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I FAITS ET CHIFFRES
Geert Vancronenburg
Le plan de relance belge et les injections de capitaux dans les banques ont été nécessaires pour éviter le pire. Mais, en agissant de la sorte, nous avons fait un saut – en arrière – en ce qui concerne le budget et le taux d’endettement ! Nous devons sans tarder nous atteler au rétablissement des finances publiques.
L
a Banque nationale de Belgique (BNB) a récemment revu ses pronostics de croissance pour 2009 à la baisse, en les faisant passer de -0,2% à -1,9%. Cette déconvenue conjoncturelle, combinée à l’indispensable plan de relance et aux injections de capitaux dans les banques à concurrence de plus de 20 milliards d’euros, met les finances publiques sous pression. La BNB table pour 2009 sur un déficit budgétaire de -3,3% et un taux d’endettement de pas moins de 94,8% du PIB. La baisse du taux d’endettement de ces quatre dernières années est ainsi totalement annulée, et nous revoilà dans une situation semblable à celle que nous avons connue au début des années ’70. Dans la zone euro, les investisseurs opèrent, depuis quelque temps déjà, une distinction entre les Etats membres en fonction de leur risque de non-paiement. L’Espagne, la Grèce et le Portugal ont ainsi déjà dû encaisser une baisse de leur notation. Une telle baisse n’est pas anodine, étant donné qu’elle confrontera l’Etat membre concerné à des charges d’intérêt plus élevées et par conséquent à un plus haut risque de non-paiement. C’est principalement grâce à sa prestation encore assez convenable au niveau du compte courant par rapport à quelques autres États membres que la Belgique, malgré son taux d’endettement élevé, a pu jusqu’ici conserver sa notation AA+ auprès de Standard & Poor’s.
QUELS SONT LES PAYS LES PLUS EXPOSÉS À UNE RÉVISION DE LEUR NOTATION ? Solde du compte courant en 2008 (variation en % par rapport à la moyenne de l’eurozone)
© D. Rys
Œuvrer aujourd’hui pour demain
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Taux d’endettement en 2008 (variation en % par rapport à la moyenne de l’eurozone)
SOLDE BUDGÉTAIRE EN % DU PIB. SOURCE : BNB 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 -12 -14 -16
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Ceci n’empêche pas que la Belgique doit commencer dès aujourd’hui à envoyer des signaux rassurants aux marchés financiers afin de maintenir dans le futur également les frais de financement de la dette publique au niveau le plus bas possible. Il convient avant tout d’inverser la tendance à la baisse du compte courant. Il n’y a pas de formule magique à cet effet. Ce n’est qu’en considérant la compétitivité de l’économie belge comme la priorité numéro 1 qu’un tel revirement sera possible. En outre, la crise actuelle ne doit pas servir d’excuse pour ne pas mettre certaines réformes en route. Une efficacité accrue des pouvoirs publics et une norme de croissance réelle des dépenses de santé plus conforme à ce que l’économie peut réellement supporter doivent davantage maintenir les dépenses publiques sous contrôle dans le futur.
CHIFFRE DU MOIS
-3,3% Le déficit budgétaire pour la Belgique en 2009, selon la Banque nationale de Belgique
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I ANALYSE CONJONCTURELLE
Le Mexique a tiré de précieuses leçons de la crise du peso de 1994 en procédant à une rupture radicale avec le passé en matière de gestion économique. Le pays peut même à cet égard servir d’exemple à la réforme indispensable du système financier international. Mais après avoir commencé à récolter les fruits d'un assainissement de son économie, le pays paie à présent sa forte dépendance au voisin américain en crise.
Les réformes mexicaines pourraient inspirer la nécessaire refonte du système financier mondial
Le Mexique pourra-t-il s’accrocher au peloton BRIC ?
A
près la signature, en 1994, du North American Trade Agreement (NAFTA), qui réduisait sensiblement les obstacles commerciaux entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, l’économie mexicaine a été considérée comme très prometteuse. Les investisseurs du monde entier étaient ravis de prêter de l’argent aux entreprises et autorités mexicaines. Mais les tensions politiques, cristallisées par une violente révolte dans la région du Chiapas et le meurtre d’un éminent candidat à la présidence, ont rapidement mis un terme à cette bonne volonté. L’incertitude politique s’est exprimée dans une fuite des capitaux et un accroissement de la prime de risque sur les placements mexicains. Avec à la clé une hausse immédiate des taux d’intérêt nationaux et une pression à la baisse sur le peso mexicain, qui à l’époque était encore lié au dollar américain. Pour maintenir la monnaie au niveau fixé, la banque centrale mexicaine devait entamer ses réserves. Mais cette solution n’était que temporaire. Les réserves mexicaines ont fondu comme neige au soleil et une dévaluation du peso semblait être la seule solution possible. Toutefois, la banque centrale mexicaine ayant toujours soutenu qu’elle ne dévaluerait jamais la monnaie nationale, l’incertitude alla grandissant et la spirale descendante se poursuivit. Le Mexique était au bord de la faillite. En partie par intérêt personnel et en partie pour éviter la contagion vers d’autres pays d’Amérique latine, les Etats-Unis (conjointement avec le Fonds monétaire international) sont intervenus par le biais d’un plan de relance prévoyant, entre autres,
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des garanties sur les prêts mexicains. Cette intervention a permis au Mexique de refinancer ses dettes et ainsi d’éviter la faillite. Le pays a tiré d’importantes leçons de cette douloureuse expérience. Une meilleure politique macro-économique a depuis conduit à une baisse de l’inflation et du taux d’endettement public. Le lien fort avec le dollar a également été remplacé par un excellent système de taux de change, et la réglementation financière, ainsi que le contrôle du respect de celle-ci, ont été améliorés. De plus, la dette externe est dans une moindre mesure cotée en devises étrangères, ce qui la rend moins dépendante du risque de change et prolonge l’échéance des dettes. Le pays utilise en outre les revenus élevés des entreprises pétrolières publiques pour renforcer ses réserves. Toutes ces mesures ont fait en sorte que le Mexique dépend beaucoup moins des chocs externes et est l’un des pays latino-américains où les investissements sont les plus sûrs.
Le grand problème de la dépendance aux Etats-Unis Ceci n’empêche pas que le Mexique doit encore surmonter plusieurs obstacles s’il veut réellement accélérer sa croissance et espérer se joindre aux quatre pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). L’économie mexicaine est ainsi confrontée à un certain nombre de problèmes structurels tels qu’une mauvaise infrastructure, une politique d’enseignement défaillante, une concurrence insuffisante
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ANALYSE CONJONCTURELLE I
dans plusieurs secteurs clés, une politique du marché de l’emploi rigide et un marché financier peu développé présentant un faible niveau d’intermédiation financière. Le pays étant un important exportateur de pétrole, sa position financière dépend en outre très fort de l’évolution du cours du pétrole. Les autorités mexicaines en ont toutefois récemment tenu compte en se couvrant contre les fluctuations de prix et en fixant contractuellement le prix du baril à 70 dollars en 2009, ce qui est nettement supérieur au prix actuel du marché. Mais la plus grande menace pour l’économie mexicaine est de loin la grande dépendance du pays envers les Etats-Unis, qui achètent plus de 80% des exportations mexicaines. Les cycles conjoncturels du Mexique et des Etats-Unis sont dès lors quasi identiques (voir graphique).
Les effets ‘indirects’ de la crise financière sont tout aussi importants pour le Mexique. Les banques étrangères sont plus réticentes à octroyer des crédits aux entreprises et ménages mexicains. Les investisseurs du monde entier se sont tournés vers des produits qualifiés de sûrs et ont donc fui le peso mexicain, qui a dès lors connu une forte dépréciation en très peu de temps. Tout ceci a pour effet que les dernières prévisions du FMI en ce qui concerne le Mexique se basent sur une croissance négative de 0,3% (-0,3%) pour 2009, comparé à une croissance de respectivement 1,8% et 3,2% en 2008 et 2007.
Dépenses publiques en hausse
La présente crise qui touche le Mexique se distingue toutefois des précédentes : le pays n’est pas responsable de la crise actuelle et les autorités mexicaines peuvent pour la première fois se baser sur la politique prudente et les beaux résultats du passé pour faire face à la crise économique à laquelle elles sont confrontées aujourd’hui. La banque centrale a ainsi abaissé en janvier pour la première fois depuis avril 2006 le principal taux d’intérêt de 8,25% à 7,75%, et annoncé que d’autres baisses suivront. De plus, le président Felipe Calderon a annoncé Le nouveau système a Ceci explique en grande partie les proconsidérablement limité plusieurs mesures de relance représentant jusqu’à du produit national brut mexicain. L’accent est blèmes rencontrés par le Mexique aula vulnérabilité du Mexi- 3% mis sur une augmentation des investissements jourd’hui. Bien que les banques mexique par rapport aux dans les routes, lignes de chemin de fer et puits de caines n’aient pas souscrit en masse aux chocs externes pétrole, et sur l’extension de l’assistance médicale produits ‘subprime’ américains, les efet de la sécurité sociale et la fourniture d’emplois fets de la crise financière se font malgré temporaires aux chômeurs. Ces mesures n’ont rien à voir avec les tout fort ressentir dans le pays. Le Mexique est avant tout touché crises précédentes, lors desquelles l’Etat s’était vu contraint de par le spectaculaire ralentissement de la croissance aux Etatsréduire les dépenses publiques. Elles ne pourront pas empêcher Unis, qui s’exprime dans une baisse de la demande américaine une hausse du chômage dans le courant de 2009, mais permetde produits mexicains. Les flux financiers entre les familles qui ont tront d’éviter une profonde récession, en fonction de l’aggravaémigré aux Etats-Unis et celles qui sont restées au pays, qui constion ou non de la situation aux Etats-Unis. tituent traditionnellement une source de revenus importante pour les ménages mexicains, ont également subi une perte de valeur nette. Pour finir, le secteur du tourisme mexicain doit lui aussi Le Mexique a fort souffert de la crise du peso. Une rupture radifaire face aux conséquences de la crise aux Etats-Unis. cale avec le passé en matière de gestion économique s’imposait. Le nouveau système a considérablement limité la vulnérabilité du Mexique par rapport aux chocs externes. Aujourd’hui, le pays récolte les fruits de ces mesuPRODUCTION INDUSTRIELLE, VARIATION ANNUELLE SOURCE : FMI res. Les principales innovations étaient la mise en œuvre d’une politique budgétaire acyclique (épargner 15 quand tout va bien et dépenser quand la situation est moins bonne), l’introduction d’un système de cours de 10 change efficace, un meilleur contrôle financier et un endettement externe limité. Telles sont les réformes 5 qui figurent précisément à l’ordre du jour des prochaines réunions du G20 … 0 Frederic Teerlynck
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Une mission économique aura lieu du 21 au 28 mars 2009 au
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Mexique et au Panama sous la présidence de S.A.R. le Prince -15 19 8 19 0 1981 8 19 2 8 19 3 8 19 4 8 19 5 86 19 8 19 7 8 19 8 8 19 9 9 19 0 9 19 1 9 19 2 9 19 3 9 19 4 1995 9 19 6 9 19 7 9 19 8 9 20 9 0 20 0 2001 0 20 2 0 20 3 0 20 4 05
Philippe. Cette mission multisectorielle est organisée par
PIB mexicain
Mexique
Etats-Unis
l’Agence pour le Commerce extérieur, en étroite collaboration avec les services d’exportation régionaux. Plus d’infos : www.abh-ace.org
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