Pages De Chypre Kallimages

  • November 2019
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Lucie Bonato

Haris Yiakoumis

Kadir Kaba

L’île de Chypre Itinéraire photographique du XIXe au XXe siècle

Lucie Bonato

Haris Yiakoumis

Kadir Kaba

L’île de Chypre Itinéraire photographique du XIXe au XXe siècle

CARNET DE VOYAGE RÊVÉ

Sur les routes de Chypre. Photographie anonyme, vers 1905.

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Le voyage en Chypre Chypre est située près de cet Orient mystérieux et envoûtant qui fascina et suscita tant de rêveries et de pérégrinations au XIXe siècle. Certes, l’île est au cœur d’un réseau de relations maritimes entre l’Occident et l’Orient, entre Constantinople, Beyrouth et Alexandrie, mais elle ne participa que dans une faible mesure à l’irrésistible phénomène du « voyage en Orient ». Elle est restée à l’écart non seulement du circuit jugé indispensable à tout homme cultivé, mais aussi de la route fréquentée par les pèlerins qui se rendaient en Terre sainte. Si Chypre est peu visitée, paradoxalement, sa renommée est grande auprès des érudits occidentaux. Aphrodite est sortie de l’onde près de Paphos et les auteurs grecs et latins de l’Antiquité en ont fait une île dédiée à l’amour. Ils ont vanté la fraîcheur de ses bosquets, la subtilité de ses parfums, la richesse de ses temples innombrables, la beauté des prêtresses de la déesse. La prospérité légendaire de la Famagouste médiévale, port extrêmement florissant après la chute de Saint-Jean d’Acre en 12911, a également conforté cette réputation. Seules, les relations de voyage laissées par les rares visiteurs ou résidents temporaires – diplomates et missionnaires – du XVIIIe siècle2 viennent nuancer ce tableau idyllique, car depuis plus de deux cents ans, Chypre survit misérablement au sein de l’Empire ottoman. Elle souffre principalement de l’incurie de l’administration et du système d’imposition qui est particulièrement oppressant3. La situation des paysans est catastrophique, d’autant plus que, les années de disette – due aux sécheresses récurrentes, aux ravages des sauterelles –, ils doivent s’endetter pour payer les impôts et, les années fécondes, ils sont imposés plus lourdement4. Surtout, aux yeux des voyageurs, l’île a pour grand défaut de ne pas posséder de ruines comparables à celles de l’Attique ou de l’Asie Mineure : elle ne présente donc que peu d’intérêt. 11

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Après la conquête de la Terre sainte par les Musulmans, Famagouste est devenu un des ports de commerce les plus importants du Levant. 2 Comme : Richard Pococke (séjour de deux mois en 1738), le consul britannique à Alep, Alexander Drummond (séjour de plusieurs mois en 1745 et 1750), l’abbé Giovanni Mariti (séjour de sept ans de 1760 à 1767) dont les ouvrages ont connu une certaine postérité. 3 Les impôts étaient adjugés annuellement au plus offrant qui devenait gouverneur et collectait l’impôt à payer à la Porte pour rembourser ses frais. Individu sans scrupules, il abusait largement de la situation pour s’enrichir. Certains impôts étaient encore affermés en 1856. 4 La promulgation du Tanzimat, charte visant à réformer le système administratif de l’Empire ottoman selon des principes plus modernes et plus justes, le 3 novembre 1839, n’a pas amélioré la situation de l’île, les gouverneurs manquant de moyens pour entreprendre les réformes.

Les maisons du front de mer à Scala, le port de Larnaca. Photographie anonyme, 1878.

Scala - Larnaca Kiti La ville de Larnaca est située sur une plaine à une distance d’environ un mile du rivage ; elle est entourée par un mur de terre battue d’une hauteur d’environ six pieds. Au port, ou Scala comme on l’appelle, un village presque aussi grand s’est développé progressivement depuis que la menace des pirates qui infestaient ces eaux a cessé de terrifier la population ; et ici, les consulats et les maisons de commerce sont rangés le long de la plage. J. Augustus Johnson, [1871].

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Trois femmes près de la fontaine située à l’angle nord de la cour du monastère d’Ayia Napa. Photographie : William Hurrell Mallock, 1887-1888.

Ayia Napa Le monastère de Haia Napa est situé tout près du cap de la Grée et non loin de celui de Pyla, à peu de distance d’une côte basse et rocheuse ; il avait quelque célébrité à la fin de la domination franque, et l’un des bastions de Famagouste, du côté de la route qui y conduit, s’appelait tourion de Sainte-Nape. […] Aujourd’hui, le couvent de Haia Napa n’est plus habité que par un prêtre grec et sa famille ; il tire ses revenus, assez précaires, des pèlerins qui viennent là vénérer une ceinture qui passe pour avoir appartenu à la Vierge Marie et pour avoir la propriété de rendre les femmes fécondes. Camille Enlart, 1896.

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Panorama de Famagouste. Photographie : John P. Foscolo, vers 1890.

Aujourd’hui, quand le bateau mouille devant la rade déserte et ensablée de Famagouste, le premier aspect est étrange et séduisant tout ensemble. Derrière les massives murailles, intactes et fières comme autrefois, de hautes nefs gothiques, des tours d’église montent dans le ciel, qui semblent annoncer quelque grande et populeuse cité. Sans doute, sur la vaste lande jaunâtre qui s’étend à l’infini tout autour des remparts, sur cette terre plate, calcinée, où sous un ciel de feu poussent çà et là de maigres bouquets de palmiers, règne une tristesse morne et désolée ; sur cette plage solitaire qui sent le marais et la fièvre, il semble qu’un souffle de mort ait passé.

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Famagouste connut un essor sans précédent après la chute de Saint-Jean d’Acre en 1291. Elle devint le principal port du Levant. En 1489, les Vénitiens en firent leur capitale. Leur premier souci était alors de repenser les fortifications afin de les rendre plus efficaces contre la menace turque qui se faisait de plus en plus précise.

Pourtant, avec la gracieuse silhouette de ses clochers qui se reflètent dans la mer, la ville paraît vivante ; et l’œil s’amuse du contraste imprévu qui, dans ce paysage ardemment coloré qui rappelle l’Égypte, a disposé ce décor emprunté au Moyen Âge féodal et gothique d’Occident. Mais descendez à terre, franchissez les portes : c’est une indicible désolation. Dans cette enceinte énorme, où trente à quarante mille personnes vivraient à l’aise, il n’y a pas une maison debout, sauf quelques misérables masures où gîtent de pauvres familles turques. Charles Diehl, 1897.

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À vingt-cinq miles de Larnaca, la route gravit une légère pente. Lorsqu’on arrive au sommet, les yeux se posent sur un groupe de maisons et de minarets jetés pêle-mêle derrière des lignes fortifiées, ainsi que sur une grande masse noire gothique qui domine les maisons et les remparts. Autour, s’étend une plaine vaste et terne. Au nord, une chaîne dentelée de montagnes escarpées soulève ses plus hauts sommets à 3 000 pieds au-dessus de la plaine. Dans le lointain, au sud-ouest, se dresse une montagne plus haute encore, bleue et distante. Les maisons, les remparts et les minarets, c’est Nicosie ; et l’édifice gothique, encore noble parmi les humbles, encore grandiose parmi les petits, c’est un rocher solitaire de la foi des croisés s’élevant au-dessus des vagues de la ruine. William Francis Butler, 1878-1879. 70

L’arrivée à Nicosie. Photographie : John P. Foscolo, vers 1885. Nicosie est située au centre de l’île dans la partie supérieure de la plaine de la Méssaorée, sur le fleuve Pedhieos. La chaîne de Kérynia la contourne au nord et à l’est. Les Byzantins en firent la capitale de l’île. Les tertres qui la dominent à une distance d’un kilomètre et demi au sud et au nord-ouest étaient compris dans l’enceinte médiévale qui était très étendue. Les Vénitiens pensèrent la rendre plus facile à défendre en en diminuant l’étendue et ils élevèrent, à partir de 1567, de nouvelles fortifications avec les matériaux des édifices situés hors des murs. Ils détruisirent ainsi de nombreux monastères, églises et palais.

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… Nous sommes passés entre une vieille maison et un minaret et nous nous sommes retrouvés soudain dans une large rue, bordée d’entrepôts aux voûtes basses dont les portes cintrées étaient toutes largement ouvertes et montraient à l’intérieur une rangée de cavernes insondables – Au milieu de la chaussée, des ânes trottinaient de long en large ; et nous avons presque heurté un rétameur ambulant aux jambes nues qui était en train d’installer son échoppe au pied d’un mur vide. De l’autre côté, devant les portes des entrepôts, le sol était jonché de simples balles de marchandises ; et au milieu, chargés ou non, des groupes de chameaux, coiffés de chapeaux et turbans rouges, se tenaient debout patiemment dans la lumière du soleil, remuaient et regardaient autour d’eux. William Hurrell Mallock, 1887-1888. 88

Un khan situé près de la cathédrale Sainte-Sophie. Photographie : Camille Enlart, 1898 et photographie anonyme, vers 1905 (à gauche).

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L’église de l’abbaye vue depuis le toit du cloître. Photographie : Fougères & Merle, 1902. Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, la maison royale des Lusignan aurait entrepris la construction de l’abbaye. Cependant, la plupart des bâtiments monastiques ont dû être édifiés plus tardivement, sous le règne de Hugues IV (1324-1359). Après une période de rayonnement spirituel et de prospérité, l’abbaye tomba, à la fin du XVe siècle, dans une grande décadence morale, on cessa même d’entretenir les bâtiments. Après 1571, les Turcs laissèrent le papas grec s’installer dans l’église et les pierres de l’abbaye servirent pour la construction des maisons du village.

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Les murs nord et est de l’abbaye avec leurs contreforts puissants. Photographie : Foscolo - Papazian, vers 1885.

Ayant contourné le cirque au niveau du monastère, nous avons traversé une orangeraie et nous sommes entrés dans la cour. L’église occupe le côté droit, le cloître est composé d’une cour entourée d’une galerie à arcade. Sur la gauche, un escalier en pierre monte du cloître vers le réfectoire ; il est totalement ruiné mais devait se présenter comme une salle très imposante. Sur le toit plat des galeries du cloître, qui est en parfait état sur trois côtés de la cour, et à travers la délicate fenêtre gothique s’offre une vue magnifique vers les profondeurs vertigineuses en dessous et le pays entier jusqu’à la mer. Descendant dans la cour vers la partie nord du cloître, nous sommes passés à côté de deux grands sarcophages de marbre. L’un des deux est richement décoré de guirlandes de fleurs, de grands bucranes et personnages nus, mais l’ensemble est assez abîmé. Ces sarcophages ont été transformés en réservoir à eau, car un système pour l’écoulement est encore visible. Juste en face, se trouve l’entrée du grand hall qui est bien entretenu, les autorités britanniques ayant refait le sol en ciment car elles ont l’intention de le transformer en hôpital provisoire lorsque les troupes souffrent de fièvre à Kérynia. Samuel White Baker, 1879. 101

Abritant une population de 1 300 habitants, Kyrinia n’est point une ville triste : elle est seulement calme. Sa situation au bord de la mer, son petit port nouvellement terminé, de beaux restes d’une ancienne forteresse et ses jardins la font bien supérieure aux autres villes de l’île, y compris ses aînées moins élégantes, moins propres, d’aspect moins riant. […] Contournant, à droite, une pointe rocheuse au-dessus de laquelle on voit une église élevée sur l’emplacement d’un ancien fort, nous arrivons au port, bordé de quais, qui peut bien renfermer, à l’aise, une quarantaine de voiliers. À l’ouest, il est défendu par

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Vue panoramique du port et de la ville de Kérynia. Photographie : John P. Foscolo, vers 1890. Kérynia était la capitale d’un des royaumes chypriotes dans l’Antiquité. C’est aujourd’hui un pittoresque petit bourg dont le port est dominé par une imposante forteresse.

une jetée assez haute munie d’un parapet ; à l’est, par une autre jetée de biais faite avec des blocs naturels superposés. Au milieu, s’élève une ruine circulaire qui paraît avoir été le pied d’une tour de vigie et qui repose sur un sol de blocs apportés. Autour du quai, des maisons de bonne apparence, des cafés, et, au milieu de quelques pierres antiques, un petit requin desséché qui a été abandonné là, après sa capture. À droite, les hautes murailles jaunes de la forteresse. Comme note moderne, un pêcheur attentif aux moindres mouvements de sa ligne. Émile Deschamps, 1892-94.

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Sur les routes du Troodhos. Photographie John P. Foscolo, vers 1895. Après de vastes taillis de caroubiers et d’oliviers sauvages, on trouve dans la partie moyenne du Troodhos chênes-lièges, platanes, sycomores et cyprès. Au fur et à mesure que l’on s’élève, apparaissent d’immenses forêts de pins d’Alep.

À mesure qu’on s’élève, la végétation perd son caractère semi-tropical ; les caroubiers et les palmiers disparaissent pour faire place à une grande variété d’espèces de chênes, depuis l’yeuse géante, dont les feuilles sont grandes comme la main et les glands gros comme des noix, jusqu’à une charmante variété naine qui pousse dans les haies et rappelle beaucoup notre houx ; mais l’arbre le plus remarquable et le plus élégant de ces régions montagneuses était sans contredit une espèce d’aune à très petites feuilles, d’une taille gigantesque et d’un port superbe, qui abritait invariablement les nombreux moulins de la vallée. Sosthène Grasset d’Orcet, 1856-1865. 138

Un campement d’été dans le Troodhos. Photographie anonyme, 1900. Les résidents anglais prenaient souvent leurs quartiers d’été dans le Troodhos pour échapper aux chaleurs étouffantes. L’armée britannique y avait un camp situé près du village de Troodhos, non loin du mont Olympe. En 1885, il comptait vingt-cinq bâtiments.

Chypre est sous bien des aspects un endroit délicieux, et il est étonnant qu’il n’y ait pas plus d’Anglais qui y séjournent, du moins pendant la saison hivernale. Pour tous, sauf pour ceux qui sont aguerris aux chaleurs, la résidence dans l’île comprend un séjour de trois mois en été sous la toile ou dans des huttes en altitude dans la montagne du Troodhos où les fonctionnaires se rendent tous les ans depuis Nicosie. C’est un séjour qui doit devenir monotone malgré l’air délicieux et les paysages de forêts de pins, puisque les parties de tennis et les pique-niques, où les invités sont toujours les mêmes, perdent de leur charme sauf pour les plus jeunes et les plus passionnés. Pour les autres neuf mois de l’année, ou presque, le climat est agréable et sain. H. Rider Haggard, 1900. 139

Vue générale de Ktima. Photographie anonyme, vers 1925. Le bourg de Ktima est situé sur un plateau escarpé au-dessus de Nea-Paphos. Il faut sans doute faire remonter son origine au Moyen Âge. La population cherchait à échapper à l’air malsain du bord de mer. Le village prit une grande importance à l’époque ottomane. Aujourd’hui Ktima et Nea-Paphos forment la ville de Paphos.

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Jusqu’à Ktima, chef-lieu du district, nous traversons une plaine basse au milieu de laquelle les villages semblent des oasis. Ktima n’a point mauvais aspect, avec ses 2 800 habitants, y compris la ville basse, ses maisons neuves, ses jardins, étendue sur un large plateau surélevé du côté de la mer. Bien entendu, c’est au couvent que je me rends, car il n’y a pas d’hôtel à la métropole grecque, où sont reçus tous les étrangers de passage. Il est nuit, je n’ai qu’à attendre le frugal repas qui m’est servi une heure après par un moine et… le lendemain. Émile Deschamps, 1892-1894. 149

Le port de Limassol dominé par l’église d’Ayia Napa dont la construction fut achevée en 1903. Photographie anonyme, vers 1930. Limassol fut détruite, par les Génois (1373) puis par les Sarrasins (1426) et subit plusieurs tremblements de terre. Il n’est donc pas étonnant que la ville d’aujourd’hui n’ait pour seul monument ancien que le fort construit probablement au début du XIVe siècle, qui se trouvait alors au bord de la mer.

Limassol semble une ville tout à fait moderne. Sa nouvelle église grecque est très grande et plutôt impressionnante. Le bureau du Commissaire, la Poste, les cours de justice et la Banque ottomane sont tous des bâtiments plutôt ordinaires. Le marché, couvert d’une voûte joliment arrondie, est un endroit pittoresque. La rue Saint-André est parallèle au front de mer, et c’est là que l’on trouve la plupart des magasins. À l’une de ses extrémités est implanté le bazar turc d’où les minarets de la mosquée s’élèvent au-dessus des petites rues bruyantes. On a un coup d’œil tout à fait charmant sur les sommets de la montagne au bout de la plupart des rues, c’est une chose dont on doit se souvenir à tout jamais. Gladys Peto, 1926. 165

Dans l’Antiquité, l’île de Chypre vit fleurir l’art du potier ; ses tombeaux renferment un grand nombre de figurines en terre cuite de la forme la plus bizarre ; à côté de vases d’un galbe très pur, on rencontre des cocasseries à défier toute imagination, des vases qui ont une tête et une bouche, d’autres qui ressemblent vaguement à un animal dont la queue sert de goulot ; ailleurs, c’est un bec d’oiseau accouplé à une tête de taureau qui fait les gros yeux, ou un rhinocéros fantastique. Aujourd’hui encore, Chypre expédie des poteries sur toute la côte de Syrie et d’Asie Mineure, et le goût des artistes modernes semble encore se complaire dans les extravagances, si j’en juge par les produits étalés dans un magasin où j’ai la curiosité d’entrer. Voilà, par exemple, un vase en terre grossière qui représente une bonne femme dont les bras s’arrondissent en forme d’anses ; la main droite se relève le long du col pour venir esquisser un pied de nez ou le salut militaire, tandis que la main gauche s’appuie sur la panse, comme pour indiquer que la digestion ne se fait pas ; sur les épaules sont plantés des embryons d’oreilles de lapin. C’est d’un comique achevé. Théophile Calas, 1897. 204

Un atelier de poteries. Photographie anonyme, vers 1900. Depuis près de 8000 ans, les potiers de Chypre ont travaillé la terre de leurs mains habiles. Ils continuent à fabriquer les formes traditionnelles qui étaient jadis exportées vers le Levant. Les cruches, les gargoulettes blanches en argile pure, étaient la spécialité des potiers de Famagouste puis de Varosha (faubourg), ville créée à l’extérieur des murs de la cité médiévale par ses habitants que les Turcs avaient chassés après le siège de 1571. 205

Un groupe d’élèves chypriotes grecques à Limassol pendant la fête des fleurs. Photographie anonyme, vers 1928.

L’île possédait peu ou prou d’écoles. Les églises et les mosquées, avec leurs desservants-instituteurs, donnaient un enseignement borné, ayant surtout pour but de conserver l’idéal de chaque groupe religieux et de maintenir adroitement l’ébullition des fanatismes pour les faire éclater au moment propice ; inutile d’ajouter que les langues étrangères n’avaient aucune place dans cette éducation-là. […] Il y avait, en 1881, 71 écoles turques et 99 écoles grecques donnant l’instruction à 6 776 enfants avec une dépense de 92 500 francs, et aujourd’hui il y a 545 écoles donnant l’instruction à 30 000 élèves avec une dépense de 485 585 francs, des maîtres diplômés, des édifices spéciaux et des inspections régulières. René Delaporte, 1907-1909.

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Une institutrice chypriote turque et ses élèves. Photographie : Fevzi Akarsu, 1930. Une première loi, promulguée en 1895, laissait l’éducation élémentaire entre les mains des communautés grecques et turques, comme par le passé. Les comités des villes et des villages, outre la construction et l’entretien des écoles, eurent le pouvoir d’engager les instituteurs. Le gouvernement repris le contrôle total de l’éducation élémentaire en 1933.

Un groupe d’élèves chypriotes grecques et leur professeur à Limassol. Photographie anonyme, vers 1928. 223

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