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LE NOUVEAU MANAGEMENT DE L’INFORMATION
Préface par Marc de Fouchécour Ce livre s’intéresse à nous dans nos habits de travailleurs, dans notre rapport à l’entreprise ou à l’organisation, en lutte avec l’information et son trop-plein. Tout le monde est concerné, car « [...] chacun est confronté aux mêmes problèmes lorsqu’il s’agit de gérer sa boîte aux lettres électronique, synchroniser ses terminaux ou mettre en place une veille personnelle. » C’est d’abord un voyage, fait de découvertes et de rencontres, de questionnements, d’émotions, de surprises. Je croyais bien connaître ces paysages souvent visités par de nombreux livres, articles, outils et méthodes, mais le regard de l’auteur les a éclairés différemment. Et comme dans le cas d’un vrai voyage, ce livre va vous changer, car il laisse la place à l’expression des différences de points de vue, voire des contradictions. Il respecte en cela la complexité et la dynamique d’un écosystème en évolution rapide, tout en poursuivant un but précis : nous donner les moyens de devenir meilleurs à la fois individuellement et collectivement. Car la nouvelle donne est bien là : il est possible d’être utile sans sacrifier son propre intérêt ou plaisir de travailler, d’être plus efficace personnellement tout en participant à l’intelligence du groupe. Dave Snowden, ancien directeur de l'institut IBM pour le knowledge management et actuel directeur du Cynefin affirme que « le rôle des services informatiques est de créer la connectivité entre les personnes ». C’est la clé du nouveau paradigme de l’entreprise 2.0 vers laquelle l’auteur nous guide : plus d’autonomie pour plus d’efficacité de la personne, plus de connexions entre individus pour plus d’efficacité collective. C’est donc la personne qui doit gérer comme elle l’entend son information et ses outils de traitement. L’organisation, le manager, le chef n’ont pas vocation à s’en mêler, à penser à notre place. Leur rôle est sur les objectifs, l’efficacité collective, et surtout d’assurer que la bande passante de la communication, c’est-à-dire la confiance, soit maintenue voire renouvelée.
7 Christophe Deschamps rappelle justement que Tom Stewart ne disait pas autre chose il y a déjà 10 ans. Ce qui a changé, et cet ouvrage s’en fait le témoin, ce sont les technologies, mais aussi leur adoption massive dans la sphère privée. Sommes-nous encore prêts, maintenant qu’on a goûté aux plaisirs et à l’utilité des outils de web 2.0 pour nous-mêmes, à subir le retard technologique et organisationnel de nos entreprises ? Rien n’est moins sûr. Comment faire alors, pour être meilleur ? Quelles aptitudes développer, et avec quels outils ? Retenez cet acronyme : les TIICC, c’est-à-dire le temps, l’identité numérique, l’information, le capital social et les compétences. L’avantage des technologies web 2.0 , c’est qu’elles sont faciles à utiliser, gratuites, ludiques. L’inconvénient, c’est qu’elles sont pléthoriques, changeantes, voire éphémères, qu’il est donc difficile de les choisir, et encore plus de les combiner entre elles, pour en faire le mashup fonctionnel et personnalisé dont vous avez besoin. Christophe Deschamps, s’il a beaucoup réfléchi sur les nouveaux défis des organisations et des travailleurs du savoir, est aussi pragmatique : dans ce domaine, la pratique est le ferment de la théorie, et c’est en faisant l’expérience des outils qu’on comprend leurs impacts. Je ne veux pas retarder votre découverte de ce livre, mais je ne peux m’empêcher de dire ici combien je suis d’accord avec lui quand il écrit qu’il est vain d’essayer de ressusciter le knowledge management (KM) en lui accolant le suffixe 2.0. Laissons le devenir ce qu’il a toujours été, c’est-à-dire du management de contenus, et adoptons, pourquoi pas, le concept d’entreprise 2.0. Christophe Deschamps a le sens de la complexité sans jamais céder à la seule théorie. Il sait qu’un système compliqué se démonte, et qu’un système complexe s’apprivoise. D’ailleurs l’entreprise 2.0 n’est-elle pas celle qui prend en compte la complexité du monde, quand l’entreprise classique affronte sa complication ? Ce livre n’est pas une suite ordonnée d’assertions logiques, mais un lent apprentissage d’une réalité nouvelle, où le jour d’après donne du sens à ce qu’on a déjà vécu.
Marc de Fouchécour Professeur à Arts et Métiers ParisTech et directeur associé de Nextmodernity.com