Décoré Sbys

DÉCORÉ ! 1883 Guy de Maupassant Écouter

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THE LEGION OF HONOR HOW HE GOT THE LEGION OF HONOR

Des gens naissent avec un instinct prédominant, une vocation ou simplement un désir éveillé, dès qu'ils commencent à parler, à penser.

From the time some people begin to talk they seem to have an overmastering desire or vocation.

M. Sacrement n'avait, depuis son enfance, qu'une idée en tête, être décoré. Tout jeune il portait des croix de la Légion d'honneur en zinc comme d'autres enfants portent un képi et il donnait fièrement la main à sa mère, dans la rue, en bombant sa petite poitrine ornée du ruban rouge et de l'étoile de métal.

Ever since he was a child, M. Caillard had only had one idea in his head —to wear the ribbon of an order. When he was still quite a small boy he used to wear a zinc cross of the Legion of Honor pinned on his tunic, just as other children wear a soldier's cap, and he took his mother's hand in the street with a proud air, sticking out his little chest with its red ribbon and metal star so that it might show to advantage.

Après de pauvres études il échoua au baccalauréat, et, ne sachant plus que faire, il épousa une jolie fille, car il avait de la fortune.

His studies were not a success, and he failed in his examination for Bachelor of Arts; so, not knowing what to do, he married a pretty girl, as he had plenty of money of his own.

Ils vécurent à Paris comme vivent des bourgeois riches, allant dans leur monde, sans se mêler au monde, fiers de la connaissance d'un député qui pouvait devenir ministre, et amis de deux chefs de division.

They lived in Paris, as many rich middle-class people do, mixing with their own particular set, and proud of knowing a deputy, who might perhaps be a minister some day, and counting two heads of departments among their friends.

Mais la pensée entrée aux premiers jours de sa vie dans la tête de M. Sacrement ne le quittait plus et il souffrait d'une façon continue de n'avoir point le droit de montrer sur sa redingote un petit ruban de couleur.

But M. Caillard could not get rid of his one absorbing idea, and he felt constantly unhappy because he had not the right to wear a little bit of colored ribbon in his buttonhole.

Les gens décorés qu'il rencontrait sur le boulevard lui portaient un coup au coeur. Il les regardait de coin avec une jalousie exaspérée. Parfois, par les longs après-midi de désoeuvrement, il se mettait à les compter. Il se disait : "Voyons, combien j'en trouverai de la Madeleine à la rue Drouot."

When he met any men who were decorated on the boulevards, he looked at them askance, with intense jealousy. Sometimes, when he had nothing to do in the afternoon, he would count them, and say to himself: "Just let me see how many I shall meet between the Madeleine and the Rue Drouot."

Et il allait lentement, inspectant les vêtements, l'oeil exercé à distinguer de loin le petit point rouge. Quand il arrivait au bout de sa promenade, il s'étonnait toujours des chiffres :

Then he would walk slowly, looking at every coat with a practiced eye for the little bit of red ribbon, and when he had got to the end of his walk he always repeated the numbers aloud.

"Huit officiers, et dix-sept chevaliers. Tant que ça ! C'est stupide de prodiguer les croix d'une pareille façon. Voyons si j'en trouverai autant au retour."

"Eight officers and seventeen knights. As many as that! It is stupid to sow the cross broadcast in that fashion. I wonder how many I shall meet going back?"

Et il revenait à pas lents, désolé quand la foule pressée des passants pouvait gêner ses recherches, lui faire oublier quelqu'un.

And he returned slowly, unhappy when the crowd of passers-by interfered with his vision.

Il connaissait les quartiers où on en trouvait le plus. Ils abondaient au Palais-Royal. L'avenue de l'Opéra ne valait pas la rue de la Paix ; le côté droit du boulevard était mieux fréquenté que le gauche.

He knew the places where most were to be found. They swarmed in the Palais Royal. Fewer were seen in the Avenue de l'Opera than in the Rue de la Paix, while the right side of the boulevard was more frequented by them

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than the left. Ils semblaient aussi préférer certains cafés, certains théâtres. Chaque fois que M. Sacrement apercevait un groupe de vieux messieurs à cheveux blancs arrêtés au milieu du trottoir, et gênant la circulation, il se disait :

They also seemed to prefer certain cafes and theatres. Whenever he saw a group of white-haired old gentlemen standing together in the middle of the pavement, interfering with the traffic, he used to say to himself:

"Voici des officiers de la Légion d'honneur !" Et il avait envie de les saluer.

"They are officers of the Legion of Honor," and he felt inclined to take off his hat to them.

Les officiers (il l'avait souvent remarqué) ont une autre allure que les simples chevaliers. Leur port de tête est différent. On sent bien qu'ils possèdent officiellement une considération plus haute, une importance plus étendue.

He had often remarked that the officers had a different bearing to the mere knights. They carried their head differently, and one felt that they enjoyed a higher official consideration and a more widely extended importance.

Parfois aussi une rage saisissait M. Sacrement, une fureur contre tous les gens décorés ; et il se sentait pour eux une haine de socialiste.

Sometimes, however, the worthy man would be seized with a furious hatred for everyone who was decorated; he felt like a Socialist toward them.

Alors, en rentrant chez lui, excité par la rencontre de tant de croix, comme l'est un pauvre affamé après avoir passé devant les grandes boutiques de nourriture, il déclarait d'une voix forte :

Then, when he got home, excited at meeting so many crosses—just as a poor, hungry wretch might be on passing some dainty provision shop—he used to ask in a loud voice:

"Quand donc, enfin, nous débarrassera-t-on de ce sale gouvernement ?

"When shall we get rid of this wretched government?"

" Sa femme surprise, lui demandait :

And his wife would be surprised, and ask:

"Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ?"

"What is the matter with you to-day?"

Et il répondait : "J'ai que je suis indigné par les injustices que je vois commettre partout. Ah ! que les communards avaient raison !"

"I am indignant," he replied, "at the injustice I see going on around us. Oh, the Communards were certainly right!"

Mais il ressortait après son dîner, et il allait considérer les magasins de décorations. Il examinait tous ces emblèmes de formes diverses, de couleurs variées. Il aurait voulu les posséder tous, et, dans une cérémonie publique, dans une immense salle pleine de monde, pleine de peuple émerveillé, marcher en tête d'un cortège, la poitrine étincelante, zébrée de brochettes alignées l'une sur l'autre, suivant la forme de ses côtes, et passer gravement, le claque sous le bras, luisant comme un astre au milieu de chuchotements admiratifs, dans une rumeur de respect.

After dinner he would go out again and look at the shops where the decorations were sold, and he examined all the emblems of various shapes and colors. He would have liked to possess them all, and to have walked gravely at the head of a procession, with his crush hat under his arm and his breast covered with decorations, radiant as a star, amid a buzz of admiring whispers and a hum of respect.

Il n'avait, hélas ! aucun titre pour aucune décoration.

But, alas! he had no right to wear any decoration whatever.

Il se dit : "La Légion d'honneur est vraiment par trop difficile pour un homme qui ne remplit aucune fonction publique. Si j'essayais de me faire nommer officier d'Académie !"

He used to say to himself: "It is really too difficult for any man to obtain the Legion of Honor unless he is some public functionary. Suppose I try to be appointed an officer of the Academy!"

Mais il ne savait comment s'y prendre. Il en parla à sa femme qui demeura stupéfaite.

But he did not know how to set about it, and spoke on the subject to his wife, who was stupefied.

- "Officier d'Académie ? Qu'est-ce que tu as fait pour cela ?"

"Officer of the Academy! What have you done to deserve it?"

Il s'emporta : "Mais comprends donc ce que je veux dire.

He got angry. "I know what I am talking about. I only ~2~

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Je cherche justement ce qu'il faut faire. Tu es stupide par moments."

want to know how to set about it. You are quite stupid at times."

Elle sourit : "Parfaitement, tu as raison. Mais je ne sais pas, moi ?"

She smiled. "You are quite right. I don't understand anything about it."

Il avait une idée : "Si tu en parlais au député Rosselin, il pourrait me donner un excellent conseil. Moi, tu comprends que je n'ose guère aborder cette question directement avec lui. C'est assez délicat, assez difficile ; venant de toi, la chose devient toute naturelle."

An idea struck him: "Suppose you were to speak to M. Rosselin, the deputy; he might be able to advise me. You understand I cannot broach the subject to him directly. It is rather difficult and delicate, but coming from you it might seem quite natural."

Mme Sacrement fit ce qu'il demandait. M. Rosselin promit d'en parler au Ministre. Alors Sacrement le harcela. Le député finit par lui répondre qu'il fallait faire une demande et énumérer ses titres.

Mme. Caillard did what he asked her, and M. Rosselin promised to speak to the minister about it; and then Caillard began to worry him, till the deputy told him he must make a formal application and put forward his claims.

Ses titres ? Voilà. Il n'était même pas bachelier.

"What were his charms?" he said. "He was not even a Bachelor of Arts."

Il se mit cependant à la besogne et commença une brochure traitant : "Du droit du peuple à l'instruction." Il ne la put achever par pénurie d'idées.

However, he set to work and produced a pamphlet, with the title, "The People's Right to Instruction," but he could not finish it for want of ideas.

Il chercha des sujets plus faciles et en aborda plusieurs successivement. Ce fut d'abord : "L'instruction des enfants par les yeux." Il voulait qu'on établît dans les quartiers pauvres des espèces de théâtres gratuits pour les petits enfants. Les parents les y conduiraient dès leur plus jeune âge, et on leur donnerait là, par le moyen d'une lanterne magique, des notions de toutes les connaissances humaines. Ce seraient de véritables cours. Le regard instruirait le cerveau, et les images resteraient gravées dans la mémoire, rendant pour ainsi dire visible la science.

He sought for easier subjects, and began several in succession. The first was, "The Instruction of Children by Means of the Eye." He wanted gratuitous theatres to be established in every poor quarter of Paris for little children. Their parents were to take them there when they were quite young, and, by means of a magic lantern, all the notions of human knowledge were to be imparted to them. There were to be regular courses. The sight would educate the mind, while the pictures would remain impressed on the brain, and thus science would, so to say, be made visible.

Quoi de plus simple que d'enseigner ainsi l'histoire universelle, la géographie, l'histoire naturelle, la botanique, la zoologie, l'anatomie, etc..., etc. ?

What could be more simple than to teach universal history, natural history, geography, botany, zoology, anatomy, etc., etc., in this manner?

Il fit imprimer ce mémoire et en envoya un exemplaire à chaque député, dix à chaque ministre, cinquante au président de la République, dix également à chacun des journaux parisiens, cinq aux journaux de province.

He had his ideas printed in pamphlets, and sent a copy to each deputy, ten to each minister, fifty to the President of the Republic, ten to each Parisian, and five to each provincial newspaper.

Puis il traita la question des bibliothèques des rues, voulant que l'État fît promener par les rues des petites voitures pleines de livres, pareilles aux voitures des marchandes d'oranges. Chaque habitant aurait droit à dix volumes par mois en location, moyennant un sou d'abonnement.

Then he wrote on "Street Lending-Libraries." His idea was to have little pushcarts full of books drawn about the streets. Everyone would have a right to ten volumes a month in his home on payment of one sou.

"Le peuple, disait M. Sacrement, ne se dérange que pour ses plaisirs. Puisqu'il ne va pas à l'instruction ! il faut que l'instruction vienne à lui, etc."

"The people," M. Caillard said, "will only disturb itself for the sake of its pleasures, and since it will not go to instruction, instruction must come to it," etc., etc.

Aucun bruit ne se fit autour de ces essais. Il adressa cependant sa demande. On lui répondit qu'on prenait note, qu'on instruisait. Il se crut sûr du succès ; il attendit. Rien ne vint.

His essays attracted no attention, but he sent in his application, and he got the usual formal official reply. He thought himself sure of success, but nothing came of it.

Alors il se décida à faire des démarches personnelles. Il

Then he made up his mind to apply personally. He ~3~

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sollicita une audience du ministre de l'instruction publique, et il fut reçu par un attaché de cabinet tout jeune et déjà grave, important même, et qui jouait, comme d'un piano, d'une série de petits boutons blancs pour appeler les huissiers et les garçons de l'antichambre ainsi que les employés subalternes. Il affirma au solliciteur que son affaire était en bonne voie et il lui conseilla de continuer ses remarquables travaux.

begged for an interview with the Minister of Public Instruction, and he was received by a young subordinate, who was very grave and important, and kept touching the knobs of electric bells to summon ushers, and footmen, and officials inferior to himself. He declared to M. Caillard that his matter was going on quite favorably, and advised him to continue his remarkable labors.

Et M. Sacrement se remit à l'oeuvre.

And M. Caillard set at it again.

M. Rosselin, le député, semblait maintenant s'intéresser beaucoup à son succès, et il lui donnait même une foule de conseils pratiques excellents. Il était décoré d'ailleurs, sans qu'on sût quels motifs lui avaient valu cette distinction.

M. Rosselin, the deputy, seemed now to take a great interest in his success, and gave him a lot of excellent, practical advice. He, himself, was decorated, although nobody knew exactly what he had done to deserve such a distinction.

Il indiqua à Sacrement des études nouvelles à entreprendre, il le présenta à des Sociétés savantes qui s'occupaient de points de science particulièrement obscurs, dans l'intention de parvenir à des honneurs. Il le patronna même au ministère.

He told Caillard what new studies he ought to undertake; he introduced him to learned societies which took up particularly obscure points of science, in the hope of gaining credit and honors thereby; and he even took him under his wing at the ministry.

Or, un jour, comme il venait déjeuner chez son ami (il mangeait souvent dans la maison depuis plusieurs mois) il lui dit tout bas en lui serrant les mains : "Je viens d'obtenir pour vous une grande faveur. Le comité des travaux historiques vous charge d'une mission. Il s'agit de recherches à faire dans diverses bibliothèques de France."

One day, when he came to lunch with his friend—for several months past he had constantly taken his meals there—he said to him in a whisper as he shook hands: "I have just obtained a great favor for you. The Committee of Historical Works is going to intrust you with a commission. There are some researches to be made in various libraries in France."

Sacrement, défaillant, n'en put manger ni boire. Il partit huit jours plus tard.

Caillard was so delighted that he could scarcely eat or drink, and a week later he set out.

Il allait de ville en ville, étudiant les catalogues, fouillant en des greniers bondés de bouquins poudreux, en proie à la haine des bibliothécaires.

He went from town to town, studying catalogues, rummaging in lofts full of dusty volumes, and was hated by all the librarians.

Or, un soir, comme il se trouvait à Rouen il voulut aller embrasser sa femme qu'il n'avait point vue depuis une semaine ; et il prit le train de neuf heures qui devait le mettre à minuit chez lui.

One day, happening to be at Rouen, he thought he should like to go and visit his wife, whom he had not seen for more than a week, so he took the nine o'clock train, which would land him at home by twelve at night.

Il avait sa clef. Il entra sans bruit, frémissant de plaisir, tout heureux de lui faire cette surprise. Elle s'était enfermée, quel ennui ! Alors il cria à travers la porte :

He had his latchkey, so he went in without making any noise, delighted at the idea of the surprise he was going to give her. She had locked herself in. How tiresome! However, he cried out through the door:

"Jeanne, c'est moi !"

"Jeanne, it is I!"

Elle dut avoir grand'peur, car il l'entendit sauter du lit et parler seule comme dans un rêve. Puis elle courut à son cabinet de toilette, l'ouvrit et le referma, traversa plusieurs fois sa chambre dans une course rapide, nu-pieds, secouant les meubles dont les verreries sonnaient. Puis, enfin, elle demanda :

She must have been very frightened, for he heard her jump out of her bed and speak to herself, as if she were in a dream. Then she went to her dressing room, opened and closed the door, and went quickly up and down her room barefoot two or three times, shaking the furniture till the vases and glasses sounded. Then at last she asked:

"C'est bien toi, Alexandre ?"

"Is it you, Alexander?"

Il répondit : "Mais oui, c'est moi, ouvre donc !"

"Yes, yes," he replied; "make haste and open the door." ~4~

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La porte céda, et sa femme se jeta sur son coeur en balbutiant :

As soon as she had done so, she threw herself into his arms, exclaiming:

"Oh ! quelle terreur ! quelle surprise ! quelle joie !"

"Oh, what a fright! What a surprise! What a pleasure!"

Alors, il commença à se dévêtir, méthodiquement, comme il faisait tout. Et il reprit, sur une chaise, son pardessus qu'il avait l'habitude d'accrocher dans le vestibule. Mais, soudain, il demeura stupéfait. La boutonnière portait un ruban rouge !

He began to undress himself methodically, as he did everything, and took from a chair his overcoat, which he was in the habit of hanging up in the hall. But suddenly he remained motionless, struck dumb with astonishment— there was a red ribbon in the buttonhole:

Il balbutia : "Ce... ce... ce paletot est décoré !"

"Why," he stammered, "this—this—this overcoat has got the ribbon in it!"

Alors sa femme, d'un bond, se jeta sur lui, et lui saisissant dans les mains le vêtement :

In a second, his wife threw herself on him, and, taking it from his hands, she said:

"Non... tu te trompes... donne-moi ça."

"No! you have made a mistake—give it to me."

Mais il le tenait toujours par une manche, ne le lâchant pas, répétant dans une sorte d'affolement :

But he still held it by one of the sleeves, without letting it go, repeating in a half-dazed manner:

"Hein ?... Pourquoi ?... Explique-moi ?... A qui ce pardessus ?... Ce n'est pas le mien, puisqu'il porte la Légion d'honneur ?"

"Oh! Why? Just explain—Whose overcoat is it? It is not mine, as it has the Legion of Honor on it."

Elle s'efforçait de le lui arracher, éperdue, bégayant :

She tried to take it from him, terrified and hardly able to say:

"Écoute... écoute... donne-moi ça... Je ne peux pas te dire... c'est un secret... écoute."

"Listen—listen! Give it to me! I must not tell you! It is a secret. Listen to me!"

Mais il se fâchait, devenait pâle :

But he grew angry and turned pale.

"Je veux savoir comment ce paletot est ici. Ce n'est pas le mien."

"I want to know how this overcoat comes to be here? It does not belong to me."

Alors, elle lui cria dans la figure :

Then she almost screamed at him:

"Si, tais-toi, jure-moi... écoute... eh bien ! tu es décoré !"

"Yes, it does; listen! Swear to me—well—you are decorated!" She did not intend to joke at his expense.

Il eut une telle secousse d'émotion qu'il lâcha le pardessus et alla tomber dans un fauteuil.

He was so overcome that he let the overcoat fall and dropped into an armchair.

- Je suis... tu dis... je suis... décoré.

"I am—you say I am—decorated?"

- Oui... c'est un secret, un grand secret...

"Yes, but it is a secret, a great secret."

Elle avait enfermé dans une armoire le vêtement glorieux, et revenait vers son mari, tremblante et pâle.

She had put the glorious garment into a cupboard, and came to her husband pale and trembling.

Elle reprit : "Oui, c'est un pardessus neuf que je t'ai fait faire. Mais j'avais juré de ne te rien dire. Cela ne sera pas officiel avant un mois ou six semaines. Il faut que ta mission soit terminée. Tu ne devais le savoir qu'à ton retour. C'est M. Rosselin qui a obtenu ça pour toi..."

"Yes," she continued, "it is a new overcoat that I have had made for you. But I swore that I would not tell you anything about it, as it will not be officially announced for a month or six weeks, and you were not to have known till your return from your business journey. M. Rosselin managed it for you." ~5~

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Sacrement, défaillant, bégayait : "Rosselin... décoré... Il m'a fait décorer... moi... lui... ah !..."

"Rosselin!" he contrived to utter in his joy. "He has obtained the decoration for me? He—Oh!"

Et il fut obligé de boire un verre d'eau. Un petit papier blanc gisait par terre, tombé de la poche du pardessus. Sacrement le ramassa, c'était une carte de visite. Il lut :

And he was obliged to drink a glass of water. A little piece of white paper fell to the floor out of the pocket of the overcoat. Caillard picked it up; it was a visiting card, and he read out:

"Rosselin - député."

"Rosselin-Deputy."

"Tu vois bien", dit la femme.

"You see how it is," said his wife.

Et il se mit à pleurer de joie.

He almost cried with joy.

Huit jours plus tard l'Officiel annonçait que M. Sacrement était nommé chevalier de la Légion d'honneur, pour services exceptionnels.

A week later, it was announced in the Journal Officiel that M. Caillard had been awarded the Legion of Honor on account of his exceptional services.

Translated by: ALBERT M. C. McMASTER, B.A. A. E. HENDERSON, B.A. MME. QUESADA and Others Écouter : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/maupassant-guy-de-decore.html retour

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