Blair

Un monde en sursis Dérives financières, régulations politiques et exigences éthiques

Colloque international • Lundi 15 juin 2009 • Palais du Luxembourg

www.chaos-international.org

Table ronde 3 Les contraintes politiques de l’interdépendance financière

L’exceptionnalisme américain : bilan et perspectives La crise financière globale qui atteint maintenant les économies des pays riches comme celles des pays pauvres représente un réel défi pour une nation comme les EtatsUnis, historiquement habitués à l’action unilatérale et à la politique du cavalier seul de l’Administration Bush.

Scott Blair Professeur d’Histoire des relations internationales CEA Global Campus, University of New Haven

Ce qu’on peut appeler l’exceptionnalisme américain – la propension à poursuivre des buts conçus en termes strictement nationalistes ou encore à limiter la participation aux institutions internationales largement sous influence américaine – sera désormais difficile à maintenir. En effet, les six premiers mois de cette crise nous ont appris que grâce à la coordination et au multilatéralisme, les leaders de ce monde peuvent désormais avoir l’espoir de minimiser une destruction globale sans précédent. A cet égard, cette crise constitue un moment charnière, tant pour leur économie nationale respective que pour le fragile écosystème sur lequel elle repose. En politique intérieure et en politique étrangère, de nombreux exemples semblent montrer que le Président Obama se démarque de certaines pratiques antérieures de son prédécesseur. Mais saura-t-il pour autant accepter les exigences d’une approche multilatérale et celles d’une économie globale ? Ce cas de figure impliquerait que les ÉtatsUnis ne dominent plus, mais aussi et plus encore qu’ils changent fondamentalement leur mode de production et de consommation. En fait, la façon dont Obama et le peuple américain répondront à la crise financière actuelle peut nous indiquer jusqu’à quel point la puissance américaine reste attachée à son identité d’exceptionnalisme. L’unilatéralisme hégémonique et son corollaire – le protectionnisme – sont-ils trop profondément enracinés pour être renversés, même au prix d’un chaos économique global ? Ou bien les épreuves partagées, les réalités effrayantes et les vérités qui dérangent d’un monde globalisé susciteront-elles l’émergence d’une nouvelle Amérique, plus réaliste et plus modeste dans son utilisation de ressources en voie de raréfaction ?

Biographie Scott G. Blair est directeur scientifique à Paris de CEA GlobalCampus de l’Université de New-Haven. Il est titulaire d’un doctorat en histoire de l’Université Paris IPanthéon-Sorbonne et d’un master de Georgetown University ainsi que d’une licence de lettres de Miami University d’Oxford, Ohio.

Une relecture des travaux qu’Antonio Gramsci, Immanuel Wallerstein et Robert Cox ont consacrés à l’hégémonie permettra d’examiner l’évolution historique de cette dernière décennie, marquée au plan international par l’exceptionnalisme américain. Dès lors, il s’agira de savoir si, face à une telle crise, l’Amérique d’Obama peut refaçonner la structure de la finance globale et l’ordre politique qui la soutient.

Bibliographie Ses publications se concentrent sur la Société des Nations, les institutions internationales et les crises internationales. Il a enseigné, dans les universités américaines et françaises, l’histoire européenne, les droits de l’Homme aussi bien que la théorie des relations internationales.