Les Aliments Mash

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Bulletin d’information de l’Association Régionale Pour l’Expérimentation Bovine.

Septembre 2003 Numéro 62

OGNOAS FLASH Les aliments « mash » . Evaluation technique et économique en production laitière bovine.

L

Sommaire : • Compositions des aliments mash pages 2 à 4 • Valeurs nutritives

pages 4 à 6 • Réponses zootechniques pages 7 à 10

• Réponses économiques pages 11 à 12

es modes d’alimentation des vaches laitières évoluent avec le temps. Les ressources fourragères sur les exploitations étaient encore très diversifiées il y a seulement un demi-siècle : prairies naturelles (pâturées ou fanées), artificielles (à base de trèfles violets, incarnats ou luzerne…), betteraves et autres crucifères (navet, choux ou colza). Depuis, dans les contextes favorables , le maïs fourrage s’est développé et a permis la simplification du système fourrager et la mécanisation ; la formule « maïs ensilage complémenté avec du tourteau de soja » s’est largement imposée en période hivernale mais aussi de plus en plus en saison de pâturage. Les modes d’apport se sont aussi orientés vers la ration plus ou moins complète mélangée mécaniquement. a simplification du travail et la réduction de la taille du troupeau pour un même droit à produire sont plus que jamais les objectifs re-

L

cherchés. L’augmentation de la productivité individuelle par optimisation des apports nutritionnels est une des voies choisies par beaucoup d’éleveurs. Leur souci est de mettre en pratique les connaissances nutritionnelles acquises ces 20 dernières années, cela pousse à une utilisation de nombreux aliments et, du

du mélange qui reste un concentré protéique avec une bonne concentration énergétique. La dilution énergétique induite par l’apport de fibres est compensée par l’apport de lipides potentiellement très énergétiques. es mélanges que l’on appellera « mash » mériteraient d’être plus précisément appelés MACAF : Mélange d’Aliments Concentrés, Azotés et Fibreux. ace au succès de ces formulations et aux nombreuses interrogations d’ordre technicoéconomiques des éleveurs, les professionnels de l’élevage laitier du Sud Ouest ont demandé à l’ARPEB et à l’Institut de l’Elevage d’évaluer ces aliments en production laitière bovine. e bulletin vous livre les résultats de cette première évaluation.

C

F

coup, la gestion fermière des stocks coûte cher et exige du temps. Il y a alors contradiction avec la volonté de réduire le temps de travail. es fabricants d’aliments ont perçu cette contradiction et proposent depuis quelques années des mélanges (mash) composés, concentrés et fibreux, correcteurs protéique et minéral. a nouveauté technico-commerciale est dans le caractère fibreux

L L

C

Page 2

Ognoas Flash n° 62

Le dispositif mis en place Trois traitements

Trois traitements alimentaires ont été mis en place sur 3 x 21 vaches en début de lactation (après 3 à 5 semaines de lactation en guise de pré-expérimentation). Le dispositif expérimental est du type « blocs complets équilibrés ». — Traitement « témoin » correspondant à une pratique courante des éleveurs, techniquement bien évaluée. — Traitement « mash 1 » avec du Pro Régal de Landal M Maïsadour aïsadour. aïsadour . — Traitement « mash 2 » avec un aliment de fabrication espagnole. espagnole La démarche expérimentale n’est pas une démarche analytique (variations alimentaires mono factorielles contrôlées). C’est une démarche globale sur les concepts d’alimentation (modes d’emplois préconisés).

• « Témoin » ensilage de maïs ad libitum, foin de luzerne, concentrés protéiques et de production, AMV • « Mash 1 » ou « 50/50 » concentré « mash 1 » mélangé à raison de 50 % avec de l’ensilage de maïs . Le tout est distribué à volonté. Du foin et du concentré de production (pour les productions supérieures à 35 kg). • Mash 2 ou « 67 / 33 » concentré « mash 2 » mélangé à raison de 67 % avec de l’ensilage de maïs (33 % du poids sec).

3 x 21 vaches laitières en début de lactation ont servi à déterminer

Les compositions des aliments mashs utilisés.

les valeurs alimentaires des aliments mash.

La formulation en matières premières est variée pour les 2 mashs : 10 à 11 types d’ingrédients. Celle du mash 1 nous a été confirmée par le fabricant, tandis que celle du mash 2 ne nous l’a pas été . Elle a, uniquement, été estimée par séparation microscopique. Le pré mélange du mash 1 contient de la mélasse (2%), de l’huile de palme (0,5%), de l’urée (0,5%) et des minéraux vitamines. Le pré mélange de mash 2 doit contenir de la mélasse, acides aminés protégés, et autres minéraux et tampons

En % MS

Mash 1

Son de blé

7

Maïs grain

13,5

Corn gluten feed

Mash 2

4

16

Corn distillers

23

T de soja

18

pulpes

2

Graines de colza

2

13

palmistes

5

T de coprah huileux

12

Graine de coton

14

15

luzerne

20

26

Pré mélange et autre

7,5

2

Tableau 1 : formulation des mashs

Page 3

Ognoas Flash n° 62

Les ingrédients communs aux deux « mashs ».

10 à 12 aliments différents composent les mashs étudiés dont du foin de luzerne : le seul pourvoyeur en fibre physique.

Les graines de coton (GC): (GC) Elles sont délitées et ont été incorporées à raison de 14 et 15 % . Elles sont à l’origine de l’essentiel de la matière grasse (44%) avec une forte proportion d’acide gras (AG) longs insaturés (C18=2). La protection des lipides dans le rumen par l’enveloppe de la graine entière est jugée moyenne . Ces seuils d’incorporation dans les mashs ont été raisonnés en fonction de l’apport lipidique à ne pas dépasser dans la ration.(6 %). Le seuil éventuel lié au gossypol est au delà des taux d’incorporation pratiqués. Ce produit est assez variable mais il est économique, il permet de constituer un aliment énergétique relativement riche en fibres. La GC apporte 19 à 20 % des protéines des mashs avec

une dégradabilité assez élevée (DT de 70 à 72%). Le foin de luzerne (FL): (FL) est la matière première la plus incorporée : 20 % pour le « mash 1 » et environ 26 % pour le « mash2 ». Un FL de qualité correcte (19 à 20 % de MAT) apporterait respectivement 18 et 21 % des MAT du mash1 et du « mash 2 ». Le FL est la principale source de fibre physique . La maîtrise de la qualité, de hachage et de son mélange reste un point clef de la valeur alimentaire des aliments mash. Le tourteau de soja (TS) : est en plus forte quantité dans le « mash 1» (18%) que dans le « mash 2 » (13%). Il apporte respectivement 35 et 23 % des MAT des mashs. Ce tourteau est réputé pour sa bonne valeur énergétique et sa faible fibrosité. La

teneur en azote peut être élevée et sa dégradabilité est jugée bonne et adaptée au rationnement des vaches laitières par du maïs fourrage. Si la teneur en lysDI est bonne, celle en methDI est faible. Les profils d’AG sont longs et insaturés. Le maïs grain (MG): (MG) Est en plus forte quantité dans le « mash1 » (13.5%) que dans le « mash 2 » (4%), il apporte 60 % de l’amidon du « mash 1 » et 28 % de l’amidon du « mash 2« . Le maïs grain est le principal pourvoyeur en amidon à dégradation lente. La mélasse : est un facteur d’appétence et apporte des sucres solubles rapidement dégradables.

Les ingrédients propres au « mash 1 ».

La réglementation sur les aliments composés du commerce est aussi appliquable aux mashs. La traçabilité reste toujours une exigence.

Le corn gluten feed (CGF): (CGF) est apporté à raison de 16 % dans le « mash 1 » ; il apporte 20 % de l’amidon (plus rapidement dégradable que celui du maïs grain) et 14 % des MAT. Le son de blé (SB): (SB) Incorporé à raison de 7 % dans le « mash 1 », il ap-

porte 10 % de l’amidon avec une dégradabilité assez rapide dans le rumen. L’huile de palme apporte , entre autre, des acides gras longs saturés (C16=0) pour lesquels c’est un des principaux pourvoyeurs du « mash1 » Mais il apporte aussi des AG mono insaturés

(C18=1). L’éventuelle protection de cette matière grasse n’a pas été déterminée. L’urée, L’urée est en faible quantité (0.5 %), elle permet de pourvoir la ration de mash 1 en azote rapidement fermentescible.

Les ingrédients propres aux « mash 2 ». Les corn distillers (CD)): (CD)) sont des drêches et des solubles de maïs déshydratés. Incorporés à raison de 20 à 25 % dans le « mash2 », ils apportent 23 à 25 % des MAT avec

une DT lente de l’ordre de 55 %. Ils possèdent un peu d’amidon assez rapidement dégradable dans le rumen mais très peu de sucres solubles et de cellulose. Ces CD sont de

composition très variable et dépendent beaucoup du process de l‘industrie amidonnière d‘origine. L’approvisionnement en cette matière est jugé (Suite page 4)

Page 4

Ognoas Flash n° 62

(Suite de la page 3)

aléatoire en France. Le tourteau de coprah hui huileux (TCH): (TCH) incorporé à raison de 10 à 13 % dans le « mash 2 »; il couvre 10 % de l’apport en MAT ; il apporte aussi environ 15 % de matière grasse (MG) dont la particularité est la teneur en AG saturés

(C12:0 et C14:0) et en AG courts (de C6 à C10). Le tourteau de palmiste (TP) : avec un taux d’incorporation de 5 % environ, a aussi la particularité de pourvoir en AG courts et en protéines à faible DT (43 % environ). Sa participation dans la MAT reste de l’ordre de 6 %.

Autres matières premièpremières: res La composition du noyau du pré mélange ne nous a pas été communiquée. Des granules blanches ont été observées : il s’agit sans doute d’acides aminés protégés.

Les valeurs énergétiques des aliments « mash ».

Comme pour les aliments composés classiques, la digestibilité des mashs dépend d’abord de la teneur en lignine. Reste à savoir si le critère « parois totales » est pertinent pour ces mélanges concentrés, fourrages et huiles végétales.

Ces aliments mash sont des aliments secs, dont la conservation ne pose pas de problème. Néanmoins la présentation vrac peut capter l’humidité de l’air ou l’écoulement de sa condensation sous les charpentes. Les critères intervenant dans la valeur énergétiénergétique. Les teneurs en ADF et cellulose sont sensiblement les mêmes. Par contre les teneurs en parois totales (NDF) et lignine (ADL) les différencient. Le « mash 1 » est plus pauvre en parois car il comporte moins de foin de luzerne que le « mash2 ». Cet écart provient aussi de la moindre utilisation de tourteau de soja (faible en NDF) dans les formulations du « mash2 » au profit de matières premières plus riches en parois : Corn distillers et T de coprah et de palme . Ces mêmes raisons influencent aussi la teneur en lignine un peu plus forte dans le « mash2 ». Les teneurs en MG sont légèrement plus élevées dans le « mash 1 » (0.8 points p-cent). L’énergie brute est donc quasiment la même pour

En p-cent MS

Mash 1

Mash 2

M sèche

90,8

89,5

M minérales

9,2

10,4

MAT (N*6.25)

22,3

24,6

Solubilité azotée %

29,1

17,9

DE 1 sur MAT (Aufrère)

39,8

29,4

Cellulose brute (Weende)

14,2

13,8

M grasses

6,8

6,0

Amidon (Ewers)

15,1

9,6

Sucres

6.3

6.0

NDF vs

35,8

40,4

ADF vs

19,7

19,9

ADL vs

3,9

4,4

Lysine totale

0,98

1,06

Méthionine totale

0,30

0,41

P

0,63

0,55

Ca

1,50

1,38

Na

0,42

0,55

Tableau 2 : composition nutritive des mashs les 2 « mashs » : environ 4990 kCal/kg MO. L’énergie digestible est différente d’un « mash » à l’autre du fait d’une digestibilité (d MO) prédite moindre du « mash2 ». Rappelons que les parois

totales (NDF) et la lignine (ADL) influencent négativement la digestibilité. Si l’on prend en compte la lignine, NDF et l’ADF, l’écart de dMO est estimé à 2,6 points au détriment du « mash 2 » .Si l’on ne prend

Page 5

Ognoas Flash n° 62

(Suite de la page 4)

ble, métabolique et nette.

en compte que la lignine, cet écart n’est que 1,2 points. Une des conclusions des résultats zootechniques sera de ne prendre en considération que le critère ADL pour le calcul de l’énergie digesti-

L‘énergie ‘énergie nette des mashs la plus plausible serait de 0,96 UFL / kg de MS pour le « mash 2 » et de 1,0 UFL pour le « mash

1 » , ceci en ne prenant en compte que la lignine.

.kCal / kg de MO

Mash 2

Mash 1

Energie brute

4997

4987

Les conditions de prévision de la valeur

Critères retenus

ADL / NGF/ ADL (1)

ADL (2)

ADL / NGF/ ADL (1)

ADL (2)

.dMO %

74,3

76,8

71,7

75,4

Energie digestible ED

3711

3837

3575

3760

EM/ED

0,80

0,80

0,80

0,80

Energie métabolisable EM

2984

3063

2848

2992

.q .k

0,60 0,61

0,61 0,61

0,57 0,60

0,60 0,61

Energie nette EN

1820

1868

1708

1825

UFL /kg de MS

0,97

1,00

0,90

0,96

énergétique des mashs devront sans doute être précisées.

Tableau 3 : Valeurs énergétiques des « mashs« ». (1) équations h et e équations a et b des aliments concentrés composés de Giger et al, 1990.

La composition des sucres et des matières grasses différencient les aliments « mash » étudiés.

Dégradabilité des am amiidons. dons Les teneurs en amidons du « mash 1 » sont plus importantes que celles du « mash 2 » : 15,1 % vs 9.6 %. La fraction rapidement dégradable (a) est de l’ordre de 36 % pour le « mash 1 » et de 40 % pour le « mash 2 ». . Cet écart n’est pas jugé très important, car, malgré tout, le « mash 1 » apporte plus d’amidon rapidement dégradable que le « mash 2« . Les glucides fermentescibles et les amidons bypass seront raisonnés par rapport à la ration totale. Teneurs en matières

gras grasses (MG) et acides gras (AG). Les teneurs en MG ne sont pas très différentes d’un mash à l’autre (6,8 % et 6% de la MS). La proportion d’AG saturés est significativement plus importante dans le mash2 que dans le mash 1 (42,7% vs 26,6%). Cette différence provient essentiellement des C12 (A laurique provenant du T de coprah et du palmiste). Les AG courts (C<12) sont aussi à l’origine de cette saturation. Pour le « mash1 », c’est l’huile de palme qui apporte majoritairement les AG saturés. (C16=0).

A l’inverse, les AG mono ou polyinsaturés (AGPI) sont plus fréquents dans le « mash 1« ». Les graines de coton (riches en C18=2) ne sont pas à l’origine de cet écart. Le son de blé, le maïs grain, la graine de colza et l’huile de palme sont à l’origine de cet insaturation plus élevée du « mash 1« . Les AG courts sont quasiment absents du « mash1 » alors qu’ils sont présents dans le « mash 2« (4,6 % de C<10). Les T de coprah et de palmiste sont à l’origine de cette différence. La teneur en C18=3 par (Suite page 6)

Page 6

Ognoas Flash n° 62

(Suite de la page 5)

La teneur en matières azotées du « mash2 » est jugée élevée

rapport aux C18=2 sont de 3,1 pour le »mash 1 » et de 3,8 pour le « mash2 ». Il y a peu de chance que cela se répercute sur les rapports ω3/ω2 des produits laitiers.

En % des AG

Mash 1

Mash 2

MG totales % MS

6,8

6,05

AG saturés

26,6

42,7

AG mono insaturés

19,8

16,0

AG poly insaturés

53,7

41,3

0

4,6

A linoléique (C18=2)

52,10

39,80

A linolénique (C18=3)

1,60

1,50

AG courts C<10

Tableau 5 : composition en acides gras des mashs.

Les valeurs azotées des aliments « mash ».

Les valeurs nutritives des mashs sont à vérifier pour chaque nouvelle formulation commercialisée.

Ces 2 aliments diffèrent par la teneur en MAT (1,3 points de plus pour le « mash 2 »). Ce dernier a la MAT la moins soluble et avec une dégradabilité plus faible que le « mash 1 » (10 à 11 points de moins pour chacun des critères) . Il en résulte une dégradabilité théorique (DT) de 69 % pour le « mash1 » et 60 % pour celle de « mash 2 ». Déterminées de façon additive à partir des matières premières incorporées dans chacun des aliments, les valeurs de MAT seraient les mêmes que celles obtenues au laboratoire, les DT seraient un peu plus faibles : 65 % pour le « mash 1 » et 55 % pour le « mash 2 », et in fine les PDIE ne seraient plus faibles que de 10 % par rapport aux résultats du tableau 6. Les compositions estiestimées en Acides aminés digestibles (AADI). Seules les teneurs en lysine et méthionine totales ont été déterminées analytiquement ; il en résulte des valeurs supérieures pour le « mash2 » de 0,8 g/kg pour la lysine

et de 1 g/kg pour la méthionine. En calculant les teneurs en AADI (en % des PDIE), pour les 2 mashs, sans supplémentation, les teneurs en LysDi et methDi seraient plus faibles que les recommandations INRA (7,3 % des PDIE pour la LysDi et 2,5 % pour la methDi) (cf tableau 7). Or, le « mash2 » a eu une

supplémentation ; la quantité ne nous a pas été communiquée. Le « mash1 » a donc un handicap nutritionnel de ce point de vue par rapport à « mash2 ».

Mash 1

Mash 2

% MAT (N T K)

22,3

24,6

Solubilité en %

29,1

17,9

DE1 en % (1)

39,8

29,4

DT en % (2)

69,1

60,0

PDIA g/kg de MS

66

94

PDIN g/kg de MS

150

173

PDIE g/kg de MS (3)

125

154

Lysine Di % PDIE

6,6

6,3

Methionine Di % PDIE

1,8

1,8

Tableau 6 : valeurs azotées des mashs. (1) DE1 dégradabilité enzymatique Aufrère 1989 (2) DT = 0.87 DE1 + 0.345 (3) le calcul ne tient pas compte de l’éventuelle pénalisation liée aux MG

Page 7

Ognoas Flash n° 62

La granulométrie des mashs et des rations.

La granulométrie des rations mash est fine mais reste au dessus du seuil d’efficacité de 4 mm en diamètre médian.

La mesure de la granulométrie des mashs n’est pas facile à réaliser du fait du mélange d’aliments concentrés classiques (farine, miettes, condensés en bouchons) et de foin de luzerne haché.

Avec la méthode ARVALIS, nous l’avons néanmoins estimée. Il est apparu que le « mash2 » est plus fin que le « mash1 ».Le diamètre médian (D50) du mélange avec l’ensilage de maïs est d’environ de

4,2 mm pour la ration « mash2 », 4,9 mm pour «mash1 » et 6,3 mm pour le témoin.

Les modalités alimentaires et les ingestions

Les ingestions des rations avec les mashs ont été supérieures de 10 % à celles de la ration classique témoin.

Les niveaux d’ingestion totale sont élevés et similaires pour le lot « mash1 » (26,45 kg MS/v/j) et le lot « mash2 » (26,34 kg). Le lot témoin est en retrait significatif de 2,3 kg de MS/v/j par rapport aux lots « mashs ». L’ingestion de cette ration « témoin » est pourtant en parfaite cohérence avec les très nombreuses références connues sur ce type de ration. Au moins 5 causes différentes peuvent expliquer l’effet positif des rations « mash » sur l’ingestion. -1- Les teneurs élevées en MS des aliments distribués à volonté améliorent l’ingestibilité : — E de maïs + mash 2 : 60 à 62 % de MSc — E de maïs + mash 1: 49 à 51 % MSc — E de maïs témoin : 36 % de MSc. -2- La multiplicité des aliments proposés à volonté suscite la consommation : — modalité « mash 2 » : 11 aliments différents — modalité « mash 1 » : 9 aliments différents — modalité « témoin » : 1 seul aliment. -3- Les granulométries fines des mashs favorisent l’in-

Kg de MSc/v/j

Mash 2

Mash 1

témoin

Nombre de semaines

16

16

16

Nombres de blocs (vaches)

21

21

21

Mélanges — E de maïs — Mash

8,83 17,53

12,76 12,36

17,39 0

C protéique

0

0

2,68

C de production

0

1,06

1,96

Foin de luzerne

0

0

1,74

Foin de graminée

0

0,27

0

AMV

0

0

0,30

Total kg MSci : v/j

26,34

26,45

24,07

En % poids vif

3,79

3,68

3,49

Tableau 7 : Les ingestions moyennes gestion. -4– L’appétence des matières premières et la présence parfois élevée de sodium contribuent à ce phénomène. -5– L’effet « ration complète » est connu pour être mieux ingérée de 1 kg de MS/v/j environ (toute chose égale par ailleurs). In fine, malgré la présence de foin de luzerne ,

l’encombrement des présentations mash est proche des concentrés composés sans fibre. Les durées d’ingestion et de rumination devraient être nettement plus faibles que celles du maïs ensilage en plat unique.

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Ognoas Flash n° 62

Les productions laitières et la composition des laits.

L’augmentation de la production laitière permise par le « mash2 » a été de 10 % par rapport à celle du « témoin »

Les productions laitières brutes, brutes corrigées des biais de pré – expérimentation par analyse de covariance , sont de 34,4 kg/v/j pour le lot « mash2», soit 0,8 kg de plus que la moyenne du lot « mash1 » et 2,7 kg de plus que le lot «témoin». L’effet traitement alimentaire est hautement significatif sur la production laitière des 2 lots « mash » par rapport à celle du témoin. Cet effet est similaire, quelque soit le rang de lactation (multipare / primipare), la fraîcheur en lait et le niveau de production en général. Il n’y a pas d’interaction avec ces paramètres. Les taux butyreux (TB) et les productions de mati matièères grasses (MG) La modalité alimentaire « mash 2 » a permis la production laitière la plus riche en MG à raison de 42,1 g/l soit 2 g/l de plus que le lot « mash1 » et 1,2 g/l de plus que le

témoin. Cet effet est d’autant plus significatif qu’il accompagne une production laitière du « mash2 » déjà plus élevée . La synthèse de MG du lait y est significativement plus importante que dans le « mash1 » : 1392 vs 1289 g/j. Comment expliquer ces difdifférences de TB ? L’hypothèse la plus crédible est celle des apports et de la composition des MG alimentaires. La seule teneur en MG des rations ne peut pas expliquer la totalité des écarts de MG du lait ; notons que les différences de taux de MG des rations s’inversent par rapport à celles entre mashs : (4,4 % pour le « mash 1 » et 4,8 % pour le « mash2« ).. C’est sans doute l’apport le plus important en AGPI permis par le « mash 1 » (68 % de 1,162 kg de MG ingérées) et non par le « mash 2 » ( 55% des 1,254 kg de Mgi) qui devrait être la principale raison. La lipogénèse de novo dans la ma-

melle est d’autant plus inhibée que les AG ont une chaîne longue, sont plus insaturés et sont riches en doubles liaisons de type trans (Chilliard, 2001). Cet éventuel effet « acide gras » n’a pas influencé le rapport acétates / propionates dans le rumen, mais (seulement) la concentration en propionates et en précurseurs d’AG courts (butyrates du rumen) qui sont plus dilués dans les rumens du lot « mash 1 ». Pour expliquer ces différences de TB du lait, l’hypothèse de l’amaigrissement des vaches du « mash 2 » ne peut pas être retenue. Le lot « témoin » représente une situation intermédiaire aux « mashs » ; sans doute que la production laitière a moins dilué la matière grasse. Les taux protéiques (TP) et la production de matièmatières protéiques (MP) (Suite page 9)

Lot « mash2 »

Lot « mash1 »

Lot « témoin »

21

21

21

Lait brut kg/v/j

34,35a

33,70a

31,68c

0,01

TB en g/l

42.12

40.15

40.95

0,16

TP en g/l

32,86

32,51

32,65

NS

Lait à 4 % MG

34,60a

33,0b

31,43c

0,001

MG en g/v/j

1392a

1289b

1260c

0,01

MP en g/v/j

1092a

1047a

992c

0,01

Protéines coagulables en %

75,3

77,2

74,3

Lactose g/l

51,4

51,3

50,7

Spores butyriques milliers/ml

788

542

445

Nombre de blocs

P

Tableau 8 : Les productions laitières corrigées par analyse de covariance. ab : P<0.05 ac : P<0.01

Page 9

Ognoas Flash n° 62

Ces TP révèlent d’abord des valorisations équivalentes des apports énergétiques et une bonne adéquation de ces apports avec la lactogénèse accrue des lots « mash » Cependant, en ne prenant en compte que les 13 blocs les plus productifs, le TP moyen du lot « mash2 » est supérieur de 1 g/l à celui du « mash1 ». La supplémen-

(Suite de la page 8)

Les TP des productions laitières des 3 lots sont sensiblement les mêmes. Il n’y a pas eu de dilution des MP malgré la meilleure production des 2 lots «mash ».(cf tableau 8) Les apports plus élevés de lipides des «mashs » ne semblent pas avoir perturbé la synthèse protéique du lait.

tation en AA protégés du lot « mash2 » a dû contribuer quand même à lever des limitations nutritives.

Les reprises de poids vifs et d’état d’engraissement. kg

Lot « mash2 »

Lot « mash1 »

Lot « témoin »

690

717

702

GMQ vif

0,355a

0,536b

0,351a

001

GMQ corrigé

0,147b

0,382a

0,260ab

0,001

EE début (note)

2,8

2,7

2,6

EE fin (note)

3,0

3,0

2,8

Poids fin corrigés

Le mash le plus amylacé et le plus

signification

NS (1)

riche en acides gras

Tableau 9 : Les gains de poids vifs et notes d’état d’engraissement. (1) test de KS II bilatéral : Dmax = 6 / D0.05 = 8

insaturés a été le plus favorable à la reprise

La correction des poids vifs par les contenus digestifs s ’est imposée. On constate que la meilleure reprise de poids vif a été réalisée par le « mash1 » avec une moyenne de 382 g/j. Le lot « mash2 » a eu

aussi une reprise de poids vif mais d’intensité moindre (150 g/ j) (P<0.001). Le lot « témoin » est intermédiaire aux autres lots avec 260 g/j. Les régimes les plus amylacés et les plus riches en

AGPI ont donc favorisé la reprise de poids vif après vêlage.

750 MASH2 MASH1 TEMOIN

730 poids corrigés en kg

de poids vif .

710

690

670

650

630 0

20

40

60

80

100

120

140

jours

Graphique 1 : Evolution des poids vifs corrigés des contenus digestifs.

Page 10

Ognoas Flash n° 62

Les valorisations globales des rations alimentaires

L’excès azoté du rationnement avec « mash 2 » est à proscrire car il est inutile techniquement et risqué vis à vis de l’environnement.

Les interactions négatives fourrages / concentrés sont similaires pour les 2 rations « mash » (prés de 2 UFL/j), et bien supérieures au témoin (0,86 UFL/ j). Les valorisations énergétiques globales ont été sensiblement les mêmes pour les 3 modalités (0.89 à 0.90 UFL/kg de MS). Les valorisations azotées sont très contrastées entre traitements . Le « mash2 » a eu les excédents les plus élevés. Le « mash1 » et le « témoin » ont été beaucoup plus équilibrés.

« mash2 »

« mash1 »

témoin

Valorisation brute UFL /jour

21,68

21,92

20,62

Interaction F/C UFL/j

-1,98

-1,96

-0,86

Valorisation totale UFL/kg de MSi

0,90

0,90

0,89

ITL (1) kg MS/kg de lait

0,76

0,80

0,76

+1195 +1031

+392 +395

+29 +219

Rejets kg N/tonne de lait

17,0

12,9

11,1

Urée du lait mg/l

366

316

272

Bilan azotés g/j PDIN PDIE

Tableau 10 : quelques critères de valorisation des ingestions ITL : indice de transformation laitier.

Les incidences des régimes alimentaires sur la reproduction et la pathologie

La fibrosité et le pouvoir tampon engendré par les mashs ont été suffisants, mais sans excès...

La période de 17 semaines a été trop courte pour apprécier les conséquences de ces conduites alimentaires sur la fécondité. Les interventions liées à la reproduction n’ont pas été plus fréquentes dans les lots « mash » que dans le « témoin ». Au niveau de la pathologie mammaire, la fréquence d’apparition a été similaire sur la totalité de l’essai. Toutefois il faut signaler que cette fréquence a été beaucoup plus faible les 3 premiers mois dans le lot « mash 2 ». Au niveau de la pathologie ruminale, on n‘a constaté, dans aucun lot, d’acidose clinique. Pourtant les pH ruminaux ont été dans l’ensemble fai-

Mash 2

Mash 1

Témoin

Mammites primo

9

11

10

Mammites récidives

1

2

4

140

165

264

boiteries

2

0

0

Interventions anoestrus

3

2

4

Interventions retours répétés

2

2

1

CCS milliers/ml

Tableau 11 : Pathologie observées en période d’essai

bles (pH de 5,7 à 6,0) . La fibrosité et le pouvoir tampon des ces rations ont été suffisants , mais sans excès, avec une efficacité

équivalente à celle du lot « témoin ».

Page 11

Ognoas Flash n° 62

L’intérêt économique des aliments « mash ».

distribution à l’auge, le temps de travail n’a pas fondamentalement varié en fonction des régimes alimentaires.

Les prix d’intérêt des aliments mash dépendent beaucoup du contexte de la production laitière.

(Suite page 12)

Prix d'intérêt du mash 2 en €/kg MS 0,26 prix du mash2 en €/kg de MS

dessilage à la

Conditions de prix : prix du lait : Euros / tonne: « mash2 » : 333,7 « mash1 » : 326,1 « témoin » : 329,1 maïs grain : 0,08 Euros /kg concentré protéique : 0,28 Euros/kg sec concentré de production : 0,25 Euros / kg sec foin de luzerne : 0,18 Euros / kg rendement maïs fourrage : 17,5 t MS/ha et 105 q / ha perte au silo : 10 % Contexte 36/38/40 : Pm2 = 0,6639 P em + 0,1316 Pm1 = 0,4486 P em + 0,1414 Contexte 40/40/40 : P m2 = 0,3722 P em +0,1817 P m1 = 0,3746 P em + 0,1742 Contexte 36/36/36 P m2 = 0.4888 P em + 0,1873 P m1 = 0,3746 P em +0,1815 Pm1 : prix d’intérêt du mash 2 en Euros /kg de MS Pm2 : prix d’intérêt du mash 1 en Euros / kg de MS P em : prix du maïs ensilage en Euros/ kg de MS

0,24 0,22 0,2 0,18 0,16 0,14

PM2 36/40 PM2 40/40 PM2 36/36

0,12 0,1 0,01

0,02

0,03

0,04

0,05

0,06

0,07

0,08

0,09

0,1

0,09

0,1

prix du maïs ensilage en €/kg de MS

Prix d'intérêt du mash 1 en €/kg de MS 0,26 prix du mash 1 en €/kg de MS

Avec nos pratiques, du

L’étude économique a été réalisée à partir des résultats de cet essai et des conditions de rationnement mis en place. Les coûts alimentaires directs ont été paramétrés en fonction des prix d’achat des aliments « mash » et des coûts du maïs ensilage stocké. Par contre on n’a pas tenu compte d’éventuelles différences de temps de travail dans l’utilisation des divers concepts d’alimentation. Avec nos pratiques, du déstockage à la distribution à l’auge, le temps passé n’a pas fondamentalement varié en fonction des régimes. Par contre, le temps passé pour les cultures, leurs récoltes et leurs stockages sont comptabilisés dans le paramètre « prix du maïs ensilage ». Trois contextes de production ont servi à des simulations de budgets partiels sur une durée de 100 jours : — un contexte de maîtrise des productions (quota) avec une situation de large autonomie alimenalimentaire fourragère et donc de possibilité de ventes de grain. Le quota de lait est celui permis par le témoin sur une période de 100 jours avec 40 vaches (125 000 litres à 4 % MG). Pour arriver à cette production il faut 36 vaches avec le « mash2 », 38 vaches avec le « mash 1 » et 40 avec le témoin. (contexte 36/38/40) — un contexte de maîtrise des eff effectifs ectifs à cause de divers facteurs limitants : bâtiments, main d’œuvre …. L’effectif retenu est de 36 vaches.. (contexte 36/36/36) — un contexte de libre pro production relative cal-

0,24 0,22 0,2 0,18 0,16 0,14 PM1 36/40 PM1 40/40 PM1 36/36

0,12 0,1 0,01

0,02

0,03

0,04

0,05

0,06

0,07

0,08

prix du maïs ensilage €/kg de MS

Graphiques 2 et 3 : Evolution du prix d’intérêt des mashs en fonction du contexte de production et du prix du maïs ensilage.

Bulletin d’information de l’Association Régionale Pour l’Expérimentation Bovine ARPEB Domaine d’Ognoas 40190 Arthez d’Armagnac tél : 05 58 45 27 26 / 05 58 45 22 11 fax : 05 58 45 38 21 email : [email protected] Prix me/kgMS

Ognoas Flash n° 62

Coût P1P1

Coût P1P2

Coût P1P3

Coût P2P1

Coût P2P2

0,05

0,05

0,05

0,08

0,08

Coût P2P3 0,08

(Suite de la page 11)

Partenaires

Prix mash/kgMS 0,20 0,23 0,26 0,20 0,23 0,26 quée sur un effectif de 40 vaches pour les trois Mash2 /v/100j 394 447 499 421 473 526 lots. (contexte 40/40/40) 341 378 415 380 416 454 Les prix d’intérêt des Mash1 /v/100j « mashs » sont indiqués 256 256 308 308 308 sur les graphiques 2 et Témoin /v/100j 256 3. Le contexte où le prix du Tableau 12 : coûts alimentaires / vache / 100 jours en Euros « mash » peut être le me : maïs fourrage ensilé moins concurrentiel par rapport à un rationnement Le contexte « 40/40/40 » niveaux de production, les classique est celui avec est assez proche du précontraintes de bâtiments et limitation de production et cédent, mais la progresde main d’œuvre ... large autonomie alimension de l’intérêt du taire (36/38/40). Le « mash » est moindre. contexte ou le prix du Une étude économique « mash » est le plus basée uniquement sur concurrentiel est celui les prix des aliments est avec un effectif contraint forcément réductrice au le plus faible (36/36/36)., vu de la réalité. Bien dans ce cas il faut favorid’autres paramètres peuser la productivité indivivent entrer en compte duelle, et les « mashs » y dans le choix d’un syscontribuent. tème d’alimentation : les • Le compte rendu complet de cette étude est disponible. • Retrouvez nous sur le site: www.inst-elevage.asso.fr

En conclusion

I

l est incontestable que ces aliments « mashs » ont une très bonne valeur nutritive et une forte ingestibilité qui permettent des apports nutritifs adaptés à une amélioration importante des performances laitières en début de lactation. Les compositions des laits, les reprises de poids vifs et les états sanitaires n’ont pas pâti de l’augmentation de production, mais la fécondité n’a pas été étudiée.

T

outefois, cette étude ne permet pas d’affir-

mer qu’il y ait une interaction positive entre les nombreuses matières premières incorporées dans les rations. « mash ». Seules les ingestions supplémentaires ont eu de bonnes valorisations marginales, alors qu’elles auraient pu être plus faibles que la valorisation moyenne du témoin.

M

ais la mise en pratique de ces concepts d’alimentation a des conséquences qui dépassent largement le seul contexte technique de la production laitière

individuelle des vaches, car ils induisent des systèmes de production très différents de ceux rencontrés fréquemment en France (avec une large autonomie fourragère).

exprimés par de plus en plus d’éleveurs. Ainsi, il est vrai que la distribution des rations tous les 2 jours serait possible avec ces concepts.

C

éanmoins d’autres solutions existent pour diminuer le temps de travail ; la déconnexion de la partie « élevage » de celle de la production fourragère n’est qu’une des nombreuses possibilités.

es concepts d’alimentation d’inspiration nordaméricaine, à l’origine adaptée à des conduites « hors sols » pourraient satisfaire les exigences d’élevages à des moments ponctuels de l’année (pénurie fourragère, manque de place …). Ils pourraient aussi satisfaire les besoins de diminution de temps de travail

N

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