Sxxi Juin 2007

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une production de COLLECTIF DESESPOIR DES SINGES & ÉDITIONS PUERTAFUERA & LUISEMILIO PROJECT

LE CHILI, À PLUS DE 30 ANS DE LA « RÉVOLUTION CAPITALISTE » * Le Chili a joué un rôle très important dans la diffusion mondiale du modèle économique «néolibéral», au point qu’on a pu parler du «cas chilien », pour illustrer les conséquences de l’ application du modèle ultra libéral. Le néolibéralisme accorde la primauté aux forces du libre marché et prêche une méfiance face à l' intervention de l' État dans l' économie. Ce modèle préconise la baisse du coût de la main-d’œuvre, la réduction des dépenses publiques et la flexibilisation du travail . Le Chili fut un pays où, à partir de 1973, a été mise en place une des premières et des plus profondes expérimentations dans l'implantation de cette stratégie économique. Six années avant l'arrivée en pouvoir de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, et sept ans avant la victoire électorale de Ronald Reagan aux Etats-Unis, le gouvernement militaire de Augusto Pinochet a anticipé ces puissances mondiales dans la mise en marche des réformes néolibérales. Au début des années 70, il y avait au Chili une soixantaine d’économistes formés à l'Université de Chicago. Les «Chicago Boys », les disciples du futur Prix Nobel d'Économie, Milton Friedman, principal exposant de l'École dite monétariste. Le gouvernement de Pinochet installé après le coup d’état, leur a livré la gestion de l'économie. Ils ont ouvert l'économie aux importations, privatisé des dizaines d'entreprises d’état et ont retiré presque tous les contrôles

fiscaux à l'activité économique privée. Presque vingt années après, la plupart des pays latinoaméricains ont adopté la même

stratégie économique. Les résultats des pratiques des disciples de Friedman en Amérique latine sont encore matière d’intense polémique. Les adversaires de ce modèle néolibéral l’ont toujours identifié avec l'agitation sociale importante, les souffrances ainsi que les niveaux élevés de chômage qu'a vécu le Chili pendant les premières années du gouvernement Pinochet. Dans une interview accordée en 2001 à la chaîne américaine PBS (Public Broadcasting Service), Alejandro Foxley - actuel ministre de Relations Extérieures du Chili et ancien ministre de Finances du premier gouvernement civil d’après dictature - a dit que les Chicago Boys «commençaient un processus très profond de transformation de l'économie sans aucune préoccupation pour ce qui arriverait aux gens, en 2

ayant à un moment donné un taux de chômage de 30%. Je ne crois pas que ce soit une façon très appropriée d'ouvrir une économie aux marchés mondiaux». Ce modèle économique hérité de la dictature par les gouvernements démocratiques successifs, n'a pas été remis en question. Les

gouvernements démocratiques l'ont adopté et adapté. Le modèle est devenu culturellement hégémonique dans la société chilienne. Le néolibéralisme domine par la force mais aussi par le consentement majoritaire et implicite des citoyens qui sont devenus des consommateurs compulsifs. Nolo Rizka

(*) Expression employée par le sociologue Tomás Moulián pour rendre compte du paradoxe du processus de modernisation chilien. Toutefois, les résultats obtenus se trouvent en opposition à la devise "Liberté, Egalité, Fraternité" de la Révolution française. Nous avons aujourd'hui au Chili moins de liberté réelle pour agir, même s'il y a davantage de liberté économique. Les inégalités économiques et sociales ont augmenté, la fraternité et la sociabilité ont faibli. Moulián, Tomás (1997), Chile actual. Anatomía de un mito, Ed. Lom - Arcis, Santiago.

Présidente chilienne en visite d’état en Europe du nord

MICHELLE BACHELET À FINLANDE, NORVÈGE ET SUISSE

domaines scientifiques et technologiques. La tournée s’est poursuivie à Oslo, dans le royaume de Norvège, où elle a été accueillie par le prémier ministre et chef du gouvernement, M. Jens Stoltenberg Cette visite cherche à élargir les liens commerciaux entre les deux pays, et développer aussi des partenariats dans le domaine de la voirie au Chili. Dans le secteur de l’infrastructure; un accord lie déjà le Chili à la Norvège. Des accords bilatéraux ont été aussi conclus entre les deux pays et l’Onu., autour du thème de la coopération qu’ils mènent auprès des Nations unies.

Début juin à Zurich, Berne et Lausanne

La Présidente de la République du Chili, Mme Michelle Bachelet, a entamée fin mai une série de visites d’état dans les pays du nord de l’Europe. Mme Bachelet est arrivée dimanche 27 mai en Finlande, la première étape de sa tournée européenne qui l’a mené également en Norvège et en Suisse. A Helsinki, Mme Bachelet a été accueillie par la présidente Mme Tarja Halonen. A suivi une série de rencontres avec la chambre des industries et des visites de sites de production locales. Une rencontre a été organisée aussi avec les chiliens résidents à Helsinki. Cette visite officielle en Finlande s’est conclue le 30 mai, par un déjeuner auquel assistaient des responsables locaux des médias, ainsi que des entrepreneurs des transports, du tourisme, l’alimentation et les communications.

Mme Bachelet effectue une visite d'État en Suisse les 1er et 2 juin. Cette visite est l'occasion de souligner les relations amicales qu'entretiennent la Suisse et le Chili.

MME BACHELET ET LA PRÉSIDENTE TARJA HALONEN À HELSINKI AVEC HARALD V , LE ROI DE NORVÉGE

Malgré la distance géographique qui les sépare, la Suisse et le Chili entretiennent depuis plus de 100 ans des relations intenses, qui ont été encore renforcées dernièrement par la conclusion de divers accords. La visite d’État de la Présidente chilienne est l'occasion de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale et d'entretenir des contacts personnels au plus haut niveau.

Un accord de coopération a été signé aussi avec l’académie des sciences finlandaise, qui vise à étoffer la coopération dans les

La dernière visite officielle d'un chef État chilien en Suisse remonte au 16 mars 1995. 3

MICHELLE BACHELET ANNONCE UN AMBITIEUX PROGRAMME SOCIAL Face à un malaise social croissant, la présidente socialiste chilienne, Michelle Bachelet, a annoncé, lundi 21 mai, des investissements de plusieurs millions de dollars en matière d'éducation, de santé, de logement et de retraite, qui seront financés par les gains spectaculaires obtenus grâce aux exportations de cuivre. C'est le programme social le plus ambitieux depuis le retour de la démocratie, en 1990, dans un pays où 3 des 16 millions d'habitants vivent dans la pauvreté. Dans un discours de deux heures destiné à présenter le bilan annuel de son gouvernement devant le Parlement, qui siège à

Valparaiso (à 110 km à l'ouest de Santiago), Mme Bachelet a proposé de réduire l'excédent fiscal de 1 % à 0,50 % du PIB. L'Etat disposera ainsi de 594 millions d'euros pour réaliser ce nouveau plan social. Cette mesure avait été réclamée par plusieurs secteurs en raison de la bonne santé de l'économie chilienne, avec des prévisions de croissance de 6 % pour 2007. La présidente socialiste a promis à partir de 2008 une retraite de 145 dollars à toutes les personnes âgées vivant dans la pauvreté et une augmentation de l'assurance-chômage qui touche 7,8 % de la population. Elle a annoncé des investissements supplémentaires de 650 millions de dollars pour l'éducation (qui disposera ainsi d'un budget annuel de 5 milliards de dollars), la construction de 2 700 garderies d'enfants, 12 nouveaux hôpitaux et l'annulation de la dette des foyers pauvres pour l'acquisition de logements. "Consolider les bases d'un système de protection sociale sera la marque historique de mon gouvernement", a affirmé Mme Bachelet. L'arrivée au pouvoir le 11 mars

militaire. Début mai, elle a été durement critiquée par une vingtaine de parlementaires appartenant à la coalition de centre-gauche au pouvoir, la Concertation démocratique, qui lui ont reproché de mener une politique "néolibérale" et ont revendiqué un virage à gauche. CHRISTINE LEGRAND

25 mai 2007

CHILI : CRISE DANS LE PARADIS NÉOLIBÉRAL

2006 de la première femme élue présidente du Chili avait suscité un grand espoir en vue de réduire les inégalités sociales. Aujourd'hui, sa cote de popularité est tombée de 60 % à 40 %. En revanche, l'approbation de l'opposition de droite est en hausse dans les sondages pour les élections municipales de 2008, prélude à l'élection présidentielle de 2009. MEA CULPA Mme Bachelet a fait son mea culpa, reconnaissant des erreurs dans sa gestion, notamment dans celle du nouveau système de transports de Santiago, le Transantiago, qui a réduit de 8 000 à 5 600 le nombre de véhicules en circulation, entraînant la colère des usagers. "Cette réforme a été une expérience mauvaise et frustrante pour une grande majorité des habitants de Santiago, spécialement pour les plus pauvres", a reconnu le chef de l'Etat. Elle a annoncé des investissements de 290 millions de dollars pour subventionner le Transantiago. Mme Bachelet avait affronté, en juillet 2006, une révolte sans précédent des élèves du secondaire, qui exigeaient une réforme du système éducatif, privatisé par la dictature 4

par RAÚL ZIBECHI Un nouveau et profond malaise est perceptible à Santiago. Aux arrêts des autobus et du métro, dans des quartiers populaires comme La Victoria - haut-lieu de la résistance contre la dictature -, dans les couloirs des hôpitaux publics et aux portes des collèges, s’exprime à vive voix une nouvelle conscience sur les problèmes du Chili et sur les responsables du fait que le « modèle » - dont se vantent encore les politiciens de droite et de gauche est en train de donner d’évidents signes de fatigue. En quinze mois, le gouvernement de Michelle Bachelet a accumulé des problèmes et plusieurs fronts ont été ouverts. Il y eut d’abord les massives et puissantes protestations des étudiants du secondaire contre la loi de l’éducation héritée du dictateur. La mobilisation est parvenue à mettre sur la table le problème du profit dans l’enseignement qu’une bonne partie de la majorité présidentielle refuse de mettre en question. Alors que n’avaient pas encore été étouffés les échos des assemblées étudiantes, appelées à se transformer en schisme dans la culture politique qui tourne autour de la représentation, la mise en marche du Transantiago (système de transport collectif privé) a provoqué une crise politique qui peut ruiner la Concertation démocratique, l’alliance démocrate chrétienne et socialiste qui administre le système électoral chilien depuis le départ de Pinochet de la présidence en 1990. Le malaise s’est accru de plu-

sieurs degrés au début du mois de mai avec l’assassinat d’un ouvrier forestier par le corps des carabiniers, dans le sud mapuche où la colère ancestrale est perceptible. Pour la première fois depuis des années, les politiciens se montrent préoccupés par le cours que prennent les événements. Le « modèle » économique prend l’eau. Une étude récente de deux économistes de l’Université du Chili, Orlando Caputo et Graciela Galarce, indique qu’il y a eu une sortie record de capitaux en 2006 : 25 milliards de dollars, soit 17% du Produit Intérieur Brut (PIB). Ils affirment que l’économie chilienne « s’épuise » et que « seul l’apport de l’entreprise minière publique Codelco permet d’éviter une crise ». Dans le pays qui a glorifié comme aucun autre le secteur privé, le secteur public est celui qui sauve la situation. La plus grande partie des capitaux qui ont fui, ou qui sont repartis selon le jargon technocratique, appartiennent au secteur minier qui a profité de la dénationalisation du cuivre. Le syndicaliste Pedro Marín a déclaré au quotidien Clarín : « Codelco possède 30% du secteur, et les entreprises étrangères 70%. Mais c’est le contraire en ce qui concerne les apports aux fisc : Codelco apporte 70% contre 30% pour les entreprises étrangères, malgré leurs profits. » L’impression est que la situation économique du « modèle » tient à un fil, ... de cuivre : en 2003, la livre était cotée à 80 centimes de dollars, cette année, elle a atteint les trois dollars. La situation est très grave car la fuite de capitaux en 2006 équivaut à 84% du budget de l’État et si rien n’est fait, elle menace de stopper net la croissance. La question du Transantiago est plus grave encore, car il dévoile à la population la perversion

du « modèle ». Le gouvernement a confié à des privés la remodelation du système chaotique de transport collectif de la capitale. Le Transantiago s’inspire du Transmilenio de Bogotá (Colombie) : de grands bus circulent sur des voies séparées, avec des lignes principales et des lignes secondaires. Inauguré en février, cela fut le chaos. Il manque des bus car les privés ne veulent pas prendre de risques. Dans les quartiers les plus pauvres, où c’est moins rentable, les autobus n’arrivent pas ou le font avec d’énormes lacunes. La population doit marcher des kilomètres pour arriver à un arrêt où elle peut attendre jusqu’à une heure l’arrivée de l’autobus. Des milliers de personnes ont perdu leur emploi pour être arrivées en retard. Et le métro est si congestionné qu’il ne suffit pas. Au chaos initial qui a provoqué quelques manifestations spontanées, a suivi une indignation à mesure qu’étaient révélés les niveaux d’improvisation et de spéculation des entrepreneurs. Comme le service fait des pertes (30 millions de dollars rien qu’en avril), le gouvernement a décidé d’assister les privés. L’efficace métro public a été forcé de prêter de l’argent au Transantiago et le gouvernement de Bachelet propose maintenant au Parlement un prêt de 290 millions à une entreprise privée connue pour ne pas respecter ses contrats. Même des députés de la démocratie chrétienne critiquent le fait que l’État appuie l’inefficacité des entreprises (privées). L’ex-président Eduardo Frei, un démocrate chrétien néolibéral, a demandé que soit établi « un système de transport public comme dans toutes les grandes villes du monde ». Quelque chose d’impensable il y a quelques années. Un secteur de la CONCERTACIÓN, au pouvoir, a diffusé il y a deux semaines un document intitulé « Les alternatives », dans lequel il demande d’ « introduire des rectifications au modèle de développement actuel, d’affronter les inéga5

lités et d’avancer dans la construction d’un système intégral de protection sociale ». Les partisans du gouvernement sentent le sol se dérober sous leurs pieds. Le document va plus loin. Il critique un modèle où « le niveau de réserves fiscales a plus d’importance que la cohésion sociale » ; il dénonce de « graves problèmes de qualité en matière d’éducation, de santé, de logement, de protection de l’environne ment » et un long etcetera ; Il alerte « sur la qualité précaire de notre démocratie » et critique « les énormes injustices et inégalités ». Presque un manifeste de l’opposition de gauche. En réalité, le problème est ailleurs. La protestation tend maintenant à dépasser les secteurs qui se sont toujours opposés au modèle néolibéral chilien comme le peuple mapuche et la jeunesse contestataire. La longue grève dans le sud, où sept mille ouvriers forestiers ont gagné le bras de fer contre les puissants et prétentieux chefs d’entreprise du Groupe Angelini, un des plus forts du Chili, est tout un symptôme des nouveaux temps [1]. Les ouvriers ont utilisé la machinerie lourde de l’entreprise pour résister aux carabiniers au prix de plusieurs blessés et d‘un mort. Les protestions des ouvriers, des habitants, des mapuches et des étudiants pourraient à tout moment converger. Nous savons que quand la répression ne freine pas ceux d’en bas, ceux d’en haut commence à penser à introduire des changements pour faire une retouche au maquillage. NOTES: [1] [NDLR] Lire Marisol Facuse, Rodrigo Sáez, Répression du mouvement social au Chili : « Arauco tiene una pena », RISAL, 25 mai 2007.

EL MAMO, CHEF DE LA TERREUR SOUS LA DICTATURE

L'EX-GENERAL MANUEL CONTRERAS CONDAMNÉ À 15 ANS DE PRISON MANUEL CONTRERAS LORS DE SON ARRESTATION MOUVEMENTÉE EN 2005

SANTIAGO - L'ancien chef de la police secrète sous la dictature du général Augusto Pinochet au Chili (1973-1990), Manuel Contreras, a été condamné lundi 14 mai à 15 ans de prison. Il cumule ainsi une peine de 144 années pour violations des droits de l'Homme. Patron à cette époque de la redoutable DINA (Direction de l'intelligence nationale), l'exbras droit du dictateur a été condamné le 14 mai 2007 pour la disparition d'une militante du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), enlevée par ses agents le 27 août 1974. Manuel Contreras est détenu depuis janvier 2005 après avoir été condamné à 12 ans de prison

pour l'enlèvement d'un autre membre du MIR. Cette première condamnation a été suivie de plusieurs autres pour des faits similaires, portant sa peine totale, à ce jour, à 144 années de détention. La DINA, en service jusqu'en 1978 et aux ordres directes du dictateur Pinochet, est la responsable, avec l’appareil qui vint la remplacer, la CNI, de la plupart des plus de 3.000 cas d'assassinats et disparitions survenus durant le régime militaire chilien. Poursuivi pour violations des droits de l'Homme ainsi que fraude fiscale après la découverte de comptes bancaires secrets à l'étranger, le général Pinochet est décédé le 10 décembre dernier à l'âge de 91 ans sans avoir jamais été condamné. ats / 15 mai 2007

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UNE ARMADA EN EXERCICES AU LARGE DU CHILI Teamwork South 2007 prévoit débarquement et opérations de guerre en haute mer Avec l'arrivée à Mejillones des navires chiliens, a commencé fin mai l'exercice international "Teamwork South 2007", auquel participent plus de 20 navires de surface, ainsi que des avions de patrouille et des hélicoptères. Des chasseurs F-16 de l'armée de l'air chilienne participeront aussi. Les manoeuvres, qui culmineront le 11 juin prochain à Iquique, comprennent des navires du Chili, d'Argentine, des États-unis, de France et du Royaume-Uni. Les exercices "Teamwork South" sont actuellement les exercices internationaux qui rassemblent le plus de personnel et de matériel chiliens. Le départ des navires pour l'exercice proprement aura lieu dimanche depuis le port voisin. La Marine du Chili fera participer les frégates lance-missiles "Almirante Williams" et "Almirante Condell", et les frégates " Capitán Prat", "Almirante Latorre" et "Almirante Blanco Encalada". De même, seront présents le puissant sous-marin de la classe Scorpène "Carrera" (avec son jumeau le "O'Higgins", ils sont les sousmarins classiques les plus modernes au monde), le pétrolier " Araucano", le remorqueur de haute mer "Galvarino" et les 4 unités du commando nord de lance-missiles. Sera aussi présente la task-force 40.0 de l'US Navy, composée de la frégate lance-missile "Samuel B. Roberts", du destroyer lancemissile " Mitscher" et du navire de débarquement "Pearl Harbor". Ces navires américains, plus la frégate chilienne "Almirante Latorre", ont commencé en avril une mission internationale de 6 mois appelée Partnership of the Americas 2007.

Mercredi, le 16 mai 2007 «BENOÎT, MON FRÈRE, CHANGE TON REGARD» (À mon frère Benoît XVI) — Je t’adresse cette lettre parce que j’ai besoin de communiquer avec le pasteur de l’Église catholique et qu’il n’existe aucun canal de communication pour te rejoindre. Je m’adresse à toi comme à un frère dans la foi et dans le sacerdoce, puisque nous avons reçu en commun la mission d’annoncer l’Évangile de Jésus à toutes les nations. Je suis prêtre missionnaire québécois depuis 45 ans; je me suis engagé avec enthousiasme au service du Seigneur à l’ouverture du Concile œcuménique de Vatican II. J’ai été amené à un travail de proximité dans des milieux particulièrement pauvres : dans le quartier Bolosse à Port-au-Prince, sous François Duvalier, puis parmi les Quichuas en Équateur, et, enfin, dans un quartier ouvrier de Santiago au Chili durant la dictature de Pinochet. À la lecture de l’Évangile de Jésus durant mes études secondaires, et j’ai été impressionné par la foule des pauvres et des éclopés de la vie dont s’entourait Jésus, alors que les nombreux prêtres qui nous accompagnaient dans ce collège catholique ne nous parlaient que de morale sexuelle. J’avais 15 ans.

Mélange erroné de foi et de politique?

Dans l’avion qui t’amenait au Brésil, tu as une fois de plus condamné la théologie de la libération comme un faux millénarisme et un mélange erroné entre Église et politique. J’ai été profondément choqué et blessé par tes paroles. J’avais déjà lu et relu les deux instructions que l’excardinal Ratzinger avait publiées sur le sujet. On y décrit un épouvantail qui ne représente en rien mon vécu et mes convictions. Je n’ai pas eu besoin de lire Karl Marx pour découvrir l’option pour les pauvres. La Théologie de la libération, ce n’est pas une doctrine, une théorie; c’est une manière de vivre l’Évangile dans la proximité et la solidarité avec les personnes exclues, appauvries. Il est indécent de condamner ainsi publiquement des croyants qui ont

consacré leur vie — et nous sommes des dizaines de milliers de laïcs, de religieuses, religieux, prêtres venus de partout à avoir suivi le même chemin. Être disciple de Jésus, c’est l’imiter, le suivre, agir comme il a agi. Je ne comprends pas cet acharnement et ce harcèlement à notre égard. Juste avant ton voyage au Brésil, tu as réduit au silence et congédié de l’enseignement catholique le père Jon Sobrino, théologien engagé et dévoué, compagnon des Jésuites martyrs du Salvador et de monseigneur Romero. Cet homme de 70 ans a servi avec courage et humilité l’Église d’Amérique latine par son enseignement. Est-ce une hérésie de présenter Jésus comme un homme et d’en tirer les conséquences? J’ai vécu la dictature de Pinochet au Chili dans une Église vaillamment guidée par un pasteur exceptionnel, le cardinal Raúl Silva Henriquez. Sous sa gouverne, nous avons accompagné un peuple épouvanté, terrorisé par des militaires fascistes catholiques qui prétendaient défendre la civilisation chrétienne occidentale en torturant, en séquestrant, en faisant disparaître et en assassinant. J’ai vécu ces années dans un quartier populaire particulièrement touché par la répression, la Bandera. 7

Oui, j’ai caché des gens, oui, j’en ai aidé à fuir le pays, oui, j’ai aidé les gens à sauver leur peau, oui, j’ai participé à des grèves de la faim. J’ai aussi consacré ces années à lire la bible avec les gens des quartiers populaires : des centaines de personnes ont découvert la Parole de Dieu et cela leur a permis de faire face à l’oppression avec foi et courage, convaincu que Dieu les accompagnait. J’ai organisé des soupes populaires et des ateliers artisanaux pour permettre à des ex-prisonniers politiques de retrouver leur place dans la société. J’ai recueilli les corps assassinés à la morgue et je leur ai donné une sépulture digne d’êtres humains. J’ai promu et défendu les droits de la personne au risque de mon intégrité physique et de ma vie. Oui, la plupart des victimes de la dictature étaient des marxistes et nous nous sommes faits proches parce qu’ils et elles étaient nos semblables. Et nous avons chanté et espéré ensemble la fin de cette ignominie. Nous avons rêvé ensemble de liberté.

Est-ce si loin de Jésus ?

Qu’aurais-tu fait à ma place? Pour lequel de ces péchés veux-tu me condamner, mon frère Benoît? Qu’est-ce qui t’indispose tellement dans cette pratique. Est-ce si loin de ce que Jésus aurait fait dans les mêmes circonstances. Comment penses-tu que je me sente lorsque j’entends tes condamnations répétées ? J’arrive comme toi à la fin de mon service ministériel et je m’attendrais à être traité avec plus de respect et d’affection de la part d’un pasteur. Mais tu me dis : «Tu n’as rien compris à l’Évangile. Tout cela c’est du marxisme! Tu es un naïf.» N’y a-t-il pas là beaucoup d’arrogance? Je rentre du Chili où j’ai revu mes amis du quartier après 25 ans; ils étaient 70 à m’accueillir en janvier. Ils m’ont accueilli fraternellement en me disant : «Tu as vécu avec nous, comme nous, tu nous as accompagné durant les pire années de

CINEMA CHI LI EN HEROS FRAGILES, D’EMILIO PACULL Une enquête précise et personnelle sur le putsch de 1973 à Santiago.

JON SOBRINO, THÉOLOGIEN JÉSUITE ENGAGÉ, EXCLU PAR ROME

notre histoire. Tu as été solidaire et tu nous as aimé. C’est pourquoi nous t’aimons tant ! Et ces mêmes travailleurs et travailleuse me disaient : nous avons été abandonnés par notre Église. Les prêtres sont retournés dans leurs temples; ils ne partagent plus avec nous, ne vivent plus parmi nous.» Au Brésil, c’est la même réalité : durant 25 ans, on a remplacé un épiscopat engagé auprès des paysans sans terres, des pauvres dans les favelas des grandes villes par des évêques conservateurs qui ont combattu et rejeté les milliers de communautés de base, où la foi se vivait au ras de la vie concrète. Tout cela a provoqué un vide immense que les Églises évangéliques et pentecôtistes ont comblé : elles sont restées au milieu du peuple et c’est par centaine de milliers que les catholiques passent à ces communautés. Cher Benoît, je te supplie de changer ton regard. Tu n’as pas l’exclusivité du Souffle divin; toute la communauté ecclésiale est animée par l’Esprit de Jésus. Je t’en prie, remise tes condamnations ; tu seras jugé bientôt par le Seul autorisé à nous classer à droite ou à gauche, et tu sais autant que moi que c’est sur l’amour que notre jugement aura lieu. Fraternellement. Claude Lacaille, Prêtre des Missions étrangères Trois-Rivières, Canada

Le 11 septembre 1973, Salvador Allende ne fut pas le seul à se suicider dans l’enceinte du palais de la Moneda, assiégé par les militaires putschistes. Augusto Olivares, proche collaborateur du président chilien et beau-père du réalisateur, choisit lui aussi de mourir ce jour-là. Pourquoi s’estil sacrifié ? Sa caméra à l’épaule, Emilio Pacull retourne au Chili, son pays natal, pour trouver des réponses. Avec un sens très sûr

LE PRÉSIDENT SALVADOR ALLENDE ET SES COLLABORATEURS, PARMI EUX, LE JOURNALISTE AUGUSTO OLIVARES, QUI SE DONNA LA MORT LORS DU BOMBARDEMENT DE LA MONEDA LE 11 SEPTEMBRE 1973

de la dramaturgie, il se met luimême en scène et nous invite à mener l’enquête à ses côtés, à rencontrer les témoins de l’époque, victimes et conspirateurs, à suivre les méandres de la mémoire individuelle et collective. Ainsi cette belle séquence où sa mère, évoquant la mort d’Augusto Olivares, commence par parler du bouquet de violettes qu’il lui offrit ce jour-là. Sans jamais rompre avec cet intimisme, Emilio Pacull interroge aussi la perception de l’événement en montrant, extraits de films à l’appui, comment le cinéma s’en est emparé. 8

Et il révèle les mécanismes du putsch – incluant la responsabilité des États-unis, le rôle du patronat chilien et de l’extrême droite. Ce faisant, il n’accomplit pas seulement un devoir de mémoire. Il tente aussi de se réconcilier avec son propre pays. Son beau documentaire tire sa force de cette savante et émouvante combinaison entre un remarquable travail d’investigation et une nécessité personnelle. MATHILDE BLOTTIÈRE

Télérama n° 2992 19 Mai 2007

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