Structure de L'Épître aux Romains A) Première partie Rm 1,1-7 : Adresse Rm 1,8-15 : Exorde Rm 1,16-17 : Thèse : la justice de Dieu, puissance du Salut pour les croyant Romains 1-4 - Comment l’homme est-il justifié ? Rm 1,18- 3,20 : Tous sont sous la condamnation Rm 1,18-2,16 : les païens Rm 2,17-3,8 : Israël Rm 3,9-20 : tous les hommes Rm 3,21-4,25 : la justification par la foi Rm 3,21-31 : reprise et développement de la proposition initiale Rm 4,1-25 : l’exemple d’Abraham Romains 5-8 - La vie de l’homme justifié Rm 5,1-11 : Exorde Rm 5,12-21 : Exposé des faits et thèse Rm 6,1-8-30 : Réponse aux objections Rm 8,31-39 : Hymne de louange Romains 9-11 – La question d’Israël Rm 9,1-5 : la douleur de l’Apotre Rm 9,6-29 : la justice de Dieu demeure Rm 9,30 – 10,21 : Israël est responsable de sa situation Rm 11,1-32 : Dieu sauvera Israël Rm 11,33-36 : Hymne de conclusion B) Seconde partie Romains 12-15 – L’Evangile au quotidien Rm 12,1-2 : Exorde Rm 12,3-13,8a : Exhortations diverses Rm 13,8b-14 : fondement théologique Rm 14,1-15,13 : Illustration pratique : les forts et les faibles Rm 15,14-33 : Conclusions, salutations et exhortations finales Romains 16 – Post Scriptum Rm 16,1-23 : Salutations personnelles Rm 16,25-27 : Salutations finales Lieu et date L’épitre a été écrite en Grèce, probablement à Corinthe durant les « trois mois » du séjour de Paul dont parle l’auteur des Actes (20,2). Paul écrit l’Epitre entre les années 55 et 58, à l’époque de Néron, alors même qu’en Palestine la tension devenait déjà vive contre les Romains. Paul se propose, après avoir apporté la collecte à Jérusalem (Rm 15,25), de porter l’Evangile en Occident. Il espère visiter Rome, passer un temps avec l’Eglise de cette ville et pouvoir être envoyé, par elle, en Espagne. (Rm 5,23) Rien de cette épitre n’explique sa rédaction, mais on peut penser que le projet de Paul était surtout théologique pour trois raisons : 1. sa réflexion théologique a atteint une certaine maturité, près de 25 ans après sa conversion. 2. L’épître n’apparaît pas aussi directement liée que les autres écrits pauliniens à des problématiques communautaires précises. 3. L’ensemble des chapitres 1 à 11 apparaît comme un exposé théologique cohérent et systématique comme il n’existe pas sans les autres épîtres.
Dans la formulation de sa thèse principale – la justice de Dieu se manifeste en dehors de la Loi, ce qu’affirment d’ailleurs la Loi et les Prophètes, Paul a soin de montrer qu’il n’est pas en rupture avec les Ecritures. Mots clé 1. Justice Qui peut s’enorgueillir d’être juste ? Chez Paul le concept de justice est lié à la relation entre Dieu et l’homme. Il ne s’agit pas de savoir quelle justice Dieu demande à l’homme d’accomplir, mais quelle justice il lui accorde. La question est celle du Salut : Dieu manifeste sa justice pour justifier l’homme et non pour prouver qu’il est «juste». L’homme est donc justifie par la foi indépendamment des œuvres de la Loi (le «moteur» est la foi, les œuvres sont sa conséquence, en la rendant concrète), il vit de la fidélité de Jésus, manifestation finale de la justice de Dieu. Pour le judaïsme, la justice se trouve dans l’obéissance à la Torah (mitsvot, Hakhala) donnée au peuple par pure grâce Dieu. Paul bouleverse cette conception et affirme que c’est seule la foi de Jésus Christ justifie les hommes, indistinctement parce que Dieu fait du pécheur un juste. Le Salut ne se trouve plus dans l’appartenance au peuple élu mais dans une parole extérieure à l’homme, une décision souveraine et gracieuse de Dieu que l’homme reçoit dans la foi. Est justifié non pas celui qui accompli les œuvres de la Loi mais celui qui, dans la foi, s’en remets à la grâce de Dieu ayant reçu de Lui la parole de bénédiction qui fait vivre. 2. Foi Dans le NT, le terme «pistis» (=confiance, fidélité, foi) sont utilisés de manière privilégiée pour décrire la relation entre Dieu et l’homme. La foi se transmet par la parole (les Apôtres sont ainsi des serviteurs pas lesquels les chrétiens ont été amenés à la foi) mais elle est surtout don de l’Esprit, fruit de la grâce et de la fidélité de Dieu. Paul rappelle que l’homme est justifié par la foi DE Jésus, c'est-à-dire qu’il ne s’agit pas seulement de croire en Jésus, mais de croire en la confiance qu’Il a manifesté envers le Père. Cette confiance ou fidélité de Jésus envers le Père, cette obéissance, est POUR nous. Donc, Paul définie la foi comme un double mouvement qui va de Dieu vers l’homme en christ (car le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort, pour nous) et de l’homme vers Dieu en Christ (car le Christ prend sur Lui nos fardeaux). La foi est l’accueil existentiel par l’homme de la grâce de Dieu manifestée dans le Christ. Ainsi compris, la foi est, dans l’acte même de la rencontre, l’union avec le Christ. (Gal 2,16b). Donc, la révélation du Christ marque la fin de la Loi et nous ne lui sommes plus soumis. Seules ceux qui dépendent de la foi sont fils d’Abraham, la loi n’est plus signe et garantie de l’identité croyante. Seule la foi en Christ atteste de l’identité croyante devant Dieu. La foi d’Abraham : Abraham est compté parmi les justes à cause de sa fidélité dans les épreuves de son existence (selon le Talmud, 10, une pour chacune des Paroles créatrices). Paul insiste sur le fait que Abraham a été déclaré juste sans avoir observé la Loi alors qu’il n’était pas encore circoncis, et donc il n’était pas encore sous le régime de la Loi, il cru «avant la Loi». Pour Paul, Abraham est le type du croyant car il a eu foi en Dieu e son attitude préfigure l’être chrétien. La foi a donc la primauté sur les œuvres, toujours. 3. Péché Tous ont péché et sont prives de la gloire de Dieu, païens et juifs. Ce terme signifie habituellement, chez Paul, non pas d’abord des fautes morales mais une puissance qui asservit l’homme (être sous le péché). Les hommes sont tous sous l’empire du péché qui est l’absence de foi, l’incrédulité poussant l’homme à se poser lui-même comme sa propre référence. La mort, salaire du péché, est la rupture de la communion avec Dieu, et seule l’obéissance du Christ («qui n’a pas considéré comme une proie à saisir l’être l’égal de Dieu – Ph. 2,6) permet la justification du croyant. Libéré du péché, c’est-à-dire, rétabli dans la communion avec Dieu, le chrétien ne doit plus être soumis au péché. Le péché d’Adam : l’image du Adam «qui fait entrer le péché dans le monde» signifie que nous sommes précédés par le «péché», par cette irrésistible tendance naturelle à refuser la notre condition de créature. Il ne s’agit pas de faire peser sur la figure d’Adam une faute, mais de reconnaître que nous sommes précédés et, en même temps, responsables. Devenir adulte, c’est un jour assumer que, ce «péché» qui me précède, ce refus de ma finitude, il est aussi le mien à travers mes choix, mes paroles et mes actes.
4. Loi et Esprit – l’expérience de la division intérieure Pour le judaïsme, foi et observance de la Loi sont inséparables. La Loi est surtout celle de la Torah (orale et écrite) qui détient un caractère centrale dans la vie de tout juif. La Loi est un don fait par Dieu à son peuple, élu : l’alliance de grâce offerte par Dieu a été scellée par le don de la Loi et suscite, en réponse, l’obéissance de son peuple. La Loi, en particulier, à travers les prescriptions fondamentales que sont la circoncision et le Chabbat ainsi que les règles de pureté (casherout) rituelle et alimentaire, contribue à définir l’identité juive. La Loi est donc source et garantie de la liberté humaine. La compréhension de la Loi, en effet, est liée à la capacité qu’a l’homme de choisir librement entre le bien et le mal. Dans le judaïsme, c’est la Loi qui distingue Israël de l’ensemble de nations, procurant aux juifs une compréhension d’eux-mêmes comme peuple élu. Chez Paul, la Loi sert qu’à la connaissance du péché, elle a pour fonction de nous responsabiliser : elle fait apparaître comme étant notre ce que nous pourrions considérer comme ne relevant pas de nous. Avant que la Loi ne vienne, la mort nous frappait à l’aveugle. Prendre conscience de son état c’est sortir de cette impasse : voilà ce qui produit la Loi. Dans les versets 7-25 Paul relit son passé de Juif à partir de sa expérience chrétienne. Il montre comme son existence était celle d’un homme tiraillé : souhaitant accomplir la Loi dans son ensemble et se découvrant prisonnier du péché. Parvenu comme pharisien, à un haut degré de qualité d’obéissance à la Loi, il indique qu’il a dû abandonner cette justice qui venait de la Loi, au profit d’une justice donnée par la foi de Christ. Dans le régime de l’Esprit, Dieu invite l’homme à vivre dans la confiance et l’espérance. L’œuvre du Christ est libératrice de tout esclavage celui du mal, celui de la mort. Libératrice par rapport aussi à las Loi, donnée à Israël «pour que l’homme vive» et qui est devenue, pour certains, en raison de multiples commentaires, objets d’observances littérales, fardeau pesant, obsession de la règle, occasion d’inévitables fautes. Avec l’Esprit, le Temple perd son importance comme lieu Saint, lieu privilégié de la présence de dieu : maintenant tout homme est lui-même présence de Dieu. Cet Esprit se caractérise par son universalité : le sceau de l’Esprit est imprimé sur tout être humain, quelles que soient son identité (homme ou femme) et sa provenance (juif ou païen). 5. Chair La chair, chez Paul, désigne l’homme tout entier, considéré dans sa faiblesse pécheresse et livré jusqu’au plus profond de lui-même au péché et à la mort. Cependant, Paul n’arrive jamais à dire que la chair peut emprisonner l’esprit ou l’engluer dans la matière. Paul reste sémite, dans son refus de dévaloriser le corps (contrairement à la tendance helléniste) considéré tant comme création heureuse de Dieu avec pourtant cet indice de fragilité pécheresse que constitue en lui la chair. Romains 8 - La chair et l’Esprit Nous ne sommes plus sous le régime de la Loi mais sous le régime de l’Esprit. La Loi reste bonne, sainte, juste, mais simplement elle sert à faire apparaître le péché comme péché. La Loi est le révélateur de la puissance du péché. Si le chrétien n’est plus sous la «servitude» de la Loi, le voilà donc libéré, affranchi et désormais situé de nouvelle manière par rapport à Dieu, qui, dans la langue de Paul, désigne éminemment le Père. Le chrétien devient fils. - L’adoption filiale Le mot «adoption filiale» est lancé par Paul en reprenant un mot peu courant de son temps et en lui donnant une force nouvelle. Sans doute, le motif de la «filialité» d’Israël est bien connu dans l’Ecriture mais non point celui de l’adoption. Cette mot permettra à Paul de situer les destinataires helléno-chrétiens des ses lettres comme fils adoptifs. Les chrétiens de Rome et de Galate n’ont donc rien à envier aux judéo-chrétiens. Les voilà même rattaches à deux pères, tant selon la chair que selon l’esprit : Abraham et le Père de Jésus. Ils sont aussi héritiers d’Abraham des fils de Dieu, des héritiers de dieu et cohéritiers du Christ. - La création L’homme atteint par le péché, la création entière en subit les dommages. La voilà soumis à la vanité, - non de son gré, mais à cause de Celui qui l’y a soumise. Sans doute ce dernier élément fait-il allusion à la malédiction su sol (Genèse). Elle attend avec impatience (littéralement : elle tende le cou) pour voir au plus vite arriver l’objet de son désir.
Remarquons comme l’Apôtre souligne fortement le lien entre l’homme et le monde qui l’entoure. Loin de s’enfoncer dans l’abime le monde doit devenir «nouvelle création». - Le corps «Le corps est mort à cause de vos péchés» signifie qu’il faut faire mourir les actes du corps. Pourtant c’est bien le «corps» du crucifié qui nous a libérés, en devenant pour nous le corps di péché. Le corps n’est certes une puissance mauvaise, comme le pensaient certaines philosophes du monde hellénistique. Il est œuvre de la création divine, hélas marqué dans sa chair de fragilité, en sort qu’il attend lui aussi le renouveau de l’esprit. - Une nouvelle prière La prière constitue le sceau du statut nouveau des «fils de Dieu». Le point neuf à souligner porte à la manière de designer ici l’esprit comme étant au principe même du mouvement de la prière. La prière n’est pas simplement une parole, mais véritablement un acte. Et c’est dieu lui-même, en son esprit, qui porte cette action. La prière n’est plus magie pour extorquer l’impossible, est est don de Dieu. - Les étapes du salut Dans la succession de ses moments sauveurs le dessin de Dieu se déploie de la manière suivante : d’abord, Dieu connaît à l’avance et choisit dans une souveraine décision d’élection ; puis, il vient la réalisation de ce projet dans l’appel, la justification et la glorification. Tels sont les actes de Dieu. Le verbe «glorifier» est dans l’aoriste grec, comme si la glorification était déjà réalisée du point du vue du Dieu. Le temps chrétien d’une vie dans l’esprit, saisie d’une espérance impatiente à l’image de l’attente de la création entière, se coule dans la certitude des gestes divins d’un salut déjà entièrement posés.