L'auteur: Tifour Thameur
Introduction: Diachroniquement parlant, le problème de la spécificité de la communication littéraire a reçu des définitions diverses. De l’antiquité jusqu’au XVIIe siècle, le terme de « littérature » désigne une imitation du réel. Le concept du « beau » était placé au second plan. Ce n’est qu’au XIXe siècle où le terme « littérature » désignait « belles lettres ». Le passage d'une histoire strictement normalisée à un autre modèle narratif qui s'oppose à cette standardisation était difficile. Après une longue guerre de réflexion, le monde a reçu le nouveau né de la littérature (le Nouveau Roman) en 1953 environ avec l'œuvre intitulée "les Gommes" de Alain RobbeGrillet et celle de Nathalie Sarraute "Marterau". Nous pouvons citer quatre fondateurs de cette révolution littéraire : Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Nathalie Sarraute et Claude Simon. Leurs romans se présentent aux Éditions de Minuit. Le terme de "Nouveau Roman" met en lumière la volonté de renouveler la pensée créatrice de la littérature et remettre en cause les concepts fondamentaux du roman traditionnel avec la parution du livre "Pour un nouveau roman" de Alain Robbe Grillet. De ce survol historique, notre recherche sert à résumer le livre d'Alain Robbe Grillet en détectant les caractéristiques du nouveau roman. Les caractéristiques du nouveau roman: 1- La mort du personnage traditionnel Les novateurs refusent le protagoniste (personnage) traditionnel, déterminé par son statut social, ses caractères physiques ou morales, son appartenance sociale, etc. ce refus est le socle de la mort de l'héro dans la mesure où sa catégorie communautaire sert à donner de la vraisemblance au réel et à l'authenticité descriptive. En lisant les romans contemporains tels: « La Nausée » de Sartre, « L'étranger» de Camus, on constate l'absurdité derrière la disparition du personnage et l'incertitude de la réalité, ce qui explique le renouvellement de la relativité littéraire. 2- Refus de l'intrigue classique Un tel conflit entre le héro et les opposants suppose un nœud qui se déclare par la présentation d'un défi narratif et un rapport de contrariété (échec/gain). Une œuvre littéraire n'a en effet pas pour objectif de remémorer des actions passionnantes en donnant le fourvoiement du tangible. Un roman est l'aventure d'une écriture et non l'écriture d'une aventure pour utiliser l'expression de Ricardou. L'écriture est donc une fin et non un procédé. Selon Robbe-Grillet, de nombreux critiques, disciples du roman classique, ne font rarement report à l'écriture d'un roman et favorisent faire tacite à la fantaisie du livre. Une oeuvre sera souvent jugée philanthrope s'il invoque un récit fascinante: celle-ci, aux yeux de cette même critique, doit donner l'illusion du réel (le romancier traditionnel donne l'illusion au co-crétaeur que les actions des protagonistes sont authentiques, fait apparenter son histoire à l'idée préexistante que les évènements appartiennent au réel). La littérature traditionnelle doit à la fois prélever et consoler le lectorat qui y distinguera ses marques communes. Cependant, pour Robbe-Grillet, le vrai écrivain est celui qui crée le monde de son récit par le seul pouvoir du verbe sans reproduire le réel comme tel (un miroir de la société) car la littérature est une diction et une fiction. Le récit traditionnel fait appel à l'aspect chronologique des actions (un système
1
stable), la cohésion et la cohérence textuelle, facile à décrypter. Selon Robbe-Grillet, l'écriture de Balzac, à travers "la comédie humaine", représente la voie la plus stable pour une lecture linéaire. Parmi ses techniques rédactionnelles, on peut citer l'utilisation du passé simple (un temps d'action), l'imparfait (le temps de la description) et l'emploi du pronom personnel "Il" tandis que le monde est en état de changement permanent. La linéarité du nœud mène à la découverte directe du dénouement et les opposants du protagoniste (notant que dans ces histoires, l'héro est toujours gagnant). Contrairement à Flaubert, Proust, Faulkner et Beckett; les défis, selon Robbe-Grillet, ont commencé à changer. Les objets ont le droit aussi d'exister suivant une norme narrative pertinente. Le statut de l'intrigue a subi un certain videment notionnel dans la mesure où le caractère de la linéarité est changé du conflit normal entre deux opposants au conflit même des adjuvants. Une intrigue sous-tend sous les effets de sens produits par le mouvement de mots. 3- Refus de la notion d'engagement La didactique a pris une grande valeur dans les romans traditionnels. Ses partisans la prennent en faveur pour défendre une doxa, une idéologie ou encore de faire révolutionner les pauvres tel que le roman de Zola "Germinal". Cet engagement de la littérature a fait couler d'encre non seulement au niveau des critiques mais plutôt à celui des novateurs. La littérature est en fait le résultat de la négociation du sens entre l'inspiration et la langue. La littérarité a perdu sa couleur en défendant une cause ou une partie politique. Ce passage littéraire de l'humanitaire à l'idéologie a cassé ce miroir qui représente la réalité sociale. 4- La description et le temps dans le récit moderne Comme nous le savons, la description joue un rôle primordial dans le récit traditionnel (Les romans de Balzac). Ce choix descriptif comme élément décorateur de l'histoire et de la préparation des personnages aux actions semble relégué par les nouveaux romanciers. Ce dernier peut être expliqué par la façon de décrire et "le libre choix donné à l'écrivain" ditRobbe Grillet pour traduire son inspiration en création artistique. Une description linéaire mène inéluctablement à une fin préexistée tout en donnant une certaine stabilité et chronologie à l'histoire. Tout est donc conçu pour faire bouleverser la cohérence, la stabilité et la lisibilité du monde représenté par le roman bourgeois de type balzacien
2