Lettres au maître, à l’ami, au Une âme en incandescence précepteur, à l’amant
Avec amour, Emily
LA GALERIE DE PHOTOS
Emily Dickinson, Américaine (Amherst, Massachussets, 10 décembre 1830—15 mai 1886)
On pourrait expliquer beaucoup d'Emily Dickinson par cette idée d'île entourée d'u désert. Claire Malroux, interview accordée à Stéphane Bouquet, Libération, 14/06/2001.
Considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands poètes américains, Emily Dickinson n’eut pas droit à la reconnaissance littéraire de son vivant. Presque absente de la scène littéraire, elle fut également peu présente dans le théâtre de la vie. Son champ d’expérience fut limité, puisqu’elle ne s’éloigna d’Amherst que pour passer un année au collège de Mount Holyoke à South Hadley ou lors de rares séjours, à Washington ou à Boston. Il semble donc qu’elle n’ait guère quitté le cercle de cette petite communauté puritaine de Nouvelle-Angleterre, ni franchi le seuil de la maison familiale où elle disait tant se plaire – entre son père juriste et homme politique, admiré et craint, et sa mère plus effacée ; entre sa sœur Lavinia, qui ne partit jamai non plus et son frère Austin, installé dans la maison voisine avec sa femme Susan, am de cœur de la poétesse. Le choix d’un certain retrait du monde livre un signe essentiel : la mise à distance, l’ironie. Mais, à certains égards, ce retrait fut peut-êtr moins absolu qu’il n’y paraît : tout en se dérobant au monde, au mariage, elle adress des lettres passionnées à divers correspondants masculins. La fin de sa vie fut marqué par des deuils répétés (son père en 1874, sa mère en 1882, son neveu Gilbert, mort à l’âge de huit ans en 1883, Otis P. Lord en 1884). Secrète et expansive, grave et moqueuse, discrète mais audacieusement libre, sa personnalité est aussi complexe qu l’espace réel de son expérience fut restreint. Selon Adrienne Rich “le génie se connaît toujours lui-même : Dickinson a choisi sa réclusion parce qu’elle savait ce qui lui convenait”. Ce choix d’artiste lui a permis de vivre en lisant et en écrivant : en lisant la Bible, Shakespeare et Dickens, ou encore Emerson, Hawthorne et Melville, et en écrivant, de l’âge de vingt ans jusqu’à sa mort 1775 poèmes. (Christine Savinel, Le nouveau dictionnaire des auteurs.)
Extrait de Les défaillances du visible, par Patrick Kéchichian, le Monde, 22 mai 1998. C’est au lieu même où Dickinson est enfermée dans son temps et son espace qu’el échappe, par quelque trouée improbable et inouïe, à son milieu d’origine, à sa cultur C’est là que s’accomplit une opération littéraire — mais aussi existentielle — qui métamorphose la contingence et les circonstances, libérant une parole absolument singulière et universelle. Universelle parce que singulière. “Mais l’Époque ici ne pouvait faire souche
«Dieu est le grand correspondant» Une poésie optimale, à la fois concrète et abstraite : des difficultés d'une traduction avec Claire Malroux. (Stéphane Bouquet) L'interview intégrale de Claire Malroux sur le site de Libération.