Nathan - Dcg Ue 5 - économie - Manuel & Applications - 3e édition 2016 - Corrigés.pdf

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Chapitre 1 Histoire des faits économiques et sociaux Application 1. QCM, p. 41 1. Les enclosures ont pour effet :

 de séparer les villages les uns des autres.  d’obliger les paysans pauvres à gagner les villes.  de favoriser le développement du chemin de fer. 2. Les crises d’Ancien Régime résultent :

 de mauvaises récoltes.  d’une augmentation du prix de l’immobilier.  d’une insuffisance de débouchés. 3. Le travail à la chaîne est une innovation organisationnelle de :

 F.W. Taylor.  Henri Ford.  André Citroën. 4. La crise de 1929 a encouragé :

 la mondialisation.  le protectionnisme.  l’expansion coloniale.

-5Chapitre 1 – Histoire des faits économiques et sociaux

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5. En France, le salaire minimum date de :

 1906.  1920.  1945.  1950. 6. Le modèle de croissance fordiste repose sur :

 l’existence de gains de productivité du travail.  la mise en place d’un État-Providence.  la demande provenant essentiellement de l’extérieur. 7. L’Union européenne comprend actuellement :

 6 pays.  12 pays.  28 pays. 8. La Chine s’est engagée dans un vaste programme de libéralisation de son économie en :

 1949.  1958.  1979. 9. La création de la monnaie unique (euro) date de :

 1979.  1989.  1999. 10. La crise des subprimes est une crise :

 financière.  d’insuffisance de débouchés.  financière qui s’est transformée en crise des dettes souveraines.

-6Chapitre 1 – Histoire des faits économiques et sociaux

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Application 2. Pic de pollution en Chine, p. 42 1. Quelles sont les causes des hauts niveaux de pollution atmosphérique en Chine ? Aujourd’hui deuxième puissance économique mondiale, la Chine est considérée comme l’un des pays qui émet le plus de dioxyde de carbone (CO 2 ). C’est à partir de 1979 que la Chine, sous la présidence de Deng Xiaoping, s’ouvre sur l’extérieur. Soucieuse de rattraper son retard de développement, la Chine s’est engagée dans un processus de libéralisation de son économie provoquant l’arrivée d’investisseurs étrangers, et plus particulièrement dans le secteur automobile, domaine censé provoquer d’importants effets d’entraînement sur le reste de l’économie. La croissance rapide et débridée que va connaître la Chine par la suite va se faire au détriment de la dimension environnementale. La croissance s’est appuyée massivement sur l’usage des énergies fossiles (charbon, gaz naturel et pétrole), principales sources d’émission de CO 2 . Cette course effrénée à la croissance s’est traduite par d’importants rejets polluants engendrant des coûts sociaux (maladies respiratoires, mal-être lié au manque d’espace public et au bruit…) et environnementaux (atteinte à la biodiversité, à la qualité de l’air, de l’eau, des paysages…). Les carences institutionnelles et la faible relation de pouvoir du milieu associatif expliquent aussi la rareté des projets alternatifs (énergies renouvelables) visant un développement plus soutenable. Lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP-21) qui s’est tenue fin 2015 à Paris, la Chine a toutefois accepté de réduire les rejets de ses centrales à charbon d’ici à 2020. 2. Pourquoi peut-on dire que le fonctionnement du marché est source de pollution ? Selon les économistes, la pollution constitue une externalité économique négative. Celle-ci apparaît dès lors que le bien-être d’un individu (consommateur ou producteur) est altéré par le comportement d’un autre individu sans que les pertes ne soient compensées. Ces externalités révèlent un dysfonctionnement du marché puisqu’elles ne permettent pas une -7Chapitre 1 – Histoire des faits économiques et sociaux

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allocation optimale des ressources. Les externalités environnementales résultent de l’utilisation des biens collectifs (air, eau, espace…). Ce sont des biens qui n’ont pas de prix car ils échappent au marché. Contrairement à un bien privé, un bien collectif fait l’objet d’une consommation collective. Indivisible, ce bien est non rival : les quantités consommées par les uns ne réduisent pas celles que les autres peuvent consommer. Il est en outre non exclusif : on ne peut interdire l’utilisation de ce bien à une personne, même si cette personne n’a pas participé à son financement. Sans incitations, les entreprises ne sont donc pas enclines à réduire ces externalités car elles supporteraient seules les coûts de cet engagement alors qu’il bénéficierait à tous. Agir contre les externalités négatives (la pollution) suppose donc l’intervention de l’État. 3. Les mesures de lutte contre la pollution peuvent-elles avoir un impact économique ? Par une fiscalité écologique, l’État peut obliger les acteurs à prendre en compte les contraintes environnementales dans leurs coûts de production ou dans leurs arbitrages de consommation. Le principe est simple : l’acteur qui, en produisant ou en consommant, émet des émissions polluantes devra s’acquitter d’une taxe, celle-ci ayant pour objectif de l’inciter à polluer moins. Exemple : le principe du bonus/malus écologique sur les voitures neuves, introduit en janvier 2008 en France suite aux préconisations du Grenelle de l’environnement. Ce principe vise à modifier le comportement des consommateurs en les incitant à intégrer la variable environnementale dans leurs choix de consommation. L’État peut aussi définir des normes environnementales, l’enjeu de ces engagements étant de les faire respecter par l’ensemble des acteurs. Le principe du pollueur/payeur, comme la définition de normes, ne sont pas exempts de défauts. En effet, qu’est-ce qui garantit que l’État soit en mesure de déterminer le taux optimal (si fiscalité écologique) ou la quantité optimale (si quotas), dans la mesure où les pollueurs ont très certainement intérêt à minimiser l’impact de la pollution alors que les citoyens directement concernés par la pollution auront tendance à exagérer le préjudice ? -8Chapitre 1 – Histoire des faits économiques et sociaux

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Certains économistes proposent de définir des biens de propriété. Selon eux, la tragédie des biens communs vient du fait que cette richesse en accès libre appartient à tout le monde et que donc personne ne se sent responsable. Pour responsabiliser les acteurs, il est suggéré de privatiser cette richesse en accordant des droits de propriété. Les agents géreront cette ressource comme un patrimoine qu’il faut préserver et fructifier. D’autres économistes, pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions de CO 2 , proposent de définir à un marché des droits à polluer. Pour qu’il en soit ainsi, il convient de définir un droit de propriété sur la substance polluante et de répartir à chaque firme des quotas, qui pourront être échangés sur le marché. Les firmes les plus avancées en matière de dépollution pourront revendre les quotas non utilisés. Les firmes très polluantes seront incitées soit à engager des efforts de dépollution, soit à arrêter de produire (donc de dépolluer) pour revendre les quotas octroyés. Avec ce principe, l’État (les institutions compétentes) ont donné un prix à un bien qui n’en avait pas : le carbone émis dans l’atmosphère. Les entreprises sont incitées à réduire leurs émissions polluantes tant que le prix des émissions, c’est-à-dire la taxe ou le prix des droits, est plus élevé que l’avantage économique qu’elles leur procurent. C’est dans cet esprit que ce sont développés les quotas individuels de pêche transférables. Un quota de capture, fixé par l’État (institut de recherche marine), est attribué en début d’année à chaque propriétaire de navire. Celui-ci peut utiliser ses quotas, mais aussi les vendre ou en acheter sur le marché des quotas. La pollution, sous toutes ses formes, a un coût humain important mais difficilement mesurable (maladies cardio-vasculaires, augmentation du taux de mortalité, stress…). Ce coût se traduit, par exemple en France, par un creusement du déficit de la Sécurité sociale (soins et médicaments). Toutes ces conséquences ont un impact à la fois sur la compétitivité des entreprises (absentéisme, affaiblissement de la productivité du travail et de l’innovation, coûts de transport suite aux effets de congestion) mais aussi sur l’attractivité industrielle et résidentielle des territoires dégradés.

-9Chapitre 1 – Histoire des faits économiques et sociaux

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Certes, ces mesures visant à protéger l’environnement constituent un coût, mais à charge à l’entreprise de faire valoir sa différence. Le fait de se positionner dans une démarche environnementale permet à l’entreprise, par le bais de signes distinctifs (labels), de construire ou renforcer son avantage compétitif hors-coût.

- 10 Chapitre 1 – Histoire des faits économiques et sociaux

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Chapitre 2 Histoire de la pensée économique

Application 1. QCM, p. 68 1. Les principaux représentants de l’école classique sont :

 J.M. Keynes.  L. Walras.  A. Smith.  R. Malthus. 2. La loi de la population est énoncée par :

 D. Ricardo.  K. Marx.  R. Malthus. 3. La division du travail préconisée par A. Smith permet d’augmenter :

 la productivité du travail.  la richesse des nations.  la dextérité des travailleurs. 4. La loi des débouchés de J.B. Say signifie que :

 l’offre créé sa propre demande.  les crises de débouchés sont récurrentes.  il ne peut y avoir de crises d’insuffisance de débouchés.

- 11 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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5. L’armée industrielle de réserve chez Marx permet de :

 renforcer les forces militaires du pays.  faire pression à la baisse sur les salaires.  restaurer le taux de profit. 6. Marx définit la marchandise comme étant un bien :

 utile.  non reproductible.  destiné à être vendu. 7. Quelle est la loi économique que remet en cause Keynes ?

 La loi des avantages comparatifs.  La loi des rendements décroissants.  La loi des débouchés. 8. Keynes a introduit dans l’analyse économique :

 l’incertitude.  l’optimum économique.  la demande anticipée. 9. Parmi les caractéristiques de la concurrence pure et parfaite figurent :

 un petit nombre d’acteurs de grande taille.  des produits différenciés.  des barrières protectionnistes à l’entrée et à la sortie des marchés.  l’immobilité des facteurs de production.  l’opacité des marchés. Aucune bonne réponse. 10. L’offre de travail dans l’analyse néoclassique est :

 une fonction décroissante du salaire réel.  une fonction croissante du salaire réel. - 12 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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11. Le modèle IS-LM est un modèle :

 keynésien.  néoclassique.  né de la synthèse entre néoclassiques et keynésiens. 12. On peut parler de « sélection adverse » dès lors qu’il y a :

 information parfaite entre les acteurs.  asymétrie informationnelle. 13. Dans la théorie de la croissance endogène, la croissance dépend :

 des effets d’apprentissage.  du capital humain.  de la demande effective.

Application 2. Qu’est-ce que le protectionnisme ?, p. 69 1. Quelles formes peut prendre le protectionnisme ? On distingue traditionnellement deux catégories de barrières protectionnistes : les barrières tarifaires et les barrières non tarifaires. Les barrières tarifaires comprennent les droits de douane. Ceux-ci sont un impôt prélevé sur une marchandise lors de son passage à la frontière. Il s’agit le plus souvent de droits ad valorem (pourcentage du prix de la marchandise). Il existe aussi des droits spécifiques, forfaitaires, correspondant à un montant indépendant du prix de la marchandise. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les barrières tarifaires ont connu un net recul suite aux négociations commerciales multilatérales organisées dans le cadre du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) créé en 1947. Les droits de douane sont passés, pour l’ensemble des pays dits développés, d’environ 40 % en 1947 à 5-6 % en 1980, révélant une accentuation du processus de libéralisation des économies. Mais, simultanément à ce recul, les barrières non tarifaires (BNT) ont connu une forte augmentation.

- 13 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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Les BNT comprennent d’une part les barrières quantitatives et, d’autre part, les barrières plus qualitatives dont certaines peuvent être qualifiées de furtives. Les restrictions quantitatives prennent la forme de prohibitions commerciales (interdiction de certaines importations pour des raisons stratégiques ou sanitaires) ou de contingentements (quotas) donnant lieu à l’attribution de licences spécifiant les produits, les quantités et les pays de destination. L’OMC (Organisation mondiale du commerce), qui succède au GATT en 1995, condamne fermement ces pratiques : selon cette organisation internationale, il est « interdit d’interdire ». Afin d’échapper aux foudres de l’OMC, certains États recourent aux restrictions volontaires aux exportations, qui sont des accords d’autolimitation des exportations entre le pays importateur et le pays exportateur. Parmi les barrières qualitatives, les BNT techniques ou réglementaires sont les plus courantes. On y trouve, par exemple, les normes techniques, sanitaires ou de sécurité ou encore les labels, signes distinctifs officiellement destinés à garantir la qualité des fabrications et la sécurité des utilisateurs. À ces réglementations s’ajoutent toutes les tracasseries administratives dont les coûts de transaction peuvent dissuader nombre d’entreprises à exporter. Ces BNT constituent une sorte de « protectionnisme furtif » parce que difficile à repérer et à évaluer. On peut aussi souligner l’existence d’un protectionnisme monétaire via une dévaluation compétitive. En effet, une baisse de la valeur de la monnaie nationale a des effets similaires à la mise en place d’un droit de douane ad valorem sur les importations et, simultanément, à une subvention aux exportations. On se rend vite compte qu’il est impossible de lister toutes les formes de protectionnisme. En fait, le non-protectionnisme n’existe pas. La raison en est que le monde est différencié : fiscalité, réglementation environnementale, nationalisme économique, droit du travail, etc.

- 14 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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2. Quels peuvent être les objectifs recherchés ? Les barrières tarifaires et non tarifaires sont censées répondre à un objectif de protection offensive ou défensive. La protection offensive vise à modifier le réseau des échanges internationaux en construisant un nouvel avantage comparatif (passer d’un avantage comparatif naturel à un avantage comparatif construit). Dans cette optique, on distingue le protectionnisme régional, dont l’objet est de promouvoir l’édification d’un espace supranational cohérent sur le plan commercial, industriel ou politique (Union européenne, Mercosur…). Un droit de douane crée une distorsion entre le prix interne et le prix mondial. Il décourage les achats de produits importés puisque les consommateurs sont contraints d’accepter un prix majoré du montant du droit de douane. Le prix interne est ainsi maintenu élevé, parce qu’à l’abri de la barrière tarifaire. Cette protection tarifaire peut donc inciter les entreprises à augmenter la production du bien protégé. Le protectionnisme permet d’attirer les investisseurs étrangers. Ceux-ci créent ou acquièrent une filiale de production afin de dépasser les barrières protectionnistes. Ils peuvent ensuite bénéficier d’un marché captif, car protégé, et ainsi capter une rente de situation. Le protectionnisme accroît ainsi l’attractivité de certaines économies. L’analyse de List (1789-1846) entre dans cet objectif de protection offensive. En effet, les industries « dans l’enfance » ne peuvent lutter à armes égales avec celles des pays développés. Pour cet économiste, cette protection éducative a vocation à être sélective, temporaire et dégressive. En effet, dès que les industries acquièrent un avantage compétitif suite aux économies d’échelle, les barrières protectionnistes doivent être progressivement levées. Certains économistes contemporains tels que P. Krugman (prix Nobel d’économie en 2008) considèrent que le protectionnisme peut se justifier en situation de concurrence imparfaite. L’existence de rendements croissants mène, selon lui, à une situation de monopole sur le marché, créant ainsi des barrières à l’entrée. En présence de fortes barrières à l’entrée dans un - 15 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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secteur d’activité, les aides gouvernementales (subventions) aux entreprises nationales peuvent s’avérer déterminantes (cas d’Airbus par rapport à Boeing). Ainsi, le protectionnisme est un outil à la disposition de l’État. Celui-ci peut orienter différemment la spécialisation industrielle nationale et positionner l’économie sur une trajectoire de développement. Le pays bénéficiera alors d’un avantage comparatif « construit ». La protection défensive, quant à elle, vise à enrayer le déclin d’activités menacées. Il s’agit ici d’accompagner les restructurations industrielles considérées comme inéluctables. Il est alors possible de passer un cap difficile en ménageant une progressivité. Le recours au protectionnisme peut aussi se justifier dans un objectif de lutte contre les pratiques de dumping social, contre la concurrence déloyale des pays à bas salaires. 3. Quel était le point de vue de David Ricardo sur l’utilisation du protectionnisme ? Préoccupé par les perspectives d’un état stationnaire, Ricardo (1772-1823) préconise d’abolir les droits de douane sur le blé. En effet, suite à la croissance démographique, il est nécessaire de mettre en culture de nouvelles terres, soit des terres de moins en moins fertiles. Il en découle des rendements décroissants. Puisque que les prix agricoles s’alignent sur les coûts de production des terres les moins fertiles, les propriétaires fonciers détenant les bonnes terres s’enrichissent. Le revenu des propriétaires, à savoir la rente foncière (différence de coût de production entre les terres les plus productives et les moins fertiles) augmente au fur et à mesure que l’on cultive des terres de moindre qualité. La progression des coûts de production entraîne une augmentation des prix des produits agricoles qui se répercute sur les salaires, réduisant ainsi le profit des manufactures. L’accumulation du capital se ralentit, se traduisant par une moindre croissance économique, menant progressivement à un état stationnaire (croissance zéro). Pour Ricardo, la solution réside dans le commerce international et plus précisément dans la libre importation du blé qui, en réduisant le coût des biens de subsistance nécessaires à la reproduction de la force de travail, permet de baisser les salaires nominaux et donc de restaurer le taux de - 16 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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profit. L’augmentation des profits permet ainsi d’accroître l’accumulation du capital (investissements) et ainsi la demande de travail. Selon lui, l’abolition des Corn Law est donc vitale pour assurer la pérennité du système socioéconomique. Le 15 mai 1846, le Parlement britannique vote la suppression des droits de douane sur les importations de blé. Selon Ricardo, le commerce international fondé sur la loi des avantages comparatifs est un jeu à somme positive où tous les participants sont gagnants à l’échange. L’abolition des Corn Law fut aussi un moyen de remettre en cause le pouvoir de l’aristocratie foncière. Par-delà les recommandations de Ricardo, rappelons que la construction de la suprématie économique et financière de l’Angleterre a eu lieu dans un cadre très protectionniste. Si l’agriculture anglaise était protégée, l’industrie l’était tout autant. Durant cette période, un tarif moyen de 40 % était appliqué sur les produits manufacturés, ce qui a fourni à l’État d’abondantes recettes avec lesquelles il a pu financer certaines infrastructures essentielles à la croissance économique. Nous étions donc encore, lors de la révolution industrielle, dans un cadre réglementaire très mercantiliste, d’autant plus que les ouvriers anglais n’étaient pas autorisés à travailler à l’étranger et que les entreprises n’avaient pas le droit d’exporter de biens d’équipement.

- 17 Chapitre 2 – Histoire de la pensée économique

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Chapitre 3 Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

Application 1. QCM, p. 93 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Une unité résidente de l’économie française est :

 une unité de nationalité française.  une unité ayant son centre d’intérêt économique sur le territoire. La nationalité n’a pas d’importance en économie. 2. Lorsqu’une entreprise française rachète un concurrent étranger installé en Italie :

 il y a une unité résidente en plus dans l’économie française.  cela ne change rien au nombre d’unités résidentes françaises. L’entreprise en question est résidente de l’économie italienne, bien qu’avec des capitaux français. 3. Les entreprises individuelles sont classées dans le secteur institutionnel :

 des sociétés non financières.  des sociétés financières.  des ménages. Les dirigeants d'entreprises individuelles ont des revenus du capital et du travail fusionnés avec le ménage dont ils font partie : leur distinction est difficile ou peu pertinente.

- 18 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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4. Parmi les organismes suivants, lesquels font partie des APU ?

 Les caisses de Sécurité sociale.  Les collectivités locales.  La SNCF.  Les partis politiques. 5. Quels secteurs réalisent la production de biens et services non marchands ?

 Les SNF.  Les SF.  Les APU.  Les ménages.  Les ISBLSM. 6. La production non marchande :

 est fournie à un prix ne couvrant pas la moitié des coûts de production.  est fournie uniquement par les administrations publiques.  n’est jamais vendue. La gratuité n’est pas le critère exclusif ; la vente à un prix très faible empêchant la rentabilisation des capitaux investis fait partie du secteur non marchand. 7. Que recouvre la « production pour usage final propre » ?

 La production réalisée dans les potagers familiaux.  Le travail des femmes au foyer.  L’activité du personnel domestique rémunéré d’un ménage.  La production de services de logement que se fournissent les propriétaires occupants. 8. Qu’ajoute-on à la dépense de consommation des ménages pour obtenir la consommation effective des ménages ?

 La production des APU et ISBLSM.  Les consommations collectives des APU.  Les consommations individualisables des APU et des ISBLSM. On trouve ici les parties individualisables des dépenses de santé ou d’éducation, qui sont financées par la collectivité mais bénéficient à tous.

- 19 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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9. Quelles dépenses font partie de la consommation effective des ménages ?

 L’achat d’un logement.  L’achat d’une action d’une entreprise cotée en Bourse.  L’achat d’une voiture.  Des soins médicaux.  Le paiement de l’impôt sur le revenu. 10. Les consommations intermédiaires regroupent :

 l’ensemble des coûts de production des entreprises.  la valeur des biens et services utilisés au cours du processus de production dans l’année de leur achat.  les coûts salariaux plus les biens et services utilisés dans la production. 11. Comment est définie la valeur ajoutée ?

 Production – Consommations intermédiaires.  Production – Coûts salariaux.  Consommations intermédiaires – Production.  Coûts salariaux – Production.  L’apport d’une UI, d’un SI ou d’une branche à la création de richesse dans l’économie. 12. Pour l’ensemble de l’économie, l’équilibre emplois – ressources s’écrit :

 P + M = CF + I + X + Δ S P–M=C+I+X–ΔS  PIB + M = CF + FBCF + X + Δ S  PIB + M = CI + CF + FBCF + Δ S + X

13. Parmi les opérations suivantes, lesquelles font partie des opérations de répartition primaire du revenu ?

 Les honoraires d’un chirurgien.  Les loyers reçus par les propriétaires de logements.  Les retraites.  Les intérêts et dividendes reçus par les propriétaires de capital.  Le RSA.  Les cotisations sociales.

- 20 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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14. Le PIB de la France est d'environ :

 2 000 milliards d'euros.  3 000 milliards d'euros.  4 000 milliards d'euros.  5 000 milliards d'euros.

Application 2. Calcul de la valeur ajoutée d’une entreprise, p. 94 Calculez la valeur ajoutée de cette boulangerie. La production est de 200 000 €, les consommations intermédiaires (CI) sont de 75 000 €. Remarque : les salaires ne sont pas des consommations intermédiaires. 0n sait que VA = P – CI. Donc : VA = 200 000 – 75 000 = 125 000 €.

Application 3. Le circuit économique et l’égalité emplois – ressources, p. 95 1. Calculez la valeur de l’investissement grâce à l’égalité qui sous-tend ce circuit. On part de l’égalité emplois – ressources : P + M = C + I + G + X Avec : P pour la production M pour les importations C pour la consommation I pour l'investissement G pour la dépense d'investissement public X pour les exportations. On obtient : 5 000 + 1 030 = 3 000 + I + 900 + 1 070. I = 6 030 – 4 970 = 1 060.

- 21 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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2. Complétez le schéma (circuit) des opérations sur produits en indiquant les différentes opérations des acteurs. ENTREPRISES

MÉNAGES I C

Marchés des biens et services

P M

ADMINISTRATION

G

X

RESTE DU MONDE

3. Ajoutez à ce schéma les opérations de répartition en plaçant les quatre flux suivants entre les secteurs : – a : salaires et autres revenus versés par les entreprises aux ménages : 2 400 – b : impôts indirects et cotisations sociales collectés par les entreprises et versés aux administrations : 1 600 – c : salaires versés par les administrations à leurs salariés et prestations sociales versées aux ménages : 1 300 – d : impôts directs versés par les ménages aux administrations : 500.

- 22 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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Salaires (a) ENTREPRISES

MÉNAGES I C Impôts directs (d)

Salaires et prestations sociales (c) ADMINISTRATIONS

Marchés des biens et services

Impôts indirects et cotisations sociales (b)

P M

G

X

RESTE DU MONDE

4. Reconstituez les comptes très simplifiés des secteurs en regroupant tous les emplois et toutes les ressources de chacun d’eux dans un compte en T unique. Faites apparaître le solde de chaque compte. Compte des entreprises Investissement

1 060

Salaires et autres revenus versés

2 400

Impôts indirects et cotisations sociales

1 600

Production

Solde : besoin de financement

5 000

60

Les entreprises dégagent un besoin de financement. Compte des ménages Consommation Impôts indirects versés

Solde : capacité de financement

3 000 500

Salaires versés par les entreprises

2 400

Salaires et prestations sociales versés par les administrations

1 300

200

Les ménages dégagent une capacité de financement. Compte des administrations

- 23 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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Dépense publique

900

Salaires et prestations sociales versés aux ménages 1 300

Impôts indirects et cotisations sociales versés par les entreprises 1 600

Impôts directs versés par les ménages

500

Solde : besoin de financement

100

Les administrations sont en situation de besoin de financement. Compte du reste du monde Exportations

1 070

Importations

Solde : besoin de financement

1 030

40

Ici, le reste du monde apparaît comme étant en besoin de financement : il faut être vigilant. Dans ce compte, les opérations sont inscrites du point de vue de l’agent dont on parle : ici, les pays partenaires englobés sous l’appellation « reste du monde » (RM). Autrement dit, les exportations de l’économie considérée constituent un emploi pour le pays qui les reçoit, alors que les importations du pays étudié sont une ressource pour le reste du monde. L’économie étudiée est en excédent commercial, mais le reste du monde est en déficit (BF). 5. Vérifiez que les capacités et les besoins de financement d’une économie s’équilibrent. Les ménages ont une capacité de financement de 200. Les autres secteurs dégagent un besoin de financement de : 60 + 100 + 40 = 200. Conclusion : les capacités des uns financent les besoins des autres.

- 24 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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Application 4. Le tableau des entrées intermédiaires dans le TES, p. 96 1. Complétez le tableau.

Agriculture

Industrie

Services

Total des consommations intermédiaires en produits

Consommation finale

CI en produits agricoles

50

150

75

275

300

CI en produits industriels

90

250

200

540

800

CI en services

75

100

220

395

700

215

500

495

1 210

500

1 400

1 200

Total des consommations intermédiaires des branches Production de la branche

2. Calculez la valeur ajoutée de chaque branche et de toute l’économie. Sachant que VA = P – CI, on a :

Valeur ajoutée

Agriculture

Industrie

Services

Total

285

900

705

1 890

3. Calculez la consommation totale en produits agricoles, industriels et de services. La consommation totale est la somme des consommations intermédiaires et de la consommation finale. On opère donc une somme « en ligne » dans le tableau ci-dessus. - 25 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

© Nathan

Consommation totale

Agriculture

Industrie

Services

575

1 340

1 095

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 97 1. Étude de document, p. 97 1. Quel nom donnez-vous à la grandeur de 333,5 milliards d’euros ? Pourquoi ? Il s’agit de la « consommation individualisable des administrations publiques » car, par définition, c’est ce qui complète la dépense de consommation des ménages pour obtenir la consommation effective, celle dont disposent réellement les ménages. 2. Quelle est la part de la consommation effective des ménages dans l’ensemble des emplois finals ? Quelle part de la consommation effective des ménages n’est pas financée directement par eux ? La consommation effective des ménages représente 54,5 % des emplois finals. On fait le rapport : 1 516,8 / 2 783,5. La part non financée par les ménages de leur consommation effective est la partie individualisable de la consommation collective des administrations, celle dont on peut identifier les bénéficiaires. Cette part est de 22 % (333,5 / 1 516,8). 3. Comparez le dynamisme de la consommation et celui de la demande extérieure (exportations). La demande extérieure est plus vigoureuse que la demande intérieure : on observe en effet que les exportations augmentent de 2,4 % alors que, dans le même temps, la consommation n'a progressé que 0,9 %. Ce sont donc essentiellement les exportations qui expliquent la (faible) croissance française.

- 26 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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4. Mettez en évidence les informations essentielles qui peuvent être retirées de ce tableau synthétique des comptes de la nation et analysez-les. Ce tableau, fourni chaque année par l’INSEE dans le rapport sur les Comptes de la nation, présente l’équilibre des ressources et des emplois en biens et services. Le tableau des emplois – ressources de 2014 fait apparaître les différentes grandeurs en valeur, c’est-à-dire à prix courants (au prix de l’année), ainsi qu’en volume, de manière à comparer l’évolution de chaque grandeur entre 2013 et 2014. L’équilibre qui est en toile de fond de ce document est l’égalité : PIB + importations = consommation finale + investissement + exportations + variation des stocks. La partie supérieure du tableau est consacrée aux ressources. Le PIB français a atteint 2 132,4 milliards d’euros en 2014, en hausse réelle de 0,2 % par rapport à l’année précédente. La croissance française est ainsi très faible en 2014. Nous traiterons plus loin des importations en discutant le solde commercial. Côté emplois, la grandeur principale tient à la consommation finale des ménages, que la comptabilité nationale nomme « consommation effective des ménages ». Cet emploi pèse à lui seul presque 55 % du total des emplois : c’est dire si la consommation est un acte économique essentiel. Si les ménages financent presque 80 % de ce qu’ils consomment, les 22 % restants sont financés par la collectivité (via les APU). Cette consommation finale augmente de 0,9 % en volume entre 2013 et 2014, soit davantage que la consommation directement à la charge des ménages. On peut noter également que la consommation finale des APU est également assez soutenue (0,8 %), en dépit de la volonté politique de réduire les dépenses publiques. L’investissement (FBCF) constitue une grandeur déterminante représentant presque un tiers de la consommation finale, mais aussi 17 % des emplois finals. Il est en hausse de 1,2 %, signe de la reprise de confiance des entreprises quant à l'évolution de la conjoncture. Enfin, le solde commercial reste négatif cette année encore (– 39,3 milliards d’euros), et on observe des croissances très largement supérieures à celles de grandeurs purement nationales : 3,8 % pour les importations et 2,4 % pour les exportations. Ces dernières représentent d’ailleurs 22 % du total des emplois. - 27 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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2. Question, p. 97 La comptabilité nationale : rôle et instruments d’analyse. La comptabilité nationale, dans un cadre comptable normalisé (le Système européen des comptes 2010 : SEC 2010), précise les conventions permettant de définir et quantifier les opérations économiques que les agents économiques réalisent entre eux. Elle fournit une représentation à la fois synthétique, schématique et détaillée de l’activité économique d’une nation, dans un cadre comptable cohérent. Elle décrit et évalue les multiples opérations s’y déroulant chaque année entre les agents économiques et s’appuie pour cela sur un travail très important de repérage, de définition et de classification. Elle a deux vocations principales : modéliser et quantifier l'activité économique d'un pays et prévoir l'évolution de la conjoncture. Elle fournit ainsi les outils de prévision et d’analyse économique pour les responsables politiques. Pour remplir ses objectifs, la comptabilité nationale a élaboré un cadre d'analyse : elle regroupe les agents économiques en « unités institutionnelles ». Ce sont des centres élémentaires de décision économique, disposant d’une autonomie de décision dans l’exercice de leur fonction principale, et d’une comptabilité propre. Les unités institutionnelles ayant une même fonction économique principale sont alors regroupées en secteurs institutionnels : les ménages, les sociétés financières, les sociétés non financières, les administrations publiques, les institutions sans but lucratif au service des ménages et le reste du monde. La comptabilité nationale analyse les différentes opérations effectuées par les secteurs institutionnels : les opérations sur biens et services (l'information la plus utilisée est le PIB, avec les agrégats de consommation et d'investissement – FBCF), les opérations de répartition et les opérations financières. Les comptes nationaux sont publiés par trimestre et par année. La comptabilité nationale représente également la réalité économique sous la forme d’un circuit qui est une représentation schématique, et donc simplifiée, des relations qui existent entre les différents agents économiques. - 28 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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Surtout, le tableau des entrées-sorties (TES) de la comptabilité nationale permet de représenter très globalement l’équilibre des opérations sur biens et services pour chacune des branches de l’économie nationale. Il permet de montrer la contribution de chacune des branches à la production nationale. Il permet à la fois d'expliquer a posteriori et de faire des simulations sur les incidences d'une modification des conditions économiques générales.

- 29 Chapitre 3 – Le circuit économique : acteurs, opérations et interactions

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Chapitre 4 Le comportement des acteurs Application 1. QCM, p. 128 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. L’utilité :

 est propre à un individu.  est comparable entre individus.  est définie pour une groupe d’individus similaires. 2. Le choix du consommateur est :

 Le panier de bien pour lequel le taux marginal de substitution est égal au rapport des utilités marginales des biens considérés.  Le panier de bien pour lequel le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix des biens considérés.  Le panier de bien préféré par le consommateur. 3. Une variation de prix d’un bien normal conduit :

 à un effet revenu.  à un effet substitution.  à deux effets : un effet substitution et un effet revenu. 4. L’augmentation du revenu d’un consommateur se traduit :

 par un déplacement parallèle vers la droite de sa droite de budget par rapport à sa position d’origine.  par un déplacement parallèle vers la gauche de sa droite de budget par rapport à sa position d’origine.  par le pivot de sa droite de budget sur son ordonnée à l’origine.

- 30 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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5. Selon la théorie du consommateur, lorsque celui-ci ordonne des paniers de biens en fonction de ses préférences :

 il tient compte du prix de ces paniers.  il ne tient pas compte du prix de ces paniers.  la réponse à cette question varie selon le type de bien. 6. Les courbes d’indifférence peuvent se couper :

 si elles émanent de consommateurs différents.  si elles émanent d’un seul consommateur.  des courbes d’indifférence ne peuvent jamais se couper. 7. Une entreprise réalise des économies d’échelle quand :

 elle utilise la sous-traitance.  elle réduit le nombre de ses établissements.  l’augmentation de sa taille permet de réduire les coûts par unité produite. 8. Dans la théorie du producteur :

 tous les coûts de production sont variables à long terme.  tous les coûts sont fixes à court terme.  le coût du capital est fixe tandis que les autres sont variables à long terme. 9. Le coût marginal d’une activité est :

 le coût additionnel associé au fait de faire un peu plus cette activité.  le coût associé à une augmentation de la marge brute.  le coût total divisé par le nombre d’unités produites. 10. Le seuil de rentabilité d’une entreprise est défini par :

 l’intersection entre les courbes de coût variable moyen et de coût moyen d’une entreprise.  l’intersection entre les courbes de productivité moyenne et de productivité marginale d’une entreprise. 11. Une entreprise maximise son profit en égalisant :

 le prix de marché à son coût marginal.  la recette marginale et le coût moyen.  la recette marginale et le coût marginal.

- 31 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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12. Une isoquante est définie comme :

 l’ensemble des combinaisons de facteurs travail et capital permettant d’obtenir un même niveau de production.  l’ensemble des combinaisons de facteurs travail et capital pouvant être achetées pour un coût total donné.  la production supplémentaire provenant de l’achat supplémentaire de capital ou de travail. 13. La loi des rendements décroissants est caractérisée par :

 une augmentation proportionnelle de la production et du nombre de travailleurs.  une réduction de la production par rapport à l’augmentation du nombre de travailleurs.  un accroissement moins important de la production par rapport à l’augmentation du nombre de travailleurs. 14. L’utilité marginale se définit comme :

 le supplément de satisfaction généré par une baisse de prix d’une unité.  la satisfaction additionnelle générée par une augmentation de consommation d’une unité.  l’utilité moyenne générée par la consommation de biens différents.

Application 2. Propriétés des courbes d’indifférence, p. 129 Expliquez pourquoi une courbe d’indifférence ne peut pas être croissante si l’hypothèse de non-satiété est vérifiée. L’hypothèse de non-satiété implique qu’un consommateur préfère toujours consommer une quantité supérieure d’un bien, toutes choses étant égales par ailleurs. Or, si une courbe d’indifférence est croissante, cela signifie qu’un consommateur est indifférent entre des paniers de biens qui présentent des quantités de plus en plus grandes de chacun des biens. L’hypothèse de nonsatiété n’est donc pas compatible avec des courbes d’indifférence croissante.

- 32 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Application 3. L’équilibre du consommateur, p. 130 1. Qu’est-ce que l’utilité marginale ? Comment la calcule-t-on ? Par quoi peut-elle être approximée ? Complétez la colonne « Utilité marginale » du tableau. L’utilité marginale est la satisfaction supplémentaire retirée de la consommation d’une unité additionnelle de bien. On la calcule de la manière suivante : Variation d’utilité / Variation de quantité consommée. Dans le cas présent, quand on augmente sa consommation de fromage de 1 à 2 unités, l’utilité passe de 6 à 12. L’utilité marginale est donc égale à : (12 – 6) / (2 – 1) = 6. Nombre de parts de Utilité totale Utilité marginale fromage 1

6 6

2

12 4

3

16 3

4

19 2

5

21 1

6

22 0

7

22 –4

8

18

2. Quels commentaires pouvez-vous faire sur la consommation de fromage de cet individu ? L’utilité de cet individu est croissante en fromage jusqu’à la huitième unité. - 33 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Au-delà de cette huitième part, l’utilité décroît, ce qui n’est pas conforme à l’hypothèse de non-satiété. En revanche, son utilité marginale est bien décroissante sur l’ensemble des données communiquées. 3. Supposons que l’individu accompagne son fromage d’un verre de vin. L’utilité marginale apportée par un verre de vin est de 6 et le prix du verre de vin est de 3 €. Dans la mesure où l’individu cherche à maximiser sa satisfaction, combien de parts de fromage va-t-il manger s’il boit un verre de vin ? S’il boit un verre de vin, l’individu va choisir le nombre de parts de fromage de manière à égaliser le rapport des prix avec son rapport d’utilité marginale pour maximiser son utilité. Um f = 4. Soit : 3 / 2 = 6 / Um f Pour obtenir cette égalité, il faut que l’utilité marginale du fromage soit égale à 4. Or, la troisième unité consommée rapporte 4 d’utilité marginale. L’individu va donc consommer 3 parts de fromage.

Application 4. La droite de budget, p. 130 1. Donnez l’équation de la droite de budget et tracez-la dans un graphique. Le budget de ce consommateur se répartit entre sa dépense en sodas (prix des sodas × quantité consommée de sodas) et sa dépense en chips (prix des chips × quantité consommée de chips). Q C × p C + Q S × p S = Revenu Or : p C = 3, p S = 1,50 et Revenu = 60 Donc : 3Q C + 1,5Q S = 60 ; 3Q c = 60 – 1,5Q S ; Q c = 20 – ½ Q S Chips 20

40 - 34 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

Sodas © Nathan

2. Expliquez comment, à partir de cette droite de budget, le consommateur va trouver la combinaison de chips et de sodas qui va permettre de maximiser son utilité. Le consommateur va choisir la combinaison chips/sodas qui maximise sa satisfaction étant donné son budget. Sa combinaison optimale se situera donc sur cette droite de budget. Pour tenir compte des goûts du consommateur, il faudra placer sur un même graphique ses courbes d’indifférence ; la tangence entre la plus haute courbe d’indifférence et la droite de budget indiquera la combinaison optimale. 3. Supposons que le prix du soda passe de 1,50 € à 2 €. Donnez l’équation de la nouvelle droite de budget et tracez-la. Comment a-t-elle évolué ? Expliquez. Indiquez précisément les différents effets qu’aura cette modification du prix du soda sur le nouvel équilibre du consommateur. Qc Si le prix du soda passe de 1,50 € à 2 €, on a alors : 3Q c = 60 – 2Q S ; = 20 – 2/3Q S Cette modification de prix entraînera deux effets : – l’effet revenu : la hausse de prix entraîne une perte de pouvoir d’achat : désormais, Chips moins de combinaisons de biens sont accessibles ; 20 – l’effet de substitution : relativement au soda, les chips deviennent moins chères et donc plus attractives pour ce Sodas consommateur. 30 40 4. En reprenant les prix initiaux des deux biens, et en supposant que le revenu du consommateur se réduit à 50 €, indiquez l’équation de la nouvelle droite du budget et tracez-la.

- 35 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Expliquez. Indiquez les effets qu’aura cette modification du revenu sur le nouvel équilibre du consommateur. Dans ce cas, le rapport des prix n’est pas modifié, la pente de la droite de revenu ne change pas, mais le revenu est plus faible. La droite de budget se déplace vers le bas. Il n’y a alors qu’un effet revenu. Q c = 50 / 3 – 1/2Q S Chips 20 50/3

Sodas 100/3 40 Le panier de biens optimal ne sera plus accessible, et il va devoir baisser les quantités consommées de chaque bien.

Application 5. Choix du consommateur, p. 131 1. Isabelle vous paraît-elle rationnelle dans ses choix ? Justifiez. Isabelle est capable de dire si elle est indifférente entre deux paniers de biens ou si elle préfère un panier à un autre. L’hypothèse de complétude est donc vérifiée. Elle est également transitive. Elle préfère A à B, elle est indifférente entre A et C donc C est préféré à B. Or, C contient plus de danse et plus de tennis que B ; donc, d’après l’hypothèse de dominance, on a bien C préféré à B. Le classement d’Isabelle vérifie les trois hypothèses (complétude, transitivité, et dominance) qui définissent la rationalité. Elle est donc rationnelle. 2. Tracez la courbe d’indifférence qui passe par le panier de biens A (avec les cours de tennis en ordonnée). A, C, E et F sont indifférents ; ils sont donc sur la même courbe d’indifférence, qui est décroissante.

- 36 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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3. Le prix du cours de tennis est fixé à 40 € l’heure et celui du cours de danse à 20 €. Écrivez la contrainte budgétaire d’Isabelle. Soit T le nombre de cours de tennis et D le nombre de cours de danse, la contrainte budgétaire s’écrit : 120 = 40T + 20D. 4. À partir des éléments fournis, trouvez graphiquement le choix optimal d’Isabelle en justifiant votre raisonnement. On peut réécrire la contrainte budgétaire comme : 3 – 0,5D = T. Avec les cours de tennis en ordonnée, la pente de la contrainte budgétaire est égale à –0,5. Si on trace cette droite dans le même plan que la courbe d’indifférence, on observe que celle-ci est tangente à la CB au point E ; donc, E est l’optimum d’Isabelle. 5. À votre avis, si le prix du cours de tennis diminue, la satisfaction d’Isabelle va-t-elle augmenter ou diminuer ? Justifiez votre réponse (sans tracer la nouvelle droite de budget). Si le prix du cours de tennis diminue, Isabelle va disposer d’un pouvoir d’achat plus important. Elle pourra participer à plus de cours de danse et plus de cours de tennis. Autrement dit, elle pourra atteindre une courbe d’indifférence plus élevée. Sa satisfaction va donc augmenter.

Application 6. La fonction de demande, p. 131 1. Dessinez la fonction de demande. Comment interprétez-vous le coefficient directeur de l’équation de la droite de demande ? et son ordonnée à l’origine ? À partir de quel prix la demande de pain est-elle nulle ?

- 37 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Prix

Kg de pain On dessine une fonction de demande avec le prix en ordonnées. Le coefficient directeur de la fonction signifie que pour accroître la demande de pain d’une unité, il faut baisser le prix de 1/4 car P = –1/4 + 60. L’ordonnée à l’origine est égale à 15 € et la demande de pain est nulle quand le prix est supérieur à 15 €.

2. Calculez la demande de pain en supposant que le prix du pain s’élève à 8 € le kilo. Si le prix est égal à 8, alors la quantité demandée est égale à 28 kg. 3. Supposons que, suite à une augmentation du prix du blé, le prix du pain passe de 8 à 10 €. Calculez la nouvelle demande de pain. Si le prix est égal à 10, alors la quantité demandée est égale à 20 kg. 4. Calculez l’élasticité de la demande suite à une augmentation du prix du pain de 8 à 10 €. Commentez la valeur de cette élasticité. L’élasticité est égale à la variation de la quantité demandée rapportée à la variation de prix soit ici : [(20 – 28) / 28] / [(10 – 8) / 8] = – 8/7. L’élasticité est supérieure à 1 en valeur absolue. La demande est élastique, c’est-à-dire que lorsque le prix augmente, la demande baisse plus que proportionnellement.

- 38 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Application 7. Technologie de production, p. 131 1. Tracez les courbes de coût total et de coût moyen correspondant aux deux méthodes de production. Comparaison des coûts totaux de production

100

Méthode A Méthode B

0

0

5

10

15

20

Comparaison des coûts moyens 15 10 5 0

0

5

10

15

20

Coût moyen A

2. Pour quels volumes de production l’entreprise aura-t-elle recours à la technologie ayant le coût fixe le plus faible ? L’entreprise aura recours à la technologie ayant le coût fixe le plus faible pour un volume supérieur à 10 unités : pour ce niveau de production, en effet, le coût moyen et le coût total de la méthode B deviennent inférieurs à ceux de la méthode A. 3. Pour quels volumes de production l’entreprise aura-t-elle recours à la technologie ayant le coût fixe le plus fort ? L’entreprise aura recours à la technologie ayant le coût fixe le plus fort pour des volumes inférieurs à 10 unités.

- 39 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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4. Si le prix du marché est de 4 € par unité, à partir de quels niveaux de production (unités indivisibles) chaque méthode permet-elle de dégager des profits ? Quantité produite 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

CT CT Méthode A Méthode B Profit A 12 21 –8 14 22 –6 16 23 –4 18 24 –2 20 25 0 22 26 2 24 27 4 26 28 6 28 29 8 30 30 10

Profit B – 17 – 14 – 11 –8 –5 –2 1 4 7 10

On dégage des profits à partir de 6 unités produites pour la méthode A, et de 7 unités produites pour la méthode B.

Application 8. L’équilibre du producteur, p. 132 1. Qu’est-ce que la productivité marginale ? Pour quelles raisons est-elle décroissante ? Comment calcule-t-on ? Calculez la productivité marginale du personnel de caisse (L) et des automates (K), puis complétez le tableau. Que signifie une productivité marginale négative ? La productivité marginale est le supplément de production obtenu grâce à l’augmentation d’une unité de facteur de production tout en laissant les autres facteurs inchangés. Si on prend l’exemple d’une hôtesse de caisse : si cette hôtesse a déjà travaillé 5 heures et qu’elle travaille une heure de plus, cette heure de plus va permettre d’encaisser plus de clients. La production du supermarché va donc augmenter. Mais il faut considérer que l’hôtesse est sûrement fatiguée : elle est moins efficace lors de cette 6e heure de travail qu’elle ne l’était pendant la 5e heure de travail. C’est la loi des rendements décroissants, qui fait que la productivité marginale est décroissante. - 40 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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On calcule la productivité marginale de la manière suivante : Productivité marginale = Variation de la production / Variation de la quantité de facteur Tableau complété : Nombre de personnels de caisse (L)

Nombre de clients (Q L )

1

16

Productivité marginale (Pm L )

Nombre d’automates (K)

Nombre de clients (Q K )

1

10

2

19

3

27

4

34

5

40

6

45

7

49

8

52

9

54

10

55

14 2

30

3

42

4

52

5

60

6

66

7

70

8

72

9

72

10

70

Productivité marginale (Pm K ) 9

12

8

10

7

8

6

6

5

4

4

2

3

0

2

–2

1

Une productivité marginale négative signifie que l’augmentation d’une unité de facteur de production entraîne la baisse de la quantité produite. 2. Exprimez les objectifs et les contraintes des deux approches permettant d’optimiser l’activité d’une entreprise. Les deux approches sont l’approche primale et l’approche duale, c’est-à-dire la maximisation du profit sous contrainte de coût ou la minimisation des coûts sous contrainte d’objectif de production. 3. Nous faisons l’hypothèse que la fonction de production est de la forme : Q = QL + QK.

- 41 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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a. Trois combinaisons (L;K) permettent de faire passer 70 clients par heure. Quelles sont-elles ? Les trois combinaisons sont les suivantes : (1;9)

(2;5)

(5;1).

b. Dans un graphique, quel est le nom de la courbe qui relie ces trois combinaisons ? La courbe d’un graphique reliant ces trois combinaisons est l’isoquante (même production). c. Quel est le coût de chacune de ces combinaisons ? Quelle recommandation feriez-vous à la direction de ce supermarché ? Coût de chacune des combinaisons : CT(1;9) = 8 × 1 + 9 × 4 = 44. CT(2;5) = 8 × 2 + 5 × 4 = 36. CT(5;1) = 8 × 5 + 1 × 4 = 44. La deuxième combinaison permet de minimiser le coût et d’atteindre le même niveau que les deux autres : elle est donc à recommander.

Application 9. Sujet de dissertation, p. 132 Homo economicus : quelle place pour l’humain dans le raisonnement économique ? Proposition de plan détaillé : Introduction : introduire le sujet par une question d’actualité puis présenter les enjeux. Expliquer le sujet et annoncer le plan. I. Les principes du raisonnement économique A. Les deux grands acteurs : producteurs et consommateurs – Montrer comment et pourquoi les agents économiques peuvent se réduire à deux archétypes : le producteur et le consommateur. B. L’agent maximisateur – Expliquer comment ces deux agents ont finalement un comportement symétrique : la maximisation de l’utilité sous contrainte de revenu et la maximisation de la production sous contrainte de coût pour le producteur. C. Les hypothèses de comportement – Quelles sont les hypothèses qui - 42 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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sous-tendent ce raisonnement ? Comment la formulation mathématique de ces hypothèses se traduit-elle en termes de comportement des agents ? II. La rationalité économique à l’épreuve des faits A. L’individu est-il toujours aussi rationnel que dans la théorie standard ? – L’homme « animal social » : l’individu interagit au sein d’un groupe, d’une société. Le regard des autres, la compétition entre individus vient tempérer cette hypothèse d’agent rationnel. – Les émotions s’invitent dans le raisonnement économique : référence aux esprits animaux (Keynes, Akerlof). – L’hypothèse de non-satiété de l’individu est difficilement tenable avec les biens alimentaires. – La question de la cohérence des préférences dans le temps – Comment expliquer l’altruisme, le mécénat, dans ce cadre ? B. L’agent maximisateur : un modèle de comportement plutôt qu’un comportement réel – L’utilisation des modèles en économie : intérêt et limites C. L’économie multiple – La critique de l’économie standard : les théories hétérodoxes. – Le développement de l’économie expérimentale Conclusion : synthèse des deux parties, réponse mesurée à la problématique et ouverture. Ouvertures possibles : quel futur pour le capitalisme ? Comment toujours maximiser dans un monde fini ?

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 133 1. Dissertation, p. 133 Sujet : « Un bien rare est cher ». Discuter cette affirmation. Proposition de plan détaillé : Introduction – Bien définir la rareté en économie et la confronter à l’acception courante. – Rareté en économie est la confrontation entre les besoins et la - 43 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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disponibilité de ce bien. L’économie ne s’intéresse qu’aux biens rares au sens où elle étudie les biens disponibles pour lesquels ils existent une demande. – Cette confrontation entre offre et demande se fait par le biais du marché. Nécessité de bien comprendre comment fonctionne les marchés, pour ensuite juger du niveau de prix que fixent ces marchés. I. Le fonctionnement du marché A. Les fonctions d’offre et de demande Comment sont construites les fonctions, comment réagissent-elles à des variations exogènes ? B. Formation du prix sur le marché C. Formation des prix hors marché (marché noir, biens publics et externalités…) II. Cher ? Une notion relative A. La cherté : un concept subjectif non économique – Qu’est-ce qu’un bien cher ? Part subjective liée au revenu, au service rendu B. Bien cher et typologie des biens. – Où se situerait un bien cher dans la typologie des biens (bien normal, bien inférieur, bien de luxe ?) – Bien cher = bien de luxe ? – Revenir sur l’élasticité revenu et expliquer l’intérêt du raisonnement relatif. – Utiliser les exemples du tableau de l’Insee pour discuter de ce lien entre cherté et biens de luxe. C. Quand le prix ne joue pas son rôle de signal (ressources naturelles, biens publics, la tragédie des communs) Conclusion – Synthèse des parties 1 et 2. – La cherté n’est pas une notion économique, elle est floue : revenir sur les concepts qu’il est préférable d’utiliser. – Rappeler que le prix est un signal : c’est le premier élément de régulation des comportements. La surexploitation des ressources est souvent le résultat d’un marché qui fonctionne mal et dont le prix ne joue pas bien son rôle. - 44 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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2. Étude de document, p. 133 1. Définissez l’élasticité-prix et l’élasticité-revenu. L’élasticité-prix de la demande mesure la variation de la quantité demandée consécutive à une variation de prix. L’élasticité-revenu compare l’accroissement relatif de la quantité consommée d’un bien par rapport à l’accroissement relatif du revenu. 2. Une élasticité prix de la demande est toujours négative, pourquoi ? Une fonction de demande est décroissante c’est-à-dire qu’une augmentation de prix entraîne une baisse de la demande. Ainsi, lorsqu’on calcule une élasticité prix, on compare deux points d’une fonction de demande. Si, entre ces deux points, la variation de prix est négative, alors nécessairement la variation de quantités demandées sera positive, et inversement. L’élasticité prix de la demande fait le rapport entre la variation de quantité et la variation de prix. Or, ces deux variations sont forcément de signe opposé, de sorte que le rapport de ces deux variations est toujours négatif. 3. Comment interprétez-vous le chiffre – 1,70 de l’élasticité prix des produits laitiers ? La demande pour les produits laitiers est donc très élastique : une augmentation de prix de 100 % entraîne une baisse des quantités demandées de 170 %. La demande est donc très sensible au prix. 4. Qu’entend-on par une demande faiblement élastique ? Quels sont les biens dont la demande est faiblement élastique d’après ce document ? Une demande faiblement élastique est une demande qui est peu sensible au prix. Une hausse de prix entraînera une baisse des quantités demandées de moindre ampleur que la hausse de prix. On considère qu’une élasticité prix est faible quand elle est comprise entre ]–1;0]. Les biens de première nécessité (nourriture, logement, énergie…) sont généralement peu élastiques, ce que l’on retrouve bien dans le document de l’Insee.

- 45 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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5. Quelles sont les différentes catégories de biens que l’on peut distinguer en fonction de leur élasticité-revenu ? Classer les biens selon cette typologie. Quels sont les biens de luxe d’après ce document ? Commenter. (Voir le tableau 4.1 à la page 108 du manuel.) Lecture du tableau ci-dessous : biens inférieurs Er < 0 en italique ; biens prioritaires 1 ≤ Er ≤ 0 soulignés ; les autres sont les biens de luxe Er > 1. Alimentation Produits à base de céréales Viandes Poissons Produits laitiers Corps gras Fruits et légumes Café, thé Autres produits alimentaires Boissons non alcoolisées Boissons alcoolisées Habillement Logement, énergie Logement Énergie Équipement du logement Santé Transports et communication Achats de véhicules individuels Utilisation de véhicules individuels Transports collectifs Loisirs, culture Appareils et accessoires Services de loisirs, spectacles Livres, quotidiens, périodiques Biens et services divers Hôtels, cafés, restaurants, cantines

0,35 0,37 0,42 0,25 0,68 0,04 – 0,27 0,54 1,20 0,57 – 0,18 0,19 1,28 1,15 1,33 1,29 1,72 1,41 1,30 1,65 0,94 1,29 2,29 0,68 1,11 0,96 0,90

D’après ce document, on retrouve les biens liés à la culture et aux loisirs comme biens de luxe ainsi que l’utilisation et l’achat de véhicules individuels. Plus surprenant, les dépenses de santé, de logement et d’énergie se retrouvent également dans cette catégorie. On retrouve ici certains résultats d’autres études qui montrent qu’en cas de baisse de revenu, les individus vont rogner sur leurs dépenses de santé et sur leurs dépenses en chauffage. Ainsi, une étude parue en 2016 dans The - 46 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Lancet montre que la crise de 2008 aurait entraîné 500 000 morts par cancer. Les auteurs expliquent cette surmortalité du fait de retards de diagnostic et de retards de prise en charge. Lors d’une diminution de revenu, les individus retardent les dépenses qui ne leur semblent pas indispensables immédiatement. Le prix du logement en France étant également très cher, il est logique de retrouver ce type de dépenses en dépenses de luxe. Une baisse de revenu entraîne une diminution plus que proportionnelle des dépenses de logement.

3. Question, p. 134 Quel est le lien entre le coût marginal d’une entreprise et sa fonction d’offre ? Une entreprise maximise son profit en égalisant son coût marginal au prix de marché. Cette condition détermine la quantité produite par l’entreprise en fonction du prix.

À chaque niveau de prix, P1, P2 ou P3, la courbe de coût marginal indique la condition produite par l’entreprise comme le montre la figure ci-dessus. Ainsi la courbe de coût marginal est égale à la courbe d’offre de l’entreprise, mais seulement dans la partie croissante du coût marginal et quand celui-ci est supérieur au coût variable moyen (CVM), soit à partir du point a sur la figure ci-dessous. - 47 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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En effet, si le prix est inférieur au CVM, alors l’entreprise ferme et son offre est donc nulle.

- 48 Chapitre 4 – Le comportement des acteurs

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Chapitre 5 Construction des marchés et formation des prix Application 1. QCM, p. 148 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Un marché oligopolistique comporte :

 un seul offreur et un grand nombre de demandeurs.  un grand nombre d’offreurs et seulement quelques demandeurs.  un petit nombre d’offreurs et un grand nombre de demandeurs. 2. Les monopsones sont constitués :

 de quelques offreurs face à quelques demandeurs.  d’un grand nombre de producteurs face à un seul ou quelques acheteurs.  d’un seul offreur face à un grand nombre de demandeurs. 3. Une externalité concerne :

 uniquement les consommateurs.  uniquement les producteurs.  tantôt les consommateurs, tantôt les producteurs.  parfois les consommateurs et les producteurs. 4. Les marchés s’équilibrent par :

 les variations de prix et de quantités.  l’intervention de l’État.  les crises économiques.

- 49 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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5. Selon l’approche de dynamique des marchés, le marché s’équilibre par :

 l’intervention d’un « commissaire-priseur ».  l’existence de « forces naturelles ».  un ajustement des quantités par les entreprises pour satisfaire la demande des consommateurs. 6. Quels éléments perturbent le bon fonctionnement d’un marché pur et parfait ?

 Les monopoles.  Les entreprises individuelles.  L’absence d’information. 7. Les biens collectifs purs sont :

 des biens divisibles et dotés d’une externalité.  des biens non rivaux et non exclusifs.  des biens dotés d’une absence d’externalité.

Application 2. L’équilibre dans un marché de concurrence parfaite : l’ajustement par les prix, p. 149 1. Déterminez le prix d’équilibre sur ce marché. L’équilibre sur un marché se produit à l’intersection de l’offre et de la demande. Il faut pour cela que l’offre soit égale à la demande, ainsi : QO = QD 4P + 6 = –2P + 24 4P + 2P = 24 – 6 6 P = 18 P = 18/6 P* = 3 Le prix d’équilibre (P*) est de 3 €. 2. Au prix d’équilibre, déterminez la quantité que les consommateurs sont prêts à acheter et celle que les producteurs sont prêts à produire. Pour trouver les quantités échangées à l’équilibre, il faut reporter le prix d’équilibre (P*) : - 50 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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– dans l’équation de demande (QD), afin d’obtenir la quantité demandée par les consommateurs ; – dans l’équation d’offre (QO), afin d’obtenir la quantité offerte par les producteurs. En principe, on doit retrouver le même résultat (sinon, il y a eu une erreur de calcul). Ainsi en reportant P* dans QD : QD = –2 × 3 + 24  QD* = 18 Et en reportant P* dans QO : QO = 4 × 3 + 6  QO* = 18 En conclusion, la quantité échangée à l’équilibre est de 18 unités de produit, c’est-à-dire que pour un prix de 3 €, les consommateurs sont prêts à acheter 18 unités et les producteurs sont prêts à produire 18 unités également. On retrouve la définition de l’équilibre : pour un prix donné, l’offre est égale à la demande. 3. Supposons que l’État veuille imposer sur ce marché un prix plafond de 2 € pour satisfaire les consommateurs. Déterminez la quantité que les consommateurs seront prêts à acheter et celle que les producteurs seront prêts à produire. Que se passera-t-il sur ce marché ? Il faut introduire le prix annoncé dans les équations d’offre et de demande : – en reportant dans QD : QD = –2 × 2 + 24  QD = 20 – et en reportant dans QO : QO = 4 × 2 + 6  QO = 14. Sur ce marché, il y a un déséquilibre : pour un prix de 2 €, la quantité demandée (20 unités) est supérieure à la quantité offerte (14 unités). Sur un marché sans intervention de l’État, ce déséquilibre (surplus de la demande ou déficit de l’offre) conduirait à une hausse de prix jusqu’à atteindre l’équilibre décrit précédemment. Le prix plafond empêche ce mouvement et on ne peut que constater un déficit de l’offre. 4. Supposons que l’État veuille imposer sur ce marché un prix plancher de 5 € pour satisfaire les producteurs. Déterminez la quantité que les consommateurs seront prêts à acheter et celle que les producteurs seront prêts à produire. Que se passera-t-il sur ce marché ? Il faut introduire le prix annoncé dans les équations d’offre et de demande : – en reportant dans QD : QD = –2 × 5 + 24  QD = 14 – et en reportant dans QO : QO = 4 × 5 + 6  QO = 26 - 51 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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Sur ce marché, il y a un déséquilibre : pour un prix de 5 €, la quantité demandée (14 unités) est inférieure à la quantité offerte (26 unités). Sur un marché sans intervention de l’État, ce déséquilibre (déficit de la demande ou surplus de l’offre) conduirait à une baisse de prix jusqu’à atteindre l’équilibre décrit précédemment. Le prix plancher empêche ce mouvement et on ne peut que constater un surplus de l’offre. 5. Qu’en déduisez-vous sur l’intervention de l’État dans un marché de concurrence parfaite ? L’intervention de l’État conduit à des situations qui ne sont pas à l’équilibre naturel. Le prix plafond (prix au-dessus duquel on ne peut aller) établit un prix bas conduisant à un déficit d’offre (offre inférieure à la demande), et le prix plancher (prix en-dessous duquel on ne peut aller) établit un prix haut conduisant à surplus d’offre (offre supérieure à la demande). Dans le premier cas, l’objectif est de proposer aux consommateurs un prix auquel ils ont accès (exemple : habitation à loyer modéré). Le problème est que l’offre est plus faible que la demande, ce qui induit des listes d’attente et potentiellement des effets négatifs (corruption, marché noir). Dans le second cas, l’objectif est d’améliorer les conditions des producteurs en les rémunérant mieux. Le problème est qu’une partie de la production ne trouve pas d’acquéreur. Ainsi, l’État doit trouver une solution pour cet excédent (rachat et destruction, stockage, stimulation de la demande).

Application 3. L’équilibre dans un marché de concurrence parfaite : l’ajustement par les quantités, p. 149 1. Sur ce marché, les producteurs produisent 10 unités. Calculez le prix de l’offre. On reporte la quantité produite dans l’équation d’offre. Ainsi : 10 = 2P + 9  2P = 10 – 9  2P = 1  P = 1/2  P = 0,5 Le prix de l’offre est donc de 0,5 €, soit 50 centimes. 2. Combien de biens les consommateurs sont-ils prêts à acheter pour cette pour cette quantité de production (dans cette condition) ? Pour connaître la quantité demandée pour ce prix, on reporte le prix obtenu à la question précédente dans l’équation de demande. Ainsi : - 52 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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QD = – 4 × 0,5 + 21  QD = –2 + 21  QD = 19. Pour un prix de 50 centimes, les consommateurs sont prêts à acheter 19 unités du bien concerné. Il y a sur ce marché et pour ce prix (50 centimes) un excédent de demande par rapport à l’offre. Cela devrait conduire mécaniquement à une hausse du prix jusqu’à l’équilibre (P* = 2). 3. Supposons que les producteurs sur ce marché produisent 4 unités. Comment l’équilibre sera-t-il atteint ? Déterminez la quantité et le prix d’équilibre. Si les producteurs produisent 4 unités, il faut savoir quel prix les consommateurs sont prêts à payer pour cette offre. Remplaçons QD par 4 dans l’équation de demande : 4 = – 4 × P + 21  4 × P = 21 – 4  4 × P = 17  P = 17 / 4 = 4,25. Si l’offre est de 4 unités, les consommateurs sont prêts à payer 4,25 € par unité. Pour vérifier si ce prix est un prix d’équilibre, voyons quelle est l’offre pour ce prix en reportant ce prix dans l’équation d’offre : QO = 2 × 4,25 + 9 = 8,5 + 9 = 17,5. Pour un prix de 4,25 €, les producteurs sont prêts à offrir 17,5 unités et non plus 4. Mais on observe que pour ce prix, la demande est seulement de 4 unités. Ainsi, pour un prix de 4,25 €, l’offre est supérieure à la demande (excédent de l’offre) : le prix devra donc diminuer jusqu’à ce que l’offre soit égale à la demande (P* = 2).

Application 4. Un problème d’externalité, p. 149 1. Quels arrangements privés peut-on espérer voir émerger si les firmes ne sont pas coalisées ? Un premier élément est de faire une hypothèse sur le positionnement des différents acteurs. On propose qu’ils se répartissent de la façon suivante le long de la rivière (H pour habitation et E pour entreprise) [on pourra également tenter l’exercice en commençant par une entreprise] : H1 H2 H3 H4 H5 Rivière----------------------------------------------------------------------------------------------------> EA EB EC ED EE - 53 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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Dans ce cadre, la matrice des dommages causés par les entreprises (E) à chaque habitation (H) est la suivante : E A B C D H 1 0 0 0 0 2 12 0 0 0 3 12 12 0 0 4 12 12 12 0 5 12 12 12 12 Total 48 36 24 12

par les différentes E

Total

0 0 0 0 0 0

0 12 24 36 48 120

Lecture du tableau : par exemple, l’habitation 1 ne subit aucune pollution. Elle se situe en effet en amont des différentes entreprises et dispose donc d’eau propre. Elle n’a pas à consacrer une part de son revenu à consacrer au financement d’un filtre ou à l’achat d’une piscine. À l’opposé, l’habitation 5 supporte les pollutions des entreprises A, B, C et D. Compte tenu des hypothèses, elle est donc prête à débourser une somme égale à 48 € pour réduire le niveau de pollution qu’elle subit. À partir de ces informations : – Les habitations 2, 3, 4 et 5 subissent la pollution de l’entreprise A et sont prêtes à payer 48 unités monétaires pour l’éviter. Elles peuvent donc financer un filtre pour cette entreprise (25 unités monétaires) ; – Les habitations 3, 4 et 5 subissent la pollution de l’entreprise A et sont prêtes à payer 36 unités monétaires pour l’éviter. Elles peuvent donc financer un filtre pour cette entreprise (25 unités monétaires) ; – Par contre, les habitations 4 et 5 ne peuvent pas financer un filtre pour l’entreprise C (24 unités monétaires disponibles). De même, l’habitation 5 ne peut pas financer un filtre pour l’entreprise D. Par ailleurs, seule l’habitation 5 est en mesure de pouvoir construire une piscine. Elle est prête à consacrer 48 unités monétaires pour éviter la pollution des 4 entreprises en amont et la piscine lui coûterait 40 unités monétaires. Elle a donc le choix entre deux options : – acheter une piscine : dans ce cas, son surplus sera de 8 unités monétaires (48 unités disponibles – 40 unités de coût de la piscine) et elle ne subira plus de pollution lorsqu’elle nagera car elle ne le fera plus dans la piscine ; - 54 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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– participer aux projets collectifs de financement de filtres pour les entreprises A et B avec les habitations 2, 3 et 4 d’une part, et avec les habitations 3 et 4 d’autre part. Elle paierait un quart de la somme pour l’entreprise A (6,25 unités) et un tiers de la somme pour l’entreprise B (8,33 unités), soit une dépense de 14,6 unités. Dans ce cadre, elle subit encore la pollution des entreprises C et D, soit une disposition à payer égale à 24 unités. Son surplus dans ce cadre est de 9,4 unités monétaires. Son surplus étant plus important avec la participation au financement des filtres, elle aurait intérêt à choisir ce projet, mais elle doit toujours se baigner dans une eau polluée… Il est cependant peu probable que les habitants acceptent de financer la dépollution. L’idée que les victimes de la pollution paient des filtres aux pollueurs se heurterait vraisemblablement à une grande résistance psychologique. 2. À votre avis, que peut faire l’État ? L’État dispose de plusieurs solutions : – contraindre les entreprises pollueuses à installer des filtres (par exemple en les taxant au niveau du dommage subi par les habitations) ; cela augmentera leurs coûts de production ; – taxer les habitations pour financer les filtres des entreprises ; – subventionner l’achat de piscines par les habitations. On pourra discuter des avantages et des inconvénients de chacune de ses solutions, ainsi que des préoccupations qui sont celles de l’État dans chaque situation.

Application 5. La tragédie des communs, p. 150 Entre propriété privée et communauté, quel est le meilleur système ? La réponse à cette question implique de remobiliser les connaissances acquises au chapitre 4. Supposons, dans un premier temps, que le pré soit la propriété d’une seule personne. Celle-ci doit décider du nombre de vaches à acheter afin de maximiser son profit. Ce dernier s’exprime par l’équation suivante : π = f(c) – ac ; où f(c) représente la valeur de la quantité de lait produite et ac le coût

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d’achat des vaches (prix unitaire d’une vache multiplié par le nombre de vaches). La maximisation de cette fonction conduit à annuler sa dérivée première par rapport à c. Le profit sera maximal lorsque f’(c) = a, c’est-à-dire lorsque le produit marginal d’une vache sera égal à son coût. Si le produit marginal d’une vache est supérieur à a, il est intéressant de faire paître une vache supplémentaire sur le pré. Par contre, s’il est inférieur à a, il est intéressant d’en retirer une. On obtient cette solution dans le cas où le pré est la propriété d’une personne susceptible d’en limiter l’accès. Le propriétaire du pré achètera en effet le nombre de vaches qui maximise son profit. On suppose à présent que le pré est commun. Dans cette situation, chaque villageois décide individuellement d’utiliser ou non le pré commun. Chacun a le choix entre faire paître ou non une vache, et il est profitable de faire paître une vache aussi longtemps que son output est supérieur à son coût. Supposons qu’il y ait déjà c vaches sur le pré. L’output actuel par vache (le produit moyen) est égal à : f(c) / c. Si un villageois ajoute une vache, l’output total devient : f(c +1), et le nombre total de vaches est égal à : c + 1. Le revenu de cette vache pour le villageois est par conséquent égal à : f(c + 1) / (c + 1). Il doit comparer le revenu obtenu au coût de la vache. Si f(c + 1) / (c + 1) > a, il est préférable d’ajouter une vache puisque la valeur de son output est supérieure au coût. Les villageois choisiront dès lors de faire paître des vaches jusqu’à ce que le produit moyen d’une vache soit égal à a. Le nombre total de vaches sera c*, avec : f(c*) / c* = a. En résumé, en cas d’entrée libre, les villageois achèteront des vaches supplémentaires s’il est profitable de faire paître une vache supplémentaire sur le pré commun. Ils ne cesseront d’ajouter des vaches que lorsque les profits seront nuls : f(c*) – ac* = 0. Quand un villageois décide d’acheter ou non une vache, il regarde le revenu supplémentaire qu’il peut obtenir : f(c) / c, et le compare au coût de la vache. C’est parfait pour lui, mais ce calcul ne tient pas compte du fait que sa vache supplémentaire va réduire la production de lait de toutes les autres vaches. Il est en effet légitime de penser que l’output par vache diminue à mesure que le nombre de vaches qui paissent sur le pré commun augmente. La productivité moyenne est donc décroissante. Puisque le villageois ignore le coût social de son achat, il y aura trop de vaches sur le pré commun. La propriété privée est en fait un système qui permet de limiter l’usage du pré. Dans ce cas, il n’y a pas d’externalités. La solution de marché aboutit à une solution optimale. - 56 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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Il ne peut exister des inefficacités que dans des situations où il n’est pas possible d’empêcher les autres personnes d’utiliser quelque chose. La propriété privée n’est cependant pas le seul système qui favorise une utilisation efficace des ressources. On pourrait, par exemple, définir des règles fixant le nombre de vaches qui peuvent paître sur le pré et envisager de mettre en place un dispositif légal pour appliquer ces règles. Lorsque de telles règles ou de telles lois sont inexistantes ou ambiguës, la tragédie des communs peut aisément se produire. La surexploitation des eaux internationales à des fins de pêche ou l’extermination de plusieurs espèces d’animaux sont de tristes exemples de ce phénomène.

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 151 1. Dissertation, p. 151 Les mécanismes de marché et les raisons de l’intervention de l’État. Proposition de plan de dissertation et éléments d’argumentation : Introduction – Partir d’un événement, d’une actualité au cours duquel l’État est intervenu sur un marché. – Selon la théorie économique standard, les marchés concurrentiels devraient se réguler naturellement par le jeu de l’offre et de la demande. Si l’État intervient, c’est qu’il n’est pas satisfait de la répartition proposée par le marché ou qu’il juge que le marché ne règle pas tout. – La problématique est : pourquoi et comment l’État intervient sur les marchés ? – Le plan est constitué en deux parties : la première décrit les marchés et les raisons de l’intervention de l’État ; la seconde aborde les différents modes d’intervention de l’État, ainsi que les résultats attendus et les effets pervers. I. Les raisons de l’intervention de l’État Pour comprendre les raisons de l’intervention de l’État sur les marchés, on décrira dans un premier temps leurs mécanismes, puis les conditions particulières, ainsi que la prise en considération d’éléments plus larges.

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A. Les marchés en concurrence pure et parfaite – Proposer une description des mécanismes standard d’un marché en concurrence pure et parfaite à travers les relations entre l’offre et la demande, qui doivent aboutir à un équilibre. – Préciser les conditions d’existence de ce type de marché. B. Les marchés imparfaits – Dans la mesure où les conditions de la concurrence pure et parfaite ne sont pas toujours –voire jamais – respectées, identifier les différents types de marchés existants, notamment en fonction du nombre d’acteurs présents et de la présence ou non de barrières à l’entrée de ces marchés. – Donner des exemples à travers les monopoles et oligopoles, notamment. – Montrer les raisons pour lesquelles l’État pourrait vouloir intervenir dans ces marchés. C. Les externalités – Définir ce que sont les externalités et dans quelles mesures elles peuvent être ou non prises en considération par le marché. – Aborder les problèmes qu’elles posent ainsi que les opportunités qu’elles représentent. – Montrer les raisons pour lesquelles l’État pourrait vouloir intervenir dans ces situations. L’État va intervenir sur les marchés ou dans des situations non prises en compte par les marchés en vue d’obtenir une répartition des richesses qui n’est pas celle à laquelle on aboutit « naturellement », afin de protéger une partie des acteurs (qu’ils soient producteurs ou acheteurs) ou pour tenir compte de conditions environnementales spécifiques. II. Les méthodes d’intervention de l’État Les raisons pour lesquelles l’État intervient sur les marchés vont déboucher sur des méthodes spécifiques détaillées ici. A. La fiscalité L’État peut intervenir sur le fonctionnement des marchés en pénalisant des acteurs (taxes) ou en les incitant (subventions). Les issues sont une variation des prix d’équilibre.

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B. La fixation des prix Afin de favoriser un groupe d’acteurs, l’État peut fixer des prix au-dessus du prix d’équilibre (prix-plancher, prix en dessous duquel on ne peut pas descendre) ou des prix en dessous du prix d’équilibre (prix plafond, prix audessus duquel on ne peut pas monter). Cela génère des déficits d’offre ou de demande, qui nécessiteront d’être régulés. C. Réglementations Pour éviter les effets pervers (effets externes négatifs, ententes dans les oligopoles, barrières à l’entrée), l’État va réglementer les marchés, établissant ainsi les modalités de fonctionnement. Il peut aussi interdire totalement certains marchés (drogue) ou les rendre par principe gratuits afin que tout le monde y accède (éducation, santé). Conclusion Faire la synthèse de ce qui a été évoqué ; ouvrir la discussion sur les raisons et méthodes des objectifs de politique économique qui guident les décisions prises sur tel ou tel marché.

2. Étude de document, p. 151 1. Décrivez, en les expliquant, les structures de marchés les plus fréquentes et donnez quelques exemples. Les structures de marchés les plus fréquentes correspondent aux situations dans lesquelles on trouve un grand nombre de demandeurs et un petit nombre d’offreurs. Dans le monopole, on trouve un seul offreur et un grand nombre de demandeurs. En France, il s’agit par exemple de la position de La Poste pour l’acheminement du courrier au domicile des particuliers, ou de la position de la SNCF pour le transport par rail des voyageurs. Il s’agit d’entreprises publiques dont la position est de plus en plus contestée, notamment en ce qui concerne l’acheminement de colis à domicile, par exemple. Dans l’oligopole, on trouve quelques offreurs et un grand nombre de demandeurs : par exemple, les fournisseurs de service de téléphonie mobile ou encore les enseignes de grande distribution alimentaire. On trouve assez régulièrement des oligopsones, c’est-à-dire des situations où il y a peu de demandeurs et beaucoup d’offreurs. - 59 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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C’est le cas, par exemple, de la position des constructeurs automobiles par rapport à leurs fournisseurs. 2. Pour quelles raisons une institution telle que l’Autorité de la concurrence existe-t-elle ? Si le pouvoir de marché est concentré entre les mains d’un petit nombre de personnes ou qu’il risque de l’être, il existe un risque d’entente entre ces acteurs pour faire pression sur ceux qui sont en plus grand nombre (les demandeurs dans le cas d’un oligopole, ou les offreurs dans le cas d’un oligopsone). L’Autorité de la concurrence existe pour empêcher ou prévenir les abus liés à de forts pouvoirs de marchés, dans le cas d’atteintes portées à la concurrence. Elle peut agir dans le cadre d’une coalition avérée, d’une entente, mais aussi lors d’une fusion d’entreprises dans le cas où cette fusion donnerait à la nouvelle entité un pouvoir important, voire de type monopolistique sur un marché. Elle peut poursuivre les structures incriminées ou demander des garanties de protection dans le cadre d’une fusion, voire interdire la fusion. 3. Quels sont les avantages et inconvénients anticipés de la fusion entre Orange et Bouygues ? Les avantages présentés d’une fusion sont notamment des économies d’échelle, qui peuvent favoriser des prix bas, mais plus encore la montée en puissance des capacités en recherche-développement et ainsi en innovation, dans des domaines où cela est coûteux. Les fusions permettent également de positionner les entreprises au-delà de leur territoire, au niveau international. Cela est vrai lorsque le risque d’une concurrence continue d’être crédible (exemple avec la théorie des « marchés contestables »). Les inconvénients sont une perte de pouvoir de négociation, ici du côté du consommateur, qui perdra en choix mais qui peut également être confronté à une hausse des prix contre laquelle il ne peut rien. Un autre risque est qu’en l’absence de concurrents crédibles, l’entreprise fusionnée perde sa dynamique et s’endorme, notamment en termes d’innovation.

- 60 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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3. Question, p. 152 Quelles sont les conséquences de la prise en considération de la non-rivalité sur un marché ? La non-rivalité d’un bien (ou service) signifie que celui-ci est indivisible et que sa consommation par un individu ne détériore pas la possibilité de consommation par un autre. A contrario, un bien rival est un bien qui, lorsqu’il est consommé par une personne, ne peut pas être consommé par une autre (il a été détruit par la première ; par exemple : une pomme). L’éclairage public est un exemple de bien non-rival. Le fait qu’une personne soit éclairée n’empêche pas les autres de l’être. Le problème est dans ce cas de savoir quel est le prix à payer pour l’éclairage public, c’est-à-dire pour un bien non rival. Généralement, cela se résout par la collecte d’impôts qui serviront au financement de cet équipement. Néanmoins, le caractère plus ou moins marchant d’un bien non rival va dépendre de son caractère exclusif. Si on ne peut exclure personne de son bénéfice, alors il s’agit d’un bien public pur ou d’un bien collectif pur (nonrivalité et non-exclusivité). Ces biens sont généralement pris en charge par l’État ou par les collectivités publiques. Mais il peut être possible d’avoir un bien non rival et exclusif, comme par exemple dans un stade. Toutes les personnes présentes dans le stade bénéficient du même spectacle, mais les personnes à l’extérieur en sont exclues. On parle dans ce cadre de « biens de club » ou de « biens à péage ». Le prix du bien est établi comme sur un marché traditionnel.

- 61 Chapitre 5 – Construction des marchés et formation des prix

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Chapitre 6 La consommation, l’épargne et l’investissement

Application 1. QCM, p. 176 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Les coefficients budgétaires décrivent :

 l’évolution des revenus des ménages.  la part des dépenses de chaque poste de consommation des ménages. Ils indiquent la part du revenu consacrée à telle ou telle fonction comme l’alimentaire ou le logement. 2. La classification des différents types de biens (normaux, inférieurs et supérieurs) se détermine à partir de :

 l’élasticité-prix.  l’élasticité-revenu. En effet, il s’agit de déterminer comment varie la consommation du bien lorsque le revenu varie. 3. Quelle est la signification de la loi psychologique fondamentale de Keynes ?

 La consommation dépend de facteurs psychologiques.  La consommation augmente suite à une hausse de revenu, mais moins rapidement.  La consommation dépend du niveau des taux d’intérêt.

- 62 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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4. Pour les ménages, l’épargne financière est constituée :

 des seuls placements faits en Bourse.  de toute l’épargne non liée au logement. Celle qui est liée au logement est dite « non financière ».

5. À quelle théorie correspond l’idée selon laquelle le consommateur a parfois tendance à maintenir son niveau de consommation antérieur même en cas de baisse de son revenu et qu’il peut même être amené à prélever sur son épargne ?

 L’effet de cliquet.  L’effet de levier.  La demande de différence.  L’effet d’imitation. 6. Comment définir la propension à consommer ?

 C’est la part du revenu consommé.  Ce sont les projets de consommation effectués par les ménages.  C’est l’augmentation de la consommation. 7. Pour Keynes, la consommation des ménages est fonction :

 de leur revenu disponible.  de la demande effective.  des suppléments de revenu.  de leur consommation passée. 8. Comment nomme-t-on la part de l'accroissement du revenu consacrée à l'augmentation de la consommation ?

 la propension marginale à consommer.  la propension moyenne à consommer.  la part de revenu consommé.

- 63 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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9. Selon Duesenberry, la consommation dépend :

 de l'effet de démonstration ou effet d'imitation.  du revenu absolu des individus.  de l'effet de mode. 10. Pour F. Modigliani, de quoi dépend la consommation d'un individu ?

 de ses ressources totales calculées sur sa vie entière et non pas de son revenu courant.  de ses anticipations optimistes ou pessimistes.  de ses actifs financiers et non financiers que le consommateur peut vendre pour pouvoir consommer.  de son niveau de revenu passé. 11. Êtes-vous d'accord avec l'affirmation selon laquelle la diminution du niveau général des prix fait baisser le pouvoir d'achat et entraîne une diminution de la consommation ?

 oui.  non. La baisse des prix rend les produits moins chers pour un même revenu : le pouvoir d'achat de ce revenu augmente et permet la hausse de la consommation. 12. Êtes-vous d'accord avec l'affirmation selon laquelle la hausse du niveau des prix entraîne une hausse de la consommation car les consommateurs « avancent » leurs dépenses, pensant payer moins cher maintenant que plus tard ?

 oui.  non. Les deux réponses sont possibles. En effet, une hausse des prix peut engendrer deux effets contradictoires : consommer immédiatement par crainte de voir diminuer la valeur de la monnaie, ou au contraire, diminuer sa consommation et augmenter son épargne pour conserver son pouvoir d’achat (effet d'encaisses réelles de Pigou).

- 64 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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13. Pour M. Friedman, à quoi correspond le revenu permanent ?

 c’est le revenu auquel les individus s’attendent, en fonction de leurs revenus passés et anticipés.  c'est un revenu transitoire.  c'est une partie exceptionnelle du revenu de l'individu.  c'est le revenu non prévu par l'individu. 14. Choisissez la bonne réponse parmi les propositions ci-dessous.

 La rentabilité est le rapport entre les ressources perçues et le capital engagé.  Plus le taux d’utilisation des capacités de production est faible, plus l’investissement sera élevé.  Un taux d’intérêt élevé stimule des investissements industriels. 15. Lorsque l’on considère que l’investissement a un effet d’entraînement de la demande, on fait référence :

 au principe de l’accélérateur.  au principe du multiplicateur. 16. L’importance de l’effet multiplicateur décrit par Keynes dépend :

 du revenu.  de la propension marginale à consommer.  des taux d’intérêt.  de la propension marginale à épargner.

Application 2. Les principaux ratios des sociétés non financières, p. 178 1. Quels liens peut-on établir entre taux de marge, taux d’épargne, taux d’investissement et taux d’autofinancement des entreprises ? Tout d’abord, le taux de marge et le taux d’épargne sont liés directement dans le sens où l’épargne se calcule à partir de la marge dans le compte du secteur des sociétés.

- 65 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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La marge est le solde du compte d’exploitation des sociétés ; c’est donc la valeur ajoutée moins la rémunération des salariés et les impôts liés à la production (nets de subventions). À cette marge, on retire les revenus de la propriété versés et reçus (intérêts et dividendes) et l’impôt sur les bénéfices pour obtenir l’épargne brute. Autrement dit, une marge importante permet aux entreprises de dégager plus d’épargne, et inversement, la baisse de la marge fait courir le risque d’une baisse de l’épargne. En revanche, à un niveau de marge donné, les fluctuations des revenus de la propriété, liés à la rémunération des actionnaires et/ou des prêteurs, peuvent également faire varier l’épargne. Ainsi, si le taux de marge des sociétés augmente mais que le taux d’épargne est stable, cela signifie que les revenus de la propriété versés aux apporteurs de capitaux ont augmenté. À ce moment-là, la décision stratégique de rémunérer plus fortement les actionnaires (par exemple) est prise au détriment de l’épargne et, éventuellement, de l’investissement futur. Les liens entre taux d’épargne, taux d’investissement et taux d’autofinancement proviennent des modalités de financement de l’investissement. Les débats entre théoriciens à propos de l’égalité de I (investissement) et de S (épargne) montrent que l’on peut tout autant considérer qu’un taux d’épargne élevé entraîne un fort taux d’investissement ou qu’un fort taux d’investissement incite les entreprises à pousser leur épargne à la hausse. Si on résume les positions des uns et des autres, on dira que les libéraux considèrent que l’épargne explique l’investissement et qu’ils privilégient donc ce sens de la causalité : S entraîne I. Les keynésiens privilégient la causalité inverse : l’investissement prime et détermine ensuite le niveau d’épargne. Ce qui est sûr, c’est que si les deux taux sont proches, le financement de l’investissement pose peu de problèmes. L’égalité stricte entre épargne et investissement permet un autofinancement total de l’opération d’investissement. Un excès d’épargne dégage une capacité de financement (taux d’autofinancement supérieur à 100 %), tandis qu’un déficit d’épargne par rapport à l’investissement nécessite un recours à un financement externe : banques ou marchés financiers (taux d’autofinancement inférieur à 100 %).

- 66 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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2.

Analysez le tableau.

Le tableau à étudier émane de l’Insee et présente les quatre principaux ratios des sociétés non financières de 1960 à 2014. Chaque ratio est exprimé en pourcentage. Le taux de marge des sociétés non financières se situe autour d’une moyenne de 30 % sur l’ensemble de la période. Le niveau de marge des entreprises leur permet de constituer une épargne Ainsi, lorsque le taux de margé est élevé (1990, 200 et 2005), le taux d’épargne l’est également (respectivement 17, 20 et 18 % pour ces trois années). Les années où le taux de marge est particulièrement faible, comme en 1980, le taux d’épargne est également en nette baisse, à 10 %. Le taux d’autofinancement suit évidemment l’évolution du taux d’épargne puisque c’est l’épargne des entreprises qui permet l’autofinancement. Ainsi, avec un taux d’épargne de presque 20 % en 2000, on constate que les entreprises autofinancent à presque 90 % leurs projets d’investissement. Inversement, avec un taux d’épargne de 10 % en 1980, le taux d’autofinancement des entreprises n’est que de 45 %. On peut constater cependant une forte variabilité du taux d’autofinancement des sociétés non financières, entre 45 % en 1980 et 89 % en 2005, puisqu’il dépend également du poids des investissements réalisés. Le taux d’investissement est quant à lui relativement stable sur la période considérée, entre 20,9 % et 24,6 % de la valeur ajoutée. Il n’est pas forcément corrélé au taux d’autofinancement, puisque la décision d’investir ne dépend pas seulement des conditions de financement, mais également, et surtout, des perspectives de la demande et de la conjoncture anticipée par les entrepreneurs.

Application 3. L’investissement peut-il repartir ? p. 178 1. Sur quel principe économique repose le plan Juncker ? Expliquez. Le plan Juncker est un plan de relance européen par l’investissement. Ce plan vise à investir 315 milliards d’euros de fonds publics sur trois ans pour stimuler l’activité européenne. Il repose sur le principe du multiplicateur keynésien, qui indique que toute dépense d’investissement génère un supplément plus que proportionnel de la production. - 67 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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2. En quoi l’investissement peut-il être un moteur de la croissance ? L’investissement est moteur de croissance puisqu’il conditionne aussi bien le dynamisme de l’offre en améliorant les capacités productives que celui de la demande par la demande de biens d’équipement. Ce dernier effet est illustré par l’effet multiplicateur de Keynes. Toute demande (ici d’investissement) adressée à une entreprise est source de revenus puis de dépenses pour d’autres agents. Du côté de l’offre, l’investissement permet l’augmentation des capacités de production et, en ce sens, contribue à accroître la production. De plus, l’investissement permet l’introduction du progrès technique, facteur de productivité. En permettant l’introduction du progrès technique dans le capital productif, l’investissement est facteur de productivité, et facteur de croissance intensive pour l’économie. 3. L’économie européenne peut-elle actuellement compter sur l’investissement pour retrouver la croissance ? Vous répondrez en une vingtaine de lignes. Malgré des conditions de financement très favorables, avec un taux directeur historiquement bas (0,05 %), l’investissement reste timide en raison des anticipations des entreprises de la demande future. En effet, des taux faibles permettent de financer les investissements à bas coût et sont un déterminant de l’investissement. Mais ce déterminant est largement insuffisant. Aucune entreprise n’investira si elle n’anticipe pas une hausse de la demande qui s’adressera à elle. La confiance dans l’économie (et ses perspectives) doit être forte. Keynes avait mis en évidence le rôle de la confiance : une confiance faible peut générer un blocage de l’investissement, même si les taux d’intérêt sont très faibles. Or, la conjoncture morose et le climat de défiance freine les projets d’investissement. De plus, le taux d’utilisation des capacités de production des entreprises françaises est relativement faible, ce qui signifie que les entreprises, industrielles notamment, peuvent augmenter leur production avec leurs capacités de production actuelles sans investir. Si les mesures prises par la BCE et la Commission européenne tentent de restaurer la confiance des ménages et des entreprises en mettant en œuvre des politiques de relance soutenues, il faut espérer que cela suffira pour inverser la tendance à la baisse de l’investissement. - 68 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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D’autant qu’au niveau des dépenses publiques d’investissement, les difficultés budgétaires auxquelles font face la majorité des États européens freinent leurs possibilités d’investissement. Les budgets publics sont aujourd’hui largement contraints par les critères de Maastricht (déficit public inférieur à 3 % du PIB et dette publique inférieure à 60 % du PIB).

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 180 1. Dissertation, p. 180 Une politique active des revenus (hausse du salaire minimum, des prestations sociales, etc.) peut-elle stimuler la consommation des ménages ? Proposition de plan détaillé Introduction Selon l’Insee, en novembre 2015, les dépenses de consommation des ménages en biens diminuent de nouveau : elles baissent de 1,1 % en volume, soit leur plus forte contraction depuis janvier 2014, après un léger recul en octobre (– 0,2 %). La consommation des ménages est une variable à laquelle on porte une attention particulière car elle est déterminante pour la croissance économique. Si la consommation peut se définir comme l’opération économique consistant à acquérir des biens destinés à être détruits immédiatement ou progressivement à travers leur utilisation, la consommation qui émane des seuls ménages est mesurée par la comptabilité nationale par l’agrégat de consommation effective des ménages qui comprend tous les biens et services acquis pour la satisfaction directe des besoins humains, tant individuels que collectifs. Elle comprend ainsi leurs consommations individuelles mais également celles qui sont collectives et non marchandes, et qui sont malgré tout individualisables. Lorsque la croissance économique est trop faible, les pouvoir publics peuvent souhaiter stimuler la consommation pour relancer l’activité. Parmi les leviers disponibles, le plus utilisé est l’augmentation des revenus des ménages, que ce soit le revenu direct, comme le salaire minimum, ou les revenus de transfert comme les allocations familiales ou les pensions de retraite. - 69 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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C’est en effet le revenu disponible, c’est-à-dire le revenu dont dispose un ménage après les prélèvements obligatoires et la perception des revenus de transfert, qui fondera sa décision en termes de consommation et d’épargne. Si le revenu disponible détermine très largement la consommation des ménages, en est-il vraiment le seul facteur explicatif ? L’observation de ces dernières années montre qu’il n’y a pas toujours une corrélation entre l’évolution de ces deux variables. Quelles sont alors les conditions de réussite et les limites des politiques visant à relancer la consommation en agissant sur le niveau des revenus ? Après avoir montré le rôle déterminant du revenu sur la consommation, on montrera les limites des seules politiques de revenus sur la consommation et l’influence que peuvent avoir d’autres facteurs d’ordre économique et sociologique. I. La consommation dépend sensiblement du revenu Le revenu et les anticipations des agents sur leur revenu futur jouent un rôle majeur sur les décisions individuelles de consommation. A. Le revenu est un déterminant de la consommation : l’efficacité des politiques de revenus Pour Keynes, la consommation est une fonction croissante du revenu, c’està-dire que lorsque le revenu croît, la consommation augmente aussi. On peut en effet facilement imaginer qu’une personne disposant d’un plus grand revenu qu’une autre ait un niveau de consommation supérieur. Cela explique aussi le fait que la consommation soit plus importante dans les pays développés à revenu moyen élevé que dans les pays en voie de développement. L’approche keynésienne justifie les politiques de relance par les revenus. Il pourra s’agir d’une hausse directe de certains revenus : revalorisation du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic), des revenus de transfert comme les allocations chômage, les minimas sociaux (revenu de solidarité active : RSA, minimum vieillesse), les pensions de retraite ou les diverses allocations versées par la Caisse d’allocations familiales. Mais il est également possible de soutenir les revenus disponibles des ménages par des mesures fiscales : baisse des impôts (impôt sur le revenu, TVA, CSG). Toutefois, on peut s’interroger sur la nature du revenu qui influence vraiment la consommation.

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B. Les conditions de réussite d’une politique active de revenus Keynes a montré que la propension marginale à consommer est décroissante par rapport au revenu : la part du revenu affectée à la consommation décroît lorsque le revenu augmente. Cela vient du fait que, lorsque le revenu augmente, les besoins primaires sont satisfaits et les personnes commencent à épargner une partie de plus en plus grande de leur revenu. En conséquence, la propension marginale à consommer est plus forte chez les agents à bas revenus que chez les agents disposant de revenus élevés. Ainsi, une politique active de revenus doit viser en priorité les ménages les plus modestes qui n’ont pas encore satisfait la totalité de leurs besoins primaires. Une hausse de leurs revenus, par un coup de pouce au Smic, aux minimas sociaux (RSA, minimum vieillesse) ou à certaines allocations destinées aux plus démunis, permettra de relancer la consommation. Par contre, une augmentation du revenu des plus aisés, par une baisse de la fiscalité notamment, aura moins d’effets sur la consommation à court terme, puisque cette population aura tendance à épargner ce supplément de revenu disponible. Ainsi, le revenu joue un rôle primordial sur le niveau de la consommation. Les politiques de relance par le revenu peuvent avoir un effet positif sur la consommation, dans certaines conditions, mais d’autres facteurs interviennent qui peuvent limiter leur efficacité. II. Les conditions de réussite et les limites d’une politique active de revenus À partir de 1988, par exemple, la consommation a augmenté moins vite que le revenu. De même, entre 1981 et 1987, les ménages ont consommé plus que la seule évolution de leur revenu ne leur permettait. Les politiques de relance ne sont donc pas toujours efficaces et des facteurs économiques autres que le revenu influencent la consommation. A. Le rôle des anticipations sur les décisions de consommation Les libéraux contestent en partie cette liaison entre revenu et consommation. Par exemple, Milton Friedman pense que ce n’est pas le revenu immédiat qui détermine le niveau de consommation, mais le revenu moyen attendu par l’individu sur une longue période ; c’est la notion de revenu permanent. Cela peut expliquer le fait qu’un jeune ayant un salaire actuel relativement bas va avoir un niveau de consommation plus élevé qu’une personne de 58 ans ayant pourtant un revenu plus important. - 71 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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Le jeune va en effet anticiper une augmentation de revenu dans les années à venir et ne va pas craindre de consommer, voire de s’endetter pour consommer, alors que la personne plus âgée va anticiper la baisse de son revenu lors de sa retraite et va avoir tendance à épargner davantage, pour des motifs de précaution. Aussi, l’efficacité des politiques de revenus dépendra des anticipations des agents sur leur situation future, et en fonction du contexte macroéconomique. J.-F. Muth, en 1961, mais surtout Robert Lucas, en 1972, ont montré le rôle des anticipations, dites rationnelles, des agents qui prévoient les conséquences futures des politiques économiques. Ainsi, à l’annonce d’une relance budgétaire keynésienne, ils peuvent anticiper une hausse future des impôts et épargner le supplément de revenu en prévision de ces dépenses futures, neutralisant de ce fait les effets de la relance sur la consommation. Ces anticipations dépendront bien sûr de l’état de la conjoncture et de la confiance des ménages dans l’avenir. B. Les limites aux politiques de relance : l’influence d’autres facteurs sur la consommation En premier lieu, la mondialisation croissante des économies aboutit à une hausse des échanges internationaux. Aussi, les suppléments de revenus accordés aux agents nationaux peuvent ne pas profiter à la consommation intérieure et constituer une fuite dans les importations. C’est devenu une des raisons majeures de l’échec des politiques de relance depuis le début des années 1980. Aussi, sans entrer dans le débat sur l’influence de l’anticipation de l’inflation sur le comportement des agents économiques, on peut dire que plus le taux d’inflation est élevé, plus les ménages ont intérêt à précipiter leurs achats pour ne pas subir la hausse des prix. C’était le cas au Brésil dans les années 1990 où le taux d’inflation avoisinait les 1 000 % par an. Le taux d’intérêt est un autre déterminant de la consommation. Sa variation produit sur elle deux effets opposés. D’une part, comme on l’a vu dans le sens inverse, si le taux d’intérêt augmente, il va favoriser l’épargne car le rendement des placements va augmenter et donc faire baisser la consommation ; on assiste à un effet de substitution. D’autant plus qu’avec un taux élevé, les ménages vont hésiter à s’endetter pour financer leur consommation. D’autre part, les ménages vont bénéficier d’une augmentation de leur revenu financier et donc de leur revenu global, ce qui aura tendance, comme on l’a vu dans la première partie, à faire augmenter la consommation. C’est ce qu’on appelle l’effet revenu. - 72 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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La relation entre le taux d’intérêt et la consommation n’est donc pas mécanique : son résultat dépend de la force relative de ces deux effets opposés. On peut simplement faire remarquer que ce seront les ménages à hauts revenus qui bénéficieront le plus de l’effet revenu ; or, ils ont une propension marginale à consommer relativement faible. Rien ne dit d’ailleurs que le revenu global augmentera car la hausse du taux d’intérêt peut ralentir la croissance économique et exercer une pression à la baisse des revenus du travail. Enfin, la consommation n’est pas qu’un acte économique ; c’est aussi un acte social qui va, en tant que tel, être influencé par des facteurs sociaux : les choix de consommation ne sont pas toujours libres et rationnels, ils dépendent des revenus mais également de déterminants psychologiques et sociaux. Pour Pierre Bourdieu, la consommation est dictée par des normes sociales, les habitus, qui dépendent du revenu, ou plutôt du capital économique, mais aussi du capital social et du capital culturel. Ainsi, la consommation va être un moyen à la fois de se distinguer des autres et de montrer son appartenance à un groupe. Duesenberry (1949) affirme également, par son effet de démonstration ou d’imitation, que les agents d’un groupe social donné auront tendance à imiter la consommation d’un groupe au revenu supérieur auquel ils s’identifient, en voulant faire une démonstration de leur statut social, et donc auront une propension à consommer plus forte. Ici encore, les politiques visant à stimuler les bas revenus semblent plus favorables à la consommation. Conclusion Le revenu explique en grande partie le niveau de la consommation, surtout lorsque les besoins primaires ne sont pas tous satisfaits, ce qui est le cas dans de nombreux pays en développement. Aussi, les politiques actives de revenus peuvent avoir un effet très positif sur la consommation, notamment chez les ménages peu aisés, qui ont une forte propension à consommer. Cependant, leur efficacité peut être limitée par les anticipations des agents ou par un plus grand recours aux importations. Les politiques menées à compter des années 1980 ont vu leur efficacité considérablement diminuée par l’ouverture croissante des économies. De même, le niveau de l’inflation et des taux d’intérêt comme la prise en compte de facteurs sociaux peuvent limiter ou renforcer l’effet induit par une hausse des revenus sur la consommation.

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Le doute quant à l’intérêt de ce type de politique a accompagné une grande partie des deux dernières décennies, générant deux attitudes possibles : soit considérer que ce nouveau contexte sonnait le glas des politiques de relance traditionnelles fondées sur l’action sur les revenus, dans la mesure où la hausse des revenus stimulait surtout la production des pays partenaires, soit suggérer une action concertée entre pays partenaires, au niveau européen par exemple, pour synchroniser les relances menées et retrouver ainsi une plus grande efficacité malgré l’ouverture des frontières. On observe ainsi que l’action par les revenus fait toujours partie de l’arsenal utilisé par les pouvoirs publics.

2. Étude de document, p. 180 1. Après avoir rappelé les principaux déterminants de la consommation, analysez son évolution depuis 2005. Ce document de l’Insee montre l’incidence du revenu et du niveau des prix sur la consommation et l’épargne entre 2005 et 2014. Si la consommation est l’opération économique consistant à acquérir des biens ou des services destinés à être détruits immédiatement ou progressivement à travers leur utilisation, l’épargne est la part du revenu restant disponible après les actes de consommation, pour accumuler des actifs physiques et financiers. Différents auteurs ont successivement mis en évidence les différents déterminants de la consommation. Le principal déterminant économique du niveau de consommation est le revenu disponible pour Keynes, et le revenu permanent pour Friedman. Quel que soit le revenu de référence, plus il est élevé, plus la consommation sera importante. Les néoclassiques montrent que le niveau des taux d’intérêt joue un rôle sur le niveau de consommation des ménages, car il est résiduel : plus les taux d’intérêt sont élevés, plus les ménages favoriseront l’épargne, pour une consommation future jugée plus élevée. Le niveau de l’inflation est également un facteur essentiel. Une forte inflation, en diminuant le pouvoir d’achat des ménages, peut avoir deux effets contradictoires : une hausse de la consommation immédiate devant la perte de valeur de la monnaie ou, au contraire, une hausse de l’épargne pour conserver le même niveau d’encaisses réelles (Pigou).

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Enfin, le contexte macroéconomique et le degré d’incertitude peuvent influencer le partage entre épargne et consommation. Une conjoncture morose peut avoir pour conséquence une hausse de l’épargne de précaution, et une baisse de la consommation. Si le pouvoir d’achat mesure la capacité d’acheter avec un revenu donné, il dépend des revenus et de l’indice des prix à la consommation qui permet de mesurer l’inflation. À revenu constant, plus les prix augmentent, plus le pouvoir d’achat de ce revenu diminue. Entre 2005 et 2007, la dépense de consommation des ménages en volume (à prix constants) croit à un rythme annuel soutenu et régulier compris entre 2,1 % et 2,4 %. Par contre, la crise de 2007-2008 a eu pour conséquence son net ralentissement : + 0,1 % en 2009. En effet, la moindre augmentation du pouvoir d’achat des ménages (+ 0,3 % seulement en 2008) ralentit la demande. Ce qui confirme la théorie keynésienne : le niveau de consommation des ménages dépend principalement de leur niveau de revenu. 2. Mettez en évidence les informations essentielles pouvant être retirées du tableau et analysez-les. Entre 2005 et 2007, la dépense de consommation des ménages en volume (à prix constants) croit à un rythme annuel soutenu et régulier compris entre 2,1 % et 2,4 %. En 2007, la consommation augmente significativement (+ 2,4 % en volume), davantage que les prix, mais moins que le pouvoir d’achat, ce qui se traduit par une hausse du taux d’épargne. Le taux d’épargne mesure la part du revenu qui est épargné. Le dynamisme de la dépense de consommation, lorsqu’il est associé à une évolution modérée du revenu disponible brut, se traduit par une baisse du taux d’épargne (2005). En effet, l’épargne est la part du revenu non consommée. Si la consommation augmente plus que le pouvoir d’achat, c’est au détriment de l’épargne. Au contraire, lorsque le pouvoir d’achat augmente davantage que la dépense de consommation, c’est que les ménages ont épargné une part plus importante de leur revenu : avec le regain de leur pouvoir d’achat en 2006 et en 2007, les ménages ont maintenu la croissance de leur consommation tout en relevant leur épargne.

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L’année 2008 est exceptionnelle puisque l'ensemble des indicateurs se détériorent : l’inflation augmente (2,8 %), la consommation augmente nettement moins que dans la période précédente (+ 0,5 %) et le taux d'épargne se rétracte par rapport à 2007. La crise de 2008 a eu des conséquences sur le pouvoir d’achat qui augmente peu, la consommation ralentit nettement, ce qui se traduit par une stabilisation du taux d’épargne, et même une hausse en 2009 à 16,2 % en raison de l’attentisme des agents devant l’incertitude quant à la conjoncture. 2010 est une année de reprise de la consommation (+ 1,7 %), mais qui s’essouffle à nouveau depuis 2011. En 2013, la dépense de consommation des ménages se stabilise (+ 0,4 % en volume), après son repli en 2012 (– 0,3 %). Dans un contexte de moindre inflation (nulle en 2014, + 0,8 % en 2013 après + 1,4 % en 2012), le pouvoir d’achat augmente à nouveau en 2014 après un net recul en 2012. Cela signifie que les revenus ont augmenté dans des proportions supérieures à l’inflation. La reprise du pouvoir d’achat et de la consommation a pour conséquence une stabilité du taux d’épargne à 15,1 % en 2014.

3. Questions, p. 180 1. Comment fonctionne le multiplicateur d'investissement keynésien ? Quelles en sont les limites ? Dans sa Théorie générale, en 1936, Keynes consacre des développements importants à l’analyse des effets induits par l’investissement dans toute l’économie. Le principe du multiplicateur d’investissement établit une relation entre augmentation de l’investissement (ou des dépenses publiques) et revenu national. En effet, un supplément d’investissement génère une distribution de revenus et ainsi un supplément de dépenses. Il est "multiplicateur" car une variation de l’investissement entraîne une variation plus que proportionnelle du revenu national, en fonction du niveau de la propension marginale à consommer : plus les ménages consacrent à la consommation une fraction importante de leur supplément de revenu, plus l’effet multiplicateur sera important.

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Supposons l’exemple d’un supplément d’investissement de 100 dans l’économie. Il donnera lieu à un achat de biens de production ou de services du même montant, qui va accroître le revenu d’un autre agent économique du même montant. Ce revenu sera à son tour utilisé en dépense ou en épargne, en fonction de la propension à consommer de ce dernier agent. Si sa propension à consommer est de 80 %, les 100 d’investissement initial vont générer une nouvelle dépense de (100 – 20) = 80. Cette somme va à nouveau accroître le revenu d’un autre agent auprès duquel il sera dépensé, qui pourra également – après avoir épargné 20 % – dépenser (80 – 16), soit 64, et ainsi de suite jusqu’à épuisement de l’effet : les sommes redistribuées à chaque stade s’amenuisent pour tendre vers zéro. Au bout du compte, on constate qu’un investissement de 100 provoque un accroissement du revenu national plus important que la dépense initiale. Le montant de cet accroissement étant calculé par la formule = 100 × (1 / (1 – 0,8) = 500. Du fait de l’existence de cet effet multiplicateur de la dépense, toute stimulation de l’investissement exerce un effet positif plus que proportionnel sur l’économie. L’investissement détermine donc en partie le revenu national, et l’emploi nécessaire. Le multiplicateur d’investissement justifie ainsi les politiques d’investissement publics destinées à soutenir l’activité économique. Il s’est montré très efficace pour lutter contre la crise des années 1930 (politique de grands travaux du New Deal). Il a aussi stimulé l’augmentation de la croissance des Trente Glorieuses. Il existe deux principales limites au fonctionnement du multiplicateur : – l’effet multiplicateur est plus faible en économie ouverte du fait de la fuite d’une partie du revenu dans la demande de produits d’importation. L’effet multiplicateur sera donc également fonction de la propension marginale à importer. Keynes raisonnait en effet en économie fermée : l’investissement ne donnait lieu qu’à une demande interne ; – le multiplicateur peut être source d’inflation si la demande due à la hausse des revenus ne trouve pas d’offre pour y répondre (si par exemple il n’existe pas de capacités de production inutilisées). Il ne faut donc pas que l’économie soit en situation de plein emploi des facteurs de production.

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2. Expliquez les notions d’élasticité de la demande par rapport au revenu, et d’élasticité de la demande par rapport au prix. Donnez des exemples. (Extrait du sujet d’examen, session 2010.) De façon générale, l’élasticité mesure la variation relative d’une variable par rapport à la variation relative d’une autre variable. L’élasticité de la demande par rapport au revenu mesure la variation relative de la demande d’un bien par rapport à la variation relative du revenu des agents. Elle mesure l’impact d’une variation du revenu d’un consommateur sur sa demande pour un bien particulier. Elle se calcule ainsi : e D/R = (ΔD/D) / (ΔR/R) En principe, l’élasticité revenu est positive. En effet, plus le revenu augmente, plus la consommation augmente. Cependant, il existe une diversité de situations selon la nature des biens considérés : – lorsque l’élasticité est comprise entre 0 et 1, signe d’une élasticité relativement faible, l’augmentation du revenu entraîne une augmentation moins que proportionnelle de la consommation. Il s’agit de biens dits inférieurs ou biens de première nécessité (alimentation de base par exemple) ; – lorsque l’élasticité est égale à 1, la demande est dite iso-élastique, ce qui signifie qu’une augmentation de revenu entraîne une augmentation proportionnelle de la consommation. Il s’agit de biens dits normaux (dépenses de logement par exemple) ; – lorsque l'élasticité est supérieure à 1, signe d’une forte élasticité, l’augmentation du revenu entraîne une augmentation plus que proportionnelle de la consommation. Il s’agit alors de biens dits supérieurs (santé ou loisirs). Par exception, on peut avoir une élasticité négative. C’est le cas lorsqu’une baisse du revenu entraîne une hausse de la consommation de certains biens, biens de première nécessité par exemple (pain, margarine, pâtes). L’élasticité de la demande par rapport au prix mesure la variation relative de la demande d’un bien par rapport à la variation relative de son prix. Elle se calcule ainsi : D/P = (ΔD/D) / (ΔP/P). Ce rapport est généralement négatif car, lorsque le prix augmente, la demande diminue, et réciproquement. Cependant, on peut également rencontrer divers types de biens : – des biens faiblement élastiques (élasticité comprise entre –1 et 0) : une augmentation du prix entraîne une faible diminution de la demande. - 78 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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C’est le cas des produits de première nécessité car il existe peu de biens de substitution (ex. : le pétrole) ; – des biens élastiques (élasticité inférieure à –1) : un petit changement de prix entraîne un grand changement de demande. C’est le cas des produits substituables ou des produits de mode dont les ventes s’effondrent en période de crise et décuplent en période de croissance. Par exception, certains biens ont une élasticité positive. La consommation de ces biens augmente malgré l’augmentation de leur prix. On distingue ici les biens de Giffen (biens de première nécessité comme le pain) et les biens de Veblen (biens de luxe, qui, lorsqu’ils ne sont pas assez chers, ne reflètent pas leur positionnement haut de gamme et voient la demande baisser).

- 79 Chapitre 6 – La consommation, l’épargne et l’investissement

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Chapitre 7 Croissance et cycles Application 1. QCM, p. 200 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. La croissance de l’économie se mesure au travers d’un indicateur unique. Lequel ?

 Le taux de croissance du PIB.  Le taux de croissance de la production nationale.  L'indicateur de développement humain (IDH). 2. Le PIB était de 2 132,4 milliards d’euros en 2014, aux prix courants (Insee).

 Il s’agit du montant annuel du PIB en valeur.  Il s’agit du montant annuel du PIB en volume. 3. La mesure de l'augmentation des quantités réelles produites est réalisée par :

 le PIB en volume.  le PIB en valeur. 4. L’IDH est un indicateur qui permet de classer les pays selon :

 leur niveau de vie.  leur niveau de vie, de santé et d’éducation.  leur niveau de production. 5. Les analyses théoriques relatives à la croissance :

 sont imprégnées du clivage entre libéraux et keynésiens.  sont insensibles au clivage entre libéraux et keynésiens.

- 80 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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6. Pour R. Solow, le progrès technique exogène :

 n’intervient pas dans la croissance.  est facteur de croissance à long terme. 7. Dans les modèles de croissance endogène :

 le progrès technique est le résidu inexpliqué.  les externalités liées à l’accumulation du savoir sont le moteur de la croissance. 8. Les cycles courts :

 sont indépendants des cycles longs.  se superposent aux cycles longs. 9. Dans un cycle court, la crise :

 se situe au creux du cycle (point de retournement bas).  se situe au pic du cycle (point de retournement haut). 10. Pour J. Schumpeter, les entrepreneurs :

 jouent un rôle déterminant en intégrant des innovations dans leur activité.  jouent un rôle modeste, ils suivent les innovations.

Application 2. Les contributions à la croissance, p. 201 1. Expliquez ce que sont des contributions à la croissance. Une contribution à la croissance est la part de la croissance économique qui est imputable à une opération économique. Par exemple, la contribution à la croissance de la consommation est la part de la croissance économique qui est expliquée par l’évolution la croissance de la consommation. 2.

Quelles sont les variables qui tirent la croissance française en 2014 ?

En observant les chiffres proposés, on peut conclure que sur les 0,2 point de croissance du PIB en 2014 (en volume), ce sont avant tout les exportations et la consommation des ménages qui expliquent la (faible) croissance, augmentant chacune de 0,7 % en 2014. Mais leur contribution reste quand même inférieure à celle (négative) des importations (– 1,2 %).

- 81 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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3.

Quelles sont celles qui la freinent ?

Les variables qui freinent la croissance française de par leur relative faiblesse sont la FBCF (investissement), qui baisse de 0,3 %, et la relative faiblesse de la consommation effective des administrations publiques dans le cadre de l’objectif de réduction des dépenses publiques.

Application 3. Croissance en valeur et en volume, p. 201 1. Calculez le taux de croissance du PIB en valeur entre 2013 et 2014. Le taux de croissance en valeur du PIB en 2014 est de : (2 132,4 – 2 116,6) × 100 = 0,75 % 2 116,6 2. Calculez le taux de croissance du PIB en valeur entre 2012 et 2014. Le taux de croissance en valeur du PIB entre 2012 et 2014 est de : (2 132,4 – 2 086,9) × 100 = 2,18 % 2 086,9 3. Calculez le taux de croissance du PIB français en volume entre 2013 et 2014. Comparez le résultat avec celui de la question 1. Le taux de croissance en volume du PIB entre 2013 et 2014 est de : (2 060,9 – 2057,2) × 100 = 0,18 % 2 057,2 Ce résultat est inférieur à celui trouvé à la question 1, qui ne tient pas compte de l’évolution des prix. C’est le taux de croissance du PIB en volume qui permet seul de mesurer la réelle augmentation des quantités produites. 4. Calculez l’indice des prix pour les trois années. Le PIB à prix constants de 2010 (base 100) se calcule comme suit : 2 086,9 × 100 = 2 043,8 Indice des prix de 2012

Soit indice des prix 2012 = 2 086,9 × 100 = 102,11 2 043,8

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De même, on obtient : Indice des prix 2013 = 2 116,9 × 100 = 102,9 2057,2 Indice des prix 2014 = 2 132,4 × 100 = 103,47 2 060,9

Application 4. Mesurer la qualité de la croissance, p. 201 1. Expliquez les critiques faites au PIB comme indicateur de richesse. Le produit intérieur brut (PIB) mesure l’ensemble des richesses produites par la nation durant une année. C’est un agrégat purement quantitatif qui présente plusieurs limites selon la note d’analyse de France Stratégie (2014). – Il ne tient pas compte de la consommation des ressources actuelles qui peuvent entraver les ressources disponibles des générations futures. La notion de développement durable, ou soutenable, n’entre pas en jeu dans la mesure des performances d’une économie lorsqu’elle est mesurée par le seul PIB. Il s’agit d’une mesure purement comptable. En effet, si la croissance a des conséquences positives sur le niveau de vie de la population, elle engendre également des coûts pour la collectivité : les pollutions se multiplient, les ressources naturelles s’épuisent et les inégalités sociales se creusent. Ce n’est pas un indicateur de bien-être. Il ne faut donc pas confondre croissance et amélioration de la qualité de vie. – Le PIB par tête constitue une moyenne et ne renseigne pas sur les disparités à l’intérieur d’un pays. – Il ne comptabilise pas certaines activités économiques (la production domestique, l’économie souterraine) ni certaines productions sont sousévaluées : la production des administrations est en effet évaluée au coût de production et non au prix du marché parfois plus élevé (éducation, santé, etc.). 2. Exposez les avancées pour mieux prendre en compte la qualité de la croissance. Ainsi, le PIB n’est pas un indicateur de bien-être ou de qualité de vie (niveau de santé, éducation, conditions de vie des travailleurs, niveau de démocratie, de sécurité, etc.). Aussi, depuis les années 1970, plusieurs réflexions sur le PIB en tant qu’indicateur et débat sur les finalités de la croissance ont été menées : - 83 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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– le rapport Meadows (1972) par le Club de Rome ; – le concept de développement durable (rapport Bruntland, 1987) ; – la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur la mesure du progrès social : présenté en septembre 2009, le rapport de la commission Stiglitz (sur les nouveaux indicateurs de mesure de la performance économique et sociale d’une nation) propose notamment de mesurer la croissance en s’appuyant sur le concept d’épargne ajustée nette ; – la loi Sas (avril 2015), qui institue la remise d’un rapport du gouvernement qui devra présenter l’évolution d’indicateurs d’inégalités, de qualité de vie et de développement durable ; – la proposition d’indicateurs par France Stratégie (institution d’expertise créée en 2013 – Commissariat général à la stratégie et à la prospective) et par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) : dans sa note d’analyse de juin 2015, France Stratégie a proposé une série d’indicateurs répondant à la définition du développement durable avec trois séries d’indicateurs : économique (taux d’emploi, patrimoine productif, tec.), social (espérance de vie, écart de revenus, etc.) et environnemental (consommation carbone, recyclage des déchets, etc.).

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 204 1. Dissertation, p. 204 Sujet 1 : L’économie française peut-elle l’investissement pour retrouver la croissance ?

compter

sur

Proposition de plan détaillé Introduction La croissance économique française, et plus largement européenne, est en panne depuis la crise de 2008 ; la question des facteurs capables de faire repartir la croissance est posée. La croissance est un phénomène d’augmentation sur le long terme de la richesse produite, laquelle est souvent mesurée par l’indicateur que constitue le PIB.

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Pour la relancer, il est possible d’agir sur les conditions de la demande, et notamment une de ses composantes, l’investissement, mais également sur les conditions de l’offre des entreprises, dont l’investissement fait partie. Si on peut définir l’investissement comme une opération d’accumulation de capital menée par les entreprises, c’est également l’engagement d’une dépense immédiate en vue de recettes futures ou d’économies de coût. Au sens de la comptabilité nationale, on parle de formation brute de capital fixe (FBCF). La faiblesse du niveau d’investissement en France laisse transparaître un certain nombre de difficultés quant à son déploiement dans l’économie ; son redémarrage semble pour beaucoup être une condition nécessaire du retour de la croissance. L’investissement intervenant aussi bien sur le bloc « demande » que sur le bloc « offre » de l’économie, la question de sa place et de son rôle est posée. On peut dès lors s’interroger sur les mécanismes et les conditions par lesquelles l’investissement est générateur de croissance, et ainsi sur les difficultés auxquelles la France est actuellement confrontée pour stimuler l’investissement tant public que privé. I. L’investissement, moteur essentiel de la croissance économique A. L’investissement, facteur de demande – L’investissement est une demande de biens durables qui s’adresse aux entreprises qui les produisent. Par exemple, lorsque les ménages investissent dans leur logement, cela soutient l’activité économique et l’emploi dans le secteur du BTP (« Quand le bâtiment va, tout va »). Lorsqu’on raisonne à court terme, c’est la dimension la plus importante de l’investissement. Certes, cet investissement ne représente qu’une part minime de la demande, généralement moins du quart, mais c’est la composante la plus volatile. David Romer calcule, par exemple, que l’investissement représente moins d’un sixième de la demande aux ÉtatsUnis, mais les deux tiers de la baisse de la demande lors des récessions. Cette première relation est au cœur de l’économie keynésienne : en période de récession, il faut agir sur l’investissement pour faire repartir la croissance, par une action psychologique améliorant le « climat des affaires », par une baisse des taux d'intérêt ou par des dépenses publiques supplémentaires.

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– Un investissement autonome provoqué par l’État (grands travaux par exemple) va entraîner un accroissement de l’activité économique inversement proportionnel à la propension marginale à épargner. La dépense initiale va multiplier le revenu engendré. C’est la théorie du multiplicateur keynésien. – L’accroissement de la demande en biens de consommation induit de nouveaux investissements en équipements quand les capacités de production ne suffisent plus. C’est la théorie de la demande effective de Keynes. Condition : la pleine utilisation des capacités de production. B. L’investissement, facteur d'offre – En longue période, le capital est un facteur de production, et son accumulation accroît les capacités de production. Les investissements de capacité entraînent une augmentation de la production, et donc de la croissance. Dans les pays pauvres, le manque de capital est ainsi bien souvent le facteur qui empêche le travail disponible de s’employer ou qui limite son efficacité. C’est pourquoi le micro-crédit, qui permet au paysan d’acheter des semences ou de lancer une entreprise artisanale, est parfois très utile. – L’investissement peut être un investissement de productivité dont le but est la recherche de la baisse des coûts de production. Si cette baisse de coût s’accompagne d’une baisse des prix, les consommateurs seront incités à acheter plus, ce qui stimulera la demande et par là-même la production. La baisse des prix peut aussi rendre les entreprises plus compétitives et elles pourront produire et vendre plus. – L’ouverture des économies peut en outre être un facteur amplificateur des impacts de l’investissement sur la croissance : des investissements directs provenant de l’étranger (IDE), par exemple, peuvent venir stimuler la croissance économique interne. La France, de ce point de vue, est très attractive pour les IDE étant donné la solidité historique de son économie, la force de l’euro et la crédibilité des pouvoirs publics. C. L’investissement immatériel, facteur de progrès technique et de croissance – L’investissement permet d’intégrer le progrès technique qui explique, pour Schumpeter, les phases de croissance. « Les innovations apparaissent par grappes » (Schumpeter) : un entrepreneur tente une innovation ; si elle réussit, elle est copiée par les autres et se généralise. - 86 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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– L’amélioration de la productivité permise par les investissements de productivité permet à l’entreprise d’être plus compétitive (baisse des prix et hausse des parts de marché). C'est le modèle de Solow. – Plus encore, pour les théories modernes de la croissance, le progrès technique ne tombe pas du ciel, il est le produit d'investissements spécifiques, lesquels sont à l'origine d'enchaînements cumulatifs : par exemple, les investissements en recherche et développement (R&D) entraînent la croissance, qui dégage des ressources supplémentaires pour l'investissement et la recherche. Ainsi, les théoriciens de la croissance endogène (Lucas, Barro, Becker) montrent qu’un investissement en recherche, en capital humain ou dans des infrastructures favorise l’innovation et une amélioration de la qualité du travail nécessaires à la compétitivité des entreprises, donc à la croissance. Les investissements immatériels accélèrent la diffusion du progrès technique et des connaissances scientifiques. L’investissement public améliore les infrastructures et le niveau de formation de la population, sources de productivité et donc de croissance. Tous ces mécanismes vertueux ne se produisent pas toujours de façon aussi mécanique.

II. Les effets de l’investissement sur la croissance ne sont pas systématiques : conditions à réunir et risques à éviter A. Des investissements inefficaces – Hayek, économiste libéral, dénonce les gaspillages réalisés par les administrations publiques qui investissent à des fins électoralistes : constructions d’infrastructures totalement inutiles. L’épargne détournée pour financer de tels projets aurait pu être utilisée de façon plus pertinente. De même, l’« école des choix publics » dénonce le cycle électoraliste en matière de politique économique. Ainsi, les investissements doivent être correctement orientés pour se diffuser efficacement dans l’économie, c’est-à-dire ne pas concerner des secteurs non porteurs ou être des investissements de spéculation. En revanche, d’autres secteurs sont moteurs pour l’économie et la croissance et doivent concentrer les investissements les plus importants (secteur de l’automobile, économie de la connaissance, secteurs aux externalités positives élevées, etc.). - 87 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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– Par ailleurs, les investissements en recherche ne sont pas toujours couronnés de succès et, s’ils le sont, c’est à très long terme. Mais aujourd’hui, les entreprises des pays anciennement industrialisés n’ont pas le choix, la recherche est nécessaire pour assurer leur pérennité. – Les limites au multiplicateur keynésien : l’ouverture extérieure limite les effets des politiques de relance. – Les risques de rendements décroissants. Selon cette loi, pour un niveau de main-d’œuvre donné, l'efficacité des investissements diminue à mesure que le volume de capital utilisé augmente. De manière générale, au début du processus de croissance, quand le stock de capital est faible, l'investissement accroît considérablement la productivité du travail. Mais, une fois la maind’œuvre suffisamment équipée en capital, l'augmentation du stock de capital par travailleur devient inutile. L'investissement est d'ailleurs dissuadé par la diminution de son rendement, donc des profits qu'il permet d'obtenir. D'extensive, fondée sur l'accumulation du capital et la mobilisation du travail, la croissance doit devenir intensive. B. Les difficultés liées au financement de l’investissement et aux anticipations – Si les sources de financement des investissements sont multiples (crédit bancaire, marchés financiers, crowdfunding, etc.), le resserrement du crédit bancaire en France joue actuellement en défaveur du financement des investissements, notamment pour les PME qui s’y trouvent très exposées et dont c’est généralement la seule source de financement. Les banques limitent leurs crédits en raison de craintes sur la solvabilité des emprunteurs mais également des nouvelles exigences induites par l’Union bancaire européenne. Malgré la politique accommodante de la BCE, le crédit bancaire et donc le financement d’un certain nombre d’investissements est aujourd’hui problématique en France. – La relative faiblesse des taux de marge des entreprises et ainsi du niveau de leurs fonds propres (PME sous-capitalisées selon le rapport Gallois) réduit leur capacité d’investissement. – L’investissement public est plus difficile aujourd’hui dans un contexte de limitation des déficits publics et de la dette publique pour revenir dans les critères de Maastricht (maximum de 3 % du PIB pour le déficit public et 60 % du PIB pour la dette publique). – Outre les conditions de financement, une entreprise n’investira que si elle a confiance dans l’économie et dans ses perspectives. - 88 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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C’est le principe de la demande effective énoncée par Keynes (ou demande future anticipée), qui met en avant le fait que les décisions d’investissement sont conditionnées par la confiance en l’avenir (débouchés anticipés, l’anticipation dépendant de la confiance). Keynes avait mis en évidence le rôle de la confiance en conditionnant l’investissement des entreprises à la supériorité de l’efficacité marginale du capital (taux de rendement espéré des investissements, donc en lien avec la confiance en l’avenir) face aux taux d’intérêt. Une confiance faible peut générer un blocage de l’investissement, même si les taux d’intérêt sont très faibles. C. La nécessaire correction des déséquilibres par les pouvoirs publics – Les investissements de productivité ont des conséquences négatives sur l’emploi à court terme en favorisant la substitution du capital au travail : risque de perte d’emplois, de déqualifications… L’État doit ainsi accompagner les restructurations et les reconversions industrielles. – L’investissement, s’il est mal orienté, peut générer un accroissement de l’endettement sans résultats évidents. Les investissements doivent donc être orientés avec stratégie et dans une perspective tournée vers l’avenir et vers la concurrence internationale. Sujet 2 : Après avoir explicité le rôle de l’innovation dans la croissance économique, vous en déduirez quelle peut être la place de l’État dans cette relation. Proposition de plan détaillé Introduction Les élections nationales voient souvent revenir sur le devant de la scène des discours qui visent à relancer la croissance afin de résorber le chômage et dynamiser le pays. La croissance fait ainsi souvent parler d’elle lorsqu’elle est absente. Parmi toutes les solutions avancées pour la relancer, il en est une à long terme qui obtient souvent l’approbation de tous : le développement d’activités visant à favoriser l’innovation qui peut être définie comme l’application commerciale ou industrielle d’une invention. Il est ainsi admis que dans le monde internationalisé d’aujourd’hui, innover permet de faire face à la concurrence d’autres pays et ainsi de stimuler la croissance économique nationale, c’est-à-dire l’augmentation continue du produit intérieur brut en termes réels pour un espace économique donné.

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Cela nous renvoie aux analyses des économistes sur le rôle de l’innovation dans la croissance économique, mais également sur la manière dont les pouvoirs publics peuvent agir pour favoriser cette innovation. Nous analyserons dans un premier temps le rôle de l’innovation dans la croissance économique avant de nous interroger sur le renouveau de l’intervention de l’État dans ce domaine. I. L’innovation, moteur de la croissance économique A. Le rôle central de l’innovation chez J. Schumpeter L’économiste autrichien Joseph Schumpeter a décrit le processus qui va de l’innovation à la croissance économique. Selon lui, les fluctuations de long terme de l’économie s’expliquent par les phases d’innovation. Il distingue cinq types d’innovations, qui sont initiées par les chefs d’entreprise, mus par l’espérance de gains retirés par l’exploitation avant les autres d’une innovation, situation qualifiée de « monopole provisoire ». B. Le modèle de R. Solow : innovation et progrès technique « tombés du ciel » La théorie de la croissance connaît un nouvel essor avec le modèle de R. Solow, initié en 1956 (six ans après la mort de J. Schumpeter). Ce modèle aboutit au principe selon lequel c’est le progrès technique qui provoque la croissance à long terme. Paradoxalement, ce progrès technique est considéré comme totalement exogène : c’est une manne tombée du ciel qui est inexpliquée. C. L’innovation source de croissance à long terme : la croissance endogène Il faut attendre les années 1980 pour voir les théoriciens se pencher à nouveau sur les sources de l’innovation, qui explique selon eux la croissance économique à long terme. L’investissement dans des activités de recherche et développement ou dans l’éducation et la formation stimule l’innovation. Le progrès technique est endogène. Ces innovations influencent la croissance économique à long terme. II. Le rôle de l’État réinventé A. L’État, gestionnaire des externalités Dans les modèles de croissance endogène, les investissements (recherche et développement, éducation…) sont porteurs d’externalités : les nouvelles connaissances et les innovations qui en découlent bénéficient à l’ensemble de l’économie. - 90 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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Les agents individuels, en prenant leurs décisions, ne tiennent pas compte du bénéfice social. Le libre jeu du marché aboutit donc à un état sousoptimal. Il se libère alors une place pour les pouvoirs publics dans l’orientation de l’économie. B. L’État, soutien à la recherche Selon les théories de la croissance endogène, les activités de recherche et développement sont caractérisées par la non-rivalité de leur découverte (l’utilisation d’un logiciel par une firme n’empêche pas son utilisation par une autre) et par des rendements croissants (un logiciel coûte très cher à mettre au point, mais une fois produit il ne coûte presque rien de le dupliquer). Dès lors, l’État a un rôle dans la protection des innovations issues de ces recherches : un laboratoire risque de ne pas engager d’investissements pour découvrir un nouveau vaccin s’il sait qu’une fois découvert, il sera utilisé et reproduit par tous ses concurrents. C’est pourquoi l’État met en place des droits de propriété intellectuelle et autres copyrights ou brevets pour garantir aux inventeurs les bénéfices de leurs inventions. C. L’État et la recherche fondamentale Dans le cadre de ces nouvelles avancées initiées par les théories de la croissance endogène, une place est également dévolue à l’État dans le financement de la recherche fondamentale, c’est-à-dire la recherche qui n’a pas d’application économique directe. Ce type de recherche est très coûteux et par nature très incertain quant aux résultats futurs. Pourtant, cela peut parfois aboutir à des découvertes très importantes qui auront des retombées à long terme sur tous les secteurs de l’économie et donc sur la croissance. L’intervention de l’État est alors plus que légitime. Conclusion Nous avons montré que le lien entre innovation et croissance économique est à ce point complexe qu’il appelle à des formes particulières d’intervention publique, dans le domaine du financement de la recherche fondamentale ou de celui de la garantie d’appropriation des bénéfices issus d’une invention. Les années 1970, qui avaient vu le retour des penseurs libéraux sur le devant de la scène, ont donc fait place aux années 1980-1990, qui ont ramené le rôle de l’État comme intervention nécessaire au fonctionnement de l’économie et au soutien de la croissance par des formes bien précises mises au jour par des théories nouvelles, théories de la croissance endogène. - 91 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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La plupart des pays du monde, y compris certains pays émergents, ont bien compris l’enjeu qui se cache derrière ces problèmes d’innovation et de croissance : les États-Unis attirent les meilleurs étudiants du monde dans leurs prestigieuses universités, la Chine cherche par tous les moyens à apprendre à ses ingénieurs les techniques des pays développés… L’Europe, quant à elle, semble éprouver des difficultés à favoriser les activités génératrices d’innovations, que ce soit la recherche fondamentale publique (problèmes liés aux déficits budgétaires dans le cadre de l’Union européenne) ou dans la recherche et développement privée (firmes européennes qui peinent à s’imposer sur le plan des dépôts de brevets). On le comprend, les interventions publiques que nous avons analysées nécessitent une mobilisation politique afin de faire entrer un pays ou un groupe de pays dans cette réelle course à la connaissance, qui mène sur la route de la croissance…

2. Étude de document, p. 204 Après avoir présenté le document, vous expliquerez l’évolution du PIB depuis 1950. Le graphique présenté émane de l’Insee. Il retrace l’évolution annuelle du taux de croissance en France depuis 1950, d’une part en valeur, c’est-à-dire à prix courants, et d’autre part en volume, c’est-à-dire déduction faite de la hausse des prix. Son évolution en volume, ici sur la base des prix de 2010, mesure la croissance économique. Le produit intérieur brut (PIB) est le principal agrégat mesurant l'activité économique. Il correspond à la somme des valeurs ajoutées brutes nouvellement créées par les unités productrices résidentes une année donnée, évaluées au prix du marché. À partir des années 1950, la France connait une période d’une vingtaine d’années de croissance forte, autour d’une moyenne de 5 % (en volume), avec des périodes de ralentissement relativement limitées. Ce sont les Trente Glorieuses, qui, dans la dynamique de la reconstruction d’après-guerre, s’appuient sur des grains de productivité élevés, une consommation et un investissement soutenus. Mais l’inflation tend à augmenter ; ce qui explique le fort différentiel entre la croissance mesurée en valeur et en volume pendant cette période. - 92 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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La France connaît ensuite une croissance en moyenne plus faible. Elle subit d’abord une récession en 1974 suite au choc pétrolier de 1973, puis jusqu’au début des années 1980 une période de croissance réduite en volume mais avec une inflation qui ne recule pas (période dite de stagflation). Dans les années 1980, la désinflation s’accompagne d’une certaine reprise de la croissance jusqu’au début des années 1990, où un ralentissement de la croissance mondiale après l’éclatement de bulles financières débouche sur la récession de 1993. Ensuite, la situation économique de la France s’inscrit jusqu’en 2007 dans une forte croissance mondiale. Il n’y a pas de récession mais des ralentissements et une croissance en moyenne plus faible que dans les années de l’après-guerre et insuffisante pour revenir au plein emploi. Depuis cette période, l’inflation reste contenue entre 1 et 2 %. En 2008, la crise financière de 2007 se transforme en crise économique et en récession mondiale. La récession de 2009 en France a été la conséquence directe de cette crise. L’année 2010 marque une certaine reprise de la croissance économique mais celle-ci ne se confirme pas : les années suivantes marquent un nouveau fléchissement de la croissance, en raison de la crise de la dette en Europe et du ralentissement que connaissent l’ensemble des pays du monde et les pays émergents notamment. Depuis les années de forte croissance caractéristiques des Trente Glorieuses, la croissance de la France peut être qualifiée de « molle », autour d’une moyenne de 2 %.

3. Question, p. 204 Le PIB : intérêt et limites de l’agrégat de mesure de richesse. Pour mesurer la croissance économique, on retient comme indicateur de la production le produit intérieur brut (PIB). Il mesure l’ensemble des richesses produites par la nation durant une année. Le PIB peut être calculé à partir des valeurs ajoutées des secteurs institutionnels résidents (approche par la production), à partir des composantes de la demande finale (ou emplois finals : approche par la demande) où à partir des revenus distribués aux agents à l’occasion de la production (approche par les revenus). Le critère retenu ici est donc celui de la territorialité. Le taux de variation du PIB en volume, évalué d’une année sur l’autre, est l’indicateur privilégié de mesure de la croissance économique. Le suivi du PIB permet à la fois des comparaisons dans le temps et dans l’espace. - 93 Chapitre 7 – Croissance et cycles

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Cependant, cet agrégat purement quantitatif présente plusieurs limites : – il ne comptabilise pas certaines activités économiques : absence d’enregistrement de la production domestique (services rendus par les femmes au foyer, éducation et soin aux enfants, etc.), dans la mesure où celle-ci ne donne pas lieu à un échange monétaire ; non-prise en compte de l’économie parallèle (ou économie souterraine) : on évalue actuellement en France à environ 10 % le poids de ces activités (travail clandestin, pourboires, trafics illégaux, etc.) ; – certaines productions sont sous-évaluées : la production des administrations est en effet évaluée au coût de production et non au prix du marché parfois plus élevé (éducation, santé, etc.) ; sous-évaluation au sein du PIB de toutes les productions dont les prix relatifs baissent, indépendamment de l’utilité de ces productions ; – le PIB par tête constitue une moyenne et ne renseigne pas sur les disparités à l’intérieur d’un pays ; – le PIB comptabilise toutes les productions, mêmes celles qui sont nocives (externalités négatives : pollution, bruits, coûts sociaux). Le PIB enregistre des activités qu’il faudrait plutôt soustraire si l’on cherchait à mesurer le progrès social : les nuisances ne sont pas comptabilisées négativement dans le PIB (ex. : pollution), elles contribuent même à l’augmenter dans certains cas (activités de dépollution) ; de même pour les dépenses de santé liées au tabac et à l’alcool. De même, le coût social de la croissance n’est pas pris en compte (stress, surmenage, insécurité). Ainsi, le PIB n’est pas un indicateur de bien-être ou de qualité de vie (niveau de santé, éducation, conditions de vie des travailleurs, niveau de démocratie, de sécurité, etc.).

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Chapitre 8 L’analyse de la conjoncture

Application 1. QCM, p. 215 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Les indicateurs conjoncturels sont publiés :

 chaque année.  chaque trimestre.  chaque mois. 2. L’indice mensuel de la production industrielle couvre :

 65 % du champ de la production industrielle.  50 % du champ de la production industrielle.  100 % du champ de la production industrielle. 3. Le suivi mensuel de l’emploi est réalisé en France par :

 l’Insee.  Pôle emploi.  l’Assedic. L’INSEE réalise les « enquêtes emploi », mais c’est Pôle Emploi qui est chargé du suivi conjoncturel des demandeurs d’emploi en fin de mois. 4. Font partie du calcul de l’indice des prix à la consommation (IPC) :

 une acquisition immobilière.  l’achat d’un ordinateur.  le paiement de l’impôt sur les revenus.  l’achat d’une bouteille d’alcool. - 95 Chapitre 8 – L’analyse de la conjoncture

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5. Au niveau européen, l’évolution des prix est mesurée par :

 l’IPCH.  l’IPC.  l’ISJ. 6. Une enquête mensuelle de conjoncture fournit :

 des chiffres sur l’activité constatée dans l’entreprise durant le mois.  des informations sur l’opinion des chefs d’entreprise quant à l’évolution de l’activité.  des informations sur l’opinion des ménages quant à l’évolution de l’activité. 7. L’objectif de l’analyse conjoncturelle est de :

 fournir une représentation des changements structurels affectant l’économie.  permettre la définition des axes de la politique économique.  expliquer les variations de court terme affectant l’activité économique.  construire des modèles économiques prévoyant l’évolution de l’économie à long terme.

Application 2. Analyse de conjoncture en 2015, p. 216 1. Écrivez l’équilibre emplois-ressources. Au sein d’une économie, l’équilibre emplois-ressources s’écrit : Production + Importations = Consommation + Investissement + Exportations + Variation de stocks. 2. Relevez les grands domaines de l’activité économique étudiés. Citez les indicateurs utilisés pour chacun d’eux. Les opérations économiques étudiées dans les comptes de la nation et la note de conjoncture sont les suivants : – la production, avec comme indicateur le PIB ; – l’investissement, avec l’analyse de la formation brute de capital fixe (FBCF) et du taux d’utilisation des facteurs de production ; – la consommation, avec la notion de revenu disponible brut (RDB), de dépense des ménages, le suivi de l’indice des prix et du pouvoir d’achat ;

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– le commerce extérieur, avec l’indication des importations et des exportations ; – l’emploi, avec l’analyse des créations d’emplois, de l’évolution de la population active ainsi que du taux de chômage ; – le financement de l’économie, sur la base de l’évolution des taux d’intérêt et du taux de marge des entreprises françaises. 3. Quelles sont les trois composantes de la demande ? Décrivez leurs évolutions respectives. Les composantes de la demande sont : – la consommation, modérée en 2012, puis en croissance plus nette en 2013 et 2014 où elle augmente de presque 1 %, serait en repli en 2015 ; – l’investissement : en baisse croissante en 2013 et 2014, notamment en raison de la contraction forte des investissements publics et de l’investissement immobilier des ménages. Seul l’investissement des entreprises non financières, en outre principaux acteurs de l’investissement, augmente nettement jusqu’en 2015. – les exportations, qui confortent leur relatif dynamisme, autour de 2 % de croissance annuelle entre 2012 et 2014. 4. Citez les déterminants de la consommation d’une part, et de l’investissement d’autre part, mentionnés dans la note de conjoncture. Les déterminants de la consommation mentionnés dans la note de conjoncture sont le revenu (théorie keynésienne) et l’évolution de l’indice des prix qui impacte le pouvoir d’achat des agents économiques. Dans un contexte d’inflation faible, avec un prix du pétrole historiquement bas, le pouvoir d’achat des ménages continue d’augmenter en 2015 (+ 1,7 %) en raison de la hausse des revenus du patrimoine et de la modération de la fiscalité, associées à une stabilité des revenus du travail. Cependant, la consommation est en repli fin 2015 face à la forte incertitude sur la conjoncture qui a une influence négative sur la confiance des ménages. De son côté, le niveau d’investissement est déterminé par les anticipations faites par les entrepreneurs sur leurs débouchés futurs (théorie de la demande effective de Keynes) et les conditions de son financement (soit le niveau des taux d’intérêt et la solvabilité des banques). L’investissement des entreprises progresse nettement en 2015 en raison de bonnes anticipations sur la demande tant nationale qu’étrangère. - 97 Chapitre 8 – L’analyse de la conjoncture

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Les entreprises ayant restauré leurs taux de marge peuvent plus facilement investir dans ce contexte, d’autant que les taux d’intérêt sont historiquement bas. Enfin, la politique fiscale incite à l’investissement (le CICE, par exemple). 5. Quels sont les facteurs explicatifs de la reprise de l’activité européenne qui survient courant 2015 ? La reprise de 2015 est certes modeste (+1,1 %) mais serait confortée en 2016 selon les analystes de la conjoncture. Cette reprise s’appuie sur un euro faible, qui permet d’améliorer la compétitivité des produits européens et la hausse du pouvoir d’achat des ménages (faible inflation, croissance des revenus, de la propriété notamment) qui conforte la demande. Du côté des ménages, si la consommation a été stable en 2015, l’investissement immobilier des ménages a cessé de diminuer. Mais c’est surtout du côté des entreprises que les indicateurs sont favorables : redressement des profits, croissance des investissements stimulés par les perspectives de croissance, la faiblesse des taux d’intérêt et les diverses mesures fiscales encourageant l’investissement. 6. Expliquez les raisons de la hausse de l’investissement des entreprises françaises en 2015. Ce sont essentiellement les bonnes anticipations des entrepreneurs sur la demande interne et externe qui expliquent la progression de l’investissement en 2015. C’est la théorie de la demande effective de Keynes qui indique que les entreprises n’investissent que si elles anticipent une augmentation de la demande future qui s’adressera à elles. De plus, le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie a atteint un niveau record depuis 2008, favorisant la reprise de l’investissement. Au niveau financier, les conditions de financement sont optimales : crédit peu cher, hausse des marges des entreprises et aides publiques à l’investissement. 7. Quels arguments laissent présager une amélioration de la situation économique de la France pour 2016 ? ou, au contraire, une dégradation de la conjoncture ? La reprise des exportations, le soutien des institutions monétaires maintenant les taux d’intérêt à un niveau très faible, la dépréciation de l’euro, la poursuite de la baisse du coût du pétrole et le maintien de l’emploi fin 2015 grâce à la fois à l’amélioration de la conjoncture mais également - 98 Chapitre 8 – L’analyse de la conjoncture

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aux politiques de l’emploi mises en place, permettent de croire à une amélioration de la situation économique à moyen terme. En revanche, les tensions sur les marchés financiers suite à la crise grecque et à l’endettement excessif de certains États sont des facteurs alarmants pour la conjoncture. Surtout, les contraintes budgétaires de l’État, qui limitent ses possibilités d’action, ainsi que les tensions géopolitiques conjuguées aux attentats de Paris peuvent entamer la confiance des ménages, et ainsi freiner la reprise.

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 219 1. Dissertation, p. 219 Montrez quels sont les moteurs de la croissance d’une économie et précisez ce qui peut entraver cette croissance. Proposition de plan détaillé : Introduction La croissance est un thème politique récurrent et omniprésent dans les débats économiques. Les gouvernements successifs cherchent à la mesurer, la solliciter pour répondre aux exigences des citoyens en termes de pouvoir d’achat et d’emploi. Au sens strict, la croissance est un phénomène quantitatif qui peut se définir comme l’accroissement durable de richesses créées au niveau d’une nation pendant une période donnée. Dans le temps, une croissance durable aboutit à des transformations structurelles : développement, urbanisation, évolution des qualifications, etc. Cependant, l’histoire économique montre que c’est un phénomène non linéaire, connaissant des phases d’expansion, de ralentissement, voire de récession. La crise de 2008, née aux États-Unis, fournit une illustration des dégâts causés par un fort ralentissement de la production : chômage, baisse de la consommation, perte de confiance des agents économiques et attentisme. On comprend ainsi pourquoi les politiques économiques ont pour objectif principal la croissance. Dans cette approche, il convient de rechercher les conditions de cette croissance, ainsi que les facteurs qui peuvent la limiter, de manière à mettre en place les instruments de politique économique les mieux adaptés. - 99 Chapitre 8 – L’analyse de la conjoncture

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C’est pourquoi, dans une première partie, nous étudierons les principaux moteurs de la croissance économique, et dans une seconde partie, les entraves à cette croissance. I. Les moteurs de la croissance A. Les conditions de la croissance 1. La consommation des ménages – Contribue fortement à la croissance (explique plus d’un point du PIB en 2015). L’effet accélérateur de la demande sur l’investissement (Clark, 1917). – Une des composantes de la demande effective (Keynes), et donc du niveau de production, d’emploi, des revenus et des investissements. – Dépend de la répartition des revenus. – Signe de confiance en l’avenir, de l’optimisme des ménages. Exemple : l’enquête de conjoncture auprès des ménages montre qu’en novembre 2015, la confiance des ménages se détériore, ce qui est peu favorable à la croissance. 2. L’investissement – Permet d’augmenter la productivité, et donc la croissance. – Induit du progrès technique, source de croissance par divers canaux (Solow et théories de la croissance endogène, Schumpeter et le rôle des innovations). – Permet la hausse du revenu national (multiplicateur d’investissement de Keynes) qui génère une croissance autoentretenue. 3. Les exportations – Elles constituent une des composantes de la demande, car elles offrent des débouchés supplémentaires à la production nationale ; ce phénomène est renforcé par la mondialisation croissante des économies. – Les exportations de la France ont augmenté de presque 2 % en 2015 ; cela explique, avec le regain de la consommation, la croissance en hausse de 1,3 % en 2015. – En période de crise, la production peut être « tirée par les exportations » pour répondre à la demande de certains pays au niveau de consommation/investissement très soutenu (cas de la Chine et de l’Inde expliquant une large part de leur reprise en 2010).

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B. Les politiques économiques favorables à la croissance – Une politique économique expansionniste en cas de ralentissement de l’activité, et notamment en faveur des ménages à faibles revenus (plus forte propension marginale à consommer selon Keynes) : plans de relance par la demande (prime à la casse, prêt à taux zéro pour l’accession à la propriété), politique de revenus, baisse de la fiscalité, etc. – Une politique monétaire de taux d’intérêt faible (taux directeur de la BCE à 0,05 % depuis 2015) facilitant l’accès au crédit pour les ménages (consommation) et les entreprises (investissement). – Soutien de l’activité par l’investissement public (politique de grands travaux d’inspiration keynésienne) et soutien aux entreprises (aides à la recherche et à l’investissement avec la mise en place par exemple du CICE, aides à l’embauche avec le plan « zéro charges »). Notion d’externalité positive. II. Les entraves à la croissance A. Les entraves conjoncturelles 1. Un ralentissement de l’économie mondiale – Il s’agit le plus souvent d’un choc exogène qui touche d’abord un pays ou un ensemble de pays et qui se transmet à l’ensemble du monde par l’intermédiaire des canaux financiers et des échanges commerciaux. – Conséquences : contraction de la consommation et de l’investissement, hausse de l’épargne de précaution (contexte d’incertitude radicale de Keynes), hausse du chômage (annonce massive de plans de licenciements, délocalisations, avec pour conséquence une baisse générale du revenu et crainte dans l’avenir). – Exemples : crise de 1929, crises pétrolières des années 1970, crise monétaire asiatique de 1997, crise des subprimes de 2008. – De 2009 à 2012, les ménages, confrontés à la dégradation du marché du travail et à la stagnation de leur pouvoir d’achat, ont maintenu un niveau d’épargne élevé : la consommation n’a donc soutenu que faiblement la croissance française jusqu’à mi-2012. 2.Un contexte inflationniste Lorsqu’un pays connaît l’inflation, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui en France, les risques sont les suivants : – réduction du pouvoir d’achat des ménages et donc de la consommation des ménages ; - 101 Chapitre 8 – L’analyse de la conjoncture

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– entrave aux anticipations des agents économiques qui favorise l’attentisme ; – diminution de la compétitivité extérieure de la production nationale (renchérit le prix des produits exportés). 3. Le poids de la dette publique et les difficultés de financement – Les contraintes budgétaires limitent les marges de manœuvre des États en terme de politiques de relance, bornée notamment pour les pays de l’Union économique et monétaire (UEM) par les critères du Pacte de stabilité et de croissance (Maastricht). – Exemples : la plupart des pays membres de l’UEM réduisent leurs dépenses publiques afin de réduire leurs déficits, et ainsi leur dette. – Dans la zone euro, la dégradation de la situation économique, perceptible à partir de l’été 2011, s’est accompagnée de tensions croissantes sur le financement des dettes publiques, notamment en Grèce, en Italie et en Espagne. Ces tensions se sont ensuite étendues au système financier, malgré les interventions musclées des banques centrales pour alimenter le système bancaire en liquidités. B. Les entraves structurelles 1. L’inadaptation de la population active – Une insuffisance de formation ou une mauvaise adaptation des qualifications aux postes à pourvoir aboutit à des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs. – Le refus de mobilité sectorielle ou géographique. – Des efforts de formation insuffisants peuvent limiter les perspectives d’innovation. 2. Une réglementation trop contraignante – Les rigidités sur le marché du travail (salaire minimum, formalités d’embauche, contrats, conditions de licenciement). – Le renforcement de règles et de normes à respecter dans tous les domaines (création d’entreprises, sécurité, hygiène, environnement, etc.). 3. Les problèmes environnementaux – La nécessaire prise en compte des difficultés environnementales (épuisement des ressources et réchauffement climatique) conduit à mettre en place des normes ou taxes (taxe carbone) qui peuvent grever la croissance. – Impact sur les modes de consommation et de production.

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Conclusion Les principaux moteurs de la croissance économique émanent de la demande, conformément à la théorie keynésienne. Il s’agit de la consommation, de l’investissement et de la demande extérieure. La politique économique à mettre en œuvre pour favoriser l’activité économique doit donc en priorité s’intéresser aux déterminants de ces différentes composantes de manière à les stimuler (revenu, taux d’intérêt, taux d’inflation, niveau des dépenses publiques, réglementations). Il s’agira ainsi de soutenir et d’inciter les entreprises ou les ménages, en fonction de l’état de la conjoncture. Cependant, il arrive parfois que différents éléments d’ordre conjoncturel ou structurel affectent la croissance et nécessitent des interventions plus ponctuelles de la part de l’État. La reprise actuelle dans la plupart des pays développés est due principalement aux plans de relance colossaux mis en place par les différents États et à l’intervention des banques centrales. D’autant qu’aujourd’hui se pose avec plus d’acuité la question de la croissance, voire de la décroissance pour certains économistes, dans un contexte d’épuisement des ressources et de réchauffement climatique.

2. Étude de document, p. 204 1. Qu’est-ce qu’une enquête de conjoncture ? À quoi sert-elle ? Une enquête de conjoncture est une vaste enquête réalisée auprès des ménages ou auprès des entreprises pour sonder leur opinion sur leur situation présente et future (exemple : l’enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie). Ces différentes enquêtes sont menées périodiquement pour collecter les indications qualitatives de la perception des agents sur l’évolution de l’activité économique. Elles permettent de devancer et compléter la statistique, connaître le jugement des agents sur leur propre situation et fournir des prévisions.

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2. Comment évolue l’opinion des ménages sur leur environnement économique et sur les différents aspects de leur situation économique personnelle ? L’opinion des ménages en novembre 2015 sur leur situation personnelle concerne : – leur situation financière : en novembre, le solde d’opinion des ménages sur leur situation financière personnelle passée est identique à celui d’octobre, mais inférieur à leur moyenne de longue période. La proportion de ménages considérant comme opportun de faire des achats importants recule de nouveau : il se situe cependant à son niveau de longue période. Il semble que la prudence reste de mise dans un environnement économique très incertain ; – leur capacité d’épargne : le solde d’opinion s’améliore légèrement (+ 2 points pour la capacité d’épargne actuelle, + 1 point pour la capacité d’épargne future) ; cette dernière se maintient au-dessus de sa moyenne de longue période pour le troisième mois consécutif. La part de ménages estimant qu’il est opportun d’épargner diminue de 2 points et s’éloigne un peu plus de sa moyenne de long terme. L’opinion des ménages sur l’évolution de leur environnement économique concerne : – le niveau de vie en France : en novembre, l’opinion des ménages sur le niveau de vie en France au cours des derniers mois est quasiment stable (+ 1 point). Les perspectives d’évolution sont stables. Ces deux soldes restent largement en dessous de leur moyenne de longue période, témoignant du ressenti des ménages face à une conjoncture morose ; – le chômage : les craintes des ménages concernant le chômage diminuent fortement, après avoir augmenté le mois précédent : le solde correspondant baisse de 24 points et atteint son plus bas niveau depuis juin 2011. Il se rapproche ainsi de sa moyenne de long terme ; – l’inflation : autant de ménages que le mois précédent considèrent que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois ; c’est également le cas pour les perspectives d’inflation au cours des douze prochains mois (+ 1 point pour chacun des soldes). Ces deux soldes sont nettement audessous de leur moyenne de long terme. Ainsi, en novembre 2015, la confiance des ménages est stable par rapport au mois d’octobre (indice de 96), à un niveau tout de même inférieur à la moyenne des années 1987 à 2014 (indice 100).

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Les difficultés économiques, notamment la persistance d’un chômage élevé, incitent les ménages à la prudence.

3. Question, p. 220 L’analyse de la conjoncture : objectifs et moyens L’activité économique connaît des fluctuations, variables selon les périodes, que les économistes tentent d’analyser et de prévoir en utilisant différents outils d’information économique. La conjoncture désigne l’ensemble des variations à court terme (dans le présent, passé et futur proche) affectant l’activité économique. Le suivi et l’appréhension de ces tendances de court terme est dénommé « analyse conjoncturelle ». Elle regroupe les éléments constitutifs de la situation économique d’un secteur, d’une branche, d’une région ou d’une nation à un moment donné. Elle désigne les changements économiques ou ce qui est susceptible d’évoluer dans la courte période. L’analyse conjoncturelle désigne ainsi la démarche et les différents outils d’analyse de la conjoncture. Enjeu majeur pour la prise de décision des différents acteurs de l’économie et pour la mise en œuvre des politiques économiques, l’analyse de la conjoncture repose sur différents outils et sur une démarche d’analyse spécifique. Pendant longtemps, ce suivi a principalement consisté à suivre le cycle des affaires et à positionner l’économie sur ce cycle. L’analyse était donc très passive, ne cherchant pas à fournir d’éléments explicatifs, ce qu’Alfred Sauvy va dénoncer dès 1938. À cette période, en effet, arrive un nouvel acteur dans l’économie, l’État, qui est demandeur d’un diagnostic conjoncturel dans un but très opérationnel : construire des politiques correctrices. A. Sauvy assigne alors trois fonctions à l’analyse conjoncturelle : décrire, expliquer et prévoir. Pour les entreprises, l’analyse conjoncturelle sera précieuse pour envisager les choix d’investissement, de recrutement, de prêts. Les outils de l’analyse conjoncturelle sont divers. Les enquêtes de conjoncture sont des enquêtes qualitatives sur l’opinion des décideurs différents acteurs économiques quant à la relative à la situation conjoncturelle économique actuelle et future. La plupart sont réalisées par l’Insee, mais d’autres organismes comme la Banque de France en produisent également. En collaboration avec la Commission européenne, l’Insee publie également des enquêtes de conjoncture européennes.

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Elles touchent bien sûr les chefs d’entreprise, au travers de l’enquête mensuelle ou trimestrielle de conjoncture dans l’industrie ou dans le commerce de détail. Mais elles touchent également les ménages en tant que consommateurs et employés. Ces enquêtes ont trois fonctions : devancer et compléter la statistique, connaître le jugement des agents sur leur propre situation, et fournir des prévisions des agents eux-mêmes. Divers organismes nationaux et internationaux fournissent par ailleurs périodiquement différents indicateurs conjoncturels : suivi de l’activité dans l’industrie (indice de la production industrielle, établi par l’Insee à partir de 150 enquêtes de branche), suivi de l’emploi et du marché du travail (chômage), suivi des prix (IPC), etc. Il existe aussi d’autres outils comme les études sectorielles et les indicateurs avancés, qui permettent de corréler différentes variables entre elles et de mieux anticiper les retournements de conjoncture.

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Chapitre 9 Économie monétaire et économie financière Application 1. QCM, p. 241 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Que signifie la fonction d’unité de compte de la monnaie ?

 La monnaie peut être utilisée comme instrument de réserve.  La monnaie est l’étalon qui permet de comparer facilement la valeur de tous les biens.  La monnaie sert d’intermédiaire des échanges entre l’acheteur et le vendeur. 2. Parmi ces trois actifs, lequel est considéré comme le plus liquide ?

 Un bien immobilier.  Un plan épargne logement.  La monnaie. 3. Qu’est-ce que la monnaie fiduciaire ?

 Les pièces de monnaie.  Les billets de banque.  Les chèques et les comptes courants. 4. Quel est l’élément le plus important en volume de l’agrégat monétaire M1 ?

 La monnaie scripturale.  La monnaie métallique.  La monnaie fiduciaire. - 107 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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5. Parmi ces trois économistes, qui est le fondateur du monétarisme ?

 M. Friedman.  J.M. Keynes.  P. Samuelson. 6. Pour limiter l’inflation, la Banque centrale doit :

 augmenter ses taux directeurs.  diminuer ses taux directeurs.  vendre des titres en pratiquant l’open market. 7. En France, le « gendarme de la Bourse » est :

 la SEC.  la COB.  l’AMF. 8. Parmi ces trois marchés à terme, lequel est situé à Chicago ?

 Le MONEP.  Le MATIF.  Le CME. 9. Qui est le président de la Banque centrale européenne depuis le 1er novembre 2011 ?

 Jean-Claude Trichet.  Mario Draghi  Wim Duisemberg. 10. Quelle est l’institution qui émet les bons du Trésor au nom de l’État français ?

 L’Agence France Trésor.  Obligation de France.  Le Trésor public.

Application 2. Le scandale du Libor, p. 242 1. Que sont le Libor et l’Euribor ? Le Libor est le marché des capitaux à court terme interbancaire situé à Londres. L’Euribor est un compartiment du Libor où s’échangent des euros.

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2. Comment se fixe le Libor et à quoi sert-il ? Le taux Libor est fixé ainsi : tous les jours à 11 heures, les 16 grandes banques internationales annoncent sans se concerter le taux auquel elles estiment pouvoir emprunter aux autres banques. Après un traitement statistique, la société Thomson Reuter se charge ensuite de publier un taux qui est rendu public. 3. Comment les banques ont-elles pu manipuler le Libor et dans quel but ? Certaines banques sont accusées d’avoir manipulé le Libor en mentant sciemment pour influencer les taux du Libor, soit pour continuer à emprunter à un faible taux, soit pour accroître ses rendements.

Application 3. Les dérives de la finance, p. 343 1. Quelles sont les deux parties en présence à ce procès ? Ce procès oppose Fabrice Tourre, un trader français qui travaillait dans la banque d’affaires Goldman Sachs au moment des faits, et la SEC, le gendarme de la Bourse aux États-Unis. 2. Qu’est-ce qui est reproché à Fabrice Tourre ? Il est reproché au trader d’avoir vendu sciemment des actifs toxiques (Abacus 227) à des clients de Goldman Sachs, tout en spéculant à la baisse sur ces actifs. 3. Expliquez la phrase soulignée. Les agences de notation ont pour fonction de noter les produits obligataires. En accordant pendant très longtemps la note AAA à des produits risqués comme Abacus, elles ont contribué au gonflement de cette bulle spéculative, qui a éclaté avec la crise des subprimes.

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ENTRAÎNEMENT À L'EXAMEN, p. 245 1. Dissertation, p. 245 L’inflation est-elle toujours et partout un frein à la croissance économique ? Proposition de corrigé : Introduction « La première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques » – Ernest Hemingway. « L’inflation est l’œuvre du diable parce qu’elle respecte les apparences et détruit les réalités » – André Maurois. L’inflation peut se définir comme la hausse durable du niveau général des prix à l’intérieur d’un espace économique donné. L’inflation doit être distinguée de la désinflation (réduction de l’inflation) ou de la déflation (baisse des prix). Pour mesurer l’inflation en France par exemple, l’Insee étudie l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) qui agrège l’évolution des prix d’un panier de biens à la consommation. La croissance économique est l’augmentation continue du PIB mesurée à l’aide d’un calcul de taux de variation. A priori, l’inflation semble, à long terme, être un frein à la croissance économique, d’où la volonté de la part de la Banque centrale européenne (BCE) ou de son homologue étasunienne la FED, à limiter celle-ci à 2 % par an. Pour autant, force est de reconnaître qu’une période de croissance comme les Trente Glorieuses (Jean Fourastié) se caractérise par un fort taux d’inflation souvent bien supérieur à 5 %. Inversement, les périodes de faible inflation sont souvent des périodes de croissance atone. Pourquoi certains économistes libéraux comme Milton Friedman font-ils de la lutte contre l’inflation un préalable nécessaire à une croissance durable ? Néanmoins, comment comprendre la position de certains économistes néokeynésiens comme Jean-Paul Fitoussi ou Philippe Askenazy, qui pensent au contraire que la croissance peut être stimulée par l’inflation ? Dans une première partie, nous analyserons pourquoi, pendant les Trente Glorieuses, l’inflation n’était pas considérée comme un frein à la croissance. - 110 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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Dans une seconde partie, nous montrerons que depuis le choc pétrolier de 1973 et l’échec des politiques de relance d’inspiration keynésienne, la lutte contre l’inflation est apparue comme un préalable nécessaire à une croissance durable. Enfin, dans une troisième partie, nous analyserons pourquoi aujourd’hui, dans le contexte d’après-crise des subprimes marqué par le marasme économique, certains économistes critiquent les effets pervers sur la croissance des politiques de lutte systématique contre l’inflation. I. Pendant les Trente Glorieuses, l’inflation n’était pas un frein à la croissance A. L’arbitrage macroéconomique inflation/chômage chez les économistes keynésiens Les politiques économiques conjoncturelles pendant les Trente Glorieuses ont été fortement inspirées par les préceptes de Keynes développés dans son ouvrage Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie paru en 1936. Cet ouvrage montre qu’en période de récession, il peut être pertinent, pour relancer la croissance, de mettre en place temporairement une politique monétaire expansive (augmentation de la masse monétaire) et une politique budgétaire de relance, quitte à créer à court terme de l’inflation. Cette approche a été reprise par Samuelson dans sa formalisation de la courbe de Phillips. En montrant qu’il existe un arbitrage possible entre inflation et chômage, une politique conjoncturelle de relance (baisse des taux d’intérêt et recours au déficit budgétaire) stimulera la consommation et l’investissement avec deux effets concomitants : la reprise de la croissance (ou une diminution du chômage) et une reprise de l’inflation. Après avoir étudié pourquoi l’inflation n’est pas un frein à la croissance chez les keynésiens, il convient maintenant d’étudier si les politiques économiques mises en place pendant les Trente Glorieuses corroborent cet enseignement théorique. B. La concomitance de l’inflation et de la croissance pendant les Trente Glorieuses Il est important de constater que cette période historique est marquée à la fois par une croissance forte (5 % annuel moyen pour la France) et par une forte inflation (plus de 5 % annuel moyen). - 111 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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C’est pourquoi l’inflation n’était pas perçue par les dirigeants politiques comme un « mal en soi ». L’inflation était le signe d’une pleine utilisation des facteurs de production, d’une forte consommation des ménages, et du plein emploi. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’affirmation de Georges Pompidou : « Mieux vaut l’inflation que le chômage » : on retrouve implicitement cet arbitrage inflation/chômage décrit précédemment. Les politiques de stop and go mises en place en Grande-Bretagne ou la « new economics » de l’administration américaine sous Kennedy et Johnson sont des exemples qui montrent bien que l’inflation n’était non seulement pas perçue comme un frein à la croissance, mais au contraire plutôt comme un catalyseur. Par ailleurs, les théories de régulation (Boyer, Orlean ou Aglietta) expliquent pourquoi l’inflation des Trente Glorieuses était intimement liée au mode de production fordiste. L’inflation est un révélateur du rapport de force pour le partage de la valeur ajoutée entre salaire et profits. L’inflation est un signe d’un rapport de force favorable au salarié au détriment des propriétaires des moyens de production. Néanmoins, la fin des Trente Glorieuses et l’avènement des deux chocs pétroliers attestent d’un revirement théorique et politique : l’inflation doit être combattue car elle est désormais perçue comme un frein à la croissance économique. II. La lutte contre l’inflation devient une priorité à partir des années 1980 afin de retrouver les chemins d’une croissance durable A. La stagflation et la remise en cause des préceptes keynésiens Le premier choc pétrolier de 1973 marque une rupture car, concomitamment à la forte récession économique, l’inflation par les coûts explose pour atteindre 10 % en moyenne annuelle en France entre 1973 et 1979. Cette inflation galopante frappe tous les pays industrialisés. L’apparition de la stagflation (augmentation conjointe de l’inflation et du chômage) vient contredire les enseignements de la théorie keynésienne : il n’y a plus d’arbitrage entre inflation et chômage. Le paradigme keynésien étant fragilisé par cette crise, les économistes libéraux vont petit à petit imposer leurs thèses ; le plus influent d’entre eux étant Milton Friedman (Inflation et système monétaire) qui, dès les années 1950, critique le laxisme des politiques monétaires keynésiennes. - 112 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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Pour Friedman, une politique de relance keynésienne ne permet pas de stimuler durablement la croissance. En effet, ce type de relance provoque à court terme une « illusion monétaire » de richesse (augmentation du revenu nominal pour les consommateurs par exemple) qui se dissipe très vite par l’effet de l’inflation qui vient modifier les anticipations des agents économiques (théorie du revenu permanent de Friedman). On comprend pourquoi les monétaristes font de la lutte contre l’inflation une priorité de la politique monétaire. Fidèles à l’enseignement de l’équation de Fisher, la lutte contre l’inflation passe par une création monétaire limitée qui doit suivre le rythme de la croissance économique. L’inflation est considérée comme un frein à la croissance car elle entraîne une perte de compétitivité préjudiciable en économie ouverte. Par ailleurs, elle entraîne aussi une faible rentabilité du facteur capital car les taux d’intérêt réels (taux d’intérêt nominal moins l’inflation) sont faibles, ce qui n’incite pas à l’épargne. Enfin, la boucle inflation-salaire oblige les entreprises à diminuer leurs profits et apparaît comme un frein à l’innovation et plus généralement dans le dynamisme de l’offre. Dans quelle mesure ce revirement théorique se traduit-il dans les politiques monétaires ? B. Les politiques de lutte contre l’inflation à partir des années 1980 Les années 1970 marquent une conversion progressive vers les politiques de lutte contre l’inflation dans le but de créer les conditions favorables à une croissance durable. Cette conversion s’est imposée eu égard aux échecs récurrents des politiques keynésiennes de relance. Les échecs du plan Chirac de 1974, mais plus encore celui de Mauroy en 1981 montrent à quel point l’inflation ne permet pas de stimuler la croissance. D’où la volonté de mettre en place des politiques de désinflation comme celle de Barre en 1979 ou, plus symptomatique encore, celle de Fabius en 1983. En effet, la « désinflation compétitive » de Fabius marque une volonté de réduire l’inflation (diminution des déficits publics, gel des salaires, augmentation des taux d’intérêt, etc.) dans le but de restaurer la compétitivité-prix de l’économie française et de créer les conditions d’une croissance durable. Aux États-Unis, la nomination de Volcker à la FED en 1979 par Carter marque aussi un tournant, car la lutte contre l’inflation devient la priorité (augmentation des taux directeurs sans précédent). En Allemagne, l’aversion pour l’inflation est une constante depuis le traumatisme de l’hyperinflation sous la République de Weimar. - 113 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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Enfin, la construction européenne obligera les pays membres, tout au long des années 1980 et 1990, à suivre la rigueur monétaire de la Buba (la Bundesbank), en proposant des taux directeurs très élevés pour respecter les bandes de fluctuation du SME et les critères de convergence de Maastricht (notamment ceux imposant une faible inflation et de faibles taux d’intérêt à long terme). Cette lutte contre l’inflation a été une constante au sein des pays développés à économie de marché (PDEM) tout au long de ces deux décennies. Néanmoins, depuis l’avènement de la crise des subprimes, le recours massif aux politiques monétaires expansionnistes nous oblige à réfléchir sur les vertus attendues de ces politiques inflationnistes sur la croissance. III. Plus que l’inflation, la déflation apparaît depuis le début de la crise des subprimes comme le frein à la croissance A. Les critiques récurrentes des politiques de désinflation La crise des subprimes a permis de montrer que le principal danger en terme de croissance n’était peut-être pas l’inflation mais la déflation. En effet, la comparaison de la crise de 2008 avec celle de 1929 montre la pertinence des thèses keynésiennes : en période de crise, une politique de lutte contre l’inflation (comme celle menée par Hoover en 1929) peut être catastrophique, car elle peut plonger l’économie dans la spirale de la déflation (ce qui fut le cas de l’économie étasunienne avant le New Deal de Roosevelt en 1933). Cette critique des politiques de lutte systématique contre l’inflation a nourri un certain nombre de débats en France au moment de la mise en place de l’euro. L’économiste Fitoussi, par exemple, dans deux ouvrages – Le Débat interdit (1995) et La Règle et le Choix (2002) – critique le choix de la désinflation compétitive, la politique du franc fort et les critères de convergence, en montrant que l’on a trop souvent sacrifié la croissance économique sur l’autel de la stabilité des prix. Plus récemment, on retrouve cette critique dans l’ouvrage de Philippe Askenazy Les Décennies aveugles : Emploi et croissance (1970 à 2010) paru en 2011. La politique qualifiée de « dogmatique » de la BCE (règle intangible des 2 % d’inflation annuelle) est jugée par ces économistes néokeynésiens en partie responsable de la croissance atone de la zone euro. Lorsque l’euro valait 1,6 $ en 2006, ces économistes reprochaient à cette politique de l’euro fort de préserver la stabilité des prix au détriment de la croissance et des exportations. - 114 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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Le pragmatisme de la FED était alors salué lorsqu’Alan Greenspan laissa « filer » l’inflation après le « e-krach » de 2000 afin de relancer la croissance américaine (idem après le krach de 1987). Dans quelle mesure peut-on soutenir que les politiques monétaires mises en place depuis 2008 montrent que l’inflation peut être perçue comme un moyen de relancer la croissance ? B. Les politiques antidéflationnistes depuis 2008 pour relance la croissance Depuis la chute de Lehman Brothers en septembre 2008, les principales banques centrales multiplient les mesures de soutien à la croissance grâce à des politiques monétaires potentiellement inflationnistes. Tout d’abord, le principal écueil à éviter pour plonger les économies dans la dépression n’est pas celui de l’inflation mais celui de la déflation. Les enseignements de la crise de 1929 sont utiles, mais aussi ceux de la déflation japonaise des années 1990. En effet, suite à la crise japonaise au début des années 1990, la Banque centrale japonaise a trop tardé à intervenir de peur de créer de l’inflation, ce qui plongea le pays dans une déflationrécession larvée qui dura presque dix ans. À cet égard, il est important de noter que l’actuel président de la Fed, Ben Bernanke, est un spécialiste de la déflation japonaise. Afin d’éviter ce piège, la FED a très tôt mis en place une politique monétaire expansive potentiellement inflationniste afin d’éviter de plonger les États-Unis dans une récession profonde et durable. En plus d’une baisse des taux directeurs record (proche de 0 % depuis 2008), la FED a mis en place des mesures de quantitative easing (ou assouplissement quantitatif), qui est un outil non conventionnel de la politique monétaire d’une Banque centrale qui décide d’acheter des bons du trésor ou des titres de créance douteuse (junk bonds) de certaines banques commerciales. La BCE, avec son président de l’époque Jean-Claude Trichet, a adopté une stratégie similaire en diminuant durablement ses taux directeurs et en achetant de la dette publique grecque ou irlandaise. Ces politiques monétaires réactualisent donc l’idée selon laquelle l’inflation n’est pas forcément un frein de court terme à la croissance. Conclusion Le fait de savoir si l’inflation est un frein à la croissance dépend surtout de la période historique considérée mais aussi des « obédiences » économiques : pendant les Trente Glorieuses, les économistes keynésiens pensaient que celle-ci pouvait stimuler la croissance. - 115 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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À l’inverse, après les deux chocs pétroliers, la lutte contre l’inflation est devenue la priorité impérieuse des économistes libéraux. Cependant, la crise des subprimes a remis au-devant de la scène l’idée selon laquelle la déflation, plus encore que l’inflation, pouvait être extrêmement préjudiciable à la croissance. Pour autant, la flambée des prix des matières premières, dont le pétrole, et la volonté du gouvernement allemand de revenir au plus vite dans les clous du Pacte de stabilité et de croissance laissent à penser qu’à moyen terme, la lutte contre l’inflation restera un objectif fort de la politique monétaire au sein de la zone euro. Dans cette hypothèse, la BCE devrait alors annoncer prochainement le relèvement de ses taux directeurs. Autre possibilité de plan : I. À long terme, la lutte contre l’inflation apparaît comme un préalable à une croissance durable A. La critique monétariste des politiques monétaires keynésiennes B. Les vertus de la stabilité des prix pour créer un contexte favorable à la croissance II. Néanmoins, à court terme et sous certaines conditions, la croissance peut être stimulée par l’inflation A. Les effets négatifs des politiques de désinflation sur la croissance B. Éviter le piège de la déflation est plus important que la lutte contre l’inflation

2. Étude de document, p. 245 1. Quelle politique monétaire a été menée par la FED juste après la crise du e-krach en 2001 et celle des subprimes en 2008 ? Que ce soit après le e-krach des nouvelles technologies de 2000 ou après la crise des subprimes de 2008, la FED (Alan Greenspan en 2000 et Ben Bernanke en 2008) a décidé de baisser ses taux directeurs pour stimuler la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. 2. Qu’est-ce qui atteste du fait que la lutte contre l’inflation était l’objectif prioritaire de la FED à la fin des années 1970 et au début des années 1980 ? La très forte augmentation du taux directeur à la fin des années 1970 - début - 116 Chapitre 9 – Économie monétaire et économie financière

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des années 1980 atteste de la volonté de la FED et de son nouveau président Paul Volcker de lutter contre l’inflation en renchérissant le coût du crédit. 3. Comment va évoluer le taux directeur de la FED si la croissance économique forte des États-Unis se confirme ? Si la reprise américaine se confirme, la présidente de la FED Janet Yellen devrait logiquement augmenter petit à petit les taux directeurs pour éviter la création d'une bulle spéculative, tout en évitant de tuer dans l’œuf la reprise de la croissance.

3. Question, p. 245 Expliquez le processus de création monétaire. La Banque centrale possède le monopole d’émission de la monnaie fiduciaire. Une banque centrale peut donc créer de la monnaie en augmentant la quantité de billets en circulation (faire « marcher » la planche à billets). Néanmoins, l’essentiel de la création monétaire provient aujourd’hui des opérations de crédits : lorsqu’une banque commerciale (les économistes les appellent « banques de second rang » pour les distinguer de la banque centrale) octroie un crédit à une entreprise, elle crédite le compte du bénéficiaire par un jeu d’écriture, créant ainsi de la monnaie scripturale. Lorsque ce crédit arrive à échéance et que cette entreprise a totalement remboursé sa dette, la quantité de monnaie correspondante est détruite par un simple jeu d’écriture bancaire. On comprend ainsi pourquoi les périodes d’euphorie économique se traduisent souvent par une augmentation de la masse monétaire liée à l’accroissement des crédits bancaires.

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Chapitre 10 Les échanges internationaux

Application 1. QCM, p. 271 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Quel auteur défend la thèse des avantages comparatifs ?

 Adam Smith.  David Ricardo.  Paul Krugman. 2. Le commerce intra-branche est :

 l’échange entre deux pays de biens appartenant à des branches différentes.  l’échange entre deux pays de biens appartenant à des branches identiques.  l’échange entre deux pays de biens appartenant à une même zone économique. 3. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le volume des échanges internationaux de marchandises :

 croît au même rythme que le PIB mondial.  croît à un rythme beaucoup plus rapide que le PIB mondial.  croît un rythme plus lent que le PIB mondial.

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4. Quelle est la part des services dans le volume global des échanges internationaux de biens et services ?

 50 %.  5 %.  20 %. 5. L’ALENA est :

 une zone de libre-échange.  une union douanière.  une union économique et monétaire. 6. Quel est le premier pays exportateur de marchandises au monde en 2014 ?

 Les États-Unis.  L’Allemagne.  La Chine. 7. Quelle est la première FMN en termes de capitalisation boursière en 2014 ?

 Apple.  Exxon Mobil.  PetroChina. 8. Depuis 2004, la balance commerciale de la France est :

 chroniquement déficitaire.  chroniquement excédentaire.  alternativement excédentaire et déficitaire.

Application 2. Évolution historique de la balance commerciale des États-Unis, p. 273 1. Quel était le montant du déficit commercial étatsunien en 1995 ? D’après le Foreign Trade Division, le déficit commercial des États-Unis en 1995 était de 200 milliards de dollars. 2. Commentez les principales évolutions du graphique. Tout d’abord, la balance commerciale des États-Unis est chroniquement en déficit, mais ce déficit s’est fortement dégradé de 1998 à 2007 pour - 119 Chapitre 10 – Les échanges internationaux

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atteindre un record de – 900 milliards de dollars. Depuis, ce déficit se résorbe mais reste très fort (– 700 milliards de dollars).

Application 3. Le « conflit de la banane », p. 273 1. Qu’est-ce que l’ORD ? L’Organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC est une instance qui juge les contentieux commerciaux entre États membres de l’OMC. 2. Pourquoi les États-Unis et des pays d’Amérique centrale ontils saisi l’ORD ? Ces pays estimaient que les quotas fixés dans le cadre d’un accord entre l’Union européenne et les pays ACP était une entrave à la libre concurrence au détriment des pays exportateurs de « bananes dollars ». 3. Quel a été le dénouement de cette « guerre de la banane » ? Les accords de Genève mettent fin à la « guerre de la banane » car l’Union européenne s’est engagée à réduire fortement ses droits de douane sur les bananes ne provenant pas des pays ACP.

Application 4. Le Partenariat transpacifique, p. 274 1. Qu’est-ce que TPP ? Le TPP est un accord de libre-échange entre des pays d’Amérique du Nord et du Sud avec de nombreux pays asiatiques. 2. Quel est l’intérêt pour les États-Unis de signer un tel accord ? Les États-Unis espèrent pouvoir exporter plus facilement des marchandises et des services, mais aussi lever les entraves aux IDE. Cet accord va également permettre de contrebalancer la puissance de la Chine sur cet espace économique. 3. Qu’est-ce que le TTIP ? Le TTIP est un projet d’accord de même facture entre l’Union européenne et les États-Unis.

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Application 5. Les stratégies d’optimisation de la multinationale Google, p. 275 1. Expliquez la stratégie fiscale de Google. La stratégie de Google est d’essayer d’optimiser sa fiscalité. Pour cela, cette firme a créé des filiales dans des paradis fiscaux (ou dans des pays où la pression fiscale est très faible) afin d’y transférer une partie de ses bénéfices. Du même coup, cette stratégie permet de réduire les bénéfices réalisés dans des pays où ils seraient fortement imposés, comme aux ÉtatsUnis par exemple. 2. Ces pratiques vous semblent-elles légitimes ? Cette stratégie soulève la relative impuissance des États à affirmer leur souveraineté nationale face à des firmes multinationales qui mettent en place des montages financiers visant à contourner la pression fiscale des pays dans lesquels ils réalisent des bénéfices. (On pourra évidemment faire le lien avec l’affaire récente des Panama Papers.)

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 276 1. Dissertation, p. 276 Comment les firmes multinationales se sont-elles adaptées à la mondialisation des échanges ? Proposition de corrigé : Introduction Dans l’opinion publique, la mondialisation est souvent associée aux délocalisations, au chômage ou à la concurrence déloyale. Or, pour les firmes multinationales (FMN), la mondialisation implique surtout des opportunités nouvelles. Par exemple, en 2014, 45 % du chiffre d’affaires des entreprises du CAC40 ont été réalisés dans les pays en développement ou dans les nouveaux pays industrialisés comme le Brésil ou la Chine. Une FMN est une entreprise qui est implantée dans différents pays. Des entreprises comme Toyota ou Coca-Cola sont présentes dans le monde entier et symbolisent cette globalisation de l’économie.

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La mondialisation est un processus d’interdépendance croissante des économies nationales amenant le développement d’un espace économique mondial de moins en moins cloisonné d’un point de vue des échanges de biens, de services ou de capitaux. Les deux notions semblent consubstantielles dans la mesure où les FMN sont, par définition, mondialisées. Réciproquement, l’acteur clé de cette mondialisation semble être de moins en moins l’État, mais la FMN. Pourquoi les grandes firmes nationales ont-elles ressenti le besoin ou la nécessité de se développer à l’international ? Comment se sont-elles adaptées à la mondialisation en termes de baisse des coûts de production ou de conquêtes de nouveaux marchés ? Dans quelle mesure la globalisation financière permet-elle aux FMN d’accroître leurs stratégies d’investissements directs à l’étranger (IDE) ? Pourquoi cette globalisation facilite-t-elle la mise en place de stratégies d’optimisation fiscale des FMN ? Nous aborderons dans une première partie les stratégies des FMN visant à profiter de la mondialisation pour abaisser les coûts de production. Nous étudierons ensuite les stratégies des FMN visant à profiter de cette mondialisation pour accroître les débouchés commerciaux. Enfin, nous montrerons que ces dernières ont également profité de la globalisation financière pour élargir leurs stratégies d’investissement et d’optimisation fiscale. I. Les FMN ont profité de la mondialisation pour abaisser les coûts de production A. Le développement généralisée de la délocalisation Toutes les grandes firmes multinationales ont délocalisé une partie (ou l’ensemble) de leur production en vue de profiter d’un coût de maind’œuvre plus faible et d’un cadre juridique moins protecteur envers les salariés. Après la Seconde Guerre mondiale, cette délocalisation de la production des FMN nord-américaines a d’abord profité à l’Europe ou au Japon. Mais cette tendance de produire à l’étranger s’est amplifiée avec le développement des NPIA – que l’on appelle aussi les « dragons » – : Corée du sud, Taïwan, Singapour et Hong-Kong. Aujourd’hui, la Chine est le premier pays à profiter de ces délocalisations venant du monde entier (et même du Japon et des « quatre dragons »). Le symbole de cette mutation est Shenzhen, une zone rurale située à proximité de Hong-Kong et qui, en trois décennies, est devenue selon les économistes « l’atelier du monde ». - 122 Chapitre 10 – Les échanges internationaux

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B. Le développement généralisée de la sous-traitance La mondialisation permet le recours généralisé à la sous-traitance internationale. Aujourd’hui, une entreprise comme Apple ne fabrique aucun téléphone, aucun ordinateur et aucune tablette tactile : l’intégralité de sa production est sous-traitée à des entreprises asiatiques comme l’entreprise taiwanaise Foxconn, qui elle-même assemble en Chine les produits développés par Apple, Sony-Ericsson, Microsoft, ou Nintendo. D’où la fameuse phrase apposée sur chaque i-Pod : « Designed by Apple in California. Assembled in China ». C. La montée du commerce intra-firme et l’accentuation de la DIPP La décomposition du processus de production (DIPP) permet à une FMN de diviser la production d’un produit complexe entre différents pays. Par exemple, la firme Airbus a décidé de produire les ailes du nouvel A380 en Angleterre, le fuselage arrière en Allemagne et la partie centrale et l’assemblage en France. La mondialisation accroît donc le commerce intrafirme à l’intérieur des différentes filiale d’une même FMN. Notons que la délocalisation de la production peut aussi être motivée par une volonté de profiter d’une dynamique de recherche et développement liée aux nouvelles technologies, comme la Silicon Valley aux États-Unis ou Bangalore en Inde. II. Les FMN ont également, du fait de la mondialisation, trouvé de nouveaux débouchés commerciaux A. Les FMN à la conquête des marchés émergents La mondialisation a permis aux FMN de développer des leviers de croissance en conquérant de nouveaux marchés. En 2010, par exemple, la Chine est devenue le premier marché mondial de l’automobile devant les États-Unis. Dans le même temps, les marchés européens et nord-américains sont arrivés à maturité, c’est-à-dire que le marché de l’automobile est devenu un marché de renouvellement et non un marché d’acquisition ; les perspectives de croissance sont donc faibles. À l’inverse, les marchés des NPI sont en pleine croissance, car il s’y développe une classe moyenne souhaitant acquérir un premier véhicule. On comprend pourquoi toutes les firmes occidentales ont donc cherché à s’implanter en Chine ou au Brésil pour conquérir ces nouveaux marchés. En 2010, par exemple, le groupe automobile français PSA a créé une jointventure avec le chinois Chang’An pour coproduire un véhicule réservé au marché chinois. Notons que la pratique d’une joint-venture est imposée par - 123 Chapitre 10 – Les échanges internationaux

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les autorités chinoises aux firmes étrangères pour favoriser le transfert des technologies. B. La mobilisation des ressources diplomatiques pour aider les FMN dans ces nouvelles conquêtes La nécessité de conquérir ces nouveaux marchés explique pourquoi la classe politique, et plus généralement la diplomatie, veut peser dans la balance lors des négociations de grands contrats à l’étranger. Le rôle du Président français a été primordial pour la vente de centrales nucléaires type EPR par Areva aux Chinois ou encore pour la vente d’avions de chasse Rafales produits par Dassault Aviation aux Indiens. Néanmoins, force est de constater que la mondialisation entraîne une concurrence de plus en plus exacerbée entre les FMN : en 2009, nonobstant un véritable investissement de la diplomatie française, Areva a perdu un énorme contrat nucléaire aux Émirats Arabes Unis face à un consortium sud-coréen qui n’aurait pas pu rivaliser avec le géant français dix ans auparavant. C. La stratégie du cheval de Troie Afin de contourner certaines barrières protectionnistes pour conquérir de nouveaux marchés, les FMN utilisent parfois la « stratégie du cheval de Troie » : la FMN décide de produire sur place, non parce que le coût de la main-d’œuvre est plus faible, mais parce que c’est le seul moyen de contourner les tarifs douaniers, dans la mesure où ce n’est pas la nationalité de l’entreprise mais le lieu de production qui détermine si le produit est taxé ou non. La firme japonaise Toyota, par exemple, a décidé en 2001 de s’installer en France à Valenciennes pour produire un véhicule économique qui sera vendu dans toute l’Europe : la Yaris. III. La globalisation financière a permis aux FMN de développer des stratégies d’investissement à l’échelle planétaire A. La géographie traditionnelle des flux d’IDE des FMN D’après l’OCDE, les investissements directs à l’étranger (IDE) sont les mouvements internationaux de capitaux réalisés par les FMN en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle sur la gestion d’une entreprise étrangère (c’est-à-dire détenir plus de 10 % de son capital). Les IDE représentent aujourd’hui plus de 1 200 milliards de dollars par an. Traditionnellement, les principaux flux d’IDE avaient pour origine les FMN des pays développés. - 124 Chapitre 10 – Les échanges internationaux

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La première composante était constituée des flux « Nord-Sud », c’est-à-dire des IDE provenant des FMN des pays développés vers les pays en développement. Que l’on pense à la construction du canal du Suez en Égypte entre 1859 et 1869 par la Compagnie universelle du canal maritime de Suez ou aux investissements de l’industrie pétrolière dans les pays du Golfe de l’aprèsSeconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours, on retrouve ce schéma NordSud. La deuxième composante des flux d’IDE, qui n’a cessé de se développer après 1945, comprend les flux « Nord-Nord ». On pense bien sûr principalement à l’implantation des FMN américaines comme General Motors, Coca-Cola ou McDonald’s sur le sol européen. Aujourd’hui, ces flux sont toujours importants, comme en atteste la prise de contrôle du japonais Nissan par le constructeur automobile français Renault en 1999, ou l’OPA hostile du canadien Alcan en 2003 sur l’ancien leader français de l’aluminium Péchiney. B. La nouvelle géographie des IDE Depuis vingt ans, les IDE proviennent de plus en plus des NPI ou des PVD. La première composante est constituée des flux « Sud-Nord ». L’exemple qui a fait couler le plus d’encre en France est l’OPA hostile lancée en 2006 par l’indien Mittal Steel sur l’ancien leader français de la sidérurgie Arcelor. Ce genre de prise de contrôle est encore plus fréquent dans le monde anglosaxon, avec par exemple la prise de contrôle des deux fleurons de l’industrie anglaise Jaguar et Land Rover par le constructeur indien Tata. Plus récemment aussi, les flux « Sud-Sud » se sont développés. La Chine, par exemple, s’intéresse de plus en plus aux potentiels miniers de l’Afrique. Cette stratégie, appelée « Chinafrique », consiste à proposer aux pays africains de construire des infrastructures (routes, hôpitaux, stades, aéroports, etc.) contre l’obtention de concessions minières qui étaient auparavant octroyées à des entreprises européennes. Cette nouvelle géographie des IDE attestent que la concurrence entre les FMN des pays développés et celles des pays émergents est de plus en plus exacerbée. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le classement de référence du Financial Times. C. L’utilisation des paradis fiscaux par les FMN Les FMN ont également su tirer parti de la mondialisation et de la globalisation financière pour optimiser la fiscalité. - 125 Chapitre 10 – Les échanges internationaux

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Pour cela, une FMN crée une filiales dans un paradis fiscal (ou dans un pays à faible pression fiscale) afin d’y transférer une partie de ses bénéfices. Du même coup, cette stratégie permet de réduire les bénéfices réalisés dans des pays où ils seraient fortement imposés, comme aux États-Unis ou en Europe par exemple. L’application 7 montre comment la firme Google a su diminuer son taux d’imposition en créant une filiale dans les îles Bermudes pour toucher les royalties des brevets technologiques de l’ensemble de ses filiales dans le monde. D’une manière générale, comme l’atteste une étude publiée dans la revue Alternatives économiques, les entreprises du CAC40 auraient créé « 1 500 filiales offshore, réparties sur près d’une trentaine de territoires, des Bermudes à la Suisse en passant par Malte ou Panama » (Christian Chavagneux, « Les entreprises françaises aiment les paradis fiscaux », avril 2009). Cette stratégie des FMN soulève la relative impuissance des États à affirmer leur souveraineté face à des firmes multinationales qui élaborent des montages financiers visant à contourner la pression fiscale des pays dans lesquels ils réalisent des bénéfices. Le scandale des « Panama Papers » révélé en 2016 montre à quel point l’utilisation des paradis fiscaux est devenue une pratique courante des grandes entreprises pour optimiser leur fiscalité. Conclusion Contrairement à l’opinion publique, les FMN n’ont pas considéré la mondialisation comme une menace mais au contraire comme une opportunité et s’y sont adaptées de différentes façons. Elles ont profité de ce processus pour délocaliser afin d’abaisser leur coût de production. Elles essayent aussi, autant que faire se peut, de s’implanter dans les pays émergents pour trouver de nouveaux débouchés à leur production. Enfin, elles utilisent les potentialités de la globalisation financière pour diminuer au maximum la pression fiscale. Néanmoins, dans le contexte actuel de crise, les aspirations au protectionnisme sont de plus en plus fortes et pourraient marquer un arrêt ou un ralentissement du processus de globalisation des échanges.

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2. Étude de document, p. 276 1. Que signifie le principe du « traitement général de la nation la plus favorisée » ? Le principe de traitement général de la nation la plus favorisée (ou clause de la nation la plus favorisée) signifie que les pays ayant signé les accords du GATT (devenus accords de l’OMC) ne peuvent pas, en principe, établir de discriminations entre leurs partenaires commerciaux. Si un pays accorde à un autre pays un traitement préférentiel (en abaissant par exemple les droits de douane sur un produit), alors ce pays doit accorder le même traitement à l’ensemble des pays signataires des accords (aujourd’hui pays membres de l’OMC). 2. Ce principe s’applique-t-il seulement aux droits de douane ? Justifiez votre réponse. Ce principe ne s’applique pas seulement aux droits de douane mais à tous les types de restrictions (quotas, réglementations, etc.). Notons par ailleurs qu’avec la création de l’OMC, ce principe ne s’applique pas seulement aux marchandises mais aussi aux services (article 2 de l’Accord général sur le commerce des services, AGCS). Quelques exceptions au principe sont toutefois autorisées : par exemple, des pays peuvent conclure un accord de libre-échange s’appliquant uniquement aux marchandises échangées à l’intérieur du groupe (ce qui établit une discrimination contre les marchandises provenant de l’extérieur).

3. Question, p. 276 Qu’est-ce que la théorie des avantages comparatifs ? La théorie des avantages comparatifs a été développé par David Ricardo (1772-1823), au chapitre VII de son ouvrage Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817). Selon cette théorie, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les produits pour lesquels il est le plus avantagé ou le moins désavantagé, c’est-à-dire dans le domaine dans lequel il possède la meilleure productivité. Cette théorie des avantages comparatifs montre que tous les pays gagnent au libre-échange, qui est toujours préférable à l’autarcie. - 127 Chapitre 10 – Les échanges internationaux

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Pour reprendre le fameux exemple développé par Ricardo lui-même, l’Angleterre a intérêt à se spécialiser dans la production de drap et à exporter ce bien, tout en acceptant d’importer du vin du Portugal (c’est le principe de la DIT). Le commerce international est donc, pour D. Ricardo et les libéraux en général, un jeu à somme positive : l’Angleterre et le Portugal gagnent à commercer ensemble.

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Chapitre 11 Le système monétaire et financier international Application 1. QCM, p. 299 Choisissez la ou les bonnes réponses. 1. Dans un système monétaire international, quand toutes les monnaies sont convertibles en or, il s’agit :

 du modèle de l’étalon-or.  du Gold Exchange Standard.  d’un système de change flexible. 2. La théorie de la parité de pouvoir d’achat (PPA) explique les taux de change entre deux monnaies par :

 le solde de la balance commerciale.  le rapport des prix de paniers de biens de chaque pays.  les taux de salaire réel dans chaque pays. 3. La théorie de la parité des taux d’intérêt (PTI) énonce que :

 les taux d’intérêt nominaux des pays sont égaux.  les variations anticipées des taux de change déterminent les taux d’intérêt.  les taux d’intérêt et les taux de change évoluent dans le même sens. 4. Une monnaie forte est observée quand :

 le taux de change monte le plus haut possible.  les taux d’intérêt sont élevés.  après une dévaluation, elle voit ses taux d’intérêt baisser.

- 129 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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5. Quelle est la condition des élasticités critiques pour réussir une dévaluation ?

 l’élasticité de la demande nationale doit être supérieure à l’élasticité de la demande étrangère.  La somme des deux élasticités doit être égale à 1.  La somme des deux élasticités doit être supérieure à 1. 6. À la suite d’une dévaluation, la courbe en J de la balance commerciale s’explique par :

 l’ampleur insuffisante de la dévaluation.  le retard des réactions des quantités exportées et importées aux variations de prix. 7. La libéralisation des marchés financiers a entraîné :

 une meilleure capacité de financement des acteurs publics et privés de l’économie et une plus grande stabilité économique.  une forte instabilité économique et une meilleure capacité de financement des acteurs publics et privés de l’économie. 8. La prévention des risques systémiques fait intervenir :

 le prêteur en dernier ressort.  les ratios de Bâle I, Bâle II et Bâle III.  le contrôle des mouvements de capitaux.

Application 2. La répartition des rôles du dollar et de l’euro dans les différents types de transactions internationales, p. 300 1. Établissez les positions respectives du dollar et de l’euro en les classant selon des critères commerciaux, monétaires et financiers. Une monnaie internationale agit dans trois domaines : – dans le domaine commercial, elle sert d’instrument de paiement et de facturation. En 2011, les États-Unis représentent moins de 10 % des exportations mondiales. Or, leur monnaie tient un rôle beaucoup plus important. On l’observe, par exemple, dans le cas des crédits bancaires internationaux libellés en dollars à plus de 50 % en 2010. - 130 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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Le dollar est surreprésenté dans les échanges internationaux. C’est l’inverse pour l’euro, qui ne représente que 15,7 % des encours de crédits bancaires en 2010 ; – dans le domaine monétaire, comme instrument de réserve internationale, on observe aussi que, depuis 1973, la part du dollar reste remarquablement stable, autour de 65 %. On observe cependant une progression de l’euro, qui passe de 18,8 % en 2000 à 26,6 % en 2015, mais cette progression n’est pas une substitution euro-dollar, la part du dollar n’étant pas affectée ; – c’est dans le domaine financier que le rôle de l’euro paraît plus actif, si l’on observe l’encours des obligations internationales, avec une part de 31,4 % en 2010. Ceci tient à la protection contre le risque de change que l’euro fort présente pour les prêteurs. 2. Comment expliquez-vous le poids international dominant du dollar ? Quatre raisons principales expliquent la confiance internationale dans le dollar et sa position internationale dominante : – en premier lieu, le dollar reflète la puissance économique nationale et internationale de l’économie des États-Unis ; – en second lieu, le dollar est utilisé pour environ 70 % de la facturation du commerce mondial ; – le poids des firmes et banques multinationales américaines contribue et facilite l’ampleur des investissements directs à l’étranger (IDE) hors des États-Unis ; – enfin, l’importance des en-cours internationaux de crédits bancaires et d’obligations explique également cette confiance. À noter que l’ensemble de ces raisons permet de comprendre le poids du dollar dans les réserves des banques centrales dans le monde. 3. À partir de vos réponses aux questions précédentes et de vos connaissances, répondez à la question suivante : « En quoi la comparaison des rôles respectifs du dollar et de l’euro dans les différents types de transactions nous renseigne-t-elle sur le statut international des deux monnaies ? » L’euro n’a pas réussi sa tentative de concurrencer le dollar comme monnaie internationale, et cela même avant la crise de la zone euro qui a débuté en mai 2010 avec la crise grecque. Le dollar demeure la monnaie internationale de référence, tandis que l’euro est plus actif dans le domaine financier. - 131 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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Pour l’instant, il reste fondamentalement une monnaie pour favoriser l’intégration économique européenne.

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 301 1. Dissertation, p. 301 Quels sont les déterminants du choix d’une monnaie comme devise internationale ? Introduction Le monde a connu, depuis le XVIe siècle, plusieurs cycles de mondialisation, depuis la conquête des Amériques jusqu’à la nouvelle vague des années 1970, en passant par l’industrialisation du XIXe siècle. Dans ces situations, il y a une accélération des échanges commerciaux et des mouvements de capitaux, d’où le surgissement d’une question : comment choisir une monnaie internationale ? L’expérience montre une succession de solutions alliant les métaux précieux et de grandes monnaies nationales, principalement la livre sterling et le dollar, et quelques tentatives de monnaie supranationale comme l’euro. Les monnaies internationales sont, de fait, les monnaies des pays dominants à une époque historique donnée, mais cette évidence doit conduire à une autre interrogation : en quoi la monnaie internationale est-elle une « bonne monnaie » et quelles sont les institutions ou les pratiques qui permettraient de l’obtenir ? Ces questions feront l’objet de deux parties : une première partie déterminera les conditions qui peuvent définir une « bonne monnaie internationale », avec deux aspects : les fonctions de la monnaie et son caractère de bien collectif. La deuxième partie examinera les problèmes que pose une monnaie dominante et les raisons de la persistance des monnaies nationales. Développement : I. Qu’est-ce qu’une monnaie internationale ? A. Monnaie internationale et fonctions de la monnaie B. Le statut de bien collectif d’une monnaie internationale C. Le fonctionnement des principaux systèmes monétaires II. Monnaie internationale et pouvoirs A. Les problèmes d’une monnaie dominante B. Monnaie internationale et persistance des monnaies nationales - 132 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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Conclusion Il est rare de trouver une « bonne monnaie internationale » complète. Elle est toujours imparfaite en fonction des problèmes à résoudre et de l’attitude du pays dominant émetteur. Selon la formule célèbre de Gresham, « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Cette formule n’est pas vérifiée dans le domaine international. La « bonne monnaie » a été choisie à chaque fois comme un choix inévitable.

2. Étude de document, p. 301 1. Précisez l’expression « taux de change effectifs nominaux ». Le taux de change définit la valeur d’une unité de monnaie en une monnaie étrangère. Dans ce cas, on dit que la cotation est « au certain ». Inversement, le taux de change définit la valeur d’une unité de monnaie étrangère en monnaie nationale : dans ce cas, la cotation est dite « à l’incertain ». Le taux de change effectif nominal s’exprime en cotation du marché si on est en taux de change flexible, et officiellement si on est en taux de change fixe. Le taux de change effectif nominal prend en compte le fait qu’un pays ayant de multiples partenaires commerciaux ou financiers, sa monnaie ne se définit pas uniquement par rapport à une seule autre mais par rapport à un ensemble de monnaies. Aussi, pour passer au taux effectif, on calcule une moyenne pondérée par la part des taux de change nominaux. 2. Explicitez l’évolution cyclique des taux de change de l’euro et du dollar. Comme le montre le document, le taux de change euro/dollar est assez fluctuant depuis la création de l’euro en 1999. La parité 1 € contre 1 $ ne s’observe qu’à deux reprises sur la période (en juin 1999 et juillet 2002). Les points extrêmes s’observent en octobre 2000 (environ 0,7 € pour 1 $) et fin 2007 (environ 1,6 € pour 1 $). La période la plus longue (2003 à 2014) a été une marquée par un euro fort par rapport au dollar. Cela s’explique par des orientations très différentes de la FED et de la BCE. Alors que les autorités monétaires américaines défendent sur cette période une politique de relance caractérisée par des taux d’intérêt bas et une création monétaire facile, la BCE mène une politique monétaire restrictive, avec des taux d’intérêt élevés et une création monétaire très encadrée, dont l’objectif prioritaire et la stabilité des prix. Dans cette perspective, les taux d’intérêt élevés de la zone euro attirent les capitaux internationaux souvent - 133 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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libellés en dollar, entraînant une forte demande d’euros et sa hausse par rapport au dollar. À l’inverse, la politique de la FED favorise l’offre de dollars par rapport à l’euro. À noter que, dès 2008, les initiatives de la BCE pour contrer les effets de la crise financière des subprimes, et en particulier les mesures non conventionnelles qu’elle va mettre en place, vont contribuer à orienter progressivement l’euro à la baisse, une baisse qui deviendra franche dès août 2013. Dans la même période, les États-Unis optent pour une politique monétaire plus stricte en relevant leur taux d’intérêt, ce qui amorce le retournement des taux de change observés. 3. Répondez à la question : « Une monnaie forte est-elle toujours un avantage pour le pays ? ». Proposition de corrigé : Introduction Durant les années précédant le passage à l’euro, la politique économique française avait pour objectif un franc fort, ce qui consistait à maintenir le taux de change du franc dans un rapport constant avec le mark allemand. Aujourd’hui, la hausse de l’euro par rapport au dollar conduit à parler d’un euro fort. Dans les deux cas, les controverses ont été et restent vives entre partisans et adversaires d’une monnaie forte. Pour éclairer le débat, il faut d’abord préciser le contenu de l’expression « monnaie forte », puis examiner ses avantages et inconvénients sur le plan économique interne. I. Qu’est-ce qu’une monnaie forte ? une monnaie faible ? Que signifie l’expression « monnaie forte » ? Dans l’esprit du grand public, cette expression a deux significations : d’une part, une monnaie « qui monte », comme l’euro qui vaut de plus en plus de dollars, et d’autre part, une image positive puisque le terme « fort » est plus valorisé que le terme « faible » qui, dans le domaine monétaire, évoque la dépréciation des monnaies, l’inflation ou la fuite des capitaux. Sur un plan plus technique, on peut cependant discerner plusieurs approches de la monnaie forte. La première tient au mouvement à la hausse de la monnaie elle-même par rapport aux monnaies étrangères. Ce mouvement à la hausse tient au fait que, sur le marché des changes, cette monnaie est plus demandée que vendue, et ce pour des raisons commerciales (solde des transactions courantes positif), financières (entrées de capitaux) et spéculatives (anticipations quant aux évolutions futures). Ces différentes raisons ne sont pas nécessairement convergentes, elles peuvent aller en sens inverse ; les aspects financiers et spéculatifs prennent aujourd’hui le dessus. - 134 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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La deuxième approche tient au niveau en termes réels : le taux effectif réel. Si la hausse des prix d’un pays est moins forte que celles de ses concurrents, en termes réels, la monnaie est sous-évaluée, ce qui peut représenter un avantage. En sens inverse, si le pays connaît une inflation plus forte que celle de ses partenaires, sa monnaie est surévaluée, le taux de change étant trop fort par rapport aux niveaux d’équilibre. Aussi ne faut-il pas confondre : – monnaie surévaluée (taux réel < taux nominal) et monnaie forte : une monnaie surévaluée affaiblit la compétitivité-prix du pays ; elle est menacée par les anticipations des marchés financiers qui s’attendent à une dévaluation ou à une dépréciation et qui, pour se protéger, peuvent exiger des taux d’intérêt élevés ; – monnaie sous-évaluée (taux réel > taux nominal) et monnaie faible : au contraire, une monnaie sous-évaluée renforce la compétitivité-prix du pays. Les marchés financiers n’exigent pas des taux d’intérêt élevés. Ainsi, les États-Unis estiment que le yuan chinois est sous-évalué et permet ainsi aux exportations chinoises de pénétrer plus facilement le marché américain. Il existe des degrés de force de la monnaie. On pourra dire qu’une monnaie forte est une monnaie qui renforce la compétitivité-prix et la compétitivité structurelle d’un pays, qui inspire confiance aux marchés et donne de l’autonomie à la politique économique d’un pays. De ce fait, elle correspond à la réalisation complète du triangle de Mundell en taux de change fixes. En taux de change flottants et avec libre circulation des capitaux, le pays peut atteindre le taux de change qui concilie ses objectifs internes et externes. Ici, le triangle de Mundell n’est plus d’une grande utilité car il correspond à un idéal de taux de change fixes, alors que les grandes monnaies mondiales flottent. Le triangle approprié est : autonomie de la politique (monétaire et budgétaire), fixation d’un taux de change désiré, confiance des marchés financiers. Les cas de monnaie complètement forte sont rares : l’Allemagne en taux fixes avant la réunification, le Royaume-Uni après 1992 et la sortie du système monétaire européen. Les cas les plus fréquents sont ceux de monnaie incomplètement forte. Le dollar est une monnaie forte en dépit de sa baisse face à l’euro, mais les autorités américaines ne sont pas satisfaites des taux de change par rapport au yuan chinois et au yen japonais. II. Avantages et inconvénients d’une monnaie forte Les avantages et les inconvénients d’une monnaie forte touchent de manière sélective les acteurs d’une économie : il y a des perdants et des gagnants, mais cela dépend aussi de la définition que l’on adopte de la monnaie forte. - 135 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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Du point de vue commercial, en termes de compétitivité, il faut d’abord souligner que les effets d’une monnaie forte (ou faible) dépendent des élasticités des demandes nationales et étrangères aux variations du taux de change : la somme des deux élasticités doit être supérieure à 1 ; c’est la condition des élasticités critiques ou condition Marshall-Lerner-Robinson. En termes de flux commerciaux, les effets de la monnaie forte sont complexes. Les volumes d’exportations et d’importations sont affectés. Mais, alors que les exportateurs sont pénalisés, les importateurs sont avantagés dans une optique de compétitivité-prix. Cependant, deux autres aspects viennent se greffer sur ces aspects mécaniques. D’une part, une monnaie forte qui s’apprécie freine les effets de la hausse des prix des matières premières. Ainsi, la hausse des prix pétroliers depuis 2005 a été atténuée et, de ce fait, les coûts de production de la zone euro ont progressé moins rapidement. Mais, d’autre part, la monnaie forte peut avoir des effets très différents selon le type de compétitivité que privilégie le pays. Si le pays a une compétitivité-prix, il s’efforce de concurrencer les produits étrangers similaires en termes de coûts de production ; une monnaie qui s’apprécie sera alors pénalisante. Si le pays a une compétitivité structurelle, il est spécialisé dans des produits différenciés et technologiquement avancés ; l’appréciation de la monnaie est alors un avantage car la demande est moins sensible aux prix. Du point de vue de la politique monétaire, la monnaie forte peut favoriser les politiques de désinflation compétitive et faire baisser les taux d’intérêt grâce aux entrées de capitaux. Cependant, cette approche globale doit être nuancée car la maîtrise de la politique économique peut être altérée. Les entrées de capitaux trop massives peuvent affecter la politique monétaire. D’abord en donnant davantage de liquidités aux banques et en faisant baisser les taux d’intérêt à un niveau trop bas ou, en sens inverse, pour retenir les capitaux, en maintenant un taux d’intérêt trop élevé par rapport aux besoins de l’économie. Le premier cas (trop de liquidités et taux d’intérêt trop bas) a été expérimenté à plusieurs reprises par l’Allemagne quand le mark est devenu une monnaie de placement refuge lors des crises du dollar. L’Allemagne, soucieuse de lutter contre l’inflation, souhaitait freiner la création monétaire, mais les entrées de capitaux conduisent à une augmentation de la quantité de monnaie et à une baisse des taux d’intérêt. Le second cas (taux d’intérêt trop élevé) est celui qu’a connu la France à la suite de la réunification allemande. Pour maintenir le taux de change du franc par rapport au mark, la France a dû suivre la montée des taux d’intérêt allemands à un niveau totalement inapproprié pour elle. - 136 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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Conclusion En conclusion, on peut dire qu’il existe des cercles vertueux et des cercles vicieux de la monnaie forte.

3. Question, p. 301 Analysez les liens entre développement des marchés financiers et multiplication des crises financières internationales. Le développement rapide des marchés financiers, appelé également « globalisation financière », a fortement contribué à renforcer l’intégration des économies nationales, ce qui a favorisé une meilleure coordination internationale entre épargne et emprunts, capacité et besoins de financement des firmes. Il a dans le même temps accéléré l’interdépendance généralisée des économies et l’affaiblissement des politiques nationales de régulation économique. Avec pour conséquences une plus grande instabilité économique et une exposition plus forte des économies à la volatilité financière et aux chocs exogènes. La multiplication et la gravité des crises financières depuis les années 1990 atteste de cette instabilité : crise mexicaine en 1994, crise asiatique en 1997, crise Internet en 2000, crise argentine en 2001, crise des subprimes en 2007. Dans tous les cas de figure, ces crises financières affichent un scénario systémique commun : modification de la politique monétaire d’un pays dominant, mouvements de capitaux importants et rapides vers de nouveaux domaines ou zones de rentabilité financière à court terme, bulles spéculatives qui déstabilisent brutalement les économies nationales, effondrement financier de ces dernières, qui se prolonge en crise économique, sociale et politique et se diffuse internationalement.

- 137 Chapitre 11 – Le système monétaire et financier international

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Chapitre 12 Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique

Application 1. QCM, p. 337 Choisissez la ou les bonnes réponses parmi les propositions suivantes. 1. Un État se définit :

 par un territoire et des frontières, par une population de citoyens et par une souveraineté nationale.  par un système politique. 2. Historiquement, le système politique français peut être caractérisé :

 par un haut niveau de centralisation et par une tradition interventionniste sur le marché.  par une large place accordée à la société civile et au marché considéré comme principale instance de régulation économique. 3. Les « défaillances » du marché concernent :

 les monopoles naturels.  les externalités.  les biens privatifs rivaux et excluables.  les biens collectifs indivisibles.

- 138 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

4. La politique mixte d’un pays concerne :

 la combinaison de la politique conjoncturelle et de la politique structurelle.  la combinaison de la politique budgétaire et de la politique monétaire. 5. La loi organique relative aux lois de finances (LOLF) permet :

 un vote pour chacune des missions auxquelles sont affectés les crédits du budget de l’État.  un vote par attribution ministérielle des crédits. 6. Depuis la fin de internationales ont :

la

Seconde

Guerre

mondiale,

les

évolutions

 contribué à renforcer le concept de souveraineté nationale.  favorisé l’émergence d’une conception plus limitée de la souveraineté nationale. 7. Le marché unique a pour but :

 d’augmenter la concurrence avec les pays non membres.  de favoriser la concurrence non faussée entre États membres.  de réduire la concurrence entre pays membres. 8. Le principe de subsidiarité précise :

 que les compétences de l’Union ont toujours priorité sur les États membres.  que les actions menées par l’Union ne sont engagées que dans la mesure où il est démontré que leur réalisation par les États membres seraient moins satisfaisante. 9. Le Pacte de stabilité et de croissance indique que :

 les États membres de la zone euro ne peuvent avoir un déficit public qui excède 3 % du PIB.  le déficit public des États membres ne doit pas excéder 3 % du PIB en situation de forte croissance et de faible chômage.  les États membres doivent avoir en toutes circonstances un équilibre budgétaire.

- 139 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

10. Dans la zone euro, les chocs exogènes symétriques sont amortis par :

 le Pacte de stabilité et de croissance.  la Banque centrale européenne. 11. La Politique agricole commune est plutôt :

 libre-échangiste.  protectionniste. 12. La décentralisation des pouvoirs consiste à :

 déplacer à l’échelle des collectivités territoriales une partie des pouvoirs centraux.  créer de nouveaux pouvoirs locaux indépendants des pouvoirs centraux. 13. L’Acte I de la décentralisation précise que les régions :

 ont le statut de collectivité territoriale.  restent sous la tutelle du pouvoir central. 14. La loi constitutionnelle française de l’Acte II de la décentralisation précise que :

 la République française reste une et indivisible.  la République française est décentralisée. 15. Avec l’Acte III de la décentralisation :

 les départements voient leurs compétences renforcées.  les régions voient leurs compétences renforcées. 16. L’Acte III de la décentralisation accorde aux métropoles :

 les mêmes pouvoirs que les communautés de communes.  davantage de pouvoirs qu’aux communautés de communes. 17. Le taux de la fiscalité locale est fixé :

 par les pouvoirs centraux de l’État.  par les collectivités territoriales.

- 140 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

Application 2. La loi de Wagner, p. 338 Après avoir rappelé les principes de la loi de Wagner, vous vous demanderez si elle est toujours d’actualité. L’origine de toute intervention économique ou sociale de l’État peut être située dans le constat que les seuls mécanismes de marché ne sont pas aptes, en toutes circonstances, à assurer l’équilibre économique et l’intérêt général. Un tel constat vise à souligner qu’ils doivent être épaulés par une régulation complémentaire de l’État portant sur les domaines de défaillance du marché et certains domaines de compétence du marché. L’économiste allemand A. Wagner (1835-1917) fut l’un des premiers à observer une relation de cause à effet entre le développement d’un pays et la croissance des interventions économiques de l’État. Plus précisément, il constate une croissance des dépenses de l’État plus rapide que la croissance de la production. Il montre que cette régularité, qu’il qualifie de « loi de l’extension croissante de l’activité publique » (ou loi de Wagner), est rendue nécessaire par l’urbanisation croissante et la division accrue du travail, qui nécessitent la multiplication de services publics – dépenses d’éducation, éclairage public, sécurité, distribution de l’eau, transports… – dont la production incombe aux pouvoirs publics. Parallèlement, l’extension des marchés permet à certaines entreprises de réaliser des économies d’échelle et de se retrouver en situation de monopole, ce qui appelle le contrôle de l’État. Wagner met donc en évidence une tendance séculaire au développement d’actions de l’État dans différents registres. Les faits ont largement confirmé cette loi, comme le montre la croissance continue des dépenses publiques aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne depuis la fin du XIXe siècle et durant le XXe siècle, mais également actuellement dans les pays émergents (Chine, Inde…). Toutefois, les évolutions plus libérales concernant le resserrement des dépenses publiques (équilibre budgétaire, réduction des prélèvements obligatoires…) des trente dernières années dans nombre de PDEM permettent de nuancer quelque peu l’actualité de cette loi. Cependant, le poids des dépenses publiques reste très important dans tous les pays développés et, dans les faits, la tendance actuelle est davantage au déplacement des interventions publiques qu’à leur mise en cause.

- 141 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

Une approche plus théorique de l’actualité de la loi de Wagner peut également être proposée. Par exemple, en établissant une liaison avec certains « bureaux » de la typologie des fonctions économiques de l’État développée par Musgrave, ou avec certaines théories modernes de la dépense publique montrant que les investissements publics sont non seulement indispensables (proposition de Wagner) mais qu’ils peuvent également contribuer à l’augmentation du rendement des investissements privés (théorie de Barro).

Application 3. Les défaillances du marché, p. 338 1. Précisez les domaines dans lesquels le marché est défaillant. Les carences du marché s’observent dans les trois domaines pour lesquels les mécanismes du marché ne fonctionnent pas : les biens publics, les externalités et les monopoles naturels. 2. Expliquez les raisons de chacune de ces défaillances. L’allocation des biens par les mécanismes de marché concerne les biens privés, rivaux et à usage exclusif. Or, la caractéristique des biens publics est d’être non rivaux et à usage non exclusif. Autrement dit, il s’agit de biens non marchands dont le prix ne peut résulter du jeu du marché. La production et l’affectation des biens publics impliquent donc l’intervention publique. Les externalités concernent les coûts sociaux de certains actes économiques (production et consommation) non pris en compte par le marché. En effet, ce dernier ne retient que les coûts privés des activités économiques. Or, les coûts sociaux peuvent être importants et engendrer des déséconomies pour la société (externalités négatives) ou des avantages (externalités positives) non pris en compte par le marché. Une situation de monopole naturel existe dès lors que l’échelle de production d’une entreprise lui permet d’avoir des rendements croissants et des coûts inférieurs à toute entreprise qui décide d’entrer sur le marché. Concrètement, une entreprise qui bénéficie d’un monopole naturel peut satisfaire seule la demande et fixer les prix. Il y a donc absence de concurrence qui implique l’intervention publique.

- 142 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

3. Donnez trois exemples d’interventions de l’État pour motif de défaillance des marchés. – La tarification pour les biens publics, afin de contourner le risque de comportements de « passager clandestin », pour profiter de biens publics sans en payer le coût (ex. : l’éclairage public). – Les externalités positives sont source d’avantages pour l’ensemble de la collectivité. Elles doivent dont être stimulées par les pouvoirs publics au moyen de subventions ou de dégrèvements fiscaux (ex. : les entreprises qui contribuent à la transition énergétique en développant des énergies propres…). En revanche, les externalités négatives doivent être taxées par les pouvoirs publics afin de dédommager les usagers qui subissent les nuisances de certaines productions (principe du pollueur/payeur pour les activités ayant des rejets nocifs). – L’essentiel de la production d’électricité en France est réalisée par l’entreprise EDF, qui est en situation de monopole naturel. Elle est donc sous contrôle public (statut d’entreprise publique) aussi bien pour la production que pour la fixation du prix du KWh par tarification pour les particuliers et entreprises.

Application 4. Le partage des compétences, p. 338 Parmi les activités économiques suivantes, identifiez celles dont les compétences incombent à l’État français et celles qui sont sous compétences exclusives de l’Union européenne. – La politique monétaire. – La politique de concurrence. – La défense nationale. – La politique agricole – La politique de l’emploi. La politique monétaire et la politique de la concurrence font partie des compétences exclusives de l’Union européenne : – la Banque centrale européenne (BCE) a en charge la conduite de la politique monétaire des pays de la zone euro ; – la Direction générale de la concurrence (DGC) oriente et réglemente la concurrence à l’échelle européenne. La défense nationale, la politique de l’emploi et la politique agricole incombent aux compétences de l’État français. - 143 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

À noter le cas particulier de la politique agricole qui était sous compétence européenne jusqu’en 2009, avant de passer sous compétence nationale.

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 339 1. Dissertation, p. 339 Quelles sont, selon vous, les raisons qui justifient le double mouvement d’élargissement à l’Europe et de décentralisation territoriale des pouvoirs publics français ? Proposition de plan détaillé : Introduction Depuis plusieurs décennies, les pouvoirs publics français ont engagé deux transformations majeures de l’économie nationale – l’ouverture internationale et la décentralisation des pouvoirs –, dont l’engagement européen et les Actes I, II et III de la décentralisation constituent les points forts. À l’origine, ces évolutions ont pour objectif de contrer les limites d’un régime de croissance en perte de vitesse : inefficacité de la planification indicative, interdépendance croissante des économies, développement rapide des marchés, initiatives croissantes des acteurs de l’économie et des citoyens. Nous montrerons que ce double mouvement résulte également de contraintes externes et internes qui se sont imposées à l’économie française (I) et qu’il a largement contribué à la modernisation de l’économie française et de l’action publique (II). Développement I. Des évolutions dictées par des facteurs externes et internes A. Les facteurs externes B. Les facteurs internes II. Des évolutions qui ont structurellement modifié l’intervention économique des pouvoirs publics A. Une économie moins dirigiste et plus ouverte - 144 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

B. Une économie moins centralisée Conclusion Les deux mouvements d’élargissement à l’Europe et de décentralisation traduisent la nécessité d’adapter l’économie française aux nouvelles contraintes internationales et aux exigences d’un fonctionnement interne moins dirigiste. Il en a résulté des transformations majeures dans le choix, la conduite et l’évaluation des politiques publiques. De très dirigiste et jacobine, l’économie française est devenue ouverte et plus décentralisée. Ce qui s’est traduit par une place plus importante pour les marchés et ses acteurs, et un partage des pouvoirs décisionnels entre État et administrations publiques locales. Ces deux mouvements, loin d’être contradictoires, sont en réalité les deux volets d’une même tendance de long terme d’ajustement et de modernisation du fonctionnement de l’État.

2. Étude de document, p. 339 À partir des document et de vos connaissances, montrez que l’Acte III de la décentralisation concernant les régions : 1. simplifie le « millefeuille » administratif français. Le terme « millefeuille » décrit la complexité et la lourdeur administrative territoriale de la France : très grand nombre de communes, nombreux départements et régions… La loi NOTRe de l’Acte III de la décentralisation a donc engagé un processus de réduction des unités territoriales. Les régions, partie prenante de cet objectif, ont ainsi été réduites en nombre et passent de 22 à 13. 2. renforce les pouvoirs des régions. Si le nombre de régions diminue, leurs pouvoirs augmentent. Les élus des conseils régionaux disposent désormais de compétences nouvelles ou élargies en matière économique, financière et fiscale. Ce qui devrait permettre, du fait d’une plus grande proximité, d’améliorer l’efficacité des politiques régionales et de renforcer la démocratie locale.

- 145 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

3. reste en deçà de la décentralisation d’autres pays de l’UE. Le poids démographique des trois régions les plus peuplées d’Allemagne reste sensiblement plus important que celui des trois régions les plus peuplées de la France, alors que les principales régions françaises et italiennes sont désormais proches démographiquement. En revanche, les budgets des régions françaises restent très inférieurs à ceux des régions allemandes et italiennes : le budget la Bavière est 14 fois plus élevé que celui de l’Ile-de-France et celui de la Lombardie est 5 fois plus élevé. Autrement dit, un processus de décentralisation est réellement engagé en France mais il n’a pas pour autant détrôné le centralisme.

3. Question, p. 340 Montrez en quoi les mesures économiques et monétaires de la nouvelle gouvernance européenne, depuis 2008, traduisent un changement de cap de la politique économique de l’UE. Les difficultés économiques et sociales de l’UE s’expliquent par le choc de la crise financière de 2007-2008, mais également par des choix internes à l’UE, qui a durablement favorisé des politiques restrictives visant à garantir l’objectif prioritaire de stabilité des prix, avec pour conséquences un faible taux de croissance et un chômage élevé dans plusieurs pays membres. Face à ces difficultés persistantes, l’orientation des choix économiques et financiers de la nouvelle gouvernance européenne traduit clairement un changement de cap. En premier lieu, la priorité des priorités jusqu’ici attribuée à la lutte contre l’inflation est abandonnée, et ce pour deux raisons : d’une part le risque de déflation, d’autre part la nécessité de relancer la croissance et l’emploi. Concrètement, cela s’est traduit par une évolution de la politique monétaire de la BCE : – refinancement des États en difficulté ; – politique de taux d’intérêt bas ; – rachat des titres nocifs détenus par de nombreuses banques commerciales et renforcement du contrôle des institutions financières et bancaires. Le mécanisme de supervision unique (MSU 2013), qui est un dispositif de supervision des grandes banques de la zone euro par la BCE, est l’outil privilégié de cette évolution. - 146 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

En second lieu, les autorités des pays membres se sont engagées à renforcer la discipline budgétaire entre États membres et à mieux coordonner leurs politiques publiques respectives. Le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG 2013) – ou Pacte budgétaire européen – correspond au point d’orgue de ces engagements.

- 147 Chapitre 12 – Les différents niveaux institutionnels de l’intervention publique © Nathan

Chapitre 13 Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence Application 1. QCM, p. 374 1. La population active comprend :

 l’ensemble des personnes occupant un emploi.  l’ensemble des personnes occupant un emploi ou cherchant à en exercer un.  la population active occupée plus les retraités. 2. Les personnes appartiennent :

qui

travaillent

à

temps

partiel

involontairement

 au groupe des personnes employées.  au groupe des personnes au chômage.  aux deux groupes précédents. 3. La flexibilité numérique signifie que l’entreprise agit :

 sur les embauches et les licenciements en fonction de la conjoncture.  sur les qualifications des travailleurs.  sur les rémunérations des travailleurs. 4. La trappe à chômage désigne :

 l’impossibilité de sortir du chômage.  l’échec de la transition du chômage vers l’emploi pour les personnes peu ou mal qualifiées. - 148 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

5. La redistribution horizontale se donne pour objectif :

 la couverture des risques sociaux des individus quels que soient leurs revenus.  la réduction des inégalités sociales issues de la répartition primaire des revenus. 6. Pour les ménages, la réduction des écarts de revenus se mesure par la formule :

 revenu disponible = revenus primaires + prestations sociales – impôts.  revenu disponible = revenus primaires + prestations sociales – impôts – cotisations sociales.  revenus disponible = revenus primaires + prestations sociales – cotisations sociales. 7. L’assiette de l’impôt désigne :

 le mode de prélèvement direct ou indirect des impôts.  la base de calcul de l’impôt. 8. La courbe de Laffer explique que :

 les impôts sont toujours néfastes à l’efficacité économique.  plus les impôts sont importants plus la société est juste.  il existe un seuil d’imposition au-delà duquel les agents économiques renoncent à travailler davantage. 9. Actuellement, la politique de concurrence de la France dépend :

 du ministère de l’Économie et des Finances ;  principalement de l’Union européenne et partiellement des pouvoirs publics français ;  totalement de l’Union européenne. 10. La politique de concurrence de l’Union européenne est plutôt :

 libérale.  protectionniste. - 149 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

11. La politique de concurrence de l’Union européenne exerce son autorité sur :

 les États membres seuls.  les entreprises seules.  les entreprises et les États membres.

Application 2. Emploi, répartition, concurrence, p. 375 Les réponses aux questions posées ici doivent être précises et concises, être appuyées sur des développements et /ou démonstrations du chapitre. S’il s’agit d’une interrogation, indiquez d’abord le sens de votre réponse (par exemple oui ou non) puis proposez deux ou trois arguments clés justifiant votre choix ; S’il s’agit de trouver un exemple, proposez d’abord l’illustration de votre choix, puis montrez sa pertinence ; S’il s’agit d’une question plus ouverte reliant deux notions (par exemple : formation et chômage ; fiscalité et justice sociale ; hétérogénéité sociale des pays de la zone euro et principes de la concurrence européenne,….) choisissez un argumentaire montrant les liens qui existent entre les deux notions proposées, puis montrez les effets attendus d’une action sur l’une ou l’autre des notions. Thème 1 – Les politiques de l’emploi

1. La formation est-elle une solution au chômage ? Une des causes structurelles du chômage réside dans l’absence, la trop faible ou l’inadéquation de la qualification de certains agents économiques. Dans ces conditions, la formation – qui contribue à améliorer le capital humain des individus et leur adaptation aux évolutions du marché du travail – constitue une solution durable au chômage. Deux grandes voies permettent d’agir sur la formation : – une formation initiale performante durant l’ensemble du cycle d’études des élèves et des étudiants garantissant les parcours par des diplômes qualifiants et reconnus ; – une formation permanente tout au long de l’activité professionnelle des personnes, qu’elle résulte des entreprises ou des pouvoirs publics. L’articulation et la continuité de ces formations favorisent des gains d’efficacité et d’adaptabilité de la main-d’œuvre aux changements technologiques et organisationnels, et réduit l’interchangeabilité des employés par augmentation du capital humain et des savoirs tacites. - 150 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

Toutefois, pour être une composante nécessaire de la lutte contre le chômage, la formation n’est pas une condition suffisante du plein-emploi. La dévalorisation de certaines qualifications (paradoxe d’Andersen) et l’effet de dominance de la mobilité sociale sont autant de facteurs de fragilisation d’une partie de la main-d’œuvre. Enfin, le chômage résulte également d’évolutions macroéconomiques (comme les cycles de croissance et de crise et l’évolution de la productivité des facteurs), d’évolutions politiques (comme la durée du travail) et d’évolutions démographiques. 2. Quelles sont les catégories sociales les plus touchées par le chômage en France, comment expliquez-vous ces situations ? Les catégories sociales les plus touchées par le chômage sont les jeunes, les femmes et les personnes non, peu ou mal qualifiées. Ces critères sociodémographiques et de qualification peuvent se croiser et produire des effets cumulatifs pour les sous-groupes concernés. Ainsi, une jeune femme non qualifiée est plus fortement désavantagée face à l’emploi. Une étude plus fine du marché du travail en France montre également des problèmes de chômage pour les seniors, et ce d’autant plus qu’ils sont faiblement qualifiés. Concernant l’âge, la situation de l’emploi, relativement moins bonne, des jeunes et des seniors s’explique par certaines des caractéristiques du marché du travail en France, et notamment par l’inégale répartition des emplois largement concentrés sur la tranche d’âge des 27 à 55 ans. Par ailleurs, la forte productivité du travail en France accentue encore le phénomène, d’autant que cette dernière, contrairement à de nombreux autres pays développés à économie de marché (États-Unis, Japon…) concerne l’ensemble des secteurs d’activité, qu’ils soient exposés ou non à la concurrence internationale. Les inégalités d’accès à l’emploi touchant la population féminine s’expliquent principalement par des raisons de discrimination sociale et politique. 3. Pourquoi le diplôme protège-t-il, dans une certaine mesure, du chômage ? Le diplôme protège du chômage parce qu’il constitue pour les employeurs une garantie contre le risque inhérent à toute embauche.

- 151 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

Il renseigne partiellement sur le niveau de formation et de qualification acquis par l’individu qui le présente et permet de réduire l’incertitude quant à ses compétences. Lorsqu’une personne postule à un emploi, elle peut avancer un certain nombre de qualités concernant son engagement professionnel futur que l’employeur n’est pas en mesure de vérifier. Il y a, dans ce cas, une asymétrie d’information que l’employeur cherche à corriger ou à réduire. Le diplôme constitue l’un des moyens dont il dispose pour réduire cette asymétrie d’information. Toutefois, cette analyse doit être nuancée : le diplôme remplit d’autant mieux son rôle de signal auprès des employeurs qu’il correspond aux domaines porteurs de l’activité économique et aux services professionnels recherchés par les entreprises. En ce sens, l’action des pouvoirs publics peut contribuer à réduire, d’une part, l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi et, d’autre part, le chômage des jeunes en favorisant les formations délivrant des diplômes dans des branches d’activité en forte croissance. 4. Qu’est-ce qui distingue les politiques keynésiennes et libérales de l’emploi ? Plusieurs critères permettent de distinguer les politiques keynésiennes et les politiques libérales de l’emploi : – le chômage keynésien peut être un chômage involontaire alors qu’il est généralement volontaire pour les libéraux. Cela modifie radicalement les politiques à mettre en œuvre ; – selon Keynes, les marchés peuvent être sous-optimaux alors qu’ils ne le sont pas pour les néoclassiques. Cela pose également la question de l’intervention économique et sociale de l’État dans des termes différents ; – selon Keynes, les marchés sont interdépendants, ce qui implique de lutter contre l’équilibre de sous-emploi en agissant sur le marché des biens et services et sur le marché monétaire. Pour les néoclassiques, les politiques de l’emploi doivent se concentrer sur le marché du travail et en particulier sur le coût du travail ; – pour Keynes, le travail n’est pas une marchandise, ce qui signifie que les politiques de l’emploi ne peuvent relever de la seule logique de marché, contrairement à l’approche libérale ;

- 152 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

– pour les libéraux, il existe un taux de chômage naturel correspondant au chômage qui n’entraîne pas la reprise de l’inflation, alors que dans la logique keynésienne, le plein emploi correspond au chômage frictionnel ou incompressible ; – enfin, la politique keynésienne de l’emploi nécessite une importante intervention économique de l’État, alors que pour les libéraux, l’intervention économique de l’État perturbe le marché et favorise le chômage. Thème 2 – Les politiques de répartition

1. Distinguez horizontale.

redistribution

verticale

et

redistribution

La répartition primaire des revenus exprime la contribution des facteurs à la production nationale et la distribution des revenus qui en résulte correspond au partage de la valeur ajoutée entre les différents agents économiques. La redistribution se situe donc en aval de la distribution des revenus. Elle décrit l’ensemble des actions des pouvoirs publics visant à modifier la répartition primaire des revenus afin de réduire les inégalités de salaire et de patrimoine qui en découlent. Cette redistribution peut prendre deux formes principales : – la redistribution verticale agit sur l’éventail des revenus qu’elle contribue à resserrer. Il s’agit donc de prélèvements sur les revenus élevés vers les revenus modestes. La fiscalité est un moyen privilégié de la redistribution verticale ; – la redistribution horizontale vise la couverture des risques sociaux auxquels sont exposés tous les individus indépendamment de leur niveau de revenus. C’est le système de protection sociale qui, via les cotisations sociales, permet la redistribution horizontale. 2. Une politique de répartition peut-elle favoriser la croissance économique ? Illustrez votre réponse. Par définition, une politique publique de répartition change la donne économique en ce sens qu’elle se traduit toujours par une modification, in fine, de la répartition des revenus.

- 153 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

Autrement dit, une politique de répartition peut se traduire par une variation de la consommation finale des ménages et/ou par une variation de la formation brute de capital selon qu’elle avantage les salaires ou les profits. Pour en juger, il convient de s’interroger sur la façon dont une politique de répartition déforme le partage initial de la valeur ajoutée dans un pays ou dans une branche d’activité. D’une manière générale, les politiques de redistribution répondent à deux motifs, souvent conjugués. Le motif économique correspond à l’utilisation des politiques de redistribution comme élément d’une politique plus large de relance économique. Ces dernières sont donc directement reliées à un objectif de croissance économique. Les politiques keynésiennes menées en France durant la période des Trente Glorieuses illustrent assez bien de telles politiques. L’action publique sur les faibles revenus permet de relancer la consommation finale du fait de la forte propension à consommer des personnes disposant de revenus modestes, cette consommation additionnelle se traduisant en demandes supplémentaires pour les entreprises, donc en nouveaux investissements et emplois pour y répondre, lesquels entraîneront, à leur tour, des consommations supplémentaires… Les politiques de répartition peuvent donc contribuer à enclencher des effets multiplicateurs favorables à la relance à court terme de la croissance économique. Dans ce cas, elles combinent des effets sociaux et de relance de l’activité. Dans d’autres cas, les politiques de répartition peuvent se donner pour objectif de relancer la croissance par l’augmentation de l’épargne (par exemple, en diminuant la pression fiscale). Dans ce cas précis, la politique de redistribution menée par les pouvoirs publics est moins prononcée puisqu’elle avantage les agents économiques détenteurs d’épargne et soumis à l’impôt sur le revenu. Les gains de croissance économique consécutifs à ces politiques de redistribution peuvent même creuser les inégalités sociales dans un premier temps, mais les réduire à terme du fait des retombées de la croissance. Leur logique est donc plus libérale. 3. Peut-on dire que la fiscalité directe est plus « juste » que la fiscalité indirecte en France ? La fiscalité directe française est une fiscalité sur l’activité économique et la production. Elle est progressive, c’est-à-dire que l’impôt à payer par les personnes est d’autant plus élevé que leurs revenus le sont ; c’est en ce sens que l’on parle de justice sociale. - 154 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

La fiscalité indirecte française est principalement une fiscalité sur la consommation. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est l’impôt le plus représentatif de cette fiscalité. Elle n’est pas progressive car elle est incluse dans le prix de vente des biens et services, qui est le même pour tous les acheteurs, indépendamment de leurs revenus. Autrement dit, la TVA incluse dans le prix d’un produit (par exemple, un CD ou une place de cinéma) n’est pas modulable d’un individu à l’autre. Dans la dernière période, l’impôt sur le revenu a connu divers mouvements contradictoires. D’abord, un allègement de la pression fiscale pour les plus favorisés avec la défiscalisation des successions et le bouclier fiscal (2008) qui a contribué à rendre la fiscalité directe moins juste, puis des mesures fiscales en faveur des plus modestes et des ménages à partir de 2015 : première tranche à 14 % (contre 5,5 %), allègement de 2 milliards d’euros bénéficiant à 8 millions de ménages. En 2016, le seuil de revenu à partir duquel un individu est assujetti à l’impôt sur le revenu des personnes physiques est de 9 700 € (contre 5 963 € auparavant). Il reste que, par-delà ces mesures fiscales liées aux cycles politiques, la fiscalité directe est plus juste que la fiscalité indirecte, du fait de la progressivité de l’impôt et parce que les faibles revenus ne sont pas soumis au paiement de l’impôt. 4. Quelles sont les caractéristiques du financement de la protection sociale en France ? En France, la protection sociale est assurée par des organismes sociaux qui protègent les individus contre les risques sociaux (vieillesse, maladie, famille, chômage…). Ces organismes sont gérés par les partenaires sociaux, c’est-à-dire les syndicats de travailleurs et le patronat, selon un principe de mutualisation des risques. Le financement de la protection sociale se fonde principalement sur le couple cotisations sociales / prestations sociales. Les cotisations payées par les individus ouvrent leurs droits d’assurés sociaux. Ces cotisations perçues par les organismes sociaux sont alors redistribuées sous forme de prestations ou de pensions à des bénéficiaires qui en ont besoin à un moment précis de leur vie (pension de retraite) ou imprévu (maladie, chômage…). Les prestations sociales perçues par les individus constituent des revenus indirects ou de transfert. Toutefois, l’importance des déficits sociaux depuis les années 1990 a nécessité des financements complémentaires. - 155 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

L’État a donc mis en place des impôts spécifiques, dont la contribution sociale généralisée (CSG) constitue un exemple marquant. Actuellement, les ressources de la protection sociale sont en progression constante afin de faire face à la croissance des dépenses dans ce domaine. Trois grandes catégories de ressources de financement coexistent : les cotisations sociales, les « impôts et taxes affectés », les contributions publiques de l’État. Dans la dernière période, on assiste à une diminution du poids des cotisations sociales, qui restent quand même la première source de financement, et à une augmentation de la part des ressources fiscales, liée notamment à la montée en puissance de la CSG. Cette évolution répond à la nécessité de ne pas faire peser le financement de la protection sociale sur les seuls revenus d’activité et de distinguer le financement des prestations relevant de la solidarité nationale de celles relevant de l’assurance. Thème 3 – Les politiques de concurrence

1. Une politique de concurrence peut-elle être protectionniste ? Stricto sensu, le protectionnisme signifie l’absence d’échanges d’un pays avec le reste du monde. Il s’oppose donc au libre-échange. Mais dans les faits, les situations de libre-échange et de protectionnisme absolus sont rares. Ce qui domine, ce sont des pratiques commerciales internationales qui montrent une concurrence caractérisée par un certain degré de libre-échange et de protectionnisme. En effet, une mesure protectionniste peut avoir diverses conséquences sur la décision d’une entreprise de se lancer dans le commerce international. Prenons l’exemple d’une taxe douanière mise en place par un pays A. Deux situations sont envisageables : – première situation : la taxe est suffisamment élevée pour annuler totalement l’avantage compétitif des firmes du pays B. Dans ce cas, la mesure protectionniste du pays A annule toute possibilité de gain à l’échange pour les entreprises du pays B. Le commerce international n’a pas lieu ; – seconde situation : la taxe n’annule qu’une partie de l’avantage compétitif des entreprises du pays B. Dans ce cas, les firmes de B réalisent un gain à l’échange et un commerce international peut se développer entre les pays A et B. Pour l’essentiel, le commerce international actuel est plutôt caractérisé par des situations qui s’apparentent à la seconde situation.

- 156 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

C’est la raison pour laquelle l’OMC a mis au point un Organe de règlement des différends (ORD) pour arbitrer les cas où la concurrence reste trop fortement marquée par des pratiques protectionnistes. Le mercantilisme moderne, en favorisant les exportations, y compris parfois en subventionnant les producteurs nationaux et en freinant les importations par des politiques restrictives, illustre assez bien de telles situations concurrentielles mitigées. Une politique de la concurrence peut donc inclure une certaine dose de protectionnisme. 2. Citez un exemple de politique commerciale stratégique qui oppose les États-Unis et l’Europe. La Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne et la politique agricole des États-Unis avec le Farm Bill constituent des exemples très représentatifs de politiques commerciales stratégiques qui opposent l’Europe et les États-Unis. On peut également citer la concurrence aéronautique à laquelle se livrent l’Europe et les États-Unis par l’intermédiaire des firmes Airbus et Boeing, un exemple de duopole stratégique. Une politique commerciale se définit par le fait que l’État soutient activement certaines entreprises afin de leur procurer un avantage concurrentiel international dans un contexte de concurrence imparfaite. Les moyens employés peuvent être ceux de la politique des changes pour faciliter les exportations, des taxes à l’importation pour compliquer l’entrée des produits étrangers, des subventions directes ou indirectes pour renforcer les avantages compétitifs des firmes ou des champions nationaux. Le terme « stratégique » signifie que les mesures prises par les pouvoirs publics sont fonction de celles des entreprises concurrentes visées. Deux objectifs peuvent être recherchés : d’une part, veiller à ce que les formes de protection mises en œuvre ne fassent pas perdre le marché disputé au profit d’autres concurrents potentiels ; d’autre part, faire en sorte de favoriser au maximum les gains des producteurs nationaux. 3. La Politique agricole commune (PAC) confirme-t-elle les orientations dominantes de la politique de concurrence de l’Union européenne ? Tout dépend de la période retenue. À ses débuts, la construction européenne se fait à partir d’une union douanière et d’une politique de la concurrence dont le tarif extérieur commun et la préférence communautaire en matière - 157 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

de commerce international constituent les éléments décisifs. Dans cette optique, la Politique agricole commune (PAC), mise en œuvre en 1962, se fixe pour objectifs de permettre à l’Europe d’accéder à l’indépendance alimentaire et de disposer d’une agriculture modernisée, performante et productive, grâce à de fortes protections communautaires. Il est donc possible d’avancer que la PAC est assez représentative des finalités relativement protectionnistes de la politique de la concurrence des débuts de l’Europe. Toutefois, la situation a nettement changé depuis, et le commerce international préconisé par la politique de la concurrence européenne est maintenant bien plus libre-échangiste, qu’il s’agisse des échanges intra- ou extracommunautaires. Dans ce contexte, les orientations de la PAC ont été durablement protectionnistes, voire parmi les politiques agricoles les plus protectionnistes du monde avec celle des États-Unis. Cela est d’ailleurs à l’origine des échecs des négociations commerciales multilatérales de Cancun et de Hong Kong en 2003 et 2005. Depuis la réforme de 2013, la situation s’est modifiée et le protectionnisme de la PAC est en recul : – le montant des aides allouées à la PAC par le budget européen a été réduit de 12 % (373 milliards) pour la période 2014-2020 et représente aujourd’hui 38 % (contre 70 % dans les périodes antérieures) ; – la PAC n’est plus une compétence exclusive de l’Union mais est désormais une compétence partagée avec les États membres, qui peuvent adapter leur agriculture aux contraintes de la concurrence internationale ; – les subventions accordées, moins orientées vers le productivisme, sont désormais soumises à des contraintes écologiques et environnementales ; – enfin, rompant avec le système précédent où 80 % des subventions étaient allouées à 20 % des exploitations, la nouvelle PAC prévoit une redistribution plus équilibrée entre pays membres (convergence externe) et entre exploitants dans chaque État membre (convergence interne). La tendance actuelle est donc à la réduction du protectionnisme de la PAC. Il reste que même si elle s’en rapproche un peu, la politique agricole européenne demeure assez éloignée des orientations très ouvertes de la politique de la concurrence européenne.

- 158 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

4. En quoi l’hétérogénéité sociale et fiscale des pays membres de l’Union européenne peut-elle contrecarrer les objectifs de la politique de la concurrence européenne ? L’Europe sociale n’a pas entamé significativement l’hétérogénéité des systèmes sociaux et fiscaux des pays membres. Cette hétérogénéité s’est encore renforcée avec les pays qui ont rejoint l’Union entre 2004 et 2013. Dans ces pays, le PIB par habitant est encore environ deux fois plus faible que le PIB moyen par habitant de l’Europe des Quinze, et le chômage et la pauvreté y sont plus préoccupants. La productivité du travail y est encore très faible, atteignant à peine 50 % de la productivité moyenne du travail de l’Europe des Quinze. Or, l’hétérogénéité sociale et fiscale des pays de l’Union européenne présente des risques susceptibles de mettre en cause certains principes fondateurs de la concurrence européenne. Le dumping social et fiscal représente la cheville ouvrière de cette dynamique contraire. Le dumping se définit comme l’ensemble des pratiques d’entreprises ou d’États permettant la vente à l’extérieur des biens et services en dessous de leur prix de marché dans le but de gagner des parts de marché et/ou d’acquérir une position dominante. À l’intérieur d’un ensemble régional, les pratiques de dumping social peuvent être définies comme des stratégies non coopératives afin de bénéficier d’avantages nationaux – exportations pour les entreprises, attractivité du territoire pour les investissements directs étrangers, emplois… – qui n’auraient pu être atteints dans le cadre du jeu politique commun. En conséquence, l’insuffisance d’harmonisation en matière sociale et fiscale constitue une condition d’apparition de pratiques de dumping. Les entreprises nationales et étrangères sont alors incitées à faire usage des retards sociaux et de différences fiscales pour améliorer leur position concurrentielle. Dès lors, le risque grandit de voir s’étendre une conception mercantiliste et agressive du commerce intracommunautaire, à l’exact opposé des objectifs de concurrence non faussée entre pays membres.

- 159 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

ENTRAÎNEMENT À L’EXAMEN, p. 376 1. Dissertation, p. 376 Une économie sans répartition est-elle concevable ? Introduction L’échelle du sujet est macroéconomique, le vocable « économie » de l’intitulé s’adresse donc à l’économie d’un pays qu’on suppose démocratique. La répartition évoquée concerne la redistribution des revenus. La question posée interroge sur la soutenabilité politique d’une économie nationale qui fonctionnerait sans justice sociale (I), mais également sur l’efficacité présente et future d’une telle économie, privée des facteurs de croissance inhérents à la solidarité sociale et à l’intervention sociale des pouvoirs publics (II). Plan de développement : I. La justice sociale, une composante politique inséparable des économies modernes A. La justice sociale aux fondements des droits et capacités des acteurs économiques B. Justice sociale et bien-être social II. Justice sociale, intervention sociale de l’État et efficacité économique A. Justice sociale et externalités positives de croissance B. Intervention sociale des pouvoirs publics et efficacité économique présente et intergénérationnelle Conclusion Une économie sans répartition est inconcevable : – elle priverait la plupart des individus des droits fondamentaux d’une démocratie et, partant, de la possibilité et de la volonté, pour ces derniers, de mettre en œuvre leurs initiatives économiques ; – elle priverait la société des effets externes positifs de la justice sociale sur l’économie ; – elle ne permettrait pas de garantir les conditions intergénérationnelles de la croissance de long terme.

- 160 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

2. Étude de documents, p. 376 À partir des documents et de vos connaissances, indiquez : les secteurs les plus concernés par le développement du ecommerce ; les types de distribution touchés par la concurrence du e-commerce ; les interventions de la politique de concurrence pour règlementer cette nouvelle forme concurrentielle. Comme l’indique le premier graphique du document, les dépenses moyennes des acheteurs en ligne sont en progression constante depuis 2007. Pour autant, cette croissance ne touche pas l’ensemble des secteurs avec la même intensité. Le deuxième document indique au contraire de nettes différences : parmi les secteurs les plus concernés par le développement du e-commerce, le tourisme se détache nettement, avec plus de 30 % du chiffre d’affaires devant l’habillement/textile (10 % du chiffre d’affaires). De manière générale, les formes de distribution les plus sensibles au développement du e-commerce sont celles liés aux services, du fait de leur adaptation plus facile aux progrès de la numérisation et des coûts moindres liés à leur caractère intangible. Inversement, la distribution traditionnelle doit se moderniser en intégrant dans les relations B to C (relations entreprises – consommateurs) des formes adaptées au commerce en ligne. Le niveau de commerce en ligne devient de plus en plus un élément clé de la concurrence intra-branche et une source de croissance économique. Il importe donc que les pouvoirs publics, via la politique de concurrence, règlementent les innovations du e-commerce : d’une part, pour favoriser une diffusion loyale du e-commerce entre concurrents ; d’autre part, en sécurisant les achats des consommateurs (délais, qualité des produits, sécurité financière…).

3. Question, p. 276 Distinguez politiques actives et politiques passives de l’emploi. De manière générale, les politiques de l’emploi visent à mettre en œuvre des actions publiques afin de réduire le chômage ou de le prévenir. Elles s’adressent plus particulièrement à la population active inoccupée et aux populations exerçant des emplois fragilisés. - 161 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

Les politiques actives de l’emploi consistent en initiatives dont la finalité est à la fois d’apporter une aide financière aux personnes touchées par le chômage et de créer les conditions de leur réinsertion professionnelle. Les politiques passives de l’emploi ont pour objectif un traitement social du chômage, soit par des aides financières aux personnes en situation de chômage mais non assorties de programme de réinsertion, soit par sortie de la vie active, donc des statistiques du chômage. Les politiques actives de l’emploi sont donc des politiques visant à corriger des déséquilibres structurels du marché du travail. Les politiques passives de l’emploi sont des politiques d’indemnisation du chômage et/ou de réduction de la population active inoccupée. Les formations qualifiantes visant à réduire l’inadéquation entre emplois recherchés et emplois offerts et à améliorer l’employabilité des personnes sont des exemples de politiques actives de l’emploi. Les préretraites, les incitations à rester au foyer pour les femmes ou encore l’allongement du temps de scolarité sont des exemples de politiques passives de l’emploi. Le RSA est un exemple de politique de l’emploi qui articule des éléments de politique active et passive de l’emploi.

- 162 Chapitre 13 – Les politiques publiques de l’emploi, de la répartition et de la concurrence © Nathan

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