De
l’être
humain
:
philosophie,
psychologie,
sociologie
morales
Si
Rousseau,
Hobbes
ou
Smith
pouvaient
se
quereller
sur
les
présupposés
anthropologiques
de
leurs
théories,
et
demander
si
l’homme
était
plutôt
égoïste
ou
bienveillant,
le
discours
contemporain
sur
la
morale
semble
avoir
voulu
s’affranchir
de
tout
présupposé
anthropologique
ou
ontologique.
Ces
présupposés
seraient
trop
peu
fiables,
entachés
d’arbitraire.
Enfin,
ils
n’auraient
rien
d’indispensable
pour
la
réflexion.
C’est
là
un
thème
qui
concerne
aussi
bien
la
réflexion
philosophique
que
la
psychologie
morale
et
la
sociologie
morale
:
au
croisement
de
ces
disciplines,
le
travail
de
jeunes
chercheurs
en
France
et
en
Europe
permet
de
discerner
l’émergence
d’un
champ
qui
renouvelle
l’approche
de
ces
questions
morales,
et
la
question
de
l’humain.
Un
geste
caractéristique
de
la
théorie
morale
moderne
–
qu’elle
œuvre
sous
un
angle
philosophique,
psychologique,
sociologique,
économique
–
a
souvent
consisté
à
s’affranchir
des
hypothèses
sur
la
nature
humaine,
mais
il
n’est
pas
évident
qu’on
puisse
en
faire
si
facilement
l’économie.
Il
est
indéniable
que
toute
théorie
ne
s’accommode
pas
du
même
individu,
ne
dessine
pas
en
filigrane
le
même
sujet
:
il
n’est
donc
pas
inintéressant
d’essayer
de
mettre
en
lumière
l’image
de
l’homme
et
les
présupposés
métaphysiques
et
anthropologiques
qui
animent
les
analyses
normatives
au
croisement
de
la
philosophie
et
des
sciences
sociales.
Et
l’individu
proposé
par
ces
théories
sociales
manque
souvent
d’épaisseur
empirique.
Privilégiant
une
dimension
de
l’existence
humaine
(notamment
la
rationalité)
en
faisant
abstraction
des
autres,
ces
théories
ne
semblent
pas
aptes
à
rendre
compte
de
cette
existence
dans
sa
complexité.
L’objectivité
ne
se
paie‐t‐elle
pas
d’un
prix
trop
fort,
qui
est
de
perdre
l’individu
même
qui
est
l’objet
des
sciences
de
l’homme
?
Il
peut
ainsi
sembler
nécessaire
de
réintroduire
dans
la
théorie
sociale
un
discours
anthropologique.
L’idée
de
ces
journées
est
donc
de
s’interroger
sur
la
manière
dont
les
théories
morales
définissent
–
en
le
disant
ou
sans
le
dire
–
l'humain.
Nous
voulons
nous
efforcer
de
mettre
au
jour
les
présupposés
métaphysiques
et
anthropologies
qui
grèvent
les
théories
normatives
et
voir
à
l'inverse
comment,
quand
elles
prennent
le
parti
pris
de
tels
présupposés,
elles
contribuent
à
définir
l'humain
:
adoptons‐nous
un
point
de
vue
individualiste
ou
holiste
?
De
quelles
vertus
et
de
quels
vices
est
doté
l’individu
qui
émerge
de
nos
théories
?
En
nous
forçant
ainsi
à
formuler
ces
hypothèses
métaphysiques
et
anthropologiques,
il
s’agit
aussi
de
les
passer
au
crible
de
la
critique.
De
nouvelles
orientations,
comme
les
problématiques
sociologiques
de
complexité
du
social
nous
ouvrent
la
voie
dans
cette
direction.
Certains
théoriciens,
à
l’instar
du
philosophe
Philip
Pettit
ou
de
l’économiste
Amartya
Sen,
ont
entrepris
de
faire
reposer
leur
analyse
de
la
société
sur
une
métaphysique
sociale
explicite,
dont
on
peut
se
demander
à
quel
point
elle
est
sous‐jacente
chez
d'autres
théoriciens.
Les
recherches
sur
le
care
ouvrent
également
de
nouvelles
voies
à
une
prise
en
considération
de
l’humain
sous
ces
dimensions
volontairement
négligées
par
l’analyse
classique.
Mais
cet
effort
peut
être
appliqué
dans
de
nombreuses
directions.
Comment
notre
théorie
morale
est‐ elle
affectée
par
ce
que
nous
savons
de
l’autonomie
du
sujet
et
de
sa
vulnérabilité
?
Dans
quelle
mesure
les
analyses
de
la
violence
sociale
affectent‐elles
notre
image
de
l’agentivité
individuelle
?
Comment
les
conceptions
du
lien
social
et
de
l’intégration
reposent‐elles
sur
des
hypothèses
de
rationalité
et
de
moralité
?
Comment
le
rôle
dévolu
aux
émotions
et
à
la
narration
particulière
dans
notre
formation
morale
affecte‐t‐elle
notre
conception
du
sujet
moral
?
Comment
notre
conception
de
l’humain
est‐elle
affectée
par
les
catégories
de
genre
ou
nos
idées
sur
la
sexualité,
et
vice
versa
?
Prenant
la
suite
des
trois
journées
«
Philosophie,
psychologie,
sociologie
moraleS
»,
tenues
à
Amiens
en
décembre
2008,
ces
journées
d’étude
entendent
continuer
à
explorer
la
fécondité
du
croisement
de
ces
disciplines
sur
la
question
de
l’humain.
Les
exposés
devront
durer
au
maximum
25
minutes.