60-17 bis

1. Bulletin officiel du Ministère de l'Urbanisme et du Logement (voir note de bas de page au § 1.421).

Chapitre 3 • Actions et sollicitations 171 - Conception, calcul et épreuves des ouvrages d'art. Titre II du fascicule 61 du CPC (Programme de charges et épreuves des ponts-routiers), circulaires n° 71-155 du 29 décembre 1971 et n° 75-156 du 30 décembre 1971, BOUL, fascicule spécial n° 7221 bis. - Bases de calcul des constructions. Charges d'exploitation des bâtiments. NF P 06-001, juin 1986, AFNOR. - Règles définissant les effets de la neige et du vent sur les constructions. Règles NV 65 (DTU P 06-002), CSTB, 2000. - Règles parasismiques PS 92, éd. Eyrolles. - ISO - Rapport technique 6116, 1981, Actions sur les structures, et Eurocode 1. - Manuel « Sécurité des structures », Bulletins d'information du CEB nOs 127 et 128, décembre 1979, janvier 1980 (rédigés par H. Mathieu). - Règles N 84 - Actions de la neige sur les constructions, DTU P 06-006, CSTB avril 2000 ou Titre IV, section II du fascicule 61 du CCTG. - Calgaro (l-A), Bisch (Ph.), Codes européens de conception des constructions, Techniques de l'ingénieur. - Calgaro (J.-A), Moreau de Saint-Martin (l), Les Eurocodes. Conception des bâtiments et des ouvrages de génie civil, éd. du Moniteur, 2005. - Bosc (J.-L.), Dimensionnement des constructions selon l'Eurocode 2 à l'aide des modèles « bielles-tirants» : principes et applications, Presses de l'ENPC.

- Application de l'Eurocode 2 - Calcul des bâtiments en béton, Presses de l'ENPC, mai 2005.

CHAPITRE 4 ASSOCIATION ACIER-BÉTON

4.1

DISPOSITION DES ARMATURES

4.11

Disposition générale

Pour simplifier, on considère le cas d'une poutre horizontale à plan moyen vertical. Les armatures dites « longitudinales» sont toujours disposées en nappes horizontales (on dit aussi lits horizontaux) et en files verticales. Les files des lits inférieurs et supérieurs doivent se correspondre de façon à réserver des passages verticaux pour le coulage du béton et à simplifier le tracé des armatures d'âme.

Lits )1 er Lit 2e Lit

supérieurs

Armatures d'âme - - - - - -

File

Lits inférieurs

e 2 Lit 1er Lit

Figure 4.1. Dispositions d'armatures1

1.

Pour les dessins d'armatures, il est toujours nécessaire de faire une coupe-type comme celle de la figure 4.1. En effet, l'appellation « 1cr lit» appliquée aux aciers supérieurs risque d'être interprétée par le ferrailleur comme le premier lit à mettre en place en tant qu'aciers supérieurs, alors que dans l'esprit du calculateur, il représente le lit le plus proche de la face supérieure du béton.

174 Traité de béton armé

4.12

Enrobages

On appelle «enrobage» (co ver en anglais l ) la distance qui sépare la génératrice extérieure de toute armature à la paroi de béton la plus voisine.

a) Prescriptions des Règles BAEL On n'étudie pas systématiquement dans ce qui suit le cas où les barres sont groupées en paquets de plus de deux.

Figure 4.2. Enrobages et distances entre les armatures Pour des granulats roulés de dimension maximale re 4.2) : C

Cg

= 25

mm (notations, voir figu-

(ou Ct):::: Max [a; 0 ; 1 cm]

avec:

a = 5 cm

ouvrages à la mer ou exposés aux embruns, aux brouillards salins, ou à des atmosphères agressives,

a = 3 cm

parois non coffrées soumises à des actions agressives et parois exposées aux intempéries, aux condensations ou au contact d'un liquide.

a = 1 cm

parois situées dans des locaux clos et couverts et non exposées aux condensations.

Les valeurs de 5 cm et de 3 cm peuvent être ramenées à : - 3 cm si, soit les armatures, soit le béton sont protégés par un procédé dont l'efficacité a été démontrée ; .- 2 cm si la résistance du béton est supérieure à 40 MPa (l'efficacité de la protection apportée par l'enrobage est fonction de la compacité du béton, qui augmente avec sa résistance).

1. Le mot anglais cover est parfois traduit incorrectement par « recouvrement» par des traducteurs non spécialistes. Le terme « recouvrement}) prête à confusion, car il désigne en fait un mode de jonction entre barres (voir § 4.6).

Chapitre 4 • Association acier-béton 175 b) Prescriptions de l'Ee2 L'EC2 définit un enrobage nominal et un enrobage minimal. Celui-ci est fixé en fonction des classes d'exposition (tableau 4.1). 1°) Enrobage nominal L'enrobage nominal Cnom de toute armature (y compris les armatures de peau) doit être spécifié sur les dessins. Il est égal à:

avec: Cmin

enrobage minimal

!1cdev

tolérance d'exécution admise.

2°) Enrobage minimal Un enrobage minimal Cmin doit être prévu afin d'assurer une transmission correcte des forces d'adhérence, la protection des armatures contre la corrosion (durabilité) et une résistance adéquate à l'incendie. Pour satisfaire les exigences relatives aux deux premières conditions, il faut avoir: Cmin

= Max [Cmin,b; Cmin,dllr+ !1cdllr,y- !1cdur,st - !1cdur,add; 10 mm]

avec: Cmin,b

enrobage minimal pour respecter les exigences d'adhérence

Cmin,dllr

enrobage minimal pour respecter les conditions d'environnement sécurité additionnelle réduction en cas d'emploi d'acier inoxydable

!1Cdur,add

réduction en cas d'une protection additionnelle.

Tableau 4.1. Classes d'exposition en fonction des conditions d'environnement Désignation de la classe

Description de l'environnement

Exemples informatifs (1) illustrant le choix des classes d'exposition

1. Aucun risque de corrosion ni d'attaque

XO

Béton non armé et sans pièces métalliques noyées : toutes expositions sauf en cas de gel/dégel, d'abrasion et d'attaque chimique - Béton armé ou avec des pièces métalliques noyées : très sec.

Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité ambiant est très faible

176 Traité de béton armé Désignation de la classe

Description de l'environnement

Exemples informatifs (1) illustrant le choix des classes d'exposition

2. Corrosion induite par carbonatation

Sec ou humide en permanence

Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité ambiant est faible - Béton submergé en permanence dans de l'eau

Humide, rarement sec

Surfaces de béton soumises au contact à long terme de l'eau - Un grand nombre de fondations

XC3

Humidité modérée

Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité ambiant est moyen ou élevé - Béton extérieur abrité de la pluie

XC4

Alternativement humide et sec

Surfaces de béton soumises au contact mais n'entrant pas dans la classe d'exposition XC2

XCI

XC2

3. Corrosion induite par les chlorures

XDI

Humidité modérée

Surfaces de béton exposées à des chlorures transportés par voie aérienne

XD2

Humide, rarement sec

Piscines - Éléments en béton exposés à des eaux industrielles contenant des chlorures

Alternativement humide et sec

Éléments de ponts exposés à des projections contenant des chlorures - Chaussées - Dalles de parcs de stationnement de véhicules

XD3

4. Corrosion induite par les chlorures présents dans l'eau de mer

XSl

Exposé à l'air véhiculant du sel marin mais pas en contact direct avec l'eau de mer

Structure sur ou à proximité d'une côte

XS2

Immergé en permanence

Éléments de structures marines

Chapitre 4 • Association acier-béton 177

Désignation de la classe

Description de l'environnement

XS3

Zones de marnage, zones soumises à des projections ou à des embruns

Exemples informatifs (1) illustrant le choix des classes d'exposition Éléments de structures marines

5. Attaque gel/dégel XFl

Saturation modérée en eau, sans agents anti-verglas

Surfaces verticales de béton exposées à la pluie et au gel

XF2

Saturation modérée en eau, avec agents anti-verglas

Surfaces verticales de béton des ouvrages routiers exposés au gel et à l'air véhiculant des agents anti-verglas

XF3

Forte saturation en eau, sans agents anti-verglas

Surfaces horizontales de béton exposées à la pluie et au gel

Forte saturation en eau, avec agents anti-verglas ou eau de mer

Routes et tabliers de pont exposés aux agents anti-verglas - Surfaces de béton verticales directement exposées aux projections d'agents anti-verglas et au gel- Zones des structures marines soumises aux projections et exposées au gel

XF4

6. Attaques chimiques

XAI

Environnement à faible agressivité chimique selon l'EN 206-1, tab.2

Sols naturels et eau dans le sol

XA2

Environnement d'agressivité chimique modérée selon l'EN 206-1, tableau 2

Sols naturels et eau dans le sol

XA3

Environnement à forte agressivité chimique selon l'EN 206-1, Tab.2

Sols naturels et eau dans le sol

(l) Se reporter à l'Annexe Nationale qui rend cette colonne normative et lui adjoint des notes appropriées.

178 Traité de béton armé Pour les trois termes correctifs Ilcdllr, les valeurs sont normalement prises égales à zéro, mais l'Annexe Nationale envisage des cas où une valeur différente de zéro doit être adoptée .

• Enrobage minimal pour respecter les exigences d'adhérence Cmin,b Pour assurer une transmission correcte des forces d'adhérence et un serrage correct du béton, l'enrobage minimal Cmin,b d'une barre ne doit pas descendre au-dessous de son diamètre nominal 0 ou, s'il s'agit d'un paquet de n barres, au-dessous du diamètre équivalent 0 n du paquet ( 0

n

= 0..[,; ).

Si la dimension maximale dg du granulat est supérieure à 32 mm, l'enrobage minimal défini ci-avant doit être augmenté de 5 mm .

• Enrobage minimal pour respecter les conditions d'environnement emln,dur Les valeurs données par le tableau 4.4N de l'EC2 (tab.4.2) et adoptées par l'Annexe Nationale, s'appliquent au béton normal armé d'aciers au carbone ordinaires.

Tableau 4.2. Valeurs de emln,dur (mm) Classe d'exposition selon le tableau 4.1

Classe structurale

XO

XC1

XC2/XC3

XC4

XD1/XS1

XD2/XS2

XD3/XS3

SI

10

10

10

15

20

25

30

si

10

10

15

20

25

30

35

S3

10

10

20

25

30

35

40

S4

10

15

25

30

35

40

45

S5

15

20

30

35

40

45

50

S6

20

25

35

40

45

50

55

La classe de structure recommandée correspond à une durée de vie de l'ouvrage de 50 ans (classe S4). Pour une durée de vie de 100 ans, il faut augmenter la classe de deux rangs. Inversement, on peut réduire la classe d'un rang si, indépendamment:

- il s'agit d'une dalle, - un contrôle de qualité particulier est assuré pour la production du béton, -la classe de résistance du béton est au moins égale aux valeurs du tableau 4.3.

Chapitre 4 • Association acier-béton 179 Tableau 4.3 Classes (1) d'exposition Classes de résistance

XO, XCI

XC2, XC3

XC4, XDI, XD2, XSI

XD3, XS2, XS3

30/37

35/45

40/50

42/55

(1) Annexe Nationale: 30/37 pour les classes XC2 et XC3, 35/45 pour la classe XC4 et 40/50 pour la classe XS2. Le reste sans changement.

Pour du béton coulé au contact d'autres éléments (préfabriqués ou coulés eux-mêmes in situ), l'enrobage minimal par rapport à l'interface peut être réduit à Cmin,h, sous réserve que la classe du béton soit au moins égale à C25/30, que l'interface soit rendue rugueuse et que son temps d'exposition à l'environnement extérieur soit au plus égal à 28 jours. Pour les parements irréguliers, l'enrobage minimal doit être augmenté d'au moins 5 mm.

4.13

Distances entre barres

a) Prescriptions des Règles BA EL La distance verticale ev entre deux barres isolées situées à l'aplomb l'une de l'autre doit être telle que (0, diamètre de la plus grosse barre) :

ev ~ Max [0 ; Cg]

soit, en général:

ev ~ Max [0 ; 2,5 cm]1

La distance horizontale eh entre barres ou paquets de barres doit être telle que:

eh ~ Max [0 ; 1,5 Cg]

soit, en général:

eh ~ Max [0 ; 4 cm]

b) Prescriptions de l'EC2 Entre barres parallèles isolées ou entre lits horizontaux de barres parallèles:

e,.ou eh

~

Max [0max ; dg + 5 mm; 20 mm] avec dg dimension maximale du granulat.

Dans le cas de groupements de n barres de même diamètre 0, la règle précédente s'applique en prenant compte le diamètre équivalent 0"

1.

=0,J;;

(n

$

4).

Il est permis de superposer les barres deux par deux (BAEL, art. A-7 .2,3) auquel cas la distance ev est à respecter entre deux paquets successifs ou entre un paquet et une barre isolée (cas de la figure 4.2)

180 Traité de béton armé

4.2

ADHÉRENCE DES BARRES DROITES ISOLÉES

4.21

Définition

Dans un élément en béton armé, les forces extérieures étant appliquées au béton, la transmission aux armatures des efforts auxquelles celles-ci doivent résister suppose qu'elles ne peuvent pas glisser dans la gaine de béton qui les enrobe, ou que les glissements éventuels demeurent dans des limites tolérables. On appelle« adhérence» l'action des forces de liaison qui s'opposent au glissement des armatures dans leur gaine de béton. L'adhérence, qui est le phénomène fondamental sans lequel le matériau « béton armé» n'aurait pu exister, joue trois rôles: 1. elle assure le scellement ou l'ancrage des barres arrêtées; 2. elle assure l'entraînement des armatures sous l'effort de glissement longitudinal provoqué par l'effort tranchant (en permettant le développement de contraintes tangentes qui équilibrent les variations des contraintes longitudinales) ; 3. avant fissuration, elle permet aux armatures de travailler en collaboration avec le béton tendu; après fissuration, elle assure une répartition des fissures et l'équilibre des efforts de traction par les armatures, en maintenant une liaison entre le béton et l'acier dans les zones comprises entre les fissures. La transmission des efforts aux armatures peut également résulter des formes courbes données à leurs lignes moyennes (ancrages courbes) ou de la présence de fils transversaux soudés (treillis soudés).

4.22

Phénomènes expérimentaux Théorie de M. Caquot

Considérons une barre rectiligne lisse ou HA noyée dans un prisme de béton. Cherchons à l'extraire de ce prisme en exerçant sur elle un effort axial de traction (figure 4.3).

Chapitre 4 • Association acier-béton 181

Les forces de liaison qui s'opposent au glissement de la barre suivant son axe par rapport au béton sont: - d'une part des forces capillaires et moléculaires, donc de nature physique, qui assurent le « collage» du béton et de 1'acier ; - d'autre part, des forces de frottement accompagné ou non de butées. F

Figure 4.3 Les forces de frottement assurent en majeure partie la liaison au béton des ronds lisses ou des barres HA. En effet : - d'une part la résistance au décollement est extrêmement faible, comme on peut le mettre en évidence expérimentalement, et peut être considérée comme négligeable ; - d'autre part l'effort qu'il faut exercer pour extraire la barre par traction demeure important, même après un glissement de plusieurs millimètres, ce qui confirme l'existence d'un frottement (ronds lisses) accompagné de butées (barres HA). D'après M. Caquot, sous l'action de l'effort de traction, des contraintes de cisaillement se développent sur des surfaces cylindriques coaxiales à la barre. Si l'effort de traction croît, ces contraintes entraînent la rupture du béton suivant des surfaces coniques de révolution formant un angle de 45° avec l'axe de la barre (figure 4.3). Les troncs de cône emboîtés ainsi formés tendent à se coincer sur la barre et à fonctionner comme des « encliquetages à frottement ». Ce phénomène, décrit de longue date par M. Caquot dans le cours de béton armé qu'il professait à l'École Supérieure d'Aéronautique! vers 1930, a été confirmé expérimentalement en 1971 par Goto (figure 4.4, extraite de l'article de Goto) au moyen d'un ingénieux système d'injection d'encre rouge au voisinage de la barre et sur toute sa longueu~.

1. Dans ce cours, M. Caquot qui était aussi un hydraulicien (on lui doit, entre autres, l'étude des mécanismes de remplissage et vidange rapides des écluses de Donzère - Mondragon) et qui s'adressait à des élèves rompus à la Mécanique des Fluides, expliquait l'adhérence par similitude hydraulique. La formule [4.0] donnée plus loin a été dérivée d'une formule établie par M. Caquot à partir de ces considérations hydrauliques. 2. Goto, Y., « Cracks formed in concrete around deformed tension bars », ACI Journal, avril 1971.

182 Traité de béton armé Fissure primaire

Fissures internes

Figure 4.4. Vue de la fissuration interne des tirants (selon Goto)

Les spécialistes mondiaux de l'adhérence parlent depuis des « Goto cracks », qui sont avant tout les « fissures Caquot» (les « troncs de cône emboîtés» sont bien visibles sur la figure 4.4.).

cr' = 2't/sin2~

1

1

tO"y='t·tg~ Figure 4.5. État de contraintes dans le cas d'un rond lisse

Chapitre 4 • Association acier-béton 183 Les mêmes spécialistes disent plutôt maintenant qu'il se forme au voisinage de la barre des « dents» de béton (séparées par les fissures). L'état de contraintes de ces dents de béton est très complexe, surtout dans le cas des barres à haute adhérence (figures 4.5 et 4.6, d'après le Professeur Tassios (Grèce). Fissure de rupture par compression (finale)

Armature de couture d'enrobage

Fissure de traction (initiale)

Décollement Écrasement local

Figure 4.6. État de contraintes possible au moment de la rupture d'adhérence d'une barre HA; effet favorable de l'armature de couture d'enrobage (Tassios)

De façon générale, la rupture d'adhérence peut se produire de deux façons différentes: - soit par le glissement de la barre dans le béton qui reste apparemment intact, si cette barre est au centre d'une section de béton de dimensions transversales importantes (principe de l'essai de « pull-out») : - soit par fissuration longitudinale et rupture du béton d'enrobage, si la barre est trop proche d'un parement (angle ou face) et s'il n'y a pas d'armatures « d'enrobage» cousant l'intervalle barre-paroi (figure 4.7). Dans ce cas, la gaine qui enserre la barre à la manière d'un étau s'ouvre et l'adhérence disparaît. Ce mode de rupture est donc particulièrement dangereux et il faut tout mettre en œuvre pour l'éviter.

184 Traité de béton armé

F



• F

Figure 4.7

4.23

Mesure des caractères d'adhérence d'une barre

Les normes définissent, pour les barres à haute adhérence, certains profils-types avec fixation de valeurs numériques minimales ou maximales des paramètres géométriques de forme (voir § 2.361-2). Les valeurs réglementaires de 1,5 pour le coefficient de scellement 'l's, et de 1,6 pour le coefficient de fissuration Tt (voir § 2.382-1b) valent pour les aciers qui répondent aux spécifications des normes. Dans le cas contraire, il faut fournir des justifications expérimentales. Différents types d'essais ont été développés pour déterminer les caractères réels d'adhérence d'une barre au béton.

4.231

Essais d'arrachement

Même lorsqu'ils comportent la mesure des glissements, ces essais ont l'inconvénient de ne donner que des renseignements globaux. Ils permettent toutefois des études comparatives sur différents types de barres.

. 4.231-1

Essai d'adhérence par traction dit cc pull-outtest» (POl)

C'est l'essai dont l'exécution est la plus simple et en principe la moins coûteuse. Dans cet essai, préconisé par la RILEM, une barre noyée sur une longueur définie (5 diamètres), suivant l'axe d'un cube de béton armé de dimensions définies, est sollicitée à une extrémité par une force de traction jusqu'à rupture de l'adhérence et glissement de la barre (figure 4.8).

Chapitre 4 • Association acier-béton 185 Barre d'armature

t

Béton

5em

Colmatage

Douille en plastique

30em

'-

~

.1..----t

t

Figure 4.8. Essai de pull-out

Au cours de l'essai, on enregistre la courbe force appliquée - glissement qui permet d'avoir la relation entre la contrainte d'adhérence et le déplacement relatif entre l'acier et le béton. À partir de tous les résultats individuels ainsi obtenus, on détermine une courbe moyenne qui sert à porter un jugement sur l'adhérence. Pour une nuance d'acier d'un profil donné, on doit contrôler l'adhérence pour trois diamètres différents se situant dans les domaines inférieur, moyen ou supérieur de la gamme de fabrication (par exemple: 0 8 , 0 16 et 0 25 mm). La RILEM demande d'effectuer pour chaque diamètre au moins 25 essais, mais ne définit pas la règle d'interprétation de ceux-ci.

4.231-2

Essai d'arrachement modifié

Cet essai a longtemps été utilisé en France. On utilisait un bloc parallélépipédique suivant l'axe duquel étaient engagées symétriquement deux barres de même diamètre, dont l'alignement était réalisé de manière rigoureuse afin d'assurer une traction axiale. Ce bloc de béton, de section déterminée, était armé par quatre barres longitudinales et une frette hélicoïdale. Comme, par suite des défauts de laminage et de l'oxydation naturelle, l'état de surface des ronds lisses n'est pas parfaitement connu, on effectuait des essais comparatifs, non pas avec des ronds lisses, mais avec un acier HA déjà connu. L'essai consistait à déterminer la charge maximale provoquant le glissement de l'une des deux barres, d'où la contrainte de rupture d'adhérence expérimentale 'trs (voir § 4.252).

186 Traité de béton armé Pour l'interprétation des essais, on utilisait la formule de l'article 2.33 des Règles BA 60 donnant la contrainte de rupture d'adhérence, reproduite ci-après, en notations BAEL: [4.0]

avec:

hr

résistance moyenne à la traction du béton au jour de l'essai

dl

distance minimale de l'axe de la barre à la surface libre du béton

d2

distance de l'axe de la barre à la surface libre du béton, dans la direction perpendiculaire à celle selon laquelle dl est mesurée,

lld

coefficient de scellement (Règles BA 1960).

En présence d'une armature d'enrobage (voir figure 4.7; c'était le cas pour la frette hélicoïdale des éprouvettes soumises aux essais) dl et d2 devaient être augmentés en leur ajoutant une épaisseur fictive, exprimée en centimètres par le même nombre que la section A (cm2/m) de l'armature d'enrobage. Pour dl

= d2 on avait ainsi:

avec d= dl + A (d et dl en cm; A en cm2/m) La contrainte expérimentale 'trs était rapportée non pas à la longueur L réellement engagée de la barre, mais à la longueur L - dl, pour tenir compte du fait que lorsque la barre commence à glisser, elle entraîne avec elle le premier cône à 45°. Les formules de scellement ayant été quelque peu simplifiées dans les Règles BAEL 91 par rapport aux Règles BA 60, le coefficient de scellement 'Ils défini dans les Règles BAEL correspond à :

La valeur numérique 'Ils = 1,5 admise pour les barres HA qui satisfont aux conditions de forme spécifiées par les normes, comporte en elle-même une certaine sécurité, les valeurs obtenues expérimentalement étant plus couramment supérieures à 1,8 ou même à 2.

Chapitre 4 • Association acier-béton 187

4.231-3

Essai de flexion simple sur poutre ou « bearn-test »

Cet essai, préconisé par la RILEM, est censé reproduire les conditions normales de sollicitation des armatures et permettre la détermination des caractères réels d'adhérence. Il consiste à mesurer le glissement d'une barre formant armature inférieure commune à deux blocs de béton distincts, dans un essai de flexion au cours duquel les blocs sont astreints à pivoter autour d'une articulation commune en acier. Les dimensions de la poutre ainsi formée varient avec le diamètre des barres étudiées (figure 4.9; dimensions valables pour 0 10 à 0 14). La longueur d'adhérence imposée pour l'essai, égale à dix fois le diamètre nominal de la barre ou du fil, est localisée dans la zone centrale des deux blocs de béton. En dehors de ces deux zones, la barre est munie de manchons lisses en matière plastique, empêchant toute adhérence.

~

i~<

18°1<

fi························· 50

~~---375------.~1~5~O~I~~----375----r-~ ~-------------650------------~

Figure 4.9. « Bearn-test»

Au cours de la mise en charge, qui est poursuivie jusqu'à la rupture totale de l'adhérence dans chacune des deux demi-poutres, on mesure le glissement des deux extrémités de la barre et on obtient ainsi deux courbes « charge-glissement ». Ces courbes permettent d'obtenir, pour toute valeur du glissement, la contrainte d'adhérence supposée uniformément répartie sur la longueur d'adhérence. Soit la contrainte de rupture d'adhérence (TR

= F,,,ax = 110 L

P"l4X ) 10110 2

la contrainte moyenne d'adhérence déterminée à partir du diagramme chargeglissement, en calculant la moyenne arithmétique des contraintes correspondant à des glissements de 0,01 mm, 0,1 mm et 1 mm à l'extrémité de la barre ou du fil.

188 Traité de béton armé Les Recommandations Internationales de 1970 (fascicules annexes) indiquent que, pour pouvoir être considérée comme à haute adhérence, une barre doit satisfaire aux relations (le coefficient 0,98 provient de la transformation des bars en MPa) : '1: R

~ 0,98 (13 - 0,19 0)

'l: M

~ 0,98 (8-0,12 0)

(mm, MPa)

En outre, la rupture d'adhérence ne doit pas se produire avant que le glissement n'ait atteint 0,5 mm.

4.232

Essais de fissuration

II existe des théories de la fissuration qui permettent d'effectuer pour les cas courants un calcul théorique de l'ouverture maximale des fissures. En France, on trouve dans la théorie de M. Brice, exposée à l'annexe C des Règles CCBA 68, l'origine du coefficient de fissuration YI qui, dans les Règles BAEL 91, intervient dans la vérification des étatslimites d'ouverture des fissures. Ce coefficient peut s'obtenir par un essai assez simple dans son principe: celui-ci consiste à mesurer les espacements des fissures qui apparaissent dans un prisme en béton à section carrée assez long (environ 1,5 m) traversé suivant son axe par une barre, lorsqu'on exerce directement sur cette dernière un effort de traction correspondant à une contrainte égale aux trois-quarts de la limite d'élasticité de l'acier. Le choix de cette contrainte relativement élevée est arbitraire; ce qu'il faut, c'est que la totalité des fissures susceptibles de se produire, se produisent effectivement au cours de l'essai, de manière que l'on puisse mener l'interprétation de celui-ci sur une éprouvette en état de fissuration « complète» (voir chap. 15). Cette interprétation consiste à déduire des espacements constatés « la » valeur de l'espacement moyen ôlm entre les fissures; elle ne peut être faite que par des spécialistes. La présence de fissures multiples ou ramifiées (figure 4.10) rend en effet cette interprétation délicate (voir« Cours de béton armé» de J.- R. Robinson, chapitre V).

Figure 4.10 Une fois déterminée la valeur de ôlm , on obtient le coefficient de fissuration expérimen. tal par application de la formule de l'article C54 - iv des Règles CCBA 68, qui donne:

YI = 30 (1+_1_) ôlm lOmf

Chapitre 4 • Association acier-béton 189 avec 'üJfpourcentage géométrique d'armatures du prisme essayé. Si B est l'aire de la section droite du prisme et A la section de la barre:

A

'üJ = f

B

Les valeurs numériques Tl = 1,6 ou Tl = 1,3 selon le cas, admises pour les barres HA ou les fils HA qui satisfont aux conditions de forme spécifiées par les normes, comportent en elles-mêmes une certaine sécurité, les valeurs obtenues expérimentalement étant généralement supérieures.

4.233

Cas des treillis soudés

L'adhérence au béton d'un treillis soudé formé de fils lisses dépend assez peu de l'adhérence propre des éléments longitudinaux, mais beaucoup de l'efficacité de l'accrochage des éléments transversaux, c'est-à-dire de la résistance de la soudure entre deux éléments d'armature. Celle-ci est contrôlée par des essais, mais il est possible d'extrapoler les essais décrits précédemment à des éléments de treillis soudés et par exemple, de réaliser un essai de bearn-test sur une « échelle» découpée dans un panneau (échelle classique ou échelle de perroquet). Pour les treillis soudés formés de fils HA on a admis, sans essais, que, sauf circonstances particulières, les caractères d'adhérence étaient ceux des fils constitutifs (voir § 4.72).

4.24

Facteurs dont dépend l'adhérence

L'adhérence est d'autant plus grande que: 1°) la surface latérale des barres est plus rugueuse: - barres rouillées> barres lisses non oxydées, - barres HA > ronds lisses bruts de laminage> fils tréfilés cylindriques, 2°) la gaine qui enserre la barre à la manière d'un étau est plus épaisse et mieux cousue par des armatures transversales. 3°) la résistance à la traction du béton est plus élevée, 4°) «l'étau)} constitué par la gaine est plus serré: ..: une compression transversale augmente l'adhérence, - une traction transversale la diminue.

190 Traité de béton anné

4.25

Contrainte d'adhérence

4.251

Remarque préliminaire

II n'y a mise en jeu de l'adhérence que si, entre deux sections droites d'une barre quelconque, l'effort de traction (ou de compression) varie. En pratique, il en est presque toujours ainsi. Il ya en effet variation d'effort par exempie: - à l'extrémité d'une barre (ancrage) où l'effort qui s'exerce en partie courante doit nécessairement s'annuler (donc décroît de sa valeur maximale jusqu'à zéro), - le long des barres longitudinales d'une pièce fléchie, du fait de la variation du moment de flexion dans cette pièce. Considérons en effet une poutre sur deux appuis simples: dans une section 1 quelconque on a, dans l'équilibre du couple de flexion:

- - . Ft2

Figure 4.11

De même, dans une section 2 plus proche de l'appui que la section 1 :

Comme z varie peu et comme MI > M 2 on a FIl> F fl.. Dans l'armature longitudinale inférieure il y a donc mise en jeu de l'adhérence, par entraînement, entre les sections 1 et 2 et, par voie de conséquence, tout le long de chaque barre longitudinale.

Chapitre 4 • Association acier-béton 191

4.252

Définition de la contrainte moyenne d'adhérence

Par conséquent, si entre deux sections droites, distantes de dx, d'une barre isolée de diamètre nominal 0, l'effort axial F varie de dF ou, ce qui revient au même, la contrainte normale as varie de das, il y a mise enjeu de l'adhérence (figure 4.12). Par définition, la contrainte moyenne d'adhérence 1's est le quotient de la variation d'effort par unité de longueur par le périmètre nominal :

_ 1 dF _ 11:0 2 1 da s 11:0 dx 4 11:0 dx

_

0 da s 4 dx

l' - - - - - - - - - - - - - s

[4.1]

Le calcul réglementaire suppose 1's constant (ce qui ne correspond certainement pas à la réalité, la variation étant plutôt celle représentée figure 4.13).

I------:~

F + dF

(crs + dcrs)

dx

Figure 4.12 /1\ 1:s

Figure 4.13 Grâce à cette hypothèse, on peut écrire dF =(11: 0

l's )

dx

192 Traité de béton armé XB

XA

°f.---~~i~------------~~l 1

B! 1

,A 1

i

i

1111 1111 1111 1111 1111 Il Il!

,

~S

'

t

1 '",

1 ,

,.'

1

i as.

1

nlllllllllllllllllllU

aSA

Figure 4.14

et, entre deux sections A et B d'abscisses XA

FA -FB

=1C

0

etxB,

en supposant FA> FB :

't'.(xA -XB )=1C 0 't'J [4.2]

4.3

ANCRAGE DES BARRES DROITES ISOLÉES

4.31

Définition

Soit une barre rectiligne supportant dans une section A un effort de traction axial Fs • Ancrer la barre, c'est assurer à partir du point A la transmission intégrale de cet effort au béton par adhérence. Si l'effort de traction est égal à l'effort maximal admissible (crs

« total » par les Règles BAEL.

=le) l'ancrage est dit

Chapitre 4 • Association acier-béton 193

4.32

Valeurs limites de la contrainte d'adhérence à l'état-limite ultime

Pour assurer un ancrage correct (c'est-à-dire empêcher le glissement des armatures dans leur gaine de béton), la contrainte d'adhérence doit être limitée. La valeur maximale réglementaire pour le calcul des ancrages est fixée comme suit par les Règles BAEL et l'EC2 : a) Règles BAEL

:> Référence: BAEL 91, art. A 6.1,21 [4.3] avec: 'Vs

coefficient de scellement (voir § 2.382-1)

1t28

résistance à la traction du béton (voir § 2.242-a)

d'où: - pour les ronds lisses ('I1s = 1):

't SlI

- pour les barres HA ('I1s =1,5) : 't su

=0,6 1t28

[4.4]

=1,35 };28

[4.5]

ce qui conduit aux valeurs de 'tsu en MPa données au tableau 4.4.

Tableau 4.4. Valeurs de la contrainte d'adhérence limite 'tsu (Mpa)

fc2S (MPa)

20

25

30

35

40

45

50

55

60

ft2s (MPa)

1,8

2,1

2,4

2,7

3,0

3,3

3,6

3,9

4,2

Barres HA

2,4

2,8

3,2

3,6

4,0

4,5

4,9

5,3

5,7

Ronds lisses

1,1

1,3

1,4

1,6

1,8

2,0

2,2

2,3

2,5

4.33

Longueur de scellement droit

:> Référence: BAEL, A 6.1,221 On appelle« longueur de scellement droit ls» (figure 4.15) la longueur nécessaire pour assurer sous contrainte d'adhérence limite ('ts = 'tsu ) l'ancrage total (soit O's = le) d'une barre droite tendue, c'est-à-dire, en appliquant la formule [4.2] avec

n0 2

F.4 =-4-fc

;

1 =1s ,.

[4.6]

194 Traité de béton armé

1 1 1

1 1

1 1

1

1

f

oi~I!llllllllle 1

1 1 1

1

,"" 1

)001

Figure 4.15. Ancrage total Cette formule, qui est fondamentale, est valable aussi bien en traction qu'en compression (BAEL, art. A-6.1,221) 1• On arrive ainsi au tableau 4.5, qui donne les valeurs de ls / 0 en fonction de !c28 (valeurs arrondies à l'entier le plus voisin, la précision est bien suffisante).

Tableau 4.5. BAEL - Valeurs de Is /0

(MPa)

20

25

30

35

40

45

50

55

60

Barres HA Fe E500 et fils HA

51

44

39

34

31

28

26

24

22

Barres HA Fe E400

41

35

31

27

25

22

21

19

15

Ronds lisses

50

43

37

33

30

27

25

23

21

fc28

On voit que les valeurs forfaitaires proposées par les Règles BAEL, à savoir : • ls = 50 0 pour les barres HA Fe E 500 et les ronds lisses,

• 15 = 40 0 pour les barres HA Fe E 400, constituent des approximations assez grossières valables uniquement pour des bétons de très faibles résistances, mais qu'elles sont dans le sens de la sécurité.

1.

Pour une barre comprimée, 1. calculée par la formule [4.6] n'est qu'un repère commode, sans signification physique, car une telle barre est en fait considérée, en l'absence de chocs ou de vibrations, comme totalement ancrée sur une longueur égale à 0,6 1. (voir § 4.621).

Chapitre 4 • Association acier-béton 195

Remarque: Si, pour des raisons pratiques, on est amené à disposer des armatures en sorte que l'aire réelle A de leur section droite soit supérieure à la section Aca/ strictement requise par le calcul (section A surabondante), il faut substituer à ls la longueur d'ancrage la (figure 4.16) définie par (BAEL, art. A-6.1,222): [4.7]

,, ,,

0,

Figure 4.16

Ce cas se rencontre notamment lorsque l'on effectue une épure d'arrêt des barres longitudinales (voir chapitre 16). Une partie de l'armature inférieure devant être prolongée jusqu'aux appuis, on peut être conduit, pour respecter une symétrie, à conserver par exemple deux barres, alors qu'une seule serait strictement suffisante.

4.4

ADHÉRENCE DES BARRES COURBES

Lorsque l'encombrement d'un ancrage par scellement droit est excessif, on a recours aux ancrages par courbure. Un tel ancrage est défini par : - le rayon de courbure r de l'axe de la barre: r =

D+0 2

si D est le diamètre du man-

drin de cintrage (figure 4.17), -l'angle au centre e de la partie courbe, supposée circulaire.

,,

,, \

\

~

o

.~ 1 1

Figure 4.17

196 Traité de béton armé

4.41

Variation de l'effort le long d'une barre courbe

Les hypothèses sont: a) la liaison d'adhérence subsiste avec la même valeur que pour une barre droite; b) il s'y ajoute un effet de frottement dit« effet de courroie» dû à la courbure; c) le glissement de la barre dans sa gaine développe une contrainte d'adhérence égale à 't'SU' 10) Soit un tronçon de barre courbe infiniment petit représenté par sa ligne moyenne ab (figure 4.18).

Ce tronçon est soumis: - aux forces Fen b, F + dF en a, dirigées suivant les tangentes en ces points; - à la force d'adhérence dT sur la longueur ab = rd8 (dirigée en sens inverse du glissement)

dT =1t 0 rd8

't'Sil

- à la réaction transversale dR du béton.

a ~;--... ~ F+dF

~~~

", l

b ./u. ldR \

,f

dR "

: 1 1 1 1

, ,

Fr',

s~:

sens du glissement

d9

"0 ,

,

1 1

',/



o

Figure 4.18

En projetant les forces sur le rayon Oa, on trouve dRcos d8 2 niment petit) :

=Fsind8

d'où (d8 infi-

dR=Fd8 Si f.! est le coefficient de frottement entre acier et béton (f.! ::::: 0,4) cette réaction développe une force tangentielle égale à f.ldR = J.lFd8, de sens opposé à celui du glissement. Projetons les forces sur la tangente en a :

-F+ F +dF-JUiR-dT =0

Chapitre 4 • Association acier-béton 197 c'est-à-dire

ou

ou encore

[4.10]

2°) Soit maintenant une barre finie comportant une partie courbe AB supposée circulaire. Si l'on suppose FA > FB et si l'on compte positivement les angles dans le sens du glissement (donc de B vers A), la relation [4.10] donne:

ou encore

[4.11]

+ ~

o Figure 4.19 Le premier terme du second membre représente la part de variation de l'effort due à la courbure de la barre: il traduit« l'effet de courroie ». Le second terme représente la part de variation de l'effort due à l'adhérence. Comme elle - 1 > )..le , cet effort est supérieur à : 1t0r't

_ _-""'-W

)..l

)..le

,-...

= 1t 0 AB 't su

qui serait celui correspondant à la barre droite de longueur AB. Posons '1' =eJ.lO , 'l" =~ (elle -1) la formule [4.11] s'écrit: )..l

[4.12]

198 Traité de béton armé ce qui conduit, pour différentes valeurs de e aux valeurs de 8 'If et 'If' données dans le tableau 4.6. En général J.L

= tan 1l ::::: 0,4

Tableau 4.6. Valeurs des coefficients 'If et 'If' de la formule [4.12] pour J..I. =0,4

e

45°

90°

'If

1,37

1,87

2,31

2,57

3,51

'If'

0,92

2,19

3,28

3,92

6,28

4.42

120°

135°

180°

Prescriptions des Règles BAEL pour les ancrages courbes

Des ancrages courbes ne peuvent être envisagés que pour des barres tendues.

4.421

Rayons de courbure minimaux

Les rayons de courbure doivent être au moins égaux aux valeurs fixées par le CCTO, fascicule 65 ou fascicule 65A (voir bibliographie au § 2.41).

r Dans le cas d'un ancrage courbe, le rapport p =- du rayon de courbure de l'axe de la

o

barre à'son diamètre nominal doit satisfaire aux conditions suivantes: a) pour les barres longitudinales: - p;;:: 3 s'il s'agit de ronds lisses (diamètre du mandrin de cintrage: 5 0) ; - p;;:: 5,5 s'il s'agit de barres HA (diamètre du mandrin de cintrage: 10 0) b) pour les cadres, étriers, épingles : - p;;:: 2 s'il s'agit de ronds lisses (diamètre du mandrin de cintrage: 3 0) - p;;:: 3,5 s'il s'agit de barres (ou fils) HA (diamètre du mandrin de cintrage: 60)

4.422

Modes d'ancrage usuels

On utilise de façon courante : . - le crochet normal: e= 1800 (voir figure 4.23 a) (lorsque r = 3 0, ce crochet est appelé « crochet CONSIDERE»); - le crochet dit «à 45°)} : semelles de fondation);

e = 135° (voir figure 4.23 b) (fréquemment utilisé dans les

Chapitre 4 • Association acier-béton 199 -le crochet dit« à 60° » : 8 = 120° (voir figure 4.23 c) (ancrages des armatures longitudinales des poutres de pont) ; - le retour d'équerre: 8 = 90° ; si la partie en retour est au voisinage d'une paroi, la partie coudée a tendance à se redresser, et il faut prévoir des armatures de couture horizontales pour éviter l'éclatement du béton au voisinage au point C (figures 4.20 et 4.23e) ; -l'ancrage à double coude: 8 = 90° (voir figure 4.21); dispense des armatures de couture du cas précédent.

Paroi

>-

*-tI----

C!><:

Figure 4.20. Retour d'équerre

Figure 4.21. Ancrage à double coude

4.423

Méthode de calcul d'un ancrage courbe

Soit un ancrage courbe d'angle au centre 8 quelconque, de rayon r = p 0 quelconque, et comportant à son extrémité un retour droit de longueur quelconque À 0. Déterminer la profondeur la de cet ancrage comptée depuis le plan tangent extérieur en fonction de la longueur de scellement droit ls.

200 Traité de béton armé

Figure 4.22 La barre est supposée ancrée à partir du point AI situé à une distance ÀI 0 de l'origine A2 de la courbure.

Méthode: on applique les formules [4.2] avec 't'$ = 't'su et [4.12] aux différents tronçons droits ou courbes à partir du point 0 où l'effort est nul, et on écrit que l'effort FAI en AI 2

, l'a -n0 l' est ega -Je'

4

tronçon OA3, formule [4.2]

FA3

=û+n 0

À

0

't'su

=À n 0 2't'su

- tronçon A3A2' formule [4.12] : F A2

='JI FA3 + 'JI'n 0

r 't'su

=n 0 2 't'su (À'JI + P'JI')

- tronçon A2AJ, formule [4.2] :

[4.2a]1 ou En divisant les deux membres par n 0

't'su:

l,

=0

(l1.'JI + P'JI'+ À 1 )

1. II résulte de cette formule que la contrainte de la barre au point A2, origine de la courbure, est:

crs

=le - 4ÀI't'311 .

Chapitre 4 • Association acier-béton 201 d'où et comme la

= À10

o

+ p0 + - on trouve finalement en remplaçant À10 par sa valeur : 2 1

k =À\jI + (\jI'-I) p--

avec:

[4.13]

2

L'application de cette formule aux ancrages usuels conduit aux résultats donnés figure 4.23.

4.424

Application aux crochets normaux

Dans le cas de ronds lisses avec un crochet «Considère» (défini par À = 2, P = 3, e = 1800 d'où", = 3,51 et \jI' = 6,28), on arrive à:

k 'Z 22

d'où

la = Is - 22 0

Pour des barres HA munies de crochets «normaux» (À = 2, P = 5,5, e = 1800 d'où \jI = 3,51 et \jI' = 6,28), on arriverait à : k 'Z 36 ce qui conduirait à des longueurs d'ancrage très faibles et même dans certains cas négatives! II parait donc raisonnable: •

tout en gardant p = 5,5 de conserver pour les barres HA la valeur k = 22 trouvée pour le crochet Considère,



de limiter à 10 0 la longueur d'ancrage minimale, ce qui, compte tenu des valeurs de Isi 0 données au § 4.33 conduit au tableau 4.7:

Tableau 4.7. Longueurs d'ancrage des crochets normaux 1c28

la 0

la ls

MPa Barres et fils HA Fe E 500 Barres HA Fe E 400 Ronds lisses Barres et fils HAFeE 500 Barres HA Fe E 400 Ronds lisses

20

25

30

35

40

45

50

55

60

29

22

17

12

10

10

10

10

10

19

13

10

10

10

10

10

10

10

28

21

15

11

10

10

10

10

10

0,55

0,48

0,41

0,32

0,32

0,36

0,38

0,42

0,45

0,44

0,34

0,32

0,37

0,40

0,45

0,48

0,53

0,56

0,54

0,47

0,38

0,30

0,33

0,37

0,40

0,43

0,48

202 Traité de béton armé Dans le cas de barres terminées par des crochets normaux, les Règles BAEL proposent les valeurs forfaitaires suivantes (art. A 6.1,253) :

la = 0,4/5 pour les barres HA Fe E 500 et Fe E 400 la = 0,6/5 pour les ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235. La valeur 0,6 est plutôt pénalisante lorsque la résistance du béton est élevée, en revanche la valeur 0,4 est, dans l'ensemble, plutôt optimiste (vis-à-vis des hypothèses prudentes que nous avons adoptées).! ).,0 ~

1

a) Crochet normal 2 p ;a 3 ronds lisses p ;a 5,5 barres HA (2p -1)0

(2p+1)0

l

a = 180· k = 3,57)., + 5,39p - 0,5 Si)., = 2, k = 6,64 + 5,39p

20 ~

1 1

b) Cas particulier:

Crochet « Considère» (Fe E 215 et Fe E 235 seulement):



70

p=3

50

k= 22,4

* Valeurs forfaitaires admises: - ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235:

1

:... 1

ta= ls- k0

1 1 1 )loI

1 1

ta = 0,6t s

- barres HA Fe E 400 et Fe E 500:

ta = O,4ts

1. Bien que cela ne soit pas explicitement mentionné dans les Règles BAEL, lorsque la section A mise en place excède la section Acal résultant du calcul, la longueur d'ancrage la (valeurs du tableau 4.7 ou valeurs forfaitaires) peut être réduite dans le rapport Aca/IA, sans descendre au-dessous de JO 0. 2. Le respect de ces valeurs de p dispense de vérifier la condition de non-écrasement du béton (voir § 4.52).

Chapitre 4 • Association acier-béton 203

c) Crochet à 1350 improprement appelé

Crochet « à 45 0 »

e = 135

0

k = 2,56À + 2,90p - 0,5 Si À = 6, k = 14,86 + 2,90p (si P

=3, équivalent au crochet Considère)

d) Crochetà 1200 improprement appelé

Crochet « à 60° »

e = 120

0

k = 2,33"- + 2,30P - 0,5 Si À

=8,

k = 18,64 + 2,30p

(si P = 3, équivalent au crochet Considère)

Armature de couture nécessaire pour éviter la poussée

e) Retour d'équerre

au~dl

e = 90· k = 1,89À + 1,20p - 0,5 SiÀ= 10,

Paroi

k= 18,4+ 1,20p

(si p = 3, équivalent au crochet Considère) À0

1 1 1

1

,oC

Vue de dessus

1

1 1

....:

Figure 4.23

4.43

Ancrage des cadres, étriers et épingles

Il est rappelé qu'il faut avoir p ~ 3,50 pour les barres ou fils HA (voir § 4.421). Pour les retours droits de ces armatures, les Règles BAEL (art. A-6.l,251 et A-6.1,255) admettent les valeurs forfaitaires indiquées sur la figure 4.24 :

204 Traité de béton armé

D[

D

Épingle

Étrier

Cadre

!

!

Cadre

!

=r

S0

Figure 4.24

Remarque: Les valeurs indiquées supposent que les plans des ancrages ne font pas un angle supérieur à nl8 avec les sections droites où sont disposés les aciers en cause.

4.5

EFFORTS EXERCÉS PAR UNE BARRE COURBE SUR LE BÉTON

Une barre courbe développe sur le béton, du côté de sa concavité, une pression:

dR o rde

F 0 r

00's 4 r

1t

--=-=---

[4.14]

d'autant plus élevée que le rayon de courbure r est plus faible et que la contrainte de l'acier est plus élevée, et d'autant plus dangereuse que la distance du centre de courbure à la paroi la plus voisine est plus faible.

Le danger est double : - risque de « poussée au vide », - risque d'écrasement du béton sous la barre ou de fendage dans le plan de la courbure.

Chapitre 4 • Association acier-béton 205

4.51

Poussées au vide

L'exemple classique des poussées au vide est celui de barres qui suivent le contour d'un angle rentrant alors qu'elles sont tendues ou qui suivent le contour d'un angle saillant alors qu'elles sont comprimées (figure 4.25) Poussée au vide ~

"- , l5n";7"77:7'77:7'77:777!

.r::-

Non

t Figure 4.25 En fait, il s'agit d'un phénomène général, qui peut exister même en l'absence de barres d'armatures, dès qu'une pièce présente une courbure ou une brisure de sa ligne moyenne: du fait de cette disposition, il se produit des tractions normales au contour, qui peuvent entraîner la fissuration du béton par traction (courbure des isostatiques) (figure 4.26)

Poussées au vide

)

/ /

)f

Poussée non équilibrée et ancrages en position incorrecte

Figure 4.26 Il existe donc des poussées au vide non seulement des armatures mais aussi du béton même non armé. Par exemple, dans les dispositions adoptées sur la figure 4.26 la pous'sée au vide des compressions du béton dans l'angle convexe n'est pas équilibrée. Voir également le cas des angles des pièces polygonales sollicitées en torsion (§ 13.74, figures 13.28 et 13.29), Par un tracé judicieux des armatures, on peut le plus souvent éviter les poussées au vide (figure 4.27)

206 Traité de béton armé

CD Paillasses d'escaliers

t

® Goussets

® Poutres avec décroctlemlents

P : Poussée au vide •

Dispositions défectueuses



Dispositions correctes

Figure 4.27 S'il est impossible d'éviter un tracé courbe donnant lieu à des poussées au vide, il faut équilibrer celles-ci par des armatures transversales convenablement placées et convenablement ancrées, et de section suffisante. a) Si la poussée au vide résultante à l'état-limite ultime est une force concentrée R", il faut prévoir au voisinage de son point d'application une section totale (U /) d'armatures de couture telle que:

~R (u)hr t 115 u ,

avecfet limite d'élasticité des armatures de couture. La figure 4.28 indique deux dispositions possibles.

[4.15]

Chapitre 4 • Association acier-béton 207

.~) M

M~

Figure 4.28

b) Dans le cas où la poussée au vide résultante à l'état-limite ultime est étalée sur une certaine longueur (figure 4.29) il faut prévoir des nappes de section Ar, espacées de St et telles que:

At fet Fe (ou ~) St 1,15 r

[4.16]

-->--':;...;~--'-..:..

~c

Figure 4.29

208 Traité de béton armé Remarque: On rencontre des phénomènes qui s'apparentent à la poussée au vide dans les cas suivants: a) armatures longitudinales comprimées droites (de diamètre 0/) non maintenues par des armatures transversales, qu'il s'agisse de poutres fléchies ou de poteaux. Dans ces deux cas, les Règles BAEL demandent de prévoir des armatures transversales maintenant les armatures longitudinales et espacées d'au plus 150/. b) redressement de l'extrémité droite des ancrages par retour d'équerre (figures 4.20 et 4.23)

4.52

Condition de non-écrasement du béton

4.521

Ancrages courbes et changement de direction des barres

Pour les ancrages courbes de barres disposées en un seul lit, tels qu'ils sont définis figure 4.23, et pour les cadres, étriers et épingles, aucune vérification particulière vis-à-vis de l'écrasement du béton n'est exigée par les Règles BAEL si, dans les deux cas, les rayons de courbure sont au moins égaux aux rayons de courbure minimaux donnés au § 4.421. En revanche, pour des ancrage courbes ne remplissant pas les conditions précédentes (mais dont les rayons de courbure sont cependant au moins égaux à ceux fixés par les textes en vigueur) et, de façon générale, en toute partie courbe de barres tendues changeant de direction, comme cela est le cas, par exemple, des barres relevées (§ 12.636), le rayon de courbure doit satisfaire à l'inégalité suivante (BAEL, art. 6.1,252) : p =.!:.. ;::: 0,2

o

(1 + e0J1..28crs u

[4.l7a]

r

avec :

r

rayon de courbure de la ligne moyenne de la barre;

o

diamètre de la barre;

crs

contrainte de la barre, sous sollicitation ultime, à l'origine de la courbure 1•

er

distance du centre de courbure de la barre à la paroi la plus voisine (figure 4.30) ;

1.

Pour un ancrage courbe, il s'git du point A2 (figure 4.22). voir la note au § 4.423.

Chapitre 4 • Association acier-béton 209 Pour une barre courbe isolée ou faisant partie d'un ensemble de barres courbes disposées en un seul lit : u=1. Pour une barre courbe appartenant à un ensemble de barres courbes disposées en m lits (m:::; 4), sous réserve que les distances libres entre lits successifs soient au moins égales au diamètre des plus grosses barres:

1+2m

u=-3 Les valeurs minimales du rapport p = r /0 peuvent être lues sur la figure 4.32. Vue de profil

Vue de face

.-----------------

Calcul

Exécution

Figure 4.30 Le calcul doit toujours être conduit avec la valeur de er la plus défavorable (plan de la barre courbe parallèle à la paroi) mais à l'exécution, il est recommandé, si cela est possible, d'incliner ce plan pour augmenter en ce qui va dans le sens de la sécurité (figure 4.30)

4.522

Armature de traction toute entière en courbe - Boucles

On vise ici le cas des armatures à l'origine d'une console par exemple, ou disposées conformément à la figure 4.29, ainsi que celui des barres bouclées à plat (en forme d'épingles à cheveux) utilisées dans certains cas aux extrémités des poutres ou tirants, en recouvrement ou non avec les barres principales (voir par exemple, l'étalement des « bielles» au § 12.81) . . Le rayon de courbure r de chaque barre doit satisfaire à l'inégalité:

p =.!:.. ~ 0,35

o

le fc28

(1 + 2 m b

0)

U

[4. 17b]

210 Traité de béton armé avec:

le

limite d'élasticité des barres

m

nombre de barres d'un même lit

b

largeur de l'élément en cause

u

même signification qu'au § 4.521.

L'inégalité [4. 17b] est généralement satisfaite en prenant p = 7 pour des ronds lisses et p = Il pour des barres HA.

Remarque: Dans les Règles antérieures, la vérification de la condition de non-écrasement du béton était exigée dans tous les cas de barres présentant une partie courbe. L'inégalité [4.l7a] résulte d'un calcul assez simpliste effectué alors, dans l'hypothèse de l'ancrage courbe d'une barre isolée (u = 1), inégalité généralisée par la suite pour prendre en compte le nombre de lits. Dans le cas d'une contrainte appliquée sur une zone restreinte Cl de la surface Co (supposée plane) d'un élément de béton, l'article 3.442 des Règles BA 1960 autorisait à multiplier la contrainte admissible par un coefficient: 1+ (3 - 2À) (1- À) avec À rapport le plus faible de l 'homothétie effectuée à partir du centre de gravité G l de Cl et amenant un point de Cl sur le contour Co (figure 4.31) :

Figure 4.31

L'article 3.442 des Règles BA 1960 n'avait d'ailleurs fait que reprendre l'article 2.252 des Règles BA 1945 où le coefficient défini ci-avant était donné par une formule plus générale et légèrement plus complexe, due à M. Caquot.

Chapitre 4 • Association acier-béton 211

l ~ .~

30

28 26

20

24 23 22

17

21 19 18

15



..,I~

-

_ _ ""

~

__

~

-

-

1

_ .. -

1

1

1

- _ ..... __ ...1 _ _ _ "" _ _ _

___ ___ ;.. __ 1___ ! __ _

\ 1

-;---

15

~

i

j

1

1

r'---r"

1 1

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_.,---~--~

1&' ___ ~1- __ "';1 ___ .4 ç __ _

-1- __

I i i i 1 1 1 1 -~ ;-~~;--i---

'. --: -

j

\

1

1

l

,

1

)

i- --;- -i~--;---

9

14 13

8

1

1

l

,

~=j~:~t:~:t ~~j~~~

--~---t--~~--~---1- - ,, ,, ., 1

12

1

1

1

-4- - -

- - " t - - -.,.. - -

7

16

20

,

~---~---/;---

1 1 l 1 -~ r-~i ~--; ~ __

19 18

r/0, !

22

27

B,rre ;",Iée 0' ,ppartan,nl • un lit unique ~

16 21

25

10

23

29

Barre d'un ensemble de 4 lits Barre d'un ensemble de 3 lits Barre d'un ensemble de 2 lits

1 __ .... ,

~

1 _ .. _

1 ~

-~

- _ -t1 __ _

1

j

1

1

1

1

1

1

---r--,--,.- --r---

11

1 1 1 --i~- -7~ ~ .~

.."..

1 ~:. -~<

--,---r---r- -.,--14 10

6

1

j

,

1

!

1

1

1

i

1

l

,

1

1

1

1

- - ,,- - - r - - -r" - ".,'

17 16 15

13

9 8

13

10

7

9

7

8 7 6

6 5

1

,

1

j

.. ~

1

4

9 8

1

--;- - -i -- -i --;- --

5

11

11 10

!

--~--,.~<-."~~. ·<·1-·~··· ~

12

14 12

--1---t---:- --: --1

6 5

3

)

;

1

!

~:~:t :~t~:j=:=!==~ )

I I I 1 i \

., \

4

- ~ - r- - -r-- ," - -1- - -

___ ___ __ ..L __ ! __ _ ~

2 5

10

~

,

20

15

25

Figure 4.32. Condition de non-écrasement du béton

Si l'on extrapole la formule des Règles BA 1960 au cas d'un ancrage courbe, on trouve, pour une barre isolée (figure 4.33) :

À=~ 2er

212 Traité de béton armé "-:-0/2

Figure 4.33 et compte tenu de la formule [4. 17a] la condition de non-écrasement s'écrit alors:

Or, si er peut être quasi infini (crochet « en pleine masse»), il ne peut être inférieur à 1,5 0 puisqu'une barre doit toujours être enrobée par une épaisseur de béton au moins égale à son diamètre. Il en résulte que : O:::;À:::;! 3

Dans cet intervalle, on peut remplacer l'expression

1+(3-2À)(1-À)

par

l'expression approchée par défaut _4_ (figure 4.34). 1+2À On peut par ailleurs observer que la contrainte crs n'est pas constante le long de la courbure. Elle est maximale à l'origine de celle-ci (crsmaJ et en faisant abstraction

cr

de l'effet favorable de l'adhérence, elle vaudrait ~ en tout autre point, 'II étant 'II le coefficient de la formule [4.12].

4 r----~-----~------------~

"", ", , , ,, ,

, ,, ;

,

:', " 1 ,.

:..

- - ------ -- - ---~"" ---- ---1 +(3-2/..)(1-/..) -------~- -- ••• -.- .-- ----

3.5

~"

i

. . )

l l

" 1

j

\"

,,'i ,,1

{

"

---------------<-.. ,, --- ----

3

~

.....

(

(

).

t

'{ 1

.,

J

1~

l 1+2/..

. .. \

, , ....... ~ -".~'~ --- .,. -_ .... ----~ ~ ,, ,, , , ,. ,., ,, , , ,

~ ~7~"~""'" ~,~

.

2,5 ' - - - - - - ' - - - - - - - - ' - - - - - - - " " - '--'-"------'

o

0,1

0,2

Figure 4.34

0,3

0,33

Chapitre 4 • Association acier-béton 213

En adoptant une valeur moyenne de l'ordre de

crs,max la condition de non15' ,

écrasement devient:

qui est la formule des Règles BAEL pour une barre isolée ( ~ ::::: 0,20 ). 16

4.6

JONCTIONS PAR RECOUVREMENT

Lorsque les longueurs de barres nécessaires dépassent les longueurs commerciales (cas par exemple des poutres de grande portée, des tirants de voûtes de grande ouverture, etc.) l'armature est nécessairement formée de différents tronçons et il faut rétablir la continuité mécanique entre deux tronçons successifs. Pour obtenir ce résultat, on peut avoir recours à divers procédés. Le procédé le plus courant consiste à faire appel à l'adhérence en faisant chevaucher deux tronçons successifs de barre sur une certaine longueur. On obtient ainsi une jonction pàr recouvrement. La longueur de chevauchement est appelée longueur de recouvrement et désignée par i r•

On peut aussi avoir recours, lorsque l'acier est soudable, au soudage bout à bout ou avec recouvrement ou encore. mais pour les barres HA uniquement, au manchonnage au moyen de manchons sertis ou vissés sur les deux tronçons en prolongement l'un de l'autre'. Plus rarement, on utilise des coupleurs où la liaison est assurée par injection de métal fondu (aluminothermie), de résine ou de mortier. Dans ce qui suit, on n'étudie que les jonctions par recouvrement.

1. Ces dispositifs sont maintenant normalisés (voir norme NF A 35-020 -1 et -2, juillet 1999)

214 Traité de béton armé

4.61

Recouvrement des barres tendues

4.611

Transmission des efforts

Soit deux barres parallèles de même type et de même diamètre nominal 0, dont les axes sont distants de c, se chevauchant sur une longueur Ir et soumises à deux forces égales et opposées (figure 4.35). On admet: 1°) que le béton situé entre les deux barres se fissure, 2°) que les fissures sont inclinées à 45° sur la direction des barres, 3°) que la transmission des efforts d'une barre à l'autre s'effectue par mise en compression des « bielles» de béton découpées par les fissures. ts

-c-c

f c



-

,

,,

,

- -,....,- - -

,,

,/

,,

,,

, ,

,,

,

,, , , , , , , p -, " , , ,, "

4 - - - ../-_ - , 1 , - - - - ' -

,,

-/--

"-'\

0

45·

ir

Figure 4.35 Cette transmission n'est donc effective que sur la longueur Ir - c.

4.612

longueur de recouvrement Ir

Les barres ne doivent pas glisser dans leur gaine: chaque barre doit donc être totalement ancrée. D'où, compte tenu du fait que l'on peut négliger c si c:S; 5 o les longueurs de recouvrement données par le tableau 4.8 (BAEL, art. A-6.1 ,223):

f-lC~==============~~ ~. ~.

,

1

,

i0

Élévation

i

~I~========:::±t::;:::;~: '::1



i"llioe---lr ---.....;....-;;

Figure 4.36

CP","

Chapitre 4 • Association acier-béton 215 Si les plans des ancrages ne sont pas parallèles, c représente l'écartement transversal des centres de courbure des barres.

Tableau 4.8 Entre-axes des barres

Barres rectilignes (figure 4.36a)

Barres munies de crochets normaux (Figure 4.36b)

Ir = la, soit forfaitairement: Ronds lisses

c:::;50

Ir = Is

Fe E 215} 0,61 s et Fe E 235 Barres HA Fe E 40O} et Fe E 500

Mais adopter plutôt les valeurs du tableau 4.7

0,41s

Ir = la + c, soit forfaitairement: Ronds lisses c>50

Ir = Is + c

Fe E 215} et Fe E 235

0,61s + c

Barres HA Fe E 40O} et Fe E 500

Même remarque que ci-dessus en n'oubliant pas d'ajouter « c »

0,41s + c

Les plans des ancrages doivent être cousus (voir § 4.613).

Remarques: 1) Si les deux barres en recouvrement ont des diamètres différents, Ir doit être évalué à partir du Is le plus grand. 2) Le schéma de la figure 4.37 donne le diagramme des contraintes de l'acier dans le cas d'une jonction par recouvrement (on a supposé c :::; 5 0) :

216 Traité de béton armé ,

~ ..- - - tr ---)o~!

:,

2

,,

,,

21111111111Iïl~!llIIIIIIIIII11 :

1+2

:0

"II"" l""111Iltlt!HIHUlllliii """""1 ,,

,, ,,

,,

fe

Figure 4.37 Tout se passe donc bien comme si on avait une seule barre continue; cependant, sur toute la zone de longueur Ir, l'encombrement latéral correspond à deux barres: il faut y penser lors du dimensionnement des sections de béton.

4.613

Armatures de couture

Du fait de la fissuration du béton à 45° et de la mise en compression des bielles découpées par les fissures, une jonction par recouvrement donne naissance à un effort transversal Ft égal à l'effort longitudinal FI s'exerçant dans chacune des barres, ainsi que le montreÎlt les conditions d'équilibre (figure 4.38).

Effort transversal

""

""

Compression oblique dans les bielles

""

Ft

Effort longitudinal

Figure 4.38 Pour équilibrer cet effort transversal, c'est-à-dire pour assurer l'équilibre des bielles et empêcher la fissuration longitudinale selon le plan P de la figure 4.38, il faut normalement disposer, sur la longueur Ir' des armatures de couture, sauf(BAEL, art. A-6.1,23) : • dans les poutres, si la proportion de barres arrêtées ne dépasse pas 1/4 sur l'étendue d'une longueur d'ancrage la et si la;::: Is, • dans les dalles armées de treillis soudés, dans tous les cas,

Chapitre 4 • Association acier-béton 217 • dans les dalles non armées de treillis soudés, si la proportion de barres en recouvrement dans une même nappe est au plus égale à : - 1/3 pour la nappe la plus proche de la paroi voisine - 1/2 pour toute nappe séparée d'une paroi par une nappe de direction différente. En dehors de ces trois cas, des armatures de couture sont nécessaires; elles sont déterminées comme indiqué ci-après. a) Cas de barres rectilignes

On raisonne sur le cas de m barres rectilignes de même diamètre, en recouvrement de part et d'autre d'un même plan (figure 4.39). S'il n'y a que deux barres en recouvrement: m= 1.

pm··

--

---

o

0

-mm

-

- -

0

--p

000

Exemple: m = 3 avec At correspondant à 2 brins.

0

t ---1--f--1--1--1t--

Exemple: m = 4 avec At correspondant à 6 brins.

1

1

: St

:

~

\

l

P

t0 ,

At:,

;......f - - - - - - l r ~

Figure 4.39 Soit: AI

la section totale pour une nappe d'armatures de couture, des brins qui traversent le plan P

SI

l'équidistance des nappes d'armatures de couture

!el

la limite d'élasticité de ces armatures.

L'effort total qu'elles peuvent équilibrer est (BAEL, art. A-6.1 ,23)

~ = (LAI)let L'effort longitudinal est F;

=A le .

Il faut avoir Ft ~ FI c'est-à-dire: - au total:

(L4) ht

~

AI.

- ou, par unité de longueur, puisque l'effort longitudinal s'annule sur la longueur Is : [4.18]

218 Traité de béton armé . SOIt, compte tenu de ce que ls

0 J: = __ e

4

't su

2 n0 et A = m-4

[4.19] (m = 1 s'il n'y a que deux barres en recouvrement).

Les armatures de couture doivent être disposées sur la longueur Ir et non sur la longueur ls. De manière générale les recouvrements doivent être décalés (c'est-à-dire qu'il ne convient pas d'arrêter l'ensemble des m barres dans la même section transversale). b) Cas de barres munies d'ancrages courbes

:> Référence: BAEL, art. A-6. 1,254 Pour parer au risque de fendage du béton suivant les plans contenant les ancrages par courbure, ces plans doivent être cousus. Dans le cas de recouvrements avec crochets normaux, la section des armatures de couture doit être au moins égale à la moitié de celle résultant de l'application de la formule [4.19].

4.614

Barres couvre-joints - Chaînages

Les barres « couvre-joints» sont utilisées pour transmettre les efforts entre deux barres placées bout à bout dans le prolongement l'une de l'autre, ce qui évite la création de moments secondaires au droit de la jonction; on les dispose de telle sorte que c ::; 5 0 (figure 4 .40). Leur longueur est alors au moins égale à 2is.

, 1

1 1

1

1

~

~

~

IIIIIIIIIII!.IIIIIIIII~IIIIIIIIII,~IIIIIIIII Figure 4.40 Si le nombre de barres est élevé, les barres couvre-joints deviennent continues et ne se distinguent plus alors des autres barres. On a un « chaînage ». Sur l'exemple simple du couvre-joint de la figure 4.40, on remarque que sur une longueur is de part et d'autre de la coupure, on a« physiquement» deux barres mais, «mécaniquement », une seule barre. Chaque coupure entraîne donc la perte mécanique d'une barre dans le nombre total des barres mises en place.

Chapitre 4 • Association acier-béton 219 En généralisant cette constatation au cas d'un chaînage, on aboutit à la règle ci-après: Règle: Un chaînage de m barres de même diamètre comportant p coupures par longueur de scellement droit est mécaniquement équivalent à m - p barres continues.

Exemple, figure 4.41 : m = 6,p = 2 d'où nombre de barres utiles: 4.

m=6

'11111111 4 barres

6 barres

,"'"'"

,111111' Diagramme de Os résultant

Figure 4.41

Note: Le diagramme de crs résultant s'obtient en représentant, pour chaque coupure, la variation de la contrainte!e à 0 sur la longueur ls de part et d'autre de la coupure (figure 4.40) et en cumulant ensuite les ordonnées.

4.62

Recouvrement des barres comprimées en permanence

Dans ce cas, il faut toujours prévoir des ancrages droits. En effet, si des ancrages courbes sont soumis à une compression, ils se déforment et provoquent un gonflement et un éclatement du béton, surtout s'ils sont placés à proximité d'une paroi. Ces ancrages sont donc interdits pour des barres comprimées l .

1.

Pour les barres susceptibles d'être tendues dans certains cas de charge et comprimées dans d'autres, les règles concernant les barres tendues, qui conduisent aux plus grandes longueurs de recouvrement, sont applicables. Sauf impossibilité totale, il faut éviter également dans ce cas, de prévoir des ancrages courbes.

220 Traité de béton armé

4.621

longueur de recouvrement

Dans le cas où elle est soumise à un effort de compression, une barre vient prendre appui sur le béton par sa face terminale; la dilatation transversale (effet Poisson) a par ailleurs pour effet de plaquer la surface latérale de la barre contre la gaine de béton. Ces deux effets, qui sont favorables, sont annihilés dans le cas de barres soumises à des chocs de direction axiale (armatures longitudinales des pieux mis en place par battage, par exemple) ou à des vibrations. D'où les valeurs de la longueur de recouvrement l'r à prendre en compte : a) Cas général, où il n'y a ni chocs, ni vibrations et où la distance entre axes des barres est plus égale à 5 0 : I~

= 0,61s

Les Règles BAEL admettent les valeurs forfaitaires données au tableau 4.9. Tableau 4.9 - barres HA Fe E 400

1; = 24 0

(0,6 x40 0)

1; = 30 0

(0,6 x 500)

- fils tréfilés HA Fe E 400 - barres HA Fe E 500 - fils tréfilés HA Fe E 500 - ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235

b) Cas de barres soumises à des chocs ou à des vibrations:

4.622

Armatures de couture à disposer sur la longueur de recouvrement

Ces armatures font l'objet de règles particulières (voir § 10.542).

Chapitre 4 • Association acier-béton 221

4.7

ANCRAGES ET RECOUVREMENTS DES TREILLIS SOUDÉS

4.71

Treillis soudés formés de fils lisses

:> Référence: BAEL, art. A-6.2,2

4.711

Définition

La définition qui suit, proposée par l' ADETS, n'a pas été reprise par les Règles BAEL :

« Quel que soit leur diamètre sont considérés conventionnellement:

- comme fils porteurs ceux qui engendrent une section par mètre supérieure ou égale à celle engendrée par les fils qui leur sont perpendiculaires ; - comme fils de répartition, même si leur diamètre est le plus grand, ceux qui engendrent une section par mètre inférieure à celle engendrée par les fils qui leur sont perpendiculaires» (figure 4.42). À noter qu'une telle définition ne préjuge absolument pas du rôle mécanique joué dans l'ouvrage par chacune de ces deux directions d'armatures.

Si A 1p.m. <: A 2P.m. même si 01 < O2 : A 1 = fils porteurs A 2 = fils de répartition

Figure 4.42

4.712

Ancrages rectilignes

L'ancrage d'un fil lisse constitutif d'un treillis soudé est supposé assuré non par adhérence propre du fil mais uniquement par appui sur le béton des fils transversaux qui lui sont soudés. L'ancrage total rectiligne est supposé assuré par (figure 4.43) : - au moins trois soudures d'aciers transversaux (de répartition en général) pour un fil porteur ; - au moins deux soudures d'aciers transversaux (porteurs) pour un fil de répartition.

222 Traité de béton armé

Zone d'ancrage Ancrage total d'un fil porteur

Zone d'ancrage Ancrage total d'un fil de répartition

Figure 4.43 La possibilité de réaliser des ancrages partiels conduit en pratique aux dispositions suivantes:

a) Fils porteurs Soit: A l ' aire réelle d'un fil porteur du treillis

A cal

l'aire de la section strictement requise par le calcul.

Au-delà du point où s'exerce l'effort à ancrer on doit trouver: - trois soudures si Acal S; A < 2Acal - deux soudures si 2Acal S; A < 3A cal - une soudure si 3A cal S; A

b) Fils de répartition Au-delà du point où s'exerce l'effort à ancrer on doit trouver en général deux soudures.

4.713

Ancrages par courbure

Les Règles BAEL autorisent (art. A-8.l,21) l'utilisation de treillis soudés pour constituer les armatures longitudinales, et donc aussi transversales, d'une poutre ou d'un poteau. a) Diamètres minimaux des mandrins de cintrage des treillis lisses Divers cas peuvent se rencontrer en pratique suivant la position des nœuds de soudure: Dans tous les cas, le diamètre D du mandrin de cintrage doit être au moins égal à max [4 0; 20 mm]. 1er cas: les aciers transversaux sont placés du côté intérieur (figure 4.44)

Chapitre 4 • Association acier-béton 223 Il faut avoir E ~ 0,65 D + 20(, ou sinon, prévoir un mandrin échancré (figure 4.44b) :



Figure 4.44



2e cas: les aciers transversaux sont placés à l'extérieur (figure 4.45). Il faut avoir E

~

0,5D + 0(, ou sinon, adopter D ~ 200 (figure 4.45b) :



Figure 4.45



b) Longueurs des retours droits II convient de respecter les dispositions de la figure 4.46, plus contraignantes que celles données au § 4.43.

224 Traité de béton anné

üc Étrier

Épingle

Cadre

150

Figure 4.46

Les Règles BAEL indiquent que dans le cas d'un angle de 90° (retour d'équerre), la partie rectiligne prolongeant l'arc de cercle doit obligatoirement comporter un fil soudé perpendiculaire (figure 4.47a): une telle disposition n'est réellement applicable que pour des cadres ouverts (figure 4.47b). Fil soudé obligatoire

;/



Figure 4.47

Chapitre 4 • Association acier-béton 225

4.714

Recouvrements

La longueur d'ancrage étant déterminée par les soudures (§ 4.712), la jonction par recouvrement de deux fils rectilignes doit comporter sur chaque fil : trois soudures dans le cas de fils porteurs (figure 4.48), deux soudures dans le cas de fils de répartition (figure 4.49). Les soudures intéressées sur l'un et l'autre fils sont décalées de 4 cm dans le sens qui augmente la longueur de recouvrement, à moins que les fils en jonction ne soient dans un même plan. Comme indiqué au § 4.613, on ne prévoit pas d'armatures de couture pour de telles jonctions. 0::4 cm

l

1

8+-i

6



0



0 1

i --.

0::4 cm

I

1

.+-i

1

8+-i

..

~

~

)

• ~

()



()

~

1

i --. 1

i --..

Figure 4.48. Recouvrement des fils porteurs a) et b) nappes en recouvrement dans des plans distincts, c) nappes en recouvrement dans le même plan Ces dispositions entraînent automatiquement pour les fils de répartition les dispositions indiquées figure 4.49.

Remarque: Les solutions du type a ont l'inconvénient de conduire à un encombrement en hauteur des panneaux. De ce point de vue, les solutions des types b ou c sont préférables.

226 Traité de béton armé

~4cm

Pour la disposition

0

1

Pour la disposition . ,

~I • ,

1

'--i

.-- i

~

~

~

1

1

1

~

--..

1

1

----+-

1

--..

~4cm

1

Pour la disposition •

'--i

~I

1

,~

1

1

Figure 4.49

4.72

Treillis soudés formés de fils à haute adhérence

:> Référence: BAEL, art. A-6.2,1

4.721

Ancrages rectilignes

Les fils constituant un treillis soudé à haute adhérence sont ancrés individuellement par scellement droit (§ 4.33) ou par les soudures (conformément au § 4.712) selon le cas le plus favorable, du point de vue de la longueur nécessaire.

4.722

Ancrages par courbure

Les diamètres minimaux des mandrins de cintrage pour réaliser éventuellement des ancrages courbes (figure 4.23) à l'extrémité des panneaux de treillis sont donnés dans la tableau 4.10 qui fournit également les diamètres minimaux pour réaliser des cadres ou des étriers (figure 4.46) et ceux à respecter pour les coudes.

Chapitre 4 • Association acier-béton 227 Tableau 4.10. Diamètres minimaux des mandrins de cintrage des treillis soudés HA (mm) Diamètre minimal D du mandrin de cintrage (mm)

Diamètre nominal du fil (mm) 5-5,5

6

Etriers et cadres

30

30

40

Ancrages

50

70

70

Coudes (changement de direction du fil)

7-8 9-10

12

14

16

50

60

90

100

100

100 150 150

150

200 200 250

En ce qui concerne les nœuds de soudure, le diamètre D étant pris au moins égal aux valeurs du tableau 4.10, les dispositions et valeurs de E des figures 4.44 et 4.45 sont applicables. Pour les cadres et étriers, se reporter au paragraphe 4.713-b. La condition de non-écrasement du béton et celle relative au cintrage d'ensemble d'un panneau et aux boucles données au § 4.52 sont applicables. On peut en trouver une présentation adaptée dans l'ouvrage Le Treillis soudé - Calcul et utilisation édité par l'ADETS 1•

4.723

Jonctions par recouvrement

Si la longueur d'ancrage est déterminée par les soudures, les règles du § 4.714 s'appliquent. Si la longueur d'ancrage est celle du fil constitutif, ce sont celles du § 4.611 (tab.4.6) qui sont .applicables. Dans les deux cas, des armatures de couture ne sont pas nécessaires.

4.8

PRESCRIPTIONS DE L'EUROCODE 2 CONCERNANT LES ANCRAGES

4.81

Modes d'ancrage

Les ancrages des barres tendues peuvent être droits, ou affecter l'une des formes de la figure 4.50 (lb,eq correspond à ce que nous avons appelé «longueur d'ancrage» pour les Règles BAEL, et hd correspond à la longueur de scellement droit Is).

1. On peut se procurer cet ouvrage sur simple demande adressée à l'ADETS ou le consulter sur le site www.adets.org. Dans ce même ouvrage, on trouve la démarche de calcul pour résoudre le problème suivant: «connaissant la longueur disponible pour loger un ancrage courbe, quelle longueur donner à son retour droit pour que cet ancrage soit équivalent à un ancrage par crochet normal d'une longueur égale à 0,4 ls ? ».

228 Traité de béton armé La prise en compte de la « longueur équivalente définie plus loin, au § 4.843.

h,eq

» représentée sur cette figure est

<:50

a

90 0 :s; a < 1500 •

Longueur d'ancrage de référence lb mesurée le long de l'axe quelle que soit la forme du tracé

('::'~:j:

ct

t Longueur d'ancrage équivalente pour un crochet normal





Longueur d'ancrage équivalente pour un coude normal

:

0 t <:O,60

<:50

~tj

(-••..•••.••..••••.•.••••.•••.••.••.••••••.•.•••.•••••.•••.•••.•... j~

lb,eq

Longueur d'ancrage équivalente pour une boucle normale



Longueur d'ancrage équivalente avec barre transversale soudée

Figure 4.50. Modes d'ancrage autres que le scellement droit

4.82

Cintrage des barres

4.821

Diamètres minimaux des mandrins de cintrage

Pour les barres et les fils, le diamètre minimal du mandrin de cintrage des coudes, crochets et boucles ne doit être inférieur: - ni à celui requis par l'essai de pliage-dépliage, - ni à 4 0 si 0 :::; 16mm, ni à 7 0 si 0 > 16 mm. Pour les barres ou treillis soudés pliés après soudage, voir § 4.91.

.4.822

Condition de non-écrasement du béton

Cette clause ne s'applique pas aux cadres, étriers et épingles. 10 • Aucune vérification n'est nécessaire si les conditions suivantes sont remplies: a) l'ancrage de la barre ne requiert pas une partie droite de longueur supérieure à 50 audelà de la partie courbe;

Chapitre 4 • Association acier-béton 229 b) le plan dans lequel la barre a été courbée n'est pas proche d'un parement, et il existe, à l'intérieur de la partie courbe, une barre transversale ayant au moins le même diamètre que la barre courbée, et disposée perpendiculairement au plan de la courbure (disposition analogue aux cas a et b de la figure 4.54) ; c) le diamètre du mandrin est au moins égal aux valeurs données au § 4.821 ou dans le tableau 4.12. 2°. Si ces conditions ne sont pas remplies, le diamètre minimal 0 re pour éviter l'écrasement du béton est donné par :

m

du mandrin nécessai-

avec: F bt

force de traction à l'état-limite ultime, à l'origine de la courbure, dans une barre ou un groupe de barres en contact,

ab

pour une barre, ou un groupe de barres au contact, moitié de l'entre-axes des barres, ou des groupes de barres, dans la direction perpendiculaire au plan de la courbure. Pour une barre, ou un groupe de barres, proche d'une paroi: ab = enrobage + 0/2,

!cd

résistance de calcul du béton en compression avec!ck plafonnée à 55 MPa.

4.83

. Contrainte ultime d'adhérence

L'EC2 établit une distinction entre les conditions d'adhérence «bonnes» et les conditions d'adhérence« médiocres» (figure 4.51). La contrainte ultime d'adhérence, notée/bd, est prise égale :/bd = 2,25 Th T12!ctd avec:

!ctddonné par fcld

= fclk,O,05 IYe

en plafonnant!ctk,O,05 à 3,1 MPa (voir tab. 2.4)

quand les conditions d'adhérence sont réputées bonnes quand elles sont réputées médiocres (en particulier dans les éléments réalisés au moyen de coffrages glissants)

Th dépend du diamètre de la barre : - si 0

~

32 mm, 112 = 1 - si 0 > 32 mm, 112 = (132 - 0)/100,

0 en mm.

230 Traité de béton armé

250

--

t . LI

.

.

1

.

i

. , 45· sas90·

h[!

I~------------~ '~I--------------~



hS250mm

,



h>250mm

~300L~] .1

.1

1

1

1

1

h

fi h>600mm

a) et b) conditions d'adhérence bonnes pour toutes les barres

c) et d) zone non hachurée - conditions d'adhérence bonnes

~ Direction du bétonnage

zone hachurée - conditions d'adhérence médiocres

Figure 4.51. Conditions d'adhérence

4.84

Longueurs d'ancrage

Remarques préliminaires: Pour les calculs relatifs aux ancrages et aux recouvrements, l'EC2 a, sous l'influence de l'école suédoise, adopté une présentation compliquée de la longueur d'ancrage de calcul, dans laquelle entre le produit apparent de cinq (et même six) coefficients ah a2, a3, ~,
Chapitre 4· Association acier-béton 231 Les chercheurs qui ont «pondu» cette formulation montrent là une méconnaissance totale des conditions réelles d'exécution sur un chantier, où l'on fait davantage appel au mètre en bois pliant et au bâton de craie qu'au pied à coulisse et au crayon savamment taillé. À la fin du paragraphe 4.842, tout en respectant l'EC2, nous avons essayé de résumer les choses de manière plus simple.

4.841

Longueur d'ancrage de référence

Il s'agit de la longueur requise (required) h,rqd pour ancrer, sous la contrainte d'adhérence./bd supposée constante, la force As{Jsd qui règne dans une barre droite (différence avec les Règles BAEL, qui prennentled au lieu de (Jsd) : [4.20] avec contrainte de calcul de la barre dans la section à partir de laquelle on mesure l'ancrage.

{Jsd

4.842

longueur d'ancrage de calcul

Cette longueur, désignée par lbd, est donnée par : hd = al a2a3~a5 Ib,rqd"?lb,rnin

[4.21]

h,rqdvoir ci-avant; pour h,min se reporter à la fin du présent paragraphe; les coefficients al, a2, a,3, ~ et a5 sont donnés par le tableau 4.11. al, a2 et a3 dépendent respectivement de la forme des barres (figure 4.50), de l'enrobage (figure 4.52) et du confinement par les armatures transversales (figure 4.53). ~

prend en compte l'influence d'une, ou de plusieurs, barre(s) transversale(s) de diamètre 0 t "? 0,6 0, soudée(s) sur la longueur hd et a5 l'effet d'une pression appliquée perpendiculairement au plan de fendage sur la longueur lbd' Le produit (a,2a3a.s) ne peut être pris inférieur à 0,7.



Barres droites

CtJ = min{a/2 ; c1 ; c}



Barres terminées par un coude ou un crochet Cd = min{a/2 ; c1}

Figure 4.52. Paramètre Cd de l'enrobage



Barres terminées par une boucle cd=c

232 Traité de béton armé Dans le tableau 4.11, dans le cas d'armatures transversales non soudées (a3), (LAst - LAst,min)/As

À=

avec: aire de l'armature transversale sur la longueur lbd

LAst

aire de l'armature transversale minimale: 0,25 As pour les poutres et 0 pour les dalles aire d'une barre (celle du plus gros diamètre) ancrée défini par la figure 4.53

K

i2(! 1-[1

As

A

0 t ,A st

\

&

K= 0,1

0 t ,Ast

As

j

j

\•

K= 0,05

K=O

Figure 4.53. Valeurs de K pour les poutres et les dalles Tableau 4.11. Valeurs des coefficients <Xi intervenant dans le calcul de la longueur d'ancrage Facte~r

d'influence

Armature

Type d'ancrage

comprimée

tendue Droit Forme des barres

Autre figure 4.50 b, c, d

Droit

= 1,0 al = 0,7 si Cd> 30 sinon al = 1,0 al

al

= 1,0

al =1,0

(voir figure 4.52 pour les valeurs de Cd)

a 2 =1-015(cd -0) '

0

a z =1,0

0,75: a z 5: 1,0

a2 =1-015 ,

Enrobage Autre figure 4.50 b,c,d

(c -30) d

0

0,75: a 2 5: 1,0

a 2 =1,0

(voir figure 4.52 pour les valeurs de Cd) Confinement par des armatures transversales non soudées aux armatures

Tous types

a 3 =1-KÀ 0,75: a 35: 1,0

a 3=1,0

Chapitre 4 • Association acier-béton 233

Facteur d'influence

Armature

Type d'ancrage

tendue

comprimée

principales Confinement par des armatures transversales soudées (1)

Tous types, positions et diamètres comme indiqué figure 4.50 e

Confinement par compression transversale

Tous types

a 4 =0,7'

a 4 = 0,7

as = 1-0,04p (2) 0,7 ~ as

~ 1,0

(1) Voir également § 12.73c, sous la figure 12.56. (2) p est la pression transversale (MPa) à l'état-limite ultime sur la longueur lM

En définitive :

1. pour les ancrages de barres tendues, droits ou courbes (figure 4.50 et tableau 4.11) : • dans tous les cas visés ci-après, la longueur d'ancrage de calcul finalement retenue doit être ,au moins égale à la longueur minimale définie par : h,tnin

= Max (0,3 h,rqd; 10 0;

100 mm)

• en l'absence de confinement par des armatures transversales ou de compression transversale: [4.22] • s'il existe un confinement assuré par des armatures transversales: - non soudées aux armatures ancrées, multiplier la valeur du second membre de [4.22] par a3, - soudées aux armatures ancrées, multiplier la valeur du second membre de [4.22] par 0,7 (=~). • si, en outre, l'ancrage est soumis à une compression transversale, multiplier encore la valeur résultant des opérations précédentes par as.

2. pour les ancrages de barres comprimées (obligatoirement droits) : - dans les deux cas visés ci-après, la longueur d'ancrage de calcul finalement retenue doit être au moins égale à la longueur minimale définie par : h,min

= Max (0,6 h,rqd;

10 0 ; 100 mm)

234 Traité de béton armé - en l'absence de confinement ou si celui-ci est réalisé par des armatures transversales non soudées aux barres ancrées:

- si le confinement est réalisé par des armatures transversales soudées aux barres ancrées:

longueur d'ancrage « équivalente»

4.843

Par simplification, on peut considérer que l'ancrage de barres affectant les formes de la figure 4.50 peut être assuré moyennant la prise en compte d'une longueur d'ancrage équivalente, définie sur cette même figure et prise égale à : h,eq

= al h,rqd

et à h,eq = a2 h,rqd

h,rqd

pour les cas b, c et d, pour le cas e.

est défini au § 4.841 ; pour al et a2, voir tableau 4.l1.

Ancrage des cadres et des étriers

4.85

L'ancrage est considéré comme correct si les conditions définies par la figure 4.54 sont respect~es. Une barre transversale doit toujours être prévue dans un crochet ou dans un coude. 50, mais 2: 50 mm



100, mais

.,

2:20 2:20 mm s50mm



Note: pour c) et d), il convient que l'enrobage ne soit ni inférieur à 3 0, ni à 50 mm si cette valeur est plus faible.

F.igure 4.54. Ancrage des armatures transversales Le soudage des barres (ancrages des types c et d) doit être conforme à l'EN 10080 et à l'EN ISO 17660.

Chapitre 4 • Association acier-béton 235

Ancrage au moyen de barres transversales soudées

4.86

La résistance à l'entraînement d'une barre transversale (0 14 à 32 mm) soudée à une barre principale du côté de la masse du béton, est désignée par F btd• Dans l'expression de h,rqd (voir § 4.842) crsd peut être remplacée par Fbtd / As, As représentant l'aire de la barre ancrée.

Remarque: Pour l'évaluation de F btd se reporter à l'Annexe Nationale. L'EC2 consacre un développement relativement long à la détermination de la résistance à l'entraînement d'un joint soudé.

Jonctions par recouvrement

4.87

Les recouvrements doivent normalement être décalés, ne pas être placés dans des zones de contraintes élevées et, en toute section, être disposés symétriquement (figure 4.55).

'Fs oIIIf--

·.-.. .z·:·:-:·z·:·:·:· ...... .

,

a

........................:.:...

~20 ~20mm

Fs

oIIIf-- ......... ··········· ........·..·.·.·.·......·.·.w.·.·.·.·.·.·.···· ............ .

Figure 4.55. Distances à respecter entre recouvrements voisins Si la distance libre entre les barres est supérieure à 40 ou à 50 mm, la longueur de recouvrement 10 doit être augmentée d'une valeur égale à cette distance libre. Si les conditions de la figure 4.55 sont satisfaites, la proportion admissible de barres tendues en recouvrement peut être de 100 % si ces barres sont disposées en un seul lit. S'il ya plusieurs lits, cette proportion est réduite à 50 %. Les recouvrements des barres comprimées ainsi que ceux des armatures secondaires de répartition peuvent être disposés en totalité dans une même section.

236 Traité de béton armé

4.871

longueur de recouvrement

La longueur de recouvrement 10 est prise égale à : [4.23]

la = a\a2 a 3<X.JaSll(; h.rqd'è.la,min

avec: h.rqd: voir § 4.842 la.min = max (0,3 ll(; h.rqd; 150 ; 200 mm) a\,

a2, a3,

LAst.min

Œ6

<X.J, as

= As crsd /

= (Pl / 25) 1/ 2

selon le tableau 4.11 ; toutefois, pour le calcul de a3, il faut prendre fYd ' avec As aire de l'une des barres en recouvrement, avec 1 :::;;

ll(; :::;;

1,5 Pl, Pl étant la proportion d'armatures en recouvre-

ment dans une zone d'étendue 0,6510 de part et d'autre de l'axe du recouvrement considéré.

Barre 1

Barre" Barre III 1

:

Il

1 1 1

si

Il Il Il Il

Barre IV

1

:.:.- O.6Sto

*

:

®

1 1

1 1

I~

1 1

O.6Sto +l

1 1

:

~I

Section considérée Exemple: les barres II et III sont en dehors de la section considérée: PI % = 50 et Œ6 = 1,4

Figure 4.56. Proportion de recouvrements à prendre en compte dans une zone de recouvrement donnée

4.872

Armatures de couture d'un recouvrement

.4.872-1

Cas des barres tendues

• Dans le cas où les forces de traction qui s'exercent dans le plan créé par les barres en recouvrement sont parallèles à un parement de béton: - si 0 :::;; 20 mm, ou si la proportion des barres en recouvrement est, en toute section, inférieure à 25 %, il n'est pas nécessaire de prévoir d'autres armatures de couture que celles prévues pour d'autres raisons;

Chapitre 4· Association acier-béton 237 - sinon, la somme des aires de tous les brins parallèles au plan du recouvrement doit être au moins égale à la section d'une des barres de ce dernier: LAst ~ As. Les armatures de couture sont perpendiculaires à la direction du recouvrement, et disposées sur les tiers extrêmes, entre ce dernier et le parement de béton (figure 4.57a).





Barres tendues

Barres comprimées

Figure 4.57. Disposition des armatures de couture d'une jonction par recouvrement • Si plus de 50 % des armatures se recouvrent dans la même section, et si la distance a (figure 4.55) est au plus égale à 100, les armatures transversales doivent être constituées par des cadres, étriers ou épingles ancrés dans la masse du béton.

4.872-2

cas des barres comprimées en permanence

Les règles données au § 4.872-1 sont applicables, mais pour diminuer le risque d'écrasement local du béton sous l'effet de la pression exercée par la face terminale des barres, on ajoute, à chaque extrémité du recouvrement, une armature de couture, à une distance au plus égale à 4 0 de cette extrémité (figure 4.57b).

238 Traité de béton armé

4.9

TREILLIS SOUDÉS

4.91

Diamètres admissibles des mandrins de cintrage

Pour les treillis soudés (et, de façon générale, pour des barres pliées après soudage), les diamètres minimaux des mandrins de cintrage sont donnés par le tableau 4.12. Tableau 4.12. Diamètres minimaux des mandrins de cintrage des treillis ou barres soudés

é



ou

('

cG .r

ou

L

d

d

50

~

30

->

50

d < 30 ou soudure dans la partie courbe

->

200

Dans le cas de soudures situées dans la partie courbe, le diamètre du mandrin peut être réduit à 50 lorsque le soudage est effectué conformément à l'EN ISO 17660 Annexe B.

4.92

Recouvrements

4.921

Recouvrement des fils ct porteurs »

Les jonctions peuvent se faire dans un même plan ou dans des plans distincts (figure 4.58).



Recouvrement des panneaux dans un même plan (coupe longitudinale)

1............ ~·Î::!·:·I:·:·:·~:I·::·!·:I·::·::·:

:.:.:.:.:.:.:1.:.:.:.:.:•......".:......•.......

.:....-: ......................................:.:.:.:.:.:.:{.,.:.:::.z;;.zI ....................

~to~

ca

Recouvrement des panneaux dans des plans distincts (coupe transversale)

Figure 4.58. Recouvrements de treillis soudés

Chapitre 4 • Association acier-béton 239 Dans le cas a, 10 (§ 4.871) est calculée avec 0.3 = 1 et les dispositions doivent être celles de la figure 4.55. Dans le cas b, les recouvrements doivent être disposés dans des zones où, à l'état-limite ultime, crs ::;; 0,8/yd. Sinon, la hauteur utile à prendre en compte dans les calculs de résistance en flexion est celle du lit le plus éloigné de la face tendue. En outre, pour les vérifications relatives à la fissuration au voisinage des extrémités du recouvrement, la contrainte crs des armatures (dispensant du calcul des ouvertures de fissures, voir § 15.22) doit être majorée de 25 %. En ce qui concerne la proportion admissible de barres principales en recouvrement dans n'importe quelle section (proportion rapportée à l'aire de la section totale d'acier) : • pour le cas a, le coefficient U(j (voir § 4.871) est applicable, • pour le cas b, en fonction de la section prévue (As / S )prov, la proportion est de : - 100 % si (As/ s)prov::;; 1200 mm 2/m - 60 % si (As/ s)prov > 1200 mm2/m Les recouvrements effectués sur deux nappes superposées doivent être décalés d'au moins 1,3/0 dans le sens horizontal. Aucune armature de couture transversale supplémentaire n'est nécessaire.

4.922

Recouvrement des fils de répartition

Les recouvrements peuvent tous être disposés dans la même section. Au moins deux soudures (une maille) doivent se trouver sur la longueur de recouvrement. Les valeurs minimales de la longueur de recouvrement sont (0, diamètre des fils de répartition) : - pour 0::;; 6 mm : ~ 150 mm, avec au moins une maille (2 soudures) sur la longueur 10 ; - pour 6 < 0 ::;; 8,5 mm: longueur 10 ;

~

- pour 8,5 < 0 ::;; 12 mm: longueur 10 ;

250 mm, avec au moins deux mailles (3 soudures) sur la

~

350 mm, avec au moins deux mailles (3 soudures) sur la

Remarque: L'EC2 donne ensuite des règles, non détaillées ici, qui concernent l'adhérence, les ancrages et les recouvrements d'une part des barres dont le diamètre excède 32 mm (40 mm pour l'Annexe Nationale), et d'autre part des paquets de barres.

240 Traité de béton armé

4.10 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 4 - Robinson (J.R), Zsutty (T.C.), Guiorgadzé (G.), Lima (L.J.), Hoang Long Hung et Villatoux (IP.), La couture des jonctions par adhérence, Annales ITBTP, juin 1974. - Bond action and bond behaviour of reinforcement, Bulletin d'Information CEB nO 151, décembre 1981. - Fauchart (J.) et Hoang Long Hung, Ancrage des treillis soudés formés defils bruts de tréfilage deforme cylindrique, Annales ITBTP, avri11973. - Recommandations RILEM (avril 1982), RC2 Essai de traction, RC4 Essai de pliage dépliage, RC5 Essai d'adhérence: 1 « Bearn-test» - 2 « Pull-out test» - Robinson (IR), La poutre en béton armé à talon et l'adhérence des barres groupées par deux au contact, Annales ITBTP, décembre 1956. Bond of reinforcement in concrete, fib, Bulletin nO 10, août 2000 (434 pages !).

CHAPITRE 5 HYPOTHÈSES ET DONNÉES POUR LES CALCULS SOUS SOLLICITATIONS NORMALES

Les sollicitations normales sont celles qui développent des contraintes normales sur les sections droites. Elles sont caractérisées par un moment fléchissant et / ou un effort normal, rapportés au centre de gravité de la section homogène lorsqu'il s'agit de calculs élastiques et que la section des armatures est connue ou au centre de gravité de la section de béton seul dans tous les autres cas, voir chapitre 8.

5.1 . HYPOTHÈSES GÉNÉRALES Ces hypothèses sont celles utilisées en Résistance des Matériaux dans la théorie des poutres, à savoir : - dimensions transversales faibles par rapport à la longueur ; - rayon de courbure de la fibre moyenne grand par rapport aux dimensions transversales; - variations des dimensions de la section droite lentes et progressives.

242 Traité de béton armé

5.2

CALCULS VIS-À-VIS DES ÉTATSLIMITES ULTIMES DE RÉSISTANCE SOUS SOLLICITATIONS NORMALES

5.21

Hypothèses fondamentales

5.211

Hypothèses adoptées par les Règles BAEl

:> Références: BAEL, art A-4.3,2 Les hypothèses qui suivent sont celles qui sont applicables lorsque les effets du second ordre (influence des déformations sur les sollicitations) peuvent être négligés. Lorsqu'il n'en est pas ainsi, il faut effectuer une vérification d'état-limite ultime de stabilité de forme, selon les hypothèses et méthodes indiquées au chapitre Il. Ces hypothèses sont au nombre de six (figure 5.1) : 1. au cours de la déformation d'une poutre sous l'action d'un système quelconque de forces extérieures, les sections droites restent planes et conservent leurs dimensions (principe de Bernoulli)l; 2. la résistance du béton tendu est considérée comme nulle; 3. par sl;1ite de l'adhérence, chaque armature subit la même variation linéaire que le béton situé à son niveau (supposé non fissuré si l'armature considérée est tendue) ; 4. le raccourcissement relatif Ebc du béton est limité à : - 3,5.10-3 en flexion; - 2,0.10-3 en compression simple.

5. l'allongement relatif Es de l'acierle plus tendu2 est limité à 10.10-3

;

6. «Règle des trois pivots» : le dimensionnement d'une section à l'état-limite ultime est conduit en supposant que le diagramme des déformations passe par l'un des trois pivots A, B ou C définis ci-après (BAEL, art. 4.3,3), chacun d'eux définissant une région.

1. Ce qui implique en corollaire l'absence de glissement entre les armatures longitudinales et le béton, hypothèse reprise au point 3. 2. En règle générale, pour des armatures tendues disposées en nappes, on peut les supposer concentrées en leur centre de gravité. Pour les calculs, comme ni le nombre de barres, ni leur diamètre ne sont connus a priori, on schématise la section de celles-ci en représentant sur une coupe (section droite) de l'élément un petit rectangle noir (voir figures 7.8,7.10,7.17 et suivantes). Cette hypothèse n'est pas systématiquement retenue par l'EC2 (voir § 5.212).

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 243 ,

Allongements

Â,

Raccourcissements : 0'

B (3,5 %0)

~h 7

h

o

2%0

Figure 5.1

Pivot A, Région 1 - L'allongement Es de l'acier tendu est égal à 10.10-3. La section est soumise à la traction simple ou à la flexion simple ou composée. Pivot B, Région 2 - Le raccourcissement soumise à la flexion simple ou composée.

Ebc

du béton est égal à 3,5.10-3• La section est

Pivot C, Région 3 - Le raccourcissement Ebc du béton au niveau de C est égal à 2,0.10-3• La section est soumise à la flexion composée ou à la compression simple. Pour la vérification d'une section à l'état-limite ultime, il suffit d'apporter la preuve qu'aucupe des déformations limites n'est dépassée, c'est-à-dire: - qu'au niveau de l'acier le plus tendu,

Es::;;

10.10-3

- que, sur la fibre extrême la plus comprimée de la section,

Ebc ::;;

- que, sur la fibre située à 3h / 7 de la fibre la plus comprimée,

3,5.10-3

Ebc::;;

2,0.10-3

Le diagrame des déformations peut donc alors, occuper une position quelconque, ne passant ni par A, ni par B, ni par C, qui ne peut être déterminée.

5.212

Hypothèses adoptées par l'EC2

Ces hypothèses concernent les régions «B» des éléments fléchis (voir § 3.525-4a). Pour les régions« D », voir § 3.525-4a et chapitre 14. Pour le calcul de la résistance ultime d'une section, outre les hypothèses classiques, . identiques à celles des Règles BAEL (conservation des sections planes, absence de glissement acier-béton, résistance à la traction du béton négligée), on adopte les hypothèses suivantes: -le raccourcissement maximal du béton est limité à (voir tableau 2.4) : - Ec2

(ou Ec3) dans le cas de sections soumises à une compression axiale,

- Ecu2 (ou Ecu3)

dans le cas de sections non entièrement comprimées.

244 Traité de béton armé • les déformations relatives limites à l'état-limite ultime sont celles précisées par la figure 5.2 • les diagrammes de calcul sont ceux définis au § 5.22. (1 - Ec2/Ecu2) h ou (1 - Ec3/EcuÛ h

d h

ES~<----~I----------~I~--~9

Eud

Ey

0

1 Ec2

(Ec3)

1 >Ec Ecu2 (Ecu 3)

Figure 5.2. Déformations relatives limites à l'état·limite ultime selon l'EC2

A- limite de déformaiton relative en traction des armatures B- limite de déformation relative du béton en compression par flexion C- limite de déformation relative du béton en compression pure

5.22

Diagrammes contraintes-déformations de calcul

5.221

Acier

a) Règles BAEL (art. A 4.6,2) Le module Es n'étant que peu affecté par la dispersion, le diagramme de calcul d'un acier se déduit du diagramme idéalisé (voir § 2.371) par une affinité parallèle à la droite de Hooke et de rapport 11 Ys, avec Ys = 1,15 en général (Ys = 1 vis-à-vis des sollicitations accidentelles). On désignera par led la contrainte de calcul de l'acier:

Ys

=

J:ed = Ys le

avec

1,15 en général (fig. 5.3a).

Ce diagramme permet, connaissant la déformation relative Es d'un acier occupant une position quelconque dans la section droite, d'en déduire la contrainte de calcul crs correspondante.

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 245 b)EC2 L'EC2laisse la liberté (voir § 2.37-2b) : - soit d'utiliser le même diagramme de calcul que celui adopté par les Règles BAEL (fig. 5.3a), mais sans limiter à 10 %0 l'allongement maximal de l'acier; - soit d'adopter un diagramme idéalisé bi-linéaire, comportant une branche supérieure inclinée, avec une déformation de l'acier limitée à Cud = 0,9 Cuk (figure 5.3b ; pour Cuk, voir § 2.37-2, figure 2.40 et tableau 2.10).

f tk fe ,------.-----, , 1 1



t~ Ys

Es = 2-10 5 MPa

1 fe/Ys 1 1 = fed 1 1 1 1 1 1 1 1

r

é

Diagram~e~~! ~ ,--- -----

t

- - - ---

cul Diagramme deCSl

' \ fyk

1

, 1 1 1 1

1 1 1 1 1 1 1

'Ys

E = 200 kNlmm 2

1 1 1

10%0

0

f yk

1 1

1 1

0

Es

êud = 0,9êuk . . EC2

OBAEL

Figure 5.3

Les diagrammes de calcul correspondants s'en déduisent par l'affinité de rapport lIys, comme pour les Règles BAEL. La formulation mathématique du diagramme à branche inclinée est donnée au § 7.721. L'EC2 ne retient donc pas la valeur limite de 10 %0 pour l'allongement maximal de l'acier tendu (hypothèse 5 des Règles BAEL). Cette limite avait été proposée autrefois par le CEB pour éviter que l'état-limite ultime (ELU) ne soit atteint «par déformation plastique excessive» mais certains pays ont considéré qu'elle n'était nullement nécessaire. On peut en effet vérifier qu'une variation importante de la valeur numérique de la limite d'allongement de l'acier n'a qu'une faible incidence sur l'estimation des capacités de -résistance d'une section. Cependant, ne pas fixer de valeur numérique ne signifie pas que l'allongement de l'acier à l'état-limite ultime n'est pas, physiquement, limité. L'adoption d'un pourcentage minimal d'acier (voir § 7.511-5) entraîne en effet un plafonnement automatique de cet allongement, correspondant à l'équilibre de la section armée au pourcentage minimal.

246 Traité de béton armé

Béton

5.222

En ce qui concerne le diagramme contraintes-déformations de calcul du béton, on fait l'hypothèse qu'il existe une loi de comportement unique traduite par une expression analytique dans laquelle la contrainte crbe est une fonction univoque de la déformation Ebc. Cette expression est valable dans tout le domaine de la flexion simple ou composée, pour toutes les fibres de la zone comprimée. Cette hypothèse est communément admise pour les calculs des éléments dans lesquels l'état-limite ultime est atteint par accroissement monotone de la sollicitation; elle implique, en fait, l'hypothèse d'un comportement univoque non linéaire en compression et, en conséquence, elle n'est plus suffisante pour les calculs sous sollicitations alternées par exemple. 1°) Diagramme parabole-rectangle

De façon générale, le diagramme cre - pour 0 $

1 Ee 1

<

1

Ee

idéalisé du béton est défini par les expressions:

Ee2 1

[5.1]

[5.2] avec : Ec2

raccourcissement unitaire du béton au « pic» de contrainte

Ec2u

raccourcissement ultime.

Pour les valeurs numériques de Ee2, Ee2u et n, se reporter au tableau 2.4. Pour fck $ 50 MPa, (fc28 $ 60 MPa pour les Règles BAEL) on a Ee2=0,002, Ee2u=0,0035 et

n = 2. La courbe définie par la relation [5.1] est un arc de parabole du second degré ayant son sommet à l'abscisse 0,002. Au-delà de cette abscisse, l'arc se prolonge par une horizontale jusqu'à l'abscisse 0,0035. Le diagramme ainsi défini est appelé «diagramme parabole-rectangle» (figure 5.4). crbc

fek

Sommet

~

•1

~

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

0

2%.>

3,5 %.>

€t3e

Figure 5.4. Diagramme parabole-rectangle « caractéristique» [3,5 %s valable pour les bétons de résistance au plus égale à 60 MPa (BAEL) ou à 50 MPa (EC2)]

Chapitre 5· Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 247 Bien noter que ce diagramme n'étant introduit que par un artifice de calcul, il n'a aucune signification physique et il serait faux de vouloir déduire de la pente de la tangente à l'origine la valeur de déformation longitudinale du béton (cette pente vaut en effet 1000 !ck' à comparer à la formule [2.19] et aux valeurs du tableau 2.4). Diagramme parabole-rectangle de calcul

La pente de la tangente à l'origine n'étant pas indépendante de la résistance à la compression du béton, le diagramme parabole-rectangle « de calcul» se déduit du diagramme parabole-rectangle « caractéristique» par une affinité effectuée parallèlement à l'axe ÛObe des contraintes et de rapport a/Yb, avec Yb = 1,5, sauf pour les actions accidentelles, pour lesquelles Yb = 1,15 (BAEL) ou "'le = 1,2 (BC2); n, coefficient numérique, 0,85:::; n:::; 1. Finalement le diagramme parabole-rectangle de calcul est défini (figure 5.5) par une parabole du second degré dont le sommet se trouve à l'abscisse Ee2 = 2.10-3 et à fc l'ordonnée afck en notations EC2 (a j en notations BAEL avec, normalement,

Yc

Yb

j = 28 jours) prolongée par un palier horizontal à cette ordonnée, s'étendant jusqu'à

l' abscisse Eeu2 = 3,5.10-3•

Diagramme idéalisé

_____ t_____ Diagramme de calcul

~~

1

f~

-L a -

'Ys

Paraboles du 2& degré

=afcd

(1)

Axe des paraboles

L -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~_ _ _ _ _ _ _ _ _ _~_ _~~(~)

o Figure 5.5. Diagramme cr·t: du béton à utiliser pour la vérification des sections [Bétons de résistance au plus égale à 60 MPa (BAEl) ou 50 MPa (EC2)]

J,..a raison du coefficient a est que la résistance à la compression du béton dépend, entre autres paramètres, de la durée d'application des charges. Ce phénomène a été étudié au § 2.221.4. Il est rappelé que des contraintes soutenues entraînent une chute de la résistance apparente du béton à la compression. En contrepartie, le durcissement entraîne une augmentation de la résistance dans le temps. Ces deux phénomènes, qui agissent en sens inverse, finissent par se compenser: il existe alors une résistance minimale du béton sous une charge appliquée pendant un temps critique, qui est de l'ordre de 85 % de la résistance sous charge de longue durée (<< effet Rüsch », voir Bulletin

248 Traité de béton armé d'information du CER nO 36). Pour l'EC2, normalement, a = 1 silck correspond à une résistance à 28 jours d'âge. Dans les Règles BAEL 90, la valeur a a été modulée et prise égale à 1 : 0,85 a=--

e

avec:

e e e

1 lorsque la durée d'application de la combinaison d'actions considérée est supérieure à 24 h ;

=

= 0,90 lorsque cette durée est comprise entre 1 h et 24 h ; =

0,85 lorsqu'elle est inférieure à 1 h.

Cette modulation n'a pas une grande conséquence pratique lorsque l'état-limite ultime serait atteint par suite de l'allongement excessif des aciers (à notre avis, elle constitue un «raffinement» inutile qui ne fait que compliquer le calcul). Elle n'existe pas dans l'EC2, qui indique seulement que a peut généralement être pris égal à 0,85, et qu'il doit être réduit à 0,80 pour les zones comprimées dont la largeur décroît vers les fibres les plus comprimées. Cette réduction n'est prise en compte dans les Règles BAEL que dans le cas où l'on utilise le diagramme rectangulaire simplifié (voir ci-après). Dans certains cas, l'introduction de e (qui revient à augmenter fictivementlc2s) conduit à une anomalie : prévoir des aciers comprimés qui n'auraient pas été nécessaires sans cela. En effet, la contrainte limite de compression du béton en service (voir § 5.341) ne bénéficie pas de cette augmentation. 2°) Diagramme rectangulaire La distribution rectangulaire des contraintes de compression du béton que l'on trouve dans la plupart des textes réglementaires nationaux constitue une simplification2 qui a été tirée de la condition que, pour un type de section donné, avec différents modes de chargement, l'armature nécessaire soit sensiblement la même que celle que l'on obtiendrait avec un diagramme plus exact, tel que le diagramme parabole-rectangle.

1. Faire attention que a est le « coefficient à tout faire» des Règles BAEL ; il a en effet des significations multiples, rapport de longueurs, de charges, de moments, etc. Dans une même note de calculs, il peut apparaître à plusieurs reprises, avec à chaque fois une signification différente. 2. En remontant dans la littérature technique, on peut constater qu'avant d'en arriver à cette simplification, de nombreuses formes de diagrammes ont été envisagées: trapèze (Melan, 1936; Jensen, 1943), parabole (Mensch, 1914; Stüssi, 1932; Saliger et Emperger, 1936), parabole cubique (Spécifications russes, 1938), ellipse (Kempton Dyson, 1922) et même hyperbole (Schreyer, 1933). Baumann (1934), Brandtzaeg et Bittner (1935) ont été les premiers à utiliser un diagramme parabolerectangle. En février 1949, R. Chambaud avait, lui aussi, adopté un diagramme parabole-rectangle, avant d'en venir, peu de temps après (Annales de l'ITBTP, novembre 1949), à un diagramme formé d'un quart d'onde de sinus01de prolongé par une parabole cubique, d'utilisation vraiment peu commode pour les applications pratiques.

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 249 Cette simplification a surtout de l'intérêt dans les cas où l'axe neutre est à l'intérieur de la section, c'est-à-dire ceux où la section n'est pas entièrement comprimée, c'est-à-dire encore ceux qui correspondent à des diagrammes de déformation passant par l'un des pivots A ou B, à l'exclusion du pivot C. Lorsque les pivots sont A ou B, en effet, les résultats obtenus avec le diagramme rectangulaire sont en bon accord avec ceux donnés par le diagramme parabole-rectangle. L'équivalence des deux diagrammes se vérifie en observant que les «volumes des contraintes» qui mesurent la force de compression du béton sont sensiblement égaux et que leurs centres de gravité occupent sensiblement la même position. Pour une zone comprimée de largeur constante, cette équivalence se ramène à celle des surfaces et aux positions respectives de leurs centres de gravité (voir § 7.511-1 et figure 7.29). En désignant par x (yu dans les Règles BAEL) la distance de l'axe neutre à la fibre la plus comprimée, on définit comme suit le diagramme rectangulaire simplifié (figure 5.6) : - sur une distance de (1 - Àx) à partir de l'axe neutre, la contrainte est nulle; - sur la distance Àx restante, la contrainte vaut !cd = rVck (EC2) ouJbu = afc28 (BAEL) Yc Yb avec Yc = Yb = 1,5 en général,

________ - S - _ - '

Figure 5,6 et: a) dans le cas de l'EC2 -'pour!ck::; 50 MPa : À = 0,8 ; 11 = 1 - pour 50 < .f k ::; 90 MPa : À = 0 8 - fek - 50 "'n = 1 _ Je ' 4 0 0 ' '1

5O 200

..:;..J:::;.::.ck_-__

11 doit être réduit de 10 % dans le cas de zones comprimées dont la largeur décroît vers les fibres les plus comprimées (triangle, cercle, etc.).

250 Traité de béton armé b) dans le cas des Règles BAEL Pour les zones comprimées dont la largeur est soit constante soit croissante vers les fibres les plus comprimées (voir figure 5.7a), a

= 0,85

e

(pour e, voir ci-avant) et À = 0,8

Pour les zones comprimées dont la largeur est décroissante vers les fibres les plus comprimées (figure 5.7 b)

a

= 0,80 et À =

e

08

'

Cette valeur doit, en particulier, être adoptée dans les calculs de flexion déviée (chapitre 9).

l

0,8 Yu

u

Axe neutre

-- -- ------



_________

~~'__"../.....L

0,2 Ye

Figures 5.7 a et b



3°) Autres diagrammes L'EC2 autorise l'utilisation d'autres diagrammes idéalisés, à condition qu'ils soient «équivalents)} au diagramme parabole-rectangle, ce qui n'est pas le cas du diagramme bilinéaire de la figure 5.8 tel qu'il est proposé par l'EC2, avec, pour !ck : :; 50 MPa, EcJ = 1,75 %0 et Ecu3 = 3,5 %0. En effet, l'équivalence exigerait de prendre Ec3 = 1,35 %0 et non 1,75 %0 (voir § 16.22).

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 251

fek

-------------

1 1 r-------------"! 1

Il 1 1 1 1 1 1 1 1

fcd

-------1

--------/----;...

l o

1 1 1 1

1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1

1 1 1 1

1

L-------~------------~-7€c

Figure 5.8

5.3

CALCULS VIS-À-VIS DES ÉTATS-LIMITES DE SERVICE SOUS SOLLICITATIONS NORMALES (CALCULS ÉLASTIQUES)

5.31

Hypothèses fondamentales

Les trois hypothèses qui suivent sont les mêmes que les trois premières hypothèses prises en compte dans les calculs vis-à-vis des états-limites ultimes de résistance (voir § 5.211) : 1. les sections droites restent planes, 2. la résistance du béton tendu est considérée comme nulle, 3. l'armature subit la même variation linéaire que le béton situé à son niveau 1, 4. le béton et l'acier sont supposés obéir à la loi de Hooke, c'est-à-dire qu'à toute déformation relative E d'un élément de fibre compris entre deux sections droites infiniment voisines correspond une contrainte normale:

a=EE avec E, module de déformation longitudinale du matériau constitutif de la fibre considérée.

1. Toutefois, si on calcule les déformations d'ensemble d'un tronçon de poutre ou de poteau on peut tenir compte de l'influence du béton tendu entre les fissures sur l'allongement global de la zone fissurée (voir § 15.23 et BAEL, art. A-4.6,12).

252 Traité de béton armé

5.32

Conséquences de ces hypothèses - coefficient d'équivalence

Les notations sont celles des Règles BAEL. D'après l'hypothèse 3 faite en 5.31, en un point où béton et acier sont au contact, les deux matériaux subissent, du fait de l'adhérence, la même déformation

c'est-à-dire que l'on a, d'après l'hypothèse 4 :

La force dans l'acier (aire de la section droite A) est ainsi:

F. = Aas = A(nab)=(nA) ab II est donc possible d'appliquer au béton armé, matériau hétérogène, les formules classiques de la Résistance des Matériaux établies pour les corps homogènes à condition: 1°) de remplacer toute aire A d'acier par une aire de béton fictive équivalente n A ayant même centre de gravité; 2°) de considérer, à la place des aires réelles constituées par une aire totale B de béton et une aire totale A d'acier, des sections homogènes réduites constituées par une aire de béton [(B - BI) + n A], où BI désigne l'aire de la zone de béton éventuellement tendu, qui doit être déduite de l'aire totale B en vertu de l'hypothèse 2. Les formules de la Résistance des Matériaux sont donc appliquées à ces sections homogènes réduites. Le coefficient n, théoriquement égal à Es/ Eb est le coefficient d'équivalence. Mais si Es est constant, Eb dépend de la durée d'application des charges et varie entre Ei et Ev (voir § 2.244-2 et § 2.244-5). Pour simplifier, conventionnellement, on adopte pour les calculs vis-à-vis des étatslimites de service, la valeur fixe n = 15. Ainsi, dans un état-limite de service, la contrainte d'une fibre d'acier est égale à quinze . fois la contrainte de la fibre de béton qui aurait le même centre de gravité.

5.33

Hypothèses complémentaires

Ces hypothèses, qui complètent les hypothèses 1 à 4 ci-dessus, sont au nombre de 3. L'hypothèse 7 ne figure sous cette forme dans aucun texte règlementaire, ni dans aucun cours de béton armé; cette présentation inhabituelle a simplement pour but de mettre en

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 253 évidence certaines analogies entre les hypothèses du calcul à l'état-limite ultime et celles du calcul aux états-limites de service (puisque, dans ce dernier cas, limiter les contraintes revient à limiter les déformations, d'après la loi de Hooke) : 5. la contrainte maximale de la fibre de béton la plus comprimée est limitée à une valeur

6. la contrainte maximale des armatures les plus tendues, supposées concentrées en leur centre de gravité, est limitée, normalement, à une valeur as 7. «Règle des deux pivots» : le dimensionnement d'une section à un état-limite de service est conduit en supposant que le diagramme des contraintes est le diagramme linéaire dit «diagramme de Navier» - abc pour le béton; as /15 pour l'acier, voir § 5.32 - et qu'il passe par l'un des deux pivots a ou b définis sur la figure 5.9, chacun d'eux définissant une région:

Figure 5.9

Pivot a, Région 1. Le diagramme de Navier passe par le point a qui correspond à la contrainte limite as (en fait as sur le diagramme) de l'acier le plus tendu: la section 15 est soumise à la traction simple ou à la flexion simple ou composée.

Pivot b, Région 2. Le diagramme de Navier passe par le point b qui correspond à la contrainte limite abc de la fibre la plus comprimée: la section est soumise à la flexion simple ou composée. Pour la vérification d'une section aux états-limites de service, il suffit d'apporter la preuve qu'aucune des contraintes limites, précisées ci-après au § 5.34, n'est dépassée, c'est-à-dire: - qu'au niveau de l'acier le plus tendu:

as:$; as

- que, sur la fibre extrême la plus comprimée de la section:

abc:$; abc

254 Traité de béton armé

5.34

Prescriptions des Règles BAEl

5.341

État-limite de compression du béton (BAEL, art. A 4.5,2)

Cet état-limite est défini par

5.342

abc

= o,6fc28 1.

États-limites d'ouverture des fissures (BAEL, art. A 4.5,33 etA 4.5,34)

1. Classement des éléments selon le danger présenté par leur fissuration Le commentaire de l'article A 4.5,31 indique qu'étant donné la très grande variété du phénomène de fissuration et le nombre de paramètres en cause, il est impossible de fixer des règles générales concernant le degré de nocivité des fissures. Pour les bâtiments et assimilés, l'article B 2.4 précise toutefois que la fissuration est considérée comme : • préjudiciable pour les éléments: - exposés aux intempéries ou à des condensations, - ou alternativement noyés et émergés en eau douce. • très préjudiciable pour les éléments: - exposés à un milieu agressif (eau de mer, embruns, brouillards salins, eau très pure, gaz ou ~ols corrosifs) ; - ou devant assurer une étanchéité. • peu préjudiciable dans les autres cas. Parmi ces autres cas, on peut citer par exemple : - les éléments situés dans des locaux couverts et clos, non soumis (sauf exceptionnellement et pour de courtes durées) à des condensations; les parements non visibles ou ne faisant pas l'objet de conditions spécifiques concernant l'ouverture des fissures.

1.

Il faudrait se garder d'en conclure hâtivement que le béton comprimé est plus sollicité à l'ELS qu'à l'ELU (0,6 > 0,85 Il,50 pour 0 = 1). Ce qu'il faut comparer, ce sont les déformations limites. Rappelons que seules les déformations sont des manifestations physiques mesurables et que limiter une contrainte revient en fait à limiter une déformation. Relier les deux suppose que l'on admet une certaine loi de comportement (linéaire, élastoplastique, etc, voir § 2.1). La contrainte limite de compression du béton en service correspond ainsi à une déformation limite instantanée tirée de la loi linéaire de Hooke (lib/Eb =1 ~60 pour un béton de 30 MPa de résistance), très inférieure à la déformation limite de 3,5 0/00 admise à l'état-limite ultime.

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 255 Pour les ponts routiers, le commentaire déjà cité de l'article A 4.5,31 considère que la fissuration est : - peu préjudiciable dans la plupart des cas où les ouvrages sont de formes simples, en milieu peu agressif, avec des armatures telles quefe::; 400 MPa (à notre avis, cette limite aurait dû être relevée à 500 MPa, la nuance Fe E 400 n'étant plus disponible sur le marché). - préjudiciable en milieu modérément agressif, avec des ouvrages minces, de nombreuses surfaces de reprise ou lorsqu'il s'agit d'éléments soumis à une traction peu excentrée, - très préjudiciable en milieu fortement agressif. 2. Limites imposées à la contrainte des aciers tendus La contrainte de service des aciers tendus n'est limitée qu'en cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable : - fissuration préjudiciable

avec:

- fissuration très préjudiciable (MPai où II désigne le coefficient de fissuration (= 1,6 pour les barres HA courantes) etft2s la résistance du béton à la traction. Les valeurs de crs auxquelles conduisent ces formules pour un acier Fe E 500 sont données par le tableau 5.1 ci-après (0, diamètre des barres en mm).

Remarque Le fait que crs ne soit pas limitée en cas de fissuration peu préjudiciable ne signifie pas pour autant que sa valeur « va atteindre des sommets ». En flexion simple, par exemple, si on calcule la contrainte de l'acier en service d'une section dimensionnée à l'état-limite ultime, on trouve que 0,51e::; crs::; 0,7 le.

1. Ou encore 85,2.Jij

~1 + !c28 10

2. Ou encore 68,2.Jij

~1 + !cZ8 . 10

en faisant appamitrek28 au lieu defr28.

256 Traité de béton armé Tableau 5.1. Règles BAEL: Valeurs de crs

Fissuration préjudiciable

Béton

Fissuration très préjudiciable

!c28 (MPa)

tt28 (MPa)

0~5,5

0~6

0~5,5

0~6

20

1,8

250

250

200

200

25

2,1

250

250

200

200

30

2,4

250

250

200

200

35

2,7

250

250

200

200

40

3,0

250

250

200

200

45

3,3

250

253

200

202

50

3,6

250

264

200

211

55

3,9

250

275

200

220

60

4,2

257

285

206

228

5.35

Prescriptions de l'EC2

Les vérifications relatives aux conditions de service sont définies par référence à : 1. une limitation des contraintes en service; 2. des états-limites de fissuration; 3. des états-limites de déformation. Les exigences vis-à-vis de la fissuration se réfèrent aux classes d'exposition définies dans le tableau 4.1.

5.351

Limitation des contraintes

Le calcul des contraintes est fait selon le cas: - soit en section homogène, si la contrainte maximale du béton en traction par flexion est inférieure à !c/m, - soit en section fissurée dans le cas contraire, en négligeant toute contribution du béton tendu.

5.351-1

Umltation de la contrainte du béton

Pour éviter l'apparition de fissures longitudinales, de microfissures ou un fluage élevé, à moins que d'autres mesures telles que l'augmentation de l'enrobage des aciers comprimés ou le confinement (frettage) du béton par un ferraillage transversal n'aient été prévues, la contrainte de compression du béton cre sous la combinaison d'actions caractéristique (§ 3.422-2) est limitée à 0,6!ck dans les zones susceptibles d'être exposées à des environnements des classes d'exposition XD, XF ou XS définies par le tableau 4.1.

Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 257 L'hypothèse d'un fluage linéaire ne peut être admise que si, sous la combinaison quasi permanente (§ 3.422-2), on a : cre:::; 0,45 !ck.

5.351-2

Umitation de la contrainte de l'acier

Afin d'éviter des déformations inélastiques, une fissuration ou des flèches inacceptables, la contrainte des armatures est limitée: - sous la combinaison d'actions caractéristique, à 0,8J;,h (ce qui n'est guère contraignant ; voir la remarque au § 5.342-2), - sous l'effet des déformations imposées seules, àfyk'

5.352

États-limites de fissuration

La vérification a pour objet de s'assurer que l'ouverture maximale calculée (Wk) des fissures n'excède pas une limite Wmax fixée en accord avec le client en fonction de la nature et de la destination de l'ouvrage et du coût résultant de cette limitation. Il y a là une différence sensible avec les Règles BAEL : celles-ci ne demandent pas un calcul de l'ouverture des fissures, estimant que les limitations de contrainte qu'elles proposent suffisent pour maintenir l'ouverture des fissures dans des limites acceptables (voir la remarque au § 1.345-3). En l'absence d'exigences particulières (telles que l'étanchéité par exemple), les valeurs de Wmax admises sous la combinaison quasi permanente des actions, sont: - 0,4 mm.pour les classes XO et XCI, - 0,3 mm pour les classes XC2, XC3, XC4, - 0,2 mm pour les classes XDl, XD2, XSJ, XS 2 et XS 3 • La limitation de l'ouverture des fissures est obtenue: - en prévoyant un pourcentage minimal d'armatures adhérentes déterminé de manière que la limite d'élasticité de l'armature ne soit pas atteinte avant la charge de fissuration; - en limitant les distances entre les barres et les diamètres de celles-ci. Se reporter au chapitre 15 pour le détail des prescriptions de l'EC2.

CHAPITRE 6 TRACTION SIMPLE

Ce chapitre se réfère exclusivement aux Règles BAEL.

6.1

DÉFINITION

Une poutre rectiligne est sollicitée en traction simple lorsque l'ensemble des forces extérieures agissant à gauche d'une section droite L est réductible au centre de gravité G de L à une force unique N (effort normal) perpendiculaire au plan de L et dirigée vers la gauche (figure 6.1). Dans une poutre rectiligne en béton armé sollicitée en traction simple ou « tirant », le centre de gravité des armatures est confondu avec le centre de gravité Go du béton seul. y

A

-----------+-------N

..

Forces

~~ ~~u~~ ____

.---------------;:.. x o G._ _ _ _ _ __

1-1

~L

8

Figure 6.1

260 Traité de béton armé

6.2

COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL DES ÉLÉMENTS SOUMIS À LA TRACTION SIMPLE

Dans ces éléments, le béton armé ne se comporte élastiquement que dans un domaine limité où la contrainte de l'acier reste faible par rapport aux contraintes correspondant aux états-limites de service. Si l'on fait croître l'effort de traction, l'élément, s'il n'est pas fragile (voir § 6.3), peut supporter des efforts normaux notablement supérieurs à ceux correspondant à l'allongement de rupture du béton à la traction (allongement unitaire de l'ordre de 80.10- 6), tout en restant apparemment intact, c'est-à-dire sans que l'on décèle à l'œil nu des fissures. Dans le cas de bétons possédant une bonne résistance à la traction et d'éléments comportant des armatures de faible diamètre très bien réparties dans la section, on peut atteindre des allongements de l'ordre de 1000 Il / m soit plus de dix fois l'allongement de rupture du béton, l'élément restant apparemment intact. Tout se passe comme si le béton s'allongeait sous effort de traction constant. Ce phénomène a été pendant longtemps désigné sous le terme d'« étirage du béton ». Mais ce comportement est en fait plus apparent que réel. En utilisant des moyens d'investigation plus perfectionnés que le simple examen visuel, l'observation attentive des éléments en béton armé montre que le béton apparemment non fissuré présente en réalité de fines fissures. Dès avant la Seconde guerre mondiale, de nombreuses études expérimentales avaient été entreprises sur les phénomènes de fissuration des éléments en béton armé, qu'il s'agisse de pièces tendues ou des parties tendues des pièces fléchies. On a pu observer que les fissures n'ont pas une ouverture constante et que ce n'est que lorsqu'elles atteignent une certaine ouverture critique en surface qu'elles se propagent jusqu'à l'annature. Vers 1960, panni d'autres auteurs, L.P. Brice a donné une théorie générale de la fissuration reposant sur des hypothèses simples: il admettait que l'adhérence est un phénomène de frottement et que la contrainte d'adhérence est constante le long d'une barre. Cette théorie, développée en annexe des Règles BA 1960 et reprise en annexe des Règles CCBA 68, était en accord satisfaisant avec l'expérience, malgré le caractère très aléatoire du phénomène de fissuration (position, développement, espacements et ouvertures des fissures). Elle conduisait à une expression de l'ouverture des fissures et permettait à l'inverse d'établir des formules limitant la contrainte des armatures en fonction des conditions imposées du fait du milieu ambiant, du diamètre des barres et de leur enrobage l . Cette théorie n'a pas été reprise dans les Règles BAEL, d'une part dans un but de simplification, d'autre part pour tenir compte du fait que les effets de corrosion éventuelle

1. Les problèmes relatifs à la fissuration du béton sont repris et développés au chapitre 15.

Chapitre 6· Traction simple 261 ne présentent pas le même caractère de gravité avec des armatures de faible diamètre ou avec des armatures de gros diamètre. L'état-limite de service des éléments soumis à la traction simple est ainsi défini par une limite imposée à la contrainte de l'acier en service (voir § 5.342) indépendante de certains des paramètres autrefois pris en compte (pourcentage d'armatures, par exemple).

6.3

CONDITION DE NON-FRAGILITÉ

La ruine d'un élément soumis à la traction simple survient (par déformation excessive) lorsque la contrainte des armatures atteint la valeur de la limite d'élasticité au droit d'une fissure largement ouverte. Il faut donc que la sollicitation provoquant la rupture du béton en traction et par là même sa fissuration, n'entraîne pas dans l'acier le dépassement de la limite d'élasticité (BAEL, art. A-4.2). Cette condition se traduit par : [6.1] avec: A

aire totale de la section des armatures longitudinales

B

a:ire« brute» de la section droite de béton (aire des armatures non déduite)

le lt2s

limite d'élasticité de l'acier résistance caractéristique à la traction du béton (tableau 5.1)

6.4

DÉTERMINATION DES ARMATURES LONGITUDINALES

Le béton tendu étant négligé, l'effort de traction doit être intégralement équilibré par les armatures longitudinales.

Données:

NII=:LYi N;

(voir § 3.42-1)

Nser=:LN;

(voir § 3.42-2)

(voir tableau 5.1)

262 Traité de béton armé Inconnue: Section A des armatures longitudinales.

6.41

Cas où la fissuration est considérée comme peu préjudiciable

Dans ce cas, le dimensionnement résulte uniquement de l'état-limite ultime. A = max [A,,;~J

Calcul de Au : À l'état-limite ultime, la droite des déformations est la verticale du pivot A (voir § 5.211-6). À l'allongement Es = 10 %0 des aciers correspond la contrainte led =le /1,15 (en général), d'où:

A

u

= Nu l'

[6.2]

Jed

Calcul de Amin

:

La condition de non-fragilité donne

6.42

Amin

=B

f't28 . Je

Cas où la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable

Pour le = 500 MPa etfc28 ~ 60 MPa, le dimensionnement résulte uniquement de l'état limite de service. Il faut prendre:

avec Aser 0's

= N ser crs

(m2 " MN MPa)

et

~in = BJt28



Je

est donné par les conditions de fissuration (tableau 5.1).

En effet, on ne pourrait avoir

A" > ~er

que si le rapport Nu / Nser était tel que

y= Nu > Je N ser 1,15 crs

En général, 1,35::::; Y~ 1,5. Compte-tenu des valeurs decr s

,

l'inégalité précédente ne peut être vérifiée dans le cas

des aciers Fe E 500. En effet, la plus grande valeur possible de

O's

est crs

=285 MPa et

Chapitre 6 • Traction simple 263 500 =1,53 > 1,50, ce qui implique que l'on a toujours Aser> 4, pour ces aciers, 1,15x 285 tant que!c28 ~ 60 MPa. La section A une fois déterminée, on en déduit le diamètre 0 des barres et le nombre m de barres nécessaires, en choisissant: - 0 ;::: 6 mm en cas de fissuration préjudiciable

- 0 ;::: 8 mm en cas de fissuration très préjudiciable. Ne pas oublier de prévoir les recouvrements éventuels ou bien des barres supplémentaires pour rétablir la continuité au droit des coupures des barres principales (voir § 4.614). Pour les armatures transversales, voir § 6.7.

6.5

DIMENSIONNEMENT (BÉTON ET ARMATURES)

Données:

Nu et Nser ,Ie,ft28,

Cf s

(tableau 5.1)

Inconnues: A etB. 1. Section A Avec des aciers Fe E 500 : - fissuration peu préjudiciable: A = Au - fissuration préjudiciable ou très préjudiciable A = Aser En déduire le diamètre 0 des barres et le nombre m de barres nécessaires, comme ciavant au § 6.4. 2. Section B Bien que n'intervenant pas dans le calcul, la section B de béton ne peut être choisie quelconque. Elle doit: ;- satisfaire à la condition [6.1] de non-fragilité:

- assurer l'enrobage des armatures (voir § 4. 12a) compte tenu des distances minimales règlementaires à respecter entre les barres (§ 4.13a).

264 Traité de béton armé - permettre de loger l'ensemble des barres nécessaires à l'équilibre en prévoyant éventuellement des barres supplémentaires pour rétablir la continuité au droit des coupures des barres principales (voir § 4.614). Pour les armatures transversales, voir § 6.7.

6.6

VÉRIFICATION DES CONTRAINTES EN SERVICE

Cette vérification se fait à partir de la section d'armatures réellement mise en place, une fois fixées les dispositions de celles-ci. Si la fissuration est peu préjudiciable, cette vérification est sans objet.

Données: Nser, B, diamètre 0 des barres, nombre total m de barres. Pour les définitions de se reporter aux § 4.612 et 4.33.

Ir

et

Is ,

Inconnue: O's

en service (O's.ser)

S'il s'agit de barres d'une seule longueur ou de cerces fermées (armatures de parois de réservoirs circulaires par exemple) dont les extrémités se chevauchent sur la longueur ln les m barres sont utiles et

n0 2

A=m-4

Si certaines barres sont coupées et si l'on rencontre p coupures sur une longueur de tirant égale à la longueur Is , il n'y a que m - p barres utiles (voir § 4.614) et: 2

n0 A={m-p}-

4

II faut vérifier A ;?: B lm/le. Si oui, on a (béton tendu non pris en compte) : N

O's,ser

. II faut

O's,ser

ser =A

~ O's' 0' s fixée par les conditions de fissuration (tableau 5. 1).

Chapitre 6 • Traction simple 265

6 .. 7

ARMATURES TRANSVERSALES DES TIRANTS

a) Diamètre 0 t : si ces armatures transversales sont: - des barres HA: 0

o

1

~-[

- des fils tréfilés HA : 0

3 1

~ 0[ 4

0, diamètre des armatures longitudinales à maintenir. b) Espacement St St ~

a, avec a, petit côté de la section - dans une zone de chaînage (recouvrements) : armatures de couture, voir § 4.613.

- en zone courante:

6.8

FERRAILLAGE D'UN TIRANT (EXEMPLE)

B ... __ .1

A ... --.1 '--

'V'"

Zone de chaînage

CoupeAA (Zone courante)

.",

Zone courante

CoupeBB (Zone de chaînage)

Figure 6.2

CHAPITRE 7 FLEXION SIMPLE

Même si les méthodes exposées dans ce chapitre constituent plutôt une application des Règles BAEL, elles sont aisément transposables à l'EC2 dont les hypothèses diffèrent peu de celles des Règles BAEL (voir § 5.212 ; § 5.221b ; § 5.222 et § 7.7).

7.1

DÉFINITION

Une poutre à plan moyen, c'est-à-dire «à plan de symétrie », est sollicitée en flexion plane simple lorsqu'elle est soumise à l'action de forces contenues dans des plans normaux à la ligne moyenne et disposées symétriquement par rapport au plan moyen, ou à l'action de couples d'axes perpendiculaires à ce plan. Il en résulte que lorsqu'une poutre à plan moyen est sollicitée en flexion plane simple, l'ensemble des forces ou couples appliqués à gauche d'une section droite L est réductible au centre de gravité G de L à (figure 7.1): - un couple M d'axe perpendiculaire au plan moyen (moment fléchissant) ; - une force V située dans le plan de L et dans le plan moyen (effort tranchant). y

-------------1+== x

Forces de gauche

--------------=== Figure 7.1 Les effets de M et ceux de V sont étudiés séparément (mais voir § 16.112) :

268 Traité de béton armé - si M est positif, ce qui est en particulier le cas des sections en travée des poutres, continues ou non, soumises à des charges de pesanteur, la partie supérieure de la section est comprimée, la partie inférieure est tendue (se reporter à la figure 1.1) ; - si M est négatif, ce qui est en particulier le cas des sections sur appuis des poutres continues soumises à des charges de pesanteur et de toutes les sections des consoles ou parties en porte à faux de poutres, la partie supérieure de la section est tendue, la partie inférieure est comprimée (se reporter à la figure 1.1).

7.2

COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL DES ÉLÉMENTS EN BÉTON ARMÉ SOUMIS À LA FLEXION SIMPLE

7.21

Dispositifs expérimentaux

Les essais sur éléments fléchis sont généralement réalisés en appliquant à des poutres reposant sur deux appuis simples des systèmes de charges concentrées (deux pour les éléments de portée relativement faible) égales et symétriquement disposées. Il est en effet assez difficile de réaliser pratiquement des charges réparties. Le dispositif de transmission des charges (figure 7.2) comporte généralement un linteau de répartition en profilé métallique, de poids G" reposant sur deux appuis supérieurs, et recevant les efforts appliqués par un vérin hydraulique par l'intermédiaire d'une rotule sphérique. Les appuis des poutres, comme ceux du linteau de répartition, sont rendus rigoureusement libres au moyen de rouleaux à roulement à billes et de plaquettes. Ainsi est-on assuré que les réactions des appuis sont bien verticales. Toutefois, ce système étant très instable par suite de l'absence presque totale de forces de frottement, la course des appuis inférieurs doit être limitée. Po (charge au vérin)

Figure 7.2

Chapitre 7 • Flexion simple 269 Dans la partie comprise entre les deux charges, de longueur (l - 2a), la poutre est soumise à un moment de flexion sensiblement constant (au moment dû au poids propre près) et à un effort tranchant nul (à l'effort tranchant dû au poids propre près). C'est la sollicitation dite « de flexion circulaire ». Le moment de flexion constant vaut l

:

avec: g

poids propre de la poutre

Q=Po+Gl Po charge appliquée sur le vérin par la machine d'essai G1 poids propre du linteau de répartition et des appareils d'appui de celui-ci. Pour a = 1/4 , on a donc :

c'est-à-dire que ce moment a même valeur que le moment maximal dans une poutre uniformément chargée de q = g + Q/ 1par unité de longueur. Dans les sections comprises entre les appuis et les points d'application des charges, l'effort. tranchant est sensiblement constant (à l'effort tranchant dû au poids propre près), et vaur :

Lorsque l'on veut étudier les conditions de résistance aux moments de flexion, on doit prendre toutes dispositions pour que la poutre ne se rompe pas par effort tranchant entre les charges et les appuis. Dans ces conditions, la rupture survient pratiquement toujours entre les charges. Lorsque l'on fait des essais de recherche, il est indispensable de déterminer exactement les caractères mécaniques : a) des armatures longitudinales et, le cas échéant, des armatures d'âme (limite d'élasticité, résistance à la traction avec, si possible, enregistrement des diagrammes contraintes-allongements) ;

1.

2.

En fait, pour a $x $/- a: M= [gx (/-x) + Qa]!2. En fait, pour x $ a ou x ~ / - a : V = ± [g/ (1 - 2x Il) + Q] /2.

270 Traité de béton armé b) du béton (résistances à la compression et à la traction au jour de l'essai). De plus, les dimensions exactes des poutres et la hauteur utile exacte de chaque barre sont relevées après chaque essai.

7.22

Essais de poutres sous moment constant

De très nombreux essais ont été effectués sur des éléments en béton armé fléchis. Notamment, dans les années 50-60, des programmes expérimentaux systématiques ont été réalisés tant en France - sous l'égide de la Chambre syndicale des constructeurs en ciment armé et des autres organismes techniques professionnels - que dans la plupart des pays étrangers, en particulier dans le cadre des recherches entreprises par le CEB. Au départ, les études expérimentales avaient plus spécialement pour objet: 1°) d'observer le processus du développement des phénomènes de fissuration sous charges croissantes et de rechercher une théorie susceptible de rendre compte des phénomènes observés ; 2°) de mesurer les flèches sous charges croissantes et de rechercher des formules permettant de prévoir ces flèches ; 3°) de déduire, des ruptures observées, les coefficients de sécurité réels auxquels conduisait l'application des méthodes réglementaires. Par la suite, on a cherché à déterminer l'évolution de la répartition des contraintes dans les sections les plus sollicitées.

7.221

Cas des poutres comportant un pourcentage « moyen » d'armatures tendues

II s'agit du pourcentage géométrique (A / bod, notations: figure 7.23) supposé, pour fixer les idées, inférieur à 2 % et même de l'ordre de 1 à 1,5 %. Pour déceler plus facilement l'apparition des fissures, les poutres sont, avant essai, badigeonnées au lait de chaux sur leurs faces latérales. Le film ainsi déposé, n'ayant pas d'élasticité propre, ne risque pas de masquer le phénomène que l'on veut observer. Sauf cas exceptionnels correspondant à des phénomènes de retrait anormaux, un examen attentif ne révèle pas de fissures tout au début du chargement. Après cette phase où la poutre est apparemment intacte, les charges croissant, on consta. te l'apparition de fissures à la partie inférieure de la poutre, dans sa zone centrale. Ces fissures sont normales à l'axe longitudinal de la poutre: elles intéressent la face tendue et les faces latérales jusqu'à une certaine hauteur (figure 7.3a). L'observation de ces premières fissures perceptibles à l'oeil nu dépend notamment:

Chapitre 7 • Flexion simple 271 - de l'état de surface des poutres essayées: surface plus ou moins lisse résultant du soin apporté à la confection du coffrage et à la mise en oeuvre du béton, badigeonnage des faces au lait de chaux ou non ; - des conditions d'éclairement: intensité de la source lumineuse et incidence ; - de l'acuité visuelle et, il faut bien le dire, d'un certain entraînement des expérimentateurs. Sur des poutres dont les faces ont été badigeonnées au lait de chaux et intensément éclairées, des expérimentateurs exercés décèlent des fissures extrêmement fines, qui échapperaient à un examen, même minutieux, dans les conditions usuelles de service. L'ouverture des premières fissures perceptibles à l'oeil nu est de l'ordre de 1/20 et même 1 / 50 mm ; ce sont donc, au sens propre, des fissures capillaires. De telles fissures peuvent se produire sous des charges d'essai nettement inférieures aux charges de service, et correspondant à des contraintes des armatures (calculées avec les hypothèses des états-limites de service) inférieures à 10 MPa. Il faut donc admettre qu'il existe normalement des fissures capillaires dans les ouvrages en service. Ce fait a été reconnu dès 1960 dans les textes réglementaires, puisque l'on peut lire à l'article 0,3 des Règles BA 1960 : « Les fissures sont la conséquence du fonctionnement mécanique normal de l'ouvrage; elles ne compromettent ni sa résistance, ni sa durabilité, si elles restent assez fines pour que, du fait de leur existence, les armatures ne soient pas exposées à la corrosion dans les conditions d'exploitation de l'ouvrage. Sous l'action des charges et surcharges de service, un ouvrage en béton armé peut donc se présenter comme un ensemble de blocs de béton prenant appui les uns sur les autres et reliés entre eux par les armatures. C'est cet ensemble, désigné dans ce qui suit sous le nom de «système fissuré », qui doit être pris en considération dans les calculs de résistance ». Quand les charges continuent d'augmenter, le nombre de fissures s'accroît, l'ordre dans lequel elles apparaissent successivement étant quelconque. Leur ouverture et leur hauteur croissent également aussi bien pour les fissures déjà existantes que pour les fissures nouvelles. Celles-ci recoupent assez régulièrement l'intervalle entre les fissures initiales ce qui est conforme aux prévisions des théories de la fissuration (figure 7.3b).

272 Traité de béton armé



Apparition de fines fissures verticales dans la zone des M maximaux



Formation de nouvelles fissures et accentuation des premières

Figure 7.3

L'ouverture des fissures ne dépend pas uniquement de la contrainte des barres mais également de leur diamètre, de leur état de surface et des conditions d'enrobage. Avec des barres comportant des traces profondes d'oxydation, pourvu qu'elles soient débarrassées de la rouille non adhérente, les fissures sont plus nombreuses et moins ouvertes toutes choses égales par ailleurs - qu'avec des barres non oxydées.

7.221-1

Cas des poutres armées de ronds lisses

Dans ce cas, lorsque la contrainte calculée de l'acier approche la limite d'élasticité, les fissures s'ouvrent notablement et se propagent vers la partie supérieure de la poutre. Une fissure, parfois deux ou trois fissures voisines s'ouvrent nettement plus que les autres et accentuent davantage leur progression vers la partie supérieure de la poutre, ce qui a pour effet de réduire de plus en plus la hauteur de la zone comprimée de la section correspondante. Finalement la ruine de la poutre survient par écrasement progressif du béton comprimé consécutif à l'allongement excessif des armatures, dans une région de la zone de moment constant qu'il n'est pas possible de prévoir avant les dernières phases de l'essai, et dont l'emplacement relève du hasard (figure 7.4).

Chapitre 7 • Flexion simple 273

Figure 7.4 La poutre accuse une déformation accentuée au droit des fissures les plus ouvertes et présente après rupture un aspect en V caractéristique, dont les deux branches semblent s'articuler sur le béton comprimé. Les phénomènes observés au cours de l'essai peuvent s'expliquer ainsi: a) La formation d'une ou de très larges fissures implique de part et d'autre de celles-ci des glissements locaux importants des barres par rapport au béton. Or dans une zone de moment constant c'est-à-dire d'effort tranchant nul, les forces qui tendent à faire glisser l'acier par rapport au béton sont nécessairement très petites (voir § 12.92), c'est donc que l'adhérence est devenue très faible: de ce fait, deux parties de poutre séparées par une fissure peuvent tourner l'une par rapport à l'autre, ce qui amène la rupture du béton par compression sur leur arête de contact commune. b) Lorsque l'acier commence à s'allonger plastiquement, il se produit une contraction transversale importante (par effet Poisson), ce qui diminue l'adhérence. La contraction latérale qui amène la disparition de l'adhérence est atteinte en un point du diagramme de traction situé sur le palier de ductilité. D'où la contrainte de l'acier à la rupture de la poutre, égale à la limite d'élasticité. Ainsi, la ruine de la poutre survient lorsque l'acier atteint son palier de ductilité, par écrasement du béton comprimé au-dessus de la ou des fissures les plus ouvertes, cet écrasement étant consécutif à l'allongement excessif des armatures. Pour cette raison, bien que l'acier demeure continu et que la rupture survienne par écrasement du béton, on dit que l'on a affaire à une « rupture par l'acier» (qui, d'après ce qui a été dit ciavant, est plutôt une rupture d'adhérence). Il convient de noter qu'avec un pourcentage normal d'armatures, on n'obtient jamais la ruine de la poutre par rupture de ses armatures. Cette rupture ne pourrait se produire que dans le cas de pourcentages très faibles tels que la résistance à la traction de l'acier tendu soit inférieure à celle du béton de la poutre en section homogène: pour . des poutres ainsi constituées, lorsque la résistance à la traction du béton est atteinte, les armatures ne peuvent plus assurer la résistance aux efforts de traction, et la rupture se produit brutalement. Il faut absolument éviter que les constructions en béton armé ne comportent de tels éléments fragiles; c'est pour cette raison que les Règles imposent toujours le respect d'un pourcentage minimal dans les éléments tendus (tirants) ou fléchis (poutres et dalles) (voir art. A-4.2 des Règles BAEL 91).

274 Traité de béton armé

Remarque: Au cours de certains essais de poutres faiblement armées, on a pu observer des phénomènes « d'hyper-résistance ». On appelle ainsi les phénomènes où les résistances en flexion, constatées au cours d'un essai, excèdent celles qui résultent de l'application des hypothèses de calcul. Lorsqu'on observe une« hyper-résistance », le moment de rupture calculé en supposant que l'acier a atteint sa résistance à la traction avec un bras de levier des forces internes maximal (physiquement impossible) égal à la hauteur de la poutre, demeure encore très inférieur au moment de rupture réellement observé. R Chambaud (voir bibliographie au § 1.632 à la fin du chapitre 1) explique ces phénomènes par le fait que la striction et le glissement des fibres d'acier se trouveraient gênées par l'enrobage de l'enveloppe de béton comme si l'acier demeurait entouré d'une gaine de béton non fissuré, et participant à la résistance.

7.221-2

Cas des poutres années de barres à haute adhérence

Dans ce cas, le processus de développement des fissures appelle les remarques suivantes: - en premier lieu, il est difficile de noter, à pourcentage d'armatures égal, un avantage marqué résultant de l'emploi de barres HA par rapport aux ronds lisses, quant à l'apparition des premières fissures, mais ce point est sans grande importance pratique; - les fissures sont, en revanche, normalement plus nombreuses avec les barres HA, mieux réparties et nettement moins ouvertes, à égalité de contrainte, et c'est là précisément que réside l'avantage essentiel de l'utilisation de ces barres. Approximativement, la contrainte calculée qui provoque une valeur moyenne W m donnée d'ouverture des fissures est, avec des barres HA, supérieure de près de 60 % à celle correspondant à des ronds lisses (voir § 2.382-1 b). Ici encore, les fissures s'ouvrent et se propagent vers la partie supérieure de la poutre, mais la rupture d'adhérence ne peut plus se produire sur d'aussi grandes longueurs que dans le cas des ronds lisses. On voit alors, dans la région qui sera celle de la rupture, s'ouvrir plus largement quelques fissures; l'ouverture de chacune de ces dernières demeure toutefois beaucoup plus faible que dans le cas des ronds lisses. Ainsi, la rotation mutuelle des deux parties de la poutre qui amène la rupture se répartit sur plusieurs fissures au lieu de se concentrer sur une seule.

La ruine se produit encore par l'acier l , avec écrasement progressif du béton comprimé, consécutif à l'allongement excessif des armatures, mais cette fois la poutre rompue présente une courbure continue (sans cassure accentuée) ; la rupture intéresse plus une zone qu'une section et par suite de phénomènes secondaires dans la phase finale de l'essai, la zone rompue est bordée de deux surfaces de fracture formant un X ou un Y selon le cas (figures 7.5 et 7.6).

1.

Les essais montrent que lorsqu'il s'agit de ruptures «par l'acier », les charges qui provoquent la rupture d'une poutre sont peu influencées par une variation même importante de la résistance à la compression du béton.

Chapitre 7 • Flexion simple 275

Figure 7.5

Figure 7.6

7.222

Cas des poutres comportant un pourcentage « élevé» d'armatures tendues

II s'agit d'un pourcentage géométrique supérieur à 3 % environ. Dans ce ,cas, la fissuration garde jusqu'à la fin une apparence normale, les fissures étant relativement peu ouvertes et peu développées, et la rupture survient assez brusquement par écrasement du béton. Lorsqu'il n'y a pas d'armatures comprimées ou lorsque le pourcentage de celles-ci est très faible, on peut parfois avoir des ruptures extrêmement brutales (rupture «en coup de canon »), qui intéressent une large zone; si la poutre ne comporte pas d'armatures d'âme dans cette zone (où M étant pratiquement constant, V:::: 0) il peut y avoir détachement d'un bloc de béton important (figure 7.7).

Figure 7.7

On dit que l'on a affaire à une «rupture par le béton ». La contrainte de l'acier au moment de la rupture est inférieure à sa limite d'élasticité. L'acier est donc mal utilisé et les poutres de ce type ne sont absolument pas économiques.

276 Traité de béton armé La présence d'annatures comprimées dans la section de rupture a une influence favorable non seulement sur la valeur du moment de rupture mais sur le caractère plus progressif de celle-ci, sous réserve que ces annatures comprimées soient empêchées de flamber par des annatures transversales suffisamment rapprochées (ce cas est celui normalement rencontré pour les sections sur appuis des poutres continues, sections généralement rectangulaires soumises à des moments de flexion négatifs). En anticipant sur ce qui suit (voir § 7.511), on peut dire que les ruptures par l'acier sont celles qui se produisent pour des poutres dont le calcul a été conduit à l'état-limite ultime soit au pivot A, soit au pivot B avec /-lbll ~ /-l/II (voir § 7.513) alors que les ruptures par le béton sont celles qui se produiraient pour des poutres dont le calcul à l' étatlimite ultime aurait été conduit au pivot B, avec /-lb" » /-l/II' sans prévoir d'aciers comprimés.

7.3

NOTATIONS ET TERMINOLOGIE

Dans ce qui suit, on utilise les notations et la terminologie suivantes (figure 7.8) :

~~~

, . ....A.;.?--;?-""-

t-

d: --- -:o~:

-------~~,-~~E~bC77'7

comprimée Axe neutre ----------------/ Zone tendue

/

1

/

/

/

-- --------------------- ---- - - - - -Figure 7.8 A

aire des armatures tendues

A'

aire des armatures comprimées éventuelles

cf

distance de leur centre de gravité aux fibres les plus comprimées

B'

aire du béton comprimé

BI

aire de la zone comprimée homogène: BI

h

hauteur totale de la section

y

hauteur de l'axe neutre

= B'+ 15A'

Chapitre 7 • Flexion simple 277 On appelle: - hauteur utile d: la distance du centre de gravité des armatures tendues, supposées concentrées en leur centre de gravité, aux fibres les plus comprimées de la section. - bras de levier z : la distance entre la résultante Fbsc> des efforts de compression dans le béton comprimé et dans les armatures comprimées d'une part et la résultante Fs des efforts de traction dans les armatures tendues d'autre part. - axe neutre: l'axe qui sépare la zone comprimée de la zone tendue, et où les déformations du béton sont nulles.

7.4

PRINCIPES GÉNÉRAUX DU CALCUL EN FLEXION SIMPLE OU COMPOSÉE

En flexion simple ou composée, la détermination des sections d'armatures, le dimensionnement ou la vérification des sections peuvent découler: • soit d'un calcul à l'état-limite ultime de résistance, • soit d'un calcul aux états-limites de service; pour ceux-ci, il peut s'agir: - ou bien de l'état-limite de compression du béton (BAEL, art. A-4.5,2) caractérisé par la limitation à 0,6!cj de la contrainte de compression du béton (par exemple, pour !cj =!c28 = 25 MPa,

O'be

= 15 MPa) ;

- ou bien des états-limites d'ouverture des fissures (BAEL, art. A-4.5,3) caractérisés, pour les cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable uniquement, par une limitation de la contrainte de traction de l'acier tendu, aux valeurs indiquées dans le tableau 5.1.

7.41

Données générales concernant l'état-limite ultime de résistance

À l'état-limite ultime de résistance sous sollicitations normales (voir § 5.2) :

1°) les sollicitations agissantes ultimes sont Mu et Nil (en flexion simple, Nu = 0) ; 2°) les diagrammes déformations-contraintes du béton et de l'acier sont ceux donnés au § 5.22; ·3°) pour le dimensionnement, le diagramme des déformations est supposé passer soit par le pivot A (Es = 10 %0), soit par le pivot B (êbe = 3,5 0/00), soit encore par le pivot C (êbc = 2 0/00 sur la fibre située aux 3/7 de la hauteur totale). Dans le cas de la flexion simple, seuls peuvent intervenir les pivots A et! ou BI.

l.

La «justification» réglementairement exigée consiste à faire la preuve qu'aucune des déformations limites n'est dépassée.

278 Traité de béton armé

7.411

Différents aspects de la distribution des contraintes de compression du béton

Quand le pivot (A, B ou C) est connu, la distribution des déformations et donc des contraintes ne dépend plus que d'un seul paramètre (par exemple a =y / d ou al

= y/h, avec y

hauteur de l'axe neutre à l'état-limite ultime). Du fait de l'hypothèse

de Bernoulli, le raccourcissement êç d'une fibre quelconque est proportionnel à sa distance yç à l'axe neutre; suivant le pivot, la distribution des contraintes du béton comprimé affecte l'une des formes suivantes (figure 7.9).



PivotA



PivotS



pivote

~b

= 0,85 U

Figure 7.9

e

fc2S Yb

Chapitre 7 • Flexion simple 279 Le cas a) est celui du pivot A, région 1 : la distribution des contraintes correspond à un diagramme parabole-rectangle tronqué (<< vers le haut») limité soit à un arc de la parabole, soit à la parabole complète plus une fraction seulement de la partie rectangulaire. Le cas b) est celui du pivot B, région 2 : la distribution des contraintes correspond au diagramme parabole-rectangle complet. Le cas c) est celui du pivot C, région 3 : la distribution des contraintes correspond au diagramme parabole-rectangle doublement tronqué (<< vers le haut» et« vers le bas »).

7.412

Moments frontières; définition du pivot

Pour une section à deux nappes d'armatures (figure 7.8), on appelle «momentsfrontières» les moments MAB et MBc de la résultante F bc des forces élémentaires s'exerçant sur le béton comprimé, évalués par rapport aux aciers les plus tendus ou les moins comprimés, lorsque le diagramme des déformations occupe les positions frontièresAB ou Be. Ces moments s'obtiennent en prenant respectivement les valeurs y = 0,259 d ou y = h (voir § 7.431-1) comme borne supérieure de l'intégrale des relations [7.8 b] ou [7.9 b] selon le cas. Soit MuA le moment agissant ultime, évalué au centre de gravité des aciers les plus tendus ou les moins comprimés. En l'absence d'aciers comprimés (A' = 0), le dimensionnement doit être conduit au moyen des équations correspondant: - au pivo~ A, si MuA ~ MAB au pivot B, si MAB < MI/A

~

MBc

- au pivot C, si MuA> MBc Si la section comporte, du côté le plus comprimé, une section d'armatures imposée, le moment de la force Fsc correspondante par rapport aux aciers les plus tendus ou les moins comprimés doit être déduit de MuA avant la comparaison avec MAB ou MBc. Cependant, la référence aux moments-frontières n'est pas toujours indispensable, et il n'est donc pas toujours nécessaire de les calculer (voir par exemple § 7.511-2). Pour déterminer les moments-frontières d'une section rectangulaire, voir § 7.511-2 ou § 8.331. Pour une section avec une distribution d'armatures quelconque (figure 7.9), voir la note au § 8.621.

7.42

Données générales concernant les états-limites de service

Aux états-limites de service sous sollicitations normales (voir § 5.3). 1. les sollicitations agissantes de service sont

Mser

et N ser

2. les diagrammes déformations-contraintes sont linéaires : - pour l'acier:

as = Es Es avec Es = 2.105 MPa

280 Traité de béton armé - pour le béton: abc = Eb êbc ou, puisque conventionnellement n

= Es = 15 , on arrive à Eb

3. pour le dimensionne ment, le diagramme des contraintes est supposé passer soit par le pivot« a »( as

7.421

= as

),

soit par le pivot b (abc

=abc )1.

Différents aspects de la distribution des contraintes

Quand le pivot (<< a » ou « b ») est connu, la distribution des contraintes ne dépend plus que d'un seul paramètre (par exemple, al

=II avec YI d

hauteur de l'axe neutre à l'état-

limite de service). Du fait de l'hypothèse de Navier, la contrainte aÇ d'une fibre quelconque est proportionnelle à sa distance yç à l'axe neutre; suivant le pivot, on peut avoir l'un des deux cas suivants (figure 7.10).

«a»

0"5/15

Figure 7.10 Le cas a) est celui du pivot « a» : la contrainte de l'acier le plus tendu est supposée atteindre la valeur limite as' La fibre de béton la plus comprimée est soumise à une contrainte abc < abc' Le cas b) est celui du pivot « b » : la contrainte maximale du béton comprimé est supposée atteindre la valeur limite abc' L'acier situé dans la zone tendue est soumis à une . contrainte

as < as .

1. La «justification» réglementairement exigée consiste à faire la preuve qu'aucune des contraintes limites n'est dépassée.

Chapitre 7· Flexion simple 281

7.422

Moment frontière (moment-résistant béton) ; définition du pivot

Pour une section à deux nappes d'armatures (figure 7.10), on appelle «momentrésistant-béton» le moment Mab de la résultante Fbc des forces élémentaires s'exerçant sur le béton comprimé, évalué par rapport aux aciers les plus tendus ou les moins comprimés, lorsque le diagramme des contraintes occupe la position frontière ab. Dans cette position, la contrainte limite abc

as

de l'acier en service et la contrainte limite

du béton comprimé en service sont atteintes simultanément. La hauteur de l'axe

neutre prend la valeur YI définie par la relation [7.4]. Le moment-résistant béton s'évalue en prenant cette valeur YI comme borne supérieure de l'intégrale de la relation [7.8 b]. Soit M ser A le moment agissant ultime, évalué au centre de gravité des aciers les plus tendus ou les moins comprimés. En l'absence d'aciers comprimés (A' = 0), le dimensionnement doit être conduit au moyen des équations correspondant:

= as, si M serA ::::; Mab

- au pivot« a» :

as

- au pivot« b» :

abc

=abc' si UserA> Mab

Si la section comporte, du côté le plus comprimé, une section d'armatures imposée, le moment de la force F sc correspondante par rapport aux aciers les plus tendus ou les moins comprimés doit être déduit de Uer A avant la comparaison avec Mab. Pour déterminer le moment-résistant béton d'une section rectangulaire l , voir § 7.531.

7.43

,

Equations générales de la flexion pour une section à deux nappes d'armatures

Soit une section de forme quelconque, à plan moyen, comportant une nappe d'armatures inférieures et éventuellement, une nappe d'armatures supérieures. La résistance à la traction du béton tendu étant négligée, dans toute zone où le béton est tendu, les efforts de traction doivent être intégralement équilibrés par les armatures. Pour résoudre tout problème de flexion simple ou composée soit à l'état-limite ultime soit à l'état-limite de service, on dispose et on dispose seulement de trois systèmes d'équations à savoir: -les équations de «compatibilité» (des déformations dans le cas de l'ELU, des contraintes dans le cas de l'ELS) exprimant la conservation des sections planes (relations de triangles semblables) ;

1. Dans le calcul des sections rectangulaires, on a conservé la notation traditionnelle Mrb au lieu de M"b ici.

282 Traité de béton armé • les deux équations de la Statique: - équilibre des forces, - équilibre des moments. Ces trois équations permettent à elles seules de résoudre le problème, lorsqu'il n'y a que 3 inconnues (en général hauteur de l'axe neutre, contrainte et section des armatures tendues). S'il yan inconnues (n > 3), il faut s'en fixer n - 3 a priori et le problème comporte alors plusieurs solutions; l'une d'entre elles seulement constitue la solution la plus économique l , mais il n'est pas toujours aisé de la déterminer. Conformément à l'usage, dans ce qui suit, les déformations et les contraintes du béton et de l'acier sont prises en valeur absolue.

7.431

Équations de compatibilité

7.431-1

Cas de l'état-limite ultime

a) Déformations de fibres particulières Soit : Che

le raccourcissement ultime du béton comprimé

Esc

le raccourcissement des aciers les moins tendus ou les plus comprimés (s'il yen a)

Es

l'allongement des aciers les moins comprimés ou les plus tendus

y

.la hauteur de l'axe neutre

Aux pivots A et B on a, de façon générale (figure 7.11) :

l'-----------f--i:~ 1

.1_____ .•

Eh c

=~=~ y-d'

d- y

ou

d

L_~ Figure 7.11

1. Attention: s'il entraîne des complications à la mise en œuvre, le minimum mathématique ne correspond pas nécessairement à un optimum économique (voir § 16.4)

Chapitre 7 • Flexion simple 283 La position frontière AB correspond à Ebc = 3,5 %0 et Es = 10 %0 d'oùy = 0,2593 d. La position frontière Be correspond à y

=

h.

En posant a = L, ô' = d' , al = y et ô' 1= d' les équations de compatibilité s'écrivent d d h h (figures 7.12, 7.13 et 7.14): - au pivot A (Es

y=ad

= 10 %0)

----1

Pour a< ô': d'=ô'd ebc

----

-

1

esc

-1---- 1 d

A ( 4 F 7 - - - - - - - - ' _____________

t

10 ô'-a

E

---

he

[7.0]

=---1000 l-a

Pour ô' < a ~ 0,259 : E



10 a =----

[7.1a]

10 a-ô' =----

[7.1b]

10001-a

he

E

1000 l-a

sc

Figure 7.12 - au pivot B (Ebc = 3,5 0/00)

10 ) 0,2593 < a

~

1 E.

• d'

T--:~t±~~

.1 ____

E sc

=~ l-a =~(~-1)

[7.2a]

=~ a-ô' =~(1- ô')

[7.2b]

1000

1000

a

a

1000 a

1000

a

",-3,5" •

2°-1
1 enposantô/=d/h);

notations de la figure 7.13 : .oC..----....!

- acier le plus comprimé,

ô:

1



Figure 7.13

= d' / h

: [7.2c]

- acier le moins comprimé:

_ 3,5 al -ô, Esc2 - 1000 al

[7.2d]

284 Traité de béton armé - au pivot C : a rel="nofollow"> h / d (ou a f > 1)

Ebc1

=~ =

al

al -1

Esc!

al -8~!

[7.3]



Figure 7.14

d'où il est facile de tirer les valeurs respectives de

EbcI. Ebc2,

Esc!,

Esc2'

b) Déformation et contrainte d'une fibre de béton comprimé quelconque Le pivot, et donc a (;:::: 0), étant supposés connus, le raccourcissement maximal du béton Ebc (ou Ebc!) est donné par les équations de compatibilité. Une fibre de béton quelconque, située à une distance yç de l'axe neutre subit une déformation relative Eç telle que

~ = Ebc Yç

ou encore, en posant

y

~ = a Ç : ~ = Ebc aÇ

cl

a



La contrainte crç de la fibre considérée se déduit de Eç au moyen du diagramme parabole-rectangle (figure 7.15).

o Axe neutre

1..

1

1

1

1

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 e---,-I-:--_~I,--::----::;..> 3 El;; ..1 2.103,5,10-3

Figure 7.15

EtJc

Chapitre 7 • Flexion simple 285

7.431-2

Cas des états-limites de service

a) Contraintes de fibres particulières Soit: crbc

la contrainte du béton sur la fibre la plus comprimée

crsc

la contrainte des aciers les moins tendus ou les plus comprimés (s'il yen a)

crs

la contrainte des aciers les moins comprimés ou les plus tendus

YI

la hauteur de l'axe neutre

On a, de façon générale (figure 7.16) :

rY;[---~:-~"--'----".crsc~~

L,,------, Figure 7.16 crbc

crs

cr sc

~ = 15 (YI -d') = 15 (d - YI) La position frontière ab correspond à

ou, en posant al

=1l :

crbc

15 crbc

=-==-==

al

d

= crbc , et crs = crs d'où:

[7.4]

15 crbc + cr.t

En posant encore B'= d' , les équations de compatibilité s'écrivent: d • au pivot« a» (crs = crs ) -pour al ::;;0:

_-lall+B' cr sc -

cr,

.

II'V 1 (tractIon)

. 1+ lU,I

[7.5]

286 Traité de béton armé - pour 0 < al :::; al (avec al

= XL) : d

[7.6a]

cr sc

a -Ù' =crs 1 l-al

[7.6b]

(compression)

-1-a -(1

cr s =15crbc - -1 =15crbc --1 al

J

[7.7a]

al

[7.7b]

-a

crscI = 15 crbc

-Ù' 1

al crsc2

.

- a -1

= 15 crbc

_1_

al

= 15

crbc

ù'

(1--) , acier le plus comprimé al

1 =15-crbc (1--)

[7.7c]

[7.7d]

al

b) Contrainte d'une fibre de béton comprimé quelconque

La distribution des contraintes est triangulaire. Le pivot et donc al (;::: 0) étant supposés connus, la contrainte maximale du béton crbc est donnée par les équations de compatibilité. Une fibre de béton quelconque, située à une distance yç de l'axe neutre subit une contrainte crç telle que:

crr

cr yr cr = ~ ou encore, en posant -'> = ç : crç = ~ç Yç YI d al

-'>

7.432

Équations d'équilibre

Données: Forme et dimensions de la section Sollicitations agissantes N, MA rapportées au centre de gravité des aciers les plus tendus ou les moins comprimés (N". MuA à l'état-limite ultime: Nsen MserA aux états-limites de service).

Chapitre 7 • Flexion simple 287

Inconnue: Section A des aciers les plus tendus ou les moins comprimés (si la section A' des aciers les moins tendus ou les plus comprimés est connue) ou réciproquement. Dans ce qui suit, on suppose que A' est connu et A inconnu. Les équations indiquées sont valables aussi bien à l'état-limite ultime qu'aux états-limites de service puisqu'il s'agit des équations résultant de la Statique; il suffit de considérer la distribution convenable des contraintes de compression du béton: parabole-rectangle tronqué ou non pour l'état-limite ultime, triangle pour les états-limites de service (figure 7.17).

E.L.u.

E.L.S.

Figure 7.17 1°) Valeurs de la résultante F he des efforts de compression sur la zone comprimée et de son bras de levier Zb par rapport aux aciers les moins comprimés ou les plus tendus.

288 Traité de béton armé Si bç est la largeur de la section à la distance Yç de l'axe neutre, on a, en rappelant l que a= y et d

ç = Yç

:

d a

y

Fbc

= fbçCiçdyç =d fbçCiçdÇ o

[7.8 a]

0

Le moment de cette force par rapport aux aciers les plus tendus (ou les moins comprimés) est: a

y

M bA

2

= fbçCiç(d-y+yç)dyç =d fbçCiç(l-a+Ç)dÇ o

[7.8 b]

0

Le bras levier est:

On peut poser Zb = d - oGY, en appelant oGY la distance du point de passage la fibre la plus comprimée de la section.

Ob

de F be à

Dans le cas de l'état-limite ultime, si on utilise le diagramme rectangulaire, on a Ciç =fim sur la hauteur 0,8 Y (BAEL) et les expressions précédentes deviennent: O,8a

O,8y

F;,e

=1;,,,

fbçdyç

=d 1;,,,

o

[7.9 a]

a

y

M bA

fbçdÇ 0

=1;,u fbç{d - Y + yç)dYç =d 21;,u fbç(l-a+Ç)dÇ o

[7.9b]

0

2°) Valeurs de la force Fse dans les aciers les moins tendus ou les plus comprimés et de son bras de levier Zs par rapport aux aciers les moins comprimés ou les plus tendus.

Le pivot et donc a étant supposés connus, les équations de compatibilité permettent de connaître la contrainte Cise de l'acier le moins tendu ou le plus comprimé: - aux états-limites de service, Cise est donné par les équations [7.6b], [7.7b] ou [7.7c] - à l'état-limite ultime, les équations [7.lb], [7.2b] [7.2c] ou [7.3] donnent Esc d'où

Cise = g (Esc.!ed) par le diagramme de calcul. On a alors: Zs

=d-d'

1. Aux états-limites de service, al = ~ ; les indices ont été supprimés pour pouvoir traiter le cas sous forme générale (mais Yu ~ Yser !).

Chapitre 7 • Flexion simple 289 3°) Équation d'équilibre des moments

a étant supposé connu, le moment que peuvent équilibrer le béton comprimé et les aciers les plus comprimés ou les moins tendus est (FscC a) < 0 si a < 0') :

M(a)= Fb)a) zb(a)+ F.c(a)zs À partir de cette relation, on cherche par itération (manuellement ou en ayant recours à l'ordinateur) la valeur de a correspondant au moment agissant MA (ultime MzlA , ou de service UserA)

Fb (a); Zb (a); F sc (a);

Zs

>--.-

Oui

Non - - - - '

4°) Équation d'équilibre des forces. Section des armatures les plus tendues (ou les moins comprimées). La valeur exacte de a ainsi trouvée donne immédiatement: - la valeur exacte de Fbe - la valeur exacte de F.çe = A'

O'se

et on peut connaître, à partir des équations de compatibilité, la valeur de la contrainte O's de l'acier le plus tendu ou le moins comprimé: • aux états-limites de service : - ou

O's

=O's

- ou

O's

est donné par l'équation [7.7a] si le pivot est le point b.

si le pivot est le point a (a:::; al ) ;

• à l'état-limite ultime: - ou Es = 10 %0 et

0' s

=

fed ,

si le pivot est le point A (a :::; 0,259)

- ou la valeur Es est donnée par les équations [7.2a] ou [7.2d] si le pivot est le point B (allongement si a:::; 1) ou encore par les équations [7.3] (Es = Esd si le pivot est le point C.

290 Traité de béton armé De Es on déduit crs par le diagramme de calcul: crs

=g (Es,hd)'

• 1er cas: si a ~ 0 (y ~ 0) il n'existe pas de béton comprimé et les nappes d'acier sont toutes deux tendues (figure 7.18).

_--:-"_----------------------r-------,

N

....00(-----.

( (

( (

Figure 7.18

La force de traction Fs dans l'armature la plus tendue s'obtient par l'équation d'équilibre des forces: Fs =N - ~c et la section de cette armature doit être au moins égale à A= Fs

= N -~c

crs

crs

[7.10a]

avec: à l'état-limite de service: N = Nser et crs

=crs

- à l'état-limite ultime: N = Nu et crs = Jed • 2e cas: si 0 < a re7.19).

~

1 c'est-à-dire 0 < y

~

d, l'armature inférieure est tendue (figu-

La force de traction Fs dans l'armature tendue s'obtient par l'équation d'équilibre des forces:

Fs = Fbc + F.rc - N et la section de cette armature doit être au moins égale à : [7.10 b]

Chapitre 7 • Flexion simple 291 N

crs

15 E.L.S.

N

Tr----d

J_ _ _ _ E.L.U.

Figure 7.19 avec: - à l'état-limite de service: N = Nser et crs = crs si le pivot est le point a (0 < al

MserA

~

~

al ou

Mab voir § 7.422)

crs tiré de l'équation de compatibilité [7.7a] si le pivot est le point b. -'à l'état-limite ultime N = Nu et crs MuA ~ MAa, voir § 7.412).

=fed

si le pivot est le point A (0 < a ~ 0,259 ou

=g (Es;fed) ' Es étant donné par l'équation de compatibilité [7.2a] correspondant au pivot B ( 0,259 < a ~ ~ ou MAO < MuA ~ Moc). crs

d

Pour la flexion simple, annuler N (Nser ou Nu) dans [7.10 b].

292 Traité de béton armé • 3e cas: si a> 1 les deux nappes d'armatures sont comprimées; deux sous-cas sont à envisager (figures 7.20 et 7.21).

d
rrr-----1 ' jl h

b

---)0 Fsc ---.....,,. ... N ---)0 Fbc

Y

-------

- - . Fs

-

----------------

E.L.S.

rrr------

- - Fsc

l- - ' jl

h

---)oN --+-Fbc

Y

-------

-

-

----------------

E.L.U.

Figure 7.20 ouy> h (pivot« b» aux états-limites de service, pivot C à l'état-limite ultime).

Chapitre 7 • Flexion simple 293

--_)00 Fse

--_)00 Fs A.N.

y

! E.L.U.

Figure 7.21 L'effort de compression Fs dans l'armature la moins comprimée s'obtient par l'équation d'équilibre des forces :

et"la section A de cette armature doit au moins égale à :

[7. 1Oc] avec:

- à l'état-limite de service, N [7.7d]

=

N:,'er et crs est tiré des équations de compatibité [7.7a] ou

294 Traité de béton armé - à l'état-limite ultime, N = Nu et Os = g ('ès;fed) ' 'ès étant tiré soit des équation de compatibilité [7.2a] ou [7.2d] s'il s'agit du pivot B soit des équations de compatibilité [7.3] s'il s'agit du pivot C.

Remarque Le sens de la force Fs dans l'armature inférieure doit être compatible avec le sens de la déformation relative 'ès ou avec le signe de la contrainte Os. Dans le cas contraire: - si, lorsque a < 1, on trouve: 'ès < 0 avec Fs > 0 (ou Os < 0 avec Fs > 0) c'est-à-dire un allongement (ou une contrainte de traction) incompatible avec une force de compression: ceci signifie que le béton seul est surabondant pour résister aux sollicitations agissantes de calcul. Dans ce cas, il suffit de prévoir l'armature minimale réglementaire. - si, lorsque a> 1, on trouve: 'ès> 0 avec Fs < 0 (ou Os > 0 avec Fs < 0) c'est-à-dire un raccourcissement (ou une contrainte de compression) incompatible avec une force de traction: ceci signifie que la résistance de la section aux sollicitations agissantes ne peut être assurée, compte tenu de ses dimensions, et des valeurs de!c28,!e (ou os), Le dimensionnement doit alors être complètement repris.

7.44

Calcul des contraintes normales en service pour une section quelconque en flexion simple1

Données: Dimensions géométriques de la section Sections A et A' des armatures Moment de service User Contraintes limites

Inconnues: Contrainte maximale du béton Obe Contraintes Os des armatures tendues et éventuellement Ose des armatures comprimées De façon générale, on a oç = K.Yç, en posant K = M ser , coefficient angulaire du diaIl gramme des contraintes, avec Il moment d'inertie de la section homogène réduite (définie au § 5.32) par rapport à l'axe neutre.

1. Pour le cas de la flexion composée, voir § 8.7.

Chapitre 7 • Flexion simple 295

Axe neutre

-

15A

Figure 7.22 Si yç désigne la distance à l'axe neutre d'une fibre de béton quelconque et bç la largeur de la section à ce niveau, la force élastique élémentaire dans le béton au niveau yç est bç O'ç dÇ et la résultante des compressions sur la zone de béton comprimé est: YI

Fbc

YI

= fbçO'çdyç = K fbçyçdyç o

0

La force de compression dans les aciers comprimés vaut :

Fsc = A' 0' sc = [15K(y1 - d') ] A' et la force' de traction dans les aciers tendus:

Fs

= AO's =[ 15K(d - YI) ] A

L'équilibre des forces s'écrit donc: YI

fbçyçdyç + 15 A'(YI -d')= 15 A (d - YI) o

L'intégrale représente le moment statique par rapport à l'axe neutre de l'aire du béton comprimé, 15 A'(YI - d') celui des aciers comprimés et 15 A(d - YI) celui des aciers tendus.

La position de l'axe neutre est donc donnée par l'équation dite « des moments statiques» : [7.11] où S( désigne le moment statique par rapport à l'axe neutre de la zone comprimée, aciers comprimés compris : YI

SI

= fbçyçdyç + 15A' (yI - d') o

296 Traité de béton armé L'égalité des moments statiques par rapport à l'axe neutre de la zone comprimée et des aciers tendus traduit le fait qu'en flexion simple, l'axe neutre passe par le centre de gravité de la section (en béton armé, section homogène réduite). On retrouve donc là un résultat bien connu. 1°) Contrainte maximale du béton sur la fibre extrême comprimée abc

Mser =KYI =-l-YI

[7.12]

1

K

= M ser

,coefficient angulaire du diagramme des contraintes. On a aussi :

Il

K

= abc

[7.13]

YI

2°) Contrainte du béton en un point quelconque à la distance Yç de l'axe neutre

a Ç =K Yç

M

a

=-.:!!!!.. Yç =--ÉE.. Yç Il

[7.14]

YI

3°) Contrainte des armatures tendues

~; = ~ser (d - YI )

[7.15a]

1

as

=15 K (d - YI ) d-y

as =15 abc - -I

ou

[7.15b] [7.15c]

YI

On retrouve les équations de compatibilité. 4°) Contrainte des armatures comprimées (si nécessaire) [7.16a] [7.16b] [7.16c]

ou

5°) Expression de

EL d

li = d

15 abc 15 abc +as

[7.17]

Chapitre 7 • Flexion simple 297 6°) Expressions de F bse , F s et z (Fbse est la résultante des forces de compression dans le béton comprimé (Fbe ) et dans les armatures situées dans la zone comprimée (Fse ) [voir figure 7.8]). La force élémentaire s'exerçant sur une aire ndBI à la distance yç de l'axe neutre est dFbsc =O'ç ndBI' d'où:

Fbsc

= fiIO'ç(ndBI) avec

n = 1 si dBI est une fibre de béton n = 15 si dB 1 est une armature comprimée.

Compte tenu de [7.14] : F.

bsc

= Jf11 M ser (n y ç dB)= M ser S I I I 1

1

L' O'bc S Fbse =- 1

ou

[7.18a]

1

[7.18b]

YI

[7.19]

et D'après le principe d'équivalence, en flexion simple:

On a donc :

[7.20]

et aussi

[7.21]

Ces deux expressions sont fondamentales.

7.5

SECTION RECTANGULAIRE EN FLEXION SIMPLE (BAEL)

Les textes réglementaires sont généralement rédigés en sorte que leurs exigences sont exprimées sous la forme de demandes de justifications. Il appartient donc au projeteur . d'apporter a posteriori la preuve que les quantités qu'il a prévues d'après ses calculs, et les dispositions constructives qu'il a adoptées, satisfont bien aux exigences réglementaires. Mais le problème qui se présente le plus souvent au projeteur est plutôt celui du dimensionnement, autrement dit soit de la détermination des sections d'armatures à prévoir dans une section de béton donnée, soit de la détermination de ces deux sections à la fois, en partant des exigences à satisfaire.

298 Traité de béton armé Toutes les méthodes de calcul des sections d'armatures exposées dans les paragraphes ou chapitres qui suivent permettent de déterminer ces sections soit exactement (aux approximations près pouvant résulter d'interpolations ou d'abaques), soit par léger excès (au moyen de formules approchées). Lorsque l'on emploie ces méthodes, il est donc inutile de procéder à d'autres calculs, comme par exemple ceux de vérification des contraintes. L'emploi d'un système d'unités homogènes [m, MN, MPa (1 MPa = 1 MN/m2 )] a pour conséquence que les calculs menés en utilisant ce système conduisent à des sections d'aciers exprimées en m2 • Dans les notes de calcul, ces sections sont habituellement données en cm2 ou, parfois, en mm2 • Les résultats doivent donc être présentés en multipliant les valeurs numériques en m2 par 104 ou 106 selon le cas. L'objectif final de l'étude étant de fournir des dessins pour l'exécution, les sections trouvées par le calcul doivent, en stade final, être transformées en un certain nombre de barres d'un certain diamètre, à disposer conformément aux règles du paragraphe 4.1, ce que l'on ne peut faire qu'en dessinant à une échelle convenable une coupe cotée de la section (voir § 16.4). Ayant déterminé des sections d'armatures A et A' en se fixant a priori les distances d et d' des centres de gravité de ces armatures à la face comprimée, il arrivera souvent que l'emploi de barres de diamètres normalisés conduise à réaliser des sections A 1 et A' 1 un peu différentes des sections théoriques A et A', et que l'application du paragraphe 4.1 conduise à des distances réelles dl et d' 1 un peu différentes de d et d'. Il arrivera aussi que l'on puisse accepter une section d'armatures tendues AI légèrement inférieure à la section théorique si le croquis coté fait apparaître que la hauteur utile réelle dl est supérieure li la hauteur d avec laquelle les calculs ont été menés. Il pourra enfin arriver que l'on s'aperçoive qu'en augmentant légèrement la hauteur utile choisie a priori (et corrélativement, celle de l'élément), il n'y ait plus nécessité de prévoir des aciers comprimés. Normalement on devrait, soit faire un calcul de vérification, soit reprendre le calcul de A et A'. On peut toutefois éviter ces nouveaux calculs si (y, hauteur de l'axe neutre résultant du calcul soit à l'ELU, soit à l'ELS, selon le cas) :

AI (dl - y) ~A (d- y) A'I

(y-d'I)~A'(y-d')

Enfin, on rappelle ici (voir remarque 2 au § 1.43) qu'étant donné les approximations faites dans les hypothèses de calcul, un excès de précision est illusoire. Il est donc inutile, dans la plupart des cas, de rentrer des données ou d'exprimer des résultats, finaux ou intermédiaires, avec plus de trois chiffres significatifs (par exemple: 254; 14,2 ; 2,35 ; 0,278; 0,0125, etc.), le dernier chiffre étant déterminé selon les règles d'arrondi habituelles. Lorsque le présent texte transgresse cette recommandation, c'est généralement dans des tableaux de valeurs numériques pour éviter d'entacher de trop d'erreur les interpolations.

Chapitre 7 • Flexion simple 299

7.51

Section rectangulaire sans aciers comprimés: cas de la fissuration peu préjudiciable

Dans le cas de la fissuration peu préjudiciable, la contrainte de traction de l'acier en service n'est pas limitée. En revanche, la contrainte maximale en service du béton comprimé est limitée.

Section d'armatures tendues nécessaires pour que l'état-limite ultime de résistance ne soit pas atteint

7.511

Ce qui suit ne s'applique qu'au cas où l'on a!c28 ~ 60 MPa.

Données: Dimensions bo, d

Je f.ed -- 115 ,

et

r

= 0,85

Jbu

e

Jc28

15 ,

(pour le dimensionnement sous sollicitations accidentelles, prendre r Jbu

Jed = Je

et

= 0,85 Jc28 ) e 115 ,

Moment agissant de calcul Mu

Inconnue: Section Au des armatures tendues.

7.511-1

Coefficient de remplissage lf/; coefficient de centre de gravité &

Soit: F bc

la résultante des efforts de compression dans la zone de béton comprimé

y

la hauteur de cette zone

Zb

le bras de levier de la résultante F bc par rapport au centre de gravité des aciers tendus (<< bras de levier du béton seul »).

L'effort de compression Fbro dans le béton comprimé qui correspondrait à une contrainte uniforme et égale àJbu sur la totalité de la hauteur y est (figure 7.23). FbcO = bOyJbu

300 Traité de béton armé

rd

.

L_ ~ _ Figure 7.23 On appelle: - coefficient de remplissage \If le rapport 'If = Fbc

;

Fbco

- coefficient de centre de gravité oG : le coefficient permettant de définir la distance OGY du point de passage de la résultante F bc à la fibre la plus comprimée. On peut donc écrire : [7.22] [7.23] En flexion simple, sans aciers comprimés, comme il n'y a pas d'effort normal extérieur, Fbc =~ = AOs

[7.24]

et le moment agissant Mu doit être équilibré par le moment résistant Fbc Zb (égal au moment F s Zb) d'où: [7.25a] équivalente à : [7.25b] (Jlbu moment « réduit », sans dimensions, touou en posant a = Y et Jlb/l = ~II d bod Ib/l jours inférieur à 0,5 1) [7.26]

1. En effet, y ne pouvant être supérieur à d, si y = d, Zb = d /2 et le moment résistant ne peut excéder la valeur Fbco Z correspondante, soit bo dfb,,(d /2) = O,5bo tP fi".

Chapitre 7 • Flexion simple 301 Cas du diagramme parabole-rectangle a) Si le pivot est le point A (région 1), \If et DG dépendent de a. Le raccourcissement maximal du béton, 3,5 %0, n'est pas atteint et l'équilibre s'obtient avec une contrainte maximale du béton qui peut être inférieure àfbu. En revanche, l'allongement de l'acier tendu reste constamment égal à 10 %0. . de compatI·b·l· L "equatlOn lIte'[7 . 1a] :

E bc

= -10 - - (-a- ) donne a =

1000 l-a

1000 Ebc 1O+1000Ebc

Pour la valeur particulière Ebc = 2.10-3 , le diagramme parabole-rectangle se réduit à un diagramme parabolique; la valeur correspondante de a est a = 2/ 12 = 0,1667. Premier cas: 0 ~ a

~

0,1667 ou 0 ~ Ebc ~ 2 %0.

Soit Ày (À > 1) la valeur de l'ordonnée correspondant au raccourcissement de 2 %0 dans le diagramme des déformations fictivement prolongé (figure 7.24).

Figure 7.24

D'après les triangles semblables

E

bc

y

=

2

d'où, compte tenu de la valeur de

1000Ày

Ebc

en

fonction de a rappelée ci-avant:

À=2- (l-a) a

10

La parabole ayant pour équation crç = 2Yç Ày

(1- 2Yç JhY l'aire Ày

contraintes est égale à:

YJcr dÇ = Y 1;JU (3À -1) 2 o

ç



du diagramme des

302 Traité de béton armé En d'autres termes, son« coefficient de remplissage» est:

Son centre de gravité est situé à une distance YG des fibres les plus comprimées égale à (moment statique par rapport à ces fibres) :

c'est-à-dire que le coefficient de centre de gravité est: Ù _ G -

(41.-1) 4(31.-1)

En remplaçant 1. par sa valeur dans les expressions de \jI et ùG, on trouve: \jI

5a (3-8a) =--'----'-

Ù

3(l-a)

G

= (4-9a) 4(3-8a)

Deuxième cas: 0,1667 < a ~ 0,2593 1 soit 2 %0 < êbc ~ 3,5 %0. Soit Ây (1. ~ 1) la valeur de l'ordonnée du diagramme des déformations pour laquelle le raccourcissement est égal à 2 %0 (figure 7.25) : 1. conserve la même valeur que dans le premier cas.

Figure 7.25 L'aire du diagramme des contraintes est égale à:

~ Ây h,1I + y(l- 1. )fbll 3

l.

Voir § 7.431-1a.

(parabole complète + rectangle partiel)

Chapitre 7 • Flexion simple 303 ou encore à: c'est-à-dire que le « coefficient de remplissage» est", = 1- À 3

.

Le centre de gravité de cette aire est situé à une distance YG des fibres les plus comprimées égale à (moments statiques par rapport à ces fibres) :

~ÀY hu[~ÀY+ Y(I-À)]+ y (I-ÀY y hu 3 8 2 YG

=

y _

ou encore à:

YG -

hu

(

1-~ )

~2 -4À+6)y (3-À)

4

'd'Ife que 1e coe ffi' . , est: c ,est-aClent de centre de gravite

s:

UG

2 = (À -( 4À +)6)'

43-À

d'où, en remplaçant À par sa valeur en fonction de a: 2

160.-1 '" = 150.

Ù _1710. -220.+1 G -

200. (160. -1)

Pour chacun des deux cas, les valeurs de a, '" et oG, peuvent être lues en fonction de J.lbu dans le 'tableau 7,1 . Tableau 7.1 J-L/I«

a

0,025

0,0740

0,030

oG 0,3460

0,0815

'11 0,3463 0,3780

0,035

0,0886

0,4073

0,3494

0,040

0,0952

0,4338

0,3511

0,045

0,1026

0,4627

0,3530

0,050

0,1097

0,4896

0,3549

0,055

0,1136

0,5039

0,3560

0.060

0,1194

0,5247

0,3577

0,065

0,1250

0,5442

0,3594

0,070

0,1305

0,5627

0,3611

0,075

0,1359

0,5802

0,3629

0,080

0,1413

0,5971

0,3648

0,085

0,1466

0,6130

0,3668

0,3478

304 Traité de béton armé

0,1518

'If 0,6279

ÔG 0,3688

0,095

0,1570

0,6422

0,3708

0,100

0,1623

0,6559

0,3731

0,1042

0,1667

0,6667

0,3750

0,105

0,1676

0,6689

0,3754

0,110

0,1728

0,6809

0,3778

0,115

0,1782

0,6926

0,3804

0,120

0,1835

0,7034

0,3830

0,125

0,1900

0,7158

0,3861

0,130

0,1943

0,7236

0,3882

0,135

0,1980

0,7300

0,3900

0,140

0,2053

0,7419

0,3934

0,145

0,2108

0,7504

0,3960

0,150

0,2164

0,7586

0,3985

0,155

0,2220

0,7664

0,4010

0,160

0,2277

0,7739

0,4035

0,165

0,2334

0,7810

0,4059

0,170

0,2390

0,7877

0,4082

0,175

0,2448

0,7943

0,4105

0,180

0,2507

0,8007

0,4128

0,185

0,2566

0,8069

0,4150

0,1873

0,2593

0,8096

0,4160

J.lbu

<X

0,090

Remarque: Des valeurs de J.lbu inférieures à 0,025 ne sont pas à considérer, car il faut toujours prévoir une section minimale d'armatures (voir § 7.511-5) qui vient borner inférieurement Ilbu et donc <x.

Chapitre 7 • Flexion simple 305 b) Si le pivot est le point B (région 2), le diagramme parabole-rectangle est « complet ». En conservant les proportions de ce diagramme et en se rapportant à des quantités sans dimensions, on trouve aisément les valeurs des coefficients \If et DG. O'bclfbu

t

IX 1

1 •. -----------;;.--r------l b

C

Figure 7.26 Le coefficient de remplissage \If est donné par :

W = aire{agfcd} .

aire{abcd}

2 4 3 1 aire{agfe}+ aire{efcd} = 3·7.1 +7. =.!2 = 0 8095 "" 0 81 aire{abcd} 1.1 21' ,

Le coefficient de centre de gravité s'obtient en prenant les moments statiques par rapport à l'axe XX:

DG = aire{agfe}x ~ +aire{efcd}xG;G; aire{agfe }+ aire{efcd} - ,3 -,-,3 3 4 avec GG =-+G G =-+-.1 1 7 1 1 7 8 7 2 4 )( 3 3 4) ( 3 )( 3 1) 36 + 27 (- - 1 - +- - + - 1 - 7 8 7 7 7 2 = 2" = 0 416 soit D = 3 7 G

(~*1)+(%1)

7(8+9)'

Avec \If = 0,81 et DG = 0,416, on arrive, en résolvant l'équation [7.26], à: Cl

= _1_(1_

2Do

~ 1- 40\If

G

Il.. ) = 1,2 ( 1-

~ 1- 2,06Jlbu )

[7.27]

306 Traité de béton armé Cas du diagramme rectangulaire simplifié (voir §' 5.222-2°)

On peut démontrer que lorsque les pivots sont B ou A (ce qui est le cas en flexion simpIe), on peut substituer au diagramme parabole-rectangle considéré comme le diagramme « exact» de distribution des contraintes dans le béton comprimé, un diagramme approché, de forme rectangulaire (§ 5.222-2°b), défini comme suit (figures 7.27 et 7.28) : - sa largeur est égale à!bu ;

- il s'étend depuis la fibre la plus comprimée sur une hauteur égale aux 8/ IOde la hauteur y de l'axe neutre (axe des déformations nulles). Distances à l'axe neutre

r

f

_ 0,85 fc28

bU-a 1.5

0,8 Y

0,2 Y

Axe neutre

o

""'-=-------:...--~ O"bc

fbu

Figure 7.27

l L

1" Ebc "1

-----T-----

~

0,4 y

------ot-- -f-=c

F

-f---'

_ ______t_____

bc

= 0,8 boYfbu

A.N.

d

zt, = d - 0,4 Y

A ------

------

1..

Es

----------------- -- .-L

F,:AG,

1

..

.. 1

Figure 7.28 Ce diagramme rectangulaire est donc caractérisé par les valeurs: \jI = 0,80 et <>G = 0,40. L'équivalence avec le diagramme parabole-rectangle (<< PR )}) est évidente en ce qui concerne le pivot B (où les valeurs « exactes» de \jI et <>G sont 0,81 et 0,416). Elle n'est nullement évidente au pivot A : en fait, en utilisant le diagramme rectangulaire (<< R »), on commet une erreur sur la valeur de y (yR < YPR) compensée par le fait que l'on adopte

Chapitre 7 • Flexion simple 307 un coefficient de remplissage généralement supérieur et un coefficient de centre de gravité également supérieur (du moins tant que J!bll < 0,179 pour 'II ou J!bll < 0,153 pour ÔG ; voir le tableau 7.1). En définitive, on ne se trompe guère ni sur la valeur de la force de compression dans le béton, ni sur celle du bras de levier, c'est-à-dire que les valeurs de F bc et de Zb tirées des équations [7.22] et [7.23] sont sensiblement les mêmes qu'en remplaçant 'IIYPR et Ôa)lPR par les valeurs 0,8YR (= 'II YPR) et O,4YR (= Ôa)lPR) (voir figure 7.29). Dans ce qui suit, nous n'utiliserons plus que le diagramme rectangulaire' . Les équations [7.22] à [7.27] doivent alors être modifiées comme suit. La résultante des efforts de compression dans le béton mesurée par le «volume des contraintes» (parallélépipède de côtés 0,8y, bO,fbll), a pour valeur : [7.28] Le bras de levier est: Zb

=d -0,4y =d( 1-0,40.)

[7.29]

On a toujours F bc = Fs c'est-à-dire: [7.30] et [7.31a] ou encore [7.31b] On a donc : [7.32]

d'où

a. =L d

=1,25 ( 1- ~1- 2J!bu )

[7.33]

1. Le diagramme bilinéaire défini par la figure 5.7 (mais en prenant Ec3 = 1,350/00, et non 1,75 %0 comme le préconise l'EC2) est tel qu'au pivot B, 'II = 0,807 et ôG = 0,411 (voir § 16.22). Mais son emploi est bien moins commode que celui du diagramme rectangulaire.

308 Traité de béton armé

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0,20

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J

0,209 0,210

Figure 7.29. Équivalence du diagramme parabole-rectangle et du diagramme rectangulaire (pivots A et B seulement)

Chapitre 7 • Flexion simple 309

7.511-2

Moment frontière MAB(voir § 7.412)

II s'agit du moment évalué par rapport au centre de gravité de l'armature tendue et correspondant à la position AB du diagramme des déformations (figure 7.30).

o

Figure 7.30 M AB correspond à Es = 10.10-3, u= y =

d

E bc

Ebc

+ Es

=

Ebc

= 3,5.10-3 c'est-à-dire (triangles semblables) à:

3,5 :::::0,259\ 3,5 + 10

On a alôrs, d'après [7.32] : /lAB = 0,8

x

0,259 (l - 0,4 x 0,259)

soit

/lAB

et

MAB = 0,186 boei fill

= 0,186

Remarque: Avec le diagramme parabole-rectangle, on aurait trouvé par l'équation [7.26] avec '" = 0,81 et ÙG = 0,416: /lAB = 0,187.

a) Si Mil :s; MAB c\;.,t-à-dire si /lbll :s; 0,186 ou u:S; 0,259 le pivot est le point A ;

1. Voir remarque 2° au § 1.43 relative aux valeurs numériques.

310 Traité de béton armé b) Si U, > MAB c'est-à-dire si !lbu> 0,186 ou a. > 0,259 le pivot est le point B. Dans les calculs pratiques, compte-tenu de l'adoption pour les aciers d'un diagramme de calcul à palier horizontal (voir § 2,271b et § 5,221a) la référence à M AB n'est pas indispensable (voir § 7.511-3).

7.511-3

Contrainte de l'acier

Soit Es l'allongement de l'acier tendu. Compte tenu de l'adoption d'un diagramme de calcul à palier horizontal, on a (figure 7.31): crs

fed

Î

S

~~B

~L

1

cp

..

e---- - - r - - + - - - - - - - - - - O

~,

Valeur correspondant au

« moment - limite ultime » (au-delà, crbc > abc en service)

:, : Pivot A : 1 1

1 1 1 1 1 1 1

10 1000

Figure 7.31 (cas où

Cette double condition équivaut à 0 S a. S

fC28

S 40 MPa)

700 ou encore à a. S - - - 700+ fed 3,5+1000~ E 3,5

f.

s

(voir équation [7.2a] avec Es

= f ed Es

)

Chapitre 7 • Flexion simple 311 Ce cas correspond à des solutions peu économiques, car l'acier est mal utilisé ( as < led ). Pour éviter de se trouver dans cette situation, il faut prévoir des aciers comprimés. Mais nous verrons par ailleurs (§ 7.513, P) que l'obligation de vérifier en service l'état-limite de compression du béton implique de borner, à l'état-limite ultime, êsà une valeur généralement bien supérieure à!ed / Es 1• II en résulte qu'en pratique, sous réserve que la condition relative à abc en service soit bien vérifiée, c'est-à-dire sous réserve que /-lbll ~ /-l/ll' on aura toujours las = led que le pivot soit le pivot A ou le pivot B.

l,

Important: Ainsi, dans tous les cas, en flexion simple, il est inutile de calculer l'allongement Es de l'acier pour en déduire sa contrainte.

Il en résulte qu'en pratique il est sans intérêt de savoir si l'on est au pivot A ou au pivot B. La référence à MAB n'est nullement indispensable (elle le serait pour un diagramme ne comportant pas de palier horizontal).

7.511-4

Section d'armatures Au

On dispose des deux équations d'équilibre [7.30] et [7.31b] qui s'écrivent ici, avec: ~c=O

[7.34] [7.35] 1. On commence donc par calculer: /-lbll

=

M 2 Il

bod Ibll

2. Si /-lbu > /-l/ll (voir page 323 et suivantes les tableaux 7.3, 7.4, 7.5, l'abaque de la figure 7.37 ou la formule approchée [7.50] au § 7.514-2) il faut prévoir des aciers comprimés (voir § 7.52).

1. Certains auteurs adoptent pourtant systématiquement cette valeur fedl Es pour défmir le moment de flexion au-delà duquel il est nécessaire de prévoir des aciers comprimés. On voit qu'ils commettent une erreur car ce moment est supérieur, lorsquefc28 S; 40MPa, au « moment limite ultime» pour lequel

abc = alx (voir figure 7.35)

312 Traité de béton armé 3. Si

Ilbu ::; Il/u ,

on tire a et Zb des équations [7.33] et [7.29] rappelées ci-après: a

=1,25 (1-~1- 21lbu )

[7.33]

= d (1-0,4a)

[7.29]

Zb

4 - Finalement, la section d'armatures cherchée est, d'après [7.31 b]l :

Au =

Mil zbfed

(m2 , m, MNm, MPa)

[7.36]

L'organigramme ci-après synthétise la marche à suivre avec les Règles BAEL (pour les calculs selon l'EC2, voir § 7.722).

Remarque: Dans le cas où l'on utilise de l'acier FeE 500, on a, pour Ys = 1,15 : 1 1,15 2,3 --=--=--

fed

500

1000

ce qui permet de prendre directement, en utilisant la formule [7.36] :

2.

À titre indicatif, si l'on compare les sections d'acier Auo et Au auxquelles conduit, toutes choses égales par ailleurs, la prise en compte du coefficient 9 dans l'évaluation defiu (la section Au correspondant à 9 = 1), on trouve que, lorsque Ilbu varie de 0,05 à 0,30, le rapport AllO! Ali varie de 0,998 à 0,972 quand 9 = 0,9 et de 0,996 à 0,96 quand 9 = 0,85. On peut donc se demander si, étant donné les hypothèses faites par ailleurs et la précision des calculs, il était bien nécessaire d'introduire ce raffinement dans les calculs à l'état-limite ultime de flexion. Ce coefficient 9, qui n'intervient que dans ces calculs, est censé tenir compte de l'effet favorable du durcissement du béton dans le temps, par rapport à la résistance à 28 jours prise en compte dans les calculs. Mais il n'est pris en compte ni dans les calculs à l'état-limite ultime de service, ni dans le calcul des pièces comprimées, ce qui constitue une anomalie.

Chapitre 7 • Flexion simple 313 Calcul des armatures d'une section rectangulaire en flexion simple

f

O,85fc28 fe .f bu- 9 x 1,5 'ed- 1,15

Mu

Cas de charge

y=Mser

Calcul de Mu et de Mser

Formule approchée [7.50] ou abaque figure 7.36 ou tableaux 7.3, 7.4, 7.5 Aciers comprimés

Calcul simplifié

Calcul exact

a = 1,25 (1

-

~ 1-

2 IJbu)

Non

ft28 Au = 0,23 bod -f-

e

Oui Terminé

* ou, directement, zb = O,5d (1 + ~ 1 - 2 IJbu )

314 Traité de béton armé 7.511-5

Section Aminimale

II faut vérifier que la section Au trouvée satisfait à la condition de non-fragilité. Cette condition s'obtient en écrivant que le moment résistant ultime du béton armé, l'acier étant supposé soumis à une contrainte égale à sa limite d'élasticité, est au moins égal au moment résistant ultime du béton non armé.

Pour une section rectangulaire bo h, le moment résistant ultime du béton non armé est (figure 7.32) :

=b h

(l

3

_0_

12

et v

=-h ) 2

avec 1t28 résistance caractéristique du béton à la traction. Le moment résistant ultime du béton armé avec la section minimale Amin est M Ra = 4.inh z . La condition de non-fragilité s'exprime par Au ~Amin, avec:

Figure 7.32 Comme z == 0,9d 1 et d == 0,9 h, ou h

==

~, en remplaçant dans l'expression ci-avant z

0,9 et h par ces valeurs, on trouve, tous calculs faits: A . L'mm

=b d 0

1 0,9.0,8l.6

1128 =0 228 b le '

0

d

h28 le

::0

0 23 b d

1. L'équilibre des moments MRb et Min est en fait réalisé avec z = O,95d.

'

0

h28 le

Chapitre 7' Flexion simple 315 II faut donc que l'on ait: [7.37]

Remarques:

POur!c'28 = 60 MPa, c'est-à-diref,28 = 4,2 MPa etJbIl = 34 MPa on trouve ~bll = 0,025 ce qui justifie la remarque qui suit le tableau 7.1. Pour !c'28 = 25 MPa, ~bll ::::: 0,030. Tableau 7.2. Aciers FeE 500 - Pourcentages minimaux

fc28 (MPa) 100

Amin

bod

20

25

30

35

40

45

50

55

60

0,083

0,097

0,110

0,124

0,138

0,152

0,166

0,179

0,193

2- La formule [7.37] n'est pas applicable aux sections en T, étudiées au § 7.6, même lorsque ces sections peuvent, pour le calcul de leurs armatures, être assimilées à des sections rectangulaires. Une telle erreur est fréquemment commise. Dès que la section n'est plus rectangulaire, il faut déterminer son module d'inertie (l / v) et préndre (voir § 7.611) : A

-

min -

(i) V

1;28

[7.38]

0,9d fe

(V, distance du centre de gravité de la section à la fibre la plus tendue).

7.512

Section d'armatures nécessaire pour que les états-limites de service ne soient pas atteints

On rappelle ici que les états-limites de service sont, pour les Règles BAEL : - un état-limite de compression du béton (défini par crbc = crbc tous les cas, que la fissuration soit peu préjudiciable ou non;

= 0,6fc28) à vérifier dans

...:. des états-limites d'ouverture des fissures (définis par crs =crs' voir le tableau 5.1) qui ne concernent que les cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable.

316 Traité de béton armé

7.512-1

Généralisation de la notion de coefficient de remplissage et de coefficient de centre de gravité

Soit: Fbcl

la résultante des efforts de compression dans la zone comprimée

YI

la hauteur de cette zone

Zbl

le bras de levier de la résultante Fbcl par rapport au centre de gravité des aciers tendus (figure 7.33).

Axe neutre

--A

crs

-

15

crs

s15

Figure 7.33

L'effort de compression

Fbc\,o

dans le béton comprimé, qui correspondrait à une

contrainte uniforme et égale à cr be sur la totalité de la hauteur YI est:

En généralisant les notions déjà établies pour le calcul à l'état-limite ultime (§ 7.511-1), on appellera: - coefficient de remplissage \jf 1 le rapport

\jf 1

= Fbc\ Fbc\,o

coefficient de centre de gravité aGI le coefficient permettant de définir la distance aGJYI du point de passage de la résultante Fbc\ à la fibre la plus comprimée.

Chapitre 7 • Flexion simple 317 On peut donc écrire : [7.39] [7.40] Le moment agissant Aiser doit être équilibré par le moment résistant Fbcl

Zbh

d'où: [7.41]

ou, en posant al

=.b.. et Il ser = M;er d

bod

(moment de service« réduit », sans dimension)

abc

[7.42]

Remarque: Bien noter qu'ici, le moment réduit Ilser est rapporté à cr bc , qui figure au dénominateur, et non à fbu puisque cette contrainte n'intervient qu'à l'état-limite ultime. a) Si le pivot est le point a (crs figure 7.34-a, on trouve al

-t·--t~-.f -..-

al

r

O's O'bc

=15

:

·-ï O'bc

-r-

__________ J1

al

=as; cr be ::; a be)

\jf 1

_

1 - al < O'bc

[7.43] Avec n = 15 et oG!

1

t_ 1

«a»

__________

O's

15



Figure 7.34a

dépend de al et, selon la

crs Il ser = 30

cr be

= 1/3 on obtient:

318 Traité de béton armé b) Si le pivot est le point b (as

~ as ; abc

= abc) on a, selon la figure 7.34 b :

\lfl = 1/2 et aGi = 1/ 3

[7.45]

et on obtient : [7.46] crs

-

15

crs

<-

15

Figure 7.34b

7.512-2

Section d'armatures nécessaire pour que l'état-limite de compression du béton ne soit pas atteint

Attention: En pratique, ce calcul n'a jamais à être fait. Il ne sert ici qu'à fournir les éléments nécessaires à la compréhension de la discussion faite au paragraphe 7.513.

Données: bo, d,

a be = 0,6 fc28

Moment de service M ser

Inconnue: Valeur minimale de Aser pour laquelle on a

abc

= abc.

II faut appliquer les équations du pivot « b ». La résolution de l'équation [7.41] avec \If 1 = 1 /2 et aGI

cr, =

= 1 /3 donne:

1,5 [1- ~I-~~,~ ]

[7.47]

La contrainte de l'acier vaut (triangles semblables) : (voir [7.7 aD

Chapitre 7 • Flexion simple 319 Bien noter que la valeur de al donnée par l'équation [7.47] n'est pas celle qu'il convient d'utiliser lorsque la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable (voir § 7.531). Cette erreur est fréquemment commise. Finalement, la section cherchée d'armatures nécessaire pour avoir

abc

= abc est: [7.48]

avec

[7.49]

ICI

Discussion: Notion de moment-limite ultime Mlu

7.513

La formule [7.37] a fourni la section d'armatures Au nécessaire pour que l'état-limite ultime ne soit pas atteint. Par la formule [7.48], on a obtenu la section d'armatures Aser nécessaire pour que l'étatlimite de compression du béton en service ne soit pas atteint. On appelle «moment-limite ultime laquelle Au = Aserl,

~u»

la valeur du moment agissant ultime pour

Cette valeur limite dépend: -de e; - de!c28 (dont dépendent /-lb", et donc Au, abc' /-lser et donc Aser) ; - de/e (dont dépend Au) ; M - du rapport y =_,_, . M ser

La figure 7.35 illustre sur un cas particulier (fc28 = 25 MPa, y = 1,425 et/e = 500 MPa) la notion de «moment limite ultime ». Cette figure montre la variation du pourcentage AI bad d'aciers tendus en fonction des paramètres UJ bod 2 ou Mserl bo d 2 = UJy bo d 2• La double échelle sur l'axe des abscisses permet de représenter sur la même figure les variations de ce pourcentage à l'ELU et à l'ELS. Les courbes donnant A,J bod et Aser 1bod se croisent à une abscisse commune qui définit le moment limite ultime Mlu ' Si l'on détermine à l'avance ce moment limite, il n'est pas nécessaire de se livrer à un double calcul. Tant que Mil ::; Mill, la position respective des deux courbes montre que Au> Aser et l'on sait, à l'avance, avec certitude et sans avoir à le vérifier par un calcul ultérieur, que l'état-limite de compression du béton n'est pas franchi. Si U, > ~1I' la situation s'inverse.

1. Quand il en est ainsi, le calcul à l'ELU correspond donc à l'EL de compression du béton en service (}"lx

= (}"lx



320 Traité de béton armé Mais on constate dans ce cas que si l'on voulait respecter l'état-limite de compression du béton en ne prévoyant que des aciers tendus, du fait que la dépense en acier croît alors beaucoup plus vite que User/ hod 2, elle deviendrait rapidement prohibitive (l'asymptote n'est pas loin). Nous verrons au § 7.52 que la solution consiste alors à continuer de mener le calcul à l'ELU, mais en prévoyant des aciers comprimés.

Moment-limite

Figure 7.35. Notion de moment limite La figure 7.35 montre encore: a) que, dans l'exemple choisi (mais cette constatation demeure valable tant que la résistance du béton ne dépasse pas 40 MPa), le moment limite ultime est atteint alors que le point représentatif de la contrainte de l'acier tendu est encore sur le palier horizontal (abscisse du point L inférieure à celle du point S correspondant à la rupture de pente du diagramme de l'acier. Voir la figure 7.31 et ci-après). b) que si l'on continuait de déterminer la section d'aciers tendus par un calcul à l'ELU, sans se préoccuper de la condition sur la contrainte de compression du béton en service, une fois franchi le point L, non seulement la contrainte limite serait dépassée mais enco-

Chapitre 7· Flexion simple 321 re, au-delà du point S, la dépense en acier deviendrait prohibitive comme pour Aser. Là encore, la solution consiste à prévoir des aciers comprimés. Posons

=

Il

r/II

M bod

/11

2

Ibl/

La valeur numérique de Il/II ne résulte pas d'un calcul simple. Il est nécessaire d'avoir recours au calcul automatique (voir organigramme ci-après). Ce calcul a permis de dresser des tableaux (voir, par exemple, pages 323 et suivantes les tableaux 7.3, 7.4 et 7.5 qui donnent les valeurs précises de Il/11) et de dresser un abaque (voir figure 7.36) qui donne Il/II en fonction de 1c28 /8 et de y8. On peut aussi utiliser la formule approchée [7.50] donnée au § 7.514-2. Dans tous les cas, Il/II est plafonné à la valeur pour laquelle l'allongement Es de l'acier atteindrait la valeur led/ Es. En effet, au-delà de cette limite, la contrainte de l'acier n'atteignant plus led, celui-ci serait mal utilisé. Le rôle des aciers comprimés n'est plus alors de bloquer à abc la contrainte en service du béton comprimé, mais de bloquer àled la contrainte des aciers tendus à l'état-limite ultime. Lorsque

Es

= led

, la hauteur relative a de l'axe neutre prend la valeur particulière

Es

ao=

700 et la valeur plafond de Illll est donc égale à Il/II 700+ led

=0,8ao(1- 0,4ao) .

On trouv~ ainsi pour le = 500 MPa : a o = 0,6169, valeur plafond: 0,3717. Les tableaux qui donnent les valeurs exactes de Il/II montrent qu'avec les aciers Fe E 500, la valeur plafond 0,3717 : • n'est jamais atteinte si1c28:::; 40 MPa; • est atteinte tmiquement dans le cas 8 = 1 :

-

pourj~28

= 45 MPa si y;:::: 1,474 ;

- pourlc28 = 50 MPa si y;:::: 1,441 ; - pour.fc28 = 55 MPa si y;:::: 1,414 ; - pourlc28 = 60 MPa si y;:::: 1,390. Ce serait donc une erreur, comme le font certains auteurs, de ne prévoir des aciers comprimés, quel que soit J.·28, que lorsque f.ltll > 0,3717.

322 Traité de béton armé Organigramme de calcul du moment limite ultime (J.liu)

Mu

fc28 ; fe ; Y= - - ; e Mser

IJbu = 0,300 (valeur de départ)

Po =

IlJbU + 6IJbu

19,551Jbu

fc28

1+ ~ 1-21Jbu

efe

1

IlJbU -6lJbu

u1 = Po (- 1 +

Oui

*

~ 1+

***

u1

9

:J

**

17 y u1 (1-"3 ) e > IJbu ?

Non

~ Égalité

1

* calcul de Po

= lSA

à l'ELU (19,SS

bod

","Lw

=IS 0,8Sys

1

)

O,SYb

** équation des moments statiques 2 *"}* yMser > MIl ? -7 (Y~(l-~) r >"rbll b0d 2 0,8S.I;'28 ?) 2 3 b0d 06 , J c28 1 S8

,

1

Chapitre 7 • Flexion simple 323 Tableau 7.3. Aciers Fe E 500 - Valeurs de ~u, C1./u,I3/u =zbtld

y 1c28

(MPa)

()

1

20

0,9

0,85

1

25

0,9

0,85

1

30

0,9

0,85

1,35

1,40

1,45

1,50

Jl/u

0,2271

0,2411

0,2556

0,2704

a/li

0,3265

0,3505

0,3761

0,4029

~/u

0,8694

0,8598

0,8496

0,8388

Jl/u

0,2024

0,2148

0,2275

0,2404

a/li

0,2856

0,3059

0,3272

0,3493

~lll

0,8857

0,8776

0,8691

0,8603

Jllll

0,1903

0,2019

0,2138

0,2258

alu

0,2662

0,2848

0,3043

0,3243

~/u

0,8935

0,8861

0,8783

0,8703

Jllll

0,2554

0,2708

0,2864

0,3025

alli

0,3757

0,4037

0,4330

0,4644

~/u

0,8497

0,8385

0,8268

0,8142

Jl/u

0,2275

0,2410

0,2548

0,2687

a/li

0,3272

0,3503

0,3746

0,3998

~/u

0,8691

0,8599

0,8501

0,8401

Jl/u

0,2139

0,2265

0,2393

0,2523

a/II

0,3045

0,3255

0,3474

0,3702

~/II

0,8782

0,8698

0,8610

0,8519

Jl/u

0,2784

0,2947

0,3113

0,3283

al li

0,4178

0,4490

0,4821

0,5175

~/II

0,8389

0,8204

0,8072

0,7930

Jl/u

0,2479

0,2621

0,2766

0,2914

a/II

0,3624

0,3878

0,4145

0,4426

~Iu

0,8550

0,8449

0,8342

0,8230

Jllu

0,2330

0,2463

0,2598

0,2735

a/li

0,3366

0,3596

0,3836

0,4087

~Iu

0,8654

0,8562

0,8466

0,8365

324 Traité de béton armé Tableau 7.4. Aciers Fe E 500 - Valeurs de J..lIu, atu, f3tu =zbtld 1c28

(MPa)

1

35

0,9

0,85

1

40

0,9

0,85

1

45

y

0

0,9

0,85

1,35

1,40

1,45

1,50

Il/II

0,2973

0,3143

0,3316

0,3493

a/II

0,4541

0,4882

0,5246

0,5638

~/II

0,8184

0,8047

0,7902

0,7745

Il/II

0,2647

0,2795

0,2946

0,3099

a/li

0,3925

0,4199

0,4488

0,4792

~/u

0,8430

0,8320

0,8205

0,8083

Il/II

0,2488

0,2626

0,2766

0,2909

a/li

0,3640

0,3887

0,4145

0,4416

~/u

0,8544

0,8445

0,8342

0,8233

Il/u

0,3132

0,3307

0,3485

0,3668

a/II

0,4860

0,5226

0,5619

0,6048

~/li

0,8056

0,7909

0,7752

0,7581

il/li

0,2788

0,2941

0,3095

0,3253

a/li

0,4186

0,4479

0,4784

0,5111

~/II

0,8326

0,8209

0,8086

0,7956

Il/u

0,2620

0,2762

0,2906

0,3053

a/li

0,3876

0,4137

0,4411

0,4700

~/li

0,8450

0,8345

0,8236

0,8120

Il/II

0,3267

0,3446

0,3628

0,3717*

a/II

0,5141

0,5531

0,5952

0,6169

~/II

0,7944

0,7787

0,7619

0,7533

il/li

0,2907

0,3064

0,3221

0,3382

a/u

0,4413

0,4722

0,5044

0,5389

~/li

0,8235

0,8111

0,7982

0,7844

Il/II

0,2732

0,2878

0,3025

0,3174

a/II

0,4081

0,4357

0,4644

0,4946

~/u

0,8367

0,8257

0,8142

0,8022

* valeur plafond, atteinte pour y =

1,474.

Chapitre 7 • Flexion simple 325 Tableau 7.5. Aciers Fe E 500 - Valeurs de J,.lJu, ex/u, j3Ju =zbtld 1c28

(MPa)

y

9

1

50

0,9

0,85

1

55

0,9

0,85

1

60

0,9

0,85

1,35

1,40

1,45

1,50

~/II

0,3382

0,3563

0,3717*

0,3717*

a/II

0,5389

0,5799

0,6169

0,6169

~/II

0,7844

0,7680

0,7533

0,7533

~/II

0,3010

0,3169

0,3329

0,3492

a/II

0,4614

0,4936

0,5274

0,5635

~/II

0,8154

0,8026

0,7891

0,7746

~/u

0,2829

0,2976

0,3126

0,3277

a/II

0,4263

0,4547

0,4847

0,5162

~/II

0,8295

0,8181

0,8061

0,7935

~/u

0,3482

0,3666

0,3717**

0,3717**

a/II

0,5613

0,6043

0,6169

0,6169

~/II

0,7755

0,7883

0,7533

0,7533

~/II

0,3099

0,3259

0,3422

0,3587

a/II

0,4792

0,5124

0,5478

0,5855

~/II

0,8083

0,7950

0,7809

0,7658

~/II

0,29l3

0,3062

0,32l3

0,3366

a/II

0,4424

0,4718

0,5027

0,5354

~/II

0,8230

0,81l3

0,7989

0,7858

~/II

0,3569

0,3717***

0,3717***

0,3717***

a/II

0,58l3

0,6169

0,6169

0,6169

~/II

0,7675

0,7533

0,7533

0,7533

~/u

0,3177

0,3339

0,3503

0,3669

a/II

0,4952

0,5295

0,5660

0,6051

~/II

0,8019

0,7882

0,7736

0,7580

~lll

0,2986

0,3l37

0,3290

0,3444

a/II

0,4567

0,4870

0,5190

0,5527

~/II

0,8173

0,8052

0,7924

0,7789

*' valeur plafond, atteinte pour y = 1,441 ** valeur plafond, atteinte poury = 1,414 *** valeur plafond, atteinte pour y = 1,39

326 Traité de béton armé !J{u

,,-

'!>(()

0,39

1,34 1,32 1,30 1,28 1,26 1,24

0,35

1,22 1,20 1,18 1,16 1,15

t Sy

0,30

0,25

0,20

0, 17

'-----'~~-~-----~-~-~-~-~-~---'-----7

20

30

40

50

60

70

80

Figure 7.36. Valeurs du moment limite ultime réduit Jl.!u

90

fc28 fi

u

Chapitre 7 • Flexion simple 327

7.514

Calcul pratique

On n'envisage ici que le cas du calcul manuel.

7.514-1

Calcul exact

a) Calculer /.l/II = b ~/~ et a = 1,25l1- ~1- 2/.lbll o bu

J

b) Déterminer /.l/II par les tableaux 7.3, 7.4 ou 7.5, l'abaque figure 7.36 ou encore la formule approchée [7.50] au § 7.514-2 et comparer /.lbu à/.l/II. c) Si /.lbll> /.l/II' cela signifie que Aser> Ali' La figure 7.3 7 montre que Aser finit par croître beaucoup plus vite que /.lsen ce qui conduit à Lille solution peu économique.

Zone correspondant aux !Jiu

4

1 1 1

1 1 .1 1('")

1('")

Ici l-ro 1 Q)

2 ......

~ ~I

......

lB

la. 1

E

lib'



O

.....-""""'--'-_ _-'-_ _-'--L-_-:;. !Jser 0,1 0,2 0,3

Figure 7.371 Dans ce cas, il est donc préférable, si cela est possible, de modifier les dimensions de la section ou, sinon, de placer des aciers comprimés, à calculer selon le § 7.522-1. d) Si /.lbll ::; /.l/II' cela signifie que Ali ~ Aser' le calcul peut être poursuivi sans se préoccuper de la vérification de la contrainte de compression du béton en service, puisque /.l/m ::; /.l/II implique automatiquement, en service, cr be

::;

cr be (voir organigramme au

§ 7.511-4).

1.

L'asymptote à 0,33 vient de ce que, quand YI = d, YI=d(al=I)

Il

ser

=~(I-~)=~3.=~ 2 3 2 3 3

O's

= 0 et donc A,,'T = J\tf.cr! ZbO',

est infmi. Quand

328 Traité de béton armé

1.514-2

Fomules approchées

1. Valeur approchée de J.l11l Lorsque, dans une série de valeurs de deux paramètres interdépendants x et y (en général, résultats de mesures expérimentales), le rapport xl y varie de façon sensiblement linéaire en fonction de x, la loi qui relie les deux paramètres x et y est donc xl y = ax + b ou encore:

x ax+b

y=--

Dans le cas présent, l'examen des valeurs des tableaux 7.3, 7.4 et 7.5 montre que le rôle de ces deux paramètres est tenu par x =1c281 e et y = J.llu. Il en résulte que, de manière approchée, J.llu et 1c281 e sont liés par la relation:

L'ajustement aux valeurs numériques des tableaux montre que les coefficients a et b sont eux-mêmes des fonctions linéaires de e et y et il est plus commode de les calculer à part, individuellement, avant de les introduire dans la formule, pour éviter une écriture compliquée de celle-ci. Nous retenons donc comme valeur approchée du moment limite J.l11I : [7.50] avec

a = 1,75 (2,5 - e y)

et

b=75(2-ey)

L'erreur commise est généralement au plus de 1 %. Par exemple, pour 1c28 = 40 MPa, et y= 1,40, le tableau 7.5 donne /-LIli = 0,2762, et la formule approchée: /-LIu = 0,279.

e = 0,85

Il est rappelé que, pour de l'acier Fe E 500, J.llu ne peut excéder la valeur 0,3717 (voir § 7.5l3).

2. Valeur approchée de Zb Onaétabli: a=1,2S(

1-~1-2/-Lbu)

et

zb=d(I-0,4a)=0,5d(1+~1-2/-LbJ

La fonction ~ = Zb 1d = g(J.lbu) est représentée sur la figure 7.38.

Chapitre 7 • Flexion simple 329

- -r---

----c ---------r - --- -- -- - - - - ----,- -- - - - - .-- ,--

~

-- "i--

~~ _L~~ r~_nl . . ___ rr___L~ ____ ~ ________ ~ _L __ ~.~ ____ . __ . _... 1 \

1

1 1

1

-""r~-----""--~

-~

- - - - - - - - - ---

1

1 .-. -- -,----------

-----I-~

_ •• _ • • • _~" •••

-r

J__ .,. _____ 'o. ~ __ ~~ ~L

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''''4_' • _,.< •• ,., ••••

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...

1

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1

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918

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1

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13 ~ 0,5 (1 + >J 1-~ J.lbu) .... __ H·_~--·---l

,

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0,90 ;:[~:; ;I~:;: ;: f~ ~:=:1;0~~J;~~'~~'~l~10~6J~::::::;;r;:: r --- -r-~~ ---~ --r"" ----- ----- ~,~ --~r '- -- ~ ----~ _.- ----..~- ~ ... ---.'- -- ~ .,_,_,,:-~' -- ~ ~'" . . ~ ~ . ~ . ~ ~" L.~,

0,85 . ~- ~ ~ ~

1

!

j

••• -

-



1

-

-

-

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-

-

-

-

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1

.~

, . C· - -

~ ~ ~~ -

1

-

_

.. -

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1

-

-

~-

-

-

-~

-

-

I

-- -

~

1

-

1

~

-i-" - ~ - --- ~ - -- - -- --t- - __ ,s

i

i

1



- -- "'" - --".. '""!,. -- -

.

;;1 •

0<: 1

--~

1

;

.~~t: ::~~:t ~~::: ~~:t:~:: ~ . :::: ': ::: t:: ~._:: :~',:_:: ~ ~t:~ ~ :::~ ~: ::::.::t ~:':::~:':l~t::.:: j :: : '0816!': -- ~-: -- ~ --f--------r------------- ~--:--: ----- --~~- ---~-l-: ~ -~ ------- ----- -1--------f-~ --- -~-- '~~

0,80, 0,05

"

, 0,15

0,10

, 0,20

, 0,25

0,278

, 0,30

J.lbu

Figure 7.38

Cette courbe étant très «tendue », on peut sans grosse erreur, lui substituer la droite d'équation: ~ =1 - 0,6 f-l/u

qui est du côté de la sécurité tant que pour 0,278 < f-lbll :::; 0,30.

f-lbll

1

< 0,278 et faiblement du coté de l'insécurité

En pratique, on peut admettre comme valeur approchée de Zb valable tant que f-lbll :::; 0,30 : [7.51] 3. Valeur approchée de A On arrive ainsi à A =

(

Mu

d 1- 0,6/l bu

)

(m, m2 , MNm, MPa)

fed

1. 0,278 voir fig. 7.36 - correspond à la valeur de J.ltu pourlc2S/e = 25 MPa et ye = 1,425. Pour cette valeur [3 exact = 0,833. On a cherché la droite passant par les points !-lm, = ([3 = 1) et Ilou = 0,278 = JO 136 soit [3 = 0,833 = 5/6. L'équation de cette droite est 6 [3 - 5 = 1 - 3,6 !-lbu soit [3 = 1 - 0,6 Iloll-

°

330 Traité de béton armé Pour une approximation beaucoup plus grossière, on peut encore prendre: A=

Mu ::::::125 Mu 0,9 d fed ' h fed

(ou, en cm2 : 28,75 Mu , Mz, en MNm et h en m) h

Remarque importante:

II faudrait se garder de se servir de la valeur approchée de Zb pour en tirer une valeur approchée de a (qui serait a = 1,5 J.1bz,). En effet Zb variant relativement peu (voir ci-avant, figure 7.38 donnant ~ = Zb/ cl) une approximation sur Zb n'a que peu d'influence sur le résultat final, alors qu'il n'en est pas de même pour a et toutes les quantités (allongements, contraintes) que l'on peut en déduire.

7.52

Section rectangulaire avec aciers comprimés - cas de la fissuration peu préjudiciable

Des aciers comprimés ne sont strictement requis que lorsqu'à l'ELU, on a Mz, > à l' ELS, User> À1iser avec À1iser = À1iu / Yet y = Mz,/ User).

Mtu (ou,

Mais il peut exister, dans la zone comprimée sous l'effet du moment agissant, des aciers capables de jouer le rôle d'aciers comprimés. C'est en particulier le cas sur un appui de poutre continue où, les moments étant négatifs, la zone comprimée se trouve en partie inférieure. Les aciers inférieurs qui équilibrent des moments positifs en travée étant, totalement ou partiellement, prolongés jusqu'aux appuis, la section Aa qui arrive sur appuis pourrait théoriquement être prise en compte dans les calculs en tant que section d'armatures comprimées. Cependant, attention! Il faut prendre garde que si la profondeur d'ancrage ldis disponible pour ces aciers est telle que ldis < 0,6 ls valeur que l'on peut admettre comme longueur d'ancrage (voir § 4.33 et § 4.621), la section à introduire dans les calculs qui suivent ne peut être prise supérieure à : A'= A a

Idis 0,6/,

En outre, et de manière générale, seules les armatures comprimées (de diamètre 0,) entourées par des armatures transversales espacées d'au plus 15 0, peuvent être prises en compte dans le calcul.

1.521

Principe général de calcul (valable pour l'état-limite ultime et pour l'état-limite de service)

Une section rectangulaire avec aciers comprimés peut être considérée comme résultant de la superposition de deux sections fictives (figure 7.39) : 1) une section rectangulaire, sans aciers comprimés, de mêmes dimensions que la section réelle, dont l'armature tendue est constituée par une fraction Al de la section totale

Chapitre 7 • Flexion simple 331

A, qui équilibre une fraction MI du moment total M (M" ou

Mser

selon l'état-limite

considéré). 2) une section de hauteur d - d', de largeur nulle, dont la membrure comprimée est constituée par l'armature comprimée (de section A') et la membrure tendue par une fraction A2 de la section totale, et qui équilibre une fraction M2 (limitée à 40 % selon l'article B-6.6 des Règles BAEL) du moment total.

ft

-p(

CD /JI

--------------~ _

d

d

L -- ______________1__ A

---------------;----1+

f\1 -_.~--

:

Zs =d-d'

_________ ~---l-

Figure 7.39 Si l'on désigne par as et asc les contraintes respectives des aciers tendus et comprimés, le moment équilibré par la deuxième section fictive est avec Zs = d - d' : [7.52] On a donc de façon générale, aussi bien pour l'état-limite ultime que pour l'état-limite de service (moments rapportés au centre de gravité des aciers tendus) :

ou encore

M = MI + Alasc(d -dl)

[7.53]

M = MI + A2 a s (d -dl)

[7.54]

et

[7.55]

Remarques importantes 1°) Lorsqu'à l'ELU,M" = ~u (et donc, qu'à l'ELS, Mser = MIse". = Mtuly); la section AI d'acier tendu nécessaire à l'équilibre de la section 1 peut, indifféremment (voir définition du moment limite ultime au § 7.513) être calculée par l'une ou l'autre des deux formules :

AI = Mtlll zblj~d

[7.56]

AI = ML5er i ZII a s.ser = ~J ZII (y.as•ser )

[7.57]

332 Traité de béton armé

avec: Zb/

= d (1 - 0,4 ahJ et a/u = 1,25 (1 - ~1- 21l'1l

ZU

= d (1 -

all/3) et (Js.ser = 15

(Jbc

)

[7.58]

(1- ŒI/)/ ail

ail pouvant lui-même être obtenu par résolution de l'équation du second degré:

[7.59] En identifiant [7.56] et [7.57] on voit immédiatement que: Y(Js,ser

=100 (Zb/ / ZII)

[7.60]

2°) Lorsqu'à l'ELU Mu> Mil (et donc, qu'à l'ELS, User> Mser = Mtu/Y) et que la section d'aciers comprimés n'est pas imposée, la section rectangulaire 1 sans aciers comprimés ne peut pas équilibrer un moment supérieur à Mu ou, ce qui revient au même, supérieur à Mser. Le béton comprimé ne peut en effet équilibrer une force supérieure à celle correspondant à ces moments limites: la hauteur de l'axe neutre correspondant à chacun d'eux est maximale, et ne peut plus augmenter. La position de l'axe neutre, repérée à l'ELU par a/u et à l'ELS par ail, est donc « bloquée ». Pour que cette position change, il faudrait accepter une réduction des déformations ou des contraintes des matériaux, ce qui conduirait à des solutions peu économiques. Le diagramme des déformations à l'ELU, défini par les deux paramètres (a/u ; Ebc = 3,5/ 1000) étant devenu fixe, la contrainte des aciers comprimés, de même que celle des aciers tendus, conservent toujours la même valeur. La même conclusion peut être tirée du diagramme des contraintes à l'ELS, défini par les deux paramètres (ail· ; (Jbc), devenu également fixe. Les aciers comprimés sont déterminés pour équilibrer l'excédent de moment Mil - Mil (ou, ce qui est équivalent, l'excédent Mser - Mser). Puisque leur contrainte est devenue invariable, leur section est proportionnelle à cet excédent, la part de moment équilibrée par le béton seul restant toujours la même, à savoir Mtu (ou Mtser).

Par exemple, si, le moment ultime étant égal à 1,2 Mu = Mu + 0,2 Mu, la section des aciers comprimés nécessaire pour équilibrer l'excédent 0,2 Mu est égale à une certaine valeur A', dans le cas où le moment passerait à 1,4 Mu = Mu + 0,4 Mil, l'excédent de moment ayant doublé, la section d'aciers comprimés nécessaire serait égale à 2 A'. Corrélativement, la part A2 d'aciers tendus nécessaire pour réaliser l'équilibre des forces dans la section fictive 2 devrait, elle aussi, être doublée, et ajoutée à la section requise pour que la section 1 équilibre Mu.

1.

Bien noter que si l'on a 2

Ms" = Mu/y, on n'a pas !ls... = !lu/Y. En effet, on peut écrire:

!l,cr = Muly bod a/x. = !l,Jbulyabc

= 0,85

J.l,,Iy.O,6 f!yb = 0,9441lu1f!y POUryb = l,S.

Se méfier de façon générale des quantités adimensionnelles qui ont l'inconvénient de ne plus faire apparaître les paramètres de base.

Chapitre 7 • Flexion simple 333

7.522

Cas où la section A' n'est pas imposée

Données:

bo, d, d',fbll,!ed, Mil,

Mer

d'où y = Mill Mser puis ~lll et Mil = ~III bocfJbu

Inconnues: A' etA.

1°) Si Mil ::; Mil: des aciers comprimés ne sont pas nécessaires, A' = O. La section d'aciers tendus est déterminée comme indiqué au § 7.514. 2°) Si Alzi ::; Mil::; 1,40 Mil, il faut déterminer à la fois A' et A. 3°) Si Mil> 1,40 Mu il faut changer les dimensions du coffrage de la section, en augmentant si possible la hauteur h (et donc la hauteur utile d) de préférence à la largeur bo. Pour résoudre le problème de la détermination simultanée de A' et A, on ne dispose toujours, en tout et pour tout, que d'un système de trois équations (voir § 7.43) qui, lorsque A' = 0, donne successivement la hauteur de l'axe neutre (équilibre des moments), l'allongement des aciers tendus (compatibilité des déformations) et donc leur contrainte, puis la section des aciters tendus (équilibre des forces). Ici, il y a une inconnue de plus et, à moins de se donner une condition supplémentaire, le problème comporte une infinité de solutions, c'est-à-dire qu'il existe théoriquement un nombre infini de couples (A + A') permettant d'équilibrer le moment de flexion. Toutefois, un certain nombre de ces solutions ne peuvent être retenues, soit parce qu'elles ne sont pas économiques, soit parce qu'elles ne permettent pas de satisfaire la condition de non-dépassement de l'état-limite de compression du béton en service. Par ailleurs, une seule de ces solutions correspond au minimum mathématique de A + A'. La recherche de cette solution par voie manuelle est faisable mais longue (en se donnant a priori des positions d'axe neutre et en opérant par approximations successives). Le temps ainsi passé (même en ayant recours à l'ordinateur) ne compense pas toujours l'économie de métal réalisée, et il faut ensuite chercher si la solution obtenue correspond aussi à l'optimum économique, dans un calcul de coüt où il faut prendre en considération les conditions réelles de livraison par les fournisseurs, de stockage, d'exécution, etc., et en particulier le coüt de la main d'oeuvre nécessaire au façonnage et à la mise en oeuvre des armatures (voir § 16.4). Pour lever l'indétermination, nous allons nous donner comme condition supplémentaire de faire équilibrer le moment limite ultime par la section 1, dans la décomposition en . deux sections fictives. Il faut toujours commencer le calcul par la recherche de la section d'aciers comprimés nécessaire.

334 Traité de béton armé

7.522-1

Calcul des aciers comprimés

On ignore a priori si la section cherchée va résulter d'un calcul à l'ELU ou d'un calcul à l'ELS. En principe, il faudrait donc faire un double calcul. Toutefois, nous allons voir que grâce à un artifice, la section correcte peut être obtenue en en faisant un seul, et en restant à l'ELU. a) Dimensionnement à l'ELU Le choix que nous avons fait de faire équilibrer Mu par la section fictive 1 implique (remarque 2 ci-avant) que la section A' ud'acier comprimé nécessaire doit être telle que: A' Il

= Mil-Mill (d -d') cr"u

[7.61]

avec crscu contrainte des aciers comprimés à l'ELU, déterminée à partir du raccourcissement ESCII de ceux-ci, lui-même calculé au moyen de l'équation de compatibilité [7.2b] du pivot B, pour la hauteur de l'axe neutre correspondant à Mil (ou f..llll ), donc en prenant a = alu tiré de [7.58]. Compte tenu du diagramme bilinéaire adopté pour les aciers, on a crscu =led tant que Escli

3 5- ( 1 -8'-J '?--f!!!... !, avec 8'= d', soit - 0' =-' 1000 a lll Es d a lll

~ 1- 1000 !,ed

3,5 Es

ou encore, pour led = 500 JI, 15 MPa, tant que 0' ~ 0,38 aill • La plus faible valeur de alll étant 0,2662 (tableau 7.3) la condition finale est donc 8' ~ 0,38 x 0,2662 "" 0,10 ce qui est en général réalisé. Finalement, la section d'aciers comprimés nécessaire à l'ELU est donnée par:

A' 1/

=

Mu -Mlu

(d-d')fed

[7.61bis]

b) Dimensionnement à l'ELS D'après la remarque 2 ci-avant, la section telle que:

A'ser

d'acier comprimé nécessaire doit être

[7.62] avec crsc.ser contrainte des aciers comprimés à l'ELS, calculée au moyen de l'équation de compatibilité [7.7b] appliquée au diagramme «figé» des contraintes, donc en prenant ·al = al/donné par la résolution de l'équation du second degré [7.59] : crsc,ser

= 15 (0,6fc2S)

(1-~J = 9 fc28 (l-k' 8'), en posant k' = 1 Jall ail

[7.63]

Chapitre 7 • Flexion simple 335 Connaissant Mtser et donc /-lIser = Mtserl bod 2 et ayant déterminé ail par [7.59], il serait facile d'en déduire k' et crsc,sen puis de reporter ces valeurs dans l'expression [7.62] pour obtenir A'ser' Mais en pratique, on peut se dispenser de calculer /-lIser car on peut obtenir k' directement en fonction de la quantité /-l' = /-lIIlIGy (voir § 7.521), soit au moyen de la courbe de la figure 7.40 ci-après, soit au moyen de la formule approchée: k'=

1 1,6/-l' (1 + 2/-l')

[7.64]

k'

Figure 7.40 Comparons maintenantA'u donné par l'expression [7.61 bis] à A'ser donné par [7.62]. En multipliant haut et bas par y = Mill Mser le second membre de l'expression [7.62], on peut écrire : A' .Ier

=

y(Mser-M'ser) = Mu-M'II (d - d'){y cr sc",er) (d - d'h cr sc,ser

On en conclut que: - si y crsc,ser A ',J - si y crsc,ser > led, la section d'aciers comprimés à retenir sera A' Il (> A' ser) L'examen des courbes de la figure 7.41 page 337 montre que, pour les aciers de nuance Fe E 500, on tombe toujours dans le premier cas si!c28 ~ 35 MPa, et que l'on tombe toujours dans le second si!c28;::: 45 MPa. · l' = 40 M P' l" s;::, d' 3 (y -1,2) SIJc28 a, on n a y crsc,ser <.Ied que SI u =d;::: 8 .

336 Traité de béton armé c) Calcul pratique de la section d'aciers comprimés nécessaire Pour aboutir à des expressions générales, nous allons introduire dans nos calculs une contrainte fictive des aciers comprimés, que nous désignerons par (Jsee «(Jse « équivalente ») égale à: (Jsee =

min [y (Jse,ser ;!ed] ou d'après [7.63] :

(Jsee

= min [9y!c28 (1 - k' 8') ;!ed]

[7.65]

avec k' tiré de la figure 7.40 ou de la formule [7.64]. Ainsi nous n'avons plus qu'une formule unique qui donne la section A' des aciers comprimés et couvre à la fois les conditions de l'ELU et celles de l'ELS : [7.66] Formule approchée donnant la contrainte équivalente (Jsee

Il est possible de trouver une expression approchée commode de la contrainte équivalente (Jsee. qui évite tout calcul fastidieux. Il suffit d'écrire: (Jsee

= 9y!c28 (1 - k' 8') = 9y!c28 - (9y!c28 k')8'

[7.65 bis]

et d'observer que la valeur du terme entre parenthèses est sensiblement invariante pour une qualité de béton donnée (dans le domaine 1,35 $ Y$ l,50 et 1,8 $ k' $ 2,5) ce que la figure 7.41 met en évidence (pentes des droites égales et constantes, chacune égale à une fonction linéaire def~28). Pour les aciers de nuance Fe E 500, la formule [7.65 bis] peut ainsi être correctement représentée par la formule approchée [7.65 ter], dont la valeur numérique doit être plafonnée à!ed, soit 435 MPa. On a donc: (MPa)

[7.65 ter]

Plus précisément: • Pour!c28

$

35 MPa, ou pourfc28 = 40 MPa, mais avec 8'=

d'

(Jsce

=9y fc28 - -;;(13 fc28 + 415)

~' ~ 3 (y-81,2) (MPa)

Cette formule est valable pour e = 1 (voir § 5.222). Elle demeure toutefois suffisamment approchée pour e = 0,90 ou e = 0,85. Si l'on désire une meilleure approximation, on peut la transformer légèrement sous la forme:

Chapitre 7 • Flexion simple 337 a sce = ya sc. ser (MPa)

IÎ\ fed = 435

f c2 8 = 40 MPa

400

f C28 = 35 MPa

350

f c28 = 30 MPa

300

f C28 = 25 MPa

230 ' - - - - - " ' - - - - - ' - - - - - - - ' - - - - - ' - - - - " " " ' - - - - " - - 3 1 > ô' = E.:. 0,05 0,06 0,07 0,08 0,09 0,10 d La variation est quasi-linéaire, et la pente quasi-constante, d'où la valeur approchée [7.65 ter]. Les droites tiretées correspondent à la loi approchée, tracée dans chaque cas pour y = 1,425.

Figure 7.41

338 Traité de béton armé Le coefficient 13, valable pour 8 = 1, peut alors être pris égal à : - 13,25 pour 8 = 0,90 - 13,50 pour 8

= 0,85.

Toutefois, l'écart sur la valeur de crsce obtenue en modulant ce coefficient étant de l'ordre de - 1 % au maximum, la précision des calculs ne nécessite vraiment pas un tel raffinement. • Pour 11.'28;::: 45 MPa, ou pour !c28 = 40 MPa, mais avec 8'= d' < 3 (y -1,2) d 8

crsce =j~d = 435 MPa 1.522-2

Calcul des aciers tendus

Nous venons de déterminer la section d'aciers comprimés strictement nécessaire par [7.66]. La fraction AI d'aciers tendus équilibrant le moment ~u dans la section fictive 1 est donnée par [7.56]. L'équilibre des forces dans la section fictive 2 exige de prévoir en complément une section d'aciers tendus A 2 (à ne pas oublier) telle que: - à l'ELU: A 2!ed= A'u crscu - à l'ELS : A 2 crs.ser = A' ser crsc.ser avec:

crsoser

=15 crbc

(_1 -1) =9!c28 (k'-l)

[7.67]

<XII

et k'= _1_ tiré de la figure 7.40 ou de la formule [7.64]. <XII

La section d'aciers tendus à retenir A = AI + A2 , est donc égale à la plus grande des deux sections Au et Aser déduites de l'équation d'équilibre des forces: d'où

A = Mis. +A' crso• /1

.{'

zU·Jai

Il

('

Jed

d'où Compte tenu de [7.56] et [7.57], on peut, dans l'expression donnant

M111- d'où: par __ Zbl !cd crs.l"r

Miser Zbl

ASC1'

remplacer

Chapitre 7 • Flexion simple 339 En remplaçant dans les expressions précédentes [7.61] et [7.62], on obtient:

A ser

=

+

M lu Zbl

J:d

M ser - Miser

(d - d') crse.ser

A'u

et

(y crse.ser) =

(y crs.ser )

A'ser

M lu ZbI

!cd

+

par leurs valeurs tirées de

Mu - M lu

(d - d') Ycrs•ser

Finalement, si l'on pose: a se

= min[fed; yas.ser ] et a sce = min[fed; yase.ser]

on peut, compte tenu de [7.63] et [7.67], obtenir la section A cherchée au moyen de la formule unique et rigoureuse:

avec Zb[

A =~+A'

cr sce

Zbl fed

cr se

[7.68]

= 0,5 d(1 + ~1- 21l/u ).

La valeur approchée de a sce a été déterminée ([7.65 ter]). La valeur de a se s'obtient à partir de la relation [7.67] donnant as.ser en multipliant les deux membres par yet en plafonn,ant le résultat àfed :

crse

=Ycrs,ser =15 Ycrbc (_1 -IJ = 9 YfC28(k'-I) 5:.!ed

[7.67 bis]

ail

Bien noter que l'introduction de asce et de asen'est qu'un artifice destiné à éviter de faire un double calcul de A', de retenir la plus grande valeur trouvée, et enfin de calculer A par la méthode exposée ci-après pour le cas où A ' est connu. Lorsque Mtll atteint sa valeur plafond (/l/II = 0,3717), les contraintes a,ct' et a,e doivent être prises égales àfed et, tous calculs faits, on trouve: A ::::: 0,5 bo c!fbul!ed + A'

avec A' déterminé par [7.61 bis], avec asce =!ed. Formule approchée donnant la contrainte équivalente ase

On ne peut partir d'une formule approchée pour en déduire une autre. C'est pourquoi, tirer une valeur fictive de k' de la comparaison des deux coeffcients de ô' = d - d' dans [7.65 bis] et [7.65 ter] et la porter dans la formule [7.67 bis] ne fournirait pas une for-

340 Traité de béton armé mule approchée convenable, car conduisant à des écarts sur les valeurs de a se pouvant aller de - 3 % pour les valeurs basses de !c28 à + 1 % pour les valeurs élevées.

°

En calculant les valeurs exactes de ase pour un certain nombre de couples (y, !c28), on constate que ase varie en fonction de Ic28 selon une loi sensiblement linéaire qui peut être représentée, avec une bonne approximation (écarts, dans le sens de la sécurité, au plus égaux à 5/ 1000), par la formule:

crse

=434 -

k" fc28 ~ (crJlim

(MPa)

[7.69]

a) dans le cas où e = 1, k" prend en fonction du rapport y les valeur du tableau ci-après (interpolations linéaires pour des valeurs de y intermédiaires mais ne pas faire d'extrapolation) :

Y

1,35

1,40

1,45

l,50

k"

0,19

0,34

0,51

0,69

(crse)lim correspond au cas où la contrainte réelle de l'acier tendu à l'état limite ultime atteintled et ne peut descendre au-dessous (voir § 7.513b, les valeurs de y correspondant à ce cas). Cette valeur limite peut être prise égale à: (crse)lim = 382 + 0,6!c28 (MPa). b) dans le cas où e = 0,9, on peut prendre sans avoir à vérifier la condition sur (crsehm : - pour y ~ 1,40 ; k" - pour y;::; 1 45 . k"

"

°; =° "

=

08 .

- pour y = 1,50; k" = 0,20. c) dans le cas où e = 0,85, quelle que soit la valeur du rapport y : crse = 434 MPa.

Remarques 1. L'anomalie consistant à avoir des contraintes différentes (ase etj~d) aux dénominateurs des deux termes de la formule [7.68] alors que"ce devrait être la même (soit l'une, soit l'autre) ~est qu~apparente. Pour obtenir cette expression, nous sommes bien partis des équations d'équilibre des forces.

2. Pour une section dans laquelle il est nécessaire de prévoir des aciers comprimés, il est inutile de vérifier que l'on a bien A ~ Amin.

7.523

Cas où la section A' est imposée

(cas relativement fréquent des sections sur appuis des poutres continues, voir début du § 7.52)

Données:

Chapitre 7 • Flexion simple 341 Aire réelle A 'réel des armatures comprimées présentes dans la section. Inconnue:

Aire A de la section des armatures tendues a) Vérifications préalables

Il ne faut pas se lancer dans les calculs en y introduisant A 'réel. En effet, il faut s'assurer tout d'abord que les aciers comprimés s'étendent de part et d'autre de la section droite où agit le moment U/ sur une longueur la au moins égale à 0,6 ls (voir début du § 7.52) et retenir, pour le calcul:

A'=min[4.-,

. 4éel

°1] ~l ,

s

avec les conditions supplémentaires:

-,)111 ,

A';? (Mil avec (Jsce déterminé par la formule [7.65] ou par la formule approchée d - d O'sce [7.65 ter]. Si cette condition n'est pas vérifiée, il faut opérer comme si la section d'aciers comprimés n'était pas imposée; A'::; ( OA ~u ,sinon il faut modifier le coffrage (augmenter d, si possible, de préféd-d fed rence à bo). b) Détermination de la section A des aciers tendus:

La contrainte O'sce ayant été déterminée par la formule [7.65 ter], on calcule A' O',I'ce (d - d') plafonné à 0,4 U/ puis: MI

et l'on prend /lbll

= Mil -A'crsce(d-d')

=/lI = Mil bo d 2 j~1I

;?

0,6M

II

(::; /l/ll par hypothèse).

On calcule ensuit!.. une première valeur k' 1 de k l par la formule: k l '=

. 1

1,6/l 1 (2+/l 1 ')

avec /ll'=~ ey

La nouvelle contrainte des aciers comprimés est O'scl = 9 Y fc28(1-k'8') avec 8'

= d' 1d.

• Si cette valeur est supérieure à led, on remplace dans l'expression de MI donnée ciavant O'see parled d'où une nouvelle valeur Mie de MI et, en s'aidant, pour déterminer Zb, de l'organigramme donné au § 7.511-4, on calcule la section A 1 d'aciers tendus nécessaire pour équilibrer le moment Mie soit:

342 Traité de béton armé

La section d'armatures tendues cherchée est donnée par A

=~ + A'

fed avec O"sce déO"sce

terminé comme indiqué au § 7.522-2 (formule [7.69]) . .. Si on trouve O"scl
=

~2

ho d 1;,1/

et

M-~ = M-2

8y

ce qui permet de calculer une seconde valeur k' 2 de k' et

une nouvelle valeur cr sc2 = 9 Y fc28 ( 1- k;Ù') à introduire à la place de O"sce pour calculer un moment M3, et ainsi de suite jusqu'à trouver

0" sci+l :::::: 0"sei S.!ed.

On a alors M;+1 = Mz, - A'O"sci(d - d');::: 0,6 Mz, et Zb

= M~+l

d'où l'on peut déduire hod 1;,1/ (formules [7.29] ou [7.51]). La section d'armatures tendues cherchée est: M-i+l

avec O"se déterminé comme indiqué au § 7.522-2 (formule [7.69]). En général, le système étant rapidement convergent et de faibles vanatIOns de la contrainte des aciers comprimés ne modifiant pas sensiblement le résultat, on peut s'arrêter à la deuxième itération (i = 2). Il est inutile de s'assurer pour finir que l'on a bien A;::: Amin. Remarque: Suivant le pourcentage d'aciers comprimés, la méthode qui vient d'être exposée peut conduire à des résultats nettement du côté de la sécurité. La recherche de la solution optimale nécessiterait un double calcul (ELU et ELS), avec des approximations successives et des développements assez longs dans les deux cas. La méthode précédente donne assez rapidement une solution en pratique acceptable, pour un problème qui, lorsqu'il se présente, n'exige pas un raffinement excessif. Si l'on augmente A' par exemple, la force que doit équilibrer le béton comprimé diminue et donc la section Al d'aciers tendus nécessaire pour équilibrer cette force dans la section fictive 1 diminue également. En contrepartie, la section A 2 qui doit équilibrer dans la section 2 la force de compression dans les aciers comprimés, augmente. Et réciproquement, si on diminue A'. Il Y a une certaine compensation entre ces deux effets et, en défi nive, la section totale d'armatures tendues évolue peu. Il en résulte que, pour une estimation très rapide de la quantité d'aciers tendus, on peut même mener le calcul en négligeant totalement A' imposé (organigramme au § 7.511-4).

Chapitre 7 • Flexion simple 343 Organigramme de calcul d'une section rectangulaire avec aciers comprimés d'

bo' d, d' -> 0' =

d ;fc28 -> fbu =

0,85 fc28 9'1,5 ; 9 ; fe

->

fe Mu fed = 1 15 ; Mu ; Mser ; Y , ser

0';;: 3 (y-1,2)/8?

ACIER FeE500

M

->

IJtu

Non

IJ

M

-

u

bU-~

o

IJ'=

bu

Mu-Mtu

A'= (d - d') fed

k'=----1,6 IJ' (1 + 2 IJ') approché

d'

O"sce = 9yfc28 - -

d

«exact»

r-~------------,*

1 Ml u A = - (--)+A' fed O,753d

(13fc28 + 415)

Soit

/>:= O"sce (d - d')

_

Attention! « exact»

Ml.u

O"sce

zt>l fed

O"se

A = - - +1\--

Attention!

Nota: Les formules approchées donnant 0"!Ce et 0"se ne doivent pas être uü/isées pour déterminer les sec/ions yf' et SIt en flexion composée (voir chapitre 8)

344 Traité de béton armé

7.524

Cas où l'on désire avoir A == A' (armatures symétriques)

Dans ce cas, pour éviter un calcul manuel itératif pénible!, la meilleure solution consiste à avoir recours à des «diagrammes d'interaction» (voir chapitre 8).

7.53

Section rectangulaire avec ou sans aciers comprimés

[Cas de la fissuration préjudiciable ou très préjudiciable] Dans ce cas, la contrainte de l'acier en service est limitée par les conditions de fissuration à une valeur limite crs (voir tableau 5.1) et il faut substituer au moment limite ultime défini précédemment la notion de« moment résistant-béton »2.

7.531

Moment résistant-béton

Le moment résistant-béton M rb est le moment de service pour lequel l'état-limite de compression du béton (caractérisé par cr be res (caractérisé par crs

=crbe )

et l'état-limite d'ouverture des fissu-

= crs) sont atteints simultanément (le diagramme des contraintes

passe donc à la fois par les pivots « a» et «b », voir § 7.422).

Volume des contraintes

Y1

Figure 7.42

1. On peut trouver le détail de ce calcul itératif à l'annexe 1 de l'ouvrage de J. Perchat et J. Roux, Pratique du BAEL 91, éd. Eyrolles. 2. Nous conservons ici la notation traditionnelle Mrb au lieu de la notation Mab utilisée au § 7.422.

Chapitre 7 • Flexion simple 345 Lorsque User = Mrb , l'axe neutre occupe une position définie par (triangles semblables) :

-;;- _ 2L _ 150"be ""1 -

et la relation générale

llser ='lfl al

. . 1 donne ICI, avec 'If 1 = - , 2

s::

u GI

1

= -,

al

d

-

(1-8GI =

al

[7.71]

150"be + 0" s al)

et

Ilrb

établie au § 7.512-1, équation [7.42], =

3

M rb 2

bod

O"bc

[7.72]

c'est-à-dire

(MNm, m, MPa)

[7.73]

II est donc possible de calculer la valeur de M rb a priori, une fois connues les valeurs des contraintes limites

O"be

et crs .

Pour les valeurs usuelles de 0"be et 0" s , se reporter aux tableaux 7.6 et 7.7 ci-après qui

J

A = ( 1 -aldonnent 1es va1eurs de -al '1-'1 3

,llrb

et k =

Il,.bO"bc

rb = -M -2 .

bo d

346 Traité de béton armé Tableau 7.6. 1c28 /t28

MPa

crbe

Fissuration préjudiciable

Fissuration très préjudiciable

250

200

0,4186

0,4736

13 1

0,8605

0,8241

!lrb

0,1801

0,1944

k

2,16

2,39

crs

250

200

al -

0,4737

0,5294

131

0,8421

0,8235

!lrb

0,1994

0,2180

k

2,99

3,27

crs al -

250

200

0,5192

0,5744

131

0,8269

0,8085

!lrb

0,2147

0,2322

k

3,86

4,18

crs

250

200

al -

0,5575

0,6117

13 1

0,8142

0,7961

!lrb

0,2270

0,2435

k

4,77

5, Il

crs

250

200

al -

0,5902

0,6429

131

0,8033

0,7857

!lrb

0,2370

0,2526

k

5,69

6,06

MPa

crs

20

-

al -

12 1,8

25

15 2,1

30

18 2,4

35

21 2,7

40

24 3,0

Chapitre 7' Flexion simple 347 Tableau 7.7

-

fc28 ft28

crbc MPa

Fissuration préjudiciable

MPa

0S5,5 mm

0::::6 mm

0S5,5 mm

0::::6 mm

250

253

200

201

0,6183

0,6157

0,6694

0,6670

f31

0,7939

0,7948

0,7717

0,7777

f..lrb

0,2454

0,2447

0,2642

0,2594

k

6,63

6,61

7,02

7,00

crs -

250

264

200

211

al

0,6429

0,6303

0,6923

0,6806

f3 1

0,7857

0,7899

0,7692

0,7731

f..lrb

0,2526

0,2489

0,2663

0,2631

k

7,58

7,47

7,99

7,89

crs

250

275

200

220

al

0,6644

0,6430

0,7122

0,6925

f31

0,7785

0,7857

0,7626

0,7692

f..lrb

0,2586

0,2526

0,2716

0,2663

k

8,535

8,34

8,96

8,79

crs

257

285

206

228

al

0,6775

0,6544

0,7242

0,7030

f31

0,7742

0,7819

0,7586

0,7657

f..lrb

0,2623

0,2558

0,2747

0,2691

k

9,44

9,21

9,88

9,69

crs -

45

al

27 3,3

50 30 3,6

55

3,9 60 (1)

36

::

4,2

-

33

Fissuration très préjudiciable

( 1) toutes les valeurs numériques correspondant à!c28 = 60 MPa ont été établies en prenant n = 15. Selon l'additif aux Règles BAEL 91, n = 9 serait mieux adapté.

348 Traité de béton armé

Calcul des armatures dans le cas où la section A' n'est pas imposée

7.532 Données:

bo, d, crs et crbc , d'où al , Jlrb et M,.b, Uer-

Inconnues: A etA'

Premier cas : Uer::; M rb Cette inégalité implique crbe

::;

cr be

;

des aciers comprimés ne sont donc pas nécessaires

et A' = O. Pour les aciers tendus, on cherche à atteindre la contrainte crs (pivot a). Les équations pour le calcul des armatures tendues sont:

M ser

al ( 1- al) bod 2 = crbc 2

2

~

avec cr bc = crs (triangles semblables, crs connu) et 15 1-a l En éliminant al et

crbc

Zbl

=d

(1-~) 3

de ces trois relations, on obtient une relation

~ = g( M J d b d cr ser

2

o

s

que l'on peut représenter graphiquement (figure 7.43) et qui permet d'avoir Zbl puis: [7.74] Les diamètres des barres nécessaires pour réaliser la section Aser doivent être tels que: - 0 - 0

~ ~

6 mm en cas de fissuration préjudiciable; 8 mm en cas de fissuration très préjudiciable.

0,90

0,85

0,80 0,005

0,010

0,015

Figure 7.43

0,020

0,025

Chapitre 7 • Flexion simple 349 En pratique, on peut utiliser une valeur de Zb approchée, à savoir: [7.75] M

avec ).ts =

~er (attention à bien introduire la contrainte limite de l'acier O's au débod O's nomitateur, et non celle du béton).

Il faut, pour finir, s'assurer que l'on a bien Aser:2: Amin (§ 7.511-2, formule [7.37]). Sinon, il faut prendre Aser = Amin.

Remarques: 1. La formule [7.74] conduit-elle à une valeur de Aser suffisante pour assurer la sécurité à l'état-limite ultime de résistance? En d'autres termes, si l'on calculait la section Au nécessaire pour équilibrer le moment yMser. ne risquerait-on pas de trouver Au > Aser?

Les sections correspondantes, exprimées en pourcentages, sont:

_

Au

_

Mu

Pli - b d o

l'

ZbJed

_

O's

d

_

Zbl

O's

b f-Ylls-;:---YPscl'--;:oC

Jed Zb

Zh

Jad

Pour aboutir à Au> Asen c'est-à-dire à Pu> pser, il faudrait que l'on ait:

Or, en cherchant le cas où le rapport O's!j~d est le plus élevé, on trouve que ce cas correspond 0's / fed

à

!c28

= 60 MPa, valeur pour laquelle

= 285/435 = 0,655)

O's

= 285 MPa

(donc

et en associant cette valeur à la plus grande valeur

possible du rapport zb,1 Zb soit 1,05, on trouve, pour y = 1,45 (1/3 de charges permanentes, 2/3 de charges variables) : Z

0'

Zb

Jed

Y 2.!.. /'

= 1,45 x 1,05 x 0,655 =

0,998 < 1

Ce n'est que si, avec les mêmes hypothèses, 'Y était égal à 1,5 (cas peu courant d'une absence totale de charges permanentes) que l'on aurait Ali = 1,02 A.n dépas-

350 Traité de béton armé sement que l'on peut considérer comme négligeable, étant donné la précision des calculs.

Conclusion: En cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable, l'état-limite déterminant est l'état-limite de service. Calculer alors la section d'acier nécessaire à l'état-limite ultime ne présente aucun intérêt et ne ferait qu'entraîner une perte de temps totalement inutile.

2. Une question telle que: « Peut-on avoir Mu > À1il/ quand User < Mrb , autrement dit les aciers comprimés éventuels trouvés à l'ELS seraient-ils suffisants à l'ELU? » est une question qui n'a aucun sens. En effet, dès que User::; M rb , on est sûr qu'en service crbe

::; cr be

et compte-tenu de la

remarque 1, une vérification à l'ELU est tout à fait inutile. En outre, on a effectivement toujours Ml/ly inférieur à À1rb, cette situation venant de ce que lorsqu'on calcule les contraintes en service d'une section dimensionnée à l'ELU, on trouve que l'axe neutre est plus haut que dans les sections dimensionnées à l'ELS, et donc que le moment résistant que peut développer le béton comprimé pour cr be plus faible (la fonction

g(YI)

±

=

YI (

d-

~I

)

= crbe est

bocrbe est en effet une fonction crois-

sante).

d- Y1

3

0,7 fe 15 (-15)

O"s

O"s (F.P)

15

O"s

15 (F.T.P)

Figure 7.44 Cas
Chapitre 7 • Flexion simple 351 Deuxième cas: Uer> Mrb Sans aciers comprimés, on aurait abc> abc ; des aciers comprimés sont donc nécessaIres. Leur section A' sel' est déterminée par : [7.76]

avec

-0.-8'

asc = 15 ab e - L -

[7.77]

al

8'=~

d'

crs

15

Figure 7.45

La section de béton seul (section fictive CD, voir fig. 7.40) équilibre M,'b avec un bras .de levier rigoureusement égal à Zbl et une fraction Al de la section totale d'armatures tendues égale à:

Al

M_ rb =_ Zbl

[7.78]

as

Au total on a donc: Aser

=

(Ml'b)

d 1-~ 3

+ A~er a as

sc

cr

[7.79]

s

Il est inutile de s'assurer pour finir que l'on a bien Aser;::: Amin.

7.533

Calcul des armatures dans le cas où A' est imposé

II faut vérifier si la section donnée est suffisante, c'est-à-dire si l'on a bien (voir [7.76] et [7.77])

352 Traité de béton armé a) S'il en est bien ainsi, on s'impose de faire équilibrer par la section rectangulaire fictive sans aciers comprimés le moment: Ml = M ser - A' 0'se (d - d') < M rb par hypothèse (donc

O'be

<

0' be ).

Par la méthode exposée au § 7.532, premier cas, on obtiendra la fraction Al d'aciers tendus nécessaire pour l'équilibre du moment Ml avec une contrainte égale à La section totale à prévoir est

Aser

= A1 +A' O'se

O's .

[7.80]

O's

Il est inutile de s'assurer que l'on a bien Aser ::::A min •

b) S'il n'en est pas ainsi, il faut prévoir une section d'aciers comprimés au moins égale à: (O'se

par [7.77])

On est alors ramené au calcul de la section d'aciers tendus A connaissant A' (voir § 7.532 - second cas).

7.54

Dimensionnement d'une section rectangulaire

L'une des dimensions bo ou d n'est pas fixée, l'autre étant imposée par des raisons de construction ou choisie a priori. On cherche à ne pas avoir d'aciers comprimés; la valeur minimale de la dimension inconnue est tirée selon le cas de l'une des conditions suivantes: - fissuration peu préjudiciable

Ur, ::; Mu

c'est-à-dire: bod 2 :::: ~ (unités m,

Illuf;m

MNm,MPa) - fissuration préjudiciable ou très préjudiciable: c'est-à-dire bod 2

::::

M ser Ilrb O'bc

User::;

M rb ,

(m, MNm, MPa)

Si la largeur bo n'est pas imposée, on peut prendre 0,3 d::; bo ::; 0,5 d. La hauteur utile d reste alors la seule inconnue dans les inégalités précédentes.

Remarques: 1. Si l'inconnue est d, il faut adopter, si possible, une valeur nettement supérieure à dnùn (économie d'acier, voir les formules donnant Au ou Aser, qui contiennent toutes d au dénominateur). 2. À noter que, pour les raisons données à la suite de la figure 7.44, la condition Ur,::; l~u conduit à un dimensionnement supérieur (bod 2 plus élevé) que la condition User::; Mrb •

Chapitre 7 • Flexion simple 353

Organigramme de calcul d'une section rectangulaire à l'état-limite de service d'

bo ; d ; d' -+ ô'

_

=d ; O"be =

_

0,6 fc2S ; O"S (tabl. 5.1) ; Mser

U1

u1

Ilb=-(1--)

2

r

3

Oui

Calcul exact

Non

Calcul approché /li =

Mser - Mrb O"se (d - d')

Zb1 en fonction de Ils par abaque

O"se Mrb A = - - - - - + /li

Terminé

Oui

""'1---<

Non

fas

':>----+1 Amin = 0,23 bod -

Terminé

Oui

-oE---<

fe

Non

A=Amin

354 Traité de béton armé

7.55

Vérification à l'état-limite ultime d'une section rectangulaire dont on connait les armatures

~r--r----y

""

_____ J_____ _____ _ /

/

/

/

/

/

d -0,4 y

-- --- -- - ' - - - - - '

Figure 7.46 Données .' ho, d, d', A, A' ,1e,fc28, d'où/bll = 0,85fc28/ 1,5

e

Inconnue .'

Moment résistant maximal Mil que peut équilibrer la section à l'état-limite ultime.

=y

et procéder par itération (voir § 7.432 et l'organigramme d donné au 3°), soit opérer comme suit. On peut soit se fixer x

7.551

Cas de la section sans aciers comprimés

1. Puisque la section ne comporte pas d'armatures comprimées (A' = 0), il faut vérifier tout d'abord que l'on a bien Mu::; Mtu, sinon l'état-limite de compression du béton en service serait dépassé. Ce qui suit n'est valable que si cette condition sur lv!" est bien réalisée. Il faut vérifier également que l'on a bien A ~Amin (§ 7.511-5, formule [7.37]).

2. La position de l'axe neutre est donnée par l'équation d'équilibre des forces, F.\ = F bc c'est-à-dire:

Afed

=0,8 ho Y !t'II

d'où

(Puisque Mil :s Mtll' il n'est pas nécessaire de vérifier que la hauteur y ainsi trouvée est bien compatible avec la valeurfedintroduite dans le calcul; voir § 7.511-3).

Chapitre 7 • Flexion simple 355 3. Le bras

Mu

de

levier

vaut

Zb

= d - 0,4 y et le moment ultime cherché est

=AfeAd-0,4y).

II suffit alors de vérifier que l'on a bien Mu::;;

~l



7.552

Cas de la section avec aciers comprimés

7.552-1

Calcul de la position de l'axe neutre

II faut commencer par s'assurer que la section d'aciers comprimés est telle que l'étatlimite de compression du béton en service n'est pas atteint c'est-à- dire que l'on a bien:

crsee étant déterminé soit par la formule [7.65], soit par la formule approchée [7.65 ter]. Ce qui suit n'est valable que si cette condition sur A' est bien satisfaite. Si elle ne l'est pas, alors la section A' initiale doit être augmentée. On commence par supposer que le pivot B est atteint et que la contrainte réelle des aciers comprimés est crseu =!ed (et non crsee qui n'est qu'une contrainte «équivalente », utilisée dans le dimensionnement). La hauteur de l'axe neutre est donnée par l'équation d'équilibre des forces qui, avec les hypothèses faites, s'écrit:

AJed

= 0,8 boY hu + A' Jed d'où Y = (A -

(m, MN, MPa)

A'}fed

[7.81 ]

0,8 bOh" 1. Si y> 0,259 d,l'hypothèse faite sur le pivot B est bonne. . a) St, en outre y;:::

700d'

(ce qui correspond à

t:

Escu ;:::. ed )

700- fed Es est également bonne, et la valeur de Y trouvée peut être retenue.

l'hypothèse faite sur

crscu

b) Si, tout en ayant y > 0,259 d, la valeur de y ne vérifie pas l'inégalité ci-avant, il faut recommencer le calcul de y en prenant:

< 1" avec crsell =E sEsclI -Jcd

Escu -

~ Y - d 'SOIt . cr -_ 700 y.;.. d' (MPa ) sell 1000

Y

Afed - 700A ' Y et y est racine de l'équation

Y

c!..

y=------"-y-

0,8boh"

356 Traité de béton armé ou, tous calculs faits,

(0,8boj~J y2 - Y [Afed -700A']-700A'd'= 0 (m, MN, MPa)

[7.82]

2. Si Y < 0,259 d, l'hypothèse faite sur le pivot B n'est pas bonne; le pivot est le point A. (Il en est en particulier ainsi dans le cas d'armatures symétriques (A = A') puisque l'équation [7.81] donne alors y = 0). On commence par supposer (J'scu =!ed et on calcule y par l'équation [7.81]. a) SI. y

~

+ 2000d' , l'hypoth'ese sur (J'SCIi est correcte et 1a va1eur de y trouvee '1 est a

d

/ed+

2000

bonne. b) si y ne vérifie pas l'inégalité ci-avant (cas, en particulier, des armatures symétriques), il faut recommencer le calcul de y en prenant: (J'SCIi

'd'1re c , est-a-

(J'scu

(la condition

=

ES E sclI
y-d' = 2000 -

(J'SCII

10 y-d'

Escu

=----1000 d - Y

(MPa)

d-y

=j~d

avec

correspond donc à

(y-d')~(d-y)

fed d'où a été tirée 2000

l'expression figurant en a) ci-avant). On trouve ainsi: AI" _ 2000A' y-d' 'Jed d y= -y 0,8bohll

Tous calculs faits, y est racine de l'équation: (0,8bo/ bll )y2 - y[0,8bod /bu + A/ed - 2000A'l+ Ad fed + 2000A' d'= 0 (m, MN, MPa)

[7.83]

7.552-2

Calcul de Mu

Dans tous les cas, On doit s'assurer que Mu :::; Mil .

[7.84]

Chapitre 7 • Flexion simple 357

1.56

Calcul des contraintes d'une section rectangulaire avec ou sans aciers comprimés (états-limites de service) bo

I-C----~)Io1

·~-+-~A

d'

-t------- ---------.:--------~O"SC O"bc

- ------

15

8'1 _A_ _

=8'+15A' =boY1+15A'

8 1 = (bo Y1)

__________ -L-_ _---l

y; +15A'(Y1 - d')

O"s

15

Figure 7.47 Le calcul des contraintes normales en service est à faire: 1. dans tous les cas où la valeur « exacte» des contraintes en service est exigée et où la preuve qu'elles n'atteignent pas les limites admissibles (ce dont on est sûr par exemple, pour le béton, lorsque f.lbll < f.llu ou Mser < M rb ) n'est pas considérée par le maître d'œuvre (ou le client) comme suffisante; 2. lorsqu'il est nécessaire de vérifier les flèches par le calcul (voir § 15.33).

Données .: bo, d, d', A, A'

,Mser. crbc

=O,6fcZ8' et crs

(tableau 5.1)

Inconnues: Contraintes normales sur la section droite,

crbc

pour la fibre la plus comprimée, crs pour

les aciers tendus, à comparer éventuellement aux limites

crbc

et crs .

Pour calculer les contraintes normales, il suffit d'appliquer la formule classique de la Résistance des Matériaux cr = Mv à la section homogène réduite après avoir déterminé 1 la position de l'axe neutre par l'équation des moments statiques (voir équation [7.11] en 7.44). I?ans le cas de la section rectangulaire avec aciers comprimés, l'équation des moments statiques s'écrit: l

,

bo~21 + 15A' (YI -d') -15A (d - YI) ou encore:

=

boY~ + 15YI(A + A') -15(Ad + A'd') = 2

° °

[7.85]

358 Traité de béton armé S'il n'y a pas d'aciers comprimés, faire A' = 0 dans cette équation et dans les formules suivantes. La résolution de l'équation [7.85] donne YI. Le moment d'inertie de la section homogène réduite par rapport à l'axe neutre est: [7.86] Les contraintes valent: [7-87a]

- pour le béton, valeur maximale :

- pour l'acier tendu: Le calcul de

Ose

M () das =15~ d-y =15a Il be 1 YI

[7-87b]

est en principe inutile, puisqu'aucune condition n'est imposée à l'acier

comprimé à l'état-limite de service (on aurait, si besoin, a sc = 15 M ser (YI -d')).

Il

Remarque: Si A'

= 0 (et dans ce cas seulement), on a

zb

=d _li, et on peut écrire plus rapi-

3 dement, après avoir déterminé YI par l'équation des moments statiques:

[7.88a]

[7.88b]

et Dans ce cas, le calcul de Il n'est donc pas nécessaire.

7.6

SECTION EN T (À TABLE DE « COMPRESSION »)

Les poutres sous chemin de roulement des ponts-roulants constituent un exemple de sections en T isolées [la table joue ici un double rôle: d'une part, elle participe à la résistance à la flexion sous l'effet des charges de pesanteur, d'autre part elle assure aussi la résistance à la flexion sous l'effet des forces horizontales (vent, forces de freinage transversales) du pont-roulant].

Chapitre 7 • Flexion simple 359 Mais le cas le plus fréquemment rencontré est celui des sections en travée des planchers nervurés, où la forme en T résulte du « découpage» isolant une nervure et la largeur de dalle participante qui lui est associée (voir figure 3.12 tirée de l'EC2). Pour les Règles BAEL (A 4.1,3) la largeur de table à prendre en compte de chaque côté d'une nervure à partir de son parement est définie par la plus restrictive des conditions ci-après. - on ne doit pas attribuer la même zone de hourdis (dalle) à deux nervures différentes; -la largeur en cause ne doit pas dépasser le dixième (1110) de la portée d'une travée; - la largeur en cause ne peut pas dépasser les deux tiers de la distance de la section considérée à l'axe de l'appui extrême le plus rapproché. L'EC2 (voir § 3.522.1) ne considère que les deux premières conditions, en prenant en compte, pour la deuxième, la distance entre points de moment nul, évaluée forfaitairement, au lieu de la portée. La présence de cette table rend pratiquement superflue la vérification en service de l'état-limite de compression du béton. Il n'est donc généralement pas nécessaire de prévoir une armature comprimée. Toutefois, dans ce qui suit, on envisagera aussi le cas oùA' O.

*

,.1

,1

a_rc_~~~~J

______________________

----------------~ Appui intermédiaire (la table est tendue)

,1

T

T'APPUi extrême

1

Figure 7.48

7.61

Dimensionnement par l'état-limite ultime

Ce dimensionnement est le seul à considérer en cas de fissuration peu préjudiciable. En cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable, dimensionner par l'état-limite de service selon le § 7.62. Tout ce qui suit n'a de sens que si la table est du côté comprimé par le moment de flexion, donc à la partie supérieure dans le cas d'un moment positif. C'est dans ce seul cas que le terme « table de compression» peut être utilisé. Si le moment est négatif, la table est tendue et la zone comprimée étant à la partie inférieure, on est ramené au cas d'une section rectangulaire de largeur ho. Dans ce cas, calculer Mr.u (formule [7.89]) et en tirer une conclusion quant à la position de l'axe neutre serait une ineptie.

360 Traité de béton armé

Données: Dimensions b, bo, d, ho, (figure 7.49) Éventuellement A' et d'

/,ed-_ - le

115 ,

et

J; _ 0,85 fc28-8- -15· bu ,

Moments agissants Mu et À1ser-

Inconnues: Section A des aciers tendus.

ho

z=d- -

2

-

A

--------------------- ~

Aas

Cas où Mu = MT,u

Figure 7.49

7.611

Dimensionnement à l'aide du diagramme rectangulaire

Premier cas: Il n'y a pas d'aciers comprimés En l'absence d'aciers comprimés, le moment MT,u équilibré par la table seule, de largeur b, dans l 'hypothèse où elle serait uniformément comprimée à la contrainte fim sur sa hauteur ho (figure 7.49) est:

Mr,u

=bho( d- ~ ).lbu

(mMN, m, MPa)

[7.89]

a) Si Mu ~ MT,u, la table seule est surabondante pour équilibrer le moment agissant (donc . 0,8 Y < ho) : la zone comprimée a une forme rectangulaire et le calcul se ramène à la détermination des armatures d'une section rectangulaire de largeur égale à la largeur b de la table de compression. b) Si Mu > MT,u, la table seule ne suffit plus pour équilibrer le moment agissant. On a alors 0,8 y > ho : la zone comprimée a une forme de T.

Chapitre 7 • Flexion simple 361 À retenir: Pour le calcul, ce qui importe est donc la forme de la zone comprimée plus que la forme de la section totale elle-même. On décompose la section en deux sections fictives (figure 7.50). 1. Une section rectangulaire, de largeur bo et de hauteur utile d, dont l'armature tendue est constituée par une fraction A 1 de la section totale A, et qui équilibre une fraction MI du moment total. 2. Une section en T, avec table de largeur (b - bo) et de hauteur ho, d'épaisseur d'âme nulle, de hauteur utile d dont l'armature tendue est constituée par une fraction A 2 de la section totale A, et qui équilibre une fraction M2 du moment total.

------

+ A1crs

._-----

_ 1

----------'--A2crs

Figure 7.50 Puisque Mil > MT.II' la contrainte de la zone comprimée de cette deuxième section fictive est connue: C'esthll' La force que cette zone peut équilibrer est Fbc2 =(b -bJ hohu . Le bras de levier de cette force par rapport au centre de gravité des aciers tendus étant: z2

h 2

=d-~

le moment que peut équilibrer la deuxième section fictive est:

La section rectangulaire fictive
362 Traité de béton armé [7.91] Si f.!lu n'atteint pas sa valeur plafond (0,3717), il est inutile de comparer le moment Ml au moment-limite ultime que peut équilibrer la section fictive 1. Même si l'on trouvait Ml > UlI, il ne serait pas nécessaire de prévoir des aciers comprimés. En effet, dans la section fictive 2, la zone de béton comprimé (hachurée sur la figure 7.50) est capable d'équilibrer à elle seule une force de compression Fe2 et un moment de flexion Fe2 Z2 assez considérables.

À titre d'exemple, 1 cm2 d'acier étant sensiblement équivalent à 15 cm2 de béton ayant même centre de gravité (voir § 5.32), une table de 10 cm d'épaisseur, ce qui est faible, appartenant à une travée de poutre de 1= 3,00 m de portée et débordant de 1/ 10 = 30 cm de chaque côté de la nervure (figure 7.48) apporte pratiquement le même complément de résistance que 2 x 30 x 10/15 = 40 cm2 d'aciers comprimés placés à 5 cm de la face supérieure (et joue le même rôle que 13 barres de 20 mm de diamètre qui, en l'absence de table, seraient à loger dans la largeur de la nervure). De

f.!bll

calculé par [7.91], on tire a comme indiqué au § 7.514 puis: [7.92]

Par ailleurs, dans l'équilibre des forces de la section (î), on a: A2 d'où

A = (b - bo) hoj~1I 2

le" = Fbc2 [7.93]

Je"

[7.94]

et finalement:

Si Ml déterminé par [7.90] excède la valeur plafond 0,3717 bocPfbu, la meilleure solution est d'augmenter l'épaisseur de la table pour augmenter MT.u. Sinon, il faut prévoir des aciers comprimés dont la section est déterminée par la relation [7.61 bis] où l'on fait Mu = Ml et Mtu = 0,3717 bo d 2 jiJ/l et, tous calculs faits, la relation [7.94] conduit à:

A = ~II [ 0,5bod + (b -bo)J1o] + A' Je"

Section minimale Attention! Même si le calcul des armatures (effectué en négligeant le béton tendu) d'une section en T est mené, lorsque la table est surabondante (voir a) ci-avant), comme s'il s'agissait d'une section rectangulaire de largeur b, physiquement, du point de vue de son comportement juste avant la rupture du béton par traction (où toute la section intevient), ce n'est pas une « vraie» section rectangulaire. Aussi, déterminer la section minimale à partir de la formule [7.37] donnée au § 7.511-5 serait une erreur.

Chapitre 7 • Flexion simple 363 Il faut revenir à la formule de la Résistance des Matériaux donnant la contrainte de traction du béton de la section non armée (cr = Mv / l) et écrire que cette contrainte atteint la résistance à la traction lorsque M = Amin!e z avec z = 0,9 d == 0,81 hl. D'où, pour une section en T soumise à un moment positif: A ''min

1

= 0,81 h V

~28

f:

avec 1 moment d'inertie de la section non armée par rapport à l'axe de flexion simple (passant par le centre de gravité Go de celle-ci) et v distance de Go à la fibre inférieure tendue. De même, et pour les mêmes raisons, lorsqu'une section en T est soumise à un moment négatif, ce n'est pas parce que, pour le calcul de ses armatures, elle est assimilée à une section rectangulaire de largeur bo que son comportement réel est, physiquement, juste avant la rupture du béton par traction, celui d'une véritable section rectangulaire. Dans ce cas, le mode de calcul décrit ci-avant conduit à :

Deuxième cas: Il y a des aciers dans la zone comprimée, et on veut les prendre en compte2 • Dans ce cas la valeur du moment MT,II donnée par l'équation [7.89] doit être corrigée pour tenir compte du moment équilibré par les aciers comprimés c'est-à-dire qu'il faut prendre: [7.95]

crsc,o étant la contrainte des aciers comprimés lorsque 0,8 y = ho ou y = 1,25 ho.

1. En fait, il faudmit prendre z = d [0,97 - 0,04 (bo 1b)] pour avoir une meilleure estimation de Amin. 2. Ce qui implique qu'ils soient concentrés à l'aplomb de la nervure et maintenus par des armatures transversales (cadres d'effort tranchant de la nervure) espacés d'au plus 150,. En tenant compte de ces aciers, on diminue légèrement la section d'aciers tendus nécessaire dans la première section fictive mais en contrepartie il faut en rajouter pour équilibrer la force de compression dans les aciers comprimés. Le gain total étant faible, on mène souvent le calcul comme s'i! n'y avait pas d'aciers comprimés.

364 Traité de béton armé 1. Si Y = 1,25 ho ~ 0,259 d soit ho ~ 0,207 d (pivot B) : a) si

d'~ 1,25 ho(l- ~~)

b) en cas contraire:

{j,c 0

.,

: cr,c.o

= hd

= 700 (1- 125d' h ,

J

(MPa)

0

2. Si Y = 1,25 ho < 0,259 d ou ho < 0,207 d (pivot A) :

a) si

d'~1,25ho- j~

2000

. b) en cas contrarre:

(d-l,25ho) :

{jsc 0

,

crscO=fed

'

= 2000 1,25 ho -

d' d-l,25 ho

(MPa)

Bien noter que ces valeurs de {jsc,o ne servent qu'à déterminer le moment plus à être utilisées dans la suite du calcul des annatures.

MT,u

et n'ont

Les conclusions à tirer de la comparaison de Mz, à MT,lI sont les mêmes que lorsqu'il n'y a pas d'aciers comprimés. Si Mz, > MT,II les sections d'armatures s'établissent aisément par une décomposition en trois sections fictives. Compte tenu de la remarque qui a été faite précédemment sur la non-nécessité d'armatures comprimées dans les sections en T pour respecter l'état-limite de compression du béton en service, on ne prend ici en compte ces aciers que pour corriger (faiblemen,t !) la section des aciers tendus et non pour limiter la contrainte maximale de compression du béton. Il en résulte que la notion de «contrainte de compression équivalente O'sce » n'a ici aucun sens. La contrainte des aciers comprimés peut être prise égale à!ed. Le moment que peut équilibrer la première section fictive est ainsi:

d'où /lI

=

Ml puis 2 bod fbu

Zb

=0,5d ( 1+ ~1- 2J.ll)

ou plus rapidement

zb

=d(l- 0,6/l 1)

et l'on obtient:

A =_1 fed

[Ml + (b-bo)hoftm] + A' Zb

[7.96]

Chapitre 7 • Flexion simple 365 Organigramme de calcul d'une section en T à l'état-limite ultime

Attention

A=

Mu - M2 zbofed

Amin

= --0,81 hv

Non

Terminé

(b - bol ho f bu

+---fed

(Vérification de A min inutile l fe

A=Amin

366 Traité de béton armé

7.612

Dimensionnement à l'aide du diagramme parabole - rectangle (dans le cas où A' == 0)

La section en T réelle peut être considérée comme obtenue en enlevant d'une section rectangulaire bh une section rectangulaire (b - bo) (h - ho) (figure 7.51) :

~ o Figure 7.51

On affecte l'indice (l) à la première section fictive et l'indice (2) à la deuxième. On a :

On supppse que les conditions de déformation sont les mêmes pour les deux poutres fictives, et on commence par calculer pour la section rectangulaire de largeur b (section 1) :

a) Si on trouve a::; ho ,c'est que l'axe neutre tombe dans la table, et la section se comd porte effectivement comme une section rectangulaire. Le calcul peut donc être poursuivi, en déterminant:

Zb

= d (1- O,416a)

et en prenant

A= Mu . zbfed b) Si on trouve a> ho , c'est que l'axe neutre tombe dans la nervure. Dans ce cas, on . d choisit une valeur al légèrement supérieure à a pour tenir compte de la réduction de largeur lorsque l'axe neutre passe de la table à la nervure. Les équations de compatibilité permettent d'écrire: Ebc2

a 2d 2

= Ebcl a1dl

Chapitre 7 • Flexion simple 367

[7.97] Deux cas peuvent se présenter: a) Si al

~

0,259 (pivot B) on introduit dans la formule précédente Cbc\ = 3,5 %0, d'où:

=-3,5- al -(ho/d)

C bc2

b) Si al < 0,259 (pivot A) on a:

cbc1

c

1000

--'--~--'-

al

= ~~ 10001-al

d'où, en portant dans [7.97] :

10 al -(ho/d) = bc2 1000 (l-a )

---.!...;-~-:-'-

l

Cbe2

étant connu, en posant À =~, on en déduit les valeurs du coefficient de rempliscbe2

sage \jf et du centre de gravité OG du diagramme des contraintes du béton par les formules établies au § 7.5511-1 et rappelées ci-après: - si 0::::; al::::; 0,1667 :

3À-l \jf=3F

4À-l 4 (3À-l)

8 - ---:-----,G -

si 0,1667 < al::::; 0,259 : À

\jf=I-3

2

8 _ À -4À+6 G-

4(3-À)

L'abaque de la figure 7.52 permet d'obtenir les valeurs de \jf et oG sans calculs. c) La marche à suivre est alors la suivante: 1°) Ayant choisi al on calcule d'abord le moment MI que peut équilibrer la première section fictive et la section d'armatures Ai> correspondant à MI : et

_ \jf bod aJ/m Al -

Ied

2°) Dans la deuxième section fictive, les équations d'équilibre fournissent le moment M 2 et la section A2' une fois \jf et oG connus: A 2

= \jf(b -

bo)(d -

J:d

ho) a 2 ftJU

368 Traité de béton armé 3°) On adopte comme valeur de la section d'aciers tendus A cherchée

Si Ml - M2 diffère trop de M,,, il faut recommencer avec une valeur de al. inférieure si Ml - Mz > M" ou supérieure si Ml - Mz < Mu, à la valeur prise en compte dans le premier calcul. \jf

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Figure 7.52

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~ [hot + lSA'd(I-ii'f ]""

Figure 8.8

La section est donc partiellement comprimée si le moment de service évalué au centre de gravité A des aciers tendus, À1serA, est tel que:

M serA :s; 0,333 ho d 2 abc + 15 A' d 0bc(I-8,)2 S'il n'y a pas d'aciers comprimés, faire A' = 0 dans l'expression précédente. Qu'il s'agisse de flexion composée avec traction ou avec compression, si la section est partiellement comprimée, il suffit de remplacer, dans les formules [8.10], N par Nser et d'y faire

crs =Os .

sont à évaluer pour le moment u"er = Mser,A = Nser eA par les méthodes exposées pour la flexion simple au § 7.53 ou au § 7.62.

)il et)il'

Bienjàire attention que c'est le moment Mser.A (ou Mser.A -15A'do bc (I-8'Y si A' est connu) qui doit être comparé au moment résistant lv~'b et non le moment À1ser.GO. Autrement dit, la condition relative à l'état-limite de compression du béton s'exprime, pour une section rectangulaire, par :

Mser,GO + N se,.( d Nser étant pris en valeur algébrique.

~):s; M

rb

[8.15]

Chapitre 8 • Flexion composée 419 Remarque: Pour une section rectangulaire en flexion composée avec traction, si la condition [8.15] ci-dessus est vérifiée, on peut montrer qu'une valeur approchée, généralement (mais pas toujours) par excès, de la section d'armatures tendues est: [8.16]

avec z,

~ d(l- ~' ) ~ ~,d , ~,

résultant des tableaux 7.6 et 7.7.

Démonstration En application de l'expression [8.1 Ob] on part de (figure 8.9) :

d'où. [8.17]

Figure 8.9

Or, en général,

Zb

~ Za =2 (d - ~), c'est-à-dire - Zb ~ h - 2d

En remplaçant donc h /2 - d par -

zb /2

dans le deuxième terme du second mem-

bre de l'expression [8.17], compte tenu de ce que l 'expression [8.16].

INserleo =1Mser.GO 1 '

on arrive à

420 Traité de béton armé

8.322

Section enT

Pour une section en T, il faut en rester à la notion de noyau central. L'excentricité du bord du noyau central est, avec V2 = v et VI = v' = h - v : - du côté de la table: GoCl

=eOlim2 =~

~, oppose: 'GC - du cote 0 1 = eOliml

Bv

J = B (h-v )

Pour J, B et v, se reporter à l'organigramme donné au § 7.611. Si le moment M Go est positif, la section est donc partiellement comprimée si eo > ~ . La zone comprimée est Bv alors du côté de la table, et si MuA> MT,sm le calcul de la section A nécessaire pour équilibrer MuA en flexion simple doit être mené comme indiqué au § 7.622-2.

8.33

Application au dimensionnement par l'état-limite ultime

8.331

Section rectangulaire

d

Réduction en Go

Figure 8.10

Réduction en A

Chapitre 8 • Flexion composée 421 Soit: les sollicitations au centre de gravité Go de la section de béton seul, évaluées comme indiqué en 8.2.

MuA (= Nu eA)

le moment de flexion évalué au niveau de l'armature tendue.

(Nu étant pris avec son signe). a) En flexion composée avec traction, la section est partiellement comprimée si le centre de pression est à l'extérieur des traces des deux nappes d'armature; b) En flexion composée avec compression, il faut que: y ::; h ou CI. ::; h / d En faisant CI. = h / d dans la formule [7.32] établie au § 7.511-1, on obtient la valeur réduite /-lBC du moment frontière correspondant au cas où la droite des déformations passe à la fois par le pivot B et par le pivot C : /-lBC

= 0,8a (1-0,4a)= 0,8 ; (1- 0,4 ; )

d'où

(/-lBC ::::: 0,493

La nappe A d'aciers n'est tendue que si y::; d ou CI.::; 1. Soit respondant à CI. = 1.

/-lBD

si

hl d ::::: 1,1 )

le moment réduit cor-

En portant ctte valeur dans la formule [7. 32] on obtient: /-lBD

= 0,8(1-0,4) = 0,48 et

Donc, si l'on suppose connue la section A' des aciers comprimés (éventuellement, A' = 0), la section est partiellement comprimée lorsque: 0::; MuA -

AI feAd

- dl)::; M BC

:::::

0,493 bo d 2 fbu

mais il n'existe une nappe d'aciers tendus que si :

Moment limite ultime en flexion composée Comme la sollicitation de flexion composée est une sollicitation vectorielle, et que les coefficients de pondération des actions ne sont pas nécessairement les mêmes pour le moment et pour l'etIort normal, il n'est pas possible de savoir de façon simple, a priori, .s'il faut ou non prévoir des aciers comprimés. En particulier, étant donné le nombre de paramètres en jeu, il n'est pas possible d'établir un abaque comme celui de la figure 7.36.

422 Traité de béton armé En posant

N YN- - -u-

N = __

'0

11-

N ser

bodhu

u

_ MuA Ilbu - b d 2 l' o Jbll

MA _u

YM - - - ' M serA

il est possible, moyennant un programme approprié (cf. organigramme ci-après) de dresser des tableaux qui donnent, en fonction de ;;'-28, e, le, 'Ou, YMet YN, les valeurs limites Il/II de IllI au-delà desquelles la contrainte limite de compression du béton en service serait dépassée, c'est-à-dire au-delà desquelles il devient nécessaire de prévoir des aciers comprimés. Origine des différentes étapes de l'organigramme:

Ligne 1 : 0,8a u

=1- ~1- 21lo

-7

4, fed =P =08a -v

bd o

et 15

Ps

l' Jbu

=15 ( bd A" J=15 hll =15 0,85 fc28 PlI l' Pli 15 e o

2 · LIgne :

'Os =

Jed

~~r b d f a

0,6

=

c28

'

Il

,

U

"

1,15 l'

Je

0,6fc28 YN

Ligne 3 : équilibre des forces à l'ELS Ligne 4 : expression de Ils en fonction de as =YI / d

=

Ligne 5 . Il •

s

M serA bod 2 (0,6 fczs)

=

Il,, lb" 0,6 fc28 yM

-7

Il "

Les tableaux 8.2a à 8.2d sont donnés à titre d'exemples. La valeur 0,3717 correspond à la limite imposée par l'acier (crs =led). En flexion composée avec compression on peut en réalité s'affranchir de cette limite, sans dépense excessive d'acier.

Chapitre 8 • Flexion composée 423 Organigramme de calcul de !JIu en flexion composée

15ps = [1 -

~

1 - 21-10 -

IJ u]

0,85 x 11,5

e

f c28 . fe

0,85 IJ u IJ=-'--

s

YN

0,9

as

e

as

I-Is=2(1-3")

0,96 I-Ibu = I-IsYM 0,85

® 1-10+ Ôl-l o

>

<

Égalité

!Jeu = 1-10 Terminé pour cette valeur de IJu

(s pour« service »)

424 Traité de béton armé Tableau 8.2a Aciers Fe E 500; fc28 =25 MPa ; e =1 Valeurs de f.1/u en flexion composée 2 U u = N u/ bo dlbu; YN= N II / N ser ; YM=MuA / M serA ; Ilill = MIII / bo d lbll 1)11

° 0,05

0,1

0,15

0,2

YN

YM 1,3

1,35

1,4

1,5

1,6

1,7

1,8

##

0,2403

0,2555

0,2708

0,3025

0,336

0,3714

--0,3717--

1

0,2485

0,2646

0,2811

0,315

0,3504

--0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2454

0,2616

0,278

0,3119

0,3473

--0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2428

0,259

0,2755

0,3093

0,3447

--0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2406

0,2568

0,2732

0,3071

0,3425

--0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2396

0,2558

0,2723

0,3061

0,3415

--0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2387

0,2549

0,2714

0,3052

0,3406

--0,3717-- --0,3717--

1,5

0,237

0,2532

0,2697

0,3035

0,3389

--0,3717-- --0,3717--

1

0,26

0,2774

0,295

0,3309

0,3683

--0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2557

0,2703

0,288

0,3242

0,3615

--0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2464

0,2642

0,282

0,3183

0,3558

--0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2408

0,2588

0,2768

0,3133

0,3509

--0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2383

0,2563

0,2744

0,311

0,3486

--0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2359

0,2541

0,2722

0,3089

0,3466

--0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2315

0,2498

0,2681

0,3049

0,3428

--0,3717-- --0,3717--

1

0,2761

0,2946

0,313

0,3506

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2638

0,2827

0,3016

0,3398

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2523

0,272

0,2914

0,3302

0,3697

--0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2413

0,262

0,2821

0,3216

0,3617

--0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2358

0,2573

0,2777

0,3177

0,358

--0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2305

0,2526

0,2735

0,314

0,3544

--0,3717-- --0,3717--

1,5

0,219

0,2435

0,2654

0,3069

0,3479

--0,3717-- --0,3717--

1

0,2973

0,3162

0,3352

1,1

0,2799

0,2998

0,3195

0,359

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2622

0,2839

0,3047

0,3456

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2423

0,2676

0,2904

0,3331

--0,3717- -0,3717-- --0,3717--

1,35

0,229

0,259

0,2832

0,3272

0,37

-0,3717-- --0,3717--

1,4

Non défini

0,2493

0,2758

0,3214

0,3648

--0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

0,1998

0,2598

0,31

0,355

--0,3717-- --0,3717-

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

Chapitre 8 • Flexion composée 425

Ull

0,25

0,3

YIIf YN

1,3

1,35

1,4

1

0,3223

0,3413

0,3604

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,3012

0,3213

0,3413

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2786

0,301

0,3225

0,3645

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2459

0,2782

0,3031

0,3483

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

Non défini

0,2634

0,2926

0,3403

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

Non défini

Non défini

0,2806

0,3321

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

Non défini

Non défini

0,3152

1

0,3493

0,3681

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,3263

0,346

0,3658

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3012

0,3232

0,3445

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2636

0,2964

0,3216

0,3674

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

Non défini

0,2768

0,3084

0,3576

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

Non défini

Non défini

0,2916

0,3475

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

Non défini

Non défini

0,3245

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

1,6

0,3648

1,7

1,8

--0,3717-- --0,3717--

Les lignes sans valeurs numériques - colonnes J,3, 1.5 et J,4 mention « non défini» - correspondent au cas où la notion de moment limite n'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans armatures tendues.

Tableau 8.2 b. Aciers Fe E 500; fc28 =30 MPa ; e =1 '\lu =Nu 1bo d fbu ; yH =Nu 1Nser ; yM =MuA 1MserA ; j,llu =M/u 1bo d 2 fbu

'\lu

°

0,05

YN

YM 1,3

1,35

1,4

1,5

1,6

##

0,2623

0,2786

0,2945

0,3283

0,3637

1

0,2695

0,2865

0,3037

0,3393

-0,3717- -0,3717-- --0,3717-

1,1

0,2668

0,2838

0,3011

0,3365

-0,3717- --0,3717- --0,3717--

1,2

0,2646

0,2816

0,2988

0,3343

0,3715

--0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2627

0,2796

0,2969

0,3324

0,3695

-0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2618

0,2788

0,296

0,3316

0,3687

--0,3717- -0,3717--

1,7

1,8

-0,3717-- --0,3717--

426 Traité de béton armé

Uu

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

YN

YM 1,7

1,3

1,35

1,4

1,5

1,6

1,4

0,261

0,278

0,2952

0,3308

0,3679

--0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2596

0,2765

0,2938

0,3293

0,3664

--0,3717-- --0,3717--

1

0,2793

0,2973

0,3156

0,353

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,273

0,2912

0,3096

0,3471

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2676

0,286

0,3044

0,3421

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2629

0,2814

0,2999

0,3378

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2608

0,2793

0,2979

0,3358

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2587

0,2773

0,296

0,334

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2551

0,2738

0,2926

0,3307

1

0,2926

0,3117

0,3308

0,3697

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,282

0,3014

0,3209

0,3603

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2722

0,2922

0,3121

0,3521

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2633

0,284

0,3043

0,3448

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,259

0,2801

0,3007

0,3415

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2549

0,2763

0,2973

0,3384

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2468

0,2693

0,2908

0,3326

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,3102

0,3298

0,3495

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2948

0,3153

0,3356

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2797

0,3016

0,3228

0,3648

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2641

0,2882

0,3108

0,3543

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2554

0,2815

0,3049

0,3493

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2455

0,2746

0,2991

0,3444

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

0,2593

0,2875

0,3352

--0,3717-- --0,3717- --0,3717--

1

0,3317

0,3514

0,3712

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,3122

0,3332

0,354

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2918

0,3151

0,3373

--0,3717- -0,3717-- --0,3717- -0,3717--

1,3

0,2658

0,2956

0,3206

0,3666

--0,3717-- --0,3717- --0,3717--

1,35

Non défini

0,2843

0,3118

0,3598

--0,3717- --0,3717- --0,3717--

1,4

Non défini

0,2698

0,3024

0,353

--0,3717-- -0,3717-- -0,3717-

1,5

Non défini

Non défini

0,2789

0,3394

-0,3717- --0,3717- -0,3717--

1

0,3556

-0,3717-- -0,3717-- --0,3717-- -0,3717-- --0,3717- -0,3717--

0,3699

1,8

--0,3717-- --0,3717--

Chapitre 8 • Flexion composée 427

'Ou

YN

YM 1,3

1,35

1,4

1,5

1,6

1,7

1,8

1,1

0,3338

0,3545

1,2

0,3098

0,3332

0,3556

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2733

0,3085

0,3348

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

Non défini

0,2916

0,3232

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

Non défini

Non défini

0,3093

1,5

Non défini

Non défini Non défini

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

0,3649

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

0,3462

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

Les lignes sans valeurs numériques - colonnes 1,3, 1,5 et 1,4 mention « non défini» - correspondent au cas où la notion de moment limite n'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans armatures tendues.

Tableau 8.2 c. Aciers Fe E 500; fe2S =35 MPa ; e =1 'Ou =Nul bo d fbu; yH =Nul Nser ;yM =MuAI MserA; !JIu =M/ul bo d 2 fbu

'Ou

° 0,05

0,1

0,15

YN

YM 1,3

1,35

1,4

1,5

##

0,2808

0,2974

0,3145

0,3493

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,287

0,3045

0,3224

0,3591

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2846

0,3022

0,32

0,3567

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2826

0,3001

0,318

0,3547

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,281

0,2985

0,3163

0,353

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2802

0,2977

0,3156

0,3523

--0,3717- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2794

0,2971

0,3149

0,3516

-0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2782

0,2958

0,3136

0,3503

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,2954

0,314

0,3327

0,3711

--0,3717- -0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2899

0,3086

0,3274

0,3659

-0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2853

0,304

0,3229

0,3616

--0,3717- --0,3717-- -0,3717--

1,3

0,2812

0,3

0,319

0,3578

-0,3717-- -0,3717-- -0,3717-

1,35

0,2793

0,2982

0,3173

0,3561

--0,3717- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2776

0,2966

0,3157

0,3545

-0,3717- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2744

0,2935

0,3127

0,3517

-0,3717-- --0,3717- --0,3717-

1

0,3068

0,3262

0,3458

1,6

1,7

1,8

-0,3717-- --0,3717- -0,3717- -0,3717--

428 Traité de béton armé

1.)u

0,2

0,25

0,3

YN

YM 1,5

1,6

1,7

1,8

1,3

1,35

1,4

1,1

0,2974

0,3173

0,3371

1,2

0,2891

0,3093

0,3295

0,3702

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2815

0,3022

0,3227

0,364

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,278

0,2989

0,3196

0,3611

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2746

0,2959

0,3168

0,3584

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2682

0,29

0,3112

0,3534

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,3217

0,3418

0,3619

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,308

0,3289

0,3497

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,295

0,317

0,3385

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2822

0,3057

0,3281

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2756

0,3001

0,3232

0,3677

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2688

0,2947

0,3184

0,3636

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2531

0,2836

0,309

0,3559

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,3403

0,3605

1,1

0,3225

0,344

0,3652

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3044

0,3279

0,3205

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2834

0,3113

0,3359

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2689

0,3022

0,3286

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

Non défini

0,2923

0,3211

0,3707

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

Non défini

0,3046

0,3594

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,3616

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,3411

0,3625

1,2

0,3187

0,3429

0,3658

-0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2871

0,3209

0,3473

--0,3717- --0,3717-- --0,3717-- -0,3717--

1,35

Non défini

0,3068

0,3373

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717- --0,3717--

1,4

Non défini

0,2781

0,3261

--0,3717- --0,3717- -0,3717-- --0,3717-

1,5

Non défini

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

Non défini Non défini

0,3649

-0,3717-- --0,3717- -0,3717--

Les lignes sans valeurs numériques - colonnes 1.3. 1,5 et 1.4 mention « non défini» - correspondent au cas où la notion de moment limite n 'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans armatures tendues.

Chapitre 8 • Flexion composée 429

'Uu

'U u

° 0,05

0,1

0,15

0,2

YN

Tableau 8.2 d. Aciers Fe E 500; fe2S 40 MPa ; e 1 Nu 1bo d fbu ; yH Nu 1Nser ; yM MuA 1MserA ;jJ/u

=

= =

=

=

=M/u 1bo d

2

fbu

YM 1,3

1,35

1,4

1,5

##

0,296

0,3131

0,3307

0,3669

1

0,3017

0,3197

0,3379

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,2996

0,3175

0,3358

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,2978

0,3158

0,3341

0,3717

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2963

0,3143

0,3326

0,3702

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2956

0,3136

0,3319

0,3695

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,295

0,3129

0,3313

0,3689

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2938

0,3118

0,3301

0,3677

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,3091

0,328

0,3471

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,3042

0,3232

0,3424

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3001

0,3191

0,3384

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2965

0,3156

0,335

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2949

0,3141

0,3334

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2934

0,3126

0,332

0,3716

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2906

0,3099

0,3294

0,369

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,319

0,3387

0,3586

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,3107

0,3308

0,3509

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3034

0,3238

0,3442

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2968

0,3176

0,3383

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,2938

0,3147

0,3356

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2909

0,3121

0,333

--0,3717-- --0,3717- --0,3717-- --0,3717--

1,5

0,2856

0,3071

0,3283

1

0,3319

0,3523

1,1

0,3196

0,3408

0,3617

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3082

0,3303

0,3519

--0,3717-- --0,3717- -0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2973

0,3205

0,3428

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717- -0,3717--

1,35

0,292

0,3158

0,3386

-0,3717-- --0,3717-- -0,3717- -0,3717--

1,4

0,2667

0,3113

0,3345

--0,3717-- --0,3717- --0,3717-- --0,3717-

1,5

0,2756

0,3024

0,3267

--0,3717- --0,3717- --0,3717- -0,3717-

0,3707

1,6

1,7

1,8

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

--0,3717-- --0,3717-- -0,3717--

--0,3717- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

430 Traité de béton armé

Uu

0,25

0,3

YN

YM 1,3

1,35

1,4

1,5

1

0,3481

0,3687

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,1

0,332

0,3538

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3158

0,3393

0,362

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,2983

0,3249

0,3494

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

0,288

0,3175

0,3431

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

0,2747

0,3097

0,3368

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

0,2914

0,3329

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1

0,3671

1,1

0,348

0,3698

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,2

0,3274

0,352

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,3

0,3005

0,3324

0,3587

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,35

Non défini

0,321

0,35

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,4

Non défini

0,3057

0,3407

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,5

Non défini

Non défini

0,317

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

1,6

1,7

1,8

--0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

Les lignes sans valeurs numériques - colonnes 1,3, 1,5 et 1,4 mention « non défini» - correspondent au cas où la notion de moment limite n'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans armatures tendues.

Dans l'ouvrage Pratique du BAEL 91 de 1. Perchat et 1. Roux (Eyrolles, éd.), on peut trouver des tableaux pOUrf~-28 = 25,30 et 35 MPa et = 1,0,9 et 0,85.

e

Marche du calcul et formules de dimensionnement Il faut commencer par déterminer (voir § 8.21 pour la flexion avec traction et § 8.22 pour la flexion avec compression) : - les sollicitations ultimes Nil, MuGO au centre de gravité Go du béton seul, et en déduire .le moment M,III au centre de gravité des aciers tendus; - les sollicitations de service Nse,., MserGO au centre de gravité du béton seul, et en déduire le moment Mser.A au centre de gravité des aciers tendus. On peut alors calculer V,,, Il,,, YN, YM et en déduire, par interpolations linéaires (ou « à vue »), au moyen des tableaux 8.2 la valeur du moment limite ultime réduit 11111' Pour la détermination des armatures, la marche du calcul est celle indiquée aux paragraphes 7.522 et 8.311 en remplaçant, dans toutes les formules Mil par MuA et en retran-

Chapitre 8 • Flexion composée 431 chant Nu lied de la section d'aciers tendus trouvée (Nu avec son signe, + pour une compression, - pour une traction). Bien entendu les unités doivent être convenables. Attention! Ne jamais oublier de retrancher le terme Nu lied, en se rappelant que pour une flexion avec traction, cela revient à ajouter lM, 1lied,

Les formules de dimensionnement sont ainsi (unités: m, MN, MNm, m2 )

:

a) pour la section rectangulaire sans aciers comprimés A = MuA _ Nu zbled led Pour les sections minimales, se reporter au § 8.312. Attention! La section minimale vise la valeur finale A, et non la section}f. de la flexion simple. b) pour la section rectangulaire avec aciers comprimés non imposés:

La section A' doit être telle que AI:?

M -M IIA( il:) . O"sce

d-d

Mais, à moins d'avoir 1,35:S YM:S 1,5, les formules approchées [7.65 ter] et [7.67 bis] donnant les contraintes équivalentes O"sce et O"se ne peuvent être utilisées car, compte tenu 1 des valeurs élevées que peut atteindre YM en flexion composée (voir tableaux 8.2a à d), ces formules manquent de précision. Il convient de déterminer ces contraintes au moyen des formules [7.65] et [7.67 bis], en 2 prenant :

Il faut s'assurer que Mill ::; Mu 10,6 sinon l'équarrissage (c'est-à-dire les dimensions bo et 1ou cl) serait à revoir. c) pour le cas de la section rectangulaire avec aciers comprimés imposés, la marche du calcul est celle indiquée au § 7.523, en remplaçant dans toutes les formules Mu par M,A et en retranchant Nulled de la section d'aciers tendus trouvée, Nil avec son signe. Les contraintes O"sce et O"se doivent être déterminées comme indiqué ci-avant.

l. Ces valeurs élevées viennent de la prise en compte de l'excentricité due aux effets du second ordre

dans l'évaluation du moment ultime (8.22 a), alors que le moment de service est déterminé sans tenir compte de ces effets (8.22 b). Le rapport Y.\Ide ces deux moments sort ainsi de la fourchette habituelle (I,35 ; 1,5) de la flexion simple. 2. Pour f/.[, résolution de l'équation [7.59], avec Jlls.,. = O,944Jllu/OyMcomme indiqué dans la note au bas de la page 322.

432 Traité de béton armé

8.332

Section à table de compression

i"..I lc - - - - - - ------JooIJoI b

MuGo

---r----d-v'

_L Réduction en Go

Nu

Réduction en A

Figure 8.11

Le moment ultime rapporté au centre de gravité des aciers tendus est (figure 8.11) :

M,lA = Nue A = Mu,GO + Nu(d -

v')

v' étant la distance du centre de gravité Go de la section de béton seul à la fibre la plus comprimée (attention! pour une section en T, v' < h/2) a) Si ~IA < MT,u, MT,u étant le moment équilibré par la table seule, évalué par les expressions [7.89 ou 7.95], on est ramené à l'étude d'une section rectangulaire de largeur b . b) Si ~IA > MT,u, en décomposant la section en deux sections fictives comme on l'a fait au § 7.611, premier cas, on peut écrire, dans le cas où il y aurait des aciers comprimés, les équations d'équilibre suivantes:

Nu

=Fbc2 + Fbc1 + F.:c MUA

F.:

=(b - bo) ho hll + 0,8 bo Y Ibu + A'O'se + AO's

= Fhc2 Z2 + Fbc1 Zl + F.,c(d -d'):

Ces expressions sont celles d'une section rectangulaire de largeur bo qui serait soumise aux sollicitations « réduites» suivantes: -etfortnormal: N uR =Nu -{b-bo)holhU

~ moment de flexion:

MuRA

= NfuA -

(b - bo ) ho( d -

~ )fbll

Déterminer les armatures de la section en T revient donc à déterminer celles de la section rectangulaire bod soumise à NuR et MuRA.

Chapitre 8 • Flexion composée 433 Bien faire attention que, dans les expressions donnant la section A des armatures tendues, le terme soustractifest alors N,iR/crs et non NI/crs (crs =!edseulement si a ~0,617 (Fe E 500)). En l'absence d'aciers comprimés, il suffit évidemment de faire A' précédentes.

8 .. 4

=

°dans les formules

SECTIONS ENTIÈREMENT COMPRIMÉES

On se trouve dans cette situation si (l'un des deux cas a ou b n'impliquant pas l'autre) : a) à l'état-limite ultime on se trouve au pivot C, région 3 c'est-à-dire si :

Nu est un effort de compression, avec

MuA -

A' feAd -d'}> MBcCvoir § 7.412 et § 8.331) ; A' peut être nul.

Pour une section rectangulaire bah, avec le diagramme parabole-rectangle dans ce cas, et avec y = h (voir expression [ 7.25 aD: M BC

flBC

= 0,81 bo h[(d -0,416 h)]/"" = flBC bo d 2 fb'"

=0,81!: . d

[(1-

en posant:

0,416 !:)] =0,484 si d = 0,9 h d

b) à l'état-limite de service: Nser est un effort de compression ,-(h-d')(d-d') h ( h) 2-1., ~ avec M serA -15 A crbe >1- bo d cr/Je ,A peut etre nul. h 2d 3d Dfu'1S les deux cas, le calcul manuel du dimensionnement des armatures est assez fastidieux, comme on va le voir ci-après. On a généralement recours à des abaques, qui ont été établis pour des formes de section particulières (voir § 8.61 et § 8.62).

1. Quand Mm

la

section

est

entièrement

1- ( y) ="2erbcYI d--j- +A'ers)d-d'} avec

erse

comprimée,

=15er-hc

jz-d'

-jz-'

YI = h

dans

l'expression

434 Traité de béton armé

8.41

Dimensionnement par l'état-limite ultime (pivot C, région 3)

8.411

Sections rectangulaires à deux nappes d'armatures

On n'envisage ici que le dimensionnement avec le diagramme parabole-rectangle (voir la remarque 3 page 439).

8.411-1

Coefficient de remplissage et coefficient de centre de gravité

L'effort de compression Fbcr, qui correspondrait à une contrainte uniforme et égale àfiJll sur toute la hauteur de la section est (figure 8.12) :

0,ct

=hohhu

TT

1Jrrr. . . ./ . _--_!.----------

y

""',"",

Ill, Ebc2

---------

~ 1

/

1 1 ~

_____ L _____ ~~~~~~ ____________ _______ _ o Figure 8.12

On peut, comme dans le cas des pivots A et B, considérer (voir § 7.511-1)

=Fbc / Fbcr , un coefficient de centre de gravité oG permettant de définir la distance oGh (et non plus

- un coefficient de remplissage:

\jf

00."') du point de passage de l'effort résultant Fbc à la fibre la plus comprimée.

En cherchant l'aire et le centre de gravité du diagramme des contraintes de compression, on trouve, après avoir posé : [8.20]

les valeurs:

\jf

4 ~2 = 1-0,190 ~~ ~~ = 1-2ï~ 0,5 - 0,163 ç2 1- 0,190 ç2

= --------:-

[8.21 ]

[8.22]

Chapitre 8 • Flexion composée 435 En éliminant 1;2 de ces deux expressions, on trouve:

8

G

= 0,857 _ 0,357

[8.23]

\If

Les valeurs de \If et 8a peuvent être lues en fonction de Œt dans le tableau 8.3.

t -1 f- l~I-,------"1:::: ._~~~~'~ lL~

3

y

2'10.

I/Ebc2 1 1 11 Axe neutre

1

1 1

1 / 1/ ._._~_._-----------~---------------Il Il

o

Figure 8.13

Les équations d'équilibre s'écrivent (figure 8.13) : [8.24] [8.25] Cette dernière équation peut aussi s'écrire, en posant 81= dl h et 8'1 = d' 1h

Pour les aciers Fe E 400 (fed = 348 MPa), on a toujours 1 que, dans ce cas :

f.,d Es

=

O"sc

=!ed quel que soit 8'1 puis-

fed < 2.10-3 < ê, < 35.10-3

2. 105

.le'

Décomposons la section en deux sections fictives (voir § 7.521). La section rectangulaire sans aciers comprimés doit équilibrer un moment Ml tel que [8.26]

1.

Pour les aciers Fe E 500, en supposant 0'1 = 0,1, on n'a cru =!c,f= 435 MPa que si fit :::; 6,46. Pour simplifier, on pourra admettre, pour ce calcul, que crse = !cd = 400 MPa (et non 435 MPa) pour les aciers Fe E 500.

436 Traité de béton armé Si l'on considère le moment réduit rapporté à la hauteur totale (indice t) : !-lbt

l'équation [8.26] devient

!-lbt

=

M,tA - A' !"d (d - d') b h 2 l' o

'

[8.27]

Jb/l

=\jf(Dt - DG),

ou, compte-tenu de [8.23] : !-lbt

=0,357 + \jf(Dt -

0,857)

Tableau 8.3

at

DG

1,00

'If 0,8095

0,4160

1,05

0,8389

0,4314

1,10

0,8620

0,4428

1,15

0,8805

0,4515

1,20

0,8955

0,4583

1,25

0,9078

0,4637

1,30

0,9181

0,4681

1,35

0,9267

0,4718

1,40

0,9341

0,4748

1,45

0,9404

0,4774

l,50

0,9458

0,4795

1,55

0,9505

0,4814

1,60

0,9547

0,4830

1,65

0,9583

0,4845

1,70

0,9615

0,4857

1,75

0,9644

0,4868

1,80

0,9669

0,4878

1,90

0,9713

0,4894

2,00

0,9748

0,4908

2,25

0,9813

0,4932

2,50

0,9855

0,4948

2,75

0,9885

0,4958

3,00

0,9906

0,4966

3,50

0,9934

0,4976

4,00

0,9951

0,4983

5,00

0,9970

0,4989

00

1,0000

0,5000

[8.28]

Chapitre 8 • Flexion composée 437

8.411-2

Marche du calcul pour une section rectangulaire

Données: ho, d, h et d' (voir figure 8.14)

fed

=

fe et fb" 1,15

= 0,85fc28 1,58

(en situation non accidentelle)

Sollicitations de calcul: MuGo , et Nu au centre de gravité de la section du béton seul.

Inconnues: A si A' est connu, ou A et A'

h

2

d _.b..

2

Figure 8.14

1. La section A' des aciers les plus comprimés est connue. Le moment agissant ultime, rapporté au centre de gravité de l'armature la moins comprimée et évalué comme indiqué au § 8.331 est: MuA

= M uGO + Nu ( d -

~)

Dans le cas où le pivot est le point B et où l'axe neutre franchit le niveau des aciers A, et a fortiori en région 3 pivot C, toutes les forces internes deviennent des compressions et l'équilibre n'est p03sible que si le centre de pression se trouve entre: - d'une part Go (au-dessous de Go, le moment serait de signe contraire à celui pour -lequel on cherche la solution) d'autre part le barycentre de Fbc et de Fsc lorsque l'axe neutre passe par A, puisqu'alors F.ç = O. Pour cette position particulière de l'axe neutre, le pivot est le pivot B et y = d d'où F;,c =0,81 ho d hu

438 Traité de béton armé En prenant les moments en A', on a pour ce cas particulier:

d'où la valeur limite de eo

:

[8.29]

Figure 8.15

Des valeurs de eo supérieures à eo,lim ne permettent pas de réaliser l'équilibre au pivot C.

Cette condition n'est pas suffisante. En effet, puisqu'au pivot C le coefficient de remplissage \If est au moins égal à 0,81 (frontière BC) et au plus égal à 1 (verticale du pivot C), il faut encore d'après [8.27] et [8.28] que l'on ait:

081 ~ ,

UI

-0337< , -!lbl

_MuA-A'feAd-d')<~ 2 - U

-

bo h hu

-05 I

,

c'est-à-dire qu'il faut que la section A' imposée soit telle que:

MuA - bo h

,

mais avec

hl{

d-

A''? AI

=

A'< A'

= MuA -bo h hu(0,81d -0,337h)

-

2

,) hd (d-d

~)

fed(d -d')

[8.30a]

[8.30b]

Si la première de ces deux conditions n'est pas satisfaite, la section ne peut équilibrer les forces appliquées.

Chapitre 8 • Flexion composée 439 Si c'est la seconde qui n'est pas satisfaite, l'équilibre n'est possible qu'au pivot B, région 2 bl • Les armatures A ne sont comprimées que si : A'::; MuA - 0,473 bo d

2

hu

feAd -d') En effet, lorsque l'axe neutre passe par le centre de gravité des armatures A on a y = d, a = yi d = 1, la droite des déformations occupe la position BD et IlBD = 0,81 (1-0,416)= 0,473. Dans ce qui suit, nous supposons donc qu'outre la condition sur eo , les deux conditions [8.30] sur A' sont bien réalisées. Les équations précédentes permettent de résoudre le problème. On peut en effet successivement écrire: ~

0,357 Ct -0,857

Ilbt -

(avec Ut = dl h)

- d'après [8.28] :

\If =

- d'après [8.21] :

ç = Jl~ ~ = 2,294~1-\If

- d'après [8.20] :

at

=~(~+3) 7 ç

et en utilisant les équations de compatibilité du pivot C (voir équations [7.3] au § 7.431-~): 2(a t -Ct)

E,

= 1000(a, -~J

(avec ici Ct = dl h et at d'après [8.20])

d'où crs = Es Es = 2.105 Es = min {IOO (4 + 3 ç-7 C,

ç)

feJ

(MPa)

[8.30c]

et finalement, par la formule [8.24] avec crsc = !ed : [8.31 ]

1.

La région « 2b » correspond à un axe neutre situé entre les armatures A et la fibre extrême de béton la plus proche de A.

440 Traité de béton armé Remarques: 1. En prenant le moment agissant au centre de gravité des aciers comprimés:

MUA'

= M uGO -Nu(~ -dl],

il est facile de voir qu'au pivot C, on doit nécessairement avoir :

2 MUA' - boh2 fbu (Ct - 0,5) < A < MUA' - 0,81boh fbu (Ct - 0,584) feAd - d') - 700(1- Ct)

6V=1 ;

ç=O)

(",=0,81;

ç=1)

2. La relation [8.30b] montre que l'on a crs = fed dès que: 4 + 3): - 7C ): = fed ':> t':> 100

ou

a > C + fed t

t

700ç

(dans ces expressions, 100 et 700 représentent des MPa)

2. Les deux sections A et A' sont toutes deux inconnues. Dans ce cas, la condition e o :::; eo,lim étant supposée satisfaite, il suffit de choisir A' dans la fourchette définie par les inégalités [8.30a et b] et de continuer ensuite le calcul de A comme dans le premier cas ci-avant. En choisissant le(s) diamètre(s) des barres comprimées, il faut s'arranger pour que la section A' réelle demeure dans la même fourchette [8.30a et b] qui est très étroite. Sinon, on retourne au pivot B, mais si, la condition e o :::; eo,lim qui implique que les deux nappes d'armatures sont comprimées étant satisfaite, on trouve que pour obtenir l'équilibre des forces la nappe A doit être tendue, le problème ne comporte pas de solution (et il faut changer une ou plusieurs données - dimensions; résistances - du problème). L'organigramme de calcul ci-après résume la marche à suivre au pivot C.

Chapitre 8 • Flexion composée 441 e ,. = o,lm

h 0,81 bo dfbu -d'(0416d-d') 2 Nu'

Pivot B, région 2a

, -____________L-__________- - , .

Pivot B, région 2b ou pivot e, région 3

h

"2 )

MuA - bohfbu (d -

Po: ?

Non } - - - - '... Augmenter bo ou h ou fc28

------------

fed (d - d')

Oui

MuA - bohfbu (0,81d - 0,337h)

Non

Po: s ----------------fed(d-d')

Oui

pivote

MuA -Po: fed (d - d') Ilbt= MuA - 0,473 bod2 fbu

Po:s

fed(d-d')

Ilbl- 0,357 \jI=

01- 0,857 Oui

Non

A comprimé

ç=2,294~

A non nécessaire (% minimal)

MuA -Po: fed (d - d') lluA = a = 1,20 (1 -

~ 1-

2,06lluA)

Z = d (1 - 0,416a) a-1

O's

A= -

= 700 - -

1 [

O's

a

MPa

MuA-Po:fed(d-d')] Nu-A'fed-----------z

• Région 2a : axe neutre au dessus des armatures Région 2b : axe neutre entre les armatures A et la fibre extrême de la section la plus proche de A

442 Traité de béton armé Remarques: 1. Si l'on effectue la différence des deux sections A' 2 et A' 1 données par les équations [8.30 a], on trouve:

A' -A' _ (0,190, - 0,163 )hoh2 hu 2

feAd -d')

1-

hd = 435 MPa A'2 -A\ = 1,6h 2 •

ce qui, pour d = 0,9 h (0, = 0,9), d' = 0,1 h, /LIU = 14,2 MPa, ho = h/2 (par exemple) conduit à (avec les unités cm2 et m):

Si h = 0,60 m, on trouve A'2 - A'l

et

= 0,6 cm2

Ceci illustre ce qui vient d'être dit avant les remarques. Un faible écart sur la section A' par rapport à sa valeur théorique suffit pour modifier considérablement le résultat (et repasser au pivot B ou avoir un équilibre impossible !). Il ya en quelque sorte une « instabilité mathématique» du calcul qui constitue une anomalie du dimensionnement sous efforts presque centrés. Cette anomalie n'est pas propre aux calculs à l'état-limite ultime; on la rencontre également dans le dimensionnement à l'état-limite de service. 2. Dans le cas où le rapport X = A / A' entre les sections des aciers les moins et les plus comprimés est imposé a priori, on doit opérer par approximations successives, en se donnant en premier lieu une valeur de !-lbf comprise entre 0,81 Of - 0,337 et 0, - 0,5.

À cette valeur de !-lb! correspond une valeur de crs (voir organigramme ci-avant). L'équation d'équilibre des forces [8.24] donne alors, puisque A = XA' : A'= Nu

-\jI ho

h hu

!.,t/ + X crs

[8.32]

Cette valeur est portée dans la relation [8.27] donnant !-lb'. On compare la nouvelle valeur de !-lbr. ainsi trouvée à celle dont on est parti et on recommence les calculs jusqu'à ce que ces deux valeurs de !-lb' soient égales. On obtient ainsi les valeurs définitives de crs et de A' donnée par la relation [8.32]. Celle de A s'en déduit par A = XA'. Si l'on veut en outre X = 1 (armatures symétriques), il faut corriger dans le sens convenable la valeur deA' pour tenter d'y arriver. Dans tous les cas, la meilleure solution est encore de recourir aux diagrammes d'interaction (voir § 8.62). 3. Remarque sur l'utilisation d'un diagramme rectangulaire au pivot C, région 3 : En région 3, le coefficient de remplissage du diagramme parabole-rectangle varie de 0,81 à 1 quand la hauteur de l'axe neutre varie de h à l'infini (voir tableau 8.3 où al varie de 1 à 00). Le coefficient de centre de gravité varie de 0,416 à 0,5. Si l'on voulait substituer au diagramme parabole-rectangle un diagramme rectangulaire équivalent, il conviendrait de s'arranger pour que le coefficient de remplissage

Chapitre 8 • Flexion composée 443 de ce dernier varie également en fonction de la position de l'axe neutre. Toutefois, compte tenu de la remarque 1 ci-avant, les approximations que l'on est inévitablement amené à faire introduisent de trop grandes incertitudes sur le résultat final du calcul pour qu'un diagramme simplifié, quel qu'il soit, puisse être considéré comme satisfaisant. Pour cette raison, aucun diagramme simplifié n'a été ni proposé, ni envisagé ici.

8.412

Sections à table de compression

Puisqu'en région 3 la contrainte de compression du béton est constante sur les trois septièmes de la hauteur totale de la section (figure 7.9 c), toute table de compression d'épaisseur ho telle que ho ::; 3h / 7 (ce qui est le cas général) est soumise à une contrainte de compression uniforme et égale àfbll' Dans ces conditions, il est possible d'appliquer directement aux sections à table de compression les méthodes exposées au § 8.311-2. Le problème se ramène en effet à la recherche des armatures d'une section rectangulaire de largeur bo qui serait soumise aux sollicitations:

N lIR MuRA

= Nu -

(b - bo )hohJll

= MuA - (b- bo)ho( d -

~ )hu

comme on l'a vu au § 8.332.

8.42

Dimensionnement par l'état-limite de service

On est dans le cas d'une section entièrement comprimée lorsque N.ver est un eff0l1 normal de compression et que el avec el distance du bord du noyau central au centre

hl::;

de gravité Go du béton seul (el = h / 6 pour une section rectangulaire). On raisonne sur la section de béton seul, les sections Al et A2 étant supposées inconnues a priori.

Noyau central

MGo
Figure 8.16

444 Traité de béton armé Le problème du dimensionnement des armatures comporte une infinité de solutions. Les sections d'acier Al et A2 doivent être telles que: -le pourcentage d'armatures soit au moins égal au pourcentage minimal; -la contrainte limite du béton en service

(Jbc

= O,6fc28

ne soit pas dépassée.

La marche à suivre est la suivante: 1. On commence par se fixer les valeurs des sections A 1 et A2' par exemple de manière à atteindre au moins le pourcentage minimal d'armatures requis en compression simple (formule [10.10]).

2. On calcule ensuite successivement: -l'aire de la section totale rendue homogène: Bh = B + 15 (Al + A2) avec B aire totale de la section de béton seul; -le moment d'inertie h de Bh par rapport à l'axe perpendiculaire au plan moyen (plan de symétrie) passant par le centre de gravité Oh de Bh ;

3.

étant le moment en Oh pris avec son signe, la contrainte de compression maximale du béton a pour valeur : Mser,Gh

a) si M., ' > 0: (J .sa,Gh

bc max

= NBser

+ Mser,Gh 1

h

b) si M .

ser,Gh

<0.

(J

' b e max

VI

h

N _ M ser, C'hV2 =~ B 1 T

h

il

Figure 8.17 4. Si

(Jbcmax «(Jbc

réduire "écart entre

5. Si

0bcmax

les sections Al et A2 choisies a priori doivent être diminuées, pour (Jbcmax

et

(Jbc

mais de manière à toujours respecter la condition

> abc , il faut augmenter Al et A2 et recommencer les calculs jusqu'à trou-

Ces calculs étant longs et fastidieux, il est préférable, comme déjà dit, d'avoir recours à des abaques (voir § 8.61).

Chapitre 8 • Flexion composée 445

8.5

SECTIONS ENTIÈREMENT TENDUES

8.51

Dimensionnement par l'état-limite ultime

eA2 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ t:.L..L..t:..L...C..

Figure 8.18 (correspond à MuGo> 0)

La section est entièrement tendue si Nu est un effort de traction et si le centre de pres-

sion défini par :

tombe entre les traces des deux nappes d'armatures (leol
Nu

= A21ed + A10's

Elles sont valables quelle que soit la forme de la section. Si les deux sections A 1 et A 2 sont inconnues a priori, le problème peut avoir plusieurs solutions. La plus économique correspond à O's =led (le centre de pression coïncide alors avec le 'centre de gravité de l'ensemble des armatures).

En prenant les moments successivement par rapport à l'une et à l'autre des deux nappes d'armatures, on trouve qu'il faut avoir: [8.33]

446 Traité de béton armé [8.34]

avec la condition supplémentaire (AI + A2 );::: B Jm

. Je

Le cas des armatures symétriques correspond à eAI = eA2 d'où (voir chapitre 6) : A

1

= A2 =max{ 2.(" Nu

. BJm } 2.('

J ed

[8.35]

Je

(le deuxième terme correspondant à la section minimale).

8.52

Dimensionnement par l'état-limite de service

La section est entièrement tendue si le centre de pression C défini par:

tombe entre les traces des deux nappes d'armatures. Le calcul se fait selon les mêmes principes que pour l'état-limite ultime. Le dimensionnement économique correspond à cri =cr2 =crs d'où (notations, voir figure 8.18) : [8.36]

[8.37]

avec la condition supplémentaire (AI + A2);::: B j;28 .

Je

Le cas des armatures symétriques correspond à eAI A 1

= eA2 d'où

ser = A2 =max{ N2 • '

cr s

Bfr28 } 2/,e

. (le deuxième terme correspondant à la section minimale).

Chapitre 8' Flexion composée 447

8.6

ABAQUES ET DIAGRAMMES D'INTERACTION

8.61

Abaques type Caquot (états-limites de service)

Ces abaques peuvent être établis pour toutes les formes de section.

Principe: On écrit les équations d'équilibre au centre de gravité de la section de béton seul en exprimant les contraintes des aciers en fonction de la contrainte maximale du béton et on se ramène à des quantités adimensionnelles. Par exemple, pour une section rectangulaire en flexion et compression (figure 8.19).

-Î--r---~~F-,,_hr----f Y1

d'

f.- 4 bo

Figure 8.19

avec

Fbc

=~cr bcboY\ 2

(volume des contraintes)

d-y crs =15crhe _ _1 YI

a",

y,-d' Ose = 150be - -

Y1

448 Traité de béton armé d' 100A En posant A'= x,A, al = Ydl , Ù=-d ' Po = - - , et en supposantd'=h-d, d'où bod h -=l+Ù d

(h/2}-d ' = 1+ Ù _ Ù= 1- Ù , on arrive à:

et

d

2

2

Pour une forme de section et une distribution d'armatures données, en se fixant a priori les valeurs de Ù et de X on peut tracer des courbes donnant en fonction de al et de Po la

.. d vanatIOn e

Db,

eo =-/-lb d Db

/-lb et -

.

Si les armatures sont symétriques, X = 1. L'abaque de la figure 8.20, donné à titre d'exemple, est établi pour d' = h - d

= 0,1 Oh .

a) Détermination des armatures Données: . d ' A' u~ · Forme et d ImenSIOns e al sectIOn, X =-,

A

User.GO

=-d' d

et N,er

Inconnues: A etA' O nse fi x e

rr < i'T Vbc-Vbc

et on cal cu le

/-lb=

et

Mser, GO 2

bo d abc

"b v

=

N ser

bo d abc

Sur l'abaque correspondant à la forme de la section et à X et Ù, le point d'intersection des .

courbes correspondantes a pour abscIsse 15 Po

= 1500A bo d

et pour ordonnée (figure 8.21) :

-f(al ) -as -15abc

On peut ainsi contrôler si 1'hypothèse faite sur a he conduit bien à as=:;; as' S'il n'en est pas ainsi, il faut recommencer le calcul avec une valeur de la première. S'il en est bien ainsi, on a :

A = (15 Po)bo d 1500

et

A'=x,A.

abc

inférieure à

Chapitre 8 • Flexion composée 449 Valeurs de Ub

20

0,00

1

la

a

20

Valeurs de lSpo 0,02

19 15 12,3 10

9 8 7 6

40

30

0,00

50

i

Section rectangulaire armée symétriquement

0,04 1500A 15Po =b;;d

0,10 0,06

u -

Nser

b- bod (ft<:

0,08

5

M..ro

4

0,20

0,10

~b= bod'~bc

0,12

Ôt=-h-=0,10

3,5

h-d

3

,, -&

0,14

2,5

"i {)1

0,30

0,40

~~

,

___ ~ ___

~~.

'. ,•.• ,.

W~,,

,

___ .,,,

___

~ _,_~

__

, . __ w ••

,

'"f"~'-"

~ ~~~ __ "

e

____ _

:

\

0,18 1,5

___

\ "ct ,,'P~

0,16

2

t)- ~~ _~C>,,

0,20' 0,22

1,22

10,00

0,24

5,00

0,50

3,00

0,26

2,00

0,80

0,66

0,28 0,60

1,50

..

0,30

~-

~

1,20

-~

0,60

1,00

0,3'2

0,90

0,50

0,80

0,70

0,70

0,40

0,65 0,60

0,30 0,55

0,80 0,50 0,48

0,20

0,48 0,44 0,42

0,40 0,38

0,35 0,34

1t 0

1 1

11

1 1 1

1 10

1 1 1

11

1 1

1 20

Vil'A!Urs de 151>0 11 1 t t

1 1 1 1

11 30

1 t

,1

1 1 1 1

11 ~O

Figure 8.20. Abaque de M. Caquot pour le calcul des sections rectangulaires à armatures symétriques

1 1

11 t

1 1

1 80

450 Traité de béton armé

---.--15po Figure 8.21. Utilisation des abaques type Caquot pour la détermination des armatures

Figure 8.22. Utilisation des abaques type Caquot pour la vérification des contraintes

b) Vérification des contraintes Données: Forme et dimensions de la section, X et 8 Mser.GO

et Nser

A et A' =x;A,

Inconnues:

e A1 GO 1500A. e = sel', et 15 Po = . La vertIcale de 15po coupe la courbe --.Q.. en ho d d d N ser un point par où passent une courbe !lb et une courbe Db. L'échelle latérale donne

On forme

--.Q..

l'ordonnée

~ correspondant à ce point (figure 8.22). 15crbc

d'où l'on déduit la valeur de crJ à partir de la valeur lue pour ~ sur l'échelle latérale. 15crbc

Chapitre 8 • Flexion composée 451

8.62

Diagrammes d'interaction (état-limite ultime)

8.621

Courbe d'interaction 1+---bç--l!>oI

1

h

- - - - - - - :;;"'---+ 1 1

Cfsj

Cfsn 1'---_---'

Béton

Acier

Contraintes

Figure 8.23 Soit une section quelconque mais possédant un plan de symétrie (plan moyen) et comportant des armatures A\, A 2 ••• Aj ... An respectant la symétrie et situées à des distances dl. d2 ... dn de l'axe f1 perpendiculaire au plan de symétrie et passant par le centre de gravité Go de la section de béton seul (par convention An est supposée être l'armature la plus éloignée de la fibre la plus comprimée). On se donne une valeur de y et on considère le diagramme de déformations passant par le pivot correspondant, à savoir:

ct....

- pivot A si y::; 0,259 (dn + v') - pivot B si 0,259 (dn + v') < y ::; h

[8.38]

- pivot C si y > h . Pour la valeur de y choisie et le diagramme de déformations qui lui est associé, les déformations Eç et El} de deux fibres quelconques, respectivement de béton comprimé et d'acier (tendu ou comprimé) sont parfaitement déterminées; il en est de même de leurs contraintes respectives, crcç pour le béton, crsj pour l'acier (crSj positif au-dessus de l'axe neutre et négatif au-dessous).

452 Traité de béton armé Compte tenu de cette convention de signe, on peut écrire les expressions de la résultante Ni des forces internes d'une part et du moment en Go de ces forces, c'est-à-dire ~,GO, d'autre part, sous les formes générales suivantes' : y

NI (y )= Ni

n

= fbçacçdÇ + LAjasj o

n

y

MI (y) = Mi,Go

[8.39]

)=1

= fbçacç(v'-Ç)dÇ+ LA)asjdj o

[8.40]

)=1

avec v' distance du centre de gravité du béton seul à la fibre la plus comprimée de la section. Dans le système d'axes orthonormé plan (OMN), le point PI de coordonnées MI(y) et NI(y) décrit un arc de courbe convexe CI (figure 8.24) 10) Pour Y= - 00, la droite des déformations est la verticale du pivot A (Es as) = -fed)'

= 10 %0, donc

Le point PT (MT,Go, NT) correspond à l'état-limite ultime de traction simple et on a : Il

NI (-00)

= NT = LApsj = -fedLA) j=I

Il

MI ,Go (-oo)=

Il

MT,GO

= LAj j=I

[8.41 ]

j=I n

a Sj d j =-fe"LAj d j

[8.42]

j=I

1. Si l'on voulait connaître les moments frontières (§ 7.412) évalués en Go, il suffirait d'introduire, comme bornes de l'intégrales de l'expression [8.40], les valeurs limites de y données par [8.38]. Mais ici, cette connaissance n'est nullement indispensable (voir cependant § 16.3).

Chapitre 8 • Flexion composée 453 N

--------~------~~--------~M

+

PT

Figure 8.24

[MT,Go n'est nul que si le centre de gravité du béton seul est également celui des aciers, n

puisqu'alors

L Aj d j = 0 ] j=1

2°) Pour y = +00, la droite des déformations est la verticale du pivot C (Es = 2 %0), donc O"cç = Cte = lbu et O"Sj = min Esc Esc = 400 MPa } 1 : le point Pc (Me,Go, Ne) corres-

Ved ;

pond à l'état-limite de compression simple et on a: 11

N 1(+oo)= Ne

= Bfbu +O".vLAj

[8.43]

j=l 11

MIGo{+oo} = Me,GO

=O"sj LAjdj

[8.44]

j=l

avec B aire de la section totale du béton (pour y = + 00, l'intégrale de l'expression [8.40] est nulle puisque O"cÇ étant constant, cette intégrale correspond au moment statique de l'aire B par rapport à son propre centre de gravité, qui est nul par définition; par ailleurs, Me,GO n'est nul que si le centre de gravité des armatures coïncide avec celui du béton seul).

1. Donc, pour des aciers de nuance Fe E 500, asj = 348 MPa

a~j =

400 MPa, et pour des aciers de nuance Fe E 400,

454 Traité de béton armé 3°) Pour une certaine valeur YF! dey, le point P occupe la position PFl telle que:

Nl(YF!) = 0 Ml (YF!) = MF! MF! étant le moment résistant ultime de flexion simple correspondant au sens de flexion considéré. 4°) Si l'on change le sens de la flexion, on définit de la même manière l'arc de courbe C2 passant par les points PT et Pc déjà définis et par le point PF2 (y = Yn) tel que: N 2(YF2)= 0

M 2(YF2)= MF2 (de signe opposé à MF1 ) L'ensemble des deux courbes Cl et C 2 constitue une courbe continue et fermée C appelée « courbe d'interaction ». Si la section possède un centre de symétrie, les points PT et Pc sont situés sur l'axe ON et les deux courbes Cl et C2 sont symétriques par rapport à cet axe.

Le contour fermé C délimite le domaine de sécurité de la section étudiée munie de ses armatures de section totale IAj • Soit P l'extrémité du vecteur représentant la sollicitation agissante, c'est-à-dire ayant pour composantes Nu et Mu,Go. Trois cas peuvent se présenter: a) si P tombe à l'intérieur du contour C, la section est apte à résister à la sollicitation agissante (N,,, Mu,Go) ; b) si P tombe sur le contour C, la section est toujours apte à résister à la sollicitation agissante, mais l 'tm au moins des pivots est atteint; c) Si P tombe à l'extérieur du contour C, l'un au moins des pivots est franchi, c'est-àdire que l'état-limite ultime est dépassé. Il faut modifier l'un des paramètres du problème; en général on agira sur (IAj) et on augmentera proportionnellement toutes les sections d'armatures c'est-à-dire que l'on remplacera chaque section Aj par une nouvelle section k Aj (k > 1), ce qui a pour effet d'augmenter l'étendue du domaine de sécurité (voir § 16.3). 5°) Si la section ne comporte aucune armature (I.Aj

=0),

ce qui est un cas d'école

puisqu'un pourcentage minimal est toujours requis, les points PT et Pc ont respectivement comme coordonnées (0 ; 0) et (0 ; B fiu) et les relations [8.39] et [8.40] où les .termes dus aux aciers sont alors nuls définissent le contour lenticulaire Co (figure 8.24).

Chapitre 8 • Flexion composée 455

8.622

Diagrammes d'interaction

8.622-1

Tracé et particularités des diagrammes d'interaction

La forme de la section transversale est donnée, ainsi que la position de chaque armature. On pose

1 '. ,,-_

Nil

v

,II

r

Bfbll

G

__ M Il,GO et p __ ....:.-...::....:......:.:;... (LAj lied (pourcentage mécanique total) Bh/bu Bft",

avec:

B

aire totale de la section

h

hauteur totale de la section

!ed= j~/ys =!el 1,15 en général. La position des armatures restant invariable, donnons à p diverses valeurs: 0, 0,1, 0,2 ... On obtient dans le plan orthonormé (0 !-l'U) le diagramme d'interaction de la section qui se compose de courbes régulièrement espacées Co; CO,I; CO,2, •.• correspondant aux diverses valeurs de p, coupées par un réseau de droites rayonnantes (mais sans loi de convergence), correspondant à des positions d'axe neutre identiques (voir § 16.3). Le tracé s'effectue automatiquement à l'aide d'un ordinateur (exemple figure 8.26). Dans la direction de chacune des droites rayonnantes, p croît linéairement. Les courbes p = 0, p = 0,1, P = 0,2, etc. coupent donc chaque droite en des points équidistants le long de celle-ci, ce qui veut dire que les interpolations doivent se faire dans la direction des droit~s (figure 8.25). Compte tenu de cette remarque, pour obtenir la valeur de p correspondant à un point P quelconque du plan avec une bonne précision, on peut, au lieu de se cantonner aux deux courbes les plus proches encadrant le point P, étendre l'intervalle de lecture, et mesurer sur l'abaque, dans la direction «estimée» de la droite ex = yi h = ete passant par P (figure 8.25), les longueurs des segments POPI et PoP (Po correspondant ici à P =

°et PI correspondant à p = 1) puis prendre p = POPI PoP

(soit 0,688

sur l'exemple de la figure 8.25). Par ailleurs, dans le système d'axes (0 !-l 'U), les coordonnées des points PT et Pc présentent des particularités qu'il convient de signaler: a) pour les sections sans armatures C!:A j

°

- pour PT: 'U =

.:. . pour Pc: 'U =1

°)

ces coordonnées sont:

° °

= !-lG = !-lG

=

2

1. Bien faire attention aux quantités entrant dans les fonnules. Remarquer qu'on introduit ici U"Go (et non MuA) etfiu = 0,85!c281 fjyb, mais qu'à l'abaque donné en exemple ci-après, on a remplacéfbu par !cd = !c2S/Yb (sans le coefficient 0,85/0) 2. Ou u = 0,85/0 si le paramètre d'entrée pour le béton est!ctl selon la note précédente; c'est le cas pour la figure 8.25 et pour le diagramme de la figure 8.26.

456 Traité de béton armé u

Figure 8.25

b) pour la section avec armatures, la position de celles-ci étant invariable, comme les Aj varient en étant tous multipliés par le même facteur k, on a 1:(k A = k(L A Les

J

J.

coord01;mées des points PT et Pc sont donc telles que: fl 1:A,d, _ pour PT : --.!L = J } 1) h 1: Ai

=Cte

flG 1:A,d, -pour Pc : - - = } } =C te 1)-1 h 1: Ai II en résulte que, si le centre de gravité des armatures n'est pas confondu avec celui de la section du béton seul (1: Ai di 0), lorsque p varie, les points PT et Pc décrivent

*

deux droites ~T et ~c de même pente ~

1:A,d, } } passant, l 'une ~T par l'origine 0, l'autre, h1:Aj

par le point de coordonnées (1) =1 ; flG

=0) (figure 8.27).

Chapitre 8 • Flexion composée 457

1.8

1,6

1,2

..__ .- .,--

-~

"',- -

--

.. As1 +As2

Ollel

=

bhfcd

fyd

bh fcd

Atel

=As1 + As2 =Ollel - fyd-

0,6

0,4

0,2

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

Figure 8.26. Exemple de diagramme d'interaction (extrait du Manuel flexioncompression du CES) Section rectangulaire à armatures symétriques di = 0,10h, fe= 500 MPa Attention: ici le" = aflnJ 0,85 (l'écriture Ec211::s 1 = 3,5/2,0 par exemple ne correspond pas à un rapport. Elle signifie seulement, Ec = 3,5%0 et Esi = 2 %O. La ligne pointillée correspond aux « déformations équilibrées» (voir § 11.763-3, effort Nhal, texte accompagnant les figures Il.45 et 11.46)

458 Traité de béton armé

8.622-2

Utilisation des diagrammes d'interaction

JO) Détermination des armatures (figure 8.27) - Dimensionnement

La section est soumise à une série de sollicitations (Nu, Mu,Go)j avec j = 1, 2, 3 ... Le pourcentage P cherché est le plus élevé des pourcentages mécaniques Pj correspondant aux différentes courbes passant par les points Pj (Uj, ~Gj). En effectuant cette opération sur plusieurs diagrammes d'interaction correspondant, pour une même section, à des distributions différentes d'armatures, il est possible de trouver la distribution la plus économique (LAj minimal) permettant d'équilibrer l'ensemble des couples (Uj, ~Gj) imposés. u

u

Dimensionnement

Vérification

Figure 8.27 ]0) Vérification de la sécurité (figure 8.27)

Les points Pj (Uj' ~Gj) correspondant à (Nz" Mu,Go)j doivent tous se trouver à l'intérieur du contour délimité par la courbe C correspondant au pourcentage mécanique P des armatures de la section. Remarque: On peut encore, au moyen des diagrammes d'interaction (figure 8.28) : - trouver la valeur du plus grand moment d'un signe déterminé que peut équilibrer une section lorsqu'elle est soumise à un effort normal agissant donné ou, inversement, - trouver la valeur du plus grand effort normal d'un signe donné que peut équilibrer une section lorsqu'elle est soumise à un moment agissant donné.

Chapitre 8 • Flexion composée 459 u

u

Figure 8.28

8.7

CALCUL DES CONTRAINTES NORMALES

8.71

Section entièrement comprimée

1 - - - - / crsc1

15 Va 1

Axe de fle.'{ion simple

~ _er_et_·-I_~-_h_-

--L._-f---+__

--f--_ --_-_-

tJ>

~:.

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ' - -_ _--L.

crbc2

Mser.Gh > 0 Figure 8.29

= crbc max

Mser.Gh < 0

460 Traité de béton armé L'effort normal de service Nser est un effort normal de compression et le centre de pression est à l'intérieur du noyau central de la section rendue homogène (figure 8.29).

-- --

Celui-ci est tel que G"C1 xG"OI de même G"C2 X Gh 0 2

=-1/ B

=-II B

d'où

--

c e =1/ BV h

----

d'où G"Cj =-II BV j (G"Cj < 0, G"Oj > 0) et 2

2

(G"C2 > 0, G,,02 < 0).

Il suffit d'appliquer à cette section la formule classique de la Résistance des Matériaux, qui conduit pour une fibre de béton quelconque à :

[8.45] avec: N ser

effort normal de service

Mser,Gh

moment de service évalué au centre de gravité Gh de la section homogène Bh

Bh

= B + 15A (B aire totale de la section transversale de l'élément, A aire totale de la section droite des armatures)

I"

moment d'inertie de passant par G"

v

distance à ce même axe de la fibre dont on cherche la contrainte.

Bh

par rapport à l'axe perpendiculaire au plan moyen et

Pour l'acier situé à la même distance v de l'axe ci-dessus défini, la valeur résultant de l'application de la formule [8.45] est à multiplier par 15.

8.72

Section entièrement tendue

_________________________

'-"-"-L.L..<.~

(la figure correspond à Mser.Go > 0)

Figure 8.30

Chapitre 8 • Flexion composée 461 N ser est un effort normal de traction et le centre de pression tombe entre des traces des

deux nappes d'armatures (figure 8.30). On pourrait continuer d'appliquer la formule classique de la Résistance des Matériaux. En fait, comme le béton tendu n'intervient pas, le problème se ramène à l'équilibre des trois forces: N sen AIO'sh A 20's2. En prenant les moments successivement par rapport à A 1et A 2 on trouve: et

[8.46]

Section partiellement comprimée

8.73

Le centre de pression C est à l'extérieur du noyau central de la section homogène si Nser est un effort normal de compression ou à l'extérieur des traces des deux nappes d'armatures si N ser est un effort normal de traction.

-----1--------- --

1d

-

crÇ=KÇ

ç

_____ J__ :~_K

,

h

.~-~~"._~~~._~~

________ _

1 Axe -------,-----1 neutre

/

/

/

/

/

crs 15

Figure 8.31

Soit (figure 8.31) :

YI

distance, essentiellement positive, de la fibre la plus comprimée de la section à l'axe neutre,

Yc

distance du centre de pression C à l'axe neutre, prise positive si Nser est un effort de compression et négative si Nser est un effort de traction,

c

la distance du centre de pression à la fibre la plus comprimée de la section: c = d - eA, eA ayant le signe de Nsen donc (figure 8.32) :

462 Traité de béton armé • si Nser est une traction « 0) : c> 0 quelle que soit la position de C. e

si Nser est une compression (> 0) :

c < 0 si eA > d ( C à l'extérieur de la section) c> 0 si eA < d ( C à l'intérieur de la section).

C

Compression

Compression

Traction

Traction

Figure 8.32

Dans tous les cas, on a YI = Yc + c et en désignant par K le coefficient angulaire du diagramme des contraintes, celles-ci se calculent par (unités m, MPa, K en MN / m3) :

abc a s

=KYI =K(yc +c)

= 15abc (d-yc-c) Yc+c

II faut donc calculer: -la valeur de Yc - la valeur du coefficient angulaire K.

Soit: Se le moment statique de la section homogène réduite Be par rapport à l'axe neutre:

avec:

Il

11

= 1 si dBe est une fibre de béton

11

=

15 si dBe est une fibre d'acier

moment d'inertie de la section homogène réduite Be par rapport au même axe:

Chapitre 8 • Flexion composée 463

Se

moment statique de la section homogène réduite Be par rapport à la parallèle à l'axe neutre passant par C :

=- If (Ye - Ç) n d Be

Se

Be

(le moment statique est considéré comme négatif si l'aire est au-dessous de l'axe, ce qui est le cas de la figure 8.32). le

moment d'inertie de la section homogène réduite Be par rapport à ce même axe: le

If (Ye - ç) 2ndBe

=-

Be

Ona: Be

et

Be

Se =-Yc

Be

If ndBe + If ç ndBe Be

Be

d'où

[8.47]

a) Expression deyc La forc~ élastique élémentaire est: crç(ndBe) = K

ç ndBe

En écrivant que le moment des forces élastiques élémentaires est nul au point C, on a :

K

If (Ye - Ç) ç ndB =0 e

Be

[8.48]

ou encore, d'après [8.47] : Ye = -

~ Se

Pour les sections rectangulaires ou en T,Ye s'obtient par la résolution d'une équation du troisième degré sous forme canonique: Y:+PYc+q=O

464 Traité de béton armé avec: - pour une section rectangulaire de largeur bo :

p = -3e 2 - 90A' (e -d')+ 90A (d -e) bo bo q = -2e 3 _ 90A' (e _d,)2 _ 90A (d _e)2 bo bo

c !.--------------1

f4f----- b

C

1

« 0)

1

r-~----~--.----------~ 1 d' -Pi 1

_ _ _ _ _ .....1.. _ _ _

et Il doit être calculé par la relation [7.86].

1

-~':~~~--ld

1

1

'A

----------- -

..,j,.;" 1

Figure 8.33

- pour une section à table de compression :

J(

b 2+3 ( --1 b 90A p=-3-c c-ho )2 - 90A' - - (c-d,) + - (d-c ) bo bo bo bo

J(

b 3+2 (--1 b q=-2-c c-hoJ\3 -90A' - - (c-d ,)2 - 90A - - (d-cJ\2 bQ bo bo bo Dans ce dernier cas, la condition pour que l'axe neutre tombe dans la nervure est: - si Nser est un effort normal de compression: f(h o - c) f(d - c) < 0 - si Nser est un effort normal de traction: f( - c )f(ho - c) > 0 S'il en est bien ainsi 1) doit être calculé par la relation [7.101] sinon il faut utiliser la relation [7.86] en y remplaçant bo par b, largeur de la table. b) Expression de K

En écrivant que le moment des forces élastiques par rapport à l'axe neutre est égal à NserYc:

D'où K = N ser Yc ou encore, d'après [8.48] : K = N ser ~ Se

Attention! Comme N ser Yc::f; N.ler eo = Mur•GO on n'a pas K = M ser comme en flexion

1)

simple.

Chapitre 8 • Flexion composée 465

8.8

CONDITION POUR QU'UNE SECTION RECTANGULAIRE SOIT ENTIÉREMENT COMPRIMÉE SOUS LES SOLLICITATIONS AGISSANTES ULTIMES

Pour le calcul des semelles de fondation, on utilise fréquemment la «méthode des bielles» dont l'une des hypothèses est que le poteau supporté par la semelle est soumis à la compression centrée. Toutefois des hypothèses complémentaires permettent d'étendre la méthode aux cas où la section de base du poteau est soumise à la flexion composée. L'une de ces hypothèses complémentaires est que la section de base du poteau doit être entièrement comprimée. Or les sollicitations prises alors en compte étant des sollicitations ultimes, la notion de noyau central (§ 8.32) n'a plus de sens. IMser,G o 1 :::; N ser

!!:.6 permet bien de conclure que la section est entièrement comprimée, le fait que l'on ait: Pour une section rectangulaire, si à l'état-limite de service, la condition:

1Ml/Go 1 . ' ree , 1d ' ' 1"Imite - :::; -h n ,apporte aucun renseIgnement sur l' etat e al sectIOn a'l' etatNu 6 ultime et il serait grossièrement faux d'en déduire que la section est entièrement comprimée.

Il serait également grossièrement faux de dire que la section est entièrement comprimée lorsque le pivot est le pivot C. Il suffit d'imaginer que l'effort de compression agissant ultime soit faible et peu excentré: le raccourcissement ultime de 2 %0 ne pourra être atteint en aucun point de la section; en particulier, il ne sera pas atteint sur les fibres correspondant au pivot C (fibres situées aux 3/7 de la hauteur de la section). Il faut bien se rappeler, et bien comprendre ainsi qu'on l'a dit au § 5.211-6, que la règle des trois pivots est une règle commode pour le dimensionnement des sections. Elle ne saurait décrire l'état de déformations physique réel d'une section dans laquelle les dimensions du coffrage et les sections des armatures sont connues, lorsque cette section est soumise à des sollicitations données (dans l'exemple choisi ci-avant de la section faiblement sollicitée, un projeteur utilisant la règle des trois pivots pour le dimensionnement concluerait seulement que des armatures ne sont théoriquement pas nécessaires et que la section minimale est suffisante). Dans ces conditions, comment peut-on s'assurer qu'une section est entièrement comprimée sous sollicitations ultimes? Il suffit que les déformations (raccourcissements) soient de même signe sur les fibres extrêmes de la section, le cas limite étant celui où l'une des déformations est nulle (figure 8.34, quantités sans dimensions).

466 Traité de béton armé

r

P

h=1

lL------l p

_____ --

~b=1-+l

0

A Figure 8.34 (p =-

hh

)

A cet état de déformations, correspond un état de contraintes dans le béton et dans les armatures, d'où l'on peut déduire l'effort normal résistant N Ru et son excentricité

eu'

Pour une section rectangulaire non armée, il est facile de voir qu'en posant UR

=

N Ru

ho hfbu

et

llR

eU

=h

et en faisant varier tbe de 0 à 3,5.10-3, on a: UR

='If

llR

=0,5 - ÙG

(coefficient de remplissage du diagramme des contraintes) (ùa: coefficient de centre de gravité de ce diagramme).

Les expressions de 'If et À

ùG données au § 7.511-1 (deuxième cas) en fonction de

-i-permettent de résoudre le problème. 10

=

tbc/

Chapitre 8 • Flexion composée 467 Pour une section rectangulaire munie d'armatures symétriques, de section totale 2A, il est possible, grâce à un programme de calcul, de tracer les courbes uA~) pour différentes valeurs de !c28, de le et des rapports d' / h et p = A / bh (moitié du pourcentage total d'armatures rapporté à la hauteur totale de la section). Jean Roux a bien voulu se charger d'établir ce programme, qui conduit au diagramme donné, à titre d'exemple, à la figure 8.35 (cet exemple correspond à le = 400 MPa, !c28 = 25 MPa, d' / h = 0,10). Chacune de ces courbes définit la frontière d'un certain domaine situé du côté de sa concavité. Pour toute sollicitation agissante ultime définie par Nu et e ou encore par u =

Nu et bD h!bu

YI =!!.... la section est entièrement comprimée si le point représentatif de cette sollicitah tion se trouve à l'intérieur de ce domaine. Remarques:

1. Pour p = 0 le noyau central correspond à YlR = 0,166 = 1 /6. Cette valeur constitue la limite de

eu

h

quand N Ru tend vers 0, car la parabole tend à se confondre

avec sa tangente à l'origine: le diagramme des contraintes devient triangulaire, c'est-à-dire qu'il se déduit du diagramme des déformations par affinité, et l'on retrouve l 'hypothèse de Hooke et la valeur de la Résistance des Matériaux. Mais comme tous les points de la frontière du domaine correspondent pour p = 0 à YlR < 0,166, l'extrapolation, tout à fait injustifiée, des résultats de la Résistance des Matériaux n'est pas dans le sens de la sécurité. 2. Si l'on tient compte des armatures, les paramètres se multiplient: sections de celles-ci, position, résistance du béton pour définir le rapport led/fiu. N Ru augmente et eu aussi, mais beaucoup moins vite que N Ru • La courbe p = 0 de la figure 8.35 se déplace vers le haut et vers la droite. Ne pas en tenir compte va dans le sens de la sécurité mais peut se révéler pénalisant (bien entendu, dans le calcul élastique également, si l'on tient compte des armatures, on trouve que le

noyau central occupe plus que le tiers central: e1im

""!!..

5 pourcentage d'acier de 0,5 % du côté le plus comprimé).

(au lieu de

!!..) pour un 6

468 Traité de béton armé Nt bhfbu 1,25

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ci

ci

ci

ci

Figure 8.35

ci

Chapitre 8 • Flexion composée 469

8.9

SECTION CARRÉE FLÉCHIE DANS UN PLAN DIAGONAL

Dans le cas où la section est partiellement comprimée, la méthode d'assimilation à la flexion simple exposée au § 8.31 est applicable. a) Si la hauteur y de l'axe neutre est au plus égale à 0,625 h (h = bJ2 étant la hauteur totale de la section dans le plan de la flexion), la zone comprimée est triangulaire. Dans ce cas, les sections d'armatures Jl et Jl' nécessaires pour équilibrer le moment de flexion simple MuA = Nu eA peuvent être déterminés comme indiqué au § 7.81. On prend ensuite: A' = JI.' et A = Jl- Nu (Nu avec son signe). fed

Y > 0,625 h,

_.!..]

inégalité équivalente à: MuA> .!..[d il est préférable d'avoir 4 h 3 directement recours aux diagrammes d'interaction qui ont été établis pour le type de section considérée. b) Si

8.10 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 8 Outre les documents mentionnés au chapitre 7 : - Millan (A), Programmes de flexion composée suivant les Règles BAEL ou CCBA 68 au moyen d'un ordinateur de poche (HP67 ou 97), Annales ITBTP, novembre 1982. - Pliskin (L), Calcul en flexion composée d'une section en béton armé avec des lois de comportement des matériaux quelconques, Annales ITBTP, octobre 1983.

CHAPITRE 9 FLEXION DÉVIÉE

9.1

DÉFINITION l

De manière générale, une poutre est soumise à la flexion déviée lorsque l'axe du couple de flexion ne coïncide pas avec l'un des axes centraux d'inertie de sa section droite et lorsque la direction de l'effort tranchant ne coïncide pas avec celle de l'autre axe. Seul est étudié dans ce qui suit le cas des poutres à plan moyen (plan de symétrie). Dans ce cas, il y a donc flexion déviée lorsque le plan de flexion ne coïncide pas avec le plan 2 moyen. 1°) S'il n'existe pas d'effort normal, la flexion déviée est dite simple; exemples: a) poutres à plan moyen vertical soumises simultanément à des charges de pesanteur (poids propre, composantes verticales des charges d'exploitation, ... ) et à des forces horizontales (vent, composantes horizontales des charges d'exploitation, de la poussée de l'eau, etc.) (figure 9.1 a); b) poutres à plan moyen non vertical soumises à des charges de pesanteur (figure 9.1 b) : p

H

Figure 9.1

1. 2.

La flexion déviée constitue l'une des deux fonnes de la flexion gauche, l'autre étant celle où la flexion s'accompagne de torsion (voir chapitre 13). Une pièce à section carrée sollicitée par une force extérieure de direction quelconque contenue dans un plan diagonal est donc sollicitée en flexion droite composée et non en flexion déviée, puisque le plan diagonal est un plan de symétrie.

472 Traité de béton armé 2°) S'il existe un effort normal, la flexion déviée est dite composée; exemples: - poutres sous chemins de roulement des ponts roulants, - poteaux supportant ces poutres. Ces poutres et poteaux sont en effet soumis aux forces verticales P résultant du poids propre et des charges variables et aux efforts horizontaux ± HI, ± H 2 provenant du vent, du retrait et du freinage longitudinal ou transversal (figures 9.2 a et b) :

P



Poutre (coupe verticale)

o

Poteaux (coupe horizontale)

Figure 9.2

9.2

SOLLICITATIONS À CONSIDÉRER

t!'y La section droite ayant au moins un axe de symétrie (trace du plan moyen sur le plan de cette section) on peut décomposer le moment de flexion correspondant à chaque action j suivant les deux directions principales de la section Gox et GoY, Go étant le centre de gravité du béton seul (Gox dirigé dans le sens de la largeur b de la section, GoY dans le sens de sa hauteur h). Les composantes correspondantes sont désignées par M.Tj.GO et Mn.GO (figure 9.3).

h

b

Figure 9.3

Chapitre 9 • Flexion déviée 473

9.21

Flexion déviée simple

Conformément aux principes énoncés au § 3.42 les sollicitations à considérer sont, symboliquement: a) vis-à-vis de l'état-limite ultime de résistance Ml/x,GO

= L Yj

M.r},GO

Ml/y,GO

= L Yj

Myj,GO

b) vis-à-vis des états-limites de service

9.22

Mserx,GO

= L M.r},GO

MS€ly,GO

=L M

yj,GO

Flexion déviée composée avec traction

a) vis-à-vis de l'état-limite ultime de résistance

M ux,GO

et

Muy,GO

comme pour la flexion déviée simple

b) vis-à-vis des états-limites de service:

Mserx,GO

9.23

et

Msery,GO

comme pour la flexion déviée simple

Rexion déviée composée avec compression

Dans tout ce qui suit, bien faire attention aux indices. a) État-limite ultime En principe, les sections soumises à un effort normal de compression doivent être vérifiées vis-à-vis de l'état-limite ultime de stabilité de forme (flambement biaxial, voir § 11.8). 1

Pour les poutres à section rectangulaire, les Règles BAEL permettent de tenir compte forfaitairement des effets du second ordre, en opérant comme indiqué ci-après.

1.

Article A 4.35. C'est le seul article où les Règles BAEL font mention de la nexion déviée, et encore, en commentaires, et en des termes très vagues, qui nécessitent une interprétation.

474 Traité de béton armé

les longueurs de flambement de la poutre évaluées respectivement dans le plan Gox et dans le plan GoY;

b et h

les dimensions de la section dans les directions respectivement parallèles à GoX et à GoY; l'excentricité additionnelle définie ci-après; les excentricités du premier ordre respectivement définies par (voir Figure 9.11) : [9.1 ]

et Lorsque les rapports 1ft / b et 1fy / h sont tous les deux tels que:

1ft :::; max{15' 20 elx } b 'b

et

/fy :::; max{15' 20 ely h 'h

}

[9.2]

on peut effectuer le calcul par les méthodes exposées ci-après au § 9.4, à condition d'opérer en prenant comme sollicitations de calcul:

avec (les signes à attribuer à ea , e2x et e2y étant, pour chacun des termes entre crochets, les mêmes que ceux de el x et el y respectivement) : el.n el y : excentricités définies ci-avant par les expressions [9.1] où ea est une excentrici-

té « additionnelle» (voir § 8.22 a) :

ea

= max{2 cm;

_I_} 250

1 étant la longueur de la poutre e2x, e2y : excentricités dues aux effets du second ordre (voir chapitre Il) évaluées forfai-

tairement au moyen des expressions: [9.3]

Chapitre 9· Flexion déviée 475

a.v et <Xx désignent pour chacune des deux directions principales le rapport du moment du premier ordre Mf, dû aux seules charges permanentes et quasi où

permanentes, au moment total du premier ordre Ml (avant application des coefficients y). En mettant à chaque fois l'indice y ou x convenable:

a~ M~(G+ ~1j12Û;J Ml(G+Ql + Lwoû;J

[9.4]

;2:2

ML

(moments de service du premier ordre, évalués en Go avec

<Xy

=--.!L M ly

L

et

<Xx

= M lx M lx

)

b) État-limite de service

Dans ce cas, les calculs sont conduits en prenant:

9.3

MÉTHODES DE CALCUL À L'ÉTAT-LIMITE DE SERVICE

Sauf pour les sections entièrement comprimées, les formules classiques de la Résistance des Matériaux pour un matériau homogène ne donnent pas une solution immédiate, car les caractères mécaniques de la section (aires et moments d'inertie) dépendent de la position de l'axe neutre, laquelle est inconnue a priori. Pour les sections de forme quelconque, le calcul ne peut être pratiquement mené que par approximations successives. Les nombreuses tentatives pour résoudre le problème ont été résumées par J. Rüdinger dans les Annales de 1'ITBTP d'octobre 1943 (Circulaire F nO 17). Treton dans la Revue Travau..'( nO 92 de février 1941 et dans l'Ingénieurçonstructeur de juillet-août 1944 a donné également des exemples d'application de la méthode par approximations successives. À l'époque de ces diverses publications, il n'existait pas d'ordinateur et les approximations devaient être faites manuellement. Actuellement, il existe des programmes de calcul qui permettent d'obtenir rapidement la solution du problème.

Le fait de ne pas disposer d'ordinateur et! ou de programme ne rend pas pour autant le problème insoluble par un calcul manuel.

476 Traité de béton armé Pour les sections rectangulaires, une solution rigoureuse est obtenue par l'emploi d'abaques dus à J. Rüdinger (op.cit.) et à A. Roussopoulos (Annales techniques, Athènes, mai 1933) que l'on peut trouver dans le Formulaire du béton armé de R. Chambaud et P. Lebelle, tome 1.

9.31

Flexion déviée simple: abaque de J. Rüdinger

Cet abaque (figure 9.5) concerne les poutres à section rectangulaire soumises à la flexion déviée simple et armées de quatre barres de même diamètre (section totale d'acier: 4A) disposées à chacun des angles de la section (figure 9.4), de sorte que chacun de leurs axes soit situé à une distance du côté b égale à 0,08 h et à une distance du côté h égale à 0,08 b.

+

Les axes Ox, Oy, sont:

!f\Y 1

1°) choisis de sorte que l'axe Ox soit perpendiculaire au côté effectivement rencontré par l'axe du moment agissant Mser. Par définition, la dimension b est parallèle à l'axe Ox ainsi défini (et la dimension h parallèle à Oy) ; 2°) orientés de façon que les projections Mserxo du moment Mser soient positives.

Mser,Go

Msery b

De ces deux conventions, il résulte que l'on a :

Figure 9.4

ou encore

b M sery tan '11=---:::;1 h M serx

a) Dimensionllement

Données: Composantes Mserxo Msery du moment de flexion section, avec les conventions précédentes

Mser suivant les axes de symétrie de la

Dimensions du coffrage: b dans la direction Ox ; h dans la direction Oy.

Inconnues: Aire totale AlOI = 4A de l'armature constituée par quatre barres de même diamètre. 1. On se fixe la contrainte extrême crbc du béton telle que crbc

:::;

0,6fc28

Chapitre 9· Flexion déviée 477 2. À partir des données, on calcule Il = Ilserx

b M sery et tan \11=--h Msen:

=

3. L'horizontale d'ordonnée tan \II coupe la courbe Il en un point dont l'abscisse est le pourcentage total ur (= 100 AloI / bh) et par lequel passe une courbe K (figure 9 .6 a).

~'''. [J ..

tg \jJ

t

nm

\,

52,5

22,5 20

25

45

30

55

50

,

60 ~

1,00

ïii

g,.:g .~



~c.

r:: E

0,90

o

~

8

0,50

(J)

i\i

0,40

"0

'~ .$ -
g. oc:

.... c.

.... E

~8

0,30

(J)

0,20

0,10

0,00

~c.:......-,,-L..>....l.-I.....c....---b.-,,",,~"-'--J..L..........--"'c.......~..i:.J.:...-.l--....->I!Z...~~":"':::"'---"~-JC.:""'-_~

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

Figure 9.5. Abaque de Rüdinger pour la flexion déviée simple

4,0 m total

478 Traité de béton armé On en déduit: -la section A de chaque barre d'angle: A = ~Ol 4 - la contrainte maximale des armatures : crs

= mbh 400

= 15Kcrbc

Si cette valeur est supérieure à la contrainte limite crs , il faut recommencer en adoptant une valeur de crbc inférieure à celle utilisée pour le premier calcul.

ct Figure 9.6 b) VérÎfication des contraintes

Données: Mserx, Msery , b (suivant Ox), h (suivant Oy)

Aire totale de l'armature AloI = 4A (4 barres de même diamètre)

Inconnues: Contraintes extrêmes crbc et crs du béton et de l'acier.

, partIr . des d ' on cal i 1. A onnees, cu e: tanb 'If =- Msery -h M serx ainsi que le pourcentage total m =100 AlOI bh

=100 4 A . bh

2. Par le point d'abscisse m et d'ordonnée tan 'If passent une courbe !J. et une courbe (figure 9.6 b).

K

Chapitre 9· Flexion déviée 479 3. Connaissant Il et K on en déduit les contraintes maximales: - du béton: a he

- de l'acier: as

= Msen:2 Il b h

=15 K abc

Ces contraintes doivent être inférieures aux valeurs limites abc et as .

9.32

Flexion déviée composée: vérification des contraintes

9.321

Sections entièrement comprimées

/ Y Msery,G

La section est entièrement comprimée lorsque la force extérieure F = Nser est une force de compression appliquée à l'intérieur ou sur la frontière du noyau central de la section rendue homogène. Dans ce cas, les formules classiques de la Résistance des Matériaux sont applicables à cette section homogène.

/

~/M~erG x'

,1 Mserx,G

x

Soit G son centre de gravité, M ser; le moment de flexion évalué en ce point, Mserx,G et Msery,G les composantes de ce moment suivant les deux directions principales Gx et Gy de la section (Gx perpendiculaire au plan moyen, figure 9.7).

Figure 9.7

La contrainte en un point quelconque de coordonnées x et y s'obtient en appliquant le principe de superposition des effets des forces: [9.5] avec : Bh

aire de la section rendue homogène (Bh = B + 15 LA)

I hn I hy

moments d'inertie de l'aire rapport à l'axe Gy

Bh

respectivement par rapport à l'axe Gx et par

Les signes figurant dans la formule [9.5] correspondent à la disposition de la figure 9.7.

480 Traité de béton armé La direction de l'axe neutre s'obtient en écrivant:

Mserx,G l,v::

y-

Msery,G 1hy

x= 0

c'est-à-dire que le coefficient angulaire de cet axe a pour valeur: L X

= Msery,G

1hx

Mserx,G l/ry

La direction de l'axe neutre étant maintenant connue, la fibre de béton la plus comprimée et la fibre d'acier la plus tendue (ou la moins comprimée) le sont également, ainsi que les contraintes maximales sur ces fibres (pour l'acier, ne pas oublier que la valeur ainsi obtenue représente crs / 15),

9.322

Abaques de A. Roussopoulos pour les sections partiellement comprimées

Ces abaques valent pour la vérification des contraintes de sections rectangulaires soumises à une force extérieure de compression appliquée hors du noyau central (dans le cas contraire, on se trouve dans le cas traité au § 9.321), L'armature est supposée constituée par des barres de même diamètre disposées de sorte que sur chaque face de la poutre il y ait le même nombre n de barres. Les axes des barres placées le long des côtés de longueurs h et b sont supposés situés respectivement à O,06b et O,06h des faces correspondantes (figure 9.8).

Figure 9.8

Remarque: Lorsque h est nettement supérieur à b (ou réciproquement) cette dernière condition conduirait à une anomalie dans la disposition des armatures (figure 9.9),

Chapitre 9 • Flexion déviée 481 En pratique, bien qu'ayant mené le calcul avec les hypothèses de Roussopoulos, on adoptera pour l'exécution le même enrobage sur toutes les faces, en prenant pour la distance des axes des barres aux parements min[0,06 b; 0,06 hl, comme indiqué sur la Figure 9.10, à condition que cette distance respecte bien les conditions d'enrobage minimal données au § 4.l2a.

Calcul

Exécution

Figure 9.9

Figure 9.10

Il existe des abaques pour un nombre n de barres par face, égal à : - 2 (4 barres au total c'est-à-dire une barre à chacun des angles) ; - 3 (8 barres au total) ; -;::: 4 (en fait, n très grand, avec une section d'armatures le long d'une face indépendante de la face considérée).

Dans chaque cas, on définit le pourcentage relatif à la totalité des barres par : ID' =100 rA bh Pour chacune des valeurs de n indiquées ci-dessus, il existe quatre abaques correspondant respectivement à ID' = 0,8; ID' = 1,0; ID' = 2,0; ID' = 3,0. Pour une valeur de ID' différente des valeurs d'abaques, on peut admettre d'effectuer une interpolation linéaire.

h

Les axes Ox et Oy sont choisis de façon que le centre de pression C ait des coordonnées ex et ey positives (figure 9.11) : Figure 9.11

482 Traité de béton armé

Utilisation des abaques Données: Effort normal N ser Coordonnées ex et ey du centre de pression par rapport aux axes de symétrie de la section (attention aux indices)

= M yserG

e x

N

ser

• e 'y

= MxserG N ser

Dimensions du coffrage: b parallèlement à Ox, h parallèlement à Oy Nombre n de barres par face Aire totale de l'armature AloI = 4A (n - 1), A étant l'aire d'une barre.

Inconnues: Contraintes normales

crbc

et crs

l. À partir des données, on calcule les excentricités réduites: . . amsi que le pourcentage

tu

Ex

= e;

et Ey

=~

400(n -1)A = 100 AlOI =---'---'-bh

bh

2. Au point de coordonnées Ex et Ey de l'abaqùe correspondant au nombre n de barres par face et au pourcentage tu prévus passent une courbe u et une courbe K (figure 9.12) :

f: y

3. Connaissant u et K, on obtient les contraintes maximales :

--- ...." " K \

- du béton : cr

= ub N ser h be

- de l'acier: crs

f:y

=15 K crbc o

0-----,..----1

,

1 1 1

/t----'----'>~ Ex

f: x

Figure 9.12 Ces contraintes doivent être inférieures aux valeurs limites. S'il n'en est pas ainsi, il faut recommencer en adoptant une valeur tu supérieure à la première (a contrario, si crbc et crs sont très inférieures aux valeurs limites admissibles, on peut essayer de diminuer tu pour obtenir une solution économique, qui doit bien entendu être telle que

crs :::; crs ).

crbc :::;

cr/x- et

t·-.n.:s;"""y"".

0

0 N

g 0

0

Il>

0

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0

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Abaques de Roussopoulos pour les cas de trois barres par face

() ::T

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CO

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484 Traité de béton armé

9 .. 4

MÉTHODES DE CALCUL À L'ÉTAT-LIMITE ULTIME

(Sollicitations à considérer: voir § 9.21 a, § 9.22 a ou § 9.23 a selon le cas). Pour le calcul à l'état-limite ultime des sections en flexion déviée, il existe plusieurs méthodes, car les paramètres étant nombreux, le projeteur a la liberté de choisir comme il l'entend la distribution des armatures par exemple. Certaines méthodes sont plus particulièrement applicables aux sections rectangulaires, mais leur intérêt est limité au cas où la section n'a à équilibrer qu'un seul couple (Nu, Mu) correspondant à un cas de charge unique. Dans tous les autres cas, il est nécessaire de recourir à des abaques tels que les abaques « en rosette» (voir § 9.5) qui constituent les diagrammes d'interaction d'un type de section donné (rectangulaire, en caisson, etc.).

Remarque importante: II est rappelé que pour les sections rectangulaires soumises à la flexion déviée, la valeur de fbu à introduire dans les calculs, lorsque l'on utilise le diagramme rectangulaire est

r = 0 80 fc28 (et non r = 0 85 j~28 voir § 5 222-2 b)

lbu

9.41

,

ft'yb

lbu'

ft'yb'

.

Section rectangulaire sans aciers comprimés en flexion déviée simple

On suppose que le centre de gravité A des armatures tendues est situé dans le plan passant par le centre 0 du rectangle bd (et non par le centre de gravite Go du rectangle bh) et normal à l'axe du couple de flexion (figure 9.13). Par convention, les axes Ox, Oy sont choisis de telle sorte que l'axe Ox soit perpendiculaire au côté (désigné dans ce qui suit par «h ») rencontré par l'axe du moment agissant ultime Mu. Soit ô l'angle formé par cet axe avec l'axe Ox. Les composantes du moment Mil suivant les deux axes Ox et Oy sont respectivement

M'L:

= M~ cosô

et

M~ = M~ sinô

Chapitre 9 • Flexion déviée 485 y .... ....

--r-----"'-.:r-- .... • .,..,...r-r"JJ'""?'""JJ'""?'".,j-,....,..."T-;...,....,...,....,~!'

o

h

------. - I~G 0 • 1 ;'

d

. .1

....

----Mu

/

A .'

. ---.~ 1

1.

b

.1

Figure 9.13 On pose

[9.6]

Soit U l'angle le plus comprimé de la section, V sa projection sur l'axe neutre. La zone comprimée est limitée par la droite /). parallèle à l'axe neutre et passant par le point V' situé sur UV et tel que : UV'=û,8UV Cette droite /). sera repérée par ses points d'intersection avec les côtés de la section. Si ces points sont situés sur deux côtés opposés de la section, la zone comprimée est trapézoïdale; s'ils sont situés sur deux côtés adjacents, cette zone est triangulaire. Elle peut aussi être pentagonale, pour un axe neutre situé très «bas ». Ce dernier cas n'est pas envisagé ici.

486 Traité de béton armé 1°) Cas d'une zone comprimée trapézoïdale (figure 9.14)

La droite Ô. est définie par les ordonnées: YI =ç,)d Y2 =Ç,2 d «YI)

Son inclinaison (qui, par définition, est également celle de l'axe neutre) sur l'axe Ox est donnée par :

1

1

-

A . N.

d

-,'_ 1

o~

---- -

1 1

Il

1 1-1

1

-_ e

t--+--'--3> 1 Xc

X

'I

'I

,...., 1

d/2

On pose X =Ç,I - Ç,2

1

=-b tan e d

A

[9.7]

1

1Ô 1 1 1

1"

1

1 1

--.------y---1 1

L'aire de la zone comprimée est celle du trapèze

B = YI + Y2 b = Ç,I + Ç,2 bd

2

,.1

Figure 9.14

[9.8]

2

Les équations d'équilibre sont: [9.9]

Bhll =Aled

[9.lOa] [9.1 Ob]

En remplaçant B par sa valeur dans l'équation [9.9], on trouve:

Ç,I + Ç,2 2

A led

= bd -;:- = p ,

lbll p désignant le « pourcentage mécanique» de la section, et les équations [9.9] et [9.10 a] peuvent s'écrire:

pbd Ibll =Aled

MIJX = P bd Ibll

Zy

[9.11] [9.12]

Les paramètres Ç,I et ~ étant tels que : Ç,I - Ç,2 = X

[9.13]

=2p

[9.14]

Ç,I +Ç,2

Chapitre 9 • Flexion déviée 487

1;\ =p+ X

on trouve:

[9.15]

2

1;2 =p- X

[9.16]

2

Les coordonnées du centre de gravité de la zone comprimée s'obtiennent facilement en considérant successivement les moments statiques par rapport au bord supérieur de la section et par rapport à la grande base du trapèze. On trouve:

[9. 17a]

En tenant compte de ce que Yc ~

=cot8 ou encore, d'après [9.6]:

Yc d

=k Xc

[9.17b]

b

et en remplaçant 1;\ et ~ par leurs valeurs tirées de [9.15] et [9.16], on arrive à:

X=-k+~k2+12p(I-P)

[9.18]

Le bras de levier Zy du couple résistant (équilibrant Mw:) est donné par : Z

Tous calculs faits, on trouve:

.

Zy

= f3d

y

d =-+y 2 c

avec

f3 =_1_ [12 P (2 - p)- X2] Mp

[9.19]

L'équation [9.12] peut s'écrire:

Mw:

=P bd fbu Z y =p f3 bd 2 fbu

ou, en posant:

[9.20]

Comme la section d'aciers cherchée est donnée par:

on pourrait penser que la connaissance de f3 est nécessaire. En fait, il est plus simple de choisir comme paramètre p et de dresser des tableaux comme le tableau 9.1. (ou d'établir des abaques) donnant des couples (p, /-lux) pour des valeurs de k fixées à l'avance : pour p et k donnés, les équations [9.18] et [9.19] fournissent respectivement les valeurs des inconnues auxiliaires X et f3 et l'équation [9.20] donne alors !lux = g (p, k).

488 Traité de béton armé La position de l'axe /). (et non celle de l'axe neutre) peut être obtenue au moyen du tableau 9.2, qui donne pour p et k connus les paramètres ç = ç) et YJ = 1;:z déduits des équations [9.15], [9.16] et [9.18].

L'axe neutre est l'axe parallèle à!1 et tel que UV = 1,25 UV' (Figure 9.13). Pour que l'on soit dans le cas considéré d'une zone comprimée trapézoïdale, il faut que 1;:z > 0 (voir figure 9.13) c'est-à-dire, d'après [9.16] que l'on ait:

2P>X relation que l'on peut transformer à partir de [9.18] en :

3-k

[9.21]

P>-4-

ce qui, dans les tableaux 9.1 et 9.2 correspond aux zones situées à droite de la ligne en escalier. 2°) Cas d'une zone comprimée triangulaire

" 1orsque: p $; 3 -k II en est amSI 4

La droite !1 (voir ci-avant) est définie par les distances x et y de l'angle le plus comprimé à ses points d'intersection avec le contour de la section (figure 9.15):

d

------ 0

1 1 1

1

y=çd

1 1

1 1 1 1

d/2

d'où l'inclinaison de !1 sur la direction Ox par : tanS = y

= çd

x

YJ b

1

A /

--é----------Figure 9.15

D'après [9.7] on a donc

X=~tanS=5. d

L'aire de la zone comprimée est B' =! x y 2

[9.22]

YJ

=! Tl çb d 2

[9.23]

Chapitre 9 • Flexion déviée 489 Les équations d'équilibre s'écrivent: 1

-rtl; bd fbu = A.fed 2

Mux =Afed Muy

[9.24]

Zy

[9.25a]

=A fed Zx

[9.25b]

.!.rtl; =

De l'équation [9.24] on tire:

2

A fed bd fbl/

=p

[9.26]

et, en éliminant successivement 1; et rt de [9.22] et [9.26] on trouve: [9.27a] [9.27b] Les coordonnées du centre de gravité de la zone comprimée sont, respectivement:

Xc

d

="6(3 - 21;)

[9.28a]

=%(3-2 rt )= ~(3- ~)

[9.28b]

Yc

En tenant compte de [9.17], on trouve que 1; est donné par la résolution de l'équation du second degré :

21;2 -31;(1-k)-4kp=0

ç= ![(\-k)+ (\-kf +

soit:

3:

kp ]

[9.29]

Le bras de levier Zy du couple résistant (équilibrant MI/x) est donné par :

d

Zy

=2"+ Y c =f3h

1;

avec

f3=1-"3

[9.30]

d'où On a toujours

J.lIlX

= P f3

(voir [9.20])

Comme dans le cas précédent, on peut dresser des tableaux tels que le tableau 9.2 (ou établir des abaques) donnant les couples (p, J.lIlX) pour des valeurs de k fixées à l'avance: pour p et k donnés, les équations [9.29] et [9.30] fournissent respectivement les valeurs des inconnues auxiliaires 1; et f3 et l'équation [9.20] donne alors J.ll/X = g (p, k).

490 Traité de béton armé La position de l'axe Il. (et non celle de l'axe neutre) peut être obtenue au moyen du tableau 9.2, qui donne pour p et k connus les paramètres ç et Tl déduits des équations [9.29] ---et [9.26]. L'axe neutre est l'axe parallèle à Il et tel que UY = 1,25UY' (figure 9.13). Tableau 9.1 Mux

Afed

bM ux

Valeurs de Ilux = - - - en fonction de p= - - et de k= - bd2 fbu bd f bu d Muy

A gauche de la ligne en escalier, zone comprimée triangulaire; à droite, zone comprimée trapézoïdale. P 0,05

k

1.00

1.10

1.20

1.30

1,40

1.50

1.60

1.70

1.80

1.90

2.00

2.50

3.00

4.00

5.00

oc

13

0,894

0,912

0,924

0,933

0,940

0,945

0,949

0,952

0,955

0,957

0,959

0,965

0,968

0,971

0,972

0,975

Ilux 0,0447 0,0456 0,0462 0,0467 0,0470 0,0473 0,475 0,0476 0,0478 0,0479 0,0480 0,0483 0,0484 0,0486 0,0486 0,0488 0,10

0,15

0,20

13

0,851

0,867

0,879

0,889

0,897

0,904

0,909

0,913

0,917

0,922

0,923

0,932

0,937

Ilux 0,0851 0,0867 0,0879 0,0889 0,0897 0,0904 0,0909 0,0913 0,0917 0.0922 0,0923 0,0932

13

0,817

0,832

0,844

0,854

0,862

0,869

0,874

0,879

0,884

0,897

0,890

0,903

0,943

0,945

0,950

0,0943 0,0945 0,0950 0.909

0.915

0,919

0,925

Ilux 0,1226 0,1248 0,1256 0,1261 0,1293 0,1304 0,1311 0,1319 0.1326 0,1331 0.1335 0,1355 0,1364 0,1373 0.1379 0.1388

13

0,789

0,802

0,814

0,923

0,831

0,636

0,844

0,850

0,853

0,857

0,861

0,873

0.881

0,889

0,893

0,900

Ilux 0,1578 0,1604 0,1628 0,1846 0,1562 0,1676 0,1688 0,1700 0,1706 0,1714 0,1722 0,1746 0,1762 0,1778 0,1786 0,1800 0,25

13

0,784

0,776

0.787

0,800

0,804

0,810

0,816

0,821

0,826

0,830

0,833

0,846

0,854

0,863

0.867

0,875

Ilux 0,1910 0,1940 0,1968 0,2000 0,2010 0,2025 0,2040 0,2053 0,2065 0,2075 0,2083 0,2115 0,2135 0.2156 0,2168 0,2168 0,30

13

0,742

0,753

0,763

0,771

0,778

0,785

0,790

0,795

0,800

0,804

0.807

0,820

0.828

0,837

0,842

0,850

Ilux 0,2226 0,2259 0,2289 0,2313 0,2334 0,2355 0,2370 0,2385 0,2400 0,2412 0,2421 0,2460 0,2484 0,2511 0.2526 0,2550 0,35

13

0,721

0,731

0,740

0,748

0,755

0,761

0,767

0,772

0,776

0,780

0,783

0,802

0,804

0,812

0,617

0,625

Ilux 0,2524 0,2559 0,2590 0,2618 0,2843 0,2684 0,2685 0,2702 0,2716 0,2730 0,2741 0,2807 0,2184 0,2842 0,2860 0,2888 0,40

13

0,702

0,711

0.719

0,727

0,733

0,739

0.744

0.749

0,753

0,756

0.760

0,772

0,779

0,788

0.792

0,800

,Ilux 0,2806 0,2844 0,2876 0,2908 0,2932 0,2956 0,2976 0,2996 0,3012 0.3024 0,3040 0.3088 0,3116 0,3152 0.3168 0,3200 0,45

0,50

13 ~Iux

13

0,684

0,692

0,700

0,707

0,713

0,718

0,723

0,727

0,731

0,734

0,737

0,748

0,755

0,763

0,767

0,775

0,3078 0,3114 0.3150 0.3182 0,3209 0,3231 0.3254 0.3272 0,3290 0,3303 0,3317 0,3368 0.3398 0,3434 0.3452 0.3488 0,667

0,675

0.682

0.688

0,693

0,698

0,702

0,705

0.709

0,712

0.715

0.726

0,732

0,739

0.743

0,750

Ilux 0.3335 0.3375 0.3410 0.3440 0,3465 10,3490 1°·3510 0.3530 0,3545 0.3560 0.3575 0,3630 0.3680 0.3695 0,3715 0.3750 0,55

13

0,650

0.657

0,665

0,689

0,674

0.678

0,682

0,666

0.689

0.691

0.694

0.703

0.709

0,715

0.719

0,725

Ilux 0,3575 0.3614 0.3658 0,3680 0,3707 0,3729 0.3751 0,3773 0.3790 0,3601 0.3817 0,3887 0,3900 0,3933 0.3955 0.3988 0,60

0,65

P /lux

Il /lux

0,635

0.841

0,648

0,651

0,656

0,659

0,683

0.684

0.668

0.671

0.673

0,681

0.682

0,692

0.695

0,700

0,3714 0.3646 0.3888 0.3906 0,3936 0.3954 0.3978 0.3994 0.4008 0.4026 0,4036 0,4086 0,4092 0.4152 0.4170 0.4200 0,619

0,625

0.631

0,634

0,637

0,641

0,644

0.646

0.648

0.651

0.652

0,662

0.663

0.868

0.670

0,675

0,4024 0,4003 0,4102 0,4121 0,4141 0,4167 0.4186 0,4199 0.4212 0,4232 0.4236 0,4303 0,4310 0.4342 0.4355 0.4368

Chapitre 9 • Flexion déviée 491 Tableau 9.2 Valeurs des paramètres 1; et 11 (fixant la position de la droite ô) en fonction de :

ll b

I;d ô

(~.

;P

'"

/



AN.

Afed b p= - - etdek= bd·fbu d

:r:

Mux Muy

A gauche de la ligne en escalier, zone comprimée triangulaire. A droite de la ligne en escalier, zone comprimée trapézoïdale: 1;=1;1,11=1;2

b

P 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40 0,45 0,50 0.55 0,60 0.65

k

1,00

1,10

1,20

1,30

1,40

1,50

1,60

1,70

1,80

1,90

2,00

2,50

3,00

4,00

5,00

cc

1;

0,317 0,265 0,227 0,200 0,179 0,164 0,152 0,143 0,135 0,128 0,123 0,106 0,097 0,085 0,078 0,050

11

0,315 0,377 0,441 0,500 0,559 0,610 0,658 0,699 0,741 0,781 0,813 0,943 0,003 0,015 0,022 0,050

1;

0,447 0,400 0,362 0,332 0,308 0,289 0,273 0,260 0,248 0,235 0,231 0,204 0,187 0,166 0,153 0,100

11

0,447 0,500 0,552 0,602 0,649 0,692 0,733 0,769 0,806 0,851 0,866 0,980 0,013 0,034 0,047 0,100

1;

0,548 0,504 0,469 0,439 0,414 0,394 0,377 0,362 0,349 0,338 0,329 0,290 0,270 0,243 0,225 0,150

11

0,547 0,595 0,640 0,683 0,725 0,761 0,796 0,829 0,860 0,888 0,912 0,010 0,030 0,057 0,Q75 0,150

ç

0,632 0,593 0,572 0,530 0,506 0,485 0,468 0,450 0,440 0,428 0,417 0,379 0,352 0,317 0,294 0,200

11

0,633 0,675 0,699 0,755 0,791 0,825 0,855 0,859 0,909 0,935 0,959 0,021 0,048 0,083 0,106 0,200

ç

0,707 0,671 0,639 0,612 0,589 0,569 0,551 0,536 0,523 0,511 0,500 0,458 0,427 0,386 0,360 0,250

11

0,707 0,745 0,782 0,817 0,849 0,879 0,907 0,933 0,956 0,978 1,000 0,042 0,073 0,114 0,140 0,250

1;

0,775 0,741 0,712 0,686 0,665 0,645 0,689 0,614 0,600 0,583 0,536 0,531 0,492 0,452 0,423 0,300

Il

0,774 0,810 0,843 0,875 0,902 0,930 0,954 0,977 1,000 0,012 0,023 0,069 0,103 0,148 0,177 0,300

ç

0,836 0,806 0,779 0,755 0,734 0,716 0,700 0,686 0,672 0,659 0,647 0,598 0,562 0,514 0,483 0,350

11

0,837 0,868 0,899 0,921 0,954 0,978 1,000 0,015 0,028 0,041 0,053 0,102 0,132 0,186 0,217 0,350

ç

0,895 0,866 0,842 0,819 0,800 0,783 0,766 0,751 0,737 0,724 0,712 0,661 0,623 0,573 0,504 0,400

Il

0,894 0,924 0,950 0,977 1,000 0,018 0,034 0,049 0,063 0,076 0,089 0,139 0,177 0,227 0,260 0,400

ç

0,949 0,923 0,900 0,879 0,860 0,842 0,826 0,810 0,796 0,782 0,770 0,718 0,680 0,628 0,594 0,450

'1

0,948 0,975 1,000 0,021 0,040 0,058 0,074 0,090 0,104 0,117 0,130 0,182 0,220 0,272 0,306 0,450

..;

1,000 0,976 0,949 0,933 0,914 0.896 0.879 0,863 0.849 0.836 0.823 0.771 0,732 0,679 0,646 0,500

11

1,000 0.024 0,051 0.067 0,081 0.104 0,121 0.137 0.151 0.165 0,177 0.229 0,268 0.321 0.354 0,500

ç

1,041 1.022 0,995 0,979 0,960 0.942 0.926 0.910 0.896 0,882 0.871 0.818 0.780 0,728 0,694 0.550

11

0.054 0,Q78 0.105 0.121 0.140 0,158 0.174 0.190 0,204 0.217 0,230 0.282 0.320 0.372 0.406 0,550

ç

1.085 1.061 1.034 1,019 1.000 0,983 0.966 0.951 0.937 0.924 0.912 0.861 0.823 0.773 0.740 0.600

11

0,115 0.139 0,166 0.181 0,200 0.218 0.234 0.249 0.263 0.276 0,289 0.339 0.377 0,427 0,460 0,600

ç

1.116 1,092 1.066 1,051 1,033 1.016 1.000 0.935 0.972 0.959 0.947 0,898 0.862 0.814 0,783 0,650

11

0,134 0.208 0.234 0.249 0.217 0.284 0,300 0.315 0,328 0.341 0.353 0.402 0,438 0.486 0.517 0.650

9.411

Dimensionnement des armatures

Données: Largeur b et hauteur utile d de la section .Résistances de calcul: Composantes

~IX

Jbu = 0,80 Jc28 8

1,5

et

Jed = Je

1,15

et ~~V du moment agissant ultime.

492 Traité de béton armé Inconnue: Section A d'aciers tendus. 1. On commence par calculer: k =

bM

_---1!:!..

et !-lux =

d Muy

M

2 ux

bd ~u

2. Pour les valeurs ainsi trouvées, le tableau 9.1 donne, par interpolation linéaire, la valeur du pourcentage mécanique p. 3. La section d'aciers cherchée est: A =P b d

Ibll led

4. Le centre de gravité des barres prévues pour réaliser la section A doit se trouver sur la droite passant par le centre 0 de la section bd et faisant l'angle 0 avec la direction Oy (figure 9.13). Comme ces armatures ne peuvent pratiquement être disposées que sur l'horizontale de cote d (puisqu'à toute barre placée au-dessus devrait correspondre une barre symétrique par rapport à A donc insuffisamment enrobée) il faut avoir, compte tenu d'un enrobage latéral forfaitaire,

4b tano::;;--

5d'

l'égalité correspondant au cas d'une armature concentrée dans l'angle le plus tendu. Sur l'horizontale de cote d, on peut donc disposer, pour réaliser la section A, en mettant l de toute·manière au moins une barre dans l'angle le plus tendu . - soit n barres de même diamètre 0 ayant leur centre de gravité au point A du calcul (figure 9. 16a) ; - soit ni barres de diamètre 0 1 et n2 barres d'un diamètre O 2 peu inférieur (par exempIe: 025 et 0 20 ou 0 20 et 0 14) disposés en sorte que leur centre de gravité soit le point A du calcul (figure 9.l6b).

1. On pourrait aussi envisager de disposer les armatures « en cornière », en s'arrangeant pour que le point A de calcul soit le centre de gravité, mais ce serait trop compliqué !

Chapitre 9 • Flexion déviée 493



1

PointA

Figure 9.16

Dans l'un et l'autre cas, il est bon de rajouter dans les autres angles des armatures forfaitaires (0 ~ 12 mm), même si elles ne sont pas prises en compte dans les calculs. Remarque:

Soit: v' . la distance de l'axe neutre à la fibre la plus comprimée la distance de ce même axe à l'axe de la barre tendue qui en est la plus proche (figure 9.17) : Vrnin

II est facile de voir que: v' = 1,25 ~ d cos 8

et où

Vmin

[9.31 ]

=dCOS8[1-1,25~+ ;(1-2 S)]

ç désigne l'abscisse réduite de la barre considérée (voir figure 9.17) et où selon

b [9.7] : X =- tan 8 . d

Pour qu'aucune barre tendue ne subisse du fait de sa position une contrainte inférieure à!ed, il faut que, pour la barre d'abscisse ç b, on ait:

> fl!d s-E s

E

=

fed 2.10 5

=E

.

.fmm

494 Traité de béton armé

b --Çb 2

Figure 9.17 v'

3,5

ë

ou encore, comme - - = ~ = V rnin

ë srnin

1000 ë smin

(relation de compatibilité)

1,25 ~

;::: 700

1 -1,25 ~ + ; (1- 2 ç)

led

Le tableau 9.2 permet de voir si la condition ci-dessus est bien réalisée: - à gauche de la ligne en escalier (zone comprimée triangulaire): X =

à droite de cette ligne (zone comprimée trapézoïdale):

9.412

Vériflcationdessections

Données: Dimensions b et d Section A . Résistances de calcul: r

Jbu

c28 e f1,5

= 0,80

et

l' Jed

=

le

1,15

Composantes UIX et UIY du moment agissant ultime.

Inconnue: Moment résistant M,IX

ç=~I

1 11

et X =~-11

Chapitre 9 • Flexion déviée 495 p

1. On calcule :

=_A--=:...f.!:!:!ed,-- et k =! M lLT bd Ibu

d Muy

2. Pour ces valeurs, on lit dans le tableau 9.1 la valeur de ~ (interpolations linéaires).

3. On a alors: 4. On s'assure que:

9.42

Section rectangulaire avec aciers comprimés

La notion de «moment-limite ultime réduit» Jlll/ définie pour la flexion droite n'a, ici, aucun sens. On peut cependant se donner comme règle prudente de prévoir des aciers comprimés dès que:

Jl,a > 0,8 JlIII (Jllu déterminé comme en flexion droite, pour y = M /IX M serx

)

d'où En adoptant la méthode de la décomposition en sections fictives, on peut écrire:

MI/X

=Mux,lim + (M ux -

Mux,lim)

L'armature de compression A' doit être telle que:

A'~ M,IX - 0,8 Jllu bd2 1bll feAd-d') où d - d' représente la distance mesurée parallèlement à Oy entre les centres de gravité des armatures tendues et des armatures comprimées. Le centre de gravité A' des armatures comprimées doit se trouver sur la droite AO (figure 9.18). y

Pour avoir la section d'armatures A, il faut commencer par calculer:

k=!M,1X et =MlL~-A'leAd-d') d M !l,IX bd 2 r uy Jbl/ . Le tableau 9.1 donne alors p (interpolations linéaires) d'où: A =pbd

d-d'

Ibll + AI fed

Figure 9.18

496 Traité de béton armé

9.43

Sections rectangulaires en flexion déviée composée

9.431

Méthodes ramenant la flexion déviée à deux flexions droites

9.431-1

Superposition de deux flexions droites dans des directions perpendiculaires

a) Une première méthode, qui ne peut guère être recommandée, consiste à considérer séparément deux flexions, définies chacune par les couples (MI, M,LY)' (Nu, Muy) (figures 9.19 et 9.20 a). y

y

y

!f\

!f\

!f\

1

1

1

+ ---

At~t (Atot=Ax+Ay)

Figure 9.19 Les sections d'armatures nécessaires dans chaque cas sont ajoutées l'une à l'autre. Cette manière de faire revient à considérer la force extérieure comme agissant aux points Cl et C2 respectivement situés sur les axes Gox et GoY. Une telle méthode ne bénéficie d'aucun support théorique. Il faut réduire arbitrairement la contrainte du béton prise en compte dans le calcul (comme le demandaient les Règles BA 1960 aux Commentaires de l'article 3.421), sinon le béton est compté deux fois. L'erreur commise peut être nettement du mauvais côté de la sécurité. On peut envisager d'affecter une part seulement de la force extérieure à chacune des deux flexions droites (Nu:" N uy). Cette part étant déterminée de façon tout à fait arbitraire, le résultat du calcul n'est pas fiable. Pour toutes ces raisons, l'utilisation d'une telle méthode n'est pas recommandée. b) Une deuxième méthode, qui n'a pas plus de support théorique que la précédente, mais pour laquelle certains tests ont montré qu'elle pouvait être acceptée, consiste à considérer une droite quelconque il coupant les axes Gox et Goyen CI et C2 •

Chapitre 9 • Flexion déviée 497

La force extérieure Nu est décomposée en deux forces statiquement équivalentes NzLr: et N uy agissant respectivement en Cl et C2 (figure 9.20b)

y

..

------------_ 1Nu 1 1 1 1 1 1

Méthode a

Méthode b

Figure 9.20

Ces deux forces sont donc telles que:

La section, armée symétriquement, est calculée successivement en flexion droite: - sous l'effet de NI/x agissant seul, en prenant: . sous l' effiet de N ,' - pUIS u}' agIssant seu1, avec..

fbul

= NlLl:

fbu

Nu

l' _ N uy l' J bu2 - - - J bu

Nu

Les sections d'armatures correspondantes sont ensuite ajoutées. Si C2 devient infini on doit considérer successivement: - une flexion composée (Nu, ~a) en prenant en compte la totalité de la contrainte fiu ; - une flexion simple (Mu}' seul) pour laquelle l'équilibre doit être réalisé en ne prenant en compte que les armatures (bras de levier égal à la hauteur utile) .

. 9.431-2

Superposition d'une flexion droite« médiane» et d'une flexion droite « diagonale»

9.431-21 Principe du calcul

Le principe de la méthode qui suit est dû à Telemaco Van Langendonck (Brésil).

498 Traité de béton armé Les conventions sont les mêmes que précédemment, c'est-à-dire: 1°) que les axes Gox, et GoY sont choisis de sorte que l'axe Gox soit perpendiculaire au côté rencontré par l'axe du moment agissant MI/Go; 2°) que la dimension « b» est parallèle à l'axe Gox ainsi défini. Dans ces conditions, le centre de pression est situé sur l'axe passant par Go et faisant avec la direction GoY un angle 8 tel que (figure 9.21) : e

b

tan8=-:L~ey h

L'axe diagonal Goz fait avec la direction GoY un angle 'If tel que:

b À=-=tan'lf h Pour simplifier l'écriture, l'indice 1 est affecté à tout ce qui se rapporte à la direction GoY et l'indice 2 à tout ce qui se rapporte à la direction Goz. y

!1\

.1f

1

ex

1

,"

il' l

n

' Z 1

)101

-

-

-

~/,:~~~; -r --

-

n

'1

_________J,., /1

,

b

~i..~------------)Io~i

Figure 9.21

La force extérieure Nil appliquée en C peut ainsi être décomposée en deux forces Nul et Nu2 appliquées respectivement en CI (sur GoY) et Cz (sur GeZ). ces forces étant telles que le point C, affecté de la masse Nu, soit le barycentre des points CI et Cz affectés chacun des masses Nul et Nu2 •

Chapitre 9 • Flexion déviée 499 Comme CCI = ex et C IC 2 = ~ev = À e), , on trouve ainsi: h-

N =N CC 2 =N Àey-eX =N ul u CC u Àe 1 2

U

y

(1-

tanù) À

Et Le calcul est mené successivement: - pour la section rectangulaire fléchie selon le plan médian de trace GoY soumise aux sollicitations Nul; Mul,GO = Nul e; (= Nul ey) 1 en prenant comme contrainte du béton:

Ibul

= Ibu(l- ta~ù)

;

- pour la section rectangulaire fléchie selon son plan diagonal de trace Goz soumise aux sollicitations N1I2 M 1I2 ,GO = N u2 en prenant comme contrainte du béton:

e;

tanù

Ibu2

=lbU--:;':-'

Les sections d'armatures obtenues dans chacun de ces deux cas étant respectivement A}, Al' etA 2, A 2', on a, pour la section réelle:

9.431-22 Réduction à une section carrée Le problème ainsi posé n'est facilement soluble que si l'on opère sur une section carrée, auquel cas la flexion diagonale est une flexion droite. II suffit pour cela d'effectuer sur la section réelle une affinité dans la direction GoY, de rapport À = b / h.

La section carrée doit être considérée comme soumise à une force /..Nu' Les excentricités GoC I dans la direction GoY et GoC z dans la direction GoZ deviennent, respectivement,

Àe; et Àe;.J2 . Les sections d'armatures sont ÀA' et ÀA (figure 9.22) :

1. Les notations el* et e2* sont utilisées ici pour éviter toute confusion avec les excentricités du premier et du second ordre définies au § 8.22 a.

500 Traité de béton armé

Àe*1"2.

C1

• c2



Àd' ey =e*1

h=blÀ

Àe*1

-

x

.-

Àh=b

1

le b

b

·1

Sollicitations À2Mu> ÀN u

Sollicitations Mu> Nu

Figure 9.22

Dans ces conditions, le procédé de calcul exposé au § 9.431-21 conduit à superposer deux sections fictives (figure 9.23) .

•C

1(uu1)

f-

p'

1

"+"

b=1

l

"- ,

f..lu1

• • • •

le

b=1

"- ,

/ '

Go)' /

•• __. __• 1...-._._._.

.....1

P1

P1 "+" P

2

·1 Figure 9.231

10 ) Une section (j) carrée, de largeur b et de hauteur b, fléchie dans son plan médian sous l'effet de ÀNul excentrée de Ml*. L'aire de cette section est B = b2 ; sa hauteur dans le plan de flexion est b.

1.

Cette figure est symbolique. Le signe « + » n'a pas le sens d'une addition ou d'une superposition. Il doit être compris comme signifiant « combiné avec ». On ne peut en effet additionner les pourcentages mécaniques, qu'il s'agisse de PI et P2 ou de p' 1 et p' 2, car ils n'ont pas de dénominateur commun. En réalité, ce sont les sections d'armatures déduites de ces pourcentages qu'ils convient d'ajouter. Voir la figure 9.24.

Chapitre 9 • Flexion déviée 501 Les quantités adimensionnelles relatives à cette section
1)"1

f.tul,GO

_ ÀNul _ ÂNJÀ-tan8] _ Nu 2 - Blbul - b fbu [À - tan 8] - bh fb" À2 N ul

= Bb Pit

=1)u

ev_ _ Il el* _ 1) II."1 e 1• - 1) e*1 - 1) _" ul b- 1/1 - ; ; - 1/ h -rux,GO bul

l' 1

= À (AI

led B fbul 101 )

= (AI

fed À bhfbu À-tan8 101 )

2°) Une section @ carrée, de côté b, fléchie dans son plan diagonal sous l'effet de ÂNI/2 excentrée de "'e~ J2 L'aire de cette section est B = b2 ; sa hauteur dans le plan de flexion est " 1) bon .. Les quantités adimensionnelles relatives à cette section

@

sont:

Nu 1)u2 = B hu2 = b lb" tan8 = b h fbu ÂNu tan8

ÂNu2

2

_

f.tu2,GO -

",2

b..fi. (atten-

=1)u

N"2 ( e~ ..fi.) _ À Nue; _ 1) e; _ Il r;:; tan8 - b2b l' - U h - rux,GO

B bv2

2

l' - À lbu

lbu

d'où, en conclusion, la méthode:

Pour déterminer les armatures d'une section rectangulaire en flexion composée déviée, on peut utiliser les diagrammes d'interaction établis en flexion droite pour les sections rectangulaires et pour les sections en losange, en entrant à chaquefois avec les paramètres de la section réelle:

=

1) Il

N 1/

bhfbll

On trouve ainsi les pourcentages mécaniques totaux, PlI pour la section rectangulaire, PlI pour la section en losange. Les armatures de la section réelle s'obtiennent par superposition des sections correspondantes. Ainsi, dans le cas où les armatures sont disposées en deux nappes: A h A; d'une part, sur les faces « b» de la section,

502 Traité de béton armé A2' A; d'autre part, dans son plan diagonal, on aura, ayant choisi a priori les rapports: k

A' = _1 1 A 1

et k

A' = _2 2 A

:

2

(1

k) A1 + A1' -A 1 + 1 -

Pit

bhJ;JlI

fed

(1- tanô)

[9.32]

À

[9.33] Par exemple, si l'on décide de ne placer des armatures que dans les angles de la section, et de prendre k l = k2 = 1, on aura la disposition ci-contre (figure 9.24) :

P\1

2

A 2

_1 +A2

Figure 9.24

Remarque: Si l'on ne dispose pas des abaques d'interaction, on peut faire un calcul manuel des sections A\, Al' et A 2, A2'. Il faut prendre garde qu'alors les moments à considérer sont rapportés au centre de gravité des armatures tendues (figure 9.25).

+

Figure 9.25

Chapitre 9 • Flexion déviée 503 Les quantités à considérer sont, respectivement (avec À =k et tan Ô = ~ ) : h ev

Carré

Losange

N~l =ÀN"1 = NIl(À-tanô)

N;'2 =ÀN"2 = N" tan Ô

M:IlA = N~l (Àe;Al)

M~2A = N:'2 (Àe~Al..fi)

lblll = lbu (

tanô) 1---:;:-

. tanô lbu2 = JbU--:;:-

Les méthodes exposées aux § 8.3 et 8.9 permettent, dans leur domaine d'application, le calcul des sections d'armatures: - ÀA J, ÀA l '

pour la section carrée de coté b et de hauteur b ;

- ÀA2' ÀA 2' pour la section losange de coté b et de hauteur b..fi .

11 est facile d'en déduire les sections d'armatures de la section réelle. Nota:

En utilisant des hypothèses assez proches de celles des Règles BAEL, mais non totalement identiques à celles-ci (par exemple, en supposant que le comportement d'une section ne varie plus dès que YII ;::: 1,25 h puisqu'alors le diagramme rectangulaire occupe la totalité de la section 1), T. Van Langendonck a cherché les solutions . "" con dUlsant a' loptImisatlOn« math"ematIque»

[d(Ady+ AI)] = 0 des sections . d" aCIer

et a établi pour ces solutions un certain nombre de formules approchées. Quelques calculs comparatifs nous ayant montré que ces formules n'étaient pas très précises, ni très fiables, nous ne les reproduisons pas ici.

9.432

Méthodes de réduction à une flexion droite unique

Soit une section rectangulaire bh (ramenée à la section carrée équivalente) comportant sur chacune de ses faces la même section d'armatures placée de telle sorte que db b (figure 9.26) :

= d" h

1. Il s'agit de la méthode dite du « diagramme rectangulaire plafonné », proposée au CEB, dans les années 60, par le Professeur Eduardo Torroja (Madrid). Cette méthode n'avait rien à voir, comme le croient pourtant certains, avec la méthode du diagramme rectangulaire telle qu'on la pratique actuellement.

504 Traité de béton armé l'ly

ft

b=À.h

\IIl'l

L

l'l

l'lx

IC 1

l'lx

1 1 1 1 1 1 1

)10'

1

Figure 9.26

Pour une force extérieure Nu (ou

DII

,. pourcentage mecamque p = AlOI fed . bh fb/l

= )

Nu ) et une section d'aciers totale AloI (ou un bhfbll

fi' ' . d' eqm ' 'l'b ' p 1us lom ' lxees, les equatlOns 1 re d onnees

au § 9.51 permettent de tracer dans le système d'axes Orlx11yavec 11x

e

=2.. b

e

et 11 y =..L

h

la courbe C dont chacun des points correspond au même pourcentage p' qui délimite le domaine de sécurité (analogue aux courbes d'interaction en flexion droite). On voit immédiatement que le pourcentage total (et donc la section totale) d'acier à prévoir pour une section soumise à une force extérieure Nil présentant une double excentricité relative 11x, 11y (point E quelconque de la courbe C précédente) est le même que cetui à prévoir pour la même section soumise à une flexion composée droite, dans laquelle la force Nil présenterait dans un des deux plans principaux de la section une excentricité relative équivalente 11 (par exemple, point CI de la figure 9.26).

La courbe C précédente ne pouvant être représentée avec précision par une expression analytique, différents auteurs ont cherché à lui substituer des courbes d'expressions . analytiques simples et suffisamment approchées. a) Aas -Jakobsen (Norvège) remplace la courbe par un arc de cercle: 11 =~11; +11; Cependant, en faisant varier le pourcentage p à Du constant, on s'aperçoit (voir figure 9.27) que la forme de la courbe réelle peut s'éloigner notablement de l'arc de cercle (l'erreur commise peut atteindre 40 % dans le sens de l'insécurité).

Chapitre 9 • Flexion déviée 505 b) Parme (USA) et Moran (Espagne) se réfèrent respectivement à des arcs « d'hyperellipses» ou de paraboles, au moyen d'expressions:

11 = g{l1x, 11y' \If) qui exigent la connaissance, pour chaque courbe réelle, du rapport \If entre le moment équilibré en flexion déviée et le moment équilibré en flexion droite. TJy

1,3 Armatures égales dans chaque angle

._i '

1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2

,,

0,1

----:, C

i

1 0,0 1-~-~-""""'-~_L-~L-~--'--.:.L~-~~---'-'---":'~--7 TJx 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,2 1,1 1,2 1,3

Figure 9.27 Ainsi que le montre la figure 9.27 ce rapport dépend des paramètres suivants: - disposition et nombre des barres sur chaque face de la section; - pourcentage mécanique p ; - effort normal réduit VU' (ainsi que du type d'acier, de sa limite d'élasticité et de l'enrobage). Il est normalement nécessaire de disposer de tableaux ou d'abaques donnant les valeurs de \If à utiliser Oa solution se trouve peu simplifiée de ce fait).

506 Traité de béton armé c) P. Jimenez-Montoya (Espagne) remplace chaque courbe C,BC2 par deux cordes C,B et BC 2• L'excentricité équivalente est ainsi définie par une loi linéaire. Cette méthode a le mérite d'être très simple tout en se plaçant du côté de la sécurité. Nous la détaillons ci-après.

9.433

Méthode « Montoya ))

Cette méthode est applicable au cas où les armatures sont constituées par des barres toutes identiques et disposées en nombre égal sur chaque face. Les conventions précédentes ( 2 ex

;:: !!.... ; côté b parallèle à GoX) demeurent. b

y

~

b

"*J Figure 9.28

Pour le calcul, on suppose que la force extérieure Nil est appliquée dans le plan moyen

GoY, avec une excentricité fictive (figure 9.28) :

f3 est le coefficient angulaire de la droite BC2 de la figure 9.27. II est facile de voir (figu. re 9.29) qu'avec les notations utilisées précédemment, on a : f3=1-'If 'If ('If représente le rapport du moment équilibré en flexion déviée au moment équilibré en flexion droite).

Chapitre 9 • Flexion déviée 507 Parmi tous les paramètres dont dépend 111, on ne s'attache qu'à l'effort normal réduit Vu:

f3 est donc lui-même considéré comme ne dépendant que de Vu (figure 9.30).

11 tC 2

~

Pente

W"·~:{ , ,

'. ...

.. .. 11 - 111j1 111j1

1 - ljI

=~=ljI

avec 11 excentricité relative (eylh ou ex 1b)

Figure 9.29

1,0

0,8

0,6

0,4

.... ,., .... "" ... "..

··'''·c''''''''

,

,--

-_ ..

0,2

._

.

- -;-

.'

,

. -,

~

~

, 0 0

0,2

0,4

0,6

0,8

Figure 9.30

1,0

1,2

508 Traité de béton armé Le calcul est mené pour la section soumise à (Nu; M uGO = Nl~Y ') en utilisant les diagrammes d'interaction de la flexion droite. Une légère correction doit être faite pour les valeurs extrêmes du pourcentage mécanique p : - si l'on trouve p> 0,60, il est nécessaire d'effectuer un nouveau calcul, en augmentant de 0,1 la valeur de ~ ; - si au contraire, on trouve p < 0,20, on peut diminuer ~ de 0,1. Remarque:

Prendre

~=

l, c'est-à-dire prendre:

e~ =e.y + ex!?..h

place en sécurité puisque cela

revient à remplacer la courbe C I BC2 par sa corde C I C2 • Bien sûr, la précision est nettement moins grande que dans les méthodes précédentes, mais l'avantage est qu'on n'a pas besoin de calculer de paramètre auxiliaire. La méthode est alors assez rapide et peut suffire pour un prédimensionnement. On peut s'en servir pour résoudre certains problèmes de flambement biaxial (voir § 11.822).

9.5

ABAQUES « EN ROSETTE »

Les méthodes exposées précédemment ont l'inconvénient de ne fournir une solution que pour un cas de charge unique, c'est-à-dire pour un seul couple de valeurs (Nu; M uGo ). Dès que les sollicitations (N" et! ou MuG) appliquées à un même élément sont susceptibles de varier ou de changer de signe selon le cas de charge considéré, il est préférable d'avoir recours à des abaques. On peut, par exemple, utiliser des abaques « en rosette» (ainsi appelés du fait de leur aspect, voir figures 9.36 et 9.37) qui sont les équivalents, en flexion déviée, des diagrammes d'interaction établis pour la flexion droite. Ces abaques s'obtiennent en coupant par un plan Ni = Cte les « surfaces d'interaction» de la section considérée.

9.51

Surfaces d'interaction

Soit une section de forme quelconque, comportant au voisinage de sa périphérie des armatures A h A2' ... Aj, ... Ali distribuées de façon quelconque (figure 9.31).

Chapitre 9 • Flexion déviée 509 y

Figure 9.31

Rapportons-la à deux axes de coordonnées. Ces axes peuvent être quelconques, mais en pratique il est commode de se référer aux axes principaux d'inertie Gox, GoY de la section de béton seul. Dans ce système : - une fibre de béton comprimé quelconque, d'aire dB' = dx dy est repérée par les coordonnées x et y de son centre de gravité; - une armature quelconque, d'aire Aj est repérée par les coordonnées Xj et Yj de son centre de gravité. Donnons-nous la direction de l'axe neutre (par exemple en fixant l'angle 8 que fait cet axe avec la direction Gox) ainsi que sa distance Yu à la fibre la plus comprimée (ou la moins tendue)!. Cela revient à fixer les coordonnées des deux points d'intersection Pet Q de l'axe neutre et du contour de la section.

l.

L'indice u est mis ici pour rappeler qu'il ne s'agit pas d'une ordonnée lue sur l'axe GoY!

510 Traité de béton armé Associons à la valeur de Yu choisie le diagramme des déformations passant par le pivot correspondant. Pour la valeur de Yu choisie et le diagramme de déformations qui lui est associé, les déformations Ecl; et ESj de deux fibres quelconques, respectivement de béton comprimé (dx dy) et d'acier (Aj) (tendu ou comprimé) sont parfaitement déterminées. Il en est de même de leurs contraintes respectives, crç pour le béton, crsj pour l'acier (crsj positif audessus de l'axe neutre et négatif au-dessous). Compte tenu de cette convention de signe, on peut écrire les expressions d'une part, de la résultante N j des forces internes, d'autre part, des moments résultants ~x,GO, ~y,GO de ces forces par rapport aux deux axes Gox et GoY sous les formes générales suivantes où B' désigne l'aire du béton comprimé: Il

Nj(yu,e)=

fJcrcçdxdy + LAsP'sj B'

j=l Il

Mjx,Go(Yu,e) = Njey = fJO'cçy dxdy + LAsPsjYj B'

j=l Il

Mjy,Go(yu,e)= Nje X

= fJO'cçx dxdy + LA.yO'sjx j B'

j=l

En éliminant les deux variables Yu et e entre ces trois équations, on obtient dans un trièdre orthonormé (N, M.~, My) l'équation d'une surface, dite « surface d'interaction» (figure 9}2):

Cette surface délimite le domaine de sécurité de la section étudiée munie de ses armatures de section totale IAj (figure 9.32). Si l'on fait varier proportionnellement cette quantité totale d'armatures sans changer la l position de celles-ci, on définit pour une même section plusieurs surfaces d'interaction . En coupant ces surfaces par des plans N j = Cte on obtient en projection sur le plan (Mn My) des familles de courbes, chacune de ces courbes étant relative à une quantité totale donnée d'armatures.

1. Une image familière de la représentation de ces surfaces en couches successives est celle d'un oignon.

Chapitre 9 • Flexion déviée 511

S (Pourcentage mécanique p)

)....--~_2'/

Surfaces d'interaction

Figure 9.32

9.52

Application aux sections rectangulaires

9.521

Équations générales

Considérons une section rectangulaire comportant des armatures disposées de façon quelconque (dans les angles, sur deux faces opposées ou sur les quatre faces, la quantité d'acier pouvant n'être pas la même dans chaque angle ou sur chaque face). Cette section étant supposée soumise à la flexion déviée composée, donnons-nous la direction de l'axe neutre en fixant l'angle e que fait cet axe avec le plan moyen de trace Gox, ainsi que sa distance Yu à l'angle le plus comprimé (ou le moins tendu). Pour simplifier les calculs, nous commençons par rapporter cette section à deux axes p.erpendiculaires Gox, Goyen choisissant Gox parallèle à l'axe neutre (figure 9.33). De cette manière, la contrainte du biéton ad;; est constante sur les fibres situées à la distance y" - ç de l'angle le plus comprimé (ou le moins tendu).

512 Traité de béton armé

Figure 9.33

Pour la bande élémentaire de béton comprimé Xç dÇ située à la distance ç de l'axe GoX, la force de compression élémentaire est X ç dÇ crd; . Une armature Aj est repérée par ses coordonnées)Ç, Jj (Figure 9.34). Dans ces conditions, en conservant les autres notations utilisées dans le cas général, la résultante Ni des forces internes et les moments résultants A{x, A{y de ces forces par rapport aux axes GoX et GoY peuvent être exprimés sous la forme d'intégrales de contour, de la manière suivante: y Ni

= fcrcçXçdÇ + LApsj =gl (S,y,,)

[9.35]

Xj _____________ .

B'

MXi

= fcrcÇxçç dÇ + LApSjJ} =g2(S,yJ

[9.36]

B'

M Yi

Yj

-fcrcç--dÇ (XçY + L APSjXj -- g3 (S,Yu ) -

B'

A-l

[9.37]

2

x

Go

Figure 9.34

L'intégration le long du contour de l'aire B' du béton comprimé, représentée par le signe

f

peut être faite par des méthodes numériques.

De A{x et A{y on déduit les composantes M;.r,GO et A{y,GO correspondant aux deux axes principaux d'inertie Gox et GoY de la section (figure 9.35)

Chapitre 9 • Flexion déviée 513

y

En signe: M·lX, G

= M·x

cosS+ M.1 y sinS

[9.38]

M.Iy, G

= M.vu\ sinS+ M. y cosS

[9.39]

0

0

1

1

Figure 9.35

La distribution des armatures et la section Aj de chacune d'elles étant connues, pour toute valeur de Ni et de S fixées à l'avance, l'équation [9.35] donne Yu et les équations [9.36] à [9.39] donnent un point du diagramme d'interaction de coordonnées À1ïx,GO, À1ïy ,GO situé dans le plan de cote Ni. La courbe d'interaction correspondant au pourcentage total d'armatures de la section et située dans ce plan s'obtient en faisant varier SI. En changeant ce pourcentage et en recommençant, on obtient une autre courbe du même plan. Enfin, en changeant la valeur de Ni de départ et en recommençant, on obtient, pour chaque pourcentage d'armatures, l'ensemble des lignes de niveau de la surface d'interaction correspondante. En pratique, on se réfère à des quantités «réduites », adimensionnelles (attention aux dénominteurs !). _ M ixGO flxG - b h 2 r.

u=

J bll

et on trace pour u = (0 !lxG 0 !lyG).

N1 b h ftJII

ete les courbes d'interaction, fonction de p, dans le système d'axes

Selon les propriétés de symétrie de la section « réduite}) (carré de côté 1) munie de ses armatures (un axe de symétrie, deux axes, quatre axes) on peut se borner à ne représenter que la moitié, le quart ou le huitième du plan (!l.tG .. !lyG) et donner ainsi sur le même graphique les courbes p correspondant à deux, quatre ou huit valeurs différentes de u.

1.

Lorsqu'on change aussi.

e, les distances À} et 1) prises en compte dans les formules [9.35] à [9.37] changent

514 Traité de béton armé On obtient de cette manière les abaques en rosette dont les figures 9.36 et 9.37 constituent deux exemples.

Utilisation des abaques en rosette

9.522 Données:

Largeur b et hauteur h de la section, t J bu

= 0 85 ,

Ic28 1

( OU t

15 , e

Jcd

= Ibu

085 ,

)

Force extérieure Nu Coordonnées du centre de pression: ex dans le sens b, ey dans le sens h par rapport aux axes de symétrie Gox (parallèle à b), GoY (parallèle à h). Distribution des armatures. La section totale des armatures connue (vérification).

AlOI

= rA peut être inconnue (dimensionnement) ou

Dans les deux cas, la marche à suivre est rigoureusement la même: 1. On calcule:

=

'U Il

Nue y

N Il

bhfbll

!-lux,Go

= b h2 t

J bu

2. On cherche la valeur du pourcentage mécanique total p strictement requis. Pour cela: - si la valeur trouvée pour 'Uu est une des valeurs rondes de l'abaque correspondant à la distribution d'armatures choisie, on lit directement la valeur de p sur la courbe passant par le point de coordonnées (!-lux,Go, !-llly,Go) ; - si la valeur de 'UII n'est pas une des valeurs rondes de l'abaque, pour avoir la valeur de p strictement requise, il faut interpoler linéairement entre les pourcentages obtenus avec les deux valeurs rondes de 'U qui encadrent celle de 'UII • La précision n'est généralement pas excellente. 3. Pour finir il faut prendre (dimensionnement) ou s'assurer que (vérification): A > b1ifbu IOI-P

l.

led



On utilise pour le tracé des abaques en rosette le diagramme parabole-rectangle. Ce n'est qu'en cas

d'utilisation du diagranune rectangulaire qu'il faudrait substituer 0,80 à 0,85 pour calculer /b".

Chapitre 9 • Flexion déviée 515 .

Of =~

Attention, pour cet abaque: fcd

0,85

0.50

0.40

0.30

0,20

0.10

~1

0

~1

0,10

0,20

0.30

0,40

0,50

0,50

0,50

0.40

0.40

0,30

0,30

0,20

0,20

0.10

0,10

o

0

~~~~~~~~~~~-+-+-+-t~--LT~~~~~~~~~~~~

~

~

0,10

0,10

0,20

0,30

0,30

0.40

0,40

0,50

0.50

Figure 9.36. Exemple d'abaque en rosette pour une section rectangulaire à armature symétrique en flexion composée déviée (fe = 400 MPa. dl! h = b1! b = 0.10) (extrait du Manuel CfB-FIP Flexion-Compression).

- si - si

IlxG IlxG

> llyG : III

< llyG

=IlxG'

112

=llyG

Ptot

= As,tot bh

III = llyG' 112 = IlxG As.tot

=Ptot

fed

r

Jcd

bh fcd

r

Jed

516 Traité de béton armé

?l

Attention, pour cet abaque: fcd = 9fbu 0,85

"'~16.~ As.tot/2

0,20

0,15

0.10

0,05

f..l1

0

f..ll

0,05

0,10

0,15

0.20

0,20

0.20

0.15

0.15

0.05

0.05

o ~~~~~-r~~-r~r1-+H-~~~--~--~~r-~~----~----~ o f..ll

f..ll

0.05

0.05

0.10

0.10

0.15

0.20

0.20

0.20

0.15

0.10

0,05

0.05

0.10

0.15

0.20

Figure 9.37. Exemple d'abaque en rosette pour une section rectangulaire à armature dissymétrique en flexion composée (fe =400 MPa, dl / h =bl / b =0,10) (extrait du Manuel CEB-FlP Flexion-Compression) Formules de calcul: voir au dessous de la figure 9.36.

Chapitre 9 • Flexion déviée 517

9.6

MÉTHODES DE CALCUL PAR ITÉRATION

Dans le cas particulier de sections pour lesquelles il n'existe ni abaques, ni tableaux, ni formules simplifiées il faut, si l'on ne dispose pas d'un programme de calcul approprié, faire le calcul à la main, en résolvant les équations d'équilibre par itération. Une telle méthode n'est commodément applicable qu'aux sections partiellement comprimées et dans lesquelles la position des armatures tendues est connue. Bien entendu, on utilise pour la distribution des contraintes de compression du béton le diagramme rectangulaire. Lajustification de telles sections à l'état-limite ultime consiste à montrer qu'il existe un état de contraintes dans lequel: a) les sollicitations agissantes sont au plus égales aux sollicitations résistantes. b) la droite joignant le centre de gravité des aciers (supposés atteindre tous la contrainte !ed) et celui de la zone comprimée du béton est perpendiculaire au vecteur moment agissant, ce qui signifie que cette droite passe par le centre de pression (figure 9.38) :

Figure 9.38

Si les armatures peuvent être considérées comme concentrées en leur centre de gravité A de coordonnées Xs et Ys, le calcul peut être simplifié en rapportant les moments agissants au point A :

518 Traité de béton armé avec:

(avec les signes appropriés; dans le cas de la figure 9.38, X s = 0).

-

La direction de MuA doit être perpendiculaire à la ligne AGe joignant le centre de gravité des aciers et celui de la zone comprimée c'est-à-dire, joignant les points d'application des résultantes des forces de traction et de compression (voir figure 9.38). En l'absence d'aciers comprimés, la section d'aciers tendus nécessaire est: avec

(x s, xc, Ys etyc étant pris avec leurs signes sur les axes orientés Gox et GoY). On calcule alors l'excentricité « interne» ei de la manière suivante: - la résultante des forces internes (résistantes) est:

Ni

= Nu = Fbc - F;, = B' fbu -

Afed

où B' représente l'aire de la zone comprimée (de hauteur 0,8 YIJ - le moment de ces forces par rapport à A est :

L'excentricité cherchée est:

II faut que cette excentricité soit au moins égale à l'excentricité « externe », c'est-àdire:

S'il en est ainsi, l'itération est terminée. Sinon il faut modifier la position de l'axe neutre de manière à augmenter B' tout en diminuant peu Zb et recommencer.

Chapitre 9 • Flexion déviée 519

Remarque: La méthode est évidemment applicable aux sections rectangulaires (figure 9.39) : y

Figure 9.39

L'axe neùtre peut être défini à partir des points d'intersection P et Q avec le contour de la section de la droite !1limitant l'aire de la zone comprimée (donc passant à la distance O,8yu de l'angle le plus comprimé) c'est-à-dire: - si la zone comprimée est trapézoïdale, par les distances ç,)h et ~h de ces points d'intersection à l'angle le plus comprimé d'une part et à l'angle le moins comprimé d'autre part ; - soit, si la zone comprimée est triangulaire, par les distances 'f;fl et l'lb de ces points d'intersection à l'angle le plus comprimé. Pour chacun de ces deux cas, pour avoir l'aire B' de la zone comprimée et les coordonnées Xe, Ye de son centre de gravité Ge, il suffit de se reporter aux expressions [9.8] et [9.17a] ou [9.23] et [9.28 a et b] données au § 9.41 (1 ° ou 2°) en substituant dans cellesci h à d.

520 Traité de béton armé

9 .. 7

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 9

- Rüdinger (1), Calcul des sections en béton armé soumises à laflexion déviée, simple ou composée, Annales de l'ITBTP, octobre 1943. - Chambaud (R.) et Lebelle (P.), Formulaire du béton armé, Tome l (pp. 239 et suivantes), Eyrolles (1967).

- Manuel de calcul CEB-FIP « Flexion-Compression », Bulletin d'information CEB n° 141, Construction Press, 1982. - Documentation complémentaire au Manuel de Calcul CEB-FIP «FlexionCompression ». Bulletin d'information du CEB nO 83, avril 1972. - Van Langendonck (T), Flexâo composta obliqua no concreto armado. Association brésilienne du Ciment Portland; Sâo-Paulo (Brésil) 1977. - Montoya (P. Jimenez), Contribution al estudio de la flexion esvÎada. Calculo en rotura. Estructuras, 2° Série, Tomo IV num. 4. - Moran Cabré (F), Meseguer (A.G) et Calzôn (lM), Estudio téOl'ico experimental de la flexocompresiôn esviada en secciones de hormig6n armado. Monographie de l'Institut Eduardo Torroja nO 265-666, septembre 1967 (contient des résultats d'essais de poteaux en flexion déviée).

CHAPITRE 10 COMPRESSION « CENTRÉE »

Le présent chapitre ne concerne que les poteaux le plus fréquemment rencontrés dans le domaine du «bâtiment» et dont les conditions de mise en œuvre - et, en particulier, la qualité des coffrages - sont convenablement contrôlées (voir § 10.53). Il se réfère exclusivement aux Règles BAEL.

10.1

DÉFINITIONS

1°) Une poutre rectiligne est sollicitée en compression centrée lorsque l'ensemble des forces extérieures agissant à gauche d'une section droite L est réductible au centre de gravité G de L à une force unique N (effort normal) perpendiculaire au plan de L et dirigée vers la droite (figure 10.1). Dans une poutre rectiligne en béton armé (poteau, colonne, pieu) sollicitée en compression centrée, le centre de gravité des armatures est confondu avec celui du béton seul.

foJ 1

A

1 1 1

B

Figure 10.1 La compression centrée se rencontre rarement en pratique; un poteau réel est toujours soumis à la flexion composée (effort normal N et moment M = Ne.., figure 10.2), éventuellement déviée, par suite de la dissymétrie du chargement, des imperfections d'exécution (telles que non-rectitude de l'axe, défaut de verticalité, ... ), de la solidarité du poteau avec les poutres qu'il supporte, etc.

522 Traité de béton armé x

x

IN

IN



r--~ 1 1 1 1 1 1 1

ex=cte 1 1 1

X

X

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1

Y

Y

....-

....

1



lN

N

Figure 10.2 2°) Ne voulant pas imposer dans tous les cas un calcul en flexion composée, les Règles BAEL (art. B-8.2,10) admettent que soit conventionnellement considéré comme soumis à une compression « centrée» tout poteau qui, en plus de l'effort normal de compression N, n'est sollicité que par des moments dont l'existence n'est pas prise en compte dans la justification de la stabilité et de la résistance des éléments qui lui sont liés et qui ne conduisent par ailleurs qu'à de petites excentricités (de l'ordre de grandeur de la moitié de la dimension du noyau central, soit e:S min {a112 ; b112} pour un poteau rectangulaire). La méthode de calcul approchée développée au paragraphe 10.5 est applicable à de tels poteaux.

10.2 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL DES POTEAUX SOUMIS À LA COMPRESSION « CENTRÉE » 10.21 Essais à caractère qualitatif et démonstratif De 1953 à 1970, à l'initiative des organisations professionnelles, on a procédé à des séances d'essais (<< Enseignement expérimental du béton armé ») devant les élèves de certaines Ecoles d'Ingénieurs. Au cours de ces séances, on soumettait notamment à des

Chapitre 10 • Compression centrée 523 efforts de compression centrée trois séries de poteaux à section carrée de 20 x 20 cm2 , de 2,50 m de hauteur, comportant des embases frettées à leurs deux extrémités, destinées à éviter des ruptures accidentelles au contact des plateaux de la machine d'essais. Les essais de recherche exigeant un temps relativement long (voir § 10.22), on se contentait dans ces essais de démonstration de déterminer uniquement les charges de rupture des éprouvettes. Les poteaux de la première série ne comportaient aucune armature, ceux de la seconde série comportaient uniquement des armatures longitudinales, ceux de la troisième des armatures longitudinales et des armatures transversales sous forme de cadres entourant les armatures longitudinales (figure 10.3).

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.1.

~

~ Figure 10.3

Flambement des barres longitudinales entre deux cadres

524 Traité de béton armé La rupture des poteaux non armés de la première série se produisait d'une façon soudaine et extrêmement brutale, suivant un plan incliné d'environ 30° sur la verticale (voir § 2.221-2) et sous une charge correspondant à une contrainte normalement inférieure à la résistance à la compression !cr mesurée le jour de l'essai sur des éprouvettes cylindriques ayant une hauteur double du diamètre, prélevées au moment du coulage du poteau l . Pour les poteaux de la deuxième série, la rupture se produisait également brutalement et contrairement à ce que l'on pourrait croire a priori, pour un même béton, la charge de rupture n'était pas toujours nettement plus élevée que celle obtenue pour le poteau non armé et était même, parfois, plus faible. En effet, les barres longitudinales qui sont comprimées ne sont pas parfaitement rectilignes. Elles sont donc exposées au flambement et elles flambent effectivement quand la contrainte du béton est voisine de la contrainte de rupture (le béton présente alors une résistance trop faible aux tractions latérales pour pouvoir s'opposer efficacement au flambement des armatures). Pour les poteaux de la troisième série, la rupture était beaucoup plus progressive, et se produisait sous une charge nettement plus élevée que celles obtenues pour les poteaux des deux premières séries. On observait généralement un plan de rupture incliné à 30° sur la verticale, avec flambement des armatures longitudinales, mais localisé ici entre deux armatures transversales consécutives. Tous ces essais montraient la nécessité de disposer normalement dans les poteaux en béton armé des armatures longitudinales et transversales si l'on voulait éviter des ruptures fragiles et donc brutales. L'élancement des poteaux en cause ne faisait pas apparaître des phénomènes de flambement.

10.22 Essais de recherche Dans le cas général, le problème du comportement des éléments comprimés, notamment des poteaux de structures, est très complexe. Dans les essais de recherche, on opère généralement sur des poteaux à axe rectiligne, articulés à leurs deux extrémités. Même lorsqu'il s'agit de poteaux courts, d'élancement géométrique (voir § 10.310) au plus égal à 10 ou 12 environ, la réalisation d'épreuves de compression théoriquement centrée est délicate. Les tranches extrêmes de l'élément essayé ne sont jamais rigoureusement planes ni parallèles. Son axe n'est jamais parfaitement rectiligne. Le «centrage» des forces appliquées est toujours imparfait; même si cette condition est remplie aux sections d'application de la charge, les imperfections de l'exécution déterminent, dans les éléments, des excentricités impossibles à chiffrer, que les effets des déforma"tions du second ordre (voir chapitre 11) accentuent. En outre, quand il s'agit d'un élément en béton, rien ne permet d'affirmer que les caractères mécaniques de celui-ci sont les mêmes en tous points de l'éprouvette de sorte que, même si les conditions géométri-

1. La résistance réelle .kr. le jour de l'essai, ne doit pas être confondue avec la résistance caractéristique spécifiée.k28 prise en compte dans les calculs !

Chapitre 10 • Compression centrée 525 ques théoriques se trouvent parfaitement réalisées, la courbe des pressions réelle peut fort bien ne pas être une droite et des excentricités dues à l 'hétérogénéité mécanique sont susceptibles de se produire. La reproduction en laboratoire du cas théorique de la « compression centrée» impose de corriger progressivement le positionnement du poteau dans la presse d'essais, jusqu'à ce que les déformations unitaires (t:J / 1), mesurées aux moyens d'extensomètres placés sur chaque face du poteau, soient toutes égales sous une fraction donnée de la charge de service. Lorsque cette condition est réalisée, le poteau ne subit aucune déformation transversale: son axe reste rectiligne jusqu'à la rupture. Que le poteau soit ou non muni d'armatures, celle-ci se produit le long d'un plan incliné à 30° environ sur l'axe (voir § 2.221-2) comme indiqué ci-avant au § 10.21 ; le flambement des armatures, s'il yen a, s'observe à leur traversée de ce plan (figure 10.3). Si les précautions pour obtenir un centrage parfait ne sont pas prises, ou si l'élancement géométrique augmente notablement, ou encore si d'emblée la charge appliquée présente une certaine excentricité, le poteau prend au cours de l'essai une « flèche latérale» et la rupture survient par flambement (voir chapitre Il).

10.23 Conclusions à tirer des essais de poteaux 10) La brutalité des phénomènes de rupture des poteaux non munis d'armatures longitudinales ou transversales conduit à prévoir dans les éléments comprimés: a) des al}llatures longitudinales pour pallier la fragilité du béton non armé et pour résister aux efforts inévitables de flexion; b) des armatures transversales relativement rapprochées pour empêcher ou retarder le flambement des armatures longitudinales. Les formes et les ancrages d'extrémité des armatures transversales doivent être tels que celles-ci puissent effectivement se mettre en traction. Si ces conditions ne sont pas réalisées, on doit tenir pour nulle l'efficacité des armatures longitudinales qui peuvent même devenir nuisibles. II convient donc d'examiner avec le plus grand soin la disposition des armatures transversales des poteaux surtout lorsque des feuillures ou encoches sont pratiquées dans ces derniers. 2°) Au cours des essais, les ruptures se produisent presque toujours au voisinage des tranches extrêmes des poteaux si ceux-ci ne sont pas munis d'embases armées. Il faut donc veiller à la bonne exécution des extrémités des poteaux (position correcte et lon'gueur suffisante des barres en attente aux extrémités inférieures; nettoyage des tranches supérieures avant bétonnage des poutres).

526 Traité de béton armé

10.3 ÉLANCEMENT D'UN POTEAU La compression a pour effet d'accentuer les excentricités. Lorsque la longueur de l'élément comprimé est grande par rapport à ses autres dimensions, l'accroissement devient tel qu'il ya risque de flambement.

10.31 Définitions 10.311

Élancement mécanique

La susceptibilité au flambement d'un poteau est définie par référence à l'élancement mécanique (rapport sans dimensions) 1 À=L i

[10.1]

avec: i

rayon de giration de la section droite du béton seul [10.2]

If

B

aire brute totale de la section droite (supposée non armée)

1

moment d'inertie de la section B par rapport à un axe passant par son centre de gravité et perpendiculaire au plan de « flambement»

longueur de flambement, fonction de la longueur libre 10 et de la nature des liaisons d'extrémité: a) Poteaux isolés (BAEL, art. B-8.3,2).

-r-----l-------r:I'"+-------1--------

------

./.

//

------

-

Figure 10.4

...

--------

/,".,t

-------

1" ------...

-------

Chapitre 10 • Compression centrée 527 b) Poteaux de bâtiments à étages multiples (BAEL, art. B-8.3,3) Soient KI la raideur du poteau considéré l , K 2 et K3 les raideurs des poutres de plancher qui le traversent; - étages courants : si K 2 :2: KI etK3 :2: KI : If

= 0,7/0

t

- étages en sous-sol : si K 2 > KI et si le poteau est encastré dans sa fondation: If =0,7/0 - dans tous les autres cas : If

= '0

Pour une évaluation plus précise de Ij, voir § 11.723-1.

Figure 10.5

Remarque importante:

Le flambement s'effectue dans le plan pour lequel l'elancement est le plus grand (donc If maximal et/ou 1 minimal), qui n'est pas toujours, comme on le croit souvent, celui dans le sens duquel le moment d'inertie de la section est le plus faible. Ce plan peut d'ailleurs avoir une direction qui ne soit pas confondue avec lm des axes principaux de la section. Dans ce cas le flambement est dit « biaxial » ou parfois « diagonal ». Exemple: Poteau rectangulaire de section ab, avec b = l,Sa. Dans le sens a, le poteau est supposé encastré en pied et en tête. Dans le sens b, la section de tête ne peut pas tourner mais peut se déplacer latéralement (voir figure 10.4).

1.

II est rappelé que la raideur est le rapport III du moment d'inertie à la portée ou à la longueur de l'élément considéré. Dans le cas où un poteau rectangulaire est lié à chacune de ses extrémités à deux poutres qui se croisent, il faut évaluer deux valeurs de la raideur (correspondant aux deux valeurs de l) pour chacune des deux directions des poutres. Il peut en résulter des valeurs de If différentes pour chaque direction. Dans le cas d'un plancher-dalle, il faut prendre If= 10'

528 Traité de béton armé Sens a: 4

3

, B = ab =15a

- ba _ 1,5a 1 ----12 12 À

2

= 1fa = 3,46 ~ = 1 73 10 2

a.

la

a

'

a

lE

Sens b:

1jb

= 10

3

1 = ab = 3,375a 12 12

4

B =ab= 1,5a 2

3,375a 4 a 12 (1,5a 2 ) = 2,31 Le plan de flambement est donc, dans ce cas, celui qui contient la plus grande dimension (et qui correspond donc au plus grand moment d'inertie de la section droite).

10.312 Élancement géométrique Pour un poteau rectangulaire de petit côté a ou pour un poteau circulaire de diamètre a, on appelle « élancement géométrique» le rapport ft/ a. L'élancement géométrique ne doit pas être confondu avec l'élancement mécanique (voir § 10.32). Compte tenu de la remarque précédente on constate que l'élancement géométrique n'est un paramètre représentatif que pour les poteaux dans lesquels les conditions de liaison aux extrémités sont les mêmes dans toutes les directions.

10032 Cas particuliers - Poteau rectangulaire de petit côté a (lorsque, comme c'est souvent le cas, le plan de flambement est celui dans lequel le moment d'inertie est minimal) : À=

/f.fï2

a

=

3,46 /f

a

3,5/f :::::-

a

[10.3]

(on voit donc qu'à un élancement mécanique de 35 correspond un élancement géométrique de 10 environ). - Poteau circulaire de diamètre a : 4/ À = f-

a

[10.4]

Chapitre 10 • Compression centrée 529

10..4

ARMATURES DES POTEAUX

Bien que le béton ait une bonne résistance à la compression, les essais (voir § 10.21) montrent qu'un poteau ne peut être constitué uniquement en béton; il doit toujours être muni: - d'une part, d'armatures longitudinales susceptibles d'assurer la résistance aux moments de flexion négligés; - d'autre part, d'armatures transversales maintenant les armatures longitudinales et les empêchant de flamber.

10.41 Armatures longitudinales :>

Référence: BAEL, art. A-8.1,2

a) Types et nuances: On peut utiliser indifféremment des barres HA Fe E500 ou des treillis soudés. Choisir de préférence, mais ce n'est pas une obligation, 0[;::: 12 mm (au-dessous de ce diamètre, les barres n'ont pas une rigidité propre suffisante pour conserver une certaine rectitude).

b) Disposition Les barres doivent être disposées au voisinage des parois en respectant les règles d'enrobage (voir § 4.12) et réparties le long du contour, de manière à assurer au mieux la résistance à la flexion du poteau dans les directions les plus défavorables. Il faut prévoir : - pour les sections polygonales, au moins une barre dans chaque angle; - pour les sections circulaires, au moins six armatures réparties sur le contour. Dans le cas de poteaux rectangulaires, avec b > a, et plus particulièrement si À> 35, il ya intérêt à grouper les armatures le long des côtés perpendiculaires au plan de flambement (grands côtés si le plan de flambement est celui qui correspond à l'inertie minimale).

530 Traité de béton armé

. . . . .. [El .W .• \.• . •.· ·.i . . • ... ... ... ...... : ..... ::. ..: . . .. . .

0{max

0 tmin

",

~.

"

Épingle ou étrier

Sections sensiblement carrées

SMin[a+10cm;40cm]

Section rectangulaire allongée

(Nombre de barres longitudinales ;a6) Section circulaire

Figure 10.6

c) Section minimale Une section minimale d'annatures est toujours nécessaire (voir § 10.541).

10.42 Armatures transversales :>

Références: BAEL, art. A-8.1.3

a) Types et nllances Ces armatures sont constituées par des barres HA Fe E500 de petit diamètre: 0( ~ 12 mm (ou par les fils transversaux du treillis soudé, lorsque celui-ci est utilisé pour constituer l'armature longitudinale).

b) Disposition Les armatures transversales sont disposées en nappes successives (on dit aussi « cours successifs ») normales à l'axe du poteau et régulièrement espacées. Dans chaque nappe, les armatures transversales forment obligatoirement une ceinture continue, parallèle au contour de la pièce, sans angles rentrants, entourant toutes les barres situées dans les angles, quel qu'en soit le diamètre, de façon à empêcher tout déplacement de celles-ci vers la ou les parois les plus voisines. En dehors des angles, seul le maintien des barres de diamètre 0 ;::: 20 mm placées au voisinage des faces est requis par les Règles BAEL, au moyen d'annatures transversales s'opposant à toute tendance à une «poussée au vide» de ces barres, mais alors, les barres qui ne sont pas entourées ne peuvent être prises en compte dans les calculs l . II faut prévoir des ancrages aux extrémités selon les tracés indiqués au § 4.43, donc avec retours dirigés vers la masse du béton, et proscrire absolument les retours d'équerre ou les recouvrements rectilignes parallèles aux parois.

1. Cette disposition a pour objet de laisser la latitude d'utiliser certains types d'armatures préfabriquées où le maintien de toutes les barres longitudinales se révèle impossible.

Chapitre 10· Compression centrée 531 Pour un poteau carré ou rectangulaire, chaque nappe d'armatures transversales comprend donc (voir figure 10.6) : - un cadre fermé entourant l'ensemble des barres longitudinales, - des étriers, cadres ou épingles maintenant les barres placées près des faces. Pour les poteaux circulaires, les nappes transversales sont uniquement constituées par des cerces fermées (figure 10.6) ou parfois par une armature spirale. Des armatures transversales diamétrales ne sont pas nécessaires. Elles seraient plus néfastes qu'utiles, en risquant de provoquer une ségrégation du béton lors du coulage de celui-ci.

10.5 MÉTHODE DE CALCUL ,

10.51

Evaluation de certaines données de base

Le calcul des poteaux est toujours conduit à l'état-limite ultime, pour un effort normal agissant de calcul de la forme:

On désigne par : B

A

. l'aire de la section droite du poteau

l'aire de la section totale des armatures longitudinales.

Dans l'évaluation de A, il faut toujours avoir présent à l'esprit que: 1. Toute barre longitudinale de diamètre 0, non maintenue par des armatures transversales espacées d'au plus 150, ne peut être prise en compte dans les calculs de résistance (BAEL, art. A-4.1.2) 2. Si À > 35, seules peuvent être prises en compte les armatures disposées de façon à augmenter le plus efficacement possible la rigidité dans le plan de flambement (BAEL, art. B-8.4.1 ; voir figure 10.7).

l' I~

.. .. .. 0

a



~

O,9SalbS1.1 (aciers d'angle seulement)

alb 1,1 (aciers le long des grands côtés)

Figure 10.7

532 Traité de béton armé

10.52 Effort normal résistant théorique A et B sont connus, on cherche Nres ' II faut d'abord s'assurer par la formule [10.9] donnée plus loin que, compte tenu de ce qui vient d'être dit au § 10.51 pour l'évaluation de A, on a bien A ;;:: Amin. En application des hypothèses énoncées au § 5.211, la compression «centrée» correspond à la verticale du pivot C : le béton et l'acier subissent uniformément un raccourcissement

E be

= Esc = 2.10-3

ce qui entraîne:

- pour le béton, une contrainte uniforme égale à

hu = 0,85fc28 (8 =

1 dans ce cas).

Yb - pour l'acier, une contrainte égale à crse2 correspondant, sur le diagramme de calcul, au raccourcissement de 2.10-3 . Dans ces conditions, la valeur théorique de l'effort normal résistant est:

10.53 Effort normal limite selon les Règles BAEl Les Règles BAEL apportent à la formule donnant tions:

Nres,th

un certain nombre de correc-

a) elles pénalisent les poteaux de faible section, particulièrement sensibles aux imperfections d'exécution et aux défauts de centrage de la charge, en introduisant à la place de B une aire de béton réduite Br; b) elles tiennent compte du degré de maturité du béton à l'âge, généralement supérieur à 90 jours, auquel le poteau aura à supporter la majeure partie des charges qui lui seront appliquées; c) elles compensent le fait de négliger les effets du second ordre en minorant la valeur de l'effort normal résistant par un coefficient réducteur fonction de l'élancement (il revient au même de majorer l'effort normal agissant). d) elles admettent enfin que crse2 est toujours égal à jed

= je

1

Ys

1. Ce qui est inexact pour les aciers de classe Fe ES 00, pour lequels cr$C2 < 500 Jed = MPa = 435 MPa alors que crse2 = Esê sc = 400 MPa seulement. 1,15

Jal.

En effet

Chapitre 10 • Compression centrée 533

Pour des poteaux dont la qualité d'exécution est contrôlée en sorte que l'imperfection de rectitude puisse être estimée au plus égale à max [1 cm ; 1/500], l'effort normal agissant ultime Nu doit être tel que: - a [B rfc28 +A 1e ] N u
[10.5]

a étant un coefficient fonction de À. On peut modifier légèrement cette condition dans sa présentation, de manière à faire apparaître les quantités :

{' = 0,851c28

Jbu

et J.

ed

Yb

= Je Ys

qui interviennent dans tous les calculs d'états-limites ultimes de résistance (8 = 1 pour les poteaux). II suffit de multiplier les deux membres de l'expression [10.5] par tient ainsi l'expression suivante, valable pour À::; 70 1• AN::::; BrJbll + 0 85AIf.

1-'

u

09 ,

'

ed

f3 = 0,85/a.

(m, MN,MPa)

On ob-

[1O.6a]

avec: Nu

effort normal de calcul agissant

Br

section réduite, obtenue en retirant 1 cm d'épaisseur de béton sur toute la périphérie du poteau coefficient supérieur à l'unité dont les valeurs sont définies comme suit: 1. Si plus de la moitié des charges est appliquée à un âge j > 90 jours:

~ ~ 1+0,2(~)' soit f3

pour À';

50

[1O.7a]

1,20 pour À = 35 et f3 = 1,408 pour À = 50; 2

f3 = 0,85À

pour 50 < À ::; 70

1500

1. Dans les premières versions des Règles BAEL, la formule était valable jusqu'à À. = 100.

[1O.7b]

534 Traité de béton armé 2. Si plus de la moitié des charges est appliquée avant l'âge de 90 jours, les valeurs de f3 ci-avant sont à multiplier par 1,10, c'est-à-dire qu'il faut vérifier:

°'

AN:::; _l_[Br/bu + 85 A!f. ]

J-l

u

1,10

0,9

ed

[1O.6b]

ou

3. Si la majeure partie des charges est appliquée à un âgej < 28 jours les valeurs de f3 ci-avant sont à multiplier par 1,20, et il faut substituer, dans l'expression defim'!ci à!c28 ce qui revient, par application des Règles BAEL art. A-2. 1.1 à multiplierfbu parj / (a + bj) (voir § 2.241 a). Dans ce cas, la condition à vérifier devient: AN :::;_1_[BIIbu_j_+ 085A f. ] J-l u 1,20 0,9 a + b j ' ed

[1O.6c]

avec: - POur!c28:::; 40 MPa; a = 4,76 et b = 0,83 - POuri'28 > 40 MPa; a = 1,40 et b = 0,95.

10.54 Détermination des annatures 10.541 Armatures longitudinales Données:

Nu, B, 1c28,

Ic>

10 d'où If = k10 (voir § 10.311) puis À et f3

Inconnue:

Section totale A des armatures. La section A cherchée est tirée selon le cas des inégalités [1O.6a], [1O.6b] ou [1O.6c]. Dans le cas général où plus de la moitié des charges est appliquée à un âgej> 90 jours, l'inégalité [10.6a] donne immédiatement: A~

1

0,85/ed

[f3 Nu -

Br/bu] 0,9

(m2, MN, MPa)

[10.8]

La section ainsi trouvée doit satisfaire à la double condition:

Amin :s:; A :s:; Arnax

[10.9]

Chapitre 10 • Compression centrée 535 avec (BAEL, art. A-8.1.21), Amin étant exprimé ici en cm2 : Amin

= maX{4U

0,2~} 100

;

(cm2, m)

[10.10]

désignant la longueur en mètre du périmètre de la section droite, d'aire B (cm2 ), du poteau et li

5B

[10.11]

~ax = 100

Si la formule [10.8] conduit à A > Amax l'équarrissage l du poteau est à revoir, car le dépassement de la valeur 5B / 100 n'est toléré que dans les zones de recouvrement des barres.

10.542 Armatures transversales :> Références: BAEL, art. A-S.I.3 1. Choix du diamètre

Soit:

0, : le diamètre nominal de l'armature longitudinale à maintenir

0 t : le diamètre nominal de l'armature transversale nécessaire. On prend pour 0 t la valeur normalisée la plus proche de 0,/3 c'est-à-dire (valeurs en mm): 25

32

40

8

10

12

6

2. Espacement des différelues nappes

a) En dehors d'une zone de recouvrement Soit St l'espacement des nappes d'armatures transversales parallèlement à l'axe du poteau. Il faut avoir st::S min {15 0'min ; 40 cm; a + 10 cm}

(unité: cm)

[10.12]

avec 0'min, diamètre minimal des barres longitudinales prises en compte dans l'évaluation de A (voir 10.51). Si A

= Amin, la condition se réduit à St ::s min {40 cm ; a + 10 cm}.

b) Dans les zones où la proportion des armatures présentant des jonctions par recouvreornent est supérieure à 1/2. Pour la longueur à donner à la zone de recouvrement ( Ir' ), voir § 4.62.

1. C'est-à-dire les dimensions de la section droite.

536 Traité de béton armé 0tmin

Les Règles BAEL demandent de disposer sur la longueur Ir' au moins trois nappes d'armatures transversales, c'est-à-dire une nappe à chacune des extrémités du recouvrement (en laissant environ 3 cm pour réaliser les ligatures) et une nappe au milieu (figure 10.8) : si les armatures sont de diamètres différents 0/min et 0/max (voir par exemple figure 10.6), à chacun d'eux correspond une longueur l~. On doit trouver au moins trois nappes sur l'espacement

3 nappes au minimum

la longueur l~min , correspondant étant

conservé sur la longueur l~max

.

Figure 10.8

10.55 Dimensionnement Données: Nu, !c28 et

le, 10

d'où lf=klo (voir 10.311)

Inconnues: B et A et donc À ainsi que f3.

Premier cas : On est complètement libre du choix de la section B. La formule [1O.6a] peut s'écrire: B > r -

fJ Nu

[flm +0 85~.{."Jtd ] 09 ,

'

[10.13]

Br

Un certain nombre de choix étant libres, on peut chercher à dimensionner le poteau de manière à avoir : A

-~-

et, en arrondissant certaines valeurs numériques car il n'est pas nécessaire d'avoir une très grande précision dans la recherche de la section B, la formule [10.13] devient:

B > 0,9f3Nu r - J; + hd bu

130

[10.14]

Chapitre 10 • Compression centrée 537 Pour 1c28 = 25 MPa et!e = 500 MPa (fiu = 14,2 MPa et!ed = 435 MPa), on obtient ainsi:

Br ~ 0,051313 Nu que l'on pourrait même arrondir (pour réduire un peu A) à :

Br ~ 0,05513 Nu La valeur de 13 dépend de l'élancement choisi (formules [10.7]). Si l'on vise un élancement À = 35 (ce qui permet de prendre en compte la totalité des armatures, voir § 10.51 point 2) on aura 13 = 1,20 (soit Br::::: 0,066 Nz, dans l'exemple considéré précédemment) et si l'on vise un élancement À = 50, on aura 13 = 1,41 (soit Br::::: 0,077 Nz,). Applications : a) Poteau à section rectangulaire de côté a et b (on suppose a::; b) : B = ab. En exprimant a et b en m, on a :

Br

=(a -0,02)(b-O,02)

Si l'on veut À::; 35, il faut, puisque (d'après la relation [10.3]) : a=

If.J12 À

3,5 If

If (m) 10

a~-

:::::--

À

et, en appliquant la formule [10.14] avec 13 = 1,2 : b

.

~

140N + 0,02 (130Ibll + led )(a - 0,02)

(m, MN, MPa)

lI

Si l'on trouve b < a, il faut prendre un poteau carré de côté Ijll O. Une fois choisis a et b, il faut calculer l'élancement réel du poteau puis le coefficient 13 (formules [10.7]) et déterminer les armatures longitudinales et transversales comme indiqué au § 10.54.

. Le poteau « optimal» est tel que, pour À = 35 : a

1 =.L

10

0,9I3Nu + 0,02Ibu(a -0,02)-6,12 a Jed 10-4 . If} b =max{ --"----"-----,-..;;...;:,:;~---"------:....::;::..--Jbu(a -0,02)-6,12 a Jed 10-4 ' ïO

(m, MN, MPa)

et la section d'armatures nécessaires est alors égale à la section minimale (formule [10.10]). b) Poteau à section circulaire de diamètre a: .

En expnmant a en m, on a: Br

°

= 1t (a - '02)2 4

538 Traité de béton armé 41 1 Si l'on veut À:S; 35, il faut, puisque (d'après la relation [10.4]) a = -L : a;?:...L À

Mais il faut aussi que la condition [10.14] avec

> a_

~=

1,2 soit satisfaite, c'est-à-dire:

1,375N 002 .( u +,

.( + Jbu

9

(m, MN,MPa)

Jed

130

(ce qui POur!c28 = 25MPa et!e = 500 MPa conduit à a"" 0,3 ~ Nu + 0,02 (m, MN). Une fois choisi le diamètre a, il faut calculer l'élancement réel du poteau, puis le coefficient ~ (formules [10.7]) et déterminer les armatures longitudinales et transversales comme indiqué eau § 10.54. Deuxième cas : La dimension de l'un des deux côtés est imposée (section rectangulaire). Soit C la dimension imposée. Puisque l'on ignore a priori si c est le petit côté ou le grand côté, il faut commencer par calculer (voir § 10.32) : À = If

Jl2 "" 3,51f c

c

puis le coefficient ~ par les formules [10.7]. On calcule ensuite la quantité (ayant les dimensions d'une longueur) :

=

c r

0,9~NII .(

(m,MN,MPa)

+fed

130

Jbll

a) Si c :s; Cr + 0,02 m, c est le petit côté: c = a. La dimension inconnue b se déduit de la formule [10.14] :

Br

= (a-0,02)(b-0,02)

0,9 ~N + 0 02 - J; + fed a - 0,02 '

b>

Il

bu

(m2 )

(m, MN, MPa)

130

a et b étant maintenant connus, la section d'armatures est déterminée comme indiqué au . § 10.54 avec la valeur de ~ trouvée ci-avant. b) Si c > Cr + 0,02 m, c est le grand côté: c = b.

Chapitre 10 • Compression centrée 539 Dans ce cas, a doit satisfaire à la fois à deux conditions l

:

3,5 If a?-À

a~ [

0,9 l' + fed ] Jbu 130

~N u

+ 0 02

(b - 0,02)

(m, MN, MPa)

,

Comme ~ dépend de À donc de Ifl a, la résolution est laborieuse. On peut procéder par approximations successives, en calculant d'abord à part la quantité ko (qui a les dimensions d'une longueur) :

ko

=

0,9 l'

Jbu

+ 1ed

130

~Nu

(b - 0,02)

+ 0,02

(m, MN, MPa)

351 On se fixe ensuite une première valeur 1..1 de À telle que 1..1 < ~ (puisqu'il faut de b toute manière respecter aussi la condition d'élancement dans le sens« b »).

À 1..1 correspond une valeur ~l de~, (formules [10.7]) et une valeur: al

=ko f3l + 0,02

(m)

3,5 If d'où une seconde valeur 1..2 de À donnée par: 1.. 2 =- - . .

al

À 1..2 correspond une valeur f32 de f3 (formules [10.7]) et une valeur : a2

= ko f3l + 0,02

(m)

On s'arrête quand a i+1 :::: ai. La convergence est assez rapide et il n'est pas nécessaire de rechercher une grande précision.

1.

Le signe:::: indique qu'une grande précision n'est pas nécessaire puisque le choix de A! Br = 1/100 est arbitraire et que la section réelle d'armatures est ajustée pour finir sur les dimensions imposées (ou retenues) pour b et pour a.

540 Traité de béton armé

10.56 Abaque pour le calcul des poteaux En posant

'UII

=

Nil

Br

f c28

, la formule [10.5] peut s'écrire:

A = Br

f c28 [~_ ex.

fed

ou encore en posant Po

1 ] 0,9.1,5

= AI.ed Br

fc28

'U

Po =_11 -0,741 a Compte tenu des valeurs de a données par les Règles BAEL, on a : '\ <50' _ pour 1\, _ •

~=[1+0,2(À/35fl 'U a

II

0,85

- pour 50 < À :::; 70 :

'U _II

ex.

')..2

=- - ' U 1500

Il

1. Cas des poteaux à section rectangulaire de petit côté a

lm et Po prend les valeurs:

Dans ce cas, À = f

.

a

1+ 0,00 196 (If /a ) 2

-pour À:::; 50 :

Po =

- pour 50 < À :::; 70 :

Po = 0,008

0,85

1 (;

)2 'U

II

-

'UII

-0,741

0,741

L'abaque figure 10.9 donne les valeurs de P = 104 Po = fed

A

Br

(cm 2 , m2 , MPa) en

fc28

fonction de 'UII et de Irl a. Si plus de la moitié des charges est appliquée avant 90 jours, Po est déterminé à partir de 1,10 'UII • Si la majeure partie des charges est appliquée à un âge j < 28 jours, il faut ' cons!'derer

'U 1Y

' . . de, 1 20 'U ' =-Nil- et determmer Po a, partIT 1y

Br fCj

Chapitre 10 • Compression centrée 541 2° Poteaux à section circulaire de diamètre a

L'abaque est applicable, en prenant:

Br

=0,785 (a-0,02)2

et en adoptant une longueur de flambement fictive lf= 1,155 lfo, lfo étant la longueur de flambement du poteau circulaire réel. Remarques:

1. Dans le cas d'armatures en acier de limite d'élasticitéle différente de 500 MPa, les valeurs de A trouvées par l'abaque seraient à multiplier par 5001le. 2. La pente des droites de l'abaque montre que la formule [10.8] donnant A est très sensible à une erreur, même faible, sur Br (difficile à évaluer aisément pour les sections de forme compliquée) ou sur Nr, (oubli du poids propre du poteau par exemple). Supposons que la valeur exacte de '\)1/ soit 0,4 et que l'on se soit en réalité trompé de

+ 5 % sur Br. On trouverait donc '\)1/ = 0,4 1 1,05 0,38 et pour lfl a = 16,5 dans notre exemple, on trouverait p = 2,5 au lieu de p = 3, soit

A = 2,5.1,05 Brfc28 = 2,625 Br fc28

au lieu de A =3 Br fc28

L'erreur commise sur A est de - 12,5 % ! Il convient donc de calculer avec précision.

542 Traité de béton armé

Figure 10.9. Abaque pour la determination des armatures des poteaux (acier Fe E SOO)

CHAPITRE 11 ÉTAT-LIMITE ULTIME DE STABILITÉ DE FORME (FLAMBEMENT)

Cet état-limite peut se rencontrer dans les ossatures (et leurs éléments constitutifs) susceptibles de présenter une instabilité de forme sous des sollicitations de compressionflexion par suite de l'influence défavorable des déformations sur les sollicitations. Il existe également des phénomènes d'instabilité par flexion-torsion, compression-torsion, cloquage (voiles), etc., qui ne sont d'ailleurs pas traités dans les Règles BAEL et doivent faire l'objet d'études spéciales.

11.1

GÉNÉRALITÉS

11.11 le phénomène de flambement Soit une pièce à axe rectiligne et à plan moyen, supposée soumise uniquement à une force de compression dirigée suivant sa ligne moyenne. Si la pièce est suffisamment courte, la force de compression se répartit uniformément sur une section droite quelconque et la déformation produite est un raccourcissement. La fibre moyenne de la pièce (c'est-à-dire «son axe ») reste rectiligne, les sections droites restent planes et normales à l'axe; la rupture survient par écrasement du béton, la fibre moyenne ayant conservé jusqu'à la fin sa forme rectiligne. Si la longueur de la pièce augmente, le phénomène devient plus complexe et, à partir d'une certaine valeur de la charge, il change complètement d'aspect: brutalement, il se produit une flexion latérale. L'axe longitudinal cesse ainsi d'être rectiligne; il dessine une ligne courbe dont l'allure dépend des conditions de liaison aux extrémités de la pièce. On ne sait pas déterminer exactement cette ligne a priori. À partir de là, selon les cas, différents modes de ruine peuvent se produire (voir § 11.3) : c'est le flambement.

544 Traité de béton armé En théorie, pour une pièce d'axe rectiligne chargée axialement, le flambement ne devrait pas se produire, puisqu'il n'y a aucune flexion initiale. Mais dans la réalité: -la ligne moyenne d'une pièce n'est jamais parfaitement rectiligne, -le matériau n'est jamais rigoureusement ni homogène ni isotrope, - les efforts ne sont jamais parfaitement centrés, etc. Bien que le flambement d'un poteau se manifeste par une flexion latérale, le comportement d'un poteau ainsi fléchi est très différent de celui d'une poutre simplement fléchie. Considérons en effet une poutre horizontale sur appuis simples, soumise à l'action d'une charge P appliquée à une abscisse a quelconque (figure Il.1).

Le moment de flexion est maximal à

, ,,'" 1

l'abscisse a et vaut: M max

= Pab 1

La poutre prend à l'abscisse x une déd 2 y (x) _ M(x) formation telle que: dx2 - -el

:..

a

b

,.,,

x )10'

p

~-----'--~~------------~~

J;;; .........-- ; y(x) 1...

-.. -------~----------

----......

... 1

Figure 11.1

Le moment est la cause de la déformation. Celle-ci conserve la portée à peu près constante et le moment de flexion en chaque section est peu affecté par la déformation: la flexion sous l'effet de la charge P est inévitable, mais elle est limitée et stable si cette charge est modérée. Soit maintenant la même poutre placée verticalement, ses extrémités étant articulées et guidées le long de son axe rectiligne (figure Il.2). Appliquons lui en tête une charge P axiale.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 545 x

A priori, il n'y a aucune raison pour qu'il y ait flexion,

1

p

le moment «du premier ordre» étant nul (absence d'excentricité de la charge P). Si, pour une cause indéterminée, une déformation latérale quelconque se produit, elle fait apparaître dans une section L d'abscisse x, un moment de flexion dit «du second ordre» :

1 1 1 1

y(x)

1 1 1 1 1

L

M(x)=-P y (x)

1 1 1 1 1

,, ,

X

\ \ \

P

\ \

\

Y

Le moment de flexion est ici l'effet de la déformation et non plus sa cause. Ce moment varie et augmente avec la flèche. La pièce qui est maintenant sollicitée en flexion composée peut atteindre, ou non, un état d'équilibre.

Figure 11.2

En outre, le fluage du béton accroît les déformations dans le temps et l'augmentation de la flèche qui en résulte (et qui, dans une poutre simplement fléchie, ne modifie pas le moment de rupture) entraîne une diminution de la charge que le poteau peut supporter sans se rompre.

11.12 . Difficulté de l'étude du phénomène de flambement La difficulté de l'étude du phénomène de flambement réside dans le fait que les problèmes de flambement sont des problèmes non linéaires. En effet : - d'une part les matériaux (acier et béton) n'ont pas un comportement linéaire jusqu'à leur rupture; - d'autre part, par suite des effets du deuxième ordre dus aux flèches que prennent les éléments sous charge, les sollicitations cessent d'être proportionnelles aux actions (figure 11.3).

546 Traité de béton armé

o

'---------------------e-------e

>M

Figure 11.3

11.13 Objet du présent chapitre L'étude du flambement se rattache plus généralement à celle de la stabilité des ossatures formées de poteaux et de poutres, lorsque les effets du deuxième ordre ne peuvent être négligés .. Toutefois la vérification complète de la stabilité de telles ossatures, en suivant les principes donnés à l'article A-4,4 ou à l'annexe E7 des Règles BAEL mériterait à elle seule des développements assez longs. Elle exige la détermination des sollicitations dans chaque élément de l'ossature, par un calcul effectué avec les hypothèses de l'élasticité linéaire, en tenant compte ou non des déplacements des nœuds et nécessite généralement le recours à l'ordinateur.

Le présent chapitre concerne principalement la vérification des poteaux « isolés» c'està-dire soit des poteaux isostatiques, soit des poteaux d'ossature pour lesquels il peut être valablement supposé que la position des points où le moment du deuxième ordre s'annule reste invariable au cours du chargement.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 547

11 .. 2

RAPPEL DES RÉSULTATS DE LA THÉORIE ÉLASTIQUE

11.21

Flambement « eulérien ))

11.211 Poteau biarticulé soumis à une charge centrée - Charge critique d'Euler Considérons tout d'abord un poteau rigoureusement rectiligne et de section constante, de longueur lfi constitué par un matériau homogène, isotrope et idéalement élastique, de module de déformation longitudinale E. Nous supposons que les deux extrémités sont articulées et que l'une est guidée le long de l'axe (figure Il.4) x

Appliquons à ce poteau un effort axial P et imposons lui une déformation latérale infiniment petite y (x). Le moment extérieur (c'est-à-dire dû à l'effort axial extérieur) qui en résulte est: M(x) =- P y (x) La courbure est donnée pari : 1 _

r (x) -

d2Y (x) _ M(x) _ P y (x) dx 2

-IiI - -

Y(X)

El

-II>t---+... 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

La déformation est donc solution de l'équation différentielle:

\ \ \ \

\ \ \

y -E--..,.,//"".,/..,n.,./:<"7'7':'"/

lp Figure 11.4

dont la solution intégrale est classique; en posant

y

(1)2

= ~, on arrive à : El

(x) = CI coswx+ C2 sinwx

Les constantes CI et C2, sont données par les conditions aux limites: • y (0) = 0 entraîne CI = 0

1. L'approximation y" (x) =:: M(x)1 El ,justifiée lorsqu'il s'agit de petits déplacements, est pratiquement toujours valable en béton armé (voir § 15.331).

548 Traité de béton armé • y (/f)

= 0 entraîne:

- soit C2 = 0, c'est-à-dire y (x)

= 0: il n'y a pas de flambement;

- soit sin (oo!.r) = 0, alors 00 lf= lm, ce qui correspond à un flambement en k demi-ondes sinusoïdales

[ y{x) = C2 sin lm x If

avec

C2

non

nul

mais

indéterminé

lorsque

La charge critique de flambement ou « charge critique d'Euler» est la plus petite des charges P capables de maintenir le poteau dans son état déformé. Cette charge est obtenue pour k 1, soit:

n 2 EI

~. =--2-

[11.1]

If

À cette charge Pc correspond une déformée sinusoïdale d'équation: y

(x) = C2 sin!: x = f If

sin!: x If

en désignant par fla flèche dans la section médiane (x

!.rI 2).

Lorsqu'on atteint la charge critique d'Euler, l'équilibre est indifférent: il ya « bifurcation d'équilibre ». Le poteau peut fléchir jusqu'à ce que la flexion produise des contraintes supérieures à la résistance du matériau constitutif (figure 11.5). Un moment parasite ne peut plus être équilibré par un accroissement de la flexion du poteau (comme cela se produit pour P < Pc), et entraîne la rupture. Pour P > Pc> l'équilibre rectiligne est encore possible, mais il est instable: si l'on donne au poteau une légère déformation, le moment « moteur» dû aux effets du second ordre est supérieur au moment résistant développé par la flexion.

~

Bifurcation d'équilibre

: P : . . - - Instable

~!Pc

----r-p=p

stable

J

c

10""'''''.

----------------------~------------------~~y

o

Figure 11.5

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 549

11.212 Poteau soumis à une charge excentrée Supposons maintenant que la force extérieure P soit appliquée avec une même excentricité eo à ses deux extrémités (figure 11.6). x

1 1 1 1

,

y{x)

,, J

---

, ,1

t-' eo

1 1 1 1

--

,, ,

tf X

,, , \ \

Y

t

p

Figure 11.6

Dans une section d'abscisse x, le moment de flexion a pour valeur : - au premier ordre (poteau supposé indéformable) : - P eo - au second ordre (effet de la déformation) : - Py (x) c'est-à-dire qu'au total, ce moment vaut:

M(x) =-P [y (x )+ eo] La déformation est donc solution de l'équation différentielle: [11.2]

· . , 1 d.ont 1a so1utlOn mtegra e est, en posant

li

wlf [P =-2="21t vP:

des conditions aux limites: y

(x) =eo[l- cos(u - ro x)] cosu

et en tenant compte

550 Traité de béton armé On constate que le moment de flexion total dans la section médiane est:

M(!L)=~ 2 cosu et qu'il devient infini [comme y (x)] lorsque P tend vers Pc puisqu'alors u tend vers Tt/2. En fait, cette circonstance ne peut se présenter, car tout se passe comme si chaque section était soumise à la flexion composée [effort normal N = P et moment M GO = P (eo + y (x)] et la rupture survient donc sous cette sollicitation, soit lorsque la résistance à la compression du matériau est atteinte sur la fibre la plus comprimée, soit lorsque sa résistance à la traction est atteinte sur la fibre la plus tendue (figure Il.7). p

i

~.------------------------------------------

..--- --- --- ----

Rupture en flexion composée (Jmax (eo)=fr

o

~------------------------------------~

y

fr = Résistance du matériau (en compression ou en traction selon le cas)

Figure 11.7

La charge de rupture est d'autant plus éloignée de la charge critique d'Euler (et donc d'autant plus faible) que l'excentricité eo est plus grande.

11.213 Amplification du moment Supposons que l'excentricité soit elle-même variable selon une loi sinusoïdale (c'est-àdire que le moment du premier ordre soit lui-même sinusoïdal) :

. nx

YI (x ) =eosm-

If

où eo désigne la flèche initiale dans la section médiane.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 551 L'équation [11.2] s'écrit, avec ro 2 = ~ :

El

d~X) +ro'y (x)=-ro'e, sin [ ~ ] L'intégrale générale de cette équation est:

. (mJ

eosm -

y (x) = CI sinrox + C2 cosrox +

I~

(n-roll ) -1

Les constantes CI et C2 sont données par les conditions aux limites: y(O)=Od'oùC2 =O

Y(/r) = 0 d'où CI sin roll= 0 Comme P < Pc on a sin roirl 0 donc CI = O. Compte tenu de la définition de ro :

L'équation de la fibre moyenne déformée s'écrit donc: Y(X)+YI (X)=eosin[m][I+ 1 ]=YI 11 (~/ P) -1

(x)~ ~- P

L'application de l'effort axial P a donc pour effet d'amplifier la déformation initiale [et donc le moment initial P YI (x)] en la multipliant par le rapport (

~

~-P

) appelé« coeffi-

cient d'amplification des moments ». Le moment total (y compris le moment du deuxième ordre) est ainsi en valeur absolue: [11.3] avec MI (x) = P YI(X). "on en déduit que le moment du deuxième ordre a pour expression :

M 2 (x)=

P ~-P

P MJ{x)=-M(x) ~

[11.4]

et aussi que [11.5]

552 Traité de béton armé

11.22 Méthodes de vérification des anciens règlements Dans les anciens règlements aux contraintes admissibles, on se contentait de faire une vérification de la section médiane d'un poteau (x = 1j/2), la plus sollicitée, supposée soumise à une flexion composée.

11.221 Circulaire Ministérielle de 1934 - Formule de Rankine Rankine admettait que le flambement est une forme de flexion composée due à une excentricité de la charge:

avec:

1

longueur de la pièce,

v

demi-hauteur de la section dans le plan de flexion,

Il

coefficient dépendant du matériau (lO--4 pour le béton armé),

f3

coefficient dépendant des liaisons aux extrémités (voir figure 10.4).

À cette excentricité correspondait donc un moment de flexion MGO = Pe. La vérification de la stabilité consistait à s'assurer que la contrainte maximale était au plus ég~le à la contrainte admissible: P B

M

v

-

cr=-+~:::;cr

1

be

avec: B

aire de la section droite du poteau

1

moment d'inertie de celle-ci par rapport à l'axe perpendiculaire au plan de flexion et passant par Go : 1 =Bi 2 avec i rayon de giration.

L'expression de cr pouvant donc aussi s'écrire:

.La formule de Rankine s'écrivait (aux notations près) :

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 553

11.222 Règles BA 1960 Dans les Règles BA 1960, on multipliait par le coefficient d'amplification des moments (voir § 11.213) l'excentricité du premier ordre, à laquelle devait être ajoutée auparavant une excentricité supplémentaire fonction de l'élancement À et du rapport ç = [charge permanente/ charge totale].

11.223 Règles CCBA 68 Dans ces Règles, on ajoutait à l'excentricité du premier ordre el une« excentricité complémentaire » ou flèche de ca1cullc, donnée par une expression empirique fonction de el et ç (même définition que ci-avant). Cette méthode (de même que celle des Règles BA 1960) conduisait dans certains cas à des anomalies l . Il s'agissait en effet d'une transposition plus ou moins heureuse en vérification aux contraintes admissibles de la méthode du moment complémentaire (voir § 11.52) qui avait été proposée vers 1965 par Aas-Jakobsen comme méthode de vérification à l'état-limite ultime dans le cadre des travaux du Comité EuroInternational du Béton.

11.23 Critique des méthodes élastiques Dans le cas du béton armé, qui est un matériau non élastique et non homogène, les méthodes q.ui supposent implicitement ou non un comportement élastique linéaire (Euler, Rankine, Règles BA 1960 et CCBA 1968) sont totalement inadaptées à une représentation correcte des phénomènes de flambement. En effet: a) l'acier et le béton ne suivent pas la loi de Hooke jusqu'à leur rupture; b) le module sécant du béton E décroît quant la contrainte croît (ce qui entraîne la divergence d'équilibre, voir § 11.31); de plus sa valeur dépend de la durée d'application des charges (fluage) ; c) les méthodes élastiques supposent que l'élément étudié possède dans la direction du flambement un moment d'inertie déterminé et constant. Or du fait de la flexion on rencontre le long du poteau des sections non fissurées (l constant) et des sections fissurées (l variable, diminuant quand l'excentricité augmente puisque l'axe neutre se déplace vers les compressions). Il n'est donc même pas possible d'introduire un moment d'inertie« moyen» obtenu par ·pondération entre celui, faible, des sections fissurées et celui, plus élevé, des zones situées entre les fissures.

1. Il fallait appliquer, selon le cas, l'une ou l'autre de deux formules présentant une discontinuité aux bornes de leur domaine d'utilisation. Ainsi, l'excentricité complémentaire à prendre en compte était bien plus élevée pour un poteau d'élancement 49,9 que pour un poteau d'élancement 50,1.

554 Traité de béton armé d) la limitation des contraintes à des valeurs admissibles (les mêmes que celles prises en compte pour vérifier la résistance des sections) ne conduit pas nécessairement à une sécurité convenable vis-à-vis du flambement. e) il n'est pas possible de donner une expression de la flèche de calcul qui puisse être valable pour tous les cas. Celles qui ont été proposées (voir § 11.22) conduisent à des résultats très dispersés, pouvant aller dans le sens soit d'une trop grande sécurité, soit au contraire, d'une insécurité.

f) la transposition en contraintes admissibles du principe de l'excentricité complémentaire, combinant les défauts précédents, ne peut que conduire à des anomalies. Pour toutes ces raisons, diverses méthodes de calcul à l'état-limite ultime ont été développées. Elles seules permettent une approche correcte du phénomène de flambement. En France, le développement de ces méthodes commença en 1956, avec des essais entrepris pour l'édification du Centre National des Industries et des Techniques (CNIT), dont la conception est due à Nicolas Esquillan. Cet ouvrage remarquable, autrefois mis en valeur au sommet de la colline de Chantecoq (lieu de durs combats lors de la guerre de 1870, rebaptisée « La Défense» après celle-ci, et où se trouvait auparavant une statue commémorative) méritait mieux que de se retrouver, dans l'aménagement du quartier qui a suivi son édification, semi-enterré entre les voies de desserte rapide qui l'entourent et écrasé par les constructions environnantes. Ce chef d'œuvre d'esthétique et de technique ne peut plus, d'aucun côté, être apprécié à sa juste valeur. Il s'agit pourtant d'un record mondial, une structure voûtée en double coque mince autoportante en béton armé, reposant seulement sur trois points d'appui disposés aux sommets d'un triangle. équilatéral, distants de 206 m en façade, pratiquement la largeur de la place de la Concorde (210 m). Dans un ouvrage d'une telle envergure, la sécurité vis-à-vis du flambement général de l'ensemble de la couverture et du flambement local du voile mince (6 cm d'épaisseur) était d'une importance primordiale. C'est Pierre Faessel, jeune ingénieur de l'Entreprise Coignet, qui fut chargé de la conception des essais, de leur suivi, de leur interprétation et en tira le principe d'une méthode de calcul pour les vérifications au flambement (voir § 11.636-4). À la date de parution des Règles CCBA68, les outils de calcul pour l'application commode de la méthode n'étant pas encore disponibles (voir § 11.641-1), ces Règles n'envisageaient, à l'article 33,3, le recours aux étatslimites que comme une vague possibilité: «Les justifications relatives au .flambement peuvent éventuellement reposer sur l'évaluation des charges ultimes ... etc. ».

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 555

11.3 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL DES POTEAUX EN BÉTON ARMÉ 11.31 Comportement sous charges de courte durée Considérons des poteaux de même section transversale, soumis à des charges croissantes, dont l'excentricité est constante et tout d'abord faible. Pour un poteau de faible élancement (voir § 10.311 - pour fixer les idées, élancement mécanique À de l'ordre de 25 à 30) la charge maximale est relativement élevée (figure 11.8) ; la rupture se produit dans une section voisine de la section médiane, avec écrasement du béton du côté de la concavité du poteau déformé sans autre avertissement que l'apparition de fissures longitudinales du béton de ce même côté. Pour un poteau d'élancement «moyen» (À de l'ordre de 50), la charge maximale est plus faible que dans le cas précédent. La rupture est précédée de l'apparition de fissures transversales sur la face convexe. Pour un poteau très élancé (À supérieur à 70), essayé sous déformation contrôlée (c'està-dire en opérant à vitesse constante d'accroissement de déformation) la charge maximale est encore plus faible, mais elle ne correspond plus à l'écrasement du béton comprimé consécutif ou non à l'allongement des armatures du côté convexe, c'est-à-dire qu'elle est atteinte avant que la capacité de résistance de la section la plus sollicitée soit épuisée (figure 11.8). La flèche prise par le poteau continue d'augmenter sous la déformation imposée alors que la charge diminue. C'est le phénomène de divergence d'équilibre, qui est lié à la décroissance du module sécant lorsque la contrainte augmente. La rupture finit par se produire soit par insuffisance du béton comprimé, soit par insuffisance de l'acier tendu. p

It\ • Rupture en flexion composée



~-------

Rupture en flexion composée

Instable L -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

~y

o Figure 11.8

556 Traité de béton armé Dans le cas de poteaux de même section transversale, mais cette fois de même longueur, des comportements identiques à ceux décrits ci-dessus sont observés lorsque l'on augmente progressivement l'excentricité structurale de la charge. II convient de remarquer que des essais sous charge contrôlée (c'est-à-dire en opérant à vitesse constante d'accroissement de la contrainte) ne permettent pas de mettre aussi nettement en évidence ces mêmes comportements. Lorsque la charge atteint sa valeur maximale, on assiste en effet à un phénomène dynamique d'augmentation des déformations sous charge constante, et la rupture survient brutalement. Ce comportement est celui auquel il faut s'attendre pour les poteaux de structures réelles où ni les charges appliquées, ni leur excentricité ne sont susceptibles de diminuer si le poteau commence à céder.

11.32 Comportement sous charges de longue durée L'observation montre que les flèches d'un poteau soumis à une charge constante de longue durée augmentent avec le temps du fait du fluage et, éventuellement, du retrait du béton. Selon que la charge appliquée en permanence est plus ou moins élevée, les déformations lentes peuvent s'accentuer jusqu'à provoquer la rupture ou bien se stabiliser, la rupture ne survenant pas. Soit un poteau soumis d'une part à des charges de longue durée vis-à-vis du fluage, appliquées à l'âge to puis rigoureusement constantes dans le temps, d'autre part, à des charges de courte durée, quasi instantanées, appliquées à l'âge t. Selon le cas, on peut observer trois types de comportements (figure 11.9) :

1. Flambement sous charge de courte durée: l'accroissement de la charge est trop rapide pour que le fluage ait le temps de se manifester. Les phénomènes observés sont alors ceux décrits au § Il .31 (courbe OA) ; 2. Flambement par «fluage»: ce type de flambement se produit lorsqu'une charge assez élevée, mais inférieure à la charge de rupture que l'on observerait pour un chargement de courte durée, d'abord appliquée rapidement à l'âge t o , est maintenue ensuite constante. Les déformations croissent alors dans le temps par suite du fluage et on observe une instabilité au temps tu c'est-à-dire que la courbure 1/ r varie de telle sorte que d(1 / r)/ dt ~ 00 quand t tend vers tll (courbe OBB'). 3. « Capacité résiduelle» en courte durée: à l'âge (0, on applique au poteau une charge relativement modérée, qui est maintenue constante. Les déformations, d'abord crois.santes dans le temps, tendent à se stabiliser. Au temps t, la charge est accrue rapidement jusqu'à la valeur maximale qui entraîne l'instabilité: ce supplément de charge est appelé « capacité résiduelle ». La capacité résiduelle subsistant après une période de chargement soutenue est (si l'on néglige l'augmentation de résistance du béton au cours du temps) toujours inférieure à la capacité portante sous charge de courte durée (figure 11.9 courbe OCC'C").

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 557 Charge P

~;::~~~e_d~:~_~U:_~:~O) ~:--::-: - - - ~ Capacité résiduelle (o*< q»

A

- - - - - - B'

®'?ambement par fluage [: (ta, t)]

~-----~ 1 1

Chargement soutenu

,.:

L - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ' 7 Courbure 1/r

o

Figure 11.9

11.33 Contrôle expérimental de la validité des hypothèses de calcul La validité des hypothèses de calcul qui seront faites dans ce qui suit (en particulier déformée sinusoïdale (§ 11.635) et coefficient de fluage réduit (§ 11.621-2 h) ) a été contrôlée (par B. Fouré) en comparant la charge ultime ainsi calculée p ca/, à celle, Pexp observée au cours de 259 essais de poteaux effectués dans diverses conditions par 10 laboratoires différents, dans 7 pays. Ces essais couvrent un large éventail de variation des principaux paramètres: - élancements géométriques: 8 à 43 ; - excentricités relatives:

°

à 1;

- pourcentages mécaniques d'armatures: 0,04 à 0,40 ; - résistances du béton : 12 à 50 MPa ; - coefficient de fluage: 0,7 à 5,5 ; -etc.

,Les résultats qui sont résumés ci-après montrent la fiabilité de la méthode. Tableau 11.1

Nombre d'essais

Moyenne Pcal ! Pexp

Coefficient de variation (%)

Courte durée

103

0,996

10,1

Flambement par fluage

70

0,989

10,1

Capacité résiduelle

86

1,075

9,7

558 Traité de béton armé

11.4 PARAMÈTRES INFLUANT SUR L'ÉTAT-LIMITE ULTIME ATTEINT PAR FLAMBEMENT D'après les constatations expérimentales décrites au § 11.3, il faut retenir comme essentiels parmi les paramètres les plus importants: 1°) l'élancement À = Irli du poteau (voir § 10.311) qui dépend lui-même en premier lieu de la longueur de flambement; 2°) l'excentricité de la force extérieure ce qui oblige à tenir compte des imperfections géométriques et des incertitudes sur le point d'application de cette force; 3°) la durée d'application des actions, ce qui conduit à prendre en compte les effets du fluage.

11.41 Longueur de flambement - élancement Ces deux notions ont déjà été développées au § 10.3. Dans le domaine élastique, à tout poteau de section constante, de longueur l, avec des conditions de liaison quelconques à ses extrémités, on peut attribuer une «longueur libre de flambement If» égale à la longueur du poteau de même section, articulé à ses deux extrémités, qui aurait même charge critique d'Euler l . La longueur libre de flambement est ainsi définie par :

n 2 El

n 2El

l~

p2f2

p=--=-c

c'est-à-dire que

[11.6]

[11. 7]

P dépendant des conditions de liaison aux extrémités (voir BAEL, art. B 7.3,2 et figure 10.4 du présent texte). En particulier:

P= 1 (par définition) pour un poteau articulé à ses deux extrémités (poteau «biarticulé ») ; P= 2 pour un poteau encastré en pied et libre en tête (<<mât»).

1. De façon plus générale, la longueur libre de flambement d'un poteau à section variable, soumis à des charges axiales appliquées en divers points de son axe peut être définie comme la longueur du poteau de section constante et égale à la section critique du poteau réel, articulé à ses deux extrémités, qui, lorsqu'on lui applique aux extrémités toutes les charges supportées par le poteau réel, a la même charge de flambement que ce dernier. Ce calcul n'est donc possible que si la section critique est connue, ce qui n'est pas toujours le cas.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 559 L'étude de tout poteau de longueur 1 avec des conditions de liaison quelconques à ses deux extrémités peut alors toujours se ramener (figure 10.10) : - soit à celle d'un poteau bi-articulé de longueur If =

~ 1;

- soit encore à celle d'un mât de longueur 1;-/2 = ~ 1/2.

p

lp

l

( Liaisons quelconques

~

l

r

ou à

Équivalent à

t f =l3t

I3l

lf

2

2

-=/

I

P

I

P

P

I

Figure 11.10

Etant donné l'incertitude sur les conditions réelles de liaison aux extrémités du poteau, il convient d'évaluer toujours lfavec beaucoup de prudence (ne pas oublier que les moments du second ordre sont d'autant plus importants que l'élancement réel du poteau est plus grand; il ne faut donc pas sous-estimer celui-ci).

11.42 Excentricité de la force extérieure Dans une section donnée d'un élément comprimé, l'excentricité de la force extérieure par rapport au centre de gravité du béton seul est la somme de trois termes : . 1°) une excentricité structurale connue eo (voir § 8.1) qui est due aux dispositions de la construction et résulte de l'ensemble des forces ou couples appliqués;

560 Traité de béton armé 2°) une excentricité additionnelle ea (involontaire, inconnue et inévitable) qui provient des imperfections géométriques de l'exécution et dont l'évaluation est arbitraire. Dans les Règles BAEL : - dans le cas d'un élément isolé, cette excentricité est forfaitairement prise égale à (voir § 8.22 a) : ea

= max{2 cm ;

_l_}

[ 11.8]

250

avec l, longueur de l'élément, - dans le cas d'une ossature, cette excentricité résulte d'une inclinaison involontaire d'ensemble, prise forfaitairement égale à 0,01 radian s'il s'agit d'un seul étage avec une majorité des charges appliquée au niveau supérieur, et 0,005 radian dans les autres cas. 3°) une flèche y due à la flexion (la flèche maximale est désignée parfi. a) Cas d'un poteau encastré en pied et libre en tête soumis uniquement à une charge « centrée» (figure Il.11).

e8,1

,1

Théorie: Compression centrée

Réalité: Flexion composée

Figure 11.11 La compression« centrée» n'existe donc pas. b) Cas d'une« potence» de longueur li2 soumise à une charge verticale P excentrée, à une charge horizontale « en tête », à une charge horizontale p répartie sur sa hauteur, et à un couple C en tête (figure 11.2) Cet exemple est donné pour montrer qu'il faut bien faire attention de ne pas confondre l'excentricité eo (ou eo + ea) de la force extérieure dans la section d'extrémité et l'excentricité du premier ordre eJ dans la section laplus sollicitée, à la base de la potence.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 561 H --..

p

M 1 : moment en pied dans l'hypotèse d'une potence indéformable M2 : moment en pied da à la déformation de la potence (effet du second ordre)

Figure 11.12

Les forces et couple externes P, H, p et C engendrent dans une section donnée d'abscisse x un moment MI dit «du premier ordre» directement calculable d'après les équations élémentaires de la Statique l : MI

px 2 2

= C+P (eo +eJ+Hx+--

À ce moment MI(x) correspond à une flèche latérale YI dans la section d'abscisse x considérée: l'excentricité augmente donc de YI, ce qui accroît le moment de : D..M1 =PYl

d'où un nouvel accroissement de flèche ~Yl, et ainsi de suite ...

~Yi'

La flèche latérale totale est Y (x) =YI + L~Yi et le moment du deuxième ordre est:

M2{x) = pY (x) =P (yI +L ~Yi) Deux cas peuvent se présenter:

Premier cas: Si un état d'équilibre peut être atteint entre les forces externes et les forces internes dans toutes les sections du poteau, le processus s'arrête à cet état d'équilibre . . La section de base (x = If /2) est alors soumise: - à un effort normal de compression N = P - à un moment de flexion total MGO = MI + M2 avec :

1.

Puisqu'elles sont calculées en supposant le poteau rigoureusement indéformable.

562 Traité de béton armé 1 pf MI =C+P{eo+eJ+H ; +-t

[11.9]

M 2 =Pj [11.10]

j étant la flèche totale en pied de la potence. Dans l'état d'équilibre, dans chaque section, la courbure due aux contraintes internes est égale à la courbure due aux actions extérieures, c'est-à-dire à la courbure de la déformée.

Deuxième cas: Si un état d'équilibre ne peut être atteint entre les forces externes et les forces internes, c'est-à-dire si les forces externes sont supérieures à celles qui correspondent à la capacité portante du poteau, l'équilibre est impossible et le processus évolue vers la ruine du poteau.

11.43 Durée d'application des actions (fluage) La manière dont, selon les Règles BAEL, il doit être tenu compte du fluage dans les vérifications aux états-limites atteints par flambement est exposée en détail au § 11.621-2. Cette méthode (non rigoureuse sur le plan théorique, car elle suppose que le fluage reste linéaire même pour des contraintes élevées) consiste à amplifier le diagramme contraintes-déformations du béton par une affinité effectuée parallèlement à l'axe êbc. Elle diffère profondément de la méthode de la norme allemande DIN 1045. Cette dernière est basée sur une hypothèse de comportement linéaire en l'absence de fissuration (donc sous sollicitations de service) ; elle conduit par application des théories de Dischinger à introduire le fluage par le biais d'une excentricité additionnelle ecc de forme exponentielle, qui tient compte du caractère récurrent de l'influence du fluage.

11.5 MÉTHODES PRENANT EN COMPTE UN MOMENT « COMPLÉMENTAIRE» 11.51 Considérations préliminaires Considérons un poteau de section constante, à axe rectiligne soumis à une charge P excentrée. Celle-ci entraîne, au centre de gravité Go du béton seul de la section la plus sollicitée: - un effort normal N = P - un moment de flexion MGO = P (e o + f),J étant la flèche dans la section la plus sollicitée, due à la déformation du poteau.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 563

Représentons l'évolution des sollicitations à charge P croissante dans le système d'axes orthonormé OMN. a) Cas d'un poteau de faible élancement (figure 11.13a)

La flèche prise par le poteau à la rupture est faible. La charge maximale correspond à la rupture de la section la plus sollicitée sous un moment M,. :::: Pr eo. N

o

N

N

~--~------~--~M

~----------~-7M



Figure 11.13



b) Cas d'un poteau d'élancement moyen (25 < À < 50 environ) Par suite de la flèche que prend le poteau, lorsque la charge P croît à excentricité eo constante, le moment croît plus vite que l'effort normal (figure 11.3b). Le poteau périt par rupture de la section la plus sollicitée, sous l'effet combiné: - d'un effort normal N r = Pmax - d'un moment de flexion M,. =

Pmax

(e o +!c) = ~r + MC'

L'extrémité du vecteur de composantes (Nn Mr ) est située sur la frontière du domaine de résistance (courbe d'interaction de la section considérée, c'est-à-dire de la section la plus sollicitée). Tant que le point représentatif des sollicitations auxquelles est soumise la section tombe à l'intérieur de ce domaine, la résistance du poteau est assurée. Le moment Mc = Pmax!c est appelé « moment complémentaire ». .À partir de valeurs de P max déterminées expérimentalement pour diverses combinaisons de paramètres: À, eo, ••• il est possible de trouver une expression empirique dei.. (ou de Mc) et de ramener ainsi à nouveau la vérification d'un poteau vis-à-vis du flambement à celle du même poteau sollicité en flexion composée.

564 Traité de béton armé c) Cas d'un très grand élancement (À > 50 environ) Dans ce cas, le poteau périt par divergence d'équilibre, le point correspondant à la charge P max est à l'intérieur du domaine de résistance de la section la plus sollicitée; la tangente à la courbe de chargement en ce point y est horizontale (figure 1 1. 13c). La rupture de la section n'est atteinte que dans la branche descendante de la courbe de chargement. La notion de « moment complémentaire» perd alors toute signification. On pourrait imaginer de définir un domaine de stabilité d'un poteau qui serait le lieu géométrique des points à tangente horizontale des différentes courbes de chargement correspondant au poteau considéré, en faisant varier l'excentricité initiale. Mais alors que le domaine de résistance d'une section est indépendant du reste de la structure, le domaine de stabilité d'un poteau n'a aucun caractère intrinsèque. Il dépend en effet: - de la déformabilité du poteau, - de son élancement, - des éventuelles variations de la section, soit de béton, soit d'acier, - des actions ou sollicitations appliquées, même si la section la plus sollicitée reste la même (par exemple: variation du moment du premier ordre sur la hauteur du poteau). La stabilité d'un poteau n'est assurée que s'il existe une distribution de contraintes qui équilibre dans chaque section de ce poteau les sollicitations de calcul créées par les actions données y compris celles du second ordre, les lois contraintes-déformations des matériaux étant fixées. Il s'agit.1à d'un critère global, qu'il n'est généralement pas possible de traduire par un domaine unique de stabilité à moins de faire des hypothèses simplificatrices telles que celles qui sont faites aux § 11.621-1 et 11.621-2. d) Conclusions Pour pouvoir valablement supposer: - d'une part que le flambement d'un poteau correspond à une rupture de section (c'està-dire que les conditions de rupture sont atteintes dans la section la plus sollicitée du poteau lorsque celui-ci périt par flambement), - d'autre part qu'il est possible de déterminer à l'avance le moment complémentaire dans cette section au moyen d'une formule empirique tirée de résultats d'essais, il est nécessaire de limiter le domaine de validité des méthodes qui découlent de ces hypothèses à des élancements relativement modestes (voir BAEL, A-4.3,5 et § 8.22 a du présent texte).

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 565

11.52 Méthode de calcul du moment complémentaire (Aas-Jakobsen, CEB 1965) Bien que cette méthode ne soit plus guère utilisée, il nous paraît intéressant d'en rappeler le principe. Il s'agit en effet d'une part de la première tentative de traitement du flambement par une méthode de calcul aux états-limites, d'autre part de la méthode dont les Rédacteurs des Règles CCBA 68 avaient fait une « transposition» aux contraintes admissibles, à l'article 33 de ces Règles. Cette méthode qui avait été mise au point par le Dr Aas-Jakobsen (Norvège) et qui figure dans les Recommandations internationales CEB-FIP de 1970, ne s'appliquait qu'aux poteaux dont la section droite est constante et possède un centre de symétrie. Son point de départ était la formule d'amplification des moments (§ 11.213). En ce qui concerne les élancements, aucune limite n'était imposée, en dehors d'une limite supérieure de 140 valable pour la plupart des autres méthodes. Pour fixer les idées, une telle limite corespond, pour un poteau de 40 cm de côté articulé à ses deux extrémités, à une hauteur de 16 m (pour se représenter ce que peut être un élancement de 140, un crayon neuf, jamais taillé, n'a qu'un élancement de 90 environ. Pour atteindre 140, il faudrait encore en accroître la longeur de plus de 50 %). En désignant par :

Mu

le moment ultime dans la section médiane,

Ml

le moment dû à toutes les actions de calcul dans la section médiane, évalué par la théorie du premier ordre, c'est-à-dire sans tenir compte des déformations, en . supposant le poteau rigoureusement indéformable,

Mc

le moment complémentaire (du deuxième ordre) dans la section médiane, dû à l'effort normal de calcul Nu = Pu.

Ona:

[11.11]

et compte tenu des relations [11.3], [11.4] et [11.1], on a aussi:

n2EI 10 El p M C =M -E.. avec P =--::::-P l' f2 [2 1/

c f f

M , on arnve . ( aux notatIOns . , ) a, l' expressIOn . donnee "al ' artlc . 1e En posant K = -l = _" pres r El R 42,23 des Recommandations internationales de 1970 :

= NIIK l}

M c

10

[11.12]

Sous cette forme, K apparaît comme une quantité dont il ya lieu d'ajuster la valeur pour que les capacités portantes calculées au moyen des équations [11.11] et [11.12] soient en bon accord avec les résultats d'essais.

566 Traité de béton armé Les expressions de la courbure figurant dans les Recommandations internationales de 1970 répondaient à ce but. Cependant, il était apparu que ces approximations de la valeur de la courbure pouvaient conduire à des résultats qui n'étaient pas toujours du bon côté de la sécurité. Pour éviter ceci, les coefficients partiels de sécurité des matériaux Ys sur l'acier et Yb sur le béton devaient, en application de l'article R. 42,231, être corrigés par un coefficient «de comportement ».

Remarque: L'expression du moment complémentaire conduit à une excentricité du deuxième ordre (flèche) : M

KI 2

1 [2

e2 =_c =_-L (soit e =_f ) 2 2 Nu r n 10 qui est celle que l'on trouve en faisant l'hypothèse d'une déformée sinusoïdale (voir § 11.636-1). Ceci n'a rien d'étonnant puisque c'est également la forme de la déformée du flambement eulérien.

11.53 Méthode simplifiée des Règles BAEl :> Références: BAEL, art A-4.3,5 Cette méthode qui a été exposée au § 8.22a n'est applicable qu'aux éléments comprimés de section constante dont l'élancement géométrique est tel que: If :::; max (15' h '

20~) h

[11.13]

c'est-à-dire, pour un poteau carré de côté h : À :::; max (52 ; 70

~)

environ.

Elle consiste à ajouter à l'excentricité du premier ordre el (dans laquelle est déjà incluse une excentricité additionnelle) une excentricité complémentaire basée sur une valeur empirique de la courbure de rupture, cette valeur constituant une limite supérieure tirée de la considération de la forme des lois moments-courbures des sections (voir figure 11.28).

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 567

11 .. 6 JUSTIFICATIONS VIS-À-VIS DE L'ÉTAT-LIMITE ULTIME DE STABILITÉ DE FORME SELON LES RÈGLES BAEL :>

Références: BAEL, art. A-4.4 et annexe E 7

11.61 Principe des justifications :>

Références: BAEL, art. A-4.4

Les justifications ne sont à faire que pour les structures dans lesquelles les effets du second ordre ne peuvent être négligés. Elles sont à présenter vis-à-vis de l'état-limite ultime, mais dans le cas d'éléments très déformables, il est nécessaire de vérifier également les états-limites de service. a) Pour les éléments dont l'élancement géométrique satisfait à l'inégalité [11.13] donnée en 11.53, il est possible de tenir compte des effets du second ordre d'une manière forfaitaire, dans les conditions qui ont été précisées au § 8.22a et rappelées au § Il.53. b) Pour les éléments dont l'élancement géométrique ne satisfait pas à la condition [11.13] ci-avant, la justification de la stabilité de forme consiste à montrer qu'il existe un état de c~ntraintes qui équilibre les sollicitations agissantes de calcul, y compris celles du second ordre, et qui soit compatible avec la déformabilité et avec les résistances de calcul du béton et de l'acier.

En d'autres termes, il faut montrer que, sous les sollicitations agissantes de calcul amplifiées du fait des déplacements, un équilibre existe entre les efforts internes et les forces extérieures, déplacements et efforts internes étant évalués en tenant compte des lois de comportement (cr - E) réelles des matériaux.

568 Traité de béton armé

11.62 Sollicitations et hypothèses de calcul 11.621 Sollicitations agissantes de calcul Ces sollicitations sont calculées à partir des combinaisons d'actions définies aux § 3.421-1 et § 3.423-3 1 [c'est-à-dire que ce sont les mêmes que pour l'état-limite ultime de résistance], en tenant compte d'une part de l'excentricité additionnelle définie au § 11.42-2°, et, d'autre part, des sollicitations du second ordre liées à la déformation de la structure sous l'état de contraintes considéré au § 11.61 b. Cet état de contraintes est déterminé à partir des hypothèses ci-après:

11.621-1 Hypothèses générales 1. Le poteau étudié a un (ou plusieurs) plan(s) moyen(s), qui demeure(nt) plan(s) au cours de la déformation du poteau. 2. Les longueurs de flambement déterminées dans l'hypothèse de l'élasticité linéaire, donc à l'aide des charges critiques d'Euler, peuvent être utilisées pour la vérification des états-limites atteints par flambement (BAEL, art. A-4.3,5).

11.621-2 Hypothèses de calcul a) Les sections droites restent planes. b) II n'y a aucun glissement entre l'acier et le béton. c) La résistance à la traction du béton est considérée comme nulle. d) Les effets du retrait sont négligés. e) Le diagramme contraintes-déformations de calcul des aciers est celui défini au § 5.221-a (Ys = 1,15).

t) Sous les actions de courte durée vis-à-vis du fluage, le diagramme contraintesdéformations du béton est le diagramme parabole-rectangle défini au § 5.222 (avec

r Jbu

= 0,85 e

fi

15 ,

i.

g) Sous les actions de longue durée vis-à-vis du fluage, les effets de celui-ci sont pris en compte globalement (sans suivre pas à pas l'évolution des contraintes et des déforma-

. 1. Dans les combinaisons d'actions, il ne faut pas oublier celle dans laquelle les charges permanentes ne sont pas majorées (coefficient 1 au lieu de 1,35). Cette combinaison est en effet celle qui est la plus défavorable lorsqu'un accroissement de la charge axiale va dans le sens de la sécurité. 2. À noter que la valeur Y. = 1,5 qui a pour objet de tenir compte d'une chute locale de résistance, est trop sévère pour évaluer la déformabiIité d'ensemble d'un élément. En outre, le diagramme parabolerectangle n'est pas applicable aux structures exceptionnelles telles que les piles élancées de certains viaducs (voir BAEL, art .A-4.4,3 et commentaires). Pour celles-ci, il est recommandé d'adopter une loi de comportement plus conforme au conformément physique, telles que les lois de Sargin [2.12] ou de Desayi et Krishnan [2.16] (voir § 2.234).

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 569 tions dans le temps) en admettant que les contraintes dans l'état d'équilibre final n'ont pas varié pendant toute la durée considérée. h) L'effet de la superposition d'actions pennanentes ou quasi permanentes à des actions de courte durée est prise en compte au moyen d'un «coefficient de fluage réduit a
coefficient de fluage du béton sous contrainte de compression pris égal à 2 quelle que soit la valeur de cette contrainte.

a

rapport des moments du premier ordre (évalués avant pondération par les coefficients y) dans la section la plus sollicitée, dus respectivement:

abc

constante,

- aux actions permanentes et quasi permanentes (MIL) - à la totalité des actions ( MI) :

Cette hypothèse revient à effectuer sur le diagramme parabole-rectangle une affinité parallèle à l'axe des déformations (Ebe) et de rapport 1 + a<j> (figure 11.14).

fbu ------------

:

:

........... ",'"

,l,'

,

"

,

:

: 0

/";

:

/'! :

: !

,

~'

",,":

---r-------.

1

:

: : 1L.---_-':c--_ _ _....J''--_ _ _--7

o

2-10-3

Ebc

2-10- 3 (1 +aq»

Figure 11.14

Remarque: La méthode du coefficient de fluage réduit est due à Bernard Fouré; a


570 Traité de béton armé En fait ce coefficient est de la forme a

f3



le coefficient défini précédemment

f3

le rapport des efforts normaux N- et N dus aux mêmes actions que celles prises en compte dans a.

Dans le cas d'actions complexes, on peut décomposer les actions (non pondérées) en: - actions« de longue durée» QLi appliquées aux âgesji' auxquelles correspondent NLi , Mw - actions de « courte durée» Qc appliquées au temps t, auxquelles correspondent Ne, MIe. Le coefficient de fluage réduit est alors de la forme:

L [ai f3i
avec
11.622 Méthode générale À partir des principes énoncés au § 11.61, on peut procéder de plusieurs manières. On peut en effet : a) soit démontrer qu'il existe, sous tille combinaison d'actions donnée, un état d'équilibre (qui n'est pas nécessairement l'état-limite ultime), en déterminant cet état d'équilibre par la convergence d'un calcul itératif, effectué en tenant compte, à chaque étape du calcul, des effets du second ordre évalués selon les hypothèses énoncées au § 11.621-2 ; b) soit comparer les sollicitations agissantes de calcul du premier ordre aux sollicitations

à l'état-limite ultime de stabilité, ces dernières étant données par des tables, des abaques ou même des formules empiriques, pour des valeurs connues des paramètres (élancement, excentricité du premier ordre, pourcentage d'armatures, etc.; voir § 11.64). c) soit démontrer directement qu'il existe un état d'équilibre (sans chercher à le déterminer) en comparant les efforts extérieurs aux sollicitations résistantes (méthodes dites de l'équilibre: méthodes des déformations; méthode des rigidités; voir § 11.67). Le principe général de calcul consiste à rechercher s'il existe une déformée pour laquelle en chaque section: - les forces externes sont en équilibre avec les forces internes,

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 571 - la courbure due aux contraintes internes est égale à la courbure due aux actions extérieures, c'est-à-dire à la courbure de la déformée. La vérification est à faire dans toute direction où une instabilité est possible. Il faut tenir compte: - des incertitudes sur les encastrements; - des imperfections géométriques. La méthode générale consiste à appliquer strictement le principe général de calcul énoncé ci-dessus. Elle nécessite un volume important de calculs et le recours à l'ordinateur est inévitable.

11.63 Méthode simplifiée de vérification de l'état-limite ultime de stabilité d'un poteau isolé - Application des Règles BAEL Cette méthode n'est applicable qu'à des poteaux de section constante (section de béton et sections d'armaturesl

11.631 Définition des poteaux isolés Il peut s'agir: - soit d'éléments comprimés réellement isolés (figure 11.15, a et c) - soit d'éléments comprimés faisant partie d'une structure, mais considérés comme isolés pour les besoins du calcul (figure Il.15, b et d).

1.

II existe une méthode plus rigoureuse dont le principe est dû à Th. Von Karman. Il consiste à déterminer la déformée du poteau étudié (dont la section peut être variable) compte tenu des déformations du deuxième ordre et du caractère anélastique des matériaux. Le calcul requiert un ordinateur assez puissant: le poteau est découpé en n tronçons linéaires [(n + 1) sections de calcul équidistantes]. En se donnant l'état de déformation interne d'une section, on calcule de proche en proche et pour tous les tronçons d'une part les sollicitations internes, d'autre part les déplacements. Par itération, l'état de déformation initial est corrigé successivement de manière à satisfaire à la fois les conditions d'équilibre et les conditions aux limites.

572 Traité de béton armé

1::.'/

.,

1> ~,~

7,7-

7.7-

a) poteau isolé b) poteaux articulés dans une structure à nœuds fixes c) élément de contreventement élancé, considéré comme un poteau isolé

! .77-

7.7'

7.7

d) poteaux à extrémités encastrées dans une structure à nœuds fixes h / / / / / / "//

Figure 11.15. Exemples de poteaux isolés

11.632 Détermination de la longueur de flambement d'un poteau isolé Les longueurs de flambement de poteaux présentant diverses conditions de liaison à leurs extrémités ont été données au § 10.311 (voir également plus loin la figure II.41). La longueur de flambement d'un poteau isolé peut également être déterminée au moyen de l'abaque de Jackson et Moreland l qui donne le rapport 13 de la longueur de flambement lrà la hauteur du poteau (lcol, indice col pour« colonne ») mesurée entre les centres des encastrements, de raideurs ka et k b, aux extrémités A et B du poteau: 1

.

13 =--.L fonctIOn de kA et ks I co'

1. « Jackson and Moreland alignment chart », ACI Committee 340, Ultimate Strength Design Handbook, V-2 Colurnns, SPI7A, ACI Detroit 1970 (cet abaque a figuré dans l'EC2, version 1992).

~

!'--.

g ::-

~

::r C'D

g

"0

sr

~

C'D

<:

::t.

&r

J 8

A

1b4

Ib1

.... , 0,8

,..:....

t,"

.. ....

-t-, 0 ,9 + . ..... ..

:

1

-x

sO,4

=

--l

--l

--l

=

10,0

, ,

,

3 .0

1

-'-

,,

,

+

+1 , 5

,

-r

+, +, +,,

+2,0

~

.,

T

.....,,

1,,

-'-

+4,0

-l.,- 5,0

= + .....,

1-- 1,0

1-- 2,0

1-- 3,0

4,0

5,0

10,0 9,0 8.0 7,0 6.0

20,0

50,0 30,0

00

E100,0 ka /

Nœuds déplaçables

SO,4 ----1. __________ 1__________ -1-- SO,4

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

10,0 9,0 8,0 7,0 6,0

20,0

30,0

Abaque de Jackson et Moreland

0,5 Ib 1' eff1 + Ib2 ' t eff2

t

Icot1,tcot,1 + Icol2,tcot2

0.=0,5)

kA= - - - - - - - -

-+

SO,4

0,5

1,0 0,9 0,8 0,7 0,6

2,0

3,0

5,0

1000~ 50,0

~20,O

00

(Nota: L'encastrement parfait [kA 0 ou ka 0 1n'existant pas en pratique, il n'est pas recommandé d'utiliser des valeurs de kA ou ka inférieures à 0,4. L'abaque complet a donc été tronqué à ces valeurs).

Exemple:

(Articulation

Nœuds fixes

- - -- - - - - --'- -- - -- ----

1.0 .......... i 0,9....' 0.8" :, 0,7 0,6 -:-0,7 0,5

2,0

3,0

5,0

10,0

/3/

Il)

~

3

~

::s

CD

~

cr

3

Il)

9

CD

ë'

CD0. CD

;::;:

Sg:

CD 0. CD

3

a:

c:

$'

3'

m-

~

ëi3

"C ;::;:

() ::T

C'D

.....

W

Ib3

j

'-1 .-

l~ff2

Ib2

BAEL

en notations )

B NI .,.,J

- t

(_ lf

-l-

~10!~'0 \,.. kA

00

sr

- t

13 - lo

10,0

~lA

00

CIl

~

$:1)

<:

0-

g

~ ......,

i

~

"0

ê"

~

srt:

g'

Sl

~

....-.

fjP

.... -,

~

~

'""l

g,

~

~ 0~ ,-~ -::::s

~

....-.::::s

C'D

~

"0

"0

3 ~ g 0 ct::t 3 C'D C'D C'D

..... ~

574 Traité de béton armé

a

coefficient prenant en compte les conditions d'encastrement de l'extrémité opposée de la poutre :

a= 1

encastrement rigide ou élastique

a = 0,5 rotation libre

a

=

0

poutre en porte à faux.

11.633 Cas de base

Le poteau est isostatique. Il s'agit (figure 11.16) :

, ,,, , ,,, ,

- soit d'un poteau «bi-articulé» de longueur

Ir ayant une ligne moyenne symétrique par

La section du béton et celle des armatures sont constantes sur la longueur du poteau. Le poteau est fléchi dans son plan de plus faible rigidité, qui est un plan de symétrie commun au béton et aux armatures.

, ,,, ,

1 1 1 1

rapport à la section médiane; - soit d'un mât de longueur If/2 parfaitement encastré à une extrémité, libre à l'autre.

1 1 1 1 1 1 1 1

if

lf/2

-1- -~-1 1 1 1 1

,, ,, , 1

\ \ \

Figure 11.16

Les actions appliquées sont telles que: - !'effort normal N est constant sur toute la longueur du poteau, -le moment du premier ordre Ml (x) est de signe constant. Pour le poteau bi-articulé, ce moment est maximal dans la section médiane et distribué symétriquement par rapport à cette section (la déformée ne présente donc pas de points d'inflexion, et elle est symétrique par rapport à la section médiane). Pour le mât, ce moment est maximal en pied de poteau, à l'encastrement. Dans le cas où ces conditions sur Net M ne sont pas remplies, des corrections sont possibles (voir § 11.65).

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 575

11.634 Hypothèses générales Les hypothèses déjà faites pour l'état-limite ultime sous sollicitations normales (sections planes; absence de glissement acier-béton; résistance à la traction du béton négligée) sont complétées par les suivantes:

- le flambement est plan, -les déformations dues à l'effort tranchant sont négligées, - les déplacements sont de faible amplitude,

/

- le comportement du béton en compression simple peut être représenté par une expression analytique convenable g (f;.j' EijO' Eco) [figure 11.17]. Voir § 2.234. -le comportement de l'acier en compression en traction et en compression peut également être représenté par une expression analytique convenable.

Figure 11.17

La règle des trois pivots n'a ici aucune raison d'être.

11.635 Hypothèse simplificatrice pour le calcul des moments du second ordre L 'hypothèse simplificatrice essentielle consiste à n'étudier l'équilibre des forces extérieures (compte tenu des déplacements) et des efforts internes (compte tenu des lois de comportement des matériaux) que dans une seule section, la plus sollicitée, qui doit être fixe et connue a priori. Si cette section est en équilibre, tout le poteau est en équilibre. Pour ce calcul, la déformée du poteau est assimilée (fig. 11.18) : - dans le cas d'un poteau bi-articulé: à une demi-onde de sinusoïde (valable pour les poteaux de section constante fléchis en simple courbure symétrique) ; - dans le cas d'un « mât », c'est-à-dire d'un poteau encastré en pied et libre en tête: à un quart d'onde sinusoïde.

576 Traité de béton armé

--~-~

tf

Figure 11.18 L'hypothèse faite revient à ne faire dépendre le résultat du calcul que de la valeur maximale du moment du premier ordre M 1max, et non de sa variation MJ(x) le long du poteau:

x

Le moment du premier ordre est ainsi: 1 1 1 1 1

Ml = Pel =P(eo+ea )

1

et le moment du second ordre:

: e1

y (x)

avec y (x)= fsin 1tx If

-'Joo\-~---4--..,.-

x Y~--~~O-L----i-

Figure 11.19

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 577

11.636 Équations du problème Dans ce qui suit, le poteau étudié est ramené à un poteau (<< colonne-modèle») : - encastré en pied et libre en tête, - de même section (constante) que le poteau étudié, - de hauteur égale à la moitié de la longueur de flambement du poteau étudié, - fléchi en simple courbure (sous l'action indépendante ou combinée de toutes les charges et de tous les couples appliqués, voir figure Il.20. - dont la déformée est un quart d'onde de sinusoïde. Dans la section la plus sollicitée (x If /2), il doit y avoir équilibre entre les sollicitations extérieures, se ramenant à la charge Pli excentrée de el +j; et les sollicitations internes Ni, M;GO :

11.636-1 Excentricité « externe» Rapportons la colonne-modèle non déformée à un système d'axes orthonormé, dont l'origine restera attachée à l'extrémité libre (figure Il.20).

l

t

p

Hu

Mu ~

"

Y c(

0



0

eo+e a

Pu

t=t f /2

Figure 11.20 Dans ce système d'axes, la déformée a pour équation:

. nx

yx () = / sm-

If

où/désigne la flèche maximale (en pied).

[11.14]

578 Traité de béton armé La courbure de déformation est : 2

1 y n() f re • re x -::::: X =- -2-sm-

If

r Dans la section de pied, x

= 1;-/2 et, en valeur absolue

If

~ =f r

TC: If

d'où

[ 11.15]

Dans l'état déformé, l'excentricité de la force extérieure Pli (excentricité «externe ») dans la section la plus sollicitée est donc liée à la courbure 1 / r dans cette même section par la relation: [ 11.16] Cette relation est d'ordre géométrique: elle ne résulte que de l'hypothèse de la déformée sinusoïdale.

11.636-2 Excentricité Interne Dans la section la plus sollicitée, à tout état de déformation (figure Il.21) caractérisé par une courbure 1/ r quelconque (pente du diagramme des déformations) et par une position d'axe neutre quelconque repérée par sa distance y à la fibre la plus comprimée (le diagramme des déformations n'étant plus ici astreint à passer par l'un des trois pivots)! correspondent les équations de compatibilité et d'équilibre suivantes:

l ---- ------

-------ï 1 1 1

1 1

cre/;

---------:;~

AN.

"

,,"

"

... ,,"

.,"

- - - 1 crsj

,-1

_____ ...J ____ _

Béton

Figure 11.21

1. Mais avec, cependant, êJ"

S;

3,5.10.3 et 10, S; 10.10.3

Acier

,," "

,,"

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 579 ~ = Ebemax r y

ou

y

Ni

f

n

= bç creç dÇ + LAj crSj o

y

M iGO

[11.17]

r

f o

[11.18]

j=l

n

= bç creç (v'-Ç)dÇ + LAj (JSj d j

[11.19]

j=l

avec:

Ni

effort normal « interne»

MiGO

moment résistant « interne », rapporté au centre de gravité seul, correspondant tous deux à l'état de déformation considéré.

L'excentricité e. 1

= MN.iGO

est l'excentricité« interne ».

1

Les contraintes (JcÇ, (Jsj étant liées à Ebcmax et ESj par les lois (J-E du béton et de l'acier, elles ne dépendent que des deux paramètres Ebcmax et 1 / r. On peut donc écrire:

Ni

= fonction (~ ; Ebcmax )

(1.

M iGO _ ~ • ei -_ - - lonctIon -, Ebcmax Ni r

[11.20]

)

[11.21]

En éliminant Ebcmax, on obtient une relation d'ordre« mécanique» entre Ni, ei et 1/ r : <1> (Ni> ei, 1/ r) = 0

[11.22]

Remarque: Les équations donnant Ni et M;(iO se présentent sous la même forme que celles utilisées pour tracer les diagrammes d'interaction (cf. § 8.62) puisque ce sont des équations d'équilibre. Mais ici, la différence essentielle est que le diagramme des déformations n'est pas tenu de passer par l'un des trois pivots A, Bou C.

580 Traité de béton armé

11.636-3 Critère d'instabilité Un état-limite ultime est atteint par flambement sous une charge P croissante lorsque pour ei = ee l'effort normal N; passe par un maximum à courbure ou à flèche croissante (figure 11.22). dNi =0

Ni

[11.23]

d(;)

L-----~----____'l>

1/r

o Figure 11.22

L'ordonnée de ce maximum définit la charge critique de calcul PZ/co Des méthodes numériques permettent de déterminer par approximations successives la valeur de Puc à partir des équations [11.16], [11.20], [11.21] et [11.22] (système de quatre équations à quatre inconnues, Ni, ei, êbcmax et 1/ r). r-------------------

Sbcmax;

1 1

.1 r

1 1 1

1

AI

1 1

1

1 1

1_- ____________

Non __

Oui

~(-)

r

1

Non. -- --_ --------1

Oui

Instabilité: Ni max = Pue

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 581

11.636-4 Etude de l'équilibre par la représentation graphique de P. Faessel Dans le système de coordonnées (1 / r, e) : - la relation géométrique [11.16] est représentée par une droite D, d'ordonnée à l'origine eh de pente l} lIT? ; - la relation mécanique [11.22] est représentée par un réseau de courbes dépendant du paramètre Ni (courbes de niveau Ni = ete, de la surface définie par la relation [11.22]). Le point extrême de chaque courbe correspond à l'état-limite ultime de résistance en flexion composée (figure 11.25). e

-----

\

Ni croissants

1 r

o

Figure 11.23 Bien noter que Ni varie en sens inverse de ei et que les courbes les plus hautes correspondent aux ejf0l1s normaux les plus faibles.

En réalité ces « courbes» sont constituées par des segments sensiblement rectilignes raccordés par des tronçons courbes. Lorsque la courbure est faible, la fissuration ne s'étant pas produite, la pente à l'origine est celle que donne l'élasticité linéaire M El

e

_..:...(N;...)_ _u Rupture

Ne El

-=-=-

r

Ensuite quand 1 / r croît à N fixé, El décroît (d'abord par suite de la fissuration, ensuite du fait de la plastification).

o

"------'-------~

Figure 11.24

lIr

582 Traité de béton armé Pli étant donné, deux cas peuvent se présenter: 1°) les deux équations [11.16] et [11.22] n'admettent pas de solution: il n'y a pas d'équilibre possible ; 2°) ces deux équations admettent une solution en e et 1 / r : cette solution est une solution d'équilibre, qui peut être stable ou instable. En effet, en supposant que la résultante des forces internes équilibre la force extérieure soit Ni = Pli' si l'on fait croître la courbure: -la relation géométrique impose à l'excentricité ee de la force extérieure Pli de demeurer liée à la courbure par [11.14], donc de décrire la droite D. -la relation mécanique impose à l'excentricité ei de la résultante des forces internes Ni (de la section la plus sollicitée) de demeurer liée à la courbure par [11.22], donc de décrire la courbe Ni correspondant à Ni = Pli' La condition nécessaire et suffisante pour qu'un groupe de trois valeurs Pu, 1/ r, ee satisfasse aux conditions d'équilibre est que l'on ait ee = ei, ce qui définit les coordonnées d'une intersection de la droite D et de la courbe Ni (= Pu). Pour un poteau donné avec el et If fixés, les points d'intersection correspondent à des états d'équilibre Eh E2 ou E/, ... successifs sous charge croissante jusqu'au point Ec. e

\

Sens des Ni croissants

/

-'

-'

-'

-'

-'

J~~~-'_\~~ __ :~ lf2/1[2

~

0

__________ _____________________ ~

1/rc

>~

1

r

Figure 11.25 Si en E2 on écarte le poteau de sa position d'équilibre par augmentation de la courbure, on constate (figure 11.26) que e i2 > ee2 •

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 583 e Assimilation : --.lo.

~(;"'table)

E2 (stable) Bille sur une tôle ondulée

1

r

o Figure 11.26

L'excentricité interne croît plus vite que l'excentricité externe: la réaction du poteau à la déformation complémentaire imposée tend à le ramener à sa position d'équilibre qui est donc stable (voir figure 11.26, le croquis assimilant le phénomène à celui d'une bille placée dans le creux d'une tôle ondulée). C'est l'inverse au point E'2 où l'équilibre est donc instable. La charge critique « de calcul» Nuc (= PIIC ) définit l'état-limite ultime de stabilité (il ne s'agit pas en effet, de la charge critique réelle ou physique qui serait celle que l'on trouverait en n'appliquant aucun coefficient de sécurité ni sur les actions, ni sur les résistancés ou que l'on pourrait observer lors d'un essai en laboratoire). Elle correspond à la courbe Ni tangente à la droite D au point Ec. La courbure correspondante est 1 / rc. Si le point Ec n'est pas situé sur la frontière définissant l'état-limite ultime de résistance, celui-ci n'est pas atteint dans la section la plus sollicitée sous la courbure 1/ rc : on dit que le flambement a lieu par divergence d'équilibre.

Lorsque Pli = Nlle l'état de déformations et de contraintes de la section la plus sollicitée est donc généralement très different de celui de l'état-limite ultime de résistance (chap. 8).

11.64 Méthodes pratiques Normalement la résolution numérique exacte du problème exige le recours à l'ordinateur (mais dans certains cas une simple calculatrice de poche programmable peut suffire). En outre, il a été établi des tables et des abaques qui permettent de déterminer: - soit la charge critique de calcul d'un poteau dont on connaît les dimensions et les armatures (vérification de stabilité) ; - soit les armatures d'un poteau de dimensions connues, pour qu'il puisse équilibrer une charge donnée (dimensionnement des armatures pour satisfaire à la condition d'étatlimite ultime de stabilité).

584 Traité de béton armé

Ces tables ou abaques (voir bibliographie au § 11.9) ont été établis pour deux valeurs de l'abscisse du «pic de contrainte» dans le diagramme de calcul du béton, à savoir 2.10-3 et 6.10-3 correspondant au cas où toutes les actions seraient respectivement de courte durée (avec


11.641 Utilisation des tables 11.641-1 Tables numériques d'état-limite ultime Ces tables parues en 1971 sont dues à Pierre Faessel, épaulé par Jacques Ramsay Robinson, professeur à l'ENPC, qui a assuré le développement de la méthode en lui donnant un caractère pédagogique, et par Alain Morisset, bien au courant du calcul automatique encore balbutiant ( ... langage Fortran, cartes perforées, tables traçantes Benson avec papier spécial et stylets aux traits épais ... ). Les tables « de Faessel » donnent Puc pour les types de sections suivants (figure 11.27) où PP' désigne le plan de flambement.

!p 1

IT~ ,IP'

1P'

1

Rectangle

Carré

Octogone (- Cercle)

Figure 11.27

Les arguments des tables sont: EO

excentricité relative du premier ordre

ELG

élancement géométrique

ALPHA

distance relative entre les nappes d'armatures (toujours écrire« ALPHA» en toutes lettres, pour ne pas confondre avec Ct selon 11.621-2)

EPSU

raccourcissement du béton correspondant à la résistance réduite en flexion./iJII (/bu = 0,85 !cj 1f}yb) soit:

EO =e11 h ELG = ftl h ALPHA=alh

-pour


EPSU = 2.10-3

- pour


EPSU = 6.10-3

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 585 SIGE

résistance de calcul de l'acier (en bars : 10 bars = 1MPa)

SIGE =le/Ys =led

PIMEC

pourcentage mécanique

PIMEC = Afed/ BJbu

NU

charge critique de flambement relative (multipliée par 1000)

NU = 1000 PIIC / Bjbu

FU

flèche ultime (correspondant à Puc) relative (rapportée à el) multipliée par 100.

FU = 1001c/ el

Chaque page des tables correspond à un couple de valeurs EO - ELG, avec toutes les combinaisons possibles des valeurs ci-après:

EO ELG À

0,03; 0,05; 0,1 ; 0,2; 0,3; 0,5; 0,75; 1 10 ; 15 ; 20 ; 25 ; 30 ; 40 ; 50 35 ; 52 ; 69 ; 87 ; 104; 139; 173

Un modèle de table est donné ci-après (table de Faessel). Pour la gamme des valeurs numériques attribuées aux paramètres SIGE, PI MEC, ALPHA et EPSU, se reporter à ce modèle. Les valeurs de SIGE prises en compte couvrent toute la gamme des aciers couramment utilisés. La valeur la plus basse, 1800, a été retenue pour éviter d'avoir à réaliser des extrapolàtions dans certains cas. Les valeurs de ALPHA: 0,60, 0,75, 0,90, couvrent pratiquement tous les cas, du très petit poteau (ALPHA = 0,60) au très gros poteau (ALPHA = 0,90).

586 Traité de béton armé

Exemple de table de Faessel SECTION RECTANGULAIRE - FLAMBEMENT DANS UN PLAN MEDIAN VALEURS DE AL PliA EP$U

----------SIGE PINEC

ET DE

(1000*NU)/{B*SIGJ)

EO 0.30

100*(E-EO)fEO

ELG 30

0.60

0.60

0.75

0.75

0.90

0.90

0.002

0.006

0.002

0.006

0.002

0.006

1800 1800 lBoo 1800 1800 1800 1800 1800 lBoo 1800

0.0 0.025 0.050 0.075 0.100 0.150 0.200 0.300 0.600 1.000

57 94 127 156 180 222 260 323 460 625

22 48 62 70 73 81 86 95 79 65

19 55 81 103 123 155 182 229 337 489

22 69 79 86 92 103 113 130 113 60

57 107 150 186 217 271 313 381 541 734

2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000

0.0 0.025 0.050 0.075 0.100 0.150 0.200 0.300 D.GOO 1.000

57 22 90 44 122 66 149 72 172 78 213 85 249 91 313 100 452 83 615 75

19 53 78 99 118 151 178 224 333 484

22 74 84 91 97 107 117 134 111 68

51 103 144 178 208 262 305 372 534 728

3000 3000 3000 3000 3000 3000 3000 3000 3000 3000

0.0 0.025 0.050 0.075 0.100 0.150 0.200 0.300 0.600 1.000

57 79 101 123

19 43 65 83 99 128 155 203 312 448

22 95 107 116 123 133 142 155 125 115

4000 4COO 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4000 4000

0.0 0.025 0.050 0.075 0.100 0.150 0.200 0.300 0.600 1.000

22

90 107 123 152 177 220 325 456

45 62 87 108 121 133 155 192

19 37 56 72 86 111 1311 176 284 408

128 138 145 158 169 lB3 191 172

5000 5000 5000 5000 5000 5000 5000 5000 5000 5000

0.0 0.025 0.050 0.075 0.100 0.150 0.200 0.300 0.600 1.000

57 70 83 97 110 135 157 195 285 391

22 29 39 51 63 95 III 124 145 188

19 33 49 63 76 99 119 155 253 367

22 54 145 161 169 IB2 195 213 246 231,

22 34 56 81

98 177 107 206 III 257 128 388 149 540 132

143

57

n

22 31

73

22 46 60 64 69 75 81 BB

19 22 66 64 99 73 125 81 148 88 186 99 219 109 275 127 403 115 576 43

57 123 175 219 254 311 359 435 616 B32

B3 69 59

19 22 78 60 115 70 H5 77 171 83 217 95 255 105 320 122 466 119 65,3 611

59

19 63 95 122 144 182 215 270 399 574

85 92 103 113 131 113 47

57 118 168 210 247 304 351 427 609 827

22 50 60 64 68 75 82 86 68 56

19 22 75 64 112 73 142 81 168 B8 213 99 251 109 315 127 462 117 651 63

57 88 117 H6 172 217 256 327 493 683

22 40 54 79 90 101 108 118 101 90

19 52 80 103 125 164 195 247 379 551+

22 85 98 106 112 123 133 148 93 79

57 22 98 44 138 76 171+ 82 206 86 262 94 313 101 392 89 580 74 801 67

19 62 96 127 152 194 230 291 1+42 642

22 78 91 100 106 118 129 146 101 58

57 80 102 124 147 185 219 278 432 609

22 35 44 59 85 105 118 141 153 H4

19 22 44 69 68 117 89 127 107 133 142 145 173 154 228 153 359 128 521 118

57 88 118 148 174 224 268 346 533 745

22 38 59 84 83 113 120 132 112 99

19 52 82 109 133 177 212 271 427 622

22 67 105 118 124 B5 H6 138 93 86

57 75 94

22 32 45 50 60 92 108 120 179 180

19 39 59 78 95 125 153 204 333 483

57 82 106 130 153 194 234 302 477 678

22 35 50 69 89 90 136 152 153 134

19 45 72 95 117 156 193 254 407 592

22 74 127 136 143 155 164 153 129 117

III

128 162 192 243 374 536

73

60

22 51

64 69 72

80 85 88 73

22 6B 77

22 52 136 146 153 167 177 192 178 160

22 50 56 60 64 71 77

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 587 Remarques: 1. Si ELG est grand et EO modéré, SIGE influe peu sur le résultat du moins tant qu'il n'est pas trop faible puisque le point Ec (figure 11.25) n'est pas situé sur la frontière de l'état-limite ultime de résistance l . On peut alors prendre pour SIGE la valeur ronde immédiatement inférieure à!ed, et introduire cette même valeur dans le calcul de PlMEC. 2. Pour prendre en compte le fluage au moyen du coefficient a


a) Dans le cas de la vérification, PIMEC est connu et il tàut prendre: NU( a) = NU(O) -

ra [NU(O) - NU(1)]

avec: NU(O) valeur de NU lue dans la colonne EPSU = 0,002 NU(l) valeur de NU lue dans la colonne EPSU = 0,006 [NU(l) - NU(O)] :

0,0021 0,006


SIGE -7 PI MEC -7 NU(O) -7 NU(l)

b) Dans le cas du dimensionnement, NU est connu, et en posant pour simplifier l'écriture PIMEC =m

m(a) =m(O)-ra [m(O)-m(l)] avec: m(O)

valeur de PI MEC correspondant à celle de NU lue dans la colonne EPSU = 0,002

m(l)

valeur de PIMEC correspondant à celle de NU lue dans la colonne EPSU = 0,006:

1. Pour le vérifier, il suffit de comparer sur les tables les valeurs de NU obtenues pour deux valeurs différentes (SIGE)( et (SIGEh de SIGE et des valeurs de PIMEC telles que (PIMECh = (PIMEC)I.(SIGEh 1 (SIGE)I

588 Traité de béton armé

0,002 ~SIGE

m(O)

f-NU

m(1)

f-

0,006 NU

11.641-2 Tables du Manuel flambement du CEB (modèle ci-contre) Pour les formes de section usuelles, il est possible de dresser des tables donnant la relation (Mu; 1/ r) pour des valeurs données de Nu, avec Mu, Nil moment résistant ultime total et effort normal résistant ultime, respectivement. Pour chaque forme de section, il existe plusieurs tables que l'on obtient en faisant varier successivement: la valeur de Nil choisie, l'élancement, la disposition et le pourcentage des armatures de la section, et les résistances de calcul (fed,fiJlJ des matériaux, etc. Pour l'utilisation pratique, il est commode de transformer ces tables en abaques (voir § 11.642-2).

11.642 Abaques 11.642-1 Abaques de Capra 1 Ces abaques sont en fait des diagrammes d'interaction tenant compte des effets du second orqre (modèle d'abaque, donné ci-après). Ils concernent les sections rectangulaires ainsi que les sections carrées flambant dans un plan diagonal, et s'utilisent comme les diagrammes d'interaction classiques, en prenant comme paramètres: ~

h

t)=

N Il

bh /bll

A/Cd b h /bu

P = --"-='--

Faire attention que, dans ces abaques, eo désigne l'excentricité du premier ordre, excentricité additionnelle comprise, c'est-à-dire ce que nous avons appelé el.

1. Voir A. Capra et V. Davidovici, Guide d'utilisation des Règles BAEL, éd. Eyrolles.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 589

Rupture explosive d'un poteau non armé (Enseignement expérimental, 1953 - photo H. Fréchou.

00 -. -.

Il l:l

8

~

.... -.

82 160 237 315 392

4.1 4.2 4.3 4.4 4.5

54 96 134 171 206

2.1 2.2 2.3 2.4 2.5

80 142 199 253 305

27 49 68 86 104

I.1 1.2 1.3 1.4 1.5

3.1 3.2 3.3 3.4 3.5

0.0

vlw

124 175 225 274 323

148 217 284 350 416

118 194 271 342 408

98 130 163 195 227

68 82 97 III 127

0.2

104 160 213 264 314

78 114 149 183 217

51 67 84 100 116

0.1

164 229 294 358 422

141 188 236 283 331

114 144 174 205 236

77 92 106 120 135

0.3

175 238 301 364 428

153 198 245 291 338

124 154 183 213 244

80 96 III 126 141

0.4

179 243 306 369 432

159 205 251 297 344

130 160 190 220 250

;Jed = 400 MPa ; Es

Es

= fed = 2.10-3 ;

h

!!... = 0,1

173 236 302 371 435

160 208 255 302 348

129 162 193 224 254

72 91 109 127 144

0.6

159 222 288 355 424

151 208 257 304 351

123 160 194 226 257

66 86 105 123 141

0.7

139 204 269 336 405

132 193 253 304 353

III 154 191 226 258

60 81 101 120 138

0.8

0 0 247 314 382

106 172 235 297 352

94 143 185 223 257

52 75 96 116 134

0.9

0 0 0 289 358

75 144 211 276 340

68 130 176 217 254

44 69 91 III 131

1.0

80. 158. 229. 295. 361.

68. 122. 172. 222. 271.

46. 81. 115. 149. 181.

23. 41. 58. 75. 91.

0.0

106. 172. 237. 302. 366.

84. 132. 181. 229. 277.

61. 92. 124. 155. 187.

37. 51. 66. 81. 97.

0.1

119. 181. 244. 308. 371.

97. 142. 188. 235. 282.

72. lOI. 131. 162. 193.

42. 57. 72. 87. 102.

0.2

126. 188. 251. 313. 376.

106. 150. 195. 241. 287.

78 . 107. 137. 167. 197.

40. 57. 74. 89. 105.

0.3

126. 182. 245. 312. 380.

107. 155. 200. 246. 292.

78. Ill. 141. 171. 201.

39. 56. 73. 89. 105.

0.4

121. 174. 233. 297. 364.

250. 295.

100. 149.

74. 110. 143. 174. 204.


=8 .

III 163. 219. 281. 346.

97. 148. 204. 264. 327.

76. 122. 191. 232. 292.

54. 93. 141. 174. 207.

64. 107. 142. 175. 206. 89. 137. 204. 249. 299.

29. 53. 70. 87. 104.

82. 130. 186. 245. 307.

63. 106. 175. 214. 273.

43. 79. 125. 173. 206.

20. 50. 70. 86. 103.

0.8

b h fcd

~

0.7

V=

37. 54. 71. 88. 104.

0.6

; J.l = MUG ; bh 2 fcd

et ro =p = Atoded : les tables vont jusqu'à a = 1000 h 1,5 b h fcd r

= fc28


avec fcd

Section rectangulaire, armature dans les angles

Exemple de table « moment-courbure» (extrait u Manuel de calcul CEB-FIP Buckling and instabi/lty

64. Ill. 166. 224. 285.

49. 89. 157. 194. 253.

30. 64. 108. 159. 205.

15. 36. 69. 86. 103.

0.9

45. 91. 144. 202. 263.

35. 71. 138. 172. 231.

24. 48. 90. 139. 194.

12. 22. 58. 85. 102.

1.0

CD-

3

Q)

::;,

Ô

CD-

0-

CD

e.

CD-

ii3 ;::;:

-1

o

CD

CIl

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 591 Exemple d'abaque de M. Capra (extrait du Guide d'utilisation des Règles BAEL, éd. Eyrolles) v

= 6'k

~h

0,70

E

0,66

1. = 346 ou 400 MPa y.

U

=30

0,66 0,64 0,62 0,60 0,58 0,56 0,54 0,52 0,50 0.46 0,46 0,44 0,42 0,40 0,36 0,36 0,34 0,32 0,30 0,28 0,26 0,24 0,22

0,2:3 0,18

0,16 0,14 0,12 0,10

'''''~

.

O,OB O,OB 0,04 0,02

o

6

... "o

o

o

N

~G

592 Traité de béton armé Dimensionnement :

Les données sont 1j, b, h, el (eo selon Capra), NII,!ed,fbll, on calcule el / h et u d'où l'on déduit p et IlG, ce qui permet de connaître le moment résistant ultime total

MUG •

Vérification :

Les données sont ft, b, h, el (eo selon Capra), A,!ed,fi,u, Nu; on calcule el / h etp d'où u et IlG c'est-à-dire l'effort normal résistant ultime Nu et le moment résistant ultime total MUG •

On doit s'assurer que Nu::; Nu.

11.642-2 Abaques tirés du Manuel « Flambement) du CEB Ces abaques sont une représentation graphique des tableaux (M, 1 / r) pour N donné que l'on peut trouver dans le Manuel« Flambement» du CEB (voir 11.641-2). Il ya autant d'abaques que de formes de section, de distribution d'armatures, de valeurs de Nu et de

Ebcu

(<< EPSU »).

a) Principe général Si l'on se fixe la courbure 1 / r, le moment résistant du premier ordre « disponible» est:

-

M ul

-

= Mu -

1J.

1

Nu - 2 TC r

II existe une courbure pour laquelle M ul atteint sa valeur maximale M ul max (figure 11.28), que l'on obtient en cherchant la tangente de pente

IJ. / TC 2 •

La vérification est assurée si le moment agissant du premier ordre est tel que:

~~~:~-~-~--.:-:::: - ---

-----MU1 max Mu pour lIr donné

1/r

-L_~~------------------~-----------~-----~1/r

o

Figure 11.28

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 593

b) Abaques « a-Il» pour les poteaux à section rectangulaire Pour un poteau à section rectangulaire boh (h hauteur de la section dans le plan de flambement), il est possible de tracer des abaques (modèle ci-après) en prenant comme paramètres : h r

a=-

Dans le plan (a, IlG) la droite D (voir § 11.636-4) a pour équation _

D

1;

avec

IlG -IlGl +-2 -2 a h Tt

IlGl

= bo h 2Jbu 1'

IlGl et D étant connus, la droite !lG(a) peut être tracée (figure 11.29). Les courbes PIMEC expriment la relation mécanique de la section étudiée (équation [11.22]). On peut s'en servir pour la vérification: f.lG

f.lG

D

D

~·~IMEC

.~

effectif

~/~f~

"' ~:-:.~_(:__~~1t _

D_im_e_ns_io_n_ne_m_e_nt_~ a =h1r

Vérification

. L -_ _

o

Figure 11.29

o

:7 a =h 1r

594 Traité de béton armé Exemple d'abaque« a-Jl» (document du BIEP-Fougerolle); Section rectangulaire à deux nappes d'armatures: ALPHA =0,75, EPSU =0,002, SIGE =348 MPa (= fed) 1000 JlG ;u=

Atot

·PIMEC=-· • boh

h ;a=

400

300

200

100

o

5

10

15

1000 a

PIMEC comme pour les tables de Faessel. 11 r courbure du poteau dans la section étudiée.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 595

11.65 Corrections diverses Les méthodes exposées ci-après sont dues à A. Capra et B. Fouré.

11.651 Prise en compte d'une variation de l'effort normal le long du poteau 11.651-1 Cas d'un poteau soumis à des efforts axiaux Pi agissant à divers niveaux Considérons deux mâts (figure 11.30) le premier étant à chaque fois celui auquel on ramène le poteau considéré (voir § 11.635) : -l'un, de longueur 1r12, soumis à une charge axiale PlI1 en tête et à des charges axiales Puj appliquées à différents niveaux, - l'autre, de longueur Ir' /2, soumis uniquement à une charge axiale Pli ' en tête.

Modèle

Figure 11.30

Dans l'hypothèse où les deux sections de pied sont soumises: a. au même effort normal b. au même moment du premier ordre 1 c. au même moment du deuxième ordre pour une même courbure (1 / r

= 1/ r'),

ces deux mâts ont le même état d'équilibre, et l'étude du premier peut se ramener à l'étude, plus simple, du second.

1.

La distribution du moment du premier ordre réel MI(x) doit être conforme aux hypothèses du cas de base, à savoir signe constant et valeur maximale à l'encastrement.

596 Traité de béton armé Les sollicitations dans la section d'encastrement sont: - pour le premier mât (idéalisation d'un poteau de longueur If) la flèche maximale est [2 1

f=L2 1t r

fi

Nil

= LP,y j=l

(2

- pour le second mât (fictif), la flèche maximale est

f = -4-~ 1t

r'

1'2 1 P' M I11= M,+f ul - 2 - u 1t

r'

Par identification, on obtient, pour satisfaire aux conditions a, b et c ci-dessus, les relations: 1/

P'U = LP,g j=l

112f

~ [ I-sm-• 1t X j ] P',' _-If2 ~P,g j=l

If

d'où

11.651-2 Effet du poidS propre Soit: PlI> l'effort axial en tête (figure 11.31)

gu = 1,35 g le poids propre par unité de longueur. Notons tout de suite que le poids propre total est Gu = gll l.r12 et que si Gu :s; 0,10 Pu son 'effet est négligeable.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 597 Le même raisonnement qu'au § 11.651-1 permet de se ramener à un mat chargé uniquement en tête, tel que :

Modèle

Figure 11.31

ou encore

598 Traité de béton armé 11.651-3 Cas particulier des piles de contreventement

Pu,o

~ : l , 1 1

f1

fj

fn

M~pU'1

~PU,j

~1pu,n

1 1 1 1

1 1

1 1 1 1

i·--9+---+-'-~~--I--" p. f·J

LI Gal'

1/

~

11

Il Il

U,J

tf /2

:

~

1

_____

1

J__ _ Modèle

Figure 11.32 Une pile de contreventement est une console encastrée en pied et liée en tête, par un élément considéré comme indéformable, à n poteaux sans stabilité propre, tous de même hauteur lt/2 (figure 11.32). Les déplacements en tête sont donc tous égaux:fi

=Ji =...= f

Chaque poteau donne naissance à un effort horizontal:

Pl! L 2

c'est-à-dire à un moment partiel du deuxième ordre au pied de la pile de contreventement:

P"j! If

(IL] = P. 2 !'lj

2

Le moment total du deuxième ordre, au pied de la pile de contreventement est donc:

La pile est ainsi soumise à : - en tête:

Nu = P"o

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 599 On ramène sa vérification à celle d'une console fictive qui serait soumise à: - en tête: N'II

. d'. M' u-M' ul -en pIe

+

1'2 N'f'-M' fiN 11\+-2 u TC r'

L'identification terme à terme conduit (pour 11 r = 11 r') à : Il

N'" = Nu =~IO

Ipl/j 1'J2 f (-If =1+-PI/O j=1

Si la charge P"o est «centrée» sur la pile, le moment du premier ordre Mul résulte: - d'une inclinaison accidentelle de la pile Sa = 1/100 de radian (BAEL, art. A-4.4,31) donnant lieu en tête à un déplacement Sa lfl 2\ : - de déplacements horizontaux !:J..lj en tête de chaque poteau, dus au retrait, aux variations de température etc. de l'élément de liaison. En utilisant respectivement les exposants L et C pour les actions de longue et de courte durée vis-à-vis du fluage, on a :

avec

~

~

1 c C Millc =1,50 [ P'IOc + L,.P"jcJlf --+1,50L,.P,tj!llj j=1

2 100

j=1

Le calcul de chaque poteau j s'effectue pour la force extérieure Puj affectée de l'excentricité additionnelle ea (qui s'identifie ici à el).

1. Si une rotation de la fondation est possible, son effet est à ajouter à celui de l'inclinaison accidentelle.

600 Traité de béton armé Récapitulation

.P

U1

n

ltx.

rp . (1-sin ---1 ) 1 UJ if

~12

n

P'u:

rp Uj 1

Charges Puj réparties sur la hauteur

Poids propre g U par unité de longueur

P'U: Puo L

C

Mul=Mul+Mul Console de contreventernent

Pile seulement

L n MU1=1,35 [(Guo + L GU»

li

1

2" '100 + ...

1

Inclinaison accidentelle de la pile: 1/100 radian

C : dO aux actions variables

Déplacements horizontaux ûtj en tête de chaque poteau dus au retrait, variations de température etc. de l'élément de liaison.

L : dO aux actions permanentes

11.652 Prise en compte de la variation du moment du premier ordre le long du poteau La relation

f = l~ ~ n'est valable que pour des poteaux de rigidité constante et pour un n r

moment du premier ordre sinusoïdal. Dans tous les autres cas, la valeur n2 est à remplacer par un coefficient \jf qui dépend de la distribution MI du moment le long du poteau. On peut montrer qu'une valeur corrigée approchée de la charge critique de flambement peut être déduite de la valeur Plie calculée sans tenir compte de la distribution du moment MI par :

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 601

avec:

f

1

1t

rc

fc =--4--

(pour la courbure correspondant à P/le)

el

excentricité du premier ordre

\If

coefficient numérique prenant les valeurs indiquées sur la figure Il.33.

Parabole

11'=16

Figure 11.33

La correction n'est généralement sensible que dans le cas d'une variation parabolique du moment MI (cas d'un poteau soumis à l'action du vent sur sa hauteur).

11.653 Poteaux bi-articulés soumis à des moments différents à leurs deux extrémités Dans le cas où le moment du premier ordre varie linéairement le long du poteau, mais avec des valeurs inégales aux deux extrémités pouvant différer en signe et telles que (figure 11.34)

IM~II

>IM:

t1 1

~u r

le problème se

ramène au cas de base en considérant un moment équivalent, Gonstant sur toute la longueur lj, de valeur:

Mill

=0,4 Nf' /II +O,6M"111

Toutefois la section la plus sollicitée n'est plus fixe.

Figure 11.34

rI(

M"u1

602 Traité de béton armé Dans ce cas les armatures doivent être constantes sur toute la hauteur et le calcul demande une double vérification: 1°) Vérification de la stabilité de la colonne-modèle de longueur &/2 soumise à (Pli + M;d) 2°) Vérification de la résistance de la section la plus sollicitée au premier ordre soumise à

P+ M,:!

(sans rajouter l'excentricité complémentaire e2 définie au § 8.22, équation [8.4])

S'il n'y a pas de forces transversales, la section la plus sollicitée au premier ordre est celle qui est soumise à

M;:! .

S'il ya des forces transversales, il faut prendre:

M ul

= O,4M;t1 + O,6M: 1 + M max (forces transversales)

11.66 Application aux ossatures contreventées II s'agit d'ossatures associées à des éléments de contreventement rigides (<< noyau », murs de refend, cages d'escalier...). Ce cas se rencontre fréquemment dans les bâtiments courants à étages multiples. v

---

-+-

+

H-

"7'fh~1T

,..

/,0'

Calcul du contreventement

Calcul de l'ossature

Figure 11.35

11.661 Calcul du contreventement Le contreventement est calculé pour équilibrer les moments de renversement dus d'une . part aux forces horizontales, et d'autre part aux eflèts du second-ordre, eux-mêmes dus aux forces verticales appliquées à l'ensemble de la structure (contreventement et ossature). Si le contreventement est assuré par une console unique de section constante, la justification de celle-ci à l'état-limite ultime de stabilité peut être faite en se ramenant au calcul d'un poteau chargé en tête dont la longueur de flambement effective l'.r peut être déterminée en combinant les cas des § 11.651-1 et 11.651-3.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 603

11.662 Calcul des poteaux de l'ossature L'ossature contreventée est considérée comme« à noeuds fixes ». Pour éviter un calcul complet de la stabilité de l'ensemble de l'ossature, les Règles BAEL (art. B-8.3,3) admettent les approximations suivantes: 1°) Les sollicitations de chaque poteau (effort normal, moment dû à l'imperfection géométrique ea et à toute action directe) sont évaluées en admettant la discontinuité des éléments de plancher au droit des poteaux. 2°) La vérification de chaque poteau est faite ensuite comme s'il était isolé, en lui attribuant une longueur de flambement forfaitaire égale, selon le cas, à 0,710 ou à 10 (voir § 10.311): -si If/h5:max (15; 20eJh) la vérification est conduite selon les méthodes du chapitre 8, en introduisant une excentricité complémentaire e2 (éq. [8.4]) - dans le cas contraire, l'étude se ramène à celle d'lm poteau bi-articulé de longueur (ou d'un mât de longueur If12) soumis à des sollicitations du premier ordre connues.

Ir,

Remarque: On peut aussi effectuer le calcul en se fixant a priori des valeurs des rigidités El des divers éléments de l'ossature (voir § 11.672).

11.67' Méthodes de l'équilibre Dans ces méthodes, on se borne à démontrer qu'il existe un état d'équilibre, sans chercher à le déterminer exactement, en comparant les forces extérieures (compte tenu des effets du second ordre) aux efforts internes ou sollicitations résistantes des sections.

11.671 Méthode basée sur les déformations internes a. Forme générale On se fixe, a priori, l'état de déformation CEbe,max, 11 r) de chaque section de la structure ce qui permet d'en déduire : - d'une part les déplacements: Ù (Ebe,max, 11 r) .- d'autre part les sollicitations internes: Ni (Ebe.max, 11 r) ; M;GO (Ebe,max, 11 r) Les forces extérieures étant connues, on peut calculer les sollicitations extérieures MuGo, compte tenu des effets du second ordre dus aux déplacements Ù.

Nul,

604 Traité de béton armé La vérification de stabilité consiste à s'assurer que dans chaque section on a simultanément: e.

et

1

= M iGO

> Mill (forces ext.) + M II2 (forces ext. + déplacements 0) Ni Nil

b. Forme simplifiée Principe général (se reporter au § 11.636-4)

Si le poteau satisfait aux conditions du cas de base, et dans l 'hypothèse simplificatrice de la déformée sinusoïdale, l'existence de l'état d'équilibre est démontrée si l'on peut trouver un état de contraintes de la section la plus sollicitée (section en pied de la colonne-modèle) tel que l'on ait simultanément (point P situé dans la zone hachurée, figure 11.36) : [11.24] et: [11.25]

c'est-à-dire: ou, plus précisément: M.

Ml

Ni

Nu

IJ 1

- ' >-'-' +-2'

et

Tt

r

1/ r correspondant à l'état de déformations choisi.

D

e

o

1

r

Figure 11.36

606 Traité de béton armé 2°) On en déduit: -la position de l'axe neutre: y

=d

the Che

+ Cs

d· . , . - 1e raccourcIssement Esc es aCIers compnmes:

csc

y-d' = Che y

d'où crsc par le diagramme de calcul. 3°) Dans l'hypothèse faite au 1°, la distribution des contraintes sur la hauteur de béton comprimé est parabolique, d'où: - le coefficient de remplissage:

\jf

= 2/3

- le coefficient de centre de gravité:

oG =3/8 .

On calcule alors:

Ni

= Fbe + F:e - F:

Ni

=\jf ho Y ftm + A' crse - A fed

soit:

4°) Si N i « M" on réduit

Cs

(avec

\jf

=2/3 )

en gardant du côté opposé

tbe

=2.1O-3 (1+acp) et on re-

commence les calculs effectués en 2° et 3° ci-dessus (avec toujours qu'on ait N; > Nu, mais avec Ni :::: Nu.

\jf

=2/3 ) jusqu'à ce

5°) Si.Ni » Nu, on réduit Cbe, (d'où de nouvelles valeurs de \jf et oG, à calculer) en gardant pour l'armature tendue Cs =.fedl Es et on recommence les calculs effectués en 2° et 30, jusqu'à ce qu'on ait toujours Ni > ~" mais avec Ni :::: ~J. Les coefficients \jf et Oc; peuvent être lus dans le tableau suivant l en fonction de : 3 che '11=10 (l+a cp )

TI

1,0

1,1

1,2

1,3

1,4

1,5

1,6

1,7

1,8

1,9

2,0

V

0,417 0,449 0,480 0,509 0,537 0,563 0,587 0,609 0,630 0,649 0,677

oG

0,350 0,352 0,354 0,356 0,359 0,361 0,364 0,366 0,369 0,372 0,375

6°) On calcule le moment MiGo des forces Fbc, Fsc et Fs au centre de gravité Go du béton seul; on en déduit l'excentricité interne ei = MiGol Ni. • f2f 1 On cherche alors SI ei > el + f = el + - ? n- r

1. Pour 11::; 2, on a (partie parabolique de la courbe cr-e) 'If = 11(6 -11) et Ôc; = (( -11\

12

46-11

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 607 [11.26]

avec

S'il en est ainsi, compte tenu du fait que l'on s'est arrangé pour que Ni > Nu, la stabilité est assurée. 7°) Si l'on ne trouve pas ei > el + j; il faut explorer d'autres couples (1/ r, Ebc) ou (1 / r, Es) Par exemple: - si el est « faible» et lf« élevé» (sans pouvoir indiquer de valeurs numériques précises), on peut essayer de conduire les tâtonnements à partir de Ebc =2.1O-3 (I+aq» en faisant croître Es jusqu'à 10 %0. - si el est « élevé» et lf« faible », on peut essayer de conduire les tâtonnements à partir de Es = !ed / Es en faisant croître Ebc jusqu'à 3,5.10-3 (1 + a q> ) • Dans ce cas, en posant toujours 'Il = 103 ( Ebc ) les valeurs de \If et 8G qui intervienl+a


'YI

2,0

2,1

2,2

2,3

2,4

2,5

\Jf

0,667

0,683

0,697

0,710

0,722

0,733

8G

0,375

0,378

0,381

0,385

0,388

0,391

'YI

2,5

2,6

2,7

2,8

2,9

3,0

'\Jf

0,733

0,744

0,753

0,762

0,770

0,778

8G

0,391

0,394

0,397

0,400

0,402

0,405

'YI \Jf

3,0

3,1

3,2

3,3

3,4

3,5

0,778

0,785

0,792

0,798

0,804

0,810

8G

0,405

0,407

0,410

0,412

0,414

0,416

Remarque:

En

admettant

conformément

Ebc = 2.10- (1 + œp) et E, = 3

~d

:::::

aux

hypothèses

faites

ci-avant

que

2,18.10- 3 pour des aciers de nuance Fe E 500,

s

la relation [11.26] donne: 1 _ 2(I+a
608 Traité de béton armé Une expression approchée par excès de la courbure à introduire dans 2 1 1 l'expression [11.15] (f =- L) pour obtenir la flèche, c'est-à-dire r 1l? l'excentricité du second ordre dans la section la plus sollicitée est donc: 2,2 (1 + a cp) 1000 d

1 r

L'équation [11.15] donne alors, avec d::::: 0,9 h et n2 _e _

f -

2 -

l}

1_

:::::

10 :

l} [2,44 (2 + a cp)]

n 2 -; -

10.103 h

Dans la méthode exposée en 8.22 a) pour le calcul en flexion accompagnée de compression, comme il ne s'agit pas d'obtenir e2 avec précision, mais d'arriver à une valeur « enveloppe» couvrant les cas les plus défavorables, une sécurité additionnelle a été introduite en remplaçant le coefficient 2,44 par 3. C'est ainsi qu'a été établie la formule [8.4], donnée au § 8.22a, qui correspond au cas où le coefficient de fluage cp est pris égal à 2. Quant aux limites de Ifl h données dans le même paragraphe, elles ont été définies en faisant un certain nombre de calculs numériques comparatifs.

11.672

Méthode basée sur la rigidité 1

11.672-1 Principe Dans cette méthode, il faut se donner a priori la rigidité El des différents éléments de la structure. On peut alors calculer les sollicitations extérieures Nul, M uGO par un calcul tenant compte des effets du second ordre et effectué avec les hypothèses de l'élasticité linéaire (MuGO : somme des moments des premier et second ordres). À ces sollicitations correspond, dans la section la plus sollicitée de chaque élément, un état de déformations internes caractérisé par (Ebe.max ; II r). La vérification de la stabilité consiste à s'assurer que, pour chaque élément, la rigidité réelle El est supérieure à la rigidité choisie, ce qui revient à vérifier les inégalités (figure 11.38) :

.

. ,1 - pour une sectIOn fissuree :_ r .

.,

= IEocl +IE.I.:::; M d

.,

1

- pour une sectIOn entlerement compnmee : _ r

1

Méthode due à B. Fouré.

GO Il

El

= E b('l -

h

Eh

?

c~:::;

M

GO 1/

El

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 609 avec: tbe, tbc\, tbc2:

raccourcissements relatifs du béton soit sur la fibre extrême comprimée (tbe), soit sur les deux fibres extrêmes (tbc\ > tbe2),

ts

allongement relatif ultime moyen de l'acier tendu entre les fissures,

d, h

respectivement hauteur utile et hauteur totale de la section.

Par cette méthode, il est possible, si on le désire, de dimensionner l'armature de façon à ajuster au mieux la rigidité réelle à la rigidité choisie; la solution optimale peut être recherchée en faisant varier El jusqu'à ce que le pourcentage d'armatures trouvé soit minimal. En pratique, l'application de la méthode n'est commode que si l'on dispose des lois (N, M, 1 / r) des sections. Le choix judicieux des valeurs de El exige par ailleurs une certaine expérience de la part du projeteur. e

~.t--:::?,.e;;.--- (N)

M. =e N

I----r---:r!=-

Relation géométrique

Courbure

o

1

M

r

ËÏ

1

r

Figure 11.38

11.672-2 Application au dimensionnement d'une ossature non contreventée Pour simplifier le calcul des moments du second ordre dus au déplacement des noeuds, on introduit à chaque étagej (n étages) une force fictive horizontale ~* (figure 11.39) telle que lfj = :Nj ~i - :Nj + 1 Ôj + 1

610 Traité de béton armé

v

v

--+- r-----y----,----, --+- H·-

=:

1----+---+----1 ~hj

H --+-J --+-

--+--+-

1----+---+----1

----Joo.

/"

Calcul au premier ordre

Calcul au second ordre

Figure 11.39 (V charges verticales, H efforts horizontaux)

avec (figure II.40) :

:Ni somme des efforts normaux de tous les poteaux (m poteaux) de l'étage j :

1 'T'

- ---- Étagej

111

:Nj

= L:Nij i=l

8 i déplacement horizontal relatif sur la hauteur de l'étagej:

1 1 1 1 1 1 1

.,..

------- ----j-1

1

8. J

1

= d.-d· J J- 1

1 1 ~ 1 dj_1 1

h. J

Figure 11.40

Après avoir choisi a priori les rigidités des poutres et des poteaux, on effectue un calcul élastique linéaire au premier ordre de l'ossature par lequel on obtient: -les déplacements du premier ordre ~l) sous l'action des forces réelles Vet H; -les déplacements 0k sous l'action d'une force horizontale unité appliquée à l'étage k. II ya 2n inconnues (i=làn):

0 et H;*

qui sont solutions du système de 2n équations linéaires

n

=d jo + LdjkH;

dj

k=1

H* =- :Nj d. J

h. )

j-I

+(:Nh.j + :Nh.j Jd. _ :Nh.j +1

+1 d.

j

j

)+1

j+1

J+I

Après avoir calculé les sollicitations totales N, M dues à l'action des forces V, H et 11*, les sections sont finalement dimensionnées pour satisfaire à l 'hypothèse initiale sur les rigidités comme indiqué au § 11.672-1.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 611

11.7 ANALYSE DES EFFETS DU SECOND ORDRE SELON L'EC2 11.71 Généralités L'article 5.8 de l'EC2 vise les structures ou les éléments élancés, soumis de façon prédominante à la compression, et dont la capacité portante est influencée de manière significative par les déformations structurales (effets du second ordre). Par simplification, dans les bâtiments, les effets du second ordre sur les éléments « isolés » (voir § Il.631 et § Il.72) peuvent être négligés si l'augmentation des moments de flexion calculés par la théorie du premier ordre (qui suppose la structure indéformable) n'excède pas 10 %. On considère qu'il en est ainsi lorsque l'élancement (§ 11.731) demeure inférieur à un élancement limite défini au § Il.732.

11.72 Définitions L'EC2 commence par donner un certain nombre de définitions. Entre autres:

Éléments ou systèmes contreventés : éléments ou sous-ensembles structuraux qui, dans l'analyse, sont considérés comme ne contribuant pas à la stabilité horizontale d'ensemble de la structure, et ne sont donc pas dimensionnés pour cela. Éléments ou systèmes de contreventement : éléments ou sous-ensembles structuraux qui, dans l'analyse, sont considérés comme contribuant à la stabilité horizontale d'ensemble de la structure, et doivent donc être dimensionnés dans ce but. Éléments isolés: éléments qui sont effectivement isolés, ou qui, pour leur calcul, peuvent être considérés comme tels (par exemple, poteaux d'une ossature à nœuds fixes, figure Il.15). Charge de flambement (NB): pour les éléments isolés, il s'agit de la charge critique d'Euler.

11.73 Critères simplifiés pour les effets du second ordre 11.731 Élancement mécanique des éléments isolés L'élancement mécanique Â. est défini par la relation: [ 11.27 ]

612 Traité de béton armé avec: rayon de giration de la section droite non fissurée, les armatures étant soit prises en compte, soit, pour simplifier, négligées.

10

longueur libre de flambement.

Pour des éléments isolés de section constante soumis à un effort normal constant, les valeurs de 10 en fonction de la longueur libre 1 sont données, pour différents cas de liaisons d'extrémité, par la figure Il.41 (dans ce qui suit la longueur libre 1 d'un poteau, donc d'une « colonne », est parfois désignée par Icol )'

~

~ (~

\ \

1 1

/

\

1 \

\ \ \ \ \ \ \

1

,, 1

1 1 \ \ \

1

\

\ \

\ \ \ \

(,

z

to=2t

\ \ \ \

\ \ \ \ \

\

\ \ \

\ \

\

\

\ \

\

\

M(

\

(

(

(

• •

t o=O.7t

e

\ \

\

• • •

to=t

\

\

\

\ \ \ \ \

\

\

\

\

! \

\

1 1 1 1

\

! ) (

1 1 1 1 1 1 \

,

1 1 1

\

1

1 1 1 1

1 1 1

\

1 1

!

to= t/2

to= t

0

ct

{./2
t o>2t

Figure 11.41 Les figures Il.41 f et II.41 g concernent les éléments comprimés des ossatures. La longueur de flambement dépend de la rigidité relative des liaisons d'extrémité: éléments contreventés (figure Il.41 t) :

k)( 1+ 0,45k+ k )

(

1=05/1+ 0'

1

2

0,45 + k l

2

- éléments non contreventés (figure II.41 g) : 1() =1max

{1+1O

1

2

'(1+~)(1+~)} l+k l+k

k kk1 +k' 2

1

2

avec:

eEll Ml (kl ?:. 0,1 ; k2 ?:. 0,1)

k

=

k

= 0 pour un encastrement parfait, k

= 00 pour un appui libre.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 613

e

rotation des éléments entravant la rotation libre en pied pour le moment de flexion M(figure 11.42, fet g)

El

rigidité de flexion de l'élément comprimé considéré

1

hauteur libre entre les liaisons d'extrémité.

Si un élément comprimé au-dessus ou au-dessous d'un nœud est susceptible contribuer à la rotation lors du flambement, Ell 1 doit être remplacé par [(Ell l) a + (Ell l) b] où a et b se rapportent aux deux éléments comprimés situés de part et d'autre du nœud. Pour les éléments de section et 1ou effort normal variables, le critère donné au § Il.732 peut être vérifié en prenant:

avec NB charge de flambement, calculée par exemple par une méthode numérique et exprimée (de même que i dans la relation [11.27]) en fonction du même El.

11. 732 Critère d'élancement pour les poteaux isolés Les effets du second ordre peuvent être négligés si l'élancement À = loI i est au plus égal à un élancement limite défini par : Àlim = 20 ABC 1

J;z

[11.28]

avec:

A

= 11 (1 + 0,2

eff ), eff, coefficient de fluage défini au

inconnu, prendre A B

=

§ Il.75 (si eff est

= 0,7 ),

~(l + 200 ) avec (û = AS/yd/AC!cd

As aire totale de la section des armatures longitudinales,

Ac aire de la section droite du béton (si (û est inconnu, prendre B = 1,1) C

= 1,7 - rm avec rm= Mol 1Mo2 ,

rapport des moments du premier ordre aux extrémités de l'élément; par convention, IMo21 ~ IMal1 (si rm est inconnu, prendre

C=0,7) n

=

NEdl AC!cd effort normal relatif

Si Mol et Mo2 engendrent des tractions sur une même face, r m est considéré comme positif(C:S 1,7) et négatif s'il n'en est pas ainsi (C~ 1,7). r m doit être pris égal à 1 (C = 0,7) dans le cas :

- d'éléments contreventés soumis à des moments du premier ordre provenant uniquement ou de façon prédominante d'imperfections ou d'un chargement transversal; - d'éléments non contreventés, en général.

614 Traité de béton armé

11.733 Effets du second ordre globaux dans les bâtiments Ces effets peuvent être négligés si, à la fois: 1. on a :

[11.29] avec: FV,Ed

charge verticale totale (sur les éléments contreventés et sur les éléments de contreventement )

ns

nombre d'étages

L

hauteur du bâtiment au-dessus du niveau du moment d'encastrement

Eed

valeur de calcul du module d'élasticité du béton selon [11.33]

le

moment d'inertie, calculé en section non fissurée, des éléments de contreventement.

2. les conditions suivantes sont remplies: - il n'y a pas d'instabilité de torsion (structure sensiblement symétrique), -les déformations globales dues à l'effort tranchant sont négligeables (cas de voiles de contreventement sans grandes ouvertures), - les ro.tations en pied des éléments de contreventement sont négligeables, la rigidité des éléments de contreventement est sensiblement constante sur la hauteur, - la charge verticale croît sensiblement de la même valeur d'un étage à l'autre. Le coefficient 0,31 de l'expression [11.29] peut être remplacé par 0,62, s'il peut être prouvé que les éléments de contreventement demeurent non fissurés à l'état-limite ultime.

11.74 Imperfections géométriques De façon générale, les effets défavorables d'imperfections géométriques éventuelles de la structure et d'écarts dans la position des charges doivent être pris en compte, mais uniquement à l'état-limite ultime pour les situations de projet durables et pour les situations accidentelles. . Pour l'analyse, les écarts sont représentés par des imperfections géométriques conventionnelles et totalement empiriques, en rapport avec les tolérances d'exécution. Pour les calculs de stabilité, ces imperfections ne peuvent être inférieures à 2 cm. Pour les éléments comprimés et les structures soumises à des charges verticales, les Pour des tolérances imperfections peuvent être représentées par une inclinaison d'exécution «normales» (classe 1 selon l'EN 13670) :

ai.

[11.30]

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 615 avec:

So

inclinaison de base: So = 1 /200, coefficient de réduction pour hauteur: ah = 2/

.fi

am

coefficient de réduction pour nombre d'éléments: am = ~0,5 (l + 11 m)

1

longueur ou hauteur en m,

m

nombre d'éléments verticaux contribuant à l'effet total.

Pour déterminer 1et m, trois cas sont à considérer : a. élément isolé: l, longueur réelle de l'élément, et m

=

1.

b. système de contreventement: 1hauteur du bâtiment; m nombre d'éléments verticaux qui transmettent la force horizontale appliquée au contreventement ; c. planchers de contreventement ou diaphragmes des toitures transmettant les forces horizontales: 1 hauteur d'étage, m nombre d'éléments verticaux dans l'étage (ou les étages) transmettant la force horizontale totale appliquée au plancher. Pour les éléments isolés, l'effet des imperfections peut être pris en compte, au choix: • soit au moyen d'une excentricité ei = 10 /200

.fi

[11.31]

avec la dôuble condition: 10 /600 ::s ei ::s 10 /400.

1, longueur de l'élément en m; 10 , longueur de flambement. Pour les voiles et les poteaux isolés des ossatures contreventées, on peut, par simplification, prendre ei = io / 400. soit au moyen d'une force transversale Hi placée de manière à conduire au moment de flexion maximal (N, charge« axiale », voir note au début du chapitre 8) : ID

- si }.es extrémités peuvent se déplacer (non contreventé, figure 11.42 al) : ~ = Si N - si les extrémités sont fixes (contreventé, figure 11.42 a2) : Hi = .2 Si N Pour les structures, l'effet de l'inclinaison Si peut être représenté par des forces horizontales, que l'on inclut dans l'analyse avec les autres actions: ~

effet sur le système de contreventement (figure 11.42 b) : Hi = Si (Nb - Na)

- effet sur le plancher jouant le rôle de diaphragme (figure Hi = Si (Nb + Na )/2 - effet sur le diaphragme de toiture (figure 11.42 c2) : ~ = Si Na

11.42 cl):

616 Traité de béton armé

avec: Si

selon l'expression [11.30]

Na, Nb

forces longitudinales contribuant à la force horizontale H;.

TI

ei

N~ ----+

N

lN

Hi

Hi

+-

t=to /2

CD Contreventé

. , Non contreventé •

t=to

Éléments isolés soumis à une charge axiale excentrée ou à une charge transversale

t

. , Système de contreventement

. , Plancher de contreventement

CD Diaphragme de toiture

Figure 11.42

11.75 Fluage . La durée d'application des charges peut être prise en compte au moyen d'un coefficient <{.le/défini en sorte que, sous la charge de calcul, la déformation (courbure) de fluage soit la même que celle que l'on obtiendrait sous charges quasi permanentes avec le coefficient de fluage de base <{.l . Pour CPel> on peut prendre:

[11.32]

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 617

avec: q> (00, to) : coefficient de fluage final (§ 2.244-5)

M oEqp

moment de flexion du premier ordre sous la combinaison d'actions quasi permanente (ELS)

MoEd

moment de flexion du premier ordre sous la combinaison d'actions de calcul (ELU)

Les moments globaux M Eqp et M Ed, incluant les effets du second ordre et les imperfections géométriques, peuvent être utilisés dans l'expression [11.32] si une vérification séparée de la stabilité sous les charges quasi permanentes est faite, avec q>ef= q> (00, to). Si le rapport M aEqp / Mata varie le long de l'élément considéré, il faut soit calculer q>efdans la section où ce rapport est maximal, soit adopter une valeur moyenne représentative. Les effets du fluage peuvent être négligés (ce qui revient à supposer q>éf= 0) si les conditions ci-après sont satisfaites conjointement: - q> (00, ta) ::s 2 ; - À::S 75

; - MoEd/NEd ? h (h, hauteur de la section droite dans le plan où le flambement est susceptible de se produire sous l'effet du moment du premier ordre M aEd)

11.76 . Méthode d'analyse Les méthodes d'analyse comprennent une méthode générale et deux méthodes simplifiées.

11.761 Méthodegénérale Cette méthode, basée sur une analyse non linéaire du second ordre, donne directement la charge ultime. Elle est, en principe, applicable dans tous les cas. Les diagrammes cr - E à utiliser sont ceux donnés au § 2,244-1, équation [2.13] et au § 5,22, figure 5.3b. Dans l'équation 12.13] et dans la valeur de k, il faut remplacer !cm par !cd et Ebo par : [11.33] Il peut être tenu compte du fluage en multipliant les déformations du béton par (l +
618 Traité de béton armé

11. 762

Méthode basée sur une rigidité nominale

11.762-1 Généralités L'analyse peut être conduite avec les rigidités nominales en flexion, réduites pour tenir compte de la fissuration, de la non-linéarité des matériaux et du fluage, ainsi que de la fissuration des éléments adjacents (poutres, fondations, ... ).

11.762-2 Rigidité nominale À défaut de calculs plus précis, on peut prendre: EI= K· Ecdlc + Ks Es Is avec:

Ecd

selon l'expression [11.33]

le

moment d'inertie de la section de béton par rapport à son centre de gravité

Is

moment d'inertie de l'armature par rapport au centre de gravité du béton

Kc et Ks prennent les valeurs suivantes: [11.34] avec k(

=

~fck 120 (MPa)

k2 =

n j.J 170:S 0,20 avec n = NEdI Aclcd ou, si À n'est pas défini: k2


selon [11.32].

b) si P 2.: 0,01 : Kc = 0,31 (1 + 0,5
°

0,3 n:S 0,20

[11.35]

Dans les structures hyperstatiques, il tàut tenir compte des effets défavorables de la fissuration des éléments adjacents à l'élément considéré. Comme les expressions [11.34] et [11.35] ne sont généralement pas applicables à de tels éléments, on peut, pour simplifier, mener le calcul comme si les sections étaient toutes fissurées. La rigidité peut être déterminée en prenant: [ 11.36]

11.762-3 Coefficient d'amplification du moment (voir § 11.213) Le moment total de calcul, moment du second ordre inclus, peut être obtenu en mul. tipliant le moment du premier ordre par un coefficient d'amplification: [11.37]

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 619 avec: MoEd

moment du premier ordre

NEd

effort normal de calcul

NB

charge de flambement, calculée avec la rigidité nominale

~

coefficient dépendant de la distribution des moments des premier et second ordres.

Pour les éléments isolés de section constante, soumis à un effort normal constant, on peut admettre que la distribution du moment du second ordre est sinusoïdale, d'où: ~ = 12 / Co, avec: - Co

= 8 pour un moment du premier ordre constant le long de l'élément,

- Co

= 9,6 pour une distribution parabolique du moment du premier ordre,

- Co

= 12 pour une distribution triangulaire symétrique.

En dehors de ces cas on peut admettre ~ = 1. On a alors :

MEd = MoEd / [1 - (NEd / NB)]

[11.38]

11.763 Méthode basée sur une courbure nominale (méthode simplifiée pour les poteaux isolés) 11.763-1 Généralités Cette méthode peut être utilisée dans le cas d'éléments isolés de section constante soumis à un effort normal constant, avec différentes conditions de liaisons d'extrêmité. Elle est basée sur une estimation de la courbure, qui fournit une relation flèche-longueur de flambement. Un moment nominal du second ordre est déduit de la flèche. Les sections sont ensuite calculées en flexion composée. Cette méthode est donc semblable à celle des Règles BAEL exposée au § 8.22a. Toutefois, dans le détail, les deux méthodes diffèrent sensiblement.

11.763-2 Moments de flexion Le moment de calcul vaut: [11.39] avec:

MoEd

moment du premier ordre, compte tenu de l'effet des imperfections géométriques

M2

moment nominal du second ordre (voir expression [11.41 D.

620 Traité de béton armé Remarque: Pour les éléments hyperstatiques, M oEd est déterminé en tenant compte des conditions de liaison réelles, tandis que M en dépend par la valeur de la longueur de flambement. Dans le cas où les moments du premier ordre aux extrémités Mol et M o2 sont différents, avec IM02 1 > I~d , on adopte un moment du premier ordre équivalent: Moe

Malet

= 0,6 ~2 + 0,4 Mol ~ 0,4 M 02

[11.40]

~2

ont le même signe s'ils entraînent une traction sur la même face, ou des signes opposés s'il n'en est pas ainsi. Pour le moment nominal du second ordre, on prend: M 2 = NEd e2

[11.41]

avec: N Ed

valeur de calcul de l'effort normal flèche

e2

= (1 / r) 102 / C

[11.42]

1/ r "

courbure

c

coefficient dépendant de la distribution de la courbure.

En général, on peut adopter l'hypothèse d'une déformée sinusoïdale, ce qui conduit à c = 1f ~ 10. Cependant, si le moment du premier ordre est constant, une valeur plus faible doit être prise en compte (la plus faible valeur, 8, correspond à un moment total constant).

11.763-3 Courbure Pour des éléments à section droite constante et symétrique, à armatures symétriques, on peut prendre: [11.43] avec:

KI'

coefficient de correction général défini ci-après,

Kcp

coefficient de correction pour le fluage également défini ci-après,

1/ ra

= Gy"/ 0,45 d; Gyd =fy,,1 Es; ci, hauteur utile

Si une partie des armatures est distribuée parallèlement au plan de flexion:

d

= (hI2) + is

avec is rayon de giration des armatures. Le coefficient Kr est pris égal à

[11.44]

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 621

avec: N Ed / Ae/cd: effort normal relatif,

n

=

N Ed

effort normal de calcul,

Ac

aire de la section droite du béton,

nu

= 1 + û) où û) = AS/yd/Ac/cd,

As

aire totale des armatures,

nbal

valeur de n correspondant à la capacité maximale en flexion. On peut prendre nbal 0,4 (voir explications ci-après).

=

Prendre Kr

1 va toujours dans le sens de la sécurité. K


Pour K


[11.45]

avec p = 0,35 + (j~'kI200) - ('À 1 150) où À est l'élancement. Une fois 11 r déterminé par [11.43] et compte tenu de [11.44] et [11.45], on peut donc calculer le moment complémentaire NEde2 puis le moment de calcul MEd par [11.39]. Il ne reste plus qu'à calculer en flexion composée la section soumise à (NEd ; MEd). Origine du coefficient Kr

En faisant abstraction du fluage, on admet que la charge critique de calcul N uc correspond au cas où les deux nappes d'armatures atteignent simultanément la déformation unitaire Eyd =/ydl Es. La représentation graphique de P. Faessel (figure 11.25) montre en effet que, pour une section donnée, Nue correspond à la ligne de niveau de la surface définie par <1> (Ni, ei, 1 1r) = 0 tangente à la droite D d'équation e = el + (lo 2 17f) (lIr). La courbe Nue présente une brusque variation de pente avec un « genou» de raccordement (figure 11.43). Cette anomalie est due au changement de pente du diagramme de l'acier au point E de coordonnées (h'(}, Eyd)' e

crs

D .,/"

/

,,"

" " ~~ ~~ ~Nuc "



.

E



fYd

e1

Es

1/r

0

1/ro

0

Figure 11.43

Eyd

622 Traité de béton armé Le point de tangence de n'importe quelle droite D et de la courbe Nue ne peut que se trouver sur le « genou », au voisinage de la courbure 1 / re correspondant au point E. Cette courbure est la pente du diagramme des déformations. On a donc, avec les notations de l'EC2 (1 / rc = 1 / ro) pour la section à armatures symétriques représentée sur la figure 11.44 :

1/ ro = Syd/ 0,4 h

[11.46]

et comme h d/O,9 ~ 1,11 d, on a finalement, lorsque la charge appliquée correspond à la charge critique de calcul, 11 ro = S.wi/ 0,444 d ~ syd/O,45d. Mais l'examen d'un diagramme d'interaction (figure 8.26) montre que la courbure prise sous l'effet de la force N Ed peut être déterminée d'une manière simple et approchée par une règle de proportionnalité (figure Il.45) : 1 / r = Kr (1 /1'0)

avec:

Kr

= (NRd - NEd) / (NRd - NbaÔ :s 1 N Rd

effort normal maximal que peut supporter la section droite en pied de poteau NRd = Ac.fcd + Asfyd

NEd

effort normal agissant

N baJ

effort normal qui, appliqué à une section, maximise sa capacité de moment ultime (figure 11.45).

Cet effort correspond au point A de la courbe d'interaction de la section la plus sollicitée, qui correspond lui-même à Ecu = 0,0035 (ce qui suppose un béton d'une classe au plus égale à C 50/60) et, simultanément, à Eyd (figure 11.46), ce que les Anglo-saxons appellent l'état de balanced strain (déformations« équilibrées ») d'où l'indice« bal» et non « ba 1 » (qui se lit plutôt « b a un » dans le caractère typographique de la plupart des textes imprimés).

••.. _~~ ~t~ !~h_

_____________

1/ • • ·• •·.• • • • ·.· » .• • •.• .• . •.

Figure 11.44

Eyd

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 623

Simplification

Figure 11.45

Pour une section rectangulaire à armatures symétriques, on a :

Nhal

Q,QQ35

Esc

x

q

=0,81 b

+ As (crsc - crs)

[1l.47]

valeurs Ecu = 0,0035 et Eyd = Jyd/ Es, avec Es = 200 000 MPa, sont simultanément atteintes pour (figure 11.46, triangles semblables) : Les

d'

x

d

X!cd

d

700 700+ Jyd

[1l.48]

=---

Figure 11.46

La condition pour qu'alors le raccourcissement de l'acier comprimé soit lui aussi au moins égal àj;.y}/ Es est que (triangles semblables) :

. d'

700- ~'li

d

700+ JYfl

- =

avec d + d' = h puisque les armatures sont symétriques,

, " 1ente a'd '~ -h ( 1 ~.d) eqUlva - ou encore a'd S1, cette cond'ltIon, 2 700

~

~'li) -h ( 1+ - est rem2 700

plie, les deux nappes d'armatures sont soumises à la même contrainte posant Ac = bd:

(J'sc

= (J's, et, en

624 Traité de béton armé 700 Nbal = 0,81 b X!cd = 0,81 AC!cd - - 700+ fYd Pour/yd=500/l,15 =435 MPa et d=0,9h, on trouve Nbal =0,45 AC!cd. Sans aucune justification, l'Ee2 adopte Nbal 0,4 Ac fcd et donne l'expression de Kr en fonction d'efforts normaux relatifs (sans dimensions) : n,nu, nbal (voir relation [11.44]).

11 .. 8 FLAMBEMENT SIAXIAL 11.81

Méthode générale

On utilise les mêmes conventions que pour les sections en flexion déviée « sans flambernent» (chap. 9). c'est-à-dire que l'on choisit un système orthonormé d'axes de coordonnées GoX, GoY, avec GoX parallèle à l'axe neutre, faisant l'angle e avec le plan principal d'inertie de trace Gox. On suppose que les conditions de liaison sont les mêmes dans les deux directions principales Gox et GoY, c'est-à-dire que Irx = lfy = Ir. Les expressions de la résultante Ni des forces internes et de leurs moments Ux, U y par rapport aux axes GoX et Go Y ont la même forme que les expressions [9.35], [9.36] et [9.37], mais ici la différence essentielle est que le diagramme des déformations n'est plus astreint à passer par l'un des pivots, et il y a donc un paramètre supplémentaire qui est la pente de ce diagramme, c'est-à-dire la courbure 1/ r avec (figure 11.47) :

(h y = « hauteur» de la section dans le sens GoY, voir la figure 11.47).

"

Direction choisie au départ

y

"

Mxx

Figure 11.47

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 625

Pour un mât soumis à la flexion biaxiale, on peut supposer que l'excentricité du deuxième ordre, ou flèche, est:

comme dans le cas du flambement « monoaxial ». Dans la section en pied du mât considéré, le moment du deuxième ordre, d'axe parallèle à l'axe neutre, est : M 2 =Nu.f

Pour calculer le moment du premier ordre «disponible », Mt. il faut chercher l'angle 8 et la courbure 11r pour lesquels la valeur de MI est maximale dans une direction \jf donnée (en général Gox ou GoY) d'où la marche à suivre (ordinateur) : 1) Se fixer une courbure 11 r et un angle e de l'axe neutre avec Gox ; 2

2) Calculer M 2

1 1

=N u -4- -; TC

r

3) Déterminer Ebcl de manière que la résultante des forces internes Ni soit égale à Nu. 4) Calculer les moments des forces internes

UxGO

et

UyGO

respectivement par rapport

aux axes Gox et GoY ainsi que M iGO

= ~ M&GO + MlyGO

et

5) Si la direction de MI diffère de la direction \jf choisie à l'avance, l'angle 8 doit être modifié jusqu'à ce qu'il y ait concordance. Lorsque ce but est atteint, on a trouvé la valeur du moment du premier ordre disponible pour la courbure choisie. Il faut alors recommencer le calcul de ce moment pour d'autres valeurs de la courbure. Le moment maximal du premier ordre disponible pour la direction considérée au départ est la valeur maximale de tous les moments trouvés pour différentes valeurs de la courbure. Des diagrammes d'interaction peuvent également être tracés dans ce cas, mais par rapport aux abaques en rosette (voir § 9.521 et § 9.522) il Y a maintenant un paramètre supplémentaire, qui est l'élancement géométrique du poteau. .Chaque diagramme donne alors !lxGO et !lyGO en fonction de Irl h, pour une forme de section et des valeurs de u et p fixées à l'avance (figure 11.48; pour les notations, se reporter à 9.5).

626 Traité de béton armé

+ ...J~-=t~~-~ 1;;Mx

0,20

---

t_____~----J..r

1.

b=2h

tMy

.1

\)=0,3 p=0,2

t f /h=2l f /b

0,10

o

0,10

0,20

Figure 11.48

11.82

Méthodes simplifiées

11.821 Vérifications séparées au flambement « monoaxial » (EC2) Dans le cas de la flexion biaxiale, le critère d'élancement peut être vérifié séparément pour chaque direction. Selon le résultat de cette vérification, les effets du second ordre peuvent être: a) négligés dans les deux directions, b) pris en compte dans une seule direction, ou c) pris en compte dans les deux directions. Pour un poteau rectangulaire bh, une première étape peut consister à effectuer un calcul 'séparé dans chaque direction principale, GaZ (sens «b ») et GoY (sens «h »), sans tenir compte de la flexion déviée. Les imperfections ne sont prises en compte que dans la direction où elles ont l'effet le plus défavorable.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 627 Aucune vérification supplémentaire n'est exigée si (attention aux indices dans les notations) : -les élancements Ày suivant l'axe GoY et k suivant l'axe GoZ sont tels que Ày/k ~ 2 et k /Ày ~ 2

[11.49]

- les excentricités relatives e z / h et ey / b satisfont l'une des conditions suivantes: ey / heq e /b ---'---'< 0 2 ou z eq ez / beq - , ey / heq

~

0,2

[11.50]

avec:

b, h

largeur et hauteur de la section

beq

= iy . .Jïi

et heq = iz

.Jïi

pour une section rectangulaire équivalente

avec:

MEdy / NEd

excentricité dans la direction z

= MEcIz / NEd

excentricité dans la direction y

=

M Edy

moment agissant de calcul par rapport à l'axe y, moment du second ordre compris

MEdz

moment agissant de calcul par rapport à l'axe z, moment du second ordre compris

N Ed

effort normal agissant de calcul sous la combinaison de charges correspondante. z

h

Figure 11.49. Définition des excentricités eyet ez

628 Traité de béton armé Si les conditions des expressions [11.49] et [11.50] ne sont pas satisfaites, il faut intégrer les effets des effets du second ordre dans chacune des directions, à moins qu'ils ne puissent être négligés (voir § Il.71 et § Il.732). En l'absence d'un dimensionnement précis de la section vis-à-vis de la flexion déviée, l'EC2 propose d'adopter le critère simplifié suivant:

avec: M Edz , MEdy

définis ci-avant

M Rdz , M Edz

moments résistants respectivement dans la direction Goz et dans la direction GoY

L'exposant a est défini en fonction du rapport N Ed / N Rd avec N Ed défini ci-avant, et N Rd = Ac/cd + Ashd effort normal résistant de calcul de la section avec: Ac

aire brute de la section droite du béton,

As

aire de la section des armatures longitudinales.

a

0,1

0,7

1,0

1,0

1,5

2,0

(interpolation linéaire pour les valeurs intermédiaires)

11.822 Méthode simplifiée basée sur la méthode de l'équilibre Reprenant la procédure décrite au § Il.671-b, on essaie de trouver par tâtonnements pour la flexion d'axe Gox un diagramme de déformations défini par sa pente (figure 11.50) :

En prenant: -soit

= fed

E S

-soit

E!Jc

Es

avec

Ebc

~2.10-3(l+<x
=2.1O-3 (1+<x
Es

~ ~d

,

s

les valeurs retenues devant être telles que la résultante Nix des forces internes correspondante soit voisine de Nil et que l'on ait: N ix ~ Nil .

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 629 y

x

h

If



b

Figure 11.50

Une fois ce but atteint, on calcule le moment Ux des forces internes par rapport à l'axe Gox, d'où. l'excentricité interne: Mit N.

e· = - IX

Ct

Pour l'équilibre (cj: § 11.671) il faut avoir non seulement Ni ;:::: Nu mais aussi: avec

IJ. 1 /=-7n- r

L'excentricité maximale du premier ordre « possible» est donc: elx.ma.,

De la même manière, on cherche:

=et, -

I~t 1 n r.

-2-

..!.- = (E bc2 + Es) ':,.

d.1'

630 Traité de béton armé avec les mêmes conditions que celles prises en compte pour déterminer 1/ r.y (à noter que nous avons introduit pour le béton une déformation désignée par Ebc2 car elle peut différer de Ebcl) et on détermine:

Le point de coordonnée el x et el y doit être situé à l'intérieur du domaine de sécurité. Ce dernier est défini de manière approchée en remplaçant la courbe d'interaction par sa corde; (voir remarque au § 9.433 et figure 11.51) :

Figure 11.51

11.9 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 11 - Robinson (J.R.) et Modjabi (S.S.), La prévision des charges de flambement des poteaux en béton armé par la méthode de MP. Faessel, Annales ITBTP, septembre 1968. - Faessel (P.), Robinson (J.R.) et Morisset (A), Tables d'états-limites ultimes des poteaux en béton armé, 1971, Eyrolles. - Faessel (P.), Morisset (A) et Fouré (8.), Le flambement des poteaux en béton armé, Annales ITBTP, mai 1973. - Capra (A), Flambement des poteaux en béton armé soumis à des forces horizontales. Abaques de calcul. Annales ITBTP, janvier 1975. - Robinson (J.R.), Fouré (8.) et Sahebdjem (A.), Flambement des poteaux carrés en . béton chargés hors d'un plan de symétrie, Annales ITBTP, avril 1975. - Coin (A), Etats-limites ultimes de poteaux liés, Annales ITBTP, octobre 1975. -Robinson (J.R.), Fouré (8.) et Bourghli (Â.V.), Leflambement des poteaux en béton armé chargés avec des excentricités différentes à leurs extrémités, Annales ITBTP, novembre 1975. - Morisset (A.), Stabilité des piles et des pylônes. Annales ITBTP, janvier 1976.

Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 631 - CEB-FIP Manual of buckling and instability, The Construction Press, Londres, 1978 (Tables de l'annexe A3). - Fouré (B.), Le flambement des poteaux compte tenu du fluage du béton, Annales ITBTP, mars 1978. - Virlogeux (M.), Justification réglementaire des pièces soumises aux effets du second ordre selon les principes des calculs aux états-limites ultimes: problèmes liés à la sécurité, Annales ITBTP, mars 1978.

632 Traité de béton armé

Rupture de bielles de béton comprimées (Essais de F. Léonhardt, Stuttgart)

Tronc de cône de poinçonnement (source: CEB)

CHAPITRE 12 EFFORT TRANCHANT POINÇONNEMENT

Effort tranchant, poinçonnement et torsion constituent les « sollicitations tangentes» qui, dans les Règles BAEL, font l'objet du chapitre A5. Le présent chapitre traite les deux premières (dans l'EC2, sections 6.2 et 6.4). Les règles relatives au poinçonnement, peu développées dans les Règles BAEL, font en revanche l'objet de prescriptions très détaillées dans l'EC2. Elles sont données au paragraphe 12.9. Pour la torsion (dans l'EC2, section 6.3), voir le chapitre 13.

12.1

DÉFINITION ET NOTATIONS

12.11 Définition L'effort tranchant agissant dans une section droite L quelconque, d'abscisse x, d'une poutre (désigné dans ce qui suit par le symbole V et non T comme dans la Résistance des Matériaux traditionnelle) peut être défini: soit, comme la somme des composantes, perpendiculaires à la ligne moyenne et contenues dans le plan moyen, des forces (réactions comprises) appliquées à gauche de cette section: V(x)

= L (forces de gauche)

- soit, comme la dérivée du moment de flexion par rapport à l'abscisse: V(x) = dM(x)/ dx ; Il ne faut jamais oublier que l'effort tranchant a un signe. Selon la section dans laquelle il est calculé, l'effort tranchant peut être positif ou négatif et, selon la position des charges, il peut avoir une valeur positive et une valeur négative dans la même section. Ce signe n'a aucune importance pour la détermination des armatures d'effort tranchant, mais tant que l'on n'en est pas arrivé à ce stade du calcul, il ne doit pas être ignoré.

634 Traité de béton armé De la première définition, il résulte que, dans toute section où agit une force concentrée P, l'effort tranchant subit une brusque discontinuité d'intensité égale à P. De la seconde définition, il résulte que pour une poutre continue, dans une travée de portée 1 aux extrémités de laquelle agissent les moments Uv sur l'appui de gauche (YVest) et Me sur l'appui de droite (east) et où le moment de flexion varie selon la loi: M(x) = /-L(x) + Me x Il + Uv [1 - (x / 1)]

avec ~l(X) moment de flexion dans la travée isostatique associée (de même portée et soumise aux mêmes charges que la travée réelle), on a, par dérivation, V(x) = d/-L(x)/ dx + (Me - Uv)/ 1

L'effort tranchant de la travée isostatique doit donc être corrigé en lui ajoutant algébriquement l.m terme de continuité D.M /!, dans lequel !lM est toujours égal au moment d'appui de droite moins le moment d'appui de gauche (pour s'en souvenir, se rappeler que dans l'ordre alphabétique, la lettre d est avant la lettre g), ces moments étant pris avec leurs signes. Se rappeler également que lorsqu'une poutre isostatique WE de portée 1 supporte une charge d'exploitation uniformément répartie d'étendue variable, l'effort tranchant à miportée dû à cette charge est égal à ± ql/ 8 et non zéro. Ce résultat se retrouve facilement soit par la considération des lignes d'influence, soit en calculant l'effort tranchant dû à q appliquée sur la longueur x, puis celui dû à q appliquée sur (1- x) (figure 12.1). En prenant les forces de gauche, on détermine d'abord Rw en écrivant que, sur l'appui simple E, Me = 0, et on obtient ensuite: - pour le.premier cas, V(x)

= Rw -

qx = [qx (1 - x / 21)] - qx = -

qr /21

- pour le second, V(x) =R w = (ql/2)(I-x/1)2,

Rw

wt~____~==~~~~E t-x }o>If----,--.,.. ~---- {, -----;,..)101

Figure 12.1 La ligne-enveloppe des efforts tranchants positifs et négatifs est donc constituée de deux arcs de parabole.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 635 Pour x = 112, on a bien V (l/ 2) = ± ql/8. En revanche, toute charge uniformément répartie sur toute la portée (le poids propre de la poutre en particulier, à ne jamais oublier)1 donne bien un effort tranchant nul à mi-portée. De même, s'il existe des charges variables concentrées QI, Q2, ... Qi,'" Qn à des distances ai> a2, ... ai, ... an de l'appui de gauche (avec al < a2 < ... < ai < ... < an), la ligneenveloppe en double escalier des efforts tranchants positifs et négatifs s'obtient en traçant d'abord la ligne représentative correspondant à la prise en compte de toutes les charges concentrées puis les lignes obtenues en annulant successivement et dans l'ordre des charges QI, puis QI et Q2, puis Qi> Q2 et Q3, etc. Il faut ensuite superposer le diagramme des charges uniformes et celui des charges concentrées. La difficulté de l'étude de l'effort tranchant vient de ce que si l'on peut avoir un moment de flexion sans effort tranchant concomitant (flexion « circulaire », M constant et V nul) on ne peut avoir d'effort tranchant sans moment de flexion concomitant (V= dM =f:. 0 ::::> M variable). Les conséquences de cette remarque concernent surtout dx les arrêts de barres (voir § 16.11).

12.12 Notations EC2

BAEL

VEd

'Vu

Asw

AI

section d'une nappe d'armatures d'âme

S

SI

espacement de ces nappes mesuré parallèlement à la ligne moyenne

f;'lv

f~1

effort tranchant agissant ultime

limite d'élasticité des armatures d'âme

g

effort de glissement par unité de longueur

'tu

contrainte tangente conventionnelle du béton

= v" )

('t Il

bd 0

1. Dans nombre d'ouvrages contenant des énoncés d'exercices, on relève la mention ({ on négligera le poids propre». Il s'agit là d'une mauvaise habitude à ne pas prendre, car négliger le poids propre ne simplifie pas pour autant le problème et peut conduire dans certains cas à sous-estimer largement la quantité d'armatures nécessaire (cas des dalles de couverture, par exemple, où le poids propre est généralement l'action dominante. Voir aussi la remarque 2 au § 10.56).

636 Traité de béton armé

12 .. 2 EFFORT DE GLISSEMENT CONTRAINTES TANGENTES 12.21 Expressions générales déduites des calculs élastiques Soit une aire homogène quelconque Œidéalement découpée dans la section droite d'une poutre à plan moyen soumise à la flexion simple (figure 12.2).

----.:::- - - - - - - - - - - - - - - - - , - - - - - - , 9ô

_~~~-~-{~~~~~;(4~~~--

F'Î\3 + dF'Î\3

_.1 ____ _ M (

r le

l

)

M+dM

V+dV

dx

-1

Figure 12.2 La contrainte normale sur un élément d'aire dŒ situé à une distance pour valeur : Mv (formule de la RdM : 0' = avec v = 1

ç de l'axe neutre a

ç et! = 1\)

avec 1\ moment d'inertie de la section homogène réduite (§ 5.32-2°) par rapport à l'axe neutre. La résultante Fen des forces élastiques agissant sur l'aire homogène Œest:

avec n = 1 si dŒ est une aire de béton comprimé et n = 15 si dŒ est une aire d'acier, Sen moment statique de l'aire homogène Œpar rapport à l'axe neutre. Si V n'est pas nul, entre deux sections voisines distantes de dx, M varie de dlv! et FŒ varie donc de dFcIJ.

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 637 On appelle effort de glissement par unité de longueur la quantité:

_ dF;13 _ dM Sœ dx dx Il

g-----

c'est-à-dire, puisque l'effort tranchant est la dérivée du moment par rapport à l'abscisse (v= dM ):

dx [12.2] L'équilibre du prisme de base CE, de longueur dx, est assuré par des contraintes tangentes qui se développent sur la surface de glissement du prisme Œdx par rapport à la poutre (figure 12.3).

~

u = Périmètre de l'aire 9i3

u=ABC

Figure 12.3

En supposant que ces contraintes tangentes ont même valeur "[' en tout point de cette surface, et en appelant u la longueur de la trace de cette surface sur le plan de la section (et donc intérieure à celle-ci), l'équilibre exige que: d'où

ou, compte tenu de [12.2] :

"['=

g U

=

~ SΠIl li

dF;13 udx

g

"['= - - = -

u

[12.3]

Les expressions [12.2] et [12.3] sont générales. On peut les appliquer pour trouver l'.effort de glissement et la contrainte tangente qui s'exercent: - au niveau des armatures tendues (ou comprimées) avec CE = 15A (ou CE = 15A') et u = m n 0 (ou li = m'n 0'), m (ou m') étant le nombre de barres de diamètre 0 (ou 0') correspondant à la section A (ou A') ; - sur tout plan interne d'un élément de béton (par exemple: jonction hourdis-nervure, voir § 12.713).

638 Traité de béton armé - sur les plans de jonction de deux éléments différents (cas des constructions comportant des parties préfabriquées et d'autres coulées en place, des constructions mixtes acier-béton, etc.).

12.22 Application: contraintes tangentes sur un plan normal à la section droite et parallèle à l'axe neutre Considérons le plan de trace MM' = bç, à la distance ç de l'axe neutre (figure 12.4). En appliquant les formules [12.2] et [12.3] on trouve (avec u = bç) : et avec SIÇ moment statique par rapport à l'axe neutre de l'aire MBM' rendue homogène.

AN

Figure 12.4 Or l'équation [12.1] appliquée à toute la zone comprimée de la section donne la résultante des efforts de compression Fbsc sur toute cette zone, c'est-à-dire: Fbsc =

fI

B+15A'

O'ç n dB

M

= -Il

fI

M Ç(ndB)= - SI B+15A'

Il

avec:

n = 1 si dB est une aire de béton comprimé, ou n = 15 si dB est une aire d'acier comprimé, SI moment statique par rapport à l'axe neutre de la zone comprimée (homogène) de la

section réduite.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 639 Comme F bsc = M (équation de la Statique), on en tire: z = il Z SI et on peut donc aussi écrire : [12.4]

[12.5]

La contrainte 'tç s'exerce en tout point P du plan de trace MM' à la fois dans ce plan et dans le plan même de la section (théorème de Cauchy, en Résistance des Matériaux). Au-dessous de l'axe neutre, comme on néglige le béton tendu, on a SIÇ = SI quel que soit ç. D'où, entre l'axe neutre et le centre de gravité des annatures tendues:

gç = gmax

= ~ = Ce

[12.6]

Z

[12.7]

La valeur maximale 'tb de 'tç s'obtient pour la valeur minimale de bç entre l'axe neutre et le centre de gravité des annatures tendues. Pour une section rectangulaire ou en T, au-dessous de l'axe neutre, on a toujours bç min = bo (largeur de la nervure) = Cc d'où [12.8]

ou encore, compte tenu de ce que z

~

0,9 d:

v

[12.8bis]

640 Traité de béton armé

12.23 Effets des contraintes tangentes Entre l'axe neutre et le centre de gravité des armatures tendues, un prisme élémentaire à base carrée ABCD (AB = dx parallèle à la ligne moyenne), et de hauteur ho est soumis dans le plan des quatre faces uniquement à des efforts de glissement g dx (figure 12.5)1.

c

Plan neutre (1)

~B

gdx D

~,..

gdx

~ gdx

Figure 12.5

Sur l'élément plan de trace BD, d'aire ho dx traction

Ji , s'exerce (figure 12.6) un effort de

gdxJi , c'est-à-dire une contrainte de traction: v

C D gdx

"

gdx

"""----..... c

JfD

"

/

~

li>

gdx

/

Résultante: gdx--!2

//

Résultante: gdx--!2

Figure 12.6

1.

Le « plan neutre », ou lieu des axes neutres des sections fissurées de la figure 12.5 est en réalité une vue de l'esprit. Il n'existerait que si le nombre des fissures était infini, c'est-à-dire si toutes les sections étaient également armées et toutes fissurées. En fait, comme on arrête généralement une partie des barres en travée (voir § 16.11) et comme la fissuration est un phénomène discontinu, on a une « surface neutre », du style « montagne russe» (points hauts à l'emplacement des fissures).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 641 On démontrerait de même que l'élément plan de trace AC est soumis à une contrainte de compression cre = 'tb. Ainsi, outre les contraintes tangentes 'tb longitudinale et transversale, l'effort tranchant provoque sur des plans inclinés à 45° sur la ligne moyenne des contraintes de traction crI et de compression cre toutes deux d'intensité égale à 'tb (mais voir remarque ci-après). Les conséquences sont les suivantes (figure 12.7). 1) Risque de fissuration à 45° là où 'tb est élevé, c'est-à-dire au voisinage des appuis (le sens de cette fissuration étant toujours celui susceptible de conduire à un effondrement). D'où la nécessité de « coudre» les fissures obliques (même si elles ne sont que potentielles) par des armatures dites «armatures d'âme» (voir figures 12.24 et 12.27). 2) Risque d'écrasement du béton suivant les «bielles» découpées par les fissures, une fois celles-ci cousues. D'où la nécessité de limiter tb pour ne pas avoir une contrainte excessive de compression dans les bielles de béton.

Figure 12.7 Remarque .'

Lorsque les fissures obliques se sont produites, la conclusion précédente: crI = cre = tb n'est plus valable. Il ya redistribution des efforts entre les armatures d'âme tendues d'une part et les bielles de béton comprimé de l'autre. Par exemple, dans le cas d'armatures d'âme « droites» (c'est-à-dire perpendiculaires à la ligne moyenne) les contraintes du béton après fissuration oblique sont respectivement (voir formule [12.45])

642 Traité de béton armé

12.. 3

COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL DE POUTRES FLÉCHIES SOUS L'EFFET DE L'EFFORT TRANCHANT

La résistance à l'effort tranchant des poutres fléchies a fait l'objet de nombreuses études et de controverses animées. Comme pour la flexion - et peut-être plus encore que pour la flexion - il était donc nécessaire de soumettre au contrôle de l'expérience les résultats auxquels conduit l'application des théories classiques (comme celle de E. M6rsch) en ce qui concerne la résistance des poutres en béton armé aux effets de l'effort tranchant. Vers 1900, beaucoup d'ingénieurs s'imaginaient que le rôle des armatures d'âme, dans les poutres en béton armé, était analogue à celui que jouent des pointes assemblant une superposition de planches soumises à la flexion. Autrement dit, ces ingénieurs pensaient que des fissures horizontales pouvaient se produire dans les poutres et que la résistance était acquise grâce aux coutures réalisées par les armatures d'âme. Ils évaluaient l'effort de glissement le long d'une fissure supposée horizontale, en retranchaient la résistance au cisaillement attribuable au béton et disposaient des armatures d'âme pour équilibrer l'effort de glissement résiduel. La Circulaire ministérielle de 1906 est rédigée en sorte que ce mode de calcul paraît, au moins à première lecture, admissible. Or, dès 1907, Emil M6rsch en Allemagne, puis Augustin Mesnager en France montraient par le raisonnement et l'expérience: d'une part que les poutres se fissurent non pas hqrizontalement mais obliquement au voisinage des appuis et que, d'autre part, avant fissuration oblique, les contraintes des armatures d'âme sont négligeables (figure 12.19). Ils en concluaient qu'au contraire, après fissuration, la résistance devait être assurée par les armatures d'âme seules, considérées comme les montants tendus d'une poutre à treillis du type Howe, à nœuds articulés, à membrure comprimée et diagonales comprimées constituées par le béton et à membrure tendue constituée par les armatures longitudinales tendues. La conception selon laquelle une partie de la résistance est fournie par le béton et le complément par les armatures d'âme est sans conséquence quand la part attribuée au béton est faible par rapport au total. Elle devient très dangereuse quand c'est l'inverse qui se produit: alors, après fissuration oblique, la contrainte des armatures d'âme peut dépasser leur limite d'élasticité et même leur résistance à la traction et c'est l'effondrement brutal, sans signe précurseur. Cette méthode de calcul a été la cause de nombreux accidents.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 643

12.31 Dispositions particulières aux essais de poutres à l'effort tranchant À moins qu'il ne s'agisse de poutres ne comportant aucune armature, ou en comportant un pourcentage très faible, les études expérimentales de l'effet de l'effort tranchant sur des poutres reposant sur deux appuis simples et soumises à une ou deux charges concentrées, se heurtent à deux difficultés. La première difficulté est qu'il convient d'appliquer la ou les charges à une certaine distance des appuis; sinon, on se trouve en présence de phénomènes de transmission directe qui viennent fausser les résultats. Ces phénomènes donnent lieu à des effets particuliers qui interviennent dans le fonctionnement des armatures d'âme et dont on tient compte dans les calculs comme indiqué aux § 12.52,2°, 12.632 et 12.645). On considère que, pour éviter ces effets, les charges doivent être appliquées à une distance des appuis au moins égale à quatre fois la hauteur de la poutre. Cette distance est souvent désignée sous le nom de« portée d'effort tranchant ». La seconde difficulté est une conséquence de celle qui vient d'être évoquée: les dispositions que cette dernière conduit à prendre déterminent, dans les sections voisines du milieu de la portée, des moments de flexion importants et si l'on veut éviter que les ruptures ne se produisent sous l'effet de ces moments, les poutres soumises aux essais doivent présenter une sécurité surabondante vis-à-vis des ruptures par flexion, tant en ce qui concerne la résistance du béton comprimé que celle des armatures tendues. Pour atteindre ce but, les poutres doivent comporter une table de compression (avec le cas échéant des armatures longitudinales comprimées) et éventuellement un talon logeant une section largement suffisante d'armatures tendues. On est donc normalement amené à essayer des poutres à section en T, voire en double T (généralement dissymétrique) (voir figures 12.8 et 12.19).

12.32 Poutres sans armatures d'âme Dans le cas de poutres ne comportant pas d'armatures d'âme, les essais sont souvent effectués sur des poutres de section rectangulaire. En accord avec ce que prévoit la théorie (voir § 12.23), on voit apparaître sous une certaine charge, dans la zone proche d'un appui, une fissure sensiblement inclinée à 45° et la rupture survient brutalement presque aussitôt. En effet, une fois cette fissure produite, par exemple, au voisinage de l'appui de gauche de la poutre, la partie située à droite n'est plus liée à celle de gauche que par les armatures longitudinales inférieures mais celles-ci ont une résistance propre à.la flexion très réduite et se déforment en faisant éclater vers le bas le béton d'enrobage de la partie gauche (figure 12.8). La contrainte tangente calculée à partir de l'effort tranchant Vu de rupture, soit 'tu =

~

(avec zo, bras de levier du couple de flexion dans hozo la section totale homogène: Zo "'" 2h/3) est normalement comprise entre 0,6 f,r et 0,8 f,r, avec f,r. résistance à la traction du béton au jour de l'essai.

644 Traité de béton armé Les résultats sont assez dispersés, comme le sont tous ceux qui sont en liaison directe avec la résistance à la traction du béton. Si la poutre comporte une table de compression, la fissure inclinée apparaît dans des conditions identiques à celle du cas précédent, mais contrairement à ce que prévoit la théorie, la rupture se produit sous une charge plus élevée que celle correspondant à l'apparition de la première fissure oblique dans l'âme; elle est aussi moins brutale. Cela vient de ce que par suite du rôle qu'assume la table de compression dans la transmission des efforts, les contraintes de compression qui s'y développent lui contèrent une résistance élevée à des efforts tangents.

12.33 Poutres comportant des armatures d'âme « droites » Les armatures d'âme sont dites « droites» lorsqu'elles sont perpendiculaires à la ligne moyenne de la poutre. Ce cas est celui de poutres horizontales comportant des cadres ou des étriers verticaux qui constituent la forme la plus usuelle des armatures d'âme des poutres courantes. Si l'on soumet de telles poutres à des charges croissantes, des fissures inclinées sensiblement à 45° apparaissent dans l'âme vers le milieu de la hauteur de la poutre dans les zones comprises entre les appuis et les sections d'application des charges, pour des contraintes tangentes qui sont du même ordre que pour les poutres sans armatures d'âme; ce phénomène est bien conforme à ce que prévoit la théorie du treillis de Morsch (voir § 12.623) puisque les armatures d'âme droites ne peuvent intervenir avant fissuration du béton et, par conséquent, ne peuvent retarder cette fissuration. Mais ces fissures n'affectant pour commencer qu'une fraction de la hauteur de la section, les efforts de compression qui agissent sur la partie non fissurée lui contèrent une meilleure résistance aux efforts tangents. Il en résulte que la contrainte des armatures d'âme est inférieure à celle calculée par la théorie de Morsch (voir figure 12.19) et qu'une fraction de la résistance est bien due à une contribution du béton, mais dans des conditions toutes différentes de celles envisagées au début du XXe siècle. De plus, les deux parties de la poutre séparées par une fissure demeurent liées l'une à l'autre par les armatures d'âme et la rupture ne survient pas dès que les fissures inclinées se produisent. Si certaines conditions sont remplies, l'expérience montre ensuite que les charges continuant à croître, il apparaît de nouvelles fissures plus inclinées sur la ligne moyenne, ou bien les premières fissures apparues vers le milieu de la hauteur de la poutre se développent en s'inclinant vers les parties supérieure et inférieure de la poutre. Ces fissures s'accentuent de plus en plus jusqu'à la rupture, alors que le premier réseau à 45° cesse d'évoluer ou évolue peu (figure 12.8). Il faut reconnaître que cette observation n'est pas absolument générale et que, dans certains cas, les fissures à 45° sont largement ouvertes au moment de la rupture. Celle-ci peut survenir soit par rupture des cadres ou étriers avec striction apparente, soit par écrasement des bielles comprimées du béton nettement plus inclinées que 45° sur l'axe longitudinal de la poutre. Mais le fait que les fissures soient plus inclinées impli-

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 645 que qu'elles sont traversées par une section d'armatures plus grande que ne l'indique la théorie classique de Ritter-Morsch. Les règlements antérieurs à 1960 avaient fixé la même limite admissible pour la contrainte des armatures longitudinales et pour celle des armatures d'âme. Des poutres ainsi calculées, dans lesquelles la contrainte tangente sous charge de service est modérée, périssent en principe par flexion plutôt que par effet de l'effort tranchant.

Poutre sans armatures d'âme

Rupture par insuffisance des armatures d'âme

Rupture par compression des bielles en béton

Figure 12.8

On peut donc dire que dans de telles poutres, la sécurité vis-à-vis de la rupture par effort tranchant est nettement plus élevée que la sécurité vis-à-vis de la rupture par flexion. Dans les Règles BA 1960 et CCBA 1968, cette anomalie avait été corrigée en tenant compte dans une certaine mesure des phénomènes décrits précédemment et en adoptant pour la contrainte admissible des armatures d'âme des valeurs d'autant plus élevées que la contrainte tangente du béton était faible mais ce n'était là qu'un artifice. Les Règles BAEL ont choisi une autre voie, plus conforme aux résultats des essais (voir § 12.634). Elles font intervenir une contribution du béton, basée sur les résultats d'essais effectués à Stuttgart. Elles permettent une économie sur les armatures d'âme de l'ordre de 20 à 40 % par rapport aux règlements antérieurs. L'EC2 a choisi lme troisième voie, basée elle aussi sur les résultats d'essais, mais faisant intervenir une inclinaison variable des bielles de béton (voir § 12.61 et 12.64). Ce qui précède ne doit pas être interprété comme une invitation à se dispenser d'examiner avec soin les conditions de résistance des poutres aux effets de l'effort tranchant. Bien au contraire, les statistiques montrent que les insuffisances de résistance à l'effort tranchant causent plus d'accidents graves que les insuffisances de résistance en flexion. Ces dernières présentent en général, avant rupture, des phénomènes « avertisseurs » de déformation importante et de fissuration accentuée.

646 Traité de béton armé

12.34 Cas de poutres comportant des armatures d'âme sous forme de cadres ou d'étriers inclinés Les essais effectués sur de telles poutres font apparaître, comme le prévoit la théorie, un certain avantage quant à l'apparition des premières fissures, mais il faut bien reconnaître que la complication des opérations de ferraillage qu'il implique fait que l'emploi de telles armatures n'est pas très fréquent.

12.35 Cas de poutres comportant des barres relevées a 45 0 au voisinage des appuis De telles barres (figure 12.30) sont également efficaces pour retarder l'apparition des premières fissures et pour permettre théoriquement des contraintes tangentes plus élevées, mais ces avantages ne sont réels que si ces armatures sont de diamètre réduit et sont bien réparties sur une certaine longueur de la poutre. Leur emploi était autrefois très généralisé dans certains pays, en particulier chez les constructeurs allemands et autrichiens, et à la même époque assez fréquent en France bien que dans une moindre mesure, et essentiellement limité aux zones voisines des appuis. Depuis, malgré l'avantage théorique que ces dispositions présentent, leur utilisation est considérablement réduite en raison des complications d'exécution qu'elles impliquent. Il faut ajouter que l'on a trop souvent abusé de leur emploi avec des barres de diamètre important dans des poutres de faible hauteur où compte tenu des courbures de sens inverse en parties inférieure et supérieure, la dimension de la partie rectiligne entre les deux, théoriquement à 45°, était souvent très réduite, voire inexistante. Pour toutes ces raisons, on préfère maintenant utiliser, lorsque l'importance des contraintes tangentes le requiert, un réseau d'armatures d'âme droites et de barres parallèles à la ligne moyenne réparties sur la hauteur de la poutre, la section de ces dernières dans la hauteur de la section étant la même que celle des armatures d'âme droites sur une longueur égale à cette hauteur. Cette disposition, mentionnée dans les Règles BAEL (voir § 12.633, remarque 2), est assez efficace vis-à-vis de la rupture des bielles de béton comprimées. Elle est par contre peu économique vis-à-vis de la quantité d'acier qu'elle exige, puisque les armatures parallèles à la ligne moyenne ne jouent aucun rôle dans la résistance à l'effort tranchant l , qui demeure assurée par les seules armatures d'âme droites.

1. En effet, considérer qu'une force oblique peut se décomposer suivant deux forces égales dans deux directions à 45° par rapport à celle-ci n'est qu'une illusion d'optique si les deux armatures censées équilibrer ces composantes sont indépendantes l'une de l'autre. L'emploi de treillis soudé, par suite du mode d'assemblage des barres entre elles, constitue, de ce point de vue, la meilleure solution pour réaliser un tel maillage.

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 647

12.4 PRINCIPES GÉNÉRAUX DES VÉRIFICATIONS À L'EFFORT TRANCHANT 12.41 Règles BAEl Les vérifications concernant l'effort tranchant sont demandées uniquement à l'étatlimite ultime. Le cas des états-limites de service est traité par des conditions particulières à respecter à l'état-limite ultime. ,

n

Al' état-limite ultime, l'effort tranchant agissant ultime est défini par V;, = L Y)lki . 1

Plus précisément, la combinaison «fondamentale» à considérer s'écrit symboliquement, en application des principes énoncés au § 3.421-1 :

Vu = 1,35 VGmax + VGmin + 1,5 VQ!+ 1,3

L'lfOi 1>1

VQi

Dans les cas les plus courants, l'effort tranchant agissant ultime sera fréquemment défini par: V;, = 1,35 VG + 1,5 VQ (VG effort tranchant dû aux charges permanentes, VQ effort tranchant dû aux charges

variables). Théoriquement, il faudrait considérer dans les calculs la contrainte tangente physique obtenue à partir de la formule [12.8], en y faisant V = V;,. Afin de simplifier les calculs, dans les Règles BAEL (art. A-5.1, 1), la hauteur utile da été substituée au bras de levier z. Ces Règles se réfèrent donc à une contrainte tangente conventionnelle! : 'Cu

=

Vu

(m, MN, MPa)

bod

[12.9]

et elles envisagent: 1) la justification d'une « section courante » (art. A 5.1,2) vis-à-vis: - de l'écrasement des bielles de béton, supposées inclinées à 45° ; :.... des armatures d'âme, déterminées par le treillis de Morsch (voir § 12.623) corrigé expérimentalement. 2) la justification des zones d'application des efforts (zones d'about ou d'appui en particulier, voir § 12.8)

1. Compte tenu de l'équation [12.8bis], on a Til = (0,9 Tb)u

648 Traité de béton armé

12.42 EC2 L'EC2 raisonne directement à partir de l'effort tranchant agissant de calcul VEd (== V;J qui doit être comparé à trois efforts tranchants résistants: effort tranchant résistant de calcul pour les éléments sans armatures d'effort tranchant (voir § 12.52-1°),

- VRd,c:

- Vu s : valeur de calcul de l'effort tranchant équilibré par les armatures d'effort tranchant à l'état-limite ultime (voir 12.622-2), - Vd max: valeur de calcul de l'effort tranchant maximal que peut supporter un élément, avant l'écrasement des bielles de béton (voir § 12.52-3° et expression [12.15]).

Les différents modes de vérification prescrits par l'EC2 sont détaillés aux § 12.52 et § 12.64.

12.5 ÉLÉMENTS DÉPOURVUS D'ARMATURES D'EFFORT TRANCHANT 12.51 ~

Règles BAEL

Référence: Art. B 6.7,1

En France, seules peuvent êtres dépourvues d'armatures d'âme: - les dalles bétonnées sans reprise sur toute leur épaisseur, et pour lesquelles 0,07 l' < --jc28

'ru _

Yb sous certaines réserves, les zones centrales des poutres secondaires de planchers, et les nervures de planchers à nervures croisées si, dans ces zones, 'ru

12.52

:s 0,031c28.

EC2

L'EC2 permet de ne prévoir aucune armature d'effort tranchant dans les éléments qui ont une capacité suffisante de distribution transversale des charges (dalles pleines, nervurées ou alvéolées), ainsi que dans les éléments de faible importance, qui ne contribuent pas de manière significative à la résistance et à la stabilité de l'ouvrage (cas des linteaux de portée au plus égale à 2 m par exemple).

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 649 Pour de tels éléments, la condition à satisfaire pour pouvOIr se passer totalement d'armatures transversales d'effort tranchant est: VEd ~ VRd,e

Pour tous les autres éléments, même si VEd ::; VRd,e, une armature d'effort tranchant minimale est requise. En outre, dans l'un et l'autre cas, l'effort tranchant agissant ne doit pas entraîner l'écrasement des bielles de béton comprimé, c'est-à-dire que finalement, il faut: VEd

~

VRd, max

(pour VRd, max, voir 3° ci-après)

1° Calcul de VRd,e La formule qui donne VRd,c est d'origine expérimentale et contient de nombreux paramètres. Ce fait est critiqué par certains ingénieurs français (aussi bien en ce qui concerne ce nombre qu'en ce qui concerne l'influence des paramètres considérés), mais cette critique repose plus sur le « sentiment» que sur une réelle analyse de la manière dont les paramètres ont été fixés. La méthode suivie consiste à étudier la variation de l'effort tranchant de rupture en fonction d'un seul des paramètres « supposés» (toutes autres choses égales par ailleurs), à voir s'il existe une loi-enveloppe, puis à recommencer avec un autre paramètre, en les faisant varier successivement un par un. En ce qui concerne VRd,e, les paramètres ainsi pris en compte sont: - la résistance du béton à la compression (fck), -l'épaisseur des pièces (k), -le pourcentage d'armatures longihldinales (Pl), -la présence d'un effort normal s'exerçant sur la section (O'ep). La formule retenue par l'EC2 est: VRd,e = [(0,18k/yc) (l00 pdck) 'l) + 0,15 O"cp] bw d

[12.10]

avec: k;;:;. 1 + .J200 1d

:s 2,0 (d en mm)

PI = Asti blld:s 0,02

Ick

Asi

aire de la section de l'armature tendue qui continue sur une distance hd + d au-delà la section considérée (figure 12.9).

bl\'

largeur minimale (en mm) de la section entre l'axe neutre et les armatures tendues. en MPa

650 Traité de béton armé

iId

4!!j",;'{, :

r11+c~t=bd~;t-v~'-Ic7>T •. •. T··1~' Ed

__ " _ _

® Section considérée Figure 12.9 (MPa)

Ac

aire de la section droite

NEd

effort nonnal de calcul agissant dans la section considérée (NEd > d'une compression).

V Rd, c

ne peut être pris inférieur à :

avec

Vmin

= 0,035

e/

2

/

V Rd, c min

°

s'il s'agit

= (Vmin + 0,15 (Jcp) hw d

fc~2

L'Annexe Nationale remplace 0,035 f(lI2 par: - 0,34/yc pour les dalles bénéficiant d'un effet de redistribution transversale; (0,053/yc) k 3/2 pour les autres dalles et pour les poutres; -

0,35/~c

pour les voiles.

2° Prise en compte des phénomènes de transmission directe Les phénomènes de transmission directe sont analysés en détail au § 12.632. Dans l'évaluation de l'effort tranchant agissant VEd, toute charge concentrée appliquée à une distance av du nu d'un appui telle que 0,5d :::; av :::; 2d (figure 12.10), n'est prise en compte que pour une fraction f3 de sa valeur, avec f3 = av /2d. Cette réduction, qui suppose que les armatures longitudinales sont totalement ancrées au droit du nu d'appui, peut être appliquée pour vérifier que V Ed :::; VRd,c calculé par [12.10], mais non pour vérifier que V Ed :::; V Rd, max. Pour av < 0,5 d, il faut prendre av = 0,5 d.

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 651



. , Corbeau

Poutre avec appui direct

Figure 12.10

3° Valeur de VRd, ItlaXdans le cas où il ny a pas d'armatllres d'effort tranchant VEd calculé sans appliquer le coefficient de réduction

~

doit satisfaire la condition:

VEd :::; 0,5 bw d 'U !cd

avec 'U = 0,6 [ 1 - (fck / 250) ]

(j~k

en MPa)

Pour l'origine du coefficient 'U, voir § 12.622-1.

12 .. 6 ÉLÉMENTS REQUÉRANT UNE ARMATURE D'EFFORT TRANCHANT 12.61 Analyse des essais de poutres Comme l'avait fait Morsch et comme le suggère le comportement des poutres lors des essais, on considère qu'à l'état fissuré, le schéma résistant d'une âme de poutre est celui d'un treillis constitué par : -la membrure comprimée (zone de béton comprimée par la flexion) 0-

les armatures longitudinales tendues

- les bielles de béton comprimées découpées par les fissures obliques, qui forment un angle e avec la ligne moyenne de la poutre -les armatures d'âme tendues, qui forment un angle cr avec la ligne moyenne de la poutre.

652 Traité de béton armé D'après une théorie, dite du «treillis spatial évolutif» apparue dans les années 70 et basée sur le principe de l'adaptation plastique, la rupture est atteinte après des redistributions d'efforts qui résultent de la plastification successive des éléments constitutifs du treillis ci-dessus défini. Cette adaptation se traduit dans l'équilibre du treillis par une variation de l'angle 9 d'inclinaison des bielles, qui peut être une augmentation ou une diminution par rapport à l'angle de fissuration initial, selon l'ordre dans lequel la plastification apparaît pour les armatures longitudinales et transversales (l Fauchart et autres, CEBTP à Saint-Rémylès-Chevreuse). La rupture du béton des bielles est, elle aussi, prise en compte. On rappelle que, lorsqu'un matériau atteint sa phase de plastification, sa déformation croît plus rapidement que sa contrainte et qu'il continue de se déformer à contrainte constante ou très légèrement croissante (voir chapitre 2, figure 2.1). L'effort (de compression ou de traction) qu'il peut supporter n'augmente donc pratiquement plus. Il a atteint un « plafond ». Si les armatures longitudinales devaient se plastifier en premier, il faudrait théoriquement, pour que les charges extérieures puissent continuer de croître alors que l'effort dans ces armatures est plafonné, que l'angle 9 puisse augmenter, de manière à solliciter davantage les armatures d'âme et les bielles de béton. Toutefois, une telle augmentation ne semble pas physiquement possible. Elle n'a jamais été observée dans les essais. Par ailleurs, dans les sections de moment maximal, critiques en flexion, l'effort dans les armatures longitudinales n'est que peu influencé par une variation éventuelle de l'angle 9 d'inclinaison des bielles de béton. Il en résulte que l'état-limite ultime de résistance en flexion (plastification des armatures longitudinales) peut être considéré indépendamment de l'état-limite ultime de résistance à l'effort tranchant (plastification des armatures d'âme et du béton des bielles) sous réserve que des sections autres que celles de moment maximal (par exemple, les sections d'arrêt de barres) ne deviennent pas critiques. Seul mérite donc d'être analysé le cas, toujours rencontré dans les essais, où les armatures d'âme se plastifient avant les armatures longitudinales. Dans ce cas, le treillis se forme initialement à un angle 90 (figure 12.11). L'effort tranchant augmente jusqu'à ce que la plastification des armatures d'âme soit atteinte. L'effort de traction qu'elles peuvent équilibrer est alors plafonné à FS I\'.II, mais l'effort tranchant peut continuer d'augmenter par diminution de l'angle 9, jusqu'à ce que la résistance limite des bielles (Fbu ) soit atteinte.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 653 Fissuration (9 0 )

LJ

Plastification

Rupture

bO

Fsw,u

Fsw,u

F swo

90

Figure 12.11

La figure 12.12 représente les efforts et les contraintes agissant sur la surface de rupture par effort tranchant d'une poutre munie d'armatures d'effort tranchant. Hauteur de béton comprimé par flexion

i ___L;;

Encastrement

:çF

o

#"

#" 'te ,·,.·,.··.·u"'·y

V

Engrènement granulats

d'âme

l

/

Forces

~!:alentes

Fg

Effet de goujon

Figure 12.12

Après l'apparition des fissures obliques inclinées de 90' (angle d'inclinaison de la direction principale de compression sur l'axe de la poutre), la résistance à l'effort tranchant est assurée : - pour une part, par la membrure comprimée, qui demeure comprimée par la flexion (force F::) ; - pour l'autre part, la plus importante dès que le pourcentage d'armatures d'âme est relativement élevé, par le mécanisme du treillis. Ce mécanisme est complexe: 1. Les deux faces en regard d'une fissure oblique ne sont pas planes: les granulats forment de part et d'autre des saillies. Sous l'action d'un effort tangent provoquant un glissement relatif des deux faces l'une sur l'autre, il se produit un phénomène dit « d'engrènement (interlock) des granulats ».

654 Traité de béton armé 2. Un autre phénomène intervient également dans le mécanisme de la rupture par effort tranchant. C'est 1'« effet de goujon» des armatures longitudinales. On appelle ainsi la résistance qu'offrent les barres longitudinales, scellées de part et d'autre dans les deux parties de poutre séparées par une fissure, à une sollicitation dans le sens vertical lorsque ces deux parties tendent à se déplacer l'trne par rapport à l'autre [en l'absence d'armatures d'effort tranchant, ce phénomène se manifeste de manière très apparente par une fissuration longitudinale du béton d'enrobage (figure 12.8)]. 3. Contrairement à l 'hypothèse de Morsch (§ 12.623), le treillis n'est donc pas isostatique, en raison des efforts d'engrènement des granulats le long des fissures, de l'encastrement des bielles dans la membrure comprimée (moment Me) et de l'effet de goujon (Fg ). Ce dernier effet est équivalent à un encastrement des bielles dans la membrure tendue (M~ ). L'existence des contraintes tangentes dues à l'engrènement des granulats le long des fissures fait que la direction principale de compression s'incline suivant un angle 9 < 90 , Lorsque l'effort tranchant augmente, les contraintes Te augmentent aussi, entraînant une diminution encore plus accentuée de 9, ce qui explique l'apparition du second réseau de fissures, d'inclinaison inférieure à celle des fissures initiales, observée lors de certains essais (§ 12.33). Cependant, après plastification des armatures d'âme, l'accroissement des ouvertures des fissures obliques réduit les possibilités d'engrènement, et les variations de 9 ne peuvent plus provenir alors que de l'adaptation plastique. Les moments d'encastrement n'ont aucun effet sur la compression moyenne des bielles, mais ils influent sur leur résistance. Par rapport à la compression simple (hypothèse de Morsch), la réduction de résistance est due'à un état de contraintes complexe: compression parallèle aux fissures, traction oblique entraînée par les armatures d'âme par suite de leur adhérence au béton des bielles qu'elles traversent et flexion due aux encastrements dans les membrures. [Dans les calculs, cette réduction est prise en compte au moyen d'un coefficient u:s 1 appliqué à la résistance à la compression du béton, voir § 12.622-1].

12.62 Conduite des calculs par référence à un modèle de treillis Considérons une poutre en béton armé, à section rectangulaire, donc de largeur hw constante l ou encore à section à table de compression et nervure rectangulaire, sollicitée en flexion simple. Après fissuration oblique, la poutre peut être assimilée à une poutre triangulée à treillis plan multiple dans laquelle (figure 12.13) : - la membrure tendue est constituée par les armatures longitudinales tendues,

1.

Dans certains ouvrages, la figure qui illustre la méthode représente, en coupe, une section circulaire ou de fonne quelconque: c'est une ineptie. Pour les sections circulaires, on peut se ramener à une section rectangulaire équivalente, voir § 12.637.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 655 - la membrure comprimée est constituée par la zone comprimée de la poutre (béton et éventuellement armatures longitudinales comprimées), - la hauteur (distance entre les résultantes des efforts normaux dans les deux membrures) est égale au bras de levier z, pris forfaitairement égal à 0,9 d (d, hauteur utile des armatures longitudinales tendues), -les diagonales comprimées sont les bielles de béton découpées par les fissures obliques d'inclinaison e sur la ligne moyenne de la poutre, -les diagonales tendues sont les armatures d'âme, (inclinaison a sur la ligne moyenne, section As", par nappe, espacement s des nappes parallèlement à la ligne moyenne).

O,9d

Figure 12.13 Pour simplifier, on considère une zone de poutre le long de laquelle l'effort tranchant peut être supposé constant, et on représente la poutre avec une ligne moyenne horizontale. Le pourcentage géométrique des armatures d'âme est:

s sin a, espacement des nappes dans la direction normale à celle des armatures d'âme.

12.621

Hypothèses

1°) Les barres constituant l'armature longitudinale n'offrent aucune résistance à des forces latérales (on néglige donc « l'effet de goujon ») et ne peuvent transmettre que des forces de traction ou de compression dirigées suivant leur axe; 2°) L'espacement des brins de l'armature d'âme aussi bien dans le sens de la ligne moyenne que dans les plans des sections droites est suffisamment faible pour que, si chacun de ces brins est soumis à une contrainte O's,,", leur action globale puisse être considérée comme équivalente à une contrainte PlV O'sw uniformément distribuée sur une section perpendiculaire à leur direction;

656 Traité de béton armé 3°) Le béton de la poutre est dans un état de compression uniaxial et n'offre aucune résistance à la traction; on suppose donc que les bielles forment un champ de compression diagonal, la contrainte crbc étant inclinée de 8 sur la ligne moyenne; 4°) Les dispositions constructives sont telles que des ruptures locales ne peuvent se produire; autrement dit, les éléments du treillis sont tous supposés convenablement ancrés.

12.622

Équations du problème

Pour établir ces équations, la méthode la plus simple, et la plus rapide, est d'opérer comme on le retrouvera plus loin pour la« règle des coutures» (voir § 12.71)

Figure 12.14 Soit un élément plan, de largeur hw, perpendiculaire au plan moyen et parallèle à la ligne moyenne, soumis à un glissement longitudinal gdx. Outre l'effort gdx, cet élément est soumis (voir figure 12.14) : - à une force de compression dFc (bielle comprimée) - à une force de traction dFt (armatures d'effort tranchant) La section droite de la bielle étant hw dx sin 8, on a :

dFc = crbc hw dx sin 8 en désignant par crbc la contrainte de compression de la bielle. De même, si crswdésigne la contrainte des armatures d'âme, on a :

drfc:'I

= h A"I>' '

s wsma.

. a. crs", (h w d x sm'a.) = Pw crSI\' hw dx sm

En projetant les forces sur l 'horizontale, on trouve:

g dx = dFc cos 8 + dFt cos a. ou encore: g dx = crbc hw dx sin 8 cos 8 + Pw crSlV hw dx sin a. cos a.

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 657 ou, en divisant par bw dx : 'Lb = O'bcsin S cos S + PlV O'swsin a cos a En projetant les forces sur la verticale, on obtient: • 2S .? O'bc sm - PlV O'SIV Sln~ a =0

[12.11]

[12.12]

De [12.11] et [12.12], on tire: O'bc

'Lb = --:----"---2

[12.13]

sin S (cotS + cota)

PlV O'sw

'Lb sin a (cotS+ cota)

[12.14]

= - -2- - - " - - - -

12.622-1 Umite imposée par la compression des bielles de béton Plaçons-nous à l'état-limite ultime: 'Lb =

~. 0,9

La contrainte des armatures d'âme ne peut atteindre la résistance de calcul f; ..tI =hw/Ys que si la résistance à la compression des bielles de béton n'est pas dépassée, c'est-à-dire SI :

O'bc:S Df~k/Yc D

= D!cd

étant un coefficient à déterminer expérimentalement (coefficient d'« efficacité»).

Ce coefficient est au plus égal à 1. En effet, ainsi que cela a été mentionné dans l'analyse des essais (§ 12.61), les bielles de béton ne sont pas simplement comprimées, mais sont également soumises, entre autres, à des efforts de traction transversaux provoqués par la mise en traction des armatures d'âme adhérentes au béton, ce qui a pour effet de diminuer leur résistance à la compression suivant leur axe (essais de J.-R. Robinson et J.-M. Demorieux, voir § 12.10). Compte tenu de l'expression [12.13] la borne de l'effort tranchant qui définit l'étatultime limite atteint par écrasement des bielles comprimées est, en remplaçant dans

.

. ')s par

cette expreSSIOn sm-

VRd• max

1

2

1+ cot S

= D lcd (0,9 d bw) (cot S + eot a)/( 1 + cor S)

[12.15]

. Pour le coefficient D, l'EC2 retient la valeur: D

= 0,6 [1 - (fck/ 250)]

en accord satisfaisant avec les résultats d'essais pour !ct lable au-delà de 120 MPa.

(fck en MPa) ~

[12.16]

100 MPa, mais non extrapo-

658 Traité de béton armé

Remarque:

~ !c28 est équivalent à 't'u:::; Ule28

Avec les Règles BAEL : abc:::;

Yb quand a = 90° (voir relation [12.45] au § 12.712).

puisque abc = 2 't'II

2Yb

= 0,4.

Les Règles BAEL ont admis u u 1,0

0,8

r

~~~~

r

.-~

. " <' • • , ••

_'o •••••••• ,•• _"-< - • •

~ •.••

,, ,

.

~_:_

, •••••••

~

.... _ _ -

~ .-- ~



r __ '_"

-

-~",,-~,",-~,.:.~ '"'

«

•., . , - -

ç.~

r

.-.-- M

-

"'~r-"~ ~~"~~., ~

,+." ..

. :,

<".

:, : 0,6

-i- ~ ,

,.,.< ••.•.••. 0 - .

~_._-

o '-----'------'-----'-----'--------':l> o 10 30 40 50 20

fek (MPa)

Figure 12.15. Résultats expérimentaux pour le coefficient u

12.622':2 Umlte Imposée par les armatures d'âme Si l'effort tranchant agissant est au plus égal à VRd, max, la contrainte aSI des armatures d'âme peut atteindre/ywd, de sorte que la borne de l'effort tranchant qui définit l'étatlimite ultime atteint par contrainte excessive des armatures d'âme est, compte tenu de [12.14] : VRd,s

= (Pw/YII'd sin 2 a) (cot e + cot a) (b",,0,9d)

[12.17]

" 1e, 'JI = PW/YIr" et 'JI , = 'JI sm . 2a Posons, de c.laçon p lus genera u le"

L'espression [12.11] devient:

't'bu

Uled

= 'JI' cot a + sin e cos e

[12.IIa]

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 659 Mais comme, d'après [12.12], sin 2 e = \jf', on a aussi: [12.18] La dérivée du second membre par rapport à \jf' vaut:

+ cot a

ou

2

\jf' -\jf'

sin 2 a 4

+ --

°

=

ou encore, comme \jf =

=

.

SOIt \jf

+

=

sm a

\jf'

,

! - \jf'+~\jf' (1- \jf') cot a -=20--_-;====-_ _ ~\jf' (1- \jf')

1+cosa 2

= --1 2(1- cosa)

\jf= - - - -

2

l-cos a

rendent maximal le rapport ~. Une augmentation 'U fcd de l'une, ou de l'autre, c'est-à-dire du pourcentage Pw d'armatures transversales, ne permet pas de franchir ce maximum, qui définit donc lui-même une borne supérieure de Pw. Ces deux valeurs de \jf', ou de

Lorsque 'JI'

=

\jf,

1+cosa , , on a, d'apres [12.18] : 2 "C bu sina (l+cosa)cosa l+cosa cota -=--+ = = +-'U led 2 2sina 2sina 2sina 2

et comme, d'après [12.12] sin2 e = tan

2

e=

\jf' :

sin 2 e __ _\jf' I-sin 2 e 1-\jf'

__

1+ cos a 2 a =cot l-cosa 2

Lorsque l'on utilise des armatures d'âmes droites, a =

1t ,

et le rapport ~ atteint

2

son maximum 0,5 pour \jf =

\jf'

le"

= ~ . Dans ce cas: tan e = 1 et e = 45°. 2

En définitive, on peut tracer la variation de la fonction valeurs de a (figure 12.16)

'U

"Cbu

'Uled

= g(\jf) pour différentes

660 Traité de béton armé

0,8 - -- -- --;- -- --- - ----- --;--- -----;--~-- -;---- ----1 \ ! \ 1 , 1 1 1

~

\ C 1

0,7

,

"

-~----1~-~---- ~,~,·,",,--r

.

\ ( 1 1

--,--,·-t-,_·_,-~

~(-

0,4

0,5

0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1

0,1

0,2

0,3

0,6

Figure 12.16

Pour a'=

\If =

1t ,

2

la courbe est un arc de cercle, prolongé par une horizontale au-delà de

~, ce que confirment les résultats d'essais (figure 12.17) 2

Il existe une inclinaison optimale des armatures d'âme a rapport

'th _~_'

u!ctl

=

aM qui rend maximal le

1orsque \If est d ' (on rappe Il e que \If = Pwfvwd, onne . , Pit' etant 1e pourcentage

U!cd

des armatures d' effort tranchant). Les calculs (non développés ici) montrent que cette valeur est telle que: cot aM =

.J;;i

Cette remarque n'a toutefois aucune portée pratique. Sa prise en compte compliquerait l'exécution et exigerait une précision impossible à obtenir sur les chantiers courants. , En pratique, on en restera donc le plus souvent à a exceptionnellement à 45°< a < 90°.

e

Pour = 45° et a § 12.23.

= 90°

on trouve

abc

=2

'rI;;

= 90°, plus rarement à a = 45° et très

voir relation [12.13] et remarque au

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 661

o

0,1

0,2

0,4

0,3

0,5

0,6

0,7

0,8

Figure 12.17

12.623 Treillis de Môrsch La présentation traditionnelle du treillis de Morsch consiste à considérer la poutre fissurée obliquement à 45° (8 = 45°) comme résultant de la superposition de poutres à treillis simple, égales et également chargées. Le nombre m de ces poutres ou «ordre de la triangulation» est (notations: figure 12.13) :

z (1 + cota)

O,9d (l+cota)

s

s

m=----

Si V est l'effort tranchant dans une section XX de la poutre étudiée, chaque poutre à treillis simple équilibre un effort tranchant V/m (figure 12.18). La projection des forces sur XX donne, pour une section XX coupant une diagonale tendue: V msina

F.m' = - - -

Vs O,9d(sina+cosa)

662 Traité de béton armé xl

1

1 1

z

Figure 12.18

Si O".\'West la contrainte des armatures d'âme, on a : FslV = AslV O'swd'où, avec 'Cb

A

--:!.!!:... 0"~'lV

bw s

'C

=

b

0,9 (sina+ cos a)

II est facile de voir qu'en introduisant PlV =

A.n~

bws sma

=~ : bwd

[12.14 b]

,on retombe sur l'expression

[12.14] dans laquelle on aurait fait cot e = 1. De même, en projetant les forces sur XX pour une section XX coupant une diagonale comprimée, compte tenu de ce que pour e = 45° la section droite d'une bielle est

bws/.fi., on retombe sur l'expression [12. 13] dans laquelle on aurait fait cot

e = 1 et

1 2

sin2 e = -. L'expression [12.14b] montre que dans une poutre dans laquelle bo, d, Aswet a ont été fixés, c'est-à-dire dans laquelle le pourcentage d'armatures d'âme a été fixé, et où l'on suppose e = Cte = 45° (hypothèse de Morsch), il existe une proportionnalité entre la contrainte O"sw des armatures d'âme et la contrainte tangente 'Cb. La comparaison avec les résultats expérimentaux montre qu'en réalité, pour les poutres coulées en une seule fois, il existe un «décalage» 'C' dû à la contribution du béton (figure 12.19) et que l'expression [12.14 bl doit être remplacée par : Pll'O'.vw=

'C -'C'

. b. 0,9 sm a (sm a + cosa)

[12.19]

Ce décalage vient de ce que les hypothèses adoptées pour établir l'expression [12.14 bl ne traduisent pas le comportement réel de la poutre sous l'effet de l'effort tranchant. Ainsi, on constate que la force de compression dans la membrure supérieure n'est pas parallèle à la force de traction dans la membrure inférieure, mais inclinée, cette inclinaison étant d'autant plus grande que le rapport l'âme est plus grand (figure 12.20).

~ bw

de la largeur de la table à celle de

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 663 crst (MPa)

Figure 12.19. Essais de F. Leonhardt, (Stuttgart)

Il en résulte : d'une part, une composante verticale qui équilibre une partie de l'effort tranchant - d'autre part, au voisinage des appuis, une transmission directe d'une partie de l'effort tranchant.

P

A

Figure 12.20

664 Traité de béton armé Par ailleurs, il est connu depuis longtemps (par exemple Chambaud, 1957) que dans les essais à rupture de poutres soumises à l'effort tranchant, la valeur observée pour l'inclinaison des bielles de béton comprimées est inférieure à 45° (voir § 12.33 et figure 12.8), l'inclinaison réelle e dépendant: - du rapport de la largeur de la table à celle de l'âme, - de la quantité d'armatures d'âme, - de la valeur du moment de flexion. Ces deux phénomènes (inclinaison de la force de compression dans la membrure supérieure; e < 45°) joints aux phénomènes secondaires déjà mentionnés (effet de goujon des armatures longitudinales, engrènement des granulats le long des fissures obliques, etc.) ont pour conséquence une réduction des efforts de traction dans l'armature d'âme. Toutefois, au voisinage d'un point de moment nul d'une poutre continue où il n'existe plus de membrure comprimée et où les efforts de traction des membrures inférieure et supérieure se recouvrent, la réduction de l'effort de traction dans l'armature d'âme n'est due qu'à la seule inclinaison des bielles. La formule de détermination des armatures d'âme issue du raisonnement de Morsch doit donc être corrigée (terme 1:' de l'expression [12.19]) si l'on veut tenir compte de ces phénomènes. Le terme correctif ne doit en aucun cas être interprété comme une contribution du béton tendu.

Remarque: Sur la figure 12.19, la faible pente que présentent à l'origine les courbes expérimentales s'explique par le fait que la théorie de Morsch suppose l'âme fissurée. Mais il n'en est pas ainsi dès le début. Avant que le béton ne se fissure, le béton et l'acier se partagent la résistance aux efforts de traction (section homogène) et la contrainte des armatures d'âme est très faible. Puis le béton, qui assurait la majeure partie de cette résistance se fissure, et les armatures d'âme se retrouvent devoir équilibrer à elles seules la totalité des efforts de traction. Leur contrainte se met alors à augmenter rapidement, mais les courbes ne subissent pas un saut brusque qui leur ferait rejoindre la droite de Morsch. La raison en a été donnée ci-avant: la théorie de Morsch néglige un certain nombre de phénomènes secondaires, ce qui explique le décalage observé, qui subsiste tout au long des essais.

12.63 Prescriptions des Règles BAEl concernant la justification d'une section « courante ) Le terme « section courante» s'oppose à celui des « zones d'application des efforts ». Ces dernières sont étudiées au § 12.7.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 665

12.631

Règle préliminaire

Les pièces en flexion composée, entièrement comprimées, pour lesquelles:

V;,'tu - bod

:s mm. [0,06 - - Jl'c28''15MP] , a Yb

avec Yb -15 - ,

[12.20]

n'ont pas à être vérifiées vis-à-vis de l'effort tranchant (BAEL, art. A-5.1,1). Cette règle a pour objet d'éviter que les armatures transversales des poteaux courants d'ossature (qui sont généralement déterminées par des règles forfaitaires, voir § 10,542) n'aient à être systématiquement calculées par les règles relatives à l'effort tranchant dans le cas où ces poteaux auraient à supporter un effort horizontal, à condition que cet effort demeure modéré.

12.632 Charges appliquées au voisinage d'un appui; phénomène de transmission directe Les charges appliquées au voisinage d'un appui donnent lieu au phénomène de « transmission directe », c'est-à-dire qu'elles sont véhiculées par des bielles de béton comprimées, sans mise en traction appréciable des armatures d'âme situées près de l'appui!. Les Règles BAEL permettent de tenir compte de ce phénomène, aussi bien pour la vérification du béton que pour la détermination des armatures d'âme. Selon ces Règles, dans le calcul des efforts tranchants agissant au voisinage de l'appui d'une poutre de hauteur totale égale à h, on peut négliger l'effet des charges situées à une distance du nu d'appui inférieure à

~ 2

et ne prendre en compte qu'une fraction

égale à 2a des charges situées à une distance a du nu d'appui inférieure à 1,5h. Le« nu

3h

d'appui» est matérialisé par le plan vertical où une poutre pénètre dans son support (autre poutre, poteau, mur ou bord interne d'une plaque d'appui).

1.

Les charges concentrées près des appuis se rencontrent très fréquemment, notamment dans les immeubles construits en bordure de rues étroites (en particulier, à Paris, au niveau du cinquième étage), au premier retrait de façade où l'on a généralement à supporter sur des poutres les poteaux des étages supérieurs. Si l'on ne tenait pas compte de la transmission directe, il serait très difficile de placer les armatures d'âme qui seraient théoriquement nécessaires. Heureusement, ces armatures ne sont pas indispensables et s'il y a possibilité de formation d'une bielle de béton, capable de transmettre obliquement un effort de compression, la composante horizontale de celui-ci étant équilibrée par des aciers tendus (section et ancrage suffisants), la résistance est assurée.

666 Traité de béton armé Attention: Les vérifications complémentaires relatives aux zones d'appui doivent cependant montrer que les charges ainsi réduites ou négligées sont bien transmises dans leur intégralité, sans réduction, à l'appui considéré.

a) Cas des charges uniformément réparties Simplification

Pu

o

Nu d'appui

-----

~1.J...L........,.~u...t...........u...J'"'--_

O,5h 1

Vu max ._---

vuo

15h

1 I

I1 6

1 1 1

1 1 1

1

1

1

1 1

----! 1---..-__..

1 1 1

1

1 1 1 1

!C

1

j - - -_ _ _ _.J..-_.;;;-,;;..::.!..:. •. _

A

1

1 1 1 1 1

1

:

8_____/

1

Vu (x)

-----

1 1

1 1

: 5h/6

o

Abscisses

11,5h

~---------~----------------~

x

Figure 12.21 Pour les charges uniformément réparties, tout se passe donc comme si la densité de charge croissait de 0 à la valeur maximale pu sur la distance 1,5h mesurée depuis le nu d'appui, la part de charge correspondant à la distance O,5h étant négligée (figure 12.21). On a alors, pour une poutre sur appuis simples: - pour 0 < x:::; O,5h :

~,(x) = ~JO = Pu (~ - ~ h)' 1étant la portée de la poutre

- pour O,5h <x < 1,5h:

V,(x)

. - pour x

~1,5h:

~ p,,[ ~

-!

h- ;:]

~lx) =Pu (~ -x)

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 667 Pour simplifier, on peut admettre (ce qui, vis-à-vis des Règles BAEL, est dans le sens de la sécurité) de négliger la fraction de la charge Pli appliquée sur la distance 5h comp6 --..

tée depuis le nu d'appui, ce qui revient à remplacer l'arc AB représentant la variation de v.,cx) pour 0,5h < x < 1,5h par la ligne brisée ACB, et à considérer par conséquent 5h que pour x ~ l'effort tranchant est constant et vaut:

6 '

[12.21] Mais les conditions relatives aux zones d'about (§ 12.71) sont à vérifier pour :

1

v., = V.lmax = Pli "2 b) Présence de charges concentrées

Dans le cas général où l'on a à la fois une charge pulmiformément répartie sur toute la portée et des charges concentrées Plii appliquées à des distances ai du nu de gauche (i = 1,2, ... ), il faut prendre:

V.IQ, constant sur la longueur 0,5 h comptée depuis le nu d'appui; les conditions relatives aux zones d'about (§ 12.7) doivent être vérifiées pour v.nnax.

Remarque: Au-delà de la section située à 511 du nu d'appui avec x::;; 1,511 : 6 _ Vu (1,511) -

2

v"o - -

3

2ai

Gi
ai

Pu h - [ r.p'" - ( 1- - )] 3h 1 G.~1." 1

6

et pour x> 1,5 h :

v;, (x) = V. (l,5h) - P.(x -1,5h) -[ ~P",

(1- i )[:,,/0

668 Traité de béton armé

12.633 Vérification de la résistance du béton de l'âme L'état-limite ultime par défaillance du béton de l'âme n'est pas atteint si (BAEL, art. A-5. 1,21) : 'tu ::; 'tlim

avec: a) pour des armatures d'âme droites (perpendiculaires à la ligne moyenne), avec ou sans barres relevées: - en cas de fissuration peu préjudiciable l

:

--y-;-

. [0,20!,c 28 ; 1" lim = mm

5 MPa ]

[12.22a]

- en cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable: 'Um

~ min [O~:5 .1;.,,; 4MPa1

[12.22b]

b) pour des armatures d'âme (cadres et/ou étriers uniquement) inclinées à 45° sur la ligne moyenne: [12.22c] c) pour des armatures d'âmes inclinées sur la ligne moyenne avec un angle a compris entre 45° et 90°, il faut interpoler linéairement entre les valeurs 0,20 ou 0,15 et 0,27 d'une part, et entre les valeurs 5 ou 4 et 7 d'autre part.

Remarques: 1. Sous prétéxte que la valeur optimale de a correspondant au volume relatif minimal des armatures d'âme est a = 67°30' (qui se trouve donc être la moyenne arithmétique entre 45° et 90°) certains auteurs développent des exemples numériques où apparaît cette valeur, sans se rendre compte que ces exemples sont grotesques, les ferrailleurs n'ayant pas sous la main un rapporteur de précision. L'auraient-ils, qu'ils seraient absolument incapables, même avec la meilleure volonté du monde, d'obtenir une précision d'un demi-degré d'angle! Un angle parfaitement droit (a = 90°) n'est, lui aussi, jamais obtenu. Mais au moins, en disposant les armatures longitudinales sur deux tréteaux horizontaux et en enfilant les armatures d'âme par une extrémité, celles-ci, sous leur propre poids

1. Pour l'explication concernant la valeur O,2!c2s1Yb voir la note du § 12.622-1 ; la seconde limite est mise par prudence, les essais n'ayant pas porté sur des bétons à haute résistance (5 MPa correspondent à!c28 =:: 38 MPa, c'est-à-dire à une résistance moyenne de l'ordre de 45 MPa).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 669 se placent d'elles-mêmes dans le sens vertical et il n'y a pas besoin de rapporteur. Le ferraillage une fois terminé, il n'y a plus qu'à le retourner.

2. La limite donnée en b) est également valable dans le cas d'armatures d'âme droites associées à des armatures parallèles à l'axe de la poutre, réparties sur la hauteur de l'âme et convenablement ancrées sur les appuis, à condition que le volume relatif de ces dernières armatures soit au moins égal à celui des armatures d'âme droites (voir § 12.35, dernier alinéa). Mais attention ! Contrairement à une opinion assez répandue, cette disposition prévue par les Règles BAEL n'autorise pas à prévoir une section d'armatures d'âme droites moitié de celle qu'il aurait fallu en l'absence du réseau horizontal! Les armatures d'âme droites doivent être déterminées en premier, et le même volume relatif est à disposer horizontalement. Les Règles BAEL demandent de répartir ces armatures horizontales « sur la hauteur de l'âme ». À notre avis, cela n'a aucun sens: la hauteur devrait être celle de la zone tendue. Une hauteur de z = 0,9d serait déjà plus correcte. Noter que la dépense en acier est le double de celle que l'on aurait eu avec les seules armatures d'âme droites. Cet inconvénient peut être jugé mineur lorsque la zone où la contrainte tangente est élevée est de faible étendue. Mais si ce n'est pas le cas, par exemple, s'il existe une ou plusieurs charges concentrées de forte intensité à une certaine distance de l'appui, une solution plus économique doit être recherchée, consistant, par exemple, à modifier, si cela est possible, les dimensions de la section droite pour réduire la contrainte tangente.

12.634 Vérification de la résistance des armatures d'âme Les Règles BAEL ont adopté la méthode du treillis de Morsch (voir § 12.623) corrigé expérimentalement. Pour le terme de réduction (prudente) : 1:' =

1:'

de l'espression [12.19], ces Règles proposent la valeur

0,3 klrj:S; 0,99 k, soit, pratiquement, 1:' :s; k (MPa).

avec:

Itj

résistance caractéristique à la traction du béton à l'âge dej jours (normalement j = 28 et jà8 = 0,6 + 0,06 1c28, voir § 2.142, formule [2.18]) plafonnée à 3,3 MPa.

k

coefficient numérique dont les valeurs sont précisées ci-après.

670 Traité de béton armé

En introduisant dans l'expression [12.19] les valeurs ultimes 'tb = 't /" crst =

fet

(!el>

Ys limite d'élasticité des armatures d'âme, mais en pratique celle-ci ne diffère pas de la limite d'élasticité!e des armatures longitudinales), compte tenu de ce que, en notations BAEL:

on arrive à la formule des Règles BAEL (art. A 5.1,23) : ~>

bOsf

-

(m, m2, MPa) ou (cm, cm2, MPa)

Y/'tll -0,3k h28) 0,9fef(sina + cosa)

[12.23]

Ces Règles (art. A-5.1,22) imposent en outre de respecter un pourcentage minimal donné (en négligeant le terme IIsin a dans l'expression de Pt) par:

~ !et;::: 0,4 MPa bos t

[12.24]

Valeurs du coefficient k

Dans la formule [12.23] on prend:

°

k = en présence d'une reprise de bétonnage l sans indentations (voir ci-après), ou lorsque la .fissuration est très préjudiciable;

k = 1 en flexion simple dans tous les autres cas et, en particulier, en cas de reprise de bétonnage, lorsque la surface de celle-ci est spécialement traitée de manière à la munir d'indentations formant des saillies de hauteur au moins égale à 5 mm (celles-ci pouvant être obtenues par le passage d'un rateau à la surface du béton frais). Dans le cas de la flexion composée avec compression, les fissures obliques sont inclinées à moins de 45° sur la ligne moyenne (figure 12.22a), ce qui conduit à une réduction de la quantité d'armatures d'âme par rapport à la flexion simple. Dans le cas de la flexion composée avec traction au contraire, les fissures obliques se redressent (figure 12.22b) et la résistance à l'effort tranchant devient médiocre, d'où la nécessité d'augmenter la quantité d'armatures d'âme (ce que l'on obtient en donnant à k une valeur négative; voir ci-aprés).

Sans traitement particulier, une reprise de bétonnage constitue un point faible. Elle doit donc être traitée conformément à la règle des coutures donnée au § 12.712, ce qui revient à prendre k -= O. Prendre garde que dans le cas d'une reprise de bétonnage, la contrainte tangente 1: est à évaluer par la formule [12.3] et que, sauf cas particuliers, on a 1::;t: vul bod

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 671

Compression simple

Traction simple

Flexion + compression

Flexion + traction

30°

s

45° S f) S goo

6S45°



Figure 12.22

Pour tenir compte de ce fait, les Règles BAEL adoptent:

k= 1+3

~

en flexion composée avec compression

Bfc28

et k = 1 - 10

IN"

1

Bfc28

en flexion composée avec traction (k peut donc être négatif)

avec: B

section totale du béton seul (supposé non fissuré) ;

Nu

effort normal concomitant à V;, dans la section considérée.

12.635 Cas particulier des armatures d'âmes droites Attention! Une armature d'âme « droite» (a = 90°) n'est verticale que si la ligne moyenne de la poutre est horizontale ce qui est fréquemment le cas, mais ne l'est pas toujours (cas des limons d'escaliers, par exemple, figure 12.23).

672 Traité de béton armé

Ligne ~~~nne

Correct, si l'on tient compte dans le calcul de ce que a '# 90° (1)

a=90°

Incorrect et dangereux!

Correct

Figure 12.231

12.635-1 Détermination pratique des armatures d'âme droites

:>

Référence: BAEL, art. A-5.1,232

Pour une poutre simplement fléchie, munie d'armatures d'âme droites (a = 90°), celles-ci sont, compte tenu du pourcentage minimal défini par [12.24], déterminées par les conditions résumées dans le tableau 12.1 ci-après.

1. Bien noter que dans une console de hauteur variable supportant une charge ultime concentrée Pu à son extrémité, les armatures d'âme sont généralement plus serrées vers le nez de la console que du côté de l'encastrement. Dans ce cas, en effet, l'effort tranchant dû à Pu est constant sur toute la portée 1 de la console, et si go désigne le poids propre de celle-ci, dl et d2 les hauteurs utiles respectives à l'encastrement et près de l'extrémité, la contrainte tangente 'tu est plus élevée au nu qu'à l'encastrement si: d 2 ! dl < Pu 1(Pu + 1,35 go 1) ou encore, si Pu > 1,35 go 1d2! (dl - dz) ce dont il convient de s'assurer, pour ne pas commettre l'erreur d'adopter « machinalement », comme pour les poutres (voir figures 16.26 et 16.27), un espacement croissant des armatures d'âme à partir du nu d'appui. Cette dernière disposition est en revanche correcte si la console ne supporte que des charges réparties. Pour une console de hauteur variable, on peut par ailleurs bénéficier d'une réduction d'effort tranchant due à « l'effet Résal » (voir Cours de béton préCOllfraint du CHEC).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 673

_--.t[f!ll·zw t.......- . •..

L---

W

At

Figure 12.24 Pour des poutres telles que ho;::: h, ces conditions n'ont à être respectées qu'au voisinage des parements de l'âme, sur des largeurs égales à

!!-. 2

Figure 12.25 Tableau 12.1

Cas considéré

~

At

St

1,30 max

Absence de bétonnage ou reprise de bétonnage avec indentations et/ou fissuration peu préjudiciable ou fissuration préjudiciable

..

bo(tu-O,3kft2S)

~

St

"

ft28 (MPa)

fc28 (MPa)

3

40

2,7

35

2,4

30

2,1

25

1,8

20

(O,9Iet ' 1,15)

i

1

:>

tu

Reprise de bétonnage sans indentations et/ou fissuration très préjudiciable

Les valeurs de 'Lu indiquées sur la ligne oblique sont celles pour lesquelles le pourcentage minimal est atteint, avec Ys = l,lS.

674 Traité de béton armé En posant 't' = 0,3 1iff28, on trouve, pour k = 1, les valeurs de 't' données dans le tableau 12.2 ci-après: Tableau 12.2. Valeurs de 't' tc28

(MPa)

25

30

35

40

;:::45

tt2S

(MPa)

2,1

2,4

2,7

3,0

3,3

0,63

0,72

0,81

0,90

0,99 max

't' (MPa)

Si l'on pose maintenant 80 =

!.L,

en se plaçant à l'égalité, la formule [12.23] devient

At

pour a,= 90°:

8

= o

(0,9 fet)/Ys ho('t u -'t')

[12.25]

En l'absence de reprise de bétonnage ou dans le cas de surfaces de reprise avec indentations et/ou dans celui d'une fissuration peu préjudiciable ou préjudiciable, la section par unité de longueur des armatures d'âme est déterminée par la condition [12.24] de pourcentage minimal lorsque

°

't" - 't' ' 0,36, (MP) -ht - = 'tu - 0,3k 1;28 =--::;; ,4SOlt'tll:S --+'t a [12 .26a] 0,9 0,9 Ysho8 o Ys Dans le. cas d'une reprise de bétonnage sans indentations et/ou dans celui d'une fissuration très préjudiciable, on a k = ce qui implique 't' = et la condition [12.26a] se réduit à:

°

'tu:S 0,36 (MPa) Ys

°

[12.26b]

Les valeurs de 8 0 correspondant aux divers cas possibles sont données dans le tableau 12.3 pour le cas où Ys = 1,15 :

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 675 Tableau 12.3. Valeurs de 80 (cm/cm2) en fonction de bD (cm), 'tu et fet (Mpa) lorsque ys =1,15

Absence de reprise de bétonnage ou reprise de bétonnage avec indentations et/ou fissuration peu préjudiciable ou fissuration préjudiciable

'tu::; 0,313 + 't' MPa (l)

'tu

8=~

e=

o

'tu ::;

Reprise de bétonnage sans indentations et/ou fissuration très préjudiciable

O,4bo

0,313 MPa

8=~ 0

[12.27]

0,4bo

o

'tll

[12.29]

> 0,313 + 't'

MPa

0,9fer [12.28] 1,15 bo('tu _'tt)

> 0,313 MPa

80 =

0,9fer 1,15 bo'tll

[12.30]

(1) 't' = 0,3 kj;28 (voir tableau 12.2).

12.635-2 Dispositions constructives a) Les armatures d'âme (cadres ou étriers) doivent entourer les armatures longitudinales tendues et être totalement ancrées dans la zone comprimée, où elles entourent les barres comprimées si elles existent, ou en cas contraire, des barres de « montage» de faible diamètre? spécialement disposées à cet effet (figures 12.26 et 12.27). Lorsqu'il n'est pas prévu de cadre général ou de systèmes de cadres se recouvrant, il convient de disposer des épingles de liaison entre les files d'étriers (figure 12.26). Les épingles (un seul brin) sont à éviter en tant qu'armatures d'âme.

Étrier

Peu satisfaisant

Satisfaisant

Peu satisfaisant

Satisfaisant

Figure 12.26

676 Traité de béton armé Armatures comprimées ou barres de montage

Cadre

t•. I.• .• . W Incorrect

~ 0>

CèJ

Double cadre

. Pou~sée t

~

Cadre + étrier

0 +n

,

?1JlJ 11Jl;

:

......•..

au vide

Correct

Incorrect

Correct

(Toutes les armatures ne sont pas représentées)

Figure 12.27

b) Espacement maximal des nappes d'armatures d'âme (BAEL, art. A-5.l,22) : En application du principe général fixant les conditions de résistance du béton armé, toute fissure oblique doit être traversée par au moins une nappe d'armatures d'âme. Mais même si l'angle 8 d'inclinaison de ces fissures est inférieur à 45°, il convient de limiter l'espacement des armatures d'âme à une valeur relativement faible, ce qui assure l'uniformité du champ des contraintes de compression diagonales dans les bielles (figure 12.28).

Figure 12.28

Lorsque l'espacement est trop important, par suite de la flexibilité de la zone servant d'appui aux bielles intermédiaires entre les étriers, ces bielles sont faiblement sollicitées au détriment des bielles venant prendre appui à l'emplacement d'une armature d'âme

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 677 (figure 12.29). Il en résulte un mauvais comportement à l'effort tranchant et en particulier des fissures obliques très ouvertes, lorsqu'elles se produisent.

Figure 12.29

La condition à respecter en ce qui concerne les espacements des armatures d'âme est, d'après les Règles BAEL : SI ~ SI

= min [0,9 d ; 40 cm]

[12.31]

12.635-3 Marche à suivre pour le calcul des armatures d'âme 1°) Calculer pour la valeur maximale J!;/O de l'effort tranchant réduit selon le § 12.632 : "Cuo

= V.W bod

et vérifier les conditions [12.22 a, b ou c] du § 12.633.

2°) Se fixer a priori le diamètre 0 1 et le tracé des armatures d'âme, ce qui fixe AI. 0 1 doit être tel que (BAEL, art. A-7.2,2) :

o1-<min

[0 .~.bo] l'

35' 10

(cette condition est rarement déterminante)

0 1, diamètre le plus faible des barres longitudinales maintenues par les armatures d'âme. 3°) Calculer, selon le cas considéré et la formule applicable, la valeur de 8 0 donnée par les formules [12.27] à [12.30] du tableau 12.3, en y introduisant la valeur "Cu éventuellement réduite selon le § 12.632 1 et en y exprimant bo en centimètres. La valeur numérique ainsi trouvée représente l'espacement des nappes d'armatures ~'âme en cm pour une section AI = 1 cm2 •

4°) L'espacement cherché est:

1.

La démarche indiquée est valable pour n'importe quelle valeur de 1:" S'tUa. C'est pour cette raison que l'on dit« éventuellement réduite ». En fait c'est v., qui est réduit, ce qui entraîne la réduction de 1:".

678 Traité de béton armé 5°) Contrôler que SI ~ min [O,9d, 40 cm]

[12.31]

Si SI est trop grand, réduire AI (diminution de 0 1 ou modification du tracé des armatures d'âme). De toute manière, s'arranger (choix de AI) pour avoir toujours: de bétonnage).

SI ~

7 à 8 cm (facilités

Pour la répartition des armatures d'âme le long d'une poutre, voir § 16.12.

12.636 Barres relevées à 45° II est rappelé que le recours aux barres relevées ne doit pas être systématique (voir § 12.35). Une part À de l'effort tranchant (À "" 1/2) peut être équilibrée par une partie des barres de la membrure tendue relevées (et ancrées) sur appui, le complément (1 - À) étant toujours équilibré par des armatures d'âme droites (figure 12.30) :

Figure 12.30 a) Vérification du béton

Elle s'effectue selon les formules [12.22 a ou b] données au § 12.633 pour l'effort tranchant réduit total V;IO' b) Détennination des armatures d'âme

Soit:

Ar

la section d'une nappe de barres relevées,

AI

la section d'une nappe d'armatures d'âme droites,

. Sr, S,

les espacements respectifs de ces nappes parallèlement à la ligne moyenne.

En désignant par 1:u la contrainte tangente conventionnelle de calcul correspondant à l'effort tranchant total Vu (éventuellement réduit selon 12.632) les quantités Ar! Sr et AI! SI sont déterminées comme suit: 1°) en l'absence de reprise de bétonnage ou dans le cas de surfaces de reprise avec indentations et/ou dans le cas où la fissuration n'est pas très préjudiciable, les formules à appliquer sont, selon la valeur prise par 1:,,, celles données dans le tableau 12.4 ci-après:

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 679 Tableau 12.4. (unités: m, MN, MPa) 'tu

Barres relevées

Armatures d'âme droites

(Mpa)

Ar/ Sr

At/St

> 0,41., bo

;::: 0,4(1- À)bo

0,36 '(1) :s --+'t

-

Ys

0,36

,

> --+'t Ys

fe.J2

> YsÀ -

fet

> Ys(1-À)('tI/-'t')bo

('tl/ - 't') bo

0,9fe.J2

0,9fet

[12.32]

[12.33]

(1) 1:' = 0,3 k:428, voir tableau 12.2.

2°) avec reprise de bétonnage sans indentations, et/ou dans le cas où la fissuration est très préjudiciable: - si 'tu:S 0,36 MPa: mêmes conditions que celles des formules [12.32] du tableau 12.4 Ys ci-avant; ~ > Ys(1- À)'tl/bo

et

St -

0,9fet

[12.34]

Les espacements Sr et St doivent satisfaire à la condition [12.31]. Les barres relevées doivent être conservées jusqu'à la section d'abscisse X r où elles cessent d'être nécessaires, comme cela résulte de la figure 12.31.

Vu. max

(1-À.)Vuo

Armatures d'âme droites

Idem

-*--o '--______

,

................ .....................

It..-~Abscisses le long

- - L_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ,..::J ...

Xr

de la ligne moyenne

Nu d'appui

Figure 12.31

680 Traité de béton armé

12.637 Cas des sections circulaires ou annulaires La théorie du treillis n'étant applicable qu'aux âmes de poutres de largeur constante, elle doit être adaptée dans le cas de poutres ne respectant pas cette condition (voir note au bas de la page 648). Pour les sections circulaires, les Règles BAEL proposent d'adopter! :

_ 1,4 v"

1:' - - -

<j>d

li

(<j>, diamètre de la section ; formule déduite d'essais américains)

Le CEB avait proposé la méthode plus élaborée suivante (les notations ont été conservées) :

a) Sections circulaires pleines Soit: D

le diamètre de la section

d'

la distance du plan tangent à la circonférence passant par les axes des armatures, au plan tangent au contour extérieur de la section (figure 12.32) :

1 1

,

,

,,

1

., D

1"'11

D

1 1 1 1<111[

.1

1 1

CD Figure 12.32

b o =O,9D



1 1

.'

1

1. En assimilant une section circulaire de diamètre cp à une section rectangulaire fictive de hauteur totale égale à cp et de même surface, on trouve bah = bocp

'tb

=-V = b()z

V b() xO,9d

= n<j>2 soit bo = n<j> et

4

4

4 V "" 14 . '1"e a 'th (sens d ' . ---, -V . 0 n VOIt. qu ,.. ICI 'tu est asslml e alseCUrIO,9n



d



d

té). Les essais américains justifient cette approximation.

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 681 Pour la vérification du béton et le calcul des armatures d'âme, la section circulaire est remplacée par une section rectangulaire équivalente fictive (figure 12.32 c) de largeur bo, de hauteur utile d (d'où 'tu = ~,/ bod) avec: - dans le cas d'une armature longitudinale uniformément répartie (figure 12.32 a)

=O,9D { d =O,45D+O,64(~ -dt) =O,77D-O,64d t bo

- dans le cas d'une armature longitudinale concentrée du coté tendu, dans un secteur d'angle au centre 2 ~ (figure 12.32 b) bo =O,9D { d =0,45D+

Si~~ (~ -dt)

b) Sections annulaires Soit:

e l ' épaisseur de l'anneau D

son diamètre moyen

Les armatures longitudinales sont supposées distribuées sur la circonférence de diamètre Dm (figure 12.33).

-

e

0,785 Dm !

i

1

:

: 0,785 Dm+e le ,.'

,..11

1(

,

.[ 1

1

Figure 12.33 Pour la vérification du béton et le calcul des armatures d'âme, la section annulaire est remplacée par une section en caisson équivalente fictive à parois d'épaisseur e, ou, ce qui revient au même, par une section en double T équivalente fictive dont l'âme aurait une épaisseur b(), telle que:

b =2e {;

= O,785Dm

+;

682 Traité de béton armé

12.64 EC2 - Méthode de l'inclinaison variable des bielles Pour les éléments nécessitant des armatures d'effort tranchant, (c'est-à-dire ceux dans lesquels V Ed > VRd,c) l'EC2 se réfère au modèle de treillis généralisé. Il impose deux conditions: - la première limite l'effort tranchant agissant de calcul à une valeur VRd, max définie par une limitation de la contrainte de compression dans les bielles de béton découpées par les fissures inclinées; cette condition fixe ainsi la largeur minimale de l'âme; -la seconde limite l'effort tranchant de calcul à une valeur VRd• s définie par une limitation de la contrainte de traction dans l'armature d'effort tranchant: cette condition fixe ainsi le pourcentage d'armature nécessaire. Il faut donc vérifier, de façon générale:

avec La méthode de dimensionnement est dite « méthode de l'inclinaison variable des bielles ». Elle est applicable aux éléments de hauteur constante. Elle consiste à effectuer le dimensionnement en se donnant l'inclinaison e des bielles sur la ligne moyenne avec pour seule condition l : 1 :s cot e:s 2,5

(22° :s e:s 45°)

Les équations générales ont été établies au § 12.622. Rappel des notations (figure 12.34) As\\,

aire de la section droite d'une nappe d'armatures d'effort tranchant

s

espacement de ces nappes suivant la ligne moyenne,

/ywd

résistance de calcul (t;w/Ys) des armatures d'effort tranchant

a

angle des armatures d'effort tranchant avec la ligne moyenne.

b...

largeur minimale de l'âme de la poutre

1.

En vertu du principe: « Le système fonctionne comme on l'a calculé », qui vient de ce que les possibilités d'adaptation du béton armé font qu'i/n y a pas de solution /Inique, cet angle choisi a priori sera celui qui se réalisera en cas de fissuration oblique. II n'y a donc rien d'étonnant à ce que le projeteur dispose d'un tel choix. Mais attention! L'adaptation a ses limites. Le corollaire au principe précédent est que, s'il a été mal calculé, le système va mal fonctionner.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 683

V(cot9 -cota.)

z=O,9d

® Membrure comprimée ® Bielles © Membrure tendue

N.....-+--+M V

t

1

@ Armature d'effort tranchant

Figure 12.34

12.641

limite imposée par la compression des bielles de béton

II faut s'assurer que: . avec, selon [12.15] :

'0,

VEdS:. VRd,max, V Rd, max

= bw (0,9 cl) 'O!cd

cotS+cota

coefficient défini au § 12.622-1 : '0 = 0,6 (l

[12.35]

2

1 + cot S

f ck 250

)

(fck en MPa)

'0 fCd bw (0,9d) Pour a -_ 900 .. VRd max -- ---"-=--"'--'----', tanS+cotS

[12.35bis]

12.642 Armature d'effort tranchant L'équation [12.17] établie au § 12.622-2 conduit à l'expression générale de l'effort tranchant résistant de calcul:

VRd, of = As" (0,9 cl)fywd (cot S + cot a) sin a s avec la condition complémentaire: As.JYll'd < (1/2) '0 hd sin a b"..s l-cosa Les raisons de ce plafonnement ont été exposées au § 12.622-2.

[12.36]

684 Traité de béton armé

VRd,s

Pour a= 90°

=

AsIV (0,9 d)J;~\'d(l + cot 8) s

[12.36bis]

avec Le tableau 12.5 récapitule l'ensemble des formules pour la flexion simple, et les complète pour la flexion composée.

Tableau 12.5. Formules de l'EC2 pour les vérifications d'effort tranchant 1. Pour les éléments soumis à la flexion simple, avec des armatures d'âme droites, la résistance à l'effort tranchant est la plus faible de :

VRd,s = (As", 1s) Z/ywd cot e

(Z

=

0,9 d)

VRd, max = bw Z V!cdl (tan e + cot e)

[12.36 bis] [12.35 bis]

avec (A.nv,provl b", s)* ~ V!cdl 2 où v = 0,6 [1 -lfckl 250)]

(fck en MPa; 1 ~ cot e ~ 2,5]

bw épaisseur minimale de l'âme au niveau des aciers tendus 2. Pour les éléments soumis à la flexion simple, avec des armatures d'âme inclinées, la résistance à l'effort tranchant est la plus faible de:

e + cot a) sin a

VRd, s = ((1.s",1 s) Z/ywd (cot VRd, max = bw Z

[12.36]

vicd (cot e + cot a) 1 (l + cot e)

avec (Asw,provl bw s)

2

[12.35]

* ~-vlcd

sina 2 l-cosa

3. Pour les éléments soumis à la flexion composée avec compression, VRd,s selon [12.36 bis] doit être réduit de 20 % et la résistance maximale doit être calculée par:

VRdmax, comp = acll' VRd. max avec: - pour

°

< crcp < 0,25 j~d :

Œt.w = 1 + crc/!cd

- pour 0,25 Icd ~ crcp ~ 0,5 Icd:

~'w=

- pour 0,5 !cd < crcp
<XcII' = 2,5 (1 - crcp Ilcd)

1,25

avec :

crcp

contrainte (positive) du béton due à l'effort normal NEd, «moyennée» sur l'ensemble de la section: crcp = Nul Ac

Ac

aire brute de la section de béton.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 685

4. Pour les éléments soumis à la flexion composée avec traction (avec une membrure comprimée), il convient de prendre, selon l'Annexe Nationale:

où (Jet « 0) est la contrainte de traction au centre de gravité; <Xew doit être remplacé par <Xcwl = (1 + (Jet / Ictm). L'EC2 ne donne aucune indication pour les sections entièrement tendues.

* AsIV,prov section d'armatures d'effort tranchant prévue (providecl). 12.643

Force de traction dans l'armature longitudinale

Cette force est égale à (figure 12.33) :

Ftd = (MEd /0,9 cl) + LlFtd :::; MEd, max /0,9 d avec: moment de flexion ultime dans la section où agit VEd MEd,max

moment de flexion ultime dans la section de moment maximal force additionnelle dans l'armature longitudinale due à la fissuration oblique: Mtd = 0,5 VEd (cot e- cot a)

Pour déterminer les arrêts des barres longitudinales, le décalage à prendre en compte, parallélement à la ligne moyenne et dans le sens le plus défavorable, est alors (voir aussi § 16.112) : al = z (cot

e- cot a) /2 = 0,9 d (cot e- cot a) / 2 ~ °

Pour les arrêts de barres, il revient au même de décaler, perpendiculairement à la ligne moyenne, la courbe de la variation de la force dans l'armature longitudinale, de la quantité IJ.Ftd•

Remarque: La figure 12.35 montre que le décalage al ou l'effort additionnel Mtd conduisent à des résultats sensiblement équivalents, sauf dans la zone (B) voisine du moment maximal, d'où pour respecter l'équivalence, la limitation ci-avant de l'effort total F'd à la valeur Ftdl1U!X correspondant au moment maximal:

F

- M &l,max 0,9d

Idmax -

686 Traité de béton armé

al

1 1 1 1 1 1 1 1

, 1

.

:

(8)

Figure 12.35

-'

1 1 1

CD Force dans l'armature longitudinale déduite de la théorie de la flexion simple (MEd /0,9d) ~

Force dans l'armature longitudinale après fissuration oblique F ld = (MEd /0,9d)+ MId

MId

= 0,5 VEd (cot e - cot a)

12.644 Eléments de hauteur variable L'effort tranchant résistant d'un élément de hauteur variable muni d'armatures d'effort tranchant est :

avec (figure 12.37) : Vccd

valeur de calcul de la composante d'effort tranchant de la force de compression dans la zone comprimée,

Vrd

valeur de calcul de la composante d'effort tranchant de la force de traction dans l'armature tendue.

À notre avis, cette prise en compte de Vccd et Vrd est tout à fuit incorrecte. Ce ne sont pas des efforts tranchants résistants. On ne peut les modifier en jouant, par exemple, sur la résistance du béton. Il faut les laisser du côté des actions. Leur valeur dépend des forces extérieures agissantes et, en appelant VEd l'effort tranchant agissant, et Vw l'effort tranchant à prendre en compte dans les calculs, on devrait plutôt prendre: VEd, w = VEd - Vccd - Vrd comme c'était d'ailleurs le cas dans les versions antérieures de l'EC2.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 687 En outre, il fuut faire attention aux signes à donner à Vccd et ~tJ. Plus précisément, si MEd désigne le moment de flexion concomittant à VEd dans la section considérée, on a (figure 12.37) :

V'Ed Wc et

= VEd - MEd (tan Wc + tan 001) / cl,

désignent les angles formés par les résultantes des forces de compression Fed et de traction Fld avec la ligne moyenne de l'élément. Ces angles, et leurs tangentes, sont considérés comme positifs quand les distances respectives Ve et VI du centre de gravité de la section aux lignes d'action de Fed et de Fld, croissent en même temps que la valeur absolue de MEd et négatifs dans le cas contraire (MEd et VEd sont en valeur absolue). 00,

l

roc

FCd

1:

IG

Vc

-----------e ------ ------. -.~-

rot_____ J1

Vt

V td Ftd

Figure 12.36 La figure 12.37 illustre deux cas fréquents où les armatures tendues ne sont pas parallèles à la face comprimée (par exemple, console de hauteur rapidement variable, figure 12.37a, ou poutre à goussets, figure 12.37b). Pour de tels cas :

V'Ed = VEd ± (ME,,/ z) tan

00

en prenant le signe moins si MEd croît adans la direction où la hauteur augmente.

V Ed

t

!

Sens des M croissants

VEd

..

1

Sens des M croissants

,

,

d

1) 1

,



MEd ~----'

Figure 12.37



Jo

@

688 Traité de béton armé

12.645 Charge appliquée au voisinage d'un appui (transmission directe) Pour le calcul des armatures d'effort tranchant uniquement, toute charge appliquée à une distance av du nu d'un appui telle que 0,5d:S av:S 2d (cas d'une poutre de faible portée ou d'une console courte, figure 12.38), n'est prise en compte dans l'évaluation de l'effort tranchant agissant VEd que pour une fraction 13 de sa valeur, avec 13 = av /2d Pour l'effort tranchant VEd ainsi calculé, il faut avoir:

VEd:S AswJ;,wd sin a. avec Asw!ywd résistance de l'armature d'effort tranchant traversant la fissure oblique dans la partie centrale d'une zone de longueur 0,75 av. La réduction par 13 ne joue que pour le seul calcul des armatures d'effort tranchant. Elle n'est valable que si les armatures longitudinales sont totalement ancrées au droit du nu de l'appui. Pour av < 0,5el, il convient d'adopter av = 0,5 d. La valeur de VEd calculée sans aucune réduction (donc avec 13 = 1) doit satisfaire la condition: avec

D

= 0,6 [1 - (fck/ 250)]

(fck en MPa)

Figure 12.38

12.646 Dispositions constructives Les armatures d'effort tranchant doivent former un angle de 90 0 à 45 0 avec la ligne moyenne de l'élément considéré. a) Elles peuvent consister en : - cadres, étriers ou épingles entourant les armatures longitudinales tendues et la zone comprimée (figure 12.39a) ; - barres relevées; - cadres ouverts, échelles, épingles, etc. (figure 12.39b) n'entourant pas les armatures longitudinales, mais correctement ancrées (par barres transversales soudées, par exemple) dans les zones tendues et comprimées.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 689

Échelles formant armatures d'effort ---l--I+-"""";'", tranchant

., Figure 12.39



b) Les cadres doivent être fermés et munis d'ancrages courbes à leurs extrémités (l'EC2 autorise des jonctions par recouvrement de brins à proximité des parements d'une âme, mais une telle disposition n'est pas recommandable). c) Au moins 50 % des armatures d'effort tranchant nécessaires doivent être prévues sous forme de cadres, étriers ou épingles (selon nous, le recours aux épingles - un seul brin - ne peut être qu'exceptionnel; il vaut mieux, si possible, les éviter et uriliser plutôt des é~iers fermés ; voir figure 12.27). d) Le pourcentage d'armatures d'effort tranchant doit être au moins égal à :

P\\"

min

= [Asw/ (S bw sin a)]min = (0,08 ~ fck ) //yk

[12.36]

e) L'espacement longitudinal maximal entre les cours d'armatures d'effort tranchant doit être au plus égal à : St, max

= 0,75 d (1 + cot a)

f) L'espacement longitudinal maximal entre les barres relevées doit être au plus égal à : St, max

= 0,6 d (l + cot a)

g) Dans le sens transversal (donc dans l'épaisseur de l'âme), l'espacement des brins verticaux dans une série de cadres, étriers ou épingles d'effort tranchant doit être au plus égal à : S" max =

0,75 d:::; 600 mm.

690 Traité de béton armé

12.647

Marche à suivre pour evariable

Le projeteur est, en principe, totalement libre du choix de l'angle 8, mais il est tenu de respecter la condition 1 :::; cot 8 :::; 2,5.

e

La valeur de doit être choisie pour minimiser la quantité totale d'armatures (longitudinales et d'effort tranchant). Si les barres longitudinales ne sont pas arrêtées, on peut choisir de manière à vérifier que l'effort tranchant agissant maximal pris en compte dans les calculs est au plus égal à VRd, max.

e

Dans ce dernier cas, on opère comme suit: 1. Soit VEd, red l'effort tranchant réduit selon le paragraphe 12.645 pour tenir compte du phénomène de transmission directe (pour une charge uniformément répartie, il s'agit de l'effort tranchant dans la section située à la distance d du nu d'appui). Posons

r;'ed= VEd,red

/0,9 hw d et "C*

= "CreJulcdavec U = 0,6 [1 - ifck/250)]

2. On cherche à réaliser la condition [12.35], ce qui conduit à:

VEd. red:::; V Rd, max,

avec

V Rd, max

donné par la relation

* cot8+ cota "C <----;:-- 1 + cot 2 8 ou cot e::; Si a

1+~1-4(1'*-cota)1'* 21'*

::; 2, 5

= 90°, on a :

et la condition cot e:::; 2,5 entraîne 1'* 2: (10 + 4 cot a)/29 soit, pour a = 90°, 1'* 2: 0,3448. 3. Donc, dans le cas des armatures d'âme « droites» (selon la terminologie des Règles BAEL) : - si 1'* :::; 0,3448 : cot soit cot = 2,5 ;

e

- sÎ't'* > 0,3448 : cot 4. Une fois cot

e 2: 2,5, on adopte dans les calculs la valeur maximale autorisée, e = (l + ~1- 4"C *2 ) / 21'*.

e déterminé, pour tout effort tranchant agissant VEd tel que: V Ed :::; VEd,red

As... s

=

VEd

0,9d .0..Acot8+cota)sina

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 691

ou si a = 90° : Asw = - - -Vu =--

0,9d fY'I'lJ cot e

s

5. Il faut choisir la section AslV d'une nappe d'armatures d'effort tranchant, en déduire l'espacement de ces armatures, vérifier que les conditions relatives à l'espacement (§ 12.646 e, f, g) sont bien remplies et que le pourcentage minimal (§ 12.646 d, formule [12.36]) est bien respecté.

12.648 Comparaison avec les Règles BAEl Nous effectuerons cette comparaison pour a = 90°. Nous avons déjà tracé la variation de la fonction ~ § 12.622-2), où : '\) !cd avec

P = IV

=g

(\jf) (voir figurel2.16 au

ASlV

hw s sina

Pour a = 90°, la relation [12.14] (page 657) donne (pour l'état-limite ultime) : cot e =

_'t..;:.:bll=--

Pw ~1Vd

Il en résulte que les limites cot e = 1 et cot e = 2,5 correspondent à deux droites passant par l'origine, de pentes respectives 1 et 2,5.

,

, ,,

,,

/ 1

1 1

1 1

, ,,, ,

1

1

1

o

Figure 12.40

692 Traité de béton armé Il est frappant de comparer cette figure à la figure 34, page 133 de l'ouvrage de M. Chambaud Le calcul du béton armé à la rupture, publié en 1964, bien avant l'EC2 :

0"3 L-~_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 2~

____~~

<8m

Figure 12.41 : Les trois types de rupture par effort tranchant En s'appuyant uniquement sur les résultats expérimentaux provenant de 200 essais effectués au Laboratoire du Bâtiment et des Travaux Publics et de 250 essais américains environ, M. Chambaud avait, en 1957, échafaudé une théorie de la rupture par effort tranchant. Il n 'y était pas question d'« inclinaison variable des bielles» mais de « coefficients de pente des bielles », l'un /.lI fonction de 1'« efficience des étriers» (Œ.= P\V.h~vd avec les notations de l'EC2), l'autre /.l2 définissant la pente maximale des bielles eu égard à la résistance à la compression du béton. /.lI pouvait atteindre des valeurs de 4/1 à 5/i (soit cot = 3 à 4 car M. Chambaud était arrivé à la conclusion que la bielle est, en réalité, plus inclinée que la fissure).

e

Le caractère révolutionnaire - pour l'époque - de cette théorie, joint à une complication d'emploi plus apparente que réelle (M. Chambaud était d'une grande rigueur scientifique et il avait introduit de nombreux coefficients d'ajustement pour rendre compte avec le maximum d'exactitude des phénomènes observés) a fait que cette méthode, présentée . au Comité Euro-International du Béton dès 1957, n'a pas été acceptée et n'a pas connu d'applications pratiques. Le CEB avait d'ailleurs également rejeté sa théorie de la rupture par flexion, qui en valait pourtant bien d'autres, en donnant la préférence à celle du Professeur Rüsch, qui figure dans l'EC2.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 693 Pour la comparaison avec les Règles BAEL, nous allons prendre un béton tel que !ck =!c28 = 25 MPa, afin de pouvoir fixer quelques valeurs numériques, et nous servir de la représentation précédente. Pour la valeur choisie: EC2 : D = 0,6 (1 - fck ) = 0,54,!cd = 25 = 16,7 MPa, Dj~d = 9,02, 250 1,5

D

fCd = 4,51 MPa 2

BAEL :f128 = 2,1 MPa, 0,3 kft28 = 0,63 MPa, 0,20fc28 = 3,33 MPa : 1,5 'tu

(MPa)

EC2,O variable 4,51

-----<._-----_._-------~ ,

ttim= 3,33 1-----1--.."

,,

,

, ,,

,,

, ,,

,,

'' '

/'

, ,,"

451

//'è"/

0,63

, ,,

/ / / &'

'''\. :

"-/-"--_ _ _ _ _ _ _ _ ~ Psw fywd

o

0,4 (Pourcentage minimal)

(_At_ bo5t

<

_fe_) 1,15

Figure 12.42

On constate surtout que la limite des Règles BAEL vis-à-vis de la compression des bielles (3,33MPa) est beaucoup plus sévère que celle de l'EC2 (4,51MPa). Pour la valeur de fc28 choisie, les pourcentages minimaux sont les mêmes.

12.65 Dalles et poutres-dalles sous sollicitations d'effrrt tranchant (BAEL) .12.651

Définitions

Une dalle est une plaque portant dans deux directions. Une poutre-dalle est une plaque présentant deux bords libres sensiblement parallèles et distants d'au moins trois fois son épaisseur; en outre, un moment agissant principal de flexion a une direction (celle des contraintes normales qui lui correspondent) sensiblement parallèle aux bords libres et est nettement plus grand que l'autre moment agissant principal de même signe.

694 Traité de béton armé

12.652 Armatures d'effort tranchant Aucune armature d'effort tranchant (perpendiculaire au feuillet moyen de la dalle) n'est à prévoir si : - la dalle ou poutre-dalle est bétonnée sans reprise sur toute son épaisseur ; -la contrainte tangente 'Lu due à des charges réparties est telle que:

'Lu

:s 0,07 le) Yb ;

-les dispositions constructives (BAEL, art. A-8.2) sont respectées. Dans le cas d'une surface de reprise ménagée dans l'épaisseur de la dalle (cas des prédalles), à moins que l'on ne soit dans le cas visé au § 12.714, des armatures traversant cette surface sont à prévoir. Leur calcul s'effectue par la règle des coutures (voir § 12.713). Dans les autres cas, les armatures d'effort tranchant sont calculées selon les règles exposées précédemment, au § 12.634. Pour les poutres-dalles, le volume relatif de ces armatures doit être au moins égal à 0,001 au voisinage des bords libres sur une largeur égale à h / 2, et à 0,0001 dans le reste de la poutre-dalle. • Vérification du béton Lorsqu'une dalle d'épaisseur h (en mètres) comporte des armatures d'effort tranchant (ce qui n'est généralement pas le cas pour h :s 0,15 m), les valeurs limites de 'Lu sont: - si h 2: 0,30 m, celles indiquées au § 12.633, formules [12.22 a ou b]

°

- si 0,15 m < h < 0,30 m, ces mêmes valeurs multipliées par 1 h / 3.

12.653 Forces localisées - Armatures de poinçonnement Le poinçonnement fait l'objet du paragraphe 12.9.

12.66 Couture des plans internes soumis à des actions tangentes 12.661 Règle des coutures généralisée :> Référence: BAEL, A-S.3, 1 Cette règle a pour but de permettre la vérification de certains plans intérieurs du béton sur lesquels s'exerce un effort de glissement et pour lesquels il n'est pas prévu, par ailleurs, de justification spécifique, tels que: - surfaces de reprise de bétonnage, - plans d'attache de deux pièces entre elles. Nous allons établir cette règle sous une forme plus générale que celle indiquée dans les Règles BAEL (voir aussi § 12.622).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 695

12.661-1 Énoncé de la règle des coutures Tout plan P soumis à un effort de glissement gu par unité de longueur doit être traversé par des armatures d'attache (ou «armatures de couture ») totalement ancrées de part et d'autre de ce plan, faisant un angle d'au moins 45° avec lui, et inclinées en sens inverse de la direction probable des fissures éventuelles. Lorsque les actions tangentes sont susceptibles de changer de sens, les armatures de couture doivent être normales au plan sur lequel s'exercent ces actions.

12.661-2 Détermination des armatures de couture dans le cas le plus général

Plan P

:

dx

E :

;+-,

llo

9udx

1 ,

u'dx cru

Figure 12.43

Soit (figure 12.43) : P

la trace du plan considéré,

e

l'angle des fissures avec ce plan,

A/

la section d'une nappe d'armatures de couture,

s/

l'espacement des nappes mesuré parallèlement au plan P

ex

leur angle d'inclinaison sur le plan P (45° :::; ex:::; 90°).

Le plan P étant supposé soumis à un effort de glissement ultime par unité de longueur gu et à une compression transversale développant sur P une contrainte uniforme d'intensité cru, un élément d'aire de ce plan, de longueur dx et de largeur u est soumis aux efforts suivants: - un effort de glissement gu dx contenu dans le plan P, '- un effort de compression udx crll normal à ce plan l , - un effort de compression dFbe , incliné de e sur le plan P (bielles de béton), - un effort de traction dFs incliné de ex sur le plan P (annatures de couture).

1.

Si la contrainte O'u correspond à une traction transversale (0'" < 0), cet effort est un effort de traction.

696 Traité de béton armé En projetant l'ensemble de ces forces sur le plan P et sur la normale à ce plan, on trouve:

dFs sin (a + 8) = gu dx sin 8 - u dx cru cos 8 dFbc cos (a + 8) = gu dx sin a + u dx cru cos a 1°) Les armatures de couture doivent équilibrer par unité de longueur du plan P un effort:

avec

crst =

fet

1,15

à l'état-limite ultime.

Compte tenu de ce que gu = "C.u, il faut donc: sin(a + 8) -At fet --St

1,15

cos8

~

( 8 ) u "Ctan -cru

[12.42]

(cru> 0 pour une compression transversale, cru < 0 pour une traction transversale). 2°) La section droite d'une bielle comprimée est udx sin 8, d'où sa contrainte

cr - dF;,c _ "Csin a + cru cosa ce - udxsin 8 - sin 8sin( a + 8)

[12.43]

Les expressions 112.42] et [12.43] constituent les expressions les plus générales de la règle des coutures. L'inclinaison probable 8 des fissures peut être déterminée en faisant appel à la théorie de la courbe intrinsèque. Mais dans les cas habituellement rencontrés en béton armé, on peut admettre 8 = 45° et si l'on adopte des armatures de couture normales au plan P (a = 90°), la règle des coutures se simplifie et devient:

At St

cr 450 = c

fet ~ u ("C

1,15 "C

sin 8cos8

cr)

[12.44]

Il

=-2"C- = 2 "C sin 28

[12.45]

Dans le cas où cru = 0, on aboutit à la condition très simple (puisque gu = li "C) :

~ ht ~gu St

1,15

[12.46]

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 697 et la règle des coutures, dans ce cas particulier (a = 90 0 , au = 0) s'énonce :

La section des armatures de couture traversant normalement un plan soumis à un effort de glissement gu (par unité de longueur) doit équilibrer, par unité de longuew~ un effort au moins égal à gu'

12.661-3 Uaison des membrures d'une poutre avec l'âme 1. Jonction de la table et de la nervllre selon les Règles BAEL (art. AS.3.2) Soit une section en T dissymétrique, assujettie par ses liaisons à fléchir parallèlement au plan moyen de la nervure. II faut assurer la couture du plan de jonction HH' (figure 12.44) ; 1

b

T

,.,

1

H

1

1

ho

1

1 H' d

AN.

------

1 1 1 1 1

--- ----b1

-•

1

; ,1 ,1 1

1



••

'---

bo

Figure 12.44 a) Valeur approchée de l'effort de glissement sur le plan de jonction HH' Lorsque l'axe neutre tombe dans la nervure, l'effort de glissement gl sur le plan de jonction HH', pour toute saillie de largeur quelconque b l est, en application de l'expression [12.2] avec Il = Z SI :

= ~b h ( _~) _ ~ btho(Y\ -ho /2) gl

Il

1

0

YI

2 -

Z

SI

[12.47]

où ho désigne ici l'épaisseur totale de la table et où b l est limitée à la largeur de membrure strictement nécessaire pour justifier la résistance de la poutre sous sollicitations ultimes vis-à-vis de la flexion (voir § 7.5, figure 7.39). Or, puisque l'axe neutre tombe dans la nervure, le moment statique SI de la partie comprimée de la section réduite est nécessairement supérieur à celui de la table seule: SI ;?: b ho (yI _ ho ) 2

[12.48]

698 Traité de béton armé

En éliminant de [12.47] et [12.48] la quantité ho (yI - ho ), on en conclut que: 2

d'où, en admettant z = 0,9 d, la valeur approchée par excès de l'effort de glissement gll agissant sur le plan HH' à l'état-limite ultime: [12.49]

La contrainte tangente moyenne qui s'exerce sur ce même plan est: 'tu =

b.. ho

II faut vérifier que cette contrainte est au plus égale aux valeurs § 12.632, formules [12.22a] ou [12.22b]. Si l'on trouve 'tu >

'tliIru

'tlim

indiquées au

ceci signifie:

- soit que l'épaisseur ho est insuffisante et qu'il faut l'augmenter:

- soit, si l'on ne peut modifier ho, que l'on ne peut « attacher» à la nervure (et donc, ne prendre en compte dans les calculs de résistance) qu'une saillie bl, telle que b

l

:::

b 0,9d ho

't1im

V"

b) Armatures de couture Lorsqu'il ne s'agit pas d'une poutre en T isolée, la table de compression est constituée par une dalle elle-même soumise à une flexion locale entre nervures parallèles. Il suffit donc de vérifier que les armatures propres inférieures (Ai) et supérieures (As) de la dalle (qui traversent normalement le plan HH', donc a = 90°) sont totalement ancrées de part et d'autre du plan HH' et que leur section par unité de longueur vérifie la «règle des coutures », c'est-à-dire: [12.50] S'il n'en est pas ainsi, plutôt que de rajouter dans la dalle des armatures de manière à satisfaire la condition [12.50], il est préférable de réduire bl, c'est-dire en fàit de mener les calculs de résistance avec une largeur de table b inférieure à celle initialement prise en compte ce qui, corrélativement, conduit à augmenter légèrement la section des armatures tendues.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 699 En posant (A; + As) réel = L A, la valeur à ne pas dépasser pour gl/ est:

En supposant qu'il s'agisse d'une poutre à table symétrique, bo étant la largeur de la nervure, on a:

b = 2b l + bo La condition à respecter est alors: --'--
0,9 d 2 bl +bo

-

uhm

et la largeur de table b l qu'il est possible d'associer à la nervure pour le calcul des armatures de flexion de la section en T est telle que b l

::; ----:-:-,b(:....;'g::;.,z,-"diC!.!.!.m_

v"

0,9 ci -

glilim

2. Po litres à talon selon les Règles BAEL Les poutres à talon sont des poutres en T dont l'âme est élargie au niveau des armatures tendues pour pouvoir loger celles-ci (figure 12.45). Il faut assurer la couture du plan de jonction TT' du talon à l'âme.

Notations: T

section des barres situées dans une saillie du talon,

As

section de l'ensemble des barres du talon section d'une nappe de« cadres de talon », espacement des cadres de talon mesuré parallèlement à la ligne moyenne.

Figure 12.45 L'effort de glissement par unité de longueur sur le plan TT' est:

_ v;, A~l Vu Asl gu- ---:::::---Z A, 0,9 d As Cette valeur résulte de l'application de la formule [12.4], avec Su; = 15 Asl (d d'après l'équation des « moments statiques », SI = 15 As (d - YI)'

yd et,

700 Traité de béton armé La couture du plan TI'est assurée par les « cadres de talon ». D'après la Règle des coutures, équation [12.46], il faut:

c'est-à-dire, en adoptant pour des cadres de talon le même espacement que pour les armatures d'âme (donc en prenant Sc = sr) : [12.51] ou encore, compte tenu de ce que 0,9/ 1,15 ~ 0,8:

3. Cisaillement à la jonction âme-membrllres selon l'EC2 ~

Référence: EC2, art. 4.3.2.5

L'EC2 considère non pas l'effort tranchant mais, ce qui revient globalement au même, la variation totale de la force de compression (ou de traction) dans la partie de table en débord, entre le point de moment nul et le point où cette force est maximale (figure 12.46).

®

Bielles de compression

® Barre longitudinale ancrée au-delà du point obtenu par construction avec

Figure 12.46

et

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 701 Dans une poutre en T soumise à la flexion, entre deux sections d'abscisses respectives x et x + ÔX, le moment de flexion varie de D..M et, si la table est comprimée, la force normale dans chaque débord de la table varie de Md, Il en résulte un glissement longitudinal par unité de longueur dans chaque plan de jonction égal à Md / ÔX et une contrainte tangente longitudinale qui vaut:

avec he, épaisseur de la table. La distance ÔX considérée ne peut être prise supérieure à la moitié de la distance entre la section de moment nul et celle de moment maximal. Les conditions à satisfaire résultent de la «Règle des coutures» (même si l'EC2 n'utilise pas cette terminologie) : [12.52]

avec: - pour une table comprimée: 1 ~ cot ef~ 2 soit 26°5 - pour un talon tendu: 1 ~ cot

ef~

~ ef~

45°

1,25 soit 38°6 ~ ef~ 45°.

Dans le cas fréquent où une flexion transversale vient se combiner avec le cisaillement entre la table et l'âme, il faut prévoir la plus grande de deux sections d'armatures: celle qui satisfait la condition [12.52] et la moitié de celle-ci plus celle requise pour la flexion transversale. Si VEd ~ 0,5 !cId en cas de surface de reprise de bétonnage rugueuse ou si vEd~j~td lorsqu'il n'y a pas de surface verticale de reprise, seule est requise à la jonction l'armature nécessaire pour assurer la résistance à la flexion transversale. Les armatures longitudinales de la membrure doivent être ancrées au-delà de la première bielle d'inclinaison ef(figure 12.46, point B).

Remarque: Il est tout à tàit possible d'utiliser la méthode d'évaluation du glissement moyen dans l'application des Règles BAEL : F bc désignant la force maximale de compression dans la zone comprimée (correspondant à Mu,lItaX) on a donc, avec les notations des Règles BAEL (a,., distance de la

section où agit M", max à celle contenant le point d'application de la réaction d'appui, où M" = 0, ou à une autre section de moment nul) : _ F gumoy -

he, max

_

bl 1 -b av

gllmoy

'tumoy- - -

hI)

et il faut avoir (voir § 12.713) : LA ft! ;::: gllmov (LA = annatures de la dalle). St 1,15 .

702 Traité de béton armé

Si cette condition n'est pas vérifiée, en posant LA St

le = gulim ,

1,15

il faut réduire bl de manière que (pour une section en T symétrique) : _1 F. bl < . be,max (2b b) - guhm av 1+ 0

et recommencer le calcul des armatures longitudinales de la poutre en adoptant pour la largeur de la table la valeur correspondant à la nouvelle valeur de b l retenue.

12.661-4 Surfaces de reprise Des coutures de reprise ne sont pas exigées dans les éléments peu sollicités, pour lesquels sont remplies simultanément les conditions suivantes: -l'élément considéré n'est soumis qu'à des charges réparties, lentement variables, non susceptibles d'effets dynamiques ou de chocs; - la surface de reprise est traitée pour lui donner une rugosité importante (par exemple, indentations de liaison) ; - la cOlltrainte tangente 'tu est telle que 'tu :S 0,35 MPa ; la contrainte normale cru éventuelle est une compression (avec cru ;;::: 'tu). Cela concerne en particulier la surface entre une prédalle préfabriquée et le béton coulé en place, en vue de réaliser une dalle d'épaisseur totale h (bien entendu, 'tu doit être calculée avec cette épaisseur totale). " Cisaillement le long des swfaces de reprise selon l'EC2 La valeur de calcul VEdi de la contrainte de cisaillement à l'interface entre des bétons coulés à des dates différentes est donnée par : [12.53] avec :

f3

rapport de l'effort normal longitudinal dans le béton de reprise à l'effort longitudinal total dans la zone comprimée ou dans la zone tendue, calculé, à chaque fois, pour la section considérée

VEd

effort tranchant transversal

z

bras de levier des forces internes de la section composite

bi

largeur de l'interface (figure 12.47)

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 703

Figure 12.47

Outre le respect des exigences de l'ensemble de ce chapitre, il faut avoir:

avec:

VRdi = C leld + Il (j" + PJ;d (Il sin a + cos a)

::s 0,5 u led

[12.54]

c et Il : coefficients qui dépendent de la rugosité de l'interface :

leld= IelkO,OS/ Yc

(tableau 2.4)

(j" contrainte engendrée par la force normale externe minimale à l'interface susceptible d'agir en même temps que l'effort de cisaillement «(j" > 0 pour une compression, avec (j,,::S 0,6 led)' Lorsque (j" est une contrainte de traction « 0), il faut prendre Cletd

= O.

P = As! Ah As aire de la section des armatures traversant l'interface (celles d'effort tranchant éventuelles comprises) totalement ancrées de part et d'autre de celle-ci; Ai aire du joint a angle d'inclinaison des armatures de couture sur l'interface: 45°::S (J.::S 90°. u selon l'expression [12.16].

À titre d'exemple, c et Il prennent les valeurs suivantes: - surface rugueuse (aspérités d'au moins 3 mm de hauteur, espacées d'environ 40 mm, obtenues par striation, lavage, ou toute autre méthode) :

c = 0,45

Il = 0,7

- surface avec indentations (clés) :

c = 0,50

Il = 0,9

704 Traité de béton armé Les annatures de couture peuvent être réparties par zones de pas constant (figure 12.48). Lorsque ces annatures sont constituées par des poutrelles en treillis, la contribution de l'acier à VRdi peut être prise égale à la résultante des efforts dans chaque diagonale, sous réserve que 45°:S Cl:S 135°.

Figure 12.48 La méthode de vérification ci-avant s'applique aux joints coulés en place entre éléments de dall~s ou de voiles. Si le joint peut être fissuré de manière significative, il convient de prendre c = pour les joints rugueux, et c = 0,5 pour les joints avec indentations.

°

Sous charges de fatigue ou charges dynamiques, c

= o.

12.7 ZONES D'APPLICATION DES EFFORTS Dans ces zones (appuis simples d'about, appuis intermédiaires, croisements de poutres, etc.) soumises à des efforts concentrés, les hypothèses classiques de la Résistance des Matériaux ne sont pas applicables. Les vérifications à tàire ont pour objet de s'assurer que ces efforts sont bien transmis aux parties de la poutre capables de les équilibrer.

12.11

Appui simple d'about

:> Référence: BAEL, art. A-S.I,31 Soit: 11"

Fo

max

l'effort tranchant dans la section du nu d'appui l'effort de traction dans l'armature inférieure, dans la section du nu d'appui.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 705 Les armatures d'âme qui traversent une fissure à 45° partant de l'appui ne sont que partiellement tendues. Elles peuvent être négligées, ce qui va dans le sens de la sécurité (figure 12.49)

z

//

./ / / / / /

Z

Figure 12.49

a) Effort de traction dans l'armature longitudinale inférieure Pour obtenir cet effort, il suffit d'écrire l'équilibre des moments au point B :

V;, max X

-

Fo z = 0

d'où

[12.55]

II faut donc vérifier (figure 12.50) :

/

A

Figure 12.50 1. que la section des armatures longitudinales traversant la section du nu d'appui est télle que:

A ;;::: Vumax

hd <.

= 1,15 v"max fe

[12.56]

706 Traité de béton armé 2. qu'au-delà du nu d'appui, cette armature est totalement ancrée sur la longueur ls ou sur la longueur la. Remarque: Si l'appareil d'appui est susceptible de donner naissance à une réaction d'appui oblique, il convient d'ajouter à la section d'armature précédemment déterminée celle nécessaire pour transmettre la composante horizontale de la réaction d'appui.

b) Équilibre de la bielle d'about Comme VII max = Fo, un effort de compression v" max.fi s'exerce nécessairement selon la direction BA. Cet effort est supposé équilibré par une bielle de béton unique (<< bielle d'about ») inclinée à 45° sur l'axe de la poutre (figure 12.51)1. Soit a la longueur d'appui de cette bielle au niveau des armatures inférieures définie, pour les cas les plus courants, par la figure 12.52. Pour le calcul, la valeur de a prise en compte est plafonnée à 0,9 d.

,,

,, /

/

a : :..--»>, 1

1...-----r----

Nu d'appui

Figure 12.51

1. Cette bielle d'about unique constitue une idéalisation simpliste commode, mais est une vue de l'esprit. En réalité, la réaction d'appui se diffuse en éventail (voir figures 12.28 et 12.29). À noter que, dans la section 6.2 consacrée à l'effort tranchant, l'EC2 n'envisage aucune vérification spécifique des bielles d'about. Mais attention, voir au § 14.4, la figure 14.6 et la condition [14.3].

Chapitre 12' Effort tranchant - Poinçonnement 707

Annature inférieure avec ancrage droit

Annature inférieure avec ancrage courbe

Poutre à nervure rectangulaire reposant sur un poteau dont elle est solidaire

Armature inférieure avec ancrage courbe

Armature inférieure avec ancrage droit

Poutre à nervure rectangulaire reposant sur un appareil d'appui

Poutre à talon reposant sur un appareil d'appui

Figure 12.52

Pour une poutre à nervure rectangulaire d'épaisseur bo, en l'absence d'un montant d'about ou d'un frettage de la zone d'appui, la condition de non-écrasement s'exprime par la condition (BAEL, art. A-5.l ,313) :

Vu max J2 abo

_2V" max -

ab()

[12.57]

J2 soit, en général: [12.57bis] Le coefficient 0,8 tient compte du fait que la bielle d'about est soumise à des moments de flexion secondaires et que son inclinaison peut s'écarter de la valeur théorique 45°. Ce coefficient peut être augmenté jusqu'à 1,2 s'il est possible de constituer un moment d'about ou de prévoir un frettage de la zone voisine de l'appui de manière à renforcer la résistance de la bielle. Si bo est fixé, la condition [12.57bis] s'exprime aussi par a;;::: 3,75Vumax brJc28

708 Traité de béton armé Si la condition [12.58] n'est pas satisfaite, on peut envisager (comme le permettent les Règles BAEL, à l'art. A 5.1,315) de superposer des bielles avec des armatures inférieures associées chacune d'elles, à condition de conserver en partie basse de la poutre une section d'armatures capable d'équilibrer au moins VII max / 3 (et, bien entendu, d'ancrer totalement ces armatures pour cet effort). On opère donc comme suit: la longueur am minimale pour satisfaire la condition [12.57] est:

a étant la longueur disponible, il faut que a;::: am , sinon bo doit être augmenté.

3

-r--;....--t--,.. a'

V u3 (A3)

vu2 (A2)

Vui ~ Vu/3 (A 1)

Figure 12.53 La construction de la figure 12.53 parle d'elle-même: la largeur disponible a permet de transmettre un effort égal à :

V,d.fi = 0,8 a bofc2S/Yb.fi

[12.58]

V

qui , entraîne une traction V,i1 dans l'armature la plus basse. Il faut V,d ;::: ~ 3 donc une secti on Al;::: V,i1 lied. La longueur restante am - a est divisée en un certain nombre de segments égaux ou inégaux. Chaque segment représente la longueur d'appui (fictive) d'une bielle élémentaire au niveau de l'armature inférieure (a', a" ... ). Les bielles élémentaires véhiculent des efforts V,12.fi , V,d.fi , etc. que l'on obtient en remplaçant successivement dans [12.58], a par a', a", etc. Leur équilibre exige de placer aux niveaux a', a' + aH, etc. comptés depuis le niveau des armatures inférieures des armatures capables d'équilibrer les efforts de traction V1I2, Vu3 , etc. ces armatures étant totalement ancrées dans la poutre. Des barres bouclées à plat dans un plan horizontal (en forme d'épingles à cheveux: c) font généralement l'affaire. La longueur d'ancrage des parties droites des épingles est à porter côté poutre et à compter à partir du début du pied de bielle côté poutre également (points A, B, C, figure 12.53).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 709 Sur la hauteur de poutre am - a, il faut donc étager les sections: A > Vul 1- j'

(armatures longitudinales inférieures)

ed

(représentant chaque fois deux brins si l'on a prévu des épingles à cheveux) etc. Bien que les Règles BAEL ne donnent pas de limite, il ne serait pas raisonnable d'étaler les armatures sur la hauteur totale de la poutre. Nous suggérons de ne pas dépasser la moitié (ou à la rigueur les deux tiers) de la hauteur utile d.

max..fï .

Bien entendu, la force de compression globale des bielles est L V;û..fï = V;/ Etant donné le procédé utilisé, la contrainte de compression de chaque bielle est nécessairement égale à la valeur limite 0,81c28/ Yb'

12.72

Appui intermédiaire

::> Référence: BAEL, art. A-5.1,32 Lorsque 1 MJ < V;/ max Z (avec z = 0,9 d), en raisonnant comme précédemment, on trouve: F.0=

Mu v:umax+ -Mu= VIImax+-Z

0,9d

[12.59]

Mu étant pris avec son signe (figure 12.54). Il faut vérifier que la section d'armature longitudinale inférieure Ai traversant la section du nu d'appui peut équilibrer l'effort Fo c'est-à-dire qu'elle est telle que Ai :;::: 1,15 Fo et

le

qu'elle est totalement ancrée pour cet effort.

,1

,

Figure 12.54

710 Traité de béton armé Pour chacune des travées adjacentes à un appui intermédiaire, il faut vérifier la bielle comprimée (voir § 12.81) en considérant successivement l'effort tranchant immédiatement à gauche et l'effort tranchant immédiatement à droite de l'appui considéré.

Remarque: Lorsque le moment de flexion Mu est négatif, et que IMul > V;, max Z, on trouve Fo < 0 c'est-à-dire que l'on peut alors, théoriquement, se passer d'armatures inférieures sur appui (A; = 0). En pratique, il est de bonne construction de conserver cependant sur appui une partie des barres longitudinales inférieures provenant de la travée.

Si une poutre de largeur ho comporte un talon symétrique d'épaisseur hl. la largeur transversale de la bielle sur appui est limitée à hl = ho + hl (figure 12.55) à moins que la poutre ne comporte un montant d'appui.

1

Largeur de la bielle

1 1 1

1

:----T~

Largeur de l'appui

Figure 12.55

En outre, à moins de dispositions constructives particulières (telles que bossages frettés), si Ru désigne la valeur de calcul ultime de la réaction d'appui et S l'aire d'appui (S = a ho ou a hJ, selon le cas, voir alinéa ci-avant), il faut vérifier (BAEL, art. A-5.1,322) : [12.60]

Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 711

12.73 Prescriptions de l'EC2 1. Ancrage d'armatures inférieures sur un appui de rive a) Si les extrémités ne sont que peu, ou pas, encastrées, il faut prévoir sur appui au moins un quart de la section d'acier en travée. b) L'ancrage doit pouvoir résister à une force de traction FE = VEd

:!..L + N Ed Z

où NEd

effort normal agissant, à ajouter (traction) ou à soustraire (compression) de l'effort de traction

al

voir § 12.643

c) Les longueurs d'ancrage prennent les valeurs indiquées sur la figure 12.56.

1 1 1 1

t bd



Nu d'appuI

,"'

. , Appui direct: poutre reposant sur un mur ou un poteau



Appui indirect: poutre encastrée dans une autre poutre

Figure 12.56. (pour hm, voir § 4.842) Dans le cas d'un appui direct et d'armatures transversales soudées, hd peut être inférieur à IM.min si une armature transversale est placée à l'intérieur de l'appui, à 15 mm au moins du nu de celui-ci.

2. Ancrage d'armatures inférieures sur appuis intennédiaires a) La section d'armatures sur appui doit représenter au moins un quart de la section en travée. b) L'ancrage doit avoir une longueur au moins égale: - à 10 0 pour les barres rectilignes;

712 Traité de béton armé - au diamètre du mandrin pour les crochets et les coudes si le diamètre des barres est au moins égal à 16 mm et à deux fois le diamètre du mandrin dans les autres cas. c) Les documents du contrat doivent préciser si l'armature inférieure doit être mécaniquement continue (recouvrements, figure 12.57 b et c) et capable de résister à des moments positifs éventuels (tassement d'appui, explosion, etc.) .

.. ... ..... . . . ....... ~ .......... . ...... .

t.~1't.dm .



Figure 12.57



12.74 Efforts entraÎnant la mise en traction transversale de l'âme d'une poutre - Armatures de « suspension ) :> Référence: BAEL, art. a-5.1,33 Lorsque la transmission de forces à une poutre a tendance à séparer la membrure tendue de la membrure comprimée, il est nécessaire de disposer, au voisinage de la zone d'application de chaque force, des armatures capables d'équilibrer celle-ci et ancrées dans la membrure comprimée. Ces armatures dites « de suspension» (appelées aussi parfois « suspentes») sont à calculer vis-à-vis de l'état-limite ultime et à prévoir en supplément des armatures d'âme courantes (voir § 3.522, dernier alinéa). Cette règle s'applique en particulier: - aux poutres ou consoles horizontales, soumises à des charges de pesanteur appliquées à leur partie inférieure [par exemple, des poutres en T renversées, recevant des charges sur la dalle horizontale (figure 12.58)].

Figure 12.58

- aux poutres de radiers dans lesquels la dalle est soumise aux réactions ascendantes du sol (figure 12.59), aux contreforts des murs de soutènement dans lesquels le voile est soumis à la poussée des terres (figure 12.60, coupe horizontale comme figure 12.59).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 713

Figure 12.59 Figure 12.60

- aux croisements des poutres (appuis «indirects »), où l'ensemble des suspentes, disposées dans le volume commun aux deux poutres ou dans son voisinage immédiat, et entourant l'armature principale de la poutre porteuse, doit équilibrer la réaction mutuelle d'appui (figures 12.61, 12.62 et 12.63). La figure 12.63 donne l'exemple d'une poutre porteuse en porte-à-faux; dans ce cas, l'armature de suspension, calculée pour équilibrer la réaction mutuelle d'appui, peut être réduite dans le rapport h l /h 2 si la hauteur hl de la poutre portée (de largeur bl) est plus faible que la hauteur h2 de la poutre porteuse (de largeur b2 ) et si les faces supérieures des deux poutres se trouvent au même niveau. L'armature principale de la poutre portée doit passer au-dessus de celle de la poutre porteuse. Coupe xx

CoupeVY

,

,1 Poutre secondaire -'--->-<[1-

(portée)

1 ---/."....::/~-I--_ _'

Armatures / de suspension

f 1 15

LA --!L ~R t

u

Figure 12.61

- aux poussées au vide développées par des éléments à tracé courbe ou anguleux (voir .§ 4.41 a et b, figures 4.29 et 4.30). Dans les zones où il faut prévoir des armatures de suspension, on calcule séparément ces armatures et les cadres nécessaires pour assurer la résistance à l'effort tranchant, puis on ajoute les deux sections par unité de longueur.

714 Traité de béton armé Volume commun

Poutre portée

Volume commun

Armatures inférieures (poutre portée)

Armatures de suspension

fofi(j--

Poutre porteuse

Figure 12.62

- - Traction ----- Compression 1 1

1

/

/

/

1

/

/

1

1

J

~~~~/,,/~,_- ~,...

-, ... )i-~

Réaction mutuelle

Poutre portée Poutre porteuse



Poutre porteuse

Figure 12.63

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 715 Si l'on désigne par : - Ss

l'espacement correspondant à une section d'armatures de suspension égale à 1 cm 2 ,•

- Sv

l'espacement correspondant à une section d'armatures d'effort tranchant égale à 1 cm 2,

il faut globalement, pour 1 cm2 d'armatures (de suspension et d'effort tranchant) combinées, un espacement de : S

=

1

1

-+Ss

Sv

12.8 ENTRAÎNEMENT DES ARMATURES Dans le cas où les armatures sont soumises à de grandes variations de leur traction sur de courtes longueurs, il est nécessaire de vérifier que ces variations ne risquent pas d'entraîner une rupture locale d'adhérence. Cette vérification ne s'impose, en général, que pour les barres en chapeaux disposées au-dessus des appuis des poutres hyperstatiques, lorsque celles-ci sont susceptibles d'être soumises à des charges concentrées importantes, et pour les éléments exposés au poinçonnement (dalles, semelles). Elle doit être faite systématiquement en cas d'emploi de barres de diamètre supérieur à 32 mm ou de paquets de plus de deux barres.

12.81 Phénomène d'entraÎnement des armatures Au § 12.32, on a établi l'expression générale de l'effort de glissement s'exerçant sur un plan normal à la section droite et parallèle à l'axe neutre, situé à la distance ç de ce dernier, à savoir: [12.61] .Dans une section donnée, V, z et SI sont constants. La relation [12.61] montre que le graphe représentant la variation de gÇ, se déduit par affinité de celui représentant la variation de Sil:; (figure 12.64).

716 Traité de béton armé 15A'(y1-d')

~~---~-~~~~~~~~:I-~:::::::::::~~: AN.

------

d

--------- -------

----------g=

~

_____________ ' - - - - - - - - ' ________ - ' - - - - - - - - '

Figure 12.64 Au franchissement des armatures comprimées, le moment statique SIÇ subit une augmentation brusque, égale au moment statique des aciers comprimés par rapport à l'axe neutre, c'est-à-dire 15 A'(yl - d'). De même, au franchissement des armatures tendues, SIÇ subit une diminution égale à 15 A (d - YI) et s'annule donc brusquement (équation des « moments statiques », voir § 7.34, équation [7.11]). C'est l'adhérence qui s'oppose au glissement des armatures sous l'effet des variations brusques de gç à leur niveau. On dit qu'elle assure leur« entraînement ».

12.82 Calcul des contraintes d'adhérence II suffit d'appliquer la relation [12.3]. Dans une poutre fléchie de section constante, la contrainte d'adhérence par entraînement d'une barre tendue isolée de diamètre 0 i , de périmètre Ui = n0i> de section Ai = n0?14 et de hauteur utile di est:

't'se

[12.62]

't'se

est d'autant plus élevée que 0; est plus grand.

En remplaçant Il par z SI (voir § 12.32), en tenant compte de l'équation des moments statiques: [7.11 ] et dans l'hypothèse di mentz= 0,9 d:

= d,

l'équation [12.62] peut aussi s'écrire, en prenant forfaitaire-

_

v"

Ai 0,9d ui A

't'se- - - " - -

[12.63]

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 717 Cette formule est également valable pour un paquet de barres de section Ai et de périmètre utile Ui avec : Ui

= (n

Ui =

+ 2) 0 pour un paquet de deux barres,

(n + 3) 0 pour un paquet de trois barres.

Si toutes les barres sont de même diamètre et sont soit isolées, soit groupées en paquets égaux, en désignant par LUi la somme des périmètres utiles des barres ou des paquets, la formule [12.63] devient: "1"

'se

VIl

=

Pour des barres isolées de même diamètre 0, en remarquant que

't' se

[12.64]

O,9dLU i

~ =0 LUi

4

,on a encore:

_ v"

0 09d , 4A

-----

Dans une section où A est imposée, 't'se est d'autant plus faible que 0 est plus petit. Cependant pour des raisons économiques, il ne faut pas adopter des valeurs de 0 trop faibles.

Remarque: La furmule [12.3] s'applique aussi aux barres comprimées. On trouve, avec SB = 15 A '(YI - d') ; 't'. se

= v" II

15A'(YI -d') L U'

= v"

0 15 ( -d') II 4 YI

12.83 Contrainte d'adhérence limite Les contraintes d'adhérence d'entraînement doivent être inférieures à la valeur limite 't'se, Il définie en fonction de la résistance à la traction lm du béton par: 't'se, 1/ = \Ifs 1128, avec \Ifs = 1 pour les ronds lisses et \Ifs = 1,5 pour les barres HA.

À défaut de calculs plus précis, il est loisible d'admettre 1128 = 2 MPa, c'est-à-dire de 'prendre: 't'sc. u

= 2 MPa pour les ronds lisses,

't'sc, u

= 3 MPa pour les barres HA.

718 Traité de béton armé

12.84 Cas particulier des treillis soudés Pour les treillis soudés, normalement constitués de barres ou de fils à haute adhérence, ce qui vient d'être dit aux § 12.92 et § 12.93 s'applique intégralement, en prenant pour calculer 'tse, Il la valeur du coefficient de scellement \jfs des barres ou fils constitutifs en cause. Il n'est pas admis de cumuler la résistance à l'entraînement procurée par l'adhérence propre des barres ou fils avec celle qui pourrait être due aux soudures des barres ou fils transversaux.

12.9 POINÇONNEMENT 12.91 Généralités Le poinçonnement est le phénomène qui peut se produire lorsqu'une charge localisée ou la réaction d'un point d'appui est appliquée sur une aire relativement faible, dite aire chargée, A1oad, d'une dalle ou d'une fondation. Une rupture par poinçonnement se produit soudainement, généralement sans signes précurseurs, par arrachement à l'emplacement de l'aire chargée d'un tronc de cône (ou de pyramide) à génératrices fortement inclinées (inclinaison voisine de 30° environ sur l'horizontale). Il s'agit d'un phénomène complexe qui interfère avec la flexion générale de l'élément chargé. À l'emplacement de l'aire chargée en effet, le béton se trouve soumis à des contraintes triaxiales. En France, ce phénomène n'a pas fait l'objet d'études systématiques. En revanche, il a été analysé dans les pays scandinaves, « spécialistes mondiaux» de l'étude des dalles (pour la flexion: méthode des lignes de rupture de Johansen, méthode des bandes de Hillerborg; pour le poinçonnement, Kinnunen et Hallgren, etc.). Des recherches plus récentes ont également été menées dans d'autres pays (Royaume-Uni et USA). Dans ce qui suit, nombre de formules ont une origine empirique.

12.92 Prescriptions des Règles BAEl 12.921 Condition de non-poinçonnement Disons le tout de suite, la formule donnant, dans Règles BAEL la charge ultime de poinçonnement, ne repose pas sur des bases très solides. En l'absence de données expérimentales, les rédacteurs se sont bornés à transposer en présentation « état-limite ultime » le résultat de la Résistance des Matériaux classique: « le cisaillement maximal est égal à 1,5 fois le cisaillement moyen ».

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 719 Ce résultat peut se retrouver facilement. Pour une dalle d'épaisseur ho, recevant une charge (de service) localisée Q appliquée sur une aire de périmètre Ue, le cisaillement moyen s'exerçant sur la surface latérale U c ho du cylindre découpé (comme par un évide-pommes) dans l'épaisseur de la dalle est Q/uc ho En appliquant la formule [12.3] à cette surface latérale développée (assimilée à une section rectangulaire homogène U e ho pour laquelle l'axe de flexion simple se confond avec l'axe géométrique parallèle au sens «uc ») on a, avec les notations de la formule, Il = U e h0 31 12 et S'B =Uc (ho/2) (hol 4) = Ue h0 2 /8, d'où, comme V = Q: Tmax

= Q SŒI Il,

Uc

= (3/2) QI Ue ho

Le poinçonnement étant un phénomène lié à la résistance à la traction du béton, les règles antérieures aux Règles BAEL formulaient la condition de non-poinçonnement comme suit: (3/2) QI U C ho :s 0,3 (Jn,

(JII

étant la résistance à la traction du béton.

«Transposée» à l'ELU, et avec les notations BAEL: charge ultime Qu = 1,5 Q, 1t28 = 0,83 (Jn (passage d'une valeur moyenne à une valeur caractéristique), cette condition devient, en faisant apparaître le coefficient de sécurité Yb sur le béton:

(3/2) (Qui 1,5)1 Uc ho:S 0,3 (fa8/Yb) (Yb 10,83) En faisant en outre l'approximationfa8 -;::::1e281 12 1, on arrive, avec Yb

= 1,5, à:

Qu 1Uc ho :s (0,3 xl ,5/0,83 x12) (fc28 1Yb) ~ 0,0451c28 1Yb qui est la condition des Règles BAEL 91 [mais non celle des Règles BAEL 83. Dans ces dernières, une confusion s'était produite à cause de la multiplicité du facteur 1,5 qui intervient trois fois: une fois sur la contrainte (3/2), une autre fois pour passer de la charge de service à la charge ultime (Q" = 1,5 Q) et une troisième fois comme coefficient de sécurité (Yb). L'oubli d'une de ces trois valeurs dans la condition des Règles BAEL 83 a eu pour conséquence que la marge de sécurité que procurait cette condition devait être très faible]. Application allX dalles

a) Rectangle « d'impact» On admet que toute force appliquée à la face supérieure d'une dalle d'épaisseur h sur un rectangle de dimensions ao et bo agit uniformément au niveau du feuillet moyen sur un rectangle de dimensions a et b avec (figure 12.65)

1.

Bien que le poinçonnement soit un phénomène mettant essentiellement en jeu la résistance à la traction du béton, les Règles BAEL se réfèrent ici à la résistance à la compression. L'idée originelle des rédacteurs était que la résistance caractéristique spécifiée (à la compression) était le seul paramètre qui devait figurer comme donnée de base en tête des notes de calcul. Pourtant, la résistance à la traction du béton apparaît bien dans les formules relatives à la contrainte d'adhérence, au calcul des armatures d'âme, etc. Rien ne s'opposait, en fait, à ce qu'il en soit de même pour le poinçonnement.

720 Traité de béton armé h

2

Figure 12.65 - si la force est appliquée directement sur la dalle (figure 12.65 a).

a = ao + h b = bo + h - s'il existe un revêtement d'épaisseur hl (figure 12.65 b)

a =ao + h+é;,h l b = bo + h+ é;,h! avec:

é;, = 2 pour un revêtement en béton ou matériau analogue, é;, = 1,5 pour un revêtement moins résistant que le béton (asphalte coulé, béton bitumineux, enrobés). Cette règle revient à admettre que les charges se répartissent à 45° dans l'épaisseur de la dalle. Elle peut donc facilement être généralisée à tout contour d'application de la force, quelconque mais convexe. La force est considérée comme localisée si les dimensions a et b sont « faibles» par rapport aux portées de la dalle, ce qui est le cas des surfaces de contact des pneumatiques de véhicules, des crics, etc. b) Vérification de la résistance au poinçonnement

Soit:

Qu la valeur de calcul de la charge localisée à l'état -limite ultime, lie

le périmètre du rectangle d'impact ou la longueur développée du contour équivalent si l'aire chargée est de forme quelconque; dans le cas de forces localisées situées à proximité des bords de la dalle, cette longueur est évaluée comme indiqué à la figure 12.66 (u e est alors un contour ouvert dans l'évaluation de la longueur duquel n'interviennent ni AE, ni AD).

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 721

B

C

(a) si AB + ED < BF + FD, prendre Uc = AB + BC + CD + DE (b) si AB + CD < BE + EF + FC, prendre UC =AB + BC + CD UC : longueur développée du contour au niveau du feuillet moyen

Figure 12.66 Aucune armature d'effort tranchant n'est requise si : 0,045

Qu:S - - Ue hfc28 (m, MN, MPa)

[12.55a]

Yb

Toutefois, pour tenir compte de l'effet favorable du quadrillage d'armatures, les Règles BAEL admettent que la limite soit portée à :

Qu

lim

= (0,05 + 1,5 PI) Ue dj~28/Yb

[12.55b]

avec:

d

hauteur utile moyenne du quadrillage

PI = min [~PIX Ply; 0,015] Plx, Ply

pourcentages des armatures dans chaque direction (en tenant compte de la hauteur utile réelle de chacun des lits du quadrillage).

Dans le cas où l'une des conditions [12.55 a] ou [12.55 b] n'est pas satisfaite, on doit disposer des armatures d'effort tranchant dans toute la zone intérieure à un contour parallèle au contour Ue et de périmètre u'" défini par : U'"

=

Yb

(avec UII/;::: lie)

Qu

0,045/if:'28

[12.55c]

. La détermination de ces armatures et la vérification du béton s'effectuent, comme indiqué aux § 12.634 et 12.633, à partir de contraintes tangentes: 1: Il

= QI/ li

h



li

varie de lie à UII/'

722 Traité de béton armé

12.93 Prescriptions de l'EC2 12.931

Principe du calcul de la résistance au poinçonnement

La méthode de calcul est fondée sur des vérifications effectuées sur un contour de contrôle de référence (§ 12.932) entourant l'aire chargée et éventuellement sur d'autres contours de sontrôle. En particulier, s'il faut des armatures de poinçonnement, il convient de chercher le contour de contrôle (l/olll ou UOIII, eJ, figure 12.72) au-delà duquel ces armatures ne sont plus nécessaires.

À chaque contour de contrôle correspond une section de contrôle (§ 12.932). La contrainte maximale de poinçonnement VEd agissant sur une section de contrôle est tout d'abord déterminée comme indiqué au § 12.933. Trois valeurs de calcul de la capacité de résistance au poinçonnement le long une section de contrôle sont définies: résistance au poinçonnement d'une dalle (ou d'une semelle de fondation) sans armature de poinçonnement le long de la section de contrôle considérée (expressions [12.67] ou [12.68] au § 12.934) ;

VRd, c

VRd. cs résistance au poinçonnement d'une dalle (ou d'une semelle de fondation) avec armatures de poinçonnement le long de la section de contrôle considérée (expression [12.69] au § 12.935) ; VRd, max

valeur maximale de la résistance au poinçonnement (expression [12.68] au

§ 12.934). Le long du contour de l'aire chargée (ou du poteau), il faut avoir:

VEd 5:VRd. max.

Aucune armature de poinçonnement n'est nécessaire si VEd 5: VRd. c. Si cette condition n'est pas vérifiée pour la section de contrôle considérée, il convient de prévoir des armatures de poinçonnement jusqu'au contour UOIll ou uoIII,
12.932 Contour et section de contrôle de référence a) Contour de contrôle de référence Le contour de contrôle de réjërence entoure l'aire chargée chargée à une distance nulle part inférieure à 2 d (d, hauteur utile), avec, pour une dalle (figure 12.67) :

d = deff = (dy + dz ) /2 où dy et dz sont les hauteurs utiles des armatures dans deux directions orthogonales.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 723

T

1

,

2d

A

,

® Section de contrôle

CD

9=arctan (1/2) =26,6°



de référence

Coupe

--------------~~~~~~~--------------~

~///'

.-

® Aire de contrôle de référence Acont

1

1 1 1

©

1

1 1 1 1

Contour de contrôle de référence u1

@ Aire chargée Aload

\ \ \

rcont : autre contour de contrôle

\ \



Vue en plan

Figure 12.67

Les figures 12.68, 12.69 et 12.70 montrent divers contours de contrôle de référence. Le contour de contrôle de référence doit être tracé de manière à minimiser sa longueur (voir, par exemple, le troisième cas de la figure 12.68). Dans le cas où une aire chargée est située à moins de 6 d d'une trémie, une partie du contour de contrôle est considérée comme non participante (figure 12.69). b) Section de contrôle de référence

La section de contrôle de référence est la section dont la trace coïncide avec le contour 'de contrôle de référence et qui s'étend sur la hauteur utile d. Pour des dalles ou des semelles d'épaisseur variable, d est la hauteur utile sur le pourtour de l'aire chargée.

724 Traité de béton armé 2d

u1

(tJ :

--'------'/ 1

1

1

1

1 1

1 1

1 1

1 1

1

2d

1

"

"

\ \

1 1 1 1 1 1

2d

1

1

1 \

~-------'\,
~ ----,/

-L-+~\'

_________ "'/

1

-- -

1

-

----

- - -- -

_..... '

1

Figure 12.68

I~~~--I~-,,-\

s6d

1

\

1

1

1

1

1 1 1 1 1 1

\

Cas ~ >

\

"-

--------"'"

0.

Trémie

Figure 12.69

-------"---_\1

l

_L

2d

""""----\I12d

~I . . ..... : "U1

1 1

1

~u 1 1

1

1

1

f------- -';d

1

,,"

2d

1

- - '---f--"-

2d

1

1

.- 1

,, 1

1 1

," "

2d

Figure 12.70

Remarque: L'EC2 envisage ensuite le cas du poinçonnement des planchers-dalles (dalles sur chapiteaux), qu'il serait trop long de développer dans cet ouvrage.

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 725

12.933 Évaluation de la contrainte maximale de poinçonnement Dans le cas le plus simple d'une charge localisée centrée agissant directement à la surface d'une dalle, la contrainte tangente de référence est celle qui s'exerce sur la section de contrôle de référence. Elle prise égale à : [12.65] avec:

VEd

valeur de calcul de l'effort tranchant de poinçonnement

Ul

longueur développée du contour de contrôle de référence

d

hauteur utile moyenne des armatures de la dalle : d = (dy + dz) /2.

Aucune armature de poinçonnement n'est requise si VEd::::;; VRde (voir § 12.934). b) Charge excentrée

Lorsque la réaction d'appui est excentrée par rapport au contour de contrôle considéré, la contrainte maximale de poinçonnement peut être déterminée par (attention aux in dicesietl): [12.66] avec: U;

longueur développé du contour de contrôle considéré

. f3 =

1 + k (MEd III / VEd W l )

III

périmètre du contour de contrôle de référence

k

coefficient fonction du rapport des dimensions re 12.71) :

Cl

et

C2

du poteau (figu-

k = 0,45 si CdC2 :::: 0,5 k = 0,60 si CI/C2 = 1

k= 0,70 si CI/C2 = 2 k = 0,80 si c l /c2

~

3

Mu

moment u'allsmis à la jonction dalle/poteau

Wl

correspond à une distribution des contraintes de cisaillement selon la figure 12.72 et est fonction de III :

o

avec: dl

longueur élémentaire du contour

e

distance de dl à l'axe autour duquel s'exerce le moment M Ed•

726 Traité de béton armé

Figure 12.71 Par exemple, pour un poteau rectangulaire, et une excentricité dans une seule direction: WI =(CI2/2)+CIC2+4c2d+ 16d2+27tdcl

avec: Cl

dimension du poteau dans la direction où la charge est excentrée

C2

dimension du poteau dans la direction perpendiculaire.

Pour les structures dont la stabilité latérale ne dépend pas du fonctionnement en portique (dalle-poteaux) et où les portées des travées adjacentes ne diffèrent pas de plus de 25 %, on peut adopter pour ~ les valeurs approchées: - pour un poteau intérieur:

1,15 ;

- pour un poteau de rive:

1,4 ;

- pour un poteau d'angle:

1,5.

c) Cas des semelles de fondation La résistance au poinçonnement est à vérifier non seulement sur le contour de contrôle de réterence situé à la distance 2d du contour du poteau (d, hauteur utile des armatures de la semelle à sa jonction avec le poteau), mais aussi sur des contours de contrôle (de même forme) situés en deçà, donc à moins de 2d du nu du poteau. La longueur développée d'un tel contour de contrôle est désigné par u. Pour une semelle de fondation isolée, il peut être tenu compte de l'effet favorable de la réaction du sol à l'intérieur du contour de contrôle pour réduire VEd. o

Dans le cas d'une charge centrée:

VEd

= VEd,red/ li d

avec:

u

longueur développée du contour de contrôle considéré

VEd,red

= VEd-ôVEd

charge apportée par le poteau

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 727 réaction du sol à l'intérieur du contour de contrôle, diminuée du poids propre de la semelle. Pour une charge excentrée : VEd = (VEd, red / u d) [1 + k (MEd li

/

VEd, red W)]

k est défni au § 12.933b et est similaire à Wb mais pour le contour li.

12.934 Dalles ou semelles sans armatures de poinçonnement Aucune armature n'est requise si VEd::; VRd, c avec:

a) pour une dalle VRd, c

= [(0,18 k/yc) (100 Pt/ck) 'Il + 0,10 O"cp] 2: Vmin + 0,10 O"cp

[12.67]

k=1+.J200/d::;2,0 (den mm)

PI

=JPIY Plz ::; 0,02

Ply et Plz se rapportent aux armatures de traction dans les directions y et z respectivement. Il s'agit des valeurs moyennes calculées pour une dalle de largeur égale à la largeur du poteau, augmentée de 3d de chaque côté.

O"cp

= (O"ey + O"cz) /2 (en MPa, contraintes positives s'il s'agit de compressions)

avec: NEd,y

et NEd,z

efforts normaux agissant sur les largeurs de dalle participante associées aux poteaux, aire du béton correspondant à la définition de NEd•

b) pour une semelle defondation

VRcl.e = [(0, 18k/Ye) (100 Pt/ck) Y3] 2d / a 2: Vmin 2 d / a

[12.68]

avec a, distance du nu du poteau au contour de contrôle considéré, les autres notations étant celles définies pour la formule [12.67]. Dans l'un et l'autre cas, il faut avoir VEd::; VRdma.... = 0,5 U!cd (U, voir formule [12.16]).

[12.69]

728 Traité de béton armé

12.935 Dalles ou semelles avec armatures de poinçonnement Des armatures de poinçonnement sont nécessaires si VEd> VRd,c selon [12.67] ou [12.68]. Trois zones sont à vérifier: - zone immédiatement le long du poteau ou de l'aire chargée, - zone contenant l'armature de poinçonnement, - zone extérieure à l'armature de poinçonnement. Dans la zone contenant l'armature de poinçonnement: VRd, cs = 0,75 VRd,c + 1,5 (dl Sr) Asw J;'wd,ef[1 1(UI d)] sin a

[12.70]

avec: Asw

aire d'un cours d'armature de poinçonnement sur un périmètre poteau (mm 2 )

Sr

espacement radial des cours d'armatures de poinçonnement (mm)

a

angle de l'armature de poinçonnement avec le feuillet moyen de la dalle

/ywd,ef

résistance de calcul de l'armature de poinçonnement (MPa)

UI

autour du

/ywd, ef= 250 + 0,25 d 'S/ywd

avec d moyenne des hauteurs utiles des armatures dans les directions orthogonales (mm). Si une seule file de barres pliées vers le bas est prévue, prendre dls r = 0,67. Au voisinage du poteau, de dimensions CI et C2, il faut avoir: VEd = ~ VEdI Uo d'S VRd, max = 0,5 'U!cd

avec:

+ C2)

- pour un poteau intérieur:

Uo

= 2

- pour un poteau de rive:

Uo

= CI + 3d'S CI + 2 C2 (Cl parallèle à la rive)

- pour un poteau d'angle:

Uo

= 3d'S CI

(CI

+ C2

-13 donné au § 12.933-b, 'U donné par la formule [12.16]. Aucune armature de poinçonnement n'est requise au-delà d'un contour (figure 12.72) défini par: UOllt (ou Uout,er) = 13 Vul (VRd,c d).

UVIlI

ou

Uvut ,

ef

Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 729

~~.... ~----"<,,

000 000 000 000 000

,'>..

, d

~ 1

: 1 1 \

\

\

00000 00000 00000

,

Y

~...

\

00000 00000 000 000 000 000

' :

ooooo~/

ooo~,>-v

' ........ _-_

® Contour Uout

\

....

d

'~

® Contour Uout. ef Figure 12.72

La file périphérique extérieure des armatures de poinçonnement doit être placée à une distance kd, avec k $; 1,5, à l'intérieur du contour UOI/I (ou du contour UOI/ I , efi voir figure 12.72). Une augmentation de résistance due aux charges localisées au voisinage des appuis selon § 12.52-2 0 ou § 12.645 n'est pas autorisée.

12.10 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 12 - F. Leonhardt, Effort tranchant et torsion en béton précontraint, Annales ITBTP, avril 1971. Manuel de calcul CEB-FIP, Effort tranchant, Torsion, Bulletin d'Information CEB, nO 92, juin 1973. - Shear and torsion, Bulletin d'information CEB nO 126, juin 1978. - Shear, torsion and punching, Bulletin d'information CEB, nO 146, janvier 1982.

.,- F. Lévi, P. Marro et H. Thonier, La vérification des contraintes tangentielles suivant l'Eurocode 2, Annales ITBTP, nov. 1992 et mars-avril 1994. - Selectedjustification notes, Bulletin d'information CEB, nO 217, 1993.

- lR. Robinson et J.M. Demorieux, Essais de poutres en double Té en béton armé, Annales ITBTP, janv. 1976 - J.R. Robinson et lM. Demorieux, Essais de modèles d'âme de poutres en double Té, Annales IBTP, oct. 1977.

Essai en torsion d'une poutre à caisson (source: CEBTP)

CHAPITRE 13 TORSION

13.1

DÉFINITION

Une pièce prismatique à axe rectiligne est sollicitée en torsion lorsque, ses liaisons d'extrémité s'opposant à la rotation libre de cette pièce autour de son axe longitudinal, le système de forces extérieures auxquelles elle est soumise génère un couple dont l'axe se confond avec celui de la pièce et qui entraîne la rotation des sections droites courantes dans leur propre plan. Les pièces à axe non rectiligne, dans lesquelles la résultante générale des charges appliquées n'est pas située dans le plan vertical contenant les réactions d'appui, sont elles aussi sollicitées en torsion. Jusqu'à ces dernières années, la torsion était considérée comme un phénomène secondaire dont les effets étaient censés couverts par les « coefficients de sécurité» en vigueur. Il n'en est plus de même de nos jours: la complexité croissante des structures que les ingénieurs ont à étudier et à construire, les oblige assez souvent à prendre en compte cette sollicitation dans leurs calculs. Si la torsion pure se rencontre rarement en béton armé, la torsion accompagnée de flexion est fréquente et se rencontre dans les cas suivants: a) poutre à plan moyen, à axe rectiligne, soumise à une charge P agissant hors du plan moyen parallèlement à celui-ci (figure 13.1). Le système de charges est en effet équivalent à celui constitué par la charge P agissant dans le plan moyen de la poutre et par le moment de torsion T = Pc.

732 Traité de béton armé P

c

P

Ir ,

IT:' tG"

T= p·c

.. _-

~-,

.~.

,

1 ,

Figure 13.1

Exemples: - poutres de rive d'un plancher, - poutre supportant un auvent (figure 13.2) : si la poutre est portée par des poteaux, elle transmet à ceux-ci un couple de flexion en tête; - poutres chargées par l'intermédiaire de traverses en console (bâtiments industriels) ; - structures planes (planchers et tabliers de ponts) à poutres non entretoisées en dehors des ap-

/
Figure 13.2

pUIS.

b) poutre à plan moyen ou non, lorsque la résultante générale des charges n'est pas située dans le plan contenant les réactions d'appui;

Exemples: - poutres courbes (figure 13.3) ou à ligne moyenne brisée en plan (le centre de gravité d'une section droite quelconque n'est pas situé dans le plan vertical contenant les réactions des appuis) ; -limons ou paliers d'escaliers.

Chapitre 13 • Torsion 733

/"/ ,/

Lignes des appuis

.~.~~.~--------

/

Figure 13.3

c) noyaux d'immeubles dissymétriques en plan, sous l'action du vent. d) phase de mise en place de poutres préfabriquées isolées, exposées au risque de déversement latéral, etc.

13.2 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL DES ÉLÉMENTS EN BÉTON ARMÉ SOUMIS A LA TORSION Ainsi que l'a fait observer Morsch, les essais d'éléments soumis à la sollicitation de torsion pure, où n'intervient aucun effort normal appliqué directement ou résultant d'une flexion, permettent d'analyser correctement le mécanisme de la résistance aux sollicitations tangentes du béton fissuré et des armatures. On peut ainsi mieux saisir en particulier le mode de résistance des poutres fléchies à l'effort tranchant. Les essais de torsion disponibles sont cependant moins nombreux et moins systématiques que ceux concernant les poutres fléchies. Ceux dont on peut trouver les résultats dans la littérature technique de la deuxième moitié du siècle dernier ont été effectués dans divers pays, en particulier aux USA (Gesund; Hsu ; Pandit), au Canada (Mac Mullen), à Moscou (Tchinenkov), à Zürich (Lampert et Thürlimann). Des essais ont également été effectués au CEBTP de Saint-Rémy-Ies-Chevreuse, par différents chercheurs (Robinson, Demorieux, Fauchart, Morisset, etc.). De tels essais exigent en général des machines assez sophistiquées. Celle de Saint-Rémy, due à B. Fouré, permettait de soumettre à la torsion des pièces dont la section droite s'inscrivait dans un cercle de 1,70 m de diamètre et dont la longueur était un multiple entier de 1,25 m. Elle comprenait une tête mobile (figure 13.4) où un vérin créait le couple de torsion et une tête « fixe », assurant l'encastrement de l'élément soumis à l'essai, à son autre extrémité. Les essais mentionnés ci-avant ont porté: - sur des tubes cylindriques de révolution munis d'armatures longitudinales (appelées « tirants ») et d'armatures transversales sous forme de cerces ou d'une hélice continue, - sur des tubes prismatiques à section pleine carrée ou rectangulaire, armés et non armés,

734 Traité de béton armé - sur des poutres à section circulaire pleine, armées et non armées, - sur des poutres à section rectangulaire pleine, - sur des poutres en T, en L, ou en double T, - sur des poutres sollicitées en torsion et en flexion. Vue de face Anneau principal

1875

1 )101

Figure 13.4. Machine de torsion. Tête mobile (hauteur: 3,30 m; largeur: 3,80 m) De l'ensemble des essais en torsion effectués jusqu'ici, on ne peut tirer que des conclusions très prudentes, en raison notamment de leur nombre restreint: 1°) en phase non fissurée, le comportement des éléments soumis à la torsion correspond à la théorie élastique (Saint-Venant). Sous sollicitations de torsion pure, les premières fissures sont inclinées à moins de 45° sur l'axe longitudinal de l'élément et font le tour de la section (figure 13.5).

Chapitre 13 • Torsion 735 Direction de la fissuration (- 32 à 35°)

Figure 13.5. Fissuration d'un caisson soumis à la torsion (vue de l'intérieur)

2°) si l'élément ne comporte ni armatures longitudinales et/ou ni armatures transversales, la rupture, d'allure fragile, suit de peu la fissuration. Si, en revanche, l'élément est correctement et suffisamment armé, le couple de torsion de rupture peut être nettement supérieur à celui qui provoque la fissuration. 3°) quand, notamment par sollicitation de torsion pure, la fissuration affecte tout le périmètre de l'élément (sans qu'aucune partie de sa section droite reste comprimée) son apparition s'accompagne d'une brusque augmentation: - de l'effort de traction des armatures, - des efforts de compression des bielles hélicoïdales découpées par les fissures, - de la rotation de l'élément autour de son axe longitudinal.

736 Traité de béton armé Ainsi, lorsque la fissuration se produit, la rigidité de torsion chute brutalement dans le rapport de 5 à 1 environ (figure 13.6) ou même parfois de 10 à Il. Cette diminution de rigidité ne doit pas être ignorée, notamment dans le calcul des systèmes hyperstatiques, car la négliger pourrait conduire à des résultats grossièrement erronés. 4°) dans le cas où une partie de la section droite reste comprimée (par suite de la coexistence d'un moment fléchissant, ou bien d'un effort normal) cette zone semble posséder une résistance propre au cisaillement susceptible d'augmenter la valeur du couple ultime de torsion. Ce phénomène, s'il était pris en compte dans les textes réglementaires, devrait conduire à une réduction de la quantité d'armatures. C (10 4 mN)

Rupture

88,93 80 70

--- --- ---

60 ~,21~

Pente 2/10

__________________________

~7-

_________________________

50 40

Têtem&1~le 1 Tête fixe >. .....

30

..

Q) .~

::J

~

1

q::

c: 0 c:

_e •. •. • .• .• .• . • . .• .• .'. . .• .• . . • .•. • •. .• _71:..:..

....~_... :

Q)

20 10

o

<J)

(\1

Pente 10/1

e = 4°40' (A

2

.s::

3

D-

e

rupture) 4

5

7

6

Figure 13.6. Rotations unitaires

8

9

10

15

de

en fonction du couple C de torsion pure dx dans le cas d'un caisson

5°) des éléments en béton armé de même forme extérieure (cylindre ou prisme), les uns à section pleine, les autres creux, mais comportant tous les mêmes armatures, ont après fissuration un comportement identique (figure 13.7, d'après Lampert) et présentent en particulier la même résistance à la torsion. Ce phénomène est dû à la fissuration généralisée du noyau, intérieur aux armatures, des sections pleines, ce qui entraîne la formation d'un « vide mécanique ». Prévu par

1.

La meilleure image que l'on puisse en donner est, pour une pièce circulaire, celle d'un ressort spiral. Même s'il s'agit d'un ressort dont les spires sont serrées les unes contre les autres, un tel ressort n'offre qu'une faible résistance à une torsion de sens inverse au sens d'enroulement des spires, vis-àvis de la résistance d'un tube à paroi pleine de même diamètre.

Chapitre 13· Torsion 737 l-R. Robinson, il a été mis en évidence par les essais effectués, sous son autorité, par A. Morisset. De cette constatation découle le mode de calcul à la torsion des poutres à section pleine (§ 13.6 et § 13.7) qui consiste à baser le dimensionnement à la torsion sur les méthodes applicables aux sections creuses à paroi minces. 6°) pour les éléments à section pleine comportant un pourcentage normal d'armatures, la rupture semble se produire par flexion. Il existe en effet toujours une dissymétrie dans une pièce théoriquement symétrique (par exemple, par suite du début de la fissuration). Cette dissymétrie semble à l'origine de la rupture par flexion, par ouverture et propagation d'une fissure d'allure hélicoïdale vers l'intérieur de la pièce et mise en traction jusqu'à plastification des armatures rencontrées par la fissure, tandis qu'au-delà d'une charnière plastique, le béton s'écrase en compression. Un tel comportement a pu être vérifié par A. Morisset sur des cylindres pleins en béton armé. C (tm)

14 12

10

- - Creux ----- Plein

2

o ~-----.-------r------~-----.--------~e 3 2 Figure 13.7

738 Traité de béton armé

13.3 TORSION D'ÉQUILIBRE ET TORSION DE COMPATIBILITÉ La torsion peut être nécessaire ou non à l'équilibre. a) Dans le premier cas (torsion d'équilibre) quel que soit l'état de déformation et de fissuration de la pièce sollicitée en torsion, le couple de torsion demeure toujours le même, d'où nécessité de l'évaluer avec prudence et de l'équilibrer par un ferraillage approprié (cas de la poutre supportant un auvent, figure 13.2) Dans la torsion d'équilibre, il peut s'agir : - soit, pour les éléments linéaires à section pleine ou creuse, d'une torsion circulaire, dans laquelle l'équilibre est maintenu par un flux fermé d'effort tangent sur le périmètre de la section, - soit, pour les éléments linéaires à sections ouvertes à parois minces, d'une torsion gauche, dans laquelle l'équilibre est maintenu à la fois par des contraintes tangentes de torsion circulaire et par un ensemble de contraintes normales et de contraintes tangentes d'effort tranchant transversal dues à l'entrave apportée à la déformation de la section perpendiculairement à son plan (gauchissement). b) Dans le second cas (torsion de compatibilité), les couples de torsion sont dus uniquement à l'entrave apportée à la rotation angulaire par les éléments auxquels la pièce est liée. Ces couples diminuent si la déformation et/ou la fissuration de la pièce sollicitée en torsion augmentent. Il n'est donc pas nécessaire de vérifier cette dernière à la torsion. En revanche, il doit être tenu compte des effets secondaires de la torsion dans le calcul des éléments auxquels la pièce est liée. Considérons par exemple le cas (figure 13.8) d'une dalle encastrée sur deux poutres latérales (poutres de rive). Les moments d'encastrement créent des moments de torsion dans les poutres. Les couples d'encastrement sont théoriquement compris entre _ pl2 12 et 0 selon la rigidité en torsion des poutres porteuses et selon la manière dont elles sont elles-mêmes appuyées à leurs extrémités (rotation possible ou non de l'appui autour d'un axe parallèle à la ligne moyenne de la poutre, - donc perpendiculaire au plan de la figure 13.8).

Chapitre 13· Torsion 739 p

TC,! 1 ,.

t

, ,.1

Figure 13.8 Si les poutres-supports ne peuvent tourner, elles se fissurent par torsion, leur rigidité diminue fortement (voir figure 13.6), les moments d'encastrement tendent vers 0 et le moment en travée de la dalle augmente en conséquence.

13.4 MÉTHODES DE CALCUL Les recherches effectuées vers les années 70 sur la résistance à la torsion des éléments en béton armé ont conduit à des méthodes de calcul basées sur deux approches: 1. la théorie de la flexion biaise, 2. le modèle du treillis spatial.

13.41 Théorie de la flexion biaise Cette théorie est due à des chercheurs soviétiques, et plus particulièrement, à Mme N. N. Lessig. Elle est basée sur la prise en compte directe du faciès de rupture observé dans les essais, mais n'en explique toutefois pas la raison. Ce fàciès peut être observé au cours d'une expérience élémentaire, consistant à rompre par torsion un bâton de craie cylindrique. Le bâton se fissure bien suivant une hélice à 45°, mais se rompt avant que l'hélice n'ait fait le tour complet du cylindre. La partie diamétralement opposée à la fissure s'écrase le long d'une « charnière» qui relie les deux extrémités de la fissure hélicoïdale. La rupture, qui se produit suivant une surface gauche, inclinée sur l'axe du cylindre et avec écrasement local du côté opposé (comme dans le cas d'une flexion) a été appelée par les chercheurs: « rupture de flexion biaise ». Ce faciès a été observé dans de nombreux essais de torsion de poutres à section cylindrique pleine, à section en caisson, à section en T (figure 13.9) ou en double T.

740 Traité de béton armé

Zone de compression

Figure 13.9. Rupture de flexion biaise

Un tel aspect de la rupture, que la sollicitation exercée ne permet pas de prévoir, ne peut être expliqué que par une dissymétrie momentanée due au caractère progressif de la fissuration dans la section de rupture. La théorie établie par Madame Lessig sur la base de la « flexion biaise» 1 est séduisante en ce qu'elle permet de prendre en compte l'application simultanée d'un moment de torsion, d'un moment de flexion et d'un effort tranchant. Les hypothèses sont les suivantes: 1. La rupture survient par flexion suivant une section gauche, limitée sur trois côtés par une fissure hélicoïdale et sur le quatrième côté par une zone comprimée rectangulaire oblique sur l'axe. 2. La fissure hélicoïdale est formée de trois lignes droites faisant le même angle avec l'axe de la poutre, cet angle étant supérieur ou égal à 45°. 3. Le diagramme contraintes-déformations du béton dans la zone comprimée est le même qu'en flexion droite sans torsion. 4. Le béton, en dehors de la zone comprimée, est fissuré et n'équilibre aucun effort de traction. 5. Toutes les armatures traversant la section de rupture en dehors de la zone comprimée sont dans des états de contrainte et de déformation représentés par des points du palier de plasticité de leur diagramme de traction. 6. Les armatures proches de la face de la poutre où se trouve située la zone comprimée peuvent être négligées. 7. La section de l'armature transversale par unité de longueur est considérée comme constante.

J. Voir l-R. Robinson, Éléments cons/11Ic/ift du béton armé, éd. Eyrolles.

Chapitre 13· Torsion 741 8. II n'y a pas de charges appliquées sur la longueur occupée par la section gauche.

À partir de ces hypothèses, on peut écrire trois équations qui résolvent le problème: -la première exprime l'équilibre des moments autour de la charnière; - la seconde exprime l'équilibre des forces sur un axe normal à la charnière et parallèle à la face sur laquelle elle se trouve; -la troisième s'obtient en égalant à zéro la dérivée, par rapport à la longueur de poutre occupée par la charnière, du couple de torsion tiré de la première équation: elle permet de fixer la longueur de charnière qui correspond au couple minimal. Même sous la forme simplifiée résultant d'hypothèses complémentaires dues à Mac Mullen et Warwaruk, les équations ainsi obtenues sont d'un emploi un peu compliqué pour les problèmes le plus fréquemment rencontrés par un projeteur de béton armé. La méthode du treillis spatial qui conduit, dans de nombreux cas, à des résultats voisins de ceux obtenus par application de la méthode de la flexion biaise est en revanche beaucoup plus simple que cette dernière, surtout lorsqu'on va directement aux expressions de la « règle des coutures» qui découlent de la théorie du treillis (voir § 13.73).

13.42 Méthode du treillis spatial Le principe du modèle du treillis spatial est le suivant: la résistance à la torsion d'une pièce en béton armé, à section pleine ou à section creuse, peut, après développement de la fissuration oblique, être représentée par le comportement d'un treillis spatial à montants tendus (armatures transversales), membrures comprimées ou tendues (parois de béton et armatures longitudinales) et diagonales comprimées (bielles de béton); l'inclinaison de ces bielles peut être influencée, comme dans le cas de l'effort tranchant, par le choix de l'armature transversale et de l'armature longitudinale. Un tel modèle présente les avantages suivants:

- il est applicable à n'importe quel type de section, - il pernlet un traitement uniforme des cas de sollicitations combinées torsion-flexion ou torsion-effort tranchant, - il permet de déterminer la rigidité à la torsion d'éléments après fissuration. Tout ce qui suit se réfère à l'application d'un tel modèle.

742 Traité de béton armé

13.5 RÉSISTANCE À LA TORSION CIRCULAIRE D'UNE POUTRE CAISSON :> Référence: BAEL, art. A-5.4,21

13.51 Expression du flux de la contrainte tangente de torsion (rappels de Résistance des Matériaux) a) Soit un tronçon de poutre de longueur ds. Considérons la surface cylindrique L' ( = A )A 2B2B d à génératrices parallèles à l'axe de la poutre, ayant comme directrice une courbe

A} 1;

quelconque, de longueur l, parta-

geant en deux parties une section droite quelconque L (figure 13.10).

Figure 13.10 Soit M un point quelconque de

Ml

repéré par exemple par son abscisse curviligne ç à

partir d'une origine quelconque. Si la section droite L est sollicitée par un couple de torsion, il se développe en tout point de

Ml

tel que M une contrainte tangente

---



contenue dans le plan de L et dirigée suivant la normale en M à AIAl et une contrainte tangente de même intensité contenue dans le plan normal à L et passant par la tangente

---

en Mà AIAl (théorème de Cauchy). Si le couple de torsion appliqué à la poutre est la seule sollicitation agissante, l'équilibre du volume situé d'un même côté de la surface L'exige que la résultante des composantes des forces suivant la normale à la section L soit nulle (pas d'effort normal extérieur), c'est-à-dire:

f

f('t"ç dl ds)=O

A,A2 AI~

Chapitre 13 • Torsion 743 ou, comme AI BI

= ds est constant: [13.1]

Pour un tube mince fermé, d'épaisseur constante ou variable, en considérant deux parcours AI A'I A'2 A2 etAI A'I A'3 A3 dont les segmentsAIA'1 = bl. A 2A'2 = b2, A3A'3 = b3 sont respectivement normaux au contour moyen (figure 13.11) et en appliquant la formule [13.1] on peut écrire:

Figure 13.11

d'où finalement:

f 'tçdl = f 'tçdl =ce ou encore Lb.lT,dl = Lb, T,dl =ce A;A 2

A;A3

c'est-à-dire qu'en tm point quelconque Gj du contour moyen où l'épaisseur du tube est bj et la contrainte tangente de torsion 'tj, on a : <1>

= (bj'tj) = Cte

[13.2]

Le flux de la contrainte de torsion qui traverse la paroi du tube est donc constant. b) Considérons maintenant un tronçon de paroi de longueur ds mesurée le long du contour moyen, de périmètre C, de-celle-ci (figure 13.12).

744 Traité de béton armé

Gi

On écrit que le système des forces élastiques dues aux contraintes 1:i est équivalent au moment de torsion T.

, ,"" ,

,

M'

ds

, ,, ,,

;,.,

bi

'M' 'i

La force totale sollicitant l'élément de paroi d'aire (b i ds) en son centre de gravité G i est : (1:i

b;) ds

Son moment par rapport à un point 0, en principe quelconque, du plan de la section (en pratique centre de gravité G de la section droite annulaire) a pour valeur: (1:i bi) ds h.

Figure 13.12

L'équilibre exige que l'on ait:

c'est-à-dire, puisque

= (b i 1:i) =

C

te

:

L dsh=T

Or on a: h ds

= 2 (aire triangle M'OM).

Quand le point G i décrit entièrement le contour moyen C, l'aire balayée par le triangle M'OM est l'aire intérieure,Q limitée par ce contour. On a donc:

fh ds = 2,Q c

d'où: T = b·1:· = 1 1 2,Q

[13.3]

Chapitre 13 • Torsion 745

13.52 Contrainte tangente de torsion Soit une poutre tubulaire (poutre-caisson) en béton armé à section rectangulaire soumise à un moment de torsion constant T (figure 13.13) :

Contour d'aire Q -w-,,~"I+ Épaisseur fictive bo ~...y,fA.... Épaisseur réelle de la paroi e .0 VI

CG

"0

bo=Min [e;aJ6]

1 1

l

,.1 b

Figure 13.13 On suppose que les quatre parois ont la même épaisseur bo qui, pour le calcul, est limitée au sixième du diamètre du cercle qu'il est possible d'inscrire dans le contour extérieur (voir § 13.6). L'application des formules [13.2] et [13.3] conduit à: d'où

et comme <1> =

-

'ti

<1>

=-

bo

= Cte = 't

T

2Q

T

't=--

2Qbo

.Q étant l'aire enveloppée par le contour tracé à mi-épaisseur des parois.

[13.4]

746 Traité de béton armé

13.53 Hypothèses simplificatrices de base du modèle de treillis spatial On suppose que les moments de flexion et de torsion propres directement équilibrés par les bielles de béton après fissuration de la poutre sont négligeables. Chaque paroi est donc simplement comprimée par un effort incliné.

Figure 13.14 Le treillis spatial se compose de quatre panneaux identiques deux à deux, de hauteurs di et 4, dans lesquels les diagonales comprimées sont inclinées de 8; et 8j (figure 13.14) : (d;

= dl = d3 ; t1j = d2 = d4 ; 8i

=

8 1 = 83 ; 8j = 82 = 84 )

On suppose que la poutre admet deux axes de symétrie, que les parois ont toutes la même épaisseur ho et que l'armature transversale peut se réduire à des cadres normaux à .l'axe de la poutre.

Chapitre 13· Torsion 747

13.54

Équations d'équilibre ,,

,,

,, ,, .............. 1

O"bci ~

1

1

~

/

1 1 1 1 1

---------•-v:-• Ftj

t

-

I~ 1

dj cot9 j ... 1

1"'"

Figure 13.15

Soit: Ali (Alj)

la section des brins des cadres contenus dans l'épaisseur ho de la paroi *- Alj même si en pratique on aura couramment Ali = Alj) i (j) considérée (on suppose pour commencer Ali

Sti

(slj)

l'espacement de ces cadres, supposé régulier;

(Jsti «(JSlj)

leur contrainte;

(Jbei «(Jbci)

la contrainte du béton des diagonales comprimées.

Les forces de compression diagonale du béton ont respectivement pour valeur (figure l3.15) : - dans une paroi i : [13.6 a] - dans une paroij: [13.6 b] Les forces de traction s'exerçant dans l'armature transversale ont respectivement pour valeur (figure 13.15): - dans une paroi i : [13.7 a]

748 Traité de béton armé - dans une paroij : [13.7 b] a) Équilibre d'ensemble Coupons la section droite d'une paroi par une ligne quelconque, et étudions l'équilibre d'une partie de poutre de longueur ds (figure 13.16) :

Figure 13.16

Les composantes des forces longitudinales appliquées à la partie de poutre considérée doivent' avoir une résultante nulle. Or ces composantes sont celles des efforts de compression obliques qui s'exercent dans le béton, et que l'on peut facilement évaluer. En effet, sur la longueur ds d'arête aboutissent deux bielles comprimées provenant, l'une de la paroi 1, l'autre de la paroi J et de sections droites respectives bo ds sin 8; et bo ds sin 8j • Les forces véhiculées par chaque bielle ont donc respectivement pour valeur :

abei bo ds sin 8i

et

abcjbods sin 8j

ou compte tenu des équations [13.6a] et [13.6b], comme on peut s'en assurer sur la figure 13.17 représentant l'angle déplié:

Fei dssin 8; djcos8;

et

Chapitre 13· Torsion 749 dS'sin9j Paroi J . ds sin9j FC I - djcos9j ds

ds·sin9j Paroi 1

Figure 13.17

En projetant ces forces sur l'arête commune aux deux parois, l'équilibre exige que: (Fei

dssinS

j

dicosS

j

_

) cos Si - (Fe)

dssinS j djCOSS j

) cos S}

soit:

[13.8]

Si l'on écrit maintenant l'expression du moment de torsion, après avoir projeté les forces Fei et Fe} sur la section droite, on aura:

T= Fei sin Si 4+ Fe} sin S} di ou, compte tenu de [13.8] :

T = 2 Fei sin Si 4

[13.9]

d'où les expressions: 1°) de la force diagonale dans une paroi i, d'après [13.6 a] : T Fci = - - - 2dj sinS j

De [13.4]

[13.10] (expression identique pour une paroij, en remplaçant i parj).

750 Traité de béton armé 2°) de la contrainte de compression dans les bielles d'une paroi i, d'après [13.6 a] et [13.10] : sin Sj cosSj

[13.11]

Si l'on exprime maintenant la composante des forces agissant sur une section droite, on aura: - pour une paroi i, une force de traction résultante égale à :

Fu = Fei cos Sj = (-r bo ) dj cot Sj

[13.12]

(la moitié étant affectée à chaque membrure du treillis) - pour l'ensemble de la poutre tubulaire (2 parois i + 2 parois}) : FI = (-r bo) [2dj cot Si + 24 cot SJ

[13.13]

b) Équilibre d'lin panneall

Cet équilibre exige que Fri [13.10]:

= Fei sin Si (voir figure 13.15) c'est-à-dire, compte tenu de

ou encore: [13.14] (expression identique pour une paroi) en remplaçant i par}).

13.55 Vérification de la sécurité Lorsque l'armature transversale est la même pour toutes les parois (A li / Sri = Atj/ Stj), on constate expérimentalement que l'angle S est également le même (Si = Sj' voir figure 13.5). Plaçons-nous dans ce cas. On arrive alors pour l'ensemble de la poutre aux expressions suivantes: - contrainte de compression du béton (voir [13.4] et [13.11]) 0'

-

bc-

T

T

-----

2QbosinScosS - Qb(lsin2S

[13.15]

- force de traction dans les cadres transversaux (voir [13.14]) : [13.16]

Chapitre 13· Torsion 751 - résultante axiale de toutes les forces longitudinales dans les membrures du treillis (armatures longitudinales, voir [13.13]) : T "LFI = 0' LAI = u cot s 2Q

e

[13.17]

avec: u = 2di + 24, périmètre du contour d'aire .Q et LAI somme des sections des aciers longitudinaux. L'état de contraintes décrit par les équations [13.15] à [13.17] est statiquement admissible, c'est-à-dire qu'il satisfait à toutes les conditions d'équilibre. En passant à l'état-limite ultime et en écrivant successivement que: -l'état-limite ultime par compression des bielles n'est pas atteint : O'bc~ 1)!c28

;

Yb

-les aciers transversaux et les aciers longitudinaux n'atteignent pas leur résistance de calcul (O'st -::;'!etd ; O's -::;'!ed), on obtient les valeurs de deux moments de torsion résistants: - TRdl tiré de l'équation [13.15]

- TRd2 tiré de l'équation [13.16] avec la condition complémentaire: LA

1"

> TRd2 ucote

/Jed-

2Q

Il faut s'assurer de façon générale que le moment de torsion agissant de calcul TEd est tel que: TEd -::;. min [TRd ], TRd2 ]. Cette méthode est celle de l'EC2.

13.56 Remarque sur la condition relative à la compression des bielles de béton La condition relative à la non-atteinte de l'état-limite ultime par compression des bielles s'exprime à partir de la valeur O'bccalculée au moyen de la formule [13.15] par : abc -::;'1) fck

Yc

avec les notations de l'EC2

avec 1) = 0,6 [1 - ifck/250)] comme pour l'effort tranchant. Les rédacteurs de la version finale de l'EC2 n'ont pas cru devoir retenir la réduction du coefficient 1) en cas de torsion, qui figurait dans les versions antérieures et dont la justification était pourtant apportée par les constatations suivantes. En torsion pure, aussi bien qu'en torsion accompagnée de flexion circulaire, dans la zone où le moment de flexion est constant, la sollicitation des bielles de béton n'est pas tout à fait la même que pour l'effort tranchant: du fait de la rotation de torsion très importante à l'état-limite ultime, les parois, initialement planes, se déforment en parabo-

752 Traité de béton armé loïdes hyperboliques (figure 13.18), ce qui provoque la mise en flexion des bielles de béton comprimées. Cette flexion associée à la sollicitation transversale due à la mise en traction des armatures transversales, entraîne une réduction de leur résistance apparente à la compression.

e

Figure 13.181 Ainsi peut s'expliquer sur la figure 13.5 la présence de fissures n'ayant pas la direction des fissures obliques initiales.

13.6 RÉSISTANCE D'UNE POUTRE À SECTION PLEINE À LA TORSION CIRCULAIRE Sur la base du comportement expérimental décrit au § 13.2-5°, les Règles BAEL assimilent les sections pleines à des sections creuses équivalentes, en adoptant comme épaisseur fictive ho de paroi de la section creuse équivalente:

h

o

1.

a

=-

6

Les figures 13.18, 13.28 et 13.29 ainsi que les figures 12.28 et 12.29 sont extraites de l'étude de Michael P. Collins et Denis Mitchell (voir les références bibliographiques au § 13.9).

Chapitre 13· Torsion 753 a étant le diamètre du plus grand cercle inscriptible dans le contour extérieur de la section (figure 13.19): al6 épaisseur de la section creuse équivalente

a

Cercle inscrit

Figure 13.19 Cette valeur a été sensiblement confirmée par 1. Fauchart et 1.-M. Demorieux qui, pour des cylindres pleins ont trouvé comme épaisseur de la « croûte» résistante: a/S,4 en moyenne (voir Annales ITBTP,janvier 1973). Dans le cas de pièces composées, il faut déterminer les sections creuses équivalentes des différents éléments (figure 13.20) :

Figure 13.20

754 Traité de béton armé

13.7 PRESCRIPTIONS DES RÈGLES BAEL POUR LA TORSION 13.71 Contrainte tangente ultime de torsion :> Référence: BAEL, art. A-5.4,21 Par application de la formule [13.4], la contrainte tangente ultime de torsion a pour valeur: 1:

-

uT -

T1/ 2Qh

[13.18]

o

avec:

Tu

moment de torsion à l'état-limite ultime

ho

épaisseur de paroi prise en compte dans le cas de la torsion: - épaisseur réelle, limitée à ::, s'il s'agit d'une section creuse,

6

- épaisseur fictive égale à ::, s'il s'agit d'une section pleine (voir signification 6 . de a au § 13.6). aire du contour tracé à ho du contour extérieur (figure 13.21). 2

a

Airen

Figure 13.21

Chapitre 13· Torsion 755

13.72

Vérification du béton

:> Référence: BAEL, art. A-5.4,3 La contrainte tangente de torsion due à l'effort tranchant.

'tuT

doit être combinée avec la contrainte tangente 'tuV

étant la contrainte tangente limite dont les valeurs ont été données au § 12.633, la condition à satisfaire est:

'tlim

'uV

Sections pleines

- pour les sections creuses: 'tuT+ 'tu V :s 'tlim - pour les sections pleines:

Sections creuses --+----'
ruT + ruv:S rlim

0 ' - - - - - - - - ' ' - - - " , . 'tuT

'lim

Figure 13.22

II faut prendre garde que les mêmes notations désignent dans les Règles BAEL des quantités différentes pour l'effort tranchant et pour la torsion, et ne pas commettre d'erreur lors du calcul de 'tuT et 'tl/V (figures 13.23, 13.24 et 13.25) :

,. des parOIS . b0:$ mm . (a . en caIsson . a) sectIOn avec epmsseur -; -b) :

6

I~

~I

6

. . ----.. ;... -.-. . /.-. . -.-.-.. . /. ,. ----l--.. -

a -)of.~... bo

b

bo

.-Jo- -~ "'f-

~

Section équivalente pour l'effort tranchant

'tuT

d

2Qb" _____ r_•. ---.- - - ' ~--~~--~~-'-~~

Figure 13.23

b) section en caisson avec épaisseur des parois b l > min (a16 ; b16) : .on pose bo = min (a16 ; bI6).

I:/ = --"--

't

-

uV -

V/1 2 bd o

756 Traité de béton armé

a

b

~I

T" 2Qbo

- - - - - - - - - _.'-------------' 't'

Vu uV - 2 b d 1

Figure 13.24

c) section rectangulaire pleine a x b _On pose bo = min (al 6; bl 6).

T"

a

2Qbo 't'

b

-

V

U

l/V- bd

Figure 13.25

Dans tous les cas, ,Q représente l'aire du contour tracé à mi-épaisseur de la paroi fictive d'épaisseur totale bo. Remarque:

Les Règles BAEL ajoutent une contrainte tangente conventionnelle ('t'l/v) à une contrainte tangente physique ('t'uT), ce qui constitue une anomalie.

13.73 Détermination des armatures :> Référence: BAEL, art. A-SA, 4 Les armatures de torsion se composent: d'armatures d'âme, généralement droites, formées de cadres fermés, - d'armatures longitudinales. Leurs sections sont additionnées à celles des armatures transversales d'effort tranchant et des armatures longitudinales de flexion; pour ces dernières, il ya donc nécessairement augmentation de la section des armatures du côté tendu par la flexion seule, tandis que du côté comprimé par la flexion, la section résultante est la valeur absolue de la différence entre la section des aciers comprimés et celle des armatures longitudinales de torsion au niveau de ceux-ci.

Chapitre 13· Torsion 757

Soit: AI

l'aire des brins d'armature d'âme contenus dans la paroi réelle ou fictive d'épaisseur bo .

u

la longueur du périmètre du contour C d'aire Q.

(LAI)

l'aire totale des armatures longitudinales réparties le long du périmètre li.

En admettant e = 45°, les équations [13.16] et [13.17] donnent:

~ hl = h SI

Ys

Ys

LA{ li

= T" = b 1: T 2Q

0

[13.19]

1/

On peut remarquer que ces équations sont celles que l'on aurait obtenues si l'on avait appliqué directement (voir § 12.661-2) la règle des coutures aux sections droites normales à l'axe longitudinal de la pièce et aux sections radiales passant par ce même axe. En effet: -les armatures d'âme cousent les plans radiaux (coupe longitudinale, figure 13.26) -les armatures longitudinales cousent les plans normaux à l'axe (sections transversales, figure 13.27) :

«Plan P»

At~ St 1,15

Figure 13.26

«PlanP»

Contour de périmètre u

--+.....

(aire Q)

Figure 13.27

758 Traité de béton armé Ces plans sont soumis à un effort de glissement par unité de longueur (flux) :

En appliquant la règle des coutures, formule [12.46], on a ainsi directement, sans démonstration compliquée: - pour les armatures d'âme :

At St

Jet 1,15

=b't' 0 liT

= 7;, 2Q

- pour les armatures longitudinales, pour lesquelles l'effort total longitudinal à équilibrer est: FI

=

LAI

le

1,15

LAt

=

J (bo""T) du c

le -

-u- 1,15 -

b

-

0

't'liT -

=

(b o 't'zd u

7;,

2Q

Le pourcentage minimal (condition [12.24] au § 12.634) s'applique aux pièces soumises à des moments de torsion. Il doit être respecté pour chacun des deux systèmes d'armatures, longitudinales d'une part (LAI

le ), transversales de l'autre (At let ). Dans u

~

la formule du pourcentage minimal des armatures d'âme, b désigne alors l'épaisseur de la paroi" réelle ou fictive.

13.74 Disposition des armatures de torsion En torsion pure, la position des armatures longitudinales dans l'épaisseur bo n'a pas une grande importance pour l'équilibre de la section. Comme on risque cependant l'éclatement du béton d'enrobage (figure 13.28), les Règles BAEL demandent que ces armatures soient disposées le plus près possible des parois, compte tenu des règles d'enrobage. Dans les angles des sections en caisson, il convient de disposer des armatures longitudinales pour équilibrer les efforts de compression obliques qui poussent au vide à cet endroit et font éclater le béton d'enrobage (figure 13.29).

Chapitre 13· Torsion 759

Figure 13.28 (essais de Michael P. Collins, Université de Toronto, Ontario)

l Figure 13.29 II en est de même dans le cas d'une section rectangulaire où les armatures longitudinales doivent être disposées aux quatre angles et éventuellement sur les faces pour les sections de grandes dimensions. En règle générale, il est recommandé, pour les sections sollicitées en torsion, de répartir les armatures longitudinales sur le pourtour de la section et de disposer les armatures transversales en cadres fermés et peu espacés. En l'abscence d'indications des Règles BAEL 91, on peut adopter, pour l'espacement de ces cadres, la plus petite des trois valeurs suivantes :

- u/8 (li périmètre de la cage constituée par les armatures), - la plus petite distance entre deux angles adjacents de la section, -20cm. Les autres dispositions constructives indiquées pour l'effort tranchant (§ 12.6352) sont applicables.

760 Traité de béton armé

13.8 PRESPRIPTIONS DE L'EC2 POUR LA TORSION Les notations de l'EC2 différant sensiblement de celles des Règles BAEL, il n'est pas inutile de commencer par un tableau de correspondance :

RèglesBAEL

EC2

Q

Ak

rAI

A si

ho

t

U

Uk

-

u (périmètre extérieur de la section)

-

'U

(facteur d'efficacité)

13.81 Principe général de la justification Le calcul est basé sur la méthode de l'inclinaison variable des bielles (§ 12.64), qui peut être appliquée au treillis spatial qui se développe dans une poutTe-caisson en prenant:

a = 90° et 1 :s cot e :s 2,5. Le moment de torsion agissant de calcul doit être au plus égal au moment de torsion résistant de calcul:

Pour TRdl et TRcf2 , voir § 13.55.

,

13.82 Epaisseur t des parois En premier lieu, on définit l'épaisseur te! des parois à introduire dans les calculs, qu'il s'agisse d'une section creuse ou d'une section pleine. Si A désigne l'aire totale de la section droite délimitée par le périmètre extérieur (en ne . tenant donc aucun compte des vides intérieurs) et U la longueur de ce périmètre, on pose, pour une paroi i : A

f.r·= eJ.1

LI

{

:s; 2 CI ~

épaisseur réelle de la paroi

Chapitre 13· Torsion 761

distance entre le parement extérieur et l'axe des armatures longitudinales (Cl = C + 0 2 avec C enrobage des barres longitudinales). Ch

L'aire totale interne au contour (feuillet moyen) tracé à mi-épaisseur des parois fictives, en ne tenant toujours aucun compte des vides intérieurs, est désignée par Ah et son périmètre par Uk (figure 13.30).

®

Feuillet moyen (aire intérieure~)

®

Parement extérieur de la section, périmètre u

©

Enrobagec

B

Figure 13.30

13.83 Armatures de torsion Pour un couple de torsion de calcul TEd agissant seul et une paroi i, le flux de la contrainte tangente de torsion (équivalent à un glissement longitudinal) vaut (voir expression [13.4]) : 'li, i

tif, i =

TEd l2A k

L'effort tranchant dans la paroi i considérée vaut donc:

VEd, i =

"Ct, i tif, i Zi

avec Zi, hauteur de la paroi i, définie comme la distance entre les droites d'intersection de son plan moyen avec les plans moyens des parois adjacentes. Dans le cas général où la torsion s'accompagne d'une flexion, les armatures d'âme sont à calculer, avec la même inclinaison 8 des bielles, en superposant les effets de la torsion à ceux de la flexion. L'aire de la section des armatures transversales de torsion est donnée par:

Asw/ydl s = TEd/(2 Ak cot 8) La section d'armatures longitudinales nécessaires pour équilibrer la torsion seule est donnée par:

762 Traité de béton armé Ces deux relations, tirées des expressions [13 .16] et [13.17], peuvent être directement établies à partir de la « Règle des coutures ». Dans la zone tendue par la flexion, les armatures longitudinales de torsion sont ajoutées aux armatures longitudinales de flexion. Dans la zone comprimée par la flexion, si la force de traction due à la torsion est inférieure à la résultante des contraintes de compression du béton, une armature longitudinale de torsion n'est pas nécessaire. Les armatures longitudinales de torsion doivent normalement être distribuées sur la longueur Zi, mais pour de petites sections, elles peuvent être concentrées dans les angles, aux extrémités des côtés.

13.84 Interaction torsion et effort tranchant a) Pour les sections pleines, il faut vérifier: TEd / TRd, max + VEd / VRd, max ~ 1

avec: TEid

moment de torsion agissant de calcul

VEel

effort tranchant agissant de calcul

Vu. max selon la formule [12.35 bis] du tableau 12.5. TRd, max = 2 U

Ucw!cd

Ak tej/ (cot e + tan

e)

avec: 1 ~ cot e ~2,5 U

selon la formule [12.16]

U cw

selon tableau 12.5.

On calcule séparément les cadres nécessaires pour assurer la résistance à l'effort tranchant et ceux nécessaires pour assurer la résistance à la torsion, en adoptant à chaque fOlS le même angle e pour l'inclinaison des bielles de béton, puis on ajoute les deux sections par unité de longueur. Donc, si on désigne par: Sv

ST

l'espacement correspondant à une section d'armatures d'effort tranchant égale à 1 cm2, l'espacement correspondant à une section de cadres de torsion égale à 1 cm2 ,

il faut, globalement, pour 1 cm2 d'armatures (d'effort tranchant et de torsion) combinées, un espacement:

s=-----

Chapitre 13 • Torsion 763 b) Pour une section pleine quasi rectangulaire, seul un pourcentage minimal d'armatures transversales est requis si :

avec: TRd, c

moment de fissuration par torsion: TRd, c = 2 Ak te/, ;t·td

VRd, c

selon la formule [12.10] (et VRd, c 2: VRd, c min).

13.85 Dispositions constructives Les cadres de torsion visés ici sont aussi bien ceux nécessaires en torsion pure que ceux nécessaires en cas de torsion et d'effort tranchant (voir § 13.84 et figure l3.31).

-fi) Configurations recommandées

., Configuration non recommandée

Figure 13.31

764 Traité de béton armé 1. Les cadres de torsion doivent être fermés et ancrés de préférence par des crochets à 135° avec retours dirigés vers la masse du béton (disposition de la figure 13.31). Ils doivent être perpendiculaires à la ligne moyenne de l'élément (a = 90°) 2. Le pourcentage minimal PU', min, défini par la formule [12.36] au § 12.646-d, est applicable aux cadres de torsion. 3. L'espacement longitudinal des cadres de torsion est limité à la plus faible des trois valeurs: - u / 8 (u, périmètre de la section droite)

- la plus faible dimension de la section droite - SI, max

(voir § 12.646e)

- 0,45 d en cas de torsion accompagnée de flexion (d, hauteur utile des armatures tendues de flexion) 4. Il faut disposer au moins une barre longitudinale dans chaque angle, les autres armatures longitudinales de torsion étant réparties uniformément le long du contour intérieur des cadres, et espacées d'au plus 350 mm.

13.9 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 13 Outre les documents mentionnés au § 12.10 : - Fauchart (J), «Rupture des poutres à section rectangulaire en béton armé ou précontraint, par torsion etflexion circulaire combinées », Annales ITBTP, janvier 1973. - Robinson (J.-R.), Éléments constructifs spéciaux du béton armé (Poutres soumises à la torsion, poutres-cloisons, consoles courtes, semelles de fondations, articulations), 1975, éd. Eyrolles. - Collins (M.P.), Mitchell (D.), Shear and Torsion Design of Prestressed and NonPrestressed Concrete Beams, Journal of the Prestressed Concrete Institute, sept./oct. 1980.

CHAPITRE 14 DIMENSIONNEMENT DES BIELLES, TIRANTS ET NŒUDS

14.1

GÉNÉRALITÉS

L'analyse au moyen de modèles à bielles et tirants a été évoquée au § 3.525-4. Dans la pratique, il ne suffit pas, pour de tels modèles, de se contenter de schémas linéaires (formés par les lignes moyennes des éléments constitutifs) tels que ceux représentés par les figures 3.16 ou 3.17 par exemple. Les « points» où concourent des forces véhiculées par des bielles et/ou des tirants sont en réalité des «nœuds» assimilables à de petits volumes prismatiques en béton, à section triangulaire lorsque trois éléments du modèle y aboutissent. Il faut représenter ces noeuds par un dessin semblable à celui de la figure 14.1. Les bielles sont schématisées par des éléments prismatiques ayant une largeur compatible avec celle des nœuds auxquels elles aboutissent, leur épaisseur étant normalement égale à celle de l'élément étudié.

Figure 14.1. Exemple de représentation d'un modèle à bielles et tirants pour son dimensionnement

766 Traité de béton armé Cette représentation permet de définir les dimensions des côtés des nœuds, c'est-à-dire de connaître les surfaces sur lesquelles vont venir s'appuyer les bielles ainsi que les hauteurs disponibles pour étager les armatures constituant les tirants ou les longueurs disponibles pour leur ancrage. Reste à vérifier si tous les éléments sont aptes à résister aux contraintes auxquelles ils vont être soumis, correspondant aux forces véhiculées par chaque bielle et par chaque tirant, dont le schéma linéaire mentionné ci-avant a permis le calcul. Les contraintes limites sont fixées comme suit par l'EC2 :

14.2 BIELLES La contrainte limite de calcul d'une bielle est désignée par (JRd. max. 1. Pour une bielle de béton soumise ou non à des contraintes de compression transversales (figure 14.2).: (JRd.max =j~d. 1

1

1

1

++++ :::uAu~~:::I::.::4=~~k::~;

°Rd,max

~.~1~2f;~ 1

1

1

1

1

1

Figure 14.2 Dans les régions soumises à des contraintes de compression multiaxiales, une contrainte limite de calcul plus élevée peut être admise. 2. Pour les bielles de béton dans des zones comprimées avec des fissures longitudinales, dépend des tractions qui traversent l'axe de la bielle (figure 14.3).

(JRd, max

Figure 14.3 À défaut d'un calcul plus rigoureux, on peut prendre: avec u'

= 1 - !ck1250

crRd, max

= 0,6 U'!cd

(!ct en MPa)

[14.1 ]

Pour des bielles assurant la transmission directe de charges (consoles courtes, poutrescloisons), on peut aussi opérer comme indiqué au § 12.52-2° ou § 12.645.

Chapitre 14' Dimensionnement des bielles, tirants et nœuds 767

14.3 TIRANTS Les armatures constituant les tirants doivent être totalement ancrées dans les nœuds. Lorsqu'un nœud de concentration d'efforts s'étend sur une longueur importante, les armatures doivent être réparties sur la zone où les isostatiques de compression sont courbes (figure 14.4). La force de traction T vaut: - pour les régions de discontinuité partielle (b ::; HI 2, figure 14. 4a) : T = F (b - a) 14b - pour les régions de discontinuité totale (b > H 12, figure 14.4b) : T= F (l - 0,7 al h)/4

a

r0 h=b

D

B

h = H/2 H

D

.1

1. bef= b

bef = 0,5H + 0,65a; aS h B : région sans discontinuité D : région de discontinuité



Discontinuité partielle

. , Discontinuité totale

Figure 14.4

14.4 NŒUDS 1. Ce qui suit est également applicable à toute région soumise à des forces localisées, qu'elle appartienne ou non à un modèle à bielles et tirants. 2. Il faut vérifier que les forces qui agissent dans les nœuds sont bien en équilibre. S'il existe des forces transversales de traction qui peuvent s'exercer perpendiculairement au plan d'un nœud, elles doivent être prises en compte.

768 Traité de béton armé 3. Les armatures qui équilibrent des forces nodales doivent être totalement ancrées. Les nœuds où des efforts viennent se concentrer doivent être dimensionnés avec soin. De tels nœuds se rencontrent, par exemple, aux points d'application de charges ponctuelles, aux appuis, dans les zones d'ancrage de lits d'armatures comportant de nombreuses barres, dans les parties courbes des armatures et aux jonctions et angles des éléments. Dans les nœuds, les contraintes de compression ne doivent pas dépasser (JRd, max, soit: a) dans les nœuds soumis à une compression sans ancrage de tirants (figure 14.5, pour trois bielles coplanaires) : [14.2] Pour u', voir formule [14.1].

I~

~I Figure 14.5

b) dans les nœuds soumis à une compression et à une traction due à des tirants ancrés dans une seule direction (figure 14.6) : [14.3] L'ancrage d'une barre commence dans la section où elle pénètre dans le noeud. La longueur d'ancrage doit couvrir toute la longueur du noeud. Si besoin, les armatures peuvent être ancrées au delà de celui-ci. c) dans les nœuds soumis à une compression et à une traction avec des tirants ancrés dans plus d'une direction (noeuds correspondant aux parties courbes des armatures, figure 14.7) : [14.4] Pour le diamètre du mandrin de cintrage des barres, voir le § 4.821.

Chapitre 14· Dimensionnement des bielles, tirants et nœuds 769 Dans les trois cas a, b, c ci-avant, il est possible d'adopter, à condition de pouvoir les justifier, des limites supérieures, sans que celles-ci puissent excéder respectivement !cd, U'!cd et 0,9 u' !cd.

O"cd.2

So li>

U

.

S So

Figure 14.6

Figure 14.7

Ftd

770 Traité de béton armé Les valeurs de crRd, max peuvent être majorées de 10 % dans les cas où l'une au moins des conditions ci-après est satisfaite: - la pièce est soumise à une compression triaxiale ; - tous les angles entre bielles et tirants sont au moins égaux à 55° ; - les contraintes au droit des appuis ou des charges ponctuelles sont uniformes et le nœud est « confiné» par des armatures transversales; - les armatures sont disposées en plusieurs lits; - le nœud est confiné d'une manière fiable par une disposition particulière d'appui ou par frottement.

Cas des nœuds soumis à une compression triaxiale : ces noeuds doivent être vérifiés au moyen des expressions données au § 2.246 avec crRd, max = 3 U'!cd si, pour les trois directions des bielles, la distribution de la charge est connue. À condition de pouvoir la justifier, il est possible d'adopter une limite supérieure, mais celle-ci ne peut excéder 3 !cd.

CHAPITRE 15 FISSURATION ET DÉFORMATIONS (EC2)

La fissuration du béton armé est un phénomène quasi inévitable. Suivant la nature de la sollicitation qui la provoque, elle peut affecter des aspects divers (figure 15.1). Ce qui suit concerne spécifiquement la fissuration par flexion 1• On admet généralement que la maîtrise de la fissuration due aux autres sollicitations peut être obtenue par des dispositions constructives appropriées. Celles-ci sont fixées réglementairement, et il faut veiller à ce qu'elles soient respectées. La fissuration du béton armé, à condition qu'elle demeure maîtrisée, constitue une qualité beaucoup plus qu'un défaut. C'est elle qui permet à ce matériau de s'adapter, c'està-dire de se déformer sans perdre beaucoup de ses qualités de résistance, faculté que ne possèdent pas les matériaux fragiles (le béton non armé, le verre, le marbre, etc.). La fissuratioJ;l est aussi un signal. Soit, elle se produit là où on l'attend et son développement est conforme à celui prévu par les calculs, soit, elle se produit là où elle n'aurait pas dû apparaître et alors, comme la fièvre dans une maladie, elle avertit qu'il se passe quelque chose d'anormal, elle « prévient» et permet le plus souvent de mettre en œuvre les mesures qui s'imposent pour y remédier. La fissure a acquis un « droit de cité» avec les Règles BA60, dont l'article 0,3 a été rappelé au § 7.221 : «Les fissures sont la conséquence du fonctionnement mécanique normal de l'ouvrage .. elles ne compromettent ni sa résistance, ni sa durabilité, si elles restent assez fines pour que, du fait de leur existence, les armatures ne soient pas exposées à la corrosion dans les conditions d'exploitation de l'ouvrage, etc. » Bien entendu, il existe des constructions dans lesquelles une fissuration, même modérée, est inacceptable. Pour de telles constructions, il faut avoir recours au béton précontraint.

Dans l'EC2, toute la partie concernant la fissuration est l'œuvre de A.W. Beeby, BSc, PhD, CEng, MICE, MIStructE, de la Cement and Concrete Association. Beaucoup de formules et de règles ont une origine empirique. Il n'est donc pas possible soit de les établir, soit de les retrouver, par un raisonnement.

772 Traité de béton armé

15.1

ÉTATS-LIMITES DE SERVICE

Dans l'EC2, les vérifications relatives aux conditions de service sont définies par référence à une limitation des contraintes, à des états-limites de fissuration et à des étatslimites de déformation (voir § 5.351).

Flexion

Traction simple

Effort tranchant

Torsion

Adhérence

Rupture locale d'adhérence (la fissure suit l'axe des barres)

Fissures de flexion (ou de traction)

Force concentrée

Figure 15.1- Divers aspects de la fissuration du béton armé.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 113 Dans le calcul des contraintes et des flèches, les sections peuvent être considérées comme non fissurées sous réserve que la contrainte de traction par flexion n'excède pas une certaine valeur !ct,eff. Pour celle-ci, on peut prendre soit !ctm (tableau 2.4), soit !ctmj1 (§ 2.245) à condition d'adopter la même valeur pour le calcul de la section minimale d'acier tendu. Pour le calcul de l'ouverture des fissures et de la contribution du béton tendu (voir § 15.23), il convient d'utiliser!ctm.

15.2 FISSURATION 15.21 Section minimale des armatures tendues Pour obtenir la maîtrise de la fissuration, il est nécessaire de prévoir une quantité minimale d'armatures adhérentes dans les zones susceptibles de se fissurer. Pour les poutres en T et les poutres-caissons, l'armature minimale doit être calculée indépendamment pour chacune des différentes parties constitutives de la section: âmes, membrures. La section minimale As, min des armatures tendues est donnée par : As, min = kc k !ct, eff Act /

[15.1]

crs

avec: Act

aire du béton tendu juste avant formation de la première fissure (calcul en section homogène; figure 15.2).

- -- - - - - - ---- --



r

-.~

-- --

• Figure 15.2

crs let, eff

contrainte de l'acier, que l'on peut prendre égale àJ;k, valeur moyenne de la résistance à la traction du béton effective au moment où les fissures sont censées se produire: !cl. eff= !ctm ou moins, s'il est prévisible que la fissuration se produira avant 28 jours,

774 Traité de béton armé kc

coefficient tenant compte de la distribution des contraintes dans la section juste avant fissuration et résultant de la combinaison des effets directs et indirects: • pour la traction simple: kc = 1 ; • pour la traction simple ou composée : - pour les sections rectangulaires et les âmes des poutres en T ou en caisson:

kc = 0,4 {l- [crc/ k l (h/ h*)!ct,eff] } ::; 1 - pour les membrures des poutres en T ou en caisson :

kc = 0,9 Fer/ A ct !ct, eff? 0,5 avec

cre = NEdI bh: contrainte moyenne du béton s'exerçant sur la partie de section considérée (b, largeur et h, hauteur de cette partie; crc > 0 pour une force de compression) NEd

effort normal de service s'exerçant sur la partie considérée de la section droite (positif s'il s'agit d'une compression). NEd doit être calculé sous la combinaison déterminante des actions,

= min [h ; 1 ml. coefficient tenant compte des effets de l'effort normal sur la distribution des contraintes: - k l = 1 si N Ed = 0 (flexion simple),

= 1,5 -k l = 2h*/3h -kl

si NEd est une compression, si N Ed est une traction.

valeur absolue de la force de traction dans la membrure immédiatement avant la fissuration correspondant au moment de fissuration calculé avec !ct,effi k

coefficient tenant compte de l'effet des contraintes non-uniformes autoéquilibrées entraînant une réduction des efforts dus aux déformations gênées: k=l

pour les âmes de hauteur h ::; 300 mm ou les membrures de largeur au plus égale à 300 mm,

k= 0,65

pour les âmes de hauteur h ? 800 mm ou les membrures de largeur au moins égale à 800 mm,

avec interpolation linéaire pour les valeurs intermédiaires.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 775

15.22 MaÎtrise de la fissuration sans calcul direct De façon générale, la vérification a pour objet de s'assurer que l'ouverture maximale calculée (Wk) des fissures n'excède pas une limite (wmax) fonction de la nature et de la destination de l'ouvrage et du coût résultant de cette limitation. En l'absence d'exigences spécifiques (étanchéité à l'eau par exemple), les valeurs admises pour W max sous la combinaison quasi permanente des actions en fonction des différentes classes d'exposition (tableau 4.1) sont: - 0,4 mm pour les classes XO et XC 1 ; - 0,3 mm pour les classes XC2, XC3, XC4 ; - 0,2 mm pour les classes XDl, XD2, XSl, XS2 et XS3. Mais on peut s'affranchir du calcul des ouvertures des fissures (voir § 15.23) par le respect de dispositions constructives appropriées: 1. Pour les dalles de bâtiments d'épaisseur totale au plus égale à 200 mm, sollicitées à la flexion sans effort normal de traction significatif, aucune mesure spéciale n'est à prendre pour la maîtrise de la fissuration, autre que le respect des dispositions constructives. 2. La limitation de l'ouverture des fissures à une valeur acceptable est réputée obtenue si, l'armature minimale étant respectée: • pour une fissuration due principalement aux déformations gênées, les diamètres adoptés pour les barres longitudinales ne dépassent pas les diamètres limites du tableau 15.1, en prenant pour crs la contrainte de l'acier immédiatement après fissuration (voir formulaire au §.15.4 à la fin de ce chapitre) ; • pour une fissuration due principalement aux charges, crs étant alors la contrainte de l'acier évaluée pour une section fissurée sous l'effet de la combinaison d'actions considérée (voir formulaire au § 15.4 à la fin de ce chapitre) : - soit les diamètres maximaux, - soit les espacements maximaux entre les barres longitudinales, donnés aux tableaux 15.1 et 15.2, sont respectés. L'emploi de ces tableaux est subordonné à la présence d'un ferraillage minimal. Le calcul à l'état-limite ultime a fourni la valeur de la section As des armatures nécessaires. Restent à déterminer le diamètre et les espacements des barres. As étant connu, les formules [15.33] ou [15.43] donnent la contrainte crs de l'acier sous la combinaison qui d'actions considérée. Le tableau 15.1 donne les valeurs d'un diamètre de base

0:,

~oit

être ensuite corrigé (voir ci-après) pour trouver le diamètre maximal 0 s à adopter. Si l'on veut passer outre et adopter un diamètre supérieur à 0$ on ne peut dépasser les espacements maximaux fixés par le tableau 15.2. Inversement, si l'on ne respecte pas ces espacements maximaux, il faut réduire 0$ (les interpolations linéaires sont permises).

776 Traité de béton armé Tableau 15.1. Diamètre maximal0*s des barres pour la maîtrise de la fissuration 0\ (mm)

Contrainte de l'acier (1) (MPa)

Wmax=

0,4 mm

Wmax=

0,3 mm

Wmax=

0,2 mm

160

40

32

25

200

32

25

16

240

20

16

12

280

16

12

8

320

12

10

6

360

10

8

5

400

8

6

4

450

6

5

-

Note: Les valeurs du tableau sont basées sur les hypothèses suivantes: c = 25 mm ;!ctm = 2,9 MPa ; hcr = 0,5h; (h - cl) = 0,1 h ; k 1 = 0,8; k2 = 0,5; kc = 0,4 ; k = 1,0; kt = 0,4 et k' = l,O. (commentaire de l'auteur: ces renseignements, partiellement erronés, sont sans intérêt. On ne dit pas ce qu'il faut faire, sinon revenir aux formules de base, si les paramètres du cas que l'on a à traiter s'en écartent notablement). (1) Sous la combinaison d'actions appropriée

Le diamètre maximal 0 s à adopter se déduit comme suit du diamètre 0; tiré du tableau 15.l. • dans le cas d'une section sollicitée en flexion simple ou partiellement comprimée en flexion composée:

0s

= 0: (!ct, eff/ 2,9) kc hcr /8 (h -

cl)

• dans le cas d'une section sollicitée en traction simple:

avec:

kc

voir § 15.21 ci-avant

h

hauteur totale de la section,

.d h cr

hauteur utile du lit le plus éloigné de la fibre la plus comprimée hauteur de la zone tendue immédiatement avant la fissuration (l'effort normal, s'il existe, est calculé sous la combinaison quasi permanente des actions).

Lorsque la section est entièrement tendue, (h - cl) est la distance minimale entre le centre de gravité des armatures et le parement de béton.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 777 Tableau 15.2. Espacement maximal des barres pour la maîtrise de la fissuration Espacement maximal des barres (mm) Contrainte de l'acier (MPa) Wmax=

0,4 mm

Wmax=

0,3 mm

Wmax=

0,2 mm

160

300

300

200

200

300

250

150

240

250

200

100

280

200

150

50

320

150

100

-

360

100

50

-

Pour les notes, voir le tableau 15.1. Hypothèses complémentaires h < 400 mm et un seul lit d'armature.

Cas des poutres de grande hauteur

Lorsqu'une poutre ayant une âme relativement mince et de grande hauteur par rapport à celle de la zone de béton contenant les armatures tendues (voir figure 15.3), comporte dans cette zone plusieurs lits de barres, le béton se trouve soumis au-dessus du faisceau d'armatUres à des efforts complexes de cisaillement et de traction. Il en résulte des contraintes obliques qui donnent naissance, de part et d'autre des fissures principales de flexion, dont la direction est sensiblement verticale, à une fissuration oblique dont l'effet est d'augmenter le nombre des fissures au voisinage des barres et d'en diminuer l'ouverture. En revanche, ces fissures obliques ne se développent pas dans l'âme, et la fissure principale est très ouverte à mi-hauteur (figure 15.3).

h

Figure 15.3

778 Traité de béton armé Un des moyens propres à répartir la fissuration des âmes consiste à y placer des armatures longitudinales, dites «armatures de peau », au voisinage de chaque paroi. L'EC2 demande de prévoir tille armature de peau pour les poutres de hauteur au moins égale à 1 mètre, de la placer à l'intérieur des cadres transversaux et de la distribuer entre les armatures tendues et l'axe neutre. L'aire de cette armature doit être au moins égale à celle donnée par la formule [15.1], dans laquelle on prend k = 0,5 et crs =!yk. Le diamètre et les espacements des barres de l'armature de peau peuvent être tirés des tableaux 15.1 et 15.2 en se plaçant dans le cas de la traction pure, et en admettant une contrainte égale à la moitié de celle des armatures longitudinales principales.

15.23 Justification par le calcul de l'ouverture des fissures 15.231 Mécanisme de la formation et du développement des fissures Il est couramment admis que, dans une poutre fléchie, le comportement de la zone de béton entourant les armatures tendues (voir, plus loin, la figure 15.7) est, vis-à-vis de la fissuration, analogue à celui d'un «tirant fictif» ayant la même section droite que celle de cette zone et soumis à la traction simple. Par commodité, on décrit donc le mécanisme de la fissuration par référence à un tirant. Soit un tronçon ab de tirant en béton (figure 15.4) comportant un pourcentage d'armatures supérieur au pourcentage minimal, et soumettons-le à une force de traction axiale F progressivement croissante. Lorsque la force F atteint une certaine valeur, une première fissure Ji se forme suivant une section droite quelconque. La position de cette section (qui, dans l'immédiat, est celle de moindre résistance) relève du hasard. L'apparition de cette fissure signifie que, dans la section où elle s'est produite, la contrainte !ct de rupture par traction du béton a été atteinte. À l'emplacement même de la fissureji l'armature doit équilibrer à elle seule la totalité de la force F, c'est-à-dire qu'elle doit «reprendre» la part des efforts de traction supportés jusque là par le béton. Il y a donc une redistribution des contraintes: sur les deux lèvres de la fissure, la contrainte de traction du béton s'annule, tandis que celle de l'acier augmente brutalement. Il en résulte une différence d'allongement entre les deux . matériaux qui entraîne l'ouverture de la fissure. À l'emplacement de la fissure, le béton et l'armature sont complètement désolidarisés l .

1.

Ce qui est en contradiction avec l'hypothèse faite au § 5.211-3 qu'il n'y a pas de glissement relatif entre l'acier et le béton, mais cela n'a guère d'importance pour le calcul des sections.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 779 De part et d'autre de la fissure, il y a mise en jeu de l'adhérence, et des contraintes d'adhérence't' se développent pour assurer la transmission au béton de l'effort de traction de l'acier. Les distributions des contraintes normales, crs de l'acier et cret du béton, et des contraintes d'adhérence 't' sont complexes (figure 15.4).

---~1

1i-Ol--c

F-'al

!~ll~1 1..

As

t----il»>F

~n

--!

1

----1

S l

,

,

1

1

'

!

" ' ,

1 1 1

zSl~'------4-~-~~----'-t

l

O"ctSfct

'

Figure 15.4

Les sections situées à proximité de la fissure sont dans un état intermédiaire entre: -l'état homogène non fissuré, encore appelé« état 1 », où : [15.2a] - l'état totalement fissuré, encore appelé « état II - nu », où :

F = As crs 2 avec crs 2 > crsl

(15.2b]

(Ac> As, cret, crs aires et contraintes de traction respectives du béton et des armatures). À une certaine distance Sro de la première fissure, par la mise en jeu de l'adhérence, la compatibilité des allongements entre l'acier et le béton est rétablie, et on retrouve l'état 1. Il ne peut théoriquement se produire de nouvelle fissure entre les abscisses 0 (emplacement defi) et Sro puisque, dans toute cette zone, la contrainte de traction du béton cret

780 Traité de béton armé est inférieure à la résistance à la traction Ict: fissures.

Sro

est la distance minimale entre deux

À une distance x > Sro de la première fissure, l'état mécanique du tirant est le même que si cette fissure ne s'était pas produite et la contrainte de traction du béton cret ayant suffisamment remonté pour pouvoir atteindre à nouveau son « pic» icI> de nouvelles fissures peuvent apparaître. Mais si deux fissures se forment à une distance inférieure au double de la distance minimale, la contrainte de traction du béton ne pourra pas atteindre, entre ces deux fissures, une valeur suffisante pour qu'une autre fissure intermédiaire se produise. Ainsi, le béton du tirant se découpe en tronçons de longueur Sr 2: Sro, mais il ne peut y avoir de tronçons tels que Sr > 2 Sro (figure 15.4). L'espacement Sr entre deux fissures voisines est donc nécessairement tel que Sro ~ Sr ~ 2 Sro. Quand cette relation est satisfaite pour tous les tronçons, il ne peut plus apparaître de nouvelles fissures. La fissuration est dite « complète »1 ou stabilisée. Un tel développement de la fissuration ne s'observe que si la force de traction Fest suffisante pour provoquer la rupture par traction du béton, c'est-à-dire que si : As crs 2: Aelct ou encore p = As / Ac 2:lct / crs avec: respectivement, aires des aciers et du béton du tirant contrainte de l'armature résistance à la traction du béton Si une .fissure apparaît alors que cette condition n'est pas remplie, elle ne peut être qu'accidentelle (reprise de bétonnage ou effets thermo-hygrométriques par exemple). Dans ce cas, la fissuration est dite «non-systématique ». Les barres se comportent comme si elles étaient scellées entre deux blocs de béton.

15.232 Contribution du béton tendu Reprenons l'exemple précédent du tirant en béton armé. La relation [l5.2a], valable pour l'état homogène non fissuré où les allongements Cc du béton et Csi de l'acier sont égaux, peut s'écrire, en posant p = As/ Ac et U e = Es/ Ec, coefficiant d'équivalence:

Il convient de noter que dans les essais en laboratoire, il est possible d'obtenir la fissuration « compiète» caractérisée par un assez grand nombre de fissures proches et sensiblement équidistantes les unes des autres. Dans la réalité, les charges de service atteignent rarement le niveau nécessaire pour provoquer une fissuration approchant la fissuration complète. En pratique, on n'observe généralement la formation que de quelques fissures seulement, dans les sections où les contraintes sont maximales.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 781 Tout se passe comme si le tirant non fissuré était constitué d'un matériau fictif, de section As et de module de déformation E' = Es [1 + (1 / U e p)] > Es (figure 15.5). L'effort qui provoque la fissuration est: Fr = (Ac + ue As) Icr

[15.3a]

À l'effort Fr correspond dans l'acier tendu, juste au moment où le béton se fissure, une contrainte 0sr (figure 15.5) : [15.3b] Dans ce qui suit, on désigne par : les déformations relatives de l'armature correspondant à la contrainte 0sr respectivement dans l'état 1 et dans l'état II - nu. la contrainte de traction de l'armature au droit d'une fissure (Os2 = F / As d'après [15.2b] avec F> Fr). Entre deux fissures, chaque tronçon de béton non fissuré est sollicité en traction du fait de la liaison acier-béton qui continue de subsister dans ces tronçons. L'action du béton ainsi tendu a pour effet d'entraîner une diminution de l'allongement 8 s2 correspondant à 0s2' Ce phénomène est désigné sous le nom de « contribution du béton tendu» (tension stiffening).

1 1

CD

\

(Js2 e·

dEs

~

~I/

-'r ------------•. --------------\

\

\

\

\" crsr

®

:

.------'~,~~~~----~

Esm

ii 1 1

1 1 1

1

1

1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 1 1 1

1

1

1 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 1

1:

Es2

~ll/

o

&-~~--~----------~--------~~------~Es

Eslr

Es2r

Figure 15.5

782 Traité de béton armé Sous une force de traction F> Fr, l'allongement total du tirant est M et l'allongement relatif moyen de l'armature est compris entre: allongement relatif que subirait l'armature si le tirant ne se fissurait pas, et restait donc dans l'état 1 (état homogène non fissuré), et

- Ss\'

Ss2, allongement relatif dans l'état II-nu (sections supposées toutes fissurées, sans aucune contribution du béton tendu).

-

Cette allongement relatif moyen vaut (figure 15.4) : Ssm = 11/ / / = Ss2 - I1s.\.

[15.4]

où I1ss représente la contribution du béton tendu entre les fissures. Selon Rao et Rostasy (Université de Stuttgart), on peut admettre (ce qui constitue une simplification plausible) que pour crs> crsr (F> Fr) la courbe représentant la variation de SSIJ/ en fonction de crs 2 (figure 15.5) est un arc d'hyperbole, asymptote à la droite de pente Es représentant la variation de Ss2 pour l'acier nu, et défini par: I1ss

=

I1ssmax (crsr / crs 2) =

(Ss2r - Ss 1r)

crsr / crs 2

En introduisant cette valeur dans [15.4], on obtient: [15.5] Or, par suite de relations de triangles semblables, il est facile de voir que: et que En remplaçant dans [15.5] lement:

Sslr

[15.6] et Ss2r par leurs valeurs tirées de [15.6], on obtient fina[15.7]

En posant l'expression donnant SSIJ/ peut se mettre sous la forme:

[15.8] Ssm

= Ssl [1 - Ç] + ç Ss2

[15.9]

Établie dans le cas d'un tirant, donc de la traction pure, cette dernière expression demeure valable pour la zone de béton, assimilable à un tirant fictif, entourant les armatures tendues d'une pièce fléchie (figure 15.7). Dans la version 1992 de l'EC2, l'expression donnant le coefficient ç, légèrement corrigée pour tenir compte de la durée d'application des charges, était prise en compte dans l'évaluation de l'allongement moyen des armatures. Dans la version définitive, ç n'intervient plus que pour les calculs de flèche (§ 15.332). Pour déterminer la différence Ssm - Sem dont on a besoin pour calculer l'ouverture des . fissures (voir § 15.234 et § 15.235), l'EC2 a adopté: [15.10]

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 783 où kt est un coefficient empirique permettant une évaluation de la déformation moyenne sur la distance maximale entre les fissures, qui prend les valeurs:

- kt = 0,6 pour un chargement de courte durée, et - kt = 0,4 pour un chargement de longue durée. Quant à la contrainte am elle résulte de l'équilibre des forces au moment où le « tirant fictif» de section Ac, eff (voir figure 15.7) se fissure et où l'effort équilibré par la section homogène non fissurée est intégralement transmis à l'acier: (Ue , coefficient d'équivalence)

soit, en posant PP. efJ= As / Ac. eff: asr = (l + ue Pp, eff)letm/ PP. eff En portant cette dernière expression dans la relation [15.10] et en remplaçant .fctm par let. ~ff, on trouve l'expression [15.13] - dans l'Ee2: expression [7.9] -, qui revient à substituer à la variation hyperbolique de la figure 15.5, reprise par la figure 15.6 a, une variation linéaire (figure 15.6 b). o"s

Î ",

O"s2 ._-=--_~

1 1

/ ___

r----------J.--~ 1 1

1

1 1 1

O"sr

//

Ç<",-,,,I .,~ /

1 1

1

1

kt Es2r

(1 - Ç)(E s2 - Es 1) Contribution du béton tendu

Contribution du béton tendu

1 1

1 1

1 1

o

.--~---è---->7 Es Es1r

Es2r



Es2

o

Figure 15.6

15.233 Vérification par le calcul d'un état-limite d'ouverture de fissure Pour vérifier par le calcul un état-limite d'ouverture de fissure, il faut: 1. déterminer, de la manière indiquée au § 15.235, l'ouverture de fissure de ca/cul Wh 2. s'assurer que cette ouverture de calcul est au plus égale à une ouverture limite acceptable (valeurs de W mnx, voir § 15.22)' : Wk =:; Wmax

1.

Wmn....

Pour éviter toute contestation, les Règles BAEL se bornent, elles, à limiter la contrainte de traction de l'acier en service sans faire aucune référence à une ouverture limite des fissures. La remarque qui suit vaut aussi pour ces Règles: le fait d'avoir montré par le calcul que O's est au plus égale à la

784 Traité de béton armé Remarque importante : Le calcul est conventionnel: le fait que l'ouverture Wk calculée n'atteigne pas la valeur limite W max ne permet pas de conclure qu'il ne se produira pas de fissures ou que celles qui se produiront auront des ouvertures réelles inférieures à Wma.x (se reporter au § 1.335-2 et au § 15.235 ci-après).

15.234 Ouverture moyenne Wm des fissures Les sections d'un élément tendu ou fléchi n'étant pas toutes fissurées (comme on le suppose dans le calcul des armatures), la présence de zones non fissurées d'une certaine étendue rend le comportement de l'élément considéré discontinu. Dans l'interprétation des essais, les chercheurs se réfèrent donc généralement à des valeurs « moyennes» : l'ouverture moyenne des fissures est ainsi égale à l'allongement moyen que subit l'armature par rapport au béton sur la distance moyenne finale Srm entre les fissures: [15.11] avec: Csm

et Ccm

allongements unitaires moyens respectifs, sur la distance l'armature et du béton.

Srm,

de

distance moyenne entre les fissures. Les essais pour déterminer Srm ont porté sur plusieurs dizaines de poutres, armées de barres HA ou de ronds lisses et présentant des caractères très variés. Les résultats, présentés lors d'un colloque qui s'était tenu à Liège en 1975, font apparaître une grande dispersion. On recense dans la littérature technique une dizaine au moins de formules différentes qui ont été proposées pour l'évaluation de S/'m' Aucune n'est vraiment ni meilleure ni plus mauvaise qu'une autre, car elles ont toutes une origine expérimentale, et, selon leur complexité, prennent en compte un ou plusieurs des paramètres principaux, parmi lesquels ceux qui sont généralement considérés comme les plus importants sont: - le diamètre 0 des barres; -l'enrobage c de celles-ci; - le pourcentage d'armatures (figure 15.7);

Peff

généralement rapporté à une « section d'enrobage»

-l'espacement S entre axes des armatures, etc. L.' origine des différences entre les diverses formules doit être recherchée dans la nature essentiellement aléatoire du phénomène: aucune formule ne peut avoir une base entièrement théorique; toutes contiennent des constantes déterminées empiriquement.

contrainte limite ne permet pas de conclure quoi que ce soit quant à une absence de fissuration, ni quant à l'importance de son développement lorsqu'elle se produit.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 785

15.235 Ouverture de fissure de calcul selon l'EC2 L'EC2 ne se réfère pas à une ouverture moyenne de fissure. Il se place en sécurité en définissant une «ouverture de fissure de calcul» à partir d'un espacement maximal sr. max des fissures.

Remarque: Nous insistons à nouveau sur le fait qu'il serait vain et sans signification de vouloir comparer cette ouverture conventionnelle à des ouvertures relevées (à un niveau qu'il faudrait d'ailleurs définir) sur un ouvrage en service. Tout ce que l'on peut dire est que la méthode de vérification adoptée doit normalement conduire à une fissuration qui, avec une forte probabilité, restera modérée.

L'ouverture de fissure de calcul Wk est prise égale à : Wk = sr, max (B.1'n1 - Bcm)

[15.12]

avec: Sr, max

espacement maximal des fissures

Bsm

allongement moyen de l'armature, sous la combinaison d'actions considérée, tenant compte de la contribution du béton tendu

BCll!

allongement moyen du béton entre les fissures.

a) Le terme B.I·lI! - BClI! peut être calculé au moyen de l'expression (pour l'origine de cette expressi~n, voir § 15.232) :

[15.13] avec:

crs

contrainte des armatures tendues sous la combinaison d'action considérée, calculée en supposant la section fissurée,

kt

coefficient tenant compte de la durée du chargement: kt = 0,6 pour un chargement de courte durée, kt = 0,4 pour un chargement de longue durée

PP. eff= As / Ac, eff .Ac,eff

aire de béton entourant l'armature tendue sur une hauteur hc,eff(figure 15.7)

hc,eff= min [2,5 (h - cl); (h -x)/3; h/2]

786 Traité de béton armé

Poutre

h

Dalle

he,et

· · · · · · T.i/LJE2 L L././../.L.LL L .t!'./../.L.LL L L./.

Élément sollicité en traction

h d

id

/~/7777//~7777//~

• • • • • • he,ef

Figure 15.7 b) Espacement final maximal Sr, max entre les fissures b 1) Dans le cas où la distance latérale entre les axes de deux barres voisines est au plus égale à 5 (c + 0/2), avec c enrobage de ces barres: Sr, max

(mm) = 3,4 c + 0,425 k l k2 0/ Pp, eff

Si c> 25 mm, le coefficient 3,4 est à remplacer par 3,4 (25/c)

[15.14]

2/3

Dans l'expression [15.14] :

o

diamètre des barres; s'il ya plusieurs barres de diamètres différents dans une même section, 0 doit être remplacé par un diamètre équivalent:

0 eq = (ni 0

2 1

+ n2 0l) / (ni 0 1 + n2 O2)

nt, n2

respectivement, nombre de barres de diamètres 0 1 et O 2,

kl

coefficient fonction des propriétés d'adhérence des barres: 0,8 pour les barres HA,

Chapitre 15· Fissuration et déformations (EC2) 787 coefficient tenant compte de la distribution des contraintes:

k2

- k2 = 0,5 en flexion, k 2 = 1 en traction simple,

- k2 = (SI + s2)/2 SI en flexion composée avec traction avec El le plus grand et E2le plus faible des allongements relatifs des fibres extrêmes de la section considérée, évalués sur la base d'une section fissurée. b2) Dans le cas où la distance latérale entre les axes de deux barres voisines excède 5 (c + 0/2) une borne supérieure de l'ouverture des fissures peut être estimée en prenant: Sr, max

= 1,3 (h -x)

[15.15]

avec x, hauteur de l'axe neutre à l'état-limite de service. La relation [15.15] ne peut être utilisée que si elle conduit à une valeur de Sr, max supérieure à celle donnée par la relation [15.14], sinon cette dernière reste applicable. b3) Pour les éléments armés dans deux directions orthogonales y et z, lorsque les angles que forment les directions des contraintes principales et celles des armatures dépassent 15°, on peut prendre: S

r ,max

=------

cos e

sin e

sr.max,y

sr,max,z

--+--

avec:

e Sr, max,)'

angle entre les armatures dans la direction y et la direction de la contrainte principale de traction et SI', max, z

espacements maximaux des fissures, calculés dans les directions y et z selon la relation [15.14].

15.3 DÉFORMATIONS (FLÈCHES) 15.31

Généralités

La norme ISO 4356 fournit des informations sur les déformations et leurs valeurs limites. Pour une poutre, une dalle ou une console, la flèche calculée rapportée à la ligne des appuis, au bout d'un temps infini, sous l'effet des combinaisons d'actions quasi permanentes, ne doit pas excéder 1/250 (l, portée de l'élément considéré). Pour compenser en tout ou partie la flèche, une contreflèche au plus égale à 1/250 peut être donnée au coffrage. Pour éviter des désordres dans les cloisons, les éléments supportés ou ceux en contact avec l'élément considéré et les fixations ou finitions, la flèche sous charges quasi permanentes après construction ou pose de l'élément considéré ne doit pas excéder 1/500.

788 Traité de béton armé

15.32 Cas de dispense de calcul des flèches Les flèches limites (lI 250 ou 11500) sont réputées non atteintes lorsque la valeur du rapport li d de la portée à la hauteur utile n'excède pas la valeur limite résultant des expressions [15.16] ou [15.17] ci-après\ multipliée par des coefficients correctifs tenant compte de divers paramètres définis plus loin:

-1 =K d

JI.:

[ Il + 1' 5

+-

o l' .. _ P_'12 l J
P-P

JI.:Jf'] l' J ck

-

si P:::; Po

[15.16]

si P> Po

[15.17]

Po

avec:

K

coefficient dépendant du système structural (tableau 15.3)

Po

pourcentage d'armatures de référence Po = ~ fck Il 000

P, P'

pourcentages d'armatures respectivement tendues et comprimées requis à miportée (à l'appui pour les consoles) pour équilibrer le moment dû aux charges de calcul.

(fck

en MPa)

Dans le cas où, à la fois, fck = 30 MPa, J;'k = 500 MPa, où la contrainte de l'acier crs en service est égale à 310 MPa et où 50 % des charges sont quasi permanentes, les formules [15.1'6] et [15.17] conduisent aux rapports limites' 1d du tableau 15.3.

Coefficients correctifs Les valeurs données par les expressions [15.16] et [15.17], et donc celles du tableau 15.3, sont à multiplier par : - 0,8 pour les poutres en T dans lesquelles b 1bw > 3, - 7 l'cff pour les travées de plus de 7 m de portée (leff> 7 m) supportant des cloisons fragiles,

- (310/crs ) avec crs contrainte de l'acier, à l'ELS, dans la section de moment maximal. On peut admettre que :

3101 crs = 500 As, pro..!J;'k As, req As, pro\!"> As. req : aires des armatures respectivement prévues et requises dans la section .considérée pour équilibrer le moment de flexion à l'état-limite ultime.

1. Expressions dues à A W. Beeby (Cement and Concrete Association)

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 789 Tableau 15.3. Limitation des flèches Valeurs de base du rapport tld Hypothèses: fc2S = 30 MPa, fyk = 500 MPa, crs = 310 MPa 50 % de charges quasi permanentes (entre parenthèses, les valeurs proposèes par l'Annexe Nationale pour les dalles uniquement)

K

Système structural

CD Poutre sur deux appuis simples ou dalle

K= 1,0

simplement appuyée sur son contour, portant dans une ou deux directions (l = petite portée).

+

® Travée de rive d'une poutre continue ou d'une

+

P =1,5%

20 (30)

14 (25)

26 (35)

18 (30)

30 (40)

20 (35)

24

17

K = 1,3

dalle portant dans deux directions, continue sur un long côté (t = petite portée).

+

+

t

,

® Travée intermédiaire d'une poutre ou d'une dalle portant dans une ou deux directions.

t

p =0,50%

+

K = 1,6

~

l

t

+

K= 1,2

@ Panneau quelconque d'un plancher-dalle (t= grande dimension).

® Console

Ft:l

t::f:j

I±l

ES

El3

El3

ES

El3

EE

K = 0,4

l

~

8 (12)

6 (10)

Note 1 : les valaurs indiquéas ont été choisies de maniére à se placer généralement du côté de la sécurité et le calcul est susceptible de montrer fréquemment que des éléments de moindre hauteur peuvent convenir. Note 2 : dans le cas des dalles portant dans deux directions, il conviant d'effectuer la vérification pour la plus petite portée. Dans la cas des planchers-dalles, il convient de prendre la plus grande portée. Note 3 : les valeurs indiquées pour les planchers-dalles colT8spondent à une limite moins sévère que t1250 pour la fléche à mi-portée. L'expérience a montré que, néanmoins. ces valeurs pouvaient être acceptées. Note 4 : p =As/bd p 0.5 % béton faiblement sollicité P" 1.5 % béton fortament sollicité Pour des valeurs intarmédiairas de p. interpoler linéairament.

=

790 Traité de béton armé

15.33 Vérification des flèches par le calcul 15.331

Rappels de Résistance des Matériaux

Considérons une section droite quelconque LI d'une poutre droite à plan moyen (plan de symétrie) constituée d'un matériau homogène. Soit x l'abscisse de cette section, comptée à partir d'un point fixe 0 et M(x) le moment de flexion agissant dans cette section. Sous l'effet des charges appliquées et du moment qui en résulte, la poutre fléchit, c'està-dire que sa ligne moyenne (lieu géométrique des centres de gravité de toutes les sections L) prend une forme courbe. La section droite LI voit son centre de gravité s'abaisser de GI en G'I (figure 15.8) tandis qu'elle subit une rotation autour d'un axe perpendiculaire au plan moyen et passant par G' l, tout en restant plane (hypothèse de Bernoulli) et perpendiculaire à la ligne moyenne. M(x) 1 14(

M(x+dx}

,

x

,..1 1 1 1

dx

1 1"" 1 1

L1

1 1 1

,~, e G

1

1

1

L2

1 l 1

, ,

,~e-de G

1

'

!

1 1 / 2 , ----.-)-----------~~-------_.1 ' 1 '

Figure 15.8

Ainsi, la section LI vient occuper une nouvelle position L' 1. La distance G I G' 1 représente la flèche a prise par la poutre dans la section d'abscisse x. La section LI a tourné d'un angle e. Cet angle est aussi celui formé par la tangente en . G' 1 à la ligne moyenne déformée avec la position originelle, rectiligne, de la ligne moyenne (deux angles dont les côtés sont perpendiculaires sont égaux).

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 791 o



1\ 1 \ 1 \

/ \ de

~-~\

1 1 1

\

/

, 1

/ /

/

/

,

BI

\

\,

A ..,...... evdx

'

\

/'---,7--rV:/'\, G' e._._ 1

-------

• --

1

l

G2

\

'

1

/

1

\

Figure 15.9

Une section droite L2, infiniment voisine de LI, d'abscisse (x + dx) vient occuper la position L'2, après avoir tourné d'un angle 8 - d8 (figure 15.9). Les plans des sections L'let L'2se coupent selon une droite qui se projette en 0 sur le plan de la figure.

d8 mesure donc la rotation relative des deux sections L' 1et L' 2. Si r est l~ rayon du cercle de centre 0 tangent en G' 1 à la ligne moyenne déformée (cercle dit «osculateur »), c'est-à-dire le rayon de courbure dans la section d'abscisse x, on a dx = rd8, d'où:

d81 dx= lIr Une fibre quelconque située au-dessus de la ligne moyenne, et à la distance v de celle-ci s'est raccourcie de la quantité AB = vd 8, soit en valeur relative: sv=ABld-(= vd8ldx= vlr

Pour les calculs pratiques, il est d'usage de considérer séparément la rotation d'une section quelconque L, engendrant les déformations relatives c, et son déplacement vertical (GG'). Tout se passe en effet comme si cette section tournait d'abord autour d'un axe passant par son centre de gravité G, puis subissait ensuite une translation verticale GG' l'amenant dans la position 1:'. La figure obtenue en portant à chaque niveau l'intensité de la déformation relative Cv correspondante est le diagramme des déformations dont la pente est égale à 1 1 r. En vertu de la loi de Hooke, le diagramme des contraintes se déduit de celui-ci par une affinité de rapport E. La pente de ce diagramme est donc K = El r.

792 Traité de béton armé Par ailleurs, si dB représente une aire élémentaire de la section droite de la poutre, située à la distance v de l'axe des déformations nulles (axe neutre), le moment par rapport à cet axe de toutes les forces élémentaires agissant sur l'aire totale B est:

M(x)= fJcrvdB = fJ(Kv)vdB =KJ=EJlr=EJd8Idx B

B

avec J = fJv 2 dB , moment d'inertie de l'aire B par rapport à l'axe neutre. B

On a donc :

deI dx = lIr= M(x) 1E J

[15.18]

Reprenons la figure 15.8 et isolons à partir de la section LI un tronçon de poutre de longueur infiniment petite dx. À l'extrémité de ce tronçon, la flèche a (notation de la norme ISO 3898), représentée par la distance G I G' J, s'est accrue de da. La distance dx étant infiniment petite, on peut confondre l'arc de courbe G' 1G' 2 avec la tangente en G' 1. La figure montre que l'angle 8 formé par cette tangente avec l 'horizontale, qui est aussi celui dont a tourné la section LI, est, aux infiniment petits du deuxième ordre près, tel que:

8

~

tan 8 = da 1dx

En dérivant cette relation par rapport à x, on obtient, compte tenu de [15.18] : d81 dx = d 2al dx 2 = M(x) 1E J Ainsi: - en intëgrant une première fois la relation d 81 dx = M(x) 1E J, on peut calculer en toute section d'abscisse x, la rotation 8(x) de la section L soumise au moment M(x) : [15.19] - en intégrant maintenant la valeur de 8(x). dx, on obtient la flèche a(x) prise par la poutre dans la section d'abscisse x : [15.20] Les deux constantes d'intégration CI et C2 sont données par les conditions aux limites (a = 0 pour les sections sur appuis) ou par des conditions exprimant la continuité de la ligne moyenne dans des sections particulières (par exemple, égalité des rotations ou des flèches à gauche et à droite des sections où agissent des charges concentrées). La flèche maximale est obtenue pour da 1dx = 0, c'est-à-dire pour la valeur de x qui annule la rotation 8(x). Attention! La flèche à mi-portée est souvent considérée par erreur comme la flèche maximale, alors que cette circonstance ne se produit que si le chargement est symétrique par rapport à la section médiane.

Chapitre 15 • Fissuration et défonnations (EC2) 793

Calcul des flèches

15.332

(Unformulaire est donné au § 15.4 à lafin du présent chapitre) D'après les rappels précédents, la méthode «rigoureuse» de calcul consiste à déterminer les courbures 1 1r en différentes sections réparties le long de l'élément et à calculer la flèche par double intégration. En pratique, on doit calculer deux valeurs de la flèche, l'une obtenue en faisant l'hypothèse que l'élément n'est pas fissuré, l'autre, en supposant l'élément totalement fissuré et appliquer ensuite la pondération définie par la relation [15.21] ci-après. Cette manière d'opérer trouve sa justification dans le fait que le comportement d'un élément fléchi (ou tendu) fissuré est intermédiaire entre: - celui de cet élément non fissuré - celui de ce même élément entièrement fissuré (sans aucune contribution du béton tendu entre les fissures). On admet que ce comportement intermédiaire peut être représenté par la relation: [15.21] (qui peut s'appliquer non seulement à la flèche a, mais aussi à tout autre paramètre géométrique: déformation unitaire E, courbure 11r ou rotation 8).

a" aIl,

valeurs de la flèche (ou du paramètre considéré) calculées respectivement pour la section homogène non fissurée (al) et pour la section homogène totalement f!.ssurée (aIl), coefficient de répartition établi au § 15.232 (formule [15.8]), mais corrigé ici par un coefficient ~I qui prend en compte la durée ou la répétition du chargement: [15.22] ~l

= 1 pour un chargement unique de courte durée,

~l =

0,5 pour un chargement de longue durée ou répété (contribution du béton tendu, donc, considérée comme deux fois plus faible que pour une courte durée),

crs

contrainte de traction de l'acier calculée en section fissurée pour la combinaison d'actions considérée,

crsr

contrainte de traction de l'acier au moment où le béton se fissure. Pour une pièce fléchie, on calcule donc le moment de fissuration Mcl' par la formule [15.27] (ou [15.37]) puis on détermine crsr par la fonnule [15.32] (ou [15.42]). Voir formulaire au § 15.4.

ç= 0

lorsque la section n'est pas fissurée.

Remarque: Dans une pièce fléchie, crsrl crs = Merl M avec Mer moment de fissuration, et dans un tirant, crsrl crs = Neri N avec Ncr effort entraînant la fissuration du tirant (Ner = Aclctm).

794 Traité de béton armé Prise en compte du fluage et du retrait a) Pour tenir compte du fluage, le module d'élasticité du béton est pris égal à : [15.23] avec:

Eem

tiré du tableau 2.4,

cp(oo, to) coefficient de fluage tiré des courbes de la figure 2.28 au § 2.244-5. b) Effet du retrait! Le raccourcissement du béton dû au retrait est gêné par la présence des armatures. Pour la pièce non armée, l'effet du retrait agissant seul peut être assimilé à un effort normal de traction fictif appliqué au centre de gravité du béton (figure 15.10) :

avec: Ces

déformation de retrait considérée

Ee

module d'élasticité du béton

Ac

aire de la section droite du béton seul

Pour la pièce armée, aucun effort n'agissant sur une section quelconque, la résultante des efforts qui s'y exercent doit être nulle. Pour respecter cette condition, il faut introduire dans la section une force Nes égale et opposée à Ne.

._-

Nes,...

.. Go --- --------

Béton seul

Figure 15.10

1.

La courbure due au retrait peut être mise en évidence par une expérience élémentaire, en mouillant une éponge ménagère à semelle abrasive et en la laissant sécher naturellement. La partie éponge (béton) en perdant son eau se rétracte alors que la semelle (acier) est insensible li ce phénomène. Fina-

lement l'éponge prend une forme courbe, avec sa semelle du côté convexe.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 795 Au centre de gravité de la section homogène, on obtient alors les éléments de réduction suivants: - effort normal de compression: Nes = - Ne - moment de flexion positif: Mes = Nes de où de représente la distance du centre de gravité du béton seul au centre de gravité de la section homogène, d'où: Mes = Ses Ee Ac de. Or, par définition du centre de gravité, Ac de = U e As ds. en appelant ds la distance du centre de gravité de la section As des armatures tendues au centre de gravité de la section homogène et U e le coefficient d'équivalence. En posant S = As ds, on a donc aussi Mes = Ses Ee vaut alors:

Ue

S et la courbure 1 / res due au retrait [15.24]

avec: S

moment statique des armatures tendues par rapport au centre de gravité de la section homogène

1

moment d'inertie de la section droite homogène par rapport au centre de gravité de cette même section.

Pour

Ses,

voir § 2.244-5.

Comme on tient compte du fluage, le module d'élasticité du béton à considérer dans tous les calculs' est le module Ec, effdéfini par la relation [15.23] ci-avant et U e = Es / Ec,l[/[' Il faut calculer deux valeurs de la courbure due au retrait: l'une, 11 r es," déterminée pour les valeurs de S et 1 correspondant à la section homogène non fissurée, l'autre, 1/ rcs. Il , déterminée pour les valeurs de S et 1 correspondant à la section homogène entièrement fissurée. La courbure finale est obtenue en appliquant à ces courbures la formule [15.21].

15.333 Calcul de la flèche par intégration numérique Un calcul rigoureux exige la détermination des courbures 1/ r due aux charges appliquées, 1/ l'cs due au retrait, dont la somme est désignée par 1/ rrol> en n sections espacées de Âl (Â dépend de la précision souhaitée: Â = III 0, 1/8, 1/6, ou 1/4). Les résultats sont présentés sous forme d'un tableau. Le tableau 15.4 est donné comme modèle, à titre indicatif, pour une poutre sur appuis simples. À l'emplacement des croix devront être inscrites les valeurs numériques appropriées. Les valeurs nulles ont été prépositionnées.

796 Traité de béton armé Tableau 15.4 xlt

lIrl

M(x)

llr2

kN'm

lO-3· m -I

lO-3· m-I

0

0

0

0

x

x

x

x

ç 0

lires, 1

IIres,2

lIr

lires

IIrto t

lü- 3·m- 1 lO-3· m-I lO-3· m-I

lO-3· m-I

lO-3· m-I

x

0

x

x

x

0 0

x

x

x

Mer X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

x

i, À. x

M(xj)

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

x

0 0

x

x

x

0

x

x

Mer

x

1

x

0

0

0

0

x

Un second tableau donne le résultat du calcul des flèches, (le tableau 15.5 est, comme le précédent, proposé comme modèle). Plus précisément, il convient: - pour la première intégration, donnant les rotations, d'appliquer alternativement, avec y" = 1/ rIo/, les formuies i :

dont la somme redonne la formule dite « des trois niveaux» ou encore formule « de Simpson ».

1. On ne peut utiliser pour cette intégration la méthode des trapèzes, car elle conduit à des anomalies pour les rotations.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 797 Tableau 15.5 llrlOl

xlt

1re intég.

tabl.15.4 JO-3· rn-1

Intervalle:

j

tIn

Î

y'

e

2c intég. aio

«brute»

«brute»

Correction

~

aom(1X

t

Flèche a

JO-3' rn

0

x

0

0

0

0

0

x

x

x

x

x

x

x

(H) À.

1/r i_1

y'i-I

ei _1

ai-I,O

a omax

i·À.

l/ri

y'i

ai

ai.O

a omax

(i+l) À.

IIri+1

Y'i+1

ei+1

ai+1.0

a omax

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

1

X

X

X

a omax

a omax

0

-i-I 1/ i

n

-i+l 11



(aio-aom ...2..)

t

ai_1 ai

ai+1

n tronçons; À. = lin; ide 0 à n (O,I,2...i ... n)

i

À l'abscisse

Xi,

la rotation «brute» vaut donc Si

= LY"i' o

Comme la rotation doit être

nulle dans la section où la flèche est maximale, si l'on veut connaître la rotation réelle dans la section d'abscisse i, il convient de corriger la valeur de Si en en retranchant la constante d'intégration, égale à la valeur prise par Si dans la section de flèche maximale, une fois cette section connue. - pour la deuxième intégration, les flèches devraient, en principe, être calculées en appliquant la formule des trapèzes, complétée par le premier terme du développement d'Euler-Mc Laurin pour un polynôme du troisième degré [soit ici, à l'abscisse i:

,..21 2 112 ~"i-l-Y"i

h.

Mais la satisfaction intellectuelle que l'on peut tirer d'un tel calcul ne compense pas le temps perdu à la recherche d'une solution mathématique quasi rigoureuse, mais d'une précision illusoire du point de vue pratique. Nous en restons donc à la méthode, simple, des trapèzes. La flèche « brute» (car, comme la rotation, elle doit être corrigée, voir ci-après) à une abscisse i quelconque, désignée par aio est donc égale à : aio

=

ai-l, 0 + (À!) [(Si + Si-1) /2]

avec

À = 11 n

798 Traité de béton armé La flèche devant être nulle sur les appuis, il convient de corriger les valeurs trouvées en retranchant de aio la quantité aomax (x / l) pour trouver la valeur de la flèche dans chaque section de calcul (constante d'intégration) (figure 15.11) :

x ai (x) = aio - aomax 1 Flèche

Flèche dans la section x ,-

,-

,-

,-

,-

,.",'"

,-

o

,-

,-

,-

a omax

,,"

!. t

" ' - - - - - - e - - - - ' ' - - - - - ' - - - - - - - 7 > Abscisses

x

Figure 15.11

15.334 Méthodes simplifiées 1.

Mé~hode

assimilant l'équation de la détonnée à un polynôme du 3e degré

Plus rapidement que par la méthode exposée ci-avant, une fois déterminées les courbures (tableau 15.4), on peut déterminer la flèche dans n'importe quelle section i en faisant la sommation des courbures trouvées dans chaque section j de calcul (j = 1 à j = n + 1) affectées de coefficients kij. qui dépendent du nombre n de tronçons et de l'abscisse de la section i où l'on cherche la flèche:

ai = (1/6 n3 ) P Lkij(1 / l') Pour les valeurs des coefficients kij., voir le tableau 15.6. Par exemple, pour un découpage en n = 10 tronçons (n 3 = 1000, j de 1 à Il) pour la section 6 à mi-portée, la succession des coefficients k6", k6,2, k6,3, ••• , k6 ,1l est 5 30 60 90 120 140 120 90 60 30 5 La flèche a6 à mi-portée vaut donc:

P /6000 [5.11 r, + 30.11 1'2 + 60.1/ 1'3 + 90.11 1'4 + 120.11 r5 + 140.1/ 1'6 + 120.1/ 1'7 + 90.1/1'8 + 60.1 /1'9 + 30.1 / rIO + 5.1 / rI,]

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 799 Tableau 15.6 n =4 À = 0,25

n = 6 À = 1/6

n=8 À=0,125

+

+

2

cv

4

14

12

6

12

20

12

6

12

14

2

3

8)

5

6

5

24

24

18

12

6

4

24

42

36

24

12

2

3

18

36

48

36

18

3

2

12

24

36

42

24

4

6

12

18

24

24

5

3

4

CD

6

7

8

5

f

+

7

+ 2

+ 9

7

34

36

30

24

18

12

6

a3

6

36

64

60

48

36

24

12

2

a4

5

30

60

82

72

54

36

18

3

@4

24

48

72

88

72

48

24

4

a6

3

18

36

54

72

82

60

30

5

a7

2

12

24

36

48

60

64

36

6

6

12

18

24

30

36

34

7

n = 10

+ À=0,1

1

2

3

4

5

®

7

8

9

10

48

42

36

30

24

18

12

6

11

a2

9

44

a3

8

48

86

84

72

60

48

36

24

12

2

a4

7

42

84

116

108

90

72

54

36

18

3

as

6

36

72

108

134

120

se

72

48

24

4

140

120

90

60

30

5

@5

30

60

90

120

a7

4

24

48

72

se

120

134

108

72

36

6

as

3

18

36

54

72

90

108

116

84

42

7

ag

2

12

24

36

48

60

72

84

86

48

8

6

12

18

24

30

36

42

48

44

9

800 Traité de béton armé Les flèches nulles.

al

et an + 1 à l'emplacement des sections des appuis (j = 1 et j

= n + 1) sont

Les coefficients !qi ont été déterminés en découpant la poutre en n tronçons, et en supposant que la courbure varie linéairement sur chaque tronçon. L'équation de la déformée est alors - double intégration d'une loi linéaire - un polynôme du troisième degré. Les coefficients du tableau 15.6 sont ceux des polynômes, obtenus en écrivant la continuité des courbures, des rotations et des flèches au droit de chaque sectionj de calcul. La méthode est applicable à une poutre continue, à condition d'affecter le signe moins aux courbures des sections où le moment est négatif.

Si l'on applique cette méthode aux flèches élastiques, on trouve, pour un découpage en 10 tronçons : - dans le cas d'une poutre sur deux appuis simples, supportant une charge concentrée P à mi-portée: amax = P f3 148 El (valeur exacte; rien d'étonnant, la variation du moment M(x) et donc celle de la courbure (MI El) étant effectivement linéaires). - dans le cas d'une charge p uniformément répartie: a rnax = (5/387) pt 1El au lieu de (5/384) pt 1El. L'erreur commise, par défaut, n'est que de

8 %0.

2. Méthode simpliste

Dans cette méthode, on calcule la courbure (1 1r tol ) dans une seule section, celle de moment maximal (qui n'est pas nécessairement, comme rappelé précédemment, la section à mi-portée) et on suppose que la forme du diagramme des courbures est la même que celle du diagramme des moments de flexion. La flèche dans cette section est donnée par :

a = k J2 (1 1rIal) où k désigne un coefficient numérique, fonction de la forme du diagramme du moment de flexion (tableau 15.7). Remarque:

À l'article B 6.5, les Règles BAEL donnent, pour les bâtiments courants, les cas de dispense de vérification vis-à-vis de l'état-limite de déformation, ainsi qu'un mode d'évaluation, dû à Maurice Albigès, de la «flèche nuisible» (celle qui risque d'affecter les cloisons et les revêtements de sol). Ce mode de calcul n'est pas développé ici. On peut en trouver l'exposé, ainsi qu'un exemple numérique de calcul dans l'ouvrage Maîtrise du BAEL 91 de J. Perchat et J. Roux (éd. Eyrolles).

Chapitre 15' Fissuration et déformations (EC2) 801 Tableau 15.7 (d'après A. W. Beeby).

0,125 3-41;2

= -I;)t ~ .•..••.•.. .

·-----·OM

M

PI;(1

-M

Pl;t

-2-

+'

48 (1-1;) si 1; = ~ K =

1~

0,0625 1;2 0125-, 6

q Il Il III I l i l i Il 1 Il III l i .

0,104

0,102

t'"

K=0104(1-i.) , 10

q

avec

I I I 1111 I l 1 I l I I I I l I l .

~=

MA+M B

Mc

Flèche à l'extrémité

_ 1; (3 -1;) -

6

1

sil;=1, K=3"

~ . . . . -qé/t?/.. 2

1;(4 -1;) 12 si ç = 1, K = 0,25 K = 0,083 (1 -

~)

avec A _

.... -

~p.. (3 _ 41;2) ~ ..... :: .. ::::.:: .. ::::.::::::: ... :.... :::::::::.:.:: .. :::.::: .. :..... :.

.. ............... ..

'? _V"

24

MA+M B

Mc

1 (5-41;2)2 80

3-4/;2

802 Traité de béton armé

15.4 FORMULAIRE Ce formulaire rappelle les symboles utilisés et réunit toutes les formules dont on a besoin pour les calculs relatifs à la fissuration et aux flèches: p = As/ bd: pourcentage d'armatures (b : largeur de la section si elle est rectangulaire; largeur de la nervure si elle est en T)

Ee = Ecm sous charges instantanées (tableau 2.4) Ee, eff = Eem/

1 + cp (00, 1:0) sous charges de longue durée ([15.23] ; pour cp (00, t o), voir

§ 02.244-5) Ue

= Esi Ee,ejJ: coefficient d'équivalence.

15.41 Section rectangulaire a) Section rectangulaire homogène non fissurée (sans aciers comprimés)

On pose YJ = hl d Distance relative de l'axe de flexion simple à la fibre la plus comprimée de la section: [15.25] Moment statique des armatures tendues par rapport à cet axe : 2

S = bd P (1 -1;1)

[15.26a]

Moment d'inertie de la section homogène par rapport au même axe:

Il = bd 3 [(YJ3 13) + U e P -1;1 (ue P + YJ)

[15.26b]

Moment de fissuration: [15.27] Hauteur de la zone tendue juste avant fissuration du béton:

her = h - v = d (YJ -1;1)

[15.28]

Courbure dans une section d'abscisse x : [15.29]

[M(x)::; Mer; E = Ec ou Ee.ejJ] b) Section rectangulaire homogène fissurée (sans aciers comprimés) Attention! Dans les calculs, prendre garde de ne pas confondre x, abscisse d'une section avec x, hauteur de l'axe neutre! C'est pour éviter toute confusion que, dans les Règles BAEL, la notation y est utilisée pour cette dernière.

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 803 Hauteur de l'axe neutre:

Çz = x / d = Œe P [(~1 + 2 / ŒeP }-1]

[15.30]

Moment d'inertie de la section homogène fissurée par rapport à cet axe:

h = bd 3 [(Çz3 / 3) + Œe p(l _ Çz)2]

[15.31]

Contrainte de l'acier immédiatement après la fissuration:

[z=d(l-Çz/3)]

[15.32]

Contrainte de l'acier sous le moment de service : O"s2

= Œe MEdd(l-Çz)/ h = MEd/ As d (1- Çz/3)

Courbure sous l'effet d'un moment M(si M= MEd,

O"S

[15.33]

= O"s2; si M= Mer. O"s = O"sr):

1 / r2 = es / d (1 - Çz) avec es = O"s2 / Es

[15.34]

15.42 Section en T a) Section en T homogène non fissurée On pose : fl table]

= h / d; flo = hejJ/ d;

~

= (b eff - b) / b [bejJ et heffi largeur et épaisseur de la

Distance relative de l'axe de flexion simple à la fibre la plus comprimée de la section: [15.35] Moment statique des armatures tendues par rapport au même axe: S = b d 2 P (1 - Çl)

[15.36a]

Moment d'inertie de la section homogène par rapport à cet axe:

Il = bd 3 {(fl3 / 3 + ~flo3 / 3) + Œe P - Çl2 [~flo + fl + Œe p]}

[15.36b]

Moment de fissuration: [15.37] Hauteur de la zone tendue juste avant fissuration du béton: [15.38] Courbure dans une section d'abscisse x : 1 / rI = M(x) / Ell

(M(x) :::; Mer; E = Ec ou Ec, ejJ]

[15.39]

804 Traité de béton armé b) Section en T homogène fissurée - Si CJ.e P ::; 110212 (1 -110) appliquer les formules données pour une section rectangulaire fissurée, en remplaçant b par beff, largeur de la table. - Si

CJ.e

P > 110212 (1 -110), les formules sont les suivantes:

Hauteur de l'axe neutre: [15.40] Moment d'inertie de la section homogène fissurée par rapport à cet axe:

lz = bd 3 [(çl 13) - ((3 (~-110) 3/3) + <Xe p(l- ~)2]

[15.41]

Contrainte de l'acier immédiatement après la fissuration: [15.42] Contrainte de l'acier sous le moment de service : [15.43] Courbure sous l'effet d'un moment M(si M= MEd, crs = crs2; si M= Men crs = crsr ): [15.44]

15.43 Récapitulatif des étapes du calcul des courbures Ce récapitulatif est donné pour une section rectangulaire. La succession des étapes est la même pour une section en T: les numéros des formules auxquelles il convient de se reporter sont décalés de 10 unités. Ces formules vont de [15.35] à [15.44] au lieu de [15.25] à [15.34]. - décider du nombre de sections de calcul; - calculer le moment de fissuration par [15.27] ; - calculer le module d'élasticité effectif Ec,ejJpar [15.23] et le coefficient d'équivalence <Xe. Successivement, pour toutes les sections de calcul: - calculer le moment de flexion agissant dans chaque section pour la combinaison de charges pour laquelle on effectue la vérification. - calculer la courbure 1 Irl pour la section non fissurée par [15.39]; - calculer la courbure 11 r2 pour la section fissurée par [15.34] (et avant: [15.30, 31 et 33] ; - calculer la contrainte O:~r par [15.32] et ç = 1 - (31 (crs"! cr$)2 par [15.22] ; - pour finir, 11 r considérée.

= Ç.lI r2 + (l

- Ç).lI rI à porter dans le tableau 15.4 pour la section

Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 805 Pour le retrait : - Calcul en section non fissurée: Calculer ~I par [15.25], S par [15.26a], Il par [15.26b] d'où 1/ res, 1 = ae Bes S / Il _ Calcul en section fissurée: ~

a été calculé par [15.30] pour trouver 1 / r2 (voir ci -avant) ; h est donné par [15.31]

1 / rcs, 2 = ae BeP (1

~) / h d'où, avec

ç calculé ci-avant:

1 / rcs = Ç.1 / rcs, 2 + (1 - Ç).l / res, 1 à porter dans le tableau 15.4 pour la section considérée.

15.5 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE DU CHAPITRE 15 - Manuel de calcul CEB-FIP «Fissuration et déformation », Bulletin Information du CEB, nO 143, décembre 1981. - P.S. Rao, Die Grundlagen zur Berechnung der bei statisch unbestimmten Stahlbetonkonstructionen in plastischen Bereich auftretenden Umlagerungen der Schnittkriifte, DAtStb, H. 177 Berlin, W. Ernst u. Sohn, 1966. - F.S. Rostasy, R. Koch, F. Leonhardt, Zur Mindestbewehrung von Zwang von Aussenwiinden az~s Stahlleichtbeton, DAtStb, H. 267 Berlin, W. Ernst u. Sohn, 1976.

CHAPITRE 16 ANNEXES

16.1

ÉPURES DE RÉPARTITION DES ARMATURES LONGITUDINALES ET DES ARMATURES D'ÂME

L'article 9.2.1.3 de l'EC2 est rédigé ainsi: (1) Il convient dans toutes les sections, de prévoir un ferraillage suffisant pour résister à l'enveloppe de l'effort de traction agissant, comprenant l'effet des fissures inclinées dans les âmes et les membrures.

(2) Pour des éléments avec des armatures d'effort tranchant, il convient de calculer l'effort de traction supplémentaire MId conformément à 6.2.3 (7) ........ (§ 12.643) L'effort de traction supplémentaire est illustré sur la figure 9.2. (3) La résistance des barres sur leur longueur d'ancrage peut être prise en compte en supposant une variation linéaire de l'effort, voir lafigure 9.2 ....... . Suit la figure reproduite ci-après (figure 16.1). L'EC2, qui n'est pas un cours, ne fournit aucune explication. D'où la présente annexe. En pratique, en effet, on ne conserve pas (ou du moins pas toujours, cas des armatures « filantes ») sur toute la portée d'une poutre, la section d'acier que l'on a déterminée en fonction du moment de flexion maximal. On ne conserve pas non plus sur toute la portée l'espacement des armatures d'âme que l'on a déterminé dans la sect~on d'effort tranchant maximal. Le plus généralement, on commence par tracer les lignes-enveloppes de M(x) et V(x), et on se contente de déterminer: - les armatures longitudinales nécessaires dans les sections de moment maximal (en travée et sur appuis) : - les armatures d'âme correspondant aux efforts tranchants en certaines sections singulières : appuis, sections où sont appliquées des charges concentrées, etc. Pour tenir compte de la variation de M et de V le long de la ligne moyenne, on proportionne ensuite, en chaque section, les armatures longitudinales et les armatures d'effort tranchant aux efforts qui s'y développent au moyen d'épures de répartition.

808 Traité de béton armé

\

\ \ \ \

A----I-----. \ \

,.

A - Enveloppe de (MEd / z) + NEd B - Force de traction agissante C - Force de traction résistante

Figure 16.1

16.11 Répartition des armatures longitudinales tendues En premier lieu, nous traitons le cas des sections de hauteur constante, à section rectangulaire ou en T, sollicitées en flexion simple, où la répartition peut se faire en utilisant directement la courbe-enveloppe des moments de flexion sans passer par les efforts de traction comme le fait l'EC2. Pour les autres cas que l'on peut rencontrer, la manière d'opérer est donnée au § 16.114. La méthode exposée ci-après est une application directe de l'EC2. Au paragraphe 16.113-1, on indique comment l'adapter aux Règles BAEL, ce qui ne présente aucune difficulté.

Chapitre 16 • Annexes 809

16.111 Moment résistant maximal d'un groupe de barres longitudinales Pour déterminer le moment maximal que peut équilibrer à lui seul un groupe de i barres tendues (section totale Ai, hauteur utile di), il serait possible de faire un calcul exact sur le modèle de celui décrit au § 7.55. En pratique toutefois, on opère plus rapidement, en admettant que la valeur du bras de levier trouvée lors du calcul de la section d'armatures nécessaires pour équilibrer le moment agissant maximal (sur appui ou en travée selon le cas) est constante le long de la poutre. Ce calcul place en sécurité car, comme le bras de levier augmente lorsque le moment de flexion diminue, il conduit à sous-évaluer légèrement le moment résistant que peuvent développer les barres dans les autres sections et à donner à chaque barre une longueur légèrement plus grande que la longueur strictement nécessaire. Soit Zo cette valeur. On a donc: (MRd, max} = Ai./yd Zo

Remarque: Lorsqu'avec les Règles BAEL on se trouve dans le cas d'une fissuration préjudiciable ou très préjudiciable, il faut tracer l'épure de répartition des armatures à l'ELS. Dans ce cas, (MRser, rnruJi = AJ7s Zl avec crs' contrainte limite de traction de l'acier imposée par les conditions de fissuration et z(, bras de levier trouvé lors du calcul des armatures de la section où le moment agissant est maximal. Mais le principe de la méthode demeure le même.

Pour un ensemble de groupes de barres: (MRd, max) = I(MRd, maxk Lorsqu'on arrête ensemble dans une même section toutes les barres (supposées de même diamètre) d'un groupe: - la contrainte supportée par l'ensemble des i barres de ce groupe décroît linéairement depuis sa valeur maximale /yd jusqu'à zéro sur une distance égale à la longueur d'ancrage de référence hd,i de ces barres (figure 16.2 ; pour hd, voir § 4.74);

o 1 l

Barrei

~~:::---;--------------------------------tfyd-----I-----

! ! l

"

.............

"

:

j--------------------------------

1

....

"

1

',1

',~

Aifyd

___ __ _ _ _ _ ___ ________ ___ ___ _________ _ _ _.

(MRd,max)1

1

,

.

1 ~

ibd,i

" - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- ---- ----- - (Ajfyd Zo) 1 1 )J>l

Figure 16.2

810 Traité de béton armé - la force F td, i équilibrée par ces i barres, représentant une section totale Ai, décroît ellemême linéairement depuis sa valeur maximale Adyd jusqu'à zéro sur la longueur d'ancrage hd, i ; - le moment résistant (MRd, max)i que peut développer ce groupe de i barres décroît donc lui aussi linéairement depuis sa valeur maximale Adyd Zo jusqu'à zéro sur la longueur hd, i. Dans une poutre de hauteur constante, où l'on arrête successivement n, puis p, puis q .. .. barres longitudinales inférieures, dans des sections d'abscisses respectives x", xp , x q , ••• (avec X n > xp > x q > ... ) le diagramme des moments résistants se compose ainsi de segments de droite horizontaux (plus précisément, parallèles à la ligne moyenne de la poutre) et de segments inclinés dont les projections sur l'horizontale (sur la ligne moyenne) valent respectivement hd,n, hd,p, hd,q ... (compte tenu du fait que les longueurs d'ancrage de base des n, p, q ... barres peuvent ne pas être les mêmes si les diamètres des barres arrêtées sont différents). Deux cas peuvent se présenter: - soit, les abscisses des sections d'arrêt sont telles que x p - X n > hd, n, X q les projections des segments inclinés ne se chevauchent pas (figure 16.3).

Xp

>

hd, P' ••

et

-----------MRd,n

: ~::::~~:~~::~uJ=~:::::::: : : : - ~~;::::: :X

p

1 1

... 1 JII"".

l

bd,p

1 1 1""

1 1 1

1

1

Q'

1

------------------------------~----~--------~---------1 1 1

Xq

~:

llldq

1

' : ..

Figure 16.3 - soit, les abscisses des sections d'arrêt sont telles que xp - XII < hd, '" x q - xp < lbd,p'" et les projections des segments inclinés se chevauchent (figure 16.4) ; dans ce cas, il faut tracer le diagramme enveloppe des moments résistants (à partir de maintenant, pour simplifier l'écriture, on peut supprimer, sans risque de confusion possible, l'indice « max » et on écrira donc M Rd pour M Rd, max).

Chapitre 16· Annexes 811

--1----------------------------------------------------------MRd

____N.0 __________________________________________ _ 1 1 1

:

p: '. '. . ,

:

x

NI

i-:::-...: ...... : ...: - - - - - - --- - --- -- - --- - -- ------

t

n bd,n -------~::~~~-------T--~: Il

P'

Q : ------

.~" -~-----------------, " "

,,

1

xp

tbd,p

1

------------------~:~~~----~-+--~ 1 1

1

Q'

.----------~-------1 1

xq : 1 tbd,q ----------------------------~~I~~------~~~: 1

Figure 16.4 Les circonstances dans lesquelles on est amené à rencontrer l'un ou l'autre de ces deux cas, ainsi que les conséquences qu'ils ont sur les arrêts des barres sont précisées au § 16 113-3.

16.112 Règle du décalage Par suite de la fissuration oblique sous l'effet de l'effort tranchant, l'effort de traction supporté par les armatures dans une section d'abscisse x correspond au moment dans une section décalée, d'abscisse x + al. Ce résultat est évident pour un treillis simple (figure 16.5) : )

B

------------~l'-------------

c/lA

---e

4

FA

z

i

~--------~--------

: l ~' l

,

X

'

- - - - - - - - - - - - - - - - . , , . : Xs

= x + St

1

Figure 16.5

o

812 Traité de béton armé En effectuant une coupure au point A d'abscisse x et en prenant les moments en B d'abscisse XB, on trouve: FA = M(xB)/ z et non FA = M(x)/ z comme cela résulterait de la seule considération du moment de flexion (ce que nous avons admis dans le chapitre 7, en dissociant moment de flexion et effort tranchant). Dans une poutre à âme pleine fissurée obliquement, assimilable à une poutre à treillis multiple, le point A appartient à tous les treillis simples ayant leurs sommets entre BI et B2 (figure 16.6).

z

.1

"ota 1_

z(cote + cota)

Figure 16.6 Si l'on considère le treillis simple« médian» ayant son sommet en B, milieu de B I B2, x étant l'abscisse du point A: celle de BI est x - z cot o., - celle de B estxB = x -z cot a. + z (cot e + cot a)/2. Le « décalage» al qui dépend à la fois de l'inclinaison a des armatures d'âme, et de celle, e, des bielles de béton, vaut donc: al z (cot e- cot a) / 2.

=

n en résulte que le diagramme des moments résistants des armatures d'une travée doit envelopper, non pas la courbe-enveloppe (C) des moments agissants, mais la courbe (C') obtenue par un décalage de al = z (cot e- cot a)/2 de tous les points de (C) parallèlement à l'axe de la poutre et dans le sens le plus défavorable (figure 16.7). Pour un élément sans armatures d'effort tranchant, al =d

Chapitre 16 • Annexes 813 ,

T

1\ 1 \ 1 \ 1 \

\ \ \

\ \

(C) \ \

,,

Ligne de référence

..----------~x

-----rr-~~--~--------~--------~--~r_-1 1

1 1 / / /

(C) / / /

"

/ / / /

~~

.- /

/

"

"

Figure 16.7

16.113 Épure d'arrêt des armatures 16.113-1 Remarque concernant les Règles BAEl Tout ce qui suit s'applique mutatis mutandis aux Règles BAEL, en substituant:

• àhd: - pour des ancrages rectilignes, la longueur de scellement droit Is , - pour des ancrages courbes, la longueur d'ancrage la = 0,6Is ; • à al : non pas la valeur z / 2 (qui correspondrait à e = 45°; a = 90°), mais par simplification et par sécurité (car la méthode des Règles BAEL revient implicitement à prendre e < 45°) la valeur 0,8 h avec h, hauteur de la poutre, soit, en fait: a/~0,8(1,1 d)~0.9d=z

qu'il y ait (poutre) ou non (dalle) des armatures d'âme.

16.113-2 Principes généraux pour la construction de l'épure . 1. Les armatures doivent toujours être arrêtées par groupes symétriques par rapport au plan moyen: - pour les armatures inférieures, on commence par les barres de la nappe la plus haute s'il y a plusieurs nappes, et dans chaque nappe, par les barres plus proches du plan moyen (figure 16.8 a) - pour les armatures supérieures, on suit les mêmes règles, en commençant par la nappe la plus basse (figure 16.8 b)

814 Traité de béton armé

Ordre d'arrêt

.,



Figure 16.8 (les barres non numérotées ne doivent jamais être arrêtées avant les appuis) 2. L'épure se construit toujours en partant du moment maximal (pour lequel a été calculé zo), donc en «remontant» pour les armatures inférieures (en travée) et en «descendant» pour les armatures supérieures (sur appuis). 3. Aux abouts de la poutre, on conserve et on ancre un nombre de barres suffisant pour équilibrer VEd, max ou VEd, max + [(M;,. ou Me) / 0,9 d]. Les barres d'angle (non numérotées sur la figure 16.6.8a), ne sont jamais arrêtées avant les appuis, et il peut même être nécessaire d'en conserver d'autres pour avoir un nombre de barres qui satisfasse à la condition ci-avant.

4. Il peut être judicieux de réunir les calculs préliminaires dans un tableau tel que le celui proposé ci-après (le nombre apparaissant à la dernière ligne de la dernière colonne représente MRd, max' À titre de contrôle, on peut vérifier que sa valeur est légèrement supérieure à celle de M Ed, max).

Barres

nO

--_._- - - - - - -

A;

0; (cm2 )

Nombre

I:.MRd,i (cumul)

---- --_.__.__._--- ----------- - - - -

1 - . - -.....-------.-----.-- ------ _______ L -_ _ _- ' -_ _ _ _

16.113-3 Construction de l'épure Remarque: Pour des raisons de commodité de dessin, les courbes de moments représentées dans cette annexe sont censées être des paraboles (charges uniformes). Mais il est bien évident que les modes opératoires qui sont décrits demeurent valables pour des courbes qui présenteraient des points anguleux, dus à la présence de charges concentrées. Bien entendu, il faut commencer par se donner des échelles convenables pour les longueurs et pour les moments.

Chapitre 16' Annexes 815 Suivant la position des segments inclinés du diagramme des moments résistants par rapport à la courbe enveloppe décalée, plusieurs cas sont possibles: a) Armatures inférieures: trois cas possibles (figure 16.9)

n+p barres

/

Arrêt théorique des q barres

Arrêt théorique des q barres

/

M Rn +p

MRq n+p+q barres

M R n+p+q

~~-r~~~----

(C')

M R n+p+q

(C')

o



• Figure 16.9

(C')

b) Armatures supérieures: deux cas possibles (figure 16.10)

M R n'+p'+q'

MRn'+p'+q'

--~~~r.--------r-

------------~~~~./ Arrêt des / ' q' barres

MRn,+p'

MRn,+p'

(C')

(C')

o Figure 16.10



'Arrêt théorique des q' barres

Par convention, on appelle dans ce qui suit:

- diagramme de type 1 : un diagramme des moments résistants conduisant à des arrêts des barres sur la courbe décalée (C')(cas nO 1 des figures 16.9 et 16.10) ; - diagramme de type II : un diagramme des moments résistants conduisant à des arrêts théoriques des barres hors de la courbe décalée (C') (figure 16.9, cas nO 2 et 3 ; figure 16.10, cas nO 2). Propriété importante des diagrammes de type II

. Si, l'arrêt Q étant fixe, P se rapproche de Q (parce qu'on adopte pour les barres p des longueurs plus courtes), le segment Q\p\ du diagramme-enveloppe se déplace en conservant toujours la même inclinaison: Q2P211 Q\p\ (figure 16.11; triangles semblables multiples dont Q est le centre de similitude) et nouvel arrêt en P3•

816 Traité de béton armé

----i,."'"

-;

P3

-____ 0;;;::---.-:-.~=-~-.....- ........... P1 1 1

.....

..... .....

-----------.=---. ._. .......... -.')-..... Q _ _ _ _~~-~.~~-----~r_~

1

~'"''''''''

. . . ~~--:.::> . . . . .

1

1

~.

Q2---

Figure 16.11 On retient donc: - pour les cas 1, correspondant au diagramme de type 1, les arrêts sont toujours sur la courbe décalée. - pour les cas 2 ou 3, on peut se servir de la propriété des diagrammes de type II pour envelopper au plus près la courbe décalée (figures 16.14 et 16.15).

Diagrammes de type 1 1. Armatures inférieures

Les arrêts des barres se trouvent sur la courbe décalée et on a donc affaire à un diagramme de type 1 lorsque les longueurs d'ancrage sont relativement courtes et que les pentes des segments inclinés NN', PP', QQ' ... sont supérieures à celles des tangentes en N, P, Q... à la courbe décalée (figure 16.12).

Figure 16.12 On commence d'abord par voir si l'on peut arrêter les barres avec des ancrages droits.

À partir d'une ligne de référence verticale, on matérialise sur le côté de l'épure les pentes des segments inclinés. Par translation, on amène ces segments au contact de la courbe décalée. Si la situation est celle de la figure 16.9, cas 1, on a un diagramme de type 1 et les arrêts des barres se font sur la courbe décalée. Si la situation est celle des cas 2 ou 3 de la figure 16.9, on a affaire à un diagramme de type II. On peut alors: - soit appliquer le mode opératoire propre aux diagrammes de type II (voir ci-après) ;

Chapitre 16 • Annexes 817 - soit, tout en conservant les arrêts sur la courbe décalée, adopter des ancrages courbes, ce qui a pour effet de diminuer la longueur d'ancrage (al = 0,7, tableau 4.11) et donc d'augmenter la pente des segments inclinés. Cette solution est celle que l'on doit le plus souvent adopter pour les barres arrivant sur un appui de rive, étant donné la pente très raide de la courbe décalée au voisinage de ces appuis et la largeur souvent insuffisante de ceux-ci pour y loger des ancrages droits; - soit encore, arrêter en une seule fois un nombre de barres supérieur à celui initialement retenu, ce qui augmente (MRdi ) et donc la pente du segment incliné. Il faut toutefois (si les armatures se composent de plus de deux barres) ne pas arrêter plus d'une barre sur deux dans une même section afin d'éviter un changement d'inertie brutal et le risque d'apparition d'une large fissure dans la section d'arrêt.

Remarque: Prenons en exemple le cas des p barres arrêtées (figure 16.12) : la pente de la tangente en P à la courbe décalée est la même que celle de la tangente en PI à la courbe enveloppe des moments agissants, elle-même égale à l'effort tranchant (VEd)PI à l'abscisse de PI. Mathématiquement, pour avoir un diagramme de type 1 avec des ancrages droits (al = 1, tableau 4.11) ou courbes (al = 0,7), il faut que hd, p:S (MRd)p/ (VEd)P] (figure 16.12). Il est donc possible de mettre en équation les courbes (C) et (C') et de traiter les arrêts de barres par le calcul. Certains programmes de calcul font très bien cela. Aborder le problème de cette manière exige de déterminer les efforts tranchants dans les sections telles que PI, ce que ne demande pas la construction graphique. Si l'on ne dispose pas d'un programme de calcul performant effectuant ces opérations, pour autant, le problème n'est pas insoluble. Il reste toujours le recours à la construction graphique. À condition qu'elle soit faite avec soin, sa précision est largement suffisante. Il est rappelé à cette occasion qu'une parabole (courbe des moments pour des charges réparties) peut être construite avec une bonne approximation à partir de trois points seulement (moments sur appuis et moment positif maximal) et des tangentes en ces points.

2. Armatures supérieures L'arrêt des armatures supérieures s'effectue «en descendant» selon les mêmes principes que pour les armatures inférieures et ne présente aucune difficulté: matérialisation des pentes des segments inclinés, translation jusqu'à ce que ceux-ci viennent au contact de la courbe décalée, etc. Finalement, on obtient une épure analogue à celle représentée figure 16.13. Les lon. gueurs à donner aux barres, grâce auxquelles on peut établir la «nomenclature des aciers », sont reportées directement au-dessus de l'épure sur un croquis représentant une élévation de la poutre (voir aussi la figure 16.1). Sur ce croquis, la représentation de barres superposées ne signifie pas nécessairement qu'il faille prévoir plusieurs lits d'armatures. Elle permet seulement de définir sans ambiguïté les longueurs des barres de

818 Traité de béton armé chaque groupe de barres mais deux groupes différents peuvent très bien appartenir à un même lit l . Élévation de la poutre

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Arrêt des q' barres

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Moments positifs 1

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1 1

n barres

Il

1

n+p

1 l

lat

)01

1 , 1 )0 e

1 1

all

le

Figure 16.13

Si vous établissez des dessins vous-même, n'oubliez pas que les exécutants n'ont pas suivi les cours d'une grande école. Il faut leur donner des cotes numériques et non littérales, à partir de repères fixes et bien définis et des sections d'armatures transformées en nombre de barres d'un certain diamètre. Par exemple, il ne faut pas coter depuis l'axe, que l'on ne peut matérialiser, d'un coffrage de poteau ou depuis la section médiane d'une poutre. Et surtout ne pas avoir recours à des indications telles que «sens lx» ou «sens ly» ce qui, pour un exécutant n'a... aucun sens! Avant tout, vérifier que l'on peut loger les armatures, que lorsqu'elles ont des directions différentes, elles peuvent se croiser (donc qu'elles ne sont pas au même niveau) et/ou que les crochets d'ancrage ne vont pas dépasser du béton, etc. Les positions des armatures sur deux coupes orthogonales doivent être compatibles, etc. Toutes ces vérifications font appel au bon sens. Plus il y a d'indications précises et détaillées sur les dessins, plus les risques d'incompréhension ou d'erreurs diminuent (voir § 16.4).

Chapitre 16 • Annexes 819 Diagrammes de type II 1. Armatures inférieures (figure 16.14) Sur le côté de l'épure, on matérialise à partir d'une ligne de référence verticale les pentes des segments inclinés P'P' 0, Q'Q' 0, etc. ayant pour projections horizontales les longueurs d'ancrage: (lbd)p pour le groupe de p barres, (lbd)q pour le groupe de q barres suivant, etc. [si les barresp, les barres q, ... sont de même diamètre, (lbd)q = (lbd)p = ... ]. On mène QQo parallèle à Q'Q'o tangent à la courbe décalée (C') : les q barres ne peuvent pas être arrêtées dans tille section plus proche de la courbe (C') que celle du point Q. On mène ensuite pp0 parallèle à P'P' 0 [Po sur la courbe (C') à moins que pp0 ne puisse qu'être tangent à (C')], et ainsi de suite. Les barres p pourraient théoriquement être arrêtées en P, mais le diagramme résultant PPlQlQo n'envelopperait pas au mieux la courbe (C').

n

n+p

n+p+q

Figure 16.14 On se sert donc de la propriété des diagrammes de type II en traçant P2 Q2 parallèle à PrQl tangent à (C') et coupant la verticale QP l de Q en P2. En menant P2P3 parallèle à PoP, le diagramme résultant est QoQ2P2P3, qui enveloppe (C') au plus près. Le groupe de p barres peut être arrêté en P3 (on a donc, pour ce seul côté, un gain sur la longueur de chaque barre du groupe égal à PP3 ).

II peut arriver que les barres p se mettent en charge alors que la mise en charge des . barres q n'est pas encore terminée et qu'il en soit de même pour les barres n etp (figure 16.15).

820 Traité de béton armé N'

N' e·~-------------------

-

,. ___ - - - -N- - - - - -

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- - - - - - - - - - - - - - - - - - --

1

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Q'

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P , 1

1 -""

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1

--

Q'o

Po

T!'"~-----";

IQ

--, •...2...

Qo(fixe) ---------------------------~.----

Figure 16.15 Ce cas reste exceptionnel, car il correspond à des tangentes très raides à la courbe CC') combinées avec des longueurs d'ancrage assez grandes. Quoi qu'il en soit, même si le tracé du diagramme résultant, enveloppe des moments résistants, est alors un peu plus complexe, les principes exposés pour envelopper au mieux la courbe (C') restent inchangés. Les segments NIS, QIT et ST du diagramme résultant appartiennent respectivement à l'une diagonales des parallélogrammes NINoPI 'P, QIQPIPO et SPI 'TP I. 2. Armatures supérieures (figure 16.16) _M_R_dm_a_x--'-_ _ e ~o_(~~el _______________?c-'o_ _ _-;--_ _ _-t-_ n'+p'+q' tbd(q')

Q2

r~Q1 Po

:

1

\i·~ \\~

1

~.~.~~.:._'·o=-----t-b-d(::....P''-)- - - " ' r -Q-" ............ "',:

_ _ _T-_ _ _ _ _

........

\

......

\

.........

n'+p'

1

.P

\ 1 \

1

' .... '\ 1

"

,

Figure 16.16 La construction est la même que pour les armatures inférieures: on matérialise sur le de l'épure les pentes des segments inclinés P"oP", Q"oQ", etc. ayant pour projections horizontales les longueurs d'ancrage: (l'bd)q' pour le groupe de q' barres, (l'bd)p' pour le groupe de p' barres suivant, etc. [si les barres q', les barres p ', ... sont de même diamètre, (l'bd)q' = (l'bd)p' = ... ].

~ôté

On mène QoQ parallèle à Q"oQ" passant par le point anguleux de la courbe décalée (C'). Les q' barres ne peuvent pas être arrêtées dans une section plus proche de la courbe (C') que celle du point Q. Le segment PoP parallèle à P"oP" donne un diagramme résultant

Chapitre 16' Annexes 821 QoQ\p\p relativement éloigné de la courbe décalée (C'). On peut s'en satisfaire, ou chercher à approcher au mieux cette courbe. Pour cela, il faut utiliser la propriété des diagrammes de type II. En considérant P2 où la verticale de Q coupe (C') et en menant P'P2 parallèle à P"oP", on peut arrêter les p barres suivantes en P'. Supposons que l'on ait réparti les armatures supérieures en deux groupes contenant respectivement p , et q' barres (ce qui correspondrait à n' = 0 sur la figure 16.16). Si le point P2 de cette figure tombait au-delà du point 0', on pourrait être tenté d'arrêter les p' + q' barres simultanément. Ce faisant, le diagramme résultant serait de type I, et l'arrêt de toutes les barres se ferait dans la section du point 0'. Cependant, il vaudrait mieux ne pas céder à cette tentation, car, ainsi qu'on l'a déjà mentionné au § 16.113-3, en arrêtant toutes les barres dans la même section, on risque de voir apparaître en service une fissure dans la section d'arrêt. Il faudrait au contraire s'arranger pour avoir plusieurs sections d'arrêt décalées et pour cela, diminuer le nombre de barres de chaque groupe (donc, au lieu des deux groupes de p , et q' barres envisagés initialement, reprendre la construction en partant par exemple de trois groupes contenant respectivement n", p" et q" barres avec n" + p" + q" = p' + q J.

16.114 Cas particuliers 1. Arrêt des armatures comprimées

Il serait possible d'arrêter les armatures comprimées en reportant au-dessus de la ligne de référence la partie de la courbe du moment agissant correspondant à MEd > ~im (Mu > ~11 en notations BAEL) et en enveloppant cette courbe non décalée par le diagramme des moments résistants des aciers comprimés [LA 'i {jsc (d - d')]. Toutefois, ce cas reste un cas d'école dont l'étude n'a donc aucun intérêt. En effet, il ne viendrait à l'idée de personne de concevoir une poutre à section rectangulaire de grande portée et lourdement chargée en lui donnant une hauteur telle qu'en travée, il serait nécessaire de prévoir des aciers comprimés. Doter cette poutre d'une table de compression serait une bien meilleure solution. Quant aux armatures comprimées qui peuvent être nécessaires sur les appuis d'une poutre continue, rappelons qu'elles proviennent des armatures de la travée prolongées jusqu'aux appuis et qu'il n'est donc pas envisageable d'y pratiquer des arrêts. 2. Arrêt des armatZtres en flexion composée

Dans ce cas, plutôt que d'opérer sur la courbe des moments de flexion, il est préférable . d'opérer directement sur la courbe des sections d'armatures. L'inconvénient est qu'il faut pour cela faire le calcul de la quantité d'aciers tendus nécessaire dans quelques sections, mais le nombre de celles-ci n'a pas besoin d'être très grand. À la place du diagramme des moments résistants on utilise un diagramme des aires Am AI" Aq, ... des groupes de barres arrêtées, chacune de ces aires correspondant à un nombre entier de barres d'un diamètre donné, repérées sur une coupe où l'on a défini l'arrangement des barres (disposition dans la section, diamètres, nombre de lits, etc. ; voir la figure 4.1)

822 Traité de béton armé Le décalage de al reste valable de même, bien entendu, que les longueurs d'ancrage: (lbd)n, (lbd)p, (lbd)q ... de chaque groupe de barres (voir la figure 16.2). 3. Poutres de hauteur variable

Dans une poutre de hauteur variable, les lignes représentatives des moments résistants ne sont plus des droites parallèles à la ligne de référence, mais des courbes. Comme pour le cas de la flexion composée, il faut opérer en portant en ordonnées les sections d'acier, en tenant compte cette fois, pour le calcul de celles-ci et pour le décalage, de la variation de z avec la hauteur. 4. Cas des treillis soudés

Le cas des treillis soudés, armant par exemple des dalles ou des murs de soutènement, diffère totalement de celui des armatures en barres. En dehors du cas courant où l'on superpose deux nappes de treillis soudés de longueurs différentes (souvent, fixées par des règles forfaitaires) pour répartir les sections, il peut arriver que l'on ait à réaliser une forte section dans la zone de moment maximal où l'on ne peut guère superposer plus de deux panneaux. Pour réduire progressivement la section d'armatures au fur et à mesure qu'on s'éloigne de cette zone, on peut jouer sur les diamètres des fils, et raccorder par recouvrement des panneaux de treillis soudés dont les diamètres des fils vont en diminuant. La manière d'assurer la continuité mécanique des divers panneaux est complexe. Elle est exposée, avec un exemple, au chapitre 5 « Murs de soutènement» de l'ouvrage Le Treillis soudé, Calcul et utilisation l •

16.12 Répartition des armatures d'âme 16.121 Cas des poutres de section constante soumises à des charges uniformes 16.121-1 Remarque préliminaire importante Dans le cas d'une poutre à section constante soumise à des charges uniformes, la variation V(x) de l'effort tranchant en fonction de l'abscisse est linéaire, ou bien est une courbe «tendue» qui peut, en sécurité, être remplacée par sa corde (voir ci-après § 16.121-2-2° et 3°). Les méthodes exposées dans ce paragraphe ne sont applicables que dans ce seul cas de variation linéaire de V(x). ·Si la courbe représentative (ou enveloppe) de l'effort tranchant présente des discontinuités dues à la présence de charges concentrées, il faut recourir à la méthode générale exposée au § 16.122.

1.

Que l'on peut se procurer sur simple demande à l'ADETS ou consulter sur le site http://www.adets.org.

Chapitre 16 • Annexes 823

16.121-2 longueur de base pour la répartition Pour répartir les armatures d'effort tranchant, il nous faut connaître la distance 10 à la section d'appui de la section où la droite qui représente la variation de V(x) coupe la ligne des appuis (figure 16.17). Cette « section d'appui» est: - dans le cas des Règles BAEL, celle de l'axe de l'appareil d'appui sur lequel repose une poutre s'il yen a un, ou sinon, celle d'un nu d'appui de cette poutre ou encore, s'il s'agit d'une console, la section d'encastrement, - dans le cas de l'EC2, la section d'extrémité de la portée effective d'une poutre ou d'une console (§ 3.522, figure 3.14). Dans ce qui suit, la notation 1désigne donc, selon le cas: - soit la distance entre les axes des appareils d'appui ou la portée libre entre nus d'appui d'une poutre, soit la longueur d'une console (BAEL) - soit la portée effective d'une poutre ou d'une console (EC2).

Ligne enveloppe

deY

• Console avec charge uniforme totale

CD Poutre sur appuis simples avec charge uniforme totale



Cas général pour charge uniforme partielle

Figure 16.17 J. Cas d'une console:

Pour une console de portée l, uniformément et entièrement chargée, 10 = l.

2. Cas d'une poutre sur deux appuis simples, de portée 1 a) S'il s'agit d'une poutre uniformément et entièrement chargée, l'effort tranchant s'annule à mi-portée, donc 10 = 112.

b) S'il s'agit d'une poutre supportant des charges uniformes constituées par des charges permanentes g (comprenant bien évidemment son poids propre) et des charges d'exploitation q d'étendue variable, la variation de V(x) est parabolique, ainsi que cela a été rappelé au § 12.1. En remplaçant pour V(x) > 0 la parabole par sa corde, celle-ci passe par les points VEd,max = (g + q)112 pour x = 0 et V(l12) = ql18 à mi-portée.

824 Traité de béton armé L'équation de cette droite est V(x) = (g + q) 1/2 -x [g + (31 4)q] V(x) s'annule pour x = 10 = 21 [Cg

+ q)1 (4g + 3q)]

Bien entendu, pour le calcul des armatures d'âme, il faut introduire dans ces formules les valeurs ultimes de g et de q, soit, dans le cas le plus fréquent: gu = 1,35g et qu = 1,5 q.

3. Cas d'une travée de poutre continue Considérons une travée quelconque WE d'une poutre continue soumise à une charge g uniformément répartie sur toute sa portée, et à une charge uniforme q d'étendue variable, cette charge q pouvant également régner, ou non, sur la totalité des travées adjacentes WW'et EE' (figure 16.18) q

':';' f """"""""""lm"""'" "&I~('f~1111111111111111111 'f'~.1111 Figure 16.18 Pour obtenir l'effort tranchant maximal positif dans une section d'abscisse x quelconque de la travée WE, il faut que la différence l:1M = Me - Uv soit la plus faible possible, si elle est négative, ou la plus grande possible, si elle est positive. Ce résultat est obtenu en disposa!].t la charge q de la manière suivante (figure 16.19).

~

1~~f""""" H

! IIIIII~ ~ 1:1,~~IIIIII~~!!f1 ~""~fu:""""",, t~~

q

~

(Mw)

q

(M,)

9

III

Figure 16.19 Pour ce cas de charge, que nous appellerons le cas de charge nO 1, on a donc, compte tenu du rappel fait au chapitre 12, au § 12.1 : VJ(x)

= g (1/2 -x) + q (l-x)2/21 + lllvf/i

ou encore V,(x)

= [cg + q) (112 -x) + !lM/!] + qx2/21

Le premier terme du second membre n'est autre que l'effort tranchant isostatique dans la section d'abscisse x de la travée WE supposée indépendante, et soumise, sur toute sa portée, à la charge uniforme g + q soit: Vo(x) = (g

+ q) (112 -x)

Chapitre 16 • Annexes 825 Le deuxième terme du second membre, !:lM/ l, dépend de la longueur chargée 1- x, et donc de x. Mais il est plus simple, et dans le sens de la sécurité, d'attribuer à ce terme la valeur qu'il prend lorsque l'on charge complètement les deux travées WW'et WB adjacentes à l'appui W (même cas de charge que celui donnant VEd,rnaxSur l'appui W, dans la travée WB). Ainsi, la courbe enveloppe des efforts tranchants positifs en travée est définie par: V1(x) = [Vo(x) +!:lM1/ /] !:lM1 représentant, en signe, la différence Me -

+ qx2 / 21

Uv pour le cas de charge suivant (figure

16.20) : g+q

~

9

1

(Mw)

(Me)

W

E

9

~~ 'f"""E""""""'f""""""""""""' f"'"".,<;; """'" 'f' " W'

E'

Figure 16.20 De même, pour obtenir l'effort tranchant négatif maximal (en valeur absolue) dans une section d'abscisse x quelconque, il faut disposer les charges de la manière suivante (figure 16.21) :

(Mw'

~

q

q

r ~1111111

'~T "'&"""""""~ ~ "Jl: "'" ;-': '=~ ~"" """L"""r~! '" ,

9

(M"

1111111111

Figure 16.21 Pour ce cas de charge n02 on a, compte tenu du rappel fait au § 12.1 : V2(x)

= g (1/2 -

x) - q (1- X)2 / 21 + !:lM /1

ce qui peut aussi s'écrire: V2(x) = [(g + q) (1/2 -x) + !lM//] - q (I-xY 12/ Ainsi, la courbe enveloppe des efforts tranchants négatifs en travée est définie par : V2(x)

= [Vo(x) + !:lM2 / /] -

q (I-x)2121

Vo(x) ayant la même définition que ci-avant et!:lM2 représentant, en signe, la différence

Me - Uv pour le cas de charge suivant (figure 16.22) g+q

9

(Mw)

(Me>

W

E

~

9

'" 'f" "",,";;; """ "'flllllllllllllllllllllllllfllllllllllllL 111111 f' :ri. W'

Figure 16.22

E'

826 Traité de béton armé La figure 16.23 illustre le tracé des lignes enveloppes (bien entendu pour le calcul des armatures d'âme, les efforts tranchants doivent être déterminés à partir des valeurs gu et qu des charges g et q affectées de leurs coefficients de sécurité respectifs). -Vemax

E

x

,, ,

,,



vemax Figure 16.23

Cherchons l'abscisse x'o du point d'intersection des courbes V1(x) et [- V2(x)]. En ce point, oh a: [Vo(x) + L\M1/l] + qx2 /21 = [- Vo(x) - L\M2 /l] + q (l-x)2/21 d'où, tous calculs faits, x

= x'o =!l2 + (L\M1 + L\M2 )/[l (2g + q)]

Si l'on remplace maintenant les arcs de courbe V1(x) et - Vix) dont la concavité est tournée vers le haut par leurs cordes, ce qui place en sécurité (figure 16.24) on obtient les longueurs 10 11' et loe dont on se servira pour la répartition des armatures d'âme selon l'une ou l'autre des deux méthodes exposées ci-après.

,

"ow

Figure 16.24

Chapitre 16 • Annexes 827 Des relations simples de triangles semblables montrent en effet que:

loIV = V;", max x' 0/ [V;", max - V(x' 0)]

et

loe = IVe, maxl· (1- x' 0) / [IVe, maxl- V(x' 0)]

avec [voir expression de VI (x)] : V(x' 0) = Vo (x' 0) + LlMI /1 + q Xl~ /21

V(x' 0) représente donc la valeur de l'effort tranchant minimal en travée. 1

16.121-3 Marche à suivre 1. Application de l'EC2 La portée effective leffd'une poutre a été définie au § 3.522, figure 3.14. Dans ce qui suit, VEd désigne l'effort tranchant ultime agissant dans une section quelconque. Comme on l'a vu au § 12.647-1, l'effort tranchant de référence est celui qui se produit à la distance d du nu d'appui et qui vaut donc, quel que soit le cas considéré,

VEd, red = VEd. max [10 - (d + ai)] /10 = VEd, max l' 0/ 10, en posant

avec ai = min [h/2 ; t;]

largeur de l'appui sur lequel se produit VEd, max, h hauteur de la poutre et 10 déterminée comme indiqué au § 16.121-2.

ti ,

Sur la longueur d comptée depuis le nu d'appui, on admet que l'effort tranchant est constant et vaut VEd, red. a - Méthode simpliste

Cette méthode repose sur le fait que la variation de l'espacement est inversement proportionnelle à celle de l'effort tranchant. La première chose à faire est de se fixer a priori le diamètre et le tracé des armatures d'effort tranchant (quitte à les modifier par la suite et recommencer si l'on n'arrive pas à une répartition satisfaisante) et de déterminer l'espacement initial So correspondant à VEd,/'ed par la méthode exposée au § 12.647. Pour la répartition, on divise l' 0 en n parties égales. Les tranches sont numérotées dans le sens des VEd croissants, donc de droite à gauche (figure 16.25). À l'extrémité gauche de la tranche i, VEd,i / VEd, max = i / n. Pour cette tranche i, l'espacement Si vaut:

1. On profite de la circonstance pour rappeler que pour trouver l'abscisse Xo et la valeur du moment maximal dans une travée de poutre continue supportant sur toute sa portée une charge uniforme p, il n'est nul besoin de se livrer à des calculs compliqués. Cette abscisse est donnée par V" - pxo = 0 (première définition de l'effort tranchant, voir § 12.1, V" calculé en tenant bien entendu compte du terme de continuité AMI!) d'où on tire x" "" v,';p, et le moment maximal vaut, en prenant les forces de gauche, M'(x,,} = V" xo - (px.?/2) + Mw soit M(xo} == (pxo2 - pxc,2i2) + l'vI", ou encore M(x o} = (px}/2) + Mu, Mu avec son signe.

828 Traité de béton armé Selon que l'on découpe l' 0 en n = 4 ou en n = 5 parties égales, on arrive aux espacements successifs de la figure 16.25. Mais il y a la première zone, de longueur d, sur laquelle VEd, red étant constant, l'espacement des armatures d'effort tranchant doit demeurer égal à SO' En pratique, on opère donc comme suit : La première nappe d'armatures d'effort tranchant est disposée à la distance sol2 du nu d'appui (so/2 ± 0,5 cm si So est impair). On répète So autant de fois qu'il le faut pour couvrir la longueur d. On continue en répétant encore ce même espacement So un nombre entier de fois jusqu'à franchir la frontière entre les tranches n et n - 1. On passe alors à l'espacement supérieur qu'on répète un nombre entier de fois jusqu'à franchir la frontière entre les tranches n - 1 et n - 2, etc. On n'augmente toujours l'espacement qu'après avoir franchi la frontière de la tranche précédente.

5

4

3

2

Figure 16.25

Quand on atteint l'espacement maximal ou quand Aswl s atteint le pourcentage minimal [16.1 ] (soit 0,0008 b".lorsquelck = 25 MPa eth~ ..k = 500 MPa), on ne modifie plus les espacements, et on continue en gardant le même espacement jusqu'à se raccorder avec la répartition issue de l'appui opposé (on peut préférer réduire le diamètre ou modifier le tracé des armatures d'effort tranchant, par exemple en supprimant un étrier dans chaque nappe). La valeur de l'effort tranchant pour laquelle le pourcentage minimal est atteint est:

VEd. o = [(Aswl S)min] 0,9 d/ywd cot e = (0,072/ Ys) bv.d cot e ~ fc'k

[ 16.2]

Chapitre 16 • Annexes 829 Cette valeur est atteinte à la distance triangles semblables) :

Xm

de la section d'appui définie par (figure 16.26 [16.3]

1~-v

...~

:

Nu d'appui

VEd,max

...... ..t

l ' ...... , 1 .............. """

'5

§:f---JI...-_-:::"

m "0 c: o

~

._~i____.___

x_m______________

1

1

1

:14( a: "14( 1

d

1

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t'a

:

~IO(

1

:

:

14(

__

1

ta

:

11>1 1

:

"1

1

1

Figure 16.26 b - Méthode Caquot

Au lieu de se rapporter à des tronçons de longueur fixe avec des sauts d'espacement assez brusques, on opère ici de façon plus progressive, pas à pas, en cherchant à suivre au plus près la décroissance de l'effort tranchant au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'appui. Soit So l'espacement initial correspondant à VEd, red. À la distance So de la section où agit VEd,red (à d du nu d'appui), l'effort tranchant, qui décroît linéairement, n'est plus que:

VEd, red (l '0 -

so) 11'0

et l'espacement correspondant des armatures d'effort tranchant, qui varie de façon inversement proportionnelle à VEd (x) vaut maintenant s( = So 1'0/(1'0 - so).

À la distance s( + So du nu d'appui, l'effort tranchant n'est plus que: VEd,red(l'o - So - s()/I'o ,d'où

un espacement S2 = So 1'0/(1'0 -So -

SI),

etc.

En pratique, on peut raisonner sur VEd• red = 1 (sans dimensions) et 1'0 = 1 m en choisissant une valeur de So a priori (7 ou 8 ou 9 cm, etc.). Par exemple, pour So = 7 cm (minimum compatible avec l'emploi des pervibrateurs), on trouve la succession suivante des espacements:

= 7 cm S2 = So 1(1

So

s(

= sol (1- 0,07) = 7/0,93 = 7,52 cm

0,07 - 0,0752) = 8,19 cm, etc ....

830 Traité de béton armé En se fixant successivement des espacements initiaux so de 7, 8, 9, ... cm, on arrive aux résultats ci-après pour les espacements qui viennent ensuite:

1

7,0

(7,5 - 8,2)

9,1

10,3

8,0

8,7

9,6

9,0

12,1

15,3

22,8

10,9

12,7

16,0

23,4

10,0

Il,1

12,9

15,8

21,7

10,0

Il,1

12,7

15,1

19,6

31,7

16,0

19,1

24,6

39,7

20,0

25,0

36,4

La somme des nombres de chaque ligne représente une distance cumulée depuis l'origine comprise entre 80 cm et 1,00 m. Si l'on calcule pour chaque ligne l'espacement qui suit le dernier indiqué pour cette ligne, la distance cumulée dépasse 1,00 m. On peut donc considérer que les valeurs indiquées à chaque ligne donnent les espacements théoriques que l'on devrait adopter (en les arrondissant au cm près) pour des poutres pour lesquelles on aurait 1'0 = 1,00 m. Comme la rupture par effort tranchant intéresse toute une zone, et non une section, compte tenu de ce que certaines valeurs reviennent plusieurs fois, on peut, avec M. Caquot, adopter la série pratique (en cm) : 7

8

9

10

11

13

16

20

25

35

(60)

(la sér.ie doit s'arrêter en fait à 0,75 d, maximum autorisé par l'EC2) Ayant déterminé l'espacement initial so supposé appartenir à l'un des nombres de la série, on doit le répéter, ainsi que chacun des autres nombres qui lui fait suite dans la série, autant de fois qu'il y a de mètres dans 1'0 : si 1'0 = 2 m, on répète chaque nombre deux fois, si 1'0 = 3 m, on le répète trois fois, etc. Si 1'0 n'est pas un nombre entier de mètres, on s'arrange pour qu'en moyenne, le nombre de répétitions soit égal à l'o. Par exemple pour l' 0 = 1,5 m on répète deux fois un espacement sur deux. La succession 1, 2, 1, 2, 1, 2 etc. représente bien, en moyenne, 1,5 répétition (règle du cumul des espacements depuis l'origine, voir l'exemple ci-après). Mode opératoire 1. Calculer d'abord l'espacement initial So pour l'effort tranchant ultime VEd , s'arrangeant pour que So (cm) appartienne à la série de M. Caquot (ci-avant) ;

2. Placer la première armature d'âme à sol2 (so/2 ± 0,5 cm si l'appui.

So

red

en

est impair) du nu de

3. Répéter l'espacement So un nombre entier n de fois de manière à couvrir la longueur d : n2:(d/so )-0,5.

Chapitre 16· Annexes 831 4 - Répéter à nouveau So ainsi que les espacements qui lui font suite dans la série Caquot autant de fois qu'il y a de mètres dans la longueur 1'0' 5. Si ce nombre de mètres n'est pas un entier, arrondir à l'entier le plus voisin le nombre de répétitions cumulé depuis le départ. Un ajustement des derniers espacements peut être nécessaire pour se raccorder convenablement à la répartition issue de l'appui opposé. Exemple: Poutre sur appuis simples, de 4,60 m de portée libre entre nus, reposant sur des appuis de t = 0,20 m de profondeur.

Cette poutre est uniformément et complètement chargée (charge permanente, poids propre non compris, g = 19 kN 1m ; charge variable q = 60 kN 1m). Ses dimensions sont: h = 0,50 m et bw = 0,25 m (d= 0,45 m) ; béton C25 130 :

°;0,25] = 0,10 m.

fek = 25 MPa. On a : a = min [t/2 ; h/2] = min [0, 1

La portée effective est lejJ= 4,60 + (0,10 + 0,10) = 4 ,80 m. Le poids propre vaut: go = 25 (0,25 x 0,50) = 3,125 kN lm. Ona:

Pu = 1,35 (go + g) + 1,5 q = 1,35 (19 + 3,125) + 1,5.60 ~ 120 kN lm = 0,12 MN lm VEd,max = pu lejJI2 = 0,288 MN, VEd,red= VEd,max - puCd + a) = 0,288 - 0,12 x 0,55 = 0,222 MN,

10 = leffl2 = 2,40 m (voir § 16.121-2 - 2°a avec, pour l'EC2, 1= lejJ) et 1'0 = 10 - (d + a) = 2,40 - 0,55 = 1,85 m. On choisit un angle d'inclinaison e des bielles qui ne soit pas trop faible (cot e = 1,25) de manière à pouvoir bien échelonner les espacements (et mieux illustrer l'application des deux méthodes), même s'il serait possible d'adopter ici l'inclinaison maximale de 22° (cot e = 2,5). La formule [12.36 bis] du chapitre 12 (tableau 12.5) conduit à A.n,,/s = 10,0 cm2 /m soit 1 cm" tous les 10 cm. Nous choisissons un cadre 0 8 par nappe (A slV = 1 cm2 ), avec un espacement initial So de 10 cm.

832 Traité de béton armé

Fac-similé d'un document du bureau d'études Pelnard-Considère-Caquot

Président de la Commission chargée d'élaborer les « Règles BA 1945», M. Caquot a fait un cadeau inestimable à tous les ingénieurs d'études en introduisant dans ces Règles plusieurs des documents, jusque là réservés à l'usage interne, qu'il avait établis pour le Bureau d'Études Pelnard-Considère et Caquot. C'est dans ces documents que l'on peut trouver par exemple l'exposé des méthodes pour le calcul des poutres continues de bâtiments - méthode forfaitaire ou méthode de continuité simplifiée -, la définition de la gamme des diamètres des ronds à béton encore en usage de nos jours, la règle pour la répartition des armatures d'âme, etc.

Chapitre 16 • Annexes 833 a) Application de la méthode simpliste

On divise 1'0 en 5 parties égales de 0,37 m chacune, ce qui conduit à des espacements successifs de 10 cm, 1,33 x 10 = 13,3 ::::: 13 cm, 1,67 x 10 ::::: 16 cm, 2,5 x 10 = 25 cm, 33 cm (max). (les espacements non entiers doivent toujours être arrondis dans le sens de la sécurité, donc à l'entier inférieur). Le dernier espacement théorique 5 so = 50 cm est inacceptable car supérieur à 0,75 d = 33,75 cm. La première armature d'âme est placée pour commencer à 5 cm (= so/2 ) du nu de l'appui, cette valeur étant susceptible d'être légèrement modifiée lorsqu'on procèdera à la distribution pratique des armatures d'âme. On répète ensuite l'espacement de 10 cm un nombre entier de fois de manière à couvrir la longueur d = 45 cm :

so/2 + n So 2: d -+ n 2: [(dl so) - 0,5] = 4. On répète donc encore 4 fois l'espacement de 10 cm sur la première tranche de 37 cm (ainsi, le total des répétitions de So est ici de 8) ; on passe ensuite à l'espacement de 13 cm et à la tranche suivants, etc. On arrive finalement pour la demi-poutre à la distribution pratique de la figure 16.27 où l'on a ramené à 4 cm l'espacement de 5 cm adopté au départ, pour terminer avec trois espacements égaux de 25 cm jusqu'à l'axe de la poutre (le dernier cadre à l'emplacement de cet axe). La suite s'obtient par symétrie.

:::J'

Z

82

1

119

156

193

1

0

84

44

123

155

230

/

Distances cumulées depuis l'origine

Figure 16.27 (cotes en cm)

Le pourcentage minimal vaut (formule [16.1]) : P.lII' = 0,02 soit 2 cm2 p.m.ou 1 cm2 tous les 50 cm. Aucun des espacements retenus n'atteignant cette valeur, le pourcentage minimal est respecté. Il est atteint pour (formule [16.2]) : VEd, 0

= (0,07211,15) 0,25.0,45.1,25

Es = 0,044 MN

à l'abscisse, comptée depuis la section d'appui, (formule [16.3]) : Xm

= 2,40 [1 -

(0,044/0,288)]

= 2,03 m.

834 Traité de béton armé b) Application de la méthode Caquot En suivant la méthode indiquée ci-avant, on peut dresser le tableau suivant: Nombre théorique de répétitions

1,85

1,85

1,85

1,85

1,85

1,85

'"

Nombre cumulé

1,85

3,70

5,55

7,40

9,25

Il,10

'"

Nombre arrondi

2

4

6

7

9

Il

Nombre pratique

2

2

2

1

2

2

... '"

D'où les espacements à partir du nu d'appui (so/2 = 5cm) (figure 16.27bis); 32 cadres au total au lieu de 33 par la méthode simpliste, ce qui est pratiquement équivalent:

!...

45 (d)

~I

1

'S Co Co lU

'c

::J

!

1 .5 10 10 10 1

110

, 10 10 11

11

13

13

20 .

18

1...

25

20

1,

.

25

1

Z

:

1

o

65

87

113

129

169

219

1

230

/

Distances cumulées depuis l'origine

Figure 16.26bis (cotes en cm) Pour le pourcentage minimal, voir ci-avant: même calcul que pour la méthode simpliste.

Remarque: Si l'on avait pris cot e = 2,5 au lieu de 1,25, l'espacement initial aurait doublé. Avec la méthode simpliste, on aurait eu la séquence: 10; 4 x 20 ; 2 x 25 ; 3 x 30 soit 19 cadres par demi-poutre, au lieu de 33 avec cot e = 1,25. Au chapitre 12, nous avons vu que la méthode de l'inclinaison variable des bielles obligeait à allonger les barres longitudinales tendues et que cela compensait donc en partie le gain sur le poids d'acier que l'on pouvait escompter pour les armatures d'effort tranchant. L'exemple montre que ce gain concerne plutôt l'économie de main-d'œuvre pour la coupe, le façonnage et la mise en place d'un nombre inferieur d'armatures d'effort tranchant.

Chapitre 16 • Annexes 835 2. Application des Règles BAEL Les méthodes précédentes s'appliquent intégralement, sous réserve de prendre en compte la portée libre entre nus d'appui et de considérer la distance 1'0 entre la section située à x = 5h 16 du nu d'appui où VII = V;/O et celle où s'annule l'effort tranchant« corrigé» (figure 16.28) On a (triangles semblables) : 1'01 [lo - (5h 16)] = (V;/O - 0,3 k Jt28 boc!) 1 V;/O ou encore 1'0 = [lo - (5hl 6)] [1 - (0,3kj;28 /-r llo )] avec:

h hauteur totale de la poutre,

k = 1 ou k =

°

selon les circonstances (voir § 12.634).

Transmission directe

Vu,max

"5

Co Co t\I

'0

::1

Z

x --t---~------------.<..::

o

1

: ",:

:,..

5h/6

1

I~

------""0----->-7 1

t' 0 ....-

----1::- (t

to

1

:..

_5h ) O.3kft28 0

6

tuo

:

~I

1

Figure 16.27 Le pourcentage minimal correspond à A,lS, = 0,4 bolfe. Il joue au-delà d'une section située à la distance X m du nu d'appui où 'tll prend la valeur 'tll , lim définie par:

Ys ('tll, lim - 0,3 kj;2S) 10,9 = 0,4 MPa

836 Traité de béton armé PourYs=I,15, on a 0,911,15:::: 0,8 d'OÙT u,lim=0,32+0,3 kJt28 (MPa), et (figure 16.29) :

'S

c. c. i:J ro

::J1+----001 Z

Figure 16.28

16.122 Cas général: poutres supportant des charges uniformes, des charges concentrées, et/ ou de hauteur variable 1. Commencer par : a) compte tenu de la disposition des armatures longitudinales, choisir un tracé pour les armatures d'effort tranchant (par exemple, un cadre et lm étrier par nappe) ; b) déterminer l'espacement initial correspondant à l'effort tranchant maximal VEd, red (réduit pour transmission directe, V;/O en notations BAEL), pour un diamètre donné et pour le tracé des armatures d'âme retenu (section AslV par nappe). c) les espacements s correspondant à Asw en certaines sections, en particulier, immédiatement à gauche et immédiatement à droite des sections où agissent des charges concentrées s'il yen a. 2. Tracer la courbe E représentative de la variation de s(x) le long de la poutre (figure 16.30).

Chapitre 16' Annexes 837

!/

Charge concentrée

fi

/Cha,.. ",pa",

111111111111111111111111111111111111111 Il 11111111111111111111111111111

Appui

E

~3t---------------------~~~~~----

~.-------~~~~~~~~~. ~o~

~1 ~ b:t~"",~~"",~

k ~1

k st2

Abcisses le long

1 2 ~112_~--r"lr--_____""'--____ +l 1 de la ligne moyenne ~-----------è----------~~~------------------------~>

o

B1

Appui

B2

i

Abcisse de la charge concentrée

Figure 16.29

3. Soit SI l'entier immédiatement inférieur ou égal à So (SI 2: 7 cm). Placer la première armature d'âme à SI 12 du nu d'appui et répéter SI un nombre entier de fois jusqu'à ce qu'il soit possible de passer à un espacement (entier) supérieur, et ainsi de suite, en enveloppant par dessous la courbe E. S

ne peut dépasser Smax tel que Smax = min (AswJ;,kIO,08 bw ~fck ; 0,75 cl)

[Srnax

= min (Adetl 0,4 bo ; 0,9 d; 40 cm) avec les Règles BAEL]

4. Quand S vient à dépasser Smax, il faut diminuer Asw (soit par changement du tracé: par exemple, si l'on a prévu un cadre et un étrier central par nappe, retirer l'étrier, soit par réduction du diamètre des armatures d'effort tranchant) d'où une nouvelle courbe E'. Deux solutions s'offrent alors: - soit adopter le nouvel Aswdès le début si l'espacement initial So reste suffisant (2: 7 cm) et.recommencer en enveloppant E'; - soit continuer en enveloppant E'au-delà de la section où l'on a réduitA.I..... On doit s'arranger pour avoir des espacements croissants entre la section correspondant à l'effort tranchant VEd, red (Vuo avec les Règles BAEL) pour lequel on a calculé l'espacement initial So et celle où soit le pourcentage minimal, soit l'espacement maximal SIl1lLX, doivent être respectés.

838 Traité de béton armé

16.2 COEFFICIENTS DE REMPLISSAGE ET DE CENTRE DE GRAVITÉ

16.21 Diagramme parabole-rectangle Pour les bétons de résistance égale ou supérieure à 55 MPa, les caractéristiques des diagrammes O'c - Sc different de celles des bétons de résistance au plus égale à 50 MPa (voir, dans le présent texte, le tableau 2.4, extrait de l'EC2). Ainsi, la parabole d'un diagramme parabole-rectangle n'est plus une parabole du second degré, mais une parabole de degré n, et les coefficients de remplissage et de centre de gravité d'un tel diagramme supposé « complet» [ç = x / d ~ seu21 (8 c1I2 + 8ud) correspondant pour l'EC2 au moment-frontière M AB que nous avons défini au § 7.412 pour les Règles BAEL)] doivent être recalculés. On se ramène à un diagramme adimensionnel en posant (voir figure 16.31) :

ç = 8Cl/2 /8 e2

et

/i

• 1 1

,, 1

1 1

0



1

1 1

ôG

04 ,. ,G ,, ,

1 1 1

.'

1 1 1

,, 1 ,1

1

,



ç

Â.

> Ec /f'c2

Figure 16.30 La partie parabolique a pour équation:

O'ci/cd

= 1 - (1 - À)"

L'aire de cette partie est égale à: ni (n + 1) L'aire du diagramme total vaut: [n 1(n + 1)] + ç - 1 En rapportant cette surface à celle du rectangle enveloppant, d'aire ç x 1, on trouve le coefficient de remplissage 'If = l-lI[Ç(n+ 1)]

Chapitre 16 • Annexes 839 Le coefficient de centre de gravité ôG vaut:

8G

~(Ç-l+ n+l J+.l(Ç-l)2 n+l 2(n+2) 2

=----'----;:::--'-----'-""--::::----

Ç[~+Ç-1J n+l

Au numérateur, dans l'expression entre crochets, (n + 1)/2(n + 2) représente la distance du centre de gravité de la seule partie courbe à la verticale d'abscisse 1. On peut simplifier légèrement l'expression de ôG :

n(2(ç-l)+ n+l)+(n+l)(Ç_l)2 8 = n+2 G 2Ç [ç(n + 1)-1] Pour n = 2 et S = 3,5/2 = 1,75, on retrouve bien '1' = 0,8095 et ôG = 0,416.

16.22 Diagramme bi-linéaire

Figure 16.31 En posant SI

= ECII3 / Ec3, le coefficient de remplissage vaut: 'l'=[(l/2)+Sl-1]/Sl = 1-[1I(2sl )]

e~

le coefficient de centre de gravité:

k( Çl

-1+~)+k(çl _1)2

8G=---'~~~---'-~~--

ç{k +(Çl

-1)]

840 Traité de béton armé soit:

Pour Cc3 = 1,35 %0 et SI = 3,5/ 1,35 = 2,59259 .... , on trouve '1' = 0,8071 et QG = 0,411, valeurs très voisines de celles correspondant au diagramme parabole-rectangle. En revanche, pour le diagramme préconisé par l'EC2 avec cc3 = 1,75 %0 (SI = 1/2), on trouve '1' = 0,75 et QG = 0,389. Il n'y a donc pas équivalence.

16.3 INTERPRÉTATION GRAPHIQUE DES DIAGRAMMES D'INTERACTION Les diagrammes d'interaction font l'objet du paragraphe 8.62. Pour le cas considéré ici, les notations sont celles de la figure 16.33.

Figure 16.33 Considérons la courbe d'interaction CI de la section quelconque à deux nappes d'armatures représentée figure 16.33 et la courbe d'interaction Co de la section de béton seul (les conclusions que nous allons tirer seraient les mêmes si l'on opérait sur la courbe C2). 1. À une position d'axe neutre donnée, définie par y correspond sur CI un point représentatifP que l'on peut obtenir par la composition de trois vecteurs (figure 16.34) :

Chapitre 16· Annexes 841

h

Figure 16.34

Op., , de composantes Fb, Mb = Fb(v'- ùG y), représentant la sollicitation équilibrée par le béton comprimé,

, de

composantes Fa, Ma = Fa Va, représentant la sollicitation équilibrée par les aciers tendus, (Fa de sens opposé à Fb et F'a), p,)~

~P

, de composantes F'a, M'a = F'a'v 'a, représentant la sollicitation équilibrée par les aciers comprimés. Les vecteurs Po~ et ~P ont une direction constante puisque les pentes Va et v'a ne dépendent que de la position des armatures qui, pour une courbe d'interaction donnée, est invariable. 2. Si, sans changer Po (donc sans changer y, c'est-à-dire, sans que les contraintes crs et crsc ne varient), on remplace la section A d'aciers tendus par une section kA (avec k > 1 ou k < 1) sans toucher à la section A' des aciers comprimés, PI se déplace en P'I tel que ~oP'l / PoPl = k, et P'I vient en P' correspondant à une section totale kA + A '. Si l'on effectue une transformation semblable sur la section A' qui devient k'A " sans toucher à la section A, P se déplace en P" tel que PIP" / PIP = k'. Le point P" correspond alors à une section totale A + k'A '. Si fj. et fj.' représentent les directions de pentes respectives v'a et Va, on voit ainsi qu'en faisant varier k et k', à tout point Po de la courbe Co on peut associer un réseau de droites parallèles à ces deux directions, celles parallèles à fj. correspondant à des sections

842 Traité de béton armé d'aciers tendus A, kA, etc. et celles parallèles à /).' correspondant à des sections d'aciers comprimés A " k 'A ' etc. Si on prend k = k', et que l'on applique donc le même coefficient k à toutes les sections d'acier, comme on l'a fait pour la figure 16.34 et ce que l'on fait toujours dans le cas de sections de forme quelconque avec des armatures réparties, le point P se déplace sur la droite PoP dont la position est invariable pour une valeur de y donnée (voir la similitude des triangles PoP\p et PoP'\p"\ sur la figure 16.34). En donnant ày diverses valeurs, on fait apparaître un ensemble de droites rayonnantes (voir figures 8.25 et 8.26), chacune correspondant à une même position de l'axe neutre. En outre, si k varie selon une progression arithmétique, sur chaque droite rayonnante les points tels que p"\ correspondant aux valeurs successives de k sont équidistants (figure 8.25). On comprend ainsi pourquoi, au § 8.622-1, on a indiqué que, dans l'utilisation des diagrammes d'interaction, «les interpolations doivent se faire dans la direction estimée des droites rayonnantes» et donné une méthode permettant d'augmenter la précision de la lecture. 3. Faisons apparaître sur la courbe C\ les points singuliers correspondant aux positions remarquables de l'axe neutre sur le diagramme des déformations (figures 16.35 et 16.36).

y

Point

Particularités vis-à-vis de la section armée

-00

PT

traction simple

0

contrainte nulle du béton comprimé

d'

V' U'

700 d'. / (700 -!ed)

L'

au-delà, crsc =!ed

0,259 d

K

frontière AB

700 d / (700 + !ed)

L

au-delà, crs <j~d

d

U V

contrainte nulle de l'acier tendu

Pc

compression simple

h

+00

contrainte nulle de l'acier comprimé

frontière BC

V'

B

-t-----~iW ·C

v

Figure 16.35

Chapitre 16 • Annexes 843 À ces différentes valeurs de y correspondent sur la courbe d'interaction Co du béton seul, des points Pro, V' 0, U' o, ... homologues de Pr, V', U', etc. Pour la section non armée, les particularités mentionnées dans le tableau ci-avant sont sans objet, sauf pour Pro, Vo et Pco. Les droites ProPr, KoK, VoVet PcoPc délimitent les trois régions définies au § 5.211. La courbe Co délimite une région intérieure. Si l'extrémité du vecteur OP correspondant à une sollicitation (MuGo, Nu), tombe dans cette zone, le béton est capable d'équilibrer seul cette sollicitation, et des armatures ne sont, théoriquement, pas nécessaires. Dans la pratique, il faut chercher et tracer la courbe C' 0' extérieure à Co, correspondant au pourcentage minimal, et prévoir la section minimale pour toute sollicitation correspondant à un point P à l'intérieur de cette courbe C'o. Compte tenu des constructions graphiques ci-avant, il est aisé de voir que les droites Uo' U' et UoU ont pour pentes respectives vo' et Va. Pour une section rectangulaire:

Va' = (h/2) -

d'et Va = d - (h/2)

N

G)



Pr

® ®

PivotA PivotB pivote

Figure 16.36 Ferraillage optimal Passons maintenant en coordonnées réduites, et donnons-nous une position d'axe neutre quelconque représentée par le point Po sur la courbe Co. Soit P(IlIlGo, l'u) le point correspondant à la sollicitation de calcul à équilibrer (figure 16.37). Il faut prévoir:

844 Traité de béton armé - une section A d'aciers tendus telle que A O's = projection sur la verticale de

Po~

- une section A' d'aciers comprimés telle que A'O'sc = projection sur la verticale de

~P

.

Pour un acier dont le diagramme comporte un palier horizontal, si Po est compris entre les points L' 0 et Lo, on aura O'sc = O's =!ed, et la quantité d'armatures à prévoir sera proportionnelle à PaP, + P,P. Pour tout point Ro tel que IliRo) > Ill/cPo), la quantité d'armatures sera proportionnelle à RoR, + R,P. Elle sera inférieure à la précédente, puisque RoR2 < P,R, = PoR2. La solution conduisant au minimum d'armatures s'obtient pour la position de l'axe neutre correspondant au point Mo où la tangente à la courbe Co est parallèle à la bissectrice des directions /1 et /1'. Pour des armatures symétriques, Mo se confond avec le sommet M de la courbe Co. Pour que la position Mo conduise au minimum d'armatures, il faut que Mo soit compris entre les points Lo et L'o, sinon la contrainte maximale!ed n'est pas atteinte en Mo et le point Lo conduit à une solution plus avantageuse que le point Mo. On peut ainsi matérialiser dans le plan (Ill/Go, ~I) les zones correspondant aux solutions conduisant au minimum de A + A ' (figure 16.38). Ce minimum peut ne pas être compatible avec l'obligation de respecter la limite de la contrainte de compression du béton en service.

Figure 16.37

Chapitre 16 • Annexes 845 Pour une section rectangulaire, en posant y / h = Ut, la courbe Co est définie par U IlG = \!f Ut (0,5 - OOat)

= \!f Ut,

d'où dJlG 1du = dllG 1\!f dUt = (l - 48 G a t ) 12 La bissectrice des directions fj, et fj,' a pour pente (va - v'a)/2h = (d + d' - h)/2h = (8 t + Ô 't- 1)/2. En écrivant que cette dernière pente est aussi celle de la tangente à la courbe Co, on trouve: U tm =

[2 (ô t + 8 't)] 148G soitYm = [2h - (d + d')] 148G.

d'où l'on déduit les coordonnées du point Mo : Um Pour des armatures symétriques, on a d + d' U tm = 11 48 G d'où : - avec le diagramme parabole-rectangle: - avec le diagramme rectangulaire:

= \!fUtm , IlGm = \!futm (0,5 - 8G Utm)'

= h et donc,

dans ce cas, Ym

= hl48G soit

= 0,601 ; U m = 0,487 ; IlGm = 0,1217 U tm = 0,625 ; U m = 0,500 ; IlGm = 0,1250. Utm

u

A>A'

® Zone 1: AetA' en compression Zone Il : A et A' en traction Zone III : (limitée par l'arc Co) : A en traction A' en compression Sur l'axe Ou : A=A' en régions 1et Il

Figure 16.38

846 Traité de béton armé

16.. 4

QUELQUES RECOMMANDATIONS CONCERNANT LE FERRAILLAGE

Les calculs de béton armé ne conduisent qu'à des sections d'armatures, que le projeteur doit transformer en un certain nombre de barres, dont il fixe les diamètres, les longueurs et les espacements, en cherchant à se conformer aux dispositions-types, telles qu'elles ont été définies, par exemple, aux § 4.1, 12.646, 16.11 et 16.12. Plusieurs solutions étant possibles, le projeteur ne doit pas choisir d'emblée n'importe laquelle d'entre elles, mais se livrer à un examen critique prenant en compte certaines considérations d'ordre pratique ou économique, à la suite duquel il pourra retenir celle qui, selon lui, constitue la meilleure de ces solutions. Parmi ces considérations, on peut citer celles qui visent à une réduction des coûts de main d'œuvre pour le stockage, le façonnage et la mise en place des armatures: réduction du nombre de diamètres différents utilisés pour une même construction, diminution des façonnages (ou du nombre de formes d'armatures différentes), recours systématique à des armatures préfabriquées ou à des produits industriels tels que les treillis soudés.

16.41 Réduction du nombre de diamètres différents L'analyse de la fréquence d'utilisation d'un diamètre donné dans l'ensemble des constructions montre qu'il est facile de réduire le nombre de diamètres différents, toutes armatures confondues, à 6 au total, ou même moins. Lorsque le projeteur est libre du choix des dimensions, il suffit parfois de modifications mineures pour optimiser une solution. Une réduction du nombre de diamètres ne diminue pas toujours la consommation d'acier: on peut aboutir à une section à mettre en place sensiblement supérieure à la section strictement requise par le calcul. En contrepartie, on diminue les chutes dues à la coupe des barres, le nombre des façonnages nécessaires, le nombre de mandrins de pliage, les réglages et on réduit aussi le risque d'erreurs par substitution d'un diamètre à un autre.

16.42 longueurs de coupe Il faut utiliser autant que possible des armatures rectilignes, en évitant les coupes. Parfois, il peut être plus économique de laisser une armature se prolonger dans certaines zones, même si elle y est superflue, plutôt que de la sectionner en courts tronçons. Il convient d'éviter les formes d'armatures dont le façonnage est onéreux sans qu'il apporte un gain de qualité structurelle, une rigueur dimensionnelle supérieure ou un bénéfice vis-à-vis du montage ou de la pose.

Chapitre 16· Annexes 847

16.43 Assemblage des armatures les unes aux autres L'optimisation économique de ce poste consiste à choisir le mode d'assemblage le plus économique en fonction des exigences structurelles et d'un ensemble d'autres facteurs tels que nombre d'assemblages, types d'armatures utilisées, moyens disponibles, technicité de la main d'œuvre, temps nécessaire à la réalisation de l'assemblage.

16.44 Mise en place L'optimisation consiste à simplifier le traçage et à faciliter la pose des armatures: - utilisation de barres droites ou à faible degré de façonnage; - réalisation de cadres ou d'étriers de même diamètre, éventuellement, de forme unique (de ce point de vue, la solution d'un double cadre (figure 12.27) est préférable à celle d'un cadre général et d'un étrier central) ; - répétition de ferraillages types, permettant un effet de série; - précision du façonnage, pour éviter toute rectification ultérieure à l'intérieur du coffrage.

16.45 Faisabilité Dans le contrôle de la faisabilité, le rôle des dessins d'exécution est primordial. Ceux-ci ne doivent pas être des dessins théoriques. Il convient de réfléchir aux conditions dans lesquelles les éléments vont être exécutés et en tenir compte. Par exemple pour des éléments qui ne peuvent être coulés en une seule fois, les dessins ne doivent pas représenter un ferraillage continu si les conditions dexécution nécessitent des barres en attente et des recouvrements d'armatures. Par ailleurs, il ne faut pas laisser aux exécutants le choix de l'emplacement des reprises de bétonnage et de la manière d'assurer la continuité du ferraillage dans la zone de la reprise. De manière générale, les dessins d'armatures doivent être complets, précis et comporter le maximum d'indications utiles (notamment, distances des barres entre elles et aux parois, en particulier aux croisements) pour éviter toute erreur d'interprétation. Ces dessins doivent se comprendre d'eux-mêmes, sans« laïus» descriptif inutile, hormis les nota importants concernant des sujétions particulières. Un dessin de détail à grande échelle (jusqu'à 1/1) peut parfois se révéler utile pour définir correctement les positions exactes des armatures dans une zone de ferraillage compliqué, comme par exemple un . nœud dans lequel doivent se croiser ou viennent aboutir plusieurs barres de directions différentes. C'est une faute grave, pour un ingénieur d'études, de ne pas s'apercevoir de l'impossibilité de réaliser les dispositions qu'il a projetées.

848 Traité de béton armé Une ultime recommandation: il ne faut pas faire aveuglément confiance à l' ouil informatique. L'utilisation des ordinateurs ne dispense pas de vérifier l'ordre de grandeur des résultats numériques au moyen de méthodes rapides approchées. Elle ne dispense pas non plus de vérifier les dispositions d'armatures correspondant à des tracés automatiques. Des résultats ou des dispositions complètement aberrants traduiraient une inadaptation du programme au cas étudié.

TABLE DES MATIÈRES

PRÉALABLE

1

PRÉFACE

3

AVANT -PROPOS

7

ABRÉVIATIONS

11

GÉNÉRALITÉS

13

1.1

Principe du béton armé

13

1.2

Formes usuelles des éléments

1.3

Évolution des méthodes de calcul du béton armé

15 16

Chapitre 1

1.4

1.31

Considérations générales

16

1.32

Méthodes aux contraintes admissibles 1.321 Méthode « classique» 1.322 Méthode classique « aménagée»

18 18 19

1.323

19

Critique des méthodes aux contraintes admissibles

1.33

Méthodes de calcul à la rupture

22

1.34

Méthode de calcul semi-probabiliste avec coefficients partiels de sécurité (états-limites) 1.341 Définition des états-limites

23 24

1.342 1.343 1.344

Origine des méthodes de calcul aux états-limites Idée de base du probabilisme Recours au « semi-probabilisme »

25

1.345

Vérifications

27

26 26

Réglementation française

34

1.41

Distinction entre maître d'ouvrage et maître d'œuvre

34

1.42

Portée juridique des différents textes réglementaires 1.421 Cahiers des clauses techniques générales (CCTO) 1.422 Nonnes et Documents techniques unifiés (DTU)

34 34 35

1.423

37

1.43

Règles professionnelles, guides, etc.

Règles applicables au béton armé

37

850 Traité de béton armé 1.5

l'Eurocode 2

38

1.51 1.52

38 39 39 39 39 40 44 44 44

Historique Présentation de l'Eurocode 2 (EC2) 1.521 Contenu de l'EC2 1.522 Documents d'accompagnement 1.523 Distinction entre Principes et Règles d'application Sommaire détaillé de l'EC2 Concept de sécurité structurale de l'Eurocode 2 Normes et textes de référence Notations et unités

1.53 1.54 1.55 1.56 1.6

Bibliographie sélectionnée du chapitre 1

45

1.61 1.62 1.63

45 45 45 45 46 46

Chapitre 2

Traités généraux Formulaires et guides d'emploi Méthodes de calcul. Règlements et Recommandations 1.631 Méthode aux contraintes admissibles 1.632 Méthodes de calcul à la rupture 1.633 Méthodes de calcul aux états-limites et Eurocode 2

MATÉRIAUX

2.1 . Rappels préliminaires 2.11 2.12 2.2

Diagramme contraintes-déformations d'un matériau Diagramme élastoplastique parfait

Béton

49 49 49 50 51

2.21 2.22

Brefs , rappels sur les constituants du béton Les résistances du béton 2.221 Rupture par compression 2.222 Rupture par traction

51 52 52 64

2.23

Diagramme contraintes-déformations du béton 2.231 Diagramme expérimental 2.232 Relation entre le diagramme cr - e et la distribution des contraintes dans le béton comprimé 2.233 Valeur expérimentale des principaux paramètres 2.234 Loi de comportement « exacte»

68 68 74 76 77

Table des matières 851

2.24

Prescriptions réglementaires Résistance caractéristique à la compression 2.241

2.242 2.243 2.244 2.245 2.246

2.3

Résistance à la traction Valeurs à introduire dans les projets; classes de résistance Déformations du béton Résistance à la traction par flexion Béton confiné

80 80 82 83 84 95 95

Aciers pour béton armé

96

2.31

96

Brefs rappels sur la fabrication de l'acier Types d'aciéries 2.311 Coulée de l'acier 2.312 Laminage à chaud 2.313

2.314 2.315

2.32 2.33 2.34

Classification des produits Désignations officielles et appellations pratiques Description des différents types de produits 2.341 Barres laminées à chaud: ronds lisses, barres à haute adhérence

2.342 2.343

2.35

2.37

2.38

Certification Identification

98 98

100 101 102 102 103 104

105 105 105 106

Caractères géométriques 2.361 Barres et fils 2.362 Treillis soudés

107

Caractères mécaniques 2.371 Prescriptions des normes NF et des Règles BAEL Prescriptions de l'EC2 2.372

111

Caractères technologiques 2.381 Aptitude au façonnage

118

2.382 2.383

2.39

Fils tréfilés et/ou laminés à froid Treillis soudés ou pré-assemblés

Documents normatifs Normes 2.351

2.352 2.353

2.36

Tréfilage et/ou laminage à froid du fil machine Traitements mécaniques ou thermiques

96 97 98

Caractères d'adhérence Aptitude au soudage

Redressage des aciers livrés en couronnes

107 111 114 116 118 120 124

126

852 Traité de béton armé 2.4

Bibliographie sélectionnée du chapitre 2

127

2.41 2.42

127 127

Chapitre 3

Béton Aciers

ACTIONS ET SOLLICITATIONS

129

3.1

Notations du présent chapitre

3.2

Terminologie

129 129

3.3

Actions

130

3.31 3.32

Actions permanentes Actions variables

130 131

3.321 3.322

Valeurs «représentatives» Charges d'exploitation et charges climatiques

132 138

3.323 3.324 3 .325

Charges appliquées en cours d'exécution Température climatique Autres actions variables

139 139 140

3.33 3.4

Actions accidentelles

Combinaisons d'actions

141

3.41

Généralités

141

3.411 3.412

141 142

3.42

Combinaisons d'actions Cas de charge

Sollicitations de calcul 3.421 3.422 3.423 3.424 3.425

3.5

140

Combinaisons d'actions à prendre en compte dans les états-limites ultimes de résistance Combinaisons à prendre en compte pour la vérification aux états-limites de service Modalités pratiques d'application des Règles BAEL Vérification de l'état-limite de stabilité de forme Vérification de l'équilibre statique

143 144 148 149 156 156

Calcul des sollicitations

157

3.51

158

Prescriptions des Règles BAEL 3.511 3.512

3.52

Simplifications admises dans l'application des méthodes de la Résistance des Matériaux

159

Redistributions d'efforts

159

Prescriptions de l'EC2

160

3.521

Analyse structurale

160

3.522 3.523

Modélisation de la structure Analyse élastique linéaire

3.524

160 163 Analyse élastique linéaire avec redistribution limitée 164

Table des matières 853 3.525 3.526

3.6

Méthode d'analyse plastique Analyse non-linéaire

165 170

Bibliographie sélectionnée du chapitre 3

170

Chapitre 4

4.1

4.2

173

4.11 4.12 4.13

173 174 179

Enrobages Distances entre barres

180

4.21 4.22 4.23

180 180 184

Définition Phénomènes expérimentaux - Théorie de M. Caquot Mesure des caractères d'adhérence d'une barre 4.231 Essais d'arrachement 4.232 Essais de fissuration 4.233 Cas des treillis soudés Facteurs dont dépend l'adhérence Contrainte d'adhérence 4.251 Remarque préliminaire 4.252 Définition de la contrainte moyenne d'adhérence

184 188 189

189 190 190 191

Ancrage des barres droites isolées

192

4.31 4.32

192

Définition Valeurs limites de la contrainte d'adhérence à l'état-limite ultime Longueur de scellement droit

193 193

Adhérence des barres courbes

195

4.41 4.42

196

4.43

4.5

Disposition générale

Adhérence des barres droites isolées

4.33

4.4

173

Disposition des armatures

4.24 4.25

4.3

ASSOCIATION ACIER-BÉTON

Variation de l'effort le long d'une barre courbe Prescriptions des Règles BAEL pour les ancrages courbes 4.421 Rayons de courbure minimaux 4.422 Modes d'ancrage usuels 4.423 Méthode de calcul d'un ancrage courbe 4.424 Application aux crochets normaux Ancrage des cadres, étriers et épingles

198 198 198 199 201

203

Efforts exercés par une barre courbe sur le béton

204

4.51 4.52

205 208

Poussées au vide Condition de non-écrasement du béton

854 Traité de béton armé 4.521 4.522

4.6

Jonctions par recouvrement

213

4.61

214 214 214 216 218 219 220

4.62

4.7

Recouvrement des barres tendues 4.611 Transmission des efforts 4.612 Longueur de recouvrement Ir 4.613 Armatures de couture 4.614 Barres couvre-joints - Chaînages Recouvrement des barres comprimées en permanence 4.621 Longueur de recouvrement 4.622 Armatures de couture à disposer sur la longueur de recouvrement

220

Ancrages et recouvrements des treillis soudés

221

4.71

221 221 221 222 225 226 226 226 227

4.72

4.8

Ancrages courbes et changement de direction des barres 208 Armature de traction toute entière en courbe - Boucles 209

Treillis soudés formés de fils lisses 4.711 Définition 4.712 Ancrages rectilignes 4.713 Ancrages par courbure 4.714 Recouvrements Treillis soudés formés de fils à haute adhérence 4.721 Ancrages rectilignes 4.722 Ancrages par courbure 4.723 Jonctions par recouvrement

Prescriptions de l'Eurocode 2 concernant les ancrages

227

4.81 4.82

Modes d'ancrage Cintrage des barres 4.821 Diamètres minimaux des mandrins de cintrage 4.822 Condition de non-écrasement du béton Contrainte ultime d'adhérence Longueurs d'ancrage 4.841 Longueur d'ancrage de référence 4.842 Longueur d'ancrage de calcul 4.843 Longueur d'ancrage« équivalente»

227 228 228 228

Ancrage des cadres et des étriers Ancrage au moyen de barres transversales soudées Jonctions par recouvrement 4.871 Longueur de recouvrement 4.872 Armatures de couture d'un recouvrement

234 235 235

4.83 4.84

4.85 4.86 4.87

229 230 231 231 234

236 236

Table des matières 855

4.9

Treillis soudés

238

4.91

Diamètres admissibles des mandrins de cintrage

238

4.92

Recouvrements 4.921 Recouvrement des fils « porteurs» 4.922 Recouvrement des fils de répartition

238 238 239

4.10 Bibliographie sélectionnée du chapitre 4

Chapitre 5

HYPOTHÈSES ET DONNÉES POUR LES CALCULS SOUS SOLLICITATIONS NORMALES

240

241

5.1

Hypothèses générales

241

5.2

Calculs vis-à-vis des états-limites ultimes de résistance sous sollicitations normales

242

5.3

5.21

Hypothèses fondamentales 5.211 Hypothèses adoptées par les règles BAEL 5.212 Hypothèses adoptées par l'EC2

242 242 243

5.22

Diagrammes contraintes-déformations de calcul 5.221 Acier

244 244

5.222

246

Béton

Calculs vis-à-vis des états-limites de service sous sollicitations normales (calculs élastiques)

251

5.31

Hypothèses fondamentales

251

5.32

Conséquences de ces hypothèses coefficient d'équivalence

252

5.33

Hypothèses complémentaires

252

5.34

Prescriptions des Règles BAEL 5.341 État-limite de compression du béton (BAEL, art. A 4.5,2) 5.342 États-limites d'ouverture des fissures (BAEL, art. A 4.5,33 et A 4.5,34)

254

Prescriptions de l'EC2 5.351 Limitation des contraintes 5.352 États-limites de fissuration

256 256 257

5.35

254 254

856 Traité de béton armé

Chapitre 6

TRACTION SIMPLE

259

6.1

Définition

259

6.2

Comportement expérimental des éléments soumis à la traction simple

260

6.3

Condition de non-fragilité

261

6.4

Détermination des armatures longitudinales

261

6.41 6.42

Cas où la fissuration est considérée comme peu préjudiciable

262

Cas où la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable

262

6.5

Dimensionnement (béton et armatures)

263

6.6

Vérification des contraintes en service

264

6.7

Armatures transversales des tirants

265

6.8

Ferraillage d'un tirant (exemple)

265

Chapitre 7

FLEXION SIMPLE

267

7.1

Définition

267

7.2

Comportement expérimental des éléments en béton armé soumis à la flexion simple

268

7.21

Dispositifs expérimentaux

268

7.22

Essais de poutres sous moment constant 7.221 Cas des poutres comportant un pourcentage « moyen» d'armatures tendues 7.222 Cas des poutres comportant un pourcentage « élevé» d'armatures tendues

270

270 275

7.3

Notations et terminologie

7.4

Principes généraux du calcul en flexion simple ou composée 277 7.41

7.42

Données générales concernant l'état-limite ultime de résistance 7.411 Différents aspects de la distribution des contraintes de compression du béton

7.412 Moments frontières; défmition du pivot Données générales concernant les états-limites

276

277

278 279

~~Mce

2ro

7.421 7.422

280

Différents aspects de la distribution des contraintes Moment frontière (moment-résistant béton) ; définition du pivot

281

Table des matières 857

7.43

7.44 7.5

Équations générales de la flexion pour une section à deux nappes d'armatures 7.431 Équations de compatibilité 7.432 Équations d'équilibre Calcul des contraintes normales en service pour une section quelconque en flexion simple

Section rectangulaire en flexion simple (BAEL)

7.51

Section rectangulaire sans aciers comprimés: cas de la fissuration peu préjudiciable 7.511 Section d'armatures tendues nécessaires pour que l'état-limite ultime de résistance ne soit pas atteint 7.512

7.513 7.514

7.52

Section rectangulaire avec aciers comprimés cas de la fissuration peu préjudiciable 7.521 Principe général de calcul (valable pour l'état-limite ultime et pour l'état-limite de service) 7.522 Cas où la section A' n'est pas imposée 7.523 Cas où la section A' est imposée 7.524

7.53

7.54 7.55

7.56

Section d'armatures nécessaire pour que les états-limites de service ne soient pas atteints Discussion: Notion de moment-limite ultime M1u Calcul pratique

Cas où l'on désire avoir A = A' (armatures symétriques)

281 282 286

294 297 299 299

315 319 327

330 330 333 340 344

Section rectangulaire avec ou sans aciers comprimés 7.531 Moment résistant-béton 7.532 Calcul des armatures dans le cas où la section A' n'est pas imposée 7.533 Calcul des armatures dans le cas où A' est imposé

344

Dimensionnement d'une section rectangulaire

352

Vérification à l'état-limite ultime d'une section rectangulaire dont on connaît les armatures 7.551 Cas de la section sans aciers comprimés 7.552 Cas de la section avec aciers comprimés

344 348 351

354 354 355

Calcul des contraintes d'une section rectangulaire avec ou sans aciers comprimés (états-limites de service) 357

858 Traité de béton armé 7.6

Section en T (à table de « compression »)

358

7.61

Dimensionnement par l'état-limite ultime 7.611 Dimensionnement à l'aide du diagramme rectangulaire 7.612 Dimensionnement à l'aide du diagramme parabole - rectangle (dans le cas où A' = 0)

359

Dimensionnement par l'état-limite de service 7.621 Calcul de MT,ser 7.622 Calcul de Aser lorsque M ser > MT,ser

369

7.63 Calcul des contraintes normales en service Application de l'EC2 au calcul des sollicitations normales

373 375

7.71 7.72

375 376

7.62

7.7

7.8

Section rectangulaire en flexion simple 7.721 Diagramme de calcul de l'acier 7.722 Section rectangulaire sans aciers comprimés (Ild S; Illim) 7.723 Section rectangulaire avec aciers comprimés (Ild> Illim) 7.724 Sections en T

366 369 371

376 377 381 385

Autres formes de sections

385

7.81

Section carrée simplement fléchie dans un plan diagonal 7.811 Calcul à l'état-limite ultime 7.812 Calcul de la section d'aciers nécessaire pour respecter l'état-limite de compression du béton en service 7.813 Discussion: moment-limite ultime

385

Sections trapézoïdales 7.821 Petite base du côté comprimé Petite base du côté tendu 7.822

393

7.82

7.9

Notations

360

Bibliographie sélectionnée du chapitre 7

Chapitre 8

FLEXION COMPOSÉE

385

388 389 393 396

399 401

8.1

Définition - centre de pression - excentricités

401

8.2

Sollicitations à considérer

406

8.21 8.22

406 406

Flexion composée avec traction Flexion composée avec compression

Table des matières 859

8.3

Sections partiellement comprimées 8.31

Méthode générale de calcul par assimilation

à la flexion simple 8.311 8.312

8.32

8.33

8.4

8.42

8.6

8.7

8.8

8.9

410 410 413

Application au dimensionnement par l'état-limite de service (section rectangulaire ou en T) 8.321 Section rectangulaire

416

8.322

420

Section en T

Application au dimensionnement par l'état-limite ultime Section rectangulaire 8.331 Section à table de compression 8.332 Dimensionnement par l'état-limite ultime (pivot C, région 3) Sections rectangulaires à deux nappes d'armatures 8.411

8.412

8.5

Détermination des sections d'armatures Section minimale

Sections entièrement comprimées 8.41

410

Sections à table de compression

Dimensionnement par l'état-limite de service

417

420 420 432

433 434 434 443

443

Sections entièrement tendues

445

8.51 8.52

445 446

Dimensionnement par l'état-limite ultime Dimensionnement par l'état-limite de service

Abaques et diagrammes d'interaction

447

8.61 8.62

447 451

Abaques type Caquot (états-limites de service) Diagrammes d'interaction (état-limite ultime) Courbe d'interaction 8.621 Diagrammes d'interaction 8.622

451 455

Calcul des contraintes normales

459

8.71 8.72 8.73

459 460 461

Section entièrement comprimée Section entièrement tendue Section partiellement comprimée

Condition pour qu'une section rectangulaire soit entièrement comprimée sous les sollicitations agissantes ultimes Section carrée fléchie dans un plan diagonal

8.10 Bibliographie sélectionnée du chapitre 8

465

469 469

860 Traité de béton armé Chapitre 9

FLEXION DÉVIÉE

471

9.1

Définition

471

9.2

Sollicitations à considérer

472

9.21 9.22 9.23

473 473 473

9.3

Flexion deviée simple: abaque de J. Rüdinger Flexion deviée composée: vérification des contraintes 9.321 Sections entièrement comprimées 9.322 Abaques de A. Roussopoulos pour les sections partiellement comprimées

Méthodes de calcul à l'état-limite ultime 9.41

9.42 9.43

9.5

Flexion deviée composée avec compression

Méthodes de calcul à l'étatalimite de service 9.31 9.32

9.4

Flexion deviée simple Flexion deviée composée avec traction

Section rectangulaire sans aciers comprimés en flexion deviée simple 9.411 Dimensionnement des armatures 9.412 Vérification des sections Section rectangulaire avec aciers comprimés Sections rectangulaires en flexion deviée composée 9.431 Méthodes ramenant la flexion déviée à deux flexions droites 9.432 Méthodes de réduction à une flexion droite unique 9.433 Méthode « Montoya »

475 476 479 479 480

484 484 491 494

495 496 496 503 506

Abaques « en rosette»

508

9.51 9.52

508 511

Surfaces d'interaction Application aux sections rectangulaires 9.521 Équations générales 9.522 Utilisation des abaques en rosette

511 514

9.6

Méthodes de calcul par itération

517

9.7

Bibliographie sélectionnée du chapitre 9

520

. Chapitre 10 COMPRESSION« CENTRÉE»

521

10.1 Définitions

521

10.2 Comportement expérimental des poteaux soumis à la compression « centrée »

522

10.21 10.22 10.23

Essais à caractère qualitatif et démonstratif Essais de recherche Conclusions à tirer des essais de poteaux

522 524 525

Table des matières 861

10.3 Élancement d'un poteau

10.31

526

Définitions

526

10.311 10.312

526 528

Élancement mécanique Élancement géométrique

10.32 Cas particuliers 10.4 Armatures des poteaux

528

10.41 Armatures longitudinales 10.42 Armatures transversales 10.5 Méthode de calcul

529 530 531

10.51 10.52 10.53 10.54

529

Détermination des armatures

531 532 532 534

10.541 10.542

534 535

Évaluation de certaines données de base Effort normal résistant théorique Effort normal limite selon les Règles BAEL

Armatures longitudinales Armatures transversales

10.55 Dimensionnement 10.56 Abaque pour le calcul des poteaux Chapitre 11 ÉTAT-LIMITE ULTIME DE STABILITÉ DE FORME (FLAMBEMENT)

536 540

543

11.1 Généralités

543

11.11 Le phénomène de flambement 11.12 Difficulté de l'étude du phénomène de flambement 11.13 Objet du présent chapitre 11.2 Rappel des résultats de la théorie élastique

543 545 546 547

11.21

Flambement « eulérien})

11.211 11.212 11.213

11.22

547

Poteau biarticulé soumis à une charge centrée Charge critique d'Euler

547

Poteau soumis à une charge excentrée Amplification du moment

549 550

Méthodes de vérification des anciens règlements 552 11.221 Circulaire Ministérielle de 1934 - Formule de Rankine 552

11.222

Règles BA 1960

553

Il.223

Règles CCBA 68

553

11.23 Critique des méthodes élastiques

553

862 Traité de béton armé

11.3 Comportement expérimental des poteaux en béton armé 11.31 11.32 11.33

Comportement sous charges de courte durée Comportement sous charges de longue durée Contrôle expérimental de la validité des hypothèses de calcul

11.4 Paramètres influant sur l'état-limite ultime atteint par flambement 11.41 11.42 11.43

Longueur de flambement - élancement Excentricité de la force extérieure Durée d'application des actions (fluage)

11.5 Méthodes prenant en compte un moment « complémentaire» 11.51 11.52 11.53

Considérations préliminaires Méthode de calcul du moment complémentaire (Aas-Jakobsen, CEB 1965) Méthode simplifiée des Règles BAEL

11.6 Justifications vis-à-vis de l'état-limite ultime de stabilité de forme selon les règles BAEL 11.61 11.62

Principe des justifications Sollicitations et hypothèses de calcul 11.621 Sollicitations agissantes de calcul 11.622 Méthode générale

Méthode simplifiée de vérification de l'état-limite ultime de stabilité d'un poteau isolé Application des Règles BAEL 11.631 Définition des poteaux isolés 11.632 Détermination de la longueur de flambement d'un poteau isolé 11.633 Cas de base 11.634 Hypothèses générales 11.635 Hypothèse simplificatrice pour le calcul des moments du second ordre 11.636 Équations du problème 11.64 Méthodes pratiques 11.641 Utilisation des tables 11.642 Abaques

555 555 556 557 558 558 559 562 562 562 565 566 567 567 568 568 570

11.63

571 571 572 574 575 575 577 583 584 589

Table des matières 863

11.65 Corrections diverses 11.651 Il.652 11.653

595

Prise en compte d'une variation de l'effort normal le long du poteau Prise en compte de la variation du moment du premier ordre le long du poteau

600

Poteaux bi-articulés soumis à des moments différents à leurs deux extrémités

601

11.66 Application aux ossatures contreventées

595

602

11.661

Calcul du contreventement

602

Il.662

Calcul des poteaux de l'ossature

603

Méthodes de l'équilibre Méthode basée sur les déformations internes 11.671 Méthode basée sur la rigidité 11.672

603

11.7 Analyse des effets du second ordre selon l'EC2 11.71 Généralités 11.72 Définitions 11.73 Critères simplifiés pour les effets du second ordre

611 611 611 611

11.67

11.731 11.732 11.733

11.74 11.75 11.76

Élancement mécanique des éléments isolés Critère d'élancement pour les poteaux isolés Effets du second ordre globaux dans les bâtiments

Imperfections géométriques Fluage Méthode 11.761 11. 762 11. 763

d'analyse Méthode générale Méthode basée sur une rigidité nominale Méthode basée sur une courbure nominale (méthode simplifiée pour les poteaux isolés)

11.8 Flambement biaxial 11.81 Méthode générale 11.82 Méthodes simplifiées 11.821 11.822

Vérifications séparées au flambement « monoaxial » (EC2) Méthode simplifiée basée sur la méthode de l'équilibre

11.9 Bibliographie sélectionnée du chapitre 11

603 608

611 613 614

614 616 617 617 618 619

624 624 626 626 628

630

864 Traité de béton armé

Chapitre 12 EFFORT TRANCHANT - POINÇONNEMENT

12.1 Définition et notations

633 633

12.11

Définition

633

12.12

Notations

635

12.2 Effort de glissement - Contraintes tangentes

636

12.21

Expressions générales déduites des calculs élastiques

636

12.22

Application: contraintes tangentes sur un plan normal à la section droite et parallèle à l'axe neutre

638

Effets des contraintes tangentes

640

12.23

12.3 Comportement expérimental de poutres fléchies sous l'effet de l'effort tranchant 12.31

642

Dispositions particulières aux essais de poutres

à l'effort tranchant

643

12.32

Poutres sans armatures d'âme

643

12.33

Poutres comportant des armatures d'âme « droites»

644

12.34

Cas de poutres comportant des armatures d'âme sous forme de cadres ou d'étriers inclinés

646

Cas de poutres comportant des barres relevées à 45 0 au voisinage des appuis

646

12.35

12.4 Principes généraux des vérifications à l'effort tranchant 12.41 12.42

Règles BAEL EC2

12.5 Éléments dépourvus d'armatures d'effort tranchant

647 647 648

648

12.51

Règles BAEL

648

12.52

EC2

648

12.6 Éléments requérant une armature d'effort tranchant

651

12.61

Analyse des essais de poutres

651

12.62

Conduite des calculs par référence à un modèle de treillis 12.621 Hypothèses 12.622 Équations du problème 12.623 Treillis de Môrsch

654 655

12.63

Prescriptions des Règles BAEL concernant la justification d'une section « courante» 12.631 Règle préliminaire 12.632 Charges appliquées au voisinage d'un appui; phénomène de transmission directe 12.633 Vérification de la résistance du béton de l'âme 12.634 Vérification de la résistance des armatures d'âme

656 661 664 665

665 668 669

Table des matières 865 12.635 12.636 12.637 12.64

12.65

12.66

Cas particulier des annatures d'âmes droites

671

Barres relevées à 45° Cas des sections circulaires ou annulaires

678 680

EC2 - Méthode de l'inclinaison variable des bielles 12.641 Limite imposée par la compression des bielles de béton 12.642 Armature d'effort tranchant 12.643 Force de traction dans l'armature longitudinale 12.644 Eléments de hauteur variable 12.645 Charge appliquée au voisinage d'un appui (transmission directe)

682 683 683 685 686

12.646

Dispositions constructives

688 688

12.647 12.648

Marche à suivre pour e variable Comparaison avec les Règles BAEL

690 691

Dalles et poutres-dalles sous sollicitations d'effort tranchant (BAEL) 12.651 Définitions 12.652 Armatures d'effort tranchant Forces localisées - Armatures de poinçonnement 12.653

693 693 694 694

Couture des plans internes soumis à des actions tangentes 12.661 Règle des coutures généralisée

694 694

12.7 Zones d'application des efforts

704

12.71

Appui simple d'about

704

12.72

Appui intermédiaire

709

12.73

Prescriptions de l'EC2

711

12.74

Efforts entraînant la mise en traction transversale de l'âme d'une poutre - Armatures de « suspension»

712

12.8 Entraînement des armatures

715

12.81

Phénomène d'entraînement des armatures

715

12.82

Calcul des contraintes d'adhérence

716

12.83

Contrainte d'adhérence limite

717

12.84

Cas particulier des treillis soudés

718

12.9 Poinçonnement

718

12.91

Généralités

718

12.92

Prescriptions des Règles BAEL 12.921 Condition de non-poinçonnement

718 718

866 Traité de béton armé 12.93

Prescriptions de l'EC2 722 12.931 Principe du calcul de la résistance au poinçonnement 722 12.932 Contour et section de contrôle de référence 722 12.933 Évaluation de la contrainte maximale de poinçonnement 725 12.934 Dalles ou semelles sans armatures de poinçonnement 727 12.935 Dalles ou semelles avec armatures de poinçonnement 728

12.10 Bibliographie sélectionnée du chapitre 12

Chapitre 13 TORSION 13.1

Définition

729

731 731

13.2 Comportement expérimental des éléments en béton armé soumis à la torsion

733

13.3 Torsion d'équilibre et torsion de compatibilité

738

13.4 Méthodes de calcul

739

13.41 13.42

Théorie de la flexion biaise Méthode du treillis spatial

13.5 Résistance à la torsion circulaire d'une poutre caisson 13.51 13.52 13.53 13.54 13.55 13.56

Expression du flux de la contrainte tangente de torsion (rappels de Résistance des Matériaux) Contrainte tangente de torsion Hypothèses simplificatrices de base du modèle de treillis spatial Équations d'équilibre Vérification de la sécurité

739 741 742 742 745 746 747 750

Remarque sur la condition relative

à la compression des bielles de béton 13.6 Résistance d'une poutre à section pleine à la torsion circulaire

752

13.7 Prescriptions des règles BAEL pour la torsion

754

13.71 13.72 13.73 13.74

Contrainte tangente ultime de torsion Vérification du béton Détermination des armatures Disposition des armatures de torsion

751

754 755 756 758

Table des matières 867

13.8 Prespriptions de l'EC2 pour la torsion 13.81 13.82 13.83 13.84 13.85

Principe général de la justification Épaisseur t des parois Armatures de torsion Interaction torsion et effort tranchant Dispositions constructives

13.9 Bibliographie sélectionnée du chapitre 13

Chapitre 14 DIMENSIONNEMENT DES BIEllES, TIRANTS ET NŒUDS

760 760 760 761 762 763 764

765

14.1 Généralités

765

14.2 Bielles

766

14.3 Tirants

767

14.4 Nœuds

767

Chapitre 15 FISSURATION ET DÉFORMATIONS (EC2)

771

15.1 États-limites de service

772

15.2 Fissuration

773

15.21 15.22 15.23

773 775 778

Section minimale des armatures tendues Maîtrise de la fissuration sans calcul direct Justification par le calcul de l'ouverture des fissures 15.231 Mécanisme de la formation et du développement des fissures 15.232 Contribution du béton tendu

15.233 15.234 15.235

Vérification par le calcul d'un état-limite d'ouverture de fissure Ouverture moyenne W m des fissures Ouverture de fissure de calcul selon l'EC2

15.3 Déformations (flèches) 15.31 15.32 15.33

Généralités Cas de dispense de calcul des flèches Vérification des flèches par le calcul 15.331 Rappels de Résistance des Matériaux

15.332 15.333 15.334

Calcul des flèches Calcul de la flèche par intégration numérique Méthodes simplifiées

778 780 783 784 785

787 787 788 790 790 793 795 798

868 Traité de béton armé

15.4 Formulaire

802

15.41

Section rectangulaire

802

15.42

Section en T

803

15.43

Récapitulatif des étapes du calcul des courbures

804

15.5 Bibliographie sélectionnée du chapitre 15

Chapitre 16 ANNEXES

807

16.1 Épures de repartition des armatures longitudinales et des armatures d'âmes 16.11

Répartition des armatures longitudinales tendues 16.111 Moment résistant maximal d'un groupe de barres longitudinales 16.112 Règle du décalage

16.113 16.114

16.12

Épure d'arrêt des armatures Cas particuliers

Répartition des armatures d'âme 16.121 Cas des poutres de section constante soumises à des charges uniformes 16.122 Cas général: poutres supportant des charges uniformes, des charges concentrées, et / ou de hauteur variable

16.2 Coefficients de remplissage et de centre de gravité 16.21 16.22

805

Diagramme parabole-rectangle Diagramme bi-linéaire

807 808 809 811 813 821

822 822

836

838 838 839

16.3 Interprétation graphique des diagrammes d'interaction

840

16.4 Quelques recommandations concernant le ferraillage

846

16.41

Réduction du nombre de diamètres différents

846

16.42

Longueurs de coupe

846

16.43

Assemblage des armatures les unes aux autres

847

16.44 16.45

Mise en place

847 847

Faisabilité

Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie AGPCGRAF à Barcelone en février 20 10 Dépôt légal : Février 20 l 0

Imprimé en Espagne


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