Beaucoup imaginent que la rhétorique classique, héritée des Grecs à travers les Romains, est universelle, C'est en effet celle qui semble régir la culture moderne, que l'Occident a répandue sur l'ensemble de la planète, Le temps est désormais venu d'abandonner un tel ethnocentrisme : la rhétorique classique n'est pas seule au monde. La Bible hébraïque, dont les textes ont été écrits surtout en hébreu mais aussi en araméen obéit à une rhétorique bien différente de la rhétorique gréco-romaine, il faut donc reconnaître qu'il existe une autre rhétorique, la «rhétorique hébraïque». Quant aux autres textes bibliques, de l'Ancien Testament et du Nouveau, qui ont été soit traduits soit rédigés directement en grec, ils obéissent largement aux mêmes lois. On est donc en droit de parler non seulement de rhétorique hébraïque, mais plus largement de «rhétorique biblique». En outre, ces mêmes lois ont ensuite été reconnues à l'œuvre dans des textes akkadiens, ougaritiques et autres, en amont de la Bible hébraïque, puis dans les textes arabes de la Tradition musulmane et du Coran, en aval de la littérature biblique, il faut donc admettre que cette rhétorique n'est pas seulement biblique, et l'on dira que tous ces textes, qui appartiennent à la même aire culturelle, relèvent d'une même rhétorique qu'on appellera «rhétorique sémitique». Contrairement à l'impression que ressent inévitablement le lecteur occidental, les textes de la tradition sémitique sont fort bien composés, à condition toutefois de les analyser en fonction des lois de la rhétorique qui les gouverne. On sait que la forme du texte, sa disposition, est la porte principale qui ouvre l'accès au sens. Non pas que la composition fournisse, directement et automatiquement, la signification. Cependant, quand l'analyse formelle permet d'opérer une division tisonnée du texte, de définir de manière plus objective son contexte, de mettre en évidence l'organisation de l'œuvre aux différents niveaux de son architecture, se trouvent ainsi réunies les conditions qui permettent d'entreprendre, sur des bases moins subjectives et fragmentaires, le travail d'interprétation.
Du même auteur dans le champ biblique Quelle est donc cette Parole ? Lecture «rhétorique» de l'Évangile selon saint Luc {1-9 et 22-24), LeDiv 99AB, Cerf, Paris 1979. Initiation à la rhétorique biblique. Qui donc est le plus grand?, 1-11, Initiations, Cerf, Paris 1982. L'Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, l-fl, RhBib 1, Cerf, Paris 1988 (trad. italienne). L'Analyse rhétorique. Une nouvelle méthode pour comprendre la Bible. Textes fondateurs et exposé systématique, Initiations, Cerf, Paris 1989 (trad. italienne, anglaise). Avez-vous lu saint Luc? Guide pour la rencontre, LiBi 88, Cerf, Paris 1990 (trad. polonaise). Passion de Notre Seigneur Jésus Christ selon les évangiles synoptiques, LiBi 99, Cerf, Paris 1993.
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ROLAND MEVNET
les huit psaumes acrostiches alphabétiuues
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Ce volume est publié avec le soutien de la RBS-Société internationale pour l'étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Il existe de nombreuses sociétés savantes dont l'objet est l'étude de la rhétorique. La plus connue est la «Société internationale pour l'histoire de la rhétorique». La RBS est la seule: • qui se consacre exclusivement à l'étude des littératures sémitiques, la Bible essentiellement mais aussi d'autres, des textes musulmans par exemple; • qui s'attache par conséquent à inventorier et à décrire les lois particulières d'une rhétorique qui a présidé à l'élaboration des textes dont l'importance ne le cède en rien à ceux du monde grec et latin dont la civilisation occidentale moderne est l'héritière. Il ne faudrait pas oublier que cette même civilisation occidentale est héritière aussi de la tradition judéo-chrétienne qui trouve son origine dans la Bible, c'està-dire dans le monde sémitique. Plus largement, les textes que nous étudions sont les textes fondateurs des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam. Une telle étude scientifique, condition première d'une meilleure connaissance mutuelle, ne saurait que contribuer au rapprochement entre ceux qui se réclament de ces diverses traditions. Fondée à Rome, où se trouve son siège social, la RBS est une association sans but lucratif de droit italien qui promeut et soutient les recherches et les publications: • surtout dans le domaine biblique, aussi bien du Nouveau que de l'Ancien Testament; • mais encore dans celui des autres textes sémitiques, en particulier ceux de l'islam. L'objet essentiel de la RBS est de favoriser les projets de recherches, d'échanges interuniversitaires et de publications dans le domaine de la rhétorique biblique et sémitique, spécialement grâce à la récolte des fonds nécessaires pour le financement de ces divers projets. La RBS accueille et regroupe d'abord les chercheurs et professeurs universitaires qui, dans diverses universités ou instituts, en Italie et à l'étranger, travaillent dans le domaine de la Rhétorique Biblique et Sémitique. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s'intéressent à ses recherches et entendent les soutenir. Société internationale pour l'étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Pontifícia Université Gregoriana Piazza delia Pilotta, 4 00187 Roma (Italie) I I © 15 D C l\ï? ?
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INTRODUCTION
La critique moderne des psaumes, comme des autres livres bibliques, s'est longtemps concentrée sur la détermination des genres littéraires et l'étude de la forme des textes. Les genres littéraires La démarche primordiale pour toute étude d'un des livres de la Bible est la détermination de son genre littéraire ; les fameuses difficultés au sujet de la baleine tombent d'elles-mêmes, quand on sait que le livre de Jonas est un apologue, et non un récit historique. Il en est du psautier comme des autres écrits sacrés, avec cette différence que c'est le genre littéraire de chaque psaume qu'il faut déterminer1.
Il n'est que de consulter les introductions aux psaumes dans les traductions récentes de la Bible pour constater que toutes présentent une typologie, distinguant un certain nombre de « genres littéraires » (BJ), de « types » (Osty) ou de « familles » (TOB). Osty distingue douze types différents de psaumes : d'action de grâce, de confiance, didactiques ou de « sagesse », de fidélité yahviste, historiques, hymnes, du règne de Yahvé, royaux et messianiques, de Sion, supplications individuelles, supplications collectives et enfin psaumes mixtes2. La Bible de Jérusalem les classe en « trois grands genres » seulement : 1. Les hymnes ; 2. Les supplications, ou psaumes de souffrances, ou lamentations ; 3. Les actions de grâces — auxquels s'ajoute une catégorie ultérieure : 4. « Genres aberrants et mélanges de genres », sans compter « Les psaumes royaux » qui appartiennent à différents genres3. Quant à la TOB, elle les répartit en trois « familles » : 1. Les Louanges — qui comprennent : a) Les hymnes ; b) Les chants du règne ; c) Les cantiques de Sion ; d) Les psaumes royaux — ; 2. Prières d'appel au secours, de confiance et de reconnaissance (où, comme le titre le laisse entendre, sont distinguées trois subdivisions) ; 3. Psaumes d'instruction (avec, de nouveau, trois subdivisions)4. Les commentaires ne sont évidemment pas en reste. Ravasi pour sa part y voit sept « familles » : 1. Famille hymnique ; 2. Famille des supplications (personnelles et communautaires) ; 3. Famille de confiance et de reconnaissance (avec ses deux subdivisions) ; 4. Famille des psaumes royaux ; 5. Famille liturgique (d'entrée, « réquisitoire », de pèlerinage) ; 6. Famille sapientielle (sapientiels, 1
Mannati - Solms, 37. Osty, 1159. 3 La Bible de Jérusalem (1998), 863-866.
2 4
Traduction Œcuménique de la Bible. Ancien Testament (1980), 1260-1266.
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
8
alphabétiques) ; 7. Famille historique5. Il serait possible de continuer l'enquête, qui ne ferait que confirmer la grande diversité des classifications. Alonso Schoekel - Carniti écrivent : « Nous avons fait une rapide revue de onze types ou groupes, que l'on pourrait enrichir avec d'autres »6. Le genre littéraire des psaumes acrostiches alphabétiques Dans ces classifications les psaumes acrostiches alphabétiques se trouvent souvent placés dans un des genres littéraires. Ainsi Kraus achève sa cinquième et avant-dernière catégorie de psaumes, « Poésie didactique », par ces lignes : « Enfin, l'acrostiche semble avoir été une forme artistique favorite de la poésie sapientielle didactique »7. Pour Ravasi ils font partie de la « famille sapientielle », qui se subdivise en a. Psaumes sapientiels et b. Psaumes alphabétiques8. La raison avancée est que l'alphabétisme « favorise la didactique mnémonique ». C'est Pr 31 et surtout le Ps 119 qui offrent une telle caractéristique. À la liste des alphabétiques nous devons rattacher aussi l'anthologique Ps 9-10, le Ps 25 qui est aussi une supplication personnelle, le Ps 34 qui est une action de grâces individuelle, les deux hymnes des Ps 111 et 145. En revanche les Ps 37 et 112 sont spécifiquement sapientiels9.
Pour Alonso Schoekel - Carniti, « Pour la forme externe les psaumes acrostiches alphabétiques peuvent être classés comme groupe en lui-même [...] Pour les thèmes et autres facteurs ces psaumes se distribuent dans les groupes précédents ; ils semblent être tardifs »10. Dans ce cas particulier on touche du doigt les limites de ce genre de classification. Les formes Chaque « genre littéraire » se caractérise par sa « forme » — appelée aussi quelquefois « structure » ou même « organisation » —, à savoir l'ensemble des éléments qui la constituent. Ainsi, selon la TOB, « Les appels au secours, individuels ou collectifs, se développent d'ordinaire sur un rythme à quatre temps : invocation du nom divin suivie d'un cri d'imploration, exposé de la situation, supplication, certitude de l'exaucement » (p. 1263). Pour Weiser, la plainte comprend les cinq constituants suivants : invocation, plainte, supplication, motivation, vœu11. Kraus raffine davantage encore : l'introduction (A)
5
Ravasi, I, 46-64. Alonso Schoekel - Carniti, 114. 7 Kraus, I, 60. 8 Ravasi, I, 63. 9 Ravasi, I, 63. 10 Alonso Schoekel - Carniti, 114. 11 Weiser, 67. 6
Introduction
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regroupe cinq éléments, le corps (B) pas moins de dix12. Comme pour les genres littéraires, on voit la variété et la fluidité des propositions. La « forme » — ou la « structure » — est donc un « modèle » abstrait, c'est-àdire déduit de l'observation et de l'analyse d'un certain nombre de textes concrets. C'est en quelque sorte le dénominateur commun de plusieurs psaumes, le schéma qui s'applique à tous les individus de la même classe, du même « genre littéraire ». Il est certainement très utile de ne pas confondre les genres, de ne pas prendre le premier chapitre de la Genèse pour un texte scientifique, de ne pas confondre lamentation et louange, psaume royal et psaume didactique. La composition spécifique de chaque psaume Cela dit, les termes de « forme », « structure » ou « organisation » pourraient s'appliquer aussi à une autre manière d'aborder les textes, celle qui cherche à relever la physionomie spécifique de chaque individu textuel. C'est ce que fait l'analyse rhétorique biblique. Pour éviter toute confusion, on a évité de reprendre la terminologie utilisée par l'étude des genres littéraires et la critique des formes. Ce que l'analyse rhétorique biblique entend mettre en lumière est la « composition » des textes, étant bien entendu qu'il s'agit de celle de chaque psaume étudié en lui-même, non pas en tant que représentant d'une catégorie générale, mais en tant qu'individu unique et irremplaçable. Par « composition » on entend ce que d'autres appellent le « plan », c'est-à-dire l'organisation du texte à ses différents niveaux, à partir de celui des « segments », bimembres, trimembres ou même unimembres, jusqu'à celui de l'ensemble, en passant par tous les niveaux intermédiaires13. C'est ce type d'analyse qui sera mise en œuvre dans le présent volume14. Les psaumes acrostiches alphabétiques Du grec, akron, « extrémité », et stichos, « vers » (ou « stique »), « acrostiche » signifie, selon le Petit Robert, « Poème ou strophe où les initiales de chaque vers, lues dans le sens vertical, composent un nom (auteur, dédicataire) ou un mot-clé. Les envois de plusieurs ballades de Villon sont des acrostiches ». L'exemple le plus connu est celui de la dernière strophe de sa « Ballade pour prier Notre Dame » :
12
Kraus, I, 48-49. Voir le « Lexique des termes techniques », en particulier 14 Sur ces questions de genres littéraires, formes et analyse rhétorique pour les évangiles synoptiques, voir R . MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, 2 0 1 5 , 3 4 - 5 2 . 13
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
10
Vous portâtes, digne Vierge, princesse, lésus régnant qui n'a ni fin ni cesse. Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse, Laissa les cieux et nous vint secourir, Offrit à mort sa très chère jeunesse ; Notre Seigneur tel est, tel le confesse : En cette foi je veux vivre et mourir.
Cet artifice voile en même temps qu'il révèle15. On pressoit un jeune homme de nommer la personne qu'il aimait. 11 s'en défendit, et récita l'acrostiche suivant, où se trouve le nom de cette personne : Je ne saurois nommer celle qui sait me plaire ; Un fat peut se vanter, un amant doit se taire. La pudeur qu'alarmoit l'impétueux désir, Inventa sagement le voile du mystère, Et l'amour étonné connut le vrai plaisir16.
L'acrostiche alphabétique est le cas particulier d'une composition où la première unité littéraire commence par la première lettre de l'alphabet, la seconde unité par la deuxième lettre et ainsi de suite jusqu'à la fin de l'alphabet. Dans les psaumes plusieurs cas se présentent. Dans les Ps 111 et 112 l'alphabétisme marque les vingt-deux « membres »17 que compte chaque psaume. Dans les Ps 9-10, 25, 34 et 145, ce sont les « segments », généralement bimembres, qui commencent avec les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Le Ps 37 est deux fois plus long, car l'alphabétisme concerne des groupes de deux segments. Enfin, le Ps 119 comprend vingt-deux « strophes » de huit segments qui commencent tous par la même lettre de l'alphabet ; ce qui fait un total de 176 segments. La critique moderne ne tient pas souvent en grande estime les psaumes alphabétiques, c'est le moins que l'on puisse dire. Voici ce qu'écrit Gunkel à propos du Ps 9-10 : 11 ne faut pas élever de trop sévères prétentions au sujet du contexte d'une production aussi artificielle (tel que l'est un psaume alphabétique). Probablement l'auteur était content de trouver à toute lettre un mot propre à lui servir. Sa faculté poétique ne suffisait pas à faire de son poème une composition homogène et cohérente18.
Pour sa part Sigmund Mowinckel écrivait : « Quand un psaume était soumis à un modèle alphabétique artificiel [...], cela aboutissait très souvent à une suite des 15
La décence empêche de citer ici l'échange poétique bien connu entre Musset et George Sand. G. PEIGNOT, Amusemens philologiques, 7 ; dans cet ouvrage, disponible sur internet, le premier chapitre, « Acrostiches » (3-18) fournit un bel assortiment de poèmes acrostiches, en latin et en français. 17 Ou « stiques » ; voir la définition des termes techniques, p. 17-19. 18 Cité par H . JUNKER, « Unité, composition et genre littéraire des Ps 9 et 10 » (H. Gunkel, Die 16
Psalmen, 32s).
Introduction
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idées décousue et obscure et à une composition lâche »19. Alonso Schoekel écrit : « L'artifice ne facilite pas l'unité interne, la cohérence. Le poète n'a qu'à trouver des mots qui commencent avec la lettre voulue ; une fois trouvés, il écrit et développe vers après vers »20. D'autres jugements défavorables seront reportés au début des analyses des Ps 25, 34 et 37. L'alphabétisme étant un procédé mécanique, serait la marque d'une composition tardive, postexilique ; il était donc apprécié, selon l'idéologie en vogue à l'époque qui valorisait les productions les plus anciennes, comme artificiel et décadent21. Les acrostiches ne sont pas une invention récente d'Israël, ils sont vieux comme le monde. Environ un millénaire avant notre ère, les Akkadiens les pratiquaient22, non pas en suivant la forme alphabétique mais celle de « l'acrostiche message »23, celui qui communique une information, comme celui de Villon cité plus haut. Ainsi « Le dialogue acrostiche », appelé plus souvent « Théodicée babylonienne », comprend vingt-sept strophes dont les onze vers commencent par la même lettre ; l'acrostiche révèle le nom de son auteur : « Moi, Sangil-kinab-ubbib, le prêtre incantateur, qui révère le dieu et le roi »24. Les acrostiches égyptiens sont plus proches de ceux de la Bible. Cependant ils ne suivent pas l'ordre de l'alphabet mais celui des nombres ; ainsi d'un hymne à Amon du XIIIe siècle25. Les poèmes acrostiches n'ont jamais cessé d'être produits à toutes les époques. Il suffit de mentionner le Psalmus contra partem Donati de saint Augustin, l'hymne hébraïque El âdôn (al kol ha-mma'âsîm, entré dans la liturgie juive à l'époque préclassique, avant le VIe siècle de notre ère. Dans le monde byzantin, le plus fameux des kontakion est « L'hymne acathiste à la Mère de Dieu » qui date du VIIe siècle, YAlphabetum divini amoris, attribué à Nicolas Kempf, le Parvum alphabetum monachi in Schola Dei de Thomas a Kempis, etc. Plus près de nous, le grand poète italien Eugenio Montale n'a pas dédaigné de composer un poème acrostiche où est caché et révélé le nom de celle qu'il avait surnommée Volpe (« renard », féminin en italien) :
19 20
21
S. MOWINCKEL, The Psalms in Israel's worship, 77-78. L. ALONSO SCHOEKEL, Manuale dipoetica ehrea, 230.
L J. LIEBREICH donne une liste des diverses appréciations des poèmes acrostiches alphabétiques au début de son article, « Psalms 34 and 145 in the Light of their Key Words », 181-182. 22 W . M . SOLL, «Babylonian and Biblical Acrostics». 23 L'expression est de J.F. BRUG, « Biblical Acrostics and Their Relationship to Other Ancient Near East Acrostics ». 24
25
Voir W.G. LAMBERT, Babylonian Wisdom Literature.
Voir J.F. BRUG, « Biblical Acrostics », 296.
12
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Da un lago svizzero Mia volpe, un giorno fui anch'io il «poeta assassinato»: là nel noccioleto raso, dove fa grotta, da un falô; in quella tana un tondo di zecchino accendeva il tuo viso, poi calava lento per la sua via fino a toccare un nimbo, ove stemprarsi; ed io ansioso invocavo la fine su quel fondo segno délia tua vita aperta, amara, atrocemente fragile e pur forte. Sei tu che brilli al buio? Entro quel solco puisante, in una pista arroventata, àlacre sulla traccia del tuo lieve zampetto di predace (un'orma quasi) invisibile, a Stella) io, straniero, ancora piombo; e a volo alzata un'anitra liera, dal fondolago, fino al nuovo mcendio mi fa strada, per bruciarsi26.
Il s'en fait jusqu'à nos jours : il suffit de naviguer sur internet pour se rendre compte que cette forme est toujours vivante. On mentionnera en particulier « l'A.B.C. de cordel », toujours très populaire au Brésil27. Le grand reproche fait aux psaumes acrostiches est que le corset de l'alphabétisme serait une contrainte tellement forte qu'elle empêcherait de réaliser une œuvre véritablement composée. C'est sans doute que la structure alphabétique, la plus facilement décelable, était la seule qui fût identifiée. La présence de cette structure excluait toute autre forme de composition littéraire. Comme si une contrainte quelconque — métrique, strophique, sonore — empêchait par le fait même une véritable composition littéraire et rendait impossible une réelle organisation logique. L'alphabétisme est certes une contrainte, beaucoup plus sévère, par exemple, que celle de la rime dans les poèmes français classiques : tandis que cette dernière, la plupart du temps, ne concerne que deux vers, celle de l'acrostiche, dont l'alphabétisme est une variété extrême, s'étend à des ensembles beaucoup plus larges, sur les vingt-deux unités du poème. Les règles du sonnet, avec ses deux quatrains et ses deux tercets, ses rimes obligées, n'ont pas empêché Pétrarque, Shakespeare ou Baudelaire de composer de véritables chefs d'œuvres. Il faudra revenir, en conclusion, sur les fonctions de l'alphabétisme et sur la signification — que l'on peut appeler théologique — de ce qui, à première vue, peut sembler un pur jeu. Si jeu il y a, il s'agit d'un jeu de l'esprit, et des plus raffinés : le jeu de la Sagesse. La bufera e altro, «Madrigali private», Venise 1956. De l'Abc poétique à l'A.B.C. de cordel au Brésil : une forme poétique traditionnelle de « A à Z ». 26
27
E . MONTALE,
Voir V. L E
D Û DA SILVA-SEMIK,
Introduction
13
Combien de psaumes acrostiches alphabétiques compte le Psautier ? Comme toujours, tout dépend de la manière de compter. Le premier est tenu pour deux psaumes par le texte massorétique, mais tous considèrent désormais qu'il s'agit d'un seul psaume, puisque le Ps 9 suit la première moitié de l'alphabet et le Ps 10 la seconde. En revanche, l'analyse des Ps 111 et 112 a été réunie ici dans un seul et même chapitre ; c'est que ces deux psaumes sont appelés «jumeaux », le premier consacré à la louange du Seigneur, le second à celle de l'homme juste. Ils sont parallèles et ce qui est dit du juste est ce qui est dit de Dieu lui-même, si bien qu'il est en quelque sorte impossible de les séparer et qu'il serait plus exact de les appeler « psaumes siamois ». Selon ce décompte, les psaumes alphabétiques sont sept, comme les sept jours de la semaine, comme les sept branches de la menorah, les sept demandes du Notre Père, etc. Sept est le chiffre de la totalité, de la perfection. Mais il est une autre manière de compter, celle qui, comme le texte massorétique ainsi que les versions antiques, considère que les Ps 111 et 112 sont deux psaumes distincts. Et l'on arrive au total de huit : Ps 9 10 (9 selon la Septante) ; 25 ; 34 ; 37 ; 111 ; 112 ; 119 ; 145. Huit est aussi un chiffre sacré, plus encore que sept : sept plus un représente en effet le comble de la perfection. La circoncision est pratiquée le huitième jour, signifiant ainsi que l'œuvre de la création de la semaine originaire est portée à son achèvement ; pour les chrétiens le dimanche, jour du Seigneur, est « le huitième jour », le jour de l'accomplissement par la résurrection. C'est pourquoi, après bien des hésitations, et fortement encouragé par un ami, j'ai intitulé le présent ouvrage : Les huit psaumes acrostiches alphabétiques ! Pourquoi avoir choisi de commenter ces huit psaumes ? Pour les réhabiliter, car les jugements négatifs qu'ils ont suscités depuis un bon siècle sont vraiment injustes. J'ai voulu montrer comment, malgré l'alphabétisme pour ainsi dire, les auteurs ont réalisé des poèmes extrêmement bien composés. Mais, comme toujours, il faut laisser au lecteur le soin d'apprécier.
Les analyses de cinq des sept psaumes acrostiches alphabétiques ont été publiées antérieurement : « Le psaume 25. Psaume de la nouvelle alliance », Gr. 93 (2012) 233260 ; « "Qui aime la vie?" Analyse rhétorique du psaume 34 », Gr. 92 (2011) 237-260 ; « Le Psaume 37. Fils de Dieu et père des pauvres », Gr. 95 (2014) 231-254 ; « Harmonie biblique. Les psaumes 1 1 1 et 112 », in P. CAYE - F. M A L H O M M E - G.M. RISPOLI - A . G . WERSINGER, éd., L'Harmonie, entre philosophie, science et arts, de l'Antiquité à l'âge moderne, Atti délia Accademia Pontaniana - Suppl, NS LIX (2010), Napoli 2011, 219234 ; « Le psaume 145 », Annales du Département des lettres arabes (Institut de lettres orientales), Fs Maurice Fyet, 6B (1991-92) 213-225 ; mis à jour dans StRh 1 (01.02.2002; 31.03.2004). Les analyses des psaumes 111, 112 et 145 ont été largement reprises. Celle des Ps 25, 34 et 37 sont reproduites, presque à l'identique, avec la permission du directeur de Gregorianum.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS al. Amos AnBib AOAT AssSeign Bib BJ CB.OT CBQ CBQ.MS chap. ed. EeT(O) EstB EtBib.NS Exp Tim FOTL Fs Gr. HAR HeyJ HUCA JBL JBQ JETS JQR JSOT.S JSSt JTS LeDiv LeDiv.Com LiBi lift. Luc NRTh NS OBO P. par ex. par. RB
Autres Bovati, P. - Meynet, R., Le Livre du prophète Amos, RhBib 2, Paris 1994. Analecta biblica Alter Orient und Altes Testament Assemblée du Seigneur Biblica Bible de Jérusalem Coniectanea Biblica. Old Testament Series Catholic Biblical Quarterly Catholic Biblical Quarterly. Monograph Series chapitre edidit, ediderunt Église et théologie. Ottawa Estúdios Biblicos Etudes bibliques nouv. sér. Expository Times The Forms of the Old Testament Literature Festschrift Gregorianum Hebrew Annual Review Heythrop Journal Hebrew Union College annual Journal of Biblical Literature The Jewish Bible Quarterly Journal of the Evangelical Theological Society Jewish Quarterly Review Journal for the Study of the Old Testament. Supplement Series Journal of Semitic Studies Journal of Theological Studies Lectio Divina Lectio Divina. Commentaires Lire la Bible littéralement L 'Évangile de Luc, RhSem 8, Pendé 2011 Nouvelle Revue Théologique Nouvelle série Orbis biblicus et Orientalis page(s) par exemple paragraphe Revue biblique
16 RBS ReBib ReBibSem RevSR RhBib RhSem RivBib RSR SBi SC S JOT si. sq. sqq. St Rh Traité TOB trad. v. VT VT.S WBC ZA W
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques Société internationale pour l'étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Retórica biblica Retórica Biblica e Semitica Revue des Sciences Religieuses Rhétorique biblique Rhétorique sémitique Rivista Biblica Recherches de science religieuse Sources Bibliques Sources chrétiennes Scandinavian Journal of the Old Testament sans lieu suivante suivantes Studia Rhetorica R. Meynet, Traité de rhétorique biblique, RhSem 4, Paris 2007 ; RhSem 12, Pendé 2013. Traduction œcuménique de la Bible traduction verset(s) Vetus Testamentum Vetus Testamentum. Supplement Word Biblical Commentary Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenschaft
Les commentaires des psaumes ne sont cités que par le nom de l'auteur (ou des auteurs) en minuscules, suivi éventuellement du numéro du volume, et du numéro de la page. Ex., Kraus, II, 125 ; Alonso Schoekel - Carniti, 23. Les abréviations des livres bibliques sont celles de La Bible de Jérusalem (BJ).
LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES
1. TERMES QUI DÉSIGNENT LES UNITÉS RHÉTORIQUES
Il arrive souvent, dans les ouvrages d'exégèse, que les termes « section », « passage », mais surtout « morceau », « partie »..., ne soient pas utilisés de façon univoque. Voici la liste des termes qui désignent les unités textuelles à leurs niveaux successifs. Les niveaux « inférieurs » (ou non autonomes) À part les deux premières (le terme et le membre), les unités de niveau inférieur sont formées de une, deux ou trois unités du niveau précédent. TERME
le terme correspond en général à un « lexème », ou mot qui appartient au lexique : substantif, adjectif, verbe, adverbe.
MEMBRE
le membre est un syntagme, ou groupe de « termes » liés entre eux par des rapports syntaxiques étroits. Le « membre » est l'unité rhétorique minimale ; il peut arriver que le membre comporte un seul terme (le terme d'origine grecque est « stique »).
SEGMENT
le segment comprend un, deux ou trois membres ; on parlera de segment « unimembre » (le terme d'origine grecque est « monostique »), de segment « bimembre » (ou « distique ») et de segment « trimembre » (ou « tristique »).
MORCEAU
le morceau comprend un, deux ou trois segments.
PARTIE
la partie comprend un, deux ou trois morceaux.
Les niveaux « supérieurs » (ou autonomes) Ils sont tous formés soit d'une, soit de plusieurs unités du niveau précédent. PASSAGE
le passage — l'équivalent de la « péricope » des exégètes — est formé d'une ou de plusieurs parties.
SÉQUENCE
la séquence est formée d'un ou de plusieurs passages.
SECTION
la section est formée d'une ou de plusieurs séquences.
LIVRE
enfin le livre est formé d'une ou de plusieurs sections.
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Il est quelquefois nécessaire d'avoir recours aux niveaux intermédiaires de la « sous-partie », de la « sous-séquence » et de la « sous-section » ; ces unités intermédiaires ont la même définition que la partie, la séquence et la section. VERSANT
ensemble textuel qui précède ou qui suit le centre d'une construction ; si le centre est bipartite, le versant correspond à chacune des deux moitiés de la construction.
2. TERMES QUI DÉSIGNENT LES RAPPORTS ENTRE LES UNITÉS SYMÉTRIQUES
Symétries totales CONSTRUCTION PARALLÈLE
CONSTRUCTION SPÉCULAIRE
CONSTRUCTION CONCENTRIQUE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière parallèle : A B C D E | A'B'C'D'E'. Quand deux unités parallèles entre elles encadrent un élément unique, on parle de parallélisme pour désigner la symétrie entre ces deux unités, mais on considère l'ensemble (l'unité de niveau supérieur) comme une construction concentrique : A | x | A'. Pour « construction parallèle », on dit aussi « parallélisme » (qui s'oppose à « concentrisme »). figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière antiparallèle ou « en miroir » : A B C D E | E'D'C'B'A'. Comme la construction parallèle, la construction spéculaire n'a pas de centre ; comme la construction concentrique, les éléments en rapport se correspondent en miroir. Quand la construction ne comprend que quatre unités, on parle aussi de « chiasme » : A B | B ' A ' . figure de composition où les unités symétriques sont disposées de manière concentrique : A B C D E | x | E'D'C'B'A', autour d'un élément central (cet élément peut être une unité de l'un quelconque des niveaux de l'organisation textuelle). Pour « construction concentrique », on peut dire aussi « concentrisme » (qui s'oppose à « parallélisme »).
Lexique des termes techniques
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Symétries partielles TERMES INITIAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent le début d'unités textuelles symétriques ; 1'« anaphore » de la rhétorique classique.
TERMES FINAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d'unités textuelles symétriques ; 1'« épiphore » de la rhétorique classique.
TERMES EXTRÊMES
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les extrémités d'une unité textuelle ; 1'« inclusion » de l'exégèse traditionnelle.
TERMES MÉDIANS
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d'une unité textuelle et le début de l'unité qui lui est symétrique ; le « mot-crochet » ou « mot-agrafe » de l'exégèse traditionnelle.
TERMES CENTRAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les centres de deux unités textuelles symétriques.
Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, RhSem 11, Gabalda, Pendé 2013. Principales règles de réécriture - à l'intérieur du membre, les termes sont généralement séparés par des blancs ; -chaque membre est généralement réécrit sur une seule ligne ; - les segments sont séparés par une ligne blanche ; - l e s morceaux sont séparés par une ligne discontinue ; - l a partie est délimitée par deux filets ; il en va de même pour les sous-parties, - à l'intérieur du passage, les parties sont encadrées (sauf si elles sont très courtes, comme une introduction ou une conclusion) ; les éventuelles sousparties sont disposées dans des cadres contigus ; - à l'intérieur de la séquence ou de la sous-séquence, les passages, réécrits en prose, sont disposés dans des cadres séparés par une ligne blanche ; - à l'intérieur de la séquence, les passages d'une sous-séquence sont disposés dans des cadres contigus. Sur les règles de réécriture, voir Traité, chap. 5, 283-344 (sur la réécriture des tableaux synoptiques, voir chap. 9, 471-506).
L e p s a u m e
9 - 1 0
Le Ps 9 de la Septante est coupé en deux dans le texte massorétique qui considère que ce sont deux psaumes distincts (Ps 9 et 10). Trois arguments principaux militent en faveur de l'unité du texte. C'est avant tout l'acrostiche alphabétique, bien qu'il ne soit pas parfait : de Aleph à Kaph pour le Ps 9, puis de Lamed à Taw pour le Ps 10. C'est ensuite la cohérence lexicale et thématique qui unifie les deux psaumes. Enfin, le deuxième psaume selon l'hébreu ne comporte pas de titre (10,1), alors qu'il fait partie d'un très large groupe de psaumes pourvus de titre (Ps 1—41, sauf le Ps 33). Le Ps 9-10 présente de sérieuses difficultés. La première est que l'alphabétisme est largement lacunaire. Il disparait complètement entre Lamed (10,1-2) et Qoph (10,12), soit une éclipse de six lettres consécutives ; avec l'absence de Dalet, ce ne sont donc pas moins de sept lettres qui manquent sur les vingt-deux de l'alphabet hébreu, soit près d'un tiers ! En outre, les difficultés textuelles sont nombreuses, surtout entre Lamed et Qoph, justement, où les phrases sont heurtées au point d'en être difficilement compréhensibles1. On a longtemps pensé que le texte était « corrompu », qualifié ces faits d'« altérations » ou d'« irrégularités » et attribué ces défauts à une mauvaise transmission textuelle : « Nous croyons qu'aucun autre psaume ne présente un texte aussi mal transmis »2. « Le Ps. a malheureusement subi bien des outrages dans la transmission de son texte. Celui de 10 est si défectueux qu'il faut souvent l'amender, parfois le reconstituer »3. Et, effectivement, beaucoup se sont évertués à restituer l'alphabétisme, et à corriger le texte pour le rendre plus compréhensible, au prix de manipulations en tout genre4. Il est une autre difficulté non moins grande que celle de l'état du texte. C'est le mélange des genres littéraires. Alors que le premier est un psaume d'action de grâces, le second est une supplication ; or, la logique voudrait que la supplication précède l'obtention du salut qui déclenche l'action de grâces. Même à l'intérieur du Ps 9, après l'action de grâces initiale (2-3) la motivation qui en est donnée est truffée d'appels à l'aide et de supplications (10.14.18.20-21). C'est pourquoi, on pourrait être tenté de renoncer à étudier la composition d'un texte aussi problématique : 1
Sur les altérations subies par le texte au cours du temps, voir, par ex., J. ENCISO VIANA, « El salmo 9-10 ». 2 Alonso Schoekel - Carniti, I, 262. 3 Jacquet, I, 337. 4 Ainsi, par exemple, J. LEVEEN, « Psalm X . A reconstruction » ; R. GORDIS, « Psalm 9 - 1 0 : a Textual and Exegetical Study ». Pour la reconstitution du verset Dalet, voir, par exemple, P.W. SKEHAN, «A Broken Acrostic and Psalm 9».
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques Nous sommes encore loin d'avoir acquis une parfaite connaissance de la structure formelle et du sens précis de cette composition littéraire. Car, au moins à première vue et dans l'interprétation ordinaire, elle met le lecteur dans l'embarras, pour n'y découvrir ni suite claire, ni cohésion des idées5.
Et pourtant, il semblerait étrange que ce texte ait été conservé dans le psautier, malgré toutes les lésions occasionnées par les accidents qu'il aurait subis au long de sa transmission. L'analyse rhétorique biblique pourrait aider à mieux comprendre le texte tel qu'il est ; et, partant, à rendre compte de ses « irrégularités ». Bien loin d'amender le texte, et encore moins de le reconstituer, on se tiendra prudemment au plus près du texte massorétique, pour tenter de le comprendre, dans l'état où il nous l'a laissé. Le psaume 9-10 comprend deux longs passages (9,2-20; 10,3-18) autour d'un troisième passage beaucoup plus court (Lamed : 10,1-2) qui marque le tournant de l'ensemble 6 . I. LE PREMIER PASSAGE (9,2-21) COMPOSITION
Le premier passage est formée de deux parties qui se correspondent en parallèle. La première partie (2-9) Cette partie comprend deux sous-parties. La première sous-partie (3-3) + 3 2 Je rends grâce, + j'énonce
YHWH,
de tout mon cœur, tontes tes merveilles ;
:: 3 je me réjouis :: je joue
et j'exulte pour ton nom,
en toi, TRÈS-HAUT.
Les quatre membres commencent par un verbe à la première personne du singulier ; le troisième comprend même un deuxième verbe coordonné au premier (3a). Ce sont donc les cinq verbes qui commencent par Aleph et pas seulement le premier7. Les noms de Dieu se trouvent aux extrémités. Dans le premier segment, « tout » est repris en finale des membres, dans le second « ton nom » correspond à « toi ». 5
H. JUNKER, « Unité, composition et genre littéraire des Ps 9 et 10 ». Selon la première des sept lois de N.W. Lund : « Le centre est toujours le tournant » (Chiasmus in the New Testament, 40 ; traduction française dans Traité, 97). 7 Voir, par ex., L.D. MALONEY, A wordfitly spoken, 46-47. 6
Le psaume 9-10
23
La deuxième partie (4-9) - b 4 Quand retournent - ils fléchissent
MES ENNEMIS
ET IMSPMiAISSENT
en arrière, devant ta face,
+ 5 car tu as fait
m o n JUGEMENT Sur LE TRÔNE
et m a SENTENCE, en JUGE
des païens, tu as effacé
I Ai 1 IHSPÀIUITRIi pour toujours
LE MÉCHANT,
est achevé, tu as renversé,
ruines
sans fin, leur souvenir.
+ TU ASSIÉGÉ
- g 6 Tu as maté . leur nom -
7
y
L ENNEMI
. et des villes + h Eux,8 + il affermit - 9 et lui, - IL PRONONCERA
A
mm
et Yhwh
pour toujours
p o u r le JUGEMENT
SON TRÔNE ;
Il JUGERA
le monde avec droiture.
sur les nations
de JUSTICE.
et à jamais;
SIÈGE,
avec JUSTICE,
Les morceaux extrêmes se correspondent : y sont repris « justice » (5b ; 9a), «jugement » / «juger » (5a.5b ; 8b.9a ; « sentence » de 5a et « prononcer » de 9b appartiennent au même champ sémantique) ainsi que « siéger » et « trône » (5b ; 8a.8b). Dans le morceau central (6-7), « pour toujours et à jamais » à la fin du second membre de 6 a son correspondant à la fin du premier membre de 7 avec « sans fin » ; les deux occurrences de « disparaitre » se trouvent en même position dans les membres extrêmes. Le morceau central reprend « ennemi » (7a) comme au début du premier morceau (4a au pluriel), cet « ennemi » étant qualifié de « méchant » (6a) ; de manière corrélative, « païens 8 » de 6a sera repris par « le monde » et « les nations » dans le dernier morceau (9a.9b). Les deux occurrences de « disparaitre » au centre (6a.7b) renvoient à celle de 4b dans le premier morceau ; de manière corrélative, « pour toujours et à jamais » et « sans fin » du morceau central (6b.7a) annoncent « pour toujours » au début du dernier morceau (8a)9.
On a proposé de changer gôyim, « païens », par ge'îm, « orgueilleux » (S.N. ROSENBAUM, «New evidence for reading ge 'im in place of go 'im in Ps 9 and 10») ; la correction ne se justifie e pas, du moment qu'il sera question, dès le morceau suivant, des « nations » (9b : I 'ummîm) et plus loin des « peuples » (12b : 'ammîm). 9 Le TM place hëmma (« eux ») à la fin du segment précédent où il ne fait pas sens ; l'alphabétisme invite à le déplacer au début du segment Hé. Mais le premier membre de ce segment est si étrange qu'on a proposé de changer hëmma par hinneh (« voici » ; Dahood, I, 56) ou par hômeh (« exalté ») et de supprimer le « et » qui suit (voir Kraus, I, 190). Il est possible de sauver le texte, si l'on considère que « eux » et « lui » en début des deux segments du morceau s'opposent ; et l'on pourrait comprendre et traduire : « Eux ? Mais le Seigneur... » 8
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L'ensemble de la première partie (2-9) + 3 2 JE rends grâce, + /'énonce
YHWH,
de tout MON cœur, toutes TES merveilles,
::3 JE me réjouis :: JE joue
et J'exulte pour TON NOM,
en TOI, TRÈS-HAUT.
- b 4 Quand retournent - ils fléchissent
MES ennemis et disparaissent
en arrière, devant TA face,
+ 5 car TU as fait + TU as siégé
MON jugement sur le trône
et MA sentence, en juge
de justice.
des païens,
- g 6 Tu as maté
. leur NOM
tu as effacé
fait disparaitre pour toujours
le méchant, et à jamais ;
-7 l'ennemi . et des villes
est achevé, TU as renversé,
ruines a disparu
sans fin, leur souvenir.
+ h Eux...8 + IL affermit
mais YHWH pour le jugement
pour toujours SON trône ;
siège,
- 9 et LUI, - IL prononcera
IL jugera sur les nations
te monde
avec justice,
avec droiture.
Dans la première sous-partie (2-3) le psalmiste rend grâces au Seigneur. N'apparaissent que ces deux personnages, le Seigneur étant désigné par ses deux noms de « Yhwh » et de « Très-Haut », le psalmiste n'étant pas nommé mais seulement indiqué par les pronoms de première personne du singulier. Dans la deuxième sous-partie (4-9) le psalmiste donne les raisons de son action de grâces ; alors apparaît un tiers, « le méchant » (6a), « l'ennemi » (7a), au pluriel dès le début (4a). Dans le premier morceau (4-5), où sont employés des pronoms de première personne du singulier comme dans la première souspartie, le psalmiste rappelle comment le Seigneur l'a libéré de ses ennemis, jugeant en roi souverain ; dans le second morceau (6-7b), il précise que ses « ennemis » sont « des païens » dont les « villes » ont été « renversées » et l'on découvre ainsi que celui qui parle est un roi qui a vaincu un peuple étranger ; dans le troisième morceau enfin (7c-9) il élargit encore, en redisant que la royauté du Seigneur est éternelle et qu'elle se manifestera encore dans l'avenir. La deuxième partie (10-21) Cette partie est elle aussi formée de deux sous-parties.
Le psaume 9-10 La première sous-partie (10-15) + w 10 ET QUE SOIT + une forteresse
YHWH
aux temps
en toi - 11 et se confieront - car tu n'abandonnes pas
une forteresse de détresse,
pour l'opprimé,
les connaissant tes cherchant,
ton nom, Yhwh.
: z 12 JOUEZ : RACONTEZ
pour YHWH, parmi les peuples
l'habitant ses hauts faits,
à SlON,
- 1 3 car il cherche - il n'oublie pas
LES SANGS, le cri
d'eux des malheureux.
il se souvient,
YHWH,
VOIS
mon malheur, DE LÂ MORT,
+ h 14 AIE PITIÉ DE MOI, + de mes ennemis
me faisant remonter
- 1 5 pour que — aux portes
j'énonce de la fille de SLON
toute ta louange, que je jubile
en ton salut.
Les trois morceaux commencent par un jussif (10a) ou par un impératif (12a.l2b ; 14a bis). - D a n s le premier morceau, le souhait du premier segment est suivi de sa conséquence ( l i a ) laquelle est motivée par une causale (11b) ; - dans le second morceau les invitations du premier segment sont suivies par une double causale (13) ; - enfin dans le troisième morceau la demande du premier segment est suivie d'une double finale (15). En outre, « Yhwh » revient en même position au début de chaque morceau. Les trois morceaux sont donc parallèles. Toutefois, le morceau central articule les deux autres : - « S i o n » (12a) annonce le même nom à la fin du dernier morceau (15b), à « sangs » (13a) correspond « la mort » (14b), car au pluriel « sangs » indique la mort violente ; - à « malheureux » à la fin du morceau central (13b) font écho « l'opprimé » à la fin du premier membre du premier morceau (10a) et « mon malheur » en position symétrique au début du dernier morceau (14a). On pourra remarquer que « une forteresse » revient deux fois dans le premier morceau (10a. 10b) et que dans le dernier morceau «portes» revient aussi deux fois (14b. 15b).
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La deuxième sous-partie (16-21) - 1 1 6 Ont croulé - à ce filet
les païens qu'ils ont tendu
dans la fosse s'est pris
qu'ils ont faite, leur pied.
+
YHWH,
LE JUGEMENT
de ses mains
il a lié
il a fait, le méchant,
:: y 18 Que retournent :: tous ces païens
les méchants oubliant
au shéol, Dieu,
+ k 19 car pas à la fin + l'espoir
n'est pas oublie des malheureux
le pauvre, (ne) disparait
YHWH,
que ne triomphe devant ta face !
/ 'homme,
l'épouvante qu 'hommes
sur eux, eux !
17
S'EST FAIT CONNAÎTRE
+ dans l'ouvrage
4-20 Dresse-toi, : QU'ILS SOIENT JUGÉS,
4-21 Jette, : QU'ILS CONNAISSENT,
les païens, YHWH,
les païens,
(h. s.)
à jamais.
(s)
Le premier morceau raconte ce qui est arrivé aux « païens », le second exprime un souhait, le troisième est une prière adressée à « Yhwh ». Dans le premier morceau « les païens » et « le méchant » sont punis par où ils ont péché. Alors que le premier segment les montre victimes de leur propre fosse et de leur propre filet (16), le second segment dévoile qui en fut l'agent (17). « L'ouvrage de ses mains » (17b) renvoie au « filet qu'ils ont tendu » (16b). En position identique « les païens » et « Yhwh » s'opposent ; de même, en fin des premiers membres de chaque segment s'opposent le « faire » des deux protagonistes. Dans le second morceau, introduit par « car », le deuxième segment donne la raison du premier. Alors que « les méchants » et « tous ces païens » finissent « au shéol », « le pauvre » et les « malheureux » n'y disparaîtront pas. Les premiers « oublient Dieu », les autres ne sont pas oubliés par Dieu. Le dernier morceau est construit en parallèle : les premiers membres commencent par un impératif dont le sujet est « Yhwh », les seconds par un jussif dont le sujet est « les païens ». « Homme » ( 'ênôs) est repris à la fin des membres extrêmes (20a.21b). Les morceaux extrêmes se correspondent : y est repris en même position le nom de « Yhwh » (17a ; 20a.21a) ; à « les païens » et « le méchant » (16a. 17b) correspondent les deux occurrences de « les païens » (20b.21b). À « s'est fait connaître » et « le jugement » de 17a correspondent « qu'ils soient jugés » et «qu'il connaissent» en 20b et 21b. Seul le morceau central oppose «les méchants » et « tous ces païens » (18) au « pauvre » et aux « malheureux » (19). Les deux morceaux s'achèvent par un signe de pause : higgâyôn selâ à la fin de 16-17 et selâ à la fin de 20-21.
Le psaume 9-10
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On aura remarqué que la lettre Yod ne comprend qu'un seul segment, tandis que la lettre Kaph en compte trois. Or chacune des lettres précédentes, d'Aleph à H et était formée de deux bimembres. C'est pourquoi plusieurs proposent de changer l'ordre des segments pour corriger l'irrégularité de la composition10. Il suffit en effet de déplacer le dernier verset après le v. 18 et l'équilibre est rétabli. Ainsi, on aurait trois morceaux comprenant chacun deux bimembres comme dans les parties précédentes. Il vaut la peine d'essayer, pour voir si non seulement l'équilibre des masses est amélioré, mais aussi et surtout si la logique de la partie restituée l'est aussi : - t 16 Ont croulé - au filet
LES PAÏENS qu'ils ont tendu
dans la fosse s'est pris
qulis ont faite, leur pied.
+ 17 S'est fait connaître + dans l'ouvrage
Yhwh, de ses mains
LE JUGEMENT il a lié
il a fait, le méchant.
:: y 18 QUE RETOURNENT :: TOUS CES PAÏENS
les méchants oubliant
au shéol, Dieu !
:: 21 JETTE, :: QU'ILS CONNAISSENT,
Yhwh, LES PAÏENS,
l'épouvante qu hommes
sur eux, eux !
le pauvre, ne disparait pas
à jamais.
+ k 19 Car pas jusqu'à la fin est oublié + l'espoir des malheureux :: 20 DRESSE-TOI, :: QU'ILS SOIENTJUGÉS,
Yhwh, LES PAÏENS,
QUE NE TRIOMPHE devant ta face !
l'homme,
On pourra dire que le dernier morceau (19-20) reprend le mouvement des deux morceaux précédents. En effet, 19 est narratif comme 16-17 : y est raconté comment le Seigneur a déjoué les projets des païens (16-17), sauvant de leurs griffes «pauvre» et «malheureux» (19). Quant au dernier verset (20), il est discursif comme le second morceau (18.21) : ce sont les souhaits et les prières que le psalmiste ajoute à son récit. En somme, le remède à une irrégularité mène à une autre irrégularité. L'ordre du texte massorétique (qui est aussi celui de la Septante) n'est pas moins logique que celui du texte corrigé. Et sa composition parallèle en deux morceaux semble préférable, parce que plus équilibrée. La poésie hébraïque ne marche pas au pas cadencé de nos armées occidentales, elle danse librement, imprévisible : le texte de cette partie allie avec bonheur une belle régularité de la composition et une irrégularité de la répartition selon l'acrostiche. 10
Voir, par exemple, Jacquet, I, 332.339.
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Il est évidemment impossible de savoir quelles furent les intentions de l'auteur. L'effet sur le lecteur, en revanche, est accessible. Et l'on pourra goûter le fait que toute la partie, qui suivait jusque-là un rythme régulier, s'achève avec une sorte de pirouette, qui peut être interprétée au niveau formel comme une marque de clôture de l'ensemble du passage. Au niveau du sens, il n'est pas indifférent que la partie et donc le passage entier s'achève en insistant fortement sur la prière, en deux segments dont le parallélisme joue en quelque sorte la fonction d'une coda. L'ensemble de la deuxième partie (10-21) Les deux sous-parties sont parallèles. Les premiers morceaux parlent de ce que fait le Seigneur, d'abord en faveur de «l'opprimé» (10-11), puis contre leurs ennemis, « les païens », « le méchant » (16-17). Dans les premiers membres des seconds segments il est d'abord question de ceux qui « connaissent » le nom du Seigneur (lia), puis du méchant auquel Dieu «s'est fait connaitre » (17a). Les deuxièmes morceaux sont construits de la même façon : deux impératifs (12) et un jussif (18) sont motivés par un second segment introduit par le même « car » (13.19). Dans les premiers segments il est question des « peuples » (12b), des «méchants», «tous ces païens» (18) et dans les seconds membres des « malheureux » et de leurs « sangs » (13), du « pauvre » et des « malheureux » (19). Aux deux occurrences d'« oublier» (18b. 19a) correspondent «il se souvient » et « il n'oublie pas » (13a. 13b). Dans les troisièmes morceaux, aux deux impératifs de 14a correspondent les deux de 20a et de 21a. On peut dire que «j'énonce toute ta louange » (15a) a son correspondant oppositif avec « qu'ils connaissent les païens qu'hommes ils sont » (21b). Tout au long se retrouvent les trois personnages de la premières partie : « Yhwh » « Dieu » nommé dans chaque morceau, deux fois dans les morceaux extrêmes (lOa.llb; 20a.20b), une seule fois dans les autres (12a; 14a; 17a; 18b) ; «l'opprimé» (10), les «malheureux» (13b.19b), «le pauvre» (19a), dont on apprend dans le troisième morceau que le psalmiste partage leur « malheur » (14) ; les « ennemis » enfin (14b), « les peuples » (12b), « les païens » (16a.18b.20b.21b), « le(s) méchant(s) » (17b.l8a).
Le psaume 9 - 1 0 + w 10 Et que soit + une forteresse
YHWH
aux temps
+ 11 et se confieront en TOI + car TU n'abandonnes pas :: z 12 Jouez :: racontez
pour YHWH, parmi tes peuples
:: 13 CAR IL cherche :: I L n1oublie pas = fc 14 Mï.mi de MOI, = de MES ennemis : 15 pour que : aux portes - t 1 6 Ont croulé - à ce filet -
17
S'EST FAIT CONNAÎTRE
- dans l'ouvrage
pour L'OPPRIMÉ,
L S CONNAISSANT
TON nom, YHWH.
TES cherchant, l'habitant SES hauts faits,
à Sion,
LES SANGS,
d'eux
il se souvient,
le cri
DES MALHEUREUX.
YHWH,
ME faisant remonter
: VOIS des portes
MON MALHEUR,
de la mort,
de la fille de Sion
toute TA louange, que JE jubile en TON salut.
les païens qu'ils ont tendu
dans la fosse s'est pris
qu'ils ont faite, leur pied.
YHWH,
le jugement IL a lié
IL a fait, le méchant.
J'ENONCE
de ses mains
:: y 18 Que retournent les méchants :: tous ces païens oubliant 19
:: k CAR pas à la fin n 'est oublié :: l'espoir DES MALHEUREUX = 20 iMH-ssi: roi, : qu'ils soient jugés,
une forteresse de détresse,
YHWH,
les païens,
i 2 1 JLITI-.,
YHWH,
: qu'IL.- CPNNAPENT,
les païens,
au shéol, DIEU, LE PAUVRE
ne disparait pas
à jamais.
que ne triomphe devant TA face !
l'homme,
l'épouvante qu'hommes
sur eux, eux !
30
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du premier passage (9,2-21) 32
de tout mon cœur,
Je (te) rends grâce, J'ÉNONCE
YHWH,
3
et j'exulte pour ton nom,
en toi, Très-Haut.
MES ENNEMIS
en arrière, devant ta face,
je me réjouis JE JOUE
toutes tes merveilles ;
b 4 Quand retournent ils fléchissent
ET DISPARAISSENT
5 car tu as fait tu as siégé
mon JUGEMENT sur le trône
et m a
en JUGE
juste.
g 6 Tu as maté leur nom
DES PAÏENS,
FAIT DISPARAITRE pour toujours
LE MÉCHANT,
tu as effacé
7
et des villes
est achevé, tu as renversé,
ruines A DISPARU
sans fin, leur souvenir.
h Eux... 8 il affermit
mais YHWH
pour toujours son trône ;
siège,
pour le JUGEMENT
avec justice,
L'ENNEMI
9
SENTENCE,
et à jamais ;
IL JUGERA
LE MONDE
SUR LES NATIONS
avec droiture.
w 10 Ht que soit une forteresse
YHWH
une forteresse de détresse,
pour L'OPPRIMÉ,
aux temps
11 et se confieront car tu n'abandonnes pas
en toi tes cherchant,
les connaissant
ton
YHWH.
Z12 JOUEZ
pour YHWH, PARMI LES PEUPLES
l'habitant ses hauts faits,
à Sion,
13 car il cherche il n'oublie pas
les sangs, le cri
d'eux
il se souvient,
DSSMÂLHSÏÏRIUX.
et lui,
IL
h
14
PRONONCERA
Aie pitié de moi,
nom,
de MES ENNEMIS
me faisant remonter
vois des portes
15
J'ÉNONCE de la fille de S ion
toute ta louange, je jubile
en ton salut.
t 1 6 Ont croulé à ce filet
LES PAÏENS
dans la fosse s'est pris
qu'ils ont faite, leur pied.
17
YHWH,
LE JUGEMENT il a lié
LE MÉCHANT.
pour que qu'aux portes
S'est fait connaître dans l'ouvrage y
18
Que retournent
YHWH,
qu'ils ont tendu de ses mains
MON MALHEUR,
de la mort,
il a fait,
TO US CES PA ÏENS
oubliant
au shéol, Dieu,
k 1 9 car pas jusqu'à la fia l'espoir
est oublié
LE PAUVRE,
DES MALHEUREUX
NE DISPARAIT PAS
à jamais.
20 Dresse-toi, QU'ILS SOIENT JUGÉS,
YHWH, LES PA ÏENS,
que ne triomphe devant ta face !
l'homme,
21 Jette, qu'ils connaissent,
YHWH, LES PAÏENS,
l'épouvante qu'hommes
sur eux, ils sont !
LES MÉCHANTS
Le psaume 9-10
31
Les deux parties du passage sont construites en parallèle. Dans la première sous-partie le psalmiste rend grâces au Seigneur (2-3), dans la sous-partie symétrique (10-15) il invite d'autres à le rejoindre dans la louange, à «jouer » pour Dieu comme lui (3b. 12a), à « raconter » « ses hauts-faits » (12b) comme il avait « énoncé » lui-même « toutes ses merveilles » (2b). « J'énonce » revient en 2b et 15a, « j e jubile » (15b) est un synonyme de « j e me réjouis » et de «j'exulte » (3a). C'est seulement dans ces deux sous-parties que reviennent les verbes « énoncer » (2b. 15a) et «jouer » (3b. 12a) ainsi que leurs synonymes. On peut aussi noter que « ton nom » est repris en 3b et 1 la. Les deuxièmes sous-parties (4-9 ; 16-21) donnent les raisons de l'action de grâces : « les ennemis » du psalmiste ont été mis hors d'état de nuire par le «jugement » (5a.8b ; 17a) de celui qui les a jugés et les «jugera » (9a ; 20b). C'est seulement dans ces deux sous-parties que sont repris les termes de même racine «juger», «juge», «jugement» (5a.5b.8b.9a ; 17a.20b) ainsi que les termes qui appartiennent au même champ sémantique, « sentence » (5a) et « prononcer » (9b) ; il en va de même pour le verbe « disparaître » et « faire disparaître » (4b.6a.7b ; 19b). Contrairement à la première, la deuxième partie se caractérise par plusieurs vœux et prières : en effet, sans compter les impératifs adressés aux autres hommes (12a. 12b), la première sous-partie commence par un jussif (10) et s'achève par une demande adressée à Dieu (14-15) ; quant à la seconde souspartie, son deuxième morceau commence par un souhait (18) et le dernier par des prières qui alternent avec des jussifs (20-21 ; on remarquera la densité de ces vœux dans les deux derniers segments du passage). C'est seulement dans la deuxième partie que reviennent « les malheureux » que Dieu « n'oublie pas » (13b. 19a), ainsi que les synonymes « opprimé » (10a) et « pauvre » (19a). INTERPRÉTATION
Un roi qui rend grâces... Quand le psaume commence, on ne sait pas qui parle à la première personne du singulier, et quiconque l'entonne peut reprendre à son compte les paroles du psalmiste. Les « ennemis » dont ce dernier parle (4) pourraient être seulement les siens propres, mais on apprend d'abord que ce sont des « païens » (6), puis que ses « villes » ont été renversées et réduites en ruines (7). C'est ainsi que l'orant sait qu'il est en train de prononcer les mots que le roi adresse au Seigneur qui lui a donné la victoire sur ses ennemis de l'extérieur. ... au roi du monde Or ce roi n'est pas le seul ! Celui à qui il s'adresse, « Yhwh » (2a), est le Dieu d'Israël, et c'est lui que le roi qui prie reconnaît comme son roi : en effet, il a « siégé sur le trône en juge juste » (5b) pour prononcer « jugement » et « sentence » (5a) en faveur de celui qui avait fait appel à lui contre ses ennemis.
32
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Mais le roi d'Israël ne s'arrête pas au passé : il confesse que le « trône » et la royauté divine sont « pour toujours » (8) et qu'elle s'étend non seulement à tout le temps mais aussi à tout l'espace, « sur les nations », sur « le monde » entier (9). Du « je » au « vous » Dans la deuxième partie, le roi élargit le discours à « l'opprimé » en général (10), à tous ceux qui connaissent le nom de « Yhwh » et le cherchent (11) ; et il les invite à le rejoindre dans sa louange (12a) et dans le témoignage qu'ils rendront ensemble devant « les peuples » (12b). Si le psalmiste revient à la première personne (14-15), on peut alors comprendre que ce n'est plus lui seul qui s'exprime, mais tout son peuple avec lui qui parle en quelque sorte comme un seul homme, comme le peuple réuni « aux portes de la fille de Sion » i l . De l'action de grâces à la supplication Tous alors redisent comment le Seigneur les a sauvés, comment leurs ennemis ont dû subir ce qu'ils voulaient infliger au peuple de Dieu (16-17). Mais il semble bien que la victoire célébrée pourrait bien n'être pas définitive et c'est pourquoi se fait entendre le souhait que les méchants « retournent au shéol » (18) et que tout le passage s'achève sur une ardente supplication adressée au Dieu d'Israël contre les païens qui devront reconnaître qu'ils ne sont que des « hommes », incapables de résister au jugement du Tout-Puissant (20-21).
11
Robert Gordis (« Psalm 9-10: a Textual and Exegetical Study », 106-107) parle de « personnalité fluide » pour expliquer le passage de l'individu au groupe.
Le psaume 9-10
33
II. LE DEUXIÈME PASSAGE (10,1-2) COMPOSITION
- 11 Pourquoi,
YHWH,
— te caches-tu
aux temps
:: 2 Par l'orgueil :: ils seront pris
à ces ruses
d u MÉCHANT
te tiens-tu de détresse ?
au loin,
est consumé le malheureux ; qu'ils ont pensées.
Dans le premier segment, « te tiens-tu au loin » et « te caches-tu » qui sont pour ainsi dire synonymes se trouvent en termes médians. Dans le premier membre du deuxième segment, « méchant » est au singulier, mais il doit être considéré comme un collectif, puisque c'est à lui que le sujet pluriel des deux verbes du second membre renvoie. En même position, « Yhwh » et « le méchant » s'opposent. Il est possible de considérer que « détresse » et « malheureux »jouent le rôle de termes médians. INTERPRÉTATION
Le second segment semble être la réponse à la question que le psalmiste pose au Seigneur dans le premier segment. Il est vrai que les méchants consument les malheureux par leur orgueil, mais ce ne sont pas eux qui auront le dernier mot : ils tomberont dans le piège qu'ils leur auront tendu. Le Seigneur qui semblait s'être caché au loin interviendra en fin de compte et sauvera le malheureux des griffes du méchant. Cette courte partie ne prendra tout son sens que dans l'ensemble du psaume dont elle constitue le centre, la clé de lecture.
III. LE TROISIÈME PASSAGE (10,3-18) COMPOSITION
Le troisième et dernier passage du psaume comprend deux parties. La première partie (10,3-11) Cette partie comprend deux sous-parties.
34
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La première sous-partie (3-7) : 3 Oui, se loue - et
gagnant
: 4 Le méchant, - « IL N'Y A PAS
-
-
6
5
le méchant IL BÉNIT
du désir
de SON AME,
IL MÉPRISE
YHWH.
selon l'arrogance
de SONNEZ
ne cherche pas :
DE DIEU ! »
(voilà) toutes ses pensées.
Réussissent ses chemins . (trop) en-haut tes jugements . tous ses adversaires, IL C R A C H E
II dit
EN TOUT TEMPS
pour lui sur eux.
- celui qui (n'est)
en SON CŒUR : D'ÂGE EN ÂGE ! » pas clans le malheur.
: 7 D e MALÉDICTION
SA BOUCHE
est pleine
: et de fraudes
et de violence, méfait
et iniquité.
- « JE NE CHANCELLERAI PAS
: SOUS SA LANGUE
Les deux segments du premier morceau sont parallèles : les premiers membres répètent « le méchant » et « son nez » rappelle « son âme » (d'autant plus que nepes signifie aussi « gorge »). Le mépris de Dieu qui s'exprime dans une bénédiction blasphématoire pour son succès (3b) est dû à sa négation de l'existence même de Dieu (4b). Le dernier morceau correspond au premier. Le premier trimembre (6)12 renvoie aux seconds membres du premier morceau (3b.4b) avec ses deux déclarations (4b.6b) ; « pas dans le malheur » (6c) est l'équivalant » de « gagnant » (3b). Dans le deuxième trimembre « malédiction » (7a) s'oppose à « il bénit » mais est l'équivalent de « il méprise » (3b). « Son cœur » (6a), « sa bouche » (7a) et « sa langue » (7c) correspondent à « son âme » et « son nez » (3a.4a). Le morceau central ne comprend qu'un seul trimembre de type ABB'. Comme il réussit constamment (5a), le méchant méprise et Dieu (« tes jugements » : 5b, comme en 3b.4b) et ses adversaires (5c). « En tout temps » (5a) sera repris par « d'âge en âge » (6b).
12 La ponctuation massorétique met « d'âge en âge » au début du membre suivant. La traduction adoptée ici permet de ne pas corriger le texte et de garder le relatif aser traduit par « celui qui ».
Le psaume 9-10
35
La deuxième sous-partie (10,8-11) - 8 II se tient - sous les couverts - ses yeux
À L'AFFUT il tue le misérable
dans les villages, l'innocent, épient.
- 9 II EST-À-L'AFFUT, - IL EST-À-L'ÀFFUT - il se saisit
SO U.S C vti- v*v-i.' w,
pour se saisir du malheureux
comme un lion du malheureux, le traînant
: 10 II s'accroupit, : et tombe
se tapit, en ses pouvoirs
le misérable.
+ 11 II dit
en son cœur :
: : « Il oublie, :: il se couvre : : pour ne pas voir
dans son fourré, dans son filet.
Dieu, la face jusqu'à la fin. »
Dans le premier morceau est décrite l'agression du méchant contre « l'innocent » (8b), « misérable13 » (8c. 10b), « malheureux » (9b.9c). Dans le premier segment (8) « les villages » semblent être les aglomérations sans remparts, ce qui rend plus faciles les agressions venues du dehors, qu'elles soient le fait des bandits ou des bêtes féroces. Dans le deuxième segment le méchant est comparé au « lion dans son fourré » (9)14 et le troisième segment file la comparaison (10). « Sous les couverts » du premier segment (8b) est repris par « sous couvert » dans le deuxième (9a) ; de même, le substantif « à l'affût » du premier segment (8a) trouve un double écho avec le verbe « être à l'affût » dans le deuxième segment (9a. 9b). Le second morceau rapporte le raisonnement du méchant qui méprise Dieu. Ainsi les deux morceaux sont complémentaires : dans le premier le méchant s'attaque aux hommes, dans le second il se moque de Dieu.
13 Cet adjectif se trouve trois fois dans ce psaume (Ps 10,8.10.14), et pas ailleurs dans la Bible hébraïque. Voir Kraus, I, 191 ; O. KOMLOS, « The meaning of helekhah-helka'im ». 14 L'image du « filet » ne se rapporte évidemment pas au « lion ». Elle renvoie au chasseur qui est ainsi mis sur le même plan que le fauve. Non seulement le méchant est une bête féroce, mais en tant que chasseur il traite ses semblables comme des proies animales ; sur ce type de piège, voir Vesco, I, 151.
36
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L'ensemble de la première partie (3-11) 3
de SON ÂME, Yhwh.
Oui, se loue et gagnant
LE
il bénit
du désir il méprise
•4 LE
selon l'arrogance de DIEU !»
de SON NEZ ne cherche pas (voilà) toutes ses pensées.
ses chemins tes jugements il crache
pour lui sur eux.
MÉCHANT,
:: <( 11 n'y apas 3
Réussissent (trop) en-haut tous ses adversaires,
MÉCHANT
EN TOUT TEMPS
• 6 II dit e n SON CŒUR : :: «Je ne chancelleraipas celui qui (n'est) pas dans le malheiir. 7
De malédiction et de fraudes SOUS SA LANGUE
SA BOUCHE et de violence, méfait
est pleine et iniquité.
8
II se tient sous les couverts SES YEUX
à l'affût il tue le misérable
dans les villages, l'innocent, épient.
9
II est à l'affût, il est à l'affût il se saisit
sous couvert, pour se saisir du malheureux
comme un lion du malheureux,
dans son fourré
10
se tapit, en ses pouvoirs
le traînant
dans son filet.
II s'accroupit, et tombe
le misérable. n
• l l dit :: «Iloublie, :: il se cornue :: pour ne pas voir
EN SON CŒUR :
DIEU; h face JUSQU'À LA FIN, »
« Le méchant » est nommé deux fois au début de la première sous-partie (3a.4a) et pas du tout dans la deuxième sous-partie. Inversement, il est question cinq fois de « l'innocent », du « misérable » et du « malheureux » dans la deuxième sous-partie (8bc.9bc.10b) ; à cette liste correspond dans la première sous-partie le seul terme « tous ses adversaires » (5c). Dans la première souspartie sont rapportées deux courtes pensées du méchant (4b. 6b) et la deuxième sous-partie s'achève par une troisième pensée plus développée (llbcd) ; celle-ci est introduite par la même phrase narrative ( l i a ) que celle qui introduit la
Le psaume 9-10
37
deuxième pensée de la première sous-partie (6a). Ces deux pensées s'achèvent avec une expression semblable : « d'âge en âge » et «jusqu'à la fin » (ôb.lld), annoncée par « en tout temps » (5a). On notera les termes appartenant au champ sémantique du corps : « son âme » (ou « gorge » : 3a), « son nez » (4a), « sa bouche » (7a), « sa langue » (7c), « ses yeux » (8c), appartenant tous au « méchant ». Ce dernier ne prononce pas le nom propre de « Yhwh », il utilise « Dieu » ( 'ëlôhîm en 4b, 'ël en 1 lb). La deuxième partie (10,12-18) Cette partie comprend elle aussi deux sous-parties. La première sous-partie (12-14) + q
12
DRESSE-TOI,
Yhwh !
+ Dieu,
LÈVE
4- N'OUBLIE PAS
les humbles !
- 13 Pourquoi - dit-il
blasphème-t-il en son cœur :
LE MÉCHANT
+ r 14 TU AS VU, 4- TU REGARDES
oui, toi, pour les donner
la peine EN TA MAIN :
: à toi
s'abandonne
le misérable,
: l'orphelin,
toi,
tu (lui) fus
TA MAIN, Dieu, « TU NE CHERCHERAS PAS »? et les pleurs,
(de) secours.
Dans le premier morceau la prière en faveur des « humbles » (12) est suivie d'une question qui regarde « l e méchant» (13), celui justement qui opprime « les humbles ». « Tu ne chercheras pas » à la fin s'oppose aux trois impératifs initiaux, en particulier à « n'oublie pas ». Le second morceau comprend lui aussi deux bimembres. En position analogue revient le pronom « toi » (14a. 14d). « La peine et les pleurs » (14a) sont ceux du « misérable » et de « l'orphelin » (14cd). Le premier segment du second morceau (14ab) est une réponse à ce que vient de penser le méchant : « t u as vu», « t u regardes» (14ab) s'oppose en effet directement à « Tu ne chercheras pas » (13b) ; ces deux verbes jouent donc le rôle de termes médians, mais ils jouent aussi le rôle de termes initiaux avec les trois impératifs du début de la sous-partie (12abc). « Le misérable » et « l'orphelin » (14cd) renvoient à « les humbles » (12c) ; « ta main » est repris en position symétrique, à la fin des seconds membres (12b. 14b).
38
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La deuxième sous-partie (15-18) + s 15 Brise = tu chercheras
le bras
d u MÉCHANT,
SA
elle ne se trouvera plus.
+ 16 Yhwh = ont disparu
est roi
pour toujours
LES PAÏENS
de sa terre.
des humbles, leur cœur,
tif 1 ^r.^it && t ptî d ^
l'orphelin peur
& UN HOMME
+t
17
- tu
Le désir affermis
18 + pour juger - il n'aura plus
MÉCHANCETÉ,
du MAUVAIS,
et à jamais,
Yhwh, ton oreille,
e£ l'opprimé (né)
de la terre !
Les deux segments du premier morceau sont parallèles : les premiers membres présentent le Seigneur comme le roi qui juge, les seconds membres le résultat radical de son jugement sur « le méchant » (15a), identifié en finale avec « les païens » (16). Le second morceau parait construit de la même façon : la finale de 18a serait régie par 17a (le Seigneur écoute le désir des humbles pour juger en leur faveur) ; quant aux seconds membres, leurs débuts se correspondent, comme le fait (« tu affermis leur cœur ») et sa conséquence (« il n'aura plus peur »). Dans le premier morceau le Seigneur juge le « méchant », le « mauvais » (15a), c'est-à-dire «les païens» (16b), tandis que dans le second morceau il s'attache aux « humbles » (17a) à « l'orphelin et l'opprimé ». En finale cependant le méchant est appelé « un homme de la terre » (18b) qui ne doit donc pas être craint. Dans les premiers membres de chaque morceau « brise le bras » (« du méchant » : 15a) s'oppose à « tu affermis leur cœur » (celui des « humbles » : 17b). Les deux occurrences de « terre » remplissent la fonction de termes finaux (16b. 18b).
Le psaume 9-10
39
L'ensemble de la partie (12-18) 12
+ q
DRESSE-TOI,
Yhwh !
+ Dieu,
LÈVE
+ N'OUBLIE PAS
LES HUMBLES !
- 13 Pourquoi - dit-il
blasphème-t-il en son cœur :
LE MÉCHANT
Tu as vu, + tu regardes
oui, toi, pour les donner
la peine
: à toi
s'abandonne toi,
le misérable, tu (lui) fus
secours.
le bras
dll MÉCHANT,
du MAUVAIS,
SA
elle ne se trouvera plus.
+ r
14
: L'ORPHELIN, + s
15
BRISE
TA MAIN,
MÉCHANCETÉ,
LES PAÏENS
pour toujours de sa terre.
+ t 1 7 Le désir - tu affermis
DES HUMBLES, leur cœur,
tu tends
18
+ pour juger - il n'aura plus
L'ORPHELIN peur
? »
et les pleurs,
M TA MAIN :
+ 16 Yhwh = ont disparu
est roi
Dieu,
« ïïï NE CHERCHE! \
et à jamais,
Yhwh, ton oreille,
et l'opprimé : d ' U N HOMME
(né)
de la terre !
Les deux sous-parties commencent avec des impératifs (12abc.l5a) : « lève ta main » (12b) correspond directement à « brise le bras » (15a). « Tu chercheras » (15b) s'oppose à « Tu ne chercheras pas » (13b). « Orphelin » est repris en finale de chaque sous-partie, avec « le misérable » en 14cd et avec « l'opprimé » en 18a. «Les humbles» se retrouvent dans les segments extrêmes (12c. 17a). Le « méchant » du début (13a) n'est à la fin qu'« un homme » (18b). « Tu as vu » et « tu regardes » au début du deuxième morceau de la première sous-partie (14ab) ont leur correspondant avec « tu écoutes » et « tu tends ton oreille » au début du deuxième morceau de la seconde sous-partie (17).
40
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du troisième passage (10,3-18) 3
Oui, se loue et gagnant 4
LE
MÉCHANT,
« Il n'y a pas 5
Réussissent (trop) en-haut tous ses adversaires, • 6 II dit
« Je ne chancellerai pas celui qui (n'est) 7 De malédiction et de fraudes sous sa langue 8
II se tient sous les couverts ses yeux 9 II est à l'affût, il est à l'affût il se saisit 10 II s'accroupit, et tombe •
11
II dit
<< .//. OUBLIE, il se couvre pour NE PAS VOIR q 12 Dresse-toi, DIEU, N'OUBLIE PAS 13 Pourquoi • dit-il 14
TU AS VU, tu regardes à toi l'orphelin, r
15
s Brise TU CHERCHEEAS 16 Yhwh ont disparu t 1 7 LE DÉSIR tu affermis 18 pour juger il n'aura plus
LE MÉCHANT
il bénit selon l'arrogance de Dieu 1 » ses chemins tes jugements il crache
de son âme, DU DÉSIR. Yhwh. il méprise CIL: FAS : de son nez (voilà) toutes ses pensées, EH TOUT TEMPS
pour lui sur eux.
en son cœur : D'&se EN ME ! » pas dans le malheur. sa bouche est pleine et de violence, méfait et iniquité. à l'affût il tue le misérable sous couvert, pour se saisir du malheureux se tapit, en ses pouvoirs
dans les villages, l'innocent, épient. comme un lion du malheureux, le traînant
dans son fourré, dans son filet.
le misérable.
en son cœur : DIEU, lafit,e JUSQU'À LA RN. »
Yhwh ! lève les humbles ! blasphème-t-il en son cœur :
ta main, Dieu,
LE MÉCHANT « 1;
? »
oui, toi, pour les donner s'abandonne toi,
la peine en fa main : le misérable, tu (lui) fus
et les pleurs,
le bras
du
du
SA
elle ne se trouvera plus.
MÉCHANCETÉ,
MÉCHANT,
est roi
POUR TOUJOURS
LES PAÏENS
de sa terre.
des humbles, leur cœur, l'orphelin peur
tu écoutes, tu tends et l'opprimé : d 9 UN .HOMME
secours. MAUVAIS,
À JAMAIS,
Yhwh, ton oreille, (né) de la terre !
Le psaume 9-10
41
Alors que toute la deuxième partie est une prière adressée à « Yhwh » (12a), la première partie est une longue description des méfaits du « méchant » (3a) ; une seule fois le psalmiste s'adresse à Dieu (5b). Les trois déclarations du méchant, dont deux concernent « Dieu » (4b.6b. llbcd) s'opposent à la prière du psalmiste ; toutefois ce dernier cite dans la deuxième partie une quatrième déclaration du méchant (13b). En termes extrêmes, « le désir » du « méchant » (3a) s'oppose au « désir des humbles » (17a). En termes médians opposés, «il oublie, Dieu» et «ne pas voir» (llbcd) correspondent à « Dieu », « n'oublie pas » (12bc) et « tu as vu » (14a). Alors que le méchant — qui réussit « en tout temps » (5a) — déclare pouvoir tenir « d'âge en âge » (6b) et que Dieu ne verra rien de ses crimes «jusqu'à la fin» (lld), le psalmiste atteste que le Seigneur règne «pour toujours et à jamais » (16a). Alors que le méchant « ne cherche pas » (4a) et dit à Dieu « Tu ne chercheras pas» (13b), le psalmiste est sûr que le Seigneur détruira sa «méchanceté» qu'on pourra bien « chercher », mais qu'on ne trouvera plus (15b). Dans la première partie les nombreuses parties du corps sont toutes du méchant (3a.4a.6a.7a.8c.lla), sauf la dernière, « la face » de Dieu (11c) ; dans la deuxième partie il s'agit de la « main » de Dieu (12b. 14b) et de son « oreille » (17b), mais aussi du « cœur » du méchant (13b) et de son « bras » (15a), enfin du « cœur » des « humbles » (17b). L'alphabétisme qui avait totalement disparu dans la première partie, reprend à partir du début de la deuxième partie. CONTEXTE BIBLIQUE
Le juge injuste et la veuve La première partie du passage décrit le méchant dans son double mépris, de Dieu et des hommes. Luc rapporte la parabole du juge injuste « qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes» (Le 18,2) et de la veuve qui lui demande de lui faire justice contre celui qui est injuste avec elle. Elle finira, à force de l'importuner, par obtenir ce qu'elle veut. Et le Seigneur de conclure : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, alors qu'il tarde envers eux ? Je vous dis qu'il leur fera justice soudainement » (Le 18,7-8). INTERPRÉTATION
La fascination devant le méchant Dans toute la première partie, le psalmiste est obnubilé par le méchant, il est en quelque sorte fasciné par lui comme la proie par son prédateur, à tel point que son expression est tellement embarrassée qu'elle en devient presque incompréhensible. Il en vient à oublier son alphabet. On dirait même qu'il en a oublié
42
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
jusqu'à son Dieu : il ne s'adresse à lui qu'une seule fois, comme en passant (5b). C'est que le méchant est un « gagnant » (3b) qui réussit toujours (5a) et qui peut donc cracher impunément sur tous ses adversaires (5c). Personne ne pourrait échapper à ce fauve (9) et « le misérable » ne peut que tomber en son pouvoir (10). « Il n'y a pas de Dieu » À voir comment le méchant se comporte envers ses semblables, le psalmiste comprend quelles sont « ses pensées » (4b), celles qu'« il dit dans son cœur » (6.11). Dieu n'existe pas ; pourquoi le chercher ? (4). De toute façon, même s'il existait, il ne se soucie de personne en ce monde-ci, ni des malheureux ni des méchants qui les oppriment : « 11 oublie », « il se couvre la face pour ne pas voir jusqu'à la fin » (11). Et voilà pourquoi le méchant est sûr de ne rien craindre et de rester toujours inébranlable. En ce sens, il se met à la place de Dieu, le seul qui soit « roi pour toujours et à jamais » (16a). Il est en réalité idolâtre de luimême. Quant au misérable, à la victime du méchant, comme la veuve de la parabole, il a de quoi être désespéré en constatant que le Seigneur, son Seigneur n'intervient pas et l'abandonne aux griffes de son ennemi. Lui aussi pourrait être tenté de croire à la fin que Dieu n'existe pas ou qu'il se voile la face. Le sursaut du croyant Ce seront les derniers mots du méchant (11) qui auront fait réagir le psalmiste, comme s'il ne pouvait pas plus longtemps entendre l'arrogance de celui qui ose ainsi se moquer de Dieu et des malheureux. Il reprend les paroles mêmes du blasphémateur pour s'adresser à Dieu et lui demander d'intervenir : « Dieu », « n'oublie pas les humbles » (12), « tu as vu la peine et les pleurs » (14). Il lui rappelle même ce que le méchant « dit dans son cœur : « Tu ne chercheras pas ! » (13). Le Seigneur devra répondre à ce blasphème en brisant de sa « main » « le bras du méchant » de sorte qu'on pourra bien « chercher sa méchanceté », on ne la trouvera plus. La foi du psalmiste le fait pour ainsi dire « se dresser » lui-même, et il en retrouve soudain, avec l'alphabet, un langage clair et assuré ; son « cœur » est « affermi » (17), il ne saurait plus avoir peur de celui qui n'est, comme lui, qu'un homme tiré de la terre (18). IV. L'ENSEMBLE DU PSAUME COMPOSITION
Deux longs passages encadrent le court passage central. « Méchant(s) » (9, 6.17.18; 10,3.4.13.15) et «malheureux» (9,13.19; 10,9 bis) sont repris au centre (10,2). « Détresse » de 10,1 rappelle 9,10 et « qu'ils ont pensées » de 10,2 annonce « ses pensées » (10,4). « Pourquoi » sera repris par « A cause de quoi » (10,13), « l'orgueil » (10,2) et « l'arrogance » (10,4) sont de même racine.
Le psaume 9-10 1
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Du maître de chant. Sur « Mort pour le fils ». Psaume. De David. 32
Je rends grâce, YHWH, de tout mon cœur, je me réjouis et j'exulte en toi, B 4 Quand retournent mes ennemis en arrière, 5 car tu as fait mon jugement et ma sentence, G 6 Tu as maté des païens, fait disparaître le LÉCHANT, 7 l'ennemi est achevé, ruines sans fin, H Eux...8 mais YHWH pour toujours siège, 9 et lui, il jugera le monde avec justice,
j'énonce toutes tes merveilles ; je joue pour ton nom, Très-Haut, ils fléchissent et disparaissent devant ta face, tu as siégé sur le trône en juge juste, leur nom tu as effacé pour toujours et à jamais ; et des villes tu as renversé, a disparu leur souvenir, il affermit pour le jugement son trône ; prononcera sur les nations avec droiture.
W 1 0 Et que soit YHWH une forteresse pour l'opprimé, 11 Et se confient en toi les connaissant ton nom, Z 12 Jouez pour YHWH, l'habitant à Sion, 13 car il cherche les sangs, d'eux il se souvient, H 14 Aie pitié de moi, YHWH, vois mon malheur, 15 pour que j'énonce toute ta louange 1 1 6 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite, 17 S'est fait connaître YHWH, le jugement il a fait, Y 1 8 Que retournent les PÉCHANTS au shéol, K 1 9 car pas à la fin n'est pas oublié le pauvre, 20 Dresse-toi, YHWH, que ne triomphe l'homme, 21 Jette, YHWH, l'épouvante sur eux,
une forteresse aux temps de DÉmEm\ car tu n'abandonnes pas tes cherchant, YHWH. racontez parmi les peuples ses hauts faits ! il n'oublie pas le cri des MALHEUREUX. de mes ennemis me faisant remonter des portes de la mort, aux portes de la fille de Sion, joyeux en ton salut. au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied. dans l'ouvrage de ses mains il a lié le LÉCHANT. tous ces païens oubliant Dieu, l'espoir des MALHEUREUX ne disparait pas à jamais. qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face ! qu'ils connaissent, les païens, qu'hommes ils sont !
3
L 10,1 POURQUOI, YHWH, te tiens-tu au loin, Par ûmm, du LÉCHANT est consumé le MALHEUREUX ;
2
te caches-tu aux temps de DÉTMSSE! ils seront pris à ces ruses qu'ils OHT PENSÉES.
3
Oui, se loue LE LÉCHANT du désir de son âme, et gagnant il bénit il méprise YHWH. LE MÉCHANT, selon ùamm de son nez ne cherche pas : « Il n'y a pas de Dieu ! » voilà toutes SES PESÉES. 5 Réussissent ses chemins en tout temps trop haut tes jugements pour lui tous ses adversaires, il crache sur eux. 6 II dit en son cœur : « Je ne chancellerai pas d'âge en âge ! » celui qui (n'est) pas dans le mal. 7 De malédiction sa bouche est pleine et de fraudes et de violence, sous sa langue méfait et iniquité. 8 II se tient à l'affût dans les villages, sous les couverts il tue l'innocent, ses yeux le misérable épient. 9 II est à l'affût sous couvert comme lion dans son fourré, il est à l'affût pour se saisir du MALHEUREUX, il se saisit du MALHEUREUX le traînant dans son filet. 4
1011 11
s'accroupit, se tapit, II dit en son cœur : « Il oublie, Dieu,
et tombe en ses pouvoirs le misérable. il se couvre la face pour ne pas voir jusqu'à la fin. »
Q 1 2 Dresse-toi, YHWH ! Dieu, lève ta main, 13 À CAUSE DE QUOI blasphème-t-il le LÉCHANT Dieu, R 1 4 Tu as vu, oui, toi, la peine et les pleurs, à toi s'abandonne le misérable, S 1 5 Brise le bras du LÉCHANT, du mauvais, 16 YHWH est roi pour toujours et à jamais, T 1 7 Le désir des humbles, tu écoutes, YHWH, 18 pour juger l'orphelin et l'opprimé :
n'oublie pas les humbles ! dit-il en son cœur : « Tu ne chercheras pas ? » tu regardes pour les donner en ta main : l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours. tu chercheras sa MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus. ont disparu les païens de sa terre. tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille, il n'aura plus peur d'un homme (né) de la terre !
Comme il arrive souvent, le psaume est focalisé sur une question (10,1), suivie de sa réponse (2)15.
15
Sur la question au centre, voir Traité, 417-435.
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les passages extrêmes 3
9,2 Je rends grâce, Yhwh, de tout mon cœur, me réjouis et j'exulte en toi,
j'énonce toutes tes merveilles ; je joue pour ton nom, Très-Haut.
3 je
B 4 Quand retournent mes ennemis en arrière, ils fléchissent et dmmssm devant ta face, car tu as fait mon jugement et ma sentence, tu as siégé sur le trône en juge juste, G 6 Tu as maté des païens, EUT DISPARAITRE le LÉCHANT, leur nom tu as effacé mah ; 7 l'ennemi est achevé, ruines sans fin, et des villes tu as renversé, À BISPMV leur souvenir, H Eux...8 mais Yhwh pour toujours siège, il affermit pour le jugement son trône ; 9 et lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture. 5
W 1 0 Et que soit Yhwh une forteresse pour L'OPPRIMÉ, 11 Et se confient en toi les connaissant ton nom, Z 12 Jouez pour Yhwh, l'habitant à Sion, 13 car il, mmmi les sangs, d'eux il se souvient, H 14 Aie pitié de moi, Yhwh, vois mon MALHEUR, 15 pour que j'énonce toute ?c louange T
16 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite, S'est fait connaître Yhwh, le jugement il a fait, Y 1 8 Que retournent les PÉCHANTS au shéol, 17
K 1 9 car pas à la fin ?
- - S OUBLIÉ le pauvre,
DRESSE-TOI, YHWH, que ne triomphe L 21 Jette, Yhwh, l'épouvante sur eux,
20
HOMME,
une forteresse aux temps de détresse ! car tu n'abandonnes pas TIMIlCftM, Yhwh. racontez parmi les peuples ses hauts faits ! IL N'OUBLIE P A S le cri des MALHEUREUX.
de mes ennemis me faisant remonter des portes de la mort, aux portes de la fille de Sion, joyeux en ton salut. au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied. dans l'ouvrage de mmm il a lié le MÉCHANT. tous ces païens OUBLIANT Dieu, l'espoir des MALHEUREUX MMSimïï PÁS à jamais. qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face ! qu'ils connaissent, les païens, qu'HOMMES ils sont !
[10,1-2] 10,3 Oui, se bue LE MÉCHANT du désir de son âme, et gagnant il bénit il méprise Yhwh. LE LÉCHANT, selon l'arrogance de son nez NE ( J i M PAS : « Il n'y a pas de Dieu ! » voilà toutes ses pensées. 5 Réussissent ses chemins en tout temps trop haut tes jugements pour lui tous ses adversaires, il crache sur eux. 6 II dit en son cœur : « Je ne chancellerai pas d'âge en âge ! » celui qui (n'est) pas dans le mal. 7 De malédiction sa bouche est pleine et de fraudes et de violence, sous sa langue méfait et iniquité. 4
II se tient à l'affût dans les villages, ses yeux le misérable épient. 9 II est à l'affût sous couvert comme lion dans son fourré, il se saisit du MALHEUREUX le traînant dans son filet 10 II s'accroupit, se tapit, 11 II dit en son cœur : « IL OUBLIE, Dieu, pour jusqu'à la fin. » 8
Q12 DRESSE-TOI. YHWH!
sous les couverts il tue l'innocent, il est à l'affût pour se saisir du MALHEUREUX, et tombe en ses pouvoirs le misérable. il se couvre la face Dieu, lève B M ,
N'OUBLIE P A S les humbles ! 13 À
cause de quoi blasphème-t-il le LÉCHANT Dieu, R14 , oui, toi, la peine et les pleurs, à toi s'abandonne le misérable,
dit-il en son cœur : « TU M OTTHILAS PAS ? » tu regardes pour les donner en TA M : l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours.
S 1 5 Brise le bras du LÉCHANT, du mauvais, 16 Yhwh est roi pour toujours et à jamais, T 1 7 Le désir des humbles, tu écoutes, Yhwh, 18 pour juger l'orphelin et L'OPPRIMÉ :
Ti OiMISAS sa MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus. ftVTMPAM les païens de sa terre. tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille, il n'aura plus peur d'un HOMME (né) de la terre !
Le psaume 9-10
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Outre les rapports déjà notés entre le passage central et ceux qui l'encadrent, ces derniers ont un grand nombre de termes communs, ce qui est un signe fort de l'unité du psaume. Abondent dans les deux passages les termes opposés « méchant(s) » « malheureux », avec leurs synonymes: d'une part, « ennemi(s) » (10,4.7.14), «les païens» (9,6.16.18.20.21 ; 10,16), «les nations» (9,9), «les peuples» (9,12), « le monde » (9,9), « le mauvais » (10,15) et d'autre part « l'opprimé » (9,10 ; 10,18), « le pauvre » (9,19), « l'innocent » (10,8), « le misérable » (10,8.10.14), « les humbles » (10,12.17), « l'orphelin » (10,14.18)16. On notera aussi les reprises suivantes : - « disparaître » (9,4.6.7.19 ; 10,16) ; - « pour toujours et à jamais » (9,6 ; 10,16) ; -«chercher »(9,11.13 ; 10,4.13.15); - « oublier » (9, 13.18.19; 10,11.12); - « v o i r » (9,14; 10,11.14); - « louange » (9,15) et « se loue » (10,3) ; - « f i l e t »(9,16; 10,9). Plus important encore, la reprise de « Dresse-toi, Yhwh » dans les secondes parties des deux passages (9,20; 10,12) et de «homme» en termes finaux (9,20.21 ; 10,18). On peut ajouter, bien qu'il n'y ait pas de reprise lexicale, que les débuts des deux passages s'opposent : c'est d'abord le psalmiste qui rend grâces au Seigneur, « se réjouit et exulte » en lui (9,2-3), c'est ensuite le méchant qui « se loue » lui-même « du désir de son âme » (10,3). Enfin, la partie où se perd l'alphabétisme (10,3-11) et où le texte est tourmenté, est aussi celle où le rythme est bousculé : alors que les autres parties sont formées de segments bimembres17, dans cette partie se succèdent : 2 bimembres, 5 trimembres, 1 bimembre, 1 unimembre, un trimembre (voir p. 36). CONTEXTE BIBLIQUE
Caïn et Abel Dans le premier passage un verset peut rappeler l'histoire des deux premiers frères : « car il s'enquiert des sangs, d'eux il se souvient, il n'oublie pas le cri des malheureux » (Ps 9,13). Les premiers « sangs » répandus qui « crièrent » vers le Seigneur furent ceux d'Abel que Caïn « tua » : « et il arriva que tandis qu'ils étaient dans la campagne, Caïn se leva contre Abel son frère et le tua » (Gn 4,8) ; « Et [Yhwh] dit : « Qu'as-tu fait ? La voix des sangs de ton frère crient [sic] vers moi du sol » (4,10).
16
Sur les termes désignant les opprimés, voir, par exemple, Vesco, I, 151-154. Seule exception, la partie suivante commence par un trimembre (12), comme si le psalmiste n'avait pas encore retrouvé son calme. 17
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Dans le dernier passage, la description du méchant qui « se tient à l'affût » « comme un lion dans son fourré » (Ps 10,9), qui « s'accroupit, se tapit » (10) et qui « sous les couverts tue l'innocent » (8), rappelle aussi l'histoire de Caïn et Abel et en particulier les paroles que Yhwh adresse à Caïn pour le mettre en garde : « Pourquoi es-tu en colère et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu agis bien, ne le relèveras-tu pas ? Mais si tu n'agis pas bien, à ta porte le péché est tapi et vers toi va son élan ; mais toi tu peux le dominer » (Gn 4,6)18. INTERPRÉTATION
Un psaume d'action de grâces puis un psaume de supplication ? A première vue, il pourrait sembler que le psalmiste a mis la charrue avant les bœufs. L'exposé du malheur et la supplication du Ps 10 devrait en effet précéder l'action de grâce et l'exultation causées par le jugement divin et le salut par quoi commence le Ps 9. Certains pensent que c'est la raison pour laquelle le psaume a été coupé en deux dans le texte massorétique : les genres littéraires des deux psaumes doivent être distingués, le Ps 9 étant un psaume d'action de grâce, le Ps 10 un psaume de supplication. Toutefois, il ne manque pas de textes où la gloire précède la douleur. Ainsi dans le quatrième chant du Serviteur (Is 52,13-53,12) où est annoncée d'emblée l'exaltation du Serviteur (Is 52,13) avant la description de ses souffrances et de son humiliation19 (voir aussi Ps 98). L'ordre chronologique n'est pas le seul qu'un poète puisse choisir. Le psaume 9 est aussi un psaume de supplication La première partie du psaume 9-10 n'est pas seulement un psaume d'action de grâces. La deuxième partie en effet commence par un vœu : « Que le Seigneur soit une forteresse pour l'opprimé, une forteresse aux temps de détresse » (9,10). Si le psalmiste se tourne alors vers ses compatriotes, les invitant à « jouer » pour le Seigneur et à « raconter » « parmi les peuples ses hauts faits » (12), il ne tarde pas à supplier son Dieu d'« avoir pitié » de lui (14). Après avoir rappelé le salut, disant comment « les païens ont croulé dans la fosse qu'ils ont faite » (16), il revient encore à la supplication : « Dresse-toi, Seigneur, que ne triomphe l'homme... » (20-21). Il est vrai que l'ennemi a été vaincu et c'est pour cela que le roi rend grâces au Seigneur. Mais il sait aussi que la menace demeure et qu'il lui faut encore, en redisant sa foi, invoquer le secours de son Dieu.
18
Traduction d'André Wénin {Actualité des mythes, 41-53) ; voir ID., DAdam à Abraham ou Les errances de l'humain, 147-153. 19 Voir l'analyse rhétorique de ce texte dans R. MEYNET, « Le quatrième chant du Serviteur. Is 52,13-53,12».
Le psaume 9-10
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« Vraiment, tu es un Dieu qui se cache, Dieu d'Israël sauveur ! » (Is 45,15) La question qui surgit au tournant du psaume ne manque pas de surprendre20. Toutefois ce n'est pas tout à fait un coup de tonnerre dans un ciel serein. La supplication des deux versets précédents laissait entendre que la paix était de nouveau menacée, et peut-être même que les hostilités avaient repris. L'ensemble du psaume en effet peut être lu non pas seulement comme une prière, mais comme un récit, celui d'un roi qui vient de remporter une victoire avec l'aide du Seigneur, mais qui n'a pas encore gagné la guerre et qui invoque le secours divin. Une autre interprétation est cependant possible. Malgré la victoire et la délivrance, le souverain demeure ébranlé et troublé par la grande peur qu'il avait éprouvée devant les attaques de ses ennemis ; et il revit l'angoisse qui l'avait étreint, terrifié d'abord par la menace de mort qui avait pesé sur lui (10,311), criant vers son Dieu en multipliant ses déclarations de confiance en lui (12-18). Question de foi En somme, ce qui est en jeu dans tout le psaume et qui éclate en son centre n'est autre que la question de la foi. C'est vraiment le cas de le dire, puisque tout le psaume tourne autour de l'interrogation adressée au Seigneur : « Pourquoi, Seigneur, te tiens-tu au loin, te caches-tu aux temps de détresse ? » Dans ces paroles de reproche s'expriment en même temps deux sentiments contradictoires : le psalmiste pense que Dieu est absent, mais il lui parle, lui crie peutêtre son « pourquoi » comme s'il était proche, en tout cas à portée de voix. S'il croyait qu'il était si loin qu'il ne pouvait entendre, lui aurait-il adressé la parole ? Paradoxalement sa question angoissée dit sa foi. Et il ne s'arrête pas à sa question, il poursuit en portant plainte contre le méchant qui consume le malheureux par son orgueil. Enfin, ses derniers mots montrent à l'évidence qu'il fait confiance à son Seigneur qui fera en sorte que ses persécuteurs seront pris à leur propre piège. L 'arrogance des méchants Le terme récurrent « méchant » serait peut-être mieux traduit par « impie ». Toutefois « impie » désigne plutôt celui qui ne respecte pas Dieu, alors que le « méchant » est en même temps celui qui méprise aussi bien les hommes que Dieu lui-même. Victime de l'impie, [l'opprimé] est aussi son adversaire, lui opposant le reproche vivant de son innocence. Bien plus qu'un obstacle à supprimer sur le chemin de la richesse et du pouvoir, le pauvre est aux yeux de l'impie l'image du Dieu qu'il veut briser : s'il peut supprimer le pauvre, non seulement il se sera débarrassé d'un témoin 20 C'est cette question qui a été choisie comme titre de la monographie de D. LIFSCHITZ, éd., Perché, Signore, te ne stai lontano?: Salmi 9 e 10.
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gênant ; il se sera donné la preuve de l'incapacité de Dieu à sauver les siens, ou de son indifférence à leur égard21.
Handicapé ou virtuose ? Le psaume est-il rescapé d'un accident qui l'aurait laissé sévèrement handicapé, irrémédiablement bancal et couvert de bien vilaines cicatrices qui le défigurent et qu'aucune chirurgie ne saurait effacer ? Son auteur pourrait être au contraire un poète fort habile, voire même un virtuose. Le portrait qu'il brosse de la panique qui suffoque le psalmiste royal devant la menace mortelle (10,3-11), avec son style d'épouvante qui lui fait perdre le repère de l'alphabétisme, traduit de manière très expressive l'état dans lequel il se trouve. Et ce n'est pas un hasard si, se tournant vers son Dieu, il peut enfin s'apaiser et retrouver le chemin de l'alphabet qui l'amènera jusqu'à son Taw (Jb 31,35), jusqu'à son dernier mot. Je découvre après coup, une autre interprétation très suggestive : Il est à noter que cette longue méditation sur la logique déformée des méchants tombe exactement à l'endroit où six lettres consécutives sont omises. Cette corrélation nous conduit à penser que la structure du psaume reflète son message. L'acrostiche alphabétique représente le bon ordre, la manière dont le monde devrait être quand Dieu est présent. La mention des méchants et leurs déclarations, qui représentent une rupture dans l'ordre divin, surviennent précisément au moment où il y a une rupture dans la séquence acrostiche. Dans cette longue section de dix versets qui plonge dans les pensées intimes des méchants, l'acrostiche se décompose complètement et six lettres disparaissent. L'acrostiche ne revient sur la bonne voie qu'avec l'appel adressé à Dieu pour qu'il agisse et punisse les méchants : « Lève-toi, Seigneur » (10,12)22.
L 'énigme du Dalet absent Le psaume 9-10 n'est pas le seul dont l'alphabétisme est « défectueux », mais il n'en est pas d'autres où Dalet est omis. On a fait noter que le premier segment de la lettre précédente, Guimel, s'achève par un Dalet1?> et qu'aucun autre segment du psaume ne finit par cette lettre24. C'est exact, mais cela semble une bien maigre consolation. Faut-il tenter de trouver une raison à cette absence ? Pourrait-elle être voulue, ou tout au moins significative25 ? D'emblée, un ami m'a fait remarquer que delet signifie « porte », interprétant aussitôt, d'une manière « sauvage », que son absence pourrait signifier qu'il n'y avait pas de porte. Cela conviendrait bien au contexte (Ps 9,4-9), où les ennemis ne sauraient 21
Mannati - Solms, I, 148. R. BENUN, « Evil and the Disruption of Order: A Structural Analysis of the Acrostics in the First Book of Psalms », 6. 23 gâ 'artâ gôyim 'îbbadtâ râsâ ' semâm mâhîtâ Ie 'ôlâm wâ éd. 24 R. BENUN, « Evil and the Disruption of Order », 3. 25 Selon Ronald Benun « l'absence du verset dalet représente symboliquement le sens littéral de la destruction des méchants et l'effacement de leur mémoire » (« Evil and the Disruption of Order », 7).
Le psaume 9-10
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trouver la moindre issue pour échapper au jugement de Dieu. Plus sauvagement encore, ou, mieux, pour adopter un raisonnement de type kabbalistique, on notera que les deux dernières consonnes de Dalet sont le Lamedet le Taw, c'esta-dire les lettres par lesquelles commencent le premier et le dernier verset du Ps 10. S'il est possible d'omettre le Dalet, il ne faudrait surtout pas laisser de côté tout ce qui va de Lamed jusqu'à Taw. Il serait dommageable de s'arrêter en plein milieu du chemin alphabétique ; il faut aller jusqu'au bout, jusqu'au bout de sa peur, jusqu'au moment où l'opprimé « n'aura plus peur d'un homme tiré de la terre » (Ps 10,18).
Le psaume 25 psaume de la nouvelle alliance Dans son commentaire des Psaumes Luis Alonso Schoekel écrivait ceci à propos du psaume 25 : Situé dans son genre littéraire, acrostiche de supplication, le psaume est solennellement conventionnel. Au cours du chemin parcouru jusqu'ici, nous n'étions jamais tombés sur un psaume aussi dépourvu de personnalité. Une fois lu et relu, nous ne nous souvenons de rien : aucun vers ne s'est accroché ou a pris racine dans les sillons de notre mémoire ; comme un morceau musical dont nous ne pouvons ni ne voulons chantonner la moindre phrase. C'est plutôt un exercice scolaire où ce qui compte est de sortir victorieux ou indemnes de la course d'obstacles des vingt-deux lettres de l'alphabet [...] Ainsi, vers après vers, l'artiste sans inspiration (maître expert ou élève) finit par achever son travail, insérant en finale un vers ajouté1.
Il est permis de ne pas partager un tel jugement, même s'il vient — avec la verve qui était la sienne — de la plume d'un exégète de renom. C'est que ce dernier n'appréciait pas particulièrement ce genre de composition : le carcan de l'acrostiche alphabétique ne s'accordait guère avec son tempérament de poète épris de fantaisie et de liberté. On pourra penser au contraire que les contraintes du sonnet n'ont pas empêché Pétrarque de composer de magnifiques poèmes, où son génie poétique s'est librement exprimé. L'alphabétisme du psaume 25 présente quelques irrégularités : en effet, il ne comporte pas de vers qui commence par les lettres bet,2 waw et qoph ; en revanche, deux vers successifs commencent par aleph et deux autres par resh ; enfin, au lieu de s'achever avec un vers commençant par la dernière lettre de l'alphabet, taw, le dernier vers commence par la lettre pé, qui est ainsi utilisée deux fois (16.22) Ces anomalies sont-elles dues aux vicissitudes de la tradition manuscrite qui nous aurait transmis un texte détérioré, ou sont-elles le fruit d'une composition élaborée qui joue de manière savante avec l'alphabet ? Une étude précise de la composition du psaume pourrait apporter quelque lumière sur cette question. Tous les commentateurs proposent un plan du psaume, mais plusieurs le font sans grande conviction. Ainsi A. Rose écrit :
1
Alonso Schoekel - Carniti, I, 478. Certains pensent au contraire que le premier mot du verset 2 ( 'ëlôhay, «mon Dieu») doit être reporté à la fin du verset précédent : ainsi le second segment commencerait avec beth : bekà bâtahtî 'al- 'ëbôsâ (« En toi je me fie, que je ne rougisse pas »). Ainsi, par ex., Ravasi, I, 472, lequel toutefois, contrairement à d'autres auteurs, évite de corriger le texte. Le premier segment serait alors réduit à un unimembre, ce qui serait le seul cas dans tout le psaume. 2
52
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques Complainte d'un particulier, de forme alphabétique, sans plan bien précis, le Ps 25 peut se diviser en trois parties, du fait que la section centrale (vv. 8-15) parle de Yahvé à la troisième personne, tandis que les deux autres (vv. 1-7.16-21) possèdent la forme de la prière directe3.
C'est la division traditionnelle4. De même, Peter C. Craigie ne propose un plan que for îhe purpose of commentary, « bien que la division ne reflète pas nécessairement la structure interne du psaume » ; il organise le psaume en trois parties (1-7 ; 8-14 ; 15-21) mais ne fournit aucune justification de son découpage5. Beaucoup adoptent ce même plan tripartite, mais, contrairement à Rose et à Jacquet, ils arrêtent la deuxième partie au verset 146. On aura remarqué que le dernier verset (22) n'est pas intégré dans ces plans, étant considéré comme un ajout tardif, appliquant à Israël cette prière d'un individu7. J.L. Mays au contraire fait noter que la dimension collective du verset 22 était déjà présente auparavant8. D'autres plans sont plus détaillés9 et la plupart notent que les derniers versets (18-21) correspondent aux premiers (1-2)10. D'aucuns discernent une composition concentrique. A ma connaissance, le premier fut Thomas Boys, en 182511. Voici le schéma qu'il en donne : A 1-7 B 8-10 Cil B' 12-14 A'15-22
Supplicatoire Didactique Supplicatoire Didactique Supplicatoire
Le plan de Marina Mannati, lui aussi focalisé sur la demande de pardon du verset 11, est plus détaillé : il comprend six strophes qui se correspondent de manière concentrique (1-3 avec 20-22 ; les demandes de 4-7 avec celles de 1519 ; les louanges de 8-12 et de 12-14)12. Le concentrisme de Samuel Terrien est
3 A . ROSE, « le Psaume 2 5 », 11. C'est aussi la division de Jacquet, I, 5 8 1 . J.E. Goldingay écrit : « Les versets 1-3 et 2 0 - 2 2 se correspondent, mais le psaume dans son ensemble ne présente pas de structure organisée » (Psalms. I, 368, note 1). 4 Ravasi, I, 468. 5 Craigie, 1,218. 6 Ainsi Clifford, I, 138 ; pour cet auteur le verset 15 sert de transition (p. 140). 7 A.A. Anderson intègre le verset 22 dans son plan qui, à part cette différence, suit celui des auteurs cités précédemment {Psalms, I, 207). 8 Mays, 144. 9 Gestenberger, I, 120: I. Superscription (la); II. Affirmation of confidence (lb-3) ; III. Petition (4-7) ; IV. Hymnic praise (8-11) ; V. Exhortation (12-15) ; VI. Petition (16-22). Ce même plan est repris par Lorenzin, 137. 10 Ainsi Beaucamp, 123 ; M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts. I. 456-457 (déjà dans Les Psaumes 1-50) ; Vesco, 257. 11 A Key to the Book of the Psalms, 122-127 ; j'ai donné la traduction de son analyse dans L 'Analyse rhétorique, 119-121. Aucun auteur moderne ne le cite. 12 Mannati - Solms, I, 254-255.
Le psaume 25
53
très proche du précédent13. Il en va de même pour l'analyse de Pierre Auffret 14 , qui est, comme d'habitude, extrêmement fouillée15. Sans prétendre être exhaustif on signalera aussi ceux de Hans Môller16, de L. Ruppert17, de Robert L. Alden18, de Hans-Winfried Jungling19. On mentionnera enfin ceux qui, bien que reconnaissant la grande inclusion de 1 -3 et 20-21, voient dans le corps du psaume ou « un groupe de quatre octains fort réguliers (v. 4-7 ; v. 8-11 ; v. 12-15 ; v. 16-19) »20 ou un triptyque en deux tranches (4-5 et 6-7 ; 8-10 et 11 ; 12-14 et 15-19)21. La composition concentrique du psaume est désormais acquise. Toutefois, il semble qu'il ne soit pas inutile de reprendre l'analyse pour la préciser et la fonder sur une méthodologie rigoureuse. La connaissance des lois de la rhétorique biblique devrait permettre d'arriver à des résultats plus sûrs ; la loi de la question au centre22, entre autres, conduira à identifier le véritable centre, c'est-à-dire la clé de lecture du psaume. Après le titre — « De David » (la) —, le psaume proprement dit s'organise en trois parties, deux supplications (lb-7 et 16-22) qui encadrent une sorte de méditation (8-15). LA PREMIÈRE PARTIE (1B-7) COMPOSITION
Cette partie comprend trois morceaux organisés de manière concentrique.
13
Terrien, 253. P. AUFFRET, « "En raison de ton nom, YHWH, tu pardonneras ma faute" : étude structurelle du psaume 25 », 5-31. 15 Sur les travaux d'Auffret, voir R. MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. État de la question », 308. 16 « Strophenbau der Psalmen », A. 1 ; B. 2-3 ; C. 4-7 ; D. 8-11 / D\ 12-15 ; C\ 16-19 ; ET 2021 ; A'. 22. 17 « Psalm 25 und die Grenze Kultorientierter Psalmenexegese », (on trouvera un résumé de la position de Môller et de Ruppert dans P . C . CRAÏGIE, Psalms 1-50, 217-218). 18 « Chiastic Psalms : a Study in the Mechanics of Semitic Poetry in Psalms 1-50 », 18-20 (son analyse ne distingue pas moins de dix-huit éléments qui se correspondent de manière concentrique !). 19 « Psalms 1-41 », 803. 20 Beaucamp, I, 123. Repris par Ravasi, I, 469 : Antienne initiale (1) ; quatre octains (4-19) ; quatrain final (20-21 ; antienne finale (22). 21 M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts. I, 459-461. Sur les analyses de Girard, voir mes deux recensions de son commentaire des psaumes ainsi que mon article : « Analyse rhétorique du Psaume 51. Hommage critique à Marc Girard » ; de manière plus synthétique, R. MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. Etat de la question », 296-297.305-308. 22 Voir R. MEYNET, « The Question at the Centre : A Specific Device of Rhetorical Argumentation in Scripture » ; Traité, 417-435. 14
54 Le premier
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques morceau
(lb-3) mon âme je me fie, sur moi.
+ ' lb Vers toi, + ' 2 MON DIEU, - que ne l'emportent pas
YHWH, en toi mes ennemis
+ g 3 Aussi - qu'ils ROUGISSENT
tous les espérant-en-toi ne ROUGISSENT pas, les trahissant pour rien.
j'élève ; que je m EONAISSE pas,
Les deux segments sont parallèles ; le second généralise et élargit au pluriel ce que le premier dit de la personne singulière qui prie. Les premiers membres de chaque segment (lb-2a.3a) expriment la confiance en Dieu auquel l'orant s'adresse, les derniers (2b.3b) sont des souhaits regardant les « ennemis ». Le verbe « rougir » (que l'on pourrait traduire aussi par « avoir honte » ou « être confondu », « être déçu ») revient dans les deux segments (2a.3a.3b). Le dernier membre est ambigu. D'une part, le participe « les trahissant » n'a pas d'objet direct et il est donc possible de le comprendre de deux façons23. Si l'on considère que « les trahissant » s'oppose à « tous les espérant en toi » du premier membre, l'objet de « trahir » sera Dieu ; dans ce cas il serait possible d'interpréter « pour rien » comme désignant le rien, le néant des idoles. Si au contraire on considère, au niveau supérieur, que « les trahissant » est en rapport, de synonymie, avec « mes ennemis », qui se trouve en position symétrique dans le dernier membre du premier segment (2b), l'objet serait alors le psalmiste ; « pour rien » signifierait « sans raison »24. Les deux interprétations ne sont pas exclusives et il vaut sans doute mieux respecter l'ambiguïté : « L'expression est finement ambiguë, car elle fait allusion en même temps à la trahison de l'amitié et des rapports humains et à l'infidélité à l'alliance yahviste, les deux grands péchés radicaux condamnés par le décalogue »25.
23 Dans la Bible hébraïque, l'objet de ce verbe est aussi bien l'homme que Dieu. Voir, par ex., Jr 3,20 : « Mais comme une femme qui trahit son compagnon, ainsi m'avez-vous trahi, maison d'Israël, oracle du Seigneur ». 24 Alonso Schoekel - Carniti préfèrent la première solution (I, 481). 25 Ravasi, I, 473.
Le psaume 25
55
Le deuxième morceau (4-5) + d4 +
TES CHEMINS,
YHWH,
fais-moi connaître apprends-moi !
TES SENTIERS
dans ta fidélité
et apprends-moi,
:
car toi (tu e s )
LE D I E U
d e m o n salut,
:
en toi
J!ESPËRE
tout le jour.
+ H 5 F A I S - M O I CHEMINER
Le premier membre du second segment reprend les deux membres du premier segment et précise la nature des « chemins » et « sentiers » de Yhwh (4ab) : ce sont ceux de sa « fidélité » ( 'émet peut être traduit aussi par « solidité » ou « vérité26 »). Quant aux deux derniers membres du second segment, ils donnent la motivation des requêtes qui précèdent : bien que le dernier membre soit juxtaposé au précédent, on comprend qu'il exprime la conséquence de l'affirmation du membre précédent (« tu es le Dieu de mon salut ; c'est pourquoi... »). « Chemins », « sentiers » et « fais-moi cheminer » remplissent la fonction de termes initiaux pour les trois premiers membres ; les deux occurrences de « apprends-moi », synonymes de « fais-moi connaitre », jouent le rôle de termes médians ; « le Dieu » de 5b renvoie à « Yhwh » de 4a. Le troisième morceau (6-7) + z
6
SOUVIENS-roi
:
car de toujours,
-h7
Des fautes selon îôiMûïïR à cause
:
de elles (sont).
YHWH,
et d e fisMOÏÏES
de ma jeunesse
et de mes péchés toi,
NE TE SOUVIENS PAS ;
SOUVIENS-TOI d e moi,
de.
YHWH.
Le deuxième membre du second segment (7b) correspond au premier membre du premier segment (6a), où sont repris « amour(s) » et « souviens-toi ». Le premier membre du second segment s'oppose au suivant par la négation ; le couple « fautes » et « péchés » (7a) s'oppose à celui du premier membre, « tendresses » et « amours » (6a), qui sont eux aussi au pluriel. Introduits par « car » et par « à cause de », les derniers membres de chaque segment donnent la cause des demandes exprimées dans les autres membres.
26
C'est ainsi que traduit la Septante : hodegëson me epi ten alêtheian sou.
56
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble de la partie (lb-7) + ' l b Vers toi, + '
2
YHWH,
en toi
M O N DIEU,
: que ne l'emportent pas + g 3 AuSSi tOUS LES ESPÉRANT toi : qu'ils rougissent = d
4
=
TES SENTIERS
TES CHEMINS,
= h 5 F A Î S - M O Î CHEMINER
: car toi : en toi
(tu es)
mon âme je me fie,
j'élève ; que je ne rougisse pas,
m e s ENNEMIS sur moi.
ne rougissent pas, les TRAHISSANT
pour rien.
YHWH,
fais-moi connaître apprends-moi !
dans ta fidélité
et
LE D I E U
de mon salut, tout le jour.
/ESPÈRE
+ z 6 Souviens-toi : car de toujours,
de TM IÛJIDRMŒ, elles (sont).
- h 7 Des FAUTES + selon tmmm : à cause
de ma jeunesse souviens-toi de moi, de h bonté,
apprends-moi,
YHWH,
et de
et d e m e s PÉCHÉS
ne te souviens pas ;
toi, YHWH.
Chaque morceau a sa propre cohérence lexicale et donc thématique. Dans le premier (lb-3) « rougir » revient trois fois (2b.3ab) ; dans le second (4-5) trois mots sont de la racine drk (« chemin » « faire-cheminer »), « apprendre », qui revient deux fois, a comme synonyme « faire-connaitre » ; dans le dernier morceau (6-7), « se souvenir » revient trois fois, « amour(s) » deux fois, accompagné de deux synonymes, « tendresses » et « bonté ». Le nom de Dieu, « Yhwh » et « Dieu », revient deux fois dans chaque morceau (lb.2a ; 4a.5b ; 6a.7c). Dans les morceaux extrêmes, le psalmiste demande d'être libéré de deux sortes de maux : maux extérieurs d'abord, « ennemis » (2b.3b) qui« trahissent », intérieurs ensuite, « fautes » et « péchés » personnels (7a). Le morceau central se distingue des deux autres, dont il est complémentaire, du fait que l'orant demande à Dieu de lui transmettre le bien de son enseignement et de son « salut ». « J'espère » de 5c fait écho à « les espérant toi » de 3a, jouant le rôle de termes finaux pour des deux premiers morceaux. « En toi je mefie» de 2a et déjà « mon âme j'élève » de lb exprimaient la même idée.
Le psaume 25
57
CONTEXTE BIBLIQUE
Cette première partie du psaume est saturée du vocabulaire de l'alliance27. « Amour » et « fidélité » Ces deux termes désignent avant tout l'attitude du Seigneur envers son peuple, comme l'indique clairement le dernier morceau où « amour(s) » {hesed : 6a.7b) ainsi que ses synonymes « tendresses » et « bonté » (6a.7c) ont tous le suffixe de seconde personne singulier dont le référent est « Yhwh ». Tu sauras donc que le Seigneur ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance et son amour (hesed) pour mille générations à ceux qui l'aiment et gardent ses commandements (Dt 7,9 ; voir aussi 5,10).
« Fidélité » de 5a est aussi affecté du même pronom et indique donc l'engagement de Dieu ; mais si l'homme marche dans la fidélité de Dieu, cela signifie qu'il devient lui-même fidèle au Dieu avec qui il a fait alliance : « Et maintenant, craignez le Seigneur et servez-le avec intégrité et fidélité » (Jos 24,14 ; voir aussi Mi 6,8). « Trahir » Le contraire de la fidélité est la trahison. C'est déjà le cas pour l'alliance entre les hommes : « car même tes frères et la maison de ton père, eux-mêmes te trahiront » (Jr 12,6) ; et en particulier pour l'alliance conjugale : « Le Seigneur est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu'elle fut ta compagne et la femme de ton alliance » (Ml 2,14). Le même terme est utilisé pour l'alliance avec Dieu : « A la vue des traîtres je ressens du dégoût, parce que tes paroles ils ne les observent pas » (Ps 119,158). « Péchés » « La racine de ce mot désigne habituellement une "rébellion", la "violation" par un vassal de l'alliance conclue avec son suzerain (ps' b\ "se rebeller contre") : 1R 12,19 ; 2R 1,1 ; 3,5.7 ; etc. »28. « Enseigne-moi tes chemins » Les « chemins » ou les « sentiers » sont une métaphore habituelle pour la Loi, en particulier dans le Ps 119, dès le premier verset : « Heureux, impeccables en leurs chemins, ceux qui marchent dans la Loi de Dieu ».
27 28
Voir Mannati - Solms, I, 253-254. Arnos, 40.
58
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
C'est au Seigneur que le psalmiste demande inlassablement de l'instruire de sa loi : « Fais-moi comprendre le chemin de tes préceptes, je méditerai sur tes merveilles » (Ps 119,27). INTERPRÉTATION
Ennemis et péchés du psalmiste Comme tous ceux qui espèrent en le Seigneur (3a), c'est d'abord de ses ennemis que l'orant demande d'être délivré (lb-2), de ceux qui en le « trahissant » ont trahi par le fait même la loi de Dieu (3b). Mais les ennemis extérieurs ne sont pas les seuls que le psalmiste doit affronter : « les fautes » de sa jeunesse et « les péchés » qu'il a commis depuis l'obsèdent et il demande d'en être libéré. Pour cela il ne saurait compter sur lui-même. Il sait au contraire qu'il peut faire fond sur « les miséricordes », « les tendresses » et la « bonté » du Seigneur : étant « de toujours », elles précèdent de loin ses péchés et sa naissance même29. Les chemins du Seigneur Le morceau central, sur lequel culmine la partie, n'a plus rien à voir avec le péché et la faute, comme si, puisque le psalmiste en a été « sauvé », plus rien de comptait pour lui sinon d'entrer dans une autre perspective. Avec une belle insistance, en effet, il réclame au Seigneur non seulement de lui « faire connaître », de lui « apprendre » ses chemins, mais de l'aider pour le « faire cheminer » « dans sa fidélité ». Il reconnaît ainsi qu'il est incapable, par ses propres forces ni d'apprendre ni d'entreprendre. Tout ne peut lui venir que du Seigneur. C'est bien ainsi que, dès le début, toute sa foi était tournée « vers » lui (lb-2a). LA DEUXIÈME PARTIE (8-15) COMPOSITION
Cette partie comprend trois morceaux organisés de façon concentrique.
29
Sur l'expression « de toujours », David Kimchi écrit : « déjà quand je fus formé dans le ventre de ma mère » et il renvoie en note 12 à Ps 139,13 (Commento ai salmi, 217).
Le psaume 25
59
Le premier morceau (8-10) 8
+t
Bon
= c'est pourquoi + y
+ +
k
1 0
9
II FAIT C H E M I N E R
et IL APPREND
TOUSLE5SEN-MERS
= pour les gardant
et droit
est Y H W H ,
IL ENSEIGNE
aux pécheurs
les humbles aux humbles
dans le jugement
de
amour
Y H W H
son alliance
SON
LE C H E M I N .
CHEMIN.
et fidélité
et ses préceptes.
Les segments extrêmes se correspondent. Chacun de leurs premiers membres expose un couple de qualités de « Yhwh ». Leurs seconds membres sont complémentaires : il s'agit d'abord des « pécheurs » que le Seigneur redresse (8b), puis des fidèles à son alliance (10b). Le nom de « Yhwh » ne revient que dans ces deux segments. « Le chemin » à la fin de 8 et « tous les sentiers » au début de 10 jouent le rôle de termes médians à distance. Les deux membres du segment central sont parallèles : les deux occurrences de « humbles » se trouvent en seconde position, et deux termes de même racine font inclusion, « il fait-cheminer » et « son chemin ». Les quatre occurrences des termes de la racine drk (« chemin(er) ») et de leur synonyme « sentiers » forment un système fort régulier : - « le chemin » à la fin de 8 et « il fait-cheminer » au début de 9 jouent le rôle de termes médians pour les deux premiers segments ; - de même, « son chemin » à la fin de 9 et « sentiers » au début de 10 remplissent la même fonction pour les deux derniers segments ; - il faut ajouter que les deux occurrences de « chemin » en 8b et 9b jouent le rôle de termes finaux pour les deux premiers segments. Dans les deux premiers segments « il apprend » de 9b est synonyme de « il enseigne » de 8b. Dans le premier membre du segment central (9a) « jugement » est une qualité qui correspond à celles des premiers membres des segments extrêmes. S'il est clair que bonté et droiture (8a) sont des attributs divins, il est possible de voir une certaine ambiguïté en 10a : « amour et fidélité » peuvent être le fait de Dieu, mais aussi de ceux qui gardent son alliance, de même que « le jugement » est ce dans quoi le Seigneur fait cheminer les humbles. Les deux interprétations ne sont pas incompatibles, bien au contraire, puisque l'homme est invité à suivre le chemin de Dieu, à adopter sa propre conduite30. C'est ce que disait déjà le verset 5 : « fais-moi cheminer dans ta fidélité » : la fidélité est celle de Dieu, mais, reçue de Dieu comme grâce, elle est adoptée, assumée par l'homme.
30
En ce sens, ce qui est exprimé dans ce morceau renverse ce que dit Is 55,8 : « Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies ».
60
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Le deuxième morceau (11-12) +1
11
+m
À cause de . tu pardonneras
12
Qui est . auquel il enseigne
ton nom,
YHWH,
mon tort
car il est nombreux.
l'homme
craignant qu'il choisit ?
le chemin
YHWH,
Contrairement au second segment, le premier est adressé à Dieu. Les premiers membres de chaque segment s'achèvent avec le nom de « Yhwh ». Les seconds membres expriment deux actions complémentaires de Dieu : pardon d'une chose négative, « mon tort », puis enseignement d'une chose positive, « le chemin ». Le second membre de 12 est généralement compris comme la réponse au premier membre : « Qui est l'homme craignant le Seigneur ? Il lui enseigne le chemin qu'il choisit». Toutefois, il est grammaticalement possible de l'interpréter comme une relative asyndétique, même si le sujet de « enseigne » n'est pas le même que celui du membre précédent. Comme au centre du psaume 34, le verset 13 forme une unique question : « Qui est l'homme désirant la vie, aimant les jours pour voir le bien »31. Le dernier mot, « qu'il choisit », qui est une relative asyndétique, est ambigu : en effet, il est possible de penser que le sujet est le même que celui de « il apprend », c'est-à-dire « Yhwh »32. Cependant, le sujet peut être « l'homme », surtout si l'on interprète l'inaccompli comme un futur : « le chemin qu'il choisira », c'est-à-dire « qu'il doit choisir » 33. Il semble préférable de respecter l'ambiguïté. Le choix est à la fois celui de Dieu et celui de l'homme.
31 Robert Bellarmin, qui dit suivre Jérôme et Augustin, considère que les deux membres du segment sont synonymes et ne forment qu'une seule question. Il écrit : « Est enim consuetudo Prophetae id ipsum in eodem versiculo bis repetendi, vel declarandi in una parte versiculi quod in altera dictum est. Hune igitur sensum esse existimo : Quis est homo qui timet Deum ? quis, inquam, est ille quem Deus instruxit de lege sua in via, quam ipse homo elegit, id est, in recto itinere vivendi et eundi ad Deum, quod ipse voluntarie iam elegit ? sic enim una pars versiculi declarat alteram. Ille enim est homo timens Deum, qui dono Dei elegit viam qua itur ad Deum, quae est observatio mandatorum » (Explanatio in Psalmos, 105). 32 Ainsi Amos Hakham, qui fait remarquer que le verbe traduit ici par « il enseigne » iyôrennû) est de la même racine que tôrâ, que l'on traduit habituellement par Loi, mais qui signifie d'abord « enseignement » ; pour lui « le chemin » que le Seigneur a choisi est celui de la Torah (Sefer
Tehillîm, 157). 33
Ainsi la plupart des traductions, par exemple la Bible de Jérusalem : « il le remet dans la voie qu'il faut prendre » ; de même la TOB : « celui-ci lui montre quel chemin choisir ».
Le psaume 25
61
Le troisième morceau (13-15) - n
SON ÂME
et sa descendance
-s14
Le secret
dans le bon héritera de Y H W H
et son alliance MES YEUX
car lui fera-sortir
demeure la terre. pour ses craignant
pour leur faire connaître. a jamais du filet
vers
YHWH
MES PIEDS.
Dans les segments extrêmes sont mentionnées des parties du corps : « yeux » et « pieds » dans le dernier, « âme » (litt., « gorge » d'où « souffle ») dans le premier ; « son âme » et « mes yeux » jouent le rôle de termes initiaux pour les segments extrêmes, « son âme » et « mes pieds » le rôle de termes finaux pour r ensemble du morceau. Dans le segment central, les termes extrêmes se correspondent, puisque le Seigneur « fait connaître » « son secret »34. Alors que le premier segment parle d'une troisième personne, « l'homme » dont il était question à la fin du morceau précédent (12a), le troisième est à la première personne du singulier. Quant au segment central, on peut dire qu'il assure la liaison en généralisant à un pluriel de troisième personne, « ses craignant » ; ce segment se distingue des deux autres du fait qu'il énonce des actions de Dieu35.
34
Le premier terme du segment, sôd, est traduit ici par « secret », mais on pourrait le rendre aussi par « intimité », par ex. en Pr 3,32 (Osty : « mais avec les [hommes] droits est son intimité »), voire « amitié », par ex. en Jb 29,4 (TOB : « quand l'amitié de Dieu reposait sur ma tente »). En effet, seul l'ami intime révèle son secret à son ami. 35 11 est vrai que le morceau s'achève sur la mention d'une action divine, mais c'est dans une causale.
62
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble de la partie (8-15) 8
+t
BON
+ c 'est pourquoi - Y
-
9
II FAIT C H E M I N E R
et IL APPREND : k
10
:
pour les gardant
T O U S LES SENTIERS
+ 1 11 À cause de + tu pardonneras 12
- m Qui est l'homme - auquel IL ENSEIGNE : n 13 Son âme : et sa descendance - s 14 Le secret < W / .4 T T TA X f f t p
4-4
15
Mes yeux
+ car lui
et droit IL ENSEIGNE
est Y H W H ,
les humbles aux humbles
dans le jugement
de
amour et ses préceptes.
Subi
Y H W H ÂLLÏÀWCÂ7
ton nom, mon tort
aux pécheurs
LE C H E M I N .
S O N CHEMIN.
et fidélité
YHWH,
car il est nombreux.
CRAIGNANT
Y H W H
LE CHEFVFFN
qu'il choisit ?
dans le BON héritera
demeure la terre.
de Y H W H pour ses c r a i g n a n t pour LEUR FAMECONNAITRE.
à jamais fera-sortir
vers Y H du filet
W H MES PIEDS.
Le morceau central se distingue des deux autres, car il ne comprend que deux bimembres au lieu de trois dans les morceaux qui l'encadrent. Les deux occurrences de « b o n » (8a. 13a) jouent le rôle de termes initiaux pour les morceaux extrêmes. Il semble que ces morceaux se correspondent en miroir. - dans les segments extrêmes 15b renvoie à 8b. En effet, les deux métaphores se correspondent : « apprendre aux pécheurs le chemin » est un équivalent de « faire sortir du filet mes pieds »36. Les seconds membres commencent avec un mot qui indique la cause : « c'est pourquoi » et « car ». - le deuxième et l'avant-dernier segment (9.14) n'ont eux aussi pas de vocabulaire commun ; toutefois, « ses craignant » renvoie aux « humbles » et « faire connaître » est un synonyme de « enseigner ». - C o m m e le premier membre de 10, les deux membres de 13 disent ce qui advient à « l'homme qui craint Yhwh » (12a), à « ceux qui gardent son alliance et ses préceptes » (10b).
36 «Pieds» (15b) appartient au même champ sémantique que «chemin», «cheminer» et « sentiers » (8b, et aussi 9a.9b. 10a). Il est vrai que la métaphore du « filet » est la plupart du temps liée à la présence des ennemis (par ex. Ps 9,16) ; mais il n'en est pas du tout question dans cette partie.
Le psaume 25
63
Le mouvement est chronologique dans le premier morceau : le pardon des péchés est suivi par l'instruction et débouche sur le don de Dieu. Dans le dernier morceau le même mouvement est repris mais en ordre inverse. On notera que « son alliance » à la fin du premier morceau (10b) revient au centre du dernier (14b). Les liens entre le morceau central et les deux autres sont nombreux. - « Mon tort » de 11b et « pécheurs » de 8b, qui appartiennent au même champ sémantique, jouent le rôle de termes initiaux pour les deux premiers morceaux ; ainsi se vérifierait la troisième loi de Lund qui veut que les extrémités et le centre se correspondent37. - E n 12b « il enseigne le chemin » renvoie à « il enseigne [...] le chemin » de 8b. - « Craindre » de 12a sera repris en 14a. - Le nom de « Yhwh » revient deux fois dans chaque morceau. - Le troisième morceau se rattache au second du fait que le référent du pronom « son » en 13a est « l'homme » de 12a. CONTEXTE BIBLIQUE
La nouvelle alliance «L'alliance» dont il est question deux fois (10b. 14b) présente deux des caractéristiques essentielles de la nouvelle alliance : elle repose sur le pardon des péchés et la connaissance intérieure de la Loi est donnée par Dieu lui-même : 33
Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après ces jours-là, oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. 34 Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant : « Ayez la connaissance du Seigneur ! » Car tous me connaitront, des plus petits jusqu'aux plus grands — oracle du Seigneur — parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché (Jr 31,33-34)38.
« A cause de mon nom » Le début du morceau central rappelle Is 48,9-11 : 9
À cause de mon nom, je vais différer ma colère, pour mon honneur, je vais patienter avec toi, pour ne pas t'exterminer. 10 Voici que je t'ai acheté mais non pour de l'argent, je t'ai choisi au creuset du malheur. 11 C'est à cause de moi, à cause de moi que je vais agir, comment mon nom serait-il profané ?
37
Voir Traité, 98. Voir A. ROSE, « Le Psaume 2 5 : "Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme" », 11 : « Que Dieu ne se souvienne pas de nos fautes (v. 7), voilà un des signes de la Nouvelle Alliance » (il renvoie à Jr 3 1 , 3 4 cité par He 8,12). 38
64
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Et Ez 20,44 précise que l'intervention de Dieu n'est due qu'à sa seule initiative gratuite, sans mérite de la part d'Israël. Et vous saurez que je suis le Seigneur, quand j'agirai envers vous par égard pour mon nom, et non pas d'après votre mauvaise conduite et vos actions corrompues, maison d'Israël, oracle du Seigneur Dieu.
Les chemins du Seigneur L'image du chemin que le Seigneur « fait connaître » et dans lequel il conduit son peuple se retrouve dans les textes de la nouvelle alliance, par exemple, Is 42,16: Je conduirai les aveugles par un chemin qu'ils ne connaissent pas, par des sentiers qu'ils ne connaissent pas je les ferai cheminer ; devant eux je changerai l'obscurité en lumière et les fondrières en surface unie.
De même en Is 48,17 : Ainsi parle le Seigneur ton rédempteur, le Saint d'Israël : Je suis le Seigneur ton Dieu, je t'instruis pour ton bien, je te conduis par le chemin où tu marches. INTERPRÉTATION
Tout repose sur le pardon des péchés Ce n'est pas aux justes que le Seigneur apprend le chemin mais aux pécheurs (8a). C'est sur le pardon des péchés qu'est fondée la nouvelle alliance. Ce pardon n'est pas dû aux mérites de l'homme, au fait qu'il se soit repenti et converti, qu'il ait changé de chemin, de conduite. Il est dû uniquement à la bonté et à la droiture de Dieu (8a). Le psalmiste l'a bien compris qui, au cœur d'une partie essentiellement hymnique, s'adresse directement au Seigneur pour implorer son pardon. Il ne dit pas qu'il est revenu de sa conduite mauvaise, il ne s'appuie sur rien d'autre que sur Dieu : c'est uniquement « à cause de son nom » que le pardon lui sera accordé, dans la pure gratuité39. Il y reviendra en finale dans une supplication confiante : c'est Dieu et lui seul qui le tirera du filet où ses pieds étaient pris et lui donnera la capacité de marcher sur ses chemins40.
39 « A great and multiform load of sin lies upon him, but the name of god, i.e. His nature that has become manifest in His mercy and truth, permits him to ask and to hope for forgiveness, not for the sake of anything whatever that he has done, but just for the sake of this name (Jr 14,7 ; Is
43,25) » (F. DELITZSCH, Commentary 40
on the Old Testament in Ten Volumes. V : The Psalms, 344).
Dans l'évangile de Luc, la séquence 5 , 1 7 - 6 , 1 1 présente Jésus comme l'Époux de la nouvelle alliance. Or, en profond accord avec la prophétie de Jr 3 1 , 3 1 - 3 4 , cette séquence commence par le pardon et la guérison d'un homme dont les pieds étaient paralysés (voir Luc, 2 5 5 - 2 8 1 ) .
Le psaume 25
65
Le don de la connaissance On a vu dans ces versets — non sans quelque raison — une référence à l'exode. Le chemin serait celui que les fils d'Israël ont parcouru au désert et l'enseignement serait celui de la Torah reçue par Moïse sur le mont Sinaï41. Il semble plutôt que le contexte ne soit pas tant celui de l'alliance mosaïque que celui de la nouvelle alliance. En effet, ce ne sont pas des commandements qui sont donnés à ceux qui craignent le Seigneur, mais la connaissance de ses chemins, la connaissance de Dieu lui-même, de sa bonté et de sa droiture (8), de son amour et de sa fidélité (10). Celle-ci est communiquée par Dieu dans le secret, elle fait entrer dans l'intimité de sa connaissance (14). Cette connaissance intérieure, don d'en-haut est une des caractéristiques majeures de la nouvelle alliance : « Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur [...] Ils n'auront plus à s'instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant : "Ayez la connaissance du Seigneur !" Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands, oracle du Seigneur » (Jr 31,33-34). TROISIÈME PARTIE (16-22) COMPOSITION
Les trois morceaux de cette partie sont organisés de manière concentrique. Premier morceau (16-17) + p
16
RETOURNE-TOI
- car je suis seul - s 17 Les angoisses + de mes tourments
vers moi et humilié, de mon cœur
E T P R E N D S PITIÉ D E M O I
moi. se multiplient : FAIS-SORTIR M O L
Les deux segments se correspondent de manière spéculaire. Deux supplications à l'impératif encadrent leurs motivations. La première est introduite par « car » ; la seconde est simplement juxtaposée à la supplication qui la suit. Au couple « angoisses » et « tourments » du second segment correspond celui de « seul et humilié » dans le premier. À la fin des membres extrêmes les deux verbes s'achèvent par le pronom suffixe de première personne.
41
Ainsi Clifford, I, 140.
66
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Deuxième morceau (18-19) :: r 18 Vois .. et emporte
mon humiliation toutes
et ma peine mes fautes.
:: r 19 Vois .. et d'une haine
mes ennemis de violence
car ils sont nombreux ils haïssent-moi.
Commençant avec le même verbe, les deux segments sont complémentaires : le malheur (« humiliation » et « peine »), dû d'abord aux « fautes » (18b), puis aux « ennemis » (19a), vient donc de l'intérieur et de l'extérieur. Dans le second segment, le verbe « voir » régissant « ennemis » signifie l'emporter sur eux42. À la fin du premier membre du second segment, il est possible de comprendre : « car ils sont puissants ». Troisième morceau (20-22) + 2 0 s VEILLE s u r
. que je ne rougisse pas
mon âme
et délivre-moi
cm je me réfugie en toi.
+ 2 1 t Que perfection
et droiture j'espère en toi.
gardent-moi
+ 2 2 p RACHÈTE,
o Dieu, ses angoisses.
Israël
- de toutes
Les deux premiers segments sont parallèles : une demande (20a.21a) est suivie de sa motivation (20b.21b). Leurs premiers membres s'achèvent sur un verbe dont l'objet est le pronom suffixe de première personne du singulier et dont les seconds membres s'achèvent sur le pronom de deuxième personne du singulier. Le premier segment ne précise pas de quoi le psalmiste demande d'être délivré, à moins de comprendre que napsî ne signifie pas simplement « mon âme » (c'est-à-dire « moi-même ») mais « ma vie », auquel cas ce serait d'un danger de mort que le psalmiste demande d'être délivré ; ce qui est confirmé du fait que le segment précédent parlait des « ennemis ». De manière complémentaire, alors que dans le premier segment le psalmiste demande d'être libéré de la main de ses ennemis, dans le second il supplie d'être gardé par « perfection et droiture ». Ces deux qualités peuvent être interprétées comme des vertus humaines 43 ; ici, étant donné le contexte du morceau, il semble qu'il faille 42 Ainsi, par ex., Ps 112,8 : « Assuré son cœur, il ne craint pas, jusqu'à ce qu'il voie ses oppresseurs » (voir p. 135). Voir aussi Ps 54,9, p. 14. 43 « Perfection et droiture » ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible hébraïque ; en revanche le couple « intègre et droit » revient trois fois, attribué à Job : « un homme intègre et droit » (Jb 1,1.8; 2,3).
Le psaume 25
67
les considérer comme des attributs divins. On a remarqué en outre que ce couple correspond, au niveau supérieur, à celui du début de la partie centrale du psaume : « Bon et droit Yhwh ». Le rapport est beaucoup plus sensible en hébreu : tôb -weyâsâr yhwh tôm -wâyôser yisserûnf4 Le dernier segment élargit la requête du singulier de « mon âme » au pluriel sémantique de tous ceux qui font partie d'« Israël ». On pourra aussi noter que les segments extrêmes sont les seuls qui commencent par un impératif de seconde personne du singulier. Les « angoisses » d'Israël sont les situations dramatiques où il se trouve, en particulier devant ses ennemis. De ce point de vue, la construction peut être considérée comme étant concentrique. L 'ensemble de la partie (16-22) p RSTOIIRNE-toi : : car je suis seul 17
:: s
Les ANGOISSES
vers moi et HUMILIÉ,
et prends pitié de moi moi.
d e MON C Œ U R
s e multiplient,
+ de mes tourments .. 18r ••
*
fais-sortir-moi.
«
et emporte 19
r V&is .. et d'une haine
20
s Veille sur : : que je ne rougisse pas
- 2 1 t Que perfection - 22 p
RACHÈTE,
:: d e T O U T E S
mon HUMILIATION TOUTES
et ma peine mes fautes
mes ennemis violente
ils me haïssent.
c a r ils s ont
nombreux
MON ÂME et délivre-moi car je me réfugie en toi. et droiture car j'espère en toi. Ô
Dieu,
gardent-moi Israël
ses A N G O I S S E S .
Le premier morceau et le dernier se correspondent de plusieurs manières. Les membres extrêmes du premier morceau (16a. 17b) ainsi que les premiers membres des deux premiers segments du dernier morceau (20a.21a) s'achèvent avec des verbes de demande dont l'objet est le pronom suffixe de première personne du singulier. « Mon âme » de 20a rappelle « mon cœur » de 17a, en position identique. Les verbes par lesquels commencent les segments extrêmes sont en étroit rapport de paronomase : peneh et pedeh ; la traduction par « retourne » et « rachète », qui commencent avec la même consonne, a tenté de 44
Voir P.
AUFFRET,
« Étude structurelle du psaume 2 5
», 22.
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
68
rendre ce rapport. « Angoisses » au début du second segment dans le premier morceau (17a) est repris à la fin du dernier morceau (22b). « Toutes » de 22b rappelle « se multiplient » de 17a. « Israël » à la fin du dernier morceau (22a) correspond à « m o i » au début du premier (16b) : la supplication personnelle s'étend à l'ensemble du peuple à la fin de la partie. Le morceau central est lié avec le premier par «humiliation» (18a) qui rappelle « humilié » du début (16b). « Toutes » de 18b sera repris à la fin (22b) ; « ils sont nombreux » de 19a correspond à « se multiplient » de 17a. CONTEXTE BIBLIQUE
« Les angoisses » Il ne s'agit pas des angoisses au sens psychologique, mais des situations de « détresse » où l'on se trouve pressé de toutes parts, sans échappatoire possible. Quand David dit : « Par la vie du Seigneur qui a racheté mon âme de toute détresse » (2S 4,9 ; 1R 1,29)45, il entend essentiellement la mort dont le menaçaient ses ennemis. Le Ps 54 joint dans son dernier segment « détresse » et « ennemis » : 9
Car de toute détresse il m'a délivré Et mon œil voit mes ennemis.
INTERPRÉTATION
« Emporte toutes mes fautes » Le psalmiste commence par demander avec insistance d'être délivré de son péché, ce péché qui lui cause humiliation et solitude (16b). Ses fautes l'oppressent, elles lui serrent « le cœur ». Ses angoisses sont à la mesure de ses péchés par leur nombre qui ne font qu'ajouter au poids de sa culpabilité. « Vois mes ennemis » La détresse, l'angoisse n'est pas provoquée seulement par le péché, elle ne provient pas uniquement du dedans, de la conscience de l'orant. Les ennemis du dehors eux aussi l'oppressent, le serrant de tous côtés, nombreux et puissants. Les angoisses d'Israël On pourrait penser que les situations angoissantes où se trouve Israël ne soient que celles où le mettent ses ennemis. En effet, le verset final fait partie du dernier morceau où il est question de ceux qui en veulent à la vie du psalmiste et de son peuple. Toutefois, comme « angoisses » fait écho à celles du psalmiste écrasé par son péché, il est aussi possible de comprendre que les angoisses du 45
En 1S 26,24 il utilise le verbe « délivrer » : « il me délivrera de toute détresse ».
Le psaume 25
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peuple tout entier ne sont pas causées uniquement par ses ennemis extérieurs, mais aussi par les fautes dont il s'est rendu coupable. C'est en effet « de toutes ses angoisses » que le psalmiste demande que tout Israël soit libéré. L'ENSEMBLE DU PSAUME COMPOSITION
Rapports entre les parties extrêmes ' 1 b V e r s toi, Yhwh, MON ÂME j'élève,
~
' 3MON DLEU' ' E JE NE meSSZ g • Aussi QUE tous les espérant en foi NE massm
-AS, PAS,
d * Tes chemins, Yhwh, fais-moi connaître h - Fais-moi cheminer dans ta fidélité et apprends-moi
"
"
que ne se réjouissent pas MES mm sur moi. QU'ILS ROUGISSENT ceux qui trahissent pour rien. tes sentiers apprends-moi î car c'est toi le DIEU de mon salut, c'est toi que fespère tout le jour.
z * Souviens-toi de tes tendresses, Yhwh, et de tes amours car elles sont de toujours h Des fautes de ma jeunesse et de mes péchés ne te souviens pas. Selon ton amour souviens-toi de moi, toi, à cause de ta bonté, Yhwh.
[...] p je Tourne-toi v e r s m o i et prends pitié de moi s Les angoisses de mon cœur se multiplient r j* Vois mon humiliation et ma peine r Vois MES ENNEMIS car ils sont nombreux S 2 0 Veille sur MON ÂME et délivre-moi t 1 Que perfection et droiture me gardent p 2 2 Rachète, Ô DIEU, Israël
car je suis seul et humilié moi de mes tourments fais-moi sortir. et enlève toutes mes fautes, et d'une haine violente ils me haïssent. QUE JE NE m&SS£ RAS car car f espère en toi. de toutes ses angoisses.
Les morceaux extrêmes se correspondent : il y est question des ennemis et le psalmiste demande de ne pas avoir à « rougir » devant eux (2.20), car il « se fie » en « Dieu » (2), il « se réfugie » en lui (20) ; il « espère » en lui car « tous ceux qui espèrent en lui ne rougissent pas. « Élevant » son « âme » vers lui (lb), il lui demande de « veiller » sur son « âme » (20). Le premier morceau de la dernière partie ainsi que le premier segment de son morceau central renvoient au dernier morceau de la première partie : en effet, le psalmiste demande d'être libéré de ses « fautes » et de ses « péchés » (7.18). À première vue la dernière partie ne présente pas d'élément qui corresponde au morceau central de la première partie ; toutefois, il est possible de dire que « ta fidélité » de 5 annonce « perfection et droiture » de 21, dans la mesure où ces deux qualités sont celles de Dieu (voir p. 67).
"
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
70
Pour David Kimchi, l'expression « tous ceux qui espèrent en toi » (3) désigne Israël46. Si l'on accepte cette interprétation, l'expression fait inclusion avec « Israël » du dernier segment. Rapports entre les trois parties 1
De David ' Vers toi, Yhwh, MON ÂME j'élève, ' 2 mon DIEU, en toi je me fie, que je ne rougisse pas, g 3 Aussi que tous les espérant en toi ne rougissent pas,
que ne se réjouissent pas mes ennemis sur moi. qu'ils rougissent ceux qui trahissent pour rien.
d 4 Tes OIBHNS, Yhwh, FAIS-MOI CONNAÎTRE
t e s SENTIEIIS APPRENDS-MOI !
H 5 Fais-moi mwm
car c'est toi le D I E U de mon salut, c'est toi que j'espère : I T LE JOUR.
dans ta mùm et APPRENDS-MOI,
z 6 Souviens-toi de tes tendresses, Yhwh, et de tes amours car elles sont h 7 Des FAUTES de ma jeunesse et de mes PÉCHÉS ne te souviens pas. Selon ton a m o u r souviens-toi de moi, toi, à cause de ta BONTÉ, Yhwh. t y k
8
B O N ET * SRR est Yhwh, II L AIT MMIMI les humbles dans le jugement 10 Tous les S ENTIERS de Yhwh amour et mênié 9
1 11 À cause de ton nom, Yhwh, m 12 Qui est l'homme craignant Yhwh n s
13
c'est pourquoi il ENSEIGNE aux PÉCHEURS le CHEMIN. et il APPREND aux humbles son CHEMIN. pour ceux qui GARDENT son alliance et ses préceptes. tu pardonneras m o n TORT bien qu'il soit nombreux. auquel il ENSEIGNE le CHEMIN qu'il choisit ?
SON ÂME dans le BIEN demeure Le secret de Yhwh pour ses craignant Mes yeux A JAMAIÎ vers Yhwh
et sa descendance héritera la terre.
p 16 Tourne-toi vers moi et prends pitié de moi s 1 7 Les angoisses de mon cœur se multiplient
car je suis seul et humilié, moi. de mes tourments fais-moi sortir.
14 15
r r
18 19
Vois mon humiliation et ma peine Vois mes ennemis car ils sont nombreux
S 2 0 Veille sur MON AME et délivre-moi t
21
Q u e PERFECTION ET D R O I T U R E m e GARDENT
p 2 2 Rachète,
Ô DIEU,
Israël
- r.
et s o n alliance POUR LEUR FAIRE CONNAÎTRE.
car lui fera-sortir du filet mes pieds.
et enlève toutes mes F A U T E S . et d'une haine violente ils me haïssent. que je ne rougisse pas car je me réfugie en toi. car j'espère en toi. de toutes ses angoisses.
Les trois parties sont de longueur comparable : 15 membres pour la première, 14 pour la dernière, 16 pour la partie centrale. -
Les deux premières parties. Seulement dans ces deux parties reviennent : « chemin(s) », « cheminer » et « sentiers » (4.5 ; 8.9.10.12) : « apprendre », « enseigner », « faire connaître » (4.5 ; 8.9.12.14) « fidélité » et « amour » (5.6 ; 10) ; « Yhwh » (lb.4.6.7b ; 8.10.11.12.14.15) ;
46
Kimchi, 215.
Le psaume 25
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- « à cause de ta bonté » à la fin de la première partie (7b) et « à cause de ton nom » au centre de la deuxième (11) ; - à « tout le jour » de 5b et « de toujours » de 6 correspond « à jamais » de 15. - « bonté » et « bon » jouent le rôle de termes médians (fin de 7b, début de 8). A la demande de pardon à la fin de la première partie (7) correspond celle du centre de la deuxième partie (11). Les rapports entre les deux dernières parties sont moins nombreux. - Toutefois, à la demande de pardon du premier segment du morceau central de la deuxième partie (11), correspond celle du premier segment du morceau central de la dernière partie (18), bel exemple de termes centraux. - « Bien qu'il soit nombreux » (kî rab-hû ') au centre de la deuxième partie (11) annonce « car ils sont nombreux » (kî-râbbû) de 19 ; dans le premier cas il s'agit des péchés du psalmiste, dans le second de ses ennemis. - Aux deux occurrences de « humbles » ( '<ânâwîm) en 9 correspondent celle de « humilié » ( (ânî) et de « mon humiliation » ( 'onyî) en 16 et 18. - Comme on l'a déjà signalé, « perfection et droiture » de l'avant-dernier segment de la troisième partie (21) correspond à « bon et droit » au début de la deuxième partie (8), faisant ainsi inclusion pour les deux dernières parties (voir p. 67). - « Garder » se retrouve en 10 et en 21 ; dans le premier cas, c'est l'homme qui « garde » l'alliance, dans le second c'est à Dieu que le psalmiste demande de le « garder ». Les rapports entre les trois parties : - De même que « péchés » (7) et « pécheurs » (8) jouent le rôle de termes médians pour les deux premières parties, ainsi les deux occurrences de « faire sortir » (15.17) jouent le rôle de termes médians qui agrafent les deux dernières parties. - « mon âme » revient dans chacune des trois parties (lb. 13.20). Au début c'est le psalmiste qui élève son âme vers Dieu, à la fin, de manière complémentaire, il lui demande de veiller sur elle. - La demande de pardon se retrouve une fois dans chaque partie (7a. 1 lb. 18b) ; la dernière fois le psalmiste ajoute « toutes » à « mes fautes ». CONTEXTE BIBLIQUE
Le vocabulaire de l'alliance Marina Mannati a fait la liste de tous les termes qui se rapportent à l'alliance : « l'alliance » pour commencer, deux fois encadrant le morceau central (10.14) ; les termes qui, sans la nommer jamais, indiquent la Loi, « chemin(s) » et « cheminer » (4.5.8.9bis.l2), « sentiers » (4.10), « préceptes » (10) ; « enseigner » (de la même racine que Torah : 8.12), «apprendre» (4.5.9)et «faire connaître» (4.14) ; «choisir» le chemin, c'est-à-dire s'engager dans la voie de l'alliance
72
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
(Dt 30,15-20; Jos 24,15); «amour et fidélité» (10) qui renvoie au mêmes termes en 5.6.7b. Ceci pour les plus importants47. La nouvelle alliance André Rose écrit : « Que Dieu ne se souvienne pas de nos fautes (v. 7), voilà un des signes de la Nouvelle Alliance »48 et il renvoie à Jr 31,34 cité par He 8,12 (Ile 8,8-12 cite tout le passage de Jr 31,31-34). On a déjà noté plus haut que le pardon des péchés est le fondement même de la Nouvelle Alliance (voir p. 63)49 et que le don de la connaissance est une de ses caractéristiques essentielles (voir P. 65)50. INTERPRÉTATION
L'interprétation de l'ensemble du psaume, on l'aura compris, sera organisée à partir des deux versets qui constituent le cœur de la prière51, les versets 11 et 12. Un pardon totalement gratuit Ce n'est pas à cause de son repentir et de sa conversion que le psalmiste implore le pardon du Seigneur : en effet, il n'en parle pas une seule fois. S'il demande d'être pardonné de ses nombreux péchés, en plein cœur du psaume, c'est uniquement « à cause de son Nom » (11). Ce n'est pas en lui-même qu'il met sa confiance, mais seulement en Dieu : « Mon Dieu, en toi je me fie » (2). C'est lui « le Dieu de son salut » et c'est en lui qu'il « espère tout le jour » (5). S'il demande au Seigneur de se souvenir de lui, c'est « selon son amour », c'est « à cause de sa bonté » (7). C'est lui qui « fera sortir ses pieds du filet » (15), c'est en lui seul qu'il « se réfugie » (20). C'est en lui qu'« il espère », lui demandant que sa perfection et sa droiture le gardent (21). La connaissance intérieure des chemins de Dieu Le psalmiste demande avec insistance la connaissance des chemins du Seigneur. Comme s'il ne les connaissait pas ! En effet, les lois et préceptes de la Torah ne lui sont pas étrangers et il les a appris depuis sa jeunesse, comme tous les fils d'Israël. À prendre en considération le titre du psaume, le psalmiste est 47
Mannati - Solms, I, 253-254. De même, Ravasi, I, 469-472. A. ROSE, « le Psaume 25 : Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme », 13. 49 Alonso Schoekel - Carniti relèvent non seulement les thèmes de l'alliance et du péché, mais aussi celui du monde sapientiel qui se croise avec celui de l'alliance (I, 478-480). Ils concluent : « Ces éléments confèrent au psaume une certaine ossature théologique ou de spiritualité ; mais ils ne sont pas du tout originaux dans leur connexion. Ce sont des choses connues et assimilées, qui émergent ou se retirent discrètement à un deuxième plan » (p. 480). 50 Voir P. BEAUCHAMP, L'Un et VAutre Testament. I, Chap. VI, « La nouvelle alliance », 2 2 9 4
274.
51
Voir Traité, « Partir du centre », 567-573.
Le psaume 25
73
n'est autre que David ; or il est bien certain que le roi d'Israël n'ignore rien des commandements de Dieu. « Qui est l'homme craignant Yhwh auquel il enseigne le chemin qu'il choisit ? » (12). C'est celui qui demande à être enseigné, intérieurement, qui désire que la loi de Dieu soit gravée dans son cœur, sans qu'il ait besoin d'être enseigné par d'autres que le Seigneur lui-même. Cette connaissance intérieure est si intime que le psalmiste l'appelle « le secret » du Seigneur (14). La voie de l 'union « Fais-moi cheminer dans ta fidélité » (5). Dès le début le psalmiste demande au Seigneur d'entrer, pour ainsi dire, dans son intimité, de partager avec lui ce qui constitue sa nature. Car la « fidélité » est l'apanage de Dieu. C'est bien pourquoi il ne dit pas « la fidélité » mais « ta fidélité ». Non seulement il ne met pas en avant sa propre fidélité ; bien au contraire, puisqu'il s'empressera de demander d'être libéré de ses fautes et de ses péchés (7). Mais ce n'est même pas la grâce d'être fidèle qu'il implore, mais d'entrer dans la fidélité de Dieu. On retrouve le même jeu à propos d'un autre attribut divin, la « bonté » : « Bon et droit est le Seigneur » (8) à quoi correspond « Son âme dans le bon demeure » ( 13) ; là encore on comprend que le psalmiste revêt une qualité qui devient la sienne certes, mais parce qu'elle lui est donnée par un autre. Il en va de même pour «le chemin qu'il choisit», formule dont on a dit qu'elle était ambiguë. C'est bien évidemment le Seigneur qui choisit le premier le chemin qu'il entend emprunter, mais ce chemin devient aussi celui que l'homme choisit. Ainsi la volonté de Dieu et celle de l'homme ne font plus qu'un. L'échange, mieux, T union se réalise aussi quand, aux extrémités du poème, le psalmiste commence par déclarer : « Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme » (1) et qu'il finit par supplier le Seigneur de « veiller sur son âme » (20). Le mouvement est réciproque et conduit les deux protagonistes de ce que l'on peut à juste titre appeler une histoire d'amour et de fidélité à se rencontrer et à s'unir. Enfin, même la question des « ennemis » peut être comprise dans la même ligne ; en effet, /'ambiguïté de l'expression «ceux qui trahissent pour rien», qui est mise en parallèle avec « mes ennemis » (2-3) donne à penser que les ennemis du psalmiste ne sont autres que ceux de Dieu lui-même. En défendant son fidèle, en le délivrant de ses ennemis, c'est sa propre fidélité qu'il défend et c'est lui-même qu'il protège. La cause de Dieu et de celui qui le craint ne sont qu'une seule et même cause. Singulier et pluriel Le jeu du singulier et du pluriel marque les trois parties du psaume. Alors que dans la partie centrale le singulier du psalmiste est évoqué brièvement, en deux segments (11.15), en application d'une loi générale énoncée dans tout le reste de la partie, inversement dans les parties extrêmes, ce que l'orant demande tout au
74
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
long pour lui-même est élargi à tous dans deux segments seulement (3.22). Cet équilibre identique des parties extrêmes entre le singulier et le pluriel est un indice supplémentaire que le dernier verset n'est pas une adjonction secondaire mais qu'il fait partie intégrante du psaume. L'attribution de cette prière à David n'est probablement pas due seulement à l'artifice commun qui voulait que l'on mette une composition tardive sous le patronage et l'autorité d'un personnage illustre du passé. Elle s'accorde bien avec la fonction de celui qui ne parle pas seulement en son nom propre mais aussi au nom de tout son peuple, ce qui est d'abord et avant tout la fonction du roi, mais qui peut être compris aussi comme le devoir de quiconque prie non seulement pour lui-même, mais qui, solidaire des siens, les porte tous avec lui dans sa prière52. Psaume de l'Avent « Vers toi j'élève mon âme ; mon Dieu, en toi je me fie, que je ne sois pas confondu ! » C'est par ces mots, empruntés au Ps 25, que commence la première messe de l'année liturgique, celle du 1er dimanche de l'Avent, où l'on retrouve ce psaume au graduel et à l'offertoire. Choix et insistance compréhensibles, car cette prière de l'Israël des anawim convient admirablement pour exprimer l'attente de l'Église et son espérance en la réalisation des promesses du Dieu de l'Alliance 53 .
Ces lignes, publiées en 1966, s'appliquaient à la liturgie préconciliaire. La réforme liturgique n'a pas gommé le rapport du psaume 25 avec l'Avent, puisque l'antienne d'entrée du premier dimanche de l'Avent reprend toujours ses trois premiers versets. Ce qui donne à ce psaume une position et un relief tout particuliers. Pour l'acclamation de l'évangile et pour l'antienne de communion de ce même dimanche, la nouvelle liturgie fait appel au Ps 85 que l'ancienne liturgie considérait comme spécifique de ce temps inaugural54.
52
« Le verset 22, que l'on considère à tort comme étranger au psaume parce qu'il est en dehors de l'alphabétisme, lui est intentionnellement extérieur, pour souligner qu'il en dégage la substance, sans appartenir lui-même à la série des demandes : il nomme l'orant par son nom : Israël ; il résume sa situation par le mot angoisses et synthétise ses demandes en celle du rachat, caractérisant en même temps ainsi les relations d'Israël avec son Rédempteur » (Mannati - Solms, I, 252, note 1). 53 Mannati - Solms, I, 252. 54 Pour l'analyse rhétorique de ce psaume, voir R. MEYNET, « L'enfant de l'amour (Ps 85) ».
Le psaume 25
75
Épilogue : à propos de l'irrégularité de l'acrostiche alphabétique Il faut d'abord remarquer que l'absence de trois lettres (bet, waw, qoph) est pour ainsi dire compensée par la répétition de trois autres lettres («aleph, pé, resh) ; le nombre total des 22 lettres de l'alphabet est donc préservé. L'équilibre entre les trois parties est respecté aussi de ce point de vue, puisque la répartition des lettres correspond exactement au nombre des versets tels que les découpe le Texte Massorétique : sept lettres dans la première partie {aleph, aleph, guimel, daleth, hé, zayin, het), sept également dans la dernière partie (pé, tsadé, resh, resh, shîn, taw, pé), et huit dans la partie centrale (tet, yod, kaph, lamed, mem, noun, samek, ayin). Pour ce qui est de la répétition du pé, il faut rappeler que les deux occurrences de cette lettre font inclusion pour la dernière partie ; ce fait est corroboré par le rapport de paronomase qui rapproche les deux impératifs par lesquels commencent les versets 16 et 22, paronomase renforcée par celle du début des mots qui suivent ces impératifs, penëh 'ël(ay), en 16 et pedëh 'ël(ôhîm) en 22. À la double occurrence de pé, en termes extrêmes dans la dernière partie, correspond la double occurrence de aleph dans la première partie, mais cette fois-ci au début des deux premiers membres. Il se trouve aussi que les deux premiers mots des versets commençant par aleph, « vers-toi » et « mon Dieu » se retrouveront en deuxièmes termes des versets qui commencent par pé : « vers-moi » « ô Dieu » ; la symétrie est donc complémentaire, puisque le psalmiste élève son âme « vers » son « Dieu » pour que « Dieu » se tourne « vers » lui. Faut-il voir dans ces faits une explication des irrégularités de l'alphabétisme du psaume ? Peut-on penser que ces irrégularités étaient intentionnelles ? Une réponse à ces questions, qu'il est difficile d'éviter, ne pourra être avancée qu'après l'étude systématique des autres poèmes alphabétiques où se retrouvent des irrégularités analogues55. S'il est possible de jongler avec les lettres et de jouer sur les mots qu'elles peuvent former, les trois lettres répétées de l'acrostiche alphabétique (aleph, pé, resh) peuvent se lire dans l'ordre du psaume 'ëper, « poussière », et dans l'ordre inverse râpa , « guérir ». Le premier mot décrirait bien l'état de l'homme devant son Seigneur, le second l'action de Dieu envers lui. Même si ce n'étaient pas là les mots cachés par l'auteur, rien n'interdit au lecteur de les y voir.
55
Sur l'irrégularité de l'acrostiche alphabétique du Ps 34 et ses effets, voir p. 95.
Psaume 34 « Qui aime la vie ? »
Les psaumes acrostiches alphabétiques ne jouissent pas, le plus souvent, d'une grande considération. Dans son introduction aux Psaumes, Émile Osty écrivait : « On devine les entraves qu'un pareil procédé apporte au développement de la pensée, les incohérences et les redites dont il est responsable» 1 . Le psaume 34 n'échappe pas à ce genre de jugement défavorable. Ainsi, Ravasi écrit : « Spontanéité intérieure et contrainte stylistique extérieure empêchent que la pensée soit organisée selon un cadre précis et bien défini » 2 . Alonso Schoekel, à qui manifestement ce genre de composition, jugée artificielle, ne plaît guère 3 , est encore plus sévère et renonce à dégager une quelconque organisation du psaume : L'auteur avance péniblement, débitant chaque lettre avec des phrases conventionnelles. Il est peu de versets qui captivent le lecteur par leur originalité ou par un intérêt particulier. Dans de nombreux versets le second hémistiche sonne comme un remplissage interchangeable, presque une cheville, qui va jusqu'à la répétition (vv. 5.7.18.20). On a beau rassembler divers paradigmes, pour les observer ensemble, nous ne découvrons pas de principe d'unité4. La plupart des commentateurs en fournissent néanmoins un plan, comme pour les autres psaumes. Plusieurs identifient un invitatoire ou prologue (2-4) 5 ; la majorité divisent le texte en deux parties 6 , une de récit, l'autre d'instruction (celle-ci commençant au verset 12), elles-mêmes subdivisées parfois en « strophes » 7 . Mais il ne manque pas d'autres plans, plus ou moins différents 8 . Certains enfin se gardent de prendre position 9 .
1
Osty, 1165. Ravasi, 1,613-614. 3 Alonso Schoekel - Carniti, Salmos, 419, 514, 551, 1380, 1446-1647, 1635.1637. 4 Alonso Schoekel - Carniti, Salmos, I, 514. Voir p. 13, note 5. 5 Parmi les plus récents, Lorenzin, 154 ; Clifford, 173 (même si, par la suite il change sa division: 1-3 ; 4-10; 11-22); 6 Avant le verset 12 la Septante ajoute un diapsalma (qui traduit le selâ du texte massorétique, la plupart du temps interprété comme « pause »). 7 Ainsi, par exemple, Beaucamp, 153, mais aussi H. Wiesmann (voir note 15). 8 Parmi tant d'autres, Gerstenberger, 1, 146 ; Limburg, 110-112 ; Terrien, 301-306 : ses deux parties (5-12 et 16-23) sont articulées par un « interlude » (13-15). 9 Ainsi L.O. ERIKSSON, « Come, children, listen to me ! ». Psalm 34 in the Hebrew Bible and in Early Christian Writings. Après avoir présenté en détail le plan de cinq auteurs (p. 46-54), il conclut que c'est l'acrostiche qui représente la structure la plus importante et il ajoute seulement que le verset 12 constitue « le point focal du poème » (p. 55), d'où le titre de son livre. 2
78
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Deux auteurs en ont présenté une analyse « structurelle », Pierre Auffret 10 et Marc Girard11. Selon les dernières analyses de ces deux auteurs, le psaume comprend quatre parties (2-4, 5-8, 9-15, 16-23). Ce n'est pas le lieu de discuter leurs analyses successives. J'ai consacré au commentaire des psaumes de M. Girard deux recensions ainsi qu'un article d'hommage critique12. Deux points de méthode doivent être rappelés. Le premier et le plus important est que l'analyse doit être conduite de manière rigoureuse à chacun des niveaux successifs de l'organisation des textes13 : deux ou trois membres, ou même un seul, forment un segment ; deux ou trois segments, ou même un seul, forment un morceau ; deux ou trois morceaux, ou même un seul, forment une partie (ou une sous-partie) ; enfin le « passage » (ou péricope) est formé d'une ou de plusieurs parties. Le second point de méthode à souligner est qu'il est nécessaire de connaître les lois propres à la rhétorique biblique et sémitique, entre autres dans le cas présent, la loi de la question au centre14. Il ne manque pas de plans élaborés selon les critères de la rhétorique grécolatine. Wiesmann organise le texte en deux parties de même composition : quatre strophes de deux distiques suivies d'une dernière strophe formée de trois distiques (2-3, 4-5, 6.23, 7-8 et 9-11 ; 12-13, 14-15, 17-16, 18-19 et 20-22)15. Après avoir affirmé que l'acrostiche alphabétique ne permet pas « que la pensée soit organisée selon un cadre précis et bien défini »16, Ravasi propose un plan fort régulier17 qui mérite d'être reproduit :
10 D'abord, «Essai sur la structure du Ps 3 4 » ; puis, «"Allez, fils, entendez-moi !". Étude structurelle du Psaume 34 et son rapport au Psaume 33 » ; enfin, « Yhwh entendant. Étude structurelle du Psaume 34 ». 11 Les Psaumes 1-50, 267-274 ; Les Psaumes redécouverts, I, 580-591. 12 Voir p. 55, note 2 h 13 Voir Traité, Chap. 3, «Les niveaux de composition», 131-215. Ne tenir compte que des seules récurrences des mots-clés ne saurait suffire ; selon cet unique critère, Liebreich divise le texte en quatre parties, 2-4, 5-11, 12-15 et 16-23 : L.J. LIEBREICH, «Psalms 34 and 145 in the Light of their Key Words », 183. 14 Voir R. MEYNET, «The Question at the Centre: A Specific Device of Rhetorical Argumentation in Scripture». 15
16 17
H. WIESMANN, « Ps. 34 (Vulg. 33) »,.
Voir ci-dessus, p. 1. Ravasi, 1,615.
Le psaume 34
79
Prologue de la berakah-tehillah (vv. 2-3) Première section (vv. 4-11) : expérience personnelle, appel universel a. Invitatoire (v. 4) b. Première strophe (vv. 5-8) : expérience personnelle c. Deuxième strophe ( w . 9-11) : appel universel Deuxième section (vv. 12-22) : leçon sapientielle universelle a. Invitatoire (v. 12) b. Question - réponse sapientielle (vv. 13-15) c. Poème parénétique en deux strophes (w. 16-19 et 20-22) Épilogue postérieur sur le thème positif de la confiance du juste (v. 23). Il est clair que beaucoup de plans « traditionnels » contiennent un certain nombre d'observations tout à fait exactes ; dans celui qui vient d'être reproduit, comme dans bien d'autres, la césure majeure entre les versets 11 et 12 est reconnue. Toutefois, analyser le français, comme on l'a fait pendant des siècles, en utilisant les catégories grammaticales du latin, n'est pas la meilleure façon de rendre compte de sa structure propre. Pour ce qui est de l'analyse des textes bibliques, les lois de la rhétorique sémitique sont plus adaptées que celles de la rhétorique classique, gréco-latine. La présente étude sera menée selon les lois de composition des textes propres à l'aire culturelle et linguistique à laquelle ils appartiennent. Après le titre : « De David, quand il déguisa sa raison devant Abimélek et (celui-ci) le chassa et (lui) s'en alla », les vingt-deux segments du psaume luimême sont organisés en trois parties, deux parties développées comprenant chacune dix segments (2-11 ; 14-23) qui encadrent une partie beaucoup plus courte qui ne compte que deux segments (12-13). Les sous-parties centrales des deux grandes parties (5-7 ; 18-20) se correspondent de manière très étroite 18 . Comme cela arrive très souvent dans les textes sémitiques, le centre de la construction est occupé par une question, la seule de tout le psaume (13). L'alphabétisme n'est pas parfait. Il n ' y a pas de segment qui commence par waw (entre le hé et le zayin) ; en revanche deux segments commencent par pé : le verset 17, à sa place entre le ayin et le sadé, mais repris à la fin (23), après le taw, dernière lettre de l'alphabet. Malgré ces anomalies, le total des segments est celui de l'alphabet hébreu, qui compte vingt-deux lettres 19 .
18
On pourra donc les considérer comme des « termes centraux» ; voir Traité e, 218-220 et surtout 276-278. 19 Voir D.N. FREEDMAN, « Patterns in Psalms 25 and 34 ». L'Auteur s'attache à la métrique, au compte des mots, des accents et des syllabes. Il divise le Ps 34 en deux parties (2-11 et 12-22, le verset 23 étant compté à part (p. 137).
80
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L A PREMIÈRE PARTIE ( 2 - 1 1 )
La première partie comprend trois sous-parties. LA PREMIÈRE SOUS-PARTIE
(2-4)
+ 2 J E BÉNIRAI
LE SEIGNEUR
en t o u t t e m p s ,
+ toujours
SA LOUANGE
en ma
SE LOUE
mon souffle, et SE RÉJOUISSENT !
+ 3 E n LE SEIGNEUR
QU'ILS ENTENDENT =
4
MAGNIFIEZ
= et E X A L T O N S
les pauvres LE SEIGNEUR
son nom
bouche.
avec moi or? çfïnjhjQ
Cette sous-partie compte trois segments bimembres à 3 + 3 termes. Dans le premier (2) les deux membres sont synonymes : « toujours » correspond à « en tout temps », « le Seigneur » est pronominalisé dans le second membre avec l'unique terme « sa louange » ; en revanche, au verbe du premier membre, « j e bénirai », correspondent deux termes dans le second membre : « sa louange », qui correspond au signifié du verbe « bénir » et « en ma bouche » qui reprend la première personne du singulier. Alors que le premier segment est à la première personne du singulier, le troisième (4) est au pluriel. « Son nom » renvoie à « le Seigneur », « ensemble » correspond à « avec moi », « magnifiez » et « exaltons » sont synonymes et sont tous deux à l'impératif. Il y a toutefois une progression d'un membre à l'autre : tandis que le premier, à la deuxième personne du pluriel, est une invitation adressée par une première personne du singulier à d'autres, le second membre inclut le je et les autres dans un seul groupe et tous ensemble deviennent une première personne du pluriel. Quant au segment central (3), il assure la transition entre les deux autres segments. Son premier membre rappelle le premier segment, car il utilise lui aussi la première personne du singulier, et aussi parce que « se louer » est de même racine que « sa louange » et parce que « mon souffle » (>napsî, qui pourrait être traduit par « mon gosier ») correspond à « ma bouche », en même position finale. Son second membre au contraire est au pluriel comme le segment suivant ; « qu'ils entendent » n'a pas de complément objet, mais on comprend qu'il s'agit à la fois de la louange singulière du psalmiste exprimée dans le premier segment et de la double invitation qui est adressée aux « pauvres » dans le dernier segment. Le nom du « Seigneur » est repris dans les premiers membres de chaque segment, en position identique dans les segments extrêmes.
Le psaume 34 LA DEUXIÈME SOUS-PARTIE + JE CHERCHAI = ET DE TOUTES + 6 ILS REGARDÈRENT
= et leur face ~ 7 Ce pauvre = ET DE TOUTES
81
(5-7) LE SEIGNEUR mes frayeurs
et il me répondit // nie défim.
vers Lui ne rougira pas.
et resplendirent
CRIA ses angoisses
et LE SEIGNEUR
i! le
écouta
saijyj.
Comme la précédente, cette sous-partie est de la taille d'un morceau, formé de trois segments. Les segments extrêmes sont parallèles entre eux : ce sont surtout leurs seconds membres qui sont très proches, mais leurs premiers membres reprennent le nom du « Seigneur » et s'achèvent par deux verbes « répondre » et « ecouter » complémentaires et même pratiquement synonymes dans la mesure ou « ecouter » ne signifie pas seulement « prêter l'oreille », mais « exaucer » ce qu explicite le membre suivant (7b). Les segments extrêmes sont tous deux au singulier, tandis que le verset central est au pluriel 20 . Toutefois, alors que le premier segment est à la première personne, le dernier est à la troisième personne : on pourra donc se demander si les sujets réels de ces segments ne désignent pas tous deux le psalmiste lui-même.
20 Quelques manuscrits hébreux ainsi que plusieurs versions lisent le verset à l'impératif donc à la deuxième personne du pluriel.
82
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LA TROISIÈME SOUS-PARTIE
(8-11)
Cette sous-partie est plus complexe que les précédentes, car elle comprend deux morceaux. Le premier est formé de deux segments bimembres : + 8 II campe : : autour de
l'ange
du SEIGNEUR
SES-CRA!(3NANT
et les dégage.
+ 9 Goûtez :: heureux
et voyez T homme
(qui)-S'A£RITE-EN-LU!.
que bon
(est)
LE SEIGNEUR,
Les premiers membres mentionnent en finale « le Seigneur » et dans les seconds membres les hommes sont appelés « ses-craignant » et « qui-s'abrite-en-lui ». Aux extrémités du premier segment les deux verbes ont pour sujet le Seigneur, à travers son « ange ». De manière complémentaire le second segment met en scène « l'homme », l'homme en général auquel le premier membre s'adresse au pluriel. Les verbes extrêmes, « camper » et « s'abriter », se correspondent dans la mesure où l'homme trouve refuge dans le camp gardé par l'ange du Seigneur. Le second morceau comprend lui aussi deux segments bimembres : =
10
Craignez
LE SEIGNEUR,
ses saints pour S E S CRAIGNANT.
.. car pas de
MANQUE
= 11 Des lions
sont dénués
et affamés
.. e t L E S CHERCHANT
LE SEIGNEUR
NE MANQUENT
d'aucun-bien.
Aux extrémités du premier segment, le même verbe se trouve d'abord à l'impératif puis au participe. Les deux membres du second segment opposent « les lions » « affamés », qui cherchent donc leur proie, et ceux qui cherchent le Seigneur 21 . Les seconds membres des deux segments contiennent deux mots de même racine : « manque » et « ne manquent » qui sont également affectés de la négation. « Les cherchant » le Seigneur (11b) correspondent à « ses craignant » (10b). Les premiers membres opposent « ses saints » et « des lions ».
21 La Septante a « riches » au lieu de « lions ». Au niveau du segment (11), il est certain que l'opposition est plus directe entre ceux qui « ne manquent d'aucun bien » et « des riches dénués et affamés » ; c'est cette position que défendait Christian Schoettgen dans sa sixième dissertation, « De exergasia sacra », Horae Hebraicae et Talmudicae, 1 2 5 9 - 1 2 6 1 ; trad, anglaise de la sixième dissertation dans J.R. LUNDBOM, Jeremiah. A Study in Ancient Hebrew Rhetoric, 121 - 1 2 7 . Il en va de même au niveau supérieur du morceau (10-11). Le texte massorétique est défendu par J.J.M. ROBERTS, « Young lions of Psalm 34,11 ».
Le psaume 34
83
Les deux morceaux forment une sous-partie de construction spéculaire : + 8 II campe : : autour de
Vange
du SEIGNEUR
S E S CRAIGNANT
et les dégage.
+ 9 Goûtez :: heureux
et voyez l'homme
que BON
= 10 Craignez .. car pas de
LE SEIGNEUR, manque
ses saints
Des lions
sont dénués
et les cherchant
LE SEIGNEUR
et affamés ne manquent
_ 11
(est)
LE SEIGNEUR,
qui s 'abrite en lui.
POUR S E S CRAIGNANT.
d'aucun
BIEN.
En effet, les segments internes ont en commun de commencer par des impératifs pluriels. Les segments extrêmes opposent « l'ange » qui protège le camp des fidèles du Seigneur contre « les lions » « affamés » que sont leurs ennemis 22 . On aura noté que le nom du « Seigneur » revient dans chaque segment, dans les premiers membres d'abord (8a.9a.10a), mais dans le dernier à la fin (11b) faisant ainsi une sorte d'inclusion. « Ses craignant » est repris dans les seconds membres des premiers segments (8b. 10b), et dans les seconds segments tôb revient (traduit par « bon » en 9a et par « bien » en 11 b). Les derniers verbes de chaque morceau sont en rapport paronomastique : « qui s'abrite en lui »/« ne manquent » (yehëseh-bô / lô'-yahserû).
22
La métaphore du « lion » pour désigner « l'ennemi » est traditionnelle (pour rester dans le seul psautier, voir Ps 7 , 3 ; 10,9, 1 7 , 1 2 ; 2 2 , 1 4 . 2 2 , 57,5, etc.); voir P. BOVATI, Risiabilire la giustizia, 272.274. On voit qu'il n'est pas nécessaire de changer « des lions » du texte massoretique par « des riches » comme fait la Septante : au niveau de la sous-partie, l'image du camp assiégé par les lions que sont les ennemis et défendu par « l'ange du Seigneur » est tout à fait cohérente.
84
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ENSEMBLE DE LA PREMIÈRE PARTIE (2-11) 2
Je bénis u:
3
En aMmm se loue mon souffle,
qu'ils
4
Magnifiez
et exaltons son nom ensemble.
en tout temps,
Û: SIMRII
avec moi
toujours sa louange en ma bouche.
u- Si«*« et il me répondit
5
JE CHERCHAS
6
Ils regardèrent vers lui et resplendirent
7
CE PAUVRE
cria et IFCSEIMM
ÉCOUTA
8
11 campe l'ange m SEIGNEUR
9
Goûtez et voyez que bon il SÛGNÎM,
iU
Craignez n; SHH^HÎJR, ses saints,
11
Des lions sont dénués et affamés,
É C O U T E N T LES PAUVRES
et se réjouissent.
et de toutes mes frayeurs il me délivra. et leur face ne rougira pas. et de toutes ses angoisses il le sauva.
autour de ses craignant et les dégage. heureux l'homme qui s'abrite en lui. car pas de manque pour ses craignant. et LES CHERCHANT IL: SMWM. ne manquent de tout bien.
Le nom du « Seigneur » revient dans tous les segments, à l'exception du segment central (6) ; il se trouve toujours dans le premier membre, à l'unique exception du dernier segment, où il clôt en quelque sorte la série. Ko/ (« tout/ toutes ») revient quatre fois, en position régulière : dans les membres extrêmes de la partie (2a. 1 lb) et dans les membres extrêmes de la sous-partie centrale, en position identique (5b.7b). Les sous-parties extrêmes n'ont aucun lexique commun, à part « le Seigneur ». Au contraire la sous-partie centrale est liée aux deux autres par plusieurs reprises : « pauvre(s) » et « écouter » (3.7) d'une part, « c h e r c h e r » (5.11) de l'autre. La sous-partie centrale se distingue des deux autres, car non seulement tous leurs seconds membres commencent par « et » mais aussi parce que leurs premiers membres sont eux-mêmes formés de deux syntagmes coordonnés par « et ». Le balancement entre le « j e » du psalmiste dans la première moitié de la première sous-partie (2-3a) et le pluriel dans la seconde moitié (3b-4) se retrouve dans la sous-partie centrale, où le singulier des extrémités (5-7) — qui se réfère probablement au psalmiste — encadre le pluriel du centre (6). Quant à la troisième sous-partie elle est toute au pluriel, ce pluriel vers lequel progressait la première sous-partie et sur lequel était focalisée la seconde sous-partie, mais ce pluriel est interpelé — avec des impératifs de seconde personne du pluriel (« magnifiez » ; « goûtez et voyez », « craignez ») —, comme dans la première sous-partie, par le je du psalmiste. Dans la première sous-partie le psalmiste parle au présent — un présent qui dure —, pour inviter « les pauvres » à louer le Seigneur avec lui : le futur y est donc articulé au présent. La seconde sous-partie énonce les raisons pour
Le psaume 34
85
lesquelles le Seigneur est loué : ce sont les actions que Dieu a accomplies dans le passé en leur faveur ; toutefois, le second membre du segment central regarde le futur. Dans la troisième sous-partie les actions de Dieu ne sont plus celles du passé comme dans la sous-partie précédente ; ce sont ses actions de toujours, exprimées au présent, et donc ceux auxquels le psalmiste s'adresse à l'impératif sont invités à se fier à lui, à le « craindre » dans le futur. LA DEUXIÈME PARTIE ( 1 2 - 1 3 )
+ 12 Allez, - la crainte 13
+ Qui-(est) l'homme - aimant
fils, du Seigneur
écou+ez-md,
désirant les jours
la vie, pour voir le bien ?
iiS' v o u s
w
i
.
Cette partie est de la taille d'un morceau formé de deux bimembres 23 . Le premier est de composition parallèle : les verbes par lesquels les membres s'achèvent sont complémentaires ; le psalmiste invite ses disciples, ses « fils », à l'écouter, mais c'est pour les amener à «craindre» « l e Seigneur». Dans le second segment, « désirant » et « aimant » sont synonymes, et « la vie » est ensuite définie comme « les jours pour voir le bien », c'est-à-dire le bonheur. On pourrait s'étonner qu'un impératif suivi d'une promesse (12) soit suivi par une interrogation (13) et penser que le contraire eut été plus naturel, plus logique : vous désirez la vie ? Bien, alors je vais vous enseigner comment l'obtenir. En réalité, le premier segment ne doit pas être considéré comme la réponse à la question qui suit. Dans le premier segment le maître exprime son désir, dans le second il pose la question du désir de l'élève. A ceux qui veulent obtenir « la vie » et « le bien », le maître enseignera qu'ils sont le fruit de « la crainte » du Seigneur. En d'autres termes, le rôle du maître est d'enseigner à ses « fils » que « la vie » qu'il leur transmet s'origine dans « le Seigneur », que c'est le Seigneur qui est leur véritable père. « Écouter » le maître, l'écouter vraiment pour faire ce qu'il dit, c'est le « craindre » ; or ce qu'il enseigne, c'est que c'est le Seigneur qu'il faut craindre, c'est-à-dire aimer24.
23
Le premier mot de la partie, Iekû, est la plupart du temps traduit par « venez » (BJ, Osty, Dhorme conservent Tordre des mots: «Venez, fils, écoutez-moi»; la TOB a «venez m'écouter»). Or hâlak signifie « a l l e r » ; «venir» se dit avec un autre verbe: ba. Alonso Schoekel traduit, « approchez-vous » et il commente : « il convoque ses disciples [...] les invite à s'approcher» (Alonso Schoekel - Carniti, Salmos. I, 512.517). Amos Hakham explique: «Ici "allez" n'a pas du tout le sens de "s'en aller", mais c'est une locution d'incitation qui précède l'impératif "écoutez". De même : "Allez ! jetons les sorts" (Jon 1,7) et tant d'autres exemples» (Sefer Tehillîm, I, 188) ; voir aussi, par ex., Gn 37,20.27. 24 La « crainte » n'est pas la peur. « La certitude tremblante de l'amour, cela exactement que la Bible appelle "crainte de Dieu" » (P. BEAUCHAMP, L'Un et l'Autre TestamentI, 272).
86
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LA TROISIÈME PARTIE (14-23)
Comme la première partie, la troisième est formée de trois sous-parties, organisées de manière concentrique (14-17 ; 12-13 ; 14-23). LA PREMIÈRE SOUS-PARTIE
(14-17)
Cette sous-partie comprend deux morceaux. Le premier est formé de deux bimembres : ta langue du parler
du MAL trompeur.
ÉVITE
le MAL
et FAIS-ie-bien,
+ RECHERCHE
la paix
et POURSUIS-Ia.
-14
PRÉSERVE
- et tes lèvres +
15
Dans le premier segment « le mal » dont parle le premier membre est défini dans le second comme le mensonge, proféré par la « langue » ou les « lèvres ». Comme le premier segment le second commence par un impératif de sens négatif : « évite » comme « préserve », suivi par trois autres impératifs de sens positif : « fais-le-bien », « recherche » et « poursuis ». Cette fois-ci « le mal », opposé d'abord au « bien » puis à « la paix », semble être de l'ordre de l'action, comme le suggère le verbe « faire » (15a), et non plus des paroles comme dans le premier segment. Le second morceau (16-17) comprend lui aussi deux bimembres : + 1 6 LES YEUX
:: et ses oreilles + 1 7 LA FACE
:: pour effacer
du Seigneur pour les justes pour leurs clameurs. du Seigneur de la terre
contre les faisant le ma/,
leur mémoire.
Les deux membres du premier segment coordonnent « les yeux » et les « oreilles » ; aussi bien « le Seigneur » que « les justes » sont pronominalisés dans le second membre. Dans le second segment, le second membre explicite ce qu'exprime de manière concise le premier. Les premiers membres se correspondent qui commencent par des syntagmes très semblables ; leurs derniers termes en revanche opposent « les justes » et « les faisant le mal » ; on peut comprendre que, si les justes crient vers le Seigneur, c'est parce qu'on leur fait du mal. Les seconds membres s'opposent eux aussi, dans la mesure où les justes sont écoutés et exaucés, tandis que les autres sont oubliés de Dieu et des hommes sur « la terre ».
Le psaume 34
87
L'ensemble de la sous-partie est marquée par la triple occurrence de « mal » (14a. 15a. 17a). En même position, « f a i s le b i e n » s'oppose à « l e s faisant le m a l » (15a. 17a). Dans les premiers segments sont mentionnées des parties du corps : « la langue » et « les lèvres » de l'homme en 14, « les yeux » et « les oreilles » du Seigneur en 16, à quoi s'ajoute au début de 17 sa « face » (au pluriel en hébreu). Les deux morceaux sont complémentaires : aux actions de l'homme (14-15) répondent celles du Seigneur (16-17). Le premier est au singulier, le singulier de celui auquel le psalmiste s'adresse à la deuxième personne. Le second au contraire est au pluriel et à la troisième personne ; c'est la motivation qui est donnée à celui que le psalmiste met en garde. -
Préserve
- e t TES LÈVRES
du parler
+ 15 Évite + recherche
le MAL la paix
+
du Seigneur pour les justes pour leurs clameurs.
1 6
LES YEUX
+ e t SES OREILLES -
du MAL trompeur.
TA LANGUE
LA FACE
1 7
- pour effacer
et FAIS-le-BL'EN
et poursuis-la.
du Seigneur de la terre
sur les FAISANT le MAL,
leur mémoire.
Il est possible de considérer que la sous-partie est de construction spéculaire : en effet, le châtiment des méchants (17) s'abattra sur ceux qui n'auront pas su se préserver du mal (14) ; en revanche la récompense des justes (16) sera pour ceux qui auront fait le bien et recherché la paix (15). LA DEUXIÈME SOUS-PARTIE 18 :
Ils crièrent ET DE TOUTES + 19 Proche (est) = et les abattus
20 :
De nombreux ET D'EUX TOUS
(18-20) et LE SEIGNEUR
leurs angoisses LE SEIGNEUR
d'esprit maux i8 ù%;ÎWfè
écouta II tes ûëwm. des brisés-de cœur Il Sdii Vê. (sur) le juste LE SEIGNEUR.
Cette sous-partie est de la taille d'un morceau formé de trois segments bimembres. Aux misères de l'homme (« ils crièrent », « angoisses », « brisés de cœur », « esprits abattus », « maux ») répondent les actions salvatrices du Seigneur (« écouta », « les délivra », « proche », « il sauve », « il le délivre »). Les segments extrêmes se correspondent par leurs seconds membres qui commencent par « et de toutes », « et d'eux tous », suivi par « délivrer » ;
88
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« sauver » à la fin du segment central est un synonyme des deux « délivrer ». Le nom du « Seigneur » est repris en même position dans les deux premiers segments, à la fin dans le dernier, faisant ainsi inclusion. Alors que les deux premiers segments sont au pluriel, le dernier est au singulier ; en revanche, tandis que le premier est à l'accompli (traduit par un passé), les deux autres sont à l'inaccompli (traduit par le présent). LA TROISIÈME SOUS-PARTIE
(21-23)
La dernière sous-partie est de nouveau de la taille d'un morceau formé de trois bimembres : +21 il garde - (pas) un seul 22
:: II tue : : et les haïssant + 2 3 If rachète - e t i l s n* EXPIERONT p a s
TOUS d'entre eux le méchant, le juste le Seigneur TOUS
S E S OS
ne sera brisé. le mal EXPIERONT. L'ÂME
les s'abritant
de ses serviteurs en lui.
Les segments extrêmes sont parallèles : le sujet des premiers membres est le même, les verbes sont au participe, traduit par un présent, et l'objet (« les os » et « l'âme » ou « le souffle ») concerne les mêmes personnages (au singulier en 21, au pluriel en 23). Les seconds membres indiquent la conséquence de l'action de Dieu pour ses serviteurs : le sort des bons est chaque fois exprimé par la négation d'un malheur. En opposition, le segment central décrit le sort du méchant que « le mal » « tue ». Les deux occurrences de « expier » dans les seconds membres des deux derniers segments sont opposées par la négation. « Tous » revient en même position dans les membres extrêmes.
Le psaume 34 L 'ENSEMBLE DE LA PARTIE
89
(14-23)
4
Préserve ta langue du MAL
et tes lèvres du parler trompeur,
5
Évite le MAL et fais le bien,
recherche la paix et poursuis-la.
16
Les yeux
DU SEIGNEUR
pour les Jvsim
La face DU SEIGNEUR contre les faisant le MAL, 18
Ils crièrent et
19
Proche est
20
De nombreux MAUX sur le
LE SEK3NEUR
LE SEIGNEUR
écouta
des cœurs BRISES JUSTE
' Il garde tous ses os,
et ses oreilles pour leurs clameurs, pour ôter de la terre leur mémoire. et de toutes leurs angoisses les délivra, et les esprits abattus il les sauve,
et de tous le délivre
LE SEIGNEUR.
pas un seul d'entre eux ne sera BRISE,
Il tue le méchant, le MAL
et ceux qui haïssent le JUSTE expieront,
II rachète
et ils n'expieront pas tous les s'abritant en lui.
LE SEIGNEUR
l'âme de ses serviteurs
Plusieurs termes sont spécifiques de cette partie : les cinq occurrences de « mal » qui n'apparaissent que dans les premiers membres (14a. 15a. 17a ; 20a ; 22a) ; « juste(s) », qui revient une fois dans chaque sous-partie (16a ; 20a ; 22b) ; « brisés » au centre de la sous-partie centrale (19a) et au début de la dernière sous-partie (21). En outre, le nom du « Seigneur» est employé six fois (16a. 17a; 18a. 19a. 20b ; 23a). « Tous/toutes » revient deux fois dans la deuxième sous-partie (18b.20b) deux fois dans la troisième (21a.23b). La première moitié de la première sous-partie est adressée à un individu (1415), mais la seconde moitié s'élargit au pluriel (16-17) ; la seconde sous-partie commence par le pluriel (18-19) pour finir par le singulier (20) ; comme dans la première sous-partie, la première moitié de la dernière sous-partie est au singulier (21-22a) tandis que la seconde moitié est au pluriel (22b-23). Ainsi l'on passe du singulier (14-15) au pluriel (16-19), puis de nouveau du singulier (2022a) pour finir avec le pluriel (22b-23). Il s'agit tout au long des justes en butte au mal que les méchants leur infligent et qui sont sauvés par le Seigneur. Le psalmiste commence par s'adresser à un individu, le lecteur, pour l'inviter à faire le bon choix entre le mal et le bien (1415), car le Seigneur protège les justes mais punit ceux qui font le mal. En effet, il délivre toujours le juste persécuté : il l'a fait par le passé (18) comme il a l'habitude de le faire 25 (19-20). La dernière sous-partie revient sur le sort opposé des justes (aux extrémités : 21.23) et du méchant (au centre : 22).
25
L'inaccompli peut être traduit par le présent ou par le futur.
90
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L'ENSEMBLE DU PSAUME
La construction est tout à fait régulière. En effet, les parties extrêmes comptent chacune dix bimembres organisés en trois sous-parties qui se correspondent de manière spéculaire : les sous-parties les plus proches du centre (8-11 ; 14-17) sont formées de deux morceaux qui comprennent deux segments, tandis que les autres sous-parties comptent chacune un seul morceau formé de trois segments (2-4 et 5-7; 18-20 et 21-23)26. LES RAPPORTS ENTRE LES PARTIES EXTRÊMES
Ce sont surtout les sous-parties centrales des parties extrêmes (5-7 ; 18-20) qui ont beaucoup de points communs. 5
Je cherchai Yhwh
6
Ils regardent vers lui et resplendissent
7
Ce pauvre
et il me répondit
ET DE TOUTES ET
leur
mes frayeurs
ME D E L I V R A .
ne rougira pas.
FACE
ÂPPBA
ET YHWH ÉCOUTA
ET DE TOUTES
S B
«
ET YHWH ÉCOUTA
ET DE TOUTES
LEURS A N G O I S S E S
AH&OBSES
LE
SAUVA.
[...] 18
Ils
19
Proche Yhwh des brisés de
20
De nombreux maux (sur) le juste
CŒUR
LES DÉLIVRA.
ET l e s ESPR.Ï I ^
abattus
IL
ET Û?EUX TOUS
LE D É L I V R E
Yhwh.
SAUVE.
Dans tous les segments les deux membres sont coordonnés par « et » ; les seconds membres des segments extrêmes de chaque sous-partie commencent par « et de toutes », sauf le dernier où le lexème est pronominalisé (« et d'eux tous ») ; les verbes « délivrer » et « sauver » par lesquels s'achèvent les segments extrêmes de la première sous-partie (5.7) sont repris dans l'autre, aux extrémités pour « délivrer » (18.20) et au centre pour « sauver » (19) ; appartenant au même champ sémantique, « cœur » et « esprits » de 19 correspondent à « face » de 6 ; mais ce sont surtout les versets 7 et 18 qui, en position symétrique, sont les plus semblables, remplissant la fonction de termes médians à distance27. La plupart des autres reprises lexicales de ces deux parties remplissent une fonction rhétorique : Termes extrêmes : les deux occurrences de « souffle » (3a.23a : nepes peut aussi être traduit par « âme »).
26
Dorénavant le tétragramme est translittéré, « Yhwh », au lieu d'être traduit par « le Seigneur », simplement par manque de place. 27 Voir Traité, 219.274-276.
Le psaume 34
91
Termes initiaux : « bouche » (2b), « langue » et « lèvres » (14). Termes finaux : accompagnés de en 23) peuvent « s'abriter en lui
les participes pluriels « les cherchant » et « les s'abritant », la négation et de kol (traduit par « aucun » en 11 et par « tous » être considérés comme termes finaux ( l l b . 2 3 b ) ; noter que » est repris en 9b comme en 23b.
Termes médians : les trois occurrences de tôb (traduit soit par « bon » soit par « bien ») ne se trouvent que dans les sous-parties 8-11 et 14-17, jouant ainsi le rôle de termes médians. Termes centraux : les deux occurrences de « écouter » en 7a et 18a remplissent la fonction de termes centraux ; le même verbe revient aussi en 3b. Kol (« tout », « tous », « aucun ») revient quatre fois dans chacune des deux parties (2a.5b.7b.l l b ; 18b.20b.21a.23b). On signalera enfin la reprise de « face » en 6b et 17a. 2
b g
3 4
d h z h t
8
Je bénirai Yhwh en tout temps, En Yhwh se loue mon SOUFFLE Magnifiez Yhwh avec moi
toujours sa louange en ma bouche. qu'ils É C O U T E N T les pauvres et se réjouissent. et exaltons son nom ensemble.
5
et de toutes mes frayeurs me délivra. et leur face ne rougira pas. et de toutes ses angoisses le sauva.
6 7
Je cherchai Yhwh et il me répondit Ils regardent vers lui et resplendissent Ce pauvre appela et Yhwh É C O U T A
Il campe l'ange de Yhwh Goûtez et voyez que BON Yhwh
9
10 Craignez Yhwh ses saints y k 11 Des lions sont dénués et affamés
autour de ceux qui le craignent et les dégage. heureux l'homme GUI S'ABRITE EN LUI. car PAS de manque pour ceux qui le craignent. et LES CHERCHANT Yhwh VF manquent d'aucun BIEN.
[...] n s
14 15 16
P
17 S
q r s t p
21 22 23
Préserve ta langue du mal Évite le mal et fais le BIEN
et tes lèvres du parler trompeur. recherche la paix et poursuis-la.
Les yeux de Yhwh pour les justes et ses oreilles pour leurs clameurs. La face de Yhwh contre les faisant le mal, pour ôter de la terre leur mémoire. 18 19 20
Ils crièrent et Yhwh É C O U T A Proche Yhwh des brisés de cœur De nombreux maux (sur) le juste
et de toutes leurs angoisses les délivra. et les esprits abattus il sauve. et d'eux tous le délivre Yhwh.
Il garde tous ses os PAS un seul d'entre eux ne sera brisé. et ceux qui haïssent le juste expieront. Le mal tue le méchant Yhwh rachète le SOUFFLE de ses serviteurs et À expieront PAS tous LES S'ABRITANT EN LUI.
92
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LES RAPPORTS ENTRE LA PARTIE CENTRALE ET LE RESTE DU PSA UME 1
De David, quand il déguisa sa raison à la face d'Abimélek '
b g
2 3 4
d h z h t
8
Je bénirai Yhwh en tout temps, En Yhwh se loue mon souffle, Magnifiez Yhwh avec moi
toujours sa louange en ma bouche. qu'ils ÉCOUTENT les pauvres et se réjouissent. et exaltons son nom ensemble.
5
et de toutes mes frayeurs il me délivra. et leur face ne rougira pas. et de toutes ses angoisses il le sauva.
6 7
Je cherchai Yhwh et il me répondit Ils regardèrent vers lui et resplendirent Ce pauvre cria et Yhwh ÉCOUTA
Il campe l'ange de Yhwh Goûtez et voyez que BON Yhwh,
9
10
CRAIGNEZ Yhwh, ses saints, k 11 Des lions sont dénués et affamés,
y
et (celui-ci) le chassa et (lui) s'en alla.
1 m
12 13
Allez, fils, ÉCOUTEZ-moi Quel est l'homme qui désire LA VIE,
autour de ses CRAIÎSNANT et les dégage. heureux l'homme qui s'abrite en lui. car pas de manque pour ses CRAIGNANT. et les cherchant Yhwh ne manquent d'aucun BIEN. la CRAINTE de Yhwh je vous l'enseigne, aimant les jours pour voir le BIEN ?
n 14 Préserve ta langue du mal s 15 Évite le mal et fais le BIEN,
et tes lèvres du parler trompeur. recherche la paix et poursuis-la.
16 Les yeux de Yhwh pour les justes 17 La face de Yhwh contre les faisant le mal, P
et ses oreilles pour leurs clameurs. pour effacer de la terre leur mémoire.
<
s q r s t p
21 22 23
18
Ils crièrent et Yhwh ÉCOUTA
19
Proche Yhwh des brisés de cœur De nombreux maux (sur) le juste
20
et de toutes leurs angoisses il les délivra. et les esprits abattus il sauve. et de tous le délivre Yhwh.
Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera brisé. Le mal TUE le méchant et ceux qui haïssent le juste expieront. Il rachète Yhwh le souffle de ses serviteurs et n'expieront pas tous les s'abritant en lui.
La partie centrale reprend le verbe « écouter » comme aux centres des parties extrêmes (7a. 18a), jouant ainsi le rôle de termes centraux au double niveau des parties extrêmes et du passage tout entier. Il faut aussi mentionner que le nom de « Yhwh » (12b) revient neuf fois dans la première partie et reviendra encore six fois dans la dernière. Le premier segment central (12) rappelle la première partie. L'invitation à « écouter » se trouvait déjà au début (3b) et « la crainte » de 12b renvoie aux trois occurrences du verbe de même racine dans la sous-partie précédente (8b. 10a. 10b)28.
28
À signaler aussi les deux occurrences de « homme » qui traduisent deux synonymes : geber en 9b, 'îs en 13 a.
Le psaume 34
93
Le second segment central (13) annonce la partie suivante. « L a v i e » (13a) s'oppose à « tuer » de 22a. Il est vrai que le dernier mot du segment, tôb, « bien/ bon », se trouve dans déjà dans la sous-partie précédente (9a. 11b) et que les deux occurrences de 13 et de 11 remplissent la fonction de termes finaux pour les deux premières parties ; toutefois, de même que « la vie » s'oppose à la mort, ainsi « le bien » s'oppose au « mal » (15a), terme qui revient de façon lancinante dans la dernière partie (14a.15a.17a.20a.22a). La mort est causée par le mal. Ainsi, la tonalité de la première partie est positive, même si la mention des « frayeurs » et des « angoisses » (5.7), des « lions » (11), de la délivrance et du salut (5.7.8) laisse entendre que le danger était présent ; la tonalité de la dernière partie est différente, marquée par la présence massive et explicite du « mal » et d'un mal qui n'est pas seulement celui que les ennemis commettent contre le « pauvre », mais qui est aussi celui que ce dernier est tenté de commettre. L'invitation à la louange (4) et à « goûter » la bonté du Seigneur (9) laisse la place à la mise en garde contre le mal (14-15). Au vu d'une telle organisation, les jugements négatifs sur la qualité littéraire du psaume et en particulier de sa composition, semblent pour le moins devoir être remis en question. Pour ne citer qu'un seul point, les répétitions que stigmatisait Alonso Schoekel 29 remplissent une fonction essentielle dans la composition du psaume : elles marquent en effet les centres des parties extrêmes. Il faut enfin revenir sur l'acrostiche alphabétique et en particulier sur son irrégularité, à savoir la reprise en finale du pé qui compense l'absence du waw et permet d'arriver à la totalité des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu sans la dépasser. Ainsi une figure se dessine, celle que forment la première lettre, aleph, celle par laquelle commence la partie centrale, lamed, et la dernière, pé, ce qui forme la racine 'Ip, qui est non seulement celle du nom de la première lettre de l'alphabet, mais aussi celle du verbe qui signifie « apprendre », dans les deux sens d'apprendre de quelqu'un ou d'apprendre à quelqu'un. Le même jeu se retrouverait dans le segment aleph : en écartant les maires lectionis, la première consonne est aleph, la consonne médiane est lamed et la dernière est pé, ce qui de nouveau donne aleph : 'âbârâkâ
'et-yhwh bekol- 'et tàmîd fhillâtô
bepî
La recherche a même été poussée beaucoup plus loin 30 .
29
Voir p. 79. Voir A.R. CERESKO, « The ABCs of Wisdom in Psalm xxxiv » ; V. HUROWITZ, « Additional elements of alphabetical thinking in Psalm xxxiv » ; A.R. CERESKO, « Endings and beginnings: alphabetic thinking and the shaping of Psalms 106 and 150 ». 30
94
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LES RAPPORTS ENTRE LE TITRE ET LE RESTE DU PSAUME
Pour être exhaustif, on notera que « à la face » ( l b ; traduit généralement et à raison par « devant ») correspond aux deux occurrences de « face » (6b. 17a) et que le verbe final, traduit par « s'en alla » est le même qu'au début de la partie centrale (12a). On sait que les titres des psaumes sont tardifs et les commentateurs sont généralement d'avis qu'ils n'ont pas grand rapport avec le psaume lui-même 31 . L'événement auquel se réfère le titre est raconté en 1S 21,11-16. Toutefois le psaume dit que David feignit la folie devant Abimélek, alors que dans le récit de 1S 21 le roi de Gat s'appelait Akish 32 ; d'autre part, le récit ne dit pas que le roi le « chassa ». On relèvera cependant deux contacts verbaux entre le psaume et le récit. D'une part il est raconté que David « craignit beaucoup à la face d'Akish, roi de G a t » (1S 21,13) : non seulement « à la face d e » est repris dans le titre du psaume, mais surtout le verbe « craindre » revient trois fois juste avant le centre du psaume (8b. 10a. 10b) et le substantif « la crainte » du Seigneur est ce que le psalmiste se propose d'enseigner à son « fils ». On pourra comprendre que personne d'autre ne doit être craint, pas même le roi de Gat, mais Dieu seul. D'autre part il est possible de noter un jeu de mots entre « il fit-Vinsensé (yithôlël) entre leurs mains » (1S 21,14) et «se loue (tithallël) mon âme » (Ps 34,3). On pourra interpréter que David est passé de la folie à la louange, comme il est passé de la crainte des hommes à celle de Dieu. INTER TEXTUALITÉ
Dans l'Ancien
Testament
Il est certainement possible de relever dans le Ps 34 de multiples rapports avec d'autres textes de la Bible hébraïque, surtout avec les autres psaumes. Il n'est que de consulter les notes marginales de la Bible de Jérusalem et de la TOB. Qu'il suffise ici de noter que le premier segment de la partie centrale, « Allez ! fils, écoutez-moi » rappelle le verset qui suit immédiatement l'introduction du livre des Proverbes 33 et qui inaugure donc tout le corps du livre : « Écoute, mon fils » (Pr 1,8) ; cette invitation à « écouter » adressée au(x) fils revient souvent dans ce livre (4,1.10 ; 5,7 ; 7,24 ; 8,32 ; etc.) mais aussi avec des synonymes d'« écouter » (5,1 ; 7,1 ; etc.). L'écoute est très souvent la condition de la vie :
31
Voir, par exemple, Ravasi, I, 612. On propose souvent la correction 'akîs melek, « Akish roi » de Gat. 33 Pour l'analyse rhétorique - délimitation et composition - de l'introduction du livre des Proverbes (1,1-7) voir R. MEYNET : «"Pour comprendre proverbes et énigmes": analyse rhétorique de Pr 1,1-7 ; 10,1-5 ; 26,1-12 ». 32
Le psaume 34
95
Écoute, mon fils, accueille mes paroles, et les années de ta vie se multiplieront (4,10). Saisis la discipline, ne la lâche pas, garde-la, c'est ta vie (4,13 ; voir aussi 4,1.4 ; 4,20.22-23 ; 7,1.2 ; etc.). Dans le Nouveau
Testament34
La fin du verset 21 : « Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera brisé» — qui rappelle Ex 12,46 où il est commandé que les os de l'agneau pascal ne doivent pas être brisés —, sera repris dans le récit de la Passion selon saint Jean. Alors que les soldats romains brisent les jambes des deux autres suppliciés, ils ne le font pas pour Jésus quand ils constatent qu'il est déjà mort : « Car cela est arrivé afin que l'Écriture fut accomplie : "Pas un os ne lui sera brisé" » (Jn 19,36). Même si la citation de Jean renvoie sans doute plus directement à l'agneau pascal, l'écho de Ps 34,21 est indéniable. C'est surtout la Première épître de Pierre qui cite le Ps 34 35 . Une première fois en 2,3 où la reprise de Ps 34,9, dans la traduction de la Septante, conclut un court développement : !
Rejetez donc toute malice et toute fourberie, hypocrisies, jalousies et toute sorte de médisances. 2 Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la parole, afin que, par lui, vous croissiez pour le salut, 3 si du moins vous avez goûté combien le Seigneur est excellent. La deuxième fois, ce ne sont pas moins de quatre versets et demi du psaume (1317a) qui sont repris en 1P 3,10-12 : 8
Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la miséricorde, l'esprit d'humilité, 9 ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction. 10 Qui veut, en effet, aimer la vie et voir des jours heureux doit garder sa langue du mal et ses lèvres des paroles fourbes, 31 5 'éloigner du mal et faire le bien, chercher la paix et la poursuivre. 12 Car le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l'oreille à leur prière, mais le Seigneur tourne sa face contre ceux qui font le mal. C'est la plus longue citation de l'Épître. Le « en effet » ajouté au texte de la Septante, en fait une raison — une preuve scripturaire — apportée aux conseils qui précèdent. Pour la même raison l'auteur a modifié le texte de la Septante : la question de Ps 34,13 devient une participiale (traduite dans la Bible de Jérusalem par une relative), sujet du verbe principal, « doit garder ». Alors que le texte du 34 Voir spécialement L.O. ERIKSSON, « Come, children, listen to me ! », « The use of Psalm 34 in the New Testament », 110-124. 35 Su les rapports entre la Première Lettre de Pierre et le Ps 34, voir M.J. GILMOUR, « Crass casualty or purposeful pain? Psalm 34's influence on Peter's first letter ».
96
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
psaume, aussi bien dans l'original hébreu que dans la traduction grecque de la Septante, juxtapose une série de cinq phrases indépendantes syntaxiquement, l'Épître de Pierre les subordonne toutes les unes aux autres pour n'en faire qu'une seule longue phrase complexe : le verset 12 lui-même est une proposition causale qui commence en grec par la conjonction de subordination hoti, « parce que » (au lieu de la conjonction de coordination « car » de la Bible de Jérusalem). Quoi qu'il en soit, il est remarquable que l'auteur de l'Épître ait choisi de commencer sa citation par le second segment de la partie centrale du psaume. Le thème de la filiation qui marque si fort le centre du psaume reparaît dans l'Épître avec la proposition qui précède immédiatement la citation, « afin d'hériter la bénédiction », qui correspond à « voir des jours heureux » par lequel s'achève le verset 13 du psaume. Dans la règle de saint Benoît Si dès le Prologue de la règle de saint Benoît, le Ps 34 est si abondamment cité, c'est que le patriarche du monachisme occidental devait l'apprécier davantage que certains exégètes modernes. Le premier verset du Prologue reprend les mots par lesquels commence la partie centrale du psaume : « Écoute, ô mon fils»; la citation est complétée au verset 12 du Prologue: « E t que dit-il [l'Esprit] ? "Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur" » (Ps 34,12). Et au verset 15 : « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? » (Ps 34,13). Et il ajoute, citant la suite du psaume : 16
Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit : 17 « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent pas la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuisla»(Ps 34,14-15)36. Certes, saint Benoît lie les versets 14-15 du psaume au verset précédent, en faisant de ce dernier une conditionnelle. Cependant, il met en évidence un fait essentiel. La question n'est pas une question rhétorique, celle d'un orateur qui s'empresse de répondre à une interrogation dont il pense avoir lui seul la clé. Dans les textes bibliques, la réponse est laissée au lecteur et à lui seul. POUR L 'INTERPRÉTATION Comme toujours dans les cas des compositions concentriques, l'interprétation devra « partir du centre » 37 , en particulier de la question que pose le psalmiste mais aussi de l'invitation qui la précède. C'est là que saint Benoît a trouvé le point de départ de sa Règle.
36
37
Saint BENOÎT, La Règle de saint Benoît, Voir Traité, 567-573.
I, 4 1 3 - 4 1 7 .
Le psaume 34
97
Quel est ton désir ? Chacun des lecteurs ou, plus exactement, chacun de ceux qui récitent le psaume est interpelé et interrogé sur ce qu'il « désire » et « aime » (13), sur ce qu'il « cherche » (5.11), sur ce qu'il « recherche » et « poursuit » (15). C'est lui qui doit répondre, comme le dit saint Benoît : « Si, en entendant cela, tu réponds : "C'est moi !"... » Le disciple est certes appelé à « écouter », mais aussi à répondre, à la première personne, à la question qui lui est posée. Imaginer que la réponse à la question est fournie par la suite du texte ne prend pas en compte la fonction du texte biblique qui n'est pas d'abord de communiquer les vérités d'un enseignement, mais qui est essentiellement appellative. La manière dont la question est posée est tout à fait positive : seuls « la vie » et « le bien » sont envisagés par le psalmiste. On croit entendre la voix de Moïse à la fin du Deutéronome : 19
Je prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, 20 aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à lui ; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que le Seigneur a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner (Dt 30,19-20). S'il continue aussitôt avec une mise en garde, c'est que le désir du mal habite aussi le cœur de l'homme et que la voie qui y mène est tentante ; 13
Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent ; 14 mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent (Mt 7,13-14). Si le mal n'était pas séduisant, point ne serait besoin d'avertir du danger qu'il recèle. Et ce danger n'est rien moins que la mort (22). À Gat, la vie de David était en péril et l'on sait la sagesse dont il a su faire preuve, paradoxalement, pour échapper à la mort. Ceux auxquels le psalmiste s'adresse sont invités à faire preuve eux aussi de sagesse pour échapper à la mort et sauver leur vie. « La crainte du Seigneur » Tel est ce que, au centre de son poème, le psalmiste propose d'enseigner à ses disciples (12). Comme si tout tenait dans cette formule. C'est ce que dit aussi le livre des Proverbes, en conclusion du prologue: « La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse» (Pr 1,7)38, ce qui sera repris plus loin sous une autre forme : « Le commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur » (Pr 9.10), et encore : « La crainte du Seigneur, c'est l'école de la sagesse » (15,33). Quant à Job, il identifie purement et simplement la crainte du Seigneur à la 38
Pour les besoins de l'acrostiche alphabétique, le Psaume 111 intervertit les termes : « Le principe de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur ». Voir p. 131.
98
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
sagesse : « Voici : la crainte du Seigneur, c'est elle la sagesse, et s'écarter du mal, c'est l'intelligence » (Jb 28,28). Le psaume déploie les différentes composantes de la crainte du Seigneur. Craindre le Seigneur, c'est tout d'abord ne craindre que lui et donc ne craindre personne d'autre. Celui qui craint le Seigneur est le «juste » (16.20.22), mais il est, pour cela, « h a ï » (22) par «ceux qui font le mal» (17), qui lui causent « frayeurs » et « angoisses » (5.7.18), qui l'accablent de « maux » (20). Le juste dont le « cœur est brisé » et « l'esprit abattu » (19) ne craint pas pour autant ses ennemis. Il ne craint pas le mal qu'on peut lui faire, mais seulement celui qu'il est tenté de commettre (14-15). Celui qui craint le Seigneur est celui qui le « cherche » (5a. 11b), qui « crie » vers lui (7a. 18a), qui « s'abrite » en lui (9b.23b), en somme celui qui se fie en lui, qui croit que le Seigneur peut le «délivrer» (5b. 18b.20b), le «sauver» (7b. 19b), le « dégager » (8b), qui sait, qui « goûte et voit » que le Seigneur est « bon » (9a), qu'avec lui il ne manquera d'aucun « bien » (10-11). Craindre le Seigneur, c'est en somme avoir foi en lui, le « désirer » et 1'« aimer », car c'est lui qui est « la vie » et le souverain « bien » (13). Ayant expérimenté la délivrance et le salut, la crainte du Seigneur s'exprime dans la bénédiction et dans la louange (2-4) et dans la joie qu'éprouve celui qui est « pauvre », c'est-à-dire qui sait qu'il ne peut pas se sauver par lui-même mais qu'il reçoit tout du Seigneur. L'enseignement avait donc commencé dès le début du psaume, quand le maître avait invité les auditeurs à « magnifier le Seigneur avec lui » (4). A ces paroles de bénédiction et de louange par lesquelles commence la première partie s'opposent, au début de la dernière partie, d'autres paroles, de mal et de mensonge (14). Le poète ne mentionne pas les destinateurs de ces paroles mauvaises ; on peut comprendre que ce sont ceux qui persécutent le juste, lequel serait tenté de leur rendre le mal pour le mal, mais aussi de les maudire, appelant sur eux le châtiment divin. Fils Se présentant au centre du psaume comme un père pour ses disciples, le psalmiste suppose que ses fils veulent « la vie » et le « bonheur ». La vie, c'est ce que tout père digne de ce nom souhaite pour ses « fils ». Il la leur a donnée et il ne désire rien tant qu'elle croisse et se développe, comme la sienne, avec la sienne. C'était déjà ce qu'il avait dit dès le début, invitant ses auditeurs à s'unir à sa louange (2-4). Mais ce père n'appelle pas ses disciples à « venir » vers lui ; il n'entend pas se les approprier, se les attacher. Au contraire, son seul désir est de leur « apprendre la crainte du Seigneur » ; « la vie » et « le bien » qu'il leur souhaite, il sait qu'ils viennent d'un autre, le seul qui est « bon » (9), duquel provient « tout bien » (11). Père de ses disciples, le véritable maître est celui qui conduit à celui « de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom » (Ep 3,15). Au contraire, « ceux qui font le mal », « sera supprimée de la terre leur mémoire» (17). En d'autres termes, « l a descendance des méchants sera
Le psaume 34
99
X n k ^ r 3 7 ' 2 8 ) i Q u a n t a U d i S C i p , e q u i é C O U t e S O n m a î t r e e t accepte de devenir son fils, qui en le suivant entre dans le mouvement de la filiation divine il pourra a son tour devenir père et engendrer des fils : eomme le S e " t e û 7 d u Seigneur, « il verra une semence » (Is 53,10).
Le Psaume 37 Fils de Dieu et père des pauvres Dans les psaumes 111 et 112 les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu marquent le début de leurs vingt-deux membres. Dans les psaumes 25, 34 et 145, elles signalent le début d'autant de segments, bimembres surtout mais aussi trimembres. Le psaume 119 compte vingt-deux «strophes» dont les huit segments commencent par la même lettre. Quant au psaume 37, il est le seul dont les lettres de l'alphabet marquent le début d'un groupe de deux segments ou même de trois (14 et 25). il est vrai que l'artifice alphabétique ne se prête pas à une construction rigoureuse. « Dans le dessin d'ensemble, manque naturellement un progrès rigoureux de la pensée » (Kraus). « Naturellement », l'acrostiche alphabétique n'est pas le plan idéal pour une architecture claire et parfaite 1 .
La contrainte conjuguée de la métrique et de la strophique n'a pas empêché Baudelaire de composer d'admirables poèmes, très savamment construits2 ; la contrainte de l'acrostiche alphabétique non plus. Plusieurs ont noté que le début et la fin du psaume sont marqués par des impératifs de deuxième personne du singulier, faisant ainsi inclusion3. L'accord semble acquis sur les limites de la dernière partie (34-40) qui commence avec les impératifs « Espère en Yhwh et garde sa voie ». Il n'en va pas de même pour la première : si elle commence avec le premier impératif au premier verset, s'achève-t-elle avec le double distique qui contient le dernier impératif initial : « ne t'échauffe pas, ce n'est que mal » (8-9) ? Il se trouve que les deux segments de la lettre tsadé (32-33) qui précèdent immédiatement la dernière partie sont parallèles à ceux de la lettre zayin (12-13), comme on peut le voir dans la réécriture de la page ci-contre. Il est donc raisonnable de penser que ces deux unités symétriques pourraient jouer un rôle structurant : la première (12-13) marquerait les limites d'une première partie (111) ainsi que le début de la suivante (14-), la seconde les limites d'une dernière partie (34-40) ainsi que la fin de l'unité précédente (-31). Cette hypothèse ne sera vérifiée que si chacune des parties extrêmes présente une composition régulière et une cohérence serrée.
1
Alonso Schoekel - Carniti, I, 631. Voir, par exemple, Ph. PETIET, « Une analyse inattendue : "Le serpent qui danse" de Baudelaire ». 3 Par ex., Jacquet, 757-759.763 ; Ravasi, I, 672. 2
102
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Resteraient les versets 14-31. Étant donné la position des unités zayn et tsadé (12-13 et 32-33), encadrées par deux parties nettement plus longues (1-11 et 3440), sachant par ailleurs que les constructions concentriques sont très fréquentes dans les textes bibliques, il est naturel de poser l'hypothèse que la composition concentrique ainsi amorcée doive être poursuivie. On remarquera que, la plupart du temps, les « méchants » sont au pluriel (« malfaisants » en 1 et 9 et « méchants » en 14, 16, 17, 20, 28, 34, 38 et 40), les deux exceptions (10.35) étant nécessitées par le contexte. Or le couple « méchant - juste », au singulier, qui marque le début des unités zayin et tsadé (12-13 et 32-33) ne se retrouve qu'au début de la lettre lamed : « Il emprunte le méchant et ne rend pas, mais le juste a pitié et il donne» (21)4. Cette lettre pourrait donc marquer le début de l'unité centrale du psaume ; le problème sera d'en déterminer la fin. De nouveau il faudra d'abord vérifier si les versets 14-20 forment une unité de composition régulière et cohérente ; puis déterminer, selon les mêmes critères, les limites de l'unité qui commence en 21 et de celle qui s'achève en 31. Une attention particulière sera accordée à l'étude de la composition, car « de toute évidence, la forme d'un poème est en connexion étroite avec le sens »5.
4
Le parallélisme du début de ces trois lettres est particulièrement marqué : zômëm rasa' « Il complote le méchant » 12 lôeh rasa6 « Il emprunte le méchant» 21 sôpeh rasa * « Il guette le méchant » 32 5 A. CONDAMIN, préface à H. PÉRENNÈS, Les Psaumes, vin.
Le psaume 37 1
103
De David. ' Ne t'échauffe pas contre LES MALFAISANTS, car comme l'herbe vite ils sont fanés b 3 Aie confiance en YHWH et fais le bien, 4 et réjouis-toi en VliWli g 5 Remets à YHWH ta VOIE et il fera-lever comme le jour TA JUSTICE,
ne jalouse pas les faiseurs de fausseté : et comme le vert des prés ils sont flétris, habite la terre et fais-paitre la vérité, et il te donnera les demandes de ton cœur, et aie confiance en lui, et lui il fera ; et ton droit comme le midi.
d 7 Sois tranquille en YHWH ne t'échauffe pas contre qui fait-réussir sa VOIE, h 8 Laisse la colère, renonce au courroux, 9 car LES MALFAISANTS w 10 encore un peu, et plus DE MÉCHANTS, 11 mais les humbles HÉRITERONT LÀ TERRE,
et attends-le, contre l'homme faiseur d'intrigues ; ne t'échauffe pas, ce n'est que mal ; et CEUX QUI ESPÈRENT en YHWH HÉRITERONT LA TERRE ; tu t'enquiers de sa place, et il n'est plus ; et se réjouiront de beaucoup de paix.
2
• z 12 LE MÉCHANT complote contre LE JUSTE •• 1 3 il SlilONHlli se moque de lui,
et grince des dents contre lui ; car il voit que vient son jour.
h 14 LES MÉCHANTS ont tiré l'épée pour FAIRE-TOMBER le pauvre et le petit, 15 leur épée entrera dans leur cœur
et ils ont tendu l'arc, pour égorger les droits de VOIE ; et leurs arcs seront brisés.
t 1 6 Mieux vaut un peu pour LE JUSTE 17 car les bras DES MÉCHANTS seront brisés, y 18 Y il ¥11 connaît les jours des parfaits, 19 ils ne rougiront pas au temps mauvais, k 2 0 Car LES MÉCHANTS périront, comme la parure des prés ils s'en iront,
que l'abondance DES MÉCHANTS puissants ; mais YHWH so%m<EM"LM$ JUSTES, et leur héritage sera pour toujours ; et aux jours de famine ils seront rassasiés, et les ennemis de YHWH ; en fumée ils s'en iront.
1 21 LE MÉCHANT emprunte et ne rend pas ceux qui /a .<» HESJTERONT LA TERRE, m 2 3 Par YHWH les pas de l'homme sont affermis 24 s'il TOMBE, il n'est pas terrassé,
22
mais LE. M STE a pitié et il donne ; et ceux qui sont maudits et dans sa VOIE il se plait ; car YBWif le so'cnmm dc sa MAIN.
n 25 J'étais jeune, je n'ai pas vu LE JUSTE abandonné 26 tout le jour H a pitié, il prête,
et puis j'ai vieilli, ni sa lignée cherchant du pain ; et sa lignée (sera) en SEKEpiÇim !
s 27 Évite le mal et fais le bien Car YHWH aime le droit ' pour toujours ils seront gardés 29 LES JUSTES HÉRITERONT LA TERRE
et tu habiteras pour toujours. et il n'abandonne pas ses fidèles ; mais la lignée DES MÉCHANTS et ils habiteront à jamais sur elle.
p 3U La bouche du JUSTE murmure la sagesse 31 la loi de son iltëij dans son cœur :
et sa langue profère le droit ; ses pas ne chancellent point.
28
• s 32 LE MÉCHANT guette LE JUSTE •• 3 3 YHWH ne l'abandonne pas à sa MAIN
;
et cherche à le faire mourir ; et ne le laisse pas condamner.
q 3 4 ESPÈRE en YHWH et il t'exaltera pour HÉRITER LA TEERE : r 3 5 J'ai vu LE MÉCHANT forcené et il a passé et voici qu'il n'était plus,
et garde sa VOIE, DES MÉCHANTS tu verras, s'élever comme un cèdre verdoyant ; je l'ai cherché et il ne s'est pas trouvé.
s 37 Regarde le parfait et vois 1'(homme) droit : mais les pécheurs seront anéantis ensemble, t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de YHWH, 40 YHWH les aide et les délivre, car ils se sont réfugiés en lui.
car il est une postérité pour l'homme de paix ; la postérité DES MÉCHANTS MMM.. leur forteresse au temps de l'angoisse ; il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
104
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
A . COMPOSITION 1. LA PREMIÈRE PARTIE
(1B-11)
Cette partie s'organise en deux sous-parties. - Première sous-partie LB
' NE TÉCHAUFFE PAS NE JALOUSE PAS
(lb-6) contre LES MALFAISANTS, de fausseté : les
- 2 CAR „ l'herbe -et > le vert
vite des prés
ils sont fanés ils sont flétris.
+ b 3 AIE-CONFIANCE
en Y H W H la terre en Y H W H :
et et pais
les demandes
de ton cœur.
en Y H W H
ta voie et lui
+4 +
HABITE ET RÉJOUIS-TOI = ET il te donnera
+ G
5
REMETS
+ et AIE-CONFIANCE 6
= ET il fera-sortir = et ton droit
en lui, le jour le midi.
le bien,
la vérité
;
ta justice
Le premier morceau dit ce qu'il faut éviter de faire contre les « malfaisants » (lb-2), les deux autres l'attitude à adopter envers « Yhwh » (3-6) : «compter sur » lui (3a.5b). Ainsi la sous-partie est du type ABB'. Dans chaque morceau les conseils sont suivis de leur motivation ; celle-ci est introduite par « car » dans le premier (2a), par un simple « et » ensuite (4b.6). « Comme » revient deux fois à la fin du premier morceau, et deux fois encore à la fin du troisième, jouant le rôle de termes finaux. Le destinataire du psaume est invité à « faire-paitre la vérité (3b)6, sans jalouser «les faiseurs de fausseté» (le). Le verbe « f a i r e » se retrouve dans chacun des morceaux, toujours dans le premier segment. Contrairement aux deux premières, la troisième occurrence, « il fera » (5b) a Dieu pour sujet, mais n'a pas de complément d'objet. Ainsi, l'action de Dieu, sa réponse à la confiance et à l'abandon de l'homme juste, est, pour ainsi dire, laissée à son initiative et à sa générosité. Il fera tout ce dont le juste a besoin, tout ce qu'il demande (4b), et l'on peut même comprendre qu'il fera même bien davantage encore.
6 La Septante traduit: «pais dans l'abondance», ce qui renvoie au verset 16. L'opposition entre les derniers mots des seconds membres des premiers segments des deux premiers morceaux peut être un argument pour suivre le texte massorétique.
105
Le psaume 37 - Deuxième sous-partie (7-11) + cl 7 SOIS TRANQUILLE + et ATTENDS -
en YHWH
le,
NE RÉCHAUFFE PAS contre l'homme
contre qui fait-réussir faiseur
h 8 LAISSE RENONCE NET'ÉCHAUFFE PAS,
la colère, au courroux, ce n'est que mal.
9
seront extirpés YHWH
Car les malfaisants = et ceux qui espèrent = eux 10
• w et encore tu t enquiers = 11 mais les humbles = et se réjouiront
sa voie, d'intrigues ;
hériteront
la terre ;
un peu, de sa place,
et plus de et il n'est plus ;
hériteront de beaucoup
la terre
méchant,
de paix.
Le premier morceau est une suite d'impératifs, réglant d'abord le comportement envers Dieu (7ab), puis envers les malfaisants (7c-8). Alors que le second segment (7cd), qui nomme les destinataires de réchauffement, énonce les relations de violence entre les contendants, il semble que le segment suivant (8) se concentre au contraire sur le mal que la colère cause à celui qui l'éprouve. « Ne t'échauffe pas » revient dans les membres extrêmes des deux segments qui concernent les malfaisants (7c.8c), jouant le rôle de termes extrêmes. Introduit pas « c a r » , le second morceau (9-11) donne la motivation des conseils précédents, en comparant de manière parallèle le sort des « malfaisants » (9a) et des « méchants » (lOab) avec celui de « ceux qui espèrent en Dieu » (9bc) et des « humbles » (1 lab) qui « hériteront la terre » (9c. 1 la).
106
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- L 'ensemble de la première partie (lb-11) :: l b ' NÊ T'ÊCHÂUFFE PAS :: NE JALOUSE PAS 2
CONTRE œMALFAISâra, les
de fausseté :
- CAR comme l'herbe - et comme le vert
vite des prés
ils sont fanés ils sont flétris.
+ B 3 AIE-CONFIANCE + 4 HABITE + ET RÈJOUiS-TOi
en YHVVH 11 TERRE en Y H W H :
et FA et pais
les demandes
de ton cœur.
en Y H W H en lui,
ta VOIE et lui
comme le jour comme le midi.
ta justice
= ET il te donnera + G 5 REMETS + et AIE-CONFIANCE 6
= ET il fera-sortir = et ton droit + d 7 Sois TRANQUILLE + et ATTENDS -
;
en YHWH le,
NE J'ÉCHAUFFE PAS contre l'homme
CONTRE qui fait-réussir
h 8 LAISSE RENONCE NE f ÉCHAUFFE PAS,
la colère, au courroux, ce n'est que mal ;
sa VOIE, d'intrigues ;
- 9 CAR LIS MALtPAISAKTS = et ceux qui espèrent = eux
seront extirpés YHWH hériteront
Ii TIME ;
- w 10 et encore tu t'enquiers
un peu, de sa place,
et plus et il n 'est plus ;
hériteront de beaucoup
SI TERRE de paix.
= 11 mais les humbles = et se réjouiront
le bien, la vérité
DIMÉCMUT,
Les deux sous-parties comportent également des conseils positifs et négatifs, les uns concernant les rapports avec Dieu, les autres avec les malfaisants. Les conseils positifs sont motivés par la récompense qui attend les justes, les conseils négatifs par le châtiment que les injustes auront mérité. Ces éléments sont arrangés diversement dans les deux sous-parties. Dans les trois morceaux de la première, conseils et motivations se succèdent dans le même ordre ; dans la deuxième au contraire les conseils sont regroupés dans le premier morceau, les motivations dans le second. Conseils négatifs et positifs se répondent de manière spéculaire dans les deux sous-parties : 2 négatifs (lbc) puis 5 positifs (3ab. 4a.5ab) - 2 positifs (7ab) puis 4 négatifs (7e.8abc).
Le psaume 37
107
Le premier segment de la première sous-partie (Ibc) trouve son correspondant dans le second segment de la deuxième sous-partie (7cd) ; ils commencent avec « ne t'échauffe pas contre » (lb.7c) et s'achèvent avec « les faiseurs de fausseté » et « faiseur d'intrigues » (lc.7d). Les deux occurrences de « les malfaisants » jouent le rôle de termes initiaux pour les morceaux extrêmes (lb.9a). La « voie » du malfaisant (7c) s'oppose aux « voies » du juste (5a). « Habite la terre » de 3b annonce les deux occurrences de «hériteront la terre» du dernier morceau (9c.lia). Les synonymes «ils sont fanés » et « ils sont flétris » dans le premier morceau (2ab) trouvent leur correspondant avec « seront extirpés » et avec « et plus de méchant » et « il n'est plus » dans le dernier morceau (9a.l0ab). 2. LA DEUXIÈME PARTIE - z 12 II complote - et grince +
1 3
LE SEIGNEUR
+ car il voit
(12-13)
contre lui
contre le juste des dents ;
s e rit-de lui, que vient
son jour.
LE
MÉCHANT
Les deux segments opposent « le méchant » et « le Seigneur ». Ils se correspondent de manière spéculaire : tandis que le méchant « grince des dents » (12b), le Seigneur « se rit de lui » (13a) et tandis que le méchant prépare le mal qu'il veut infliger au juste (12a), le Seigneur prévoit le jour de son châtiment (13b). 3. LA TROISIÈME PARTIE
(14-20)
- Première sous-partie (14-15) :: h 14 1 / é p é e :: et ils ont tendu
ont tiré leur arc,
LES MÉCHANTS,
: : pour faire tomber :: pour égorger
le pauvre
et le petit.
LES DROITS
de voie ;
entrera seront brisés.
dans leur cœur
15
leur épée - et leurs arcs
La conduite des « méchants » envers « les droits » (14) sera châtiée quand « leur épée » se retournera contre eux (15). « Épée » et « arc(s) » sont repris dans les segments extrêmes, en miroir.
108
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- Deuxième sous-partie (18-20) - 1 1 6 Mieux ; que l'abondance - 17 car les bras = et il soutient
= y' 1 8 II connait :
et leur héritage
: 19 :
ils ne rougiront pas et aux
un peu DE MÉCHANTS
pour LE JUSTE puissants ;
DES MÉCHANTS LES JUSTES
YHWH. DES PARFAITS,
pour toujours
les sera ;
au temps de famine
mauvais, ils seront rassasiés.
Y H W H
- k 20 Car LES MÉCHANTS périront, - et les ennemis
de Y H W H ;
- comme la parure - en fumée
des prés
ils s'en iront, ils s'en iront.
Le premier morceau commence par opposer « le peu » du juste à « l'abondance » des méchants (16)7, puis énonce, de manière spéculaire, leurs sorts respectifs, « méchants » d'abord (17a) «justes » ensuite (17b). Les deux morceaux suivants opposent le sort des « parfaits » (18-19) et celui des « méchants » (20)8. Ces morceaux renvoient, de manière spéculaire, le premier à 17b, le second à 17a. - L \ensemble de la troisième partie (14-20) « Un peu » de 16a renvoie aux « droits » qui ont peu, à savoir « le pauvre et le petit » de 14c ; « l'abondance » des méchants (16b) est donc le fruit de la rapine exercée contre ces derniers. Le nom de « Yhwh » n'est prononcé que dans la deuxième sous-partie, dans chacun des trois morceaux ; on peut dire que ce nom était sous-entendu dans le dernier verbe de la première sous-partie (15b), un passif divin repris en 17a.
7 La Septante traduit « que la richesse des méchants abondante ». L'adjectif rabbîm peut être compris comme « nombreux », mais aussi comme « importants », « puissants » ; ainsi en Am 3,15 (voir Âmos, 120). 8 Suivant une opinion largement partagée, 20c, traduit par « comme la parure des prés », reprend l'image du verset 2. Une autre possibilité serait « comme la flamme des prés », se référant à la pratique de brûler les chaumes ou l'herbe desséchée pour fertiliser les champs, ce qui s'accorderait mieux avec le membre suivant ; voir Ravasi, I, 685.
Le psaume 37
109
: fi L epee : et ils ont tendu
ont tiré leur arc,
LES MECHANTS,
: pour faire tomber : pour égorger
le pauvre
et le petit, de voie ;
LES DROITS
- 15 leur épée - et leurs arcs
entrera seront brisés.
dans leur cœur
[ 1 6 Mieux lue l'abondance
y il peu DES MÉCHANTS
pour LE JUSTE puissants ;
- 17 car les bras = et il soutient
DES MÉCHANTS LES JUSTES
seront brisés
= y 18 II connait = et leur héritage
YHWH
pour toujours
les jours sera ;
= 19 ils ne rougiront pas = et aux jours
au temps de famine
mauvais, ils seront rassasiés.
- k 20 C a r LES MÉCHANTS - et les ennemis
périront,
- comme la parure - en fumée
des prés
4. LA QUATRIÈME PARTIE
YHWH.
de Y H W H ;
ils s'en iront, ils s'en iront.
(21-24) LE MÉCHANT a pitié
et point et il donne ;
hériteront seront extirpés.
la terre,
= et $E$«MAUD!T$ + m 2 3 Par Y H W H + et son chemin
les pas (lui) plait ;
D U FORT
- 2 4 quand il tombe, - car Y H W H
il n'est pas terrassé, le soutient
-1
II emprunte
+ e t LE JUSTE =
22
o u i , SES-8ÊN1S
D E S PARFAITS,
ne rend
sont affermis
de sa main.
Les deux segments du premier morceau se correspondent en miroir. Le second énonce les deux motivations complémentaires de la conduite du juste. Le second morceau nomme par deux fois celui qui « bénit » le juste et « maudit » le méchant du segment précédent. Il est construit en miroir : aux extrémités les actions de Yhwh et entre deux la conduite du « fort » (geber, « l'homme fort »), « le juste » du premier morceau. Il est toujours protégé par le Seigneur, soit qu'il se plaise dans son chemin, soit qu'il y tombe.
110
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
5. LA CINQUIÈME PARTIE
(25-31)
- Première sous-partie (25-26) + H 25 Jeune + et aussi
j'étais, j'ai vieilli ;
:: je n'ai pas vu - ni SA LIGNEE
cherchant
abandonné, du pain ;
:: 2 6 tout le jour = et SA LIGNÉE (sera)
il a pitié,
il prête,
en bénédiction !
le juste
Après un premier segment où le mérisme « j e u n e » - «vieilli» signifie « durant toute ma vie », ce sont deux autres bimembres qui dépeignent le sort du juste (25cd) qui est dû à sa bonne conduite (26a) ; « le juste » est défini comme celui qui « a pitié », qui « prête ». Les derniers segments se correspondent de manière spéculaire : « abandonné » s'oppose à « en bénédiction » (25c.26b), « cherchant du pain » à « il a pitié, il prête » (25d.26a) ; par ailleurs, les deux occurrences de « sa lignée », en position identique, indiquent que la récompense atteint le juste jusque dans sa descendance. - Deuxième sous-partie (27-29) + s Évite + et fais = ET TU HABITERAS +
28
C a r Yhwh = et il n'abandonne pas
+ * POUR TOUJOURS - mais la lignée
+
29
les justes
= ET ILS HABITERONT
le mal le bien POUR TOUJOURS. aime
le droit
ils seront gardés des méchants
sera extirpée ;
hériteront À JAMAIS
la terre sur elle.
ses fidèles ;
Les deux impératifs du premier morceau (27ab) sont suivis par leur conséquence. Introduit par « car », le second morceau explicite, cette fois-ci à la troisième personne, le dernier membre du morceau précédent. « Les méchants » (28d) s'opposent à « ses fidèles » (28b) et à « les justes » (29a). « La lignée » (28d) désigne les descendants des méchants ; la même idée est reprise dans le dernier segment, non seulement avec « hériteront » (29a) mais plus clairement encore dans le dernier membre, où l'héritage de la terre se prolonge « à jamais ». « Et tu habiteras pour toujours » (27c) et « et ils habiteront à jamais » (29b) remplissent la fonction de termes finaux pour les deux morceaux.
111
Le psaume 37
Dans le texte massorétique la lettre ayin (28c) est masquée par la préposition du premier terme T- 'ôlâm. Avec « Les injustes ( 'awwalîm) seront détruits », la Septante respecterait mieux l'acrostiche : + s 27 Évite + et fais - ET TU HABITERAS +
28
C a r Yhwh = et il n'abandonne pas
le mal le bien POUR TOUJOURS. aime ses fidèles ;
le droit
- * les injustes - et la lignée
seront détruits des méchants
sera extirpée ;
+ 2 9 les justes = ET ILS HABITERONT
hériteront À JAMAIS
la terre sur elle.
Dans cette version, au lieu d'être opposés comme dans le texte massorétique, les deux membres de 28cd sont synonymes et s'opposent à chacun des segments qui l'encadrent où il est question du sort de « ses fidèles » et des « justes ». - Troisième sous-partie (30-31) + p 30 La bouche-du-juste + et sa langue +31 la loi = ne chancelleront point
murmure profère de son Dieu
la sagesse le droit ; dans son cœur :
ses pas.
Dans le trimembre initial « la sagesse » et « le droit » sont identifiés ensuite à « la loi de Dieu ». L'unimembre final énonce la conséquence ou la récompense de la conduite du juste. Il serait toutefois possible de considérer qu'il s'agit de deux bimembres : + p 30 La bouche-du-juste + et sa langue +
3 1
l a loi = ne chancelleront point
murmure profère
la sagesse le droit ;
de son Dieu ses pas.
dans son cœur :
Les deux premiers mettent en jeu les organes de la parole, les deux suivants les « pas » — à savoir la conduite —guidés par le « cœur », l'organe de l'intelligence et de la volonté formée par « la loi de son Dieu ».
112
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- L 'ensemble de la partie (25-31) + o 25 Jeune + et aussi
j'étais, j'ai vieilli ;
:: je n ai pas vu - ni sa lignée
LE JUSTE
ABANDONNE,
cherchant
du pain ;
:: 26 tout le jour = et sa lignée (sera)
il a pitié, EN BÉNÉDICTION !
il prête,
+ s 27 Évite + et fais = ET TU HABITERAS
le mal le bien POUR TOUJOURS.
+ 2 8 C a r Yhwh
aime ses fidèles ;
= ET IL N ' A B A N D O N N E PAS.
+ 6 pour toujours - mais la lignée +
2 9
LES JUSTES
= ET ILS HABITERONT + p 30 La bouche-du-JUSTE + et sa langue +31 la loi = NE CHANCELLERONT POINT
LEDROfT
ils seront gardés des méchants
sera extirpée ;
hériteront A JAMAIS
la terre, SUR ELLE.
murmure profère de son Dieu
LE DROIT;
la sagesse dans son cœur :
SES PAS.
Dans la première sous-partie le juste est celui qui se comporte avec pitié envers son prochain ; dans la dernière, de manière complémentaire, il est présenté dans son rapport avec « son Dieu ». La sous-partie centrale est la seule qui soit adressée à une deuxième personne du singulier. A la fin de chaque souspartie, et même de chaque morceau, est énoncée la récompense du juste. La sous-partie centrale reprend « abandonner » (28b) de la première sous-partie (25c), de même que « le droit » (28a) de la dernière sous-partie (30b). 6. LA SIXIÈME PARTIE
(32-33)
le méchant
— s 32 II guette = et cherche à
LE FAIRE-MOURIR ;
+ 33 Yhwh
ne l'abandonne pas
= et ne laisse pas
le juste à sa main
LE CONDAMNER.
Les deux segments opposent la conduite de « le méchant » envers « le juste » à celle de « Yhwh ». Le dernier verbe permet de comprendre que, pour faire mourir le juste, le méchant l'accuse injustement devant le tribunal.
Le psaume 37 7. LA SEPTIÈME PARTIE
113
(34-40)
- Première sous-partie (34-36) + q Espère + et garde = et il t'exaltera = l'extirpation
en Yhwh sa voie, pour hériter
la terre :
DES
T U VERRAS.
- r 35 J ' A I V U s'élevant = 36 et il a passé = etJe l'ai cherché
LE
MÉCHANTS MECHANT
comme un arbre et voici et ne s'est pas trouvé.
triomphant verdoyant ; il n'était plus,
Un locuteur unique s'adresse à une personne pour l'encourager à rester fidèle (34), puis lui dire ce qu'il a vu qui est arrivé au méchant (35). Le premier morceau expose la « récompense » (34cd) du fidèle (34ab), le second le châtiment (36) du méchant (35)9. Les deux occurrences du verbe « voir » et de « impie(s) » jouent le rôle de termes médians, ordonnés en miroir. - Deuxième sous-partie (37-40) + s 3 7 Garde-la perfection + car une postérité (est)
et vois pour l'homme
la droiture : de paix;
seront anéantis DES MÉCHANTS
ensemble, extirpée.
+ 1 3 9 Et le salut :: leur forteresse
des justes au temps
de YHWH, de l'angoisse ;
H- 40 et il les aide + il les délivre :: car ils se sont réfugiés
DES MÉCHANTS
-
38
et les pécheurs
-la postérité
(vient)
YHWH
et les délivre, et II les sauve
en lui.
Le premier morceau oppose la « postérité » (37b.38b) de 1'« homme de paix » (37) à celle des « pécheurs » et « méchants » (38). Dans le second morceau 10 le premier segment dit le « salut » des «justes », le second explicite que c'est « des méchants » qu'ils sont « sauvés » ; en même position initiale, « se sont réfugiés » (40c) renvoie à « forteresse » (39b).
9 Pour 35 le texte massorétique est difficilement compréhensible. Au lieu de « tyran se dénudant », la Septante a « triomphant s'élevant » qui semble plus satisfaisant ; en 36a la Septante, la Peshitta et Jérôme ont la première personne : « j e suis passé ». 10 La lettre taw au début de 39 est masquée par un waw qui n'est pas indispensable.
114
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- L'ensemble de la partie (34-40) + q
3
ESPERE
+ et GARDE
en Y H W H
sa voie,
= et il t'exaltera
pour hériter
la terre :
= L'EXTIRPATION
DES
T U VERRAS.
- r 35 J ' A I V U - s'élevant = et il a passé = et je l'ai cherché + s 37 GARDE-la perfection + car une postérité(sera) - 3 8 et les pécheurs - la postérité + 1 3 9 Le salut :: leur forteresse + 4 0 et il les aide + il les délivre :: car ils se sont réfugiés
LE
MÉCHANTS MECHANT
comme un arbre
triomphant verdoyant
et voici et il n'a pas été trouvé.
il n'était plus,
et V O I S pour l'homme
la droiture : de paix ;
seront anéantis DES MÉCHANTS
des justes au temps
ensemble, (sera)
(vient)
YHWH DES MÉCHANTS
EXTIRPÉS.
de Y H W H , de l'angoisse ; et les délivre, et il les sauve
en lui.
Celui qui est invité dans un premier temps à « garder » la voie du Seigneur pour ne pas subir le sort des méchants (34-36) est ensuite appelé à « garder » « perfection » et « droiture » l l . Les conséquences, positives et négatives, sont complémentaires : dans la première sous-partie elles concernent la terre (34cd), dans la deuxième la postérité (37b.38b). Les méchants ainsi que leur postérité seront « extirpés » (34c.38b). Les premiers morceaux s'achèvent avec 1'« extirpation » des « méchants » (34d. 38b). Alors que le second morceau de la première sous-partie est totalement consacré au « méchant » (35-36), le dernier morceau traite entièrement du salut des justes (39-40). Ainsi la partie — et donc l'ensemble du psaume — s'achève sur une note toute positive.
11 C'est la première interprétation que retient A. Hakham, I, 213 ; c'est aussi celle des anciennes versions. On peut aussi comprendre que tâm et yâsâr ne sont pas des termes abstraits mais désignent l'homme parfait et celui qui est droit. Le parallélisme entre les deux sous-parties où les deux impératifs identiques semor (« garde ») jouent le rôle de termes initiaux laisse entendre que la « voie » de Dieu est celle de la « perfection » et de la « droiture ».
Le psaume 37
115
8. L ' E N S E M B L E DU PSA UME
- Les rapports entre les parties extrêmes contre LES MALFAISANTS, car comme l'herbe vite ils sont fanés
N E J A L O U S E P A S les faiseurs de fausseté : et comme le vert des prés ils sont flétris.
' NE J'ÉCHAUFFE P A S 2
b3 4
ALE-CONFIANCE
en
YHWH
et FAIS le bien,
la terre et PAIS la vérité, et il te donnera les demandes de ton cœur. HABITE
e t RÉJOUIS-TOI e n YHWH
g 5 R E M E T S en LIFWH ta voie, 6 et il fera-lever TA J U S T I C E comme le jour d
7
et AIE-CONFIANCE en lui, et lui il fera ; et ton droit comme le midi.
en YflWIS contre qui fait réussir sa voie, la colère, R E N O N C E au courroux,
e t ATTENDS-LE,
SOIS-TRANQUILLE
contre l'homme faiseur d'intrigues ; N E F È C H A U F F E PAS, ce n'est que mal.
NE T'ÉCHAUFFE PAS
h 8 LAISSE •
9
C a r LES
et ceux qui espèrent en Vil W il EÎEIfMIÎ ÏÂ TIEEL ; tu t'enquiers de sa place, ET IL M#£ST PLUS ; et se réjouiront de beaucoup de paix.
MALFAISANTS
•• w J0 Et encore un peu, ET PLUS D'IMPIE, 11 mais les humbles HÉRET2RQNTLÀ ÏERR1, [...]
et
q 3 4 E S P È R E e n VHWH
GARDE
• et il t'exaltera pour TâïifWMàfiïXBS ;
sa voie, DES MÈCM.4;\TS
35
tu verras.
r J'ai vu LE MÉCHANT triomphant •• 36 et il a passé, voici qu'il N'ÉTAIT PLUS,
s'élever comme un arbre verdoyant ; et je l'ai cherché et IL NE S'EST PAS TROUVÉ.
s 37 G A R D E la perfection et VOIS la droiture, 38 mais les pécheurs seront anéantis ensemble,
car il y a une postérité pour l'homme de paix ; la postérité DES MÉCHANTS
t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de VIIWH, 40 et les aide \ iiWIi et les délivre, car ils se sont réfugiés en lui.
leur forteresse au temps de l'angoisse ; il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
Ces parties comprennent de nombreux impératifs de seconde personne du singulier, 15 dans la première, 4 dans la dernière (34.37). Dans tout le reste du psaume, seul le premier membre du verset 27 en coordonne deux. Dans les sous-parties médianes 9 et 34b se correspondent, en miroir : 9
C a r LES
MALFAISANTS
et ceux qui espèrent en VIIWH
HÉRïTIRQHT Là TERRI ;
34b
HÉRITER LATIRRI : tu verras.
et il t'exaltera pour
DES MÉCHANTS
et 36 correspond à 10 de manière parallèle : 10 36
Et encore un peu, et il a passé,
9
ET PU S D "IMPIE,
voici qu'IL N'ÉTAIT PLUS,
tu t'enquiers de sa place, et je l'ai cherché,
LT IL N'EST PLUS ; ET IL
S'EST PAS TROUVÉ.
La partie finale ne contient plus d'impératifs sur le rapport aux malfaisants.
116
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- Les rapports entre la deuxième et Vavant-dernière partie - z 13
+
12
IL COMPLOTE le méchant se rit de lui,
contre le juste
et grince car il voit
IL GUETTE
Se juste
et cherche à le faire-mourir ; et ne laisse pas le condamner.
LE S E I G N E U R
des dents contre lui ; que viendra son jour.
[...] -s
32
+ 3 3 YHWH
k méchant ne l'abandonne pas
à sa main
Les deux parties sont tout à fait parallèles. Dans les premiers segments « le méchant » s'oppose au «juste » : d'abord il « grince des dents contre lui » (12), puis va jusqu'à vouloir le tuer (32). Dans les seconds segments, « le Seigneur » « Yhwh » réagit en annonçant le châtiment du méchant (13) et en protégeant le juste (33). On notera que c'est le seul emploi de 'âdônây (« le Seigneur ») dans tout le psaume. - Les rapports entre la troisième et la cinquième partie h 14 Les méchants ont tiré l'épée pour faire tomber le pauvre et le petit, 5 leur épée entrera dans leur cœur
et ils ont tendu l'arc, pour égorger les droits de voie ; et leurs arcs seront brisés.
t 16 Mieux vaut un peu pour le juste 17 car les bras des méchants seront brisés
que l'abondance des méchants puissants ; et YHWH soutient les justes.
* y 18 YHWH connaît les jours des parfaits 19 ils ne rougiront pas au temps mauvais k 20 Car les méchants périront comme la parure des prés ils s'en iront,
et leur HÉRITAGE sera P O U R T O U J O U R S ; et aux jours de famine us seront rassasies. e t l e s e n n e m i s d e YHWH ;
en fumée ils s'en iront.
[...] n 25 J'étais jeune, je n'ai pas vu te juste abandonné 26 Tout le jour il a pitié, il prête, s
27
28
Évite le mal et fais le bien
Car YHWH aime le droit
' P O U R T O U J O U R S ils s e r o n t g a r d é s
* 29 les justes p
31
30
HÉRITERONT
la terre
La bouche du juste murmure la sagesse la loi de son DIEU dans son cœur :
et puis j'ai vieilli, ni s a l i g n é e c h e r c h a n t du pain.
sa lignée (sera) en bénédiction ! et t u h a b i t e r a s P O U R T O U J O U R S .
et il n'abandonne pas ses fidèles ; mais la lignée des méchants sera extirpée ; et ils habiteront À JAMAIS sur elle. et sa langue profère le droit ; ses pas ne chancellent point.
Ces deux parties énoncent le sort du méchant (en grisé) et du juste, surtout du méchant dans la troisième partie, surtout du juste dans la cinquième. Le verset 18 trouve un écho en 29 : « l'héritage » des justes sera « pour toujours », « à jamais », tandis que les méchants seront détruits (20). Alors que c'est « Yhwh » le sujet exprimé de la récompense des justes, il n'en va pas de même pour les méchants.
Le psaume 37
117
- La fonction de la partie centrale Après les rapports entre les parties symétriques reste à examiner la fonction de la partie centrale. Comme il arrive souvent, le centre compte un grand nombre de termes qui se retrouvent ailleurs dans le reste du texte. Sur les vingt-deux termes que comprend la partie centrale, quatorze sont repris ailleurs : « le méchant » (10.12.14. 16.17.20.28.32.34.35.38.40) opposé au «juste» (6.12.16.17.25.29. 30.32.39), «hériteront la terre (9.11.29.34) opposé à «seront extirpés» (9.28.34.38), « a pitié » (26), « il donne » (4), « ceux qui sont bénis » (26), « Yhwh » deux fois en 23-24 (3.4.5.7.9.17.18.20.28.33.34.39.40), « v o i e » (5.7. 14.34), «il tombe» (14), « il soutient » (17), « main » (33). Le syntagme « hériter la terre » revient cinq fois : au centre, deux fois avant (9.11) et deux fois après (29.34)12 ; quant aux cinq occurrences de « extirper », elles ne sont pas distribuées de la même façon : une fois au centre, une fois avant (9) et trois après (28.34.38). « Les pas » de 23 {mis (âd) a un synonyme en 31 ( 'âsur). Ne reprenant aucun des impératifs qui marquent les parties extrêmes, la partie centrale fait basculer le psaume du premier versant (1-20) où la présence menaçante des malfaisants domine13 vers le deuxième versant (25-40) dans lequel c'est au contraire la figure des justes qui l'emporte. Ce qui peut se schématiser ainsi : N e te soucies pas des MALFAISANTS — aie confiance en Yhwh Résumé : Yhwh se moque du MÉCHANT LES MÉCHANTS seront détruits Passage central
21 -24
LES JUSTES seront gardés
25-31
R é s u m é : Y h w h n ' a b a n d o n n e p a s LE JUSTE Espère en Y h w h
1 — 11 12-13 14-20
—
r e g a r d e LES JUSTES
32-33 34-40
La partie centrale commence en opposant le méchant et le juste, toutefois non plus dans leurs rapports conflictuels mutuels mais dans leur conduite envers leur prochain ; c'est ensuite le jugement de Dieu sur ceux qui seront bénis ou maudits. Ces deux premiers versets renvoient donc plutôt au premier versant. Quant aux deux versets suivants, ils semblent préparer la suite, car il n'y est question que de celui que Dieu soutient, c'est-à-dire du juste.
12
«Héritage» (18), qui n'est pas de même racine, appartient cependant au même champ sémantique. 13 On pourra noter l'inclusion qui délimite le premier versant (2.20b). Les deux occurrences de « espérer » (9.34) jouent le rôle de termes médians à distance agrafant les parties extrêmes.
118 1
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
De David. ' Ne t'échauffc pas contre LES MALFAISANTS, car comme l'herbe vite ils sont fanés b 3 Aie confiance en YHWH et fais le bien, 4 et réjouis-toi en YHWH e 5 Remets à YHWIÎ ta VOIE I et il fera-lever comme le jour TA JUSTICE,
ne jalouse pas les faiseurs de fausseté : et comme le vert des prés ils sont flétris, habite la terre et fais-paitre ta vcritc. et il te donnera les demandes de ton cœur, et aie confiance en lui, et lui il fera ; et ton droit comme le midi.
d 7 Sois tranquille en YHWH ne t'échauffc pas contre qui fait-réussir sa VOIE, h 8 Laisse la colère, renonce au courroux, 9 car LES MALFAISANTS w 10 encore un peu, et plus D'IMPIE, II mais les humbles HÉRITERONT Là TERRE,
et attends-le, contre l'homme faiseur d'intrigues ; ne t'échauffc pas, ce n'est que mal ; et CEUX QUI ESPÈRENT en YHWII HÉFJTERONT LA TERR.E ; tu t'enquiers de sa place, et il n'est plus ; et se réjouiront de beaucoup de paix.
2
•z
12
LE MÉCHANT complote contre LE JUSTE
••13II SEG INEUR se moque de lui,
et grince des dents contre lui ; car il voit que vient son jour.
h 14 LES MÉCHANTS ont tiré l'cpce pour FAIRE-TOMBER le pauvre et le petit, 15 leur cpée entrera dans leur cœur
et ils ont tendu l'arc, pour égorger les droits de VOIE ; et leurs arcs seront brisés.
t 1 6 Mieux vaut un peu pour LE JUSTE 17 car les bras DES MÉCHANTS seront brises, y 18 YHWH connaît les jours des parfaits, 19 ils ne rougiront pas au temps mauvais, k 20 Car LES MÉCHANTS périront, comme la parure des prés ils s'en iront,
que l'abondance DES MÉCHANTS puissants ; mais YHWH soVrwmiA.s JUSTES, et leur héritage sera pour toujours ; et aux jours de famine ils seront rassasiés, et les ennemis de YHWH ; en fumée ils s'en iront.
1 21 LE MÉCHANT emprunte et ne rend pas ceux qui HÉRITERONT LA TERRE, m 23 Par Ylll l! les pas du fort sont affermis 24 s'il TOMBE, il n'est pas terrassé, 22
mais t ivJUSTE a pitié et U lionne et ceux qui sont maudits et dans sa VOIE il se plait ; car fflll le s a u m m & c sa MAIN.
n 25 J'étais jeune, je n'ai pas vu LE JUSTE abandonné 26 tout le jour // a pitié, if prête,
et puis j'ai vieilli, ni sa lignée cherchant du pain ; et sa lignée (sera) en méDiCnON !
s 2 7 Évite le mal et fais le bien Car YHWH aime le droit ' pour toujours ils seront gardes 29 LES JUSTES HÉRITERONT LA TERRE
et tu habiteras pour toujours. et il n'abandonne pas ses fidèles ; mais la lignée DES MÉCfl 1M S - et ils habiteront à jamais sur elle.
p 30 La bouche du JUSTE murmure la sagesse 31 la loi de son PUT dans son cœur :
et sa langue profère le droit ; ses pas ne chancellent point.
28
• s 3 2 LE MÉCHANT guette LE JUSTE ••33 YHWH ne l'abandonne pas à sa MAIN
;:
•;
et cherche à le faire mourir ; et ne le laisse pas condamner.
q 34 ESPÈRE en YHWII et il t'exaltera pour HÉRITER LA TERRE : r 3 5 J'ai vu LE MÉCHANT triomphant 36 et il a passé et voici qu'il n'était plus,
et garde sa VOIE, ûi\mmm DES MÉCHANTS tu verras, s'élever comme un arbre verdoyant ; je l'ai cherché et il ne s'est pas trouvé.
s 37 Garde la perfection et vois la droiture, mais les pécheurs seront anéantis ensemble, t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de YHWH, 40 YHWII les aide et les délivre, car ils se sont réfugiés en lui.
car il est une postérité pour l'homme de paix ; la postérité DES MÉCfl iNTS leur forteresse au temps de l'angoisse ; il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
38
119
Le psaume 37
L'analyse présentée dans les pages qui précèdent a été menée de manière indépendante, sans référence aux études de composition déjà parues14. C'est que, pour entrer sérieusement en discussion avec leurs auteurs, il aurait fallu y consacrer beaucoup d'espace15. Il faut ajouter que le manque d'une méthodologie suffisamment rigoureuse ne permet pas que les résultats de leurs analyses puissent être considérés comme assurés.
B . CONTEXTE BIBLIQUE
Parmi tous les échos intertextuels qui peuvent être évoqués, c'est certainement la béatitude de Mt 5,5 qui retient le plus l'attention des commentateurs : « Heureux les doux, car ils hériteront la terre ». Cela, d'autant plus que l'expression « hériter la terre » revient comme un leitmotiv tout au long du psaume (9.11.22.29.34 ; à quoi il faut ajouter « héritage » en 18 et « terre » en 3). Les sept béatitudes de Mt 5,3-9 forment un septénaire : +3
_4
HEUREUX les pauvres en esprit,
car à eux
est le royaume
des CLEUX !
HEUREUX les doux,
car eux
hériteront
la terre !
. 5 HEUREUX les pleurants, • 6
.7
+8 _9
car eux
seront consolés !
HEUREUX les affamés et les assoiffés de la justice,
car eux
seront rassasiés !
HEUREUX les miséricordieux,
car eux
seront miséricordiés !
HEUREUX les purs
de cœur,
HEUREUX les pacifiques,
car eux care ux
fils de
DLEU
ils verront !
DIEU
seront appelés !
où la deuxième béatitude (4) et la septième (9), en position symétrique à la fin des morceaux extrêmes, sont liées par le thème de la filiation : ce sont en effet les « fils » qui « héritent »16. C . INTERPRÉTATION
Les titres donnés au psaume indiquent quel est le contenu, l'idée directrice que les commentateurs lui reconnaissent. Pour la plupart « le thème essentiel est 14
Voir, essentiellement, J. FORBES, The Symmetrical Structure of Scripture, 107-114; E.W. BULLINGER, A Key to the Psalms by the late Rev. Thomas Boys, 34 ; M. GIRARD, Les Psaumes, 291-304 ; ID., Les Psaumes redécouverts. I, 624-650 ; P. AUFFRET, « "Aie confiance en lui, et lui, il agira" : Étude structurelle du Psaume 37 » ; J. BAZAK, « Structural geometric patterns in biblical poetry » ; ID., Structures and contents in the Psalms : geometrical structural patterns in the Seven Alphabetic Psalms. 15 J'ai consacré un long article à discuter en détail l'analyse du Ps 51 de M. Girard (voir p. 55, note 21. 16 Voir R. MEYNET, Lire la Bible, 168-173 ; G. LORI, Il discorso délia montagna, dono del Padre (Mt 5,1-8,1), 21 sq.
120
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
celui de la rétribution »' 7 : « (Le) sort du juste et de l'impie » (Bible de Jérusalem, L. Jacquet), « Le sort du juste et du méchant » (Osty), ou, plus développé : « Le bonheur des impies ne dure pas. Il n'y a de durable que celui des justes » (La grande Bible de Tours »). D'autres reprennent le leitmotiv du poème : « Les humbles posséderont la terre » (Vesco), « Los humiles herederân la tierra » (La casa de la Biblia). La traduzione délia Civiltà cattolica donne comme titre la béatitude de Matthieu : « Beati i miti, perché erediteranno la terra (Mt 5,5) ». Ravasi combine en quelque sorte les deux titres précédents : « Giusto e ingiusto a confronto : la terra promessa e l'erba appassita ». Beaucamp : « Dans l'attente d'une justice finale ». Quant à P. Auffret, il a choisi comme titre le deuxième membre de 5a : « "Aie confiance en lui, et lui, il agira" ». Un grand nombre de commentateurs renvoient à Tertullien qui appelait le Ps 37 « Le miroir de la Providence » et Isidore de Séville qui le qualifie de « Remède contre les murmures ». Dans le pesher du psaume retrouvé à Qumran se lit l'interprétation qu'en donnait la communauté des Esséniens en fonction de leur situation et de leur théologie : les justes sont les membres de la communauté sadocite guidée par le Maitre de justice qui a reçu la révélation divine, les impies sont ceux auxquels ils s'opposent, ceux qui célèbrent le culte dans le temple de Jérusalem et qui les r 18 persecutent . En Amérique latine, marquée par de graves injustices sociales regardant en particulier la possession de la terre, le psaume est souvent interprété en conséquence19. Ces interprétations sont certes légitimes. Elles sont toutefois conditionnées par des facteurs externes au texte lui-même, par la situation où se trouve l'interprète. Selon la troisième des cinq règles herméneutiques énoncées dans le Traité de rhétorique biblique20, l'interprétation ici proposée partira du centre de la construction, qui en constitue la clé de voûte et la clé de lecture (21-24) ; elle s'appuiera aussi sur les deux autres piliers de l'architecture constitués par les courtes parties parallèles 12-13 et 32-33. LE SEIGNEUR FAIT HÉRITER SON FILS
La « bénédiction » du Seigneur se concrétise dans le don de la terre (22). Reprise deux fois en écho dans chaque versant, l'expression « hériter la terre » présente avec la plus grande insistance la figure de Dieu comme celle d'un père 17
Vesco, 339 ; de même Graigie, I, 296 : « the overall theme linking its parts is rétribution and recompense » ; voir aussi Anderson, 292. 18 Voir C. COULOT, « Un jeu de persuasion sectaire : Le commentaire du Psaume 37 découvert a Qumran ». 19 Voir E. CORTESE, « Salmo 37 : Una interpretacion en dialogo con el Tercer Mundo » ; W. BRUEGGEMANN, « Psalm 37 : Conflict of Interprétation ». 20 Traité, 2013, 567-573.
121
Le psaume 37
qui transmet à ses fils la terre en héritage. La plupart des traductions françaises disent « posséder » la terre, gommant la dénotation de la filiation, comme si elles résistaient inconsciemment à l'admettre21. La traduction Bayard va jusqu'au contre sens avec « gagner » ; s'il est une chose que l'on ne gagne pas, c'est bien l'héritage, pour lequel il n'y a rien à faire, sinon qu'à « se donner la peine de naitre ». « Posséder » a au moins l'avantage de signifier que, une fois reçus, les biens de l'héritage ne sont ni prêtés ni confiés, ils sont propriété pleine et entière du fils. Ils ne le sont pas pour un temps : « leur héritage sera pour toujours » (18). IL LE PREND PAR LA MAIN
La suite de la partie centrale file la même image paternelle. Comme un père 22
apprend à marcher à son fils, le Seigneur « affermit les pas du fort » (23) . « Car Israël est un enfant et je l'aime [...] Et moi j'ai appris à marcher à Éphraïm en le tenant par les mains » (Os 11,1.3)23. Si son enfant achoppe, s'il est poussé par celui qui veut « faire tomber le pauvre et le petit » (14), son père « le soutient de sa main » (24). IL NE L 'ABANDONNE PAS
En opposition au dernier membre de la partie centrale à peine cité, la deuxième partie de reliure (32-33) affirme : « Le Seigneur ne l'abandonne pas à la main » du méchant (33). Le psalmiste avait déjà dit : « Je n'ai pas vu le juste abandonné, ni sa lignée cherchant du pain » (25), comme si son père avait cessé de le nourrir. Il avait ajouté sans tarder que le Seigneur « n'abandonne pas ses fidèles » (28). Voilà qui rappelle les paroles d'Isaïe : « Sion avait dit : "Yhwh m'a abandonnée ; le Seigneur m'a oubliée." Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas » Is 49,14-15).
21 Par exemple, Crampon, la Bible de Jérusalem, Osty, la TOB, la Bible en français courant, la Bible du rabbinat, la Bible Parole de vie, La colombe, La nouvelle Bible Segond, les commentaires de Jacquet et de Vesco. Beaucamp utilise quatre verbes différents : « avoir », « appartenir », « posséder » et « donner ». Avec klëronomeô, la Septante respecte le sens de yrs, de même la Vulgate avec hereditäre ; Mannati traduit par « hériter » (Mannati - Solms, II, 1966-68), la nouvelle traduction italienne de la Conférence Épiscopale Italienne par « avere in eredità » (corrigeant ainsi la version précédente qui avait « possedere »), la traduction espagnole de la Casa de la Biblia par « heredar ». 22 David Kimchi (Commente* ai salmi, I, 303) commente : « Les pas du juste, qui est plus fort que le méchant en bonnes œuvres... ». Il renvoie à Rashi : « Les pas du fort : c'est-à-dire de celui qui est "fort" dans la crainte du Seigneur ». 23 Voir aussi Jr 31,32 : « Non pas comme l'alliance que je conclus avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte ».
122
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LE FILS DEVIENT PÈRE À SON TOUR
Le juste montre qu'il est vraiment fils de Dieu quand il se conduit comme son Père. C'est ce que dit le début de la partie centrale : « le juste a pitié, il donne ». Ce qui sera repris en écho peu après : « tout le jour il a pitié, il prête » (26). Il prête en prenant donc le risque qu'on ne lui rende pas. Il donne comme le Seigneur lui « donne les demandes de son cœur » (4). Ce faisant, il fait hériter les autres, spécialement ceux qui sont dans le besoin, des richesses qui lui ont été léguées par le Seigneur. En d'autres termes, il traite le pauvre comme son propre fils. Pour cela il est prêt à renoncer à « l'abondance » et à se contenter de « peu » (16). Avec l'héritage il transmet la vie, et c'est pourquoi «sa lignée sera en bénédiction » (26) et « il est une postérité pour l'homme de paix » (37). LÀ MORT DU MÉCHANT
Contrairement à celle du juste, « la lignée des méchants sera extirpée » (28). Eux-mêmes seront « extirpés » (9.22.34), ils ne seront plus (10.36), « ils périront » (20), « leur épée entrera dans leur cœur et leurs arcs seront brisés » (15), « comme l'herbe ils faneront » (2) et « en fumée ils s'en iront » (20), « les pécheurs seront anéantis ensemble » (38). Avec eux la vie s'arrêtera, et s'arrêtera pour toujours car ils seront aussi privés de descendance : « la lignée des méchants sera extirpée » (28), « la postérité des méchants sera extirpée » (38). La mort ne peut qu'engendrer la mort. C'est qu'au lieu de « donner » et de donner la vie comme le juste, « le méchant emprunte et ne rend pas » (21) ; étant sans « pitié », il arrête ainsi le flux de la vie. Bien plus, n'étant pas vivant, il ne supporte pas ceux qui le sont : « il complote contre le juste » (12), « il cherche à le faire mourir » (32), « il tire l'épée et tend l'arc, pour faire tomber le pauvre et le petit, pour égorger ceux dont la voie est droite » (14). LA VOIE DE LA VIE POUR LE JUSTE
Quant au juste menacé de mort par les méchants, il est protégé par le Seigneur qui l'empêche de « tomber » (24)24, c'est-à-dire d'être « égorgé » (14), par ceux qui « complotent contre » lui (12) et veulent le « faire mourir» (32), qui empêche qu'il soit livré à « la main » du méchant (33). Le psaume s'achève sur la certitude que pour les justes « le salut vient du Seigneur », qui les « aide », les « délivre » et les « sauve » (39-40). C'est pourquoi, comme le répète le psalmiste en entonnant son poème, le juste ne doit pas « s'échauffer contre les malfaisants » (1) car « ce ne serait que mal » (8). Tout le mouvement du psaume est organisé pour faire passer celui qui le prie de la rage contre les méchants qui le 24
Souvent le verbe connote la mort, par exemple en Am 5,1 : « Elle est tombée et ne se relèvera plus la vierge d'Israël ». Voir Amos, 160 : « Ce verbe, souvent utilisé aussi dans l'expression "tomber par l'épée" (Nb 14,3.43 ; 2S 1,12 ; 3,29 ; Is 31,8 ; Ps 78,64) est l'équivalent de "mourir par l'épée" (Jr 21,9); il n'indique donc pas une simple chute, mais la mort violente, devant l'ennemi (dont "on ne se relève pas" : Jr 25,27) ».
Le psaume 37
123
persécutent à la confiance en Dieu seul. La métaphore de l'architecture avec l'image ancienne du centre comme « clé de voûte »25, à laquelle on peut ajouter dans le cas présent les deux contreforts que représentent les deux courtes parties où le Seigneur déjoue les projets des méchants, cette métaphore est certes parlante. Toutefois, elle pourra paraître statique et justifier le reproche que certains font à l'analyse rhétorique qui, se focalisant sur le centre de la construction, risquent de ne pas en percevoir le mouvement, la progression. C'est pourquoi la métaphore, toujours architecturale, du pont est sans doute plus parlante : la partie centrale du psaume ainsi que les deux autres parties qui se trouvent au centre de chaque versant, sont comme les piles d'un pont que l'on ne voit pas quand on circule sur le tablier mais qui le soutiennent et permet au lecteur de passer d'une rive à l'autre, de la colère à la confiance. « Comme le livre des Proverbes, le psaume [37] est une sorte d'anthologie de dits de Sagesse, les strophes de chaque lettre de l'alphabet contenant un proverbe plus ou moins complet »26. Il est vrai qu'à première vue ce psaume a l'apparence d'un simple patchwork, répétitif et morne. Or l'analyse de sa composition a révélé une architecture très élaborée — et cela malgré la contrainte de l'acrostiche alphabétique — qui a permis de mettre en lumière la logique profonde du poème. Le thème de la filiation, et donc de la transmission de la vie, constitue le centre nerveux de l'ensemble. C'était déjà le cas pour le psaume acrostiche précédent, focalisé sur ces deux segments (Ps 34,12-13) : Allez, fils, écoutez-moi, Qui est Thomme désirant la vie,
25
la crainte du Seigneur j e vous l'enseigne. aimant les jours pour voir le bien ? 2 7
Thomas Boys est le premier à comparer le centre d'un texte à la clé de voûte, la seule pierre qui soit unique et qui n'ait pas son parallèle dans la construction, celle par laquelle tout l'ensemble tient (A Key to the Book of the Psalms, 123) ; voir Traité, Chap. 8, « Le centre des compositions concentriques », 417-469. 26 Graigie, I, 296. Voir aussi Anderson, 292 : « Each strophe is, more o less, an independent unit, so that the whole poem approximates to a collection of proverbs» ; Castellino, 813 : « È difficile vedere una sequela logica nell'andamento del pensiero [...] In genere perô le strofe di ogni lettera alfabetica possono raggrupparsi a tre o a due, senza, per altro, che si possa fissare uno sviluppo organico di pensiero»; Sabourin, 194: « C e psaume de sagesse est également alphabétique et, par conséquent, les réflexions qu'il propose se suivent sans ordre logique (voir Ps 34) ». 27 Voir p. 94.
L e s p s a u m e s 111 et 112 Les psaumes 111 et 112 se ressemblent comme des «jumeaux ». Ce sont les seuls acrostiches alphabétiques bibliques dont les vingt-deux membres commencent par chacune des lettres de l'alphabet hébreu. Si chacun peut et doit être analysé en lui-même, il n'est guère possible de les séparer. C'est pourquoi, ils sont étudiés dans le même chapitre, d'abord séparément, puis en regard l'un de l'autre
A. LE PSAUME 111 Les parties extrêmes (lb-3 ; 9-10) comprennent chacune six membres, tandis que la partie centrale (4-8) en compte dix (voir p. 129). 1. COMPOSITION
LA PREMIÈRE PARTIE (lb-3) Elle comprend six membres formant trois bimembres organisés de manière concentrique : =
LB
des droits
de TOUT cœur et l \assemblée.
::2 Grandes
LES ŒUVRES
d e YHWH,
= RECHERCHÉES
pour TOUS-ceux
ÇUÏ~IES~ÀÏMEÏÏT.
et splendeur demeurant
SON OUVRAGE
JE RENDS-GRÂCES
= dans le cercle
3
:: Faste ;: e t SA JUSTICE
à YHWH
>4 JAMAIS.
Le premier segment (lbc) met en scène le « j e » du psalmiste (lb), accompagné des hommes « droits » et de « l'assemblée » (le) : ces personnages sont inclus dans « tous-ceux qui-les-aiment » de 2b. Le troisième segment (3) ainsi que 2a donnent les raisons de l'action de grâce (lb) et de la « recherche » (2b) : ce sont les « œuvres », « l'ouvrage », « la justice » du Seigneur. Les deux éléments du centre renvoient, de façon croisée, aux unités qui l'entourent : 2b à lbc et 2a à 3ab. À noter que les trois membres qui concernent les actions de Dieu sont des phrases nominales, sans aucun verbe conjugué (2a.3a.3b). Le nom de « Yhwh » revient deux fois : dans le premier membre où il s'agit des actions des hommes (lb), dans le premier membre où il s'agit des actions de Dieu (2b). « Tout » / « tous » est repris en l b et 2b, dans les membres qui concernent les
126
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
hommes ; une idée de totalité analogue est exprimée par « à jamais » à la fin du troisième membre qui rapporte les œuvres de Dieu 1 . LA TROISIÈME PARTIE (9-10) La dernière partie comprend elle aussi six membres, organisés non pas en trois bimembres comme dans la première partie, mais en deux trimembres. Le premier est de type A A ' B : les deux premiers membres rapportent les actions de Dieu, le troisième énonce deux qualités de « son nom » ; les derniers termes s'achèvent par le même suffixe pronominal qui fait rime 2 . Le second trimembre est aussi de type A A ' B : les deux actions de « craindre » le Seigneur et d'« œuv r e r » ses commandements (lOab) correspondent aux deux actions de Dieu du premier trimembre (9ab) ; la « louange » de 10c semble correspondre à 9c, puisque c'est « le nom » de Yhwh qui est loué (voir Ps 113,1-3 : « Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! 2 Béni soit le nom du Seigneur, dès maintenant et à jamais ! 3 Du lever du soleil à son coucher, loué soit le nom du Seigneur » ; voir aussi Ps 69,31 ; 135,1 ; 148,5.13). :: 9 Le rachat
IL A ENVOYÉ
:: IL A COMMANDÉ
POUR TOUJOURS et redoutable
pour le peuple- de lui, de lui ; l'alliancede lui. LE NOM-
de sagesse bonne demeurant
LA CRAINTE pour TOUS-ceux A JAMAIS.
:: saint = 10 Principe = intelligence = sa louange
d e YHWH,
QUI-LES-CEUVRENT ;
« Pour toujours » (9b), « tous » (10b) et « à jamais » (10c) appartiennent au même champ sémantique de la totalité. « Son nom » (9c) est « Yhwh » (10a) et l'on pourrait considérer ces deux mots comme jouant le rôle de termes médians ; en outre, « redoutable » à la fin du premier trimembre, qui est de même racine que « crainte » au début du deuxième trimembre, remplissent la même fonction. Le premier segment décrit ce que fit le Seigneur, « le rachat » et « l'alliance » 3 ; le second ce qui est par conséquent « sagesse » que fassent les hommes : « craindre le Seigneur », « œuvrer [ses commandements]) 4 et le « louer » toujours.
1
On pourra remarquer la construction spéculaire du dernier verset : Faste et splendeur - son ouvrage / et sa justice - demeurant à jamais. 2 En hébreu : Ie *ammô, herîtô, semô. 3 9b peut être compris de deux manières : le Seigneur a ordonné que son alliance soit pour toujours, ou : il a ordonné à son peuple de garder son alliance pour toujours (Hakham, II, 352). 4 Le syntagme « les œuvrant eux » pose un problème grammatical : selon Amos Hakham, par exemple, ce seraient les commandements de « la sagesse » et de « la crainte du Seigneur », mais il est possible aussi que le suffixe -hem se réfère à « tous ses préceptes » du verset 7 (Sefer tehillîm,
Les psaumes 111 et 112
127
LES PARTIES EXTRÊMES VUES ENSEMBLE (lb-3 / 9-10) —
lb yfW h •"tvsv.fTyf» /*tr* / /VW
= dans le cercle : : 2 Grandes = RECHERCHÉES
: : 3 Faste :: et SA JUSTICE
à YHWH
des droits
de TOUT cœur et l'assemblée.
LES ŒUVRES pour TOUS-ceux
d e YHWH,
et splendeur
SON OUVRAGE À JAMAIS.
DEMEURANT
QUI-LES-ÀÏMEÏÏÏ.
[...] : : 9 Le rachat :: IL A COMMANDÉ :: saint 10
= Principe = intelligence = SA LOUMÛ-E
IL A ENVOYÉ POUR TOUJOURS et redoutable
à son peuple, son alliance ;
de sagesse bonne
LA CRAINTE pour TOUS-ceux À JAMAIS.
DEMEURANT
SON NOM.
de YHWH, OUî~lES~(EUVRENT ;
La même alternance entre les œuvres de Dieu et celles de l'homme se retrouve dans les deux parties, arrangée autrement : en succession dans la dernière, entremêlées dans la première. Toutefois, le rapport est globalement spéculaire, car la première partie commence avec « l'action de grâce » et la dernière s'achève par « la louange » ; de manière complémentaire, la première partie se conclut sur l'œuvre de Dieu (3), tandis que dans la dernière partie celleci est décrite au début (9). La symétrie est d'autant plus harmonieuse qu'elle n'est pas mathématique, qu'elle est déhanchée, comme les Vierges gothiques. La symétrie la plus forte est celle des termes finaux (3b. 10c), qui semblent résumer l'ensemble des deux parties : à la «justice » éternelle de Dieu répond la « louange » éternelle des hommes.
IL 352). La Septante a autës qui ne peut pas renvoyer à « la crainte du Seigneur » car phobos est masculin, mais à sophia, « la sagesse », qui est féminin.
128
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LA PARTIE CENTRALE +
UN MÉMORIAL
- tendre - 5 la nourriture 4-
*
5
IL A DONNÉ
à ses
m alliance.
La force
DE SES ŒUVRES à eux
l'héritage
- fidèles +
de SES prodiges, YHWH ;
À JAMAIS
LES Œ U V R E S
8
IL A Œ U V R É
et miséricordieux
' MÉ MORI
POUR DONNEE
+
(4-8)
établis
ŒUVRES
cralgnanï
il a fait voir
de m mains tous
vérité
pour
À JAMAIS,
toujours
à son des
peuple, nations.
jugement,
SES préceptes, et droiture.
Cette partie comprend trois morceaux, deux plus longs formés de deux bimembres (4-5 ; 7-8) encadrant un morceau de la taille d'un bimembre (6) ; ce bimembre se distingue de tous les autres segments du psaume du fait que son second membre est subordonné au premier. Le premier morceau est délimité par les deux mots de même racine qui marquent le début de ses membres extrêmes, « un mémorial », « il se remémore » (4a. 5b) ; en fin de membres, « son alliance » correspond à « ses prodiges ». Le même phénomène se retrouve dans le morceau symétrique avec « les œuvres » de 7a et « œuvrés » de 8b ; le parallélisme de ces membres continue avec deux termes coordonnés, dont le premier, « vérité », est identique. D'un morceau à l'autre, « pour toujours et à jamais » de 8a — qui avec « tous » de 7b joue le rôle de termes médians — reprend « à jamais » de 5b. Le morceau central (6) met en rapport « le peuple » de Yhwh et « les nations ». « Ses œuvres » renvoie aux trois termes de même racine (4a.7a. 8b) ; « à son peuple » correspond à « à ses craignant » de 5a et « donner » apparaissait déjà en 5a.
Les psaumes 111 et 112
129
L 'ENSEMBLE DU PSA UME 111
mm Y A H
!
b
M immmÂœ à Y H W H deTOUTcœur, = dans le cercle des DROITS et l'assemblée.
d
:: 2 Grandes les Œ U V R E S de Y H W H , = dignes-d'étude pour TOUS ceux qui les aiment. .. 3
h w
Faste et splendeur, son OUVRAGE :: et SA justice D E M E U R E pour toujours. + 4 Un mémorial il a Œ U V R É de ses prodiges, - tendre et miséricordieux Y H W H . - 5 La nourriture il a donné à ceux qui le Oh&Yf Yi, + il se remémore à jamais SON ALLIANCE. La force de ses Œ U V R E S il a fait voir à son peuple, pour donner à eux l'héritage des nations.
6
k 1
m + 7 Les Œ U V R E S de ses mains vérité et jugement, n - fidèles TOUS ses préceptes, - 8 établis +
ŒUVRÉS
pour toujours avec vérité et DRC
à jamais,
: 9 Le rachat il a envoyé à son peuple, : il a commandé à jamais SON ALLIANCE, : saint et redoutable son Nom. = 10 Principe de sagesse là CMME de Y H W H , = réussite bonne pour TOUS ceux qui les Œ U V R E N T , =
SA IM'mm
DEMEURE
P O U R TOUJOURS.
La racine 'sh, traduite systématiquement par « œuvrer »/« œuvres » revient ^ix fois (2a.4a.6a.7a.8b.10b) ; avec son synonyme « ouvrage » (p'1: 3a) cela fait un total de sept, le chiffre de la complétude. Les mots qui appartiennent au champ sémantique de la totalité sont d'abord « tout »/« tous » (lb.2b.7b. 10b), mais aussi « pour toujours » (3b.8a. 10c) et « à jamais » (5b.8a.9b), soit un total de dix, chiffre de la totalité (comme les « dix paroles » ou décalogue, ou les dix ?aroles par lesquelles Dieu a accompli l'ensemble de la création 5 ). ' Voir A.A. FRAENKEL, « 'Assarah Maamaroth - 4Assarah Dibberot. De la Création à la Révéla:ion ».
130
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3. INTERPRÉTATION
Quel est l'auteur des « œuvres » dont parle le psaume ? C'est le Seigneur pour les six premières occurrences, mais le sujet change pour la septième (10b) : comme si à toutes les œuvres accomplies par Dieu en sa faveur, l'homme répondait en « œuvrant » ses commandements. En effet, « la louange » (10c) et « l'action de grâces » (lb) ne sauraient suffire ; est nécessaire l'obéissance qui atteste de leur sincérité et de leur vérité. Quelles sont les œuvres du Seigneur ? Aux versets 7-8 les « œuvres » de Dieu sont « ses préceptes », c'est-à-dire sa Loi ; le vocabulaire de ces deux versets revient plusieurs fois dans le Ps 119, tout entier consacré à la Loi du Seigneur 6 . Quant au morceau symétrique (4-5), il fait référence aux « merveilles » de l'exode : entre toutes les fêtes, la Pâque a été instituée comme « mémorial » de la libération du pays d'Egypte (Ex 12,14 : « Ce jour-là vous servira de mémorial [...], c'est une institution perpétuelle»; traduction Osty). La «nourriture donnée» (5a) rappelle aussi bien la manne que les cailles (Ex 16-17). Le morceau central (6) résume, pour ainsi dire, tous les prodiges de l'exode (6a) dont l'aboutissement est le don de la terre (6b). Ainsi, toute la partie centrale célèbre l'œuvre majeure de l'exode 7 . Quant aux parties extrêmes, il n'est pas facile de déterminer quelles œuvres divines elles évoquent. Cependant, si l'on prend au sérieux la construction du psaume et si l'analyse qui vient d'être menée est exacte, si l'on admet aussi que toute la longue partie centrale est consacrée aux œuvres de l'exode, depuis la libération du pays d'Egypte jusqu'au don de la terre, alors les deux autres parties pourraient parler des autres œuvres du Seigneur, les unes se situant avant l'exode, les autres après. Dans la première partie, dont le caractère introductif est indéniable, il n'est pas exclu qu'elles comprennent non seulement les œuvres historiques de salut mais aussi celles de la création (Ps 8,4 ; 102,26 ; 103,22). Tout entier consacré à la louange du Créateur, le Ps 104 commence ainsi : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, Seigneur mon Dieu, tu es si grand, vêtu de faste et de splendeur... » (Ps 104,1 ; voir aussi Ps 9 6 , 6 ; Jb 40,10) 8 . Quant à la partie finale, le premier membre peut faire penser au retour de l'exil à Babylone 9 . Le schéma serait donc semblable à celui du Ps 136, le grand Hallel : là aussi toute la partie centrale relate les faits de l'exode (10-22), la partie précédente ceux de la création (4-9)
6
« Jugement » revient 23 fois, dans toutes les strophe sauf une, « préceptes » 21 fois dans 19 strophes sur 22; «vérité» revient souvent (43.142.151.160), «fidélité» (30.75.86. 90.138), « droit » (7.128.137), « à jamais » (44.89.93.98.111.112.142.144). 7 Dans le Ps 136 aussi toute la partie centrale célèbre l'ensemble des merveilles de l'exode ; voir R. MEYNEÏ, Appelés à la liberté, 220. 8 Voir Dahood, III, 122; Ravasi, III, 305. 9 Ainsi Alonso Schoekel - Carniti, I Salmi, II, 520 : « dans un contexte post-exilique, il peut se référer au retour dans la patrie ».
Les psaumes 111 et 112
131
et la suivante ceux du retour d'exil (23-25) 10 qui est présenté comme un nouvel exode et même une nouvelle création.
B. LE PSAUME 112 Le psaume 112 comprend lui aussi trois parties (voir p. 134) : deux parties longues comptant chacune dix membres (lb-5 ; 7-10) encadrent une partie beaucoup plus courte qui est de la taille d'un seul segment bimembre (6). 1. COMPOSITION LA PREMIÈRE PARTIE
(1-5)
+ Heureux (est) + ses commandements
L'HOMME
qui craint beaucoup.
Yhwh,
désire
= 2 Puissante = la génération
sur la terre des droits
sera sera bénie.
sa semence,
et richesse demeure dans la ténèbre
dans sa maison jusqu'à toujours ; une lumière
et miséricordieux
et j u s t e ,
L'HOMME
qui a pitié avec jugement.
3
Fortune
et sa j u s t i c e
4
il se lève
- Tendre - 5 bon (est) : : il mène
ses affaires
pour les droits.
et qui partage ;
Cette partie comprend trois morceaux (1-2 ; 3-4a ; 4b-5). Le premier est formé de deux segments bimembres de même rythme (4 + 3 accents) ; le premier décrit l'attitude de « l'homme » envers « le Seigneur » et « ses commandements », le second énonce celui de Dieu envers l'homme (le passif divin final le signale clairement). Le morceau central (3-4a) est de la taille d'un trimembre. Celui-ci est de type A A ' B : en effet, les deux premiers membres sont coordonnés et sont au singulier, tandis que le troisième élargit au pluriel (comme 2b à la fin du premier morceau). Le dernier morceau (4b-5) est de la taille d'un segment 11 ; ce trimembre est de type A A ' B : 5b est une phrase verbale qui se distingue de la phrase nominale qui 10
Voir note 7. La ponctuation massorétique unit 4a et 4b en un seul verset. En réalité, 4b est uni à 5a du point de vue syntaxique : en effet, les trois adjectifs de 4b étant au singulier et non au pluriel comme « les droits » de 4a, sont juxtaposés à « bon » de 5a. 11
132
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
la précède. « Jugement », à la fin du dernier membre, appartient au même champ sémantique que « juste » à la fin du premier membre. Les deux occurrences de « droits » (2b.4a) jouent le rôle de termes finaux pour les deux premiers morceaux ; les deux occurrences de « l'homme » (la. 5a) remplissent la fonction de termes extrêmes ; « justice » au centre du morceau central (3b) est repris par « j u s t e » au début du troisième morceau (4b).
+ Heureux (est) + ses commandements
L'HOMME
qui craint beaucoup.
Yhwh,
désire
= 2 Puissante = la génération
sur la terre des droits
sera sera bénie.
sa semence,
et richesse demeure dans la ténèbre
dans sa maison jusqu'à toujours ; pour les droits. une lumière
et miséricordieux
et juste,
L'HOMME
qui a pitié avec jugement.
3
Fortune
et sa justice
4
il se lève
Tendre bon (est) ; il mène 5
ses affaires
et qui partage ;
Du point de vue des personnages, le premier morceau expose les relations entre « le Seigneur » et « l'homme » ; le dernier décrit les rapports entre « l'homme » et les autres hommes avec lesquels il est « tendre et miséricordieux et juste » (4b), avec lesquels il « partage » ses biens, avec qui il fait la «justice » (4b) et le « j u g e m e n t » (5b). Quant au morceau central (3-4a), il semble qu'il joue le rôle de pivot, articulant les deux autres morceaux. Le membre central (3b) n'expose pas de manière explicite les rapports du juste avec les autres, mais il affirme la pérennité de sa « justice » ; ce terme générique semble renvoyer en même temps à la « droiture » (2b) envers le Seigneur du premier morceau et au comportement du « juste » (4b) envers les autres du troisième morceau. Avec « richesse », le premier membre (3a) est à mettre en relation avec le dernier morceau et spécialement avec « qui partage » (5a) : le fait de partager ses biens avec les autres n'empêche pas que le juste soit comblé de biens ; la « lumière » qui « se lève dans la ténèbre » du troisième membre pourrait rappeler le premier morceau comme une autre manière d'exprimer la bénédiction divine 12 .
12
Voir par ex. Is 60,2.
Les psaumes 111 et 112 LA TROISIÈME PARTIE
(7-10)
+ 7 Une réputation ferme
son cœur,
I! ne craint pas, confiant
son cœur, VOIE
SES OPPRESSEURS.
-
8
assuré
+ jusqu'à
ce qu'il
9
II distribue, sa justice son front
10 -_ L e MÉCHANT
= ses dents :: l'espérance
MAUVAISE
il donne tient debout s'élève VOIT grincent des MÉCHANTS
133
dans le Seigneur ;
i! ne craint pas, aux dépourvus, jusqu'à
toujours,
avec gloire. et il s'irrite, et il se détruit ; se perd.
Dans les membres extrêmes du premier morceau (7a. 8b) « oppresseurs » rappelle « mauvaise », car on comprend que les oppresseurs du juste sont ceux qui lui font « une mauvaise réputation » ; ce sont surtout les second et avantdernier membres qui se correspondent avec « ferme son cœur » (7b) et « assuré son cœur » (8a) ; au centre, le dernier terme du premier segment, « le Seigneur » (7b) ; noter que les deux occurrences de « il ne craint pas » (7a. 8a) remplissent la fonction de termes initiaux ; celles de « cœur » jouent le rôle de termes médians. Dans le dernier morceau (10) les deux premiers membres (lOab) décrivent « le méchant » au singulier, tandis que le dernier (10c) généralise en passant au pluriel. Dans le morceau central (9) les deux derniers membres ont la même structure syntaxique, sujet non identifié avec suffixe suivi du verbe et d'un complément. Du point de vue du contenu, tandis que le membre central est général, le premier explicite le sens de la « justice » (il donne aux pauvres) et le dernier annonce sa récompense. Les rapports entre les trois morceaux sont nombreux. Les deux occurrences de « méchants » en termes extrêmes dans le dernier morceau (10a. 10c) rappellent les termes extrêmes appartenant au même champ sémantique dans le premier morceau, « mauvaise » (7a) et « oppresseurs » (8b) ; les deux occurrences de « voir » (8a. 10a) jouent le rôle de termes médians à distance. Le seul lien formel entre le morceau central et le reste de la partie est la reprise de la même préposition, W , traduite par « j u s q u ' à » en 8b et 9b. Du point de vue des personnages, les « méchants » du dernier morceau (10a. 10c) sont les mêmes que les « oppresseurs » du juste (8b), c'est-à-dire ceux qui tentent de le discréditer, en lui faisant « une mauvaise réputation » (7a). Dans le premier morceau « le Seigneur » est celui qui protège le juste qui met sa confiance en lui et lui permettra de « voir (la fin) de ses oppresseurs » (8b) ; au contraire, dans le dernier morceau il faut noter l'absence du Seigneur ; le morceau central (9) met en relation le juste avec les
134
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« dépourvus » (9a) au début et l'on pourrait peut-être voir dans le dernier membre (9c) une récompense divine. « Le méchant voit et s'irrite » : il est possible de comprendre qu'il « voit » le sort favorable du juste et s'en irrite, que cela le fait « grincer des dents » ; « l'espérance des méchants » consisterait alors à vouloir tenter de détruire le juste avec « une mauvaise réputation ». L 'ENSEMBLE DU PSA UME + 1 Heureux (est) l'homme QUI CRAINT YHWH, b + ses commandements désire beaucoup. d
- 2 Puissante sur la terre sera sa semence, - la génération des droits sera-bénie.
h w z
Fortune et richesse dans sa maison SA JUSTICE DEMEURE POUR TOUJOURS ; il brille dans la ténèbre lumière pour les droits.
.et
h = Tendre et miséricordieux et JUSTE,\ t = 5 bon (est) l'homme qui a pitié et partage ; :: il mène ses affaires avec jugement. k 1 m n s
P s q
6
Oui, À JAMAIS IL NE CHANCELLERA, d'un souvenir À JAMAIS sera le JUSTE.
- 7 Une renommée mauvaise IL NE CRAINT + ferme de cœur, confiant dans YHWH ;
PAS
+ 8 assuré de cœur, IL NE CRAINT PAS, -jusqu'à ce que il voie ses oppresseurs. 9
II distribue, il donne aux dépourvus, .SA JUSTICE DEMEURE POUR TOUJOURS sa corne s'élève avec gloire.
r = 10 Le méchant voit et il s'irrite, s = ses dents grincent et il se détruit ; t :: l'espérance des méchants se perd. La composition de l'ensemble est très harmonieuse. Les parties extrêmes sont fort équilibrées. Chacune compte dix membres organisés exactement de la même manière : un premier morceau formé de deux bimembres suivis de deux trimembres. Elles sont focalisées sur les deux seuls membres (3b.9b) qui, à part la copule en 3b, sont identiques ; ceux-ci jouent donc le rôle de termes centraux. Par ailleurs, les deux occurrences de « pour toujours » au centre de ces parties sont en relation avec leurs deux synonymes « à jamais » au centre du psaume
Les psaumes 111 et 112
135
(6a.6b). De même aux deux occurrences de «justice» au centre des parties extrêmes correspond « le juste » à la fin de la partie centrale (6b). Ainsi les centres des parties extrêmes correspondent au centre de tout le psaume, ce qui est un bel exemple de correspondance des termes centraux, à deux niveaux d'organisation textuelle. On notera aussi que « qui craint » (la) et « il ne craint pas » (7a) jouent le rôle de termes initiaux. 2. INTERPRÉTATION
L'harmonie ne regarde pas seulement la forme, mais aussi le contenu. Les centres des parties extrêmes sont complémentaires : ce que l'homme a reçu du Seigneur pour prix de sa justice, « fortune et richesse » (3a), il le « distribue, le donne aux dépourvus » (9a), ce en quoi consiste « sa justice » et « sa gloire ». Ainsi, la justice ne consiste pas seulement à observer les commandements ; elle se manifeste surtout dans le fait de donner gratuitement aux pauvres ce qu'on a reçu gratuitement du Seigneur ; en somme de faire les œuvres de Dieu, de se comporter selon sa vocation originaire d'«image» de Dieu (Gn 1,26-27). En outre, on notera que « la lumière » du juste qui brille dans la ténèbre (4a) a quelque chose à voir avec « la gloire » de 9c. Le participe traduit par « demeure » au centre des parties extrêmes pourrait être mieux rendu par « tient debout », ce qui est l'équivalent de « ne pas chanceler » au centre de l'ensemble (6a). Ce n'est pas seulement la personne du juste qui « tient debout » et « demeure », mais aussi sa descendance (2), ce qui sera redit en d'autres termes au centre du psaume : en effet « le souvenir » du juste se maintient, reste vivant, porté par la génération de ses descendants. Ce qui n'est pas le cas des « méchants » qui « se détruisent » eux-mêmes (10b) et dont « l'espérance se perd » (10c).
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques C. LES JUMEAUX FACE À FACE
1. C O M P O S I T I O N
Ps 111 1
Louez Yh!
Je rends-grâces à Yhwh de tout cœur b dans le cercle des droits et l'assemblée, 2 g Grandes les œuvres de Yhwh, d dignes-d'étude pour ceux qui les aiment.
PSI 12 1
' Heureux l'homme qui craint Yhwh, b Ses commandements aime beaucoup, g 2 Puissante sur la terre sera sa semence, d la génération des droits sera bénie. h 3 Honneur et richesse dans sa maison w et sa justice demeure pour toujours ; z 4 il brille dans la ténèbre lumière pour les droits.
h 3 Faste et splendeur son ouvrage w et sa justice demeure pour toujours.
z
4
h
T E N D R E ET M I S É R I C O R D I E U X Y h w h ;
t y
Louez Yh!
Un mémorial il a œuvré de ses prodiges,
5
la nourriture il a donné à ceux qui le craignent, il se remémore à jamais son alliance.
h
k 6 La force de ses œuvres il a fait voir à son peuple, 1 pour leur donner l'héritage des nations. m 7 Les œuvres de ses mains, vérité et jugement, n fidèles tous ses préceptes, s 8 établis pour toujours à jamais, œuvrés avec vérité et droiture. p s q
9
r s t
10
k 1
6
Oui, à jamais il ne chancellera, en mémoire à jamais sera le juste.
m Une renommée mauvaise il ne craint pas, n ferme de cœur confiant en Yhwh ; s 8 assuré de cœur il ne craint pas, ' jusqu'à ce qu'il voie ses oppresseurs. p 911 distribue, il donne aux dépourvus, § sa justice demeure pour toujours, q sa corne s'élève avec gloire.
Le rachat il a envoyé à son peuple, il a commandé à jamais son alliance ; saint et redoutable est son Nom.
Principe de la sagesse la crainte de Yhwh, réussite bonne pour tous ceux qui les œuvrent ; sa louange demeure pour toujours.
T E N D R E E T M I S É R I C O R D I E U X et juste,
t 5 bon l'homme CLÉMENT et partageur ; y il règle ses affaires avec jugement :
r s t
10
L'impie voit et s'irrite, il grince des dents et dépérit ; l'espérance des impies va se perdre.
Qui dit harmonie dit équilibre, accord, dit aussi par conséquent mesure et chiffre. Voici donc quelques mesures chiffrées. Le Ps 111 compte 74 termes et le Ps 112 en compte 73 13 . Les racines de 33 termes du premier psaume sont reprises dans le second ; les racines de 31 termes du second étaient déjà utilisées dans le premier 14 . La proportion du vocabulaire commun est remarquable : 43,5 % du vocabulaire est commun aux deux psaumes. Ces chiffres ne représentent encore qu'un aspect formel, pour ainsi dire extérieur. Ce n'est que du quantitatif. Il importe davantage encore de mettre en regard non pas simplement les termes, mais surtout les compositions. 13
Alléluia (« Louez Dieu ») est compté comme deux termes ; les mots reliés par un maqqef sont comptés comme deux termes ; les monosyllabes kî (« oui ») et là' (négation) ne sont pas comptés comme des termes. 14 La différence s'explique par le fait qu'un même terme est quelquefois utilisé plusieurs fois, par ex. « Yhwh » 4 fois dans le Ps 111 et seulement 2 fois dans le 112.
Les psaumes 111 et 112
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Les deux psaumes commencent de manière semblable : louange de Dieu dans le premier (« Je rends grâces au Seigneur »), louange de l'homme dans le second (« Heureux l'homme ») ; les deux expressions n'ont aucun vocable commun mais il serait difficile de n'y pas reconnaître, en quelque sorte, des « termes initiaux ». Le premier psaume s'achève sur « l a crainte du Seigneur» (111,10a) et le suivant commence de même : « Heureux l'homme qui craint le Seigneur » (112,1a) ; ces « termes médians » lient très fortement les deux psaumes. Le fait le plus notable est indéniablement l'accord entre les termes finaux du premier psaume (3b. 10c) et les termes centraux du second (3b.9b). 2. INTERPRÉTATION
Ce qui est dit de Dieu l'est également de l'homme. La première partie du Ps 111 débouche sur cette affirmation qui concerne le Seigneur : « sa justice demeure pour toujours » ; cette même affirmation est reprise, deux fois, en position de relief au centre des parties extrêmes dans le Ps 112, et cette fois-ci elle concerne l'homme. En outre, de même que les membres qui commencent par waw s'appliquent également à Dieu et à l'homme, ainsi ceux qui commencent par la lettre het disent de l'homme ce qui a été dit de Dieu lui-même : comme le Seigneur, l'homme juste est « tendre et miséricordieux ». Une telle affirmation ne laisse pas de surprendre, car dans toute la Bible c'est là une épithète de nature réservée à Dieu. Un certain nombre d'exégètes écartent donc cette interprétation et pensent que de tels attributs ne sauraient s'appliquer qu'à Dieu seul. Ainsi, Luis Alonso Schoekel et Cecilia Carniti écrivent : Qui est le sujet [en 4b] ? Dieu ou le juste ? Les attributs « tendre et miséricordieux » sont propres à Dieu ; nous l'avons à peine entendu en Ps 111,4b. Un juif qui entend la combinaison de ces deux mots les applique sans aucun doute à Dieu, à moins qu'il n'y ait de fortes raisons en sens contraire : selon nous il n'y en a pas. La lumière qui brille dans l'obscurité est ce Dieu clément et miséricordieux15. Le commentateur juif Amos Hakham est d'un avis contraire : « Tendre et miséricordieux » dans le reste des Écritures se dit seulement de Dieu, mais ici le poète l'applique à ceux qui craignent le Seigneur, ceux qui sont droits, pour signifier que celui qui craint le Seigneur marche dans les voies du Seigneur16. La résistance opposée à l'harmonie entre l'homme et Dieu est à la mesure même de cette harmonie, tellement belle qu'on ne peut y croire. Ce n'est pas le seul cas, bien au contraire, où le lecteur n'ose pas croire à la dignité de l'homme 15
Alonso Schoekel - Carniti, I salmi, II, 528. C'était aussi l'avis de Ravasi, III, 318, note 2. Comme ces deux exégètes le signalent, c'était déjà l'interprétation d'une partie de la tradition manuscrite grecque : en effet, à la fin du verset 4 le Codex d'Alexandrie précise le sujet de la phrase nominale : « Tendre et miséricordieux et juste le Seigneur Dieu ». 16 Voir Hakham, II, 335 ; la citation est tirée de la note 6, paragraphe a.
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
telle que la présente l'Écriture, et cela sans attendre le Nouveau Testament, mais dès l'Ancien 17 . Veut-on une autre manifestation de l'harmonie entre Dieu et l'homme ? Comment se manifestent la tendresse et la miséricorde qu'ils ont en commun ? Elles consistent à nourrir, c'est-à-dire à donner la vie : c'est ce que fait Dieu qui « donne la nourriture à ceux qui le craignent » (Ps 111,5a), c'est ce que fait le juste qui « distribue et donne aux dépourvus » (Ps 112,9a). L'harmonie que met en scène le diptyque des psaumes 111-112 renvoie au premier récit de la création, quand le Seigneur dit au verset 26 : « Faisons l'humain à notre image, comme notre ressemblance ». Tel est le dessein originel de Dieu : il désire que l'homme soit comme lui. Il se devait donc de le faire libre. Au verset suivant, au moment où il passe à l'acte, le récit dit que « Dieu créa l'humain à son image ; à l'image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa ». Les Pères se sont demandés pourquoi, alors qu'il était question d'image et de ressemblance dans le projet, la ressemblance avait disparu au moment de la réalisation. Ils interprètent que l'image est donnée par Dieu et que la ressemblance est laissée à la responsabilité et à la liberté de l'homme 1 8 . C'est pourquoi dans le Ps 112 le juste n'est pas seul. Dans la dernière partie il se voit affronté aux « impies » — souvent traduit par les « méchants » — « opprimé » par eux. La présence de ces « méchants » laisse entendre que l'homme doit choisir entre deux voies, celle de Dieu et son contraire. En d'autres termes l'harmonie est certes donnée par Dieu mais c'est aussi à l'homme de la réaliser. Une lecture chrétienne de ce diptyque ne saurait manquer de déboucher sur une autre harmonie, celle des deux Testaments, et ceci n'est pas une autre histoire. C'est la même. Il n'est pas possible ici de poursuivre sur cette voie. Ce que les deux psaumes 111-112 disent de la relation harmonieuse entre Dieu et l'homme juste n'épuise pas le contenu du message biblique. On pourrait avoir l'impression que cette méditation psalmique optimiste et même enthousiaste gomme le drame de la condition humaine marquée par le péché qui survient dès le lendemain de la création, celui d'Adam et d'Eve en Gn 2 - 3 suivi aussitôt par celui de Caïn qui tue son frère en Gn 4. Il faut d'abord admettre qu'un seul texte ne puisse pas tout dire, il faut surtout ajouter que la révélation biblique ne recule pas devant le paradoxe, loin de là : or une lecture harmonique de ce livre si composite et discordant consiste, non pas à concilier mais à « tenir ensemble » ce qui apparaît comme des contraires, à « tenir les deux bouts de la chaîne », car la chaîne est unique. Il ne faudrait pas non plus sous-estimer la présence des « méchants » dans le Ps 112. Certes, ils ne prévalent pas sur le juste et le psaume s'achève sur leur défaite. Cela n'empêche pas le lecteur de penser à un autre texte, plus déterminant encore, où le juste « verra la lumière », mais 17
Voir, par ex., l'interprétation de la parabole des talents de M. BALMARY, A bel, ou la traversée de l 'Eden, 6 4 - 1 0 9 . 18 ORIGÈNE, Traité des principes, III, 6, 11, S C 2 6 8 , 2 3 7 ; BASILE DE CÉSARÉE, Sur l'origine de l'homme, homélie 1, 1 5 - 1 6 , S C 1 6 0 , 205-209 (cités dans M. BALMARY, La divine origine. Dieu n 'a pas créé l'homme, 113-115.
Les psaumes 111 et 112
139
après avoir traversé la mort que les méchants lui avaient infligée : le « quatrième chant du Serviteur » est à lire en contrepoint des deux psaumes jumeaux que l'on vient de commenter brièvement : l'œuvre de Dieu par excellence est celle qu'il accomplit en transfigurant son serviteur que l'homme avait défiguré 19 . Si le Ps 112 représente une exception dans la mesure où c'est le seul lieu dans toute la Bible hébraïque où soit attribué à l'homme le double attribut divin, « tendre et miséricordieux », il ne faut pas aller très loin pour trouver quelque chose d'analogue. Le psaume suivant (Ps 113) le suggère aussi : 1
LOUEZ YAHÎ
+ LOUEZ, serviteurs de + LOUEZ le nom de
YHWH, YHWH. - 2 Soit le nom de YHWH béni . de maintenant jusqu'à toujours ; . 3 du Levant du soleil jusqu'à son Couchant -LOUÉ le nom de YHWH.
+ 4 EXALTÉ au-dessus de toutes LES NATIONS, YHWH, + au-dessus DES CEUX sagloire. 5
Qui est comme
YHWH notre Dieu ?
+ I l S'ÉLÈVE pour 5' 'asseoir, + 6 il s'abaisse pour voir + dans LES CIEÏÏX et sur LA TERRE. - 7 II relève de la poussière le faible, - du fumier IL EXALTE le pauvre, : 8 pour / 'asseoir avec des princes, : avec les princes de son peuple ; LOUEZ
9
il assied la stérile de maison, : mère de fils heureuse.
YAH !
En effet, le psaume 113 est centré sur une question : « Q u i est comme le Seigneur notre Dieu ? ». La réponse qui se présente spontanément à l'esprit, quand on lit l'ensemble du poème est bien évidemment qu'il n'est personne qui
19 Voir R. MEYNET, «Le quatrième chant du Serviteur (Is 5 2 , 1 3 - 5 3 , 1 2 ) » ; voir aussi « Selon les Ecritures ». Lecture typologique des récits de la Pâque du Seigneur.
ID.,
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
est « comme le Seigneur notre Dieu ». C'est ainsi que la plupart des commen>
20
tateurs interprete . Toutefois, à une lecture plus attentive, qui prend le texte au mot, c'est le pauvre qui est « comme » Dieu. En effet, du haut des cieux le Seigneur se penche pour le tirer du fumier où il croupit, pour l'élever, pour 1'« exalter » (7b) comme lui-même est « exalté » (4a), pour 1'« assoir » parmi les princes (8a) comme lui-même « est assis » au-dessus des cieux (5b) 21 . Dans la « Contemplation pour obtenir l'amour » par laquelle s'achèvent les Exercices spirituel, Ignace de Loyola écrit : Tout d'abord il convient de prêter attention à deux choses. La première est que l'amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles. Il poursuit en ces termes, qui ne sont pas sans rapport avec les psaumes 111 et 112 : La seconde : l'amour consiste en une communication réciproque ; c'est-à-dire que celui qui aime donne et communique ce qu'il a, ou une partie de ce qu'il a ou de ce qu'il peut, à celui qu'il aime ; et de même, à l'inverse, celui qui est aimé, à celui qui l'aime. De cette manière, si l'un a de la science, il la donne à celui qui ne l'a pas ; de même pour les honneurs et les richesses. Et l'autre agira de même envers le premier22.
20 Voir R . MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. État de la question », spécialement, 302-312. 21 Voir Traité, 572-573, et surtout Appelés à la liberté, 141-148. 22 1. de LOYOLA, Exercices spirituels, 139.
Le psaume 119 Le psaume 119 est le plus long de tous les psaumes ; c'est aussi le chapitre de la Bible qui contient le plus grand nombre de versets, cent soixante-seize. Chacune de ses vingt-deux strophes compte huit segments qui commencent par la même lettre de l'alphabet. Si la fonction de l'alphabétisme est de marquer la totalité, sa seconde fonction est de signaler les limites de chaque « strophe » ou « passage » selon la terminologie de l'analyse rhétorique. Outre la structure de l'acrostiche alphabétique, chaque verset — à part quatre (v. 3.37.90.122) — contient un (ou deux) des huit synonymes de la loi : tôrâ («loi», 25 fois), 'ëdût («ordre/s», 23), mispat («jugement/s», 23), dâbâr (« parole/s », 23), miswâ (« commandement/s », 22), piqqûd (« préceptes », 21), hôq (« décrets », 21) et 'imra (« dire/s, 19)1. Dans le monde biblique, sept est le chiffre de la totalité, mais huit est celui de la totalité par excellence, par excès. D'autres termes peuvent être ajoutés, avec raison, à la liste des huit synonymes qui viennent d'être énumérés, en premier lieu « chemin(s) ». En effet, si dans le verset 3 ne se trouvent ni « loi » ni aucun de ses sept synonymes, l'expression « dans ses chemins ils marchent » est l'équivalent de « ceux qui marchent dans la loi du Seigneur » du verset 1. De même, bien que dépourvu d'aucun des huit synonymes, le verset 37 a « dans tes chemins fais-moi vivre » qui rappelle « fais-moi vivre selon ta parole » du verset 25. Au verset 90, c'est 'ëmûnâ (« fidélité », « sincérité ») qui peut être considéré comme un synonyme de « loi » : « D'âge en âge ta sincérité ; tu as établi la terre, elle subsiste », car en 86 il est dit que « Tous tes commandements (sont) sincérité ». Certains ont donc voulu allonger la liste des synonymes, pour atteindre un total de dix, comme les « dix paroles » du récit de la création en Gn 1 ou celles du « décalogue », dix étant aussi un chiffre symbolique de la totalité2. Il faut aussi remarquer que les récurrences des huit synonymes « canoniques » ne sont pas régulières : même « loi », le terme le plus fréquent, n'apparait pas dans la deuxième strophe, mais revient trois fois dans la septième et deux fois dans la neuvième. Comme toujours en poésie biblique, le système s'accompagne de variation et de liberté3. Quoi qu'il en soit, outre le fait, semble-t-il indéniable, de marquer la totalité, les huit synonymes ont pour fonction de conforter la cohérence de chacune des vingt-deux strophes, son unité et partant ses limites. Pendant longtemps, comme pour les autres psaumes, les commentateurs n'ont pas cherché la composition du Psaume 119 : ainsi, par exemple, au IVe siècle, 1
Voir
D . N . FREEDMAN,
ofTorah, 2 5 - 5 6 . 2
« The structure of Psalm
119»,
repris dans Psalm 119 : The Exaltation
Voir J . D . LEVENSON « Sources ofTorah », 5 6 2 . II en va de même pour les segments : la plupart sont des bimembres, mais il y a aussi six trimembres, quatre dans la quatrième sous-séquence ( 4 3 . 4 8 . 7 5 . 7 8 ) et un dans la dernière ( 1 7 6 ) . 3
142
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Hilaire de Poitiers commente verset après verset4 et de nos jours Ravasi fera de même5. Parmi les auteurs contemporains, plusieurs se sont limités à analyser la composition de chacune de ses vingt-deux strophes. Pierre Auffret écrit : « Nous n'avons pas découvert de structure d'ensemble à notre psaume »6. L'année suivante, Marc Girard analyse la composition de chaque strophe, relève les concaténations qui les relient, liste les récurrences des ternies les plus utilisés, puis conclut que rien « ne laisse émerger aucune structuration particulière des strophes à l'échelle du psaume tout entier »7. Certains ont noté le phénomène de concaténation qui lie les strophes entre elles (les « mots-crochets » ou, selon la terminologie de l'analyse rhétorique, les « termes médians »)8. Des rapports entre deux strophes consécutives ont aussi été remarqués9. D'autres vont plus loin qui proposent une structure de l'ensemble du,psaume. Will Soll est d'avis qu'il s'organise en six parties, la quatrième (Kaph - Samek) en constituant le centre10. Concentrique elle aussi, la composition d'Erich Zenger est plus régulière : A.
Paire de strophes 1-2 : ouverture programmatique
B. C. D. C'. B'. A'.
Strophes 3 - 6 : lamentation - demande - confiance Strophes 7 - 1 0 : rétrospection (surtout négative) Strophes 11-12 : centre dramatique (misère et toute-puissance de la Torah) Strophes 13-16 : rétrospection (surtout positive) Strophes 17-20 : demande - lamentation - demande Paire de strophes 2 1 - 2 2 : résumé (assurance du salut et louange) 11 .
Ces essais s'opposent au jugement négatif de plusieurs pour lesquels ce psaume ne saurait être composé, la contrainte de l'alphabétisme empêchant toute autre organisation. Il faut reconnaître que la première impression — qui peut perdurer longtemps — est comparable à celle que donnent certaines musiques orientales répétitives et interminables dont la monotonie lancinante finit par lasser l'auditeur occidental le mieux disposé. Il est certain qu'il faut du temps pour entrer dans le mouvement du psaume, une étude rigoureuse et patiente aussi pour découvrir la logique qui l'anime.
Commentaire sur le psaume 118. Ravasi, III, 454.458-499. 6 P. AUFFRET, Voyez de vos yeux, 4 1 2 (déjà 320). 7 M . GIRARD, Les psaumes redécouverts, III, 2 7 9 . 8 Voir, par exemple, R.N. WHYBRAY, « Psalm 119 », 40, note 17 ; Hossfeld - Zenger, III, 261. 9 Voir P. AUFFRET, Voyez de vos yeux, par ex. pour les deux premières strophes ( 3 2 7 - 3 2 9 ) pour les deux dernières (411) ; M. NODDER, « What is the relationship between the different stanzas of Psalm 119?». 10 W. SOLL, Psalm 119 : Matrix, Form and Setting, 91.108-109. 11 Hossfeld - Zenger, III, 262 ; son identification du centre coïncide avec la mienne. 4
5
HILAIRE DE POITIERS,
Le psaume 119
143
Le psaume 119 est de la taille d'une séquence qui comprend cinq sousséquences. Les deux premières (A.B) et les deux dernières (A'.B') sont formées de cinq passages, la sous-séquence centrale au contraire ne comprend que deux passages (Kaph etLamed : 81-96) : A. Avec qui marche dans tes chemins,
B. De ta loi je me délecte,
instruis-moi de tes décrets
car tu m'aimes
C. T O N A M O U R M E S A U V E D E L A M O R T A'. Loin de qui s'égare de tes voies,
1-40
41-80 81-96
apprends-moi tes décrets 97-136
B'. Ta loi est ma délectation, car Je t'aime
137-176
A. AVEC QUI MARCHE DANS TES CHEMINS, APPRENDS-MOI TES DÉCRETS ( A L E P H - H É ; 1-40) La première sous-séquence comprend cinq passages organisés de manière concentrique :
d « Le chemin de tes préceptes fais-moi comprendre »
25-32
h « Instruis-moi, Seigneur, du chemin de tes décrets »
33-40
144
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
1. « HEUREUX QUI MARCHE DANS LA LOI DU SEIGNEUR » (ALEPH ; 1-8) COMPOSITION
DUPASSAGE
La première partie (1-3) + 1 Heureux . LES MARCHANT
les parfaits dans la loi
de CHEMIN, de Yhwh !
+ 2 Heureux . de tout cœur
les gardant ils le recherchent !
ses témoignages,
+ 3 Jamais . dans SES CHEMINS
ils n'ont commis ILS MARCHENT.
d'iniquité,
Les deux premiers segments commencent avec « Heureux ». Les deux occurrences de « chemin(s) » font inclusion (la.3b) et de même celles de «marcher» (lb.3b). L'unité de la partie est aussi marquée par la troisième personne du pluriel (sujets de tous les verbes), qui est en rapport avec une troisième personne du singulier nommée une seule fois (« Yhwh » : lb), repris par les pronoms (« ses » : 2a.3b ; « le » : 2b). La deuxième partie (4-5) -
4
5
Toi, :: POUR OBSERVER
tu as ordonné complètement.
tes préceptes,
Si seulement :: POUR OBSERVER
étaient établis tes décrets !
mes chemins,
Les deux segments sont complémentaires. Le premier a pour sujet une deuxième personne, « Toi », qui désigne Dieu ; le second parle en plus d'une première personne (« mes »), le psalmiste. Les deuxièmes membres commencent par le même terme, « pour observer ». « Les chemins » de l'homme devraient suivre « les préceptes » du Seigneur. La troisième partie (6-8) + 6 Alors :: en regardant
je ne rougirai pas vers tous
tes ordres.
+ ]e te célébrerai
en droiture les jugements
de cœur, de ta justice.
:: en ayant appris = 8 Tes décrets .. ne m'abandonne pas
j'observerai, complètement.
Le psaume 119
145
Aucun terme n'est repris d'un segment à l'autre. Les deux premiers segments sont de construction très semblable : les premiers membres énoncent une promesse (au futur et à la première personne du singulier), les seconds membres disent les moyens mis en œuvre pour cela12. Le dernier segment commence lui aussi par une promesse, mais s'achève sur une demande. L 'ensemble du passage Aleph (1-8) + 1 Heureux : les marchant
les parfaits dans LA LOI
d e CHEMIN,
+ Heureux : de tout CŒUR
les gardant ils le recherchent.
SIS TÉMOIGNAGES,
- 3 Jamais : dans ses CHEMINS
ils N'ont commis ils marchent !
d'iniquité,
:: 4 Toi, = POUR OBSERVER
TUAS ORDONNÉ COMPLÈTEMENT.
TES PRÉCEPTES,
: : 5 Si seulement = POUR OBSERVER
étaient établis liiM* J, M.
m e s CHEMINS,
2
+ 6 Alors : en regardant 7
je NE rougirai pas vers tous
de Yhwh !
TES ORDRES.
+ Je te célébrerai : en ayant appris
en droiture
d e CŒUR,
les JUGEMENTS
de ta justice.
= 8 TES DÉCRITS : ne m'abandonne pas
J'OBSERVERAI, COMPLÈTEMENT.
La partie centrale, comme il arrive souvent, reprend un grand nombre de termes qui se trouvent dans les deux autres. Elle a en commun avec la dernière partie, « tu as ordonné » et « tes ordres » (4a.6b), « observer » (4b.5b.8a), « complètement » (4b.8b), « tes décrets » (5b.8b) ; « chemins » de 5a se trouvait déjà aux extrémités de la première partie (la.3b). « Cœur » revient dans les segments centraux des parties extrêmes (2b.7a) ; « tout » de 2b sera repris par « tous » en 6b. Enfin, on notera que dans le dernier segment de la première partie et dans le premier segment de la dernière, les seconds termes sont des verbes affectés de la négation (3a.6a). Toute entière à la troisième personne du pluriel, la première partie loue les justes qui observent la Loi de Dieu (1-2) en se gardant de toute iniquité (3). La troisième partie est à la première personne du singulier, comme si le psalmiste 12
Les traductions « en regardant » et « en étant instruits » ont voulu rendre le rapport entre //habbîtî et belomdî (litt. « dans mon regarder » et « dans mon apprendre »).
146
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
voulait se compter parmi les justes de la première partie. De même que les justes « n'ont pas commis d'iniquité », il « ne rougira pas ». Les deux segments de la partie centrale mettent en relation le Seigneur qui a donné ses décrets à observer et le psalmiste qui demande de pouvoir le faire. CONTEXTE BIBLIQUE
Les psaumes qui commence avec « Heureux » Cinq autres psaumes commencent comme le Ps 119 avec un macarisme. Le Ps 32: «Heureux qui est absous de son péché» (comme pouf le Ps 119, le macarisme est répété) ; le Ps 41 : « Heureux qui pense au pauvre et au faible » ; le Ps 112 : « Heureux l'homme qui craint le Seigneur » ; le Ps 128 : « Heureux tous ceux qui craignent le Seigneur » ; sans oublier, bien entendu, le Ps 1 qui ouvre l'ensemble du Psautier : « Heureux l'homme... ». INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Heureux ! Comme le psautier tout entier, le Ps 119 commence en proclamant heureux ceux qui, évitant « l'iniquité », se conduisent selon la loi du Seigneur. Avant d'entrer en scène, de parler de lui-même, et avant de s'adresser à Dieu, il loue ceux qui gardent ses témoignages et les recherchent. Comme s'il avait besoin de modèles à suivre, d'exemples à imiter, de guides auxquels emboîter le pas. Sur le même chemin Ceux dont les chemins sont parfaits sont ceux qui marchent sur les chemins de Dieu, sur les chemins tracés par sa loi (1.3). Le vœu le plus cher du psalmiste, le premier qu'il émet (5), est que ses chemins soient établis selon les décrets de son Dieu. Les chemins de l'homme droit et ceux du Seigneur se rencontrent. Plus exactement, ils coïncident, il s'agit des mêmes chemins, comme si Dieu et ses fidèles cheminaient ensemble. « On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8). Une affaire de cœur « La loi » de Dieu, ses « préceptes », ses « ordres », ses « jugements », toutes ces paroles en somme sont prononcées pour être mises en œuvre, pour mettre en mouvement l'homme invité à suivre le chemin de son Seigneur. Cependant, ses pieds ne pourraient pas se mettre en route si le « cœur » n'y était pas. C'est en effet « de tout leur cœur » que les justes le recherchent (2), le cœur étant le siège de l'intelligence, de la volonté, de l'amour aussi. C'est ainsi que le psalmiste lui
Le psaume 119
147
aussi promet à son Seigneur de le célébrer « en droiture de cœur » (7), parce qu'il aura reçu l'instruction qu'il recherchait. Avec l'aide de Dieu
Au cœur du passage le psalmiste se tourne vers Dieu. Devant l'exigence du Seigneur qui demande d'observer sa loi « complètement » (4), il espère pouvoir répondre à une telle invitation et le souhait qu'il exprime devant son Dieu (5) sonne comme une demande d'assistance et de soutien. Il poursuit sa prière, espérant bien être à la hauteur de son appel en observant « tous les ordres » du Seigneur. Mais en finale, comme s'il craignait de ne pas en être capable, sa supplication se fait quelque peu angoissée quand il demande à Dieu de ne pas « l'abandonner complètement » (8).
2. « DANS LE CHEMIN DE TES ORDRES JE ME RÉJOUIS » (BET ; 9-16) COMPOSITION DUPA SSA GE
La première partie (9-11) - 9 Par quoi + pour observer + 10 De tout - ne m'égare pas + 11 Dans MON CŒUR - afin de
purifiera ta parole ? MON CŒUR
le jeune
sa voie
je te recherche,
de tes commandements. j'abrite ne pas pécher
ton dire contre toi.
Alors que le premier segment parle du «jeune » à la troisième personne du singulier, dans les deux autres segments c'est le psalmiste qui parle de lui-même. Dans les premiers membres de ces deux derniers segments il affirme sa fidélité et dans les seconds membres il demande d'être préservé du péché et de l'égarement. Cet ordre semble inversé dans le premier segment : l'observance de la « parole » de Dieu est conditionnée par la purification de la conduite, c'est-àdire par la renonciation à l'égarement du péché. L'image de la « voie » du premier segment est poursuivie dans le second avec « égarer ».
148
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La deuxième partie (12) 12
Béni apprends-moi
(sois-)tu, tes décrets !
Yhwh,
La deuxième partie ne comprend qu'un seul segment bimembre. La troisième partie (13-16) ::
De mes lèvres
J'AI EXPOSÉ
.. tous les jugements
de ta bouche.
:: 14 Dans le chemin .. comme de
de tes ordres
+
Sur tes préceptes
- et JE REGARDERAI
+
16
JE MEDITERAI voie;
En tes décrets
- JE N'OUBLIERAI PAS
JE ME SUIS REJOUI
tout bien.
JE ME DELECTERAI,
ta parole.
Le premier morceau est au passé, le second au futur. Dans chacun des deux segments du premier morceau les verbes se trouvent à la fin des premiers membres, les seconds membres comportant le même qualificatif, traduit par « tous » et par « tout ». En revanche dans le deuxième morceau les verbes sont redoublés, en termes médians, les deux segments étant tout à fait parallèles. Les quatre segments se correspondent en miroir : « ta parole » (16b) appartient au même champ sémantique que «lèvres» et «bouche» (13) tandis que «tes voies » (15b) est synonyme de « chemin » (14a). L'ensemble du passage Bet (9-16) « Sa voie » et « ta parole » du premier segment (9) font inclusion avec « tes voies » et « ta parole » du dernier morceau (15b. 16b). Il est donc possible de considérer que, à l'instar de la dernière partie, la première comprend deux morceaux (9 et 10-11), d'autant plus que les verbes de 10a. l i a et de 13a. 14a sont à l'accompli, tandis qu'en 9a et en 15-16 ils sont à l'inaccompli. C'est pourquoi les verbes de 10a et de l i a sont maintenant traduits par des passés. «Chemin» (14a) et «égarer» 10b) appartiennent au même champ sémantique que « voie(s) ». « Tes décrets » à la fin de la partie centrale se retrouve au début du dernier segment. « Tout » de 10a est repris deux fois dans la dernière partie (13b. 14b). La partie centrale (12) est une prière, de bénédiction puis de demande ; une première demande se trouvait déjà dans le second membre du deuxième segment (10b).
Le psaume 119
149
À part le segment central (12), tous les autres commencent par la préposition be qui n'a pas pu être traduite toujours de la même façon. - 9 Par quoi + pour observer
purifiera TA PAROLE?
le j eune
+ 10 De tout - ne m'égare pas
mon cœur de TES COMMANDEMENTS.
je te recherche,
+ 11 Dans mon cœur - afin de
j'abrite ne pas pécher
TON DIRE contre toi.
sois-tu, TES DECRETS !
Yhwh,
- 1 2 Béni - apprends-moi :: 13 De mes lèvres .. tous LES JUGEMENTS
de ta bouche.
:: 14 Dans le chemin .. comme de
de TES ORDRES tout bien.
:: 15 Sur TES PRÉCEPTES .. et je regarderai
T E S VOIES.
:: 16 En TES DÉCRETS .. je n'oublierai pas
TA PAROLE.
9 A V O iE
j ' a i exposé je me suis réjoui je méditerai je me délecterai,
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Le jeune psalmiste La question initiale pourrait sembler un aphorisme général, concernant tout le monde et personne en particulier. Le fait qu'immédiatement après le psalmiste passe à la première personne du singulier permet de comprendre que « le jeune » dont il a parlé n'est autre que lui-même, ou, que, s'il est déjà mûr, il se considère néanmoins comme quelqu'un d'inexpérimenté, qui a encore tout à apprendre. Et c'est bien ce qu'il dit, dans la bénédiction qui jaillit de sa bouche en plein cœur du passage. Ainsi, quel que soit son âge, le lecteur peut s'identifier au psalmiste pour demander d'être instruit par le Seigneur. Chercher le Seigneur Après la question initiale, le psalmiste énumère la longue liste canonique, celle qui revient de manière lancinante dans chacun des vingt-deux passages du psaume, les sept termes qui disent la totalité des « commandements », du « dire », des « jugements », des « ordres », des « préceptes », des « voies », des « décrets » de Dieu. Tout cela, il affirme l'avoir « abrité », « s'en être réjoui »,
150
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
l'avoir même « exposé » aux autres de ses propres lèvres ; il promet à la fin de le « méditer » et de s'en « délecter » encore et toujours. Mais avant de s'engager dans cette longue énumération, il dit que c'est le Seigneur qu'il « a recherché » «de tout son cœur» (10a). En somme, son désir le porte, à travers tous les commandements et les décrets de Dieu vers leur auteur. C'est une personne, « le Seigneur », dont le nom est mentionné au centre du passage, qu'il recherche. Le Dieu qui parle Le Dieu vers lequel le psalmiste tend tout son désir n'est pas présenté comme le Créateur, comme le souverain maitre de tout. C'est le Dieu qui parle (9b. 16b), qui lui parle, qui s'adresse à lui ; c'est le Dieu de la révélation, de la Torah, celui qui enseigne aux hommes comment se comporter, ce qu'il faut faire pour le trouver, puisque c'est cela qu'il « recherche » « de tout son cœur ». La parole « abritée », qui a fait « la joie » de celui qui l'a reçue, ne peut que fructifier et se multiplier, se communiquer : sortie de « la bouche » de Dieu, elle est destinée à sortir par « les lèvres » de celui qui l'a faite sienne (13). Suivre les voies du Seigneur L'homme fait de la parole de Dieu sa propre parole, se conduisant ainsi selon sa vocation d'image de Dieu. Tel fut le dessein du Seigneur dès l'origine (Gn 1,26). Dans la même ligne, « la voie » du jeune (9a) est appelée à s'identifier aux «voies» du Seigneur (15b). La voie de l'homme cependant est menacée d'égarement (10b) et de « péché » (11) ; ce dernier terme signifiant originellement « manquer le but », c'est-à-dire se tromper de chemin, appartient au même champ sémantique. Il semble même qu'il n'est pas à la portée de l'homme de connaitre les voies de Dieu et c'est pourquoi, au centre du passage, le psalmiste lui demande de les lui apprendre. 3. « FAIS DU BIEN À TON SERVITEUR ET JE VIVRAI » (GUIMEL ; 17-24) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (17-18) Les premiers membres des deux premiers segments sont de même structure syntaxique : impératif aux mêmes modalités + complément (+ copule) + verbes aux mêmes modalités. Les seconds membres s'achèvent sur les synonymes « ta parole » et « ta loi ». Dans le troisième segment, l'impératif se trouve au début du second membre ; comme pour les deux premiers segments, le dernier s'achève avec un synonyme de « ta parole » et de « ta loi ». Aux extrémités, le psalmiste se présente comme « serviteur » de Dieu et « étranger sur la terre ».
Le psaume 119 +
17
F a i s d u bien
.. et j'observerai +18 Ouvre
.. les merveilles +
19
Un étranger
+ n e c a c h e pas
151
à ton serviteur, ta parole.
je vivrai
mes yeux de ta loi.
et je regarderai
moi de moi
sur la terre, tes commandements.
La deuxième partie (19-21) Les deux segments commencent avec un verbe à l'accompli. Les deux segments opposent l'amour du psalmiste pour les jugements de Dieu à l'arrogance de ceux qui ne suivent pas ses commandements. Le deuxième segment se distingue du premier par l'intervention de Dieu contre ses ennemis. ::20 A é t é broyée
d'amour
:: pour tes jugements
mon âme en tout temps.
+ 21 Tu a s men a c é + qui s'égarent
maudits, les arrogants de tes commandements.
La troisième partie (22-23) + 2 2 Ouvre .. car TES ORDRES
de sur moi j'ai gardé.
l'opprobre
+ 2 3 Même si siègent .. ton serviteur
des princes, médite
s'ils parlent contre moi,
.. 2 4 Même TES ORDRES .. hommes
(sont) mes délectations, de mon conseil.
et le mépris,
sur TES DÉCRETS.
Les deux derniers segments commencent par gam, traduit, faute de mieux, par « même ». Les segments extrêmes reprennent « tes ordres ». Dans les premiers membres des deux premiers segments le psalmiste se trouve en butte à ceux qui le méprisent13 ; les seconds membres le trouvent fidèle aux ordres de Dieu. Le dernier segment fait écho à ces seconds membres. L'expression étrange « hommes de mon conseil » signifie « mes conseillers » ; la Septante traduit : « et mes conseillers tes décrets ». Au niveau du passage sera adoptée la traduction de la TOB : « ils sont mes conseillers ».
13 « Ouvre de sur moi » (32a) signifie : « Enlève de sur moi... ». On a gardé « ouvre », car le mot est le même qu'au verset 18.
152
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du passage Guimel (17-24) + 17 Fais du bien .. et j'observerai
à TON SERVITEIU R ,
+18
mes yeux
Ouvre
.. les merveilles .. 19 Un étranger + ne cache pas
-
je vivrai
TA PAROLE. et je regarderai
de TA LOI. moi de moi
sur la terre,
TES COMMANDEMENTS.
.. 2 0 Est broyée .. pour TES JUGEMENTS
mon âme en tout temps.
d'amour
- 2 1 Tu menaces - qui s'égarent loin
les arrogants
maudits,
de TES COMMANDEMENTS.
2 2
Ouvre
.. car TES CEDEES - 2 3 Même si siègent
.. T O N S E R V I T E U R .. 24 Même TES ORDRES .. ils sont
de sur moi j ' a i gardé.
l'opprobre
et le mépris,
des princes, médite
s'ils PARLENTcoîiXxq moi, sur TES DÉCRITS.
(sont) mes délectations, mes conseillers.
Les parties extrêmes reprennent l'impératif « ouvre » au début de 18 et de 22 ; en 17 et 23 reviennent «ton serviteur» ainsi que «parole» et «parlent» qui sont de même racine. En outre, ces parties sont de composition analogue : les deux premiers segments sont proches l'un de l'autre tandis que le troisième est différent. Le premier segment de la partie centrale (20) rappelle la première partie, en particulier ses seconds membres ; en revanche, le deuxième segment (21) prépare la dernière partie, car « les arrogants » annoncent ceux qui méprisent le psalmiste (22a.23a). Ainsi tout le premier versant (17-20) traite de la relation du psalmiste avec Dieu, tandis que dans le second (21-24) interviennent les « arrogants », ennemis de Dieu et de son serviteur. INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Tout vient de Dieu Tout commence par une supplication. Le psalmiste reconnaît d'emblée que c'est parce que son Seigneur lui fera du bien et le fera vivre que lui-même pourra « observer sa parole » (17). Lui seul peut lui « ouvrir les yeux », comme à un nouveau-né, pour qu'il voie la beauté de sa loi (18). La prière se poursuit jusqu'au début de la dernière partie, où ce n'est plus l'ouverture des yeux sur la loi que demande le psalmiste, mais une autre « ouverture », qui le libérera du
Le psaume 119
153
« mépris » (22) des « chefs » « arrogants », eux qui « s'égarent » loin de la loi de Dieu (21) et « parlent contre » ses « serviteurs » (23). Serviteur de la parole Quelle parole servir? Celle de Dieu (17) ou celle des princes (23)? Le psalmiste a fait son choix et reste fidèle à son Seigneur. Il ne craint pas ce que peuvent tramer entre eux contre lui les puissants qui s'égarent loin des commandements divins, car il a confiance dans celui qui seul peut lui faire du bien et le faire vivre. Tout son « amour » et ses « délectations » sont dans la loi de son Dieu.
4. « LE CHEMIN DE TES PRÉCEPTES FAIS-MOI COMPRENDRE » (DALET ; 25-32) COMPOSITION DUPA SSA GE
La première partie (25-27) 25
A collé + fais-moi vivre
à la poussière selon ta parois.
mon âme,
-26 MES CHEMINS + apprends-moi
j ' a i exposé tes décrets.
et tu m'as répondu,
+27 LE CHEMIN - et je méditerai
de tes préceptes sur tes merveilles.
fais-moi comprendre,
Les deux premiers segments sont parallèles : une constatation dans les premiers membres, une demande dans les seconds. Dans le troisième membre, l'ordre est inversé ; en outre, le dernier membre regarde l'avenir, alors que les membres correspondants dans les deux premiers segments sont à l'accompli. « Fais-moi comprendre » (27a) est synonyme de « apprends-moi » (26b) ; on pourra comprendre que le sens de « fais-moi vivre selon ta parole » est très proche. Les deux derniers segments commencent avec le même mot ; dans le premier cas il s'agit des « chemins » du psalmiste, dans le deuxième du « chemin » que Dieu indique par ses préceptes.
154
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La deuxième partie (28-30) - 2 8 A pleuré
mon âme selon ta parole.
d'affliction,
+ relève-moi +
de mensonge
écarte
29
LE
CHEMIN
+ et de ta loi
fais-moi-la-gràce.
—30 LE
de vérité je me suis aligné.
CHEMIN
- sur tes jugements
de moi,
j'ai choisi,
Dans le premier segment le psalmiste invoque l'aide de Dieu (28b) dans l'affliction où il se trouve (28a). Le second segment poursuit la supplication de 28b, tandis que le troisième énonce l'engagement pris par l'orant. Ces deux derniers segments commencent par « le chemin » et opposent la « vérité » au « mensonge ». La troisième partie (31-32) -
31
J'ai c o l l é
à tes ordres,
Yhwh,
de tes commandements mon cœur.
je c o u r r ai,
+ ne me fais pas rougir - 3 2 Dans le chemin + car tu élargis
Les premiers membres ont pour sujet le psalmiste, les seconds le Seigneur. Alors que le premier membre du premier segment est au passé, il est au futur dans le premier membre du deuxième segment. La prière du second membre du premier segment semble exaucée dans le deuxième membre du segment suivant. L 'ensemble du passage Dalet (25-23) « Mon âme » et « selon ta parole » précédé d'un impératif (25.28) jouent le rôle de termes initiaux pour les deux premières parties ; les premiers membres de ces deux parties expriment tous deux l'épreuve dans laquelle s'est trouvé le psalmiste. Les seconds membres, qui s'achèvent de la même façon, commencent par deux impératifs de sens très voisin.
Le psaume 119 - 25 K COLLÉ 4- fais-moi vivre
155
à la poussière SELON TA PAROLE.
MON ÂME,
:: 2 6 MES CHEMINS = apprrends-moi
j'ai exposé tes décrets.
et tu m'as répondu,
:: 2 7 LE CHEMIN = et je méditerai
de tes préceptes sur tes merveilles.
fais-moi
MON ÂME SELON TA PAROLE.
d'affliction,
:: 2 9 LE CHEMIN = et de ta loi
de mensonge fais-mo i-la-grâce.
écarte
:: 3 0 LE CHEMIN = sur tes jugements
de vérité je me suis aligné.
j'ai choisi,
à tes ordres,
Yhwh,
de tes commandements MON CŒUR.
je courrai,
- 2 8 A pleuré + relève-moi
- 3 1 J'AI COLLÉ + ne me fais pas rougir. : : 3 2 DANS LE CHEMIN - car tu mets-au-large
comprendre,
de moi,
Les parties extrêmes commencent par le même verbe « coller ». « Mon âme » et « mon cœur » font inclusion (12a.32b). « Chemin(s) » revient en début de segment dans les deux derniers segments des deux premières parties (26.27 et 29.30) ainsi que dans le second segment de la dernière partie (32). Dans chaque partie une suite d'impératifs laissent en finale la place à une première personne du singulier (27b ; 30a. 30b ; 32a). CONTEXTE BIBLIQUE
« La poussière de la mort » Le Ps 22, celui que le Christ en croix entonne dans sa langue maternelle, est focalisé sur la fin du verset 16 : « Tu me couches dans la poussière de la mort »14. Les merveilles de l 'exode Le terme est employé pour désigner les actions d'éclat que Seigneur a opérées durant l'exode (Ex 3,20 ; 15,11 ; 34,10 ; Ps 78,11.12, etc.).
14
Voir F. GRAZIANO, « Il salmo 22 : la preghiera del Servo di Yhwh », 77.
156
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTERPRÉ TA TION DUPA SSA GE
Une épreuve mortelle Ce n'est pas d'une petite épreuve que le psalmiste demande d'être libéré. Il a été couché dans « la poussière » (25a), dans les pleurs de l'affliction (28a) et c'est pourquoi il demande à Dieu de le « faire vivre », de le « relever » de la mort. Ce qui le tirera de la fosse n'est autre que « la parole » du Seigneur, parole qui est ensuite déclinée selon les mots habituels qui l'évoquent dans chaque passage du psaume, auxquels toutefois s'ajoute exceptionnellement le terme « ses merveilles », qui renvoie le plus souvent à l'œuvre de salut de l'exode, quand le Seigneur sauva son peuple de l'esclavage et de la mort. Variations sur les chemins Cinq fois sur huit, le poète a choisi de commencer les segments de son passage Daleth, par le même mot, derek, « chemin ». Il est bien difficile d'attribuer ce fait à la paresse qui l'aurait poussé à une telle facilité ; la distribution régulière de ces cinq occurrences ne permet guère ce genre d'interprétation. On sait que la rhétorique biblique n'hésite pas à répéter les mêmes termes ; elle joue souvent avec eux. La première occurrence est au pluriel et se réfère à l'épreuve traversée par le psalmiste, puisqu'il ajoute aussitôt que le Seigneur lui a répondu. Il s'agit ensuite, en finale des morceaux extrêmes, du chemin que tracent « les préceptes » (27a) ou « les commandements » (32a) du Seigneur. Enfin, dans le morceau central, ce chemin est celui de la « vérité » (30a) qui s'oppose au « mensonge » (29). C'est Dieu qui apprend le chemin Si le psalmiste peut affirmer qu'il a choisi le chemin de vérité (30), s'il en arrive même à promettre de courir dans le chemin des commandements (32a), c'est parce que, à sa prière, son Seigneur l'en a « instruit » (26b), le lui a « fait comprendre » (27a), c'est parce qu'il a écarté de lui « le chemin de mensonge » (29a). Lui dont l'âme avait « collé à la poussière » (25a) et qui en a été relevé, « colle » désormais aux ordres de son sauveur (31a). 5. « INSTRUIS-MOI, SEIGNEUR, DU CHEMIN DE TES DÉCRETS » (HÉ ; 3 3 - 4 0 ) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (33-34) Les impératifs par lesquels commencent les trois segments demandent la même chose, l'enseignement de la loi. Dans les segments extrêmes, « chemin » et « sentier » sont synonymes et « achemine-moi » est de la même racine que « chemin ». « Garder » revient dans les deux premiers segments.
Le psaume 119
157
Yhwh, jusqu'au bout.
d u CHEMIN
et de tout cœur.
ta loi,
+ 3 5 ACHEMINE-MOI
a u SENTIER
de. tes commandements,
- car en eux
je me plais.
+ 3 3 INSTRUIS-MOI,
- et je le garderai + 3 4 FAIS-MOI COMPRENDRE
= et je l'observerai
d e tes décrets,
La deuxième partie (36-37) Les deux segments commencent par un impératif, dont le complément d'objet est un organe de perception. Le dernier membre s'achève par un troisième impératif, faisant ainsi inclusion. Les termes finaux des membres centraux semblent être en relation, « le gain » étant qualifié de « vanité ». mon cœur vers le gain.
vers tes ordres,
- et non pas - 3 7 DÉTOURNE
mes yeux
de voir
+ dans tes chemins
FAIS-MOI VIVRE.
+ 3 6 INCLINE
la v a n i t é ,
La troisième partie (38-40) Les deux premiers segments commencent et le troisième s'achève par un impératif, ce qui représente, comme dans le morceau précédent, une forme d'inclusion. Le même relatif se retrouve dans les deux premiers segments. Le segment central se distingue des deux autres, car c'est un trimembre et c'est le seul à mentionner « l'opprobre ». + 3 8 FAIS-LEVER
:: lequel (est) + 3 9 DÉTOURNE
:: lequel - c a r tes jugements 40
Voici = dans ta justice
pour ton serviteur pour tes craignant.
ton dire,
mon opprobre je redoute, sont bons. j e désire FAIS-MOI VIVRE.
tes préceptes,
158
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du passage Hé (33-40) +
33
iNSTRUIS-MOi,
= et je le garderai + 3 4 FAIS-MOI COMPRENDRE
= et je l'observerai + 3 5 ACHEMINE-MOI - c a r en eux + 3 6 INCLINE
- et non pas + 3 7 DÉTOURNE = MM M CHEMINS + 3 8 FAIS-LEVER
:: lequel (est) + 3 9 DÉTOURNE
Yhwh, jusqu'au bout.
d u CHEMIN
et je garderai de tout cœur.
ta loi,
au sentier je me plais.
de tes commandements,
mon cœur vers le gain.
vers tes ordres,
mes yeux
de voir
d e tes décrets,
la vanité,
: FMSMYMI
pour ton serviteur pour tes craignant.
:: lequel - c a r tes jugements
mon opprobre je redoute, sont bienfaisants.
= 40 Voici
je désire
= IIWS îi justice
PÀISWIWM.
ton dire,
tes préceptes,
Le passage ne compte pas moins de neuf impératifs, trois dans chaque partie15. La première partie se distingue des deux autres. D'une part, les impératifs par lesquels commencent les trois segments ont tous comme compléments d'objet le pronom suffixe de première personne, qui fait rime en hébreu (hôrënî, hâbînënî, hadrîkënî) ; d'autre part, c'est la seule partie qui soit entièrement positive, alors que la deuxième demande d'éviter « le gain » et « la vanité » et qu'au centre de la troisième il est question d ' « opprobre » (39a). « Chemin(s) » revient au début de la première partie et à la fin de la deuxième ; « cœur » est repris en 34b et en 36a. Les termes habituels pour désigner la loi sont complétés en finale des deux dernières parties par « tes chemins » et « ta justice ». Les derniers membres de ces deux parties jouent le rôle de termes finaux. Le même impératif « détourne » revient au début de 37 et de 39. Les parties extrêmes s'achèvent avec deux verbes synonymes « j e me plais » (35b) et « j e désire » (40a).
15
On remarquera un phénomène de clôture : dans les parties extrêmes les impératifs se trouvent en début de segment, sauf dans le dernier où il se trouve à la fin du segment (40b). Même la partie centrale qui ne comprend que deux segments totalise trois impératifs.
Le psaume 119
159
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Une longue prière Le psalmiste supplie d'abord le Seigneur de manière lancinante de lui enseigner les décrets de sa loi, comme s'il se trouvait totalement incapable de les comprendre par lui-même. Sans l'instruction de Dieu, il ne pourrait ni la garder ni l'observer entièrement. Même si les commandements lui plaisent, il a besoin d'être conduit sur leur chemin (35). Il en vient ensuite à implorer le secours divin contre les tentations qui l'assaillent : ses yeux et son cœur pourraient être attirés par « la vanité » du « gain », dont il reconnaît que ce n'est pas cela qui le ferait vivre (36-37). Redoutant l'opprobre, désirant la justice de son Dieu, c'est dans son « dire » et dans ses « préceptes » qu'il trouvera la crainte de Dieu ; mais livré à ses propres forces, il ne pourrait rien et serait livré à la mort et c'est pour cela que, jusqu'au bout, il s'en remet à son Seigneur pour le protéger et lui donner la vie. Le mot de la fin Cinq des termes habituels — « décrets », « commandements », « ordres », « jugements » et « préceptes » — sont au pluriel et se concentrent dans le singulier de « la loi ». Mais ces sept vocables sont repris et résumés par le mot « chemin » qui ne fait pas partie de la liste des huit synonymes qui scandent les vingt-deux passages du psaume. « Chemin » ouvre la première partie et la ferme avec son synonyme « sentier », et il revient, au pluriel, en conclusion de la deuxième partie. Cela dit, il est un dernier terme, qui n'est utilisé qu'une seule fois, à la fin du passage (40b), en parallèle avec « chemins », à la fin de la partie centrale (37b). Dans les chemins du Seigneur, contenus dans sa Loi, se manifeste sa « justice ». La Loi, ses préceptes et ses commandements, contiennent les paroles de Dieu, la justice est un attribut divin qui dit quelque chose de son identité.
160
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
6. AVEC QUI MARCHE DANS TES CHEMINS, INSTRUIS-MOI DE TES DÉCRETS ( A L E P H - H É ; 1-40) COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Les deux premiers passages (1-16) Aleph 1 Heureux
les parfaits de CHEMIN, Heureux les gardant ses témoignages 3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, 2
4 5
6
T o i , tu as ordonné tes préceptes, Si seulement étaient établis mes CHEMINS
Alors je ne rougirai pas en regardant te célébrerai en droiture de cœur,
7 Je
8 TES DÉCRETS
J'OBSERVERAI,
les MARCHANT dans la loi de Y H W H ! ce f c j f cœjr ils le RECHERCHENT, dans ses CHEMINS ils MARCHENT ! po UR~ Q u 'ON~L ES~ OBSER VE complètement. PQUR-QUE-J'OBSER
VE TES DÉCRETS.
vers tous tes commandements. AYANT APPRIS les jugements de ta justice, ne m'ABANDONNE pas complètement.
Bet 9
Par quoi purifiera le jeune sa
VOIE
10
D e t p j f MON CŒUR je te ££CHB<£>e,
11
Dans mon cœur j'abrite ton dire 12
13 14 15 16
Béni T o i , Y H W H ,
POUR-QU *U-OBSER VE ta parole ?
ne M'ÉGARE pas de tes commandements, afin de ne pas pécher contre toi. APPRRENDS-MOI TES DÉCRET S !
De mes lèvres j'expose, Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis
tous les jugements de ta bouche, comme de tout bien.
Sur tes préceptes je méditerai En TES DECRETS je me délecte,
et je regarderai tes VOIES. je n'oublie pas ta parole.
- Un membre presque identique revient dans les seconds segments (2b. 10a). - Le pronom « toi » revient au début des parties centrales (4.12). - A u x macarismes par lesquels commencent les deux premiers segments du premier passage (« heureux » : 1.2) correspond la bénédiction qui se trouve au centre du deuxième passage (« béni » : 12). - « Tes décrets » revient deux fois dans chaque passage, à la fin des parties centrales (5b.8b) et au début des derniers membres (12a. 16a). - « Pour observer » (lismôr) est repris deux fois dans la partie centrale du premier passage (4b.5b) et une fois dans le premier segment du second passage (9), toujours au début des seconds membres. Le verbe revient aussi en finale du premier passage, jouant avec celui de 9b le rôle de termes médians. - « Apprendre » revient en 7 et en 12, au centre du deuxième passage. - Les termes appartenant au champ sémantique du chemin sont particulièrement fréquents : « chemin(s) » (1.3.5.14), « voie(s) (9.15), « marcher » (1.3), « égarer » (10) et même « abandonner » (ou « quitter », 8) ; ce qui fait un total de dix termes. - Le nom de « Yhwh » revient deux fois, au début du premier passage (1) et au centre du second (12).
Le psaume 119
161
Les deux derniers passages (25-40) Dalet 25
A collé à la poussière mon âme,
26
Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, Le CHEMIN de tes préceptes FAB-NO! COMPRENDRE,
27
28
A pleuré mon âme d'affliction,
29
Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, Le CHEMIN de vérité j'ai choisi,
30
F A I S - M O I V I V R E selon ta parole. APPRENDS-MOI tes décrets, et je méditerai sur tes merveilles.
relève-moi selon ta parole, et de ta loi fais-moi-la-grâce, sur tes jugements je me suis aligné.
31
Je me suis collé à tes ordres, Y H W H ,
32
Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI,
ne me fais pas rougir, car tu élargis mon cœur.
INSTRUIS-MOI, Y H W H , du CHEMIN de tes décrets, FAIS-MOI COMPRENDRE et je garderai ta loi, AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements,
et je le garderai jusqu'au bout, et l'observerai de tout mon cœur. car en eux je me plais.
Hé 33 34 35
36 37
Incline mon cœur vers tes ordres, Détourne mes yeux de voir la vanité,
Fais-lever pour ton serviteur ton dire, 39 Détourne de moi de l'opprobre que je redoute, 40 Voici ; je désire tes préceptes, 38
et non pas vers le gain. dans tes CHEMINS F A I S - M O I
VIVRE.
lequel est pour tes craignant, car tes jugements sont bienfaisants, dans ta justice F A I S - M O I V I V R E .
- « Mon cœur » de la fin du premier passage (32) est repris deux fois dans le second passage (34.36). - « Instruis-moi » et « apprends-moi » suivi de « fais-moi comprendre » apparaissent ensemble au début du premier passage (26-27) et au début du deuxième (33-34). - « fais-moi vivre » revient trois fois, au début du premier passage (25) et à la fin du second (40) faisant inclusion ; une autre fois à la fin de la partie centrale du deuxième passage (37). - Les termes appartenant au champ sémantique du « chemin » atteignent le nombre de dix : « chemin(s) » et « acheminer » (huit fois : 26.27.29.30.32 ; 33.35.37), « sentier » (35) et « courir » (32). - Le nom de « Yhwh » revient deux fois, à la fin du premier passage (31) et au début du second (33), jouant le rôle de termes médians.
162
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les rapports entre les cinq passages Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, 2 Heureux les GARDANT ses témoignages, 3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, 4 5
les MARCHANT dans la loi de Y H W H ! DE TOUT CŒUR ils le recherchent. dans ses CHEMINS ils MARCHENT ! pour qu'on les )BSEE?I complètement. pour que j'OBSEEfl tes décrets.
Toi, tu as ordonné tes préceptes, Si seulement étaient établis mes CHEMINS
Alors je ne rougirai pas en regardant Je te célébrerai en droiture de CŒUR, 8 Tes décrets- OBSERVERAI,
vers tous tes commandements. AYANT APPRIS les jugements de TA JUSTICE. ne m'ABANDONNE pas complètement.
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE 10 DE TOUT MON CŒUR je te recherche, 11 Dans MON CŒUR j'abrite ton dire
pour ZZ r J. selon ta parole ? ne M'ÉGARE pas de tes commandements. afin de ne pas pécher contre toi.
6
7
12
APPRENDS-MOi tes décrets !
Béni sois-tu, Y H W H ,
tous les jugements de ta bouche. comme de tout bien. et je recréerai tes VOIES. je n'oublie pas ta parole.
De mes lèvres j'expose Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis 15 Sur tes préceptes je méditerai 16 En tes décrets je me délecte, 13
14
Guimel 17 Fais-du-bien à TON SERVITEUR ET JE VIVRAI 18 Ouvre mes yeux et je regarderai 19 Un étranger moi sur la terre, 20 21
Est broyée mon âme d'amour Tu menaces m ARROGANTS maudits,
Ouvre de sur moi UPPROBRE et le m m , Que siègent des chefs, OINTS mm\mm 24 Que tes ordres soient mes délectations,
pour tes jugements en tout temps. qui S'ÉGARENT loin de tes commandements.
22
23
MOI,
Dalet 25 A collé à la Pftrssfc mon âme, 26 Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, 27 Le CHEMIN de tes préceptes FA&WiCOMPRENDRE A pleuré mon âme d^TOION, Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, 30 Le CHEMIN de vérité j'ai choisi,
28 29
31 32
les merveilles de ta loi. ne cache pas de moi tes commandements.
Je me suis collé à tes ordres, Y H W H , Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI,
car tes ordres je les GARDE. TON SERVITEUR médite sur tes décrets. (tes préceptes), mes conseillers.
F A I S - M O I VIVRE selon ta parole. APPRENDS-MOI tes décret et je méditerai sur tes merveilles.
relève-moi selon ta parole. et de ta loi fais-moi-la-grâce. sur tes jugements je me suis aligné. ne me fais pas rougir. car tu élargis MON CŒUR.
Hé INSTRUIS-MCI, Y H W H , du CHEMIN de tes décrets, FA/S~mcûf1?wm£et je GARDERAI ta loi, 35 AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, 33
34
36 37
Incline MON CŒUR vers tes ordres, Détourne mes yeux de voir la vanité,
Fais-lever pour TON SERVITEUR ton dire, Détourne mon OPPROBRE que je redoute, 40 Voici ; je désire tes préceptes, 38
39
et je le GARDERAI jusqu'au bout. et yOB$IB,V!RÂI DE TOUT MON CŒUR. car en eux je me plais. et non pas vers le gain. dans tes CHEMINS FAIS-MOI VIVRE. lequel est pour tes craignant. car tes jugements sont bienfaisants. dans TA JUSTICE F A I S - M O I VIVRE.
Le psaume 119
163
Les rapports entre les paires de passages extrêmes - « Cœur » revient en 2.7.10.11 ; 32.34.36 ; « de tout mon cœur » est repris en 10 et 34, « de tout cœur » en 2. Ce mot n 'apparaît pas dans le passage central. - « Apprends-moi tes décrets » revient en 12 et en 26 ; ce syntagme est précédé de « ayant appris » en 7, accompagné de « fais-moi comprendre » (27.34) et de « instruis-moi » 33. Ces mots sont absents du passage central. - « Ta justice » se trouve à la fin du premier passage (7) et à la fin du dernier (40), et pas ailleurs. - Les termes appartenant au champ sémantique du « chemin » sont nombreux : « chemin(s) » et « cheminer » (douze fois : 1.3.5.14 ; 26.27.29.30.32. 33.35.37), « voie(s) (9.15), «sentier» (35), «marcher» (1.3), «abandonner» (ou «quitter », 8), « égarer » (10), « courir » (32). Dans le passage central, « chemin » est absent et n'apparaît que « s'égarer » (21 ; suivi de « commandements » comme en 10). - « Yhwh » revient une fois dans chaque passage, (1.12 ; 31.33). Les rapports entre le passage central et les quatre autres Tout ce qui a été noté dans le point précédent marque déjà, du point de vue négatif, la spécificité du passage central. - « Ta parole » au début du passage (17) se trouvait deux fois dans le passage précédent, au début et à la fin (9.16) et se retrouvera deux fois encore dans le passage suivant, au début des deux premiers morceaux (25.28) ; le terme ne se trouve pas dans les passages extrêmes. A noter que les cinq occurrences de « ta parole » se trouvent à la fin des segments ; que les occurrences de 9, 17 et 25 jouent le rôle de termes initiaux, celles de 16 et 17 de termes médians, que les occurrences de 9 et 17 sont précédées par « observer ». - C'est la première fois qu'apparait « ton serviteur » (17), qui sera répété à la fin du passage (23) et reviendra à la fin de la séquence (38). - C ' e s t aussi la première fois qu'interviennent les ennemis, à partir du centre et dans le troisième morceau (21-23) ; ils se retrouveront dans le passage suivant, quoique de manière discrète (25a.28), ainsi que dans le dernier où revient « opprobre » (39, comme en 22). - « Je vivrai » au début du passage (17) annonce les trois « fais-moi-vivre » des passages suivants (25.37.40). - « Mes délectations » de la fin du passage (24) fait écho à « je me délecte » à la fin du passage précédent (16), ces deux occurrences jouant le rôle de termes finaux. - Le passage central est le seul où le nom de « Yhwh » n'est pas mentionné.
164
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les demandes Aleph 1 Heureux les parfaits de chemin, 2 Heureux les gardant ses témoignages, 3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, 4 5
les marchant dans la loi de YHWH ! de tout cœur ils le recherchent. dans ses chemins ils marchent !
Toi, tu as ordonné tes préceptes, Si seulement étaient établis mes chemins
pour qu'on les observe complètement. pour que j'observe tes décrets !
Alors je ne rougirai pas en regardant Je te célébrerai en droiture de cœur, Tes décrets j'observerai,
vers tous tes commandements. ayant appris les jugements de ta justice. ne m'ABANDONNE pas complètement.
6 7 8
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa voie 10 De tout mon cœur je te recherche, 11 Dans mon cœur j'abrite ton dire
pour observer selon ta parole ? ne M'ÉGARE pas de TBCONKANDBIENTS. afin de ne pas pécher contre toi.
12
Béni sois-tu, YHWH,
APPRfcND$~HOI TES DÉBETS !
13
De mes lèvres j'expose Dans le chemin de tes ordres je me réjouis Sur tes préceptes je méditerai En tes décrets je me délecte,
tous les jugements de ta bouche. comme de tout bien. et je regarderai tes voies. je n'oublie pas ta parole.
Guimel 17 FAIS-DU-BIEN à ton serviteur ET JE VIVRAI 18 OUVRE mes yeux et je regarderai 19 Un étranger moi sur la terre,
et j'observerai ta parole. les merveilles de ta loi. NE CACHE PAS de moi - ï m c m m m m s .
14 15 16
20 21 22 23 24
Est broyée mon âme d'amour Tu menaces LES ARROSANTS ma ud its,
pour tes jugements en tout temps. qui s'égarent loin de tes commandements.
OUVRE de sur moi L'OPPROBRETI.le MÉPRIS, Que siègent DES CHEFS, qu'ils parlent contre moi, QUE TB (MMS SOIENT mes délectations,
car TES ORDRES je les garde. ton serviteur médite sur tes décrets. (tes préceptes), mes conseillers.
Dalet 25 A collé à la poussière mon âme, 26 Mes chemins j'ai exposé et tu m'as répondu, 27 Le chemin de TESPR&EFTES FAIS-MOLCOMFMX
FAIS-MOI VIVRE SELON TA FASOLB. APPMDSRM TES OÎÎM'S. et je méditerai sur tes merveilles.
A pleuré mon âme d'affliction, Le chemin de MENSOX$E£CARTE DE MOI, 30 Le chemin de vérité j'ai choisi,
RELÈVE-MOI SELON TA PAROLE. et de lALOi FAIS-MOI-LA-GRÂCE. sur tes jugements je me suis aligné.
28 29
Je me suis collé à TES ORDRES, YHWH, Dans le chemin de tes commandements je courrai,
31 32
NE ME FAIS PAS ROUGIR. car tu élargis mon cœur.
Hé INSTRUIS-MOI, YHWH, du chemin de TES DÉCRETS, F A B - t i a C Û h P m o m ^ t je garderai TA LOI, 35 AcHEMiNE-moi au sentier de tes commandements, 33
34
36 37 38 39 40
et je le garderai jusqu'au bout. et l'observerai de tout mon cœur. car en eux je me plais.
INCLINE mon cœur vers TES MM, DÉTOURNE mes yeux de voir la vanité,
et non pas vers le gain. dans u s CHEMINS FAIS-MOI VIVRE.
FAIS-LEVER pour ton serviteur ton dire, DÉTOURNE mon opprobre que je redoute, Voici ; je désire tes préceptes,
lequel est pour tes craignant. car tes jugements sont bienfaisants. dans TA JUSTICE FÂIS-MOI VIVRE.
Le psaume 119
165
Outre un souhait (5), le premier passage ne comprend qu'une seule demande, tout à la fin (8b) ; le second en contient deux, une négative comme la première (10) puis une positive (12) ; le passage central cinq (17.18.19.22. 24) ; l'avantdernier sept (25.26.27.28.29a.29b.31) et le dernier neuf (33.34. 35.36.37a.37b. 38.39.10). La progression est régulière. Le passage central marque un changement significatif. Alors qu'auparavant la demande adressée à Dieu était précédée par une action du psalmiste, promesse ou même constatation de fidélité, dès le début du passage central, les deux éléments sont inversés : le psalmiste demande d'abord l'aide du Seigneur pour qu'il puisse observer sa loi. A partir de là on trouve souvent un impératif suivi d'un verbe futur à la première personne du singulier (17.18. 27.33.34). Plusieurs fois, l'impératif est précédé d'une description du besoin ou du malheur dans lequel se trouve le psalmiste (19.25.26.28). Un autre changement est introduit dans le passage central : la présence des « arrogants », ennemis de Dieu (21) et du psalmiste (22-23). Ils seront présents aussi dans le passage suivant, bien que de manière indirecte, quand le psalmiste dit son affliction (25a.28a), et dans le dernier passage, quand il demande d'être préservé du mal que constituent « le gain » et « la vanité » (36-37) et de « l'opprobre » (39), dont on peut penser qu'ils sont causés par ceux qui « s'égarent loin des commandements » de Dieu (21). INTERPRÉTA TIONDE LA SOUS-SÉQUENCE
« Achemine-moi au sentier de tes commandements » (35) Le chemin est celui qu'indique « la Loi » du Seigneur (1) ; c'est le chemin de ses «ordres» (14), de ses «préceptes» (27), de ses «commandements» (32.35), de ses « décrets » (33). C'est le chemin de Dieu (3.37), ce sont ses « voies » (15), ce qui en fait un synonyme de la loi : marcher dans les chemins de Dieu (3), c'est marcher dans sa loi (1). Etant le chemin dans lequel l'homme est invité à «marcher» (1.3) et même à «courir» (32), le chemin de Dieu devient celui de l'homme (5.9.26) ; c'est sa manière de se diriger et de se conduire. Le chemin de Dieu et celui de l'homme sont appelés à devenir le même chemin, celui où ils marchent ensemble : « dans ses chemins ils marchent » (3). La crainte de l'homme est que le Seigneur qui l'accompagne s'éloigne de lui : «ne m'abandonne pas complètement» (8), qu'il «s'égare» hors du chemin comme «les arrogants maudits» (21) : «ne m'égare pas de tes commandements » (10). C'est pourquoi il le supplie d'« écarter » de lui « le chemin de mensonge » (29) et de le mettre lui-même sur son chemin : « Achemine-moi au sentier de tes commandements » (33), « le chemin de vérité » (30). Alors qu'en commençant le psalmiste semblait penser que l'on pouvait être « parfait » (1), sans jamais commettre d'iniquité (3), bien vite il doute d'en être capable lui-même : « Si seulement étaient établis mes chemins ! » (5) et sa prière
166
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
se fera de plus en plus insistante pour occuper finalement toute sa pensée (3340). « Ouvre mes yeux » L'aveugle est incapable de voir le chemin et de s'y diriger. Si le psalmiste demande au Seigneur de lui ouvrir les yeux (18), s'il le supplie de ne pas lui «cacher» ses commandements (19), s'il ajoutera plus tard: «Détourne mes yeux de voir la vanité » (37), c'est qu'il a bien conscience que la lumière de la connaissance est hors de sa portée et que c'est un don du ciel. Il ne cesse d'implorer le Seigneur d'ouvrir les yeux de son intelligence : « Instruis-moi de tes décrets» (12.26), «fais-moi comprendre» (27.34), «apprends-moi le chemin de tes décrets » (33). Il veut « regarder » vers tous les commandements du Seigneur (6), vers ses voies (15), regarder « les merveilles de sa loi » (18), les «garder» (2.22.33.34), les «observer» (4.5.8.9.17.34), les «méditer» (15.23.27). « Fais-moi vivre » Dès le début du passage central (17) et jusqu'à la fin (25.37.40), le désir le plus profond du psalmiste ne cesse de s'amplifier. Il a bien conscience de n'être qu'un « étranger sur la terre » (19), qu'il passe son chemin. Mais il est persuadé que ce chemin, celui de la loi de Dieu, est celui de la vie. Il sait aussi que la vie ne peut que se recevoir d'un autre, du maitre de la vie. Ce n'est pas la justice de l'homme qui peut l'obtenir, mais le don gracieux de la justice de Dieu : « Fais du bien à ton serviteur et je vivrai » (17), « fais-moi vivre selon ta parole » (25), « dans ta justice fais-moi vivre » (40). Si le psalmiste demande avec une telle insistance que le Seigneur le fasse vivre, c'est qu'il est menacé de mort. Il l'est par « les arrogants maudits » (21), les « chefs » qui parlent contre lui (22), au point que son âme « colle à la poussière » (25). Il l'est aussi par ce qui le tente, de l'intérieur, « le mensonge » (29) et « la vanité » du « gain » (36-37).
Le psaume 119
167
B. DE TA LOI JE ME DÉLECTE, CAR TU M'AIMES (WAW - YOD ; 41-80) La deuxième sous-séquence comprend elle aussi cinq passages organisés de manière concentrique.
w s Jg s e délecterai sis tes commandements s
z « Des arrogants me raillent »
h
« LES LIENS DES MÉCHANTS M'ENVELOPPENT »
t « Il est bon pour mol d'être humilié »
y • i a loi est ma délectati n •
41-48
49-56
57-64
65-72
73-80
168
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
1. « JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS » (WAW ; 4 1 - 4 8 ) COMPOSITION DU PASSAGE
La première partie (41-43) + 41 Et m'adviennent + ton salut
tes fidélités, selon ton d i r e !
Yhwh,
= 42 Et j e répondrai .. c a r j'ai confiance
à qui m'insulte
une parole
= 43 Et n'éloigne pas .. c a r en tes jugements
de ma bouche j'espère.
la paro/e-de-loyauté
en ta parole.
totalement,
L'unité de la partie est marquée par la triple reprise de « parole », à quoi il faut ajouter le synonyme « dire », dans quatre membres consécutifs (41b-43a). Deux fois il s'agit des paroles de Dieu (dans les seconds membres des deux premiers segments), deux fois de celles du psalmiste (dans les premiers membres des deux derniers segments)16. Dans le premier segment le psalmiste prie « Yhwh ». Les deux segments suivants sont parallèles : commençant par « car », leurs seconds membres ont la même construction et sont pratiquement synonymes ; quant aux premiers membres (42a.43a), ils traitent tous deux de la « parole » que prononcera le psalmiste. On notera toutefois que le premier membre du dernier segment retrouve la forme de la prière comme dans le premier segment. La deuxième partie (44-46) +
4 4
Et j
OBSERVERAI
= à jamais +
4 5
E t je
MARCHERAI
= car tes préceptes +
46
E t je
= et point
PARLERAI
ta loi et toujours.
constamment
au large, je recherche. de tes ordres je n e
en face
des rois
ROUGIRAI.
Les trois segments commencent avec un verbe aux mêmes modalités : ils remplissent ainsi la fonction de termes initiaux ; le dernier membre s'achève sur un verbe aux mêmes modalités, faisant inclusion avec le premier au début de 44. Non seulement le psalmiste promet d'observer la loi de Dieu (44), mais il s'en fera le propagandiste jusque devant les rois (46). Dans le segment central il dit quel sera le résultat de sa conduite (45a) et sa cause (45b).
16
À moins de comprendre que « la parole de vérité » est la Torah.
Le psaume 119
169
La troisième partie (47-48) +
47
E t JE m e
+
48
Et J
j 'aime. ÉLÈVERAI
:: lesquels + e t JE
de t e s c o m m a n d e m e n t s ,
DÉLECTERAI
:: lesquels
MÉDITERAI
mes paumes
vers t e s c o m m a n d e m e n t s ,
j 'aime sur t e s décrets.
Le premier segment et les deux premiers membres du second sont tout à fait parallèles, les seconds membres étant même identiques. Le dernier membre fait une sorte de coda, ou élargissement final ; il est aussi possible de dire qu'il s'agit d'un phénomène de clôture. L 'ensemble du passage Waw (41-48) + 41 Et m'adviennent + ton salut
tes fidélités, selon TON DIRE !
Yhwh,
::
À QUI M'INSULTE en TA PAROLE.
u n e parole
42
ET JE RÉPONDRAI
- car y al confiance :: la parole-de loyauté
DE MA BOUCHE totalement,
- car en TES JUGEMENTS
j'espère.
:: 44 E t j ' o b s e r v e r a i - à jamais
TA LOI et toujours.
:: 4 5 Et je m a r c h e r a i - c a r TES PRÉCEPTES
je recherche.
::
de TES ORDRES
::
43
46
ET N'ÉLOIGNE PAS
ET JE PARLERAI
:: et point :: 4 7 Et j e me délecterai - lesquels :: 4 8 Et j'élèverai - lesquels :: et je m é d i t e r a i
constamment
au large,
m rougirai.
de TES COMMANDEMENTS, y aime. mes paumes j *aime sur TES DÉCRETS.
vers TES COMMANDEMENTS,
170
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
+ 41 Et m'adviennent + ton salut
tes fidélités, selon TON DIRE !
Yhwh,
:: 42 ET JE RÉPONDRAI - car j'ai confiance
À QUI M'INSULTE en TA PAROLE.
u n e parole
:: 43 ET N'ÉLOIGNE PAS :: la parole-de loyauté - car en TES JUGEMENTS
DE MA BOUCHE totalement, j9espère.
:: 44 Et j'observerai - à jamais
TA LOI et toujours.
:: 45 Et je marcherai - car TES PRÉCEPTES
au large, je recherche.
:: 46 ET JE PARLERAI I! EN r A C b :: et point
de TES ORDRES
constamment
je ne rougirai.
:: 47 Et je me délecterai - lesquels
j'aime.
:: 48 Et j'élèverai - lesquels :: et je méditerai
mes paumes j'aime sur TES DÉCRETS.
de TES COMMANDEMENTS, vers T E S COMMANDEMENTS,
Il ne convient pas de considérer l'avant-dernier membre (48b) comme une surcharge car il est attesté aussi dans le texte de Qumran. Si donc le dernier segment de la dernière partie est un trimembre, il pourrait en être de même pour le dernier segment de la première partie (43), et de même pour celui de la deuxième partie (46). Les deux premières parties sont les seules où le psalmiste promet de parler, à ses ennemis d'abord (42a), aux rois ensuite (46) ; dans la dernière partie en revanche, il est entièrement concentré sur la seule Torah. Seule la première partie est marquée par la prière (41.43). CONTEXTE BIBLIQUE
« Amour et salut » Le salut de Dieu est le fruit de ses « fidélités » {hesed au pluriel, la seule fois dans tout le psaume) 17 . Voir Ps 6,5 : « sauve-moi à cause de ta fidélité » (aussi Ps 17,7; 31,17; 109,26).
17
On pourrait traduire hesed par « amour », mais cette traduction est réservée ici aux termes de la racine 'hb : 20.47.48.140.159a.163.165.167.
Le psaume 119
171
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Tout repose sur l9amour de Dieu Le psalmiste s'engage à accomplir lui-même beaucoup de choses, à observer la loi, à s'en délecter, à la méditer (47-48), à en parler à d'autres, à la défendre devant ses ennemis et en face des rois (42-43.46). Toutefois, il commence par invoquer le secours du Seigneur, convaincu que « le salut » ne saurait venir que de lui, car c'est grâce à ses « fidélités » que l'homme pourra tenir toutes ses promesses (41). La parole de Dieu engendre la parole C'est parce qu'il « a confiance dans la parole » du Seigneur que le psalmiste pourra répondre en toute assurance une parole « à qui l'insulte » (42) ; sa parole trouve son fondement dans celle de Dieu. Il ajoute aussitôt que ce n'est pas par ses propres forces qu'il sera en mesure de parler, et il supplie le Seigneur d'assurer dans la loyauté sa parole (43). S'il pourra parler de la loi de Dieu devant des rois sans rougir (46), ce sera parce qu'il l'aura observée « constamment », ce qui lui permettra de « marcher au large », libre de toute crainte. La parole du Seigneur suscite la parole de l'homme.
2. « DES ARROGANTS ME RAILLENT » (ZAYIN ; 4 9 - 5 6 ) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie
(49-51)
+ 49 Souviens-toi : : par laquelle
de la parole
+ 5 0 Cela (est)
ma consolation mé fait vivre.
dans ma misère
:: carton dire
- 5 1 Des arrogants .. de ta loi
me raillent je ne dévie pas.
complètement,
à ton serviteur,
tu me fois espérer.
Les deux premiers segments s'achèvent avec deux verbes complémentaires : le second semble accomplir les attentes du premier. « Cela » semble renvoyer au premier membre du premier segment : « la parole » adressée par Dieu à son « serviteur » (49a) sera sa « consolation » (50a) 18 . Sa « misère » (50a) est celle 18
II est aussi possible de comprendre que le réfèrent de «cela» est exprimé par le second membre ; il faut alors traduire kî par « que » : « Cela est ma consolation dans ma misère que ton dire me fasse vivre ». Le parallélisme des deux premiers segments appuie plutôt la première interprétation.
172
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
que lui causent « des arrogants » (51a), et c'est pourquoi il « ne dévie pas » de la loi (51b). La deuxième partie
(52-54)
: : 5 2 Je me souviens :: et je me console.
de tes jugements
depuis toujours,
_ 53
me saisit ta loi.
pour les méchants,
. les abandonnant + 54 DES HYMNES . dans la maison
furent pour moi de ma résidence.
tes décrets,
r
,
Yhwh,
Les deux derniers segments opposent « l'indignation » « pour les méchants » aux « hymnes » que représentent pour le psalmiste « les décrets » du Seigneur ; on pourra donc comprendre que la loi que les méchants abandonnent (53b) est au contraire la demeure où le psalmiste a choisi de faire sa résidence (54b). Quant au premier segment, son premier membre semble annoncer le dernier segment et son second membre préparer le segment suivant : en effet, le souvenir des jugements de Dieu suscite des hymnes (54) et console de l'indignation contre les méchants (53). La troisième partie
(55-56)
+ 55 Je me souviens
la nuit
= et J'OBSERVERAI
ta loi.
:: 56 Cela
est pour moi
= car tes préceptes
JE G A R D E .
de ton nom,
Yhwh,
La souvenir nocturne du nom du Seigneur (55a) prépare l'activité diurne conforme à sa loi (55b). Dans le segment suivant, on peut comprendre que le référent de « cela » est exprimé dans le second membre 19 : son observance de la loi est pour lui, c'est sa richesse. Mais à considérer l'ensemble, « cela » peut renvoyer au premier membre du segment précédent : ce qui lui appartient, ce qu'il a à cœur, c'est de se souvenir du nom de Dieu durant la nuit. L 'ensemble du passage Zayin
(49-56)
Dans les deux premières parties, « ma consolation » (50a) est repris par « j e me console » 52b), « arrogants » (51a) annonce « méchants » (53a).
19
Voir la note précédente.
Le psaume 119
173
Les termes extrêmes des premiers membres des deux dernières parties sont identiques (52a.55a). Les seconds termes des deux derniers segments (54a. 56a) sont très semblables. Les trois parties commencent avec le verbe « se souvenir », dont le sujet est Dieu la première fois, le psalmiste les deux autres fois. « Ta loi » revient à la fin de la première partie, au centre de la deuxième et au début de la troisième (51b.53b.55b) ; aux extrémités elle est observée par le psalmiste, au centre « abandonnée » par les « méchants ». Au second segment de la première partie (50) correspond le deuxième segment de la dernière partie (56). • 4 9 SOUVIENS-TOI
de la parole
.. par laquelle
tu me fais espérer.
= 5 0 CELA
MA CONSOLA TION
(est)
à ton serviteur, dans ma misère
:: c a r t o n dire
me fait vivre.
- 5 1 D e s ARROGANTS : de TA LOI
me raillent je ne dévie pas.
complètement,
+ 5 2 J E ME SOUVIENS :: et JE ME CONSOLE.
de tes jugements
depuis toujours,
- 5 3 L'indignation : les abandonnant
me saisit
pour les MÉCHANTS,
= 5 4 Des hymnes :: dans la maison
sont pour moi de ma résidence.
tes décrets,
la nuit
de ton nom,
+
55
J E ME SOUVIENS
TA LOI.
:: et j'observerai
TA LOI.
= 5 6 CELA
est pour moi je garde.
:: c a r tes préceptes
YHWH,
YHWH,
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Le jeu de la mémoire C'est d'abord Dieu qui « se souvient » et son souvenir est le fondement de celui de l'homme. Le Seigneur se souvient « de sa parole », c'est-à-dire de sa promesse. Celle-ci est la source de l'espérance du psalmiste (49b), qui lui fait attendre en toute confiance de vivre (50b), malgré les « railleries » des « arrogants » (51a). En réponse, pour ainsi dire, au souvenir de son Dieu, le psalmiste « se souvient » lui aussi de ses paroles, les «jugements » (52a) contenus dans « la loi » (55b), de ses « décrets » (54a), de ses « préceptes » (56b). Tout cela, le porte, à travers les paroles de la loi et au-delà, à se souvenir de son « nom » ineffable (55a), Alors dans sa bouche les mots de la loi se transforment en un chant, en des « hymnes » qui l'accompagnent tout au long des heures de la nuit.
174
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La présence des méchants Le fidèle n'est pas seul dans sa relation au Seigneur. « Les méchants », ceux qui « abandonnent » « la loi » (53) sont présents et hantent son esprit. C'est qu'ils ne se contentent pas d'ignorer la loi et de se tenir loin de Dieu ; ils « raillent » aussi le juste, celui qui « ne dévie pas » de « la loi » de son Dieu. Comme s'il leur était insupportable, représentant un reproche vivant de leur conduite. A la fin cependant les « arrogants » ne sont plus mentionnés, la « misère » qu'ils faisaient subir au juste (50a), « l'indignation » qu'ils faisaient monter dans son cœur (53a) semblent avoir disparu et ne troublent plus ses nuits ; c'est « cela » seul qui reste « pour lui » (56a). 3. « LES LIENS DES MÉCHANTS M'ENVELOPPENT » (HET ; 57-64) COMPOSITION DUPASSAGE La première partie
(57-58)
+ 5 7 Ma part, + observer
tes paroles.
- 5 8 J'apaise - fais-moi-grâce
ta face selon TON DIRE !
:: 59 Je réfléchis :: et je ferai-venir
sur mes chemins m es p ieds
Yhwh,
JE DIS,
de tout cœur,
vers tes ordres.
La déclaration du premier segment, l'engagement qui y est énoncé est ensuite diffracté d'abord en une supplication qui cherche à « apaiser » le Seigneur pour une demande de pardon (58), après quoi le psalmiste promet de se convertir dans sa conduite (59). A « Je dis » du premier segment correspond « ton dire » du second, comme si à la parole de l'homme répondait celle de Dieu. La deuxième partie + 6 0 Je me hâte : d'observer -
61
Les liens
(60-62) et point
ne tarde
tes commandements.
des méchants point je n'oublie.
m'enveloppent,
1 tvt loi
+ 62 Au milieu: pour les jugements
de la nuit de ta justice.
je me lèverai
pour te célébrer,
La partie commence par une déclaration de fidélité (60) et s'achève avec une promesse de louange durant la nuit (62). Au centre interviennent « les
Le psaume 119
175
méchants » qui tentent de paralyser le psalmiste sans que cela lui fasse oublier la loi de son Dieu. La troisième partie
(63-64)
Les deux segments semblent complémentaires. Alors que dans le premier le psalmiste se compte parmi les fidèles, dans le suivant il demande à Dieu de lui enseigner sa loi, comme s'il n'était pas encore parfait, comme s'il ne correspondait pas encore à l'amour de Dieu qui emplit la terre. « Tous ceux qui te craignent » (63a) et « la terre est pleine » indiquent la totalité. :: 63 Compagnon : : et des observant
je (suis)
+ 6 4 Ta fidélité,
Yhwh, apprends-moi.
+ tes décrète
de tous ceux qui
te craignent
remplit
la terre,
tes préceptes.
L 'ensemble du passage Het (57-64) + 5 7 Ma part,
YHWH,
• d'OBSERVER
tes paroles.
- 5 8 J'apaise :: fais-moi-grâce
ta face selon ton dire !
- 5 9 Je réfléchis
sur mes chemins mes pieds
vers tes ordres.
+ 6 0 Je me hâte
et point
ne tarde
• & OBSERVER
tes commandements.
- 6 1 Les liens
des méchants je n'oublie pas.
m'enveloppent,
:: t a loi
- 6 2 Au milieu- pour les jugements
de la nuit de ta justice.
JE ME LÈVERAI
pour te célébrer,
+ 6 3 Compagnon
je (suis)
de tous ceux qui
te craignent
• et d e s OBSERVANT
tes préceptes.
.. 64 Ta fidélité,
YHWH,
remplit
la terre,
.. tes décrets
apprends-moi.
- et JE FERÂH/1NIK
je (le) dis, de tout cœur,
176
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
+ 5 7 Ma part,
Y HWH, tes paroles.
je (le) dis,
• d'OBSERVER
- 5 8 J'apaise :: fais-moi-grâce
ta face selon ton dire !
de tout cœur,
- 5 9 Je réfléchis
sur mes chemins mes pieds
vers tes ordres.
+ 60 Je me hâte
et point
ne tarde
« d'OBSER VER
tes commandements.
- et JE FERAI-VENIR
-
61
Les liens
des méchants je n'oublie pas.
m'enveloppent,
de la nuit de ta justice.
JE ME LÈVERAI
pour te célébrer,
+ 63 Compagnon
je (suis)
cfe tous ceux qui
te craignent
• et d e s OBSERVANT
tes préceptes.
.. 64 Ta fidélité,
Y HWH, apprends-moi.
remplit
la terre,
:: t a loi
- 6 2 Au milieu- p o u r les jugements
.. tes décrets
Les deux premières parties sont parallèles. Les seconds membres des premiers segments commencent avec le même verbe suivi d'un synonyme (57b. 60b.63b). Les seconds segments ont un côté négatif, le péché pour laquelle le psalmiste veut « apaiser » le Seigneur (58), les « méchants » qui le ligotent (61). Dans les troisièmes segments, le psalmiste promet de redresser sa conduite (59), de se lever la nuit pour célébrer Dieu. Les deux premières parties sont aussi liées par des images qui jouent le rôle de termes médians : le dernier membre de la première partie et le premier de la deuxième évoquent tous deux la marche. La dernière partie se distingue des deux précédentes. Non seulement elle ne comprend que deux segments, mais elle ne s'achève pas sur une promesse mais sur une demande. « T o u s ceux qui te craignent» (63a) s'opposent aux « méchants » (61a). Le nom de « Yhwh » fait inclusion. Les huit synonymes de « loi » sont utilisés, sans qu'aucun ne soit répété.
Le psaume 119
177
CONTEXTE BIBLIQUE
« Vite, hâte-toi, ne t 'arrête pas » Telles sont les paroles que Jonathan adresse à son serviteur qu'il a envoyé récupérer les flèches qu'il a tirées pour avertir David (1S 20,18). La hâte du psalmiste n'est pas seulement psychologique : c'est la hâte de la marche sur le chemin de la loi. « Moïse s 'efforça d'apaiser le Seigneur son Dieu » Quand le Seigneur vit qu'Israël s'était écarté de la voie qu'il lui avait tracée, sa colère s'enflamma contre son peuple pour l'exterminer. Alors « Moïse apaisa la face du Seigneur son Dieu et dit : » (Ex 32,11). INTERPRÉTA TION DU PASSAGE
Méchants et
compagnons
Le juste se trouve en butte aux « méchants » qui l'entourent pour le lier (61) ; alors, il ne pourra plus marcher et « se hâter » sur les chemins tracés par la loi de Dieu (59-60). Mais ce ne sont pas là les premiers de ses adversaires. L'ennemi de l'intérieur, le péché représente sans doute un péril plus grand encore pour celui qui entend rester fidèle aux commandements du Seigneur. Il n ' a même pas manqué de succomber à la tentation, de sorte qu'il lui faut « apaiser » la colère divine (58). Heureusement qu'il n'est pas seul et qu'il peut compter sur des « compagnons » qui « craignent » comme lui leur Seigneur commun. Ne pas s \arrêter Libéré du péché (58) et des « méchants » qui veulent l'arrêter dans sa course (60-61), le psalmiste est heureux d'avoir reçu « s a p a r t » d'héritage, son observance des paroles de Dieu (57). Il se hâte sur la route (60) ; en perpétuel mouvement, même la nuit « il se lève » pour célébrer le Seigneur, le remerciant pour sa «justice ». Avec ses « compagnons », « il observe ses préceptes ». On pourrait croire qu'il remplit tous ses devoirs. Mais seul l'amour du Seigneur emplit la terre (64a) et c'est pourquoi il achève sa prière en lui demandant de lui apprendre ses décrets (64b), comme s'il n'était encore qu'au début du chemin.
178
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
4. « BON POUR MOT D'ÊTRE HUMILIÉ » (TET ; 65-72) COMPOSITION DU PASSA GE La première partie 65
(65-66) tu as fait selon ta parole.
avec ton serviteur,
: YHWH,
+ 6 6 LÀ BONTÉ : car en tes commandements
du jugement j'ai foi.
et de la science
+
DU BON
apprends-moi,
Les deux segments commencent par un substantif très semblable (tôb et tûb). Au « bon » déjà reçu le psalmiste demande au Seigneur d'ajouter celui « du jugement et de la science ». La deuxième partie
(67-70)
+ 67 Avant = mais maintenant
ton dire
moi j'observe,
+ 68 bon = apprends-moi
toi tes décrets.
et bienfaisant,
- w Projettent .. moi,
sur moi de tout cœur
le mensonge je garde
- Est épais .. moi,
comme graisse de ta loi
leur cœur, je me délecte.
d'être humilié,
je m égarais,
des arrogants, tes préceptes.
Les deux segments du premier morceau mettent en parallèle « moi » et « toi » ; dans les seconds membres le psalmiste déclare observer la loi après s'être « égaré », mais il a encore besoin d'être instruit par le Seigneur. Le parallélisme des deux segments du second morceau est nettement plus marqué. Les arrogants enduisent de mensonge le juste, projetant sur lui la mauvaise graisse de leur cœur. La troisième partie
(71-72)
+ 71 BON pour moi = afin
d'être humilié d'apprendre
tes décrets.
+ 72 .BON pour moi = plus que millions
la loi d'or
de ta bouche, et d'argent.
« L'humiliation » subie, comme « la loi », est bonne, meilleure que toutes les richesses, puisqu'elle permet d'être instruit des décrets divins.
Le psaume 119
179
L 'ensemble du passage Tet (65-72) + 65 Dit EON - YHWH,
tu as fait selon ta parois.
+ 6 6 La SONT É du jugement - car en tes coi^mandements j ' a i foi.
et de la science
APPRENDS-MOI,
je m'égarais,
+ 67 Avant = mais maintenant
D'ÊTRE HUMILIÉ, ton dire
moi j'observe.
+ 68 BON
toi
et BIENFAISANT,
= APPRENDS-MOI
TES DÉCRETS.
- 69 Projettent .. moi,
sur moi de tout cœur
le mensonge je garde
- 7 0 Est épais .. moi,
comme graisse de TA LOI
leur cœur, je me délecte.
D'ÊTRE HUMILIÉ D'APPRENDRE
TES DÉCRETS.
+ 71 BON pour moi = afin +
avec ton serviteur,
72
B O N N E pour moi
= plus que millions
LA LOI
d'or
des arrogants, tes préceptes.
de ta bouche, et d'argent.
Les segments des parties extrêmes commencent avec « bon » (tôb) et « bonté » (tûb) ; « bon » se retrouve dans la partie centrale où il est accompagné de « bienfaisant » qui est de même racine (68a). De manière analogue « apprendsmoi » (66a) sera repris par « apprendre tes décrets » dans les deux parties suivantes (68b.71b). La partie centrale fait intervenir l'humiliation (67a) causée par « des arrogants » (69-70). La dernière partie dévoile le rôle finalement positif de l'humiliation. CONTEXTE BIBLIQUE « Et Dieu vit que cela était bon » À la fin de chacun des cinq premiers jours de la création « Dieu vit que cela était bon » (Gn 1,4.10.12.18.21). Le sixième jour enfin, « Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon » (31). Pour Dieu tout peut concourir au bien « N o u s savons d'ailleurs que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l'aiment » (Rm 8,28). Paul expliquera que « tout » englobe « la tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, le péril, le glaive ? Selon le mot de
180
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
l'Écriture : "À cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d'abattoir" (Ps 44,23) » (Rm 8,35-36). INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
« Apprends-moi
»
D'emblée le psalmiste reconnaît que, selon sa promesse, ce que le Seigneur a fait pour lui est « bon » (65). Aussitôt, il reconnaît aussi qu'il manque de sagesse, et c'est pourquoi il demande d'être instruit dans « le jugement et la science » (6). Il y reviendra encore par deux fois : il a besoin d'apprendre « les décrets » de son Dieu (68b.71b). La bonté du Seigneur « Tu es bon et bienfaisant » (68a). La loi qui sort de sa bouche est bonne plus que toutes les richesses possibles et imaginables (72) ; qui la goûte ne peut que « s'en délecter » (70b). « Le jugement et la science » qu'il peut enseigner sont bons eux aussi (66). Et même « l'humiliation » provoquée par le mensonge que les arrogants, dont le cœur est gras, l'intelligence empâtée, projettent sur le fidèle du Seigneur, même cela représente quelque chose de bon pour lui. Elle revêt en effet une fonction pédagogique indéniable. C'est l'humiliation qui lui permettra d'« apprendre ses décrets » (71). Sans elle, le psalmiste avoue qu'il s'était « égaré » loin de la loi de Dieu (67). 5. « M'ADVIENNE TA MISÉRICORDE ET JE VIVRAI » (YOD ; 7 3 - 8 0 ) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie
(73-74)
+ 7 3 Tes mains :: F A I S - M O I C O M P R E N D R E
= 7 4 Tes craignant = car en ta parole : : 7 5 J ' A I CONNU,
:: que sont justes + et avec vérité
m'ont fait et j'apprendrai me verront j'espère.
et m'ont établi, tes commandements.
et se réjouiront,
Yhwh, tes jugements,
tu m'as humilié.
Les segments extrêmes se correspondent de manière spéculaire. La prière de 73b est exaucée en 75a ; à la grâce de la création (73a) répond celle de l'humiliation (75bc) que le psalmiste reconnaît comme « justes jugements » de Dieu. Le segment central met en scène ceux qui « craignent » le Seigneur et se réjouiront de voir le psalmiste comprendre les commandements et jugements de Dieu.
Le psaume 119 La deuxième partie +
76
(76-77)
Q u e SOit
TA FIDÉLITÉ
: comme ton dire
ma
consolation,
à ton serviteur !
+ 7 7 Q u e m'adviennent TES MISÉRICORDES
: car
181
ta loi (est)
e t j e vivrai,
mes délectations.
Les deux segments sont parallèles. Le psalmiste souhaite que la « fidélité » du Seigneur et ses « miséricordes », soient sa « consolation » qui le fasse « vivre ». Commençant également avec kî suivi par les synonymes « ton dire » et « ta loi », les seconds membres expriment la raison des souhaits des premiers membres. La troisième partie -
(78-80)
QUE ROUGISSENT
- car en mensonge + moi, :: 79 Que retournent à moi :: et les connaissant + 80 Que soit mon cœur - de sorte que
les arrogants, ils me maltraitent ; je médite
sur tes préceptes
tes craignant tes ordres !
parfait sur tes décrets JE NE ROUGISSE PAS.
Les segments extrêmes se correspondent en miroir : le premier et le dernier membre opposent les « arrogants », qui « rougiront », au psalmiste, qui « ne rougira pas » (78a.80b), tandis que le dernier membre du premier segment et le premier membre du dernier s'achèvent sur les synonymes « tes préceptes » et « tes décrets » (78c.80a). Au centre, le psalmiste souhaite que reviennent à lui ceux qui craignent le Seigneur, eux qui s'en étaient éloignés, sans doute à cause de la persécution mensongère que les « arrogants » avaient déchaînée contre lui.
182
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du passage Yod (73-80) +
73
TÏSMÀÏSS
+ fais-moi comprendre • 7 4 T E S CRAIGNANT
• car en ta parole ..
75
J'AI CONNU,
.. et qu' AVKC VÉRITÉ
TU M'AS HUMILIÉ.
QUE SOIT
=77 QUE m'adviennent : car ta loi (est)
tes miséricordes mes délectations.
et je vivrai,
LES ARROGANTS,
.. moi, QUE retournent à moi
• et LES CONNAISSANT +80
ma consolation,
ils me maltraitent ; je médite
À TORT
QUE
sou M
MT
+ de sorte que
et se réjouiront,
ta fidélité à ton serviteur !
..78 QUE rougissent
.. car
et m'ont établi,
tes commandements.
YHWH,
tes jugements,
: selon ton dire
•
me verront j'espère.
.. que sont justes
=76
79
m'ont fait et j'apprendrai
sur tas préceptes.
TES CRAIGNANT
tes ordres !
parfait je ne rougisse pas.
sur tes décrets
Deux parties formées de trois segments encadrent une partie plus courte. Les parties extrêmes se correspondent de manière spéculaire : les segments extrêmes mettent en scène le psalmiste dans sa relation à Dieu, dans les segments centraux il est question des « craignant » Dieu en relation avec le psalmiste et dans les segments médians interviennent « les arrogants » qui ont « humilié » le psalmiste ; dans ces segments « avec vérité » (« avec raison ») et « à tort » s'opposent (75c.78b). On remarquera que « tes mains » et « mon cœur », seules parties du corps à être mentionnées, se trouvent au début des segments extrêmes. La partie centrale se distingue des deux autres du fait que le psalmiste prie Dieu de mettre en œuvre son « amour » et ses « miséricordes » en sa faveur. INTERPRÉTATION DU PASSAGE Ce passage rassemble tous les personnages avec lesquels le psalmiste est en relation, « Yhwh » avant tout, mais aussi ses « craignant » et « les arrogants ». En outre, il contient tous les synonymes de « loi », un dans chaque segment, sans qu'aucun ne soit répété.
Le psaume 119
183
Le Seigneur, source de la vie Plus encore que « la consolation » (76), c'est la vie que désire le psalmiste (77). La vie, il l'a reçue des « mains » de Dieu, quand il a été façonné et « établi » au commencement (73). Toutefois, la vie ne se limite pas à la création ; « la loi » donnée par le Seigneur est la nourriture « délectable » qui entretient la vie et lui permet de se développer (77). Encore faut-il qu'elle soit assimilée, intériorisée, comprise et apprise (73b), que le « cœur » lui soit appliqué parfaitement (80). Mais cela est hors de la portée de l'homme, et c'est pourquoi le psalmiste prie son Seigneur de le lui accorder (73b.80a). L 'humiliation des arrogants, juste moyen
d'éducation
Qui se délecte dans « la loi » du Seigneur (77b) et « médite sur ses préceptes » (78c) est inévitablement en butte aux «arrogants», qui 1'« humilient» et le « maltraitent » « à tort » (75c.78ab). Leur victime invoque l'aide de Dieu pour que lumière soit faite sur leur mensonge et qu'ils en soient couverts de honte (78a). C'est « à tort » que le juste est « maltraité » par les arrogants (78ab), et c'est pourtant « avec vérité », avec raison que le Seigneur l'a ainsi « humilié » (75c). Il reconnaît dans son humiliation un «juste j u g e m e n t » divin. Ce n'est donc pas seulement par les commandements de la loi, donnés une fois pour toutes sur le mont Sinaï, que le Seigneur éduque ses fidèles, mais aussi par les vicissitudes de la vie, et même par la persécution des arrogants. Le soutien de ceux qui craignent le Seigneur Le psalmiste n ' a pas que des ennemis qui l'humilient, il a aussi des amis : ce sont ceux qui, comme lui, « craignent » le Seigneur. « Ils se réjouiront » (74a) en voyant le psalmiste apprendre les commandements et les comprendre avec l'aide de Dieu (73b), en constatant que c'est en sa parole qu'il espère (74b) et qu'il est même capable de reconnaître dans l'humiliation l'intervention bienfaitrice du Seigneur (75). Peut-être ébranlés un temps par les accusations mensongères portées contre le psalmiste (78ab), ils reviendront vers lui quand les arrogants rougiront (78a) et que le juste au cœur parfait sera libéré de la honte (80). Tout cela, certes, n'est pas encore réalisé ; mais l'espérance que le psalmiste a mis dans son Dieu (74b) ne saurait le décevoir : il est sûr d'être exaucé, puisqu'il s'appuie sur la « fidélité » du Seigneur et sur ses « miséricordes », sur ce qu'il a dit à son serviteur (76-77).
184
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
6. DE TA LOI JE ME DÉLECTE, CAR TU M'AIMES (WAW - YOD ; 41-80) COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE Les deux premiers
passages
Waw 41
Et m'adviennent tes fidélités, Yhwh, Et je répondrai à qui m'Insulte une parole 43 Et n'éloigne pas de ma bouche 42
ton salut selon :! car j'ai confiance en TA PAROLE, la PAROLE de loyauté complètement, c a r e n TES JUGETIENTS J ' E S P È R E .
44
Et J'OBSERVERAI i % M M constamment Et je marcherai au large, 46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois
à jamais et toujours. car tes préceptes je recherche. et je ne rougirai pas.
Et je me délecterai de tes commandements, Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements,
lesquels j'aime, lesquels j'aime et je méditerai sur TBSQêcms.
45
47 48
Zayin 49
Souviens-toi de la PAROLE à ton serviteur, Cela ma consolation dans ma misère 51 Des arrogants me raillent complètement, 50
52
Je me souviens de TES JUGEMENTS à jamais, L'indignation me saisit pour les méchants, 54 Des hymnes sont pour moi TBDécms, 53
55 56
Je me souviens les nuits de ton nom, Yhwh, Cela est pour moi
par laquelle tu me fais E S P É R E R . car ^ \ me fait vivre, de TA LOI je ne dévie pas. Yhwh, et je me console, les abandonnant TA LOI. dans la maison de ma résidence. et j'observerai
I \ LOI.
c ar tes préceptes
j e garde.
Les premières parties se correspondent avec la reprise de « ton dire » (41 ; 50), de « parole » (42.43 ; 49), de « espérer » (43 ; 49). À « qui m'insulte » (42) correspondent les « méchants » (53). Dans la deuxième partie du premier passage (44-46) et dans la dernière partie du second passage (55-56) est répété le syntagme « Et j'observerai ta loi » (44 ; 55) et à « car les préceptes je recherche » (45) répond « car tes préceptes je garde » (56) 20 . Les ennemis sont mentionnés seulement dans les deux premières parties (42.46; 51.53).
20
Ce qui est un cas de la 4e loi de Lund (voir Traité, 98).
Le psaume 119 Les deux derniers
185
passages
Tet 65 Du bon TU AS FAIT avec TON SERVITEUR, Yhwh, selon TA PAROLE, 66 La bonté du JUGEMENT et de la MM APPRENDS-MOI, car en m cmmméemem j'ai foi. 67 68 69 70
Avant d'être humilié\ moi je m'égarais, Bon toi et bienfaisant,
mais maintenant
" j'observe.
AMUMS-MOI ÎBSDêcmS.
Projettent sur moi le «, r des arrogants, moi, de tout cœur je garde tes préceptes. moi, de * MI je me délecte. Est épais comme graisse leur cœur,
71 Bon pour moi d'être humilié\ 72 Bonne pour moi LÀ LOI de ta bouche,
afin que J'APPHM resDÉems. plus que millions d'or et d'argent.
Yod 73 Tes mains M'ONT FAIT et m'ont établi, 74 Tes craignant me verront et se réjouiront, 75 J'AI CONNU, Y h w h , 76 77
Que soit ta fidélité ma consolation, Que me vienne ta miséricorde et je vivrai,
78 Que rougissent les arrogants, 79 Que retournent à moi tes craignant 80
Que soit mon cœur parfait sur muéems
et J'APPRENDRAI tes cmtmàmms. car en TA PAROLE j'espère, que sont justes tes jugements, et qu'avec vérité tu m'as humilié.
FAIS-MOI COMPMNDM
selon car TA LOI
à TON SERVITEUR ! mes délectations.
car en ils me maltraitent ! moi, je médite sur tes préceptes. et Ltsmwssm tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
Les premières parties sont marquées par la reprise de « faire » en termes initiaux (65.73) ; en même position, « car en ta parole j'espère » (74) répond à « car en tes commandements j ' a i foi » (66) ; « ta parole » et « tes commandements » sont repris en même position (65.66 ; 73.74) ; les impératifs « fais-moi comprendre et j'apprendrai » de 73 rappellent celui de 66, « apprends-moi ». Le nom de « Yhwh » ne revient que dans ces deux parties. Dans les parties médianes les deux occurrences de « ton dire » jouent le rôle de termes initiaux ; les membres semblables, « moi, de ta loi je me délecte » (70) et « car ta loi (est) ma délectation » (77), jouent le rôle de termes finaux. On pourra noter dans les parties finales la reprise de « afin que » (71.80). Les deux passages sont marqués par les termes qui appartiennent au champ sémantique de la connaissance : « apprendre » (66.68.71 ; 73), « science » (66) et « connaître » (75.79) qui sont de même racine (yd'), « faire comprendre » (73). Revient aussi le verbe « humilier » (67.71 ; 75).
186
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les rapports entre les paires de passages
extrêmes
Waw
Et QUE MW VIENNENT TES FIDÉLITÉS, Yhwh,
ton salut selon ! en TÂ PAROLE. CAR j'ai confiance la PAROLE de loyauté totalement, J'ESPÈRE. CAR EN t e s j u g e m e n t s à jamais et toujours.
Et je répondrai à qui m'insulte une parole, 43 Et n'éloigne pas de ma bouche 42
Et J'OBSERVERAI TA LOI constamment Et je marcherai au large, 46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois
44
45
47
Et JE MB OÉIÈCRM d e t e s c o m m a n d e m e n t s ,
48
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements,
CAR t e s préceptes
je recherche.
et je ne rougirai pas. lesquels j'aime. lesquels j'aime et JE MÉDITERAI SUR
tes décrets.
Zayin 49 Souviens-toi de la PAROLE à M SERVITEUR, 50 Cela (est) ma consolation dans ma misère 51 Des ARROGANTS me raillent complètement, 52 Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, 53 L'indignation me saisit pour les méchants, 54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, 55 Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, 56 Cela est pour moi
par laquelle tu me fais espérer. CAR ; ME FAIT VIVRE. de TA LOI je ne dévie pas. et je me console. les abandonnant TA LOI. dans la maison de ma résidence. et J'OBSERVERAI
TA LOI.
CAR t e s préceptes
je garde.
[57-64] Tet 65 Du bon tu as fait avec M SEIMIÏIL, 66 La bonté du jugement et de la science apprends-moi, 67 Avant d'être humilié, moi je m'égarais, 68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, 69 Projettent sur moi le mensonge des ARROGANTS, 70 Est épais comme la graisse leur cœur, 71 Bon pour moi d'être humilié 72 Bonne pour moi LA LOI de ta bouche, Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, 74 Tes craignant me verront et se réjouiront, 75 J'ai connu, Yhwh, 77
Que soit TA mimi ma consolation, QUE M1ADVIENNE ta miséricorde
78
Que rougissent les ARROGANTS,
79
Que retournent à moi tes craignant Que soit parfait mon cœur sur tes décrets
76
80
ET J E
Yhwh, selon TA PAROLE. CAR en t e s c o m m a n d e m e n t s j'ai foi. J'OBSERVE. et maintenant apprends-moi tes décrets. MOI, de tout cœur je garde tes préceptes. MOI, de i k i o i JB LIB CÉLECTE. afin d'apprendre tes décrets. plus que millions d'or et d'argent.
fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements. CAR EN TA PAROLE J'ESPÈRE. que sont justes tes jugements, et qu'avec vérité tu m'as humilié, selon à ton serviteur ! CAR TA LOI (est) mmmmm. VIVRAI, car à tort ils me maltraitent ! MOI, JE MÉDITE SUR tes préceptes. et les connaissant tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
Les deux premiers passages et les deux derniers se correspondent en miroir. Les passages extrêmes ont en commun : « que m'advienne » (41.77), « fidélité^) » (41.76), « car j'espère » (43b.74), « se délecter » et « délectations » (47.70.77), «méditer s u r » (48b.78b) ; « j e ne rougirai p a s » (46) est repris, avec la même négation, en 80 (précédé par « que rougissent » en 78). Ce sont les seuls passages de la sous-séquence qui comprennent deux trimembres (43.48 ; 75.78).
187
Le psaume 119
Les passages médians commencent avec « ton serviteur » et « parole » (49.65), qui jouent donc le rôle de termes initiaux ; y reviennent « des arrogants » (51.69) ; « ta loi » revient trois fois dans le second passage (51.53.55) et deux fois dans l'avant-dernier (70.72), alors que le terme n'apparait qu'une seule fois dans les passages extrêmes. Dans les deux premiers passages quatre membres finaux commencent par « car ». Leurs verbes sont à la première personne et leurs compléments sont des synonymes de « ta loi » : CAR CAR
J'AI CONFIANCE
en ta parole
en tes jugements
J'ESPÈRE
42 43
CAR CAR
tes préceptes tes préceptes
JE RECHERCHE JE GARDE
45 56.
On peut ajouter à cette liste deux autres membres finaux qui commencent par « et » mais sont de même composition : ET ET
JE MÉDITERAI SUR J'OBSERVERAI
tes décrets
48b
ta loi
55.
Il en va de même dans les derniers passages où trois seconds membres commencent par « car » : CAR CAR
en tes commandements en ta parole
CAR
ta loi (est)
J'AI FOI J'ESPÈRE MES DÉLECTATIONS
66 74 77.
À quoi il faut en ajouter trois qui commencent par « moi » et un qui commence par « et » : MOI,
de tout cœur
MOI,
de ta loi
MOI,
JE MÉDITE SUR
ET
maintenant
JE GARDE
tes préceptes
69
JE ME DÉLECTE
70
tes préceptes
ton dire
J'OBSERVE
78b
67.
On remarquera que le verset 50 commence lui aussi par « car », mais le sujet n'est plus le psalmiste mais le « dire » du Seigneur : CAR
ton dire
ME FAIT VIVRE
50
« Les arrogants » reviennent dans chacun des deux derniers passages (69. 78) ; ils apparaissaient déjà dans le second passage (51), à quoi correspond dans le premier passage « qui m'insulte » (42) et « méchants » dans le second (53). « Ta/tes fidélité(s) » et « ma consolation » au début des deux premiers passages (41.50) reviennent, en contiguïté, au centre du dernier passage (76). « Je vivrai » de 77 rappelle « me fait-vivre » de 50. Les passages extrêmes sont les seuls qui contiennent des trimembres, deux dans chaque passage (43.48 ; 76.78).
188
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les rapports entre le passage central et les quatre Waw 41 Et que m'adviennent THS FIDÉLITÉS, YHWH, 42 Et je répondrai à qui m'insulte une parole, 43 Et n'éloigne pas de ma bouche Et J'OBSERVERAI TA loi constamment Et je marcherai au large, 46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois 47 Et je me délecterai de tes commandements, 48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, 44
45
Zayin 49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur, 50 Cela (est) ma consolation dans ma misère 51 Des arrogants me raillent complètement, 52 Je me souviens de tes jugements de jamais, YHWH, 53 L'indignation me saisit pour les méchants, 54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, 55 Je me souviens LA KIUÎÎ de ton nom, YHWH, 56 Cela est pour moi Het Ma part, YHWH, je le dis, 58 J'apaise ta face de tout cœur, 59 Je réfléchis sur mes chemins 60 J e me hâte et point ne tarde 61 Les liens des méchants m'enveloppent, 62 Au milieu-de LA S je me lèverai pour te célébrer, 63 Compagnon je suis de tous CEUX QUITE ORAIONENT 64 TA FHÉIIÉ, YHWH, remplit la terre, 57
Tet 65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, 66 La bonté du jugement et de la science APPRENDS-MOI, 67 Avant d'être humilié, moi je m'égarais, 68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, 69 Projettent sur moi le mensonge des arrogants, 70 Est épais comme la graisse leur cœur, 71 Bon pour moi d'être humilié 72 Bonne pour moi LA LOI de ta bouche, Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, 74 TES CRAISNAÏÎT me verront et se réjouiront, 75 J'ai connu, YHWH, Que soit TA iiPîxili ma consolation, Que m'advienne ta miséricorde et je vivrai, 78 Que rougissent les arrogants, 76 77
79 80
Que retournent à moi TES CFJCTANT Que soit parfait mon cœur sur tes décrets
autres
ton salut selon ton dire ! CAR J'AI CONFIANCE EN TA PAROLE. la parole de loyauté totalement, CAR EN TES JUGEMENTS J'ESPÈRE. à jamais et toujours. JE RECHERCHE. CAR TES PRÉCEPTES et point ne rougirai. lesquels j'aime. j'aime lesquels tes décrets. et je méditerai sur
par laquelle tu me fais espérer. CAR TON DIRE ME FAIT VIVRE. de TA LOI je ne dévie pas. et je me console. les abandonnant TA LOI. dans la maison de ma résidence. et J'OBSERVERAI TA LOI. CAR TES PRÉCEPTES JE GARDE.
D'OBSERVER TES PAROLES. fais-moi-grâce selon ton dire ! et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres. D'OBSERVER TES COMMANDEMENTS. TA Lût je n'oublie pas. pour les jugements de TA JUSTICE. et des OBSERVANT TES PRÉCEPTES. tes décrets APPRENDS-MOI.
YHWH, selon ta parole. CAR EN TES COMMANDEMENTS J'AI FOI. J'OBSERVE. et maintenant ton dire APPRENDS-MOI tes décrets. moi, de ioui cœur je garde tes préceptes. je me délecte. moi, de TA LOI afin D'APPRENDRE tes décrets. plus que millions d'or et d'argent.
fais-moi comprendre et Japprendra; tes commandements. CAR EN TA PAROLE J'ESPÈRE. que sont JUSTES tes jugements, et qu'avec vérité tu m'as humilié. selon ton dire à ton serviteur ! CAR <'Â LDI EST MES DÉLECTATIONS. car à tort ils me maltraitent ! moi, je médite sur tes préceptes. et les connaissant tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
Le psaume 119
189
Les passages extrêmes ainsi que le passage central contiennent une seule occurrence des huit synonymes, « parole(s) », « dire », « ordres », « commandements », « loi », « jugements », « préceptes » et « décrets ». Dans le second et l'avant-dernier passage le total de huit est préservé : dans le deuxième, en effet, la triple occurrence de « loi » compense l'absence de « ordres » et de « commandements » ; et dans l'avant-dernier l'absence de «ordres» et «jugements» est compensée par la double occurrence de « décrets » et de « loi ». Le terme qui revient le plus souvent est donc « loi » : une fois dans les passages extrêmes et le passage central, trois fois dans le second passage et deux fois dans l'avant-dernier (44 ; 51.53.55 ; 61 ; 70.72 ; 77), soit huit fois. Dans le passage précédent apparaissaient déjà « les méchants » (53.55) et « la nuit » (61.62). Dans le passage suivant reviendra « de tout cœur » (58.69), à quoi font écho les deux autres occurrences de « cœur » en 70 et 80. — A « ta justice » (62) répondra « justes » dans le dernier passage (75). — De même à « ceux qui te craignent » (63) répondront les deux occurrences de « tes craignant », toujours dans le dernier passage. — « Apprendre » par lequel s'achève le passage central (64) sera repris dans les deux passages suivants (66.68.71 ; 73 où il est couplé avec « faire comprendre »). Entre les cinq passages : « observer » qui revient trois fois dans le passage central (57.60.63) apparaissait dans chacun des passages précédents (avec comme complément d'objet direct « ta loi » : 44.55) ainsi que dans le passage suivant (67). — « Tes fidélités » au début du premier passage (41) se retrouve, au singulier, à la fin du passage central (64) et sera repris aussi dans le dernier passage (76). — Le nom de « Yhwh» revient dans les cinq passages (41 ; 52.55 ; 57 ; 65 ; 75), dont trois fois au début du passage (41. 57.65). — Si « méchants » de 61 n'est utilisé qu'une seule fois dans le passage précédent (53), ses synonymes ne manquent pas : « qui m'insulte » (42), « arrogants » (51.69. 78), qui « maltraitent » (78). — Enfin, même si le mot « chemins » n'apparait qu'une seule fois (69), il est suivi de « pieds », puis de « j e me hâte et ne tarde » (60) dans le passage central, de « j e marcherai » (45) et « j e m'égarais » (67) qui appartiennent au même champ sémantique. La caractéristique la plus notable de cette sous-séquence est la liste déjà relevée dans les deux premiers et les deux derniers passages des membres finaux qui commencent par « c a r » (et par « m o i » ou « e t » ) dont le sujet est le psalmiste et l'objet la loi du Seigneur. Dans le passage central en revanche il ne se trouve aucun second membre qui commence par « car ». Toutefois il est possible de noter la reprise de « observer » suivi d'un synonyme de « la loi » (57.60.63) ; les deux premières fois le sujet du verbe est le psalmiste, la troisième fois, ce sont « ceux qui craignent » le Seigneur.
190
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les
demandes
Waw 41
ET QUE M'ADVIENNENT t e s fidélités, Y H W H ,
t o n salut SELON TON DIRE!
42
Et je répondrai à ÇUIM'IÏJSULTEune parole, ET N'ÉLOIGNE PAS de ma bouche
car j'ai confiance en ta parole. LA WM£ DE « totalement, car en tes jugements j'espère. à jamais et toujours. car tes préceptes je recherche. et point ne rougirai. lesquels j'aime. lesquels j'aime et je méditerai sur tes décrets.
43
Et j'observerai ta loi constamment Et je marcherai au large, 46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois 47 Et je me délecterai de tes commandements, 48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, 44
45
Zayin 49
SOUVIENS-TOI d e IABAROE à t o n serviteur,
Cela (est) ma consolation dans MA MISÈRE, 51 DSSARROCIAMM raillent complètement, 52 Je me souviens de tes jugements de jamais, YHVVH, 53 L'indignation me saisit pour LSSXÉCBMTS, 54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, 55 Je me souviens la nuit de ton nom, YHWH, 56 Cela est pour moi, 50
par laquelle tu me fais espérer. car ton dire me fait vivre. de ta loi je ne dévie pas. et je me console. les abandonnant ta loi. dans la maison de ma résidence. et j'observerai ta loi. car tes préceptes je garde.
Het 57
M a part, Y H W H , j e le dis,
J'apaise ta face de tout cœur, 59 Je réfléchis sur mes chemins 60 Je me hâte et point ne tarde 61 Les liens des MSOEAMTS m'enveloppent, 62 Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer, 63 Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent 64 Ta fidélité, YHWH, remplit la terre, 58
Tet 65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, 66 La bonté du jugement et de la science AWRETËJS-MCN, 67 Avant d'être HUMILIÉ, moi je m'égarais, 68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, 69 Projettent sur moi le mensonge des ARROSANTS, 70 Est épais comme la graisse leur cœur, 71 Bon pour moi d'être HUMILIÉ 72 Bonne pour moi la loi de ta bouche, Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, 74 Tes craignant me verront et se réjouiront, 75
J'ai c o n n u , YHVVH,
76
QUE SOIT ta fidélité ma consolation, QUE M'ADVIENNE ta miséricorde et je vivrai, QUE ROUGISSENT les ARROGANTS,
77 78
79
QUE RETOURNENT à m o i tes c r a i g n a n t
80
QUE SOIT PARFAIT m o n c œ u r s u r T B DÉCRETS
d'observer tes paroles. FAIS-MGI-GRÂCE SELON TON DIRE !
et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres. d'observer tes commandements. ta loi je n'oublie pas. pour les jugements de ta justice. et des observant tes préceptes. tes décrets APPRENDS-M.
YHVVH, selon ta parole.
car en TES(MWMMS j'ai foi. et maintenant ton dire j'observe.
ÂPPP£HD$~MI 7 B DÉCRETS. moi, de tout cœur je garde tes préceptes. moi, de ta loi je me délecte. afin d'apprendre tes décrets. plus que millions d'or et d'argent.
M & m c a * m 0 R E & j'apprendrai ÏB ccnmBms. car en ta parole j'espère. que sont justes tes jugements, et qu'avec vérité tu m'as humilié. SELON TON DIRE à t o n serviteur !
car ta loi est mes délectations. car à tort ILS ME MALTRAITENT ! moi, je médite sur tes préceptes. et les connaissant tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
Le psaume 119
191
Les demandes ne sont que deux dans le premier, le troisième et le quatrième passage (41.43 ; 58.64 ; 66.68), une seule dans le deuxième (49) ; elles se font nettement plus nombreuses dans le dernier passage : une fois dans le premier segment, mais cinq fois dans les cinq derniers segments (73.76.77. 78.79.80). Les demandes sont toujours adressées à Dieu, dont le nom de « Yhwh » revient sept fois, une ou deux fois dans chaque passage (41 ; 52.55 ; 57.64) ; 65 ; 75). Le psalmiste prie son Seigneur pour qu'il lui « apprenne » à « comprendre » ses décrets (64.66.68.73), pour qu'il le garde fidèle à sa loi (43.80), « selon son dire » (41.49.58.76) ; il invoque aussi son secours contre ceux qui 1'« insultent » (42) et le « maltraitent » (78), les « arrogants » (51.69), les « méchants » (53.61), qui 1'« humilient » (67.71). INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE
« Que m 'advienne... ton salut ! » Le premier verset donne le ton : si le psalmiste invoque « l'amour » du Seigneur pour obtenir « le salut », c'est qu'il est en danger. Il est même en danger de mort, puisque c'est « le dire » de son sauveur (41) qui le « fait vivre » (50). En effet, il se trouve en butte à ceux qui « l'insultent » (42), qui le « raillent complètement » (51) et le plongent dans « la misère » (50), qui l'accablent par leur « mensonge » (69-70), qui le « maltraitent à tort » (78). Au centre, il en vient à dire: « l e s liens des méchants m'enveloppent» (61), comme s'ils voulaient ligoter ses « pieds » pour qu'il ne puisse pas « marcher au large » (45) et « se hâter » dans les chemins du Seigneur (60). L 'humiliation Dans le deuxième versant de la sous-séquence, le psalmiste reconnaît qu'il fut un temps où il s'était « égaré » (67) et que le Seigneur dans sa « bonté » a eu raison de 1'« humilier» (67.71.75). On peut comprendre que c'est par les « arrogants » qui l'ont « insulté » et « maltraité à tort » que le Seigneur l'a corrigé. Voyant comment « les méchants » abandonnaient la loi, « l'indignation » le saisit et le fait « réfléchir » sur ses « chemins » (59). Ainsi les « arrogants » « rougiront » (78) et les « craignant » Dieu « reviendront » vers lui. En toute humilité, il peut en venir enfin à demander au Seigneur « que soit parfait » son « cœur », de sorte qu'il n'ait plus à « rougir » (80) comme « les arrogants » (78).
192
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques C. TON AMOUR M E SAUVE DE LA MORT ( K A P H - LAMED : 81-96)
k Pour un peu ils m'achèvent dans la terre
81-88
1 À tout achèvement j'ai vu une fin
89-96
1. POUR UN PEU ILS M'ACHÈVENT DANS LA TERRE (KAPH : 81 -88) COMPOSITION DU PASSA GE La première partie
(81-83)
- 8 1 S'ACHÈVE :: en ta parole
pour ton salut j'espère.
mon âme,
- 82 S'ACHÈVENT - en disant :
mes yeux « Quand
pour ton dire, me consoleras-tu ? »
- 8 3 Bien que je sois :: te décrète
comme une outre j e n'oublie pas.
dans la fumée,
La construction des segments extrêmes est semblable : les premiers membres disent le malheur dans lequel se trouve l'orant, tandis que les seconds membres affirment son attachement à la « parole » et aux « décrets » du Seigneur. Au centre, comme souvent, une question (82b). Les deux premiers segments commencent avec le même verbe 21 , dont le sujet est « m o n â m e » dans le premier, « mes yeux » dans le second. La deuxième partie 84
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OUNN D
- 8 5 Me creusent + lesquels (ne sont) + 8 6 Tous - en mensonge
(84-86) sont les jours feras-tu
de ton serviteur ? d eMES PERSÉCUTEURS jugement ?
DES ARROGANTS
des fosses
pas selon ta loi. tes commandements IlSME PmumïM :
vérité, secours-moi.
21 Traduit par « s'achever » à cause de la reprise du même verbe au verset 87 ; le psautier liturgique le rend par « être usé », Osty par « être consumé ».
Le psaume 119
193
Les deux questions du premier segment sont corrélées : on comprend que, les jours du suppliant étant limités, il a hâte d'être libéré. Les deux derniers segments disent ce que font les « persécuteurs » « arrogants » : ils veulent le prendre au piège, en usant du « mensonge », alors que les commandements, c'est-àdire la « loi » à laquelle ils ne se conforment pas, sont au contraire « vérité » 22 . La partie s'achève par un appel au secours qui fait écho à la deuxième question du premier segment. La troisième partie
(87-88)
- 8 7 Presque :: mais moi
ILS M'ACHÈVENT je n ' abandonne pas
dans la terre, t e s préceptes.
+ 8 8 Selon ta fidélité : : et j'observerai
FAIS-MOI VIVRE, Tordre
de ta bouche.
Les deux segments sont parallèles. À la mort que les adversaires entendaient infliger au psalmiste (87a), s'oppose la vie qu'il demande au Seigneur (88a). Les seconds membres répètent sa fidélité à la loi de Dieu. L 'ensemble du passage Kaph - 8 1 S'ACHÈVE
:: en ta parole
- 8 2 S'ACHÈVENT - en disant : 83
(81-88)
pour TON SALUT
mon âme,
J'ESPÈRE.
mes yeux « Quand
pour ton dire, me consoleras-tu ? »
:: tes décrets
JE N'OUBLIE PAS.
comme une outre
dans la fumée,
.. 84 Combien .. Quand
sont les jours feras-tu
de ton serviteur ? de MES PERSÉCUTEURS jugement ?
- 8 5 Me creusent - lesquels (ne sont)
DES ARROGANTS pas selon t a loi.
DES PASSES
+ 8 6 Tous - en mensonge
tes c o m m a n d e m e n t s ILS M PERSÉCUTENT :
SECOURS-MOI !
- 8 7 Presque :: mais moi
ILS M'ACHÈVENT JE N'ABANDONNE RAS
t e s préceptes.
+ 88 Selon ta fidélité :: et j'observerai
FAIS-MOI VIVRE,
-
22
Bien que je sois
Tordre
sincérité,
dons \a t e r r e ,
de ta bouche.
'ëmûnâ souvent traduit par « fidélité », indique ce qui est solide, ce sur quoi on peut s'appuyer.
194
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- 8 1 S'ACHÈVE
:: en ta parole
- 8 2 S'ACHÈVENT - en disant : - 8 3 Bien que je sois
pour TON SALUT
mon âme,
J'ESPÈRE.
mes yeux « Quand
pour ton dire, me consoleras-tu ? »
:: tes décrets
JE N'OUBLIE RAS.
comme une outre
dans la fumée,
.. 84 Combien .. Quand
sont les jours feras-tu
de ton serviteur ? de MES PERSÉCUTEURS
- Me creusent - lesquels (ne sont)
DES ARROGANTS pas selon ta loi.
DES FOSSES
+ 8 6 Tous - en mensonge
tes commandements
sincérité,
ILS ME PERSÉCUTENT :
SECOURS-MOI !
85
- 8 7 Presque :: mais moi + 88 Selon ta fidélité :: et j'observerai
ILS M'ACHÈVENT JE N'ABANDONNE RAS
jugement ?
dans la t e r r e ,
tes préceptes.
FAIS-MOI VIV RE,
l'ordre
de ta bouche.
Dans les parties extrêmes le psalmiste expose son état d'« achèvement ». Il joue sur les mots : au début c'est lui-même qui est à bout, « fini », tandis qu'à la fin ce sont ses persécuteurs qui ne sont pas loin de l'achever, de l'enterrer. Dans la partie centrale, il appelle au secours contre ses ennemis (c'est le seul endroit où les ennemis sont mentionnés, et de manière insistante, dans chaque segment). Le même verbe traduit par « s'achever » et « achever » est repris au début des parties extrêmes, faisant inclusion pour le passage entier ; « fais-moi vivre » à la fin (88a) rappelle « ton salut » du début (81a) et « secours-moi » à la fin de la partie centrale. On remarquera les protestations de fidélité dans les seconds membres de la dernière partie (87a. 88b) de même que dans les seconds membres des segments extrêmes de la première partie (81b.83b), lesquelles s'opposent à l'infidélité des « arrogants » au centre de la partie centrale (85b). Enfin, « dans la terre » (87a) rappelle « les fosses » de 85a. INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Au bord de la fosse En butte aux « arrogants » qui le persécutent à mort, le psalmiste n'en peut plus, il est à bout, usé jusqu'à la corde, consumé, suffoqué par la « fumée ». Certes, qui entend demeurer fidèle à Dieu et à ses préceptes est inévitablement soumis à critique et contradiction de la part de ceux qui se moquent de la loi divine. Mais ces derniers ne sont pas seulement des opposants ou même des
Le psaume 119
195
ennemis pour le suppliant, ce sont des « persécuteurs » et qui en veulent à sa vie. Il se voit au bord de la « fosse », prêt à être jeté en « terre ». Quand ? Or le Seigneur est silencieux et parait même absent. Il a laissé son fidèle se consumer, sans intervenir, sans le secourir. Le temps semble désespérément long pour celui qui se trouve dans l'épreuve et, dans sa nuit, ne voit pas le bout du tunnel. Il a le sentiment qu'il n'en sortira jamais jusqu'à la fin de ses jours. Le Seigneur n'interviendra-t-il donc jamais et l'abandonnera-t-il jusqu'à la fin ? Pourtant il ne perd pas espoir : « en ta parole j'espère ». Il ne met pas en doute « l e salut» (81a) qui ne manquera pas d'arriver, il sait que son appel au « secours » (86b) ne restera pas sans réponse pour toujours, il est sûr qu'il sera arraché à la fosse et que son Dieu le « fera vivre » (88). Mais « quand ? » « Quand me consoleras-tu ? » « Quand condamneras-tu mes persécuteurs ? » Je n 'abandonne pas ta loi Le Seigneur semble avoir oublié celui qui se trouve dans l'épreuve et en danger de mort, comme s'il l'avait abandonné. Malgré cela, le persécuté à cause de la loi « n'oublie pas les décrets » de Dieu (83b), « il n'abandonne pas ses préceptes » (87b). C'est que, contrairement au « mensonge » de ses persécuteurs, les paroles du Seigneur sont sincères et véridiques. Il croit, de foi certaine, qu'il peut s'appuyer sur elles qui sont source de vie. 2 . À T O U T A C H È V E M E N T J ' A I V U U N E FIN (LAMED : 8 9 - 9 6 )
COMPOSITION DU PASSAGE
La première partie +89 À jamais, + t a parole 90
+ D'âge + tu as établi 91
S u r tes jugements
+ car tous (sont)
(89-91) Yhwh, se dresse
dans
L E S GBUX ;
en âge,
t a fidélité ;
LA TERRE,
ELLE SUBSISTE ;
ILS SUBSISTENT
à ce jour,
TES SERVITEURS
Commençant avec des compléments de temps synonymes, les deux premiers segments sont complémentaires : comme la parole de Dieu dans « les cieux », ainsi « la terre » subsiste à jamais. Le dernier segment répète le verbe « sub-
196
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
sister », en l'appliquant à « tous », c'est-à-dire aussi bien les cieux que la terre, appelés les « serviteurs » du Seigneur 23 . La deuxième partie
(92-94)
:: 92 Si - alors
ta loi ne m'eût délecté, J'AURAIS ÉTÉ PERDU dans mon humiliation.
:: 93 À jamais + car par eux
je n'oublierai pas TU ME FAIS VIVRE.
tes préceptes,
moi, je recherche.
SAUVE-MOI,
+ 94 À toi :: car tes préceptes
Le premier membre des deux premiers segments de même que le second membre du troisième segment sont semblables : le psalmiste y répète son amour de la « loi » et des « préceptes » du Seigneur. Les autres membres eux aussi se ressemblent. L'appel au secours de la fin (94a) est précédé de deux constatations opposées : la mort que le psalmiste aurait encouru (92b) sans l'aide de la loi (92a.93a) qui le « fait-vivre » (93b). La troisième partie -
95
M'attendent
:: à tes ordres
+ 9 6 À tout + large (est)
(95-96) des méchants je suis attentif.
POMME FERME,
ACHÈVEMENT
j'ai vu beaucoup !
ton commandement
une fin :
Les premiers membres s'opposent : l'acharnement des méchants pour « perdre » le juste (95a), pour son « achèvement » 24 (c'est-à-dire pour l'achever : 96), aura « une fin ». Les seconds membres sont complémentaires : l'homme respecte les « ordres » de Dieu (95b) dont « le commandement » est « large » (96b), c'est-à-dire vaste, sans limites, sans fin. Les deux membres du dernier segment s'opposent : l'achèvement a une fin, tandis que le commandement du Seigneur n'en a pas.
23 Bien que le terme « fidélité » ne fasse pas partie des huit synonymes de « loi », il peut être considéré ici comme un de ses équivalents, parce qu'il est précédé de « d'âge en âge » comme « ta parole » est précédée de « à jamais ». 24 Ce substantif ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible hébraïque ; pour le comprendre, il faut le mettre en relation avec les trois occurrences du verbe de même racine dans le passage précédent, en particulier avec la dernière : « Pour un peu ils m 'achevaient dans la terre » (87a). Ce que corrobore le parallèle avec « perdre » du segment précédent (95a)
Le psaume 119 L 'ensemble du passage Lamed + 8 9 À jamais,
(89-96)
+ ta parole
Yhwh, se dresse
+ 9 0 D'âge + tu as établi
en âge, la terre,
ta fidélité ;
ils subsistent tes serviteurs.
à ce jour,
ta loi
ne m 'eût délecté,
+
91
Sur tes jugements
+ car tous (sont) :: 92 Si - alors
dans les cieux ; elle subsiste ;
MIRAIS M PESOU
dans mon humiliation.
:: À jamais + car par eux
je n 'oublierai pas TU ME FAIS VIVRE.
TES PRÉCEPTES,
+ 94 À toi
moi, je recherche.
SAUVE-MOI,
des méchants
POUR ME PERMHE,
93
:: car TES PRÉCEPTES
-
197
95
M'attendaient
:: à tes ordres
je suis attentif.
+ 96 À tout + large
ACHÈVEMENT ton commandement
j'ai vu beaucoup !
une fin :
Le passage commence par une sorte de profession de foi dans la solidité de la loi, qui « subsiste » dans toute la création (89-91). La partie centrale poursuit dans la même veine clairement positive, mais cette fois-ci non plus de manière générale comme dans la première partie, mais appliqué à la vie du psalmiste. En effet, il aurait « été perdu » si le Seigneur ne l'avait « fait-vivre » (92-93) ; la partie s'achève par une supplication pour l'avenir : « sauve-moi ». Dans la dernière partie enfin, l'orant reconnaît que son épreuve, son « achèvement », a trouvé une fin heureuse grâce à l'aide de Dieu, dont le « commandement » est très large, vaste, immense, sans limites. INTERPRÊTA TION DU PASSA GE La solidité du Seigneur Le regard du psalmiste contemple l'ensemble du créé sur la totalité du temps. Comme la terre, la « parole » de Dieu, ses «jugements » subsistent de toujours à toujours. Toutes les créatures obéissent aux ordres du Seigneur, à sa parole. C'est ainsi que se manifeste sa « fidélité », sa « solidité ».
198
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Le salut de Dieu Ce n'est pas seulement la création qui, grâce à la parole de Dieu, peut subsister, c'est aussi chaque homme qui se fie à cette même parole. Le psalmiste reconnaît qu'il aurait été perdu s'il n'avait mis sa confiance et son amour dans « la loi » du Seigneur. Aussi il lui demeurera fidèle à jamais, car c'est là que se trouve pour lui la source de la vie. Conscient sans doute de sa fragilité, il continuer à implorer que le salut ne viennent jamais à lui manquer. Il a pu subsister grâce à « la loi », ce sont ses « préceptes » qui le maintiennent en vie, ce sont eux qui lui assureront le salut pour toujours. La fin de Vhumiliation Comme la parole de celui qui l'a créé, le monde tient pour toujours. Il n'en va pas de même pour « les méchants ». Ils voulaient « perdre » celui qui est fidèle aux préceptes et aux ordres du Seigneur, ils entendaient en finir avec lui, « l'achever » une bonne fois pour toutes. Mais leur fin coïncidera avec celle des tourments infligés au psalmiste, lequel peut alors célébrer l'immense « largesse » du commandement de Dieu, la puissance infinie de sa parole salvatrice, comme est infiniment fidèle son pouvoir créateur. 3. TON AMOUR ME SAUVE DE LA MORT (KAPH - LAMED) COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Les deux passages se correspondent selon un certain parallélisme. Dans les premières parties, « ta parole » revient en position identique au début du second membre du premier segment. La double occurrence de « subsister» (90b.91a) s'oppose à la double occurrence de «s'achever» (81a.82a). Au « q u a n d » de 82b (repris dans la partie suivante en 84b) répondent « à jamais » et « d'âge en âge » de 89a et 90a (« à jamais » sera repris dans la partie suivante en 93a). Dans les secondes parties, deux termes sont répétés : « persécuteurs/ persécuter » dans l'un (84b.86b), « tes préceptes » dans l'autre (93a.94b). La menace de mort s'exprime par « fosses » (85a) et par « être perdu » (92a). Les impératifs synonymes « secours-moi » et « sauve-moi » (86b.94a) remplissent la fonction de termes finaux. Dans les troisièmes parties, « dans la terre » et « pour me perdre » se trouvent en même position, à la fin des premiers membres (87a.95a), faisant écho à « des fosses» et «j'aurais été perdu» des parties précédentes (85a.92a). «Achèvement » de 96a correspond à « ils m'achevaient » de 87. On peut dire que ces deux termes jouent le rôle de termes finaux pour les deux passages et que « achèvement » du dernier segment fait inclusion avec le premier mot de la séquence, « s'achève » (81a).
Le psaume 119 + -
+
81 S'ACHÈVE en TA PAROLE 82
S'ACHÈVENT
en disant : -
83
Bien que je sois
TES DÉCRETS
.. 84 Combien
199
pour ton salut j'espère.
mon âme,
mes yeux « QUAND
pour TON DIRE, me consoleras-tu ? »
comme une outre
dans la fumée,
je n 'oublie pas.
sont les jours feras-tu
de ton serviteur ? DE MES PERSÉCUTEURS
- Me creusent - lesquels
des arrogants pas comme TA LOI.
DES FOSSES
..86 Tous - en mensonge
TES COMMANDEMENTS
sincérité, SECOURS-MOI.
.. QUAND 85
87
Pour un peu mais moi
ILS ME PERSÉCUTENT : ILS M'ACHÈVENT
je n 'abandonne pas
DANS LA ÎEfiRE, TES PRÉCEPTES.
FAIS-MOI VIVRE, L'ORDRE
de ta bouche.
+ 89 ^, J A N A I B , + TA PAROLE
Yhwh, se dresse
dans les cieux ;
+
-
+ -
88
Selon ta fidélité et j'observerai
EN Â 3 E ,
TE sincérité
+ tu as établi
la terre,
ELLE SUBSISTE ;
+
ILS SUBSISTENT tes serviteurs.
à ce jour,
::92 Si - alors
TA LOI J'AURAIS ÉTÉ Flllll!
ne m'eût délecté, dans mon humiliation.
•• 93 A
je n'oublierai pas TU MI FAIS VIVRE.
TES PRÉCEPTES,
moi, je recherche.
SAUVE-MOI,
des méchants je suis attentif.
POUR M FEMME,
ACHÈVEMENT TON COMMANDEMENT
j'ai vu beaucoup !
90
91
P'ÂOE Sur TES JUGEMENTS
+ car tous (sont)
+ car par eux + 94 À toi :: car HSFRtiCXPTB -
95
M'attendaient
à TES CEDEES 96
À tout + immense +
jugement ?
;
une fin :
Le premier mot, utilisé quatre fois dans la séquence — et une seule fois ailleurs dans le psaume (123) — est de la racine klh. Les deux premières consonnes (la troisième est « faible ») sont celles par lesquelles commence chacun des segments du premier et du deuxième passage, kaph et lamed.
200
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
On pourra aussi noter que « tous » (kol) revient trois fois (86a.91b.96a). Ses deux consonnes, kl, sont les mêmes que celles du verbe klh. Ces deux mots ne sont pas sans rapport du point de vue sémantique. Le nom de « Yhwh » n'apparait qu'une seule fois, au début du second passage (89a). INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Quand ? Toujours ! Le psalmiste avait pensé être « achevé » (81-83), il reconnaît maintenant que grâce à la parole de Dieu tout « s u b s i s t e » (89-91). Par deux fois il avait demandé au Seigneur « quand » il serait finalement libéré de ses ennemis (82. 84) ; ayant vu la fin de ses persécutions, par deux fois il confesse que la parole de Dieu et sa fidélité subsistent « à jamais », « d'âge en âge » (89-90). Ainsi la première partie du deuxième passage répond à la première partie du premier passage. L 'achèvement est achevé Le psalmiste s'était trouvé affronté à la mort. Non pas la mort naturelle qui met un terme à toute vie, mais une mort violente qui aurait abrégé ses jours. Il était « persécuté » ; des gens infidèles à la loi de Dieu avaient décidé de le « perdre », ils avaient creusé « des fosses » pour le mettre « en terre ». Ils voulaient en finir avec lui, « l'achever » ; et, effectivement, il était psychologiquement fini, il était à bout, son âme était « achevée ». Mais les persécuteurs n'ont pas eu le dernier mot, bien au contraire. Le mal qu'ils avaient voulu faire au fidèle de la Loi s'est retourné contre eux. En définitive, c'est leur projet d'achèvement qui aura trouvé sa fin, qui n'aura pas pu se réaliser (96). La Loi source de la vie Si les « arrogants » ne se comportent pas « selon la Loi » de Dieu, le psalmiste au contraire ne cesse de rappeler sur tous les tons son attachement à la Loi, parce qu'elle fait ses délices (92a), qu'elle est pour lui la « parole » de Dieu (81b.89b), parce que « tous ses commandements sont fidélité, solidité » (86a), parce que son « commandement » est très « large », sans limite, tandis qu'il peut mettre fin aux menées des méchants. En somme, parce que c'est par son amour, par sa « fidélité » (88a) manifestée dans « les préceptes » de la Loi que Dieu le fait vivre (93).
201
Le psaume 119 D. LOIN DE QUI S'ÉGARE DE TES VOIES, APPRENDS-MOI TES DÉCRETS ( M E M - P É ; 97-136)
Les deux premiers passages et les deux derniers se correspondent de manière parallèle : Mem avec Ayin et Noun avec Pé.
m « De toute voie mauvaise je retien s nies pieds »
n i Lampe pour mes pieds ta parois »
s «
4
SOUTIENS-MOI SELON TON DIRE ET J E VIVRAI »
« Toute voie de mensonqe je hais »
97-104
105 -112
113-120
121-128
202
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
1. « D E
TOUTE VOIE MAUVAISE JE RETIENS MES PIEDS
» (MEM ; 97-104)
COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (97-100) : : 97 Combien :: tout le jour
j aime ELLE (est)
ta loi i
m'assagissent ILS (sont)
tes commandements
- car à jamais +99
je suis avisé,
+
98
PLUS QUE MES ENNEMIS
PLUS QUE TOUS MES MAÎTRES
- car tes ordres +
100
PLUS QUE LES VIEILLARDS
- car tes préceptes
MÉDITATION
MA MÉDITATION.
à moi. a moi.
je comprends, je garde.
Très bref, le premier morceau sert d'introduction au second. À son premier mot, « combien », répondent les trois « Plus que » par lesquels commencent chacun des trois segments du second morceau. Le deuxième membre du premier morceau donne la raison du premier ; de même les deuxièmes membres des trois segments suivants, qui commencent par « car ». Les deux morceaux sont reliés par les deux occurrences de « méditation » (97b.99b), mais aussi par le même pronom féminin singulier, /zz, traduit par « elle (est) » puis par « ils (sont) » (97b.98b). En outre, « à jamais » fait écho à « tout le jour » en même position (97b.98b). La deuxième partie (101-104) - 101 De TOUTE VOIE .. afin
mauvaise d'observer
- 102 De tes jugements .. car c'est toi
JE NE M'ÉCARTE PAS,
:: 103 Combien est-doux :: plus que le miel
à mon palais à ma bouche !
104
De-par tes préceptes - c est pourquoi
JE RETIENS ta parole.
MES PIEDS,
qui m'instruis. ton dire,
je comprends je hais
TOUTE VOIE
de mensonge.
Dans le premier morceau le psalmiste s'abstient du mal, dans le second il adhère positivement à la loi. Toutefois, le dernier membre exprime de nouveau le refus du mal. Les deux occurrences de « toute voie » font inclusion. « Qui m'instruit» (102b) et « j e comprends» (104a) appartiennent au même champ
Le psaume 119
203
sémantique. Les quatre synonymes de la loi se trouvent en positions symétriques. L 'ensemble du passage Mem (97-104) •97 COMBIEN
:: tout le jour 98
+ fm m mes ennemis - car à jamais 99
+
fmm tous mes maîtres
- c a r tas ordres
+
100
fmm les vieillards
c a r x && FJKJ!C&FTE£Î
.. 101 De toute voie = afin d'observer 102
J'AIME elle est
ta loi !
m'assagissent ils sont
tes commandements
RUMINATION
moi.
à moi.
JE COMPRENDS,
je garde. mauvaise
je retiens
mes pieds,
ta parole.
je ne m'écarte pas, qui m'as instruit.
•103 COMBIEN est doux
à m o n RÂLAIS
:: PI I s FIL le miel
à m a BOUCHE !
+ 104 De-par TES PRÉCEPTES - c'est pourquoi
JE COMPRENDS
D e tes jugements
à
je suis avisé,
= car c'est toi
..
MA RUMINATION.
JE HAIS
ton dire,
toute voie
de mensonge.
Les deux occurrences de « combien » jouent le rôle de termes initiaux pour les morceaux extrêmes (97a. 103a) ; les deux occurrences de « tes préceptes » et de « j e comprends » servent de termes finaux pour les deux parties (100. 104). On notera que « plus que » (min) qui revient trois fois dans la première partie, au début des trois segments du second morceau, est repris une fois dans la deuxième partie (103b)25. «J'aime» et « j e hais», en même position dans les membres extrêmes, font inclusion. Le mot sîhâ, habituellement traduit par « méditation » (97b.99b) signifie à la fois méditation dans le cœur, mastication dans la bouche et aussi parole adressée aux autres ; il est donc en relation avec «palais» et «bouche» (103) et c'est pourquoi il a été rendu ici par « rumination ».
25
« Plus que » (98a.99a. 100a. 103b), « de » (101a. 102a) et « de-par » (104a) traduisent la même préposition min.
204
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTERPRÊTA TION DU PASSA GE
C'est toi qui m'as instruit Puisque c'est Dieu lui-même qui instruit le psalmiste (102b), il n'est pas étonnant qu'il comprenne plus que les vieillards qui ont accumulé la sagesse au long des années (100a), plus que tous les maîtres qu'il a pu avoir (99a), plus aussi que ce que ses ennemis ont pu lui apprendre quand il lui a fallu s'ingénier pour éviter leurs traquenards (98a). C'est dans les préceptes de la loi de son Dieu qu'il a trouvé l'instruction, parce qu'il s'y est attaché «tout le jour» et « à jamais », en la méditant dans son cœur, en en savourant la douceur dans sa bouche. La voie mauvaise du mensonge À l'exaltation que l'amour de la loi lui procure (97-100), le psalmiste revient pour ainsi dire sur terre, où la voie du bien et de la vérité n'est jamais très loin de celle du mal et du mensonge (101a. 104b). Sans l'instruction donnée par le Seigneur dans sa loi, il est facile de s'en écarter pour fouler la voie mauvaise du mensonge, celle qu'ont choisie ses « ennemis » (98a). 2. « LAMPE POUR MES PIEDS TA PAROLE » (NOUN ; 105-112) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (105-108) + 105 Lampe + et lumière
pour mes pieds, pour mon sentier.
:: 106 Je jure :: d'observer
les jugements
ta parole,
et je tiendrai, de ta justice.
La relation entre les deux segments semble être de conséquence : puisque ta parole m'éclaire, je jure de la garder.
Le psaume 119
205
La deuxième partie (107-110) -
107
J'AI ÉTÉ HUMILIÉ
: : fais-moi-vivre :: 108 Les offrandes
: : et tes jugements
-
109
MON SOUFFLE
: : et t a loi -
110
Ont donné
:: et (loin) de tes préceptes
complètement,
Yhwh,
selon ta parois. de ma bouche
agrée,
DANS MES PAUMES
constamment,
apprends-moi.
Yhwh,
je m 'oublie pas. DES MÉCHANTS
un piège à moi,
je n 'erre pas.
Cette partie est marquée par la présence des ennemis du psalmiste, « les méchants » qui lui ont tendu un piège » (110a), qui l'ont « humilié » (107a) ; les premiers membres des deux morceaux semblent indiquer tous deux le danger mortel auquel est exposé l'orant26. Dans le premier morceau, qui comprend trois impératifs, le psalmiste prie le Seigneur ; dans le second, toujours adressé au Seigneur, il affirme rester fidèle à sa loi et à ses préceptes, malgré les attaques de ses ennemis (109b. 110b)27. La troisième partie (111-112) + 111 Mon héritage, .. car la joie
tes ordres
A JAMAIS,
d e MON CŒUR
eux.
.. 112 J'incline
MON CŒUR
à faire
+ A JAMAIS,
jusqu'au bout.
tes décrets,
Les quatre membres se correspondent de manière spéculaire avec les deux occurrences de « à jamais » et de « mon cœur ». Le premier segment est une sorte de constatation, le second une promesse (112a), totale et définitive (112b).
26 « Mettre son souffle (son âme) dans ses paumes » signifie « risquer sa vie » (Jg 12,3 ; 1S 19,5). 27 Les deux verbes négatifs de 119b et 110b sont à l'accompli ; ils peuvent être traduits soit par des présents, comme ici, si on comprend qu'il s'agit d'un engagement, soit comme des passés, si on comprend que c'est l'affirmation d'un fait avéré.
206
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du passage Noun (105-112) + 105 Lampe + et lumière =
106
J e jure
= d'observer
pour mes pieds, pour mon sentier.
TA PAROLE,
et je tiendrai,
LES JUGEMENTS
de ta justice.
- 1 0 7 J'ai été humilié
complètement,
Yhwh,
.. fais-moi-vivre
selon TA PAROLE.
108
de ma bouche apprends-moi.
agrée,
.. et TES JUGEMENTS - 109 Mon souffle :: mais ta loi
dans mes paumes je n'ai pas oublié.
constamment,
- 1 1 0 Ont donné :: mais de tes préceptes
des méchants
un piège à moi,
je n'ai pas erré.
..
Les offrandes
+ 1 1 1 Mon héritage, + car la joie
tes ordres
à jamais,
de mon cœur
eux.
= 112 J'incline = à jamais,
mon cœur jusqu'au bout.
à faire
Yhwh,
tes décrets,
Les parties extrêmes se correspondent : elles comprennent d'abord une constatation complémentaire, « lampe pour mes pieds », «joie de mon cœur» (105.111a). Dans les seconds segments, le psalmiste s'engage à observer la loi, avec deux verbes aux mêmes modalités, en même position initiale. Il est possible de mettre en relation « j e tiendrai » (106a) et « à jamais » (11 la. 112b), car ces termes expriment la même persévérance. La longue partie centrale est la seule où les ennemis soient présents, la seule aussi qui comprend une prière (107-108). Dans la première partie et le premier morceau de la partie centrale, sont répétés « ta parole » (105a. 107b) et «jugements » (106b. 108b). « Les offrandes de ma bouche » (108a) semblent rappeler « j e jure » (106a). Dans le second morceau de la partie centrale et dans la dernière partie, « constamment » (109a) est un synonyme de « à jamais » (11 la. 112b) ; « complètement » (107) exprime aussi la totalité. On remarquera le grand nombre des parties du corps : « mes pieds » (105a), « ma bouche » (108a), « mon âme » (ou « ma gorge » : 109a), « mes paumes » (109a), « mon cœur » (11 lb.112a).
Le psaume 119
207
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
La ténacité Le juste tient son souffle dans ses mains « constamment » (109) ; c'est que les « méchants » s'acharnent sur lui, en l'humiliant « complètement » (107). Mais à la ténacité de ceux qui lui tendent « un piège » (110), répond celle du fidèle. Il a juré d'observer les jugements de la justice de son Seigneur et promet de tenir son serment (106), il a tenu bon dans l'épreuve, n'oubliant pas la loi (109), ne s'égarant pas loin de ses préceptes (110), il accomplira ses décrets « à jamais, jusqu'au bout » (111-112). Tout entier Le psalmiste se déclare tout entier, corps et âme, attaché à la loi de son Seigneur. Comme une lampe, la parole de Dieu éclaire la route sous ses « pieds » (105). Même si son « souffle est dans ses paumes constamment », s'il risque sa vie en permanence (108), les offrandes de sa « bouche » sont toujours présentées au Seigneur (108). Son « cœur » enfin trouve sa joie dans les ordres de Dieu (111), pour les « faire », comme de ses mains, «jusqu'au bout » (112). Fils de Dieu Les « ordres » du Seigneur sont la richesse que le psalmiste a reçue en «héritage», qui fait toute sa joie (111). Quand, après l'humiliation qui l'a terrassé «complètement» (107a), il demande à son Dieu de le «faire vivre» (107b), on l'entend supplier son père de lui redonner la vie. Après quoi, il implore ce même père de l'instruire (108b). Bien que fort discret, le thème de la filiation divine n'en est pas moins présent et éclaire indirectement tout le passage.
208
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3. « SOUTIENS-MOI SELON TON DIRE ET JE VIVRAI » (SAMEK ; 113-120) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (97-100) - 1 1 3 LES TORTUEUX + et ta loi +
114
Mon abri
+ en ta parole
- 1 1 5 Écartez-vous o~t GQrôzBrQi
je hais j'aime. et mon bouclier J'espère.
toi,
de moi,
MALFAISANTS, de mon Dieu.
les commandements
Dans les segments extrêmes les premiers membres traitent des adversaires, « les partagés » et les « malfaisants » auxquels il s'adresse. Les verbes des seconds segments sont à la première personne du singulier et ont comme compléments objet les synonymes de « ta loi ». Le segment central est tout entier consacré à Dieu ; toutefois, « asile » et « bouclier » représentent la protection divine contre « tortueux » et « malfaisants ». Deuxième partie (116-117) + 1 1 6 Soutiens-moi .. ne me fais pas rougir
de mon attente.
+ 1 1 7 Aide-moi .. et je contemplerai
tes décrets
selon ton dire
et je vivrai, et je serai sauvé, constamment.
Les deux segments sont parallèles : ils commencent avec des impératifs synonymes dont le pronom suffixe est à la même première personne du singulier et ils s'achèvent par des verbes synonymes à la première personne du singulier. Les seconds membres sont complémentaires : l'un regarde le passé de « l'attente », l'autre l'avenir. Troisième partie (118-120) - 1 1 8 Tu méprises - car mensonge - 119 Scories + c'est pourquoi +120 FRISSONNE
+ et tes jugements
tous les s ; égarant leurs pensées. t u tiens J'AIME de ta frayeur JE CRAINS.
de tes décrets, tous les méchants
tes ordres.
ma chair,
de la terre,
Le psaume 119
209
Tandis que dans le premier segment il est question de l'agir de Dieu envers les impies, dans le dernier il s'agit de l'attitude du psalmiste envers son Seigneur. Le segment central assure le passage du premier segment au dernier : en effet, le premier membre rappelle le premier membre du premier segment et le second annonce le dernier segment. L 'ensemble du passage Samek (113-210) - 1 1 3 Les tortueux
je hais
+ et ta loi
J'AIME.
+
1,4
Mon abri
+ en ta parole
- 115 Écartez-vous + je garderai
et mon bouclier de moi,
malfaisants,
les commandements
de mon Dieu.
+ 116 Soutiens-moi selon ton dire + ne me fais pas rougir d e m o n attente. + 117 Sois mon appui + et je contemplerai Tu méprisés - car mensonge - 1 1 9 Scories + c'est pourquoi + 1 2 0 Frissonne + et tes jugements
toi,
j'espère.
et je vivrai,
et je serai sauvé, TES DÉCRETS
constamment.
tous les s'égarant
de TES DÉCRETS,
leurs pensées. tu tiens
tous les méchants
J'AIME
tes ordres.
de ta frayeur je crains.
ma chair,
de la terre,
Les parties extrêmes sont toutes deux construites de manière concentrique. Les adversaires y sont nommés deux fois : « partagés » et « malfaisants » en 113.115 ; « tous les s'égarant » et « tous les méchants » en 118.119. « J'aime » revient deux fois, chaque fois dans les seconds membres (113b. 119b) Les deux segments de la partie centrale sont les seuls qui soient une prière de demande. Le dernier terme du premier segment, « mon attente » (116b), correspond au dernier terme du segment central de la première partie, «j'espère» (114b). Les deux occurrences de « tes décrets »jouent le rôle de ternies médians entre la partie centrale et la dernière partie (117b. 118a).
210
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTERPRÉTA TION DUPA SSA GE
Question de vie ou de mort Les invocations centrales, où le psalmiste veut «vivre» (116a) et «être sauvé » (117), laissent entendre que le risque qu'il court de la part des « malfaisants » est vraiment sérieux ; c'est pour lui une question de vie ou de mort. S'il appelle le Seigneur son « abri » et son « bouclier », c'est que c'est la guerre et qu'il est donc en butte à des gens qui ne veulent rien moins que sa mort. De la peur des ennemis à la crainte de Dieu Serré de près par ceux qui lui veulent du mal, le psalmiste invoque Dieu, son « abri » et son « bouclier » (114) mais il s'adresse aussi aux « malfaisants », leur criant de « s'écarter » de lui (115). Après sa prière, sûr que son « attente », son espérance ne sera pas déçue, il peut constater avec soulagement combien son sauveur « méprise » et « tient pour scories » les méchants (118-119). C'est alors la « frayeur » et « crainte » qui s'emparent de lui (120). La crainte du Seigneur n'a rien à voir avec la peur : c'est le saisissement qui prend celui qui, libéré tout à coup de la terreur, tremble de tout son corps et de toute son âme d'avoir été sauvé de la mort et qui se tourne avec reconnaissance vers son sauveur. « La certitude tremblante de l'amour, cela exactement que la Bible appelle "crainte de Dieu" »28. 4. « TOUTE VOIE DE MENSONGE JE HAIS » (AYIN ; 121-128) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (121-123) + 1 2 1 Je fais — NE MË LAISSE PAS 122
Garantis - NE m; OPPRESSENT PAS + 123 Mes yeux + et pour le dire
jugement
et JUSTICE,
à mes OPPRESSEURS. ton serviteur
pour le bien,
des arrogants. s'achèvent
pour ton salut,
de ta JUSTICE.
Les deux occurrences de «justice» jouent le rôle de termes extrêmes. Les seconds membres des deux premiers segments sont parallèles, même si le sujet de « ne me laisse pas » est Dieu, tandis que celui de « ne m'oppriment pas » sont les ennemis. Les premiers membres des deux derniers segments s'achèvent avec 28
P. BEAUCHAMP, L 'Un et l'Autre Testament
I, 272.
211
Le psaume 119
un syntagme semblable: «pour le bien» et «pour ton salut» (122a. 123a). Ainsi, le segment central articule les deux autres : en outre, alors que les segments extrêmes ont pour sujet le psalmiste, dans celui qu'ils encadrent c'est Dieu, sujet de l'impératif, que le psalmiste prie d'agir en sa faveur. Deuxième partie (124-125) +
124
Fais avec
+ et tes décrets +
1 2 5
T O N SERVITEUR,
+ et je connaîtrai
TON SERVITEUR
selon ta fidélité,
APPRENDS-MOI.
moi,
FA IS-MOI
COMPRENDRE,
tes ordres.
Le psalmiste, qui se qualifie comme « ton serviteur » (124a. 125a), demande au Seigneur de lui «apprendre» et de lui «faire comprendre» (124b. 125a) ses « décrets » et ses « ordres ». Troisième partie (126-128) + 126 (Il est) temps de
faire
- lis violent
ta loi.
= 127 C'est pourquoi . plus que F o r
j'aime
=128 C'est pourquoi . toute voie
tous tes préceptes de mensonge
pour Yhwh :
tes commandements,
et que l'or-pur. tous j'estime-droits, j e hais.
Le premier membre est compris de deux façons : dans son sens obvie où il s'agit de « faire (quelque chose) pour Yhwh », ce qui semble gêner certains qui pensent au contraire que ce n'est pas à l'homme d'agir mais à Dieu. Commençant avec « c'est pourquoi », les deux derniers segments énoncent une double conséquence de ce qui vient d'être dit : le psalmiste annonce ce qu'il va « faire pour Yhwh ». L'amour de la loi se concrétise dans le rejet de ce que servent ceux qui «violent la loi», « l ' o r » (127b) et le «mensonge» (128b). « J'aime » et « j e hais » font inclusion pour ces deux segments.
212
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L 'ensemble du passage Ayin (121-128) et j ustice,
+ 1 2 1 J E FAIS
jugement
- ne me laisse pas
à mes oppresseurs.
+ 122 Garantis - que ne m'oppressent pas
TON SERVITEUR des arrogants.
pour le bien,
4-123 Mes yeux + et pour le dire
se consument de ta justice.
pour ton salut,
TON SERVITEUR apprend s~md.
selon ta fidélité,
. 1 2 5 T O N SERVITEUR,
moi,
fais-moi
. et j e connaîtrai
tes ordres.
ï-t avec . 124 Fais . et
cIB'wàSvS
comprendre,
+ 126 (11 est) temps de - ils violent
faire ta loi.
pour Y h w h :
= 127 C'est pourquoi .. plus que l'or
j'aime et que l'or-pur.
tes commandements,
= 128 C'est pourquoi .. toute voie
sur tous tes préceptes de mensonge
je me dirige, je hais.
Les trois occurrences du verbe « faire » scandent le passage, en termes initiaux de ses trois parties : alors qu'au début des parties extrêmes il s'agit du faire de l'homme (121.126), au début de la partie centrale le psalmiste appelle le faire de Dieu (124a). « Ton serviteur » revient aussi trois fois, au centre de la première partie et dans les premiers membres des deux segments de la partie centrale. Alors que les adversaires s'en prennent au psalmiste dans la première partie (121b.122b), c'est la loi de Dieu qu'ils « violent » dans la dernière partie. La partie centrale est la seule qui est marquée par le thème de la connaissance, celle qui vient de Dieu, la seule aussi où il n'est plus question des ennemis. CONTEXTE BIBLIQUE Justice de l 'homme, justice de Dieu On retrouve en Is 56,1 le même jeu entre la justice que l'homme doit faire et celle que Dieu accomplira : « Ainsi dit le Seigneur : Gardez le jugement et faites la justice, car mon salut est près d'arriver et ma justice de se révéler ».
Le psaume 119
213
Le mensonge La Lettre de Jérémie est une longue diatribe contre les idoles, ces « dieux de bois dorés et argentés », traitées plusieurs fois de « mensonge » : « Tout ce qui se fait pour eux est mensonge ; comment alors peut-on penser que ce sont des dieux ? » (Ba 6,44 ; voir aussi 47.50). En 2,4 Amos annonce que Juda sera châtié « parce qu'ils ont rejeté la loi du Seigneur et ses préceptes ils n'ont pas gardés et les ont égarés les Mensonges derrière lesquels allaient leurs pères » ; ces « mensonges » sont les idoles qu'ils ont suivies au lieu de cheminer dans les voies de Dieu29. INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
La justice Bien que le psalmiste se soit conduit selon « la justice », qu'il l'ait « faite », il n'en est pas moins en butte aux arrogants qui l'oppriment (121). C'est pourquoi il appelle son Seigneur à l'aide (122), car c'est lui seul qui peut réaliser «la justice » que lui-même ne saurait atteindre et pour laquelle ses yeux se consument (123). À la justice de l'homme répond celle de Dieu, la seule qui puisse garantir le bien du juste et le sauver de ceux qui ne respectent ni la justice de Dieu ni celle de son « serviteur ». Le faire de Dieu Après avoir mis en avant sa propre justice, le psalmiste en était arrivé à en appeler à la justice du Seigneur pour être sauvé de ses oppresseurs. Il prend alors conscience de sa radicale ignorance des décrets et des ordres de Dieu, et c'est pourquoi, comme simple « serviteur », il demande avec insistance d'être instruit par son Seigneur : c'est seulement ainsi qu'il pourra connaître sa volonté. Que faire pour Dieu ? Instruit par Dieu, il a hâte d'agir pour lui, d'autant plus qu'il voit les impies violer sa loi (126). Ce qu'il a compris de l'enseignement reçu, c'est d'aimer les commandements (127a), c'est-à-dire de se conduire selon les préceptes (128). Cela signifie concrètement les préférer à l'or, être prêt à lui sacrifier toutes les richesses, celles que les ennemis de Dieu adorent, celles à qui ils n'hésiteront pas à sacrifier d'autres hommes pour les obtenir. Quant aux « voies de mensonge » qui sont mises en parallèle avec « l'or », « l'or pur », il semble bien qu'elles renvoient aussi aux faux dieux, ceux qui trompent l'homme et l'éloignent de la seule vérité.
29
Voir Amos, 70-71.99-10.
214
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
5. « L'OUVERTURE DE TA PAROLE ILLUMINE » (PÉ ; 129-136) COMPOSITION DU PASSA GE
La première partie (129-131) +
129
Merveilles
= c 'est pourquoi
=
: 130 L'ouverture : faisant-comprendre 131 LTA BOUCHE
+ car de tes commandements
tes ordres ; les garde
MA GORGE.
de ta parole aux simples.
illumine,
je dilate je suis avide.
et j'aspire,
Les segments extrêmes se correspondent en miroir : c'est à cause des « merveilles » de la loi de Dieu dont il est « avide » que la « bouche » du psalmiste 1'« aspire » et que sa « gorge » la « garde ». Au centre, ce sont ses yeux qui sont « illuminé » ainsi que son intelligence. Deuxième partie (132-134) + 132 Tourne-toi - selon le jugement +
133
Mes pas
ton nom.
affermis
dans ton dire,
+ ne laisse dominer-sur moi
aucune iniquité.
+ 134 Rachète-moi
de l'oppression tes préceptes.
= et j'observerai
et fais-moi-grâce,
vers moi pour les aimant
de l'adam,
Cette partie est marquée par les impératifs de deuxième personne du singulier : deux dans chacun des deux premiers segments, un seul au début du dernier. Troisième partie (135-136) + 135 Que ta face - et apprends-moi
tes décrets.
+ 136 Des ruisseaux-d'eau - parce qu'ils n'observent pas
font couler ta loi.
illumine
ton serviteur
mes yeux,
À la lumière divine qui éclaire les yeux du psalmiste (135a) pour lui apprendre sa loi (135b), s'opposent ses larmes (136a) parce que les impies ne l'observent pas.
Le psaume 119
215
L 'ensemble du passage Pé (129-136) + 1 2 9 Merveilles = c'est pourquoi +
130
L'ouverture
= FAISAN =
7-COMPRENDRE
les garde
MA
de ta parole
ILLUMINE,
GORGE.
aux simples. je dilate je suis avide.
et j'aspire,
:: 132 TOURNE-TOI = selon le jugement
vers moi pour les aimant
et fais-moi-grâce, ton nom.
..133
affermis aucune iniquité.
dans ton dire,
- ne laisse dominer-sur moi :: 134 Rachète-moi = et J'OBSERVERAI
de l'oppression
de l'homme,
tes préceptes.
131
L A BOUCHE
+ car de tes commandements
+
tes ordres;
135
= et
Q
SUE FÀf C E APPRENDS-MOI
+ 136 Des ruisseaux-d'eau - parce qu'ILS N'OBSERVENT PAS
ILLUMINE
tes décrets. font couler
ton serviteur MES YEUX,
ta loi.
Dans les parties extrêmes apparaissent les organes de perception, « gorge » (129b), «bouche» (131a), «yeux» (136a), ainsi que le verbe «illuminer» (130a. 13 5a) qui leur est corrélé. «apprends-moi» (135b) rappelle « faisantcomprendre » (130b). Au centre, est mentionné une autre partie du corps, « les pas » (ou « les pieds »), qui représente l'organe de l'exécution. La partie centrale est liée à la dernière par la reprise de «observer», en termes finaux (134b. 136b). Par ailleurs, on pourra remarquer que « tourne-toi » (peneh) est de la même racine que « ta face » ipànèka). Ces deux termes entrent donc eux aussi dans le champ sémantique des parties du corps. INTERPRÉTA TION DU PASSA GE
Corps à corps L'intelligence que le psalmiste demande n'est pas une simple compréhension intellectuelle ; elle est physique, corporelle, engageant tout l'être, dans sa chair. Sa « gorge » et sa « bouche » désirent se rassasier de la parole de Dieu, la savourer, s'en délecter (129.131). Ses «yeux», qui déversent des torrents de larmes à cause de la douleur que lui cause l'iniquité des infidèles (133b. 136b), plus encore que l'oppression dont il est victime (134a), réclament d'être « illuminés » par la parole divine (130.135). Il sait que cette lumière lui viendra de la
216
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« face » de Dieu (135), cette face qu'il supplie le Seigneur de « tourner » vers lui (132). Le face à face désiré est en quelque sorte le même que celui de Moïse avec le Dieu d'Israël : « Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Ex 33,11). « Marcher avec Dieu » Goûter la parole de la Loi, se nourrir des commandements, être illuminé par la parole et par le visage de Dieu ne saurait suffire. Tout cela serait vain, s'il ne se concrétisait pas dans les faits, dans la conduite. 11 est certes bon d'écouter, de savourer, de voir ; il est mieux encore de s'engager dans les voies du Seigneur, de cheminer en sa présence, de marcher avec lui, comme Enoch et Noé (Gn 5,22 ; 6,9). C'est cela seul qui est demandé : « On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8). 6. L'ENSEMBLE DE LA SÉQUENCE ( M E M - P É ; 9 7 - 1 3 6 ) COMPOSITION
Les deux premiers passages (97-100) Mem 97
Combien j'aime ta loi!
Plus que mes ennemis m'assagissent tes commandements Plus que tous mes maîtres JE SUIS AVISÉ, 100 Plus que les vieillards JE COIPREMOS,
TOUT LE JOUR
elle est ma rumination.
98
car À JAMAIS ils sont à moi.
99
car tes ordres sont rumination pour moi. car tes préceptes je garde.
101
D e TOUTE VOIE mauvaise j e retiens MES PIEDS,
102
De tes jugements JE NE M'ÉCARTE PAS,
Combien est doux à mon palais ton dire, 104 Par tûsprécûftûsM COMPRENDS, 103
afin d'observer ta parole. car c'est toi qui M'AS INSTRUIT. plus que le miel à ma bouche ! c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge.
Noun 105 106
Lampe pour MES PIEDS, ta parois, Je jure, et je tiendrai, 107 108 109 110
111 112
et lumière pour MON SENTIER. d'observer lesjugementsteta justice.
J'ai été humilié complètement, Yhwh, Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh,
fais-moi vivre selon iâ parois. et tesjugements APPR ENDS4101.
Mon souffle dans mes paumes constamment, M'ont donné des méchants UN PIÈGE,
mais ta loi je n'ai pas oublié. mais (hors) de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
Mon héritage, tes ordres à jamais, J'incline mon cœur à faire tes décrets,
car ils sont la joie de mon cœur. À J A M A I S , JUSQU'AU
BOUT.
Le psaume 119
217
Les termes du champ sémantique du chemin abondent : « toute voie » (101.104), « mes pieds » (101.105), « j e ne m'écarte pas » et « j e n'ai pas erré » (102.110), « sentier » (105) et « piège » (110). « Apprends-moi » au cœur du second passage (108) rappelle les quatre termes du même champ sémantique du premier passage : « je suis avisé » (99), « je comprends » (100.104) et « m'as instruit » (102). Les deux occurrences de « à jamais » font inclusion (98.112), accompagnées de « tout le jour » (97) et de « jusqu'au bout » (112). Les deux derniers passages (25-40) Ayin J'ai fait jugement et justice, Cautionne ton serviteur pour le bien, 123 MES YEUX se consument pour ton salut, 121 122
124
Fais avec ton serviteur selon ta fidélité,
125
Je suis t o n s e r v i t e u r , FAIS-MOI COMPRENDRE,
II est temps de faire pour Yhwh : C'est pourquoi j'aime tes commandements, 128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, 126
127
ne me laisse pas à mes OPPRESSEURS. que ne M'OPPRIMENT pas des arrogants, et pour le dire de ta justice. et tes décrets APPRENDS-MOI. et JE CONNAÎTRAI tes ordres. ils violent ta loi. plus que l'or et que l'or-pur. TOUTE VOIE de mensonge je hais.
Pé Merveilles que tes ordres ! L'ouverture de ta parole illumine, 131 La bouche je dilate et j'aspire, 129
130
selon le jugement pour les aimant ton nom. ne laisse dominer sur moi aucune iniquité, et j'observerai tes préceptes.
Que ta face illumine ton serviteur Des ruisseaux font couler MES YEUX,
et APPRENOS-MOi tes décrets, parce qu'ils n'observent pas ta loi.
133
136
FAISANT C O M P R E N D R E aux simples,
car de tes commandements je suis avide.
Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, MES PAS affermis dans ton dire, 134 Rachète-moi de i. 'OPPRESSION de l'homme, 132
135
c'est pourquoi les garde ma gorge.
Chaque passage contient deux occurrences de « apprends-moi » (124.135) et de « faire comprendre » (125.130) ; « j e connaîtrai » appartient au même champ sémantique (125). «Ton serviteur», trois fois dans le premier passage (122.124.125), revient une fois dans le passage suivant (135). « Oppresseurs » et « m'oppriment » du début du premier passage (121-122) sont repris par « l'oppression » au centre du deuxième (134). Les deux occurrences de « mes yeux » font inclusion pour l'ensemble (123.136). On pourra noter aussi que «mes pas» (133) appartient au même champ sémantique que « je me dirige » et « toute voie » (128).
218
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les rapports entre les cinq passages Mem 97 Combien J'AIME ta loi! 98 Plus que MB \:WïM m'assagissent tes commandements 99 Plus que tous mes maîtres JE SUIS AVISÉ, Plus que les vieillards JE COMPRENDS, 101
D e TOUTE VOIE m a u v a i s e j e retiens MES PIEDS,
102
De tes jugements je ne M'ÉCARTE PAS,
103
Combien est doux à mon palais ton dire..
104
Par tes p r é c e p t e s J E COMPRENDS,
tout le jour elle est ma rumination. car à jamais ils sont à moi. car tes ordres sont rumination pour moi. car tes préceptes JE GARDE. afin d'observer ta parole. car c'est toi qui M A S INSTRUIT. plus que le miel à ma bouche ! c'est pourquoi JHEâlSHQUTB VOIE de mensonge.
Noun 105
106
LAMPE pour MES PIEDS, ta parole, Je jure, et je tiendrai,
107
j'Ai ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh, Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, 109 Mon souffle dans mes paumes constamment, 110 M'ont donné des MÉCHANTS UN PIÈGE, 108
111 112
Mon héritage, tes ordres à jamais, J'incline mon cœur à faire tes décrets, Samek 113 LIS TOiOUiii X JEHAIS 114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, 115 Écartez-vous de moi, MALFAISANTS,
et LUMIÈRE p o u r MON SENTIER.
d'observer les jugements de ta justice. FAIS-MOI VIVRE selon ta parole. et tes jugements APPRENDS-MOI. mais ta loi je n'ai pas oublié. mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ. car ils sont la joie de mon cœur. à jamais, jusqu'au bout.
et ta loi J'AIME. en ta parole j'espère. JE GARDERAI les commandements de mon Dieu.
116
Soutiens-moi selon ton dire et JE VIVRAI, Sois mon appui et JE SERAI SAUVÉ,
ne me fais pas rougir de mon attente. et je contemplerai tes décrets constamment.
118
Tu méprises TOUS LES S'ÉGARANT de tes décrets.
car sont mensonge leurs pensées. c'est pourquoi J'AIME tes ordres. et tes jugements je crains.
Scories tu tiens tous les M&jfANTK de la terre, 120 Frissonne de ta frayeur ma chair, 119
Ayin 121 J'ai fait jugement et justice, 122 Cautionne ton serviteur pour le bien, 123 Mes yeux se consument pour TON SALUT,
ne me laisse pas à mes OITOSSI». que ne M f M Y i pas des ARROGANTS. et pour le dire de ta justice.
Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, Je suis ton serviteur, FA!S«^Ol COMPRENDRE,
et tes décrets APPREND$~MOI. et JE CONNAÎTRAI tes ordres.
II est temps de faire pour Yhwh : C'est pourquoi J'AIME tes commandements, 128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE,
ils mmr ta loi. plus que l'or et que l'or-pur. TOUTE VOIE de mensonge JE HAIS.
124 125 126
127
Pé Merveilles que tes ordres ! L'ouverture de ta parole ÎLLUMINE, 131 La bouche je dilate et j'aspire,
c'est pourquoi les GARDE ma gorge.
Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, 133 MES PAS affermis dans ton dire, 134 Rachète-moi de L'OPPRESSION de l'homme,
selon le jugement pour LES AIMANTS ton nom. ne laisse dominer sur moi aucune iniquité, et j'observerai tes préceptes.
129
130
132
135 136
Que ta face ILLUMINE ton serviteur Des ruisseaux font couler mes yeux,
FAISANT COMPRENDRE a u x s i m p l e s ,
car de tes commandements je suis avide.
et APPRENDS-MOI tes décrets, parce qu'IIS wmmm m ta loi.
Le psaume 119
219
Les rapports entre les paires de passages extrêmes Les termes appartenant au champ sémantique de l'intelligence se retrouvent dans les quatre passages (pas dans le passage central) : «comprendre» (100. 104 ; 125.130) ; « apprendre » (108 ; 124.135) ; « être avisé » (99), « instruire » (102), « connaître » (125). « Je hais toute voie de mensonge » (104) et « toute voie de mensonge je hais » (128) jouent le rôle de termes finaux pour le premier et le quatrième passage. Au début du deuxième passage « la parole » de Dieu est présentée comme « lampe » et « lumière », pour les « pieds » sur le « chemin » (105). Dans le quatrième passage, «la parole» de Dieu «illumine» (130) et de même sa « face » (135), chaque fois pour la connaissance : « faisant comprendre » (130) et « apprends-moi » (135). « Lumière » et « illuminer » sont de même racine. Les rapports entre le passage central et les quatre autres L'opposition « haïr » - « aimer ta loi » par laquelle commence le passage central (113 ; «aimer» revient aussi en 119) se retrouve aux extrémités du premier passage (97a. 104b). Ce couple est repris dans les deux derniers segments du quatrième passage (127-128) ; «aimer» revient une cinquième fois dans le dernier passage (132). «Garder» se trouve dans les passages extrêmes (100.129) ainsi que dans le passage central (115) ; « mensonge » de 118 reprend 104 et annonce 128. Les ennemis du psalmiste et de Dieu sont présents dans tous les passages : « mes ennemis » (98), « méchants » (110 ; et déjà «j'ai été humilié » en 107) ; « tortueux », « malfaisants » et « méchants » (113.115.119) ; « oppresseurs », « m'oppriment », « arrogants », « ils violent ta loi » (121.122.126) ; « l'oppression », « ils n'observent pas ta toi » (134. 136). Le passage central est le seul où le psalmiste s'adresse aux malfaisants (115). Les termes appartenant au champ sémantique du chemin parcourent aussi toute la séquence : - dans les deux premiers passages : « toute voie », « mes pieds » (101), « j e ne m'écarte pas » (102), « toute voie » (104) : « mes pieds », « mon sentier » (105), « piège », « j e n'ai pas erré » (110) ; - dans le passage central : « tous les s'égarant » (118) ; - dans les deux derniers passages : « j e me dirige », « toute voie » (128) ; « mes pas » (133). Enfin, au centre du passage central (116-117), - « je vivrai » rappelle « fais-moi vivre » au troisième segment du passage précédent (107 - e t « j e serai sauvé» annonce «ton salut» au troisième segment du passage suivant (123).
220
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les demandes Mem tout le jour elle est ma rumination. Combien j'aime ta loi ! Plus que MES ENNEMIS m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi. 99 Plus que tous mes maîtres je suis avisé, car tes ordres sont rumination pour moi. 100 Plus que les vieillards je comprends, car tes préceptes je garde.
97 98
De toute voie mauvaise je retiens mes pieds, De tes jugements je ne m'écarte pas, 103 Combien est doux à mon palais ton dire, 104 Par tes préceptes je comprends, 101 102
afin d'observer ta parole. car c'est toi qui m'as instruit. plus que le miel à ma bouche ! c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE M MENSONGE.
Noun 105 106 107 108
109 110 111 112
Lampe pour mes pieds, ta parole, Je jure, et je tiendrai,
et lumière pour mon sentier. d'observer les jugements de ta justice.
J^/iJTFomiocomplètement, Y H W H , Les offrandes de ma bouche AGRÉE, Y H W H ,
FAIS-MOI VIVRE SELON TA PAUCIB. et ÏFÊ JU6EMEN75 APRE'NP5-H0L
Mon souffle est dans mes paumes constamment, M'ont donné des MÉOEANTSun piège,
mais ta loi je n'ai pas oublié. mais hors de tes préceptes je n'ai pas erré.
Mon héritage, tes ordres à jamais, J'incline mon cœur à faire tes décrets,
car ils sont la joie de mon cœur. à jamais, jusqu'au bout.
Samek 113
LES TORTUEUX je hais
114
Mon abri et mon bouclier, c'est toi,
et ta loi j'aime. en ta parole j'espère.
115
ÉCARTEZ-VOUS de moi, MALEAISMTS,
je garderai MAMXMMS
116
SOUTIENS-MOI S M N T O DIRE ET JE VIVRAI,
NE ME FAIS PAS ROUGIR de m o n attente. et je contemplerai MTÉCMS constamment.
117
Sois mon appui et je serai sauvé,
Tu méprises tous LES s'POARiANTte tes décrets, Scories tu tiens tous LES MÉOEANTSTEla terre, 120 Frissonne de ta frayeur ma chair, 118 119
de M O N DIEU.
car sont mensonge leurs pensées. c'est pourquoi j'aime tes ordres. et tes jugements je crains.
Ayin J'ai fait jugement et justice, CAUTIONNE ton serviteur pour le bien, 123 Mes yeux se consument pour ton salut,
NE ME LAISSE PAS à MES OPPRESSEURS. QUE NE M'OPPRIMENT pas DESARROSANTS.
FAIS avec ton serviteur selon ta fidélité, 125 Je suis ton serviteur, FAS-HOICOMEWP&,
et TES DÉCRETS AP^£NP$~M0L
II est temps de faire pour YHWH : 127 C'est pourquoi j'aime tes commandements, 128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes je me dirige,
ILS VIOLENT TA LOI.
121 122
124
126
et pour le dire de ta justice. et je connaîtrai TES ORDRES. plus que l'or et quel'or-pur. TOUTE VOIE DE MENSONGE^ hais.
Pé Merveilles que tes ordres ! L'ouverture de ta parole illumine, 131 La bouche je dilate et j'aspire, 129
130
132 133
TOURNE-TOI vers moi et FAIS-MOI GRÂCE, Mes pas AFFERMIS V M M R M .
c'est pourquoi les garde ma gorge. faisant comprendre aux simples. car de tes commandements je suis avide. selon le jugement pour les aimants ton nom. NE LAISSE DOMINER sur moi aucune INIQUITÉ.
134
RACHÈTE-MOI de I 'OPPRESSIONS l'homme,
et j'observerai tes préceptes.
135
QUE TA FACE ILLUMINE ton serviteur
136
Des ruisseaux font couler mes yeux,
et tmmv&m TB DÉCRETS. parce qu'ES N'OBSERVENTRAS M LOI.
Le psaume 119
221
Alors que le premier passage ne contient aucune demande (à l'impératif ou au jussif), le second en contient trois (107.108ab), le troisième quatre (115. 116ab. 117), le quatrième six (121.122ab.124ab.125) et le cinquième sept (132ab.l33ab. 134.135ab). La progression est notable. Quatre fois le psalmiste demande l'intelligence de la loi (108.124.125. 135), d'y être « affermi » (134). Il demande souvent d'être sauvé de ses ennemis (en particulier, 121-122.134), mais aussi de « l'iniquité » (133). Toutes les demandes sont adressées à Dieu, sauf une seule fois, dans le passage central, où le psalmiste s'adresse aux « malfaisants » (115). Le nom de « Yhwh » n'apparait ni dans les passages extrêmes ni dans le passage central ; il ne revient que deux fois dans le deuxième passage (107. 108) et une fois dans le quatrième (126), toujours au vocatif. « Mon Dieu » apparaît au centre, mais pas comme vocatif (115). Si le nom de Dieu ne revient pas souvent, celui des « ennemis » du psalmiste (98) est décliné tout au long de la sous-séquence, plusieurs fois dans chaque passage. Ce sont des « tortueux » (113), des « malfaisants » (115), qui « oppriment » le psalmiste (121.134) et qui suivent les «voies de mensonge» (104.128), qui « violent la loi » de Dieu (126.136). INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE Une belle
assurance...
Le psalmiste commence comme en se vantant de son amour, de sa sagesse, de sa fidélité. Certes il finit par reconnaître que c'est le Seigneur qui l'a instruit (102.104), mais c'est quand même le « j e » qui domine, avec l'assurance de celui qui est tout entier du côté de la loi (97) et qui hait « toute voie ce mensonge » (104), qui garde les préceptes sans faillir (100), qui ne s'écarte pas des jugements divins et retient ses pas « de toute voie mauvaise » (101-102). ...qui ne saurait
durer
Dès le deuxième passage, une faille se fait jour. Le voilà qui devient moins sûr de lui. S'il jure fidélité et d'observer les commandements (106), s'il demande au Seigneur de lui apprendre ses jugements (108), c'est que quelque chose a changé. Il a été « humilié » complètement par des « méchants » qui lui ont tendu un piège. Il n'a pas « erré » hors des préceptes (110), mais il prie Dieu de le « faire vivre » selon sa parole (107). Sa belle assurance laisse maintenant la place à une attitude plus modeste : il déclare humblement qu'il incline son cœur à faire les décrets de la loi, « à jamais, jusqu'au bout » (112). « Écartez-vous
de moi, malfaisants
» (115)
Après avoir repris ses déclarations initiales (97-104), d'aimer la loi et de haïr les tortueux (113), le psalmiste s'adresse à celui qui peut le protéger, son « abri »
222
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
et son « bouclier » (114). C'est alors que, pour la première et la dernière fois, il interpelle les « malfaisants » pour qu'ils s'éloignent de lui (115). Ce qui laisse entendre qu'il est cerné de près et donc en grand danger. Sa prière se fait alors particulièrement pressante, comme celle de qui est menacé de mort (116-117). Voyant comment le Seigneur traite les «méchants» (118-119), voilà que la frayeur le fait trembler et craindre ses jugements (120). « Mes yeux se consument pour ton salut » (123)
Pour la troisième fois le psalmiste affirme son amour des commandements et sa haine pour « toute voie de mensonge » (127-128). La différence est que cette déclaration est précédée et préparée par une longue supplication, toute empreinte de la plus grande humilité. Il supplie d'abord pour être protégé et délivré des « arrogants » qui l'oppriment et voudraient l'éloigner de faire le bien (121-122), pour en être sauvé (123) ; il prie aussi avec insistance pour être instruit par le Seigneur de ses «décrets» et de ses «ordres» (124-125), comme s'il ne les connaissait pas, comme s'il était le plus petit des débutants. D 'une assurance à l'autre
Le psalmiste avait commencé sa prière un peu à la manière du pharisien de la parabole (Le 18,9-14) : debout, se vantant de sa pratique impeccable de la loi, non sans se comparer au publicain dont il haïssait ouvertement la voie (97-104). L'épreuve, le «piège» (110) dans lequel il a risqué de se faire prendre, l'oppression des « arrogants » qui voulaient le détourner du bien (122), ont fini par plier sa suffisance. Et il en vient finalement à supplier le Seigneur d'avoir pitié de lui (132), comme s'il n'osait plus lever les yeux au ciel. De l'assurance qu'il mettait en sa propre fidélité, il est passé à l'assurance qu'il met en Dieu, le seul qui puisse lui donner la lumière qui lui permettra de marcher dans ses voies, le seul qui soit en mesure de le sauver de ses ennemis et de lui-même, et de le faire vivre.
Le psaume 119
223
E. TA LOI EST MA DÉLECTATION, CAR JE T'AIME (TSADÉ-TAW : 137-176)
Comme pour la séquence précédente, les deux premiers passages et les deux derniers se correspondent de manière parallèle : Tsadé avec Shin et Qoph avec Taw.
s ï Tu a j u s t e , toi, Thwh :
q « J'appelle de tout cœur, réponds-moi »
r « FAIS-MOI VIVRE ! »
s « Je te loue pour ta justice »
t « Qu'approche mon cri devant toi, Seigneur »
137-144
145-152
153-160
161-168
169-176
224
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
1. « T u ES JUSTE, TOI, YHWH » (TSADÉ : 137-144) COMPOSITION DU PASSA GE La première
partie
+ 137 JUSTE, .. et droit
(137-138) toi, (en) tes jugements.
Yhwh,
+ ' Tu as commandé .. et la sincérité
la JUSTICE
de tes ordres
- 139 M'anéantit :: car ils oublient
mon zèle, tes paroles
averse
140 ! Purifié, :: et ion serviteur
ton dire, l'aime.
Les deux morceaux sont complémentaires : le premier dit ce que le Seigneur a fait dans sa loi, le second l'attitude du psalmiste envers elle. Dans le premier segment (137) sont énoncées les qualités de Dieu en luimême, « juste » et « droit »30 ; dans le second, comment, dans la loi, il a mis en œuvre « justice » et « sincérité ». Dans le second morceau, le psalmiste dit d'abord sa colère contre ceux qui oublient la loi et qu'il appelle, pour cela, ses « adversaires » ; ensuite, se présentant comme « serviteur » du Seigneur, il exalte la pureté de la loi. Les deux occurrences de « complètement »jouent le rôle de termes finaux. La deuxième
partie
141
(141-144) moi je n'oublie pas.
et méprisé,
Ta JUSTICE (est) + et ta loi
JUSTICE loyauté.
À JAMAIS,
- 143 La détresse :: tes commandements
et l'angoisse mes délectations.
m'ont atteint,
tes ordres et je vivrai.
À JAMAIS,
Chétif :: tes préceptes 142
144
JUSTICE = fais-moi comprendre
30
En 137b, « droit » est au singulier et «jugement » au pluriel. Cette proposition nominale peut être comprise de deux façons : « et droits (sont) tes jugements » ou « et tu (es) droit (en) tes jugements ». Le parallélisme avec le premier membre fait pencher la balance vers cette dernière interprétation.
Le psaume 119
225
Les deux morceaux sont parallèles. Dans les premiers segments le psalmiste décrit sa misère (141a. 143a) puis proteste de son attachement à la loi (141b. 143b). De manière complémentaire les seconds segments proclament d'abord la «justice» de Dieu qui est « à jamais». Quant aux seconds membres, par lesquels s'achèvent les deux morceaux, ils représentent un décrochement, ou une surprise finale : alors que 142b est une affirmation concernant Dieu et sa loi, comme celle du membre précédent, le dernier membre est une prière, suivie de sa conséquence escomptée. Celle-ci s'oppose à l'état dans lequel se trouve le psalmiste, tel qu'il est énoncé dans les premiers membres de chaque morceau. L 'ensemble du passage
Tsadé
(137-144)
+ 137 jfUSTt., + et droit
TOI, en tes jugements.
Yhwh,
+ 138 TU AS COMMANDÉ + et la sincérité
la JUSTICE
de TES ORDRES
complètement.
- 139 M'anéantit - car ILS OUBLIENT
mon zèle, tes paroles,
140
mes adversaires.
+ Purifié, :: et ton serviteur
ton dire, l'aime.
complètement,
- 141 Chétif :: tes préceptes
MOI JE N'OUBLIE PAS.
et méprisé,
+ 142 Ta JUSTICE (est) + et ta loi
JUSTICE
a jamais,
- 143 La détresse :: TES COMMANDEMENTS
et l'angoisse mes délectations.
m'ont atteint,
+ 1 4 4 JUSTICE = fais-moi comprendre
TES ORDRES
à jamais,
et je vivrai.
loyauté.
Comme l'indiquent les membres initiaux (137a. 141a), les deux parties sont complémentaires : alors que « Yhwh » est proclamé « juste », le psalmiste se reconnaît « chétif et méprisé ». Dans la première partie le premier morceau est consacré à la justice de Dieu et le second à la situation du psalmiste ; ces deux éléments sont distribués différemment dans la seconde partie : en effet ce sont les premiers segments où le psalmiste se présente dans sa pauvreté (141a. 143a) et les seconds qui énoncent la justice de Dieu (142.144). À «juste » et «justice » en position symétrique dans le premier morceau de la première partie (137a. 138a) répondent les trois occurrences de «justice » dans la deuxième partie, au
226
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
début des premiers membres des seconds segments de chaque morceau (142a bis. 144a). +
137
r|
TOI,
+ et droit
en tes jugements.
+ 138 TUAS COMMANDÉ + et la sincérité
complètement.
- 1 3 9 M'anéantit - c a r ILS OUBLIENT ,4
la JUSTICE
mon zèle, tes paroles,
Yhwh, de TES ORDRES
mes adversaires.
+ ° Purifié, :: et ton serviteur
ton dire, l'aime.
complètement,
- 141 Chétif :: tes préceptes
MCI
et méprisé,
JE N'OUBLIE PAS.
+
142
T a JUSTICE ( e s t )
JUSTICE
à jamais,
+ et ta loi
loyauté.
- 143 La détresse :: TES COMMANDEMENTS
et l'angoisse mes délectations.
m'ont atteint,
+ 1 4 4 JUSTICE
TES ORDRES et je vivrai.
 jamais,
= fais-moi comprendre
Dans les morceaux extrêmes, au couple « tu as commandé » - « tes ordres » (138a) correspond le couple «tes commandements» - «tes ordres» (143b. 144a). Dans les morceaux médians « j e n'oublie pas» (141b) s'oppose à «ils oublient» (139b). Enfin, aux deux occurrences de «complètement» dans les derniers segments de chaque morceau de la première partie (138b. 140a) correspondent les deux occurrences de « à jamais » en position identique dans les derniers segments de chaque morceau de la deuxième partie. CONTEXTE BIBLIQUE Ps
69,10
Le verset 139 : M'anéantit mon zèle car ils oublient tes paroles mes adversaires rappelle Ps 69,10: Car le zèle de ta maison me dévore, et les insultes de tes insulteurs tombe sur moi.
Le psaume 119
227
Le premier membre de ce verset est cité en Jn 2,17. Quand Jésus chasse les vendeurs du temple, l'évangéliste commente : « Ses disciples se rappelèrent qu'il est écrit : "Le zèle de ta maison me dévore" ». INTERPRÉTA TION DU PASSA GE La justice
de Dieu
La justice de Dieu, proclamée avec la plus grande insistance, se manifeste dans sa loi, dans ses « ordres » et ses « commandements ». C'est une justice parfaite dans sa nature, car elle est « sincère » et « éprouvée » comme l'or passé au creuset, « complètement » (138b. 140a) ; parfaite aussi dans le temps, car elle ne passera pas, elle se maintient « à jamais » (142a. 144a). La détresse du juste
Celui qui s'attache à la loi de Dieu se trouve en butte à ceux qui l'oublient (139), qui ainsi deviennent non seulement ennemis de Dieu puisqu'ils n'observent pas sa loi, mais aussi « adversaires » du juste dont « le zèle » représente pour eux un reproche vivant de leur inconduite. Bien qu'il soit « méprisé » par eux et « chétif », le juste proteste de son attachement aux « préceptes » du Seigneur (141) ; et ce n'est pas « la détresse et l'angoisse » qui l'empêcheront de se délecter de ses « commandements » (143). « Fais-moi
comprendre
»
Toute cette belle profession de foi du psalmiste, fidèle observant de la loi de son Dieu, s'accompagne de « mépris » de la part des « adversaires » et de « détresse » intérieure. Si, en finale, il s'écrie « fais-moi comprendre », c'est qu'il se trouve dans la nuit de l'intelligence. Et s'il ajoute « et je vivrai », c'est qu'il se voit confronté à la mort. Ce qu'il ne comprend pas, c'est qu'on puisse haïr la loi de Dieu dont lui-même se délecte, c'est aussi sans doute l'inimitié que sa fidélité suscite, c'est enfin que son amour de la loi puisse le mettre en danger de mort.
228
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
2. « J ' A P P E L L E
DE TOUT C Œ U R , RÉPONDS-MOI » ( Q O P H
: 145-152)
COMPOSITION DU PASSA GE La première
partie
+ 1 4 5 J'APPELLE
:: Yhwh, 4-
146
147
148
réponds-moi, je garderai.
j'observerai
sauve-moi, tes ordres.
Je devance
:: en ta parole
-
de tout cœur, tes décrets
J E T'APPELLE,
:: et
-
(145-148)
Devancent
:: pour méditer
et J'IMPLORE,
j espere. mes yeux sur ton dire.
Les deux segments du premier morceau qui commencent par le même verbe sont tout à fait parallèles entre eux ; et il en va de même pour le second morceau. Les deux morceaux à leur tour sont parallèles entre eux ; «j'implore » (147a) rappelle les deux «j'appelle » du premier morceau (145a. 146a). La deuxième partie 149
(149-152)
+ YHWH,
entends selon tes jugements
selon ta fidélité fais-moi vivre.
-150 ïkâppmùàmi - de ta loi
mes persécuteurs ils s'éloignent.
infâmes,
toi,
YHWH,
Ma voix
151
Proche, + et tous tes commandements 152
+ De longtemps + qu'à jamais
sont loyauté. je sais tu les as fondés.
de tes ordres
Le premier morceau commence par un appel à l'aide (149) motivé par la menace des «persécuteurs» (150); les verbes extrêmes du deuxième verset s'opposent directement. Le deuxième morceau enchaîne, en reprenant un adjectif de la même racine que le verbe initial du segment précédent, mais cette fois-ci c'est Dieu qui est « proche » ; cette déclaration trouve sa raison dans la foi exprimée dans le dernier verset. Le couple canonique « fidélité et loyauté » (hesed we'ëmet ; voir, par ex. Gn 47,29 ; Pr 20,28, etc.) est distribué dans les premiers segments de chaque morceau.
Le psaume 119
229
L 'ensemble du passage Qoph (145-152) + 145 J'appelle
de tout cœur,
RÉPON DS-MOl,
:: YHWH,
tes décrets
je garderai.
+ 146 Je t'appelle, :: et
j'observerai
TES ORDRES.
l'aube j'espère.
et j'implore,
mes yeux
les veilles
-
147
Je devance
:: e n t a parole
- 148 Devancent : : pour méditer
SAUVE-MOI,
sur ton dire.
+ 149 Ma voix
ENTENDS
selon ta fidélité,
+ YHWH,
selon tes jugements
FAIS-MOI
- 150 Ils approchent - de t a loi
mes persécuteurs ils s'éloignent.
infâmes,
+ 151 Proche, + et tous tes commandements
toi, sont loyauté.
YHWH,
:: 152 De longtemps + qu'à jamais
je sais tu les as fondés.
d e TES ORDRES
VU'RE.
Les premiers morceaux sont marqués chacun par deux impératifs qui se correspondent en parallèle: «réponds-moi» et «sauve-moi» (145-146), « entends » et « fais-moi vivre » (149). Les deux occurrences de « tes ordres » marquent la fin des morceaux extrêmes. INTERPRÉTA TION DUPA SSA GE
Danger de mort Un seul verset parle des « persécuteurs » du psalmiste (150). Et pourtant si ce dernier s'écrie « sauve-moi » (146), « fais-moi vivre » (149), c'est qu'il est bien conscient d'être en danger de mort. C'est pourquoi il « appelle » (145. 146) et « implore » le Seigneur durant les veilles de la nuit, sans attendre le jour. Les persécuteurs « s'approchent », méprisant la loi de Dieu, menaçant la vie de celui qui lui est fidèle et dont la conduite les condamne. La présence de Dieu Les persécuteurs sont présents, menaçants, de plus en plus proches, mais c'est de Dieu et de sa loi que parle pratiquement tout le passage. C'est à lui et à lui seul que le psalmiste s'adresse. Même dans le verset où sont nommés les persécuteurs, la « loi » du Seigneur aussi est mentionnée : tout est considéré en
230
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
fonction de Dieu, même ceux qui « s'éloignent » de lui. Le psalmiste persécuté n'a que le nom de « Yhwh » à la bouche (145.149.151), et les divers noms de la loi qu'il égrène à plaisir. Une fidélité et loyauté partagées La loi est ce qu'il partage avec son Dieu. C'est « selon sa fidélité » et « selon ses jugements » que son sauveur le fera vivre (149). Quant au psalmiste, il ne cesse de proclamer sa propre fidélité aux « décrets » et aux « ordres » divins, « parole » dans laquelle il « espère » et qu'il « médite » au long des nuits, répétant au point de la faire sienne.
3 . « FAIS-MOT VIVRE ! » ( R E S H : 1 5 3 - 1 6 0 )
COMPOSITION DU PASSA GE La première partie (153-155) + 1 5 3 Vois :: car t a ici
mon humiliation je n'oublie pas.
e t DELIVRE-MOI,
+ 1 5 4 DÉFENDS :: pour ton dire
ma cause
e t VENGE-MOT,
- 1 5 5 Loin
des méchants ils ne recherchent pas.
- car tes décrets
FAIS-MOI VIVRE.
le salut,
Les premiers membres de deux premiers segments sont parallèles et synonymes, tandis que leurs seconds membres sont complémentaires : fidélité à la « loi » pour l'homme, fidélité à ses « paroles » pour Dieu. Le troisième segment nomme ceux qui provoquent « l'humiliation » du juste (153a) et le mettent en « cause » (154a) ; alors que le psalmiste « n'oublie pas » la loi de Dieu, « les méchants » « ne recherchent pas » « ses décrets ». La deuxième partie (156-158) + 156 Ta miséricorde :: selon tes jugements
est NOMBREUSE,
-157 NOMBREUX : : d e tes ordres
mes persécuteurs je ne dévie pas.
et mes adversaires,
- 158 J'ai vu - eux qui
des traîtres ton dire
et suis dégoûté, n'observent pas.
Yhwh,
fais-moi vivre.
Le psaume 119
231
Les deux premiers segments sont complémentaires : dans les premiers membres, si les « persécuteurs » et « adversaires » du psalmiste sont « nombreux », la « miséricorde » divine l'est aussi ; on notera l'opposition entre le singulier du Seigneur et le pluriel des adversaires. Dans les seconds membres à la fidélité de Dieu à ses «jugements », répond celle de l'homme à ses « ordres ». Dans le troisième segment, contrairement à Dieu et au juste, fidèles à la loi, les « traîtres » « ne l'observent pas ». La troisième partie
(159-160)
:: 159 Vois 4- Yhwh,
combien tes préceptes selon ta fidélité
j'aime, fais-moi vivre.
+ 160 La tête + et à jamais
de ta parole tout jugement
est loyauté, de ta justice.
La demande du second membre du premier segment est motivée par l'amour que le psalmiste porte à la loi. Puis la « fidélité » du Seigneur est décrite comme éternelle, depuis « la tête », c'est-à-dire depuis l'origine jusque « à jamais ». Le couple canonique « fidélité » et « loyauté » (hesed we 'émet ; voir p. 228) lie les deux segments. L 'ensemble
du passage
Resh
(153-160)
+153 vois : : car ta loi
j e n'oublie pas.
+ 154 Défends • pour TON DIRE
ma cause FAIS-MOI VIVRE.
et venge-moi,
- 1 5 5 Loin
des méchants,
le salut,
- car tes décrets + 156 Ta miséricorde • SELON TES jugements -
157
Nombreux
mon humiliation
et délivre-moi,
ils ne r e c h e r c h e n t pas.
est nombreuse, FAIS-MOI VIVRE.
YHWH,
mes persécuteurs
et mes adversaires,
:: de tes ordres
je ne d é v i e
- 158 J'AI VU - lesquels
des traîtres
et suis dégoûté,
TON DIRE
ils / 7 c b s e r v e n t pas.
+ 159 VOIS
combien tes préceptes
• YHWH,
SFÏONTÀ fidélité
j'aime, FAIS-MOI VIVRE.
+ 160 Le principe + et à jamais
de ta parole tout jugement
est loyauté, de ta justice.
pas.
232
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
+153 vois
mon humiliation j e n'oublie pas.
et délivre-moi,
: : car ta loi
+ 154 Défends • pour TON DIRE
ma cause FAIS-MOI VIVRE.
et venge-moi,
- 1 5 5 Loin
des méchants, Us ne recherchent pas.
le salut,
est nombreuse, FAIS-MOI VIVRE.
YHWH,
mes persécuteurs j e ne dévie pas.
et mes adversaires,
:: de tes ordres - 158 J'AI VU - lesquels
des traîtres
TON DIRE
et suis dégoûté, Us ^observent pas.
- car tes décrets +
156
Ta miséricorde
• SELON TES
-
+
157
jugements
Nombreux
159
VOIS
combien tes préceptes
• YHWH,
SELON TA f i d é l i t é
j'aime, FAIS-MOI VIVRE.
+ 160 Le principe + et à jamais
de ta parole tout jugement
est loyauté, de ta justice.
Les parties extrêmes commencent par le même impératif ; mais tandis que dans la première le psalmiste demande au Seigneur de « voir » le mal qu'il subit de la part des « méchants », dans la dernière ces derniers sont absents et il est tout entier attaché à la loi. Le verbe « voir » revient à la fin de la partie centrale : ce qu'il a vu, ce sont ses ennemis qui sont de nouveau présents dans les deux derniers segments de la seconde partie : ce sont ceux qui se moquent de la loi du Seigneur, en termes finaux des deux premières parties (155b. 158b), alors que le psalmiste affirme par deux fois sa fidélité dans des termes semblables (153b. 157b). Dans chacune des trois parties revient J'impératif «fais-moi vivre» (154b. 156b. 159b), en position symétrique les deux dernières fois, et précédé d'un complément introduit par « selon ». CONTEXTE BIBLIQUE Le
décalogue
Les deux tables de la Loi règlent les rapports de l'homme avec son Dieu et avec son prochain. Le juge injuste et le
pharisien
En Le 18,1-14, les deux paraboles du juge injuste et de la veuve d'une part, du pharisien et du publicain d'autre part sont couplées. Le juge « ne craignait pas
Le psaume 119
233
Dieu ni ne respectait les hommes (2), et la deuxième parabole est adressée « à certains qui étaient persuadés d'être justes et qui méprisaient le reste des hommes » (9), tel le pharisien qui priait en disant : « Dieu, je te rends grâces de ne pas être comme le reste des hommes... »(11) 31 . INTERPRÉTA TION D U PASSA GE
Dieu et le prochain
On pourrait imaginer que ceux qui se moquent de la loi de Dieu et ceux qui l'observent forment deux groupes séparés qui n'ont aucun rapport entre eux. Or il n'en est rien : le juste est humilié et persécuté par les méchants. Non seulement ils ne « recherchent » ni n'« observent » les décrets du Seigneur, mais ils s'attaquent aussi à celui qui « n'oublie pas » sa loi et « ne dévie pas » de ses ordres. Les dix paroles règlent ensemble les relations de l'homme aussi bien avec Dieu et qu'avec les autres hommes : qui ne respecte pas Dieu ne peut que mépriser son prochain. « Fais-moi vivre »
Si, par trois fois, le psalmiste s'écrie « fais-moi vivre », c'est qu'il est menacé de mort. Assigné au tribunal, seul Dieu peut le défendre contre les menées de ses ennemis (154). Malgré l'humiliation et la persécution, le psalmiste est convaincu que la « miséricorde » du Seigneur est plus « nombreuse » que ses persécuteurs (156-157) et qu'il peut le libérer de leurs menées. C'est pourquoi le passage s'achève dans la confiance en la « fidélité » et la « loyauté » de Dieu, qui ne laisse plus de place à ses ennemis, parce qu'elle est reconnue être depuis toujours et à jamais.
31
VoirLwc, 693-699.
234
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
4. « JE TE LOUE POUR TA JUSTICE » (SHIN : 161-168) COMPOSITION DUPA SSA GE
La première partie (161-164) • 161 Des chefs : et à tes paroles : 162
ME RÉJOUISSANT,
comme le trouvant •163 Le mensonge : ta loi
=164 Sept fois pour les jugements
me persécutent tremble
sans raison, mon cœur.
moi, un butin
pour ton dire,
je hais j'aime.
et J execre,
le jour de ta justice.
JE TE LOUE
nombreux.
Ce n'est pas devant ses persécuteurs que le psalmiste « tremble », mais aux « paroles » de Dieu (161-162). La joie causée par le « dire » du Seigneur est comparée à celle du vainqueur qui recueille le butin (162). Les deux segments du premier morceau semblent construits de manière spéculaire : encadrés par « tes paroles » et « ton dire », les membres centraux disent l'attachement du psalmiste à la loi du Seigneur ; le dernier membre répond au premier, comme si l'orant était assuré de sa victoire sur ses persécuteurs qu'il dépouillera dans la joie. Le second morceau est parallèle au premier. Dans les premiers membres « le mensonge », qui semble bien être celui des persécuteurs, renvoie à « sans raison» (163a. 16la); les deuxièmes membres sont synonymes. Dans les seconds segments, « j e te loue » correspond à « me réjouissant » et « pour les jugements » à « pour ton dire ». La deuxième partie (165-168) = 1 6 5 Paix = et pas pour eux
nombreuse de trébuchement.
pour LES AMAHJ
+ 166 J'espère
ton salut, je fais.
Yhwh,
+ et tes commandements
+ 167 Observe = et je les A M E
mon ame complètement.
tes ordres,
+ 168 J'observe = car routes mes voies
tes préceptes
et tes ordres,
en face de toi.
t a loi,
Le psaume 119
235
Dans le premier morceau, la loi générale du premier segment (165) s'applique ensuite à la première personne du psalmiste (166); « s a l u t » correspond à « paix » et à « pas de trébuchement ». Les deux segments du second morceau sont parallèles : leurs premiers membres commencent par « observer » et s'achèvent par « tes ordres » ; quant aux seconds membres, ils insistent sur la perfection de l'obéissance (« complètement » et « toutes »). Le deuxième morceau développe le contenu du dernier membre du premier morceau. « Aimer » est repris dans les premiers segments (165a. 167b). L 'ensemble du passage Shin (161-168) me persécutent tremble
sans raison,
= Me réjouissant, .. comme qui trouve
moi, un butin
pour ton dire, NOMBREUX.
- 1 6 3 Le mensonge
je hais J'AIME.
et J'exècre,
1 l ' A LOi
= 164 Sept fais .. pour les jugements
le jour de ta justice.
je te loue
= 1 6 5 Paix = et pas pour eux
NOMBREUSE
pour les AIMANT
+ 166 J'espère
ton salut, je fais.
Yhwh,
+ et tes commandements
+ 167 Observe = et je les AIME
m on âme complètement.
tes ordres,
+ 168 J'observe = car toutes mes voies
tes préceptes
et tes ordres,
- 1 6 1 Des chefs :: et à tes paroles 162
mon
cœur.
TA LOI,
de trébuchement.
en face de toi.
Les persécuteurs n'apparaissent que dans les premiers membres des deux morceaux de la première partie (16la. 163a). Dans le premier morceau de la deuxième partie le « salut » que le psalmiste « espère » est la délivrance de ses persécuteurs ; ce « salut » est la « paix » et l'absence de « trébuchement » du segment précédent. « A i m e r » de 163b revient deux fois dans la deuxième partie (165a. 167b). « Nombreuse » au début de la deuxième partie reprend « nombreux » à la fin du premier morceau. « Ta loi » revient au début des morceaux intermédiaires (163b. 165a). Enfin, « sept fois » à la fin de la première partie (164a) de même que « complètement » et « toutes mes voies » à la fin de la deuxième (167b. 168b) expriment la même idée de totalité.
236
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE Le salut de Dieu contre les
persécuteurs
D'entrée de jeu le psalmiste évoque sa situation de persécuté. Il y reviendra pour dire sa haine du « mensonge », celui de ceux qui le poursuivent « sans raison ». Et il n'est pas en butte à n'importe qui, mais à « des chefs », c'est-àdire à ceux qui, de par leur position, sont en mesure de lui faire du mal impunément. Si c'est « l e salut» et « l a paix» qu'il espère, c'est qu'on lui fait la guerre et que sa vie est en péril. Confiance
et
louange
Les ennemis puissants sont menaçants qui risquent de faire trébucher le psalmiste, mais très vite c'est la confiance en Dieu et l'amour de sa loi qui prend le dessus et se maintient, imperturbable, jusqu'à la fin. En effet, ce n'est pas devant ses persécuteurs, fussent-ils « des chefs », qu'il « tremble » (161), mais seulement devant le seul qui peut le « sauver» (166a). Son assurance est telle qu'elle se manifeste dans la joie (162a) et dans la louange (164). Ainsi, c'est « sept fois le j o u r » qu'il peut louer son sauveur (164). Voilà pourquoi il peut dire qu'il aime les ordres de Dieu « complètement » (167) et que « toutes » ses voies sont devant lui (168).
5. « QU'APPROCHE MON CRI DEVANT TOI, YHWH » (TAW : 169-176) COMPOSITION DU PASSA GE La première
partie
(169-170)
+
169
mon cri FAIS-MOI COMPRENDRE.
devant toi,
+
170
ma supplication
devant toi,
APPROCHE = selon ta parole VIENNE = selon TON DIES
Yhwh,
délivre-moi.
:: 171 PROFÈRENT - car Tfj M'APPRENDS
meslèweB tes décrets.
la louange,
: : 172 CHANTE - car tous tes commandements
m langue (sont) justice.
TON DIRE,
Les deux segments du premier morceau sont tout à fait parallèles. Les seconds membres sont complémentaires : le psalmiste commence par demander la sagesse, puis il implore la délivrance.
Le psaume 119
237
Dans le deuxième morceau, le parallélisme des premiers segments est un peu moins strict : « la louange » est le fait de l'homme tandis que « ton dire » est celui de Dieu. Commençant par « car », les seconds membres donnent la raison des premiers membres. A leur tour les deux morceaux sont parallèles entre eux. Les quatre segments commencent par un verbe au jussif et expriment tous une prière. Mais, tandis que dans le premier morceau le psalmiste crie sa supplication, dans le second il demande de pouvoir louer le Seigneur. Dans le premier segment du premier morceau, il demande à Dieu de lui « faire-comprendre » sa « parole » ; dans le segment symétrique (171) il le louera de lui avoir « appris » ses « décrets ». Les seconds membres commencent par la préposition préfixe k* traduite par « selon » dans le premier morceau, par la conjonction kî traduite par « car » dans le second morceau. En ce qui concerne les seconds segments de chaque morceau, où est repris « ton dire », on peut comprendre que la « justice » de Dieu se manifeste par la « délivrance » accordée à son fidèle. La deuxième partie =
173
(171-176)
SOIT
ta main
- car tes préceptes
+ 1 7 4 JE DÉSIRE ..et ta loi
POUR MON SECOURS,
j'ai choisi. ton salut, (est)
=175 VIVE
:: et que tes jugements + 1 7 6 J'ERRE + cherche
.. car tes commandements
Yhwh,
nies u6i€ct3yoiis. mon âme
et qu'elle te loue,
ME SECOURENT ! comme brebis ton serviteur
perdue :
k if oublie pas.
Les deux segments du premier morceau sont parallèles. Les premiers membres demandent le « secours » et le « salut » de Dieu, les seconds membres en donnent comme raison le fait que l'orant aime la loi et ses préceptes. Dans le deuxième morceau domine la supplication qui s'exprime dans les deux membres du premier segment et les deux premiers membres du second segment. Introduit par « car », le dernier membre en revanche donne la raison des requêtes précédentes. Les deux morceaux sont parallèles. Ils commencent par deux jussifs fort semblables en hébreu ( f h î et fhî), suivis de deux parties du corps (surtout si l'on traduisait le second par « ma gorge »). Dans les premiers segments, « me secourent » renvoie à « pour mon secours ». Les seconds membres des deux segments du premier morceau ainsi que le dernier membre du deuxième morceau expriment tous la raison de la prière.
238
L 'ensemble
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
du passage
Taw
+ 1 6 9 QU'APPROCHE
= selon ta parole + 1 7 0 QUE VIENNE
= selon TON DIRE + 1 7 1 QUE PROFÈRENT
= car TU M'APPRENDS
(169-176) mon cri ma supplication délivre-moi.
devant toi,
mes lèvres
LA LOUANGE,
ma langue = car tous TES COMMANDEMENTS (sont) justice.
- car tes préceptes
+
174
Je désire - et ta loi
(est)
+ 1 7 5 QUE VIVE
+ et que tes jugements + 176 J'erre + cherche - c a r TES COMMANDEMENTS
YHWH,
tes décrets.
+ 1 7 2 QUE CHANTE
+ 1 7 3 QUE SOIT
devant toi,
FAIS-MOI COMPRENDRE.
ta main j'ai choisi.
TON DIRE,
pmip MHhj çprniîgc.
ton salut, mes délectations.
YHWH,
mon âme ME SECOURENT \
et QU'ELLE TE LOUE,
comme brebis ton serviteur je n'oublie pas.
perdue :
Tous les segments de la première partie commencent par un jussif, et de même les deux morceaux de la deuxième partie. Le vocatif « Yhwh » revient une fois dans les premiers morceaux de chaque partie (169a. 147a), chaque fois en fin de membre. Au couple de synonymes « faire-comprendre » et « apprendre » dans les premiers segments de chaque morceau de la première partie (169b. 171b) semblent correspondre les deux termes de même racine dans les premiers segments de chacun des morceaux de la deuxième partie (« pour mon secours » et « me secourent » : 173a. 175b). « Louange » et « louer » se trouvent en position symétrique à la fin des premiers membres des seconds morceaux (171a. 175a). Les deux occurrences de « tes commandements » jouent le rôle de termes finaux (172b. 176c). Chaque partie avance des motivations pour les requêtes adressées au Seigneur, introduites par « car » ; mais, tandis que dans la première partie ces motivations s'appuient sur les actions de Dieu (171b. 172b), dans la deuxième partie elles s'appuient sur les actions du psalmiste (173b.l76c, et de même 174b).
Le psaume 119
239
INTERPRÉTA TION DU PASSA GE Tout dépend de Dieu
Dans la première partie le psalmiste s'en remet totalement au Seigneur. C'est lui qui accueillera le cri de sa supplication (169a-170a) ; c'est lui aussi qui lui ouvrira ses lèvres et dénouera sa langue pour qu'il puisse chanter sa louange (171a-172a). C'est à la parole de Dieu et à son dire que le suppliant fait appel pour obtenir sagesse et salut (169b. 170b) ; il louera son libérateur, parce que c'est lui qui le lui enseignera grâce à la justice de ses commandements (171b. 172b). L'appel au secours se poursuivra dans la deuxième partie pour obtenir un salut qui ne saurait venir que de Dieu. La part de
l'homme
Dans la deuxième partie le psalmiste affiche, de manière déterminée, son engagement et le choix qu'il a fait de suivre la loi de son Dieu. Il utilise son attachement aux préceptes comme un levier pour obtenir l'aide du Seigneur. Non pas que sa fidélité et la justice de ses œuvres puissent le sauver, puisqu'il continue d'invoquer le secours d'en-haut. Les raisons qu'il invoque, en insistant par trois fois sur son amour de la loi de Dieu, semblent n'être qu'une sorte de déclaration d'amour qui ne saurait que déclencher en retour la miséricorde divine.
240 6. T A
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques LOI E S T M A D É L E C T A T I O N , C A R JE T ' A I M E ( T S A D É - T A W
: 137-176)
COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Les deux premiers passages
(Tsadé - Qoph)
Tsadé 137 138 139
Tu es juste, toi, Y H W H , Tu as commandé la justice de TES
ORDRES
M'anéantit mon zèle, r: : .complètement,
car ils oublient TES PAROLES mes adversaires. et ton serviteur l'aime.
Je suis chétif moi et méprisé, Ta justice est justice À jamais,
tes préceptes je n'oublie pas. et TA LOI
La détresse et l'angoisse m'ont atteint, Justice TES O R D R E S À JAMAIS,
TES fiûMMMVB font mes délices. fais-moi comprendre ET je vivrai.
140Purifié, 141 142 143 144
et droit en t e s jugements. et la sincérité complètement.
loyauté.
Qoph 145 146 147 148 149 150 151 152
J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Je t'appelle, sauve-moi,
YHWH,
tes décrets je garderai. et j'observerai TES O R D R E S .
Je devance l'aube et j'implore, Devancent mes yeux les veilles
en TA PAROLE j'espère. pour méditer sur * X "
Ma voix entends selon ta fidélité, Ils approchent mes persécuteurs infâmes,
YHWH, selon rc~ de TA LOI ils s'éloignent.
Tu es proche, toi, Y H W H , À l'avance je sais de TES O R D R E S
et tous 'HiSflniMUOiwvis sont loyauté. qu'/i jamais tu les as fondés.
!. fais-moi vivre.
Dans les premières parties, les quatre termes communs reviennent dans le même ordre : « Yhwh », « tes ordres », « tes paroles/ta parole », « ton dire ». De même dans les deuxièmes parties quatre termes reviennent dans le même ordre : « ta loi », « tes commandements », « tes ordres », « à jamais » (« à jamais» apparaissait déjà en 142). «Loyauté» et « j e vivrai»/ «fais-moi vivre » se trouvent en ordre inverse, à la fin des seconds segments de chacun des deux morceaux dans la deuxième partie du premier passage (142.144) ; et, en revanche, à la fin des premiers membres de chacun des deux morceaux de la deuxième partie du second passage (149.151).
Le psaume 119 Les deux derniers
passages
(Shin -
241
Taw)
Shin Des chefs me persécutent sans raison, Je me réjouis, moi, à cause de
mais de TES PAROLES tremble mon cœur. comme qui trouve un butin nombreux.
Le mensonge je hais et j'exècre, Sept fois le jour, JE TE LOUE
c'est TA LOI que j'aime. à cause des jugemefits de
165
Paix nombreuse pour les aimant TA LOI,
166
J'espère
rien ne les fait trébucher. et 1IN i « f mmrns je pratique.
167
Observe MON ÂME tes ordres, J'observe tes préceptes et tes ordres,
161 162 163 164
168
TON SALUT, YHWH,
TA JUSTICE.
et je les aime complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw 169 170 171 172
Approche mon cri devant toi, Yhwh, Vienne ma supplication devant toi,
selon TA PAROLE fais-moi comprendre. selon délivre-moi.
Profèrent mes lèvres Chante ma langue
car tu m'apprends tes décrets. car tous m m m m m w sont
TA LOUANGE,
173
Me soit ta main secourable,
174
J e désire
175
Que vive MON ÂME ET TE LOUE, J'erre comme brebis perdue :
176
TON SALUT, YHWH,
JUSTICE.
car tes préceptes j'ai choisi. et TA LOI me délecte. et que tes jugements me secourent ! cherche ton serviteur car m (mmmmmïs je n'oublie pas.
Chaque passage comprend deux parties formées de deux morceaux. Dans les premières parties, les premiers morceaux reprennent dans le même ordre « tes paroles »/« ta parole » (161.169) et « ton dire » (162.170). Dans les seconds morceaux « ta louange » (171) renvoie à « j e te loue » (164) ; les deux occurrences de «justice »jouent le rôle de termes finaux (164.172). Les deuxièmes segments des deuxièmes parties sont très semblables (166. 174) ; au début des derniers morceaux « mon âme » est repris en même position (167.175) ; les derniers membres commencent par « car » (168b. 176c). Les termes de la même famille, « louer » et « louange », reviennent trois fois, une fois dans le premier passage (164) et deux fois dans le second, en position identique (171-175).
242
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les rapports entre les paires de passages
extrêmes
Tsadé 137
JUSTE tu es, toi, Yhwh, Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres 139 M'anéantit mon zèle, 140 Purifié, f , complètement, 141 Je suis chétif moi et méprisé,
et droit en tes jugements. et la sincérité complètement. car ils oublient TES PAROLES mes adversaires.
142
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais,
143
La détresse et l'angoisse m'ont atteint, JUSTICE tes ordres à jamais,
et ta loi loyauté. tes commandements (sont) mes délectations.
138
144
et'
1
\V< ' L ' A I M E .
tes préceptes JE N'OUBLIE PAS.
FAIS-MCI COMPRENDRE ET JE V I V R A I .
Qoph J'appelle de tout cœur, réponds-moi, t'appelle, SAUVE-MOI, 147 Je devance l'aube et j'implore, 148 Devancent mes yeux les veilles 149 Entends ma voix selon ta fidélité,
Yhwh, tes décrets je garderai. et f observerai tes ordres.
145
146 Je
150
Ils approchent
en TA PAROLE j'espère.
pour méditer sur Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE. de ta loi ils s'éloignent. et tous tes commandements sont loyauté. qu'à jamais tu les as fondés.
MES PERSÉCUTEURS infâmes,
151
Tu es proche, toi, Yhwh, 152 De longtemps je sais de tes ordres [153-160] Shin Des chefs ME PERSÉCUTENT sans raison, Je me réjouis, moi, pour 163 Le mensonge je hais et j'exècre, 164 Sept fois le jour je te loue 165 Paix nombreuse pour les AIMANT ta loi, 166 J'espère TON SALUT, Yhwh, 167 Mon âme absente tes ordres 168 J'observe tes préceptes et tes ordres,
mais à TES PAROLES tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux. c'est ta loi que J'AIME. pour les jugements de TA JUSTICE. rien ne les fait trébucher. et tes commandements, je les pratique. et je les AIME complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
161 162
Taw Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, Que vienne ma supplication devant toi, 171 Que profèrent mes lèvres ta louange, 172 Que chante ma langue TOIID! : B, 173 Me soit ta main secourable, 174 Je désire TON SALUT, Yhwh, 175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, 176 J'errë comme brebis perdue : cherche M 169
selon TA PAROLE FAIS-MCI COMPRENDRE.
170
selon 1 délivre-moi. car tu m'apprends tes décrets. car tous tes commandements sont JUSTICE. car tes préceptes j'ai choisi. et ta loi (est) mes délectations. et que tes jugements me secourent ! MMM\
car tes c o m m a n d e m e n t s JE N'OUBLIE PAS.
Le psaume 119
243
- « Justice », qui revient quatre fois dans le premier passage (à quoi il faut ajouter « juste »), est repris une fois dans chacun des deux derniers passages. - « Tes paroles » et « ton dire » qui le suit reviennent dans les troisièmes et quatrièmes segments des deux premiers passages (139-140.147-148) ainsi que dans les deux premiers segments des deux derniers passages (161-162. 169-170). - « Tes ordres » revient deux fois dans les deux premiers passages (138-144), deux fois aussi dans l'avant-dernier (167-168) et ne reparait pas dans le dernier passage. - « Je n'oublie pas » et « fais-moi comprendre », qui cooccurrent dans les passages extrêmes (141.144 et 169.176), peuvent être considérés comme jouant le rôle de termes extrêmes ; il en va de même pour les deux occurrences de « ton serviteur » (140.176). - « S a u v e r » / «salut» reviennent dans le deuxième passage (146) et dans chacun des deux derniers passages, en même position (166.174). - « Approcher » et « proche » se trouvent à la fin du second passage (150.151) et au début du dernier (169). - « Mes persécuteurs » remplissent la fonction de termes médians à distance (150.161). - « Que vive » à la fin du dernier passage (175) fait écho à « j e vivrai » dans le premier passage (144) et à « fais-moi vivre » dans le deuxième (149). - « Aimer », dont le sujet est toujours le psalmiste, revient une fois dans le premier passage (140) et trois fois dans l'avant-dernier (163.165.167). - « Mes délectations » est repris à la fin des passages extrêmes (143.174).
244
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les rapports entre le passage
central et les quatre
Tsadé 137 JUSTE tu es, toi, Yhwh, 138 Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres 139 M'anéantit mon zèle, 140 Purifié, ton dire, complètement,
Je suis chétif moi et méprisé,
141 142
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, Lâ détresseet l'angoisse m'ont atteint, JUSTICE tes ordres à jamais,
143 144
Qoph 145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, 146 Je t'appelle, sauve-moi, 147 Je devance l'aube et j'implore, 148 Devancent mes yeux les veilles 149 Entends ma voix SELON TA FIDÉLITÉ, 150 Ils approchent M PERSÉCUTEURS infâmes, 151 Tu es proche, toi, Yhwh, 152 De longtemps je sais de tes ordres
autres
et droit en tes jugements. et la sincérité complètement. car iL-> tes paroles MIS ADVERSAIRES. et ton serviteur i / A I M E . tes préceptes JE N 0u8 RAS. et ta loi loyauté. tes commandements (sont) mes délectations. fais-moi comprendre ET JE VIVRAI.
Yhwh, tes décrets je garderai. et j'ofiSEiivtHAi tes ordres. en ta parole j'espère. pour méditer sur ton dire. Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE. de ta loi ils s'éloignent. et tous tes commandements sont loyauté. qu'à jamais tu les as fondés.
Resh 153
Vois mon humiliâiion et délivre-moi,
car ta loi JE N'OUBLIE PAS.
pour ton dire FAIS-MOI VIVRE. Défends ma eâusezi venge-moi, 155 Loin des méchants, le salut, car tes décrets .\ 156 Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE. 157 Nombreux MES PERSÉCUTEURS EX MES ADVERSAIRES,de tes ordres je ne dévie pas. 158 J'ai vu des traîtres et suis dégoûté, lesquels ton dire II^'OCTYIINTPAS. 159 Vois combien tes préceptes J'AI MB, Yhwh, SELON TA FIDÉLITÉ FAIS-MOI VIVRE. 160 Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais tout jugement de TA JUSTICE. 164
Shin 161 Des chefs MEPERBEOUTENTsans raison, 162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, 163 Le mensonge je hais et j'exècre, 164 Sept fois le jour je te loue 165 Paix nombreuse pour les AIM ANT ta loi, 166 J'espère ton salut, Yhwh, 167 168
Mon âme msim- tes ordres
J'ÎMU; tes préceptes et tes ordres,
Taw 169 Qu'approche mon SR/devant toi, Yhwh, 170
Que vienne ma supplication devant toi,
Que profèrent mes lèvres ta louange, Que chante ma langue ton dire, 173 Me soit ta main secourable, 174 Je désire ton salut, Yhwh, 175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, 176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur 171
172
mais à tes paroles tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux. c'est ta loi que i'AIME. pour les jugements de TA JUSTICE. rien ne les fait trébucher. et tes commandements, je les pratique. et je les AIME complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
selon ta parole fais-moi comprendre. selon ton dire délivre-moi. car tu m'apprends tes décrets. car tous tes commandements sont JUSTICE. car tes préceptes j'ai choisi. et ta loi (est) mes délectations. et que tes jugements me secourent ! car tes commandements JE N'OUBLIE RAS.
Le psaume 119 Les rapports entre le passage central et les quatre
245 autres
Dans le passage central sont concentrés un grand nombre d'éléments qui se retrouvent ailleurs : - « Justice », dont on a déjà vu qu'il revenait en force dans le premier passage (avec « juste » cinq fois), et deux fois dans chacun des deux derniers passages (164.172) se retrouve à la fin du passage central. C'est la seule sous-séquence où le terme est employé aussi souvent32. - « Sauver »/« salut » qui se trouve dans le deuxième passage (146) et dans les deux derniers (166.174) revient au centre (155). - L e s trois occurrences de « fais-moi vivre » (154.156.159) font écho à « et je vivrai » dans le premier passage (144), à « fais-moi vivre » dans le deuxième (149 ; précédé les deux fois par « selon ta fidélité »), et à « que vive » dans le dernier passage (175). - « J e n'oublie pas» (153) comme dans les passages extrêmes (141.176); la première occurrence s'oppose à «ils oublient» (139) et de même dans le passage central « j e n'oublie pas » s'oppose à « ils ne recherchent pas » (155) et à « ils n'observent pas » (158). - « Observer » dont le sujet est le psalmiste revient dans les passages médians (146 et 167.168), et il se trouve aussi dans le passage central, mais avec « des traîtres » comme sujet (158). - « J ' a i m e » (159) fait écho aux quatre autres occurrences : une fois dans le premier passage (140) et trois fois dans le quatrième (163.165.167) - « M e s persécuteurs» (157) renvoie à «mes persécuteurs» dans le passage précédent (150) et à « me persécutent » dans le passage suivant (161) ; « mes persécuteurs » est suivi de « mes adversaires » qui se trouvait déjà dans le premier passage (139). Ces deux termes sont accompagnés dans le passage central de deux synonymes, «les méchants» (155) et «les traîtres» (158). « Mon humiliation » et « ma cause » au début du passage central (153.154) sont provoquées par les « persécuteurs » qui sont « des chefs » au début du passage suivant (161), ce qui déclenche « cri » et « supplication » au début du dernier passage (169-170). On aura noté l'élargissement final : le dernier segment en effet est le seul trimembre de la sous-séquence.
32
Huit fois dans cette dernière sous-séquence, contre deux fois dans les deux premières et trois fois dans l'avant-dernière.
246 Les
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques demandes
Tsadé 137 Juste tu es, toi, YHWH, 138 Tu as commandé la justice de tes ordres 139 M'anéantit mon zèle, 140 Purifié, ton dire, complètement, 141 Je suis chétif moi et MÉPRISÉ, 142 Ta justice est justice à jamais, 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, 144 Justice à jamais, Qoph 145 J'appelle de tout cœur, RÉPONDS-MOI, 146 Je t'appelle, SAUVE-MOI, 147 Je devance l'aube et j'implore, 148 Devancent mes yeux les veilles 149 ENTENDS ma voix selon ta fidélité, 150 Ils approchent MES PERSÉCUTEURS infâmes, 151 Tu es proche, toi, YHWH, 152 De longtemps je sais de tes ordres
et droit en tes jugements. et la sincérité complètement. car ils oublient TESRAROLÊS MESADVERSAIRES. et ton serviteur l'aime. tes préceptes je n'oublie pas. et ta loi loyauté. tes commandements (sont) mes délectations.
MSMCOHPMDM^ JE VIVRAI.
YHWH, TESPÉCRETS je garderai. et j'observerai ORDRES. en ta parole j'espère. pour méditer sur ton dire. YHWH, selon iBJUSEMara FAIS-MOI VIVRE. de ta loi ils s'éloignent. et tous tes commandements sont loyauté. qu'à jamais tu les as fondés.
Resh 153 154
Vois mon HUMILIATIONSt DÉLIVRE-MOI, DÉFENDS ma cause et VENGE-MOI,
Loin des MÉCHANTS, le salut, 156 Ta miséricorde est nombreuse, YHWH, 155
car TAïC! je n'oublie pas.
FOUS TON DÎR£ FAIS-MOI VIVRE. car tes décrets ils ne recherchent pas.
SELON TES jugements FAIS-MOI VIVRE. 157 Nombreux MEC PERSÉCUTEURS et MESAEI^RSAIRES, de tes ordres je ne dévie pas. J'ai vu des TPAJMECET suis dégoûté, Vois combien t b p r é b ^ s j'aime, 160 Le principe de ta parole est loyauté, Shin 161
158
lesquels ton dire ils n'observent pas.
159
YHWH, SELON TA WÈM FAIS-MOI VIVRE.
DES CHEFS me PERSÉCUTENT SANS raison,
Je me réjouis, moi, pour ton dire, 163 Le mensonge je hais et j'exècre, 164 Sept fois le jour je te loue 165 Paix nombreuse pour les aimant ta loi, 166 J'espère ton salut, YHWH, 167 Mon âme observe tes ordres 168 J'observe tes préceptes et tes ordres, 162
Taw 169 QU'APPROCHE mon cri devant toi, YHWH, 170 QUE VIENNE ma supplication devant toi, 171 QUE PROFÈRENT mes lèvres ta louange, 172
173
Q U E CHANTE ma langue TON DIRE,
ME SOIT ta main secourable, Je désire ton salut, YHWH, 175 QUE VIVE mon âme et qu'elle TE LOUE, 176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur 174
et à jamais tout jugement de ta justice.
mais à tes paroles tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux. c'est ta loi que j'aime. pour les jugements de ta justice. rien ne les fait trébucher. et tes commandements, je les pratique. et je les aime complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
SELON TABFC&JLE
FA&WI WF1?WMM.
SELON TON PPT; DÉLIVRE-MOI.
car tu m'apprends tes décrets. car tous tes commandements sont justice. car M ^CERTES j'ai choisi. et ta loi (est) mes délectations. et que TES JUGEMENTS ME SECOURENT !
car tes commandements je n'oublie pas.
Le psaume 119
247
Le premier passage ne comprend qu'une seule demande, dans le dernier membre (144b), tandis que le second passage en comprend quatre (145.146. 149a. 149b). Alors que le quatrième passage ne comporte aucune demande, le dernier n'en contient pas moins de dix (169 bis.170 bis.171.172.173.175 ter) ; ainsi, de ce point de vue, les deux premiers passages et les deux derniers se correspondent en parallèle. Quant au passage central, il en contient huit (153a bis. 154 ter. 156.159 bis). La progression est notable, jusqu'au dernier passage où la densité des demandes arrive à son maximum. Les demandes sont toutes adressées à « Yhwh », dont le nom revient neuf fois, toujours au vocatif (137 ; 145.149.151 ; 156.159; 166; 169.174). Deux fois le psalmiste demande à Dieu de lui « faire comprendre » : ses « ordres » d'abord (144), absolument, sans complément, à la fin (169). Dans le passage central, par trois fois, il lui demande de le «faire vivre» (154. 156. 159) ; il l'avait déjà demandé dans le passage précédent (149) et même à la fin du premier passage (144), et il y reviendra encore une fois à la fin : « Que vive mon âme » (175). Dès le premier passage sont nommés les « adversaires » (139) de Dieu et du psalmiste par lesquels ce dernier est « méprisé » (141) ; dans le passage suivant, ce sont ses «persécuteurs» (150). Dans le passage central, leur mention est omniprésente : ce sont les « méchants » (155), « persécuteurs et adversaires » du psalmiste (157) « traitres » (158) qui provoquent son « humiliation » (153). Au début de l'avant-dernier passage ceux-ci sont des «chefs» (161). Il n'en sera plus question nommément dans le dernier passage, mais « cri » et « supplication » (169-170) laissent entendre que c'est pour en être libéré que le psalmiste invoque son Seigneur. INTERPRÉTA TIONDE LA SOUS-SÉQUENCE Les
adversaires
Le psalmiste se plaint d'être « chétif et méprisé » (141). Son « humiliation » (153) est le fait de ses « adversaires » et « persécuteurs » (139.150.157. 161) ; ce sont des « traitres » et des « méchants » (155.158). Ils sont « nombreux » (157) et certains sont des hommes de pouvoir, « des chefs » (161). Ces gens-là sont aussi les adversaires du Seigneur, comme les décrit celui qu'ils humilient : « car ils oublient tes paroles» (139), «de ta loi ils s'éloignent» (150), «car tes décrets ils ne recherchent pas » (155), « ton dire ils n'observent pas » (158). La justice
du
Seigneur
Le premier mot, « juste », donne le ton, les termes de même racine étant repris tout au long de la sous-séquence. La justice de Dieu et de sa loi est accompagnée d'une série de qualités qui en font briller les diverses facettes : droiture (137), «sincérité» (138), «loyauté» (142.151.160), «fidélité» (149.159), «miséricorde » (156). La justice divine se manifeste dans ses commandements (172) et
248
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
surtout en ses «jugements» (156.160.164). C'est à elle que le psalmiste fait appel dans sa détresse et son angoisse. La fidélité du
psalmiste
Face à ses adversaires qui se moquent de la loi de Dieu, le psalmiste proteste de sa fidélité. Avec ceux qui « aiment » la loi du Seigneur (165), il « aime » son « dire » (140), ses « préceptes » (159), sa « loi » (163), « ses ordres » (167). Il se garde de l'oublier (141.153.176); il la connaît (152), l'observe (146.168), la pratique (166), il l'a choisie (173), il ne dévie pas de ses ordres (157). C'est en elle qu'il trouve ses délectations (143.174), en elle qu'il espère (147) : il espère en sa parole (147), il espère son salut (166). La supplication
et la louange
Le psalmiste espère le salut du Seigneur, car il a beau être fidèle à sa loi, ce n'est pas sa propre justice qui est capable de le sauver de ses persécuteurs ; c'est pourquoi il fait appel dès le début à la justice de celui qui seul peut le délivrer de la détresse et de l'angoisse (141.143), et le faire « vivre » (144. 149.154.156.159 175), c'est-à-dire de le sauver de la mort. C'est peut-être cela qu'il demande au Seigneur de lui « faire comprendre » en conclusion du premier passage (144). Alors la supplication éclate et s'intensifie de plus en plus, tant que dans le dernier passage son « cri » et sa « supplication » finissent par occuper presque tout l'espace. Toutefois à la supplication se joint le chant de la louange (164.171.172.175), tant est grande la foi du psalmiste, sûr d'être exaucé.
Le psaume 119
249
F. L'ensemble du psaume La sous-séquence centrale, qui ne comprend que deux passages, est plus courte que les quatre autres qui en comptent cinq chacune. Avec qui marche dans tes chemins,
De la loi je me délecte,
instruis-moi de tes décrets
41-80
car tu m'aimes
TON A M O U R M E SAUVE DE LA MORT
Loin de qui s'égare de tes chemins,
Ta loi est ma délectation,
1-40
81 -96
apprends-moi tes décrets
97-136
137-176
car je t'aime
De chaque côté de la sous-séquence centrale, les deux premières et les deux dernières sous-séquences se correspondent de manière parallèle : la première avec la quatrième, la deuxième avec la dernière. On décrira d'abord les rapports entre les sous-séquences symétriques : - A et A' : Aleph-Hé (1-40) et Mem-Pé (97-135) ; - B et B' : Waw-Yod (41-80) et Tsadé-Taw (137-175). Enfin, on étudiera les rapports entre la sous-séquence centrale et les cinq autres. 1. COMPOSITION LES RAPPORTS ENTRE LES SOUS-SÉQUENCE A ET A ' (1-40 ;
97-135)
Pour raisons de commodité, les rapports entre les sous-séquences seront présentés de manière progressive : - d'abord entre leurs deux premiers passages, - puis entre leurs passages centraux, - enfin entre leurs deux derniers passages. - Une vue d'ensemble conclura la présentation.
250
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les deux premiers passages de chaque Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, 2 Heureux les gardant ses témoignages, 3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, 4 Toi, tu as ordonné tes préceptes, 5 Si seulement étaient établis mes CHEMINS 6 Alors je ne rougirai pas en regardant 7 Je te célébrerai en droiture de cœur, 8 Tes décrets j'observerai,
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE 10 De tout mon cœur je te recherche, 11 Dans mon cœur j'abrite ton dire 12Béni sois-tu, Yhwh, 13 De mes lèvres j'expose 14 Dans le CHEMIN de tes ordres JE ME REJOUIS 15Sur tes préceptes je méditerai 16 En TES DÉCRETS je me délecte,
sous-séquence les MARCHANT dans LA LOI de Yhwh ! de tout cœur ils le recherchent. dans ses CHEMINS ils MARCHENT ! pour qu'on les observe complètement. pour que j'observe tes décrets ! vers tous tes commandements. mm mm LES JUGEMENTS de ta justice. ne m'ABANDONNE pas complètement.
pour observer selon TA PAROLE ? ne M'ÉGARE pas de tes commandements. afin de ne pas pécher contre toi. APPRBCSHOi TES DÉCRETS ! tous les jugements de ta bouche. comme de tout bien. et je regarderai tes VOIES.
- Termes initiaux « ta loi » pour les premiers passages (1.97) ; « ta parole » pour les deuxièmes passages (9.105). - Termes finaux « tes décrets » (16.112). - « Cœur » revient six fois (2.7.10.11 ; 111.112).
Les passages
centraux
Guimel 17 Fais-du-bien à ton serviteur ET JE VIVRAI 18 Ouvre mes yeux et je regarderai 19 Un résident moi sur la terre, 20 Est broyée mon âme d'amour 21 Tu menaces l E ARMiiAM'S maudits, 22 Ouvre de sur moi LflPPRûBIŒ et iïfflMS, 23 Que siègent M S I ® , qu'ils parlent contre moi, 24 Que tes ordres soient mes délectations,
et j'observerai ta parole. les merveilles de ta loi. ne cache pas de moi tes commandements. pour tes jugements en tout temps. LES S'ÉGARANT loin de tes commandements. car tes ordres je les garde. ton serviteur médite sur tes décrets. (tes préceptes), mes conseillers.
- « Et je vivrai » revient en 17 et 116. - L e s termes du champ sémantique des ennemis sont nombreux (21.22.23; 113.115.119). - « Les s'égarant » est repris en 21 et 118. - le Seigneur « méprise » (118) ceux qui font peser le « mépris » sur le psalmiste
(22).
Le psaume 119
Mem 97 Combien j'aime TA LOI ! 98 Plus que mes ennemis m'assagissent tes commandements 99 Plus que tous mes maîtres je suis avisé, 100 Plus que les vieillards je comprends, 101
102
103 104
De TOUTE VOIE mauvaise je retiens MES PIEDS De TES JUGEMENTS \e ne M'ÉCARTE PAS,
Combien est doux à mon palais ton dire, Par tes préceptes je comprends,
Noun 105 Lampe pour MES PIEDS, TA PAROLE, 106 Je jure, et je tiendrai, 107 J'ai été humilié complètement, Yhwh, 108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, 109 Mon souffle dans mes paumes constamment, 110 M'ont donné des méchants UN PIÈGE, 111 Mon héritage, tes ordres à jamais, 112 J'incline mon cœur à faire TES DÉCRETS,
251
tout le jour elle est ma rumination. car à jamais ils sont à moi. car tes ordres sont rumination pour moi. car tes préceptes je garde. afin d'observer ta parole. car c'est toi qui ifAS INSTRUIT. plus que le miel à ma bouche ! c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge,
et lumière pour MON SENTIER. d'observer les jugements de ta justice. fais-moi vivre selon ta j a rôle. et ÏESJVGEMENVIWPRËHBS-MOL mais ta loi MÏÏ'AÏPASOÏÏBLÉ. mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ. car ils sont LA JOE de mon cœur. à jamais, jusqu'au bout.
- En position symétrique dans les premiers passages : « ayant appris les jugements » (7) et « tes jugements [...] m ' a instruit » (102). - En position symétrique dans les seconds passages : « apprends-moi tes décrets » (12) et « tes jugements apprends-moi » (108). - D e n s i t é du champ sémantique du chemin (1.3.5.8.9.10.14.15; 101.102.104. 105.110). - D a n s les seconds passages reviennent « n e pas oublier» (16.109); « j e me réjouis » (14) annonce « la joie »(11). Samek 11 HETO!DIPXje hais 114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, 115 Écartez-vous de moi, MHW/S, 116 Soutiens-moi selon ton dire ET JE VIVRAI, 117 Sois mon appui et je serai sauvé, 118 wMÏWÏS tous LES s'ÉGARANT 6e tes décrets, 119 Scories tu tiens tous m MANTS de la terre, 120 Frissonne de ta frayeur ma chair,
et ta loi j'aime. en ta parole j'espère. je garderai les commandements de mon Dieu. ne me fais pas rougir de mon attente. et je contemplerai tes décrets constamment. car sont mensonge leurs pensées. c'est pourquoi j'aime tes ordres. et tes jugements je crains.
- Alors que les deux premiers passages ne comportaient aucune requête, les passages centraux en contiennent plusieurs (17.18.19.22.23.24; 116 bis.117). Noter que les deux seules requêtes affectées de la négation se trouvent dans les seconds membres (19 ; 119).
252
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les deux derniers passages de chaque
sous-séquence
Dalet 25 A collé à la poussièm mon âme, 26 Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, 27 Le CHEMIN de tes préceptes MS-MO'IWMMFMT 28 A pleuré mon âme d'affliction,
AMMOS-M
29
30
Le CHEMIN de mensonge
de m ,
Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, 31 Je me suis collé à tes ordres, Yhwh, 32 Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, HC 33 mmsm, Yhwh, le CHEMIN D E TES DÈCTLETS, 34 FAf3~mo?rfmm£et je garderai ta loi, 35 AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, 36 incline mon cœur vers tes ordres, 37 Détourne mes yeux de voir la vanité, 38 Fais-lever pour ton serviteur ton dire, 39 Détourne mon opprobre que je redoute, 40 Voici ; je désire tes préceptes,
fais-moi vivre selon ta parole. TES DÉCRETS.
et je méditerai sur tes merveilles. relève-moi selon ta parole. et de ta loi fais-moNa-grâce. sur tes jugements je me suis aligné. ne ME ÍBIS D3$ rougir.
car tu élargis mon cœur.
et je le garderai jusqu'au bout. et l'observerai de tout mon cœur. car en eux je me plais. et non pas vers le gain. dans tes CHEMINS fais-moi vivre. lequel est pour tes craignant. car tes jugements sont bienfaisants. dans ta justice fais-moi vivre.
- Dans les premiers passages, en deux segments contigus et dans le même ordre, à « apprends-moi tes décrets » et « fais-moi connaître » (26-27) correspondent « tes décrets apprends-moi » et « fais-moi comprendre » (124-125). - L e s mêmes éléments se retrouvent aussi dans les seconds passages, en contiguïté l'un (23-24), à distance et en ordre inverse dans l'autre (130.135). - L e s ennemis du psalmiste et de Dieu sont présents surtout à la fin de la quatrième sous-séquence (121.122.128.134.136), mais ne sont pas absents des passages finaux de la première sous-séquence (25.28.39)
Le psaume 119
Ayin 121 J'ai fait jugement et justice, 122 Cautionne ton serviteur pour le bien, 123 Mes yeux s'achèvent pour ton salut, 124 Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, 125 Je suis ton serviteur, fAï3~MC1 CûfimNm, 126 II est temps de faire pour Yhwh : 127 C'est pourquoi j'aime tes commandements, 128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, Pé
129
Merveilles que tes ordres ! L'ouverture de ta parole illumine, La bouche je dilate et j'aspire, 132 Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, 133 MES PAS affermis dans ton dire, 134 Rachète-moi de L/OMIIMSÛ^ de l'homme, 135 Que ta face illumine ton serviteur 136 Des ruisseaux font couler mes yeux, 130
131
253
ne m e laisse pas à mes wmmm. que ne wmmms pas des AMOGM rs. et pour le dire de ta justice. et ï i i s DÉCRU: I S APPPmOB-hOL et je connaîtrai tes ordres.
ils vîokrïî ta loi.
plus que l'or et que l'or-pur. TOUTE VOIE de mensonge je hais.
c'est pourquoi les garde ma gorge. mSAt{fCOm
- L e s termes du champ sémantique du chemin sont nombreux, plus dans les derniers passages de la première sous-séquence (26.27.29.30.32), moins dans les derniers passages de la quatrième sous-séquence (128.133). - L e s demandes sont nombreuses de part et d'autre (28.29.31.36.37.38.39; 121.122.124.132.133.134.135) - « Toute voie de mensonge » (128) rappelle « le chemin de mensonge » (29).
254
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les deux sous-séquences A et A' La première sous-séquence (A) Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, 2 Heureux les gardant ses témoignages, 3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, 4 Toi, tu as ordonné tes préceptes, 5 Si seulement étaient établis mes CHEMINS 6 Alors je ne rougirai pas en regardant 7 Je te célébrerai en droiture de cœur, 8 Tes décrets j'observerai,
les MARCHANT dans la loi de Yhwh ! de tout cœur ils le recherchent.
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE 10 De tout mon cœur je te recherche, 11 Dans mon cœur j'abrite ton dire 12 Béni sois-tu, Yhwh, 13 De mes lèvres j'expose 14 Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis 15 Sur tes préceptes je méditerai 16 En tes décrets je me délecte,
pour observer selon ta parole ? ne M'ÉGARE pas de tes commandements. afin de ne pas pécher contre toi. am A- nd -rm : tes décrets ! tous les jugements de ta bouche. comme de tout bien. et je regarderai tes VOIES. je n'oublie pas ta parole.
Guimel 17 Fais-du-bien à ton serviteur ET JE VIVRAI 18 Ouvre mes yeux et je regarderai 19 Un résident moi sur la terre, 20 Est broyée mon âme d'amour 21 Tu menaces m ARBOOÂNTS maudits, 22 Ouvre de sur moi l'opprobre et ŒMÎms, 23 Que siègent OIS UOKS, qu'ils parlent contre moi, 24 Que tes ordres soient mes délectations, Dalet 25 A collé à la \mm\-. mon âme, 26 Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, 27 Le CHEMIN de tes préceptes & ; -, ; on * 28 A pleuré mon âme d'y HH IRA, 29 Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, 30 Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, 31 Je me suis collé à tes ordres, Yhwh, 32 Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, Hé
33
1,i W l Yhwh. du CHEMIN de tes décrets. /;;uu nmend et ie qarderai ta loi. ÂCHEMINE-moi au SENTIER de tes commandements, 36 incline mon cœur vers tes ordres, 37 Détourne mes yeux de voir la vanité, 38 Fais-lever pour ton serviteur ton dire, 39 Détourne mon OPPRIME que je redoute, 40 Voici ; je désire tes préceptes, 34 35
dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
pour qu'on les observe complètement. pour que j'observe tes décrets ! vers tous tes commandements. ayant appris les (uqements de ta justice. ne m'ABANDONNE pas complètement.
et j'observerai ta parole. les merveilles de ta loi. ne cache pas de moi tes commandements. pour tes jugements en tout temps. LES S'ÉGARANT loin de tes commandements. car tes ordres je les garde. ton serviteur médite sur tes décrets. (tes préceptes), mes conseillers. FAIS-MOI VIVRE selon ta parole. ; , v -uu^ w tes décrets. et je méditerai sur tes merveilles. relève-moi selon ta parole. et de ta loi fais-moNa-gràce. sur tes jugements je me suis aligné. ne me fais pas rougir. car tu élargis mon cœur.
et je le garderai jusqu'au bout. et l'observerai de tout mon cœur. car en eux je me plais. et non pas vers le gain. dans tes CHEMINS FAIS-MOI VIVRE. lequel est pour tes craignant. car tes jugements sont bienfaisants. dans ta justice F A I S - M O I VI VRE.
- Le même mouvement marque les deux sous-séquences : absentes au début, les requêtes se font de plus en plus pressantes à partir des deuxièmes passages (une seule), jusqu'au dernier (9 et 7 fois ; voir p. 165.221). - Dans la sous-séquence A « apprendre » revient trois fois, « faire comprendre » deux fois et « instruire » une seule fois. De même, en A' « apprendre » revient trois fois, « faire-comprendre » deux fois et « instruire » une seule (dans les expressions qui se correspondent, en grisé souligné).
Le psaume 119
255
La quatrième sous-séquence (A') Mem 97 Combien j'aime ta loi ! 98 Plus que m imiMS m'assagissent tes commandements 99 Plus que tous mes maîtres je suis avisé, 100 Plus que les vieillards je comprends, 101 De TOUTE VOIE mauvaise je retiens MES PIEDS: 102 De tes jugements je ne M'ÉCARTE PAS, 103 Combien est doux à mon palais ton dire, 104 Par tes préceptes je comprends,
tout le jour elle est ma rumination. car à jamais ils sont à moi. car tes ordres sont rumination pour moi. car tes préceptes je garde. afin d'observer ta parole. car c'est toi qui m'as instruit. plus que le miel à ma bouche ! c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge,
Noun 105 Lampe pour MES PIEDS, ta parole, 106 Je jure, et je tiendrai, 107 j'Ai ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh, 108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, 109 Mon souffle dans mes paumes constamment, 110 M'ont donné des MÉflÀNTS UN PIÈGE, 111 Mon héritage, tes ordres à jamais, 112 J'incline mon cœur à faire tes décrets,
et lumière pour MON SENTIER. d'observer les jugements de ta justice. F A I S - M O I VIVRE selon ta parole. et tes iuqements Dorerm-moi. mais ta loi je n'ai pas oublié. mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ. car ils sont la joie de mon cœur. à jamais, jusqu'au bout.
Samek 113 lirroim.wx je hais 114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, 115 Écartez-vous de moi, VULFAISANTS, 116 Soutiens-moi selon ton dire ET JE VIVRAI, 117 Sois mon appui et je serai sauvé, 118 ivmmm tous LES S'ÉGARANT de tes décrets, 119 Scories tu tiens tous les mmi$ de la terre, 120 Frissonne de ta frayeur ma chair, Ayin 121 J'ai fait jugement et justice, 122 Cautionne ton serviteur pour le bien, 123 Mes yeux s'achèvent pour ton salut, 124 Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, 125 Je suis ton serviteur, N s icqmgtep n\ 126 II est temps de faire pour Yhwh : 127 C'est pourquoi j'aime tes commandements, 128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, 129 Merveilles que tes ordres ! L'ouverture de ta parole illumine, 131 La bouche je dilate et j'aspire, 132 Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, 133 MES PAS affermis dans ton dire, 134 Rachète-moi de rûppn&SIOS de l'homme, 135 Que ta face illumine ton serviteur 136 Des ruisseaux font couler mes yeux,
Pé
130
et ta loi j'aime. en ta parole j'espère. je garderai les commandements de mon Dieu. n e me fais pas rougir de mon attente. et je contemplerai tes décrets constamment. car sont mensonge leurs pensées. c'est pourquoi j'aime tes ordres. et tes jugements je crains. ne me laisse pas à mes OPPRESSEURS. que ne arOPPRIMENT pas des ARROGANTS. et pour le dire de ta justice. et tes décrets m ends--moi. et je connaîtrai tes ordres. m VHHJiST ta loi. plus que l'or et que l'or-pur. TOUTE VOIE de mensonge je hais. c'est pourquoi les garde ma gorge. faisant comprendre aux simples. car de tes commandements je suis avide. selon le jugement pour les aimants ton nom. ne laisse dominer sur moi aucune iniquité. et j'observerai tes préceptes. et a wenris-mo tes décrets, parce qu'IIS YOBM m M Y\s ta loi.
- L e s termes du champ sémantique du chemin se retrouvent dans les dix passages, davantage cependant dans la première sous-séquence que dans la quatrième. - Les ennemis n'apparaissent qu'à partir du centre de la première sous-séquence, mais sont présents dans tous les passages de la quatrième. - « Fais-moi vivre »/«je vivrai » revient en 17.25.37.40 et en 107.116.
256
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LES RAPPORTS ENTRE LES SOUS-SÉQUENCES
Les deux premiers passages de chaque Waw 41 Et m'adviennent te fidélités, Yhwh, 42 Et je répondrai à on WMM, une parole, 43 Et n 'éloigne pas de ma bouche 44 45 46 47
48
ET J'OBSERVERAI ta loi constamment Et je marcherai au large, Et je parlerai de tes ordres en face des rois Et JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS,
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements,
Zayin 49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur, 50 Cela (est) ma consolation dans MA m« 51 m ARROGANTS me raillent complètement, 52 j e m e s o u v i e n s de tes jugements de jamais, Yhwh, 53 L'indignation me saisit pour l&s MÉCHANTS, 54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, 55 J e m e s o u v i e n s la nuit de ton nom, Yhwh, 56 Cela est pour moi
B ET B' (41-80
; B' :
137-176)
sous-séquence TON SALUT selon ton dire ! car j'ai confiance en ta parole. la parole de loyauté totalement, car eri ces pjgenwfiîs FESPÈRE. à jamais et toujours. car tes préceptes je recherche. et point ne rougirai. lesquels J'AIME. lesquels fMME et je méditerai sur tes décrets.
par laquelle Tti MF FAIS ESmiM. carton dire HE FAIT VIVRE. de ta loi je ne dévie pas. et je me console. les abandonnant ta loi. dans la maison de ma résidence. ETJ'OBSERVERAI
ta loi.
car tes préceptes JE GARDE.
- Les avant-derniers segments des premiers passages contiennent des syntagmes fort semblables: « j e me délecterai de tes commandements» (47) et « t e s commandements (sont) mes délectations » (143). - « En ta parole j'espère » (147) rappelle « en tes jugements j'espère » (43), à quoi il faut ajouter « tu me fais espérer » (49). - Les termes du champ sémantique des ennemis se retrouvent en 42.50.51.53 et en 139.141.150. Les passages
centraux
Het 57 Ma part, Yhwh, je le dis, 58 J'apaise ta face de tout cœur, 59 Je réfléchis sur mes chemins 60 Je me hâte et point ne tarde 61 Les liens des MÉCHANTS m'enveloppent, 62 Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer, 63 Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent 64 Ta Milité, Yhwh, remplit la terre,
tes paroles. fais-moi-grâce selon ton dire ! et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres. D 'OBSER VER tes commandements. D 'OBSERVER
TA lÛIJFW'ûmiMPAS.
pour LES J U G E M E N T S P E TA JUSTICE. et des OBSERVANT tes préceptes. tes décrets apprends-moi.
- Le syntagme « ta loi je n'oublie pas » revient en 61 et 153. - Le syntagme « les jugements de ta justice » (62) annonce « tout jugement de ta justice » (160).
Le psaume 119
Tsadé 137 Juste tu es, toi, Yhwh, 138 Tu as commandé la justice de tes ordres 139 M'anéantit mon zèle, 140 Purifié, ton dire, complètement, 141 Je suis m m moi et m m , 142 Ta justice est justice à jamais, 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, 144 Justice tes ordres à jamais, Qoph 145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, 146 Je t'appelle, SAUVE-MOI, 147 Je devance l'aube et j'implore, 148 Devancent mes yeux les veilles 149 Entends ma voix selon ta fidélité, 150 Ils approchent MES NMMÏM infâmes, 151 Tu es proche, toi, Yhwh, 152 De longtemps je sais de tes ordres
257
et droit en tes jugements. et la sincérité complètement. car ils oublient tes paroles m m m m . et ton serviteur V a m .
tes préceptesje n'oublie pas.
et ta loi loyauté.
TES COMMANDEMENTS (sont) MES DÉLECTATIONS. fais-moi comprendre ET )E VIVRAI.
Yhwh, tes décrets JE GARDERAI. ETJ 'OBSERVERAI tes ordres. en U MMKFESPÈRE.
pour méditer sur ton dire. Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI
VIVRE.
de ta loi ils s 'éloignent.
et tous tes commandements sont loyauté. qu'à jamais tu les as fondés.
- « Fais-moi vivre » revient dans les seconds passages (50.149). - « Sauve-moi » (146) rappelle « ton salut » (41). - Aux deux occurrences de « j e me souviens » (52.55) correspond « j e n'oublie pas » (141) et s'oppose « ils oublient » (139). - « Je garde/rai » revient à la fin du second passage de la sous-séquence B et au début du second passage de la sous-séquence B' (56.145) ; « et j'observerai » revient trois fois (44.55 ; 146). - « Aimer » revient trois fois (47.48 ; 140) ; « tes fidélités » de 41 appartient au même champ sémantique. - « Ton serviteur » est repris en 49 et 140. Resh 153 Vois MON HUMILIATION et délivre-moi, 154 Défends ma cause et venge-moi, 155 Loin des MHIHANI S, le salut, 156 Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, 157 Nombreux WS PEftSÉaiïUK et MES ARVERSAIRIS, 158 J'ai vu MS ÏMÎ1WS et suis dégoûté, 159 Vois combien tes préceptes JsAm, 160 Le principe de ta parole est loyauté,
car
TALQJJETOÏÏBMM.
pour ton dire fais-moi vivre. car tes décrets ils ne recherchent pas. selon tes jugements fais-moi vivre. de tes ordres je ne dévie pas. lesquels ton dire ILS N'OBSERVENT PAS. Yhwh, selon ta fidélité fais-moi vivre. et à jamais TOUT J U G E M E N T DE TA JUSTICE.
- À l'unique terme du champ sémantique des ennemis dans le passage central de la deuxième sous-séquence, « méchants » (61), correspondent cinq termes dans le passage central de la dernière (153.155.157.159). - « T a fidélité» (64) et « j ' a i m e » (159) appartiennent au même champ sémantique.
258
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les deux derniers passages de chaque Tet 65 Du bon tu as fait avec TON SERVITEUR, 66 La bonté du jugement et de la science APPRENDS-MO 67 Avant d'être WMÉ, moi je m'égarais, 68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, 69 Projettent sur moi le mensonge des AIMANTS, 70 Est épais comme la graisse leur cœur, 71 Bon pour moi d'être WWW 72 Bonne pour moi la loi de ta bouche, Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, 74 Tes craignant me verront et se réjouiront, 75 J'ai connu, Yhwh, 76 77 78
79 80
Que soit ta fidélité ma consolation, Que me vienne ta miséricorde et je vivrai, Que rougissent les AM0G.4NTS,
Que retournent à moi tes craignant Que soit parfait mon cœur sur tes décrets
sous-séquence Yhwh, selon ta parole. car en tes commandements j'ai foi. mais maintenant ton dire j'observe. APPRENDS-MOI tes décrets. moi de tout cœur je garde tes préceptes. moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE. afin D'APPRENDRE tes décrets. plus que millions d'or et d'argent. et car en ta parole fESPÈRE.
* tes commandements.
que SONT JUSTES TES JUGEMENTS, et qu'avec vérité tu m'as humilié.
selon ton dire à TON SERVITEUR ! car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS. car à tort ILS M MALÏRAHBT !
moi, je médite sur tes préceptes. et les connaissant tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
- Dans les derniers passages, les deux occurrences de « ta loi (est) mes délectations » se trouvent en position analogue (77.174) ; « de ta loi je me délecte » se trouvait déjà en 70. - En position analogue aussi au début des mêmes passages, à « fais-moi comprendre et j'apprendrai » (73) correspondent « fais-moi comprendre » (169) et « tu m'apprends » (171) ; « apprendre » revenait déjà trois fois dans le passage Tet.
Le psaume 119
Shin 161 m mm ME nmnm sans raison, 162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, 163 Le mensonge je hais et j'exècre, 164 Sept fois le jour je te loue 165 Paix nombreuse pour Lis MMMT ta loi, 166 f ESPÈRE ton salut, Yhwh, 167 Mon âme observe tes ordres 168 J'observe tes préceptes et tes ordres, Taw 169 Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, 170 Que vienne ma supplication devant toi, 171 Que profèrent mes lèvres ta louange, 172 Que chante ma langue ton dire, 173 Me soit ta main secourable, 174 Je désire ton salut, Yhwh, 175 Que vive mon âme et qu'elle te loue, 176 J'erre comme brebis perdue :
259
mais à tes paroles tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux. c'est ta loi que J'iXMl.
pour les jugements de ta justice. rien ne les fait trébucher. et tes commandements, je les pratique. et je les Ain complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
selon ta parole FAIS-MO! COMPRENDRE. selon ton dire délivre-moi. car TU M'APPRENDS tes décrets. car TOUS TES COMMANDEMENTS SONT JUSTICE.
cartes préceptes j'ai choisi. et TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS. et que tes jugements me secourent ! cherche TON SERVITEUR cartes commandements je n'oublie pas.
- « Ton serviteur » revient au début du passage Tet (65) et à la fin du dernier passage (176), faisant une sorte d'inclusion. - Les termes appartenant au champ sémantique des ennemis sont nombreux dans les derniers passages de la deuxième sous-séquence (67.69.71.78) ; ils ne reviennent que dans le premier segment des deux derniers passages de la dernière sousséquence (161) - A u trois occurrences de « aimer » dans l'avant-dernier passage de la dernière sous-séquence (163.165.167) correspond « t a fidélité» dans le dernier passage de la deuxième sous-séquence (76).
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Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les deux sous-séquences B et B' La deuxième sous-séquence (B) Waw 41 Et m'acjvierrnnîmmtuA, Yhwh, 42 Et je répondrai à p MlYSliLTli une parole, 43 Et iféloigne pas de ma bouche 44
Et j'observerai ta loi constamment Et je marcherai au large, Et je parlerai de tes ordres en face des rois 47 Et JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS. 48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements,
45 46
Zayin 49 Souviens-loi de la parole à ton serviteur, 50 Cela (est) ma consolation dans MA MLSIM, 51 DI S AHKOANTS me raillent complètement, 52 Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, 53 L'indignation me saisit pour 0 8 WI:IT\.\ÎS, 54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, 55 Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, 56 Cela est pour moi,
TON SALUT selon ton dire ! car j'ai confiance en ta parole. la parole de loyauté totalement, car EH m JUGEMENTS fESPERE. à jamais et toujours. car tes préceptes je recherche. et point ne rougirai. lesquels J ' A I M L . lesquels J ' Â I M ! et je méditerai sur tes décrets. par laquelle TU ME FAIS ESPèkEk. carton dire ME FAIT VIVRE. de ta loi je ne dévie pas. et je me console. les abandonnant ta loi. dans la maison de ma résidence. et j'observerai ta loi. car tes préceptes je garde.
d'observer tes paroles. Het 57 Ma part, Yhwh, je le dis, 58 J'apaise ta face de tout cœur, fais-moi-gràce selon ton dire ! 59 Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres. 60 Je me hâte et point ne tarde d'observer tes commandements. 61 Les liens des méchants m'enveloppent, TA LOI JE womm PAS. 62 Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer,POUR L E S J U G E M E N T S D E T A JUSTICE. 63 Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des observant tes préceptes, 64 TA FIDÉLITÉ, Yhwh, remplit la terre, tes décrets apprends-moi. Tet 65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, Yhwh, selon ta parole. 66 La bonté du jugement et de la science apprends-moi, car en tes commandements j'ai foi. 67 Avant d'être mmï., moi je m'égarais, mais maintenant ton dire j'observe. 68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, apprends-moi tes décrets. 69 Projettent sur moi le mensonge des ARROSANTS, moi de tout cœur je garde tes préceptes. 70 Est épais comme la graisse leur cœur, moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE. 71 Bon pour moi d'être MMÉ afin d'apprendre tes décrets. 72 Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent. Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, 74 Tes craignant me verront et se réjouiront, 75 J'ai connu, Yhwh, 76
Que soitumîim ma consolation, 77 Que me vienne ta miséricorde ET ]E 78 Que rougissent les AMOGANîS, 79 80
VIVRAI,
Que retournent à moi tes craignant Que soit parfait mon cœur sur tes décrets
fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements. car EN TA PAROLE J'ESPÈRE. q u e S O N T J U S T E S TES J U G E M E N T S ,
et qu'avec vérité lu m'as humilié. selon ton dire à ton serviteur ! car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS. car à tort ILS m MALTMiifâî ! moi, je médite sur tes préceptes. et les connaissant tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
- Les délectations que procure la loi forment système, en positions symétriques, dans les premiers passages (47.143) et dans les derniers (77.174) comme en une double inclusion ; à quoi il faut ajouter 70. - « Vivre » revient en 50 et 77, puis en 144.149.154.156.159.175.
Le psaume 119
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La dernière sous-séquence (B') Tsadé 137 JUSTE tu es, toi, Yhwh, 138 Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres 139 M'anéantit mon zèle, 140 Purifié, ton dire, complètement, 141 Je suis mm moi et mm, 142 TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, 144 JUSTICE tes ordres à jamais,
et ta loi loyauté. mQQmtmwmz (sont) MES DÉLECTATIONS. fais-moi comprendre ET ]E VIVRAI.
Qoph 145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, ™ Je t'appelle, SAUVE-MOI, 147 Je devance l'aube et j'implore, 148 Devancent mes yeux les veilles 149 Entends ma voix selon ta fidélité, 150 Ils approchent MB PH1SÉCCTBI1S infâmes, 151 Tu es proche, toi, Yhwh, 152 De longtemps je sais de tes ordres
Yhwh, tes décrets je garderai. et j'observerai tes ordres. EN TA PAROLE J'ESPÈRE. pour méditer sur ton dire. Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE. de ta loi ils s'éloignent. et tous tes commandements sont loyauté. qu'à jamais tu les as fondés.
Resh 153 Vois mon M l M T i O N et délivre-moi, 154 Défends ma cause et venge-moi, 155 Loin des MIMANTS, LE SALUT, 156 Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, 157 Nombreux mes lœiOTiis et m smmwis, 158 J'ai vu \WS TRAÎTRES et suis dégoûté, 159 Vois combien tes préceptes J ' A I E , 160 Le principe de ta parole est loyauté,
et droit en tes jugements. et la sincérité complètement. car ils oublient tes paroles Mi s AmmSAHlKS. et ton serviteur L'AMI. TES PRÉCEPTES J E M ' O U B L I E P A S .
car TA LOI JE N'OUBLIE PAS. pour ton dire FAIS-MOI VIVRE. car tes décrets ils ne recherchent pas. selon tes jugements FAI$~MOL VIVRE. de tes ordres je ne dévie pas. lesquels ton dire ils n'observent pas. Yhwh, selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE, et à jamais TOUT JUGEMENT PE TA JUSTICE.
Shin 161 Des chefs ME persécutent sans raison, 162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, 163 Le mensonge je hais et j'exècre, 164 Sept fois le jour je te loue 165 Paix nombreuse pour LIS AXMAHT ta loi, 166 J W » TON SALUT, Yhwh, 167 Mon âme observe tes ordres 168 J'observe tes préceptes et tes ordres,
mais à tes paroles tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux. c'est ta loi que J'AIII. pour LES JUGEMENTS PE TA JUSTICE. rien ne les fait trébucher. et tes commandements, je les pratique. et JE LES MM complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw 169 Qu'approche MON m devant toi, Yhwh, 170 Que vienne MA SLPiTOTHn devant toi, 171 Que profèrent mes lèvres ta louange, 172 Que chante ma langue ton dire, 173 Me soit ta main secourable, 74 1 Je désire TON SALUT, Yhwh, 175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, 176 J'erre comme brebis perdue :
selon ta parole fais-moi comprendre. selon ton dire délivre-moi. car tu m'apprends tes décrets. car TOUS TES C O M M A N D E M E N T S SONT JUSTICE.
car tes préceptes j'ai choisi. et TA LOI (est) MA DÉLECTATION. et que tes jugements me secourent ! cherche ton serviteur
car TES COMMANDEMENTS J E N'OUBLIE PAS.
- « Ta loi je n'oublie pas » au centre de B revient au centre de B' (153) avec écho dans les passages extrêmes (141.176); ce sont les derniers mots du psaume. - « Fidélité » (-hesed, singulier et pluriel) et « aimer » ('âhab) marquent B et B' (41.46.47.64.76; 140.159.163.165.167); à l'amour de Dieu en B (41.64. 76) répond celui du psalmiste, déjà en B (47-48) mais surtout en B' (140.159.163. 165.167.
262
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La deuxième sous-séquence (B) Waw 41 Et rn'acMennenttefidélités,Yhwh, 42 Et je répondrai à p ÏÏLMUL une parole, 43 Et n'éloigne pas de ma bouche 44
Et j'observerai ta loi constamment Et je marcherai au large, 46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois 47 Et JE ME DÉLECTERA! DE TES COMMANDEMENTS, 48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, 45
Zayin 49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur, 50 Cela (est) ma consolation dans MA MMI: 51 \M MMSM me raillent complètement, 52 Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, 53 L'indignation me saisit pour M MAYïS, 54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, 55 Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, 56 Cela est pour moi
TON SALUT selon ton dire ! car j'ai confiance en ta parole. la parole de loyauté totalement, car BN TES K^MINTS
fBSPèm.
à jamais et toujours. car tes préceptes je recherche. et point ne rougirai. lesquels fè$m. lesquels J?MMI et je méditerai sur tes décrets.
par laquelle ru M FAIS ESPTKER. carton dire ME FAIT VIVRE. de ta loi je ne dévie pas. et je me console. les abandonnant ta loi. dans la maison de ma résidence. et j'observerai ta loi. car tes préceptes je garde.
d'observer tes paroles. Het 57 Ma part, Yhwh, je le dis, 58 J'apaise ta face de tout cœur, fais-mongrâce selon ton dire ! 59 Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres. 60 d'observer tes commandements. Je me hâte et point ne tarde 61 Les liens des wmm$ m'enveloppent, TA LOI JE M'OUBLIE PAS. 62 Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer,pou r LES.J.UGmmT5..QE.ÎA. J.U5.T1Œ, 63 Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des observant tes préceptes. 64 Ta fidélité, Yhwh, remplit la terre, tes décrets apprends-moi. Tet 65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, Yhwh, selon ta parole. 66 La bonté du jugement et de la science apprends-moi, car en tes commandements j'ai foi. 67 Avant d'être mmâ, moi je m'égarais, mais maintenant ton dire j'observe. 68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, apprends-moi tes décrets. 69 Projettent sur moi le mensonge des AflRoœrs, moi de tout cœur je garde tes préceptes. 70 Est épais comme la graisse leur cœur, moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE. 71 Bon pour moi d'être mmÉ afin d'apprendre tes décrets. 72 Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent. Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, 74 Tes craignant me verront et se réjouiront, 75 J'ai connu, Yhwh, 76 77 78 79 80
Que soit tafidélitéma consolation , Que m'adyierme ta miséricorde ET ] £ Que rougissent les ABROGANT.S,
VIVRAI,
Que retournent à moi tes craignant Que soii. parfait mon cœur sur tes décrets
fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements. car EN TA PAROLE quemmju5m5:m5.jnGEMEm3, et qu'avec vérité tu m5a$ humilié. selon ton dire à ton serviteur ! car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS. car à tort ILS «AI/niÀflwr ! moi, je médite sur tes préceptes. et les connaissant tes ordres ! afin que je ne rougisse pas.
- Les termes appartenant au champ sémantique de la persécution se retrouvent dans tous les passages (42.50.51.53.61.67.69.71.75.78; 139.141.150. 153.155. 157.161.169.170). - A « e n tes jugements/ta parole j'espère» et « t u me fais espérer (43.49.74) correspondent « en ta parole j'espère » et «j'espère ton salut » (147.166).
Le psaume 119
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La dernière sous-séquence (B') Tsadé 137 J U S T E tu es, toi, Yhwh, 138 Tu as commandé LA .JUSTICE de tes ordres 139 M'anéantit mon zèle, 140 Purifié, ton dire, complètement, 141 Je suis mm moi et mm, 142 3A.JUSTICE est JUSTICE à jamais, 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, 144 JUSTICE tes ordres à jamais, Qoph 146
147
145
J'appelle de tout cœur, réponds-moi,
Je t'appelle, SAUVE-MOI,
Je devance l'aube et j'implore, Devancent mes yeux les veilles 149 Entends ma voix selon ta fidélité, 150 Ils approchent m LŒTAEIIS infâmes, 151 Tu es proche, toi, Yhwh, 152 De longtemps je sais de tes ordres 148
Resh 153 Vois mon lfilIüAllo\ et délivre-moi, 154 Défends ma cause et venge-moi, 155
156 157
158
Loin des É I M L S , LE SALUT,
Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh,
Nombreux m PKIISÉCÛTEU&S et m MVMSALIIOS,
J'ai vu m TFIAÎTHLIS et suis dégoûté, Vois combien tes préceptes fMM, 160 Le principe de ta parole est loyauté, 159
et droit en tes jugements. et la sincérité complètement. car ils oublient tes paroles VITS ÀUVI-ISAMS. et ton serviteur VmI. TES PRÉCEPTES
JE N'OUBLIE PAS.
et ta loi loyauté. TSSCOMMAHDEMMS (sont) MES DÉLECTATIONS. fais-moi comprendre ET ]£ VIVRAI. Yhwh, tes décrets je garderai. et j'observerai tes ordres. EN TA PAROLE fESPÊM. pour méditer sur ton dire. Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE. de ta loi ils s'éloignent. et tous tes commandements sont loyauté. qu'à jamais tu les as fondés.
car TA LOI ]£ N'OUBLIE PAS.
pour ton dire FAIS-MOI VIVRE, car tes décrets ils ne recherchent pas. selon tes jugements FÂ1S-MG! VIVRE, de tes ordres je ne dévie pas. lesquels ton dire ils n'observent pas. Yhwh, selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE, et à jamais TOUT JUGEMENT E>£ .TA JUSTICE.
Shin 161 m OFBS ME PIISÉLITENI sans raison, 162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, 163 Le mensonge je hais et j'exècre, 164 Sept fois le jour je te loue 165 Paix nombreuse pouruSMMMfT ta loi, 166 f ESPÈRE T O N SALUT, Yhwh, 167 Mon âme observe tes ordres 168 J'observe tes préceptes et tes ordres,
mais à tes paroles tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux. c'est ta loi que J'ASËB. pour LESJtiGZMEMlû.DEJAJtiûTïŒ. rien ne les fait trébucher. et tes commandements, je les pratique. et je les M U complètement. car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw 169 Qu'approche MON m devant toi, Yhwh, 170 Que vienne mmmmm devant toi, 171 Que profèrent mes lèvres ta louange, 172 Que chante ma langue ton dire, 173 Me soit ta main secourable, 174 Je désire TON SALUT, Yhwh, 175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, 176 J'erre comme brebis perdue :
selon ta parole fais-moi comprendre. selon ton dire délivre-moi. car tu m'apprends tes décrets. car TOUS TES C O M M A N D E M E N T S SONT JUSTICE.
cartes préceptes j'ai choisi. et TA LOI (est) MA DÉLECTATION. et -, tes jugements ! cherche ton serviteur car TES COMMANDEMENTS JE N'OUBLIE PAS.
- À « les jugements de ta justice » et « sont justes tes jugements » dans la sousséquence B (62.75) correspondent « tout jugement de ta justice », « les jugements de ta justice » et « tous tes commandements sont justice » dans la sousséquence B' (160.164.172), dans les deux cas vers la fin du passage central et dans le dernier passage. Il faut ajouter que «justice/juste » revient cinq autres fois dans le premier passage de la dernière sous-séquence (137.138.142.144. 164). - Les demandes sont de plus en plus nombreuses (voir p. 191.247).
264
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LES RAPPORTS ENTRE LES QUATRE SOUS-SÉQUENCES A
BA'B'
La première séquence se distingue de toutes les autres du fait que les termes de la racine drk (« chemin », « acheminer ») y sont repris 12 fois e que « chemin » ne revient qu'une seule fois ailleurs, dans la sous-séquence B (59). Dans chacune des quatre sous-séquences le nombre des demandes va croissant du début à la fin 33 (voir p. 165.191.221.247) : Passage 3
Passage 4
Passage 5
2
5
7
9
2
1
2
2
6
Sous-séquence A'
0
3
4
6
7
Sous-séquence B'
1
4
8
0
10
Sous-séquence A Sous-séquence B
Passage 1
Passage 2
1
Sous-séquence C
Ce fait confirme la validité du découpage des sous-séquences. À quoi il faut ajouter que, contrairement aux quatre autres sous-séquences la sous-séquence centrale ne comporte aucune demande. LES RAPPORTS ENTRE LA SOUS-SÉQUENCE CENTRALE ET LES QUA TRE A UTRES Kaph 81 S'AÛLI'\ 1 pour TON SALUT mon âme, 82 xmmxï mes yeux pour ton dire, 83 Bien que je sois (mm m M M H \\S LÀ R M , 84 Combien sont les jours de ton serviteur ? 85 Me creusent m AMOCANTS DES FOSSES 86 Tous tes commandements sincérité, 87 Pour un peu ILS WHMM.SÏ DANS LA TERRE, 88 Selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE, Lamed 89 À jamais, Yhwh, 90 D'âge en âge, ta sincérité ; 91 Sur tes jugements ils subsistent à ce jour, 92
SI TA LOI NE M'EÛT DÉLECTÉ,
À jamais JE M'OUBLIERA! PAS TES PRÉCEPTES, 94 À toi moi, SAUVE-MOI, 95 M'attendaient MS m\AMTS POUR ME PERDRE, 96 À tout AûlliVi-MiM j'ai vu une fin : 93
EN TA PAROLE fESPÈRE. en disant : « Quand me consoleras-tu ? » TES DÉCRETS
JE N'OUBLIE PAS.
quand feras-tu de MB ?msmmm jugement ? lesquels pas comme ta loi. en mensonge US ME HMamï : SECOURS-MOI. mais moi je n'abandonne pas tes préceptes. et j'observerai l'ordre de ta bouche.
ta parole se dresse dans les cieux ; tu as établi la terre, elle subsiste ; car tous (sont) tes serviteurs. alors J'AURAIS ÉTÉ PERDE dans m\ IIIDIUATION. c a r par e u x TU H E FAIS VIVRE.
car tes préceptes je recherche. à tes ordres je suis attentif. immense ton commandement beaucoup !
La sous-séquence centrale concentre un grand nombre de termes présents plusieurs fois dans les cinq autres sous-séquences. 33
À part la deuxième, où la progression se réduit à la concentration des demandes dans le dernier passage.
Le psaume 119
265
- Le vocabulaire de la persécution apparaît surtout dans le premier passage (8187) mais aussi dans le second (92.95.96) ; à « arrogants » (85), « humiliation » (92) et « méchants » (95) utilisés ailleurs, s'ajoutent des termes qui ne se trouvent pratiquement qu'ici : « s'/achever » et « achèvement (81.82. 87.96) 34 et « comme une outre dans la fumée » (83). - « Tes décrets je n'oublie pas » (83) et « j e n'oublierai pas tes préceptes » (93) se retrouvait souvent dans les sous-séquences B et B'. - « Ton salut » et « sauve-moi » reviennent surtout dans la dernière sousséquence (voir p. 261). - « Vivre/faire vivre » (88.93) se retrouve partout ailleurs, dans les sousséquences A et A ' (voir p. 254-255) et dans les sous-séquences B et B' (voir p. 260-261). - « En ta parole j'espère » (81) rappelle la deuxième sous-séquence, avec « en tes jugements j ' e s p è r e » , « t u me fais espérer» et surtout « e n ta parole j'espère » (43.49.74) ; le même syntagme reviendra dans la quatrième et dans la cinquième sous-séquence (114.147). - « Si ta loi ne m'eût délecté » renvoie à B (47.70.77) et à B' (143.174). Il faut aussi noter les différences entre la sous-séquence centrale et les autres. - Ni « chemin » ou « sentier », ni aucun lexème appartenant à ce champ sémantique ne revient dans cette sous-séquence ; - La sous-séquence ne comprend aucun des nombreux termes de connaissance, si fréquents ailleurs : « apprendre », « instruire », « comprendre », « connaître ». - Aucune demande (impératif ou jussif) dans la sous-séquence centrale, alors qu'elles sont si fréquentes ailleurs. Les deux passages de cette sous-séquence centrale sont marqués par des termes appartenant au champ sémantique de la mort, en particulier « des fosses » (85 ; qui ne se retrouve pas ailleurs dans le psaume) et « dans la terre » (85.87), « être perdu » et « perdre » (92.95) 35 , qui se correspondent dans la composition de la sous-séquence (voir p. 199) ; il faut y ajouter les quatre occurrences de « s'/achever » et « achèvement » dont il a déjà été question plus haut, termes qui sont spécifiques de cette sous-séquence. Comme cela a déjà été noté (voir p. 199), les deux premières lettres de la racine de « s'/achever » et « achèvement » (klh) sont celles par lesquelles commencent les versets des deux passages ( K a f et Lamed ; la troisième radicale est « faible »), ce qui est une manière de souligner structurellement la présence de cette racine. KÔL (« tout ») est de la même racine ; ses deux occurrences (86.96) contribuent à souligner la totalité qui est marqué d'abord par l'acrostiche alphabétique et la reprise lancinante des huit synonymes de loi.
34
Ce verbe ne revient qu'une seule fois ailleurs, dans la quatrième sous-séquence (123). Le verbe se retrouve dans le dernier verset du psaume : « J'erre comme brebis perdue » (176). 35
266
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
LES EXTRÉMITÉS DUPSA UME Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, 2 Heureux les gardant ses témoignages, 3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, 4 5
Toi, tu as ordonné tes préceptes, Si seulement étaient établis mes chenins
6
les MARCHAN T dans la loi de Yhwh ! de tout cœur ils le recherchent. dans ses CHEMINS ils MARCHENT ! pour qu'on les observe complètement. pour que f observe tes décrets !
Alors je ne rougirai pas en regardant Je te célébrerai en droiture de cœur, 8 Tes décrets j'observerai,
vers tous tes commandements. AYANT APPRIS LES JUGEMENTS DE TÂ JUSTICE. ne m'abandonne pas complètement.
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE 10 De tout mon cœur je te recherche, 11 Dans mon cœur j'abrite ton dire
NE M'ÉGARE RAS
7
pour observer selon ta parole ? de tes commandements. afin de ne pas pécher contre toi.
12
Béni sois-tu, Yhwh,
APPRENDS-MOi TES DÉCRETS !
13
De mes lèvres j'expose Dans le CHEMIN de tes ordres JE BUNDS-ÔBICSS
tous les jugements de ta bouche. comme de tout bien.
Sur tes préceptes je méditerai En tes décrets JE ME DÉLECTE,
et je regarderai tes VOIES. JE N'OUBLIE PAS ta parole.
14 15 16
Plusieurs auteurs ont remarqué que les extrémités du psaume se correspondent 36 . Il faut d'abord noter les ressemblances : - le syntagme « les jugements de ta justice » revient dans les premiers passages (7.164); - « apprends-moi tes décrets » correspond à « tu m'apprends tes décrets » dans les seconds passages (12.171); « a p p r e n d r e » apparaît déjà en 7 et «fais-moi comprendre » en 169 ; - l e s deux occurrences de « j e n'oublie pas » (16.176) se trouvent à la fin de chaque couple de passages, remplissant la fonction de termes finaux ; - « observer » qui revient quatre fois dans le premier couple (4.5.89) est repris deux fois dans le dernier couple (167.168); on notera aussi la reprise de « cœur » (2.7.10 ; 161), de « lèvres » (13 ; 171), de « se réjouir » (14 ; 162) ; « j e me délecte » (16) annonce « ma délectation » (174) - aux deux « rechercher » dans le premier couple (2.10) correspond le synonyme « chercher » dans le dernier (176) ; à « célébrer » (7) correspondent « louer » et «louange »(164.171.175); - le vocabulaire du champ sémantique du chemin marque le premier couple de passage, comme toute la première sous-séquence ; dans le dernier couple se retrouvent certains termes de ce même champ sémantique, « trébucher » (165), « voies » (168) et enfin « j ' e r r e » (176), fait d'autant plus notable que les trois premiers passages de la dernière sous-séquence en sont dépourvus. 36
W. Soll (Psalm 119 : Matrix, Form and Setting, 91) ainsi que E. Zenger (Hossfeld - Zenger, III, 262) se contentent d'affirmer que ces deux couples de strophes introduisent et concluent le psaume. Quant à P. Auffret, il relève minutieusement les « rapports structurels » qui lient la première strophe à la dernière, la deuxième et l'avant-dernière ( Voyez de vos yeux, 412-414).
Le psaume 119
Shin
161
Des chefs me persécutent sans raison, moi, pour ton dire,
267
162
JE RSHDS-SEÂ01S,
mais à tes paroles tremble mon cœur. comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, Sept fois le jour JE TE LOUE
c'est ta loi que j'aime. pour LES JUGEMENTS DE TA JUSTICE.
Paix nombreuse pour les aimant ta loi, J'espère ton salut, Yhwh,
rien ne les fait TRÉBUCHER. et tes commandements, je les pratique.
Mon âme observe tes ordres J'observe tes préceptes et tes ordres,
et je les aime complètement. car toutes mes VOIES sont en face de toi.
164 165 166 167 168
Taw 169 Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, 170 Que vienne ma supplication devant toi, 171 172 173 174 175 176
Que profèrent mes lèvres TA LOUANTE, Que chante ma lanque ton dire,
selon ta parole FAIS-MOI COMPRENDRE. selon ton dire délivre-moi. car ru M'APPRENDS TES DÉCRETS.
car tous tes commandements sont justice.
Me soit ta main secourable. Je désire ton salut, Yhwh,
car tes préceptes j'ai choisi, et ta loi (est) MA DÉLECTATION.
Que vive mon âme et QU'ELLE TELOUE, J'ERRE comme brebis perdue :
et que tes iuqements me secourent ! cherche ton serviteur car tes commandements J E N'OUBLIE
PAS.
Il est sans doute plus important encore de relever les différences entre ces deux couples de passages : - dans le premier couple le premier passage ne contient aucune demande et le second une seule ; quant au dernier couple, si le premier passage ne comprend lui aussi aucune demande, le dernier passage est celui qui, des vingt-deux passages du psaume en contient le plus grand nombre (169 bis. 170 bis. 171. 172.173.175 bis. 176 ; voir p. 264) ; - t a n d i s qu'il n'est pas question des adversaires dans le premier couple, leur présence est notable dans le dernier: « d e s chefs me persécutent» (161), « j ' e s p è r e ton salut » (166) et « j e désire ton salut » (174), « mon cri » (169) et « ma supplication » (170), « délivre-moi » (170) et « me secourent » (175). - « cri » et « supplication » (169.170) sont accompagnés cependant par l'action de grâce (162) et surtout la louange (164.171.175) ; il faut noter que « louer » et « louange » ne se retrouvent que dans le passage final et nulle part ailleurs dans le psaume ; - « heureux » ne se trouve que dans les deux premiers segments du premier couple, et pas ailleurs dans le psaume ; - le dernier verset surprend, car c'est le seul où soit utilisé « brebis » et « chercher » dans tout le psaume ; c'est même le seul endroit dans tout le psautier où apparaisse le terme « brebis ». « Errer » ne revient qu'au verset 110 : « hors de tes préceptes je n'ai pas erré ».
268
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
NOTE SUR LA COMPOSITION DES SEGMENTS ET DES PASSA GES
La très grande majorité des segments sont bimembres. Toutefois la sousséquence B contient quatre trimembres et la sous-séquence B' un seul (176). Certains considèrent que ce sont là des accidents de la transmission textuelle et modifient le texte pour réduire les trimembres du texte massorétique à des bimembres. Or on a vu que dans la séquence B les trimembres se trouvent en position symétrique, deux dans le premier passage (43.48) et deux dans le dernier (75.78), ce qui fait une sorte d'inclusion. Quant au dernier segment du psaume, on l'interprétera comme un élargissement final37. En ce qui concerne les passages, certains réduisent leur composition à un schème unique. Ainsi, Zenger qui écrit : « Les strophes sont divisées en deux sous-sections de quatre vers constituant dans chaque strophe une unité thématique (structure diptyque) >>38. En réalité, là aussi la composition des passages se révèle d'une grande variété. Six schèmes sont utilisés : - 14 passages sont de la taille d'une partie formée de plusieurs morceaux : . 8 comprennent 3 morceaux formés de 3 + 3 + 2 segments . 6 comprennent 3 morceaux formés de 3 + 2 + 3 segments - 8 passages sont formés de deux ou trois parties . 4 comportent 2 parties formées chacune de 2 morceaux : (2/2) + (2/2) . 2 comportent 3 parties, la centrale comptant 2 morceaux : 2 + (2/2) + 2 . 1 comporte 2 parties, chacune comptant deux morceaux : (1/3) + (2/2) . 1 comporte 3 parties, la dernière comptant deux morceaux : 3 + 1 + (2/2) On voit donc qu'une grande régularité est tempérée par une aussi grande liberté. Il en va de même pour les occurrences des huit synonymes de la loi :
37
38
Voir Traité, 641.
Hossfeld - Zenger, III, 261.
Le psaume 119 Aleph LOI ordres préceptes décrets commrétrnm jugements décrets Beth PAROLE zomûzàmem décrets jugements ordres préceptes décrets PAROLE Ghimel PAROLE LOI jugements coïïmwàemm ordres décrets ordres
Waw PAROLE jugements LOI préceptes ordres wmmmûeimm Cômnsnû&mem décrets Zain PAROLE LOI jugements LOI décrets LOI préceptes
Lamed PAROLE jyoemeûls LOI préceptes préceptes ordre cmmmérmnt
Yod cwmm&miïs PAROLE jyceûiifeii^ts
PAROLE LOI préceptes ordres décrets
décrets décrets ordres jugements Ayin jugement décrets ordres LOI commàmem préceptes
décrets préceptes LOI décrets LOI
LOI préceptes ordres décrets 9+8+8+8+8 = 41
Nun PAROLE
Samek LOI PAROLE cmwmémem
préceptes décrets
Hé décrets LOI cmmméûmm ordres
Mem LOI mmmémnt ordres préceptes PAROLE jugements préceptes
ordres mmmâtrrmÛ LOI
Jet PAROLE çûiïiiïûnàtîiïimte
7+9+8+8+7=39
décrets LOI C0tûitmémmi$ préceptes ordre
Het PAROLES
Dalet PAROLE décrets préceptes PAROLE LOI jugements ordres commmmm
jugements préceptes
Kaph PAROLE
269
7+7 = 14
Tsadé jugements ordres PAROLES préceptes LOI mmmémmïB ordres Qoph décrets ordres PAROLE eieres LOI cmmnéjmfa ordres Resh LOI PAROLES décrets ordres PAROLES préceptes PAROLE jugement Shin PAROLES LOI Jugements LOI ordres préceptes ordres
Pé ordres PAROLE commrémgzïs jugement PAROLES préceptes décrets LOI
Taw PAROLE
8+8+8+7+8 = 39
8+8+9+9+9= 43
décrets cwmmtmern préceptes LOI jugements wmûrëemnb
Ce qui fait un total de 176 occurrences, le même nombre que celui des versets. Les deux premières sous-séquences en comptent 80, les deux dernières 82. Deux passages ont les huit synonymes (Het, Yod), trois en ont sept (Hé, Kaph, Ayin) ; dans tous les autres un ou deux synonymes sont répétés.
270
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
2. CONTEXTE BIBLIQUE La conduite du juste est un reproche pour les impies (Sg 2) Les premiers chapitres du livre de la Sagesse mettent en parallèle les impies et le juste. Ce dernier est persécuté car sa conduite est un reproche vivant pour ceux qui n'observent pas la loi de Dieu : 12
Tendons des pièges au juste, puisqu'il nous gêne et qu'il s'oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation. 13 11 se flatte d'avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur. 14 II est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge ; 15 car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents. 16 II nous tient pour chose frelatée et s'écarte de nos chemins comme d'impuretés (Sg 2,12-16).
3. INTERPRÉTATION DU PSAUME Le psaume 119 est considéré par un grand nombre de commentateurs comme un hymne à la Loi. « Considérant le thème prédominant de l'ensemble du poème, nous pouvons parler d'un psaume de la Torah (cf. Ps 1 et 19B) » 39 . « Par son thème central, la tôrâ, et par son vocabulaire, il est considéré comme un psaume sapientiel » 40 . « C'est une œuvre de la sagesse de la Torah, qui présente la Torah révélée par Yhwh comme la source de la sagesse et de l'instruction pour une vie réussie » 41 . Et l'on pourrait multiplier les citations à l'envi. C'est certainement le sentiment que le psaume provoque inévitablement si on le considère comme un patchwork, composite et non organisé, à cause de la reprise lancinante du vocabulaire de la torah dont les variations synonymiques finissent par avoir un effet hypnotique sur le lecteur le mieux disposé. Toutefois, si l'on ne relègue pas à l'arrière-plan les nombreux synonymes des adversaires du psalmiste et de Dieu, les termes qui expriment la souffrance et l'angoisse de celui qui prie, le nombre impressionnant de ses cris et supplications, si l'on considère aussi l'architecture du poème focalisé sur la menace de mort que font peser sur le psalmiste ceux qui entendent le perdre et le jeter dans la fosse, le psaume apparaît alors comme la supplication de qui constate que ce n'est pas sa fidélité à la loi qui peut le sauver de la mort, mais la seule miséricorde et 39
Kraus, 11,411. Lorenzin, 462. 41 Hossfeld - Zenger, III, 256.
40
Le psaume 119
271
puissance du Seigneur dont il invoque sans se lasser le secours. Le centre de la construction représentant sa clé de voûte, c'est par là que devait commencer l'interprétation 42 . Question de vie ou de mort Ceux qui persécutent le psalmiste sont présents tout au long du poème. Toutefois, c'est seulement au centre qu'est dévoilé clairement leur dessein meurtrier. « Les arrogants creusent des fosses » pour lui (85), peu s'en faut qu'ils F« achèvent dans la terre » (87), ils n'ont d'autre pensée que de le « perdre » (92.95). Les yeux de leur victime se consument depuis si longtemps qu'elle en vient à demander à Dieu : « Quand me consoleras-tu ? » (82). Il appelle au « secours » (86), invoque le « salut » divin du début (81) à la fin (94). Si, par deux fois il demande de « vivre » (88.93), c'est qu'il se trouve en péril de mort. Ces appels au salut, à vivre, si denses au centre du psaume, trouvent un écho puissant du début à la fin du psaume 43 . Les persécuteurs
du psalmiste
Les « arrogants » qui font peser sur le psalmiste « opprobre et mépris » (21.22), les « c h e f s qui parlent contre» lui (23) n'apparaissent pas immédiatement, mais seulement dans le passage central de la première sous-séquence. Puis ils ne le lâcheront plus jusqu'à la fin. Il semble bien que la conduite du psalmiste, fidèle aux commandements de Dieu, représente pour les arrogants un reproche vivant, et c'est la raison principale pour laquelle le psalmiste est persécuté : « Des arrogants me raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas » (51) ; «Ecartez-vous de moi, malfaisants, je garderai les commandements de mon D i e u » (115). Le juste ne parait pas cacher ses sentiments envers les méchants qui violent la loi : « Les tortueux je hais et ta loi j'aime » (113) ; « j e hais toute voie de mensonge» (104.128). Et pourtant il n ' a pas fait le mal : « Des chefs me persécutent sans raison » (161) ; « en mensonge ils me persécutent » (86). Pire, il est accusé injustement des mêmes méfaits que ses adversaires commettent, victime du mensonge de ceux qui le pratiquent : « Des arrogants projettent sur moi le mensonge » (69). Les ennemis de la loi de Dieu Les adversaires du psalmiste sont accusés tout au long de ne pas observer la loi du Seigneur. Le reproche est global, dès le début : « les arrogants maudits, ceux qui s 'égarent loin de tes commandements » (21), et jusqu'à la fin : « J'ai vu 42
La présente interprétation rejoint celle de Jacquet (III, 337-346), qui s'appuie sur un grand nombre d'auteurs. Et pourtant, il intitule le psaume : « Élévation sur la loi divine » (321). 43 Si «secours-moi» est repris une seule fois par « secourable » à la fin (173), «salut»/ «sauver» reviennent ailleurs sept fois (41.117.123.146.155.166.174) et « vivre »/« faire vivre» quatorze, dans chaque sous-séquence (17.25.37.40 ; 50.77 ; 107.116 ; 144.149.154.156. 159.175).
272
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
des traîtres et suis dégoûté, lesquels n 'observent pas ton dire » (158). Ils ne sont pas présentés comme coupables de désobéissance envers chacun des commandements, ils ne sont accusés ni de vol, ni d'adultère. Ce qui leur est reproché souvent, c'est leur « m e n s o n g e » (69.86.118). Ce sont surtout leurs intentions homicides, qui apparaissent le plus clairement au centre du psaume, mais qui ne manquent pas ailleurs aussi : si le psalmiste en effet ne cesse de supplier le Seigneur de le « faire vivre », c'est bien qu'il est menacé de mort. Dès la première sous-séquence il s'écrie : « A collé à la poussière mon âme, fais-moi vivre selon ta parole » (25). Si les « arrogants » ne tiennent aucun compte des commandements de Dieu — accusation qui scande régulièrement tout le psaume — c'est qu'ils se comportent comme si l'auteur de la loi n'existait pas. En ce sens, mettant leur propre désir à la place de la volonté divine, ils s'arrogent sa place. Ils ne sont pas seulement les adversaires de Dieu, ils sont proprement idolâtres. La loi ne sauve pas Le psaume commence bien, dans le plus grand optimisme : par deux fois ceux qui gardent la loi du Seigneur sont déclarés « Heureux » ! (1-2). Très vite cependant, le psalmiste doute de sa capacité à observer les décrets de son Dieu : « Si seulement étaient établis mes chemins, pour que j'observe tes décrets» (5). C'est pourquoi il supplie le Seigneur : « ne m'abandonne pas complètement » (8), « n e m'égare pas de tes commandements» (10), «apprends-moi tes décrets » (12), « Le chemin de tes préceptes fais-moi comprendre et je méditerai sur tes merveilles » (27), et ainsi tout au long du psaume. Il promet de garder les ordres de Dieu ; « Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours » (44). Très souvent il proteste de sa fidélité : « En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole » (16) et cela malgré la persécution et la menace de mort : « Pour un peu ils m'achèvent dans la terre, mais moi je n'abandonne pas tes préceptes » (87). Or son obéissance à la loi de Dieu ne lui vaut que des malheurs de la part des « méchants ». C'est pourquoi, par vagues successives, sa supplication s'élève toujours plus intense vers celui qui seul peut le sauver de la mort et le faire vivre. Dieu seul est juste Une seule fois le psalmiste revendique sa propre justice : « J'ai fait jugement et justice », mais aussitôt il invoque le secours de Dieu : « ne me laisse pas à mes oppresseurs» (121). Partout ailleurs où sont employés les mots « j u s t e » et «justice », il s'agit de la justice de Dieu, comme il apparaît dès le début de la dernière sous-séquence : « Tu es juste, toi, Seigneur et droit en tes jugements » (137) qui ne cessera d'y revenir jusqu'à la fin : « Que chante ma langue ton dire, car tous tes commandements sont justice» (172). Si dans la même sousséquence le psalmiste ne cesse de proclamer son amour pour le « dire » du
Le psaume 119
273
Seigneur (140, pour ses « préceptes » (159), pour sa « loi » (163. 165), pour ses « ordres » (167), ce n'est pas sur cela, ce n'est pas sur lui-même qu'il compte pour être « sauvé », mais sur Dieu seul (145.166.174). Tout est grâce. Tout lui vient d'en-haut : la connaissance de la loi, la fidélité aux commandements, le salut de la main des ennemis, la vie dans la justice divine et dans son amour : « dans ta justice fais-moi vivre » (40), « Selon ta fidélité fais-moi vivre » (88). On croirait entendre Paul de Tarse. Heureuse la brebis perdue ! Le psaume 119 commence avec une béatitude: « H e u r e u x ! » . Plusieurs autres en font autant tout au long du livre, dès le début (Ps 1) et tout au long (Ps 32 ; 41, 112, 128). Comme le Ps 32, il redouble même la béatitude (1-2). En revanche, il est le seul qui s'achève avec l'image de la « brebis » ; cela est d'autant plus remarquable que c'est la seule fois dans tout le psautier où il est question de brebis. Le contraste est frappant entre les extrémités du psaume : alors que le psalmiste commence par proclamer « heureux les parfaits de chemin » (1), il conclut en avouant qu'il « erre comme brebis perdue » (176) ! Le psaume est en quelque sorte le récit du long cheminement durant lequel sa méditation prolongée de la parole de Dieu, l'expérience de sa propre impuissance et la douleur de la persécution lui font découvrir ce qu'il est, une pauvre « brebis perdue » qui, même s'il n'oublie pas les commandements, sera à jamais incapable de retrouver son chemin, et supplie humblement son Seigneur de venir le « chercher ». Le Seigneur Jésus s'en souviendra dans la parabole de la brebis perdue et retrouvée.
Le psaume 145 Le psaume 145 est le septième et dernier poème acrostiche alphabétique du psautier. Dans le texte massorétique l'alphabétisme de ce psaume présente une irrégularité : il ne comporte pas de verset qui commence par la lettre noun. En revanche, aussi bien la Septante, la version syriaque que Qumran ont ce verset : « Véridique (est) Dieu dans ses paroles et fidèle dans toutes ses œuvres »*. Les quatre versions françaises modernes les plus répandues (Dhorme, BJ, Osty, TOB) l'ont adopté (v. 13b)2. L'attestation manuscrite, l'appui des versions, ainsi que la perfection de l'alphabétisme fournissent donc trois critères importants, et probablement suffisants, pour l'établissement du texte. Il est cependant possible d'en ajouter un quatrième : le critère « rhétorique ». En effet, si la figure du texte est plus régulière avec le verset 13cd que sans ce verset, si l'équilibre des unités textuelles requiert, pour ainsi dire, la présence de ce segment, si sans lui il manque une pièce dans l'architecture du texte, il ne sera pas exagéré de dire qu'un critère supplémentaire a été mis en évidence pour étayer l'adoption du verset en question3. Deux sortes de critères seraient donc mis en œuvre : premièrement, les critères textuels qui se subdivisent en deux, à savoir l'attestation manuscrite hébraïque d'une part (en particiflier de Qumran) et la confirmation par les versions d'autre part ; deuxièmement, les critères compositionnels qui se subdivisent aussi en deux, à savoir la complétude de l'alphabétisme d'une part et la régularité (ou la complétude) de la composition du texte d'autre part. Ce dernier critère est une forme, plus élaborée, d'un critère utilisé depuis longtemps en critique textuelle, le recours au parallélisme ; plus élaborée, ou élargie, puisque le recours au parallelismus membrorum se limite généralement au niveau d'un segment, tandis que le critère dont il est question ici se situe au niveau d'un psaume tout entier, c'est-à-dire dans le cas du Ps 145 d'un texte de la taille d'un « passage ».
1
C'est le texte de 11 QPsa qui est adopté pour ce verset (texte publié par J.A. SANDERS : Discoveries in the Judaean Desert of Jordan IV. The Psalms Scroll of Qumran Cave 11 (1 lQPsa), 37-38, Plate XI) ; les versions supposent « YHWH » au lieu de « Dieu ». 2 À part Osty, elles mettent cependant ce verset entre parenthèses ou entre crochets. 3 Voir J. CHINITZ, « Psalm 145: its two faces »,. Pour cet auteur les deux faces du psaume sont le désir de louer Dieu et la description de ses œuvres ; la première compte 11 segments, tandis que la deuxième n'en totaliserait que 10 si on ne comptait pas le verset noun.
276
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques A. COMPOSITION
Le psaume 145 s'organise en sept parties de longueur et de complexité très différentes : une introduction et une conclusion brèves (1-2 ; 21), trois grandes parties (3-8 ; 10-13a ; 14-20), reliées entre elles par deux parties de la taille d'un segment bimembre (9 ; 13b)4. 1. PREMIÈRE PARTIE ( l b - 2 ) 5 :
lb
Je t'exalterai, - e t j e BÉNIRAI
: 2 tous les jours - e t j Q LOUERAI
mon Dieu ton NOM
le roi, TOUJOURS ET A JAMAIS ;
j e t e BÉNIRAI
ton NOM
TOUJOURS ET A JAMAIS.
Les seconds membres (le.2b) sont presque identiques, à part les deux verbes synonymes par lesquels ils commencent, « j e bénirai» et « j e louerai». Les premiers membres (lb.2a) sont complémentaires : les deux derniers termes du premier membre, « mon Dieu le roi », explicitent l'objet de la louange, les premiers mots de 2a précisent le temps,'* « tous les jours » ; cette dernière expression est synonyme de « toujours et à jamais » dont les deux occurrences jouent le rôle de termes finaux pour les deux segments. 2. LA DEUXIÈME PARTIE (3-8)
Cette partie est marquée par la reprise de quatre mots de la famille de « grand » (3a.3b.6b.8b) qui ne reparaissent pas ailleurs dans le psaume. Aux extrémités (3.8), deux courtes sous-parties où l'on parle de « Yhwh » dont le nom est sujet dans les premiers membres (ce nom ne sera pas utilisé dans le reste de la partie) ; les deux sous-parties sont complémentaires : la première affirme la grandeur de Dieu en soi, la dernière sa grandeur dans l'amour, c'est-àdire dans son rapports avec les hommes. Nettement plus développée, la sous-partie centrale (4-7) est marquée par la seconde personne du singulier : on y parle à Dieu (les pronoms suffixes de seconde personne singulier masculin, traduits par des possessifs en français, se retrouvent dans chacun des huit membres).
4
Plusieurs auteurs ont étudié la composition du Ps 145, entre autres : L.J. LIEBREICH, «Psalms 34 and 145 in the Light of their Key Words» ; P. AUFFRET, « Essai sur la structure littéraire du Psaume 145 », ; J. MAGONET, « Some Concentric Structures in Psalms », spécialement, 365-369 ; B. LINDARS, « The Structure of Psalm CXLV » ; R. KIMELMAN, « Psalm 145: Theme, Structure, and Impact » (dont la division est la même que celle de Liebreich. Parmi les commentateurs, voir Ravasi, III, 920 ; M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts, III, 496-506. 5 Le titre du psaume est laissé hors de l'analyse, pour l'instant.
Le psaume 145 + 3 GRAND
YHWH
et louable
+ et à sa GRANDEUR
point de
limite.
:4 Un âge à un âge : et
277 hautement
vante tes prouesses
tes œuvres ils énoncent
L'honneur . et le récit
de la gloire de tes merveilles
de ta majesté JE narre ;
. 6 et la puissance et tes GRANDEURS
de tes prodiges
Ils disent JE les raconte.
de ion immense-bonté m justice
ils proclament ils chantent
1
Le souvenir et + 8 Clément + lent
et tendre
YHWH,
à la colère
et GRAND
en fidélité.
Les morceaux extrêmes (4.7) se répondent : à part le premier, leurs verbes sont à la troisième personne du pluriel ; les débuts, « un âge à un âge » et « le souvenir», peuvent être mis en relation, car ils connotent tous deux une transmission, un passage du passé au présent-futur. Le morceau central (5-6) en revanche fait alterner la première personne du singulier, en fin des segments, et la troisième du pluriel : le psalmiste s'implique dans le grand mouvement de louange de Dieu ; le concentrisme est renforcé du fait que les membres centraux (5b.6a) sont de même structure syntaxique. Noter que les deux segments sont coordonnés par « et ». La sous-partie centrale (4-7) constitue la réaction ou, mieux, la réponse de l'homme à l'action de Dieu décrite dans les sous-parties extrêmes. Les louanges de la sous-partie centrale sont en quelque sorte annoncées par « louable » du tout début de la partie (3a). Le dernier morceau de la sous-partie centrale (7) annonce la partie suivante (8) car la « bonté » et la « justice » de Dieu regardent ses rapports avec les hommes. Quant au premier morceau (4), les « œuvres » et les « prouesses » semblent se référer surtout à l'activité créatrice de Dieu6. Il est difficile de distinguer dans le morceau central (5-6) ce qui est de la création et ce qui est du salut. Quoi qu'il en soit, cette partie unit les deux dimensions de la même grandeur de Dieu, celle qui se manifeste dans la création et celle qui se révèle dans l'histoire de ses relations avec les hommes.
6 En hébreu « œuvres » est de même racine que le verbe « faire », utilisé en alternance avec « créer » dans le premier récit de création (Gn 1,21.25 ; 26-27).
278
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3. TROISIÈME PARTIE (9) + 9 BON + et SES TENDRESSES
Yhwh sur toutes
pour tous, ses œuvres
Ou pour respecter la division du texte massorétique qui relie par un maqqef les deux premiers mots et les deux derniers : + 9 BON-Yhwh + et SES TENDRESSES
pour TOUS, sur TOUTES-ses œuvres.
Cette partie ne comprend qu'un bimembre dont les deux membres sont parallèles. Le dernier mot du premier membre (kôl) peut être compris comme désignant « toute » (chose) ; dans ce cas-là il aurait le même sens que « toutes ses œuvres » du second membre. Mais kôl peut aussi désigner « tous » (les hommes) 7 ; l'expression « toutes ses œuvres » serait alors plus large, comprenant toutes les créatures. En d'autres termes les deux membres sont soit synonymes, soit complémentaires. % 4. LA QUATRIÈME PARTIE (10-13) 10
Te rendent-grâces,
Yhwh,
TOUTES tes œuvres, te bénissent
de ton RÈGNE
ils disent
et tes fidèles
:: 11 la gloire - et ta prouesse
ils en parlent,
-12 pour faire-savoir aux fils :: et fa gloire et l'honneur 13
Ton RÈGNE et ton empire
est un RÈGNE pour TOUT âge
de l'adam de son RÈGNE.
ses prouesses
de TOUS les temps, et âge.
Les morceaux extrêmes (10.13) sont complémentaires, car 13ab donne la raison de la louange qui n'est pas exprimée dans le verset 10. Ces deux morceaux sont marqués par la reprise de kôl (traduit par « toutes », par « tous » et par « tout ») qui signale un autre type de complémentarité. En effet, la totalité 7
C'est ainsi que comprennent la BJ, Osty, la TOB, qui traduisent kôl par « tous ». Plusieurs manuscrits de la Septante ont « pour tous ses fidèles ».
Le psaume 145
279
présente une double dimension : elle atteint « toutes » les personnes en 10 (non seulement « ses fidèles » mais aussi « toutes ses œuvres », c'est-à-dire « toutes ses créatures») et s'étend à «tous» les âges (ou «générations») en 13. Les deux segments du morceau central forment une seule phrase, et c'est le seul cas dans tout le psaume. La construction de ces deux segments est concentrique : «gloire [...] de ton règne» aux extrémités8, puis «prouesses», enfin «ils en parlent, pour faire savoir » au centre. Le mouvement s'étend, puisque ceux qui louent le Seigneur le « font savoir » « aux fils d'Adam », c'est-à-dire à tous les hommes. La partie est marquée par la quadruple occurrence de « règne » (1 la. 12b. 13a bis), accompagné de son synonyme « empire » (13b). « Règne » ne se retrouvera pas ailleurs dans le psaume ; seul « le roi » du début (lb) est de la même racine. Par ailleurs, « prouesse(s) » (gebûrâ, de même racine que gibbôr, « héros », « preux ») peut être dit appartenir au champ sémantique de la royauté : « L'histoire du roi David [...] n'est-elle pas écrite [...] avec tout son règne et sa prouesse... » (ICh 29,29-30 ; voir aussi 1R15,23 ; 16,5 ; 2R 10,34). 5. LA CINQUIÈME PARTIE ( 1 3 c d )
+ 1 3 C VÉRIDIQUE + et FIDÈLE
Dieu
dans dans toutes
ses paroles, ses œuvres.
Les deux membres du segment sont complémentaires. Ils mettent en parallèle deux actions de Dieu, ou deux aspects de son agir : ce qu'il dit (13c) et ce qu'il fait (13d).
8
II semble plus cohérent de lire « tes prouesses » et « ton règne » à la deuxième personne, en suivant la Septante, la Syriaque et Jérôme, contre le TM qui met les pronoms à la troisième personne.
280
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
6. LA SIXIÈME PARTIE (14-20)
- 1 4 II SOUTIENT
YHWH
et il redresse Les yeux de mus et toi tu leur donnes 16 T
Tu ouvres
et tu
rassasies
+ Juste + et fidèle 18
TOUS ceux qui tombent TOUS les c o u r b é s .
Proche
vers TOI leur nourriture
ils espèrent en son temps.
la main TOUT v i v a n t
à VOLONTÉ.
YHWH
e n TOUTES ses v o i e s , e n TOUTES ses œ u v r e s .
YHWH
d e TOUS ses i n v o q u a n t ,
d e TOUS c e u x
qui l'Invoquent
en vérité.
19
de ses craignant il entend
il fait, et il les sauve.
L a VOLONTÉ
et leur appel - 2 0 II MAINTIENT et TOUS les m é c h a n t s
YHWH
TOUS ses a i m a n t
il détruira.
Très courte, la sous-partie centrale (17) est encadrée par deux sous-parties beaucoup plus développées (14-16 et 18-20). Le premier morceau de la première sous-partie (14) est un segment dont les deux membres sont parallèles (« Yhwh » est économisé dans le deuxième membre). Dans le second morceau (15-16) le Seigneur est présenté comme celui qui nourrit (« tu leur donnes leur nourriture » en 15b et « tu rassasies » en 16b). Contrairement au premier morceau qui est à la troisième personne du singulier, le second morceau est à la deuxième personne du singulier. La troisième sous-partie (18-20) est elle aussi formée de deux morceaux. Les deux bimembres du premier (18-19) présentent le Seigneur comme celui qui entend et exauce ceux qui font appel à lui (« ses invoquant » en 18a, « tous ceux qui l'invoquent » en 18b, « leur appel » en 19b). Dans le second morceau (20) l'action de Dieu est décrite sous ses deux aspects complémentaires : salut pour ceux qui l'aiment, destruction pour les méchants. Ces deux sortes de personnages sont en relation les uns avec les autres : les méchants sont ceux qui poursuivent les fidèles du Seigneur. Dans le morceau précédent (18-19), ceux qui font appel au Seigneur sont ceux qui sont menacés par les méchants. Les verbes finaux des deux morceaux, « il les sauve » et « il détruit », sont opposés. Les sous-parties extrêmes sont complémentaires : dans la première (14-16) le Seigneur s'occupe de ses créatures accablées et affamées, dans la dernière (1820) il prend la défense de ceux qui sont persécutés par les méchants. Autrement
Le psaume 145
281
dit, la première sous-partie présente Dieu comme un père qui procure la nourriture, la seconde comme le juge qui défend le juste. Ces sous-parties se correspondent en miroir. En effet, les segments extrêmes (14 ; 20) se correspondent : la structure syntaxique des premiers membres est identique et la similitude est renforcée par le rapport de paronomase entre les premiers mots (somek et sômër), rapport que la traduction s'est attachée à rendre par « il soutient » et « il maintient »9. La sous-partie centrale (17) se distingue des deux autres parce que les bénéficiaires des actions de Dieu (« ses voies » et « ses œuvres ») ne sont pas nommés. Il est possible de voir un rapport croisé entre ses deux membres et les deux autres sous-parties. En effet, «juste», dans le premier membre (17a), semble annoncer la dernière sous-partie, car en 18-20 Dieu rend la «justice » ; au contraire « fidèle » dans le second membre paraît rappeler la première souspartie, car en 14-16 Dieu manifeste son amour et sa fidélité pour ses créatures. Cela est confirmé par le choix des derniers mots de chaque membre : alors que « œuvres » renvoient aux créatures de la première sous-partie10, les « voies » annoncent la procédure (Viter) judiciaire11 de la dernière sous-partie. On notera la position symétrique du nom de Dieu, « Yhwh », qui revient, en positions identiques, dans les premiers membres des segments extrêmes et du segment central (14a.20a.17a) ; la dernière occurrence de « Yhwh » en 18a n'a pas son correspondant en 15a parce que le discours de 15-16 est à la seconde personne (le sujet de « donnes >\est le pronom « toi »). Par ailleurs, le mot qui revient le plus souvent est « tous » (dix fois). Sa distribution est tout à fait régulière : deux fois dans les morceaux extrêmes (14.20) ainsi que dans le segment central (17) et deux fois seulement dans chacun des morceaux 15-16 et 18-19. 7. LA DERNIÈRE PARTIE
: 2 1 La
LOUANGE
: et BÉNIRA
- toujours
du Seigneur
dira
ma bouche
toute chair
le nom
de sa sainteté
et à jamais.
Ce trimembre est du type AA'B. Les deux premiers membres mettent en parallèle la louange du psalmiste et celle de « toute chair ». Le troisième membre est complément des deux membres précédents.
9 Le dernier segment (20) est de construction croisée, alors que le premier (14) est de construction parallèle. 10 Voir note 5. 11 Voir P. BOVATI, Ristabilire la giustizia, 172-173, note 52.
282
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
6. L'ENSEMBLE DU PSAUME LES RAPPORTS ENTRE L'INTRODUCTION
:
lb
Je t'exalterai,
- e t je
BÉNIRAI
2
: km s les jours - e t je
LOUERAI
MON DIEU ton NOM j e te BÉNIRAI ton NOM
ET LA CONCLUSION (1-2 ; 21)
le roi, TOUJOURS
ET À JAMAIS ;
TOUJOURS
ET À JAMAIS.
dira le NOM
ma bouche de sa sainteté
TOUJOURS
ET Â J A M A I S .
[...] : 2 1 La : et -
LOUANGE BÉNIRA
BU SEIGNEUR toute chair
La conclusion ne comprend qu'un seul segment trimembre, tandis que l'introduction est formée de deux segments bimembres. - En même position, deuxièmes termes des premiers membres, deux noms de Dieu : « mon Dieu » (1b) et « le Seigneur » (21a). - L e s termes initiaux des seconds membres de l'introduction, « j e bénirai» et « j e louerai» (le.2b) sont repris, en sens inverse, par les termes initiaux des deux premiers membres de la conclusion, « la louange » et « bénira » (21a.b). - « Le nom de ta sainteté » (21b) reprend les deux occurrences de « ton nom » (lc.2b). - « Tous » / « toute » se retrouvent en 2a et 21b. - Les termes finaux des deux segments de l'introduction, « toujours et à jamais », reviennent à la fin de la conclusion (21c). - Alors que l'introduction est toute entière à la première personne du singulier, la conclusion coordonne la louange du psalmiste (21a) et celle de « toute chair » (21b). Les pronoms de première personne du singulier ne se retrouvent pas ailleurs, sauf deux fois, au centre de la deuxième partie (5-6). - Ce sont les seules parties du psaume où se retrouve le substantif « nom » (lb.2a ; 21b) ainsi que l'expression « toujours et à jamais ». - Si l'on tient compte du titre du psaume (la), le premier et le dernier verset du psaume commencent par le même mot, « louange », qui ne se retrouvera pas ailleurs12.
12
II se peut que le premier mot du dernier verset ait inspiré le titre du psaume, pour indiquer son genre ; à noter que « louange » ( f h i l l â ) n'est pas utilisé ailleurs dans le psautier comme titre, mais que le titre hébreu du recueil des 150 psaumes l'a repris ( f h i l l î m ) .
Le psaume 145 LES RAPPORTS
ENTRE
LA DEUXIÈME
ET LA SIXIÈME
283 PARTIE
(3-8 ; 14-20)
Grand est YHVVH et loué hautement,
et à sa grandeur point de limite.
Un âge à un âge vante tes ŒUVRES - 5 L'honneur de la gloire de ta majesté - 6 et ta puissance de tes prodiges ils disent 7 Le souvenir de ton immense bonté ils proclament
et tes prouesses ils énoncent, et le récit de tes merveilles je narre ; et tes grandeurs je les raconte, et ta JUSTICE ils chantent.
Clément et tendre est YHWH,
lent à la colère et grand en FIDÉLITÉ.
3
4
8
15
soutient tous ceux qui tombent, Les yeux de tous vers toi, ils espèrent 16 Tu ouvres la main
et il redresse tous les courbés. et toi tu leur donnes leur nourriture en son temps. et tu rassasies tout vivant à volonté.
JUSTE est YHWH en toutes ses voies,
et FIDÈLE en toutes ses ŒUVRES.
14 YHWH
17
Proche est YHWH de tous ceux qui l'invoquent, II fait la volonté de ceux qui le craignent, 20 Y H W H maintient tous ceux qui l'aiment 18
19
de tous ceux qui l'invoquent en vérité, il entend leur appel et il les sauve, et tous les méchants il les détruit.
Ces deux parties sont de longueur analogue. Leur vocabulaire commun est réduit: « Y h w h » (3.8; 14.17.18.20), «tes œuvres» (4; 17), «justice» et «juste » (7 ; 17 ; racine qui n'apparait pas ailleurs dans le psaume), « fidélité et « fidèle » (8 ; 17). La deuxième partie décrit essentiellement (4-7) ce que font les hommes envers Dieu, les hommes en général (4.6a.7) et le psalmiste en particulier (5.6b) : ils le louent pour ses « œuvres » (4), car il est « louable » (3). De manière complémentaire, la sixième partie énonce les « œuvres » (17) de Dieu en faveur des hommes : treize fois, le Seigneur est le sujet des phrases. Il est remarquable que kol (traduit par « tous », « tout », « toutes »), qui revient dix fois dans la sixième partie, n'apparait pas une seule fois dans la deuxième. Une telle différence entre deux parties symétriques peut paraître étrange. Dans la sixième partie, il s'agit des actions de Dieu en faveur de « t o u s » les pauvres (14a.14b.15.16.18a.18b.20a) et de ses actions contre « tous » les méchants (20) ; le verset central (17) parle de « toutes » les voies et œuvres du Seigneur. Ainsi, toutes les œuvres de Dieu atteignent tous les hommes). Le fait que la partie symétrique (3-8) n'utilise pas une seule fois le mot « tous » ne veut pas dire que l'idée de totalité ou de complétude soit absente : elle peut être exprimée par d'autres moyens. Il faut d'abord noter que les mots de la même racine que « grand » (gâdôl) reviennent quatre fois dans la deuxième partie (3a.3b.6b.8b) et nulle part ailleurs. D'autres mots peuvent être mis sur la même ligne sémantique, « hautement » (3a ; litt. « beaucoup »), « sans limite » (3b), « immense » (7a), ainsi que, d'une part, la longue liste des substantifs pluriels, « tes œuvres » et « tes prouesses » (4), « tes merveilles » (5), « tes grandeurs » (6) et, d'autre part, la liste des quatre verbes au pluriel, « ils énoncent », « ils disent », « ils proclament » et « ils chantent ». Enfin, il semble que l'auteur se soit ingénié à accumuler tous les synonymes possibles de
284
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« dire », sans jamais employer deux fois le même : « louer » (3), « vanter » (4a), « énoncer » (4b), « narrer » (5), « dire » (6a), « raconter » (6b), « proclamer » (7a), « chanter » (7b), ce qui renforce encore l'effet de multitude ou de complétude. Ainsi la totalité est exprimée de deux manières complémentaires, par la différence de sept verbes synonymes d'un côté, par l'identité des dix occurrences d'un même adjectif dont le sens exprime justement la totalité. LES RAPPORTS ENTRE LA TROISIÈME ET LA CINQUIÈME PARTIE (9 ; 13cd)
+ 9 BON
YHWH
pour tous, sur toutes ses couvres.
DIEU
ses paroles, dans dans toutes ses œuvres.]
- et SES TENDRESSES
[...] +
13C
[VÉRIDIQUE
- et FIDÈLE
Ces deux bimembres sont parallèles entre eux : leurs premiers membres sont de structure syntaxique identique et leurs seconds membres s'achèvent avec le même syntagme, « sur/dans toutes ses œuvres »13. t LES RAPPORTS ENTRE LE CENTRE
(10-13) ET LES EXTRÉMITÉS (1-2 ET 21)
Ce sont les seules parties où le verbe « bénir » est utilisé (Ib.lc ; 10.21b). Le mot « règne » qui revient quatre fois dans la partie centrale est annoncé dans l'introduction avec « le roi » (1b) ; ce sont les seuls emplois de mots de la racine mlk dans tout le psaume. « Tous les temps » (13a), employé avec « les âges des âges» (13b), rappelle «toujours et à jamais » (lb.2b ; 21c). Enfin, «les fils d'Adam » (12) au cœur de la partie centrale — expression qui désigne tous les hommes — annonce « toute chair » de 21b14. W.G.E. Watson a fait remarquer que les premières lettres des versets 11.12.13 forment un petit acrostiche qui, lu à l'envers, donne la racine mlk, qui est celle du substantif « règne » employé quatre fois dans la partie centrale15. En fait, l'analyse de la composition du psaume a montré que la partie centrale commence non pas avec le verset 11 mais avec le verset 10. Si bien que l'acrostiche découvert par Watson doit être étendu au yod, ce qui se lit màlkï, « mon roi »16, et qui rappelle l'expression « mon Dieu 13
« Sur » et « dans » traduisent la même préposition hébraïque. La liturgie juive insiste sur le « nous », désignant Israël : en effet, dans la prière synagogale où il est récité trois fois par jour, le Ps 145 est encadré au début par Ps 84,5 (« Heureux ceux qui habitent ta maison, ils te louent sans cesse ») et Ps 144,15 (« Heureux le peuple où il en est ainsi, heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu »), et à la fin par Ps 115,18 (« Nous, nous bénissons Yah, dès maintenant et à jamais, Alléluia ») ; voir A. BERLIN, « The Rhetoric of Psalm 145 ». 15 W.G.E. WATSON, « Reversed Rootplay in Ps 145 ». 16 S'il est vrai que 1 eyod était utilisé comme abréviation de « Yhwh », on pourrait lire l'acrostiche mlky(hwh), « Dieu règne ». J.Z. Lauterbach écrit : « On peut citer des exemples d'utilisation 14
Le psaume 145
285
le roi » du verset 1 où « Dieu » était déjà affecté du pronom suffixe de première personne singulier. 1b
2
et BÉNIRAI ton uou toujours et à jamais,
Je t'exalterai, mon Dieu le ROI,
Tous les jours je te BÉNIRAI
et louerai ton NOM
toujours et à jamais.
[...] 10
Toutes tes ŒUVRES, Yhwh, te remercient, 11 12
13
21 Ma
et tes fidèles te BÉNISSENT.
Ils disent la gloire de ton RÈGNE, de tes prouesses ils parlent, pour faire-savoir aux fils d'Adam tes prouesses et la gloire et l'honneur de ton RÈGNE.
Ton RÈGNE est un règne de tous les temps,
ton empire pour tous
bouche dira la louange de Yhwh
et toute chair BÉNIRA son saint NOM
les âges des âges.
toujours 0t & jsiîiûis.
LE RÔLE DES TROISIÈME ET CINQUIÈME PARTIES (9 ; 13b)
Ces deux très courtes parties articulent, comme des charnières, les trois grands volets du psaume. Le verset 9 reprend des mots utilisés déjà dans les deux versets précédents : « bon » comme « bonté » (7a), « ses tendresses » rappelle « tendre » (8a) ; en outre « ses œuvres » reprend « tes œuvres » de 4, et annonce aussi « tes œuvres » de 10 et « se^œuvres » de 13b et de 17. Le verset 13b annonce le verset central de la partie suivante (17) dont il diffère très peu : 13b Véridique Élohlrn dans
17 Juste
Yhwh
ses paroles
dans toutes ses voies
ET FIDÈLE DANS TOUTES SES ŒUVRES
ET FIDÈLE DANS TOUTES SES ŒUVRES
La différence des premiers termes est requise par l'alphabétisme (13b commence par noun, 17 par tsadé ) ; « paroles » est très proche de « voies » du point de vue sonore (cf bàrâw et cfrâkâw) ; quant à la variation entre « Dieu » et « le Seigneur », il est possible qu'elle ait une fonction dans l'ensemble du psaume : les débuts des deux versants du poème (1-9 et 13b-21) sont les seuls endroits où le nom de « Dieu » soit utilisé. Il faut ajouter que les deux occurrences de « fidèle » (13b. 17) rappellent « fidélité », le dernier mot de la deuxième partie
(8).
de la lettre Yod comme abréviation du Tétragramme depuis une époque très ancienne. Beaucoup de traductions de la Septante reflètent cet usage. On peut en trouver des traces, bien qu'elles ne soient pas habituellement reconnues comme telles, dans le texte massorétique de la Bible » (« Substitutes for the Tetragrammaton », 3); voir aussi M. FISHBANE, « Abbreviations, Hebrew Texts ».
286
L e s huit p s a u m e s a c r o s t i c h e s a l p h a b é t i q u e s
LES RAPPORTS DE LA PARTIE CENTRALE A VEC LE RESTE DU PSA UME 1
Louange de David et BÉNIRAI ton NOM toujours et à jamais. et louerai ton NOM toujours et à jamais.
Je t'exalterai, mon Dieu LE ROI, Tous les jours je te BÉNIRAI
2
3 Grand est Yhwh et loué hautement,
sa grandeur est sans limite.
- e et ils disant ta puissance formidable Ils célèbrent le souvenir de ton immense bonté
et on énonce ms et 1$$parole,S-de tes merveilles je narre ; et tes grandeurs je les raconte. et ils chantent ta justice.
Bienveillant et tendre est Yhwh,
lent à la colère et grand en
Un âge à un âge vante tes ŒUVRES
4
-5 L'honneur, la gloire de ta majesté 7 8
9
ses tendresses
Bon est Yhwh pour tous, 10
13b
SUR toutes SES ŒUVRES.
Toutes tes ŒUVRES, Yhwh, te remercient,
et tes f i d è l e s te BÉNISSENT.
11
de mmmmm ils parlent, et la gloire et l'honneur de ton RÈGNE.
12 13
fidélité.
Ils disent la gloire de ton RÈGNE, pour faire-savoir aux fils d'Adam î m m s s b
Ton RÈGNE est un RÈGNE de tous les temps,
ton empire pour tous les âges des âges.
[Véridique est Dieu dans ses paroles,
fidèlg
DANS toutes SES ŒUVRES.]
14
Yhwh soutient tous ceux qui tombent, 15 Les yeux vers toi, tous ils espèrent 16 Tu ouvres la main
il redresse tous les courbés. et tu leur donnes la nourriture en son temps. et tu rassasies tout vivant à volonté.
17
Juste est Yhwh en toutes ses voies,
FIDÈLE
de tous ceux qui l'invoquent en vérité. il entend leur appel et il les sauve. et tous les méchants il les détruit.
Proche Yhwh de tous ceux qui l'invoquent, IL FAIT la volonté de ceux qui le craignent, 20 Yhwh garde tous ceux qui l'aiment 18
19
21
et toute chair BÉNIRA son saint NOM toujours et a jamais.
Ma bouche dira la louange de Yhwh
La partie
centrale
et les parties
DANS toutes SES ŒUVRES.
extrêmes
- L e s q u a t r e o c c u r r e n c e s d e « r è g n e » ( 1 1 . 1 2 . 1 3 bis) étaient a n n o n c é e s p a r le v o c a t i f initial, « m o n D i e u le roi » ( l b ) , qui est le seul d e tout le p s a u m e . - L e v e r b e « b é n i r » n e r e v i e n t q u e d a n s ces trois parties ( l b . 2 ; 10 ; 21a). - « T o u j o u r s et à j a m a i s » des e x t r é m i t é s ( l b . 2 ; 2 1 b ) est repris à la f i n d e la p a r t i e c e n t r a l e (13a) p a r « t o u s les t e m p s » ( k o l - 'ôlâmîm, q u i est d e m ê m e r a c i n e q u e « t o u j o u r s » : I e 'ôlâm) et p a r « t o u s les â g e s des â g e s ». - « L e s fils d ' A d a m » (12) sera repris p a r « t o u t e chair » (21). La partie
centrale
et la deuxième
partie
L e s r a p p o r t s sont p a r t i c u l i è r e m e n t visibles :
Le psaume 145
287
- « Gloire et honneur » (12) rappelle « l'honneur, la gloire » (5). - « Tes fidèles » au début de la partie centrale (10) et « fidélité » à la fin de la deuxième partie (8) jouent le rôle de termes médians à distance. - « Tous les âges des âges » à la fin de la partie centrale (13) correspond à « un âge à un âge » de 4. - « Prouesses » de 11 et 12 apparaissait déjà en 4. - « Ils disent » de 11 était déjà utilisé en 6, et « ils parlent » de 11 est de même racine que « les paroles » de 5 (qui avait été traduit jusqu'ici par « le récit »). La partie centrale et / 'avant-dernière partie Bien que moins apparents, les rapports entre les deux parties sont étroits. - Les trois kol de la partie centrale (« toutes » en 10 et « tous » deux fois en 13a) annoncent les dix occurrences du même mot dans l'avant-dernière partie. - « Fidèle » au centre de l'avant-dernière partie (17) renvoie à « tes fidèles » au début du passage central (10). - « Il fait » (19) est de même racine que « œuvres » (4). La partie centrale et le reste du psaume - On a déjà noté que « fidèles » (10) trouve un écho aussi bien à la fin de la deuxième partie avec «fidélité» ) qu'au centre de l'avant-dernière (17) ; il faut y ajouter « fidèle » de la deuxième partie de reliure (13b). La fidélité des hommes au centre (10) répond à celle de Dieu partout ailleurs. - Q u a n t au mot «œuvres» de 10, dont on a vu qu'il était employé dans la deuxième partie (4) et, sous forme verbale, dans l'avant-dernière (« Il fait » en 19), il se retrouve aussi à la fin des deux parties de reliure (9 ; 13b). - « Les fils d'Adam » au centre (12) à quoi fait écho « toute chair » à la fin (21) a un équivalent aussi dans l'avant-dernière partie avec «tout vivant» (16), même si les deux dernières expressions peuvent désigner non seulement les hommes, mais aussi les animaux17. - Enfin, le mot kol (traduit par « tout », « tous », « toutes » suivant les cas) revient dix-huit fois dans le psaume : une fois dans l'introduction (2a) et une fois dans la conclusion (21b), trois fois aux extrémités de la partie centrale (10a. 13a. 13b), trois fois aussi dans les parties de reliure (9a.9b ; 13d), dix fois enfin dans la sixième partie (14-20).
17
Si en Gn 6,12 « toute chair » signifie les hommes (« toute chair avait une conduite perverse sur la terre »), dans le récit du déluge l'expression désigne clairement tous les êtres vivants (7,16.21 ; 9,15). En Gn 6,19 « toute chair » et « tout vivant » sont juxtaposés : « De tout vivant, de toute chair tu feras entrer dans l'arche ».
288
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Note sur les temps Chacun sait combien il est difficile de traduire les verbes dans la poésie hébraïque et combien chaque décision est discutable. Ici on a choisi de rendre les inaccomplis par des futurs dans l'introduction et dans la conclusion, tandis que partout ailleurs ils sont traduits par des présents. Dans l'introduction les verbes des seconds membres sont au cohortatif, souvent rendus par « j e veux bénir », « j e veux louer» et c'est pourquoi le futur s'imposait ; la symétrie des parties extrêmes voulait en quelque sorte qu'il en aille de même dans la conclusion. Dans F avant-dernière partie (14-20) la plupart des phrases sont des phrases nominales dont le verbe est au participe, ce qui exprime le présent d'habitude ; c'est pourquoi les accomplis de la partie symétrique (3-8) sont rendus par des présents, comme du reste les parties de reliure qui sont des phrases nominales. Dans la foulée, même la partie centrale se trouve au présent.
B. INTERPRÉTATION « Dieu » Celui auquel le psalmiste s'adresse estonentionné dès le début, dans le seul vocatif du psaume. C'est sous ce nom de 'ëlôhîm, « D i e u » (lb), qu'il veut le « bénir » et le « louer » sans cesse, « tous les jours », « toujours et à jamais ». C'est le Dieu dont la « grandeur » est sans limite (3), dont la « puissance » est « formidable » (6), dont les « œuvres » sont celles de la création, le Dieu qui « rassasie tout vivant » (16) et dont « toute chair » bénira le « nom toujours et à jamais » (21). « Mon Dieu » Le nom de « Dieu » revient dans la seconde partie de reliure (13b), mais dans la première (9), en position symétrique, c'est celui de « Yhwh » qui est utilisé. Et ce nom reviendra en tout neuf fois dans le psaume. Celui que le psalmiste invoque n'est pas seulement « Dieu », le Dieu créateur ; il l'appelle « mon Dieu », et son « nom » propre est « Yhwh », le nom du Dieu des fils d'Israël, « le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex 3,6.15), celui qui a été révélé au passage du buisson (Ex 3,14), celui qui promet de libérer son peuple de l'esclavage du pays d'Egypte. Pour le psalmiste son Dieu n'est pas seulement le Créateur, c'est avant tout celui qui intervient dans l'histoire en sa faveur, le Dieu sauveur18.
18 Pour Chaïm Pearl, les deux visages complémentaires de Dieu sont celui du Créateur et celui du Rédempteur (Ch. PEARL, « The Theology of Psalm 145, Part I », 6-9).
Le psaume 145
289
« Le roi » Mais ce n'est pas tout ! Le psalmiste ajoute un titre au Dieu qu'il invoque : « mon Dieu, le roi ». Et toute la partie centrale déploiera « la gloire et l'honneur de (son) règne » (12). Ce règne est « un règne de tous les temps », c'est-à-dire depuis toujours et « pour tous les âges des âges » (13). Tenant en compte le titre du psaume, c'est le roi David qui reconnaît ainsi que le règne de Dieu précède le sien depuis la création et le suivra jusqu'à la fin des temps. Il n'est qu'un seul roi en Israël, c'est le Seigneur ; et l'on pourra comprendre que la fonction principale du roi d'Israël est de proclamer la « louange » du Roi éternel, pour entraîner son peuple et tous les hommes dans son sillage. Père et juge Le Dieu sauveur, le Roi du monde est présenté comme père, celui qui nourrit son peuple, tous les peuples de la terre, et « tout vivant» (15-16), qui « soutient » et « maintient » tous ceux qui ont besoin de son secours et font appel à lui (14.18-20). La fonction du roi est aussi de juger pour faire respecter la justice. Le Seigneur, «juste» par excellence (17), est celui qui juge, tranchant entre « ceux qui l'aiment », c'est-à-dire qui observent sa loi de justice, et « les méchants » qu'il « détruira » (20). De Vunique à l'universel Celui qui parle, du début à la fin, est un seul. Le titre l'identifie comme le roi David. C'est lui qui s'adresse à son Dieu dans l'introduction, avec quatre verbes à la première personne du singulier. Mais bien vite, dans la deuxième partie, cet individu singulier rassemble, pour ainsi dire, une foule pour l'unir à sa propre louange, une foule qui, dès le début, se relaie de génération en génération (4). Dans la partie centrale, c'est toujours l'unique personne du roi qui parle, mais son « j e » a comme disparu au profit d'un pluriel qui s'étend à tous « les fils d'Adam » et qui contemple toute la suite des temps. Après quoi, s'il s'adresse encore au Seigneur (15-16), c'est le discours sur lui qui prend le dessus, comme si le psalmiste s'adressait surtout aux « fils d'Adam » pour leur « faire savoir » qui est son Dieu, celui qui peut les sauver (14-20). A la fin, sa louange se trouve coordonnée à la bénédiction de « toute chair » (21). La complétude Outre sa probable fonction mnémonique, l'acrostiche alphabétique, c'est-àdire l'utilisation de toutes les lettres de l'alphabet hébraïque en début de chacun des segments, est une manière traditionnelle d'indiquer la totalité. En effet, en combinant de diverses façons toutes les lettres de l'alphabet, il est possible de former tous les mots de la langue, de construire tous les énoncés possibles et
290
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
imaginables, en définitive d'exprimer toutes choses19. En outre, l'acrostiche central du psaume, mlky, « mon roi » (voir p. 284), recèle un autre acrostiche : les deux segments centraux de la partie centrale (11-12) commencent avec les lettres kaf et lamed qui se lisent kôl, « tout ». Enfin, en accumulant tous les synonymes des verbes de parole qu'il pouvait, et pas seulement dans la seconde partie, le psalmiste renforce encore le sentiment de la totalité. Ainsi le psaume pourrait se résumer dans la formule suivante : « Que toute chair loue, de toutes les manières et en tous temps, toutes les œuvres du Seigneur Roi qui s'occupe de toutes ses créatures ». « De David » Il n'est certainement pas indifférent que ce poème de louange ait été mis sur les lèvres du roi David. Dans toute la gloire de sa splendeur, le roi d'Israël se range lui-même parmi les « œuvres » du Créateur ; il reconnaît qu'il existe un Roi plus grand que lui, celui qu'il appelle « mon Dieu, le roi » dès le début, ou, de manière cryptique au centre du chant, « mon roi ». Proclamant la gloire du Roi suprême, David remplit une de ses fonctions de roi, celle de faire reconnaître la royauté de Dieu. Décrivant les actions du Roi du ciel, père qui donne à manger, juge qui défend les pauvres, il dépeint aussi l'image du roi terrestre idéal, il énonce, si l'on peut dire, son programme de gouvernement. Jésus, fils de David Cette attitude sera parfaitement réalisée en Jésus, « le roi des juifs » (Me 15,2.26), dont la mission se résume en quelque sorte dans l'annonce du Règne de Dieu (Me 1,15). Chacun de ses disciples est appelé à entrer dans ce même mouvement de reconnaissance de la royauté de Dieu. S'il s'en remet totalement à Dieu, comme le Fils, il recevra en héritage le règne de son Père : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » (Le 12,32). Mais cet héritage n'est pas réservé aux fils d'Israël, il s'étendra, par la prédication apostolique, à tous « les fils d'Adam ».
19
Voir N.K. GOTTWALD, Studies in the Book of Lamentations, 27-30.
CONCLUSION
Les psaumes alphabétiques constituent un groupe, mais qui ne correspond en aucune façon à un seul genre littéraire. Si le dernier, le Ps 145 porte le titre de « louange », le premier, le Ps 9-10 mélange les genres, commençant par l'action de grâce et passant à la supplication, le Ps 25 est une plainte individuelle, le Ps 34 un psaume d'action de grâces, le Ps 37 est sapientiel, les Ps 111 et 112 sont des louanges et le Ps 119, comme on l'a vu, est avant tout un psaume de supplication, mais où beaucoup d'autres genres viennent confluer. Leur seul point commun est l'acrostiche alphabétique. Comme celle de l'ode ou de la ballade, l'acrostiche alphabétique est certes une forme poétique, mais celle-ci ne dit rien par elle-même de la composition du psaume. Chacun des huit psaumes a sa propre organisation textuelle, différente de toutes les autres. Même les deux psaumes jumeaux 111 et 112 ont une architecture tout à fait différente. Les deux structures, celle de l'alphabétisme et celle de la composition, étant de deux ordres différents, sont largement indépendantes. La première n'empêche en aucune manière la seconde. On aura vu, un psaume après l'autre, que les jugements négatifs si largement répandus qui ont été portés contre eux sont totalement injustifiés : ces psaumes ne le cèdent en rien aux autres du point de vue de la composition. Loin d'être décadents, ils sont tous extrêmement élaborés et relèvent de la poésie la plus consommée. Dire qu'ils sont tardifs et décadents relève d'un a priori désormais insoutenable. Cela dit, il faut répéter que l'étude de la composition des textes a pour fin ultime de mieux les comprendre et les interpréter. Les symétries de la rhétorique biblique ne sont pas une fin en soi : admirer des structures aussi éblouissantes que les cristaux formés par le gel sur les vitres ne nous intéresse aucunement. La participation du chercheur est autrement plus profonde que ces abstractions : Lévi-Strauss n'a-t-il pas qualifié de « corporel » le plaisir que donnent les structures à qui les pénètre ? \
La formule pourrait sembler exclure la fonction esthétique des compositions, que l'on pourrait qualifier de cristallisations textuelles. Le « plaisir » que l'on éprouve dans la découverte et dans la contemplation de si remarquables architectures prouve qu'il n'en est rien. La fonction esthétique est indéniable, mais il n'en demeure pas moins vrai que, surtout pour les textes bibliques, elle n'est pas première, elle ne représente pas une fin en soi. La première fonction est heuristique. Pour saisir l'enjeu du Ps 34, il est capital de montrer qu'il est focalisé sur la question qui concerne le désir de la vie et du bonheur. Seule une analyse rigoureuse de la composition du Ps 119 permet de remarquer que 1
P. BEAUCHAMP, Préface à R. MEYNET, L'analyse rhétorique biblique, 12-13.
292
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
chacune des deux premières et les deux dernières sous-séquences sont marquées par une intensification progressive des requêtes adressées à Dieu ; d'où l'on pourra comprendre, ou mieux, être saisi par une des dimensions les plus importantes du psaume. Il n'est pas indifférent non plus que ce même psaume soit centré sur les deux strophes Kaph et Lamed caractérisées par le fait qu'elles contiennent quatre occurrences de la racine KLh, signifiant « achèvement », ce qui fournit une clé indispensable pour décrypter le sens du roi des Psaumes. Pour le psaume 145, le fait que la partie centrale soit formée par les quatre lettres Yod, Kaph, Lamed et Mem, permet de relever l'acrostiche inversé MaLKÎ', « mon roi », qui indique en quelque sorte le sujet du psaume. On voit par ces deux derniers exemples que la structure alphabétique et la composition littéraire ne sont pas totalement indépendantes. C'est que le poète joue avec l'alphabet, comme Villon ou Montale, pour crypter, pour cacher et en même temps révéler certains noms. On a remarqué depuis longtemps que dans le Ps 1, qui est la porte d'entrée du Psautier, le premier mot commence par Aleph et le dernier commence par Taw, enserrant ainsi toutes les autres lettres de l'alphabet, comme pour donner à penser que son contenu, les sorts respectifs du juste et de l'impie représentent en quelque sorte le tout du Psautier, de A à Z. Un peu comme les tympans de tant de nos cathédrales donnent à voir à ceux qui entrent le jugement dernier où sont représentés les bienheureux à droite et les damnés à gauche. On a vu comment l'irrégularité de Pâlphabétisme du Ps 9-10, en particulier la perte de six lettres contiguës après Lamed et avant Qoph semble traduire l'état d'esprit, complètement perdu, du psalmiste, avant qu'il ne se tourne à nouveau vers celui qui seul peut le sauver de la menace de mort que font peser sur lui ses ennemis. Ces jeux touchent à une dimension essentielle de la poésie tout court et de la poésie biblique en particulier, l'énigme. Pourquoi donc l'alphabétisme du Ps 25 est-il défectueux, certaines lettres manquant et d'autres étant redoublées ? Prétendre que c'est à cause des aléas de la transmission manuscrite pourrait n'être qu'une échappatoire. Il vaut peut-être mieux essayer de déchiffrer l'énigme. Comment se fait-il que dans le Ps 145 il manque une seule lettre, le Noun ? Il est invraisemblable que les Massorètes aient perdu la conscience de l'alphabétisme ou qu'une erreur aussi énorme se soit glissée dans le texte. Il se pourrait que ce soit volontaire de la part du poète. L'utilisation de la totalité des lettres de l'alphabet est une manière reconnue d'exprimer la totalité, ce que le Ps 145 exprime aussi par l'emploi insistant de kol, « tout ». Aujourd'hui encore en Orient on évite de réaliser un travail complet — de peinture par exemple, on ne va jamais jusqu'au bout, on laisse toujours une petite imperfection, fut-ce dans un endroit peu visible. Pour éviter le mauvais œil, dit-on couramment ; plus positivement pour reconnaître, concrètement, notre propre incomplétude et que Dieu seul est parfait. La première fonction de l'acrostiche alphabétique semble bien être justement d'exprimer la totalité : en effet, grâce à leurs innombrables combinaisons les vingt-deux lettres de l'alphabet permettent d'énoncer la totalité du dicible. Une
Conclusion
293
autre fonction est souvent avancée, celle de faciliter la mémorisation. Plusieurs cependant font remarquer que l'alphabétisme est sans doute davantage perceptible à l'œil qu'à l'oreille. Une telle fonction n'est pas à exclure, mais il ne suffît pas de l'affirmer, il faudrait la démontrer. On pourra enfin se demander s'il existe des rapports de type structurel entre les psaumes alphabétiques, s'ils forment système. Il est clair que les Ps 111 et 112 sont inséparables, comme les jumeaux ou les siamois. Il est remarquable aussi que les quatre premiers (9-10, 25, 34, 37) se trouvent dans le premier livre du Psautier (Ps 1-41) et les quatre derniers (111, 112, 119, 145) dans le cinquième et dernier livre (Ps 107-150), faisant une sorte d'inclusion. Il ne sera possible de répondre à cette question que lorsque la composition du Psautier aura été étudiée de près. En attendant, il faut poursuivre l'analyse de la composition de chacun des cent cinquante psaumes que compte le recueil.
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INDEX DES AUTEURS CITÉS
Alden: 55 Alonso Schoekel: 13, 95 Alonso Schoekel - Carniti: 10, 23, 53,56, 74, 79, 87, 103, 132, 139 Anderson: 122, 125 Auffret: 55, 69, 80, 121, 122, 144, 268, 278 Balmary: 140 Basile de Césarée: 140 Bazak: 121 Beaucamp: 54, 55, 79, 122, 123 Beauchamp: 74, 87, 212, 293 Bellarmin: 62 Benoît, saint: 98 Benun: 50 ^ Berlin: 286 Bovati: 85, 283 Boys: 54, 121, 125 Brueggemann: 122 Brug: 13 Bullinger: 121 Castellino: 125 Ceresko: 95 Chinitz: 277 Clifford: 54, 67, 79 Condamin: 104 Cortese: 122 Coulot: 122 Craigie: 54 Dahood: 25, 132 Delitzsch: 66 Enciso Viana: 23 Eriksson: 79, 97 Fishbane: 287 Forbes: 121 Fraenkel: 131 Freedman: 81, 143 Gerstenberger: 79 Gestenberger: 54
Gilmour: 97 Girard: 54, 55, 80, 121, 144, 278 Goldingay: 54 Gordis: 23, 34 Gottwald: 292 Graigie: 122, 125 Graziano: 157 Gunkel: 12 Hakham: 62, 87, 116, 128, 129, 139 Hilaire de Poitiers: 144 Hossfeld - Zenger: 144, 268, 270, 272 Hurowitz: 95 Jacquet: 23, 29, 103, 123, 273 Jüngling: 55 Junker: 12, 24 Kimchi: 60, 72, 123 Kimelman: 278 Komlos: 37 Kraus: 10, 11,25,37, 272 Lambert: 13 Lauterbach: 287 Le Dü da Silva-Semik: 14 Leveen: 23 Levenson: 143 Liebreich: 13, 80, 278 Lifschitz: 49 Limburg: 79 Lindars: 278 Lorenzin: 54, 79, 272 Lori: 121 Loyola: 142 Lund: 24, 186 Lundbom: 84 Magonet: 278 Maloney: 24 Mannati - Solms: 9, 50, 54, 59, 74, 76,123 Mays: 54
304
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Meynet: 11, 21, 48, 55, 76, 80, 96, 121, 132, 141, 142, 293 Môller: 55 Montale: 14, 302 Mowinckel: 13 Nodder: 144 Origène: 140 Pearl: 290 Peignot: 12 Pérennès: 104 Petiet: 103 Rashi: 123 Ravasi: 10, 53, 54, 55, 56, 74, 79, 80, 96, 103, 110, 122, 132, 144, 278 Roberts: 84
Rose: 54, 65, 74 Rosenbaum: 25 Ruppert: 55 Sabourin: 125 Sanders: 277 Schoettgen: 84 Skehan: 23 Soli: 13, 144, 268 Terrien: 55, 79 Vesco: 37, 47, 54,122,123 Villon: 11 Watson: 286 Weiser: 10 Wenin: 48 Why bray: 144 Wiesmann: 79, 80
TABLE DES MATIÈRES
Introduction Sigles et abréviations Lexique des termes techniques
17
Le psaume 9-10
21
Le psaume 25
51
Le psaume 34
77
Le psaume 37
101
Les psaumes 111 et 112
125
Le psaume 119
^
141
Le psaume 145
275
Conclusion Bibliographie Index des auteurs cités
291 295 303
Rhétorique biblique Collection dirigée par Roland Meynet et Pietro Bovati 1. R. MEYNET, L 'Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, Éd. du Cerf, 1988. 2. P. BOVATI et R. MEYNET, Le Livre du prophète Amos, Éd. du Cerf, 1994. 3. R. MEYNET, Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles synoptiques, PUG Editrice - Éd. du Cerf, 1999.
Rhétorique sémitique Collection dirigée par Roland Meynet avec Jacek Oniszczuk 1. R. MEYNET, L Évangile de Luc, Lethielleux, 2005. 2. T. KOT, La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie, Lethielleux, 2006. 3. M. CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ'ida, Lethielleux, 2007. 4. R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Lethielleux, 2007. 5. R. MEYNET, Appelés à la liberté, Lethielleux, 2008. 6. R. MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, Lethielleux, 2009. 7. A. VANHOYE, L Épitre aux Fibreux. « Un prêtre différent », Gabalda, 2010. 8. R. MEYNET, L Évangile de Luc, Gabalda, 20113. 9. M. CUYPERS, La Composition du Coran, Gabalda, 2012. 10. R. MEYNET, La Lettre aux Galates, Gabalda, 2012. 11. R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Gabalda, 20132. 12. R. MEYNET & J. ONISZCZUK, Exercices d'analyse rhétorique, Gabalda 2013. 13. J. ONISZCZUK, La première lettre de Jean, Gabalda 2013. 14. R. MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques, Gabalda, 2013. 15. M. CUYPERS, Apocalypse coranique. Lecture des trente-trois sourates du Coran, Gabalda 2014. 16. R. MEYNET, L Évangile de Marc, Gabalda 2014.
RETÓRICA BÍBLICA E SEMÍTICA
Collection dirigée par Roland Meynet et Jacek Oniszczuk
1. 2. 3. 4. 5.
JACEK ONISZCZUK,
Roma 2013.
Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20-21), G&B Press,
ROLAND MEYNET & JACEK ONISZCZUK,
Roma 2013. ROLAND MEYNET & JACEK ONISZCZUK,
Press, Roma 2013. ROLAND MEYNET,
2015.
Esercizi di analisi retórica, G&B Press, ed., Studi del terzo convegno RES, G&B
Luke: the Gospel of the Children of Israel, G&B Press, Roma
ROLAND MEYNET - JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quarto convegno RBSy G&B Press, Roma 2015. 6. R. MEYNET, Les huit psaumes acrostiches alphabétiques, G&B Press, Roma 2015.
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques (9-10,25, 34, 37,111,112,119,145) n'ont pas bonne réputation auprès d'un grand nombre d'exégètes depuis Gunkel. Le carcan de l'acrostiche alphabétique en effet aurait empêché les auteurs de ces jeux artificiels et purement «acrobatiques» de se mouvoir librement pour réaliser de véritables poèmes, composés et cohérents. Or, analysés selon les lois de la rhétorique biblique et sémitique, ces psaumes se révèlent de véritables chefs d'œuvres. La découverte de leur architecture, savamment articulée, permet d'entrer dans leur logique et de mieux comprendre leur message. Décrivant en termes semblables Dieu et l'homme juste, les psaumes jumeaux 111 et 112, sont les plus courts, leur vingt-deux «membres» commençant par les vingt-deux lettres de l'alphabet. Les Ps 9-10, 25, 34 et 145 sont deux fois plus longs, car l'alphabétisme marque chacun de leurs vingt-deux «segments» («bimembres» ou «trimembres»). Le Ps 37 est encore deux fois plus long l'alphabétisme marquant chaque groupe de deux segments. Enfin, atteignant à la virtuosité, le fameux Ps 119 comprend vingt-deux «strophes» de huit segments, dont chacun commence par la même lettre de l'alphabet. L'analyse de sa composition extrêmement élaborée, permet de comprendre qu'il ne s'agit pas seulement d'une méditation sur la Loi du Seigneur, mais avant tout de la supplication de celui qui se rend compte qu'il est incapable de comprendre la Loi, encore moins de la mettre en pratique, qui est en butte aux ennemis de Dieu qui le persécutent, et qui appelle à l'aide son Seigneur pour qu'il le sauve de la mort et le fasse vivre.
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Comme celle de l'ode ou de la ballade, l'acrostiche alphabétique est une forme poétique, mais celleci ne dit rien par elle-même de la composition du psaume. Chacun des huit psaumes a sa propre organisation textuelle, différente de toutes les autres. Même les deux psaumes jumeaux 111 et 112 ont une architecture tout à fait différente. Les deux structures, celle de l'alphabétisme et celle de la composition, étant de deux ordres différents, sont largement indépendantes. La première n'empêche en aucune manière la seconde. On aura vu, un psaume après l'autre, que les jugements négatifs si largement répandus qui ont été portés contre eux sont totalement injustifiés: ces psaumes ne le cèdent en rien aux autres du point de vue de la composition. Loin d'être décadents, ils sont tous extrêmement élaborés et relèvent de la poésie la plus consommée. Dire qu'ils sont tardifs et décadents relève d'un a priori désormais insoutenable.