Chapitre 5 - Le Vote Et La Violence

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Chapitre 5 – Le vote et la violence Section 1 – une socio histoire du vote L’analyse du vote doit passer par l’étude des candidats. + Vote exprime opinion individuelle A) La mobilisation partisane Le vote se développe à partir du 19ème, les masses deviennent centrales. Au Moyen-âge, il y avait déjà des votes dans les villages mais différents de ceux d’aujourd’hui, dieu était la source de légitimité du curé. Le vote arrive avec l’apparition d’un citoyen neutre qui vote avec raison. Création d’un espace politique qui diffuse une culture politique de la participation. Les 1ers partis politiques appelés comités représentent un parlementaire, ils établissent des programmes qu’ils soumettent à la population. Essentiellement issus de la classe ouvrière à la base, pour toucher ensuite, l’ensemble de la population = naissance d’un marché politique - Marché politique censitaire : restreint au sens financier ou capacitaire. L’élu connait presque personnellement tous ses électeurs. - Marché politique élargi : 150 000 votants à 10 millions. Concurrence plus forte, notoriété ne suffit plus, naissance d’une compétition politique de masse. 1848 : suffrage universel L’action de l’Etat va jouer un rôle dans l’influence des voix. Certains états instaurent le vote plural= plusieurs voix à certaines catégories de personnes. Ex : vote intellectuel en UK Principe un homme=une voix -> tardif France : 1801 : vote public, censitaire, plural 1831 : public, censitaire, plural et égal 1848 : public, censitaire, masculin et égal 1914 : secret, censitaire, masculin et égal 1944 : secret, universel et égal L’histoire du vote correspond à l’histoire de l’implication de l’Etat qui va individualiser la pratique du vote. Objectif : individu vote pour lui, non pour son clan ou sa famille.  Installer un citoyen rationnel  1857 : vote secret en Australie 1890 : USA 1913 : France (enveloppe & isoloir) Le vote secret est recommandé par la CEDH. C’est devenu un principe de bonne démocratie. B) L’individualisation de l’opinion La pratique du secret. L’isoloir fait naitre le citoyen = création d’un espace privé au sein d’un espace public. Le votant peut conserver son opinion. Outil de la démocratie. Permet l’opinion individuelle, là où le marxisme préférait une opinion collective. Le vote va permettre de se départir de la violence.

Le vote et la violence : Le vote oppose une scénographie de l’opinion contre une scénographie de la violence. Le vote serait le grand outil de la pacification. 1848 : période où beaucoup d’intellectuels vont penser que c’est la fin de la violence car on peut s’exprimer par le biais d’un vote. Se fonde une véritable civilité électorale. Section 2 : Les analyses du vote A) Les analyses stratégiques du vote Analyse qui va insister sur les enjeux en termes de rentabilité du vote. Il faut que les électeurs aient une connaissance parfaite de l’offre électorale. L’idée que l’on voterait uniquement selon la stratégie serait fausse car il y’a une place importante pour les images et symboles. Le vote réagit à des logiques rationnelles. Un vote seul n’aura pas beaucoup d’influence. B) Les analyses sociologiques du vote : Les femmes obtiennent le droit de vite en 1944, un siècle après les hommes. 1974 : Ecart du vote femme-homme à gauche est de 7 points. 1981 : 4-5, tendance qui se réduit. Ce qui explique cette évolution sont les changements de la situation socio-éco des femmes. 1962 : 34% population active, 1982 : 42 % On s’aperçoit que parmi les étudiantes, les filles sont plus nombreuses que les hommes à être allées voter. Aussi nombreuse que les hommes à avoir voté à gauche. La distorsion continue pour les femmes plus âgées. 70-80’s : femmes presque aussi engagées que les hommes, encrage dans le monde du travail. Plus les femmes sont impliquées dans la vie socioprofessionnelle plus elles ont une tendance à voter à gauche. 1978 : 54% des actives ont voté à gauche contre 46% des femmes au foyer. Engagement à gauche et l’encadrement syndical est très fort. Age est très important pour comprendre le vote des femmes. Les années d’incertitude : depuis l’arrivée des socialistes à nos jours. Election de Mitterrand= période charnière. Au milieu des 80’s : 50% parmi les votants femmes. Toujours une petite distorsion, femme un peu plus éloignées. Différence entre grandes villes et petits villages. Les votes extrêmes n’attirent pas beaucoup les femmes, écarts sur les votes de 7 à 10 points. - Participation politique selon l’âge se présenterait sous la forme d’un « u » inversé, sommaire à ses débuts, important adulte. - Forme d’identification partisane, on se reconnait de générations en générations dans le vote. Une sorte de pouvoir d’immunisation du premier vote. - Plus on vieillit, plus on est conservateur.

Pendant longtemps en France, jusqu’à une période récente, il fallait aller s’inscrire aux listes électorales. Déclin électoral : 55-60 ans USA. France : 75 ans. Insertion socioprofessionnelle plus lente, plus d’études. Or, on s’est aperçu que le droit de vote était une marque de l’entrée dans l’âge adulte et à partir du moment où on se sent peu autonome, on ne vote pas. Pour expliquer les raisons de la non-participation électorale des jeunes, il faut aussi se fixer sur l’offre politique. Une meilleure adéquation entre l’offre politique et la demande permettrait d’augmenter les votes. Usa : 2 partis. France, moindre abstention. Idée de Michigan : - L’idée qu’il y’a un vote qui se transmet dans la famille. Seul 40% des 18-20 ans se déclaraient différents de leurs parents. Seulement 2 % déclaraient être radicalement opposés. - Etude 1940 : 51% d’un collège américain avaient votés Roosevelt, 20 ans après ils ont voté Kennedy. Sorte de continuité. 80 % ont déclaré avoir toujours voté démocrate. Il est apparu des nouveaux partis en France. - Vieillissement et conservatisme. Souvent des femmes âgées avec un faible niveau d’instruction.

La classe sociale : Lorsqu’on analyse la classe sociale, il faut voir deux choses : • Indépendant/salarié : Plus on est indépendant, plus on vote à droite. Cela veut dire être propriétaire de son outil de travail. Milieu social qui est très fortement à droite. Pareil depuis 1981. Monde de l’indépendance qui est bien ancré à droite, quel que soit le type d’élection. 1978 : sondage 75 % indépendants ne voulaient que de la droite. Vote préférentiel peut s’expliquer par l’action d’autres variables comme l’âge, une expérience professionnelle. Mêmes patrimoines, revenus… Du coup, orientation ne change pas. On peut dire qu’être indépendant= vote de droite, même plus que la religion. Ce positionnement n’a pas toujours été. Ce qu’on appelait la boutique, le monde des commerçants était plutôt un monde de gauche, a soutenu les sans-culottes au moment de la révolution. Au moment où apparait la question ouvrière fin 19ème= prolétariat industriel soutenu par certains partis de gauche. Rejet à droite. Salariés : Pas aussi homogène. Place hiérarchique du salarié commande l’orientation de son vote. Cette logique de la hiérarchie sociale est tributaire de la hiérarchie de comparaison. Tout est affaire de représentation. Ex : Employés de bureau, taux de vote de la gauche ceux qui s’occupent des services + 70% à gauche. Dans le secteur des services, il est tout en bas de l’échelle sociale alors que dans le milieu de l’industrie, il a en dessous de lui, le milieu ouvrier donc plus haut.



Secteur public/privé : Clivage s’accentue à chaque fois qu’une remise en cause du service public est envisagée. A chaque vague libérale, l’écart de vote pour la gauche entre privé/public s’accentue : dernières élections = 23 points. Clivage qui traverse tout un univers, milieu social et qui est attaché à la notion de service public, d’intérêt général. Homogène puisque lorsqu’on est fonctionnaires, enfants sont préparés à la fonction publique… Fréquence du vote de gauche augmente avec le nombre d’attaches au service public.



Religion : Lien avec le catholicisme qui est la 1ère religion en France. Pratique nettement réduite. Dans la société française, il y’a un poids important qui reste. On s’aperçoit que parmi les catholiques pratiquants en 1995, -7% chez les fidèles. Il y’a des évolutions spécifiques. Chez les non-pratiquants ou sans religion, la gauche subit une érosion progressive. Avec Mitterrand, beaucoup de catholiques pratiquants vont voter pour lui, figure d’un père rassembleur. 1995 : Lionel Jospin pas la même légitimité. Le plus surprenant est que le parti qui ne perce pas chez les pratiquants est le FN. Net recul. Chez les plus pratiquants que le Pen fait son plus mauvais score. Idée que la force du discours catholique prémunit contre les extrémistes.



Patrimoine : Prédictif du vote, plus on a de patrimoine plus on vote à droite. Vote de gauche décroit en fonction du nombre de biens. A partir de 1983, gauche accepte la logique du marché= modification, plus de gens avec un haut patrimoine attirés. 2ème évolution est qu’à l’inverse la droite modérée va être plus présente dans les milieux populaires. Effet Chirac important, 2 fois plus de votes que Balladur, pareil pour Sarkozy. 3ème changement : électorat FN va attirer un électorat de plus en plus populaire. La variable de sexe, ou de l’âge sont faibles.

Section 3 :Vote FN : Caractéristique très française, demeure entre 87-88 FN dépasse 10 %. Force électorale très forte. Anachronisme en Europe, aucun autre pays n’a les mêmes résultats. Singularité française. Histoire de l’extrême droite française qui remonte à l’affaire Dreyfus qui synthétise tout ce que le FN va adorer : trahison au sein de l’armée par un officier juif. Menace sur armée et nation, altérité raciale et ethnique de l’étranger… Un grand moment d’activité d’extrême droite qui va s’accentuer. Coup de maître avec Vichy. Baisse très forte du FN mais qui va perdurer discrètement. Visage moins effrayant. « Annuler les différences, c’est confusion, déplacer les vérités c’est erreur, changer l’ordre, c’est désordre. », emblématique de la pensée d’extrême droite. Il ne faut pas chercher à annuler les différences, l’homme ne doit pas les nier. Pensée qui refuse tout ce qui peu menacer l’ordre. On est très loin de l’anarchie. Pensée révolutionnaire qui veut remettre en place une société de différenciation entre les êtres avec des principes. Dans la chapelle traditionnaliste, on retrouve un culte de ces contre-révolutionnaires.

Ordre : Nécessaire pour éviter l’anarchie. Discours que l’on retrouve pour ce qu’il se passe dans les banlieues… S’inscrit dans une tradition. Anti-intellectualisme : Très fort dans l’extrême droite. Barrès Maurice, un grand nationaliste, regard sur l’intellectuel, critique sur la raison, les gens qui font profession de réfléchir et de raisonner qui s’opposent à des vérités transcendantales. Aussi lié dans un culte de l’instinct des foules. Critique des élites qui seraient coupées du bon sens. Très fort dans le FN en particulier lorsque l’on écoute les discours du mouvement. Nationalisme : Partagé par le FN, mais pas qu’à ce parti. Amour de la patrie qui doit devenir une religion. La France est une nation historique : Jeanne D’arc, Vercingétorix… Origine des temps. Nationalisme conservateur qui se retrouve dans le discours du FN pour condamner la globalisation, l’Europe apatride. Oppose la nation française, que l’on rêve enfermée par rapport aux institutions transnationales. Refus migratoire : Etranger est suspect, pourquoi servirait-il nation ? Immigré est la menace extérieure, nationale vécue sous une forme quasi-biologique. Devient une immigration non-européenne. Méfiance vis-à-vis de ces immigrés déracinés, soupçonnés de venir accentuer la crise en France. 80’s avec les 1ères émeutes de banlieues, menace sécuritaire. Immigré est le jeune de banlieue qui met le feu aux voitures. Montée d’un ressort nouveau, assez actif.

La Singularité du FN en France : • L’héritage historique, la France est le pays des lumières, de la république… Généré un contre-courant s’opposant, anti moderne : FN. • Mémoire algérienne : ce qui est frappant en France c’est que le bouc émissaire est l’étranger. Particulièrement de l’immigré algérien ou d’Afrique de Nord. Diabolisation économique et politique dans un pays qui est le seul en Europe qui accueille une population qui a été en guerre pendant 7 ans. • FN peut s’imposer comme une véritable alternative face à la cohabitation gauche droit, un parti pas comme les autres. La scission du FN montrera que c’est un parti comme les autres. Ce vote présente un visage contrasté : Droitistes : militants de droit qui se réfèrent aux valeurs traditionnelles du FN, va céder sa place aux Ninistes : électeurs déboussolés ni tellement à droit, ni à gauche dans beaucoup de convictions qui étaient très abstentionnistes et donc plus sensés être à gauche. FN est de moins en moins à l’extrême-droite. 1998 : Scission du FN. Ninistes= ouvriero-lepeniste. Population anciennement de gauche, culture ouvrière qui s’est tournée vers l’extrême droite qui apparait en 1997 avec une captation de l’électorat communiste et ouvrier par le front national. Vraie pénétration du front national dans ce milieu ouvrier qui marque cette transformation. L’électeur vote Le Pen, figure du chef. Inégal attrait selon les sexes, électorat massivement masculin à plus de 60 %. Le vote frontiste reste malgré tout démocratique. La question est de savoir si les gens qui votent

Le Pen seraient jusqu’à instaurer un état fort. On s’aperçoit que le vote frontiste reste attaché à certaines valeurs républicaines.

Section 4 : La question de la violence : Forme d’action politique au même titre que le vote. Il y’a plusieurs biais : • Idéologique : la violence c’est mal et la violence, l’Etat ne l’utilise pas. C’est donc pour les contestataires, concept critiqué et critiquable. • Temporel : La violence c’est de pire en pire. Discours qui est historiquement totalement faux. Au contraire, la société occidentale se caractérise par une pacification des rapports sociaux. Ex : Noms des rues aux Halles. Il y’a 2 siècles, faire les courses aux Halles, risque d’être tué. Ensemble de contraintes. Ce qui nous fait violence à nous ne faisait pas forcément violence à nos ancêtres. On est devenus tellement pacifiés et départis de la violence qu’elle nous fait horreur. Comprendre la violence n’est pas évident. La violence ? Coup brutal. Certains ont pu parler de violence symbolique ou de violence douce. Michel Foucault « Surveiller et punir », philosophe, explique l évolution historique du rapport à la violence. Raconte le supplice de Damien, un jeune homme accusé de régicide, d’avoir voulu tuer le roi. Place des innocents. Dans la foule, un début de protestation, 17ème siècle, changement du rapport à la violence. Etat transforme son rapport au pouvoir : plutôt que de punir il surveille. Naissance des prisons, hôpitaux, dispensaires et le droit, grande arme pour encadrer les populations. Violence instrumentale : Destinée à un usage particulier. L’acteur qui use le plus de cette violence est l’Etat dans le cadre interne la police, externe : l’armée. Objectif et violence mesurés. Police chargée du maintien de l’ordre comme les CRS : marquer distance, éviter le coup. On la retrouve également dans les associations syndicales, les associations de paysans (appuyer une revendication précise, proportionnée). Organisations terroristes, hormis les islamistes, mais les nationalistes etc...pratiquent une violence avec un objectif précis comme l’indépendance…Violence adaptée à cet objectif. On a là une violence instrumentalisée. Violence passionnelle : Considérée comme totalement disproportionnée. Plus une violence de satisfaction d’une rage, d’une colère. Expression de rage, plus psychologique donc sans proportions, qui s’exprime sans calcul. Violence gratuite comme Orange Mécanique. Il y’a trois façons de les comprendre : • Penser que la violence puisse être biologique. Thèses dominantes au début du siècle. Dès le plus jeune âge, un syndrome neurobiologique violent. Violence innée ou acquise ? • Idée que la violence naitrait de la frustration, de la colère. Décalage entre ce que l’individu escompte et ce qu’il pense être légitime et ce qu’il obtient réellement.

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