Un pays en otage Par : D.Messaoudi _________________________
Mon pays s’appelle Eirégla Son roi et ses vizirs Sont de la famille des vampires Eirégla est prise en otage Par ces créatures à deux visages Sous la lumière du jour Ils adoptent des airs angéliques Dès qu’ils s’entourent du public Ils deviennent innocents et doux Comme des petits agneaux Dès qu’ils s’approchent d’une mosquée Ils se montrent craintifs et pieux Comme de véritables religieux Dès qu’ils entendent gémir la plèbe Ils s’activent et vont en trombe Comme si pressés de secourir Mais dans les ténèbres de la nuit De leurs visages devenus ternes N’émanent que haine et cruauté De leurs yeux rougeâtres et fielleux Ne brillent qu’intrigues et malignité Ils sont toujours aux aguets Impatients et assoiffés Les crocs prêts à saisir et à déchiqueter Les dents prêtes à mordre et à déchirer Exsangue et squelettique Est le peuple de mon pays Ruiné et morcelé Est le pays de mon peuple Mais entièrement narcotisé Par des harangues opiacées Et terriblement enchanté Par un paraître enjolivé Dans les salles On continue d’applaudir et de glorifier Dans les rues On continue de soutenir et d’acclamer ___________________________________________________ (Alger, 1999)