Masque Pleureur

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Masque Pleureur… C’est la saison…il pleut de partout, ils pleurent, Les nourrissons de Makiadi pleurent Pleurs sur le Congo, Pleurs sur l’Afrique Crachin miséreux, le torrent funeste des faubourgs de Malebo, Mantsanga Pichinettes lacrymales qui corrodent les tendresses malaires à Masina Mantsanga des sombres jours Il pleut sur le pays, Pleurs ! Pleure, crachin noir des projectiles qui braisent la pauvre cité Pleure donc Mokali, car le saugrenu tambour céleste gronde Les Lokolé sauvage et le tam tam nécrophage sur les sombres nuages des cieux Le jour de pleuviner sur toi, pittoresque Mokali arrive Et les diaboliques rafales des vents ameutent les sadiques cumulus, De l’Afrique sordide venue Pour accomplir la besogne infâme de mort sur la pauvre cité de ma ville de Malebo et alors ; Mantsanga Makiadi, le solfège des tristes larmes… Mantsanga, hymne de mort qui adule le mausolée de Mokali, Mantsanga Sinique saison de pleurs car Il pleut sur le pays et mon peuple voit la noyade de notre souffrance dans le courant lacrymal de nos Mères en pleurs Recroquevillées sous le tapis glauque des catafalques de rameaux Tatouées par le chagrin O mort pourquoi hantes-tu nos tentes ? Il pleut sur le pays C’est la saison…ils pleut de partout, ils pleurent Le nourrisson des nations gémit Et l’Afrique gravide des guerres et des calamités croupit sous le poids des cris de souffrance Ta nourrice se cite Mantsanga mä kiadi Que l’on solfie : larmes de tristesse O Congo, quelle louve t’allaitera ? Pauvre gravide nation, quelle louve pour toi ? Congo, fleuve puissant qui gronde au cœur de l’Afrique Symbole d’une nation qui pleure Congo, pluie de pleurs Le pays nègre est noir, Le Congo est tout noir de peau Noir comme le masque nègre tatoué des larmes Le buste du défunt Kha Siala qui orne le taudis du sorcier, Sur le bois de qui, se creuse toujours le ravin qui canalise les pleurs amers des noirs qui pleurent au Congo

Mantsanga, Mantsanga Les jérémiades inouïes des mères qui pleurent les mains fastiguées Alors que flottent dans toutes leurs noires mains Des banderoles de blancheur Arborant les lamentations funèbres du deuil de la liberté Et on va, Et on revient les mains sur les têtes autour du cadavre de la paix Liberticide, c’est toi Fleuve des larmes tu es liberticide. &&& Congo beau pays tendresse d’un récital Doux est le verbe qui en moi te cite sans mal Congo, éternel et doux murmure qui berce Congo, belle patrie qu’aucune lance ne perce Longtemps j’ai écouté sans entendre ton appel Longtemps j’ai regardé sans voir ton soleil Les cris de tes appels éperdus de mère Bravant sur les parois des rochers les repères Les lueurs vespérales de la sombre nuit d’Afrique Ratissent avec finesse du Congo les contrées Pour rassembler au jours les perdus fils mystiques Et souffler les rafales de la nouvelle brise sur la contrée Congo beau pays tendresse d’un récital Doux est le verbe qui en moi te cite sans mal Je chanterai comme le devin griot Le destin miraculé du Congo Le destin du majestueux fleuve qui ravine les sombres vallées Destin mugissant qui dore et argente les allées Je chanterai pour le Congo et je danserai en me trémoussant Comme dansent dans les bois les sauvages intrépides Pour guerroyer contre les canons du tam-tam Ils dansent dans la sylve aux airs limpides En dessinant des projections magiques dans l’espace Ces sortilèges incompris qui masquent notre souffrance C’est cela la danse d’un Congo qui se lève dès l’aurore Au rythme incontrôlé du tsa tsa tsa Cette turlutaine d’espérance au jour aux jours de naguère La monodie africaine de l’indépendance tsa tsa tsa Doux chant que chanteront les sahraouis Opprimés en Afrique par les frères du Congo Tsa tsa tsa, voilà le refrain inouï Que le Congo chante pour les sahraouis au setolo-tolo

Au devin griot de chanter, à nous de danser ah oui Tsa tsa tsa, tsa tsa tsa Plaintes et complaintes au Congo A la cadence du piètre tam-tam élégiaque Rythmé depuis le ciel par l’ange noir de défunte paix Un ange noir, et un masque nègre dans un ciel noir Qui plongent le Congo dans une chorégraphie occulte qui n’égaye personne Tam-tam de mort qui rythme les plaintes de la Nthoya L’oiseau messager de mort Il se complaint aux abords de la Lukunga Dan un langage ésotérique décmanat les ires de l’esprit de mort Mantsanga fleuve de mort Tu couleras sur le masque nègre Tu emporteras dans ton torrent cramoisi et maculé des martyrs de la libération, Mantsanga mä kiadi Sinistre crachin qui pleut sur la citadelle par la mort Pluie de pleurs qui pleut sur le pays…partout des pleurs Mantsanga, triste chant élégiaque O jour maussade et ciel noir Quand dans les lointains bois vautours et gypaètes dessinent sur la nue le cénotaphe qui dure comme le présent malheur Le cippe du masque qui pleure Le blason des puissances sorcières de Mangenge Linge Montagne vertueuse qui regarde Masina et Mokali Pour le compte de ce verbe qui sacralisent le Congo Et le masque nègre est tatoué Comme les habitants des cités dortoirs de Malebo Dont les visages sont masqués par la braise ardente qui trottinent toujours Comme une colonne de migrateurs Nomadisés par la quête des maigres ripailles Sur le Congo Au pays de l’homme blanc Pleur doux pleur tendre compagnon Qui a assailli ma pauvre vie au jour de ma naissance Mantsanga toujours tu me recueilles à l’hypogée de mes Pères Et partout je me recueille car mon pays est un cimetière Le cimetière de la paix, le cimetière de mort pour le masque nègre Mantsanga mä kiadi Pleurs amers qui enchantent le griot sur les citadelles Et avec sa harpe, Il solfie le malheur du Congo Et le cri de son soliloque déchire le silence de la sombre nuit lugubre du Congo Le masque nègre prend le ton et il crie de mort Mantsanga mä kiadi, Mantsanga Sur toute l’Afrique, dans le Pool, à Mindouli et à Ngoma Tsiétsié Pleure le griot au chant de la Nthoya à Brazzaville, où grondent encore les ires de mort

Et de partout, pleure…sombre masque nègre Car sous la chapelle ardente sylvestre du Congo gît l’Afrique Pleure car pleurer c’est masquer son noir visage et tatouer ses joues des larmes Tristes larmes, Manstanga Vieux masque nègre aux yeux chassieux est la silhouette du maître des bois, le vilain esprit nègre qui pleure toujours Il ensorcelle la flore thérapeutique de la sylve inexplorée de l’autre flanc de la montagne sacrée C’est l’esprit de mort que revigore le tam-tam nécrophage Joué tous les soirs dans les contrées mortes de Mukondo et de Yenga Sa silhouette armée reste Elle est gardien du trésor sacré des cultures taboues C’est le masque nègre qui hante le noir pour garder sauvage dans le monde O potent masque nègre, nourri des vertus florales Garde-moi noir comme les heures vespérales qui pleurent Sur les rives reverdies de la Mongala Envoûte par ta sauvagerie, emporte ma culture dans les évasions hallucinatoires du tam-tam sorcier Envoûte ! Et fait danser la musique dopante qui enivre les esprits de mort dans les bois et partout Quand le chef Pende saute comme une gazelle qui de la mort l’ange tout noir Il tire sa force dans les gorgées du kawa sacré Boisson des dieux noirs Le masque nègre et le vieillard qui transcendent les cités du Lethé Pour empoisonner les effluves magiques qui jaillissent des jungles glauques Tous les soirs pour rendre barbares les peuples civilisés O fantômes des parfums remugles des mandragores Les agents du masque nègre vétuste qui trône sur les montagnes taboues Le chef de toute la magie Gardez-la sauvage ! La fille de la cité dortoir Celle qui se baigne sur la N’djili, et celle qui se chante pour bercer le nourrisson Ensorcelez le verbe du griot qui l’accompagne Et le masque nègre la gardera captive dans la prison de la sauvagerie Elle sera sauvage dans toute sa beauté La vierge du Congo hantée par la barbarie Yaka qui diabolise les prières de magies d’ailleurs Sauvage, belle, mais aussi barbare Sera la nymphe des bois impénétrés endoctrinés par le masque nègre dont les imprécations hanteront sans cesse et encore Qu travers les diètes racinaux qui sortent de forêts C’est donc là que réside le venin qui barbarise l’Afrique civilisée Qui danse les drôleries rythmiques des balafons le jour Et la nuit dans les paroisses des sorciers autour de nos cités Le génie des rivières et tous les esprits de mort qui vivent dans la nécropole de l’-au-délà s’assemblent le soir aux santeries, lors du retour des malafoutiers qui transportent dans nos bicoques le poison qui barbarise les civilisés

Africa O Africa Cantate incomprise du griot solitaire, les fakirs des heures coloniales Africa, tristes pleurs du masque Le masque du premier ancêtre, Mokili (à suivre)

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