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Photo: Sophie Juneau
À LA RUE
DÉCEMBRE 2008 VOLUME 2 NO. 3
Manifestation « À bas les frais! »
Sophie Juneau
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C’est avec passion, ambition et ténacité que la manifestation du chapitre ottavien du mouvement « À bas les frais! » a pris son envol le mercredi 5 novembre. Musique entraînante, cris rassembleurs, discours percutants, rien n’avait été négligé afin de « chauffer » une dizaine de milliers d’étudiants en attente sur le parvis de la bibliothèque Morissette. En plus des étudiants de l’Université d’Ottawa, des membres du syndicat des employés de cette dernière, des étudiants de la Cité collégiale, de l’Université Carleton et d’une poignée d’écoles secondaires du coin sont venus prêter main forte au soulèvement. Impossible de nier que la fébrilité bouillait au sein de ces groupes solidaires, impatients de faire tonner les rues de la Capitale nationale de leurs pas rythmés jusqu’au Monument national des droits de la personne. Lorsque la destination a été atteinte, les dirigeants de la campagne ont repris la parole et bon nombre d’activités ont suivi. La manifestation du 5 novembre n’était qu’un maillon à la chaine de la campagne « À bas les Retour de Benoît Pelletier... 3 frais! » qui continue la Ottawa Wine and Food c ampagne Show......................................5 e n t a m é e l’année derni Départ de Sylvain Briand.....6 ère par la Fédération canadienne Liste de Noël à Obama........11 des étudiantes
Sommaire
et étudiants (FCÉÉ).
Au menu Les principales critiques soulevées par le mouvement à l’égard du gouvernement se retrouvent sur le site Web http://abaslesfrais.ca. On y déplore premièrement le faible taux de financement du gouvernement ontarien pour les études postsecondaires, le lourd endettement des étudiants et la rareté des bourses. Le plat de résistance et le noyau de la campagne : la baisse ou le gel des frais de scolarité.
De la question des frais de scolarité Porte-étendard de la campagne et fidèle slogan des organisateurs, les frais de scolarité sont au centre de l’attention. Selon Statistique Canada, les frais pour l’éducation postsecondaire de premier cycle en Ontario sont les deuxièmes plus élevés au Canada, après la Nouvelle-Écosse. En moyenne, ils ont bondi de 4,7 % depuis l’année précédente, comparativement à un taux moyen annuel d’inflation de 2,8 %. Pour illustrer cette tendance, un étudiant de premier cycle en droit civil à Ottawa a vu sa facture s’alourdir de quelque 222 $ cette année.
Du mécanisme de la chose financière… D’après Mme Than Vo, directrice de l’équipe de planification financière de l’Université d’Ottawa, la proportion du revenu de l’Université provenant des frais imposés aux étudiants et des subventions est respectivement de 55% et de 35%. Cependant, « les subventions ne sont pas indexées », rappelle-t-elle, indiquant par le fait même que l’indexation annuelle des salaires du corpus enseignant et administratif ainsi que l’augmentation des coûts auxquels font face les services publics doivent également être absorbés par une autre source de financement, soit les frais de scolarité.
Dans cette même lignée, on ne peut pas concevoir que des mesures destinées à l’allégement financier des étudiants ne soient point assorties d’un financement de taille, du gouvernement, versé directement aux universités pour qu’elles puissent faire face à l’accroissement naturel de leur budget annuel. Et ce, afin bien sûr de ne pas imposer aux institutions académiques des restrictions au détriment de la qualité de l’enseignement. L’équation est complexe et requiert une bonne dose de réflexion. Car, en l’espèce, l’investissement gouvernemental se multiplie, tout au moins, par deux. Le soulagement de la dette étudiante sans l’aide du gouvernement n’est pas dans l’intérêt de l’éducation, d’où la dépendance au financement gouvernemental. L’éducation est un droit et est garante de l’avenir de la province ontarienne. Néanmoins, elle n’est pas la seule sphère sociale envers laquelle le gouvernement a des redevances : la santé, l’emploi, le chômage et le soutien à l’entreprise sont aussi des sujets d’actualité. En cette période de récession, il s’agit de trouver l’équilibre entre l’effort mis dans une des sphères et la nécessité du bon fonctionnement des autres. La question de la baisse des frais de scolarité s’imbrique ainsi dans un plus grand débat de valeurs, à savoir quelles priorités nos politiciens préfèrent-ils mettre en tête de liste et comment conserver un équilibre économique et social sain et fonctionnel. Vivement la discussion! Débat, certes, mais surtout enclenchement d’un processus de discussions. Et vivement l’impact de la manifestation du 5 novembre qui a su produire suffisamment de bruit afin d’attirer l’attention du Ministère de la formation et des collèges et universités qui traitera de la question sous peu en compagnie de Shelley Melanson, présidente de la FCÉÉ!
Le Flagrant Délit
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Nouvelles
BORDEN LADNER GERVAIS RÉITÈRE SON ENGAGEMENT ENVERS L’EXCELLENCE
Fanie Dubuc
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Le 29 octobre, la Faculté de droit a honoré les récipiendaires des Bourses de recherche BLG lors d’une réception à l’atrium Tsampalieros. Au cours des cinq dernières années, Borden Ladner Gervais a consacré un million de dollars à la recherche juridique au Canada, accordant des bourses annuelles de 10 000 $ dans quatorze facultés de droit. Les bourses sont offertes aux étudiants de première année les plus méritants, ce qui leur donne la chance d’entreprendre des travaux de recherche juridique de pointe sous la direction d’un professeur de droit. En plus de reconduire le programme pour cinq années supplémentaires, BLG a bonifié le montant de la bourse de 2 000 $, totalisant plus de 1,2 million de dollars à travers les facultés de droit canadiennes. Une tradition philanthropique Ce programme de bourse est l’articulation concrète de l’engagement de BLG dans la recherche universitaire. Me Yvan Houle, ancien diplômé de la Faculté de droit d’Ottawa et associé du cabinet de Montréal, souligne l’importance pour BLG de « redistribuer des connaissances et des aptitudes pour que les étudiants puissent avoir accès à de meilleures connaissances et que les professeurs puissent entamer des projets de recherche qui leur tiennent à cœur ». Récipiendaires de la bourse 2008 Cette année, à la Section de droit civil, la Bourse BLG 2008 a été remise à Rosemonde Legault qui a épaulé la professeure Muriel Paradelle dans son projet de
recherche sur la narration judiciaire du génocide à partir de la jurisprudence des tribunaux français et canadiens. À la Section de common law, ce sont le professeur Rakhi Ruparelia et l’étudiante Lindsay Scott qui ont été honorés. Ils produiront une analyse sur les recours civils contre le profilage racial. Un engagement envers l’excellence professionnelle Le programme de bourses de recherche BLG s’inscrit dans une démarche nationale du cabinet qui se définit par des principes clairs qui guident la pratique des avocats et inspirent l’excellence professionnelle. L’approfondissement en permanence des connaissances du droit, la recherche de l’excellence et l’investissement dans la formation juridique démontrent l’importance de l’innovation et de la contribution dans la communauté pour le cabinet. La directrice du recrutement et de la formation des étudiants au bureau de Montréal, Me Valérie Dufour, était présente lors de la réception du 29 octobre dernier pour s’entretenir avec les étudiantes et étudiants intéressés d’en apprendre plus à l’endroit de BLG. Me Dufour a exprimé l’enthousiasme et la volonté du cabinet à favoriser l’apprentissage continu et l’importance de soutenir les étudiants dès le début de leur parcours universitaire. La culture de BLG s’articule autour des termes « excellence » et « innovation », mais concrètement, quelles sont les qualités recherchées chez les étudiants qui aspirent se joindre à l’équipe BLG pour un stage et éventuellement une carrière juridique ? « Le dynamisme, le désir de se surpasser et le sens de l’entrepreneurship ! » a répondu Me Valérie Dufour. « Notre cabinet offre aux étudiants et aux stagiaires la chance d’être jumelés avec des avocats d’expérience qui les accompagnent dans leur développement professionnel. » Me Valérie Dufour invite les étudiants à la contacter pour s’entretenir sur les possibilités d’une carrière au sein du cabinet BLG.
UNE VIE DE CRIME ET DEUX ANS DE PRISON LE PROCÈS DE
2 - LE FLAGRANT DÉLIT, DÉCEMBRE 2008
Gabriel Archambault
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NICOLO RIZUTTO
Le 16 octobre 2008, le parrain de la mafia montréalaise, Nicolo Rizzuto, a été remis en liberté, deux ans après son arrestation effectuée dans le cadre du projet Colisée. Cette razzia policière avait mené à l’arrestation de cinq chefs présumés de la mafia montréalaise. Nicolo Rizzuto a fait son entrée dans le monde interlope à un très jeune âge. Il a été élevé dans la région d’Agrigento, en Sicile, un bastion de la Cosa Nostra, où on lui a transmis une longue tradition ancestrale. En 1960, voyant les profits du milieu criminel augmenter dans la région de Montréal, Nicolo Rizzuto s’y est implanté, défiant le clan Cotroni, qui depuis 1950, avait fait de Montréal l’un des plus importants points d’entrées d’héroïne en Amérique du Nord. La paix a été rétablie au moyen de rencontres que l’on appelle communément des « sit down ». Toutefois, les Siciliens ont été incapables de développer une relation positive avec les Calabrais. C’est ainsi qu’entre 1977 et 1978 deux têtes dirigeantes du clan Cotroni ont été abattues. Paolo Renda, un associé de Nicolo Rizzuto, a été arrêté pour ces meurtres, mais les accusations ont été retirées.
le flagrant délit
De nombreuses alliances C’est le fils de Nicolo Rizzuto, Vito, qui a rétabli la paix dans la région en formant des alliances avec d’autres familles mafieuses canadiennes et les fameux Hell’s Angels. En établissant un pipeline de drogue très efficace entre le port de Montréal et Caracas, au Venezuela, la famille Rizzuto a augmenté grandement ses profits. Dès les années 90, la famille Rizzuto détenait des pouvoirs à travers tout le Canada. En 2004, la famille Rizzuto a reçu un premier coup dur. Vito a été arrêté pour sa participation dans les meurtres de trois capitaines de la famille Bonano, à New York. C’est pourquoi, à la suite d’une demande d’extradition, Vito a été transféré aux États-Unis pour subir son procès. Il y avait donc un siège vacant au sommet de cette famille, siège que Nicolo Rizzuto a occupé vu son expérience. Avec son fils Vito derrière les barreaux américains, le parrain a continué le travail de son fils. En 2006, au petit matin, les policiers ont fait irruption dans la maison luxueuse de Nicolo Rizzuto. Celuici les attendait, habillé en complet et en buvant son cappuccino. Il a été arrêté en même temps que son bras droit, Paolo Renda, ainsi que plusieurs autres membres de haut rang du clan Rizzuto.
Journal étudiant de la Faculté de droit Section de droit civil
Rédactrice en chef JODI LAZARE
Maquettiste MERISSA LICHTSZTRAL
Section Vie Campus ALEX MERCIER
Rédacteur en chef adjoint GABRIEL QUERRY
Section Nouvelles NICOLAS DUBOIS
Section Sports RACHEL ABOURBIH
Rédacteur en chef adjoint ALEX MERCIER
Graphiste RAPHAËL PAPICCIO
Une entente avec la Couronne Après avoir conclu une entente avec les coaccusés et la Couronne, le parrain a plaidé coupable. En 2008, il a affirmé au juge qu’il faisait partie d’une organisation criminelle. Ce plaidoyer de culpabilité a étonné plusieurs observateurs de la scène juridique, puisque l’on voit rarement les organisations criminelles montrer le drapeau blanc dans ce type de procédure. En fait, Nicolo Rizzuto n’avait pas vraiment le choix en constatant la preuve présentée contre lui et ses associés. En effet, il s’agissait d’une preuve audiovisuelle, qui, selon le professeur Charles-Maxime Panaccio, qui enseigne le cours Preuve civil, représente « une très bonne preuve, si admissible ». Questionné sur la stratégie de Nicolo Rizzuto, M. Panaccio n’a pas pu se prononcer sur sa justesse. Toutefois, il a mentionné que ces gens « ont tendance à avoir de bons avocats », donc nous pouvons présumer que les parties ont longuement négocié les accusations et la sentence avant que Rizzuto déclare sa culpabilité devant le tribunal. Par contre, « c’est le juge qui a le dernier choix », estime le professeur Panaccio. Le juge Jean-Pierre Bonin de la Cour du Québec a donc accepté les négociations de la Couronne et de ce fait, le parrain de la mafia montréalaise a été mis en liberté en octobre 2008.
Arts et Culture MÉLISSA BOURGEOIS
Correcteurs GEORGE BALABANIAN HAYDEN BERNSTEIN MELANIE CHARBONNEAU OLIVIA YAHAUT
Pour nous contacter:
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Le Flagrant Délit
Nouvelles
LE MINISTRE BENOÎT PELLETIER FACULTÉ COMME PROFESSEUR Nicolas Dubois
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Le ministre Benoît Pelletier, qui a annoncé son départ de la vie politique il y a quelques semaines, reviendra à ses premiers amours au mois de janvier, l’enseignement, ici même à la Section de droit civil de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. « Ce fut une décision déchirante, mais longuement murie. La politique a un côté
exaltant, captivant. Mais il était temps pour moi de me ressourcer », a-t-il confié, lors d’une rencontre à son bureau de circonscription à Gatineau. Homme fort du gouvernement libéral de Jean Charest, M. Pelletier a été élu dans la circonscription de Chapleau pour la première fois en 1998. Réélu successivement en 2003 et 2007 avec de fortes majorités, M. Pelletier a cumulé, entre autres, les fonctions de ministre des Affaires
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DE RETOUR À LA
autochtones, ministre des Affaires intergouvernementales et ministre responsable de la région de l’Outaouais. Professeur de droit constitutionnel à l’Université d’Ottawa pendant les années 90, il était en congé sans solde depuis son saut en politique provinciale. Il dit quitter la politique pour des raisons strictement personnelles. Père de quatre enfants, il veut consacrer plus de temps à sa famille. « Ma fille fête aujourd’hui même son sixième anniversaire de naissance », souligne-t-il, le sourire aux lèvres.
Le ministre des Affaires intergouvernementales Benoît Pelletier reprendra sa fonction de professeur à la Section de droit civil dès le mois de janvier. Il avait été nommé professeur de l’année en 1998. Photo gracieuseté Université d’Ottawa, Faculté de droit Taillon, en tant que candidat adéquiste dans le comté de Chapleau : « J’ai confiance en mon successeur. En politique, on ne tient jamais rien pour acquis. Mais j’ai bon espoir que la circonscription demeurera libérale », répondil.
Pelletier, le professeur pragmatique De ses dix années en politique, le professeur Pelletier gardera en mémoire le document de travail sur la création d’un Conseil de la fédération qu’il a produit en 2001. Ce document aura influencé le premier ministre Jean Charest à mettre sur pied le Conseil de la fédération, un comité réunissant tous les premiers ministres des provinces et les amenant à travailler sur des enjeux communs.
Ardent fédéraliste, il ne cache pas pour autant son souhait de voir un jour le Québec ratifier la Constitution. « Je n’ai jamais eu la prétention de vouloir être le père de la réforme constitutionnelle. Je suis une personne pragmatique. J’étais conscient des dangers de rouvrir le débat sur la Constitution, mais également du fait que le momentum n’y était pas nécessairement lors de mon passage en politique », lance-t-il, en toute sincérité. Le constitutionnaliste de renom a-t-il mis une croix à tout jamais sur la politique? « Je ne peux pas prédire l’avenir. Tout dépendra des circonstances. Il y a bien des façons de s’épanouir, et pour l’instant, je sais que j’ai pris la bonne décision. »
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L’enseignement avant tout Bien que la doyenne actuelle Nathalie Des Rosiers de la Faculté de droit ait récemment annoncé son intention de ne pas renouveler son mandat, M. Pelletier ne souhaite pas occuper la fonction et tient à consacrer tout son temps à son poste de professeur. « Le contact avec les étudiants me manque, explique-t-il. J’ai hâte de revenir, de retrouver mes anciens collègues et de rencontrer les nouveaux. En dix ans, la dynamique a certainement changé. Je suis très fébrile. » L’auteur de plusieurs ouvrages de droit constitutionnel quitte son parti, le Parti libéral du Québec, avec le sentiment du devoir accompli. Il affirme ne pas craindre l’arrivée du bras droit de Mario Dumont, Gilles
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THE WORKS, PLEASE! Mélissa Bourgeois
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Dining out on a student budget can be a challenging feat. For those of you who are new to Ottawa, this can be confusing, and especially disappointing when your choice turns out to be anything but tasty. If you’re looking for a mouth-watering, yet budgetfriendly dining experience, The Works Gourmet Burger Bistro is a can't-fail choice. The Works is not your usual burger joint. It has all of the perks of trendy dining, without the cost. With over 60 burger toppings, the Works has one of the most elaborate menus around. One can pick from such topping choices as the “Johnny be Goat,” with goat cheese, warm leaf spinach, and roasted red peppers, or, if goat cheese isn’t your thing, the “SK8R Boy,” with peanut butter, Monterey jack cheese and strip bacon. There is also a wide varie-
ty of breads, meats and side orders to choose from, making the Works’ menu overwhelming for the indecisive! Burgers come in the form of beef, chicken, ground turkey, veggie or Portabello mushroom caps and sides include “Factory Fries,” chips, mashed potatoes, cole-slaw, green salad and, my personal favourite, sweet potato fries. For those of you aiming at the less extreme side of burger delight, the “Sorento Sunset” is an easy favourite. Its simplicity is its best feature: fresh avocado slices and Monterey jack cheese. Equally delicious is the “Three Ring Binder,” which boasts fried mushrooms, chipotle mayo, Gouda cheese and three crunchy onion rings, a popular favourite among my fellow The Works patrons. The true beauty of The Works is that there is a burger for everyone, vegetarians, vegans and meat-eaters alike – it’s what makes The Works
« ATTESTER
such a popular destination for Ottawa’s hungry diners. With all these choices, give yourself ample time to decide. The servers are used to the time it takes to place an order and won’t hurry you for a decision. And the burgers are made to order so they do take a while. While you’re waiting, or even while perusing through the vast burger choices, order a “Tower-o-Rings” – these delicious onion rings, served with two choices of dipping sauce, will not disappoint. The Works is unique not only in its menu, but in its history. A home-grown Ottawa business, the original Beechwood Rd. restaurant in Ottawa East (which recently closed in favour of the bigger Manor Park location), has expanded to include five Ottawa-area locations, spanning from Orleans to Kanata. “The Works is proud to be locally owned operated,” explained Adrienne Betts, assistant manager of The Works Westboro. “We enjoy
LE TÉMOIGNAGE
The Works menu
being part of Ottawa’s dining community and are passionate about our burgers. We’re looking forward to setting up even more locations eventually.” Betts was nice enough to offer us one of their “Classic Shakes,” on the house. I chose a traditional vanilla and left the restaurant more
» UNE
than satisfied after a plentiful meal. Burgers range anywhere between $10 and $15, depending on your choice of toppings. For the quality of the food and the atmosphere, The Works is definitely worth checking out. It is perfect for a relaxed weekend dinner with friends.
ÉTYMOLOGIE
SURPRENANTE ET FORT ANATOMIQUE
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George Balabanian
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Qu’ont en commun les mots témoin, testament et testicule ? Étrangement, leurs histoires commencent avec le mot « trois », de tres en latin, qui est à son tour provenu de *trei-es. Quoique plusieurs termes viennent de tres, celui qui nous intéresse est un mot du latin archaïque qui était à l’origine *tristis (la deuxième composante de ce mot est parenté avec stand en anglais), ensuite *terstis et puis testis. Ce mot signifiait proprement « qui occupe une tierce position ». Juridiquement, très tôt durant la République romaine, ce terme servait déjà à désigner le témoin dans un procès, c’est-à-dire le personnage « tiers » qui en principe est sensé de ne soutenir aucune des deux parties en cause. Un dérivé de testis est testimonium, qui aboutit au français « témoin » et « témoignage ». Le verbe testari, « témoigner » ou « faire son testament », n’a pas seulement donné testamentum, mais aussi adtestari, « garantir comme témoin », qui nous a laissé « attester », contestari, « appeler les témoins », d’où « commencer un procès », d’où enfin « faire un procès, contester », detestari, qui avait d’abord le sens de « repousser en prenant les dieux à témoin », plus généralement « écarter avec
horreur, exécrer », ou avec plus d’imagination « haïr quelqu’un du fond de ses testicules » et protestari, « affirmer hautement, publiquement » en prenant comme témoin les dieux, les lois et la conscience des juges. Cette signification d’origine est préservée dans l’expression « protester de son innocence ». En droit romain, aucun homme n’était admissible comme témoin à moins que ses testicules fussent présentes comme preuve ou comme des « témoins » de sa virilité, car seuls les véritables hommes pouvaient témoigner en justice. Ne jurer que par ses testicules était une forme ancienne de serment. Parallèlement, l’on voit d’un côté παραστάτης (parastatēs) en grec ancien qui voulait dire « défendeur (en justice), celui qui soutient », découlé de para (à côté, en marge) et d’un autre un verbe signifiant « se ternir debout ». Cependant, quand ils utilisaient ce mot au duel (par opposition au singulier ou pluriel), le mot recevait un sens technique de « testicule », car la logique était que les deux glandes génitales mâles se tenaient côte à côte. Il est intéressant de remarquer que même dans la bible, le Lévitique, le Deutéronome et le livre de la Genèse font référence à la nécessité de testicules
intacts dans plusieurs contextes. Il est peu surprenant que testis nous ait laissé davantage de dérivés : attestation, protestant, protestantisme, intestat, incontestable, testateur, testostérone, testoïde, et plusieurs autres. Dans le langage médical, on utilise encore le mot testis (pluriel testes) en anglais. Toutefois, le terme « testicule » émane en fait du diminutif testiculus (pluriel testiculi). Ainsi, peut-on oser penser à ce que les Latins eussent pensé ?
Le Flagrant Délit
WINE
AND THE
CITY
OTTAWA’S 23RD ANNUAL WINE AND FOOD SHOW Sean McKinnon
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23rd Annual Ottawa Wine and Food Show
t h e i r m e n u s f o r t h e d a y. T h e y o ff e r e d v a r i o u s mouth-watering dishes that helped the wine disappear even faster. The show had something for everyone, even featuring a modest variety of micro-breweries and cocktails for the nonwine drinkers. Ottawa may not be known for its nightlife, but year after year, this event rivals even the most prominent attractions from other major Canadian cities. According to Food Magazine, it is the largest wine and food event in Canada, where people dress to impress and party the afternoon away. It is definitely one of the few times per year that Ottawa steps up to the big leagues. This year, writes Food Magazine, the threeday event saw more than 26,000 people, making it another great year for exhibitors.
HIDDEN TREASURES
OTTAWA’S ANNUAL VINTAGE CLOTHING SALE
Laura Bambara
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The much anticipated Ottawa Vintage Clothing Sale was back in the nation’s capital for its 24th year on Sunday, November 9. Vintage lovers from all over Canada lined up at the glamorous Château Laurier to get a glimpse of what vintage vendors have been collecting all year for the annual sale. The event featured more than 45 exhibitors from across Canada and the U.S. and items up for grabs varied from men and women’s clothing, to antique jewellery, accessories, linens, lace and collectibles from the early 1890’s up to the 1970’s. Ottawa’s vintage clothing market has expanded exponentially in recent years, and the Annual Vintage Clothing Sale event has become very well recognized across Canada and in the vintage clothing world. Organizer Penelope Whitmore says she started this
Vintage bridal wear
vintage clothing sale 24 years ago because she felt “Ottawa was ready for it,” and she predicts that vintage will stay in style for years to come. “The love of vintage clothing has always been there,” said Whitmore in the days leading up to the show. “It’s one-of-akind. You just can’t find the same quality and workmanship in the clothing of today.” The general public’s attitude toward vintage clothing has really changed since the early 1990’s, notably due to its popularization by Hollywood stars in day-to-day wear and on the red carpet. Its environmentallyfriendly nature, quality, uniqueness and imagination have also significantly increased interest in vintage clothing. Vintage sales do not focus on designer brands but rather on low cost one-of-a-kind pieces. The chances that someone else will be wearing the same outfit are virtually impossible, which ensures that you will truly stand out from the crowd. Fahion experts say that the increasing popularity of vintage clothing is in part due to the creativity that it allows its wearers to express, especially in a city where clothing choices can be limited. If you missed the event and would like to find vintage items from eras gone by, there are several permanent collections of vintage clothes at local stores. Trendy Victoire Boutique on Dalhousie Street offers a wide range of vintage accessories that store owners say are very popular, as does Ragtime Vintage Clothing off Bank Street, which has hundreds of designs from the past, be they from the 1920’s, 1960s, the Edwardian era or even medieval times. Happy shopping!
LE FLAGRANT DÉLIT, DÉCEMBRE 2008 - 5
Photo: www.seigelproductions.com
The Ottawa Wine and Food Show combines two of l i f e ’s g r e a t e s t p l e a s u r e s . Each year people gather to drink wine, eat food and bump into old friends. Even if you’re new to Ottawa, you will surely bump into someone you know. T h i s y e a r ’s e v e n t w a s held at its new larger venue at Lansdowne Park on Bank Street. In past years, the event has been held at the Ottawa Congress Centre and the increase in space definitely made a difference. Although the lineups were still long, they moved a lot quicker than in previous years. Once inside, the show had much to offer. There was a wide variety of wines from all regions of the world and the prices made for ample tasting opportunities. For struggling stu-
dents, this meant the allpervasive hunt for the one ticket wonder – the search for a wine which could be sampled with just one precious ticket. This year’s selections did not disappoint with various companies offering a wider selection at lower costs (fifty cents per ticket). Of course, for the more affluent patron, the higher quality products were also available. Certain vineyards showcased their brands with elaborate booths and none was more prevalent that the Yellowtail set-up. The company introduced its new “Bubbles” brand by having their camera-friendly staff members alternate shifts of lounging half-naked in a bathtub of bubbles. Needless to say, Yellowtail poured a lot of wine! Many of Ottawa’s fine food establishments were also on hand to contribute
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Alex Mercier
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En novembre dernier, la Faculté a perdu un membre du personnel qui, pour plusieurs, aura été la pierre angulaire du début de leur carrière. Le Centre de développement professionnel constitue un gage de son héritage et de son ardent désir d’aider les étudiants à accéder à leurs rêves. Sylvain Briand, malgré la brièveté de son passage, aura marqué la Faculté et tous les étudiants qui l’auront côtoyé. Originaire de Ste-Cécile de Masham, un petit village de l’Outaouais, Sylvain a fait ses débuts postsecondaires au Cégep de l’Outaouais, en technique de services de garde. Après deux ans passés en garderie, il fit son entrée à l’Université d’Ottawa, dans le programme combiné de psychologie et communications. Ce fut le début d’un long périple au sein de l’institution. Décembre 2000 vit Sylvain faire son entrée au Service Carrière, d’abord à temps partiel, puis à temps plein, alors
que ses études suivirent le che- contagieuse. Autour de Sylvain, minement inverse. Après avoir tout devient avancements et terminé son programme univer- opportunités, mais étrangement, sitaire en 2005, Sylvain, muté depuis 2003 au bureau de liaison, arriva finalement à la Faculté de droit. Au moment de son départ en 2008, Sylvain totalisait neuf années de cheminement au sein de l’Université d’Ottawa. Son départ est principalement dû à son goût pour les nouveaux défis et aux possibilités d’avancement auprès de son nouvel employeur, Santé Canada. L’anonymat du succès qu’il y connaîtra l’attire particulièrement; Sylvain se veut un altruiste, un Sylvain Briand amoureux du succès d’autrui. « Ma gratification se jamais à son bénéfice. Le Centre de développement dégage des relations humaines que je développe avec les gens professionnel vit le jour en 2006 qui progressent autour de moi », après, insiste-t-il, une étude explique-t-il. Et sa passion est approfondie des centres homo-
COMBAT IGNORÉ
Sophie Juneau
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SOURIANT
Actif en politique depuis les années 80, Ghislain Picard milite sans relâche en faveur d’une reconnaissance plus poussée des dizaines de nations autochtones habitant au Québec et au Labrador à l’intérieur de plus d’une quarantaine de communautés. Il figure d’ailleurs en tant que chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL). Les chefs des différentes communautés du Québec et du Labrador y siègent afin d’établir formellement les différents mandats politiques de l’organisme. L’Assemblée appuie notamment la lutte incessante des Autochtones contre les tiers qui désirent exploiter leur territoire sans consentement. D’ailleurs, notre interlocuteur relate une mise en demeure promulguée par sa communauté d’origine, les Innus de Pessamit, contre HydroQuébec. En 1998, la communauté de Pessamit avait dénoncé les dommages causés par des projets d’expansion de la société d’état dans les années 50 et 60, au détriment des droits innus sur le territoire. Une première tentative de négociations a été entreprise en 1979 avec l’émission aux deux ordres gouvernementaux d’une déclaration de principes sur la question de la revendication territoriale des Autochtones. Les réponses des deux paliers laissaient alors place à peu d’ouverture. L’APNQL a profité du nouveau mandat de Jean Charest, en 2003, pour signifier l’importance de l’enclenchement d’un processus de dialogue entre les Autochtones et le gouvernement. À cet effet a été finalement créé un
logues au Québec menée par Louise Cobetto. Sylvain souhaitait, à travers ce centre, « ouvrir les oeillères des étudiants sur le milieu juridique ». On n’y parlerait pas de droit, mais de carrières et les besoins des étudiants seraient beaucoup mieux comblés par un centre indépendant du S e r v i c e Carrières. Cette indépendance, Sylvain la juge souhaitable pour toutes les facultés. Il croit cependant que le service Coop est avantagé par sa centralisation. Son plus grand accomplissement? Sylvain croit que le site Web annexé à celui de la Faculté est particulièrement
conseil de discussions, par lequel les chefs de communauté et ministres échangeraient sur les points suivants : le territoire et les ressources, certaines questions économiques et fiscales, les services offerts aux Autochtones sur et hors communauté ainsi que la création d’un organisme permanent décisionnel en lien direct avec l’APNLQ. En 2005, année qui marque la fin des discussions, un des points traités demeurait inchangé, celui touchant le territoire et les ressources. M. Picard a également fait remarquer la fâcheuse tendance, depuis une dizaine d’années, au désintérêt du gouvernement à entretenir un dialogue constant avec les communautés et à la diminution du rapport de force de ces dernières avec les hauts lieux décisionnels. Le droit, en tant qu’outil de revendication sociale, a provoqué un certain rapprochement entre les deux formes de gouvernement, autochtone et québécois, mais les jugements rendus préalablement n’ont procuré aucun élément coercitif et contraignant afin de forcer la main du gouvernement à maintenir le processus de négociation. De par sa qualité onéreuse et ses délais indéterminés, les recours aux tribunaux sont utilisés avec modération et seulement en réponse à l’inaction des politiciens. Le chef de l’APNQL insiste depuis toujours sur une approche d’ « action directe » envers le conflit. Il préconise la discussion avec le gouvernement et la confiance en la bonne foi des politiciens. Le principal lieu de réforme s’avère la sphère politique qui, selon lui, se réconforte trop facilement des concessions accordées précédemment à l’égard de la condition autochtone. Il reproche également au
utile, puisqu’il permet aux étudiants d’accéder aux conseils sans nécessairement prendre rendez-vous au centre. En toute humilité, il met beaucoup d’accent sur la coopération privilégiée qui a existé entre lui et les associations étudiantes. Il retiendra de son passage l’intimité qui a caractérisé ses rapports avec les étudiants de la Faculté, la mise en valeur de ses initiatives par ses supérieurs et la liberté que ces derniers lui ont accordée. Il réalise aujourd’hui que les gens du milieu juridique travaillent énormément et espère que l’on se souviendra de la qualité du service qu’il offrait en travaillant tout autant. Sylvain, en laissant derrière lui ses jours à l’Université, nous laisse quelques sages pensées : « Croyez en vos rêves, car les seules limites sont celles que l’on se donne. N’oubliez jamais la raison première pour laquelle vous avez décidé de pratiquer le droit. » Nous souhaitons la bienvenue à la nouvelle directrice du Centre de développement professionnel, Sochetra Nget.
Photo: Sophie Juneau
L’ALTRUISME
LE
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M. Ghislain Picard
Québec le refus de considérer l’adoption de la Déclaration universelle des droits autochtones des Nations Unies.
- M. Picard détient, outre son titre de chef de l’APNQL, la mention de Chevalier de l’Ordre National du Québec et de la Légion d’honneur de France.
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Le Flagrant Délit
LE FLAGRANT DÉLIT, DÉCEMBRE 2008 - 7
Philippe Cordisco
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À titre d’institution vivante du notariat, toutes les rumeurs courent à son sujet. On raconte qu’il est né en 1928. Qu’il serait propriétaire de la Place du Portage à Hull. On chuchote même qu’il est le numéro deux de l’Opus Dei à Ottawa. Un sourire poli en coin, Denis Vincelette livre son histoire. En toute humilité. Les étudiants sont nombreux à croire que les fameuses diapositives du cours de droit des biens constituent sa marque de commerce. S’il a été l’un des premiers enseignants de l’université à utiliser le rétroprojecteur, l’idée lui vient d’un professeur suédois. Rencontré dans un colloque international dans les années 70, ce scandinave appréciait les acétates pour expliquer à ses étudiants les subtilités de la dentisterie. M. Vincelette prend luimême les photos ou trouve
LES ACÉTATES, L’EXPÉRIENCE des images pour illustrer ses explications. Il insère le tout dans un logiciel pour les imprimer sur diapositives. Pourquoi pas un document PowerPoint alors? M. Vincelette prend une pause et sourit candidement. Il se défend d’être réfractaire au changement. « J’utilise la diapositive parce que c’est un support simple et efficace. Avec les diapositives, je garde une bonne définition de l’image. » En 1975, alors qu’il débutait sa carrière à l’université, les professeurs enseignaient de façon magistrale. Denis Vincelette était alors précurseur en utilisant le visuel comme un élément important de l’apprentissage. Aîné d’une famille nombreuse, il a 63 ans. Aîné d’une famille nombreuse, il a 63 ans. Parmi sa propre et abondante descendance, deux de ses filles habitent encore à la maison familiale. La plus jeune vient d’avoir 17 ans et aucun de ses six enfants n’est notaire. « Chaque voyageur suit son chemin. Je leur sou-
PORTE QUI NE
SE REFERMERA PLUS
Pierre Foucher Professeur titulaire
Photo: Philippe Cordisco
DERRIÈRE
UNE
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Professeur Denis Vincelette
haite d’être heureux et de mettre leurs talents à profit. » Il n’est pas millionnaire, mais il n’a jamais manqué de rien. La rumeur sur sa propriété de la Place du Portage le fait rire. « Je trouve ça juste drôle, c’était très amusant d’entendre ça. » Il n’a aucune idée du nombre de livres qu’il a écrits, ni du nombre d’articles qu’il a publiés. « J’en ai quelques-uns… je n’ai pas à m’en vanter. Les étudiants accordent beaucoup plus d’importance que moi à ça. » Il explique son nombre élevé de références dans la jurisprudence par le faible nombre de notaires à faire de la recherche. Il est d’ailleurs l’auteur du seul livre sur la possession au Québec.
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Où en est la langue française dans le monde juridique canadien? Dans le monde en général, elle ne va pas très bien. Quand on voit un prestigieux tribunal-école comme le Jessup tenter d’imposer l’anglais comme unique langue de plaidoirie, quand on voit le Rwanda adopter l’anglais comme langue d’instruction, quand on entend qu’Haïti songerait à changer sa langue officielle du français à l’anglais, on se rend compte que la fonction commerciale de la langue et sa vocation instrumentale de seul outil de communication semblent prendre le pas sur sa dimension culturelle. C’est méconnaître les fonctions de la langue et les rôles du droit. Au Canada, il n’est pas anodin que le bilinguisme officiel ait fait son entrée en droit fédéral, au Nouveau-Brunswick, jusqu’à un certain point en Ontario et ailleurs au pays. Le Québec connait cela depuis au moins 1866, alors que son Code du Bas-Canada existait tant en français qu’en anglais. Une fois qu’on a établi un droit à un procès dans sa langue, un droit à des lois bilingues, un droit à des services publics en français et en anglais, une société soucieuse de la primauté du droit comme l’est le Canada ne va pas s’asseoir sur ses lauriers et ne rien faire. Cela commence par de la traduction, mais évolue rapidement vers la maîtrise personnelle des langues du droit par les acteurs juridiques. Les membres des minorités peuvent de ce fait espérer accéder à des emplois publics importants et faire une différence pour leurs communautés. On enseigne et pratique maintenant le droit civil en anglais et en français, la common law en anglais et en français : il a bien fallu développer la terminologie et les outils pédagogiques en conséquence. Cette dualité linguistique du droit a-t-elle changé quelque chose? Certainement, et plus qu’on pense. Outre le fait que cela permet maintenant au
Bien qu’il critique souvent l’office de la révision du Code civil du Québec, il n’est pas amer du travail effectué. C’était un ouvrage collectif et « je cherchais à faire ce que j’avais à faire. Quand j’ai commencé, j’avais 24 ans… je n’étais pas encore notaire. » M. Vincelette soutient qu’il parle de l’ancien code pour que les étudiants deviennent de bons praticiens. « Qu’ils sachent quand puiser dans l’ancien code et quand utiliser le nouveau. » Visiblement imbibé d’une puissante foi catholique laïque, M. Vincelette est bel et bien surnuméraire à l’Opus Dei. À ses yeux, ce qu’on entend dire sur l’ordre est faux. « C’est juste ridicu-
le…les gens ne se mutilent pas. » Il insiste sur le caractère ouvert de l’organisation. « Ben non, ce n’est pas une organisation secrète. Je vous invite quand vous voulez. » Selon lui, l’Opus, c’est de vivre son catholicisme dans la vie ordinaire. Il rencontre les membres pour prier et discuter, mais sa priorité reste l’école et sa thèse de doctorat. Une vaste recherche philosophique qu’il a entreprise sur le bien commun comme source d’interprétation du droit. La retraite n’est donc pas pour demain. Les yeux brillants, il soutient être « en pleine forme. »
justiciable d’avoir accès à des services dans sa langue, on a maintenant formé des juristes qui essaiment dans la pratique privée, dans les administrations publiques, à la magistrature, dans les organismes de défense de groupes défavorisés, en journalisme, en relations de travail, dans des instances internationales, dans le commerce et l’entreprise… Sans compter la Faculté de droit de McGill, celle de Moncton a diplômé 850 personnes, et le programme de common law en français de l’Université d’Ottawa plus de mille. Et que font toutes ces personnes dans les postes qu’elles occupent? Elles ne font pas que communiquer dans une langue; elles intègrent à leur travail la culture qui accompagne la langue. La common law en français ou le droit civil en anglais, c’est comme la common law en anglais ou le droit civil en français, ce sont des collectivités qui, ensemble, par l’usage même d’une langue, produisent une culture. Le bilinguisme et le bijuridisme sont des atouts majeurs du Canada. Cela nous aura aussi permis de mieux comprendre les liens entre langue et droit. Le droit est affaire de langue; c’est aussi par la connaissance de ses règles de droit que l’on peut voir vivre un peuple. La dualité linguistique dans le domaine juridique a ouvert la porte d’un monde fascinant, une porte qui ne se refermera plus. À moins qu’on laisse l’économie et l’efficacité dominer complètement le monde du droit.
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CONTROVERSE JESSUP
LE BILINGUISME SUR LA CORDE RAIDE Catherine Blanchard
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C’est au printemps 2009 qu’aura lieu la 50e édition du Philip C. Jessup International Law Moot Court Competiton. Cet événement rassemble plus de 500 étudiants en droit venus de 80 pays, ce qui en fait le plus important au monde dans son genre. Au mois de septembre, les équipes reçoivent la problématique sur laquelle portera le débat. Il s’agit d’un procès fictif entre deux états devant la Cour internationale de Justice. Le concours comporte une partie écrite, le mémoire, et une partie orale, la plaidoirie. Toutefois, ce ne sont que les vainqueurs de la division canadienne du concours Jessup qui accèdent à la finale internationale. Dans les éditions précédentes de la branche canadienne du concours, il a toujours été possible pour une équipe finaliste de plaider en anglais ou en français, les services de traduc-
tion simultanée étant fournis par l’organisation. La controverse s’est installée cette année avec l’avènement d’un nouveau règlement. Une première version du règlement empêchait radicalement les équipes de plaider en français lors du round final, à moins que celles-ci ne fournissent elles-mêmes un traducteur simultané. Vu la forte protestation des entraîneurs de la majorité des universités canadiennes participantes, Jamie Dee Larkam, administratrice nationale de la branche canadienne, a dû modifier le règlement. Or, bien que la dernière version n’empêche plus les équipes de plaider en français, elle prévoit qu’une équipe en serait empêchée l’année suivante si, après avoir accédé aux rounds internationaux, elle refusait de payer les services de traduction simultanée. De plus, si un mémoire francophone se voyait octroyer la première place, il serait immédiatement relégué à la deuxième place si une traduction anglaise n’était pas
fournie avant le 1er mars 2009. La professeure France Morrissette, entraîneure de l’équipe Jessup de la Section de droit civil depuis 23 ans, considère ces mesures comme discriminatoires. « Je trouve cette punition inacceptable et incompréhensible. Je n’ai jamais choisi mon équipe sur la base de la langue parlée, mais sur la base des qualités personnelles et académiques des étudiants. […] Ceux-ci doivent se faire valoir comme plaideurs. » Jeremy Sculnick, membre de l’équipe Jessup de la Section de droit civil, affirme être déçu. « Cette mesure va contre notre système bilingue et ne fait que souligner les différences. Il ne faut pas être bilingue juste en théorie, mais aussi en pratique. S’il y a des personnes qui peuvent défendre le bilinguisme, ce sont bien des étudiants en droit. » Cette version définitive des règlements, que Mme Larkam qualifie d’« adoucie », est encore fortement contestée par les facultés participantes, facultés
anglophones incluses. Plusieurs ont d’ailleurs manifesté leur mécontentement directement à l’organisation, comme le doyen de la Section de common law, M. Bruce Feldthusen. « Les gens de la Section de common law ont tous été super. C’est eux qui ont commencé le combat. Le message du doyen Feldthusen était aussi très beau. J’étais très impressionnée », affirme la professeure Morrissette. Les changements ont aussi été déplorés par le Conseil canadien de droit international. Il s’agit
d’un appui que Mme Morrissette qualifie de notable. Le Conseil des doyens et doyennes des facultés de droit du Canada, quant à lui, se penche toujours sur la question. L’entraîneure de l’équipe de la Section de droit civil ne veut pas que cette controverse décourage les étudiants à participer au concours. « C’est le meilleur exercice en droit international. C’est difficile, mais ça vaut vraiment la peine de relever le défi. C’est pourquoi il faut se battre. On a notre place. Point. »
Message du doyen Bruce Feldthusen à Mme Jamie Dee Larkam
“Ms. Larkam, I want to make it clear that Droit civil Ottawa does not stand alone. They ought not to be isolated by you or anyone else. Ottawa Common Law might well wish to argue in French in any given year. So might other schools. We want other Quebec schools to participate and feel welcome. This is the Canadian way. Let us resolve this without short deadlines, going forward after this year.”
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Nous sommes fiers de vous présenter les nouveaux membres du cabinet Robinson Sheppard Shapiro, s.e.n.c.r.l. qui ont été sélectionnés lors la Course aux stages 2008. Dans l’ordre habituel, il s’agit de MM. Fritz-Gérald Morisseau, Jason Novak, Daniel Khazzam et de Mme Émilie De Bellefeuille. Ceux-ci ont démontré l’enthousiasme, le dynamisme et les compétences nécessaires afin de se tailler une place au sein de notre cabinet. Ils ont tous travaillé à titre d’étudiants au cours de l’été 2008. Ceux-ci ont eu l’opportunité d’être impliqués dans divers dossiers de litige, droit des assurances, droit de la famille, droit des affaires, droit de l’immigration, etc. Au nom de tous les membres du cabinet, nous tenons à les féliciter et nous souhaitons à toute la Section de droit civil de l’Université d’Ottawa une bonne période d’examen et de Joyeuses Fêtes! Robinson Sheppard Shapiro, s.e.n.c.r.l. Me Charles E. Flam, associé-directeur Me Stéphane Duval, associé et responsable du comité de recrutement
ENTRE
LE
CODE
CIVIL ET LE TERRAIN FOOTBALL
Rachel Abourbih
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Étudiant en deuxième année à la Section de droit civil, Sébastien Bourget-Fournier est aussi un joueur de football des Gee-Gees de l’Université d’Ottawa. Il a commencé à jouer au football à l’école secondaire. Ensuite, il a joué au niveau collégial pour le Champlain à collège Lennoxville, Sherbrooke. J’ai discuté avec Sébastien pour lui demander quelques questions à propos de son expérience. R.A. : Pourquoi as-tu choisi l’Université d’Ottawa?
Sébastien : Comme n’importe quel athlète qui choisit son université, j’ai fait une liste de critères afin de faire un choix éclairé. Je cherchais donc un programme qui m’offrirait à la fois une possibilité de jouer et d’avoir une influence positive sur l’équipe, sans toutefois aller dans une équipe de moins bon calibre. J’ai constaté que l’Université d’Ottawa remplissait le mieux mes critères. Jusqu’à maintenant, je ne regrette pas mon choix. R.A. : Est-ce que votre équipe a bien réussi cette année?
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Sports Le Flagrant Délit
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Sébastien : Étant très compétitif, je répondrai « not good enough ». Cette année, nous avons été vaincus à la finale de la coupe Yates, soit le championnat de l’Ontario. Je dois toutefois donner beaucoup de crédits à mes coéquipiers qui ont su garder le moral tout au long de cette saison difficile. Plusieurs joueurs qui occupaient des positions clés ont subi des blessures. C’est dans ce genre de saison que l’on voit le vrai caractère d’une équipe et sa volonté de tout sacrifier afin d’atteindre un seul objectif commun, c’est-à-dire de gagner en l’honneur du nom inscrit sur notre chandail. C’est pourquoi je suis immensément fier d’être un joueur
de football des Gee-Gees. R.A. : Comment arrivez-vous à combiner le football et la charge de travail des études en droit civil?
Sébastien : La quantité de travail est assez grande. Comme plusieurs, j’ai obtenu mon DEC du cégep en faisant mes travaux à la dernière minute. Cependant, en arrivant à l’Université, je me suis rendu compte rapidement que je ne m’en sortirais pas aussi facilement. Comme la plupart des étudiants-athlètes, je suis habitué à travailler sous pression. La quantité de travail est toutefois raisonnable. Le plus gros défi est surtout de trouver le temps d’étudier avant une partie importante. R.A. : Est-ce que votre entraîneur est compréhensif?
Sébastien : Les entraîneurs sont généralement compréhensifs. Je n’utilise pas mes études comme un prétexte pour ne pas aller aux rencontres, mais les horaires stricts des cours de droit ne me facilitent pas la tache. Je dois faire mon horaire d’une façon bien précise pour être capable de faire les deux. Cette saison, j’ai raté plusieurs rencontres et séances d’entraînement afin d’assister à mes cours. Les entraîneurs n’ont fait aucun commentaire, puisqu’ils savent qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’accepter. R.A. : Avez-vous des indices pour les étudiants qui sont angoissés par le montant de travail?
RANGEZ VOS CHAISES LONGUES!* Antoine Querry
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Au moment où j'écris ces lignes, le CH a perdu son dernier match en Caroline, deux jours après avoir appris quelques leçons de blues à St-Louis, lors d'une défaite en fusillade où Kovalev a montré à tout le monde que c'était facile de marquer en fusillade. Je n’ai jamais été aussi dégoûté de regarder le hockey depuis deux semaines. Dans les sept derniers matchs, les Canadiens, les favoris dans l'Est, ont remporté deux maigres victoires et ont marqué 17 buts. Certains sont à plaindre davantage, peut-être, comme les Sénateurs, qui sont bons derniers au classement, mais on m'a toujours dit qu'il ne fallait jamais se comparer au pire. Au cours de cette même série de matchs, Carey Price et Jaroslav Halak se sont plaints de coups de soleil dans le cou. Guy Carbonneau s'est vite rendu compte que c'est parce que la lumière rouge s'est allumée beaucoup trop souvent dans les dernières parties. Pour régler le problème, les gardiens des Canadiens songent à se procurer de la crème solaire.
L'humiliation à Boston Qui a été capable d'écouter le match contre les Gros méchants Bruins au complet? Pas moi. Non pas parce qu'on a perdu 6 à 1. Des défaites, ça arrive, surtout contre de bonnes formations comme Boston. Il faut être talentueux pour gagner avec Ryder sur le premier trio! La raison pour laquelle j'ai été incapable de regarder les Canadiens perdre est parce qu’on entendait à Boston les partisans ennemis chanter notre chanson de ralliement. Celle-là même qui transporte les Canadiens à la maison comme sur la route. Vous avez bien lu... les admirateurs des Bruins ont commis le sacrilège de chanter le Ole Ole Ole! Ouch... All-Habs Game... oops! Comme plusieurs le savent, c'est à Montréal
Sébastien : L’idéal, c’est de travailler un petit peu tout au long de l’année. Comme ça, même si on prend un peu de retard, il y en a quand même une bonne partie qui est déjà accomplie.
Nous souhaitons à Sébastien et ses coéquipiers des GeeGees une excellente saison pour la prochaine année. Go Gee-Gees!
Sébastien Bourget-Fournier
qu'aura lieu cette année le match des étoiles. Pour l'occasion, la LNH a jugé bon de mettre en nominations six joueuses du CH. Pour les néophytes, les fans de partout au monde peuvent voter autant de fois qu'ils le veulent pour leur joueur préféré, afin qu'il fasse partie de l'alignement partant pour ce match très prisé. Peut-être la LNH va le regretter, mais aux dernières nouvelles, les fans des Canadiens, dont moi, ont complètement envahi les serveurs de la ligue pour voter pour leurs Glorieux. Résultat : en date du 19 novembre 2008, à 20 h 33 min, la formation partante de la Conférence Est sera composée de Carey Price dans les buts, Andrei Markov et Komisarek à la ligne bleue, ainsi qu'Alex Kovalev, Saku Koivu et Alex Tanguay à l'attaque. Voici les résultats officiels : Attaquants : Alex Kovalev Saku Koivu Alex Tanguay Sidney Crosby Evgeni Malkin
Défenseurs : Andrei Markov Mike Komisarek Mike Green Zdeno Chara
Gardien de but Carey Price Marc-André Fleury Ryan Miller
259973 257245 255170 160959 129005 286246 257933 97404 95784 278752 94869 58126
En terminant, voici l'adresse URL pour voter pour les Canadiens : vote.nhl.com. Je vous y encourage fortement, car aux dernières nouvelles, les fans des Leafs et des Bruins se sont alliés contre nous. Les Penguins ne sont pas trop contents non plus! *C'est une blague, rangez-les pas!
Le Flagrant Délit
PETIT PAPA OBAMA Gabriel Querry Rédacteur en chef adjoint
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Depuis son élection, les Européens lui ont demandé de relancer l’économie avec un « new deal »; les Iraquiens, le retrait des troupes américaines de leur pays; la Russie, l’abandon du projet du bouclier antimissiles et l’Afrique, de ne pas oublier ses origines. C’est maintenant à mon tour d’envoyer une liste de cadeaux de Noël à Obama. Obama Noël Pôle Centre (États-Unis) H0H 0H0
Cher petit papa Obama,
J’espère qu’il ne fait pas trop froid au Pôle Centre et que vous prenez un peu de repos avant d’entamer la distribution des cadeaux. Je suis content d’apprendre que vos lutins Biden et Clinton vont remplacer Cheney et Rice à la fabrique des jouets.
Vous connaissant, vous devez sûrement déjà être au boulot, dressant la liste de ceux qui ont été sages cette année. Si vous voulez mon avis, Harper ne mérite pas de charbon dans son bas de Noël : ce serait le récompenser que de lui donner des combustibles fossiles. Donnez-lui plutôt une éolienne en guise de punition pour son piètre bulletin vert.
Alors pour Noël, je désire d’abord un concours de
Éditorial
plaidoirie Jessup avec des règlements complètement bilingues. En effet, l’on a accoutré ce célèbre concours en droit international de règlements qui défavorisent les équipes francophones. Si nous pouvons heureusement compter sur l’appui de plusieurs universitaires anglophones et francophones, un coup de main de votre part ne serait pas de trop, vous qui connaissez plus que quiconque les aberrations de la discrimination. Tolérer l’autre, le comprendre, voire parler sa langue, n’est-ce pas là les premiers pas vers un monde meilleur? Ignorer cette évidence vide le droit international et le long processus de codification des droits de l’homme, dont les droits des minorités, de toute substance. N’est-ce pas paradoxal que de tels règlements soient adoptés dans le cadre d’un concours en droit international, d’autant plus que le français constitue avec l’anglais les langues officielles de la Cour internationale de justice?
Aussi, je souhaite ardemment le retour d’Omar Kadhr. Après des années de réclusion et de tortures inhumaines, il est temps pour lui de rentrer à la maison et de respirer l’air frais canadien. Chaque jour de plus qu’il passe à Gantanamo Bay exacerbe l’absurdité de sa détention kafkaïenne. Tout a été dit, tout a été protesté, alors il ne reste plus qu’à me répéter, pour éviter d’être emporté par ce cynisme qui menace de normaliser mon abjection pour de telles pratiques.
Enfin, j’ose espérer qu’avec toi nous puissions enfin entrer dans le nouveau millénaire qui nous attend depuis plus de huit ans.
Mais avant de partir, il faudra bien te couvrir. Dehors, tu vas être si exposé...
LE FLAGRANT DÉLIT, DÉCEMBRE 2008 - 11
Quant à moi, je n’oserais pas vous en demander trop. Votre prédécesseur, Georges W. Scrooge, m’a accoutumé à de modestes attentes. Les années dernières, je lui avais seulement demandé une colombe. Or, j’ai plutôt reçu deux avions, deux tours, des petits soldats et des drones téléguidés, le tout emballé dans une boîte de Pandore.
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