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La fameuse crise des crédits hypothécaires risqués (subprimes) ne cesse à ce jour de produire, par
ricochet, des effets négatifs touchant les grandes places financières partout dans le monde. Des fonds d’épargne, des banques d’affaires, des spéculateurs et d’autres investisseurs… tous lésés et se déclarent de plus en plus touchés par la crise de l’immobilier américain malgré un premier silence qui cachait l’ampleur de la dépréciation de leurs actifs financiers. Loin de là, même les Etats développés se voient touchés par cette crise qui fait craindre une récession de l’économie mondiale tirée par la ‘puissante’ économie américaine. Cet événement, important par son ampleur certes, me pousse en réalité à méditer le contexte dans lequel il s’inscrit qui est cette globalisation financière qui a permis la constitution d’un marché de capitaux intégré et mondialisé jouant ainsi un rôle positif grandissant dans le financement de l’économie mondiale mais présentant également un revers de la médaille qui consiste en un risque beaucoup plus grand dont les retombées ne sauront être limitées à l’échelle intérieure des Etats et ceci est dû au développement considérable de mécanismes de financement complexes et compliqués, tels que, à titre indicatif, les produits dérivés : contrats à termes, options, swaps, ou les opérations de titrisation des créances (subprimes et autres), … Pour s’intéresser plus particulièrement au problème des subprimes, il faudrait tout d’abord retracer l’origine de la crise avant de développer sur les répercussions qu’elle a eues sur les marchés financiers internationaux et les banques des pays développés pour ensuite mettre le point sur l’éventuel impact sur le système bancaire marocain.
L’ORIGINE DE LA CRISE DES SUBPRIMES Le terme anglophobe subprime est un dérivé de prime lending rate qui est le taux d’intérêt accordé aux emprunteurs les plus fiables qui disposent de la capacité de remboursement de leurs crédits. Alors que subprime (ou surprime) renvoie vers un crédit plus risqué puisque consenti à des ménages dont le revenu modeste ne garantit pas forcément le remboursement des sommes dues. Le marché des subprimes s’est largement développé aux Etats-Unis à partir de l’année 2001 (passant de 200 milliards USD en 2002 à 640 milliards USD en 2006). Cette tendance haussière se trouve alors justifiée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, la politique des taux d’intérêt directeurs très bas pratiquée par la FED a permis de mettre à la disposition des prêteurs une masse importante d’argent facile et bon marché qu’il fallait exploiter. Les prêteurs se sont mis alors à accorder des crédits hypothécaires subprimes aux ménages dont les revenus sont modestes parce que d’un côté ces crédits sont très rentables (surprime liée au risque élevé) mais aussi parce que qu’une loi à vocation sociale (Community Reinvestment Act, 1977) les oblige à octroyer un certain seuil de crédits pour acquisitions de logements au profit des ménages les moins riches. Un autre fait qui a aussi participé à cette tendance haussière des prêts hypothécaires risqués est que les prêteurs aux Etats-Unis ne sont pas systématiquement des banques, ce qui laissait pratiquer des souscriptions laxistes voire mêmes frauduleuses dans certains cas (des familles bien notées qui avaient droit aux crédits prime se sont vues octroyées des crédits subprimes - plus chers). En effet, les crédits subprimes étaient certes considérés comme individuellement risqués mais collectivement plus sûrs et rentables puisque le marché immobilier américain était en pleine croissance, le prix du foncier observait une augmentation régulière (dernière baisse en 1945) et rien ne laissait imaginer que la donne va changer. 2
Ayant besoin de liquidités mais aussi cherchant à répartir le risque lié aux crédits consentis, les organismes prêteurs ont transformé leurs portefeuilles de créances (y compris les crédits subprimes) en titres (via une opération dite de titrisation) de façon à pouvoir les vendre sur les marchés financiers. Les créances ‘titrisées’ n’étaient pas toutes risquées mais vendues en réalités sous forme de groupages qui contenaient et des créances sûres et des créances risquées voire très risquées (subprimes). Ce groupage a bien induit en erreur les organismes internationaux de notation du risque financier, notamment la fameuse agence Standard & Poor’s - S&P qui a attribué une note très favorables (triple A) à ces créances groupées, chose qui a encouragé de grands investisseurs internationaux (grandes banques internationales, fonds spéculatifs (Hedge Funds), …) à y investir en masse, tenant en considération la notation favorable, les taux de rémunération élevés et la flambée des prix des maisons hypothéquées. Cependant, le marché américain opère un retournement qui va s’avérer fatal. D’une part, la FED a mis fin à sa politique d’argent bon marché en augmentant progressivement ses taux directeurs (de 1% à 5,25 entre 2004 et 2006) ce qui a impacté directement la capacité des ménages à rembourser leurs mensualités qui deviennent plus conséquentes (crédits à taux variables) grevant ainsi leur pouvoir d’achat. De plus en plus de ménages se retrouvent alors en cessation de paiement ce qui poussait les prêteurs à saisir les maisons des ménages en difficulté afin de récupérer la créance restant due. Les faillites personnelles des ménages se multiplient et conséquemment des prêteurs, notamment les entreprises spécialisées dans les crédits hypothécaires à risque (Expl. New Century Financial Corporation) rencontrent de grandes difficultés les conduisant vers la faillite puisqu’ils n’arrivaient plus, vu la dépréciation de la valeur des maisons hypothéquées, à récupérer la totalité de leurs créances sur les ménages défaillants. Et c’est ainsi que la finance mondiale s’est vue touchée par les ‘déboires’ de l’affaire des crédits subprimes américains lorsque les investisseurs internationaux qui ont financé l’économie américaine en ‘misant’ sur ces crédits trop risqués n’ont encaissé que les pertes générées, proportionnellement à leur degré d’implication (volume investi). Sans la mondialisation financière, ce problème aurait dû rester une affaire américaine interne. Mais, le cours réel des choses montre que cette mondialisation est repartie sans détour, les problèmes arrivent certes, mais l’enjeu est d’en comprendre les mécanismes au mieux afin de les prévenir au futur. Or, ceci n’est pas toujours évident et j’avance à cette occasion l’histoire de la fraude qui a causé la faillite inéluctable de la prestigieuse banque anglaise BARINGS INC, et même avec tous les dispositifs de contrôle mis en œuvre dès lors, la même fraude a récidivé encore une fois, 13 années plus tard, encore dans une des plus grandes banques internationales (LA SOCIETE GENERALE), sauf que cette fois-ci, il s’agit de la plus grande fraude de l’histoire de toutes les banques ! Plusieurs crises se sont défilées dans l' histoire de la finance mondiale, et à chaque fois, c' est tout le système financier globalisé qui montre sa vulnérabilité qui est peut-être inévitable. Dans le cas des subprimes, quelles étaient alors, les répercussions de la crise sur le système financier international ?
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REPERCUSSIONS SUR LE SYSTEME FINANCIER INTERNATIONAL Avec tout le bruit qu’a causé cette crise des subprimes américains, il est vraiment difficile de répertorier toutes les répercussions d’une manière exhaustive. Néanmoins, certaines sont déjà identifiées et présentent en fait un risque dont une partie s’inscrit sur le court ou le moyen terme alors que l’autre relève plutôt du long terme. Comme cité ci-avant, la crise américaine de l’immobilier s’est exportée hors des E-U via la technique de titrisation dont les principaux clients étaient les fonds spéculateurs ou Hedge Funds. Ces derniers ont joué un deuxième rôle de transmission de la crise au reste des acteurs de la finance mondiale puisque ils se basent principalement sur de l’argent emprunté pour investir (principe d’effet de levier). Ces Hedge Funds étaient alors soit appartenant à des banques soit financés par des banques, ce qui fait que le système bancaire était très impliqué dans les subprimes d’une manière directes ou indirectes. Avec le développement de la crise, les banques touchées n’avaient pas communiqué depuis le début sur l’ampleur des répercussions qu’elles allaient supporter. Par conséquence, une autre crise, cette fois, de confiance s’installe entre les grandes banques ; une banque savait bien ce qu’elle a dans son bilan mais ne savait pas ce qu’il en était dans le bilan d’une autre banque. Les banques ne se prêtent alors plus car elles ne savaient pas quelle sera l’ampleur des pertes de leurs concurrentes. Les bourses ont chuté et le marché interbancaire est devenu paralysé : crise de liquidités. Finalement les Banques centrales des pays industrialisés ont dû intervenir en injectant les sommes nécessaires afin de désamorcer une vraie crise qui allaient être très grave. Seules les règles de pratiques comptables (Bilans et autres états publiés) et l’obligation de transparence et de communication leur avaient acculé à s’exprimer sur leur degré d’implication dans les subprimes en donnant des chiffres sur les pertes qui ont déprécié la valeur de leurs actifs. Ainsi et à titre indicatif, voici quelques répercussions communiquées par certaines banques internationales : -
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HSBC : la première banque européenne avait dû constituer une provision pour dépréciation d’environ 880 Millions $ suite à la fermeture de sa branche américaine spécialisée dans les crédits hypothécaires à risque (Decision One mortgage) ; NIBC : la Banque d’affaires néerlandaise annonce une perte de 137 Millions $ pour le seul premier semestre 2007 ; Northern Rock : la banque anglaise spécialisée dans les crédits immobiliers avait échappé de justesse à la faillite à cause de la pénurie de liquidité, aggravée par la méfiance de ses clients épargnants qui se sont dépêchés en masse pour récupérer leurs fonds déposés (retrait de 12% des montants déposés) ; UBS : la banque suisse avait déclaré une perte estimée entre 510 et 680 millions $ et une suppression de 1500 postes de travail; Citigroup : la première banque américaine avait annoncé une chute de 60% de son bénéfice net du troisième trimestre 2007 ; Etc.
Les banques jouent un rôle de premier plan dans la dynamique économique. La croissance économique crée de gros besoins en argent que les banques satisfont en prêtant aux entreprises, aux ménages, aux investisseurs, … Si les banques fragilisées par la crise des subprimes n’ont plus la capacité suffisante pour financer l’économie, c’est alors le risque de récession qui plane dans l’horizon. 4
Et même si les banques centrales continuent à réduire leurs taux directeurs. Le risque de récession reste très probable. Cela impacte significativement le moral des investisseurs qui, en conséquence, s’empêcheront de prendre du risque. Les ménages pourront baisser leur consommation à cause de la raréfaction des crédits du fait d’une part, des problèmes de liquidités et des dépréciations d’actifs des banques, et d’autres part, du fait de durcissement des procédures d’octroi des crédits. La crise des subprimes est loin d’être finie malgré les déclarations officielles qui tentent d’apaiser les craintes et les tensions. Les experts disent que le pic pourrait être atteint à l’hiver 2009, ce qui renforce encore la défiance sur les marchés financiers déjà déstabilisés. La faiblesse du dollar américain et la hausse des cours de pétrole viennent aussi pour alimenter le pessimisme des acteurs économiques. Après tout cela, une question très importante s’impose : Est-ce que les créanciers étrangers feront-ils toujours confiance dans l’économie américaine ? Une question soulevée par la crise des subprimes et dont la réponse négative pourrait remettre en cause l’équilibre actuel de l’économie mondiale. Les jours qui viennent apporteront des indices… La forte demande sur l’Or pourrait en être un. En fait, devant la baisse continuelle de la valeur du dollar américain, les réserves libellées en dollars continueront à perdre de leur valeur et l’or constituerait une alternative très sûre pour contrer ce risque imminent. L’Or est probablement en train de changer de rôle pour supplanter le dollar en perte de puissance. Voici donc quelques répercussions causées par la crise des subprimes sur le système financier mondial. Une question s’impose : Y a-t-il des répercussions sur le système bancaire marocain ?
REPERCUSSIONS SUR LE SYSTEME BANCAIRE MAROCAIN Apparemment, la crise des subprimes qui déstabilise le système financier mondial semble épargner notre pays, comme d’ailleurs à chaque crise mondiale que connaissaient les places financières internationales, la place de Casablanca (SBVC) restait non atteinte voire enregistrait même une tendance favorable dans les temps où les plus grands indices boursiers observaient des baisses importantes. L’explication de ce comportement de notre système financier national, paradoxalement opposé à la tendance des grandes places financières, réside en fait dans sa très faible corrélation avec les bourses mondiales. La SBVC est toujours en quête de maturité et le volume global des affaires n’est pas encore arrivé au point d’intéresser des investisseurs internationaux plus importants… Les Hedge Funds qui sont très impliqués dans les crédits subprimes et qui ont transmis la crise aux banques internationales ne sont pas encore présents à la bourse de Casablanca. De même pour les institutions spécialisées dans les actifs immobiliers qui ne sont également pas encore présents à la SBVC (une loi régissant l’activité de titrisation des crédits immobiliers est encore en étude au niveau du Parlement). En fait, malgré cette situation, on ne peut dire que l’impact de la crise des subprimes sur notre économie est nul mais on peut avancer qu’il est plutôt limité et ne présente pas de risque. L’impact que nous pouvons noter concerne Maroc Télécom qui est cotée à la bourse de Paris et qui peut être touchée par des liquidations de positions par certains fonds d’actions. Un autre impact pourrait être envisagé, bien qu’il ne s’est pas encore produit, serait le fait que certains investisseurs étrangers présents à la SBVC et qui pourraient également liquider leurs positions sur la place s’ils sont touchés par les subprimes ailleurs. Certains avancent encore plus qu’il pourrait y avoir d’impact négatif sur 5
l’acquisition des résidences secondaires financés à partir de fonds européens, qui si touchés par les subprimes, vont resserrer leurs procédures de crédits. Au-delà de ces trois risques que j’ai cités plus haut, un autre s’ajoute et dont les conséquences pourrait peser plus lourd sur l’économie nationale, ce risque est lié à la dévalorisation du dollar américain qui constitue une principale composante de notre réserve de devise. Si la FED continue sa politique de baisse du dollar, le Maroc supportera des pertes importantes mais qui peuvent être évitées en optant pour des réserves en Or qui observe une tendance continue à la hausse. Mais, si la crise des subprimes américains n’a pas vraiment eu de répercussions notables sur le système bancaire marocain, elle a néanmoins alimenté des craintes sur une éventuelle crise pareille au Maroc vu qu’il y a beaucoup de similitude de la situation actuelle du marché de l’immobilier au Maroc avec celle qui a conduit à la crise aux Etats-Unis ; Il y a une vraie bulle immobilière, les prix du foncier ont considérablement augmenté depuis quelques années et les banques de la place y ont participé en octroyant de plus en plus de crédits immobiliers, même en faveur des ménages vulnérables dont le revenu faible et irrégulier fait d’eux trop risqués au vu des principes prudentiels de la pratique bancaire. Et même si ces crédits à risques sont systématiquement garantis par l’Etat (Fogarim), le poids grandissant de leur valeur dans le bilan des banques pourrait pousser à plus de crainte dans les temps qui viennent : durant l’année 2007, les banques marocaines ont débloqué des crédits immobiliers auprès de 28000 ménages à risque faisant ainsi progresser l’encours des crédits immobiliers de 30,8% sur une seule année (94 Milliards de dirhams contre seulement 30 Milliards cinq ans auparavant !), et à en rajouter que 42% des crédits accordés sont à taux variables, ce qui menace la capacité de remboursement de ces ménages si, éventuellement, les taux directeurs de BAM augmenteront dans le futur. Malgré ce décor, les banquiers marocains affichent optimisme et écartent tout scenario de crise éventuelle de l’immobilier au Maroc. Bank al-Maghrib, de sa part, a appelé à la mise en place d’un système de détection précoce de crise et a également externalisé le service central des risques à Experian Maroc ce qui devrait permettre, en principe, de mieux gérer les risques et la solvabilité.
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