Afp Media Watch Printemps Ete 2008

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  • Words: 30,816
  • Pages: 146
MediaWatch OBSERVATOIRE MONDIAL DES MEDIAS Eric Scherer

Printemps / Eté 2008 -------------------------------------

L’ECONOMIE DE L’ATTENTION

Blog: www.mediawatch.afp.com

"Information is light, Information, in itself, about anything, is light"                          

(Tom Stoppard)

Couverture: Illustration de Jean-Christophe Defline, Directeur Associé, Copilot Partners, www.copilotpartners.com

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L’ECONOMIE DE L’ATTENTION Table des matières    Introduction:    Révolution permanente...................................................................................................................4  La récession aggrave la crise de la presse .....................................................................................10 

Tendances générales de la presse US ............................................... 11 Les plans sociaux du début 08 aux Etats-Unis...................................... 12   La publicité toujours pas au rendez‐vous .....................................................................................21 

Chiffres, tendances .................................................................... 21 Pistes de stratégies pub ............................................................... 27 Problèmes de confidentialité : vers un gros accident ........................... 31   Une nouvelle économie de l’attention .........................................................................................35 

Ses défis ................................................................................. 41 L’engagement, facteur-clé............................................................ 44 Quel journalisme ? .................................................................... 48 Quelles stratégies, quels business models?..................................................................................56 

Se réinventer ............................................................................ 61 Se multiplier............................................................................. 77 L’information à valeur ajoutée, des services en plus............................. 79 Exister partout : dissémination, syndication etc .................................. 84 Partenariats et coopétition ........................................................... 93 La tentation croissante du non profit ............................................. 108 Le B2B orienté aussi « services ».................................................................................................111  Mondialisation numérique et basculement vers l’Asie..............................................................117  Internet mobile 0.5 : quels modèles pour les contenus ?  .........................................................121  Autres sites intéressants, « funs » ..............................................................................................129  What’s next ?  ..............................................................................................................................135 

Annexe nostalgie ........................................................................ 139

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INTRODUCTION

Révolution permanente « We ain’t seen nothing yet! …Information technology is still in its beginning!”, entend-on ces jours-ci, à San Francisco, New York, Rio, Londres, Helsinki, Moscou, Mumbai, Séoul, Shanghai ou Tokyo! Les vagues de la révolution numérique continuent de déferler, rapides, continues, imprévisibles. A ce rythme, même les "challengers", comme Yahoo!, deviennent vite des "defenders". Des vagues abruptes, d’une puissance inouïe, qui brisent les modèles d’affaires, détruisent de la valeur, chamboulent les oligopoles, bouleversent l’activité marchande, effacent les frontières, emportent les certitudes, noient sous un flot grandissant d’informations. Des vagues, aussi, hélas, semaine après semaine, de licenciements et de plans sociaux, dans les médias traditionnels, américains et européens. Face à ce raz-de-marée numérique, « quand tout le monde prend l’eau, n’espérez pas rester sec. Seulement, peut être un petit peu moins mouillé », résume le patron du Philadelphia Inquirer. Chacun s’accroche à sa bouée : « Content is King », assurent les uns, « Internet n’est qu’un média qui s’ajoute aux autres». « Faux, rétorquent les autres. Internet, c’est tous les médias à la fois. L’interactivité en est le moteur, et sera créatrice de valeur ». Qui l’emportera ? Contenu ou mise en relation? Gratuit ou payant? « Old media ou new media »? Les Anciens ou les Modernes? Personne ne sait, bien sûr. Probablement un mix des deux. Un monde hybride, mais de toute façon, un nouveau monde.

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La nouvelle « relation média » Nous le savons tous : notre secteur vit une révolution majeure, liée à l’irruption de nouvelles technologies, et où le poids d’Internet --le grand média de masse convergent de ce début de 21ème siècle-- est majeur. Elles entraînent un profond changement dans la « relation média », « l’expérience média », et, avant tout, dans la manière très différente, dont le jeune public consomme ces médias. C’est un monde où la jeunesse se structure autour de l’Internet, des jeux vidéo, des réseaux virtuels, d’univers numérisés, d’espaces sociaux non contrôlés. Avec des conséquences importantes dans les comportements, souvent sous-estimées par leurs aînés. L’Internet n’est plus seulement un lieu de publication, mais, de plus en plus, un endroit où l’on vit ! Pour les 17-34 ans, le 1er écran est celui de l’ordinateur, et non celui de la télévision. Nous sommes dans un monde, où l’industrie des jeux vidéo a dépassé celle du cinéma, et même, récemment, celle de la musique ! Un monde dominé par les pixels et l’image, un monde où poussent les « fermes de serveurs » de Google, où la mobilité devient un service addictif. Un monde tourneboulé dans ses usages et ses habitudes, où émerge une intelligence collective, où des centaines de millions de personnes participent à l’élaboration du savoir, --enjeu actuel des nouveaux outils des moteurs de recherche. Un nouveau monde, aussi, sans fil ! Nouvel écosystème, nouvelle économie Nous assistons bien à la naissance d’un nouvel écosystème, où les nouveaux entrants, agiles et créatifs, s’emploient à exploiter, à leur profit, tous ces centres d’innovation. Un écosystème, où tout le monde pense pouvoir être millionnaire, sauf les producteurs de contenus, qui, s’ils sont contournables, seront … contournés ! Un écosystème où surgissent désormais d’autres géants aux tentations hégémoniques: Microsoft, les opérateurs de téléphonie, eux-mêmes bousculés, confrontés à la banalisation de leurs produits (logiciels, transport de voix…) et forcés à l’innovation. France Telecom, 10 fois plus gros que TF1, se met à la télévision et au cinéma. Nokia, N°1 mondial des mobiles, développe des services autour des contenus. Google veut des licences de mobiles. Microsoft, Amazon, Apple, Yahoo !, Disney...Chacun va dans les territoires de l’autre ! Les frontières se brouillent. Mais tous ont des ressources informatiques colossales (autant de 5

barrières incontournables), des montagnes de cash (capacités de croissance externe), sans compter une puissance de feu intellectuelle rare (embauche de milliers de PhD par an). Tous ont peu de passé, et sont donc plus libres. Avant la presse --et demain le livre--, c’est la musique qui a pris de plein fouet le furieux élan des premiers rouleaux. Face à une rupture technologique et à des jeunes qui ne voulaient plus payer, l’industrie de la musique a crié pendant des années : « c’est illégal ! », croyant que cela suffirait. On a vu la suite ! Le secteur a perdu la moitié de ses revenus, le tiers de ses effectifs, 40% d’artistes sous contrats. Et quand il paye, le public donne son argent aux nouveaux entrants : Il n’a fallu que 5 ans à iTunes d’Apple pour décider seul du prix de la musique et en devenir le 1er distributeur aux USA ! C’est à ce jour la manière la plus spectaculaire pour un nouveau média d’en tuer un vieux. Aujourd’hui, ce secteur est en pleine reconstruction, connait une mutation forte de ses métiers, et des modèles complexes à gérer (interopérabilité des « drm », voire suppression progressive). Le téléchargement à l’acte d’iTunes domine, puis vient l’offre illimitée d’Universal Music, le streaming, les cd, les concerts… « Recherche modèle économique désespérément ». Le secteur de la presse ne peut pas être le spectateur d’une révolution en train de se faire. Année après année, l’argent quitte les vieux supports, pour suivre l'audience des nouveaux consommateurs. Difficile de croire que certains médias ont pris le web au sérieux, quand on voit la lenteur des investissements dans les nouveaux médias, la maigreur des effectifs des rédactions multimédia, la pauvreté des innovations sur le web, la faiblesse des formations des personnels, l’illéttrisme Internet et numérique, l’absence d’intégration des nouveaux outils dans la collecte et l’interaction avec l’audience. C’est vrai que confronté à ces mutations rapides, le monde de la presse a du mal à en analyser les impacts à court, moyen et long terme, et a souvent l’impression de naviguer à vue. Mais, il y a une vie après le papier et les réseaux hertziens! Et dans cet océan d’informations, d’innovations et de réseaux, quelques balises restent visibles, pour se repérer et se frayer un chemin. La réputation est l’une des plus repérables et des mieux ancrées. C’est aussi une des raretés d’aujourd’hui, qu’il faut protéger, chérir, monétiser. 6

La fiabilité des informations de l’AFP, au coeur de son ADN, remplit cette exigence. Dans nos métiers, cette réputation est alimentée par la qualité des informations indépendantes, produites par des rédactions fortes. Hélas, aujourd’hui, nous l’avons déjà dit, celles-ci sont sous pression pour faire plus, avec moins de journalistes, en raison de modèles économiques qui ne fonctionnent plus dans l’ère numérique. La migration de la publicité sur le Web, qui a pris un rôle majeur dans une économie dominée par la gratuité, se solde par un troc d’euros contre des centimes! Sauf pour des niches. Il est donc désormais indispensable non seulement d’« exister davantage » sur l’ensemble des supports numériques, mais aussi d’exister autrement et d’y offrir surtout une information à valeur ajoutée, adaptée aux nouveaux usages. Dans ce nouveau paysage instable, voici les principales stratégies mises en œuvre, le plus souvent en combinaisons : • • • • • • •

Se réinventer en s’appuyant sur sa marque, Se multiplier sur le web, Offrir des services et engager l’audience, Disséminer sur toutes les plateformes possibles, Coopérer, Bouger sur la chaîne de valeur, Tenter le non profit.

On voit bien comment le Web est autant --si ce n’est davantage-- un service, qu’un média. De plus en plus les news devront être positionnées comme des services, et non plus seulement comme des contenus. Elles doivent permettre de mieux participer à la vie de la cité, d’enrichir la vie des gens, et souvent, de la simplifier. Grâce à leur autorité, de plus en plus de médias proposent une offre hybride: contenus et services, liés par ces nouvelles technologies. De nouvelles formes de journalisme émergent, développant des fonctions d’arbitres, de guides, de conseils, souvent de plus en plus visuelles. Il s’agit bien d’un nouvel « engagement » de la presse, des médias visà-vis de leurs audiences, nouvelles et anciennes. C’est cet engagement, cette relation privilégiée entre le média et son public, que les annonceurs accepteront de valoriser et de rétribuer. Car l’offre est surabondante. Le trop plein d’informations, de stimulations et de choix, frôle la tyrannie. Et surtout, le temps est compté. L’autre grande rareté de ce nouveau paysage est bien aujourd’hui l’attention. 7

Sur l’internet, tout est gratuit!, entend-on d’habitude. Mais, les gens paient avec leur temps, celui qu’ils passent sur nos contenus et que sont prêts à acheter les annonceurs. Le monde du Web l’a bien compris et change actuellement ses outils de mesure du succès, pour prendre en compte le nouvel « engagement » des internautes. D’où l’explosion actuelle de la vidéo et des réseaux sociaux, plus gourmands en temps, et qui sont au cœur des batailles entre tous les médias. De nouvelles formes de journalisme apparaissent : • journalisme de liens, • journalisme dépollueur, • journalisme d’engagement, • « digital story teller », • journalisme visuel… Mais dans cette nouvelle économie de l’attention, la survie passera aussi par les partenariats. "Dites aux sociétés technologiques, que le paradigme actuel +nous produisons le contenu, vous gagnez l'argent+ doit cesser", exhorte le responsable du pôle numérique chez Burda. "Nous avons besoin de plus de coopération. Nous avons un business model à fabriquer!" Même Yahoo! et Google coopèrent aujourd’hui. Aujourd’hui, les médias traditionnels sont pris dans un bourbier. La récession a même commencé pour eux dès l’an dernier. Les journaux s’effondrent et licencient à tour de bras, les audiences TV chutent, les magazines résistent pour l’instant, mais ont du mal sur le Web. Demain, tous les médias devront être pensés en mobilité. L’année 2008 consacre l’arrivée de l’Internet sur les téléphones portables, qui deviendra bientôt une télévision de poche. Là non plus, personne ne sait, à ce jour, bien valoriser des contenus, dimensionner ou monétiser la publicité. Combien de temps pourront tenir les vieux médias en attendant que le marché trouve un nouvel équilibre? Combien de temps pourront-ils supporter les coûts de leurs rédactions, soutenir la création, et contribuer au renouvellement des répertoires? Ni la gratuité, ni la publicité, ni la « longue traîne », ne sont en mesure, aujourd’hui, d’assurer la relève. Quel sera le futur partage des revenus? Pour traverser cette période de transition qui pourrait durer plusieurs années, on comprend mieux pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent, notamment outre-Atlantique, pour rappeler que l’information indépendante est « un bien public », consubstantiel à la démocratie, et souligner que sa 8

collecte et sa distribution peuvent aussi s’organiser dans un cadre « non profit ». D’autant que la récession américaine vient accroître la pression et que l’arrivée de l’Asie au premier plan de la scène mondiale, Chine et Inde en tête, bouscule tout, encore davantage! Ces formidables réservoirs d’intelligence et de créativité vont changer la donne, voire imposer leurs propres standards et leur vision du monde, à partir de leur marché local. Dans ce nouveau monde, où même Google, dit « tâtonner et apprendre en marchant », les dinosaures s’éteindront-ils, ou réussiront-ils à muter, pour donner naissance à de nouveaux oiseaux? Eric Scherer, le 13/05/2008. AFP - Directeur, Analyse Stratégique et Partenariats

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La récession aggrave la crise de la presse La presse écrite mondiale est entrée en récession en 2007. « Les facteurs cycliques traditionnels s’ajoutent aux facteurs structurels. C’est une période très sombre. » (Outsell – janv,fév) En 60 ans, c’est seulement la seconde fois que la presse US connait une récession, après 2001 (bulle Internet et 11 Septembre). On s’attend cette année à des reculs des revenus et des profits à deux chiffres (NYTmars). Au cours des six derniers mois, la diffusion des journaux US a encore baissé de 3,5% et se retrouvera, fin 2008, à son niveau de 1946, quand la population américaine était deux fois moins nombreuse ! (Silicon Alley Insider – avr) L’étude annuelle de la firme Outsell, spécialisée dans les médias, montre que, pour la première fois l'an dernier, le segment des "news & publishers" a accusé un recul de son activité mondialement (-2,5%), après avoir réussi une toute petite hausse de 0,5% en 2006. Principales raisons: le recul de la diffusion et de la publicité « print ». La croissance sur le web ne parvenant pas à compenser le recul du « print ». A noter que le groupe norvégien Schibsted, très performant sur le web, fait son entrée dans le top 10 mondial: Gannett (+3,5% de croissance en 07), News Corp (+9,5%), The Asahi Shimbun (-2%), The Tribune Company (-7,4%), The Yomiuri Shimbun (-2%), The New York Times Company (+4,9%), Daily Mail & General Trust +9,2%), Nikkei (-2%), Schibsted (+19,9%), Independant News and Media (+9,8%). Année après année, depuis cinq ans, le Center for Excellence of Journalism publie aussi, en mars, l’état de la presse américaine. Et il s’aggrave à chaque édition. Cette année, c’est bien le découplage consommé entre presse et publicité, qui est au centre du cyclone, confirmant que le modèle économique est cassé. 10

Certes, les journaux et les médias traditionnels n’ont jamais eu autant d’audience et sont les fournisseurs proéminents d’infos sur le Web. Mais « le plus gros problème auquel sont confrontés les médias traditionnels a moins à voir avec la manière dont les gens s’informent, qu’avec la manière dont ils sont financés. La réalité qui émerge, c’est que la publicité ne suit pas le consommateur en ligne ». D’où la réalisation par les professionnels de la presse du principal défi : « Réinventer leur métier et leur modèles d’affaires, alors même qu’ils coupent dans leurs ressources et réduisent leurs moyens de couverture ». « Moins de gens pour faire plus », semble être la tendance dans les salles de rédaction américaines, où le « processing » d’infos a pris le pas sur le reportage mais, où aussi l’ère de journalistes vraiment multimédia est finalement arrivée. Enfin et c’est nouveau, « les entreprises de presse, au moins certaines d’entre elles, sont devenus des lieux de prise de risques et d’innovations, et se sentent mieux connectées avec leur audience».

Tendances générales de la presse US en 2008: 9 Les informations passent du statut de produit, à celui de service. 9 Un site web de news n’est plus un point d’arrivée, mais un point de passage. 9 Le potentiel d’utilisation de contenu produit par le public (UGC) s’avère limité. 9 De plus en plus, c’est de la salle de rédaction que partent les initiatives d’innovation et les expérimentations. 9 La couverture des médias américains est de plus en plus étroite, et de moins en moins internationale. 9 Le monde de la publicité a du mal à suivre les changements en cours dans les médias.

En 2007, les revenus publicitaires des journaux (online et offline) ont reculé de 7% et sont inférieurs de 20% à leurs sommets de 2000. La chute pour les éditions papier, fut de 9,4%, la plus grave depuis 50 ans. 11

La pub assurait jusqu’ici 80% des revenus des journaux US. Mais l’autre source de revenu – la diffusion— se porte encore plus mal : en quelques années des titres comme Boston Globe, le San Francisco Chronicle ou le Los Angeles Times ont perdu 20 à 30% de leur diffusion. (NYT – fev) Le paradoxe c’est que jamais les journaux n’ont eu autant de lecteurs, grâce au Web. Les audiences (diffusion + lectorat + visiteurs …) sont à des niveaux record. Certains titres ont des audiences en ligne deux ou trois fois plus importantes que sur papier. Aujourd’hui, les journaux commencent à songer à arrêter les rotatives: un journal américain, le Capital Times a jeté l’éponge fin avril pour ne publier que sur le Web. Certains arrêtent aussi la mise en ligne de version pdf de leur version papier, comme le Daily Telegraph. Car sur le Web, il s’agit bien d’un tout autre contenu. De même, tous les grands groupes audiovisuels baissent en bourse depuis 18 mois, en raison de la numérisation et de l’irruption des nouveaux médias. Mais aux yeux de l’annonceur, l’internaute vaut, pour l’instant, toujours beaucoup moins cher que le lecteur. Et sur Internet, Google se sert fortement au passage, « transformant des dollars en pennies » pour les éditeurs.

« Le journalisme au temps du choléra » Semaine après semaine, ce sont des centaines de suppressions d’emplois, d’une côte à l’autre, qui ont été annoncées.

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Voici quelques-uns des plans sociaux de la presse US pour le début 2008 : ¾ New York Times fait partir 100 personnes de la rédaction (fév) ¾ Boston Globe (filiale du NYT): départ de 60 personnes (après 25 journalistes en 07) ¾ Groupe Tribune : 400 à 500 départs (dont 120 chez Newsday, 100 à 150 au LA Times). ¾ Newsweek : 111 départs (20% du staff) ¾ Washington Post : 3ème guichet départ depuis 2003 (fev) ¾ San Diego Union Tribune : suppression de plus de 100 emplois (10% du staff)

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¾ Cnet : suppression de 120 emplois, 10% du staff (mars) ¾ CBS News : licenciement de 1% d’un staff de 1.200 personnes. (mars) ¾ Nielsen Business Media : trois douzaines d’emplois supprimés, chez Adweek, Brandweek, Mediaweek et Hollywood Reporter. ¾ Fort Worth Star-Telegram : suppression de 15 emplois (avr) ¾ Chicago Sun Times : nouveau plan social et titre à vendre. ¾ Philadelphie Inquirer & Daily news : 68 emplois non journalistes supprimés (mars) ¾ Los Angeles Daily News licencie 22 journalistes, 5 commerciaux (mars) ¾ Orange County Register : 25 licenciements (fév) ¾ Metro International (gratuit) supprime 27 postes (janv) ¾ Portland Press Herald & Maine Sunday Telegram supprime 27 postes. (mars) ¾ Duluth News Tribune (Minnesota): départ de 15 à 30 personnes sur 225 (mars) ¾ Raleigh News & Observer: guichet départ pour 200 personnes sur 900 (avr) ¾ Seattle Times s’apprête à de nouvelles réductions de staff (déc) ¾ Gemstar TV Guide : 60 licenciements, 60 à venir (mai) ¾ Lexington Herald-Leader: reduction de 4% du staff (mai) Etc… Au cours des quatre premiers mois de 2008, les licenciements dans le secteur des médias américains sont déjà en hausse de près de 60% par rapport à la même période de 2007, pour atteindre près de 8.000 postes, (Cabinet Challenger, Gray and contre 11.700 pour toute l’année dernière. Christmas – Hollywood Reporter – mai) Le nombre des journalistes dans les quotidiens américains a diminué de 4,4 % en 2007, la plus forte baisse en 30 ans. 2.400 postes ont disparu l'an dernier. Au cours de la seconde moitié de 2007, des réductions importantes d’effectifs avaient déjà concerné, entre autres, le San Francisco Chronicle (-25% du staff), le Seattle Times, le San Jose Mercury News et USA Today. Le New York Times (1er quotidien en ligne) a perdu 5% de son staff en un an. Le San Jose Mercury News s’est séparé de 200 personnes dans sa salle de rédaction en 07 et a perdu la moitié de ses effectifs depuis 2000. Fin 2007, Le Cincinnati Post et le Kentucky Post ont cessé d’exister. (NYT – déc, fév) En un peu plus de 15 ans, les quotidiens américains ont perdu le quart de leurs emplois. Tous les supports (journaux, TV et radios) ont réduit leurs effectifs l'an dernier, sauf les magazines (+400) et l'Internet (+9.200).

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Les nouveaux médias Internet (moteurs de recherche et portails inclus) ont connu l'an dernier une progression de 13% de leurs effectifs, qui restent encore très inférieurs à leur niveau de la bulle de l'an 2000. Depuis cette date, les médias US ont éliminé un job sur six. En 1990, la moitié des jobs dans les médias américains se trouvaient dans les quotidiens. Ce taux atteint aujourd'hui 38%. (Adage – fév) La réduction des bureaux des correspondants à l’étranger continue: US News and World Report, 3ème newsmagazine US est passé de 20 bureaux à l’étranger à …0. Les bureaux étrangers des médias ont été réduits de moitié en quelques années. "Covering Britney is Cheaper" ou la fin des news mondiales ! (Alisa Miller, présidente de Public Radio International – fév) Le Los Angeles Times s’y retrouve mieux avec deux personnes traitant des flux d’informations RSS venant d’Asie, qu’avec un correspondant sur place (Jeff Jarvis – Buzzmachine - janv 08)

Après les bureaux à l’étrangers, les éditeurs : Après la réduction, voire la suppression des bureaux à l’étranger, une nouvelle catégorie de journalistes est menacée : les éditeurs. Le Washington Post a ainsi décidé de donner la priorité au reportage sur la relecture et l’édition des papiers, qui seront réalisés en réseau et non plus en flux. « Plus de personnes touchent à un papier et moins elles se sentent responsables », explique le directeur de l’information Phil Bennett dans une note interne. « Les reporters qui ne sont pas capables d’écrire correctement sont une espèce en voie de disparition (…) Couper dans les jobs de reporters serait suicidaire ». (Slate – mars) L’agence AP, après étude, a aussi été amenée en 2007 à raccourcir les circuits de relecture et d’édition de ses dépêches. (AP – janv)

En 2007, aux Etats-Unis, le pessimisme des journalistes sur le futur de leur profession a donc pris un tour radicalement nouveau : leurs inquiétudes sur leur crédibilité et l’arrivée des nouvelles technologies sont largement passés au second plan, derrière la survie économique. (Center for Excellence in Journalism – mars) 14

Les journalistes américains en colère ou inquiets de la tournure prise par l’évolution de leur métier, ont désormais un site internet pour s’exprimer et ne s’en privent pas sur angryjournalist.com. (AFP – avr) Ils l'ont dit aussi à leur Convention annuelle qui s'est tenue à Washington en avril. Mon slogan mobilisateur sera "le journalisme au temps du choléra", a lancé la nouvelle présidente de l'Association des rédacteurs en chef (ASNE) Charlotte Hall, du Orlando Sentinel. "Le mot révolution est rivé dans ma tête. (...) Nous vivons une révolution qui menace nos journaux, nos entreprises et les journalistes". "Les révolutions sont chaotiques, elles brisent des vies, les révolutions sont violentes", a continué Charlotte Hall. Mais le volontarisme américain a vite repris le dessus, pour montrer à ceux qui considèrent les journalistes comme "des dinosaures", qu'ils "ne renonceront pas", animés par leur passion "des informations vérifiées, de l'investigation et du témoignage qui finiront par prévaloir dans cette cacophonie de mots et d'images qui nous interpellent". Elle a appelé les rédacteurs en chef à "diriger le changement (...) à partager les idées innovantes et les échecs innovants". (Pierre Taillefer – AFP – avr) En Europe : « Nous sommes déjà obligés de licencier. Nous avons perdu la bataille des contenus » (Kees Spaan, président des éditeurs de quotidien néerlandais – déc 07) On assiste aussi à une paupérisation de la situation des stringers et freelance souvent forcés de faire de « l’infomercial ». Avant même la récession, un phénomène nouveau et inquiétant est apparu aux USA : la croissance du trafic sur les sites web des grands journaux s’est tassé et a même reculé pour certains : • Mercurynews.com : -30% de visiteurs (entre 06 et 07) • Gannett (100 sites) : -2% • New York Times : -12% (avant l’ouverture tout gratuit) • LA Times : -3% • USA Today : -9% • • •

Pourtant dans le même temps : Washington Post : + 21% (gros effort sur la « SEO ») WSJ : +7% Houston Chronicle : +5% (Editor & Publisher – fev)

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En termes de revenus, peu de journaux ont passé la barre des 10% venant des activités en ligne : • Dow Jones : 13% (+19% sur 06) • Washington Post : 12% (+20%) • New York Times : 10% (+15%) « Retrouver un équilibre prendra entre 5 et 10 ans », estiment les patrons de presse et experts interrogés par le New York Times (fév). « Tous ne survivront pas. Ceux qui y parviendront offriront un journalisme moins ambitieux ». Pour la presse, le pdg de Reuters, Tom Glocer prévoit une période de transition de plusieurs années avant un retour à la normale et exhorte à beaucoup de patience. (janv)

La récession 2008: Début 2008, les cours de bourse des grands groupes de média américains étaient déjà inférieurs de 30% à ceux d’un an avant. Les journaux, déjà très déprimés, devraient être les premiers touchés. Selon Goldman Sachs, qui prévoit une baisse de 8% de leur chiffre d’affaires, « au plus bas cette année, depuis 2001 », sans compter la forte hausse du prix du papier et l’impact des « subprimes » sur les annonces immobilières. (janv) En janvier, les revenus pub du NYT ont encore reculé de 10%, ceux du marché radio de 7,5%. Time Magazine a connu une chute de 39% de sa pub au cours des deux premiers mois, et SmartMoney de 22%. (mediaweek) A la fin du 1er trimestre 2008, l’indice boursier « Hollywood Reporter Showbiz » a perdu 18% depuis le début de l’année. Chute des cours de bourse des groupes médias US au 1er trimestre 2008: • CBS Corp : -19% • News Corp : - 10% • Viacom : -10% • Time Warner : -15% • Disney : -3%

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Sony : -26% Google: -36%

Le secteur des médias, dont la plupart des sociétés ont été inscrites à la cote à l’ère analogique, a beaucoup souffert de cette crise financière. Ils « sous-performent » par rapport à tous les indices. La pression sur les marges n’a jamais été aussi forte. Le secteur des télécoms a plutôt mieux réagi.

Pertes au 1er trimestre pour les groupes de journaux: Le Groupe New York Times a essuyé une perte au 1er trimestre 08 et un chiffre d’affaires en recul de 5%, dû notamment à une chute de 10,6% de ses revenus publicitaires, la pire jamais enregistrée. (NYT – avr) McClatchy en perte également de 900.000 USD, baisse de 14% du CA, 15% pour les revenus pub et -6% pour la diffusion. Le groupe dont le cours de bourse s’est effondré de 73% en un an, a prévenu que le 2ème trimestre ne serait pas meilleur. (Reuters – avr) Gannett: résultats médiocres, -8% pour le chiffre d’affaires, -9% pour le bénéfice net, -10% pour la pub, -16% pour les petites annonces (paidcontent – avr) Bloomberg : gel des salaires élevés des commerciaux et journalistes. (New York Post – mars)

Coté magazines, la pub « print » s’est aussi effondrée au 1er trimestre 08: - - 20% pour BusinessWeek - - 13% pour Forbes 17

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- 14% pour Newsweek - 37% pour US and World News Report - 1% pour Fortune (Publishers Information Bureau – NY Post – avr)

Pourtant, le monde de la publicité ne s’attend pas à souffrir véritablement de la récession avant 2009, en raison d’évènements spéciaux forts en 2008, comme les Jeux Olympiques, les élections présidentielles américaines ou l’Euro de foot, qui favorisent les dépenses. (WPP – janv 08) En Grande-Bretagne, les cours des médias ont chuté de près de 20% ces six derniers mois. L’action Daily Mail a perdu 44% en 07. Pearson (Financial Times, The Economist), malgré ses bons résultats est à un plus bas de trois ans. La diffusion de quotidiens a encore diminué l’an dernier de 2%. (WSJ – mars) En Ecosse, le quotidien The Herald a perdu un tiers de ses effectifs en 5 ans. (allmediascotland – mai) Même en Inde, la presse, pourtant en plein boom, est frappée de plein fouet par la flambée de 40% du prix du papier en 6 mois. (The Economic Times – avr) Dans le même temps, le bénéfice de Google a augmenté deux fois plus vite qu’au dernier trimestre 07 pour atteindre 1,3 milliard de dollars (+30%). Son cours de bourse est toutefois en net retrait par rapport à novembre dernier : atour de 520 dollars contre 700. (AFP- avr) Mais Google commence aussi être touché par un marché de la pub qui ralentit. Le nombre de clicks est resté stable deux mois consécutifs au 1er trimestre, alimentant le sentiment que Google, aussi, pouvait connaître des temps plus compliqués. (Bloomberg, BusinessWeek – avr) La Silicon Valley est aussi affectée aujourd’hui : la croissance de l’emploi ralentit, les start-ups serrent les vis, les investisseurs sont plus frugaux. (NYT- avr) Quid aussi de l’avenir des journaux gratuits ; quand la pub sera en bas de cycle ?

A noter aussi que tous ces groupes qui sont en relation avec des millions d’internautes via le web sont de bien maigres employeurs : Youtube avant d’être racheté par Google employait 60 personnes, contre 23.000 pour

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CBS ! Skype (voix sur IP) faisait travailler 200 personnes soit 90.000 de moins que British Telecom et Craigslist qui a tué les petites annonces dans les journaux US a moins de 25 personnes! (Nicholas Carr - NYT – janv) Les seuls journalistes qui tirent vraiment leur épingle du jeu sont aux Etats-Unis les journalistes sportifs, embauchés à prix d’or par ESPN ou Yahoo ! Sports. (NYT - dec)

Recomposition des groupes : Si des consolidations, via fusions et rachats spectaculaires ont eu lieu, (Thomson-Reuters, News Corp Dow Jones), la plupart des opérations actuelles sont des scissions, des rétérecissements, car les synergies sont finalement rares. Ainsi Time Magazine s’est séparé de 15 titres en 07, Viacom s’est scindé en deux, Barry Diller a découpé son empire IAC en plusieurs morceaux. Le New York Times a vendu toutes ses chaines de télévision. News Corp a vendu 8 chaines de télévisions locales à un fonds. Tribune a mis en vente Newsday. Time Warner se sépare de ses activités câbles. Scripps va se scinder en deux. « News Corp n’est pas bâti autour de synergies, mais pour maximiser

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les profits et les opportunités sur chaque segment ».

(BusinessWeek – dec)

Le gouvernement américain a aussi décidé d’assouplir les règles limitant la concentration des médias aux USA. (AFP – dec) En Europe, par exemple : • Emap (GB) vend ses activités radio et magazines à l’allemand Bauer pour 1,6 md d’euros (AFP – dec) •

Springer, 1er éditeur européen de journaux, liquide ses parts dans la télévision ProSiebenSat, renonce à 25% de la télé polonaise Polsat et se sépare de ses services postaux Pin. (Le Monde - dec)

Quel rôle des pouvoirs publics ? Dans ce système qui s’effondre, les pouvoirs publics en Europe tentent encore de sauver des revenus publicitaires (suppression et compensation sur le service public France Télévisions pour aider les autres), et de protéger les copyrights. (janv) Peuvent-ils faire plus ? Les éditeurs européens commencent aussi à se mobiliser pour un taux réduit de la TVA sur la presse en ligne. (déc) La commission européenne cherche à encourager les services publics à mettre de la pub dans les médias. « Content cannot be for free!” (Vivian Reding, commissaire européendéc 07)

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LA PUBLICITE TOUJOURS PAS AU RENDEZ-VOUS Il y a dix ans, le mot d’ordre était : « les portails et la pub vont tout financer ! ». Aujourd’hui c’est : « les réseaux sociaux et la pub vont tout financer ! ». Mais la pub n’est toujours pas là ! Et pour un annonceur, il est plus pertinent d’acheter des mots clés chez Google, que du « prime time » ! Comment ce modèle va-t-il évoluer ? Quelques fondamentaux : •

Sur le web, la pub est extrêmement fragmentée et les modèles ne sont toujours pas mûrs. Même en très forte hausse (+32% en 07) les revenus de pubs en ligne restent très faibles comparés aux autres, déclinants. Plus de la moitié de la pub sur Internet passe par Google



La valeur de l’internaute, par rapport au lecteur papier ou au téléspectateur, ne s’est pas appréciée ces derniers mois. Près de la moitié des sommes dépensées en publicité en ligne vont dans les poches des moteurs de recherche. Croire que la pub en ligne, certes en forte croissance, va compenser la perte sur le papier, est naïf, alors que chaque jour naissent des centaines de sites qui espèrent vivre de cette pub. Jamais les grands médias ne retrouveront leur part de marché publicitaire.



Le marché publicitaire ne suit pas la hausse des audiences.



La gratuité a continué de croître. Et avec elle, la notion de paradis numérique, gratuit !

Au point que Chris Anderson, le directeur de Wired Magazine, qui a conceptualisé la fameuse théorie de la Longue Traine (modèles Amazon, Google), prétend aujourd’hui que toute activité économique qui se numérise, et donc passe par le Web, finira un jour où l'autre, par devenir gratuite. Motif principal: des coûts de production et de distribution qui tendent vers zéro (bande passante, stockage et processing). "The Gift Economy" est le nom qu'il donne à ce nouveau modèle. C’est 21

du côté de la presse, pourtant bien mal en point, qu'il s'est inspiré: "ce que le Web représente n'est que l'extension du modèle d'affaires des médias à toutes les industries. Non pas dans le sens où la pub pourrait tout financer, mais bien plutôt dans la manière dont les médias ont à leur disposition des dizaines de façons différentes de financer des contenus qu'ils mettent gratuitement à la disposition du public". Ayant bien identifié deux raretés, qui, elles, valent de l'argent: l'attention et la réputation, il reconnait que les business models sont encore à travailler! Le débat est lancé et suscite beaucoup de commentaires aux Etats-Unis. Reste à voir si le livre qu’il entend publier en 2009 sur le sujet sera…gratuit ! Même le secteur de la musique se convertit petit à petit au gratuit. (IHT – Midem – janv) D’ailleurs la plupart des start-ups de la Silicon Valley ont des modèles financés par la pub ! Dernier éditeur à avoir choisi la gratuité en ligne : le prestigieux magazine The Atlantic, y compris pour ses archives. (janv) Il existe même un portail de flux d’infos du web baptisé « Newsisfree.com », distribué sur toutes plateformes.

« Posons simplement le problème : comment fait-on pour créer du contenu de qualité quand les annonceurs veulent payer au click, et que les consommateurs ne veulent pas payer du tout ? La réponse est tout aussi simple. On ne fait pas ». (Jay Rosen – expert new media, professeur de journalisme – avr)

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D’autant que c’est Google, archi dominant, qui encaisse la majeure partie de la croissance de la pub en ligne aux USA: • +28% en 2007 (contre +3% offline) • +44% pour Google seul (4 mds dlrs), soit deux fois plus que Yahoo!, AOL et Microsoft réunis (+15% à 1,3 md dlrs). (alleyinsider - mars) Mais il est difficile pour les médias d’aller concurrencer Google dans la pub sur la longue traîne. Il reste des choses à faire sur la « mid-tail », en réutilisant des contenus, en re-agrégeant, en proposant des innovations tarifaires. (IDATE -nov07) L’audiovisuel perd aussi de la pub aujourd’hui. La pub quitte le média TV pour aller chez un acteur : Google ! La pub à la télévision est moins efficace et plus chère que sur le Web. Pour un annonceur, il est plus pertinent d’acheter des mots clés chez Google que du prime time ! La pub hors média, tout comme les liens sponsorisés, sont en plein boom ! Pour les télévisions, la seule solution est de diffuser des contenus de masse pour attirer la pub. Sinon, faire comme Canal Plus et avoir des contenus super-premium (Serge Hayat – Chaire Media & Entertainment ESSEC – déc 07) Quelques chiffres : • • • • •

1/3 de la croissance pub vient de l’Internet, 1/3 des gratuits. (TNS Media Intelligence – dec) Internet = 7% de la pub mondiale. Au Royaume Unis, la pub internet dépasse 10% des dépenses de pub totales. La pub sur Internet devrait égaler la pub TV en 2011 (Price Waterhouse Coopers) et la dépasser au UK dès 2009 (WPP – janv) Toujours un rapport de 1 à 8 entre la pub papier et la pub web La pub sur mobiles toujours quasi inexistante.(- de 1% du total fin 07)

Î Qui va contrôler la pub sur le web ? Les sociétés technologiques ou les agences de pub ? Pour l’instant, le monde de la publicité accepte qu’il y ait des intermédiaires, dotés de technologies, lui permettant d’avoir une vue globale de sa présence sur un marché en ligne, toujours très fragmenté. Mais on peut s’attendre à une consolidation, déjà démarrée, avec l’achat par les publicitaires, ou de gros pure-players, de ces spécialistes. (gigaom – avr)

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¾ Google a finalisé le rachat de DoubleClick ¾ AOL rachète Goowy (spécialistes de portails personnifiés et des widgets) ¾ Microsoft a racheté Quantive (07) Publicis renforce son partenariat avec Google.

(janv)

La grande partie des marques et des annonceurs sont de plus en plus perplexes, en raison de la multiplication et complexification des points de contacts avec les consommateurs (Olivier Fleurot, pdt Publicis Worldwide – nov07) Le monde de la publicité était en retard, sur les médias et sur les annonceurs. Son modèle était resté le même pendant 40 ans. Toutes les agences de pub sont en train de s’adapter et vont essayer de continuer à copiloter avec leurs nouvelles expertises. Publicis vient de réussir une campagne de pub pour Nescafé, via le web, en touchant des millions d’internautes grâce à une vidéo virale sans dépenser de grosses sommes sur les médias traditionnels (IHT – jan) Mais les agences sont aussi court-circuitées. Les marques deviennent des concurrents directs et deviennent des médias. Parfois se développe aussi des alliances entre médias et annonceurs sans passer par la case agence.

Î Les marques ont pris goût à la conversation directe avec les consommateurs Volkswagen has two unpleasant messages for publishers: 1. Volkswagen will start to shift ad budgets at least on the web more and more to performance based models. Only if portals contribute to a sufficient number of measured test drive requirements or direct consumer feedbacks they get fully paid. 2. Volkswagen will increase direct publishing activities on the web."On the digital kiosk our Volkswagen portal is just one click away from the auto magazines." Volkswagen might no longer be dependent on the media to tell its stories on the web. (Eye-blogger – mars) D’autres marques sont devenues des éditeurs ou des chaînes de télé :

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« Studio Dell » ou « Mercedes-Benz TV » (après BMW ou BudweiserTV) ou le site « Nike Id », (faire ses baskets soi- même et

appartenir à une commuanuté) « We are in the business of connecting with people » (Nike, janv)  

Les firmes japonaises ciblent directement les bloggers (37% des blogs mondiaux sont japonais) pour créer du buzz online autour de leurs produits high tech, cosmétiques, voitures ou même du dernier Shinkansen. (Newsweek – dec) Clarins joue à l’éditeur féminin sur le web

(Les Echos – janv)

Les marques s’implantent aussi directement sur Youtube et dans les mondes virtuels et utilisent des « agences de buzz » sur Internet pour faire du marketing sur le web.

La pub et la VIDEO SUR LE WEB : Il est difficile d’ignorer la vidéo en ligne mais la valorisation et le business model sont encore en construction. (MSN – déc07). Elle rapporte peu et le marché n’est pas mûr. Le chiffre d’affaires de Youtube est estimé pour l’instant à 10 millions de dollars. C’est encore très faible. Formats pub sur le web : Le format « pre-roll » de 6 à 8 secondes commence à s’imposer aux USA notamment dans le sport. Assez bien supporté. C’est le cas de MSN. En France, on est toujours dans le film de 30 secondes ! De nouveaux formats sont à inventer notamment dans les réseaux sociaux. Youtube propose 10 à 15 secondes de « mid-roll » au milieu de la vidéo et de l’« overlay » (pub qui se superpose en calque pendant la vidéo)

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MSN travaille aujourd’hui à intégrer la vidéo sur Messenger pour permettre de regarder en même temps le même contenu. A noter aussi la nouvelle application Silverlight de Microsoft: “a crossbrowser, cross-platform, and cross-device plug-in for delivering the next generation of media experiences and rich interactive applications for the Web”

Petites annonces : attention Craigslist débarque en Europe ! Craigslist, le 1er site de petites annonces gratuites aux Etats-Unis vient de lancer, fin mars, des versions en français, allemand, italien et portugais. L'espagnol avait été lancé à l'automne dernier. Nul ne peut prédire le succès de ces versions locales. En revanche, tous les journaux américains, habitués à une situation de monopoles sur les petites annonces, subissent les immenses dégâts occasionnés par ce site sur leurs revenus publicitaires tirés des petites annonces. Ils se sont tout simplement effondrés, surtout pour les journaux locaux pour qui ils représentaient 40% de leurs revenus pub, et souvent près de 70% de leurs profits. "A newspaper killer", dit-on là-bas.

La destruction de valeur associée est estimée à plusieurs centaines de millions de dollars, voire plusieurs milliards de dollars. Pratiquement plus aucun jeune, --et moins jeune--, d'ailleurs ne regarde aux Etats-Unis des petites lignes serrées sur une page de journal pour louer un 26

appartement, acheter une voiture d'occasion ou trouver un job. Le coté pittoresque de Craigslist qui figure dans les 50 sites les plus visités du monde et qui se décline, sous son aspect austère, dans des centaines de villes aux USA, est dans la vision de son fondateur Craig Newark qui n'entend pas faire la course à l'argent.

L'entreprise, installée depuis 1999 à San Francisco, emploie.... 25 personnes; Elle a refusé plusieurs offres de rachats de plusieurs centaines de millions de dollars. Son chiffre d'affaires, non public, est estimé autour de 50/60 millions de dollars. Il pourrait facilement faire 10 fois plus. Les revenus proviennent d'annonces d'emploi et d'immobilier limitées exprès à quatre ou cinq grandes villes américaines. En France, une version en anglais était jusqu'ici proposée et surtout utilisée par des expatriés anglo-saxons. Craigslist vient discrètement, comme à son habitude, d’ajouter 120 nouvelles villes dans le monde à son champ d’action, soit une extension de près de 30% de son reach, « amenant immédiatement une menace compétitive aux journaux locaux ». (The Guardian – avr) Au cours des 12 derniers mois le trafic sur Craigslist a doublé ! Le nom du site a été le 4ème terme le plus recherché des moteurs en mars. (Hitwise Intelligence – mars)

PISTES DE STRATEGIES PUB : -

Faire payer cher les annonceurs autour de contenus de qualité. Réserver l’imprimé aux contenus de niche. Multiplier les sites dans un groupe de presse, voire pour une même marque, multiplier les plateformes de distribution de ses contenus (même s’il est difficile de lutter avec les pure-players qui comme Google 27

-

peuvent techniquement facilement interagir avec des millions de petits sites pour des petites sommes). Passer des accords avec Google, Yahoo, MSN… Créer des réseaux entre éditeurs.

Nouveau réseau US de pub en ligne entre éditeurs de journaux:

Gannett, Tribune ont rejoint Hearst et le New York Times pour former avec 22 autres journaux, QuadrantOne, pour vendre et placer de l’espace publicitaire en ligne. (AP – fév) . Belo, McClatchy, Media General, E.W. Scripps, et Cox Communications les ont rejoints en mars. Le réseau compte désormais 138 sites et 250 journaux. Fox Interactive Media, le bras en ligne de News Corp, entend aussi devenir une agence de publicité en ligne pour d’autres médias. (TechCrunch – dec)

Accords avec les régies pure-players Google, Yahoo !... : Les accords de partage de pub entre éditeurs de presse et les moteurs de recherche, démarrés en 2006, se sont accélérés aux USA. Google, après la finalisation de son rachat de DoubleClick, propose de nouveaux services : a free ad service platform, « ad Manager Service » (wsj – mars) et a déjà signé avec 750 journaux essentiellement américains un accord de partage de pub (fev) Le partenariat avec Yahoo! compte désormais 634 titres de presse écrite (dont 425 quotidiens soit 30% de ce marché)

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Le Rubicon Project permet aussi de faire se rencontrer producteurs de contenus en mal d’annonceurs et réseaux électroniques de placement des publicités pour trouver les espaces invendus. (Atelier BNP-Paribas – mars)

Autres nouveautés pub : Yahoo! s’associe à Adobe pour proposer un système de pub pour les documents en « pdf ». (wsj – dec) « In-text ads » : spécialité de l’agence américaine Vibrant Media, ce type de pub peu conventionnel apparait en pop-up (bulle, audio ou vidéo) quand le curseur passe sur un mot d’un article sur le web acheté par un annonceur. Elles ont parues dans les titres du groupe Gannett. Gros émoi dans les rédactions, mais les commerciaux jurent que les journalistes ne savent pas quels mots ont été achetés ! (BusinessWeek – dec07)

L’une des grandes raretés d’aujourd’hui : la réputation C’est cette réputation que les annonceurs veulent aussi acheter. D’où des craintes de plus en plus grandes dans les rédactions sur les fissures dans la muraille de Chine séparant éditorial et commercial. « Les annonceurs veulent emprunter –ou voler- la crédibilité et l’autorité que nous avons vis-à-vis de nos lecteurs. Et nous voulons les leur donner, mais sans menacer notre crédibilité et notre autorité » (John Griffin, pdt National Geographic Group et pdt de l’Association américain d’éditeurs de magazines – Foliomag – avr) « C’est, aujourd’hui, le sujet de controverse le plus aigu au sein de notre journal » (Deidre Depke – Newsweek - directeur adjoint de la rédaction – Foliomag – avr) Sur le web, la frontière entre contenus et publicité va s’estomper, avertit Olivier Fleurot (pdt Publicis WorldWide – nov07)

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Nouvelle tendance forte : la publicité comportementale Les géants du Web recueillent chaque mois des centaines d’informations sur nos visites Internet. Suivant nos traces, ils en savent beaucoup sur nos goûts et nos préférences, nos espoirs, mais aussi nos inquiétudes, nos craintes. Ces informations leur servent à placer des publicités personnalisées en face de nos yeux sur les sites web. Faites l’expérience et vous noterez que la recherche d’un mot sur Google via votre ordinateur, celui de votre collègue de travail, ou quelqu’un de votre famille, ne donne tout simplement pas la même page de résultat ! Aujourd’hui, le secteur place beaucoup d’espoir dans la publicité ciblée et comportementale, qui saura, grâce aux infos des intermédiaires technologiques, notamment les réseaux sociaux, viser directement le consommateur grâce à des informations sur ses ses goûts, ses états d’âme, ses faits et gestes, tout au long de la journée. (Lagardère Active – nov07) Cette finesse d’informations sur les consommateurs est très prisée désormais par les annonceurs. Mais les médias, qui sont en concurrence pour cette publicité, sont souvent loin de savoir faire cela aussi bien que les pureplayers. D’où un désavantage numérique et compétitif face à la pub. (NYT – mars) Après le « search marketing » inventé par Google, nous allons vers le « behavioural marketing », proposé par Facebook. Yahoo! travaille aussi sur le ciblage comportemental Là aussi, comme pour les médias, l’inter-activité va jouera un rôle clé, donnant, comme dans la presse, davantage la parole aux consommateurs face aux « marketeurs ». Le Web permet aussi une grande liberté de création pour les annonceurs et les marques.    

Mais attention : « Google changed the game in making advertisement feel like content”. (Dan Rose – VP Facebook – dec 07)

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Problèmes de confidentialité, protection de la vie privée: vers un gros accident !

(Wired)

Les soucis liés à la protection de la confidentialité et à la commercialisation des données privées, ne font que commencer. L’intime connaissance par Google, Facebook ou Myspace de nos goûts, de nos comportements, de nos discussions, recherches, inclinations, de nos amis, et parfois même de nos états d’âme, posait déjà problème. Mais aujourd’hui, la situation prend une autre dimension. Non seulement, ils en savent vraiment beaucoup sur nous, mais en plus, ils vendent ces infos aux plus grandes marques, ravies d’un aussi fin profilage de leurs cibles consommateurs. Nous nous accommodions de la situation jusqu’ici sans trop nous inquiéter. De la pub « contextuelle » correspondait bien aux contenus de nos e-

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mails sur Gmail, et les pages du New York Times, que nous lisions en ligne n'étaient pas accompagnées des mêmes bannières que celles lues par d'autres. Puis Facebook a donné une nouvelle dimension à ce profilage. Bien fait et plutôt sympathique, Facebook, est passée à une nouvelle étape en bâtissant son business model sur la vente de la publicité sur nos comportements, en vendant notre attention. Facebook parviendra peut-être à faire les choses « proprement ». Peut-être pas.

Google sait tout, Facebook le vend ! Il y a encore deux ans les grandes marques n’osaient pas toucher à MySpace. Aujourd’hui Ford, Toyota ou Procter sont sur de nombreux sites de socialisation et en masse. MySpace est actif dans 20 pays ! L’argument des géants de l’internet : « nous rendons service à l’internaute en l’exposant à de la pub qui peut l’intéresser au lieu de l’inonder de spam ». Mais Facebook a du faire marche arrière fin novembre sur une de ses applications (Beacon) qui était en mesure de dire à vos amis (et à qui d’autre ?) ce que vous vous faisiez hors du site lui-même, ce que vous achetiez en ligne, ce que vous regardiez! Facebook mettait même vos photos en face de certaines pubs pour attirer l’attention de vos amis! Des pétitions ont circulé en ligne aux Etats-Unis. Facebook propose désormais une nouvelle version demandant l’autorisation de l'internaute mais tout le monde s’accorde pour penser que Facebook a fait un mauvais travail lors de cette polémique et a manquer de transparence et de réactivité. Avant les grands de l’internet n’avaient des données que via leur propre site. Aujourd’hui ils jouent les intermédiaires pour placer de la pub sur des milliers de sites web et peuvent donc croiser leurs infos. Î Chacun aujourd'hui, dans le secteur Internet, s’attend à un gros accident. Du type, publications de fichiers, sale affaire, révélation, si possible sur quelqu’un de très connu! Nos données nous appartiennent ou, à la limite, appartiennent à nos ordinateurs. Les internautes devraient être en mesure d’avoir un contrôle sur leurs informations. Perdre le contrôle sur nos identités et sur nos informations personnelles, pour alimenter les profits de Facebook ou de Google, doit au moins être clair 32

dans le contrat que nous passons avec ces nouveaux géants. Nous ne savons même pas dans quelles "fermes" de serveurs se trouvent nos infos! Aux USA? En Inde? Chacun aujourd’hui donne facilement son nom, prénom et date de naissance à un site. Personne ne le ferait à un inconnu dans la rue. Une date de naissance et l’endroit où vous vivez suffisent parfois à créer une carte bancaire à votre nom ! Il est vrai que les sociétés de carte de crédit en connaissent aussi beaucoup sur nous et nos comportements. Tout comme les opérateurs de téléphones mobiles. A Barcelone, au Congrès mondial des mobiles, les opérateurs de téléphonie ont montré le bout du nez: et si nous profitions, nous aussi, des informations que nous avons sur vous? Elles ne sont pas minces! Ils savent beaucoup de choses: qui vous êtes, où vous habitez, où vous êtes quand vous téléphonez, à qui vous parlez, et quand, ce que vous cherchez sur le web, etc… Ce n'est pas mince quand on sait ce qu'un Google peut faire avec de la pub bien « contextualisée »! Arun Sarin, le patron de Vodafone, n’y est pas allé par quatre chemins: « Nous connaissons très bien nos clients, nous savons où ils sont, et nous savons ce qu’ils aiment. Nous pourrions très bien cibler des publicités. Cela pourrait devenir une source de revenus importante». Le tout bien sûr « sans perturber la confidentialité des informations de nos clients ». Yahoo!, qui gagne sa vie avec la pub, a enfoncé le clou en montrant pour la première fois son nouveau service « Yahoo! Connect », qui permet d'agréger et de synchroniser sur une page du mobile, tous ses réseaux et tous ses contacts en direct. Du mail à l'IM, de LinkedIn à Facebook, en passant par Myspace, AOL, Twitter ou Flickr. Petite précision: ce service permettra aussi de localiser vos contacts, au mètre près, avec des fonctionnalités d'alerte! Wow! Yahoo! prend les devants: les utilisateurs pourront choisir de ne pas faire marcher cette fonction... Une société américaine, Phorm, a passé des accords avec les grands opérateurs du câble au Royaume Unie, et leur fourni l’historique les traces de 70% des internautes britanniques doté de la broadband, provoquant la polémique. (NYT – mars) Quelques sociétés de la Silicon Valley ont bien récemment tenté de proposer aux internautes de vendre eux-mêmes leurs informations aux « marketers » en ligne. Cela n’a pas marché. Personne n’aime se monétiser. Et les gens sont aussi un peu perdus. Il y a aujourd’hui un problème d’« identity management » à régler. De contrôle des données. Il faut au moins étudier comment mieux empêcher la manipulation et gérer les excès du « profiling ». 33

Google a décidé récemment de détruire les données (adresse IP, date et heure de connexion, mots recherchés, cookies) au bout de 18 mois, 24 au plus tard. C’est un début. La Commission Européenne obligera les moteurs de recherche à limiter à 6 mois la conservation de données personnelles. (AFP – avr) Mais Google est aussi devenu « la plus grande agence de détectives que le monde ait jamais connu. C’est inacceptable», estimait fin 2007, le Pr Hermann Maurer, doyen de la faculté de science informatique de Graz en Autriche, à l'occasion du conseil d'administration de la WAN (World Association of Newspapers). Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web, s’est aussi inquiété récemment des dangers posés à la protection de la vie privée par l’utilisation des réseaux sociaux. Selon lui, il faut que chacun ait conscience que ce qu’il écrit en ligne pourra, un jour ou l’autre, être visible par ses amis, famille ou collègues. (FT – mars) Microsoft, AOL et Facebook commencent à travailler avec certains activistes de la protection de la vie privée, comme Privacy International et 80/20 Thinking. (FT – mars) Yahoo! est le site qui recueille le plus de données personnelles (Comscore, via NYT et Le Monde – mars) Données médicales : des scientifiques viennent de tirer la sonnette d’alarme dans le New England Journal of Medecine, alors que Google et Microsoft ne font pas mystère de leur arrivée dans ce secteur sensible et confidentiel. (NYT – avr) A noter aussi des différences de culture entre les pays. Les Européens, notamment au Royaume Uni, sont plus habitués à être filmés par leur gouvernement par exemple, qu’aux USA. Cette archi personnalisation, y compris dans les pratiques publicitaires, a conduit la commissaire européen Viviane Reding à un sévère avertissement: "si vous ne faites rien, ne soyez pas surpris par une décision +top-dow+ un de ces (déc) jours".

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UNE NOUVELLE ECONOMIE DE L’ATTENTION

(UCLA Magazine)

“News is free”. Faux, rétorque Google. Les gens paient! Avec quoi? Avec leur temps, explique David Eun, responsable des partenariats de contenus chez Google à New York. "Ils vous paient avec le temps qu'ils passent sur vos contenus, ils vous paient avec leur attention. C'est cette (janv 08) attention, que les annonceurs veulent".

Jusqu’ici, les médias vivaient de la publicité, c’est-à-dire vendaient leurs audiences aux annonceurs. Aujourd’hui, tout le monde court après le fameux « temps de cerveau humain disponible ».

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¾ « Nous sommes désormais dans une économie de l’attention, où les médias connaissent une très profonde transformation». (Hubert Burda, CEO du groupe de presse Burda, janv) ¾ « L’attention est notre bien le plus précieux ». (Bradley Horowitz, Yahoo !, VP product strategy, janv) « Le marché (Internet) qui était tourné hier vers une logique de pages vues, s’oriente de plus en plus vers une logique de temps passé ou d’attention » (Tariq Krim, CEO Netvibes- L’Expansion – fév)

ÎC'est donc une nouvelle économie de l’attention, qui régit désormais les médias. Mais il n’y a que 24 heures dans une journée, et l’offre est surabondante.

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Les nouveaux usages: Always On! Aux Etats-Unis: ƒ 40% des gens qui regardent la TV, surfent en même temps sur Internet. ƒ 60 à 70 % des gens consomment plusieurs médias à la fois. « Le temps de cerveau disponible est plus vaste chez les jeunes. Le multi-tasking est possible » (Didier Quillot, pdt Lagardère Active Media, nov07) Et, effectivement, le « multi-tasking » est en plein essor. Tout ce temps numérique est pris au temps social, même si une partie est consommée en échanges virtuels sur les réseaux communautaires. Nous sommes à l’heure des PC ultra légers, ultra mobiles, qu’on a tout le temps sur soi, et qui sont tout le temps connectés.

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Sources d’informations : ƒ

Près de 50% des Américains disent aujourd’hui que leur première source d’informations vient de l’Internet, contre 40% il y a un an.

ƒ

La télévision constitue la 1ère source d’infos, pour moins d’un tiers d’entre eux, la radio 11%, et pour 10% les quotidiens papiers. (WeMedia/Zogby Interactive – EANA/OPA – mars)

Les chiffres du 1er trimestre 08 ne sont pas bons, à cet égard, pour les journaux américains : -

Le temps passé, en moyenne, par les internautes, sur leurs sites, a diminué de 46 minutes, par rapport au 1er trimestre 07 ; et leur nombre de visites aussi, passant de 8,4 à 8,3. Dans le même temps, le nombre de pages vues a augmenté de 5%, tandis qu’un plus grand nombre d’internautes (+12%) se rendaient sur ces sites. (Nielsen – MediaPost – avr)

-

Le temps passé sur les vidéos en ligne a tendance à augmenter : 16 minutes et 12 secondes par semaine, contre 15 mn et 14s en 2007. (Hitwise Intelligence – avr)

Le temps « Internet » : Fin 2007, Internet représentait 20 à 22% du temps média.

(IDATE)

Les Européens passent, en moyenne, 12 heures par semaine sur Internet (+20% sur 2005) (source Yahoo) Grosso modo, les gens passent chaque jour 3 heures et demi devant un PC, 4 heures devant la télévision, et une demi-heure au téléphone. (Pierre Barnabé – VP sales, Alcatel Lucent – nov07) Î Pour les 18-34 ans, le 1er écran est désormais l’ordinateur, devant la télévision.

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Pour la génération numérique, « le temps écran » va à l’avantage de l’ordinateur face à la télévision. « Très vite, le média Internet va être le 1er média des enfants ». (Didier Quillot, pdt Lagardère Active Media – nov07) D’ici 2012, 80% des internautes actifs auront une seconde vie virtuelle. (Gartner cité par Second Life – nov07) “In term of access to information, teenagers at home are more literate than a 40 year old working in a company” (JP Rangaswami – Creative director British Telecom – dec 07) • •



75% of teens send more IMs than email (vs. 1 in 4 adults) (AP/AOL Poll) 84% of online teens have visited websites where they could learn more about movies, TV shows, music groups or sports stars (Pew Internet) 60% of teens say they pay little or no attention to daily news, and prefer soft stories about celebrities (Harvard study- 07)

Compter aussi avec un nouveau phénomène d’addiction à la mobilité, lié à l’explosion de la bande passante, la super miniaturisation des applications, le basculement d’un univers par abonnement, vers des offres illimitées à très haut débit. (Nicolas Teisseyre, partner – Roland Berger Strategy Consultant – déc 07) Ö Les gens papillonnent sur différents médias, tout au long de la journée. La télévision devient une occupation de « vieux », qui reste importante, mais plus nécessaire. Le monde de la publicité l’a compris, et devrait, dès 2009, dépenser, en Grande-Bretagne, plus sur Internet, que sur les supports papiers et télévision. (PriceWaterHouseCoopers – avr)

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Sentiment de superposition des usages : -

90 millions de recherche par jour en France sur Google, 13 à 15 mlns de magazines vendus chaque semaine en France, et un temps TV qui ne bouge presque pas: 3,3 heures / jour.

-

64% des jeunes créent leurs propres contenus numériques, notamment des blogs, contre 57% il y a deux ans. 1,5 million de photos sont postées chaque jour sur Flickr, qui en compte désormais plus de 2 milliards ! (sce Yahoo!)

L’offre est énorme et s’additionne : Appétit boulimique pour les nouvelles technologies : le public empile et accumule : laptops, appareils photos numériques, téléphones portables, iphones, consoles Wii, caméscopes… Il n’est physiquement plus possible de zapper entre tous les différents programmes TV ! L’Allemagne compte aujourd’hui 324 chaînes de télévision, contre 2 chaînes dans les années 70 ! C’est un monde, où il y aura bientôt plus de caméras vidéo, que d’habitants. Pour corser le tout, le consommateur se duplique et possède plusieurs identités sur le web ou dans les jeux vidéos (Marc Toumelin – directeur marketing, Entertainment & Devices, Microsoft France – nov07) Même Twitter (blogging en temps réel), déjà utilisé par de nombreux médias, est aujourd’hui devenu un outil de communication utilisé par les professionnels des relations publiques! (pr-squared – mai) Nous sommes proches d’un « attention crash » ! Ce moment où les informations, que nous voulons ingérer, excéderont notre capacité d’attention, qui, elle, ne suit pas la loi de Moore. (Steve Rubel – Micro Persuasion) Attention aussi à l’arrivée prochaine de la tv de poche, la tv sur mobiles, où la publicité ne suffira pas à rentabiliser les coûts de diffusion, car le temps d’audience ne sera pas assez grand. --Î

“It’s very simple: big media will become smaller, because less time dedicated to them ». (Jude Cohen – TED Conference – dec07) 40

---Résultat: Ce ne sera pas forcément une guerre entre Internet et télévision, mais une guerre multi-formats : Fox alliée à MySpace contre CBS alliée à Lastfm.com. (Vincent Bonneau – responsable secteur Internet IDATE – nov07)

Les défis de cette économie de l’attention : Le contrôle de l’attention, est bien le défi N°1 du nouveau paysage publicitaire, selon une étude d’IBM auprès du public et d’experts de la pub. Puis viennent : la créativité et la mesure (étude IBM : « The end of Advertising as we know it » déc) Mais si vous faites le calcul, « il n’y a que 24 heures dans une journée. Même Second Life n’a pas résolu ce problème ! » (Kees Spaan, président Association néerlandaise de journaux – déc)

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« Il devient enfin clair qu’il existe une limite à ce que le cerveau humain peut ingurgiter comme média. Donc la bataille, pour la même attention, va désormais s’intensifier (…) Il va y avoir une guerre pour piquer du temps aux autres. Car les gens ne vont pas passer tellement plus de temps devant leur PC. La grosse croissance est derrière nous». (BusinessWeek – janv) •

D’où le boom de la vidéo sur le Web, car on y reste plus longtemps,



D’où le développement de la TV de rattrapage (catch-up TV, Tivo…),



D’où la concurrence des réseaux sociaux, terrible pour 3 raisons : les internautes y passent beaucoup de temps, les contenus sont fournis gratuitement, et ils ont la possibilité technique de valoriser la pub comportementale et ciblée.



D’où aussi probablement la résistance de la presse magazine papier, qui vise le temps libre. Un temps de qualité, un temps de l’émotion et du plaisir, payé plus cher par les annonceurs. D’où les succès de la presse people et féminine. Les lecteurs de magazines en ligne sont d’ailleurs plus engagés avec la publicité que sur papier. (étude Harrisson Group – avr)

ÎLe vrai défi est de séduire cette « audience infidèle et capricieuse ». (Dominique Gautier, Partner – Roland Berger Strategy Consultant – déc 07) o "You give us 20 minutes, we give you the world"! (slogan de la radio d’informations newyorkaise 1010 Wins” o « On ne se quitte plus ! »

(nouveau slogan de Radio France)

D’autant que les adolescents, qui ont grandi avec le web, ne sont pas spécialement attirés par l'information, même sur leur média favori, l'internet, et que les y intéresser reste un défi. "Nombre d'adolescents nous ont dit qu'ils ne font pas d'effort particulier pour prendre connaissance des informations sur le web", explique Michael P. Smith, directeur du MMC (Chicago). "Mais, ils cliqueront sur des news si quelque chose les attire". Il faut donc, pour les médias, apprendre à les attirer, "avec du contenu qui les intéresse, de la vidéo, les sujets adéquats, des news humoristiques et insolites, et du nouveau". (Pascal Taillandier - Le Media Management Center (MMC) de l'Université américaine Northwestern – jan)

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Î L’autre problème est aussi de trouver l’information. Le Web 2.0 a plutôt accru la complexité d’usage pour le public. Et face à l’explosion de contenus, il est de plus en plus difficile de savoir ce qui est pertinent. Les moteurs de recherche ayant modifié notre manière de consommer des informations, ils ont pris du temps d’attention aux lecteurs de journaux. En outre, de passifs, nous sommes devenus des acteurs actifs pour aller à la recherche des multitudes de ressources du Web. On ne se contente plus de regarder ce que CNN, Yahoo ! ou le NYT a à dire sur le sujet, on recherche d’autres angles, d’autres avis. (Publishing 2.0 – mars)  

    Î Le problème est, bien sûr, similaire pour les publicitaires, qui sachant trop bien comment le public « zappe » les pubs traditionnelles, cherchent de nouveaux moyens de capter son attention. D’où la tendance de multiplier les supports des messages : taxis, clubs de gym, salle d’attente des hôpitaux… Adossées au succès des réseaux sociaux, des nouvelles campagnes aident aussi le gens à communiquer les uns avec les autres et donc à transmettre des messages. Les widgets sont aussi de la partie. Vibes Media est l’un de ces agences américaines créatives. (BusinessWeek – mai)

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L’ENGAGEMENT, facteur clé « From publishing to engagement & involvement » La presse devra jouer au 21ème siècle un rôle majeur pour engager le public et être en prise avec les citoyens. Il s’agit bien d'une nouvelle mission de "director of community engagement", en d'autres termes, d'organiser la conversation en quatre étapes: •

aider à la navigation, pour montrer ce qu'il y a d'important,

• •

recommander et donner des conseils, dans lesquels on a confiance, arbitrer, pour délimiter, faire respecter les règles, et modérer, avec une voix d'autorité, "coacher", pour bâtir ces communautés d'opinion et apprendre au public à mieux se servir des outils que les médias ont longtemps été les seuls à maîtriser.



Le public attend des médias, en plus des informations factuelles, des conseils pour se faire une opinion, et agir au sein de la société. Les médias doivent arrêter la pratique des éditoriaux anonymes, voire même supprimer ces pages éditoriales pour les remplacer par des pages multimédias d"engagement". En somme, la presse doit 'abandonner son détachement, qui peut paraître hautain, pour être véritablement "en prise" avec la société, grâce aux nouveaux outils numériques. (Bill Densmore, responsable du programme de journalisme à l'Université Amherst Massachussetts, et responsable du Media Giraffe Project - mars) Ö C’est cette intensité dans la relation entre le média et le public, justement que cherchent aujourd’hui annonceurs et publicitaires, et qui manque le plus souvent. Ö Les outils du Web 2.0 (blogs, réseaux sociaux, RSS, UGC…) favorisent 44

l’engagement, et la conversation entre les médias et le public. (Mais inquiètent toujours les juristes sur les problèmes de copyrights, de diffamation….) « Not engaging is a weakness today. Conversation is right. The media reconciles with User Generated Content ». (Peter Hirsberg, Chairman Technorati – janv)  

BusinessWeek : “one of (its) top goals was to create deeper, more meaningful engagement for its online audience with more blogs, audio podcasts, video reports and aggregating outside content. The site now has 18 blogs and 22 audio podcasts, and a feature called Executive Summary that aggregates outside news sources to give a snapshot of the day’s global business news. (PBS – janv) C’est vrai aussi pour les marques: - « We have to engage people and to involve people » (Bo Hellberg, Creative director Ogilvy, nov07) “Consumers will continue to gain more power over content, but they will not ‘skip’ all forms of advertising. Fewer will pay for all the content they want to consume; there will be new models to trade attention to advertising, for content.” (Account Executive, full-service media agency, North America, etude IBM) L’engagement, nouvelle mesure du succès sur Internet : C’est aussi pourquoi la mesure du succès sur le Web est en train d’évoluer vers un « indice d’engagement », via le nombre de sessions, leur durée, la nature de l’interaction de l’internaute (commentaires, ouverture de blogs, achats…) . Ces mesures prennent le pas sur le nombre de visiteurs uniques mensuels (dont on ignore s’ils reviennent) et le nombre de pages vues. (The Economist – déc) De même, Microsoft va tester une nouvelle mesure d’efficacité de la publicité en ligne, baptisé “Engagement Mapping”, qui privilégiera le suivi du comportement menant l’Internaute à l’achat en ligne. (Reuters – fév ) En télévision aussi, les chiffres Nielsen d’audience ne voudront probablement bientôt plus rien dire: il faudra compter en nombre de téléchargements sur le 45

Web et non en rendez-vous télévisuels, sauf pour les grands évènements en direct. Nielsen vient de communiquer à l’Association Américaine des journaux un classement des 30 premier sites de news US, par le nombre de sessions, par personne et sur un mois (février 08) : Brand or channel; sessions per person; unique audience (000) 1. drudgereport.com; 19.9; 3,445 2. Daily Kos^; 8.9; 1,204 3. Fox News Digital Network; 8.3; 10,177 4. CNN Digital Network; 7.9; 37,181 5. AOL News; 7.7; 21,119 6. Yahoo! News; 7.4; 35,274 7. MSNBC Digital Network; 6.4; 34,013 8. ksl.com^; 6.0; 796 9. Breitbart.com; 5.3; 2,674 10. Google News; 5.3; 12,050 11. Gannett Newspapers and Newspaper Division; 5.1; 13,998 12. NYTimes.com; 4.9; 18,975 13. Netscape; 4.8; 2,709 14. Townhall.com; 4.7; 1,152 15. Media General Newspapers; 4.6; 1,761 16. GTGI Network 4.5; 1,345 17. Star Tribune; 4.3; 2,108 18. TWC News Websites; 4.1; 840 19. NewsMax.com; 4.0; 4,054 20. Zwire^; 3.9; 1,089 21. Cox Newspapers; 3.9; 5,197 22. washingtonpost.com; 3.8; 10,441 23. Milwaukee Journal Sentinel; 3.8; 1,259 24. The Buffalo News^; 3.7; 502 25. Pittsburgh Post-Gazette; 3.6; 1,472 26. MediaNews Group Newspapers; 3.5; 5,850 27. USATODAY.com; 3.5; 10,571 28. WorldNow 3.5; 10,588 29. IB Websites; 3.4; 7,565 30. St. Louis Post Dispatch^; 3.4; 1,022

Par nombre de visiteurs uniques, nous aurions eu : 1. CNN 2. Yahoo News ! 3. New York Times, 4. les sites du groupe Ganett, 5. Google News, 6. Washington Post …

« Temps de cerveau humain disponible » : Nielsen a ainsi pris une

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participation dans NeuroFocus, société qui utilise les ondes émises par le cerveau, les réactions épidermiques et les mouvements des yeux, pour déterminer les réactions émotionnelles des individus aux publicités, programmes de télé ou produits de consommation. (FT – janv) Quels -

sont les sites où les internautes Français passent le plus de temps ? Sites de jeux en ligne (5 sites de jeux dans les 10 premiers) MSN windows live (2ème) et AOL Media Network (6ème) Deux sites marchands dans les 10 premiers: Eurobarre, Delcampe Ebay 14ème, Orange 17ème, Netvibes 20ème Google 23ème, Yahoo! 25ème, NRJ 29ème (et 1er média !) (JournalduNet – avr)

ÎDans cette nouvelle économie, Google donne deux conseils importants : 1. "Au lieu de jouer la rareté, cherchez la valeur dans l'ubiquité". En d'autres termes: “Existez partout !” (David Eun, VP Google, ancien de NBC et Time Warner - janv). 2. « Soyez trouvables ! » (et donc travaillez encore plus la « SEO », search engine optimization)

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Michael Temchine for The New York Times

Quel journalisme dans une économie de l’attention ?

ÎQuatre rôles possibles pour les journalistes dans l’ère multimédia: • • • •

Authenticator: Help the audience figure out what to believe, what can they trust Sense-maker: Help the audience derive meaning from what is happening in the world Navigator: Help the audience find their way around a story, point them to the “good stuff” Forum-leader: Help the audience engage in a discussion in a knowledgeable way

(Tom Rosenstiel, director of the Project for Excellence in Journalism, fév)

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“Act more as enabler & educator”

(Jeff Jarvis, Buzzmachine – janv)

Ϋ Links Journalism », le journalisme de liens : Filtres, guides, « manager » de news : Faire confiance aux journalistes pour nous guider sur le web et nous orienter vers les meilleurs articles. Ils nous font gagner du temps. Le journaliste peut agir, non plus seulement comme un producteur d’informations, mais aussi comme un filtre d’informations, un « manager » de ses informations sur d’autres supports, mais aussi des informations des autres, un guide dans le brouhaha du web. Le public peut lui faire confiance pour ses choix, ses recommandations qui lui feront font gagner du temps. En anglais on parle de « curator » of news. Drudge Report, 1er site US de news par le temps passé, est essentiellement un site de liens (links journalism) : a subset of edited news aggregation. Des bloggers le font aussi comme Robert Scobble aux USA ou Jemima Kiss au Guardian en GB. « Ce journalisme de liens » démontre en fournissant des preuves par les liens sur le web, et remplace « le journalisme d’affirmation» . (Publishing 2.0 - mars) Pour les journaux, il faut développer un réseau de liens. On parle alors de « networked link journalism » : combinaison des meilleurs liens des journalistes. Le New York Times le fait déjà. En désignant, comme le fait le NYT, les meilleurs liens extérieurs à un article, vous rendez service. Et vous encouragez les lecteurs à revenir.« The better job you do sending people away, the more they will come back”. (Publishing 2.0, mars) La partie « All things D » du Wall Street Joural, propose chaque jour les 10 meilleures histoires du Web (« Tech Top 10 », plus efficace qu’un flux RSS car déjà classé). Vite imité par le site français Mediapart.

Ö Ce n’est pas naturel pour les journalistes de partager ses sources, mais l’époque est au réseau, au partage, à l’ouverture, en deux mots à …. l’open source ! C’est exactement comme cela que Google fonctionne. 49

Digg aussi ! Les journalistes qui pratiquent le « link journalism » de manière isolée peuvent avoir une influence modérée sur le web, mais en réseau, leur influence sera très importante. Plus le réseau est vaste, plus il est puissant. Ö Le pouvoir de recommandation (cf. les réseaux sociaux) est ainsi très vaste et convoité.

« Il faut accepter une perte d’influence inéluctable des grands médias » (Gordon Crovitz, ex publisher WSJ – janv) « We as gate keeper, we have to change. You can’t control the conversation, but merely take part in it. And use the new tools of the new technologies”. (Emily Bell – publisher of the Guardian – dec 07)

ÎJournalisme dépollueur, “News Jockey” : Face à la tyrannie du trop plein d’informations, d’une vraie pollution de données non pertinentes sur l’Internet, il est très utile de jouer un vrai rôle de filtre et de guide. “Search is about to be destroyed by spam and pollution” (Jason Calacanis, CEO, Mahalo search engine – jan) Le musicien Peter Gabriel coproduit un nouveau site TheFilter.com où il donne ses recommandations de disques, films, vidéos… "Getting the good stuff without the grief, that is the dream. And I'm not talking just about music, I mean everything. Not just a disc jockey, but a life jockey." (Los Angeles Times – avr) Un nouveau métier : “information environmentalist” = “The movement that seeks to reduce information overload and its effects on people's lives.” There's a growing "information environmentalism" movement in the United States against the overwhelming torrent of more media than any mind can cope with. Gurus of the movement are said to be throwing away their TV 50

sets with the same ideological zeal with which feminist women are said, in the age just after the age of steam trains, to have burned their bras. —"Dear Madge," Canberra Times (Canberra, Australia), May 30, 2004 The information age, it seems, is data-contaminated. And it's not just the volume of information that's worrisome; it's the lack of context in which it's delivered. At least that is the argument of a new and growing group of people some call "information environmentalists." Their aim: to reclaim quiet mental space from the chirping persistence of cellphones, personal digital assistants, instant messaging, niche cable channels, and a virtual landscape littered with news, entertainment, and sales pitches. "We are ready to see this new kind of information environmentalism, ready to ask about the pollution of our experience and our attention," says David Levy, professor at the University of Washington's Information School.

ÎJournalisme d’engagement : Avoir un ton, une voix. C’est l’une des tendances que découvre la presse américaine, très jalouse d’une forme d’objectivité des faits. Repoussant jusqu’ici le commentaire ou l’avis personnel, dans les seules pages éditoriales, elle s’aperçoit que les usages sur Internet privilégient au contraire d’aller au-delà de l’info brute, pour ajouter contexte, expertise, savoir, background et souvent un avis, voire une prise de position (AP – avr) Succès de Breakingviews.com : site de commentaires économiques et financiers, écrits en anglais par 37 journalistes sur trois continents pour le gratin du monde des affaires anglosaxons. Le Wall Street, la Republica ou Le Monde reproduisent certains articles avec 24 heures de retard. (Le Monde – mars) Publishing is for acting : Une des clés du futur des médias traditionnels est de dépasser la seule fourniture d'informations pour embrasser l'activisme. Des blogs ont ainsi réussi aux USA à faire changer des lois sur des sujets que les médias traditionnels n'avaient même pas évoqué, ou comment des groupes de jeunes réunis au centre de Minsk avaient pu montrer, grâce à des photos postées sur des blogs, les méthodes de la police du Belarus. 51

"2008 sera l'année du lien entre les médias et l'activisme". (Clay Shirky, professeur à l'Université de New York -Interactive Telecommunications Program - janv).

ÎDigital Story Teller Il existe un vrai marché pour ceux qui seront en mesure de créer et produire des contenus numériques convaincants qui sauront attirer l’attention des gens. Nombreux sont ceux, à Hollywood, dans les rédactions ou dans les firmes de RP, qui le découvrent aujourd’hui. A suivre par exemple le nouveau projet innovant d’Edelman Studios qui met en relation des idées, des projets et des contenus avec des marques. (Steve Rubel - Micropersuasion – avr)

bien -

C'est vrai qu'aujourd'hui grâce au Web on peut déjà raconter des histoires autrement, voir ainsi: Les Mashups réalisés sur des graphiques animés, via Google Maps ou Google Earth. Les Infographies animées du New York Times pour raconter l'élection présidentielle américaine en applications flash. Pas besoin d'articles! La Coopération New York Times et Google Earth pour présenter ses infos de manière géographique

ÎVisual Journalism : l’image avant le texte Le Web amplifie un phénomène déjà bien amorcé par la télévision: le rôle grandissant donné à l'image et au visuel, pour communiquer et faire passer l'information. En gros, dans les médias, jusqu'ici, les photos ou les vidéos servaient d'abord à illustrer un texte. Même à la télévision, le "papier" restait au coeur du travail du journaliste, pour raconter son "histoire". Demain, le texte viendra en second, et seulement pour accompagner les images, qui auront la valeur d'une information à part entière, affirme le blog Eye-Blogger, qui met en avant le concept du "visual journalism". A voir par exemple : 10 by 10, (tenbyten.org) site original de flux RSS de photos internationales pour couvrir l'actualité. -

"A picture is worth a thousand words"! C'est aussi ce qu'a compris la 52

-

bibliothèque du Congrès américain en nouant un partenariat avec Flickr où elle a posté plus de 3.000 clichés. La spectaculaire manière de présenter les dernières infos de l’agence de presse néerlandaise ANP, sur le site www.en.nl avec une barre de lecture originale.

Les moteurs de recherche se mettent aussi au visuel. Deux nouvelles applications sont un régal pour les yeux : - Spacetime (résultats présentés en 3D) - SearchMe (donne des images des sites trouvés, en version béta). (wsj – mars) Ou de nouveaux moteurs de recherche graphiques, qui proposent des palettes d’images en un clic, comme Taggraph, Oskope, Tilt…. (Libération – janv) Même pour les e-mails, le texte ne suffit plus. Ils doivent intégrer des graphiques et des animations pour être lus et capter l’attention du consommateur. (L’Atelier BNP-Paribas – avr) Visual marketing avec le site Imagini.net et le « DNA visuel » (5 millions de personnes inscrites)

Les marques ont compris cette course à l’attention et discutent de plus en plus directement avec les consommateurs.

Î Dans ce nouveau paysage on trouve déjà de multiples nouveaux sites organisateurs de l’information : Veropedia = Wikipedia vérifié !

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“Daylife was created to simplify the complex news landscape”. Le New York Times est l’un des investisseurs.

Yelp.com : nouveau site de critiques vérifiées (San Francisco)

Moteur de recherche humain! 60 personnes, 400 free lancers (Jason Calacanis)

organise gratuitement les flux de news, de blogs et autres sources d’infos.

par l’un des fondateurs de Wikipedia. Wikia compte sur le bénévolat du public. 20.000 inscrits. (janv)

Personnal news aggregator. Agrège 3.000 sources d’informations et blogs. 54

Ask.com lance ce “News aggregation + elements of Digg social site”. Plus de place donné aux breaking news. (Fév)

Î Mais il est clair que la presse a aussi un rôle majeur à jouer.

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QUELLES STRATEGIES ? QUELS NOUVEAUX BUSINESS MODELS ?

Il est difficile de croire que certains médias ont pris l’Internet au sérieux, quand on voit la lenteur des investissements dans les nouveaux médias, la maigreur des effectifs des rédactions multimédias, la pauvreté des innovations éditoriales sur le web, la faiblesse des formations des personnels, l’illettrisme internet et numérique, l’absence d’intégration des nouveaux outils dans la collecte et l’interaction avec l’audience, le manque d’agressivité dans les stratégies de publicité en ligne. Certes, le rythme des changements est vif dans les entreprises de presse, mais encore bien trop lent, pour développer les nouveaux revenus nécessaires. Pire, pour les journaux, la croissance en ligne ne sera pas suffisante. Ce qui manque presque toujours, c’est une vision, des idées et surtout du courage ! Même le New York Times, pourtant leader mondial des quotidiens en ligne, diversifié dans des sites tiers (about.com) est vivement critiqué pour sa lenteur à muter vers le numérique par certains de ses actionnaires qui ont vu son cours de bourse s’effondrer de 70% en 5 ans. Il faut penser « outside the box » et entrer dans des territoires parfois inconnus, sans pour cela se transformer du jour en lendemain en « disrupter » ! Coopérer avec des sociétés très différentes, proposer des services en plus des contenus, voir transformer ces contenus en services, disséminer à l’extérieur de ses propres silos, valoriser différemment ses propres actifs, repackager, et se ré-inventer soi-même, sinon son business model ! Même Amazon, précurseur, continue de chercher des idées de croissance en dehors des sentiers battus : cette fois, c’est en proposant aux grandes entreprises ses formidables capacités informatiques ! Et ça marche ! (BusinessWeek – avr)

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Les leçons de l’industrie de la musique : « Recherche modèle économique désespérément ».

(Le Figaro – janv)

Face aux nouveaux comportements des jeunes qui ne voulaient plus payer, et à une rupture technologique, l’industrie de la musique a crié pendant des années : « c’est illégal », pensant que cela suffisait. On a vu la suite ! Le secteur a perdu la moitié de ses revenus, le tiers de ses effectifs, 40% d’artistes sous contrats. Et quand il paye, le public donne son argent aux nouveaux entrants ! En 5 ans, iTunes d’Apple est devenu le 1er distributeur de musique aux USA, devant Wal Mart! Amazon, en vendant de la musique sans droits, est aussi devenu en quelques mois tranquillement le n° 2 des ventes en ligne! C’est la manière la plus spectaculaire pour un nouveau média d’en tuer un vieux. Aujourd’hui, le secteur est en pleine reconstruction, connait une mutation très forte de ses métiers, et des modèles éco très complexes à gérer, avec l’interopérabilité des drm, voire leur suppression progressive. (Il existe 500 services de musique sur le Web en plus de l’iTunes !) Nouveaux modèles d’affaires : le modèle dominant est le téléchargement à l’acte d’itunes (0,99 dlr), puis l’offre illimitée (Universal Music), le streaming, les cd, les concerts…

Attention aussi à l’exemple du livre :

Avec son e-reader « Kindle », Amazon est en train de tenter le même « hold up » sur le livre! 57

Il prend position sur tous les éléments de la chaîne de valeur : contenus, support, distribution. Résultat : la distribution des livres est aussi en crise aux USA, où la 2ème chaîne de librairies, Borders, est actuellement en vente, après une chute de 76% de son cours d’action durant l’année écoulée. (Bloomberg – mars)

Î Le secteur de la presse ne peut être le spectateur d’une révolution en train de se faire.

Exemples de business models réinventés: La Conférence annuelle TED (Technology, Entertainment, Digital), à Monterey en Californie, probablement ce qui se fait de mieux en rassemblement de cerveaux brillants sur tous les nouvelles tendances, fait payer 6.000 dollars aux participants, mais offre ses contenus gratuitement en ligne ! L rapport Attali sur la libération de la croissance, disponible gratuitement sur Internet, est parallèlement un succès en librairie. (AFP-mars) Même Apple, dominant, étudie, avec les majors du disque, de nouveaux business models autour de la gratuité des contenus, en échange d’un prix plus élevé à l’achat de l’ipod et de l’iphone (FT – mars) C’est le modèle « All you can eat ! » pour un prix unique.

Gratuit ou payant ? Une majorité de patrons de presse (56%) pense désormais que les journaux, imprimés ou en ligne, seront gratuits à l’avenir (contre 48% il y a un an) et qu’ils mettront davantage l’accent sur les commentaires et les opinions. (sondage Zogby International pour Reuters et le World Editors Forum – Yahoo! News mai - ) Payant pour les niches, c’est possible ! (John Ridding, patron du FT – Pressgazette – mars) : - le journalisme de qualité est un business rentable - les gens paieront pour du contenu "premium" - la vidéo fait de l'audience (100 vidéos produites/mois, 500.000 vues) 58

-

les médias doivent être plus confiants dans la qualité et la valorisation de leur contenu. Mais il reconnait qu'il est sur un marché de niche (business news and analysis)

Le Wall Street Journal adopte une modèle hybride en ligne: gratuit et payant. Comme Le Monde ou Les Echos en France. « Des marques pour lesquelles les gens paient vont s’en sortir mieux dans ce nouveau paysage, que des marques auxquelles les gens attribuent peu de valeur » (Gordon Crovitz, ancien publisher du WSJ – janv)

“A majority of industry executives expect that advertising-supported content will remain king and that digital advertising will eclipse traditional advertising during the next five years”. 52% of more than 100 senior media and entertainment industry executives from North America, Europe and Brazil predict such a sea change. When asked to predict the No. 1 business model in five years, 62% bet on advertising-supported models, well ahead of the 25% who cited subscriptions and 11% who expect pay-per-play services to lead. (Accenture's 2008 Global Media Content Survey - HollywoodReporter – mai)

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Quelles stratégies ? En voici quelques unes, avec des exemples : • Se réinventer • Se multiplier • Proposer des services • Disséminer • Coopérer • Bouger sur la chaîne de valeur • Tenter le « non profit »

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SE REINVENTER •

« Je ne vois d’espoir dans l’imprimé que si journalistes et éditeurs veulent opérer des changements fondamentaux » (Gordon Crovitz, ex publisher WSJ – janv)



Forbes.com, très créatif, s’est transformé en une marque reconnue de l’info 24/7. Pas évident pour un magazine. A beaucoup travaillé sur l’optimisation pour les moteurs de recherche (SEO).

Î Réorganisations : "The biggest threat to established companies are always themselves if they ignore change". (Niklas Zennström, fondateur de Joost – janv)

Rapprochement des rédactions classiques et des rédactions online (cf. précédentes éditions de l’Observatoire Mondial AFm MediaWatch Automne 2007) Spiegel: la fusion des rédactions print et web n’est plus exclue (dwdl.de - avr) “I don’t want to hire single platform journalists anymore.” Paul Horrocks, l'éditeur du Manchester Evening News (groupe Guardian) n'y va pas par quatre chemins: "dorénavant? je n'embaucherai plus de journalistes unimédia". Finis les reporters à calepins? Les photographes de guerre? Les porteurs de micros? Les reporters d'images? Chacun désormais se devra d'avoir au moins deux cordes à son arc. (janv) Politique des “breaking news” du Daily Telegraph suivies par “a story owner” tout au long des développements : •

When news breaks send out immediate alerts: SMS, email, desktop



After 10 minutes get 150 words on the website and solicit reader help with images/video or other accounts

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Within an hour update story to 450 words and add additional images and video



Then look to commission analysis and opinion pieces, develop a topic page with multiple angles and multimedia (journalism.co.uk –mars)

Attention au fossé numérique à l’intérieur des médias : Attention au fossé numérique qui se creuse, entre ceux, qui dans les médias, maîtrisent les nouveaux outils qui permettent de participer à la nouvelle conversation mondiale, devenant des « traditional online journalists », et les autres. Il faut encourager des formations simples pour permettre à chacun de créer un blog, de participer à un wiki, de poster une photo sur Flickr ou une vidéo sur Youtube. Ce serait bien aussi si les journalistes regardaient moins de méfiance l’Internet, bourré d’avis d’experts facilement disponibles sur les blogs. « Il faut beaucoup de pédagogie, d’explications. Des journalistes ne sont pas des ingénieurs. Apprendre à perdre du temps, pour en gagner ensuite. (Didier Quillot, pdt Lagardère Active Media, nov07) Attention aussi à l’inverse : Les différences de statut qui voient des grands reporters grassement payés avec grosses notes de frais, et les soutiers, souvent CDD, travailler à 62

la chaîne sur les versions électroniques des mêmes médias.

Mutualisation des ses ressources éditoriales : (« low cost ») Après avoir renoncé à l'abonnement Reuters, CNN a annoncé qu'il comptait dépenser cet argent pour développer ses propres produits et devenir fournisseur de contenus pour les médias et les nouveaux supports. NextRadioTV en France veut créer sa propre agence de presse interne. La radio RMC va assurer la couverture sport pour les BFM aux jeux de Pékin (30 spéciaux). Tout comme le groupe espagnol Vocento Media Trader qui syndique ses contenus sur le web. Le Groupe Tribune va regrouper à Miami les opérations éditoriales de ses quotidiens, radios et télévisions. (smartmoney – mars) Stratégie de remplacement : Le papier s’arrête, le média devient numérique (voir plus haut ex aux USA et Suède). Rapprochement de l’éditorial du commercial pour être en prise avec son audience : 64% des Américains disent que les médias traditionnels US ne sont pas en prise avec leurs préoccupations, même s’ils restent 70% à penser que le journalisme reste utile à leur qualité de vie. ( WeMedia/Zogby Interactive – EANA/OPA – mars) Faire travailler l’éditorial, chargé de produire les contenus, plus près des services commerciaux, chargés de les vendre. La vieille muraille de Chine entre éditorial et commercial risque d’être plus perméable, mais les éditeurs doivent coopérer pour mieux monétiser leurs contenus sur le web. (Forbes – avr) « Ces nouveaux médias sont un mélange entre marketing et technologies impliquant de nouveaux contenus créatifs (…) Nous avons développé une recherche créative par pays, visant à définir les secteurs les plus dynamiques et les marques disposant de valeurs communes, comme par exemple « le changement », « la liberté » ou encore « la destinée ». Puis nous avons proposé à BMW ou Visa de les associer à des contenus correspondant à 63

ces valeurs. Il s’agit de reprendre le message des marques et de leur proposer un contenu valorisant ensuite » (Gary Carter, président nouveaux médias Fremantle/ Bertelsmann – Le Figaro – avr)

Diversifier le Business Model : Prisma Presse entend développer, en plus de son modèle publicitaire, d’autres sources de revenus ,via une valorisation de ses archives, l’ecommerce et la syndication des ses contenus à des tiers. (Fabrice Boe – CEO – nov07)

Î Stratégies de contenu: Jouer la marque et la réputation (voir plus haut): « Il faut bouger quand on a la chance de s’appuyer sur des marques et des rédactions fortes » (Didier Quillot – pdt Lagardere Interactive -nov07)

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Réduire les contenus: Suicidaire pour des journaux locaux, de vouloir maintenir une couverture médicale, technologique ou de critiques de films, alors que des dizaines de sites sont spécialisés sur ces sujets. (the journalism iconoclast – mars) Les quotidiens locaux ferment leurs sections éco et finance, faute de pub en raison de la concurrence des quotidiens nationaux et du web : 8 d’entre eux l’ont fait en 07, dont le Denver Post et Orange County Register (adweek – fev) Le Monde, après avoir « abandonné le culte de l’exhaustivité », prévoit de réduire sa pagination de 1.000 pages par an et de se concentrer « sur des informations exclusives, ou à valeur ajoutée, ou de grandes enquêtes » (Eric Fottorino, pdt – Les Echos – mai)

Faire intéressant : Favoriser le contenu, jugé « intéressant » par les lecteurs, face au Contenu, jugé « important » par les journalistes The Atlantic Journal (mensuel des milieux intellectuels de la côte est) s’est livré cet hiver à une comparaison entre les « Unes » de grands quotidiens (choix des éditeurs) avec les sections « most e-mailed stories » des mêmes journaux : Elles ne se recoupent que dans moins de 25% des cas ! On peut penser que les grandes nouvelles n’ont pas besoin d’être envoyées car elles sont connues. Mais sans faire du Britney Spears à tour de bras, on peut aussi, dit le magazine, « faire intéressant » et mieux expliquer le sens des infos. « L’ancienne Une faisait un pari sur votre intérêt, la nouvelle doit désormais le mériter » Le Wall Street Journal va proposer des pages sports et lance un blog sur l’environnement. (jan) Cible jeunes : El Mundo créé un supplément papier pour les jeunes. Le Chicago Tribune créé Redeye. Flag ! Carton jaune ! Un phénomène nouveau s’est produit cet hiver avec l’interview du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a très mal tournée pour l’intervieweuse de BusinessWeek, en raison de réactions hostiles de l’audience pendant l’interview (tous connectés par IM ou via Twitter et après (sur des dizaines de blogs). Ils n’étaient pas satisfaits des questions trop orientées éco, voire people, et pas assez tech ! 65

« Stories matter « more than content Tell stories about communities. Discovery Communications espère que sa nouvelle chaîne « Planet Green » touchera 70 millions de foyers américains soucieux de l’environnement en trois ans. (Reuters – fev) Différentier son contenu : De plus en plus, les éditeurs sont confrontés aux nouvelles exigences du web, qui réclame « une voix » et de la mise en perspective, et non plus seulement de la dépêche d’agence, ou des infos dont tout le monde dispose. C’est le débat qui agite toutes les rédactions : minimiser la banalité de l’information, et maximiser la qualité du reportage et de l’analyse (Ken Wilson, executive editor USA Today via Buzzmachine - mars )

Le projet du Monde, qui sera présenté à l’automne, est de « préférer l’explication, l’analyse et la diversité des points de vue à la redite des informations, déjà fournies par tant de médias à la vitesse de la connexion numérique » Il est aussi d’ « identifier un certain nombre de priorités éditoriales que ce soit sur les questions géopolitiques ; de ressources naturelles, d’environnement, de démographie, d’économie, de politique, de culture » (Eric Fottorino, Pdt du Monde – AFP – avr) Les personnes les plus importantes d’une rédaction web aujourd’hui sont les experts en « SEO » (search engine optimization), pas les rédacteurs 66

en chef. Ce sont eux qui vont permettre à un papier d’apparaître bien sur les moteurs de recherche. Même si Google change les règles souvent. Mais imaginez un instant une conférence matinale de rédaction où les sujets seraient décidés en fonction des 50 termes les plus recherchés sur Google ! (Arnaud de Saint-Simon – Psychologies -dec)

Modifier ses formats La tendance pour les quotidiens au format tabloïd se confirme en Europe. (diepresse – avr) Faire vivre son contenu sur la home page Trop souvent les journaux ou magazines en ligne ont des « home pages » statiques, peu rafraîchies au long de la journée et parfois présentées comme leur version papier. C’est contraire aux usages du web qui exige de la nouveauté à chaque instant et des infos fraiches. « Organisez les infos par ordre d’importance convient bien quand on publie une fois par jour, mais ne fonctionne pas sur le web où la publication est en continu. Montrez ce qu’il y a de nouveau sur votre page de une et vous augmenterez votre trafic » (Publishing 2.0 – mars)

Faire vivre le contenu sur le site, stratégie marketing du « Mullet »: « business in the front, party in the back ».

Du nom de la coiffure en vogue chez certains footballeurs dans les années 70 comme Kevin Keegan ou récemment Roberto Baggio : propre devant, long derrière. Autrement dit : la « Une » du site propre et bien éditée, pour attirer les annonceurs, et le reste du site alimenté par des multitudes de blogs et d’UGC, pour alimenter le trafic. C’est la stratégie du blog progressiste américain Huffington Post.

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Créer de l’évènementiel : MSN fait du « média social » : créé un évènement et l’accompagne avec les internautes qui contribuent en permanence. D’où des audiences différentes et des contenus différents. D’où aussi une qualification de l’audience pour les annonceurs (Alexandre Michelin – directeur éditorial MSN France – déc) La télévision reste très puissante sur les grands évènements grégaires qui font autant d’audience qu’avant, malgré la fragmentation des audiences. (Nicolas de Tavernost – pdt M6 – avr)

Booster la vidéo sur les sites:

Voir le Vidéo center du Wall Street Journal (sur la home page)

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Celui du New York Times :

Celui du Financial Times :

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La galerie diaporamas photos et vidéos du Washington Post :

Journaux, magazines : le passage à la retransmission en direct ! Pour valoriser leurs contenus vidéos, les journaux doivent envisager de diffuser des infos en direct (Charles De Vroede – rédacteur en chef adjoint – de Telegraaf – mars) L’hebdomadaire Newsweek a couvert, en direct et en images vidéo, sur son site web, la visite du pape aux Etats-Unis. (avr) Le site du Washington Post diffuse désormais en direct les grandes conférences de presse de l’administration américaine à Washington et les soirées électorales.

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La nouvelle salle de rédaction du Financial Times :

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Mieux contrôler son contenu sur le Web : Les éditeurs de presse ou de livres, les sites de médias, veulent-ils connaître le sort de l’industrie musicale et se retrouver ligotés par une situation de monopole « à la itunes », qui dicte prix, conditions et verrouille l’accès à leurs contenus? Ou veulent-ils, quand il est encore temps, permettre aux moteurs de recherche, un accès mieux contrôlé --et peut être plus riche-à leurs contenus ? C’est ce que propose aujourd’hui l’initiative ACAP (Automated Content Access Protocol), encore mal connue. (Disclaimer: l’AFP est membre du Project Board d’ACAP). Aujourd’hui, toutes nos pages web sont « crawlées » automatiquement par les moteurs de recherche (mais aussi par des centaines d’autres acteurs de l’Internet) grâce à un petit fichier (robots.txt), qui est, depuis 1994, le standard d’autorisation donnée sur nos contenus. Problème: il n’est pas très souple d’utilisation, ni pour les médias, ni pour les moteurs. Et ses instructions sont floues.

L’idée d’ACAP est de créer un autre outil automatique de communication, entre les contenus des éditeurs et les moteurs, libre, souple, gratuit, ouvert, compatible, « business model neutral » et facile à installer. Avantages pour les éditeurs ? Disposer d’une meilleure communication automatique avec les moteurs. Mettre en place un protocole de dialogue, et donc de permission, avec eux, pour mieux contrôler son contenu en ligne. 72

Pouvoir ainsi donner ou non l’autorisation de crawler les contenus, varier les dates et les durées de mise en ligne, mieux protéger les copyrights, spécifier les différents services du moteur qu’on autorise, surveiller la syndication en ligne, empêcher l’abus d’utilisation, et se créer des nouvelles opportunités de business en utilisant mieux la force marketing des moteurs. Avantages pour les moteurs ? Ils savent ce qu’ils pourront indexer, et ce qu’ils ne doivent pas prendre, évitant ainsi des risques liés aux droits d’auteur. Ils pourront surtout avoir un accès plus large et plus sophistiqués qu’avant, si les éditeurs ouvrent leurs archives et leurs bases de données, aujourd’hui jalousement protégées. Des documents photos, vidéos, pdf, etc… pourront ainsi être nouvellement indexés. Où en est-on? La phase pilote est quasi achevée et cela a l’air de marcher. Des tests ont été réalisés, via le moteur de recherche français Exalead (4ème mondial). Même s’ils n’y participent pas officiellement, les trois grands (Google, Yahoo ! et MSN) ont aussi été partie prenante de discussions techniques et surveillent de très près l’attitude des éditeurs. Google a soufllé le chaud et le froid au printemps. Les trois agences de presse mondiales, AP, Reuters et AFP se sont dites prêtes s’engager. The Times de Londres utilise aussi désormais ce protocole et son trafic n’a semble-t-il pas baissé. Le New York Times et le Guardian soutiennent activement ce protocole. Coté éditeurs, Reed Elsevier a par exemple laissé les moteurs passer derrière son firewall, pour crawler dans sa base de données, tout en leur donnant des conditions spécifiques : OK pour le moteur de recherche, pas OK pour le moteur de news, OK pour certains fichiers html, pas OK pour les pdf, OK pour tel délai, OK pour telles pages avec pub, pas OK pour celles-là, etc . Le projet ACAP est d'abord pilotée par la presse avec la WAN (World Association of Newspapers), The European Publishers Council, The International Publishers Association. Il cherche d’autres partenaires. La solution passera-t-elle par du bilatéral, type Google Premium ou Amazon Kindle, du multilatéral, via un nouveau protocole partagé, comme ACAP, ou par encore autre chose ?

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La valorisation des archives :

Les médias traditionnels ont des trésors que les pureplayers n’ont pas : les archives, mais nombre d’entre eux ne les propose pas en ligne. Certains font payer, d’autres pas. Les grands networks déversent désormais sur leur site web des quantités d’épisodes de séries cultes (Star Trek, Miami Vice, Kojak …) (Forbes – fév) Sports Illustrated vient d’ouvrir sur son site SI.com une nouvelle section « The Vault » (la chambre forte) donnant accès à ses 53 ans d’archives textes et photos et parfois vidéos. Le Times de Londres ouvre gratuitement 2000 ans d’archives sur le web. (journalism.co.uk - mai) Newsweek, qui n’ouvrait ses archives qu’aux abonnés print ou payant sur le web, a décidé fin 07 de les rendre gratuites. Le trafic sur ce type de contenu a très vite quadruplé. Idem pour le New York Times dont 10% du trafic porte désormais sur ses seules archives. The Washington Post ou The Atlantic Monthly font payer l’accès. (NYT – mars) MTV va mettre en ligne cette année tous les épisodes de sa série animée culte « South Park ». (Reuters – nov) Disney va commencer à mettre sur son site des classiques, gratuits ou sous une forme d’abonnement. (Bloomberg – mars) Le « talk show » sérieux du soir sur la télévision publique américaine PBS, présenté par Charlie Rose, va proposer sur le web des résumés de 4 mn de 4.000 heures d’archives. (beet.tv – avr) Longue traine : développement d’une économie des médias autour de contenus de niches. Ex : version numériques d’anciens hits, valorisation des archives, versions intégrales de documents (Nicolas Teisseyre – partner – Roland Berger Strategy Consultants – dec07)

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Prendre son temps : la librairie et l'édition au secours du journalisme?

Un nouveau magazine, propose une manière originale de faire du journalisme: XXI (Vingt Et Un, comme le XXIème siècle), lancé récemment en France, célèbre justement la lenteur et le temps. Lenteur de la parution (trimestrielle) et temps pris pour les reportages (plus d'un mois pour certains). Antidote à la course à l'attention du Web? Autres originalités de cette publication: elle est vendue en librairie, ne comporte pas de publicités, propose des reportages sous forme de bandes dessinées. Moins rare, elle est adossée à un blog. Faudra-t-il donc que le journalisme de reportage et d'investigation, passe désormais par le secteur de l'édition? (RFI, l'Atelier des médias, fév) Tendance confirmée par les nombreux livres récents de journalistes de magazines et de journaux, qui sous couvert d'enquêtes longues sur les Bush, Clinton, Obama, Sarkozy ou les Hollande/Royal, préfèrent désormais publier des ouvrages, plutôt que de donner leurs informations à leurs médias d'origine. Et pourquoi pas éditer un journal papier personnalisé ? C’est aujourd’hui possible à condition que les journaux change d’imprimerie et utilise la technologie (Short Run Digital Printing). Des expérimentations d’exemplaires uniques sont en cours au UK. Et le Washington Post, la Tribune de Geneve, The Evening Standard, Folha de Sao Paulo, utilisent déjà ce standard. (poynter.org )

Poursuivre l’expérimentation : La BBC lance des laboratoires d’innovations et invite des sociétés à proposer des idées sur les thèmes suivants: - Comment découvrir et suivre l’évolution des « breaking news sur Internet ? - Quelles sont les meilleures plateformes web pour les breaking news ? 75

(html, images, widgets, mobiles feeds, ...) (Cyberjournalist.net - nov) Reuters (lab.reuters.com) multiplie les expérimentations (twittre, news quiz, face search, pop up video, news maps, …) CBS installe un laboratoire dans la Silicon Valley

(FT – avr)

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SE MULTIPLIER

La multiplication des sites et parcs de sites web Nous assistons aujourd’hui à la fin des portails et à l’essor des niches, pour répondre à la fragmentation de l’audience, concurrencer Google et Yahoo! pour multiplier les espaces publicitaires. Un nombre croissant de médias traditionnels lance des sites verticaux, sous des marques différentes, et y vendent des espaces publicitaires aux annonceurs, en plus de leurs propres sites. « Portals are out and niches are in. That seems to be the trend”. Viacom a commencé à créer de multiples sites en ligne verticaux (musique, jeux, émissions de TV à succès), tout comme IAC, qui vient de lancer un site pour la communauté noire américaine (RushMoreDrive), travaille à un nouveau site d’agrégations de liens à la Drudge, et à un site d’environnement pour teenagers (Life333). (Online Publishers, Forbes – avr) Time Warner exploite avec grand succès le site dédié aux célébrités TMZ.com (10,5 mlns uniques, 5ème site de news aux USA) au point que le site a lancé en septembre un show TV (BusinessWeek – nov) Le réseau de blogs business de Forbes.com va vendre de la pub à 450 sites affiliés de son réseau et récupérera une partie des revenus. Le groupe finlandais de magazines Sonoma, développe 150 (bien 150) sites aux Pays-Bas sur tous les sujets pour capter la pub. Le groupe de magazine de Martha Stewart exploite 25 sites de « lifestyle » (FriendsEat.com, Christmas-cookies.com…) AOL lance le réseau « AOL Technology » qui inclue des grands blogs américains comme Engadget, Switched, TUAW (unofficial Apple blog) et permettra des campagnes de pub dans l’ensemble du réseau. (webpronews.com – avr) et s’apprête à lancer une douzaine de nouveaux sites dans les prochains mois, pour toucher le plus de consommateurs possibles et multiplier les possibilités d’accueillir de la publicité. (bloomberg – mars)

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Stratégie multimarques : Le New York Times, malgré une marque amiral très forte, le groupe n’hésite pas à multiplier d’autres marques. About.com continue sous ce nom, le blog DealBook qui donne des conseils financiers, Great Homes and Destinations pour l’immobilier de luxe (Vivian Schiller, senior VP et directrice générale du NYT.com, AP via Editor & Publishor – avr)   

Glam Media groupe de 400 sites web et blogs sur le lifestyle, notamment destinés aux lectrices de magazines. La BBC envisage de créer de nombreux sites très locaux au Royaume Uni, projet dénoncé par la presse locale. (pressegazette – janv) Elle lance un nouveau site BBCgreen.com pour les personnes intéressées par les sujets d’environnement. (avr) CNN crée un site séparé pour sa section User Generated Content, « iReport.com ». Slate (groupe WashingonPost) lance un nouveau site business: “The Big Money” (Reuters – mars) Le groupe suisse Edipresse lance un quotidien anglophone sur le web, Swisster.ch pour la communauté anglophone du pays. (AFP – mars) Exception : le groupe de médias hispaniques Impremedia regroupe ses sites web sous une bannière, une seule plate-forme numérique (Impre.com) pour ses différentes marques de journaux publiés en langue espagnole (La Opinon, La Prensa, Rumbo…) . (adage – mars)

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L’information à valeur ajoutée: des services en plus des contenus (voire à la place !) On voit bien aujourd’hui comment le Web est autant, si ce n’est plus, un service qu’un média. Il faut donc positionner les news comme un service et non plus seulement comme un contenu. “News is still part of the core in this concept of the future, but it is quickly dispatched as "not big enough" to be economically sustaining”. (Newspaper Next 2.0 – fev) « Never information alone, but information and services, information and infrastructure, always ! » (Tom Glocer, CEO ThomsonReuters , janv08) « Les gens n’achètent pas des technologies, mais des services et des contenus ». (Commissaire européen Vivian Reding – déc 07) Les modèles qui marchent sont ceux qui simplifient la vie des utilisateurs et rendent des services, aux internautes, aux annonceurs. Toujours se rappeler qu’Amazon vend les mêmes livres que le libraire, et iTunes la même musique qu’Universal. Pour survivre, les journaux doivent redevenir des guides, aussi indispensables que dans le passé, aux gens, dans leur communauté locale, nationale, ou internationale. Qu’ils fournissent de nouvelles solutions à leurs nouveaux problèmes. Dans le passé, ils offraient des horaires de cinéma, des programmes de télévision, des critiques de livres ou de films, des recettes de cuisines, des aides pour remplir ses impôts, des idées sur la manière de décorer sa maison…. Aujourd’hui il faut ré-inventer. Des services que les gens ou les annonceurs sont prêts à payer. « Les lecteurs sont prêts à payer pour un service, comme le portage à domicile, la hiérarchisation de l'information, une information de qualité... » (Alain Weil – pdg NextRadioTV – Le Monde déc)

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Les services sont aussi bien valorisés par les annonceurs qui préfèrent miser sur des contenus à usage pratique (sites de voyages) que sur des pages de contenus seuls. (Forbes – avr) Des informations gratuites : Il Sole 24 Ore, leader des news économiques en Italie, lance un quotidie, gratuit économique « 24 minuti », pour répondre au gratuit du Corriere della Sera, Anteprima . (IHT – jan) Le Baltimore Sun, du groupe Tribune, sort, en plus de Redeye, un nouveau quotidien, gratuit pour les jeunes. Dans la même ville, le Washington Post a déjà lancé un gratuit, Express, pour les usagers des transports en commun. (Baltimore-bizjournals.com, avr) Fermeture, en revanche, à Boston du gratuit BostonNow en raison de difficultés de ses actionnaires sur les marchés financiers. (upi – avr) Les éditeurs de presse allemands se battent contre un projet de la poste allemande de lancer un quotidien gratuit d’un million d’exemplaires. (Forbes – avr) L’imprimé comme un luxe Le Wall Street Journal vient de sortir un magazine luxueux sur papier glacé pour attirer plus de pub. (avr) Nouveau trimestriel haut de gamme sur papier lancée aux USA et Canada: Lapham. Culture et politique: 6.000 abonnés, 20.000 exemplaires, 15 USD pièce. (déc) Demain le papier sera le support de luxe des médias. C’est un vrai service (Alain Weil – pdt de NextRadio TV – déc 07) Créer des sites pour les professionnels

Le média américain en ligne Cnet lance un nouveau site gratuit pour les professionnels de différents secteurs (auto, food, healthcare…). 80

(Reuters – avr) « Financial Times Search » est une société séparée en cours de développement pour du search B2B (jan)

Exemples de nouveaux services proposés par des médias : Souvent dans le cadre d’une stratégie d’accompagnement de l’audience et de développement de l’interactivité. Le groupe allemand de magazines Burda développe des communautés autour d’ateliers en ligne DIY : « do it yourself », y compris en anglais (BurdaStyle) (BusinessWeek – jan) Sanoma Magazines (groupe finlandais) : développe des fonctions de search & des comparatifs de prix sur des sites en Hongrie. ESPN, 1ère chaine de TV sportive aux USA, propose des contenus live gratuits sur son site web ESPN360 pour les étudiants et les militaires. (NYT- jan)

NBC News lance un site d’éducation, iCue, avec nombre de ses archives, partant du principe que la vidé va remplacer les livres scolaires (US News & World Report – mai) The Economist propose sur son site 20 guides touristiques audio sur des grandes villes du monde basé sur les meilleures adresses de ses correspondants. Durée: 15 minutes. Téléchargeable. (janv) Le groupe de magazines de Martha Stewart (Lifestyle) développe des logiciels pour protéger les photos, pour scanner les livres qu’on possède, et évidemment propose de l’e-commerce à côtés des contenus.

Le Washington Post lance un magazine sur le 81

Web pour la communauté noire américaine : theroot.com (NYT- jan). En revanche, Comcast arrête de diffuser AZN Television, chaîne du câble pour la communauté asiatique aux USA. (AP via Yahoo –janv) Time Magazine, comme de plus en plus de journaux, permet aux lecteurs d’interroger eux-mêmes une personnalité sur une page de la version imprimé. The Guardian propose gratuitement des guides d’achats (shopping directory) avec ses meilleures adresses du Royaume Uni. National Geographic propose sur son site « Human Footprint », outil permettant de calculer son empreinte écologique. (avr) Dow Jones lance un blog sur les finances personnelles filife.com avec IAC (LendingTree, Match, College Humor). (avr) L’allemand Burda, très actif sur le web, créé un site de communautés pour les amis des chiens ! (hallohund.de)

Fast Company oriente complètement son nouveau site sur les communautés.

Les lecteurs de The Economist pourront désormais faire des commentaires en ligne en bas de chaque article. Le magazine projette aussi de créer son propre réseau social pour relier les 3 millions de lecteurs dans le monde de ce média haut de gamme. (NMA – déc, mars)

Rue89, qui vise 70% de revenus pub et 30% de prestation de services, produit le site thématique sur les livres pour le Nouvel Obs, et va réaliser le site participatif d’un conseil régional. Rue89 vend aussi des images web à des télévisions (M6, France Télévisions). (Pierre Haski, co-fondateur – dec07) L’Equipe développe des prestations de services à des partenaires

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extérieurs. Et distribue ses contenus sur le plus de plateformes possibles : MSN partenaire pour un site en commun pour la coupe du monde de rugby, ELLE, Condé Nast (Sport and Style). L’Equipe cherche à aller vers d’autres consommateurs sur d’autres sites. L’Equipe compte 100 collaborateurs dans sa division numérique, assure 10% du CA et plus de 20% de la marge. (Xavier Spender – patron du Multmedia – déc 07) Les télévisions n’échappent pas à la nouvelle obligation des services en plus des contenus : vod, télévision de rattrapage, télé-achat, petites annonces, syndication de contenus à des tiers dont les mobiles…

Les « plus-produits » (« Bundle ») Venu d’Italie, les ventes de CD, DVD avec des quotidiens, GPS, voire caméscopes, combinés avec des abonnements magazines, sont en plein essor (100 mlns euros en 07) et devraient encore augmenter. (Le Monde - janv) Marie Claire: le CA des produits dérivés de Marie Claire est d’environ 350 mlns euros en Asie ! Boutiques, Web, salons, créations de produits dérivés … Prévoit d’y trouver 50% de ses revenus. Il y a 5 éditions de MC dans le monde. (Jean-Paul Lubot – directeur marketing Marie Claire – dec) Attention : on cherche ici à gagner des consommateurs et pas forcément des lecteurs. Et l’un des risques est la disparition progressive de la muraille de chine entre les contenus et la pub. Des alliances entre annonceurs et contenus se mettent en œuvre. Des marques investissent dans les contenus. Même les réseaux sociaux qui ont connu au début 08 un tassement de leur croissance sont à la recherche de fonctionnalités pratiques pour garder les internautes sur leurs pages : réserver des tickets, faire des projets ou vérifier des cours de bourse (Reuters – mars)

Diversification vers les jeux vidéos : Vivendi, Disney, Viacom, Time Warner se développent tous fortement vers les jeux vidéos, en ligne ou pas. (wsj, BusinessWeek – fév)

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« Existez partout » ! Dissémination, syndication, revente

Les contenus des médias peuvent être aujourd’hui déconstruits en briques et disséminés partout. La syndication (revente) de contenus se développe beaucoup, permettant à des marques d’exister sur de nombreuses plateformes différentes, souvent automatiquement, grâce à des outils comme Mochilla ou aux widgets. Les widgets constituent désormais l’un des principaux vecteurs de distribution et de commercialisation du Net. Un widget est comparable au système de l’abonnement. Prenons un magazine comme L’Expansion. L’installer sur sa page, s’est s’abonner à un service. (Netvibes – mars) Flux RSS, blogs et autres réseaux sociaux fragmentent l'offre de contenu digital, et sont la base des nouvelles opportunités de distribution de contenus. (Google) La vidéo sur le Web est aussi l’une des formes majeures d’exister différemment. Demain ce sera les mobiles, mais aujourd'hui c'est encore la vidéo, qui n'en est qu'au début de son explosion. "Je suis très +bullish+ pour les journaux et les magazines. Car dans ce nouveau monde incroyable d'opportunités, il y quelque chose qui s'appelle la vidéo, pour atteindre des dizaines et des dizaines de milliers de gens!, estime David Eun, de Google. Il cite l'exemple du New York Times ou de Forbes qui ont leurs chaînes sur Youtube. "C'est un secteur tout nouveau; il est là pour vous, et nous allons le monétiser agressivement". Seuls 20% des lecteurs du Figaro papier sont des internautes. D’où une stratégie de production et d’achats de contenus pour être tout supports. (Frédéric Sitterlé, conseiller Internet – le Figaro - avr)

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LifeWire is an online content provider launched by The New York Times Company to create and distribute lifestyle articles to top Web publishers.

Le New York Times a aussi des applications sur Facebook, des widgets, et utilise Twitter (microblogging) Le Washington Post a commencé début 08 à syndiquer ses vidéos à l’extérieur de son site web. (Caroline Little , CEO & Publisher of Washingtonpost.Newsweek Interactive - janv) Netvibes a bâti une « plate-forme de partenariats avec des services comme Le Figaro, Les Echos, Time, Le New York Times qui sont des services payants. Il y a un an, tout cela était prématuré, car l’écosystème (annonceurs, intermédiaires supports, audience,…) n’était pas là ». (Tariq Krim, CEO Netvibes- L’Expansion – fév) Hearst (Cosmopolitain, Esquire, Marie Claire…) va produire des widgets avec Clearspring Technologies pour distribuer ses contenus sur des sites d’environnement, et a aussi signé des accords avec Brightcove et MyMovies.net pour proposer des vidéos sur tous ses sites web. (journalism.co.uk – mai) (Penton Media – mars) La BBC propose certaines de ses émissions sur iTunes d’Apple (wsj- fév) L’Equipe, en plus de sa télévision, a lancé une radio numérique. Le quotidien envoie 50 personnes à Pékin pour les jeux, qui travailleront pour toutes les plateformes du groupe, car les JO se dérouleront pendant les heures de bureau en Europe. Dissémination sur ebook ou Kindle d’Amazon: à double tranchant pour les éditeurs, dont certains cherchent à contrôler directement la diffusion de leurs contenus.

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Web TV: The Power of Video! La vidéo est bien le secteur en plein boom actuellement pour disséminer ses contenus. Elle devient aussi de plus en plus professionnelle. Linear programming (TV) vs. Personal programming (Web TV): c’est la « dé-linéarisation » de la télévision. Les contenus vidéo peuvent être désormais visionnés sur le Web, sur son écran d’ordinateur, sur un mobile ou dans des jeux vidéo. Un seul chiffre ? 10 milliards de vidéos ont été visionnées en ligne en décembre ! (ComScore – wsj - mars) Aujourd'hui sur le web, chaque jour "des centaines de millions de vidéos sont regardées, des centaines de milliers sont postées". "Chaque minute, 10 heures de contenus vidéos sont postées en ligne"! (Google – janv) 75% des internautes en ont regardé en septembre dernier et 61% au moins une fois par semaine, Youtube de Google, représentant près de 30% du total. En moyenne, les gens regardent chaque mois 68 vidéos pendant 181 minutes. Les vidéos de news arrivent en tête (36%), puis les vidéos amateurs (30%), suivis des bandes annonces de films (21%). Même le visionnage de programmes entiers de télévision a doublé d’une année sur l’autre, à 16%. (Comscore – OPA – déc) Aux USA, déjà 8.000 heures de news vidéo produites chaque jour ! Mais aujourd’hui, on ne fait pas encore d’argent avec les vidéos sur le web, même si l’outil est meilleur en matière de publicité ciblée. Mais les sites de partage vidéo accueillent de plus en plus volontiers les contenus professionnels. C’est le cas de Bebo (3ème réseau social mondial) qui a ouvert ses pages aux producteurs de vidéos pros, après ManiaTV qui a fermé ses 3.000 chaînes de contenus UGC (produites par le public) pour se tourner aussi vers les pros. (BusinessWeek – dec07) La puissance des sites de partage de vidéos se voit : le speech d’Obama sur les races à Philadelphie en mars a été vu plusieurs millions de fois Youtube. Il est intéressant de voir que très peu de médias ont eu l’idée de tirer un lien vers la vidéo originale. Après Youtube qui a ouvert des chaînes, en partage de revenus pub, aux plus grands média audiovisuels, Joost et Hulu sont aussi de nouvelles plateformes vidéo qui privilégient des contrats pour obtenir des contenus pros.

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A voir aussi le beau videoplayer de MSNBC qui offre une qualité d’image étonnante. Les émissions sont découpées et des pubs sont intercalées. (dec) La télévision japonaise NHK va proposer un service de vidéo à la demande en haute définition en décembre. (AFP – avr) AP a désormais sa chaîne sur Youtube.

(beet.tv – mars)

Intéressant aussi de noter que les moteurs de recherche ont désormais rejoint les réseaux sociaux, comme fournisseurs de trafic aux sites de vidéos. (Hitwise Intelligence – avr) Pourtant, là encore les modèles d’affaires ne sont pas prêts. « La VOD (video on demand) ne rapporte rien. L’UGC (User Generated Content) non plus. La longue traîne, c’est 1 euro tous les trimestres ! (pdt d’Arte – dec) En Grande Bretagne, • Le trafic sur les sites de vidéo en ligne a fait un bond de 178% entre février 07et février 08, pour atteindre 2,2% du trafic Internet total. •

La BBC est arrivée 3ème derrière Youtube US et Youtube UK. (Hitwise Intelligence – mars)



Sur le site du Telegraph.co.uk, des vidéos ont été visionnées 3,4 millions de fois en novembre par près de 800.000 visiteurs différents. Le quotidien a décidé de fortement développer ce secteur au dépend des podcasts. (The Guardian – janv)

Vidéo en ligne : Souvent les médias traditionnels ne vont pas assez vite pour profiter de leurs contenus vidéos en ligne, et se font pirater leurs contenus quelques heures après leur diffusion. 20% de l’audience potentielle est ainsi détournée. (Akamai -WSJ blog – avr) Les chaînes proposent des épisodes de leurs séries sur le web avant de les diffuser à la télévision.

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Montée en force des vidéos dites « sérieuses » Les vidéos du fameux cycle de conférences TED sont financées par BMW, celles du réseau de Fora.TV ont un partenariat avec Chevron. BigThink se développe. Charlie Rose (PBS) reformate ses archives en clip de 4mn. Le cinéma aussi : Aujourd’hui les patrons du cinéma américains sont moins obsédés par le piratage et les DVD, que par l’ubiquité c’est-à-dire parler à Apple, regarder le potentiel de la VOD et du streaming sur Internet. (Peter Chernin – pdt News Corp – Variety – mai)

Î Quelques exemples de plateformes: Youtube, Joost, Blip.tv, Blinkx, veulent tous une part de notre attention, et donc du marché publicitaire, dévolue aujourd’hui à la télévision. Mais ces leaders de la vidéo sur le web ne communiquent guère sur leurs revenus, leurs coûts. Tout juste quelques vagues mots sur leur business model.

Hulu (j/v NBC et Fox), destiné à concurrencer Youtube de Google, a finalement fait ses débuts de vidéo streaming en mars aux USA, avec des partenariats de 50 sociétés de médias. Financement par la publicité. (NYT – mars)

Moteur de recherche et de recommandation de vidéos. Son président, Suranga Chandratillake, indique avoir déjà 220 partenariats de contenus et 18 millions d’heures de vidéos disponibles. Il prévoit un chiffre d’affaires de 4 mlns $ en 08 et le double de coûts. Il vise 12 à 20 mlns $ de CA pour les prochaines années. (janv)

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Présenté comme un « Internet TV network », Blip agrège et produit les meilleurs séries, spécialement crées pour le Web. Dina Kaplan, cofondatrice et COO, indique signer tous les mois des dizaines chèques aux créateurs pour plusieurs milliers de dollars. Elle assure que le site sera profitable cette année, après un précédent exercice presque à l’équilibre. « Il y a de plus en plus de shows créés pour le Web par des vrais pros (avec acteurs, scénaristes, maquilleurs …) alors qu’avant dominaient les contenus UGC ». Pour les financer, elle compte sur les systèmes de pub fournis par exemple par Google, mais aussi en faisant la promotion marketing des 50 premiers shows auprès des annonceurs (« content enablement of web show »). Un succès sur le Web, c’est à partir d’1 million de visiteurs par mois. Cela n’a rien à voir avec les audiences des TV. (janv)

Des centaines de millions de vidéos visionnées chaque jour, selon Google. 300 marques de médias ont déjà signé avec cette plate-forme de Google, indique Patrick Walker, directeur de la stratégie de développement et des partenariats. « Mais, comme les autres, nous n’en sommes qu’au début de la monétisation. Nous expérimentons toujours ». Youtube est en train d’expérimenter aux USA de nouveaux types de pub pour les vidéos qui y sont postées. Dans les prochains mois, elles seront proposées en Europe. Un Youtube en allemand a été lancé à l’automne. (janv) En amont: il a signé avec Casio pour un appareil photo/vidéo qui dispose d'une touche Youtube, pour poster automatiquement, et avec Panasonic qui propose désormais des téléviseurs avec une fonction spéciale pour bien regarder ces vidéos sur le Web. En aval: avec le lancement fin 2007 des premières pubs sur Youtube, qui démarrent 15 secondes après le lancement de la vidéo en "overlay" translucide. Google ne croît pas dans le pre-roll.

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Joost : « nos plateformes sont bien meilleures que la TV pour la publicité en raison de la qualité du ciblage et de la connaissance que nous avons des utilisateurs », assure son co-président Niklas Zennström (également co-fondateur de Skype et Kazaa) tout en restant très vague sur son audience. Joost n’accepte des contenus qu’après un contrat de licence. CBS, CNN ou TV5 Monde y sont notamment présents. 250 partenaires. 400 chaines. Vise 15 millions d’utilisateurs. Déjà 4 mlns de téléchargements (dec 07, janv08). Mais les droits de vod sont très faibles. Et Joost a pour l’instant trop peu d’accords individualisés avec des chaines, ce qui empêche l’essor de la plateforme.

Yahoo ! entend rattraper une partie de son retard sur Google (Youtube) en proposant désormais des vidéos sur Flickr (le 1er site de photos sur le Web). (avr)

Nouveau venu dans la vidéo musicale. Gapminder racheté par Google : une autre présentation du monde, réalisée par le Suédois Hans Rosling a mis en lumière l'utilisation des nouvelles technologies et notamment des graphiques animés pour donner une autre vision du monde à travers toute une série d'indicateurs.

In English. Young adults in Europe are crazy about Western-style programs, music, clothing styles, films, and broadcast entertainment. J/v US et Europe (de l’est et centrale)

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Diffusion via son ordinateur : « mycast » vs « broadcast »

« MyCasting »

XOLO.tv : outils de publication multimédia :

Nouveaux acteurs : Critical Mention (= le « Factiva de la vidéo »)

Clip Syndicate :

(partenaire de 300 fournisseurs d’infos, dont NBC, Fox, CBS…) et syndique les contenus à des milliers de sites web.

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des vidéos.

Moteur de recherche sémantique qui plonge au cœur (Les Echos – janv)

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Partenariats & « Coopétition » La combinaison gagnante est bien aujourd’hui: Contenus + logiciels, Contenus + plateformes Contenus + Internet … C’est-à-dire l’information à valeur joutée, associée étroitement aux nouvelles technologies. Î D’où « Yacrosoft » ou Microhoo! Microsoft qui essaye de racheter Yahoo! et vit de plus en plus de la publicité. D’où France Telecom qui crée des chaînes de télévision et finance le cinéma. D’où Nokia qui s’associe en amont aux producteurs de contenus. D’où MSN et Daily motion qui veulent aussi les droits du foot. D’où enfin, ne l’oublions pas, les réussites de Bloomberg ou Thomson Reuters, qui associent contenus à forte valeur ajoutée et des plateformes technologiques pour du business B2B, donc solvable. Même le secteur de la musique a compris : trois des quatre des grandes majors du disque (Sony, Universal, Warner) ont signé la création d’une société commune avec MySpace pour de l’écoute gratuite et du téléchargement payant (Les Echos - avr) « Les logiciels sont l’oxygène de nos réseaux » (Didier Lombard, pdg de France Telecom – avr) “Stop blaming Google! Collaborate, think like a network, be part of a network, and ask yourself WWGD? (What Would Google Do?!) You cannot afford to have everything. Cooperate. Collaborate with people. Trust people. Renovate. Do what you do best and link to the rest ! (Jeff Jarvis – Buszzmachine – janv) Don’t ask yourself, how can I create a community? You can’t! Help Facebook to be a better community ! Give the community elegant organisation tools!

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Partenariats : (avec des pure-players ou entre médias sur le Web) Les acteurs de l’Internet essayent de trouver des partenaires presse et télévision pour ajouter des contenus. (Vincent Bonneau – responsable pôle Internet IDATE – nov07) « We’ve decided our strategy is to partner with all these guys. I think of them as the equivalent of the Wal-Marts and Barnes and Nobles : great places to put our titles and content in front of millions of people every day” (Christopher Johnson, VP content & business development, Hearst Magazines Digital, adage – mars) Youtube : croissance de 20% par mois ! Les chaînes les plus regardées sont des médias: Universalmusicgroup, CBS et Warnerbrosstudio. (Vincent Bonneau – expert IDATE – nov07) 2007 a été l’année des partenariats, plutôt que d’investissement sur ses propres sites: - ABCNews.com s’est allié avec Facebook, 94

-

MSNBC coopère avec le New York Times et le National Journal, CBSNews.com travaille avec Digg.com. (Project for Excellence in Journalism – mars)

Même Tivo (leader US de la télévision de rattrapage), qui permettait de court-circuiter les pubs à la télé, noue désormais des alliances avec les networks (nyt – dec) Hearst (magazines US) noue des partenariats avec Youtube mais aussi avec AOL, tout comme Time et Condé Nast. Yahoo! met gratuitement à la disposition des éditeurs de presse son application Yahoo Questions/Réponses pour leurs sites web. Coopérations : Début 2008, CNBC et le New York Times ont décidé de partager des contenus sur le Web, pour contrer notamment l’offensive de Murdoch, qui associe les ressources de la chaîne Fox Business et du Walls Street Journal. (NYT- jan) Des sites hispaniques associent leurs sites web : le groupe Impremedia lance une seule plate-forme numérique (Impre.com) pour ses différentes marques de journaux publiés en langue espagnole (La Opinon, La Prensa, Rumbo…) . (adage – mars) BBC, ITV et Channel 4 mettront des programmes en commun pour de la vidéo à la demande (AFP – nov) Au Japon, les quotidiens Yomiuri, Nikkei et Asahi lancent un site web commun Aratanisu, pour mettre en commun leurs infos. (The Yomiuri Shimbun – jan) NHK, BBC et RAI coopèrent pour développer une télévision en « super haute définition » (AFP - fév) Nouvelobs.com propose une sélection d'articles de l’hebdomadaire américain Newsweek en traduction française. (fév) Partenariats au sein d’un même groupe : Le Washington Post et Newsweek lancent ensemble une rubrique en ligne sur la religion « On Faith ». (fév)

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Autre partenariat gagnant, le web et la télévision: Dans le conglomérat Time Warner, on s’attendait sur à voir AOL piloter les initiatives Internet. Mais c’est la division TV (Turner Broadcasting Systems avec CNN, TNT, Cartoon Network) qui est la plus active en ligne. Elle gère même les pubs des sites de grandes franchises en ligne ou TV du sport américain comme le basket (NBA), le golf (pga tour) ou la course automobile (NASCAR). (BusinessWeek – dec) La BBC signe avec MySpace TV.

(janv)

CNET et Univision noue un partenariat pour offrir des infos high-tech en espagnol. Des vlogs de journalistes du Guardian sont repris sur la chaine de télé UGC américaine « Current TV » d’Al Gore. (journalism.co.uk - jan)

Microsoft délinéarise les contenus pour les organiser différemment. MSN est un média social avec la logique d’un grand média : attirer de l’audience à vendre à des annonceurs. o Alliance Microsoft et Viacom en matière de contenu, distribution, publicité et jeux. (AFP – dec) o MSNBC.com devient en ligne le partenaire privilégié de Monster.com, 1er site mondial d’annonces d’emplois. (crainsnewyork.com – avr) o Warner confie à MSN la promotion d’Harry Potter sur le web. o MSN fait des nouvelles émissions pour Figaro Madame sur la mode. o Itélé est diffusée par MSN.fr

Hearst Magazines' Seventeen has joined with Internet radio startup Jango to launch a series of co-branded music widgets on Seventeen.com, enabling users to listen to celebrities' favorite music and put those widgets on their own site. (mediaweek – mai)

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Partenariats avec les réseaux sociaux (« social media ») : Ils forment désormais plus qu’un phénomène culturel. Ils sont archi dominant en ligne. Mais on ne sait pas encore bien les monétiser. Ce sont de vraies plateformes de communications et des représentations de nos liens sociaux réels, même s’ils ont connu un tassement de leur croissance en début d’année 2008. En Grande-Bretagne, les 5 termes les plus demandés sur les moteurs de recherche ont été en 2007 : Ebay, Bebo, Youtube, Facebook et MySpace. Ce classement correspond aussi aux 5 marques les plus recherchées ! (Hitwise Intelligence – avr)

Illustration by David Simonds for The Economist

Au moins deux raisons de leur pertinence pour les médias : -

Ils leurs offrent une nouvelle manière de communiquer avec le public. « Media is the glue for collectivities to stay together » (June Cohen – TED Conference – dec07)

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250 millions de personnes dans le monde sont actifs dans un réseau social sur le web. Trois ados sur quatre. Près de 4 millions de photos mises en ligne chaque jour sur Flickr. (Google – déc) Le magazine BusinessWeek a noué un partenariat avec le premier réseau social professionnel mondial LinkedIn pour y proposer de « l’information économique actionnable ». (newsfactor - mars) The Economist cherche à créer son propre réseau social pour fixer une audience de 3 millions de personnes à fort pouvoir d’achat) Newsweek s’allie avec l’Association des bloggers Media pour créer un nouveau blog politique « The Ruckus ». (mediabloggers – dec) (3ème

Pologne : Agora (3ème site de news) s’allie avec le réseau social Bebo mondial derrière MySpace et Facebook). Dailymotion partenaire de Skype et Métacafé.

La réussite de Digg.com : « making your information social », « empowered the masses to do the front pages of newspapers ».

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Ö UN POINT SUR LES RESEAUX SOCIAUX Blogs : 120 millions de blogs aujourd’hui dans le monde. C’est le plus gros réseau social existant. AOL rachète Bebo (3ème réseau social mondial, mars) = 40 mlns de personnes par jour, a doublé le nombre de ses utilisateurs en 12 mois. Va se développer dans six pays européens au printemps. Va lancer le “first global reality show on a social network” au printemps. A lancé "open media", plate-forme où les medias peuvent placer contenus et pubs. Des annonceurs comme Microsoft, Procter ou Disney y sont présents. Bebo a ouvert une application sur Facebook. “We focus on music, video and art” (Joanna Shields – pdt Bebo, janv)

Plus de 60 millions d’utilisateurs dans le monde. 250.000 nouveaux usagers / jour ! Transformation démographique: seulement 30% aux Etats-Unis, 1/3 en Europe (UK 1er). Plus d’1,1 million en France. A lancé cet hiver des versions internationales (Français, Allemand, Espagnol) Le système est ouvert et permet la création d’applications, monétisables par des tiers. Quelque 10.000 applications venant de l’extérieur. 100.000 développeurs travaillent sur des applications Facebook. N’exclut pas d’acquérir un réseau européen. (Matt Cohler, VP of strategy and operations, Facebook, janv)

NOOVO.com: réseau social centré essentiellement sur l’Europe de l’Est et quelques payas émergents d’Asie. Lancé en février. Se présente comme un « moteur de découverte » pour permettre au public de trouver le bon contenu.

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XING.com : leader européen des réseaux professionnels virtuels (origine allemande) 325.000 clients payants. Se diversifier dans l’e-commerce, les transactions professionnelles et la publicité ciblée. Cours de l’action : +47% en 2007. Se concentre sur l’Allemagne la Suisse, l’Autriche et l’Espagne.

LinkedIn = leader mondial des réseaux professionnels virtuels 18 millions d’utilisateurs. Croissance à deux chiffres dans toutes les régions du monde. Profitable. A noué un partenariat Média avec BusinessWeek. Business model sur versions premiums, publicités, places de marches, petites annonces d’emplois.

Corée du Sud : 1er portail « Daum »

800 millions de pages vues par jour, dont 500 millions d’UGC ! Allemagne : Sevenload (groupe Burda), leader allemand du partage de photos et vidéos, avec plate forme iptv

Jet Net : même les riches et happy few ont leur propre réseau social VIP: « a small world » où les campagnes de pub valent entre 100.000 et 500.000 dlrs !

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Nouveau social media sharing : Plum

Réseau social autour de la musique

Ning, créé par le fondateur de Netscape, Marc Andreessen, offre à chacun des outils pour construire son propre réseau social. (The Economist – mars)

Créateur de réseaux sociaux pour sites web.

Autre site pour aider les médias à fabriquer leur réseau social. Basé à San Francisco. DemandMedia rachète Pluck, société de syndication de médias sociaux (blogs..) (mars)

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Qype, réseau social allemand, lancé aussi au UK et en Fracn : les bonnes adresses mises en commun. (Les Echos – jan)

Myspace

Plateforme de jeux en ligne pour Facebook ou (IHT – jan)

Social radio network. Create your own talk show !

La vidéo associée aux réseaux sociaux. Exemples: - Plymedia qui offre une nouvelle dimension aux applis vidéo et a été primée au Web3. - BlogTV qui diffuse des vidéos live sur le web un peu comme Kyte. - Seesmic, sorte de twitter où les gens laissent des messages vidéos. -

Dotsub , outil installé dans le browser et qui sous titre en n'importe quelle langue les vidéos. Asterpix, lancée fin 07, pour donner encore plus d'interactivité aux vidéos.

Partenariats avec le public (« UGC ») :

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Expérimentation: le reporter organise et améliore sa rubrique avec un réseau social d’experts = le « beatblogging » lancé aux USA par Jay Rosen (Newassignement.net) et 13 médias US (ESPN, Houston Chronicle, Seattle Times….). (Buzzmachine.com – nov) Les sites UGC passent de plus en plus d’accords avec les producteurs de contenus professionnels. L’ « User Generated Content » fait croître l’univers numérique de 60% par an en raison de l’extension de l’usage d’Internet dans le monde, de l’accélération de la diffusion d’appareils photos et vidéo numériques, et de la multiplication des plateformes d’échanges et de publication de contenus (réseaux sociaux, blogs…). (IDC – Le Nouvel Economiste – fév) Within five years, advertising executives expect 15% of television viewing time and 25% of PC time to be devoted to user-generated content. (étude IBM – fin 07) CNN développe « ireport », sur un site désormais séparé et anime un pool de reporters communautaires sur Second Life. CBS has quietly launched a citizen journalism website where members of the public can upload video and still images of newsworthy events from their mobile phones. Cbseyemobile.com follows the launch of similar sites by other US TV networks to glean photos and video from members of the public to use in their news programmes. (journalism.co.uk - avr) Le New York Times accueille des vidéos du public pour la couverture des élections présidentielles américaines. (déc) Le site allemand Einestages.de, lancé par le Speigel, recueille témoignages, photos et films d’histoire fournis par le public (Le Monde – janv) MySpace et France4 font une émission avec de l’UGC : les internautes choisissent metteurs en scène, acteurs, techniciens…

Un prix Pulitzer pour le journalisme-citoyen, via le site de débats Helium.com, pour les sujets négligés les mieux traités. (Les Echos – mars)

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Web application design firm Kluster is launching a daily online community newspaper, where readers decide what content gets published and take a share of the advertising revenue. The Knewsroom, will publish content sourced from its readership - a mixture of original content and links to external content on topics requested by users. (journalism.co.uk-avr)

L’information financière à la mode Wikipedia sur Dealipedia.com, ou Wikinvest.com. (Les Echos, WSJ – fév, dec) Google veut aussi lancer une encyclopédie en ligne, Knol, alimentée par des auteurs identifiés responsables de leurs contenus, pour concurrencer Wikipedia. (Les Echos - déc) Un site magazine « 8020 Publishing », entièrement alimenté par le public, a réussi à survivre et publie même deux magazines en version imprimée : JPG (photos) et Everywhere (articles sur des destinations touristiques). Les auteurs touchent 100 $ par article imprimé. Staff : 14 personnes. (Newsweek)

Mais pour beaucoup, le journalisme-citoyen n’a pas fait ses preuves. « Citizen journalism is dead. Expert Journalism is the future » (the futureofnews –nov07)

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Fermeture du site de journalisme citoyen néerlandais, Skoeps, qui avait lancé un système de pay per view pour mieux rémunérer ses contributeurs et augmenter son trafic. (journalism.co.uk - mai)

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BOUGER SUR LA CHAINE DE VALEUR •

« Ne pas hésiter à faire des mouvements le long de la chaîne de valeur », estime Lagardère Active, qui a racheté des régies pub. Google fait aussi tous les métiers !



Acheter des services : BBC rachète les guides de voyages Lonely Planet

Les racahts de sociétés technologiques continuent: •

Le New York Times a investi dans Automattic, qui produit la plateforme populaire de blogs WordPress, et dans DayLife qui organise les news sur le web.



Acheter des sociétés de technologies (comme Springer en Allemagne ou Condé Nast aux USA)



BSkyB (UK) rachète des fournisseurs d’accès internet et donc un million d’abonnés en un an.



De vieux colosses qui cherchent à reconstruire des barrières en rachetant des nouveaux entrants (News Corp).



Vases communiquants : acheter des sites proches de sa thématique.

Les nouveaux médias et pure-players ne restent pas inactifs : Yahoo! vient de lancer en mars un magazine web féminin : Yahoo Shine, pour répondre aux demandes des publicitaires pour de nouveaux canaux pour atteindre les consommatrices.

Ce site est réalisé par 12 éditeurs et des partenariats de contenus avec des éditeurs traditionnels Condé Nast et Time Magazine.

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Yahoo ! a déjà des succès avec Yahoo Finance, … AOL prévoit aussi de lancer d’ici l’été un site pour les jeunes femmes, dans le sillage du succès de son site pour hommes (Asylum, 3,1 mlns uniques). (mediapost – avr) Global News: site américain qui sera lancé en 2009, entièrement dédié aux informations internationales alimentées par les agences de presse et des correspondants dans 70 pays. Doté d’un capital initial de 7 millions de dollars. (Boston.com, IHT, fev)

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La tentation croissante du « non profit »

Journalisme @ but non lucratif « Le journalisme de qualité est en danger ». (Kees Spaan, président Association néerlandaise de journaux – dec) « There is a social value for high quality journalism and high quality content ». (Francisco Balsemao, pdt de l’European Publishers Council Bruxelles - dec) “The right to inform is in the constitution in Portugal”. Comme aux Etats-Unis, d’ailleurs. « Journalists are being laid off in the name of creativity. The business is a non profit. Main stream media are being undermined and destroyed. The new players are not content companies, but technologies companies who put silly content around it and selling advertisements around it” (Andrew Keen – author The Cult Of The Amateur - dec) “We killed all the heroes and poets in journalism. Who is taking their place? You here ?! ” (participant au Web3 – déc 07)

Défendre l’information comme un « bien public » (cf. édition Automne 2007 de l’Observatoire) Des informations considérées comme un bien public, consubstantiel à la démocratie. La BBC, peu suspecte de dépendance à quelque pouvoir que ce soir, est un « service » public. Même l’Américain Tom Glocer, le patron de Reuters, spécialisée dans l’information financière, estime que les marchés financiers n’ont pas aujourd’hui la patience de soutenir les journaux, télés ou radios dans cette phase de transition douloureuse. (janv) D’ailleurs le journalisme, coûteux en ressources humaines, n’a jamais été un modèle de business qui « tenait debout tout seul » : il a toujours, ou presque, été subventionné par les petites annonces, la publicité extérieure, ou une situation de monopole.

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Certains groupes de presse renoncent à la cotation en bourse pour se soustraire aux pressions des marchés sur les marges. C’est le cas du grand groupe Tribune l’an dernier. "News is not a corporate product. It was not invented in a laboratory (Project for Excellence in Journalism – mars) or an R& D department."  

According to Independent editor Allison Silver, "All informed discussion about the future of journalism involves the non-profit model. This is one reason why so many people are interested in what happens with Poynter and the St. Petersberg paper." (fév) Lancement du The Washington Independent, dernier exemple de journalisme à but non lucratif, après Pro Publica et MinPost. (editorsweblog - janv) Un article de l’American Journalism Review a longuement vanté les mérites cet hiver du journalisme à but non lucratif, financé par les citoyens, des mécènes, philanthropes, fondations… (fév)

Les Américains commencent à réagir. Et c’est bon signe. Surtout quand Google se décide à faire partie de la solution. Face au péril que posent à la démocratie, la disparition progressive d’un journalisme de qualité, la fermeture de la quasi-totalité des bureaux à l’étranger des médias US, et les vagues de licenciements dans des rédactions forcées de « faire plus avec moins », deux établissements de renom ont annoncé en avril le lancement d’une étude importante pour : • •

examiner la manière dont les besoins d’informations des citoyens américains sont satisfaits (ou pas), proposer des solutions.

Cette initiative conjointe est le fait de la Fondation Knight, l’un des principaux mécènes du journalisme aux Etats-Unis, et de l’Institut Aspen, l’un des plus grands « think tank » américain, dirigé par Walter Isaacson, ancien patron de CNN et de Time Magazine.

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La très bonne nouvelle est que cette « Commission Knight » sera co-présidée par Marissa Mayer, l’un des top executives de Google (VP of search products & user experience). Son expertise dans les nouveaux usages du public dans la manière de s’informer en ce début de 21ème siècle sera évidemment cruciale. Mais surtout, Google, toujours décrié par les éditeurs de presse, prend conscience du rôle un peu plus « citoyen » qu’il peut jouer envers les médias. L’autre co-président est Theodore Olson, ancien conseiller auprès du ministre de la justice des USA et spécialiste de droit constitutionnel. Rappel : la liberté de la presse est incluse dans le 1er amendement de la constitution américaine. La commission, financée à hauteur de 2,3 millions de dollars, sera composée d’une douzaine d’autres représentants du monde de la presse, des pouvoirs publics et des collectivités locales.

De même Craigslist, dont on a vu comment il avait détruit une grande partie des petites annonces des journaux US, fait une donation de $1,6 million à l’University of California, Berkeley pour y créer la première chaire "new media." The donation will be paired with $1.5 million from the William and Flora Hewlett Foundation to support research and scholarship at the newly created Berkeley Center for New Media. (San Jose Mercury News – janv) Rue 89 cherche de l’ « argent citoyen » mais pas des mécènes. (Pierre Haski, co-fondateur – déc 07)

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LE B2B ORIENTE AUSSI SERVICES

More data = better media AGENCES DE PRESSE: Evolution de nombreuses agences vers un rôle croissant de fournisseur de solutions technologiques et de services, en plus des contenus classiques. Objectif : réduire la complexité et les coûts pour les clients médias traditionnels. Après l’époque des contenus, puis celle du multimédia (assemblage des briques), l’heure, pour les agences, est aux métadonnées : la valeur ajoutée apportée aux deux précédentes dimensions. C’est-à-dire enrichir l’information et optimiser les liens. « News map » : initiative d’AP vers les journaux US pour les aider à améliorer leur trafic et leur visibilité par les moteurs de recherche. Pour cela, AP propose aux 1.500 journaux US d’accueillir leurs contenus Web chez elle, de les tagger et d’y mettre des métadonnées, pour lier les contenus à l’intérieur des sites individuels et vers les contenus AP. L’intérêt est aussi de profiter de ces contenus extérieurs pour proposer des nouvelles solutions autour, notamment pour mobiles, en associant les contenus d’AP. 9 « Les métadonnées seront la nouvelle manière de monétiser nos contenus sur le web » (dpa) 9 ATS fait déjà payer plus cher pour des métadonnées complètes. Le président de l’IFRA a récemment évoqué un futur scénario connu qui réserve aux agences de presse le rôle de fournisseurs essentiels, voire uniques, des infos internationales et nationales, à des

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journaux qui deviennent hyper-locaux. Tendance confirmée par l’agence norvégienne NTB.  

 

AP reste « B2B » et entend continuer à alimenter les médias, anciens et nouveaux. 1/ Refonte de l’appareil technique de livraison et d’édition : C’est « eAp », qui a mis trois ans à voir le jour. La plate-forme propose un one stop shopping pour différentes briques et produits, proposés désormais davantage à la carte. Elle est aussi adaptée aux modes de production des journalistes d’AP. Elle valide un inversement des priorités: jusqu’ici --dans les têtes et son fonctionnement--, AP servait les journaux, puis s’adaptait aux autres médias. Aujourd’hui, on pense d’abord Web, puis radios/tv, et enfin, journaux et magazines. Autre initiative de ce système : encourager les journaux à utiliser les métadonnées, les tags d’AP, pour ses contenus web et les leurs. Ils pourront ainsi « lier » facilement vers des archives, des contenus (les leurs, ceux d’AP), mais aussi disposer de contenus plus facilement accessibles aux moteurs de recherche (SEO). Il leur est aussi demandé d’adopter (au moins pour les contenus AP utilisés), le nouveau protocole ACAP de crawl par les moteurs. Le board d’AP, malgré quelques groupes de presse qui assuraient y perdre, a finalement accepté ce système. Pour les journaux, frappés par la crise, et en pleine réduction de coûts, AP est le deuxième poste de charge, après la rédaction. ‐



Réorganisation commerciale annoncée en mars pour se rapprocher des réalités du marché. La principale source de revenus -- les journaux— décline fortement. Il faut donc en trouver de nouvelles. D’où la création d’une véritable entité « sales & marketing » globale qui constitue la vraie nouveauté. Jusqu’ici chaque « vertical » (journaux, photo, web, TV vidéo…) était autonome. « The market place is changing. We want to be more commercially oriented ». AP privilégie les partenariats pour les nouveaux usages médias: Microsoft pour la vidéo. AP est en train de proposer une plate-forme d’échanges des contenus des journaux d’un même Etat US. AP lance une nouvelle plate-forme de partage des vidéos en ligne de ses clients médias. (AP – avr)

 

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Réorganisation tarifaire : nouvelle grille tarifaire, avec une version light de base, et des produits prémiums, qui a suscité des polémiques au sein des coopérateurs.  



Lancement en mai du produit pour les téléphones mobile, Mobile News Network, avec un accent particulier mis sur le Iphone.



Métadonnées (suite) : AP a ouvert un nouveau département « information management » où travaillent de « super documentalistes » pour créer une nouvelle « textonomy » standard pour les contenus multimédia d’AP et ceux des journaux. La BBC a également recruté récemment des documentalistes spécialisés et des experts en métadonnées.



Social : Dans le dernier « contrat » signé avec la Guild, le syndicat des personnels, la clause de non-licenciement (« lay-off clause ») a été supprimée, en échange d’une meilleure représentativité syndicale dans la hiérarchie intermédiaire.



Londres : AP Europe a regroupé en mars ses activités texte, photo et AP TV/vidéo world (ex WTN) sous un même toit.



Rupert Murdoch (News Corp) fait son entrée au board d’AP comme membre désigné (non élu).



Rédaction : fort développement des sujets people et lifestyle en redéployant 21 journalistes sur ce secteur entre Los Angeles, New York et Londres. (deadlinehollywooddaily – mars). Création d’une catégorie animaux de compagnie, développement des catégories food et conseils familiaux. Lancement d'un produit vidéo entertainment. Des photographes tournent des vidéo HD pour internet, et examinent les possibilités de grabing. Réorganisation en centre régionaux aussi bien à l'international (Londres, Bangkok et Mexico) qu'aux Etats Unis.

 

Disponible sur le site Web pour répondre aux questions du public sur l’actualité (janv)

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Thomson Reuters restera dans les médias. Tom Glocer, CEO de Thomson Reuters Information (TRI), l’a assuré publiquement. Les médias constituent l’un des axes de l’objectif stratégique du prochain groupe Reuters-Thomson: être N°1 mondial de l’information professionnelle (B2B) dans quatre « verticaux » (finance, juridique, science, médias). Les clés de la réussite de cette activité de « professionnal publishing » : ‐ ‐ ‐ ‐ ‐

“Must have information to do your job. Intelligent and Insight. Easily scalable by tags and metadata. With the reputation of RTR brand. The right information and not too much. Information delivered at the right moment and that fits your needs.”

Ses priorités opérationnelles sont : 1. L’intégration de Reuters et Thomson Financial. 2. L’internationalisation du nouveau groupe (seuls RTR et Thomson Financial le sont). 3. Devenir leader dans les quatre verticaux, et assurer des liaisons horizontales, via des moteurs de recherche professionnels, entres eux. D’une manière générale, pour évoquer ses produits, Glocer ne parle jamais de contenus isolés, mais d’informations liées à des services ou à des infrastructures. Les activités historiques d’agence de presse de Reuters devraient représenter moins de 3% de l’ensemble du groupe d’information professionnel. Reuters : ‐ décide de renforcer sa couverture sport et lifestyle en raison des retours d’utilisation de sa copie sur le web. (DNA conf – Reuters - mars) ‐ s’aide de Nokia pour tenter de développer un système publicitaire sur les mobiles. (MediaWeek – janv) ‐ a lancé en janvier une plate-forme ouverte opencalais.com pour 114



accueillir des textes et les enrichir de tags et méta données. a remplacé Blomberg dans les pages économiques de l’International Herald Tribune avec un modèle de partage de pubs. (wsj – déc)

L’agence de presse allemande dpa élargit sa mission, qui, pour la 1ère fois, s’étend du statut de simple fournisseur de contenus, à celui de fournisseur de support technologique, pour aider ses clients actionnaires médias dans le nouveau paysage numérique. A noter que l’autrichienne APA a déjà effectué ce virage et fait l’essentiel de ses profits avec la technologie. Stratégie produit de dpa: ¾ Développer des nouvelles solutions autour des contenus dpa ¾ Ajouter des contenus extérieurs de partenaires ou fournisseurs ¾ Mise en ligne et licence à des tiers. Bild Zeitung (bild.de) en ligne est le premier client de la nouvelle solution de géo-codage des contenus news de dpa (« Bild Navigator »). Dpa pioche, retravaille et donne du sens aux contenus que les Länder allemands sont obligés de rendre public (statistiques, informations diverses….). Elle les propose ensuite à ses clients sous forme multimédia, graphiques animés, applis flash, tools set… (dpa)

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Bon début de son fil de news pour enfant (6 à 10 ans) lancé en avril 07.

CP reçoit de ses clients un décompte mensuel des pages vues sur ses contenus. A augmenté ses tarifs en 07, pour la première fois en 13 ans A équipé ses reporters texte d’appareils photos/vidéo Canon G9 pour des reportages multimédia.

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Agence Italienne Ansa: Plan de « rajeunissement » de la rédaction avec guichet départ d’une quarantaine de personnes et de vingt embauches de jeunes (dec) B2B : Le marché de l’information électronique professionnelle a connu une croissance de plus de 8% en 2006. La croissance est soutenue par le nouveau segment regroupant les moteurs de recherche et de veille, et les segments de l’information juridique et presse. (GFII – avr) Reed Elsevier tourne la page de l’imprimé et de la pub pour se concentrer sur l’édition électronique professionnelle (FT – fév) Financial Times (Pearson) décide de ne plus être distribué par la vingtaine d’agrégateurs qui inscrivaient le FT à leur catalogue de source pour se réapproprier la distribution exclusive de ses contenus auprès des clientèles d’entreprises. « Cette tendance à la désintermédiation, qui conduit à courtcircuiter les agrégateurs est une tendance nouvelle et une tendance de fond ». « Les éditeurs veulent contrôler l’économie globale de leurs contenus » et « l’accès en ligne n’est plus un phénomène marginal» à laisser à des tiers. (GFII – mars)

contenus multimédias.

Nouvelle agence de presse en (fev)

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Mondialisation numérique et basculement vers l’Asie La situation se complique avec le basculement massif du centre de gravité mondial vers l’Inde et la Chine, qui a détrôné début 08 les USA par le nombre de connexions internet. Ces formidables réservoirs d’intelligence et de créativité vont changer la donne, imposer leurs propres standards et leurs visions du monde, à partir de leur marché local.

Les groupes d’internationalisent beaucoup. De plus en plus, les modèles d’affaires sont mondiaux. Près de la moitié des revenus de Google est maintenant assurée hors des USA. The Guardian, qui a lancé Guardian America, a dépassé le New York 117

Times comme premier site d’un quotidien sur le Web (18,4 millions de visiteurs uniques en oct 07 vs. 17,5 mlns). (Nielsen - editorsweblog – nov). C’est Reuters qui gèrera la pub US pour la version du Guardian America. (journalism.co.uk – janv) CondéNast (magazines US, Vogue, GQ, Glamour…) est engagé dans une politique agressive de conquête internationale via des sites web à vocation internationale. (New Media Age – avr) L’internationalisation ne concerne plus seulement les Etats-Unis. Aujourd’hui d’autres Silicon Valley existent en Inde, Israel, Chine. La vitesse des transformations est aussi ahurissante en Corée du Sud. La Turquie offre de grandes possibilités ainsi que la Roumanie, la Bulgarie et bien sûr la Russie ou le Brésil. Bientôt, ce sera le tour de l’Indonésie, de l’Iran ou du Kazakhstan offriront de nouvelles opportunités. Malgré la crise financière, les investissements continuent en Chine et en Inde. « Asia is leap-froging Europe and is very bullish on old media ». •

Bertelsmann, Time Warner et ProSieben se développent en Asie.



CNBC va créer en 2008 un quotidien économique imprimé en hindi en j/v pour l’Inde. (CNBC-TV18 – jan)



NBC Universal rachete 26% d’un groupe de télévision indien NDTV Networks (New Dehli Television). (Variety – janv)



Reuters prend une participation minoritaire dans ChinaWeb, plus gros fournisseur d’informations financières en ligne en Chine. (EANA – mars)



The Miami Herald is outsourcing some of its advertising production work to India (déc)



L’Equipe vise aussi l’Asie : Chine (une filiale avec un groupe de presse), Japon, Australie.

The Times of India a même un moment été très proche de racheter le Wall Street Journal ! (Martin Varzavki, CEO de Fon- janv08) La Chine, elle-même concentre ses efforts sur l’Afrique et l’Amérique 118

Latine. La BBC lance sa chaîne de télévision en arabe.

(AFP – mars)

Les groupes vont aussi dans les pays d’Europe de l’Est où la croissance reste forte. -

Joost a son équipe technique en Estonie, Seesmic de Loic Le Meur, a des équipes en Roumanie et à Singapour. Le 1er groupe de presse suisse Ringier, s’est renforcé sur Internet et la télévision, mais trouve aussi des relais de croissance en Europe Orientale. (Le Figaro – mai)

Europe occidentale : -

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Current TV, la télévision d’Al Gore, lance en Italie une première version dans une autre langue que l’anglais. (Variety - mai). Le Wall Street Journal va imprimer son édition américaine en Grande Bretagne pour venir concurrencer directement le Financial Times. (wsj – avr) La BBC ouvre un site Internet BBC France consacré aux programmes de la chaîne britannique diffusés en France et travaille à un site BBC America financé par la pub. (mars) Des acteurs pure web européens: Fon, Joost, Netvibes, Meetic, Bebo … UK = 17% des revenus de Google !

Espagne : Meneame (comme digg.com)

Suède : Spotify (Joost for music)

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L’un des premiers sites de news et de ragots du basket américain, Hoopshype.com, consulté quotidiennement par les agents, entraineurs et fans, est fait à Madrid par 3 jeunes Espagnols ! (WSJ – mars) Hélas il y a un manque de prise de risque, les investissements se font surtout dans l’immobilier en Europe. Mais les gros investisseurs comme Arnaud, Pinault, Lagardère ont plutôt arrêté d’investir depuis la bulle internet de 2001. Peut-être le syndrome Messier. (Martin Varsavsky – CEO Fon – dec07)

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Internet mobile version 0.5! Quel modèle pour contenus? « We are now at Mobile 0.5, to be completely honest” (Vincent Bonneau – analyste IDATE – nov07)

A force de l’annoncer, il fallait bien que l’Internet mobile soit un jour une réalité. C’est fait en 2008. Mais avec quel modèle pour les contenus ? Gratuit, avec de la pub? Payant, via la facture des opérateurs ? Probablement, là encore, un mix des deux. Le consensus sur le modèle d'affaires reste à trouver. L’évènement des mois écoulés est aussi le succès ininterrompu, depuis bientôt un an, de l’iPhone d’Apple qui, avec plus de 25% du marché US, semble avoir réveillé l’Amérique, longtemps, à la traîne en matière de mobilité. Les opérateurs US sont d’ailleurs en train de s’ouvrir pour accueillir plus de plateformes dont l’Android de Google. Mais les utilisateurs américain rechignent encore à surfer en masse sur le web à partir de leur mobiles, d’où un retard sur les modèles publicitaires (nyt – dec). Au Congrès mondial des mobiles, en février à Barcelone, chacun s’est surveillé. Tout le monde se méfie, une fois encore, des nouveaux entrants, comme Apple, ou des pure-players, comme Google, qui ont déjà chamboulé plusieurs industries. Apple et Google étaient d'ailleurs physiquement absents de la grande messe annuelle.

"A pipe or a platform"? Mobile is a new media. Les opérateurs n'ont qu'une peur: celle d'être court-circuités et de se retrouver à la tête de "dumb pipes", des tuyaux stupides. Après tout, le transport de voix étant désormais gratuit (commodity, comme les news!), il faut se diversifier. Ils tentent donc tous de devenir des plateformes

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intelligentes de contenus, quitte à passer des accords, comme hier entre Yahoo! et T-Mobile, pour se partager la pub, ou à créer des studios de cinéma, comme Orange. Les pure-players, ne jurent que par la pub. Pensez donc! Le chiffre magique à Barcelone, était "3 milliards ! ». Pour 3 milliards de téléphones mobiles en marche dans le monde, contre moins d'un milliard de PC! Google et Yahoo! comptent bien rééditer sur les mobiles l'opération qui leur a si bien réussi sur le Web fixe. Les producteurs de contenus, essaient, eux, de ne pas rater une nouvelle fois le coche et se positionnent tous azimuts. Softbank, le leader de l'Internet au Japon (possède Yahoo! et Vodafone Japon entre autres) et en Chine (via sa participation dans Alibaba), croit, dur comme fer, dans le système payant. "C'est simple, a martelé, son charismatique président, Masayoshi Son, avec les mobiles vous avez 100% de facturation, donc 100% de relations avec les utilisateurs! ". Vous pouvez recourir au micro-paiement et mélanger avec de la pub non intrusive. Softbank a dailleurs interdit les "banners ads" sur ses mobiles.

photo AFP Ne pas se prendre encore 20 ans de suprématie Google! "Le modèle d'affaires dépendant de la pub sur Internet, doit changer pour les mobiles". "Il doit être réinventé pour que la dépendance à la seule pub soit moins forte". Sur l'internet fixe des PC, les revenus sont générés à 80/90% par la pub. Pour les mobiles ce sera seulement 20%",estime Son. "Les gens paieront pour des données et de la sécurité (…) La période de gloire de Google ne durera peut être pas encore 20 ans!", a-t-il ajouté sous des applaudissements nourris des congressistes, trop heureux de se payer un peu de bon temps au dépens du géant de Mountain View. "Les contenus, musique, entertainment …. peuvent être facturés", a-t-il ajouté en se référant au succès de Sony Music, qui a engrangé des profits records en 07, grâce aux téléchargements légaux sur mobiles, alors que le reste de l'industrie du disque continuait d'être dans le rouge. Yahoo!, très présent à Barcelone, s'est voulu rassurant et joue la 122

carte des partenariats avec les opérateurs. En un an, Yahoo! Mobile a multiplié par 100 son "reach", passant de 6 mlns de personnes en février 2007, à ...600 millions de personnes, via des accords avec 29 opérateurs différents. "Nous coopérons avec tous les opérateurs, créons des services de pub pour eux et partageons les revenus publicitaires", a expliqué Marc Boerries, chargé de tout la partie mobile chez Yahoo! Mais Yahoo! prévient aussi que "la pub sur mobile n'en n'est qu'à son tout début". "Nous devons réinventer l'expérience pub pour l'utilisateur".

"Internet means mobile handset, not PC anymore" "What is the new new thing in our industry? s'est interrogé à Barcelone Arun Sarin , le patron de Vodafone. "L'internet sur les mobiles. Je pense que pour la première fois, on peut dire: on y est". Grâce à l'essor de la norme 3G, "enfin, il y a une demande pour ces services", s'est-il félicité. "L'avenir de notre industrie dépend de notre réussite sur l'Internet", s'estil empressé d'ajouter, en demandant notamment une consolidation des systèmes d'exploitation OS. "Il en faudrait 3, 4 ou 5 mais pas 30 à 40 comme aujourd'hui!". "Nous sommes à la croisée des chemins. Nous devons assurer la vie de l'Internet sur les mobiles. Si nous le faisons pas, d'autres le feront! " "Les gens veulent leur Internet et leurs réseaux sociaux partout disponibles", estime Carl-Henric Svanberg, CEO de Ericsson. "La mobilité va amener l'Internet dans une autre dimension", a assuré le patron de Nokia, OlliPekka Kallasvuo. Dans les pays émergents, comme en Afrique, c'est par les mobiles que les gens vont découvrir le Web. "C'est bien simple, assure Misayoshi Son, à partir de maintenant, Internet est synonyme de téléphone portable et non plus d'ordinateur!". "2008 est l'année où le mobile devient une machine-internet". Le patron de Softbank, 1er actionnaire de Yahoo!, prévient très vite les opérateurs: "faites attention! Ne soyez pas des tuyaux idiots! Ne répétez pas les erreurs du passé, et faites en sorte d'intégrer toutes sortes de services". Son a d'ailleurs imposé un bouton Yahoo! sur ses appareils afin de pouvoir accéder plus vite au Web. Résultat, en une nuit, le trafic a été multiplié par 70!

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--------------------Et tandis que les opérateurs téléphoniques européens vont chercher de la croissance en Asie, l'internet mobile n'en finit pas de décoller en Europe, freiné par le coût élevé des communications data, le manque d'outil de mesure d'audience sur l'utilisation des contenus et la complexité opérationnelle, due au nombre et à la variété des terminaux. Pourtant, le marché de la publicité sur l'internet mobile (search & display) est estimé à 1,3 milliard d'euros en 2012 en Europe de l'Ouest par Jupiter Research qui table sur une phase de standardisation et d'éducation du marché de 2007 à 2009, puis sur une phase de croissance de 2010 à 2012, avec "un énorme potentiel de développement" même si "l'audience est (encore) limitée". Mais le portable a d’ores et déjà 4 caractéristiques : il est mondial, personnel, immédiat et il y en a des milliards. Avec les mobiles, il s’agira moins de publicité que de « services marketing », pour combiner l’intérêt du vendeur et de l’acheteur à un moment précis. (Maurice Levy, pdg de Publicis – janv)

"La faible propension des utilisateurs à payer (les contenus sur mobile) va stimuler le financement par la publicité", selon Thomas Husson, analyste de Jupiter Research. La publicité sur mobile, en phase de "test and learn" en Europe de l'Ouest, progresse en Asie et notamment au Japon avec un marché de 510 millions d'euros en 2007 (contre 240 millions en 2006), selon Jap Presse. En Chine, comme dans de nombreux pays émergents, le premier contact avec l'internet est souvent par l'intermédiaire d'un téléphone mobile. (avec Denis Teyssou – MediaLab AFP, avr 08)

OS mobile: la bagarre ne fait que commencer La bagarre pour le contrôle du système d'exploitation (operating system, OS) des téléphones mobiles ne fait que commencer et les acteurs du web viennent, là aussi, de plus en plus concurrencer les spécialistes du mobile au fur et à mesure que les logiciels deviennent plus complexes. Microsoft, avec sa gamme Windows Mobile, essaie non sans mal de répéter dans l'industrie du mobile son succès planétaire dans les ordinateurs

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personnels. Mais la concurrence est rude car les opérateurs de télécommunication et les fabricants de portables à l'image de Nokia et son OS Symbian ne souhaitent pas se laisser enfermer dans des solutions qu'ils ne contrôlent pas. Orange a annoncé au GSMWorld de Barcelone qu'il rejoint Motorola, NEC, NTT Docomo, Panasonic, Samsung et Vodafone comme membre fondateur de la fondation LiMo, dont le but est d'unifier les développements de l'industrie du mobile basés sur le système d'exploitation libre Linux, très utilisé dans les serveurs web. Orange rejoint LiMo en compagnie de la société japonaise ACCESS qui vient de lancer une plateforme de développement sous Linux, concurrente potentielle du projet Androïd de Google, absent de marque au GSMWorld, de même que i-Phone d'Apple. (Denis Teyssou, responsable du Medialab AFP – fev08)

Au Japon, NTT DoCoMo choisit Google Le premier opérateur de télécommunications cellulaires japonais, NTT DoCoMo, et Google ont annoncé mi-janvier un vaste partenariat qui a toutes les chances de servir de modèle à Google pour développer ses activités sur terminaux mobiles à l'échelle mondiale. Le marché sophistiqué japonais constitue en effet pour de nombreux groupes étrangers un terrain exceptionnel d'expérimentation de nouveaux services mobiles...

A priori, NTT DoCoMo et Google n'étaient pas faits pour s'entendre. Le premier a en effet construit son modèle économique sur une plate-forme payante et fermée (l'i-mode) alors que le second s'est développé grâce à l'ouverture et à la gratuité de ses services en ligne. Mais les deux ont néanmoins trouvé une méthode donnant-donnant pour marier leurs activités sans détruire leur propre modèle. (Karyn Poupée, AFP-Tokyo)

Principaux sites de news sur mobiles aux USA:

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• CNN • ABCNews.com • Fox News • MSN Mobile / MSNBC • USA Today • Don’t Know • Others • AP News • Reuters • Bloomberg News Les sites de news sont 3èmes en terme de recherche d’infos sur les mobiles derrière le « search » et la météo. (NYT- mars)

Un quotidien suédois lance le premier journal/téléphone portable

Le quotidien suédois Dagens Nyheter (DN) a lancé en janvier ce qu'il affirme être le premier "quotidien/téléphone portable" au monde: un téléphone dédié offrant l'accès libre et direct au journal via internet. "C'est une nouvelle manière de distribuer des informations". Les abonnés de DN peuvent acheter le portable Nokia 6120 de 3ème génération sur le site du journal et, pour 21 euros par mois, peuvent surfer sur le site du quotidien en actionnant le "bouton DN" du téléphone. (Francis Kohn, AFP, directeur à Stockholm – fév) Nokia produit aussi un tableau de bord de services à télécharger gratuitement autour des contenus avec un site Ovi : jeux, musique, vidéo, géolocalisation, communautés, applis personnelles. (Les Echos – avr) Aux Etats-Unis, CBS teste Loopt, système de pub sur mobile personnalisé à la présence géographique de l’utilisateur (NYT – avr) 126

Jusqu’ici la plupart des tendances venaient de pays émergents d’Asie. La prochaine génération de services et d’applications mobiles devraient venir des Etats-Unis, jusqu’ici plutôt à la traîne. Il faut dire que l’iphone d’Apple change considérablement les usages. Innovation Grandcentral.com racheté par Google !

GrandCentral is an innovative service that lets users integrate all of their existing phone numbers and voice mailboxes into one account, which can be accessed from the web. « La téléphonie mobile devient mature en Europe. Mais malgré la croissance exceptionnelle des volumes, la concurrence est telle, que les consommateurs récupèrent la totalité des gains de productivité, et nos revenus n’augmentent pas ». (Jean Bernard Levy – CEO Vivendi – dec07)

Les opérateurs de téléphone deviennent des médias ! Ces nouveaux géants ne sont plus seulement des distributeurs mais des agrégateurs de contenus et de plus en plus des éditeurs. Alcatel Lucent a une division contenus et travaille sur des solutions de micro-paiement. Alcatel Lucent, après avoir été un fournisseurs de services, va devenir un rotecteur de services, pour notamment sécuriser l’Internet ». (Patricia Russo CEO – nov07) France Telecom est un nouvel acteur de l’audiovisuel, qui a créé une filiale de co-financement de programme télé et cinéma (Studio 37, petite dizaine de films coproduits, français et européens). Le groupe français, qui entend « adresser » tous les terminaux et tous les usages, va lancer une offre de tv sur internet (web tv) et évidemment la télé sur mobiles. Orange lance aussi un e-paper avec le Monde et d’autres quotidiens pour un nouveau support baptisé ‘Read & Go ». (Le Monde – mai)

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TV sur mobiles La télévision de poche, sera une innovation majeure. En Allemagne, au Japon, la TNT est disponible en mobilité. 13 millions d’abonnés au Japon à la TNT mobile ! (fin 07) En France, la TMP sera lancée fin 08. Quels modèles économiques ? • • •

Revenu d’accès illimité (type adsl) Licence payée en une fois lors de l’achat de l’appareil Publicité

La TNT mobile payante a échoué en Italie, aux USA et en Allemagne (M. Pallian – NRJ – dec). En Corée, c’est gratuit. Mais personne ne sait aujourd’hui dimensionner la pub sur mobiles. Aux USA : - Le groupe de magazines CondéNast a signé avec le player musique et vidéo « V Cast » des portables de Verizon (15$ /mois) En France, les partisans de la gratuité de la TMP sont Bolloré, NRJ, BFM. En face TF1, M6, France Télévisions ou les opérateurs comme SFR disent : le réseau c’est cher, la pub ne suffira pas. Il faudra payer : les clients sont prêts à payer 5 à 6 euros par mois pour un bouquet de chaînes. (SFR – dec07) La pub ne suffira pas à rentabiliser les coûts de diffusion car le temps d’audience ne sera pas assez grand. (Laurent Souloumiac – DG FT Interactive – déc 07)

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Autres sites intéressants & “fun”

19.20.21: nouveau projet de Richard Wurman, créateur des conférences TED: regrouper les problématiques, toutes différentes, des 19 villes du monde, qui auront plus de 20 millions d'habitants, au 21ème siècle. Depuis l'an dernier, il y a désormais, sur la planète, plus d'habitants en milieu urbain, qu'en dehors des villes. Cette initiative multimédia (web, TV, print, expos) s'étalera sur 5 ans, avec notamment une grande exposition à Singapour en 2010. National Geographic est déjà l'un des partenaires.

Bigthink est un nouveau site de vidéos "intellos". Lancé en janvier avec quelques 2.000 clips de personnalités, essentiellement américaines, il est financé en partie par l'ancien secrétaire américain au Trésor et président d'Harvard, Larry Summers. Un autre site de contenus vidéos "intelligentes", Fora TV, lui fait concurrence.

Symbole de la bulle internet 1.0, Industry Standard renaît de ses cendres, sept ans après avoir mis la clé sous la porte, en abandonnant la version papier, pour une version Web, qui couvre les mêmes sujets (l'économie de l'internet, contenus et financements). Il entend créer une communauté avec qui partager les connaissances, les analyses et les prévisions sur ces sujets. 129

“Dapper aims to make it easy and possible for anyone to

extract and reuse content from any website”.

Présentés aussi récemment à Munich lors de la conférence DLD:

Allofme ("tout de moi"): site en développement, par une société en Israël

dirigée par Addy Feuerstein, montrant, de manière spectaculaire, grâce à des photos, vidéos ou tout documents, postés sur un échéancier de temps (timeline) « partageable et zoomable » , et des widgets, sa propre vie avec ses dates importantes. Présentée en alpha, la version béta sera lancée d'ici deux ou trois mois.

Nouveau moteur de recherche puissant qui ne collecte pas les requêtes des internautes.

Une émission littéraire sur le Web qui produira des entretiens avec des auteurs, et diffusera notamment des extraits d’Apostrophes et du Charlie Rose Show américain. Site lancé par un ancien éditeur de Random House. (NYT – mar)

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AtlasCT : ce site, qui associe UGC et photo geo tagging, permet de visualiser sur une carte online des photos prises lors d'un déplacement par un téléphone portable. Egalement développée en Israël, cette application localise précisément l’émetteur et peut lui envoyer de pub contextuelle locale. Nokia a signé avec cette société Atlas Cartographic Technologies) un partenariat.

Sorte de Second Life pour ados.

“A video-sharing platform built the way the internet really works. We support the free and unlimited sharing of media. Our unique technology tracks and monetizes videos as they spread virally across the web, so no matter where your creativity travels, you benefit”.

urban tourism mash-ups)

Agence de tourisme dislocative! (platform for

  

« CastTV is working to build the web's best video search”

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Eventful enables its community of users to discover, promote, share and create events. Eventful’s community of users select from nearly 4 million events taking place in local markets throughout the world, from concerts and sports to singles events and political rallies.

Calculez votre DNA visuel: nouvel outil de marketing lancé il y a quelques mois et utilisé par certains sites marchands aux USA avant les fêtes. Déjà cinq millions de personnes l'ont testé. Il va être proposé sous peu sous ce site (youniverse.com).

Permet de partage et de visionner des vidéos en même temps sur le web. Plus besoin d’envoyer de lourds fichier. (wsj – avr)

  

“Akimbo provides a complete solution for monetizing video over the Internet from content providers’ own websites”.   

Installe des outils de sondages sur les sites et les blogs.

Réseau social d’experts.

(msnbc)

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Innovative advertising platform.

Buzzphraser.com : site qui invente des phrases de jargon à la demande en « technolatin” !

Bullshitr.com : générateur de blabla sur vos produits ou idées…. Exemple de buzz phrase generator: (phrases piquées sur le web !)

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Pour générer automatiquement des noms de sites qui sonnent Web 2.0 (Meebo, Kijii, Zoogmo….)

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WHAT’s NEXT? “In many ways, the incredible advances of the past few decades have really just laid the foundation for much more profound change” (Bill Gates – janv) Le World wide web (www), qui a facilité l'accès à l'internet grâce à son interface graphique, « n'en est qu'à ses balbutiements (…)"nous avons seulement commencé à explorer les possibilités"». (Tim Berners-Lee, BBC AFP – avr) “Everything will change one more time in the next 20 years” (l’architecte et visionnaire Richard Wurman, créateur des conférences TED jan) « Big will not beat small anymore. It will be fast beating slow”. (Rupert Murdoch, CEO News Corp.)

Quelques pistes: Le 5ème écran : les écrans publics (aéroports, gares, bureaux de poste, supermarchés, bars, panneaux publicitaires …). Les panneaux d’affichage ont été, avec les magazines, le seul support publicitaire en croissance, l’an dernier, aux Etats-Unis (+7%). Bientôt l’encre électronique animera ces écrans publicitaires qui seront gérés à distance. Ils deviendront aussi visibles en 3D. La Géo-localisation (suite) Google continue de développer ses services de géo-localisation. Il a

récemment racheté

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Et 3D Wharehouse

qui bâtit une banque d’images en 3D.

En cours: le “GeoRSS » is an emerging standard for encoding location as part of an RSS feed” qui viendront bientôt alimenter nos téléphones et nos voitures. « Dans les nuages », « In the Clouds ! » De plus en plus de choses se font en dehors de nos disques durs et de nos serveurs. Cette tendance intéresse la protection des données, les applications remises à jour sur le web, la collaboration et le partage, l’ubiquité d’utilisation. Voir mozy.com ou box.net pour la sauvegarde de documents, zoho.com (pour PME et individuels), Google Doc pour traitement de texte, calcul… (Edgar Pisani – L’Atelier des Médias, RFI - avr) Technologies de reconnaissance visuelle : En voyage l’étranger, un téléphone portable pourra prendre une photo d’un mot ou d’une phrase, et en donner la traduction. Via la société Linguatec, spécialiste des logiciels de traduction par ordinateur. (Atelier BNP-Paribas – mars) Le Web 3.0: when physical meets virtual! Digital and physical world will merge! Il permet d’attribuer une adresse internet à des objets munis d’une puce pour qu’ils communiquent entre eux avec des sites du web. Dans 10 ans, les enfants trouveront normal que leur réseau social virtuel ou leurs jeux vidéos les rejoignent physiquement dans leur vie quotidienne. (Julian Bleecher – professeur au Near Future Laboratory, janv) ThinSight (labo de Microsoft): optical sensing

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L’automatisation des échanges entre les entreprises (Vinton Cerf – LeMonde – avr) La bataille de la maison numérique (“digital home”) autour des « box”, autour de la sécurité, de la santé, de la gestion de l’énergie.

Economie de l’attention : what’s next ? La désagrégation de l’emploi : aujourd’hui, les gens ont environ 7 jobs dans leur vie. Demain, nos enfants auront 7 jobs en même temps ! « They can multitask ! » (JP Rangaswami – Creative director British Telecom – dec 07)

“The best way to predict the future is to invent it”.

(Alan Kay, inventeur de Windows)

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Sources: entretiens, réseau mondial AFP, presse, lettres d’information, blogs, participation aux conférences IDATE (Montpellier, nov 07), Le Web 3 (Paris, déc 07), Conférence annuelle Medias des Echos (Paris, déc 07), « Content connects » à la Commission Européenne (Bruxelles – déc 07), Digital Life Design (Munich – janv08), Congrès mondial des mobiles 3GSM (Barcelone – fév 08), Media Summit de la Software and Information Industry Association (SIIA, New York, janv 08), Minds International (Prague, mars 08), colloque Mobile 2.0 (Paris, avr 08).

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ANNEXE NOSTALGIE

Exposition à Boulogne Billancourt (fév – avr 2008)

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http://hebeypop.blogs.com/hebeydesign/

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(Hebey Design blog)

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http://hebeypop.blogs.com/hebeydesign/

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http://hebeypop.blogs.com/hebeydesign/

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http://hebeypop.blogs.com/hebeydesign/

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http://hebeypop.blogs.com/hebeydesign/

 

 

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Au temps de la mire télé et de l’hymne national en fin de programmes du soir !

et sifflement suraïgu. France 3 l’a supprimé en …. 2003 !

Absence de signal vidéo

Même les plus grands ….

« Prends garde! Tu es sur une pente! Tu as déjà abandonné les plumes d'oie pour les plumes de fer, ce qui est le fait d'une âme faible » (Gustave Flaubert à son ami, Maxime du Camp, 1865) 

Victor Hugo, comme Alexandre Dumas fils, se servit, jusqu'à sa mort, de la plume d'oie, « celle qui a la légèreté du vent et la puissance de la foudre ».

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