Un Intrus Inattendu

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  • Words: 1,999
  • Pages: 10
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Mohamed Failali

Un Intrus Inattendu (2009)

Les personnages et les événements de ce roman sont le fruit de la fiction de son auteur et toute similitude à la réalité émane de la pure coïncidence.

Un Intrus Inattendu

Roman

© Mohamed Failali 2009 Tous droits réservés http://www.mohamedfailali.com E-mail: [email protected] TEL: 06 58 52 65 52

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Il était une personne retirée depuis son enfance. Il ne se mêlait pas aux autres. Il plaisait à la majorité de ceux qui l’entouraient. C’était un garçon adorable. Il passait la plupart de son temps devant le téléviseur à regarder les dessins animés. Les documentaires sur les animaux, spécialement les animaux marins, étaient ce qu’il aimait le plus. « Le monde sous-marin » du commandant Cousteau l’enchantait. Et pourquoi non « L’homme et la terre » de Félix Rodriguez De La Fuente. Aux années 1970, il y avait peu de chaînes de télévision mais plusieurs programmes intéressants et, surtout, peu de publicité. Il naquit un matin d’automne de 1969. L’homme avait mis le pied sur la lune et une nouvelle ère s’inaugurait. Les Etats-Unis, en pleine guerre froide, perdait ses meilleurs fils au sud-est asiatique. Le prince Juan Carlos avait été nommé futur monarque d’Espagne par le général Franco. Le même médecin qui assistait sa mère proposa à celle-ci le prénom angélique de Miguel, en l’absence du père pour des raisons de travail. La mère ne se sentait pas bien après l’accouchement difficile qu’elle eut. - Quel beau garçon ! - Le prénom que vous lui avez donné est aussi beau. Merci ! - C’est un plaisir madame ! Miguel grandit sous le soin de parents très affectifs. Rosa et Juan étaient un couple d’ex-artistes, acteurs pour être exact. Ils s’aimèrent très jeunes. Rosa était la plus belle fille du quartier. Juan était le –3–

garçon le plus timide de tous ceux qui vivaient dans le voisinage. Ce qui incita Rosa à le sortir de sa coquille. Après quatre ans de fiançailles, ils durent se séparer parce qu’il allait poursuivre ses études artistiques à la capitale Madrid. Malaga, la ville natale d’un certain Pablo Picasso, n’offrait pas les mêmes opportunités. Elle essaya de le convaincre de rester dans sa ville natale en vain. Il était très ambitieux et déjà décidé. A la gare des autocars, Rosa aurait voulu s’agripper à lui pour qu’il ne s’en allât pas. Pourtant, son orgueil le lui empêchait. L’autocar était sur le point de partir un matin d’automne de 1963, avec des nuages qui annonçait froid et pluie. Ce qui ajouta plus de tristesse à la tristesse qu’elle ressentait déjà avec amertume. - Rosa, mon amour, ne t’inquiète pas. Je reviendrai et nous nous marierons. Elle feignit un sourire devant lui. Quand il eut disparu, elle pleura pour lui comme un enfant pour la perte de son jouet favori. Elle était presque sure de ne plus le revoir. Madrid avait la réputation d’engloutir les nouveaux venus. Juan ne serait pas une exception. Le théâtre fut le premier pas de Juan. Il fut choisi pour présenter un rôle important. Il n’eut pas le succès qu’il désirait. Il continua de se dévouer avec l’espoir d’aller loin dans son travail. Cependant, Rosa présentait des petites pièces théâtrales à l’institut. C’était son principal loisir. Au contraire, elle n’avait pas l’intention de faire du cinéma. Lasse d’attendre, elle décida finalement de voyager à la capitale. Sa cousine Raquel l’attendait là. Elle avait un emploi pour elle dans l’entreprise –4–

qu’elle dirigeait. Après ce que sa proche eut fait pour elle, Rosa ressentit son anxiété s’alléger. Elle avait déjà un travail fixe. Elle pouvait vivre sa vie sans que ses parents lui remplissent l’ouïe de protestations à propos du mariage. Ils savaient qu’elle aimait beaucoup ce jeune-là et ne consentaient pas la voir déchirée pour lui alors qu’il l’ignorait. Nombreux étaient ceux qui voulurent l’épouser. Mais, pour elle, il y avait un seul homme. Un soir, elles étaient elle et sa cousine en train d’écouter la radio. Juan Martín, un acteur avec un avenir prometteur, parlait de son travail et de ses projets. Il manifesta que son ambition et sa ténacité étaient ce qui pourrait le mener au succès dans le théâtre et que le cinéma était le plus facile de ce qui lui restait à faire. Rosa n’aima pas ses déclarations. - Il ne mentionna même pas mon nom ! - Les hommes sont égoïstes. Tu le sais très bien ma chère Rosa. - Mais, celui-là, je l’aime. Tu comprends ? - Je ne veux pas te voir triste. Tu dois le savoir. D’ailleurs, je veux que tu saches que j’ai une surprise pour toi. - Quelle surprise ? - Devine ! - Je ne peux pas. - Comme d’habitude, l’entreprise organise une fête annuelle. Cette année, c’est toi qui vas la présenter ! - Sérieusement ? - Oui, ma chérie. - Merci beaucoup ma chère Raquel !

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Elles s’embrassèrent chaleureusement. Les yeux de Rosa fondèrent en larmes. Ce soir-là de fête, Rosa éblouît le public avec sa sympathie. Raquel était assise entre deux hommes. L’un des deux ne cessa de regarder Rosa depuis que la fête commença. Finalement, sa cousine l’appela pour qu’elle prît place à côté d’elle. « Rosa, celui-ci est Enrique et celui-là est Pedro : le premier est un collègue et le deuxième est un homme d’affaires qui, à propos, a quelque chose pour toi. » Ce que Rosa espérait le moins était savoir qu’elle avait été choisie pour partager le rôle principal avec Juan dans sa première apparition au cinéma. Il s’agissait du producteur du film. Pour juan, ce fut un coup dur qui le réveilla de son ivresse. Tout est possible dans ce monde qui tourne. Sa rencontre avec Rosa le laissa clairement entre deux options. Et il choisît de rester auprès de la femme de sa vie. « J’ai plus peur de la célébrité que de la misère. Je laisserai tout maintenant qu’il est toujours tôt de le faire…et je t’invite à passer le reste de ta vie avec moi. Crois-moi Rosa : je le souhaite vraiment. Qu’en dis-tu ? Ils étaient assis dans un café. Rosa regardait les vieux assis sur des bancs. Plusieurs d’entre eux des femmes solitaires. Elle ne réfléchît pas deux fois. Elle était venue à sa recherche et elle le trouva. Le reste ne l’attirait pas. « Que voudrais-je de plus ? », dit-elle en souriant.

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Leurs amis n’y comprirent rien mais les deux savaient très bien ce qu’ils faisaient. L’amour qui n’incite pas au sacrifice n’est pas de l’amour. Ils achetaient leur bonheur avec la célébrité et l’argent qui avaient peu de valeur à leurs yeux d’amants sincères. A Juan, il fut diagnostiqué une tumeur cérébrale. Le cancer finirait sa vie en six mois. Il fumait pendant vingt ans. La maudite blonde américaine. La cigarette la plus vendue dans le monde. Sa femme était blonde. Son fils aussi. Ils étaient son trésor. Il avait su les garder mais il n’avait pas su garder sa santé. Il n’y avait pas lieu au remords. Il devait affronter son destin avec toute sa foi. La maladie ne demande pas de permission. La mort non plus. Ce dont il ne se rendait pas compte, commençait à avoir la valeur véritable qu’il mérite : le temps est de l’or. - J’ai déjà un pied dans la tombe, n’est-ce pas docteur ? - Il ne faut pas perdre l’espoir. Devant, sur le bureau du médecin, gisaient les échographies de ses poumons. La tâche noire était le problème. Une opération chirurgicale serait périlleuse. Un traitement adéquat pourrait seulement apaiser sa douleur. Mais, il n’éviterait pas sa souffrance. Après l’avoir su, il avait l’obligation d’informer sa femme qui le supplia tant pour qu’il cessât de fumer. Elle avait vraiment raison. Non seulement il perdait de l’argent sinon il risquait sa –7–

santé. La prédiction de sa femme était exacte. Le tabac finît par gagner la bataille. - N’allume pas les cigarettes. Ce sont des canons qui détruisent ta santé ! - Je fume. Je ne fais pas la guerre. - Tuer des cellules vives, c’est comme tuer des personnes. En fumant, non seulement tu te fais mal, mais aussi tu fais mal à ceux qui sont autour de toi. - Vraiment, je me sens faible devant le tabac. Quand je commençai à fumer, je pensai que ne tarderais pas à le laisser. - Chéri, pense à moi. Pense à notre fils qui aura besoin d’un père en bonne santé pour le maintenir. - Ne sois pas pessimiste ! - Je suis réaliste. Ils étaient lui et sa femme chez eux. Le garçon était à l’école. Il était passé le voir. Il le vit en train de jouer au basket-ball. A son âge, il jouait bien. Il aimait le basket-ball lui aussi. Pour Juan, ce qui pouvait arriver de pire à son fils était d’apprendre à fumer. Heureusement, Miguel ressemblait moralement à sa mère. Il n’était pas impulsif, excepté au jeu. Il aimait le sport et la lecture. Celui-là était un fils dont on serait orgueilleux. Juan se sentait vraiment orgueilleux des deux. En même temps, il ne se sentait pas satisfait de lui-même. Comme s’il les avait trahis. Quelque chose de pareil. Il devait se protéger pour les protéger. Et, lui, il ne fit que se suicider pour les laisser à mi-chemin finalement. Son fils avait réussi. Il ne demanda qu’une balle pour jouer au basket–8–

ball avec ses amis durant les vacances d’été. Cela le fit penser à l’argent qu’il dépensa à acheter le tabac. Une fortune en vingt ans. « Un appartement ! », s’exclama-t-il. Il était assis sur un banc dans un parc. Il aurait été un bon héritage pour son pauvre fils qui allait bientôt devenir orphelin. Dans la cour de l’école, son fils jouait allègrement avec ses amis. Pourtant, lui, il pleurait silencieusement. Surtout son fils ne devait rien savoir. Une chose très importante : il devait savoir que « fumer nuit sérieusement à la santé », « fumer peut tuer », « fumer nuit à la santé de ceux qui sont autour »,…et que fumer acheva la vie de son père qui n’avait pas encore atteint les quarante ans. Le cancer gagnait du terrain. Détruisant les cellules. Laissant des ruines. Il se traduisait en vertige continu. Juan devait mourir plus d’une fois avant de mourir une fois pour toutes. - Un dernier souhait docteur. - Lequel ? - Je veux jouer avec mon fils. Le médecin fut surpris. - Jouer à quoi ? - Basket-ball ! - Je pensai que vous alliez dire échecs. Le basket-ball requiert de la force. En tout cas, j’ai une condition : je ferai l’arbitre ! Son épouse ne fut pas surprise. Elle s’y attendait. Il fumait beaucoup, surtout la nuit. Son dernier souhait devait être respecté. Miguel, inconscient de l’état de son père, ne vit aucun inconvénient. Avec sa caméra, Rosa, –9–

profondément blessée, devait filmer la rencontre. Le médecin, pour se déguiser devant le garçon, se présenta comme un ami. Le jeu commença. Miguel jouait sérieusement. Il se défendait avec vigueur. Son père était faible. Il était plus concentré sur ce qu’il disait. - Mon fils, il faut garder la foi. - Qu’est-ce que la foi papa? - Cela ne peut se définir. Elle est dans chacun de nous. La vie comme tout jeu a des règles qu’il faut respecter. - Papa, tu parles plus que tu joues. - Désolé mon fils. Aujourd’hui, je suis ici pour te parler. Prends bien soin de toimême et de ta mère ! Rosa, le cœur brisé et les mains tremblantes, avait cessé de filmer, incapable de continuer dans ce rôle. La douleur était insupportable. En ce momentlà, Miguel commit une faute. Le médecin siffla et ordonna les deux tirs. Juan pouvait à peine prendre la balle. Il se concentrait. Soudain, il laissa tomber la balle et perdit l’équilibre avant de s’évanouir. Ils coururent tous vers lui. « Papa ! », s’écria le garçon.

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