2005 Gambade Lettre Porcine 17-1

Journées de l’AFMVP 2004 : atelier reproduction Deuxième cas Impact d’une injection de prostaglandines de synthèse au sevrage sur le groupage des inséminations et la fertilité des truies P. Gambade (Sanders Bretagne, Pontivy), V. Auvigne (Ekipaj, Saint Grégoire), E. Sallé (CEVA Santé Animale, Libourne)

Introduction

28 jours après la première insémination. L’élevage était indemne de SDRP au début de l’expérience. L’amélioration de l’intervalle entre le sevrage et la première insémination et le regroupement des inséminations a un L’essai a été réalisé sur 11 bandes sevrées entre mars et double intérêt économique : la période improductive des juin 2003. Les truies sevrées et remises à la reproduction truies est réduite et l’organisation du travail est améliorée. étaient réparties entre un lot traité et un lot témoin. Les truies L’administration de prostaglandines au sevrage pour du lot traité recevaient 2 mg d’Alfaprostol en IM le jour du mieux grouper les œstrus et/ou résoudre des problèmes sevrage (1 ml d’Alfabedyl ®). Les truies du lot témoin ne de non venue en œstrus pourrait être un des champs recevaient aucun traitement hormonal au sevrage. d’application de ces molécules en élevage porcin (1). Les analyses statistiques sont réalisées avec le test nonDeux mécanismes d’action sont supposés. Le premier est paramétrique de Mann &Whitney pour la comparaison des une simulation intrafolliculaire par les PGF2 d’enzymes variables quantitatives et le test exact de Fischer pour les comme les collagénases et élastases qui interviennent dans variables qualitatives à deux classes ( Epiinfo®) la rupture folliculaire (2). Le second est la lyse des corps jaunes présents au sevrage. C’est dans ce cadre que cet Résultats essai terrain a été mis en place. • Les inclusions 247 truies ont été incluses (126 témoins, 121 traitées). Il n’y L’essai a été réalisé dans un élevage naisseur 8kg de 590 a pas de différence significative entre témoins et traitées truies en conduite semaine, peuplé en 2000. En 2003, les pour le rang moyen (4,8), le nombre de nés totaux et de performances moyennes étaient de 14,4 nés totaux et sevrés à la mise-bas précédant le traitement (14,8 et 10,0) 11,1 sevrés par truie. Dans cet élevage, la mise-bas est ou l’âge moyen au sevrage (26.6). Les deux lots sont donc déclenchée à l’aide d’une prostaglandine de synthèse et bien comparables. une injection IM de Dinoprost (Enzaprost®) est réalisée Le SDRP a été diagnostiqué le 23 avril dans l’élevage systématiquement 24 à 48 h après la fin de la mise-bas. Les après que des symptômes typiques d’une primo infection porcelets sont sevrés à 27 jours et les truies sont bloquées (diarrhées néo-natales et troubles respiratoires aigus sur après le sevrage. Les sevrages sont réalisés le mercredi et les porcelets en maternité, symptômes cutanés sur les truies l’objectif de l’éleveur est d’inséminer le maximum de truies à l’entrée en maternité, moins bonnes venues en chaleur du dimanche au mardi suivant. Du jour du sevrage au samedi et retours) sont apparus fin mars. Une vaccination avec matin, les truies sont stimulées par un passage rapide du un vaccin inactivé a été mise en place début mai 2003 verrat. A partir du samedi, les chaleurs sont détectées par sur l’ensemble des reproducteurs, suivant le protocole de un passage long du verrat et par le test d’immobilisation primo-vaccination. par l’homme. La semence est prélevée à la ferme. Deux à trois inséminations par truie sont réalisées : la première • La venue en chaleur 24 h après le début des chaleurs, la seconde 24 h plus tard, la troisième en fonction de la durée des chaleurs. Un Quatre truies n’ont pas été vues en chaleur : trois dans le lot diagnostic de gestation par échographie est réalisé 21 et témoin et une dans le lot traité (NS). L’intervalle moyen entre le sevrage et l’insémination (Figure 1) est significativement Figure 1 : Distribution de l’intervalle sevrage – première insémination (jours)

Matériels et Méthodes

LP 17(1) - Mars 2005

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Journées de l’AFMVP 2004 : atelier reproduction Deuxième cas (suite) réduit (p = 0,02) entre le lot traité (5,5j) et le lot témoin (6,3 j). Cette amélioration du délai de retour en chaleur est obtenue par la très forte réduction du nombre de retours tardifs et non par l’augmentation des insémination très précoces (avant 3 jours). Au final, le pourcentage de truies inséminées les jours souhaités par l’éleveur (J4 à J6 après sevrage) est fortement amélioré (p = 0.01, Tableau 1).

• La prolificité Le nombre de nés-totaux et de mort-nés pour la mise-bas suivant le traitement ne sont pas différents entre les deux groupes (respectivement 14,4 vs 14,2, p = 0,56 et 1,6 vs 1,3, p = 0,98).

Tableau 1 : Le regroupement des premières inséminations

Dans cet essai, l’injection d’Alfaprostol au sevrage a entraîné une amélioration significative de l’intervalle entre le sevrage et la première insémination et un regroupement de ces inséminations sur la période souhaitée par l’éleveur. Les performances de fertilité et de prolificité sont conservées. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus en Espagne par Peña (2).

Intervalle sevrage IA1

Lot témoin

Lot traité

0 à 3 jours

2 (1,6 %)

1 (0,8 %)

4 à 6 jours

96 (78,0 %)

109 (90,8 %)

7 jours et plus

25 (20,3 %)

10 (8,3 %)

Discussion

Le protocole testé augmente la fréquence des inséminations à J5. Ceci correspond au délai moyen d’une maturation folliculaire débutant au sevrage et est donc compatible 123 (100 %) 120 (100 %) avec l’hypothèse d’une action lutéolytique. Il est peu probable qu’il s’agisse de corps jaunes persistant depuis la gestation car toutes les truies ont déjà reçu deux injections de prostaglandines avant le sevrage. Les corps • La fertilité jaunes présents au sevrage seraient donc formés suite à La fécondation (constatée à l’échographie) en saillie des chaleurs de lactation. Les prostaglandines au sevrage première est l’indicateur de fertilité retenu. Il est en seraient donc efficaces uniquement s’il y a des chaleurs moyenne de 86 % (Tableau 2) et la différence entre les de lactation dans l’élevage. Ce mécanisme d’action est lots traités et témoins n’est pas significative (p = 0,26). différent de celui des gonadotropines. On peut donc Le délai de retour en chaleur étant amélioré pour le lot supposer que ces traitements sont complémentaires. Des traité et la fertilité étant identique entre les deux groupes, études supplémentaires seraient cependant nécessaires on observe logiquement que l’ISSF (suivant diagnostic à pour valider ces hypothèses et comprendre les facteurs l’échographie) et l’intervalle entre mises-bas sont plus déclenchant ces chaleurs de lactation. courts dans le lot traité (respectivement 9.5 vs 9.0, p = 0,08 et 151,3 vs 149,3, p = 0,02). Tableau 2 : Taux de fécondation en saillie première Fécondation en IA Non

Lot témoin

Lot traité

15 (12,2 %)

19 (15,8 %)

Oui

108 (87,8 %)

101 (84,2 %)

123 (100 %)

120 (100 %)

LP 17(1) - Mars 2005

Remerciements

Les auteurs remercient le responsable de l’élevage pour sa participation active à la réalisation de cette étude.

Bibliographie 1 – BOSC M.J., NARTINAT-BOTTE F., Champs d’application de la prostaglandine F2 en production porcine. In Le grand livre des prostaglandines. 2 – PEÑA et al. E., Effect of vulvomucosal injection of D-cloprostenol at weaning and at insemination on reproductive performance of sows during the low fertility summer season under field conditions. An. Reprod. Sc. 68 (2001) 77-83

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