Pendant le moyen age, du temps des seigneurs et des dragons, des conflits et des conspirations ; existe un homme que ni vous ni moi ne connaissons, un homme qui jamais ne restera dans l’Histoire mais qui ne restera à jamais qu’une idée dans une histoire, un homme simple et sans distinction comme tant d’autre. Laissez vous porter par son esprit et subissez SON récit… Je suis cet homme. J’aurais pu être un saltimbanque, un preux combattant solitaire ou un chevalier d’une grande renommée dont les exploits auraient parcouru fleuves et frontières, un preux destrier faisant flamboyer l’honneur et le sang de l’injustice mais au lieu de cela je n’étais qu’un vulgaire voleur itinérant et adroit exécutant ça et là son don avec la plus grande assiduité. Un simple charlatan voleur qui terré dans les bois la majeur parti de sa vie, ne sortait que pour s’accaparer quelques biens dans les nombreux royaumes qui l’entouraient. D’ailleurs, pour cela, je devais souvent parcourir le pays en quête de royaumes ou ma tête n’avais pas encore été mis à prix car si je n’étais pas un valeureux et respectable chevalier je n’en étais pas moins un grand voleur. Je ne volais principalement que les princes, seigneurs ou grands héritiers car ils étaient généralement plus amusant à duper et surtout parce qu’un seul de leurs trésors valaient au moins cent fois celle d’un humble paysan. Les rois sont les personnes les plus compliquées à déposséder car il faut arriver à s’approcher d’eux ou à entrer chez eux mais se sont aussi ceux que je volais le plus souvent. Cette folie du danger, je pense qu’elle venait du fait que je ne trouvais pas dans ma vie de réelles valeurs à la quelles je puisse m’attacher, rien qui me feraient regretter la vie même si, néanmoins, je faisais tout pour éviter de la perdre pendant mes larcins. Le printemps venait d’arriver et j’avais entendu parler d’une fête au royaume de Ménélas. Je sortis donc de mon bois pour aller à ce rendez-vous de jeux, de saltimbanques et de joie. Je ne savais pas à quoi m’attendre, le possesseur de ce royaume restait très discret néanmoins je ne doutais pas de le rencontrer lors d’une pareille manifestation. Je n’étais encore jamais allé dans ce royaume et mes méfaits restaient donc inconnues, les souverains des contrées voisines se cachant bien d’ébruiter le vol d’un simple vagabond comme moi dans leur demeure. Assuré de ne pas être recherché, je me promenais sans autres dissimulations que d’humbles vêtements usés, mais qui restaient néanmoins agréable au regard. Un pantalon long couleur de terre surmontée par une tunique dont le vert se muait avec les feuilles des grands chênes de cette région. Les bras nus, je ramassai ma veste qui, jonchée sur un sol de fleurs blanches m’attendait. Désormais rien ne me dissociait des simples paysans que j’allais bientôt côtoyer. Mon attention était d’attirer l’attention du roi, aussi dès que la situation me semblerait propice enlèverais-je ce qui venait de recouvrire mon torse pour laisser parler des couleurs plus vives et une attitude moins passive. Je commençai ma marche vers la forteresse et réfléchis à quelles pitreries je devrais me vouer pour m’assurer une petite audience avec le roi. La forêt se dissipa derrière moi. En fait, dans la plupart de mes larcins, on ne retrouve jamais le voleur mais il arrive parfois qu’un prince astucieux trouve le responsable où que les circonstances fassent que je doive avouer mon crime cependant, jusqu’à présent, j’avais toujours réussit, quoique à grand peine, à réchapper des griffes de mes bourreaux. Toutefois ici je ne risquais rien, du moins le pensais-je, car il existe des dangers bien plus dévastateurs que la plus dure des lames, mais je ne les connaissais pas encore. Ma surprise, lorsque j’entrais dans les murs de ce royaume fut de voir s’amuser les petites gens dans des jeux organisé par le roi alors qu’en générale, c’était les seigneurs qui s’amusaient au dépend de leurs serfs qui devaient subir multiples injustices afin de contenter ces derniers, et ce jusqu’à de sommaires exécutions. Ceci étant je pus entrer facilement en
cachant ma légère épée sous mon pantalon et en faisant mine d’être très malade : Un pestiféré est rarement fouillé. Après ces quelques minutes d’étonnement je retirai ma veste et décidai de commencer mon œuvre. Les murs du royaume étaient richement parés, devant moi, non loin de là se dévoilait le palais, trois grandes terrasses aux bordures crénelées de pierres bleus se superposaient avant qu’une minuscule salle fermé, ne brandisse sur son toit l’étendard du royaume. Sur les cotés, proche des murs qui bordaient la cité, de gigantesques tours surveillaient, tranquilles et impassibles, l’accès à ce lieu. Ils étaient venus de loin ceux que je retrouvais ici. Toutes les terres formant le royaume semblaient y avoir été conviées ; du simple fermier dans son petit village solitaire au petit prince assujettit à la garde royale, et tous se mélangeaient, de ma courte vie, je n’avais vu telle entente. Sur le sol, les pavées tremblaient devant tant d’animations, tandis que j’avançais un cracheur de feu se découvrit sur ma droite. Je devais faire mieux que lui pour être aperçu du maître de ces lieux. Des jongleurs se lançaient épées et haches, désormais je pouvais voir le roi, assis sur une chaise richement parée, posé sur une estrade à quelques centimètres du sol, d’un simple bond n’importe qui pouvaient le rejoindre, ce monde semblait déphaser par rapport à la réalité, et il me plaisait étrangement… Ceci ne me détourna pas longtemps de mon objectif, en premier lieu il fallait que je m’approche du roi, pour cela je racontais de faux exploits devant la foule et ce dernier, ce qui me valait ou leur admiration ou leur sympathie car en révélant mes aventures rocambolesques je faisais souvent rire le roi et devenais comme son « bouffon » ou un héros. Mais ce roi, malgré mon éloquence ne me regardait pas et les princes qui l’entouraient restaient de marbre face à mes arlequinades. Pourtant pour pouvoir voler le roi il fallait que je m’approche suffisamment de lui et que je lui sois assez familier pour qu’il n’ait aucuns soupçons. Je multipliais les actes dangereux, passais entre les lames des jongleurs, sautais dans les flammes mais rien n’y fit, il paraissait focalisé dans ses pensées. Je m’approchais alors de lui, il était surprenant de voir qu’un roi pouvait se présenter aussi près de son peuple sans avoir comme autre protection que quelques hommes en armures et que rien contre lui ne fut tenté. Tous ces détails me firent penser que peut-être, c’était un bon roi. C’est pourquoi à quelques pas de lui je fis un bon sur l’estrade et sortis l’épée de mon pantalon avec une vitesse surprenante et lui plantai juste sous la gorge. Je me surpris moimême de la réussite de cette action. Je fus bientôt assaillit par les dix épées, arcs, lances ou haches des dix chevaliers qui entouraient leur maître. Pointées dans ma direction, toutes ces armes n’attendaient qu’un seul relâchement de ma part pour finir ce qu’elles avaient déjà commencé. Les dix personnes représentant la garde personnel du roi avaient revêtu leurs véritables apparences, celui de guerriers froids et effrayants, digne des plus hauts faits. Leurs allures étaient hétérogènes, l’un d’entre eux plus éloigné, me menaçait à l’aide d’un couteau de lancer, un autre plus maigre, avec un arc. L’épée du plus imposant guerrier reposait sur mon crane telle une massue prête à s’abattre, à ma droite, un petit soldat trapus au ventre dodu brandissait une hache, mais c’était de son armure, toute hérissée de pointes, que provenait ma terreur. Certains étaient très élégants avec une fine épée ou une lance, un autre, les yeux sombre, profondément rentrés, possédait quelque chose de magique, une légère barbichette noire recouvrait un maigre menton qu’il surélevait comme pour me regarder du coin de l’œil. Le roi me regarda curieusement. Calmement je répondis à son regard. _Pourquoi ne m’écoutez-vous pas ? Je posai cette question tout en appuyant la pointe de mon épée sur sa gorge ce qui avait pour but de dissuader toutes actions de ses vassaux et d’obliger mon interlocuteur à être honnête. En un instant le temps s’arrêta, flammes et épées ne jouèrent plus, la foule était sidérée. Le roi était plutôt grand, d’une forte stature, sûrement avait-il été soldat avant de devenir ce qu’il était. Ses cheveux bruns descendaient jusqu’à ses épaules, ils étaient bouclés et s’écartaient pour laisser à découvert son visage. Il avait un très beau visage, allongé et munis de quelques
rides au niveau du front qui trahissait son age. Il était ténébreux, ses yeux bleus sombres transperçaient les ombres. Vêtu d’un bleu foncé, ses riches habits restaient corrects, d’une grande qualité mais sans être l’apanage d’une volonté de montrer son pouvoir et sa puissance. Il portait aussi une cape rouge alors que les dix autres protecteurs qui l’entouraient étaient eux, munis d’une cape noire plus courte. _J’ai autre chose à faire, murmura le roi. _Quoi ? L’attention des dix chevaliers qui m’entouraient allait grandissante, une tension de tonnerre régnait entre tous ceux qui m’entouraient, seule le profond dévouement qu’ils avaient pour leur roi me sauvait jusque-là. Les regards restaient crispés et les armes se durcissaient dans les mains de leurs seigneurs. Après un court silence, celui que je menaçais daigna me répondre, il m’avait longtemps scruté mais ne paraissait nullement effrayé. _Ma fille a été enlevée hier. Il parlait de plus en plus doucement et ces paroles semblaient lui arracher le cœur. Je rengainais mon épée en dépit du danger qui m’entourait. De toute façon, je n’étais point un guerrier et un seul de ces gardes valaient de nombreux hommes tel que moi, la lutte était inutile néanmoins je savais mon action bénéfique. Avant qu’ils n’aient eu le temps de faire quoi que ce soit, le roi demanda à ses vassaux d’abaisser leurs armes. La foule restait sidérée, pour ne pas gâcher la fête je lançai une pompeuse réplique au publique : _Ainsi il laissa la vie, ainsi le roi répondit, rien de misérable, juste un drame. Quelle magnifique mise en scène, n’est-ce pas ? Après un instant d’effroi, il y eut un tonnerre d’applaudissement, un rire générale éclata et le roi m’emmena au château. Malgré mes paroles et le sourire des gens, il restait une certaine peur dans le cœur des gens, comme si cette acte ne pouvait être sujet à plaisanterie. _Vous êtes plutôt susceptible lorsque l’on ne vous écoute pas, me fit constater mon ancienne victime. Vous devriez être mort pour avoir osé me menacer, mais ton courage me plait et je ne veux pas voir de sang en ce jour qui doit rester pour mon peuple un jour de fête. Je vais être … _Je suis prêt à retrouver votre fille, répliquai-je, l’interrompant avec éloquence. Sur ce mot le roi repris sa triste mine et une voix morne et ténébreuse sortie de sa bouche. IL ne souriait plus, chaque parole devenant de plus en plus grave. _J’ai déjà envoyé mes meilleurs hommes mais ils n’ont rien trouvé. Mais enfin, pourquoi pas, et que demanderiez-vous si vous la retrouviez. _Si je la retrouve, je veux avoir votre protection, le droit d’aller, venir et rester sur ces terres quelles que soient les circonstances. _Si vous retrouvez la princesse, je vous donnerais n’importe quoi. Nous arrivâmes au bout du couloir. Un valet nous ouvrit la porte et nous nous essayâmes dans un somptueux salon avec une grande cheminée sans feu, des tapis accrochés au mur retraçant sans doute des moments épiques de la cité. Les chaises elles-même étaient faites d’un bois noir et orné de têtes de faucons à leurs manches. L’endroit était grand, et paraissait intensément vide. Il y régnait une atmosphère à la fois grave sûrement dû au comportement de celui qui m’avait accompagné jusqu’ici, et conviviale. Il y avait là de nombreuses chaises et deux canapés disséminés, nous nous installâmes côte à côte, face à la cheminée. Une fois assis, le roi me conta comment sa fille, la princesse Jenny avait été enlevée. _Elle se promenait souvent dans le bois non loin de là. Hier elle s’y est aventurée et n’est pas revenue. A cet instant le roi se leva de la chaise pour se placer devant la cheminée. Je ne voyais de lui que la sombre courbure de son dos, comme vieillit par des milliers d’années. Il avait un air dramatique.
_Je soupçonne la contrée voisine d’Agemore. Elle est dirigée par un tyran qui s’amuse à voir souffrir son peuple, je ne comprendrais jamais cette attitude. Il est assoiffé de pouvoir et prêt à tout pour arriver à ses fins. Il se retourna et me regarda fixement, dans ses yeux se lisait le désespoir d’un père. _Après la disparition de ma fille, il a commencé à envahir Ménélas et ce matin, j’ai reçu une lettre où il me demandait de lui céder me couronne. Je me demande ce qu’il manigance. Il faudra environs deux jours pour que son armée, qui est entrée dans Ménélas puisse arriver jusqu’ici. Entre-temps, j’ai envoyé des messagers prévenir les gens de mon royaumes de la venue de cette menace et leur ait prié de partir. La fête d’aujourd’hui a pour certains un goût amer, sur leur passage, l’armée d’Agemore détruira tout. _Si votre fille a été enlevée non loin d’ici, cela signifie qu’il existe près d’ici une base où sont regroupés des soldats ennemis. _Cela ne peut-être qu’une escouade ; Seule une escouade aurait pu franchir la frontière qui sépare nos deux royaumes sans se faire repérer. Le gros de ses troupes doit à présent être en route vers le château. Vous partirez demain dès l’aube. Il se fait tard et je doute que vous puissiez trouver quelque-chose à cette heure tardive. La nuit fut courte, je cherchai sans cesse un moyen sûre de dérober la bourse du roi. Ceci aurait été chose faite s’il ne m’avait pas invité à coucher. La peur qu’il puisse découvrir mon pillage alors que je restais au château me fit retarder mon vol jusqu’au lendemain. Le lit était doux et tout de soie brodée, je ne tardais pas à trouver le sommeil dans un tel luxe. Le son des trompettes dès l’aube me réveilla en sursaut. À peine réveillé commençais-je à m’habiller tranquillement, le roi avait mandé que l’on dépose des vêtements plus dignes sur une chaise proche de mon lit. J’enfilais d’abord mes propres habits, bien plus souples puis les recouvris de ceux que m’avait offert mon mécène. Ils étaient beaucoup plus larges, aussi je prévoyais de m’en débarrasser dès que possible, sans risquer de provoquer le courroux du propriétaire de ce domaine. Au bout de quelques minutes ce dernier frappa à la porte et entra. Je regarda s’il possédait sur lui quelconque objet de valeurs que je puis chaparder et constata qu’il possédait à sa ceinture une imposante bourse qui semblait remplit d’or. Il était vêtu plus humblement cette fois, seule la qualité des tissus qui le recouvrait trahissait son statut. Toujours vêtu d’un bleu profond, il ne portait plus sa cape, des pantoufles de soie recouvraient ses pieds et de longues chaussettes blanches surmontaient son pantalon. Derrière lui, attendant sur le palier de la porte, deux de ses dix chevaliers attendaient. L’un était le lanceur de dagues et l’autre, quoique sans arme aujourd’hui, possédait lors de notre première entrevue une lance. Ils me saluèrent tous courtoisement et je leur répondis du mieux que je le puis. J’étais prêt à partir, mais le monarque n’était pas venu pour çà. Il regarda l’épée que je portais à ma ceinture, elle était en piteux état et semblait partir en lambeau. Il m’emmena jusqu’à sa forge, ses deux gardes du corps nous suivaient toujours. Là, il me proposa une autre arme : plus lourde, parfaitement affûté, la lueur du soleil se reflétait, au travers les fenêtre dans cette lame. _Celle-ci vous conviendra mieux, dit-il. Surtout en vue des péripéties qui vous attendent. Elle est maniable et tranchante. Il tournait et retournait cet objet issu de l’art de ses plus braves forgerons mais scrutant autour de moi mon regard fut attiré par une tout autre arme, accrochée sur le mur. Néanmoins je pris tout de même l’arme que me présentait le roi dans mes mains, son poids manqua ; de me faire lâcher prise, les épées que j’avais coutumes d’utiliser étaient beaucoup plus courtes. Le roi s’aperçu alors que mon attention se portait ailleurs. Il me proposa de choisir aussi pris-je celle que je convoitais. Elle me semblait être meilleure, Il me l’attrapa et me l’offrit. Je pouvais la soulever, la brandir et la contempler selon mes souhaits. Elle était beaucoup plus fine que la dernière et aussi bien plus fragile. En m’accompagnant jusqu’à la sortie du château mon bienveillant donateur me recommanda cette épée.
_Excellent choix, me fit-il constater, cette épée à pour mérite d’être rapide et d’après ce que tu m’as montré hier, elle est faite pour toi. _Merci seigneur, répondis-je courtoisement. On approchait de la sortie du territoire fortifié lorsque j’aperçus un gros galet surplombant l’allée juste devant le pont-levis. En m’approchant de celle-ci, je feignit de tomber à cause de la pierre et basculai sur le roi, l’allégeant par la même occasion de sa bourse. Les deux soldats qui nous accompagnaient nous relevèrent, ils ne dirent rien. _Vous devriez faire attention jeune homme, me dit avec attention le malheureux que je venais de renverser. _ Je suis désolé, balbutiais-je. _Ceci n’a aucune importance tant que vous me ramenez ma fille, et puis les routes doivent être refaites. Nous approchâmes de la sortie de la forteresse, derrière le pont-levis, attendit un chevalier sur sa monture accompagné d’un autre cheval. _Ce chevalier vous guidera jusqu’au bois où ma fille a disparut. _Je dois monter sur ce cheval, dis-je fébrilement en regardant la monture et le chevalier. _Bien sûr, si vous êtes aussi vaillant que vous le racontez dans vos histoires, cela ne devrait poser aucuns problèmes. _Je suis vaillant certes, mais je ne sais pas monter à cheval, répliquais-je gêné. _Bien, cautionna le roi visiblement déçu et surpris par cette réponse. Pacôme vous emmènera alors. Prenez place derrière lui. Je saluais le roi selon les règles et pris place à l’arrière du valeureux soldat, je reconnut alors l’un des dix gardes qui protégeait le roi, je me souvint aussi qu’il s’agissait du plus touché par ma mise en scène et ne semblait pas m’apprécier beaucoup. Grâce à son adresse, en moins d’une demi-heure nous fûmes rendus devant ce bois. Une fois descendues, le chevalier s’éloigna. Avant de disparaître, à l’orée du bois, il me jeta un dernier regard pris repartis bribe abattue vers son roi. J’avais réussi, la bouse du roi était en ma possession et j’étais loin de ce dernier. Je m’engouffrais peu à peu dans ce bois, évitant le chemin où m’avais déposé le sbire de sa majesté. J’allai à la droite du chemin, parmi les arbres et les buissons, en dehors de tous chemins tracés. En poursuivant ma route, qui devait me mener à l’opposé du royaume de Ménélas, je repensais à toutes ces années de fuite : « Peut-être dans ce royaume aurais-je pu vivre décemment ? Les gens avaient l’air de s’y trouver bien, mais qu’aurais-je pu donner en échange ? Je ne sais ni travailler la terre, ni me battre, tout ce que je sais faire, c’est voler… » Je regardai une dernière ce royaume avant de m’engouffrer dans l’épaisse verdure et de disparaître, mon objectif était terminé, j’avais récolté l’objet de ma convoitise et rien d’autre à présent ne m’importait.
VICTIME OU SAUVEUR ? Après plus d’une heure de marche, je crus percevoir un étrange bruissement. Au bout de quelques instant je pus distinguer clairement le bruit d’une chute d’eau. Ce bruit devenait de plus en plus fort jusqu’à ce que se découvrit devant moi une profonde vallée. Je m’arrêtai soudainement, surpris, une crête abrupte m’empêchait d’avancer. Un pas de plus m’aurait fait descendre à pic un dénivelé d’au moins vingt mètres de haut. Abaissant mon regard, je pus constater qu’il ne s’agissait pas d’un précipice ordinaire, sous mes pieds, à quelques mètres, se déversait en un bruit assourdissant l’eau en une cascade immense. Un jet de lumière enveloppa mon regard, m’enivrant de mille et une couleurs, reflet de l’eau et de l’ardent soleil. L’ensemble de ce lieu ne représentait pas un grand domaine mais il n’en demeurait pas moins un fascinant spectacle. Au loin, la forêt recouvrait le sol et les profondeurs du site étaient revêtu d’une riche parure verte. En son centre, un petit lac bleuté répondait aux grands et fracassants crient des rapides par un calme silence et une incommensurable tranquillité. Il me revint alors les paroles du roi, c’était certainement ce spectacle qu’allait retrouver si fréquemment la princesse. Cependant si ce que je pensais s’avérait être vrai, je me demandai comment cette dernière avait pu découvrir un tel endroit. Prenant un petit chemin de traverse façonné par le temps et les quelques visiteurs qui comme moi, avaient pu découvrir la cascade par mégarde, je descendis à l’intérieur de la cuvette pour mieux admirer le paysage. J’arrivai jusqu’au bord du lac, dépourvu de tout ennuie, je me promenais nonchalamment le long de cette eau si pure. Je vis au loin se découvrir un espace de verdure, les modestes vagues poussées par les vents lentement disparaissaient le long de la bordure, et les herbes caressaient de leurs longues feuilles les remous, si fières et dominant de la cascade, désormais effondrés. Je m’installai sur ce petit monde, longeant la source bleue les géants arbres me rendirent grâce et me laissèrent passer. Dès que je fus arrivé, je scrutai les alentours afin de me rendre compte de la réelle beauté du site. J’aperçus alors un petit chemin tomber presque à pic sur le lac. Il s’élevait derrière moi tel un passage condamné vers un monde inconnu. Où menait ce chemin, je ne m’en souciais guère, il avait sûrement été crée par les allées et venue des visiteurs qui comme moi désormais, connaissaient cet endroit. J’aperçus le long de ce dernier un morceau de tissu, en l’examinant de plus près je me rendis compte qu’il était fait de soie. La soie est chère, et rare sont ceux qui peuvent en porter, indubitablement était-ce un élément de vêtements royaux. Le long du chemin les branches étaient cassées, j’en déduis que la fille du roi avait certainement été enlevée ici. Je remontai lentement cette allée, ma curiosité sans cesse attisée par les multiples détails qui défilaient devant moi. Des traces de pas étaient clairement visibles, elles étaient profondes et ne semblaient pas avoir étaient par un quelconque soldat, les empruntes malgré l’humidité ambiante était celle d’un pas léger et les chaussures étaient loin d’être celles utilisé pour la guerre, elles semblaient plutôt appartenir à une femme, tout laissaient penser qu’ils s’agissaient des traces que la princesse avait laissées en se débattant. Mais en se débattant contre qui ? Les empreintes commençaient à refléter les signes d’une lutte seulement à partir de la moitié de l’étroit chemin. A ce stade les pieds de la princesse étaient rejoint par ceux plus larges et bien plus profondes de deux autres personnes, après un espace où tout était confus et où les traces n’étaient qu’un tortueux mélange de longues estafilades et traînées dans la boue, un creux arrondit montrait que la victime devait avoir posé un genou au sol, ces signes reflétait une très grande violence pourtant je ne pensais pas que la fille du roi puisse être blessée par ses agresseurs de façon directe. Ensuite les empruntes les plus larges allaient de part et d’autre de celles de la princesse, j’en déduis que les actes désespérés de la malheureuse jeune fille pour ce sortir de cette mauvaise situation
n’avait pas abouti et désormais ils la tenaient captive par ses bras. Ceci se poursuivit jusqu’au sommet du petit chemin, les arbres firent onduler leurs feuilles avec un faible bruissement lointain et pénible pour le cœur. Cette vision avait du paraître d’une pitoyable hypocrisie pour ces géants de bois, ils s’étaient resserrés et je ne me sentais plus à mon aise. Ce qui m’apparaissait comme un jeu commençait à jouer avec mes sentiments. J’imaginais la crainte que la princesse avait dut ressentir en apercevant dans ce qui était peut-être pour elle son seul havre de paix ce qu’elle pouvait redouter de plus pénible et monstrueux, comme une trahison de la forêt que les arbres, au travers de leurs frémissements plaintifs, ne cessaient de regretter.. Apparut à la sortie de cette allée de terre, des traces de chevaux étaient présentes. Il y avait trois chevaux, selon ce qui restait sur le sol, le chef des deux agresseurs avait certainement attendu que ses sbires aient rapporté leurs victimes, ainsi je pus reconstituer la scène. Le bruit de la cascade couvre l’arrivé des chevaliers. Le capitaine du groupe envoie ses deux vassaux chercher la princesse. Elle se débat, dans la lutte, un morceau de ses vêtements s’arrachent néanmoins elle n’arrive pas à leur échapper et ils l’emmènent. Les traces des chevaux ensuite disparaissent peu à peu, l’humidité provoquée par le lac n’étant plus assez important pour laisser le témoignage de la scène intacte. Ils restaient tout de même un élément qui me permettrait de les suivre sans difficulté, le long du passage emprunté par les soldats les branches étaient cassées. Ils semblaient être sûrs de leurs de leur destination. Comment connaissaient-ils l’existence de ce lac ? S’il s’agit bien des gens d’Agemore, je doute qu’ils puissent savoir qu’un tel site existe dans un tel endroit, rien ici ne le laisse penser, comment des espions venus de si loin avaient pu en avoir eut connaissance, et surtout, comment pouvait-ils savoir que la princesse y serait à cet instant ? Maintenant une question se posait à moi : « Devais-je aller secourir la princesse ? Après tout j’avais ce que je voulais, pourquoi m’attirer des ennuis inutiles » Cette idée me fit sourire, il y avait sûrement assez de chevalier à sa recherche pour que je ne m’en mêlasse pas, je travail pour moi, et pour moi seul. Je savais d’après les dires du roi qu’elle n’avait toujours pas été retrouvée, et sans doute ne le serait-elle jamais. Un frisson parcoura mon dos en pensant aux supplices que devait subir une si agréable personne auprès de tortionnaires avec si peu de scrupules. Ainsi je commençai à m’éloigner de ces traces, toutes ces histoires ne me regardaient pas et je n’avais que faire du sort d’une princesse, seule l’argent royal m’intéressait, et je l’avais… Je retournais au bord de l’étang et commençais à contempler les environs. Toute cette verdure, un vieux saule planté à coté de la cascade laissait flotter ses branches sur le lac, chênes et châtaignier se grandissaient pour un peu de lumière. Multitude de feuillages semblaient couvrir l’étang néanmoins une ouverture circulaire au-dessus du lac laissait voir un ciel bleu sans ombres ni nuages. Un léger vent soufflait entre les arbres et je me laissais bercer par cette atmosphère enivrante. Il y avait tant de calme et tant de bruit à la fois. D’une part la cascade et son bruit de tempête qui nous rendait impuissant et de l’autre le calme du lac et l’impassible tranquillité de la forêt qui nous laissait libre de nos propres actions, sans liens ni chaînes. Tel un roi dans un monde figé, je tournai les yeux vers le soleil alors au zénith et le saluai du regard puis je regardai mon reflet dans ce lac si magique. Mon cœur s’emplissait d’un bonheur étrange, d’une sensation de légèreté, de liberté et de confiance. Un léger remous venant de nul part vint troubler ce reflet qui ne m’appartenait plus, ce reflet se transformait doucement. J’approchai mon visage à quelques dizaines de centimètres de l’eau pour mieux m’apercevoir. Le reflet devint en plus en plus claire. Je crus reconnaître une femme enroulée dans un drap blanc ou plutôt une robe de soie. Je distinguais alors son visage et j’en tombai à la renverse. Il ne pouvait s’agir que de la princesse, j’en étais profondément convaincus. Un visage si délicat, si allongée, et pourtant remplit de quelques rondeurs bien placées innées. Sa bouche fine, de grandeur moyenne, dans le prolongement du nez. Ses lèvres étaient assez enrobées pour être distinguées tout en restant en parfaite harmonie avec l’ensemble de sa
silhouette. Elle avait un nez droit et petit. Ses joues renvoyaient le soleil, sa peau était extraordinairement douce et lisse. Ses yeux marron semblaient comme hypnotiser mon regard et engloutir mon cœur. Aucuns mots ne sortaient de ma bouche, j’étais sidéré par tant de beauté. Elle me regardait et ses yeux scintillaient comme une pluie d’étoiles. Ses cheveux étaient roux avec des reflets d’or, ondulaient le long de son corps et s’arrêtait juste en dessous de ses épaules minces et fortes à la fois. Puis doucement, un remous fit disparaître ce visage angélique. Je relevais brutalement ma tête et regardais le chemin où j’avais constaté les traces du drame : « Que faire ? Pensais-je, je ne suis ni prince, ni chevalier, je ne sais pas me battre. Comment pourrai-je la sauver ? » Je me levais et marchai en direction des traces laissées par les chevaux des ravisseurs. « Je ne peux pas laisser cette princesse à un si triste sort ! Murmurais-je avec fermeté. » Ma décision était prise, après tout, je n’avais rien à perdre de plus que ce que j’avais déjà perdu. Ma vie, je l’avais risqué auparavant et le goût de vivre me paraîtrait encore plus amer si je n’essayais pas de la sauver. Ainsi, je continuais ma route suivant les multiples indices tout en pensant à l’image de cette princesse si belle et si radieuse.
UN SAUVETAGE MOUVEMENTÉ Je marchais depuis plusieurs heures et la faim commençait à me tourmenter. Je n’avais pas mangé depuis, dans mon obstination à terminer ma mission et retrouver le délicieux visage qui se trouva devant moi j’en oubliais ma survie. La nuit commençait à tomber, en temps normal je me serais sûrement arrêter pour chercher quelques baies ou fruits dans ce bois. Je me souvins en marchant de mes multiples périples où, passant le plus clair de mon temps dans la forêt je me nourrissais de ses bienfaits, mon expérience ne me trompait pas et je savais reconnaître les endroits hospitaliers et les sources de provisions. Néanmoins cette fois-ci je décidais de ne pas m’arrêter, estimant avoir déjà perdu beaucoup trop de temps. Le temps jouait contre moi, il fallait que je ramène la princesse avant demain dans la soirée sinon l’armée d’Agemore devrait répondre à l’ultimatum de son ennemie et le roi semblait fermement décidé à attaquer Ménélas, passer ce délai, la vie de la princesse ne vaudra plus rien… Il me sembla voir au loin quelque-chose d’inhabituelle dans un tel décor. Je distinguais encore mal sa silhouette mais on aurait dit une vieille tour abandonnée, probablement une tour de surveillance. A ma droite bourdonnait une rivière, elle rejoignait la tour pour lui passer juste à coté. En continuant à suivre les indices : branches cassées et autres détails laissés par les ravisseurs possibles de la princesse, je rejoignis cette rivière. Elle possédait un courant plutôt fort mais restait silencieuse. La vieille tour arrivait en face de moi, un chemin menant à elle prenait forme. Les arbres devenaient de moins en moins nombreux. Derrière le monument de pierre se trouvait une colline qui rendait ce dernier invisible au-delà de celle-ci. Elle était totalement à découvert ce qui ne laissait aucunes possibilité de fuite dans cette direction. J’approchais, insouciant, inconscient du danger, dans la direction de la tour lorsque soudain sortirent de leurs cachettes à la gauche du chemin quatre archers et trois fantassins. J’avais du mal à distinguer mais sur la colline, d’autres gardes étaient postés. Les archers avaient bandé leurs arcs et ma vie n’étaient retenue que par leurs doigts crispés. _Ils ne peuvent pas tirer, pensais-je. Pourquoi le feraient-ils ? Ou plutôt devrais-je dire, pourquoi ne le feraient-ils pas ? Je commençais à avoir peur mais essayais de dissimuler ce sentiment derrière un masque serein, comme si tout ceci était prévu. Un fantassin descendit de son poste, il était vêtu d’une cotte de maille et son casque avait la visière ouverte. Il me prit mon arme et me raccompagna jusqu’à son maître, le soi-disant tyran d’Agemore. La porte de la tour s’ouvrit sous les paroles de mon gardien, je passai minuscule au milieu de deux autres soldats richement parés. A ma gauche, un escalier en colimaçon montait jusqu’au sommet du bâtiment, mais ce n’était ma destination, on m’emmena au centre de la tour, à l’endroit le plus grand et le plus fastueux. J’arrivais en face du maître de ces lieux, il était assis sur la chaise la plus belle, dont le bois luisait au moindre reflet du jour. Il était paré de bijoux de toutes sortes, une mèche de cheveux assez importante cachait ses yeux. Il devait avoir environs quarante ans quoique son état physique ne semblait pas avoir perdu de vigueur avec les années. En me voyant, il esquissa un petit sourire narquois qui ne laissait rien présager de bon. Il jouait avec un couteau à longue lame parée d’or et orné de multiples diamants. Ses larges yeux d’un bleu très clair me regardaient fixement. J’entendais glousser autour de moi « Enfin il va y avoir du changement », « une petite exécution ravira le roi », « j’espère qu’il le tortura avant »… _Silence, cria le roi sur son modeste trône. En une seconde, tout le monde s’était tut, il me fallais trouver quelque chose si je ne voulais pas mourir. Avant que le roi n’ait eut le temps de dire quoi que ce soit, je me mis à courir et m’agenouillai aux pieds de celui-ci. Je commençais à le féliciter et à le louanger comme jamais je ne l’avais fait.
_Sire, depuis tant de temps je vous cherche. Je sais tout de vous, toutes vos actions, tous vos dires ? Je vous vénère comme un dieu, je ferais n’importe quoi pour faire partie de votre armée et vous servir. Je connais votre talent et votre renommée, vous êtes crains de tous. Je vous admire sire, vous êtes si fort, si puissant, si intelligent, si riche, laissez-moi vous servir, je vous en supplie majesté. Je disais cela tout en lui baisant les pieds et en mettant sa main sur ma tête. Il retira lassivement sa main et interrompit mes compliments. _Tu peux cesser, dis-moi juste comment as-tu pu arriver ici. _Je vous l’ais déjà dit seigneur, je vous vénère, je sais tout sur vous, je ma suis renseigné. J’ai attendu ce moment toute ma vie. Lorsque j’ai appris ce que vous envisagiez de faire, j’ai trouvé ce plan digne de vous et de votre ingéniosité et je me suis dit que se serait le meilleur moment pour essayer de ma faire prendre à votre service. Vous faites partie des vainqueurs, mourir par votre main est un honneur. _Je t’ai demandé manant, comment tu avais appris que nous étions ici ? Me demandat-il d’un ton méprisant. _Maître, tous les murs ont des oreilles et ceux qui savent les écouter peuvent connaître leurs secrets. _Tu n’es pas venu pour la princesse ? _Cette fille de rat ne m’intéresse pas. Ce que je veux, c’est vous servir ! Alors le garde qui m’avait raccompagné demanda au roi en s’agenouillant : _Allez-vous le tuer, sire ? _Non, ceci serait un trop grand honneur pour cet homme. Alors courbant l’échine, le garde à genoux demanda : _Puis-je le faire à votre place, seigneur ? _Non, ce manant me plaît. Il sait dire la vérité telle qu’elle est. Un soldat richement vêtu, peut-être un prince ou un chevalier, s’approcha du roi et lui demanda : _Mais que pouvons nous en faire ? _Il veut me servir, très bien. Rendez-lui son arme ! Ordonna le roi. Désormais, tu monteras la garde devant l’entrée de la tour. _Est-ce prudent, excellence ? Chuchota le soldat dans l’oreille du roi. _Silence, crétin, lança le roi au prince. Je ne me répèterai pas. Que l’on exécute mes ordres ! Ainsi, on me rendit mon arme et on me donna une ration de nourriture pour la nuit. Ensuite on me montra mon poste où je dus prendre place. J’étais placé à coté d’un archer devant l’entrée de la tour. A peine fus-je installé que je mangeai ma ration gloutonnement. _Tu m’as l’air affamé ? Me dit l’archer à côté de moi ; fais attention, nous n’avons que cette petite ration pour toute la nuit. En effet la ration ne contenait que peu de nourriture et je l’eus vite fini. _Je t’avais prévenu, lança l’archer. _Qui es-tu ? Demandai-je. _Mon nom est Guillaume, et toi ? _Peu importe mon nom, ce qui compte, c’est que je serve bien mon maître. _Ah ! J’avais oublié que tu étais un fanatique. _Tu n’es pas ici parce que tu aimes ton roi. _Je suis ici car c’est le seul moyen dans Agemore de ne pas mourir de faim. Un silence monotone s’installa. J’attendais le meilleur moment pour agir. Peu à peu, la nuit prit place, une noire, sans lune. Lorsque celle-ci me parût assez noire pour ne pouvoir voir qu’à quelques pas, je prévins les gardes autour de moi que je devais effectuer un besoin important et que cela pourrait prendre du temps.
_Tu vas pisser, me lança mon voisin archer. _Pire que çà, lui répondis-je. _C’est bon alors, prends ton temps. Ainsi, je m’éloignais assez pour ne pas être vu des gardes. Maintenant que j’étais seul, que pouvais-je faire ? Je regardais encore une fois les vieux murs qui formaient cette tour, les petites fenêtres posées aléatoirement sur l’édifice. _ « Je n’ai pas le choix, pensais-je, je vais devoir escalader pour rentrer par une des ces fenêtres » Il me fallait faire vite pour éviter que les gardes ne se doutent de quelque chose. J’escaladai donc la tour le plus discrètement possible pour éviter d’attirer l’attention. La vieillesse de la construction me donnai un avantage certain, du moins, le pensais-je au début. En effet, si le mur était parsemé de trous et de fissures qui étaient autant de prises pour faciliter mon Ascension, il s’effritait et certaines pierres n’aspiraient qu’à tomber. Ainsi, je dus faire extrêmement attention en escaladant ce mur mais aussi faire vite. Je grimpai les cinq premiers mètres en silence mais j’avais, à mon avis, pris beaucoup de temps. Je décidai d’aller plus vite, mais, en accélérant l’allure, je dérapai sur une pierre branlante qui s’écrasa sur le sol. _Qu’est-ce que c’était ? S’écria un garde anxieux. _Les murs sont vieux, répondit son compagnon. Pendant ce temps, je priais pour qu’aucun de ces gardes ne s’inquiète assez pour venir jusqu’ici. Un garde se leva alors en disant qu’il allait vérifier. _Je suis perdu, pensais-je. Que faire ? Une idée me vint. Pour pouvoir chasser pendant mes escapades, j’avais appris à imiter le cri de certains animaux afin de les repérer voir même les attirer. _Allez, il est temps de montrer tes talents de chasseur, pensais-je. Je savais reproduire le cri de quelques animaux et la chouette en faisait partie. Je commençai mon imitation en espérant qu’elle soit assez convaincante. Ceci ne semblait pas influencer le garde. Il dépassa les des compagnons qui l’avait prévenu mais le soldat le plus proche de lui, lui tint l’épaule en faisant remarquer. _Écoutes, tu vois bien qu’il ne s’agit que d’une chouette ! _Une chouette, où ça ? _Tu es bête, tu n’as pas besoin de la voir, écoutes-là ! Je continuais mon imitation et je m’efforçai de la rendre la plus réelle possible. _Tu vois ça ! C’est une chouette, continua le garde. _Ouais! tu as raison, je ne vais pas me fatiguer pour cette bête. Je continuai cette mascarade encore quelques secondes pour étouffer les doutes. _ « J’ai eu chaud cette fois, pensais-je, ce mur est vraiment imprévisible, je n’ai pas intérêt à relâcher mon attention, je n’ai fais que la moitié du chemin. » En effet, j’avais remarqué une fenêtre qui maintenant se trouvait à environ cinq mètres audessus de moi. Ainsi, je continuai à grimper sans accélérer mon allure et parvint devant cette petite fenêtre au bout de plusieurs longues minutes, et je pénétrai à l’intérieure du bâtiment. A peine fus-je arrivé en face de la fenêtre que je vis un soldat descendre les escaliers qui étaient collés au mur de la tour et formaient une spirale reliant les différents étages. Je dus sortir de la tour discrètement et rapidement. Je restai assis dehors, mes mains accrochées à la fenêtre, attendant que le garde soit passé. Lorsque je n’entendis plus ses pas, je remontai sur le rebord, bondit sur les escaliers et me dirigeai vers le sommet de la tour en espérant trouver sur mon chemin, un indice qui me mènerait à la princesse. Des armes étaient accrochées çà et là. Je scrutai les alentours mais ne trouvai que des petites pièces vides. J’entendis alors une voix résonner sur les murs. _ Que fais-tu là ?
Je regardai autour de moi et vis plus loin au sommet des marches un homme cuirassé. Il était posté en face d’une entrée qui se trouvait au centre de la tour. _Tu sais où se trouve la princesse ? Demandai-je d’un ton assuré. _Avec mon compagnon, nous gardons sa porte. _Très bien ! Justement, j’ai quelque chose à vous dire de la part du maître. _Bon, alors rentre, répliqua farouchement le geôlier. Je montai les marches et rentrai dans la salle occupée part les deux gardes. Au bout de cette pièce, une large porte me faisait front, derrière la laquelle devait sûrement se trouver celle qui hantait mon esprit. _Qu’y a-t-il ? Que veut le roi ? Questionna le garde qui était resté sur sa chaise et que je remarquais. Je m’approchai des deux gardes en réfléchissant à ce que je pouvais inventer. _Je suis chargé de vous informer que le roi a quelque chose de très important à vous confier et que vous devez le rejoindre. _Peut-être, mais le roi nous a ordonné de garder cette porte et de ne s’en éloigner sous aucun prétexte, répondit le garde qui m’avait accueillit. Son acolyte continua : _Peux-tu nous prouver que c’est bien le roi qui t’envoie ? Je pris alors la bourse du roi de Ménélas que j’avais caché sous mon pantalon et le donnai aux gardes. _Ceci est un acompte sur ce que vous aurez le droit si vous réussissiez votre mission. Les deux gardes se rapprochèrent et parlèrent entre eux. Celui qui m’avait accueilli, de plus forte stature, commença : _Il dit vrai, seul le roi peut posséder une telle somme d’argent. _Si c’est vrai, la mission qu’il va nous confier doit être très importante à en juger par tout cet argent. _Raison de plus pour ne pas le faire attendre. Désolé, ce n’est pas cette fois que tu pourras abuser de cette traînée. _Ce n’est que partie remise. Allez, dépêchons-nous ! J’ai hâte de connaître notre mission. Le garde se leva, se tourna vers moi et me demanda : _C’est toi qui va surveiller la princesse ? _Oui. _N’en profite pas, elle est à nous. Ils commencèrent à partir en courant mais je les arrêtai pour leur préciser que le roi ne voulait pas que cela s’ébruite et qu’ils devaient donc descendre normalement, sans précipitation. Ils ralentirent leur allure, ce qui me laissait espérer obtenir un maigre répit avant qu’ils ne s’aperçoivent de ma supercherie. Je m’approchai de la porte et parlai à travers une petite ouverture au niveau du visage qui était muni de trois barres verticales ne laissant traverser que les mots. _Princesse, je suis là pour vous délivrer. _Partez ! Cria-t-elle apeurée, recroquevillée sur elle-même dans le coin de cette prison. _Comment fait-on pour ouvrir cette porte ? Malgré mon obstination aucun mot ne sortit de sa bouche pourtant si délicieuse, la peur ayant cloué ses lèvres. Je regardai alors dans la salle autour de moi, endroit lugubre où n’entrait une seule lumière diffuse provenant de l’ouverture sur les escaliers. Une barrique était placée à côté de ce passage. Au-dessus de cet accès, deux imposantes haches, entrecroisées, étaient accrochées au mur. _Mais bien sûr, dis-je, excité par cette vue.
Je montai sur le tonneau et pris une de ces haches, son poids dépassait de beaucoup les armes que j’avais coutume d’utiliser, cependant je trouvais la force nécessaire pour déplacer cette masse jusqu’à la porte. _Je viens vous libérer, ne vous inquiétez surtout pas. Je continuai à chercher à travers le mince interstice la présence d’une quelconque manifestation de vie lorsque soudain apparut juste devant moi deux yeux en amandes ravissants. _Je veux bien vous croire, répondit-elle, quel est votre plan ? _A vrai dire princesse, il est très simple. Écartez-vous de cette porte s’il vous plaît. Dès qu’elle fut assez éloignée, je commençais à attaquer à la hache la seule issue qui me séparait de la femme que je cherchais à protéger. Je faisais beaucoup de bruit mais la tour était grande et j’espérais qu’aucun soldat n’était à proximité. Cette porte était large néanmoins je mis tant d’ardeur à la détruire qu’au bout de quelques minutes et d’une vingtaine de coups de hache, la porte s’ébranla. _Sortez, princesse, dis-je en lâchant la hache. Avant de s’exécuter, elle me demanda : _Qui êtes-vous ? Pourquoi faites-vous cela ? Où sont les autres soldats ? _Peu importe, maintenant il faut sortir et vite. Je mis ma main sur son dos et la précipita à sortir mais elle s’arrêta juste sur le seuil des escaliers. _Écoutez, me dit-elle. Des bruits de pas, quelqu’un approche. En effet, je constatai qu’une présence se dirigeait vivement dans notre direction, sûrement alertée par les coups de hache. _La barrique, s’exclama la princesse. _Quoi la barrique ? _Amenez-la en face de cette ouverture et dès que le soldat arrivera, nous la lui lancerons dessus. _Mais ça va faire beaucoup de bruit et risque d’alerter les autres gardes. _Nous avons déjà fait beaucoup de bruit, si les coups de hache ne les ont pas alertés, ceci ne les alertera pas non plus. De toute façon je n’avais pas d’autre idée et nous emmenâmes l’imposant récipient devant le seul accès de nos ennemis. Les bruits de pas s’amplifiaient. _Maintenant ! Lança la princesse. Ensemble nous poussâmes la barrique, elle tourna, heurta les murs et alla s’écraser sur la poitrine du soldat. Il s’étala contre le mur de la tour et perdit connaissance. J’entendis alors d’autres bruits de pas. La princesse et moi, nous nous regardâmes, hésitants. _Princesse, dis-je. Reculez jusqu’à la porte et restez en face de cette sortie sur les escaliers. _Qu’allez-vous faire ? Me demanda-t-elle. Je ramassais la hache et alla la porter dos contre le mur à côté du seul accès donnant à la salle où nous résidions. Je faisais face à la princesse. _Lorsque le soldat entrera pour vous capturer, murmuré-je, je le frapperai avec cette hache. Nous n’attendîmes pas très longtemps dans cette position. Un homme portant une armure et une cape noire entra. _Princesse Jenny, cria-t-il. Déjà il était entré, je sortis de ma cachette, brandissant la hache au-dessus de ma tête. La lumière frappait sur mon dos et une ombre de mort passa sur le nouveau venu. La princesse ne distinguait que ma silhouette entourée d’un halo lumineux. _Non ! Hurla-t-elle, tremblante de peur.
Elle se blottit dans les bras de cet inconnu. Je m’arrêtai aussitôt et relâchais mon arme. _Comment as-tu pu sortir ? Demanda le jeune galant à sa dulcinée. C’est moi qui ai la clef. Je l’ai récupérée pour pouvoir te faire sortir d’ici discrètement. _Tu arrives trop tard, répondis-je. Il se retourna, me regarda et dégaina son épée. La princesse lui tint le bras et lui fit rentrer sa lame. Pendant ce temps, j’avais la main sur le manche de mon arme, celle qui m’avait été confiée par le père même de celle que j’étais venue chercher, j’étais prête à la sortir de son fourreau en cas d’attaque. _C’est lui qui m’a fait sortir, affirma la princesse. Il est avec nous. Je relâchais mon épée dès que l’inconnu eut totalement rentré et relâché la sienne. Il regarda la porte que j’avais défoncée et dis : _Tu t’es bien débrouillé, je suis Francis Morvan, fils du seigneur Morvan. _Qui est le seigneur Morvan ? Demandais-je. _C’est le roi d’Agemore, poursuivit-il d’un ton plutôt surpris. C’est toi que mon père a gracié. Je pensais que tu savais tout sur lui. _Et bien tu vois, c’était faux, les murs ne m’ont pas tout dit. Dommage que tu sois arrivé trop tard, cela m’aurait évité de défoncer cette porte à coups de hache. La princesse s’intercala alors entre nous et dit : _Il faudrait songer à trouver un moyen de sortir d’ici. _Tu as un plan ? Me demanda Francis. _Justement, tu vas m’aider. Vos chevaux sont-ils à l’intérieur de la tour ? _Évidemment, acquiesca-t-il. _Alors tu vas descendre les escaliers, prendre le meilleur cheval, ouvrir les portes à l’entrée de la tour et attendre que nous soyons, moi et la princesse, arrivés devant celle-ci pour partir et nous emmener avec toi. Tu crois que tu pourras le faire ? _Aucun problème, je suis le fils du roi, affirma Francis. Le prince à la cape noire partit aussitôt ; la princesse le regardait soucieusement. _Juste une question, lança-t-elle. Comment allons-nous faire pour descendre jusqu’à la porte de la tour ? _Suis-moi, rétorquais-je. Je l’emmenai jusqu’à la fenêtre d’où j’étais entré. _Voilà ! On va descendre par-là, proposais-je en désignant les murs de la tour. _Parfait ! Fit-elle exaspérée. Allons-y. Nous commençâmes à descendre le long du mur, je passais le premier. _Faites très attention, dis-je à la princesse, ce mur s’effrite. Essayez de prendre les mêmes prises que moi. _Je pense pouvoir me débrouiller. Malgré ses dires, je lui indiquai comment s’y prendre pou rester dissimulés aux yeux des gardes. Parfois même je lui prenais le pied pour le placer sur une prise sûre. Ayant déjà escaladé ce mur, je connaissais les prises dangereuses et nous arrivâmes en bas sans encombre. . J’espérais que mon absence prolongée n’avait inquiété personne. Nous longeâmes discrètement les murs de la tour et approchâmes de la porte. _Elle est ouverte, murmura la princesse. Je pris alors sa main et ne regards se croisèrent en un instant délicieux. _Prête ? Demandai-je. _Prête, acquiesça - t- elle. Nous courûmes en direction du seul passage d’où pouvait venir le jeune prince noir. Arrivés devant la porte, nous l’attendîmes mais il n’était pas là. Nous nous retournâmes, et je crûs voir au loin une ombre bouger : C’était le prince, il était déjà parti. La fille du roi s’avança dans
l’obscurité pour le rejoindre mais les sentinelles se levèrent. Je la rattrapais et la poussais à terre. _C’est bon, hurlais-je. Elle est prisonnière. J’avais sorti mon épée et l’avais placé sur le corps de la princesse. Elle se retourna, la pointe de mon épée menaçait maintenant sa poitrine. Les trois fantassins qui montaient la garde avaient rangé leurs épées et ils descendaient me rejoindre tandis que les archers avaient déposé leurs arcs à leurs pieds. _Traître ! Me lança la captive dégoûtée, les yeux plein de haine. _Tu as bien travaillé, me dit l’un des gardes. Maintenant, on va ramener cette traînée. Il y avait deux soldats à ma gauche et un à ma droite, tous avaient rangé leurs armes. Devant moi coulait le fleuve, infatigable et solennel, il ne savait de quoi il allait bientôt être le témoin… Le son de l’eau était devenu omniprésent dans cette noire et calme, promptement, je redressais ma lame et plantait mon épée dans le corps du fantassin le plus proche situé à ma gauche. Je la retirais aussitôt, le garde se tint l’endroit où je lui avais infligé cette blessure mortelle avec ses deux mains. Il n’eut pas le temps de s’écrouler que déjà j’avais légèrement lancé mon épée pour pouvoir la prendre différemment, la lame étant désormais située du côté opposé au pouce. M’étant tourné vers la gauche pour tuer le premier garde, il restait donc un garde situé devant moi et un autre derrière moi. D’un geste, ma lame passa entre mon bras et mon corps et transperça le garde derrière moi. Le fantassin restant avait sorti son épée et dans sa précipitation m’avait asséné un coup sur le bras gauche qui me laissait une profonde balafre. Sous le choc et la douleur, je lâchai mon arme. Il commença à brandir la sienne sur moi mais il s ‘écroula avant de m’avoir touché, frappé par une flèche. Flèche qui en amena d’autres, elles commençaient à siffler au-dessus de nos têtes. Malgré la nuit, les archers réussissaient à lancer leurs flèches juste à côté de nous. Je pris la main de la princesse, qui s’était à peine relevée, et nous nous précipitâmes dans la rivière. Dès nous fûmes arrivés dans celle-ci, je recouvris la princesse de mon corps en faisant office de bouclier. Les flèches continuaient à siffler et je fus touché dans le dos, près de l’épaule gauche. « Tuez-les, ils ne doivent pas s’échapper vivants » hurla le roi qui était sorti de la tour. Sur la rive on ne voyait que les silhouette des gardes courir dans tous les sens, donnant une impression de désordre et de panique. J’étais épuisé par tant d’effort, le courant de la rivière nous entraîna loin du danger ; du moins, le pensions-nous. Le froid sans cesse me tétanisait, et ma blessure me paralysait de plus en plus. Le courant s’amplifiait de plus en plus en plus, je ne sais depuis combien de temps nous étions restés dans l’eau. Peu à peu, nous arrivâmes sur une cascade, exténué, je ne bougeais plus et malgré les efforts de la princesse nous ne pûmes l’éviter. Une descente interminable, au bout de laquelle je ne vis que la nuit. Je regardai la princesse avec des yeux pleins de remord et de tendresse, ils étaient si beaux, même la nuit ne savait faire taire la délicate lueur d’amour de son regard, puis un vint un choc fracassant, mon corps heurta l’eau et ma vision s’estompa. Le froid recouvrit tout mon être, il ne me resta plus rien, la nuit m’avait envahit…
SOUVENIR ÉPROUVANT _Chevalier, réveillez-vous, qui que vous soyez, réveillez-vous ! Abrité sous un arbre, cette voix délicieuse me berçait. J’ouvris les yeux à moitié puis les refermais et m’endormis. La voix s’était éteinte. Je ne me réveillai que bien longtemps après. Abasourdi, étourdi par ces aventures, je n’étais qu’à demi conscient et ne réalisais pas encore ce qui s’était passé. Je commençais juste à ouvrir les yeux lorsque j’entendis une voix douce et harmonieuse : _Enfin vous vous êtes réveillé chevalier. Surpris, je répondis en sursaut. _Chevalier ? ! Où çà ? Il faut lui demander de l’aide. Énervé, émoustillé, j’avais dit cela en relevant brusquement la partie supérieure de mon corps. J’étais alors assis et je cherchais du regard partout autour de moi ce précieux émissaire du roi. Je vis alors la princesse poser sa main sur mon dos et avec son autre main me pousser délicatement à me recoucher sur le coté droit. Une douleur implacable m’envahit et je suivis docilement les gestes de la princesse m’invitant à me calmer. Je la regardais et lui demandais où se trouvait ce chevalier. _Mais c’est vous, reprit-elle avec innocence. La vérité éclata devant mes yeux, cette princesse me prenait pour un chevalier, peut-être même pour un prince ! _Que dois-je faire ? Pensais-je. Dois-je la laisser croire en ceci où lui dire qui j’étais ? Devant cet étonnement la princesse poursuivit : _ Vous n’êtes ni prince ni chevalier n’est-ce pas ? _C’est exact, je ne suis qu’un simple voleur. _Alors pourquoi ? Pourquoi m’avoir sauver au péril de votre vie ? _Une révélation, de la compassion, je ne sais pas. Je regardais cette princesse si magnifiquement parée : Ses bras si fins, sa peau si douce, son corps fuselé aux rondeurs bien proportionnées. Je l’aimais mais étais condamné au silence. Moi simple brigand, elle princesse, je ne savais quoi penser, sa figure d’ange me souriait. Je me tourna sur le dos en soupirant, même le doux sifflement des oiseaux sonnait pour moi comme plainte délicate. _Aïe ! Hurlais-je en me remettant sur le coté. La flèche était plantée dans mon dos et que j’avais oublié s’étais encré encore plus profondément dans la chaire. _ Qu’y a t’il? Demanda la princesse en se rapprochant de moi. C’est la flèche, il faut l’enlever. _Comment ? Ca va me faire mal, il en hors de question. L’idée de me faire enlever cette flèche me terrifiait mais à peine avais-prononcé ces quelques paroles que déjà la jeune femme avait empoigné l’objet de ma hantise et l’avait arraché d’un coup sec. Ma réaction fut immédiate, un grand cri résonna dans la forêt. _ Ca va pas ! Aa ah, quelle douleur ! Gémissais-je. Je vais mourir, je vois déjà trouble. _Ca va se calmer, me dit-elle sereine. Ce n’est qu’une blessure bénigne, ne faite pas l’enfant. Elle avait mis sa main derrière mon dos et me tenait le bras gauche pour m’empêcher de tomber sur mon épaule blessée. Peu à peu la douleur s’apaisa et j’arrêtais de gémir. Elle m’aida à me relever et me posa à côté d’un arbre. Nous étions au cœur d’une forêt, et vraisemblablement complètement perdus. _Qu’allons nous faire ? Demandais-je. _Nous allons commencer par nous soigner…
Elle avait ce réalisme et cette rigueur qui la rendait si forte, d’un geste elle déchira un morceau de sa robe en soie qui n’était pas taché par la boue. Pour cela elle déchira sa robe horizontalement, pris le morceau ainsi détaché et le tira vers le bas jusqu’à ce qu’un lambeau de sa robe fut arraché. Elle me prit alors le bras gauche et me fit une attelle. _Vous ne devez pas faire d’effort avec ce bras, la cicatrice ne tardera pas à se refermer mais risquerait de se rouvrir au moindre mouvement trop prononcé. _ Je cois que j’ai compris, je ferais attention. Je m’asseyais juste au pied de l’arbre et elle s’assit à mes cotés. _Pourquoi tant d’égard envers moi, ce vouvoiement, toutes ces marques de politesse, je ne suis qu’un voleur après tout ! _Je ne suis pas de cet avis, vous êtes un héros maintenant. D’ailleurs, mon nom est Jenny, quel est le vôtre ? _Il ne mérite pas d’être connu. _Très bien, si vous préférez l’anonymat, c’est mon père qui vous envoie ? _En quelque sorte on peut dire que oui. _La bourse que vous avez donnée aux deux gardes était celle qu’il vous avait donné mon père pour me retrouver. _Vous… vous êtes très perspicace, mais c’est un peu plus compliqué que çà. _Vous l’avez volé ? Je ne répondis pas à cette question et ne fis que tourner la tête. _Est-ce exacte, insista t’elle. _C’est exact, répondis-je en la regardant de nouveau. _Pourquoi ? Pourquoi voleur ? Vous auriez pu faire soldat ou paysan dans n’importe quel royaume. Vous n’êtes pas un mauvais homme. Là où vous étiez votre roi était-il si cruel. _Pas plus que les autres rois. _Alors pourquoi ? Je veux savoir. Je m’emportais devant tant d’ignorance. Je me levais, me retournais pour faire face à la princesse et commençais à marcher nerveusement de gauche à droite et de droite à gauche tout en faisant des mouvements saccadés avec mon bras encore valide. _Toi, tu ne comprends rien, mon exaltation me faisait oublier les règles de l’étiquettes. Tu n’as jamais enduré la torture de la faim et de la misère, tu ne connais rien à tout ce qui t’entoure. Tu es enfermé dans ton royaume et dans ton luxe mais dans la plupart des royaumes les paysans sont maltraités, considéré comme des animaux. Ils subissent l’orgueil et la soif de pouvoir de leur roi. On les exécute, on les punit, les ensevelissent d’impôts impayable et injustifié, tout ça pour l’exemple et pour le roi. _ Calme-toi, dans notre royaume les petites gens ont des droits. On essaie de faire en sorte que tout le monde soit heureux. _Excuse-moi dis-je en me rasseyant à côté d’elle. Ce n’est pas ta faute. _Raconte-moi ce qui s’est passé. Elle me serrait dans ses bras comme une grande sœur, comme une mère, une sensation agréable de sécurité et d’importance m’envahissait. Je me sentais vivre, quelqu’un portait enfin de l’importance à ce que j’étais. Cette colère ne me ressemblait pas et sans doute avaitelle compris que mon emportement ne venait pas juste d’une constatation mais d’une histoire vécue. Son regard plein de tendresse m’avait rendu paisible. J’avais inexplicablement confiance et consentit à lui expliquer la cause de ma situation. _Un jour il y eut une fête dans mon royaume. Pendant ces jours je volais les invités, souvent d’autres paysans, pour permettre à ma mère de vivre et pour que nous puissions manger. Les gens du peuple qui étaient présent lors des fêtes étaient ridiculisées. On torturait ceux qui étaient prisonnier et on les tuait dans des jeux infâmes. Les spectateurs auraient pu devenir du jour au lendemain le châtier qu’ils regardaient, malgré cela nombreux sont ceux
qui s’extasiaient devant cette violence et qui vociféraient sur ces malheureux. Ce jour je m’aperçus en longent les mur du château que la porte était ouverte, ce n’était qu’un accident évidemment, une mégarde des gardiens du château mais je pus ainsi rentrer et me promener dans la somptueuse demeure. Je rencontrais beaucoup de gens et l’on me demanda ce que je faisais ici ; Ce à quoi je répondais que j’étais aux cuisines. Il y a souvent des larbins aux fourneaux tel que moi pour y effectuer les plus basses corvées, ma réponse ne surpris donc personne. J’arrivai aux hasards des couloirs dans une grande pièce où se trouvait une table et sur cette table un coffre. Elle n’était pas gardée, je m’approchai et ouvris le coffre : il était remplit de pierres précieuses. Cela me surpris au premier abord de voir autant de richesse avec si peu de protection mais le hasard voulu que je me trouve à cet endroit au bon moment. Je pris quelques pierres en espérant que cela ne se verrait pas. J’espérais les revendre à bon prix mais le jour suivant le roi s’en aperçu. Ne sachant pas qui avait dérobé ses précieux bijoux il commença par détruire notre village. Mon père fut tué, dans l’ignominie de ce massacre mes sœurs furent violées et assassinées, ma mère se sacrifia pour moi. Je me cachai au coin d’une vieille bâtisse, derrière quelques outils. Lorsque je sortis, il n’y avait aucun survivant, les guerriers avaient tout saccagé alors que personne ne comprenait pourquoi. Ce n’est qu’après que le roi expliqua son geste, il dit s’était pour l’exemple et somma les responsables de la perte de ses bijoux de se manifester avec ceux-ci. Je me réfugiais alors dans les bois et lui, il saccagea ses villages un à un pour ses bijoux. Au bout de quelques mois, sa folie fit qu’il gouverna sur un monde vide. Moi je n’avais plus rien, depuis ce jour, je vécus en volant les princes et les rois, en m’attirant leurs faveurs et leur confiance. _La cruauté de votre roi a causé sa perte. _Et la mienne, murmurais-je. Nous ne nous regardions plus. Chacun fixait l’horizon, comme si il était le seul échappatoire face à cette triste réalité. _Et si tu restais au château avec moi. Dit finalement la princesse. Je me levai et pris le bras de cette dernière pour la relever. Faisant comme si ne rien était. _Allez, il faut partir maintenant poursuivis-je. Il faut que tu soi chez toi avant ce soir et le soleil est au zénith. _Tu as dormis toute la matinée, je t’ai veillée… Où allons-nous ? _On va passer par-là, dis-je en montrant le coin de la forêt, dans une direction perpendiculaire au lac. Il m’a semblé entendre quelque chose, avec un peu de chance, peutêtre trouverons-nous quelqu’un. _Dépêchons-nous alors, fit celle que j’accompagnais énergiquement. Nous commençâmes à courir à travers ces bois, parmi les ronces et les épines, sans être sure de rien, perdus. Malgré nos doutes, nous continuâmes notre course. Mes oreilles ne m’avaient pas fait défauts, nous arrivâmes à un petit chemin où nous vîmes au loin une charrue qui s’éloignait. Il fallait rattraper le véhicule, seul moyen de retrouver rapidement des lieux de meilleurs augures. Nous nous précipitâmes vers ce dernier en criant. La princesse tentait d’attirer l’attention du conducteur en remuant son bras vers le ciel, moi je tenais mon bras blessé. Nous espérions que le conducteur nous remarquerait, il fallait qu’il nous entende, c’était notre seul espoir car je ne pensais que ce chemin soit fréquemment empreinté. Enfin, il s’arrêta, alerté par nos cris plus que par nos mouvements. Nous ne mîmes pas longtemps à le rejoindre. _Que se passe t’il les tourtereaux ? Clama le conducteur souriant. Vous vous êtes perdus dans les bois ? L’homme était d’humeur joviale, le visage marqué par les années. Son discours était plein d’entrain et amical néanmoins il continuait de tenir fermement son bœuf. Il avait l’allure du paysan à qui le travail de la terre a fait connaître les valeurs de la famille et de l’amitié.
_Comment avez-vous pu deviner monsieur, répondit la princesse à mon grand étonnement. _J’ai don pour ces choses là reprit le vieil homme. Je m’appelle Fernand et vous ? _Jenny Je m’étais appuyé à la charrue et tentais de reprendre mon souffle. _Appelez-moi comme vous voulez, si vous nous emmenez vers un village proche d’ici, je prendrais le nom que vous me donnerez. L’homme sur son véhicule sourit, le visage caché par une vieille barbe grisonnante. Ses cheveux gris tombaient jusqu’au cou, légèrement bouclé. Le regard noir, l’air accueillant. Sa charrue, tractée par un bœuf, était imposante. Chacun des gestes du vieux monsieur pour sa bête était plein de bonté et d’attention. Ses vêtements étaient vieux et déchirés cependant il semblait très bien s’en accommoder. _Montez ! Nous proposa t’il. Je vais vous sortir de ce bois. Nous le remerciâmes avec l’entrain d’homme à qui l’on vient de sauver la vie et nous nous exécutâmes. La princesse m’aida à monter au-dessus de l’énorme tas de foin que transportait notre bienfaiteur. _Pourquoi avoir dit que nous étions deux tourtereaux ? Murmurais-je à la princesse. _C’est lui qui a le moyen de transport, autant lui paraître sympathique. La charrue se mit en route, la princesse tomba sur le coté à cause des secousses et je la suivis dans sa chute. La charrue atteint rapidement une allure stable. Le conducteur se retourna et nous surpris dans une position pouvant prêter à confusion. _Alors les tourtereaux, on batifole. Effectivement, j’étais tombé sur la princesse, mon bras me gênant et m’empêchant de bouger. _Je suis vraiment désolé, balbutiais-je. Je suis bloqué. Jenny semblait amusé par le caractère insolite de la situation. _Je vais essayer de me tourner vers la droite, me répondit-elle. Elle commença à glisser sur le coté mais d’un cri je l’arrêtai. _Non, soupirais-je en serrant les dents. Là tu me fais mal à l’épaule, remet-toi où tu étais. Elle se replaça et proposa cette fois-ci de se glisser sur l’autre côté mais sans succès, mon bras me faisant trop souffrir. _Attend ! J’ai une idée murmurais-je. Je vais essayer de me porter sur mon bras droit et toi pendant ce temps tu vas glisser sur le côté gauche. Je commença à me balancer tout en balbutiant quelques excuses puis je mis portai sur le côté droit. _Vas-y ! Soufflais-je à la princesse qui se dégagea rapidement. _Vous avez fini vos cochonneries derrière, hurla gentiment notre chauffeur. Couché sur le ventre, je laissa tomber ma tête dans la paille à ces mots. Je me mis ensuite sur le dos et tentais de m’asseoir malgré les secousses. Jenny resta couchée et mâchouillait un épis de paille du bout des lèvres. _Que feras-tu lorsque tout sera fini, lorsque je serais rentrée ? _Je repartirais sûrement. _Tu pourrais rester au château, j’aurais besoin d’un ami fidèle. _Nous allons sortir du bois, constatais-je. Une fois que la forêt ne fut plus qu’une vaste étendue verte derrière nous, je me retournais vers le chauffeur et lui demandais. _Où se trouve le château de Ménélas ? _Là-bas ! Fit-il en me montrant du doigt la direction à prendre : Opposée à celle où nous allions, décalé vers la droite. « Mais il vous faudra trouver un véhicule. Sans passer par le bois il faut un peu moins d’une journée à u cheval pour y arriver. »
_Et en passant par le bois ? Demandais-je au vieil homme. _Avec une allure raisonnable, vous pouvez espérer y être rendu avant la nuit. Mais faites attention, les chemins sont peu praticables et le coin est réputé pour être un repère de brigands sans vergogne. _Très bien nous passerons par le bois, répondit la princesse insouciante. _On n’a pas le choix hélas, murmurais-je inquiet. _Écoutez, poursuivit notre guide. Je vais dans un village non loin d’ici, là-bas il y a un homme qui vend des chevaux. Je peux vous y déposer. Nous y serons bientôt arriver. _Parfait ! Allons-y ! Répondit Jenny. Après quelques minutes d’attente, nous arrivâmes au village. La princesse et moi descendîmes et après avoir remercier notre aimable bienfaiteur nous nous apprêtâmes à rencontrer celui qui devait nous permettre de retourner au château avant demain. _C’est ici que je dois vous laisser, dit le vieil homme. Le marchand de chevaux se trouve au bout du village, là-bas. Il nous indiqua une maison un peu à l’écart, derrière nous, à sa gauche. Aussitôt nous allâmes à la rencontre de ce marchand, après avoir une nouvelle fois remercier notre guide pour sa bonté. _Faites attention les tourtereaux ! Fit l’homme bienveillant avant de partir avec sa charrue. Nous nous sentions désormais bien seul dans ce village où dans les champs et les maisons les yeux se fixaient sur la princesse et ses précieux attributs. En effet celle-ci était parée de quelques bijoux royaux qui pouvaient susciter les convoitises, mais la plupart des paysans sont braves et loin d’être des voleurs, d’autant plus que sur cette terre ces derniers ne semblaient pas être considérer par leur roi comme de vulgaires animaux, serf esclave des moindres désirs de leur maître, sans droit ni considération. En regardant autour de moi je ne vis pas d’enfants affamés ni de mères squelettiques. Tous paraissaient bien portant, ce qui sûrement jouait en notre faveur et certifiait l’étrange sensation de respect et de bonheur que j’avais eu lors de ma rencontre avec le roi de cette contrée. Cependant posséder un seul de ces bijoux ferait rêver le plus riche de ceux qui étaient là, ceci me poussait à rester vigilant. Pour moi le plus grand trésor résidait en la princesse elle-même ; son calme, son rire, sa peau, me faisait rêver. Dans ce village on pouvait voir des maisons de bois avec un toit en paille, tel des huttes. Le son des pioches et des haches se mêlait à celui du marteau du forgeron. Ces hommes qui n’étaient que des silhouettes restaient attentifs à leur travail et seul quelques regards furtifs montraient qu’ils nous avaient vus. Devant une maison, un vieillard était assis sur le sol pendant que près d’un puits de jeunes enfants jouaient. Sortant derrière une hutte, deux hommes s’arrêtèrent sur le chemin que nous empreintions. L’un était maigre, plutôt petit, ses doigts très fins étaient à demi recroquevillé sur eux-même. Il avait un regard perçant, ses yeux, que l’on distinguait à peine, étaient très allongés et d’un noir profond. Il avait un nez aquilin, une fine bouche, un menton en galoche et de longs cheveux noirs et lisses. Son visage, froid, figé, était parsemé de petites rides. Il était vêtu d’une tunique bleue serrée à sa taille par une longue corde. L’autre était grand et de forte corpulence, large d’épaule, des bras énormes prolongés par de grandes mains sales. Son ventre dépassait légèrement de son pantalon, il avait de cheveux courts, roux et crépu, de grands yeux ronds de couleurs verts, un petit nez étroit suivis d’une large bouche : il s’opposait en tout point physiquement à son camarade. Le grand gaillard s’approcha de moi jusqu’à ce que ma tête ne soit plus qu’à quelques centimètres de ses pectoraux puissants. Le petit homme, plus en retrait, regardant ce spectacle prit alors la parole : _Tu viens de pénétrer dans mon village, dit-il calmement en s’adressant à moi et en ignorant celle qui était à mes coté. Si tu veux continuer ta route, il te faut mon autorisation. _Ce village ne t’appartient pas, laisse-nous passer ! Protesta avec véhémence Jenny.
Moi, impressionné par la présence du mastodonte qui me faisait face, je pris partie de régler ce problème par le dialogue, sans aucune violence. _Que voulez-vous ? Demandais-je. _ Tu ne vas pas céder devant ces vauriens, me reprocha la princesse. _Laisse-moi faire, murmurais-je. _Très bien, alors que voulez-vous de nous ? Vomit la jeune femme manifestement énervée par l’effronterie de nos nouveaux interlocuteurs. Son regard était devenu d’un coup assassin. L’homme à la tunique répondit, en ne s’adressant toujours qu’à moi-même. _Nous voulons la fille. _Quoi ? ! Hurla Jenny de plus en plus énervée. _Il doit y avoir une erreur, répliquais-je. Vous voulez peut-être un bijou ou de l’argent. _Nous voulons la fille ainsi que ses bijoux, continua le petit homme. _Il en est hors de question, clama la princesse. Jamais ne n’accepterais d’être avec des poisseux comme vous. L’homme qui nous avait parlé jusqu’à maintenant gloussa puis ordonna à son compagnon : _Grégoire, occupe-toi d’elle. J’arrêta de la main ce monstre bourré de muscles saillants en le menaçant, agressif. _Il est dans ton intérêt de nous laissé passer car je suis un très grand guerrier… A ces mots, le géant feignit de me regarder et m’asséna un violent coup de poing qui me projeta à terre. Jenny ; elle, faisait face à ce dernier pendant que moi, étourdi, j’essayai de me relever. Arrive devant la princesse, il s’apprêta à l’attraper. Je venais de me relever lorsque je vis brusquement cet homme mettre ses genoux à terre en se tordant de douleur. La princesse passa à coté de lui, méprisante, et arriva devant moi. Elle m’aida à me tenir debout et je lui demandais : _Que lui as-tu fait ? _Ce qu’il fallait. Je regardais le pauvre homme attentivement et remarquais qu’il se tenait avec ardeur une partie sensible de son anatomie, située dans l’entrejambe. Lui qui était si hardi il y a quelques instants me faisait pitié à présent. La pensée même du coup porté par le soulier de celle qui était à mes coté me tordait de douleur. Nous continuâmes notre chemin, le second homme s’écarta pour nous laisser passer. Je dois dire qu’à ce moment, j’étais particulièrement fier. Je jetais un regard admiratif et surpris sur jenny qui me répondit par un agréable sourire. Nous arrivâmes assez rapidement devant l’écurie. _Il y a quelqu’un ? Criais-je. Nous aimerions acheter deux chevaux. Un homme plutôt âgé, le crane dégarni arriva. _Vous avez de quoi payer ? Demanda t’il. _Je suis la fille du roi de ce royaume, dès que nous serons rentrés au château mon père vous remboursera les chevaux que nous aurons pris. _Elle est très drôle ton amie, me dit d’un air incrédule le vendeur. Bon je veux bien vous vendre ceux-là, en échange de la bague ornée de diamants que porte ton amie sur son indexe. Il nous avait proposé les chevaux qui étaient les plus proche de lui, dans leur boxe, à sa gauche. Cette proposition me convenait mais Jenny protesta vivement. _Comment ? Mais ces chevaux seront incapables de tenir même une heure de trot. Furieuse, la princesse traversa la maison où nous étions et où était rangée la plupart des chevaux pour sortir de l’autre côté de la demeure. Je la suivais tranquillement tandis que le vendeur tentait de l’arrêter. Nous aboutîmes sur une cour où quelques chevaux étaient dehors, enfermés à l’intérieur de barrières, dans un terrain où ils pouvaient galoper.
_Je veux ce cheval blanc là-bas et le marron tacheté ici. Demanda t’elle en désignant l’objet de ses désirs. _Mais ce sont nos meilleurs chevaux, dit le vendeur. Votre bague ne suffira pas à les acheter. _Avec cette bague, je pourrais acheter votre écurie tout entière. _Oui mais ce sont nos meilleurs chevaux insista le vendeur ironique. _D’accord ! Dis-je en m’interposant. Que voulez-vous d’autre ? _Cette bague ! Dit-il en désignant la main droite de la princesse. _Non ! C’est impossible, il s’agit du sceau du roi clama celle-ci. _Alors je garde mes chevaux. La princesse enleva alors le sceau de son doigt. Je pris les deux bagues et somma le vendeur de chercher expressément ses chevaux. _Vous avez fait le bon choix dit-il souriant, ravit de son affaire, en s’approchant accompagné de ses deux chevaux. Accoudé sur le bord de la barrière, nous attendions la venue du marchand. Il ne se fit pas attendre longtemps, il accrocha ses chevaux et réclama son dû. Avant de lui donner les deux bagues, je vis arriver à travers l’écurie le grand homme que Jenny avait ridiculisé. Il tenait dans sa main une énorme massue et avançait dans notre direction à grand pas. Le vendeur se retourna et vit l’homme à la musculature imposante. J’en profitai pour m’accroupir et ramasser discrètement deux pierres rapidement. Lorsque je me relevai, le vendeur était toujours fixé sur le nouveau venu qui manifestement n’était pas là pour les chevaux. Il n’avait rien remarqué à ma mise ne scène. Il me regarda et commença à balbutier, affolé à la vue de l’intrus. _Que … Que fait-il là ? Que veut-il ? C’est… C’est vous ? C’est vous qu’il cherche. Allez donnez-moi mes bijoux et partez avec vos chevaux. Je pris les bijoux des mains de la princesse. _De toute façon, je n’avais pas l’intention de rester plus longtemps. Je lançai en l’air les deux cailloux, laissant croire au marchand qu’il s’agissait des bijoux. L’homme à la massue s’était mis à courir en criant : _Vous allez me le payer, personne n’a jamais osé me résister. Ce qu’il avait subi l’avait rendu fou, sans plus attendre, la princesse était montée sur le cheval blanc. _Monte ! Dépêche-toi ! Me dit-elle. Debout à côté de l’autre cheval, j’essayais de le monter mais je n’y arrivais pas. Le vendeur continuait de chercher les bijoux que je tenais dans ma main et Grégoire s’approchait dangereusement. En voyant les barrières qui délimitaient l’enclos, une idée me vint. Je montais sur celle-ci et sautai sur mon cheval. Grégoire avait alors tenté de m’attrapé la jambe mais sans succès. Arrivé sur le cheval, ce dernier se cabra et commença à galoper. Je m’accrochai à son encolure pour ne pas tomber. Jenny, plus à l’aise, restait à cotée de moi. _Nous allons sauter les barrières, me cria t’elle. _ Je ne contrôle rien, je ne sais pas monter à cheval. Je ne voyais pas comment je pourrais faire un tel saut sachant que le fait même de rester sur ce cheval me paraissait un exploit. La princesse avait accéléré, nous atteignîmes les barrières, j’avais peur et envie de vomir. Jenny fit avec son cheval un bond fantastique. Le corps élancé, les pattes avant repliés, le cheval sauta aisément l’obstacle. Dès que le cheval toucha le sol, sa maîtresse l’arrêta et elle me fixa avec attention : Je ne pouvais pas me permettre d’échouer. En arrivant sur les barrières je serrais l’encolure de mon cheval et ferma les yeux instinctivement, la peur étant trop grande. Je le sentis se rapprocher, et après un geste vif, je me sentis flotter dans les airs. J’eus pendant un instant une agréable sensation, jusqu’à ce que je me rende compte que je ne serrais plus l’encolure de mon cheval et que j’étais le seul à avoir franchi les
barrières, ma monture ayant stoppé net sa course à quelques centimètres de l’obstacle. J’ouvris les yeux, l’arrêt brutal du cheval m’avait surpris mais ne m’avais pas arrêté : J’étais dans les airs remuant les bras et les jambes en criant. Je me retournais sur mon bras valide pour éviter de me blesser encore plus gravement. Je sortis ainsi de l’enclos. Après être tombé et avoir fait quelques roulés-boulés, je me relevais et me dirigeais vers Jenny et son cheval. Elle me tendit la main et m’aida à monter derrière elle. Je n’osai pas regarder son visage de peur d’y constater plus qu’un simple sourire. Nous partîmes vers l’entrée du bois d’où nous étions sortis pour venir ici. A partir de là, nous prendrions le chemin le plus court pour rentrer au château. Noue traversâmes le village et ne tardâmes pas à arriver devant le bois où nous prîmes la direction du château. Au moment précis où nous prîmes cette direction, nous nous étions alors fiés à la parole d’un homme. C’est donc sur cet homme, que nous connaissions à peine, que reposait notre vie et peut-être même, l’existence d’un royaume.
UN CHEMIN PERILLEUX La direction que nous avait indiquée le vieil homme passait par une prairie, avant de s’engouffrer dans un bois que nous voyions se dévoiler au fur et à mesure de notre avancée. Pendant notre traversé sur cette prairie nous eûmes le temps de discuter, au rythme du galop du cheval. _Tu as été très forte face à Grégoire tout à l’heure, quand tu l’as mis à terre. Dis-je à Jenny. _Tu as été très brave toi aussi quand tu m’as sorti des griffes de ce tyran. Je ne sais pas comment tu as fais mais je te suis très reconnaissante pour ce geste. _J’ai eu beaucoup de chance, j’ai failli mourir quand ce fantassin s’est écroulé devant moi, je l’ai vu brandir son arme et… cette flèche est arrivée sur lui. _«a paraît même étrange. _Je me demande… _Quoi ? _Non, rien. Une idée folle. Au fond de moi-même jaillissait une idée : Guillaume, mon voisin lorsque je montais la garde du tyran, aurait-il pu tirer cette flèche qui me sauva la vie. De toutes les façons cette question était destinée à rester en suspend une éternité. _En tout cas, dit-elle. Tu as su châtier ces brigands. _Tu sais, beaucoup de gens parmi ces soldats sont contraints d’agir ainsi pour survivre, il ne faut pas tous les mépriser. _Tu as peut-être raison, mais ce n’était pas le cas de mes gardes, j’en suis sure. _Peut-être… Au fait, sais-tu pourquoi exactement ce tyran t’a enlevé ? _Je crois qu’il voulait se servir de moi pour pouvoir ouvrir la porte du château fort. _Comment aurait-il pu faire ? Les gardes auraient refusé d’ouvrir à l’armée d’Agemore même si tu avais été avec eux. _J’ai entendu dire qu’il enverrait d’abord une dizaine de ses hommes déguisés en mercenaire devant la parte du château. Ces faux mercenaires devait disposer de moi assommée et ligoter. En se disant mercenaires, ils affirmeraient m’avoir trouver et avoir découvert mon identité au cours de leur voyage et qu’en me ramenant ils espéraient être récompensés. Tout ceci devait se dérouler de nuit de façon à cacher l’armée d’Agemore tapie non loin du château. Lorsque le roi ouvrirait la porte du château pour me récupérer, le groupe de faux mercenaire devait me tuer, moi et mon père, ainsi que les soldats environnant, tandis que l’armée d’Agemore se dirigeait vers le château pour l’envahir. _C’est un plan très astucieux mais que se serait-il passé si la porte était restée fermé ? _Je ne sais pas… Je pense qu’ils auraient été capables de me torturer jusqu’à ce que mon père cède. _Et si ton père en ouvrant la porte avait décidé de tuer les mercenaires. _L’armée d’Agemore était supposée partir vers le château dès que la porte était ouverte mais je trouve ton raisonnement plutôt tortueux. Ne t’inquiète pas tout ceci n’arrivera pas puisque je suis avec toi. _Mais je ne m’inquiète pas. _Je trouve ça craquant que tu te souci comme ça de ce qui aurait pu m’arriver. _Je ne suis pas inquiet… _Je ne crains rien grâce à toi. Ces paroles réchauffaient mon cœur et me redonnaient un peu de valeur, « Mais je ne m’inquiète de rien » Chuchotais-je pour moi-même. Le plan de ce tyran était très ingénieux, s’appuyant sur l’amour qu’un père porte à sa fille.
Notre cheval continuait à galoper et vive allure et nous pouvions distinguer la forêt que nous avait annoncée le vieil homme et que nous devions traverser. Nous entrâmes dans la forêt sans diminuer notre allure, nous devions éviter les branches, les arbres, etc.…Je restais accroché à jenny qui essayait tant bien que mal de maîtriser notre monture. La nuit commençait à tomber mais je savais que nous approchions du château et que ce dernier ne devait plus être loin. Nous traversâmes un chemin qui coupait notre route. Nous allions en sortir lorsque deux personnes sautèrent par-dessus les fourrés et atterrire juste devant nous, faisant peur à notre cheval qui se cabra. Sous le mouvement brusque du cheval je tombai à terre et me fis affreusement mal aux fesses. Je me relevais tout en me les frottant et vis ces deux personnages. Jenny essayait de calmer le cheval qui finit par s’arrêter à coté de moi. Le cheval, Jenny et moi-même faisions face à ces deux hommes qui furent peu à peu rejoint par plusieurs individus jusque-là caché dans les arbres et les fourrés. Ils étaient tous armés et nous encerclaient. Un des deux hommes qui nous avaient stoppés pris alors la parole. C’était le mieux habillé, de longs cheveux noirs ondulaient le long de son corps. Il avait de longues oreilles et un nez particulièrement grand. Ses yeux étaient d’un bleu profond, il esquissait un léger sourire. Il était de petite taille ; trapu, il portait à ses doigts une multitude de bagues de toutes sortes. Il s’approcha et commença à tourner autour de nous. _Qui êtes-vous pour oser pénétrer dans ce bois sans escorte ? Dit-il d’un ton hautain. Sur ces mots, après avoir tourner autour de nous et nous regarder sous toutes les coutures, il se posa en face de nous. _Si vous voulez poursuivre votre route sans problème, il va falloir se montrer généreux, Poursuivit-il. _Vous devez payer la taxe, ajouta un de ses compagnons. _Oui, la taxe, affirmèrent les autres brigands. Le chef, me regardant, reprit la parole. _Ne joue pas les héros, regarde combien nous sommes. Tu n’aurais aucune chance, surtout blessé. Ces paroles étaient sensées et perspicaces, je serrais avec force ma main droite, la seule que je possédais de valide à présent. Cependant ce qu’il ne savait pas c’est que si je serrais avec autant de fermeté cette main, c’était pour tenir les deux bagues qui appartenaient à la princesse et que j’étais fermement décidé à garder. _Que veux-tu ? Demandais-je au chef des voleurs rudement. _Je vous ai bien regardé, vous ne posséder que peu de chose de vraiment intéressant, cependant vous avez un bon cheval. _Nous ne pouvons vous donner ce cheval, répondit la princesse. Nous devons être rendus au château de Ménélas avant ce soir. _Et pourquoi donc ? Dit alors ironiquement le chef des voleurs. Tu crois que le roi de Ménélas n’a pas déjà assez de servantes. _Je suis la fille du roi ! S’exclama Jenny, vexée. Tous les voleurs se mirent à rirent, il est vrai que l’apparence de l’apparence de la princesse avait bien changé. Ses vêtements étaient tachés de boue, il y manquait en plus un lambeau de tissus dont elle s’était servit pour me faire une attelle afin de soulager mon épaule gauche, et de ses bijoux ne lui restait qu’une discrète bague, fine et argenté. Un connaisseur aurait sûrement su déceler les multiples et minuscules décoration et phrases qui parcouraient cette dernière mais ce n’était pas le cas de nos ravisseurs et un tel gage leur semblait sans aucune valeur. _Elle est bien bonne celle-là, dit alors le chef des voleurs. On serait en train de parler avec une reine ! Bon assez rit, emparez de ce cheval ! Ordonna t’il à ses hommes. Nous fûmes dépossédés de notre cheval malgré les intimidations de Jenny.
_Mon père vous le fera payer, vomit-elle aux voleurs qui riaient devant ses menaces. _Bien sûr, répondit leur chef. Et dit lui bonjour de notre part. Nous ne pouvions que serrer les dents devant ces vauriens. Pourtant je savais que je leur ressemblais. Ils s’échappèrent et peu à peu disparurent dans ce bois avec notre cheval. En regardant le visage de ma protéger, fulminer de colère devant une telle injustice, je pris conscience qu’un véritable monde nous séparait. Je savais que si ma méthode n’était pas la même, le résultat de mes exactions en demeurait similaire. Bientôt le présent me rattrapa et je fis constater la dure réalité de notre situation à ma compagne. _Nous allons devoir marcher. _Nous ne serons jamais à temps au château me répondis la princesse. Nous marchâmes plusieurs heures, la nuit était tombée lorsque soudain je m’arrêtai. Jenny qui essayait péniblement de me suivre s’arrêta elle aussi… Elle restait à quelques pas derrière moi. _Que se passe t’il ? Souffla t’elle difficilement. _Écoute ! Répondis-je. J’entendais un léger bruissement au loin. _C’est une rivière, poursuivis-je. Non, une cascade. Nous sommes presque arrivés, c’est la cascade qui se trouve près du château, j’en suis sûr. D’énormes nuages avaient envahit le ciel pendant cette douce nuit. La lune avait pris la forme d’un croissant et était à son premier quartier. En regardant le paysage, j’avertis Jenny du risque que cela signifiait. _A voir ces nuages, il risque de tomber une grosse pluie. _Je connais une grotte près du lac, elle se trouve en face de la cascade. Elle est cachée par un noisetier et quelques fourrées. La pluie commença à tomber et quelques orages éclatèrent. _De toute façon, concluais-je, la nuit est déjà tombée. Nous allons nous réfugier dans cette grotte en attendant que l’orage passe. La pluie s’amplifiait et peu à peu un véritable torrent s’abattit sur nous. Je commença à courir vers le lac. Jenny, elle, lâcha l’arbre sur lequel elle s’était appuyée et commença elle aussi à courir, mais après quelques pas elle s’écroula et ne se releva plus. Étonné de ne plus l’entendre, je me retournais. Inquiet de ne pas la voir, je commençais à la chercher. La pluie battait de plus en plus fort et personne ne répondait à mes appels. Je regardais dans les moindres recoins tout en faisant demi-tour, elle était la seule raison de toute cette aventure, elle envahissait mon esprit, la simple idée de la perdre ainsi m’emplissait de terreur. Je regarda derrière les arbres, sur le sol, jusqu'à ce que je la trouve. En la voyant étendue par terre, les cheveux parsemée autour d’elle, j’oubliais mes blessures et la pris dans mes bras. Je commença à l’emmener vers l’endroit qu’elle m’avait indiqué. Pris de panique, je me demandais sans cesse si la princesse allait bien ; mais il fallait parer au plus pressé et le plus pressé à présent, c’était de trouver un abri pour la nuit. Lorsque je vis le lac, je descendis jusqu’à quelque mètre de la cascade et remarquai que celle-ci était toujours aussi spectaculaire et que ce paysage était toujours aussi merveilleux. _Mais où se trouve cette putain de grotte ! Hurlais à moi-même. En me tournant dos à la cascade, je la cherchais. _…Un noisetier ! Où est ce noisetier ? Je me rapprochai du bord du lac, du coté opposé à la cascade. De multiples pierres énormes étaient plantées çà et là, certaines étant cachées par des arbres. Je regardais alors à coté de moi et vit un noisetier. Je me dirigeai rapidement vers celui-ci mais il n’y avait rien, que de la terre. Cette quête semblait désespéré mais je me refusais à abandonner. Je ne trouvais pas de noisetier pourtant en regardant plus loin, je remarqua au bord du lac, pas exactement en face
de la cascade mais un peu à gauche de celle-ci, l’arbre tant espéré. J’accourai vers ce dernier, passais à travers celui-ci et vis un trou. Une pierre était placée au-dessus de l’entrée de cette grotte et empêchait que l’on puisse la voir de dessus. Cette pierre empêchait aussi l’eau de rentrer. En pénétrant dans cette grotte je constata que l’entrée était relativement étroite et donnait sur une vaste salle où je déposai la princesse le plus délicatement qu’il m’était possible de faire : Assise près de la paroi. Une paroi faite de calcaire sur la couche externe mais la faible humidité dans cette pièce laissait supposer que celle-ci était recouverte d’une roche plus dure et plus imperméable. D’autres salles devaient exister car d’autres larges fissures parcouraient cette grotte. Jenny avait perdu connaissance. Je touchai son front et ses mains. _Tu es malade et gelée, exclamais-je à la malade silencieuse. Je dois faire du feu, il faut te réchauffer. Je pris les brindilles qui se trouvaient dans la grotte mais ceci n’était pas suffisant. Je posai les deux bagues à côté de Jenny et allai dehors, sous la pluie battante, pour tenter de trouver du bois encore sec. Je fis le plus rapidement possible et je pus trouver suffisamment de bois assez rapidement. En rentrant dans la grotte ma priorité fut d’allumer un feu proche de Jenny. Je fis un tas avec les brindilles que je posais sur un bout de bois plus gros. Je tenais ce dernier avec les pieds et avec un autre bout de bois plus rond j’essayais de faire prendre ce feu. Je fis tournoyer le long bout de bois rond sur le plus gros morceau, les brindilles commencèrent à crépiter mais aucune mèches dorées ne se manifestaient. Je mis beaucoup d’ardeur dans ce travail et peu à peu un éclat rouge apparut. Je commençais à souffler dessus puis refis tournoyer mon morceau de bois et soufflais encore dessus. Une flamme était apparue, elle grossit et je posai ce feu à coté de celle qui ne bougeait plus. Lorsque le feu fut bien prit, je mis des morceaux de bois plus gros, en faisant très attention à ce que l’intensité de la flamme réchauffe l’ensemble du corps de celle que j’essayais de ranimé et surtout éviter de la brûler. Je couchai celle qui était au centre de mes préoccupations du mieux que je pus et allais ensuite chercher d’autre bois afin de préparer tout pour la nuit. Dehors, l’orage grondait et la pluie frappait sur les feuilles des arbres si fort qu’elle arrivait à couvrir complètement le crépitement du feu. Je pris les deux bijoux. Ces deux bijoux, je voulais les garder mais en regardant Jenny, cette beauté si pure et si calme. L’éclat de ses cheveux jouer avec le feu par de multiples teintes, issue de la même couleur. Ses bras et ses jambes étaient délicatement balayé la douce lueur de la flamme et révélaient par leur douceur le charme de leur peau. Elle restait sereine, son visage était emplit de gentillesse et les ombres çà et là se baladaient sur son corps. Que j’aurais voulu être une ombre à cet instant et balayer, plus discrètement qu’une plume, l’ensemble de son corps, et caresser, par un simple reflet de flamme, cette peau si pure. Je lui mis ses deux bagues dans sa main droite et me posai à coté d’elle en la serrant contre moi. Elle sembla s’être réchauffée et son sommeil restait paisible. Je m’écartai d’elle en continuant de serrer sa main qui détenait désormais ses bijoux et après avoir approvisionner une dernière fois le feu, je m’endormis d’un coup, assis contre la paroi, de l’autre coté du feu.
ADIEU ! Je me réveillai le lendemain matin. Je tournai nonchalamment la tête du coté où avait couché Jenny mais elle n’était plus là. Je me levai et la cherchai du regard. A travers la pénombre de la grotte, se distinguait sur l’entrée de celle-ci une lumière d’une clarté éblouissante. Cette dernière traversait le petit châtaignier et laissait la grotte dans une pénombre suffisamment éclairée pour pouvoir se déplacer mais laissait une ambiance tamisée, où les éclats de lumières étaient mêlés aux ombres du dehors. Une ombre s’avança vers l’entée de la grotte ; peu à peu je découvris Jenny qui arrivait en emportant avec elle quelques fruits. La lumière se heurtait à son dos et faisait briller ses cheveux. Son visage à moitié éclairé s’approcha et une voie douce et mélodieuse sortie de ses lèvres pour se frotter à mes oreilles. _Tu es enfin réveillé ! _Oui ; Et toi, ça va mieux ? Hier tu étais très malade. _Ca va, mais je ne me souviens plus de ce qui s’est passé hier soir. Je me souviens avoir couru sous la pluie et après c’est le vide. _C’est normal, tu as perdu connaissance. Elle me regarda puis me tendis une poire. _Tu en veux ? Je la remerciai set la pris sans attendre. Je commença à la manger goulûment puis levant les yeux vers Jenny je lui demandai : _Et toi ! Tu ne mange pas ? _J’au déjà mangé. Au fait, ce matin j’ai retrouvé mes deux bagues. Je me demande comment elles sont arrivées là. _Un miracle sûrement… _Tu es si mystérieux, je ne connais même pas ton nom. Pourquoi tu ne me dis pas que s’étais toi qui avais mes bijoux ? _Pourquoi te le dirais-je, puisque tu le sais déjà. Je me dirigeais vers l’entrée de la grotte et regardai loin devant moi. _Maintenant il faut partir, même si les deux jours sont passés, je ne pense pas que l’armée d’Agemore ait attaqué Ménélas sans t’avoir comme otage. _Tu ne mange pas plus que ça ! Je mangerais plus tard, ne t’en fais pas pour moi. Après être sortie de la grotte nous nous dirigeâmes vers le château. Nous mîmes un peu plus d’une heure pour arriver jusqu’au chemin qui menait au repaire du roi. Sur ce dernier, à la sortie du bois, attendait le chevalier sur son cheval noir que j’avais rencontré dans la tour. Je le vis au loin descendre de son cheval et regarder Jenny. _Jean ! Cria t’elle en se lançant dans les bras du ténébreux chevalier. Ils s’enlacèrent et s’embrassèrent langoureusement. Le chevalier posa alors délicatement la princesse sur son cheval puis monta à son tour. Elle semblait heureuse dans les bras de son prince. Il était derrière Jenny et tenait fermement les rennes du cheval. Jenny posa sa tête sur son épaule et ils partirent. Le chevalier me fit un geste amicale de la main avant de s’en aller. Jenny me lança un dernier regard en criant : _A bientôt mon ami. Je courai vers le bout de la forêt pour pouvoir la contempler plus longtemps. J’aperçus alors le roi suivi de toute son armée, il s’apprêtait sûrement à attaquer Agemore. Le prince noir devait faire office d’éclaireur pour cette armada de fer et d’acier, sonnant, vrombissant, effrayant par leur nombre et leur détermination. Sur son majestueux cheval blanc, il brandissait les couleurs de Ménélas, accompagné de centaines de chevaliers et suivie de quelques milliers de fantassins et archers, formant une immense ligne qui se continuait jusqu’au abord du château. Tous semblaient être fier de porter l’emblème de Ménélas et le chevalier le plus proche du roi
portait le drapeau de ce royaume. Je vis Jenny et son fiancé se présenter au roi puis se diriger au château. Une explosion de joie jaillit sur toute l’armée en voyant la princesse saine et sauve. Le roi me jeta un bref regard et me salua discrètement. Je vis Jenny se retourner et me regarder pendant que peu à peu leur cheval disparaissait au loin. Lorsqu’ils furent arrivés au château, je fit un petit signe de la main en fixant Jenny du regard et lui parlai pour la dernière fois sans qu’elle puisse m’entendre : « Adieu ! »
APPARENCE Après être retourné dans la forêt je continuais à marcher. Je marchais longtemps, très longtemps, vers le nord. J’étais heureux pour Jenny, elle avait un royaume puissant et harmonieux, un père bon et loyal, mais surtout elle avait trouvé l’amour. Je me plaisais à l’imaginer, elle, entouré de tous ses amis, son père ravi de voir sa fille heureuse avec ce chevalier. Je ne doutais pas de la loyauté du chevalier Jean Christobald auquel Jenny s’était éprise et je savais que si un danger la menaçait, il serait là pour la protéger beaucoup mieux de moi ; néanmoins, juste après mon départ, quelque chose me préoccupait : Comment le tyran d’Agemore connaissait-il l’endroit où se rendait la princesse lors de ses moments perdus et comment a t’il pu prévoir quand elle y serait ? Ceci me tracassa quelques instants puis peu à peu je me fis une raison. Jenny était heureuse et en sécurité, c’était ce qui m’importait le plus. J’oubliai donc assez rapidement ces problèmes pour ne me soucier que de mon avenir. Avant de partir pour un long et périlleux voyage, qui me mènera très loin du royaume de Ménélas, je m’arrêtai au milieu de cette forêt. Je descendis jusqu’au bord du lac et regardai toujours avec le même émerveillement la cascade. C’est ici que tout a commencé, c’est ici que j’avais vu Jenny pour la première foi, dans cette atmosphère magique et calme et que j’avais éprouvé pour elle cet étrange sentiment qui jamais ne devait s’apaiser. Après m’être interrompu quelques instants dans ces lieux, je repris la marche. Je remontais aux abords de cette cuvette et partis loin de là, vers des contrées lointaines dont je n’étais même pas certain de connaître le nom. Ma vie reprendrait son cour, je redevenais le voleur que j’avais toujours été et me dirigeais en premier lieu vers les royaumes voisins, avant d’étendre mes larcins jusqu’à des contrés lointaines et ainsi … VIVRE.
Deux ans passèrent. Le royaume de Ménélas n’était plus pour moi qu’un vague souvenir même si je n’avais pas oublié le visage de Jenny. Mes sentiments pour elle n’avaient pas changé mais j’avais appris à vivre avec ce souvenir. J’eus tout à loisir, pendant ces dernières années, de voler des princes de toutes sortes. J’ai pénétré dans différents types de royaume avec pour chacune d’elles leurs propres lois mais aucun de ces royaumes ne traitaient avec autant de reconnaissance son peuple que celui de Ménélas. Je pénétrais actuellement dans un nouveau royaume. Ma stratégie était restée la même, j’attendais une fête pour pouvoir me montrer et amadouer le roi. Lorsqu’un royaume ne devait rien fêter avant longtemps, je partais ailleurs en espérant avoir plus de chance puis je revenais dans le premier lorsque ce dernier aurait ses réjouissances. Ainsi je pus acheter pouvais acheter des vêtements et de la nourriture même si l’essentiel de mon alimentation se trouvait dans la forêt. Je ne m’étais pas procuré d’épée néanmoins je possédais une dague volée sur un soldat assoupi. Le royaume où j’étais s’appelait Némis et n’étais, à ce que l’on m’avait dit, pas très grand. Le roi qui gouvernait ce dernier s’appelait Hyalus, il était tyrannique et sans pitié. Sa particularité était qu’il se plaisait à voir les petites gens le supplier avant de les tuer. Il adorait la soumission de ses serfs et le pouvoir. Je devais donc faire très attention car si en attirant le roi grâce à mes facéties je me rapprochais de ce dernier, je devenais aussi plus exposé à ses colères. Le roi de ce royaume, enrobé, le visage bouffi, les yeux à peine visibles, était un grand fêtard. Je n’attendis donc pas longtemps pour avoir une occasion de pénétrer dans le château fortifié. Le roi accompagné de son fils et de sa fille était postée sur le balcon de leur château situé à trois ou quatre mètres du sol et regardaient les festivités. En entrant, outre le roi et ses deux enfants, je vis un pauvre paysan les cheveux en bataille, la face sali par la terre, le corps et les mains meurtris par le temps, attaché à un poteau avec une cible de seulement quelques centimètres de diamètre posé sur sa tête. Il était sur le bord droit de la place, à une dizaine de mètres du roi qui attentif sur le devant de son balcon attendait le « spectacle ». Sur le bord gauche, à cinq mètres environs du roi, se trouvaient trois archers. La distance entre les archers et le paysans était d’une douzaine de mètres environs. Une ligne blanche était tracée sur le sol, juste devant les archers. Un des trois archers se plaça sur cette ligne et commença à armer son arc tandis que le paysan situé en face de lui avec la cible sur la tête pleurait et demandait pitié au roi et aux tireurs. Il était presque impossible, même pour un excellent archer, de pouvoir toucher une si petite cible à une telle distance. Le concurrent avait une tunique bleue, dentelé sur les bords et qui descendait jusqu’à mi-cuisse avec des collants noirs. L’archer, après avoir positionner la flèche sur son arc, commença à tirer sur la corde en visant, l’œil gauche fermé, la cible. Le paysan sanglotait et ne restait debout sur le poteau que grâce aux cordes qui lui lasseraient la peau. Tous ses membres s’étaient mis à trembler tandis que l’archer s’apprêtait à lâcher la corde, cette corde qui retenait encore la destiné du paysan. Soudain l’homme attaché au poteau se figea, l’archer venait de lâcher la corde de son arc et la flèche manqua la cible. Elle alla se planter sur le mur à droite de celle-ci. Le paysan avait peine à croire qu’il était encore en vie, il rit et pria le ciel pour cette bénédiction. Un second archer se mit sur la ligne blanche, lui, avait une tunique verte. La victime de ce jeu terrible passa du rire aux larmes et ne cherchait même plus à tenir debout, laissant qui l’attachait le retenir. L’archer banda son arc, visa minutieusement la cible. Il resta quelques secondes dans cette position qui semblèrent durer des heures. Le bras de l’archer commençait à trembler et une goutte de sueur coula le long de sa tempe. Brusquement son bras se raidit, son arc ainsi que sa flèche ne bougèrent plus. Sa main lâcha la corde et la flèche fonça sur la cible. Elle se planta juste audessus du crane du paysan, sur le bord gauche de la cible. L’homme pria encore une fois le seigneur et ses jambes commencèrent à se raidir. L’archer, fier de son exploit, alla récupérer au près du roi la bourse destinée à celui qui toucherait la cible. Le roi, du haut de son balcon, lança la récompense à l’archer qui l’attendait au pied de ce dernier. Le troisième archer se prépara. Il portait une tunique rouge et son visage était maigre et ridé. Il avait de longs
cheveux noirs et ses yeux étaient bleus, fins et à demi-fermés. Il regarda quelques instants le paysan accroché à son poteau puis baissa la tête pour s’occuper de son armement. Le brave homme en face de l’archer ne pleurait plus. Il espérait avoir la même chance qu’avec les deux premiers, s’il parvenait à survivre à cette flèche, il serait gracié, le jugement divin serait rendu. Ses lèvres n’arrêtaient pas de bouger, sans doute implorait le seigneur de faire un nouveau miracle. L’archer tenait son arc et commençait à tirer délicatement la corde en visant la cible. Toujours la même ritournelle, les même préparatifs, dans son regard je sentis une haine discrète, il regarda le roi avec un regard glacial. La corde toucha ses lèvres et sa main dévia un instant vers le roi puis se remplaça vers la cible et arrêta l’emprise qu’elle exerçait sur la corde. Il y eut une clameur de frayeur, la flèche parti vers sa cible, la manqua et toucha le paysan. Le sang de ce dernier coula le long de ses cheveux cependant il leva la tête et regarda le roi, la flèche n’avait fait que l’effleurer et il était indemne, seule une égratignure marquait son front. La chanceuse victime pleurait de joie, une nouvelle vie s’offrait à lui, il regarda le roi qui détenait en son pouvoir son destin avec un regard plein d’espoir. Ce dernier se leva nerveusement, le paysan devait être gracié mais au lieu de cela le souverain prit son arc, le banda et lança une flèche qui finit sa course en plein milieu du crâne du paysan qui fut tué sur le coup. Le roi pris la parole. _Sachez que quiconque dans mon royaume osera s’opposer à ma volonté, revendiquer ce qui m’appartient, me voler ou me trahir finiront comme cet homme. Il n’y aura aucun pardon possible. Même si ce discours me faisait froid dans le dos, c’était le moment ou jamais de pouvoir m’attirer les grâces du roi. Aussi me mis-je en face de celui-ci, à quelques pas de lui et je commençais en me tournant vers la foule, à parler en faveur du souverain. _Tremblez pauvres gens car le roi est tout, il a pouvoir sur toute choses. Un pouvoir légitime et c’est avec justice que quiconque défie son autorité doit-être châtié sévèrement. _Qui est ce malotrue ? Cria brusquement le roi. Qu’on le tue sur-le-champ, je n’autorise personne à parler en mon nom. A ces mots, je compris mon manque de tact. Les soldats approchaient, brandissant leurs épées et leurs lances. Des arbalètes furent pointé sur moi, je me couchai et vis une série de trois flèches me passer sur la tête. « Ouf comme le paysan » pensais-je. Les lances fusèrent dans ma direction, les soldats qui les portaient couraient. Je reculais jusqu'à ce que le mur du château me stoppe puis je me tortillai afin d’éviter ces attaques, les lances se plantèrent une à une dans le mur. A ma grande stupeur, la dernière de la première file de garde se planta juste à coté de ma tête. D’un coup je sortis de cet étau de soldats mais derrière cette rangée de lanciers accrochés par leurs armes restaient encore toute une armada d’hommes en armes à traverser pour sortir. J’aperçus sous le balcon du roi une table, je courus vers celle-ci, prenant de vitesse la plupart de soldats, bousculant les autres. De temps à autre je jetai un regard alarmé derrière pour voir me suivre les soldats. Je bondis sur la table, pris appui sur cette dernière et sautai sur la balustrade tandis qu’épées et lances s’affairaient en dessous de moi. _Vous auriez tort de vouloir tuer le seul chasseur de dragon qui existe dans votre royaume, suggérais-je humblement, séparé du roi par quelques centimètres et un petit mur de pierre joliment décoré. Un chevalier, proche du roi et paré de velours proposa au roi de se débarrasser de moi. Je vis son épée sortir du fourreau et se rapprocher dangereusement. _Attendez ! Répondit calmement le roi, puis riant doucement il continua : « Alors tu prétends chasser le dragon, laisse-moi rire. Et avec quoi les chasses-tu ? Tu ne portes ni arc, ni lance, ni épée, comment pourrais-tu vaincre un dragon ? » Il regarda ma dague et poursuivit : _Tu ne pourrais pas vaincre une de ces bêtes avec ce simple couteau.
_C’est une dague Sir ! Et pour ce qui est de la chasse aux dragons, sachez que l’on n’a nullement besoin d’armes sophistiquer pour les traquer et les tuer, le tout, c’est de savoir où il faut frapper. De plus une épée ou une lance me gênerait lors de mes combats. _Certes, certes, mais alors si tu es bien un chasseur de dragon, pourquoi es-tu ici ? Le roi tendit la paume de ses mains vers le ciel et clama : « Il n’y a pas de dragons ici ! » _Pour l’instant peut-être votre altesse, mais j’en traque justement un et je peux vous dire qu’il vient juste de s’installer dans votre royaume. _Et où est-il…Votre dragon ? Je ne le vois pas, cria le roi. _Laissez-moi cinq jours sir, pour vous apporter sa tête. _Cinq jours ! Répondit-il songeur. Cela pourrait faire un beau trophée, j’irais avec toi. _Sir, c’est très dangereux. _Mais tu es bien entraîné, tu me diras quoi faire et ainsi je saurais si tu dis vrai. Nous partirons demain. _Mais Sir ! Protesta alors un des chevaliers qui l’entouraient. Qui gouvernera le royaume en votre absence ? A ceci je m’empressai d’ajouter : _Il se peut que nous soyons dans l’obligation de rester plusieurs jours dehors pour ne pas perdre le dragon. L’idée que le roi parte demain avec moi ne me plaisait guère surtout si je devais le déposséder de ses biens le soir même. Le roi vers son chevalier et râla. _Comment oses-tu discuter ce que j’ai décidé ? D’ailleurs, ne sommes-nous pas en paix avec nos voisins. Le chevalier se courba en demandant au roi de bien vouloir excuser sa maladresse et ce dernier me fit entrer par ordre de son maître à l’intérieur du château. Je regardai attentivement toutes les pièces pour y trouver quelque chose de valeur. Le roi m’ouvris une porte et me montra une chambre dans laquelle je pouvais m’installer. _Tu dormiras ici ce soir, me confia t’il sèchement. Prends tes aises, je ne veux pas qu’on puisse dire que je traite mal mes hôtes. A l’heure du dîner, une de mes servantes ira te chercher et te mènera à ma table. J’acquiesçai et le remerciai avec révérence. A peine fus-je installé que je cherchai dans les dédales des couloirs du château où le roi pouvait entreposer ses richesses. Je croisai de multiples servants et soldats disséminés au hasard de mes pas. Au détour d’un des couloirs je remarquai une porte particulièrement bien gardée. Je m’approchai de l’un des deux garde qui en filtrait l’entrée et lui demandai : _Qu’y a t’il derrière cette porte ? _En quoi cela te regarde, vomit le garde en face de moi. Retourne donc à tes fourneaux manant. _Mais je suis l’hôte du roi ! m’insurgeais-je _Le roi n’invite pas les manants. A ces mots, la servante arriva pour me convier à la table du roi et pu attester de ma bonne foi. _Le roi vous attend, m’informa t’elle gracieusement. Veuillez me suivre s’il vous plaît. _Certes, certes ! Répondis-je devant les gardes effarés. Puis en me retournant vers ceux-ci je réitérai ma demande. _Alors, allez-vous me dire ce qui se cache derrière cette porte où dois-je rapporter au roi votre incompétence ? _C’est la salle des trophées, ici sont entreposés les crânes décapités par le roi, ses armes fétiches et le corps de son père. _Le corps de son père ! Votre roi a le sens de la famille. Répondis-je avec répulsion. _C’est le roi lui-même qui l’a tué, c’est pourquoi c’est plus beau trophée. Reprit le garde froidement alors que je devenais vert, complètement écœuré.
_Sir, il est temps ! Dit alors la servante en manifestant une certaine nervosité. _Très bien, allons-y. Je suivis la servante jusqu’à la table située en sous-sol. C’était une table immense, remplit de victuailles, les convives présents étaient en grand nombre, le roi, en bout de table, s’empiffrait et riait à plein gueule. Les murs étaient sales et humides, la salle immense, néanmoins on pouvait voir la fortune du roi étalée dans ces lieux. Le bois cédait la place à l’or, les pierres précieuses abondaient, incrustées dans les divers meubles ou instruments qui recouvraient la table. La nappe était magnifiquement brodée d’or et d’argent. Tout ce faste mêlé au pittoresque du site faisait de cette fête un spectacle. Je remarquai que seule les hommes étaient installés à cette table et que les femmes servaient le repas. La fille du roi servait les hôtes tandis que la place située à la droite du roi, certainement réservé à son fils, était vide. Ceci ne semblai pas gêner le roi et les ombres des invités dessinés sur le mur traduisaient leur engouement. La servante m’accompagna jusqu'à ma table et m’offrit une magnifique coupole emplit d’un liquide rougeâtre que je bus instantanément, comme de l’eau. _Oh, oh ! S’écria jovialement le roi. Je vois que notre chasseur aime mon vin. Je tentai de garder mon sérieux du mieux que je pus et quoique surpris par le goût de la mystérieuse boisson et la réaction du monarque, je décidai d’en prendre encore, ravissant par la même les prétentions de ce dernier. Je n’avais guère eu à dîner avec les grands de ce monde pour les escamoter et aspirais à ce que cela ne change pas. Je connaissais les vertus du vin, même ce que je venais de boire avait plus le goût, malgré une splendide présentation, d’urine de cheval que de bon vin. Je me décidai à consommer modérément cette mystérieuse boisson afin de posséder toutes mes facultés lorsque je trairais la confiance du roi. Cependant je me rendis bien vite compte que l’abondante nourriture sur la table ne faisait que combler les espaces vises et mon verre était remplit au fur et à mesure que je le buvais. J’avais essayé de le laissé remplie mais ceci outrageait le maître du banquet et il me sommait de le consommer. Je me sentis perdre ma lucidité et je riais de plus en plus. Le roi en semblait ravit et tout le monde racontait ses exploits. Le maître du royaume hurla qu’il avait tué un fermier au bout d’une vingtaine de coup de couteau, placé méthodiquement de façon à le faire souffrir mais sans le tuer, il se vantait de sa puissance et de ses origines divines. Les convives l’encourageaient et certains lui racontèrent comment ils avaient égorgé une famille de païens, d’autres sur les tortures qu’ils connaissaient. Ils riaient de la pitié que les gens peuvent éprouver pendant leurs méfaits. _J’avais une femme et son enfant en face de moi. Le mari de la femme n’avait exécuté un ordre qu’il prétendait impossible. J’ai tué le mari puis j’ai ordonné à sa femme qui portait son bébé entre ses bras de venir. On me les amena, elle criait grâce (Le convive mima alors la jeune femme ironiquement) « S’il vous plait seigneur, pour mon bébé. » Je lui ai répondu que je laisserai son fils sain et sauf ce à quoi elle me remercia. (Il prenait un ton de plus en plus satirique) « Soyez béni seigneur », en me baisant les pieds. _Et qu’a-tu fais ? Demanda le roi. _Je lui ai transpercé la tête avec mon épée et j’ai laissé son fils être dévoré par les loups. Tout le monde se mit à rire et moi très enjoué, je coupai la parole d’un autre interlocuteur en proclamant à mon tour mes exploits. _Moi, j’ai réussi à voler au roi de Caïos sa pierre la plus précieuse en lui arrachant sur sa poitrine pendant son sommeil en se servant d’un leurre pour berner l’ensemble des gardes placées en sentinelle. Sur ces mots un grand silence pris place, mon sens de l’humour ne semblait pas porter ses fruits, puis après quelques instants de calme je me mis à rire fortement, encore sous l’effet de l’alcool. Ce rire entraîna une hilarité générale. L’élan m’emportait et inexplicablement je ne pouvais contrôler ce rire que j’extériorisais jusqu'à ce que subitement, une énorme envie
d’uriner me fasse revenir à la réalité. Pitoyablement je tentais de me lever et essayais de marcher vers un des bords de la pièce mais je ne saisissais plus dans quelle sens me diriger et mes sens étaient diminués. Je tombais et repris mes esprits. Les autres invités n’avaient pas encore perdu toutes leurs tête et moi je venais de « retrouver la mienne ». Après avoir effectuer ce besoin essentiel en me tordant sur moi-même et avec une réussite discutable, je résolus de ne plus boire une seule goutte de vin. J’étais bien assez ivre sans en rajouter. Afin de ne pas m’attirer les foudres du roi je me fit paraître plus ivre que je ne l’étais ? Je tombais à chaque pas, renversais les verres et dormais de temps à autres quand jouer la comédie risquais de devenir trop voyant. Je ne lésinais pas sur la comédie et n’hésitais pas à m’assoupir sur la nourriture ou à rire bruyamment. _On dirait que notre hôte, le chasseur de dragons, supporte mal le vin, cria le roi qui peu à peu devenait de plus en plus jovial. Ainsi je vis leur décadence avec un certain délice puisque l’ivresse me pardonnait tous les excès et qu’ainsi j’avais trouvé un excellent prétexte pour fouiller le château. Le roi n’était plus que l’ombre de lui-même et ses compagnons le suivait dans sa sottise. Ils balbutiaient et riaient de rien. Peu à peu, le temps passa et le dîner pris fin. Les convives et leurs maîtres avaient beaucoup de mal à franchir les escaliers pour arriver à l’étage supérieur, étages où étaient situés nos chambres. Moi, je continuais à tituber derrière les hôtes, ayant remarqué mon état, le roi proposa de m’envoyer une servante pour m’accompagner. _Inutile, répondis-je appuyé contre le mur, insatisfait par une comédie que j’avais mal contrôlé. Je n’ai besoin de personne. _Très bien, fait ce que tu veux, acquiesça le roi. Chacun regagna sa chambre tandis que moi, toujours titubant, feignant d’être ivre, je fouillais les salles du palais. Je forçais une serrure et ouvris la porte de la chambre royale. Je remarquai sur une chaise, par-dessus ses vestes princières, certaines richesses que je résolus d’emporter. Je pris en priorité l’argent puis certains bijoux, les plus discrets. Aucuns gardes ne m’avaient vu entrer, ceux qui m’avaient aperçus, ayant crus en mon ivresse habilement jouée, m’avaient laissé entrer. Je pris ce que je cherchais délicatement et sortis, je fis attention aux gardes, les évitant, si bien que je parus être pour eux qu’un fantôme. Je fouillai encore quelques salles et pris un diamant laissé à côté d’un coffre que je ne pus ouvrir. Je sortis du château, l’aube s’était levée. Les portes de la forteresse étaient fermées. Je montai en haut d’une tour en empreintant les escaliers qui étaient les plus proches. Rendu au sommet je commençai à descendre de l’autre côté du mur, en dehors du château fortifié et ses habitations. Au bout de quelques mètres je sautai dans le petit lac qui bordait le flanc gauche du château et me mis à nager jusqu’à la rive. Je me dirigeai ensuite vers le bois le plus proche afin d’évaluer la recette que me rapporterait mon butin puis je m’endormis, caché en haut d’un hêtre, apaisé, ravi.
PAS SI FACILE QUE ÇA « Une voie, un songe ? ! Non impossible, et pourtant… » Mes pensées s’embrouillaient au son de l’appel que l’on me lançait. _Chasseur, où plutôt devrais-je dire voleur, sort de ta cachette je sais que tu es là… A ces mots je sortis de ma torpeur et manquai de tomber de mon perchoir. Comment savait t’il ? Qui était-ce ? _Sort, te dis-je. Je ne suis pas armé. _Qui es-tu ? Et que me veux-tu ? Hurlai-je du haut de mon arbre, invisible, camouflé par les feuillages. _Je suis Hubert Hyalus, fils de Léopold Hyalus, roi de ce royaume. Tu peux descendre, je ne suis pas armé, regarde ! _Le petit tourna sur lui-même les mains en l’air et je pus constater qu’il ne portait effectivement aucune arme et ne semblait point en dissimuler. Plutôt grand, effilé, les cheveux châtains,, il me cherchait du regard, et de ses yeux marrons perçant perçant l’épais feuillage, je pouvais deviner son obstination. M’ayant entendu, il s’arrêta de marcher et cria, en entrecroisant ses bras. _Où es-tu ? Descend ! _Que me veux-tu ? _Ce que je veux de toi est confidentiel. _Tu peux parler personne ne t’entendra ici à part moi. _Je ne marchande pas avec un fantôme, n’oublie pas que je sais ce que tu as fait. Je pourrais te faire rechercher et arrêter. Ainsi on y était, ce prince connaissait mon secret. Du moins le prétendait-il. _Pourquoi ne l’as-tu pas fait ? _J’ai besoin de toi et si tu réussi, tu seras largement récompensé. Tu recevras bien plus que les quelques broutilles que tu as su chaparder. Il savait donc ce que j’avais fait, comme il était seul et sans arme, je pris le risque de descendre à terre et d’être vu. Je sautai de l’arbre alors qu’il s’était retourné et apparut derrière lui. _Combien ? Et pour quoi faire ? Demandais-je fermement, l’ombre des arbres me voilant la face. Il fit alors volte-face et me répondit, le sourire aux lèvres. _Tout ce que tu voudras, je te demande de tuer mon père. _Ca tient de famille. _Ne dis pas çà, je n’ai rien à voir avec mon père. Il ne pense qu’à s’empiffrer et à boire. Moi j’ai des projets d’avenir, de conquêtes, de réformes. _Des réformes, et lesquelles ? _Des quotas de production que les paysans devront honorer, de nouveaux monuments, un château amélioré, une grande armée. J’ai vu ton aisance à tromper les gardes, ta furtivité et comment tu ouvres les portes. Tu peux le faire. _Désolé, çà ne m’intéresse pas. Son arrogance et son ignorance me donnaient la nausée. Je dois dire que je déclinai son offre avec un certain délice. _J’ai prévu cette situation, répondit-il sereinement. Il frappa des mains deux fois et brusquement, caché dans les fourrés environnants une dizaine d’archers mêlés à quelques gardes sortirent. _Es-tu prêt à reconsidérer ma proposition. _Je ne suis pas un assassin. Le prince se retourna, reprit la direction du château en criant.
_Emmenez-le, qu’on l’enferme dans la cage aux rats. Deux gardes me prirent les bras, un autre me menaça avec sa lance en me suivant et nous allâmes dans la même direction que le jeune dauphin. Nous empreintâmes un passage souterrain situé à gauche du château, sans quitter la forêt. Cette entrée était scellée par une porte en fer rouillée obscurcit par moult pierres et feuillages. Nous nous dirigeâmes vers les catacombes, endroit lugubre et d’une puanteur insoutenable. La roche s’effritait, la terre te la roche suintaient, la boue emplissait nos chaussures. Le passage qui au début était très étroit, si étroit que l’on dut se courber jusqu’à ce que nos mains touchent le sol, devint plus large et plus sûre. Nous arrivâmes à une salle, certes boueuse et nauséabonde mais grande et éclairé. On me jetai dans un petit cachot, long de quelques cinq mètres, large de trois environs, on m’y laissa réfléchir sur la proposition du jeune prince. L’odeur, la saleté et les rats me firent bientôt détester cet endroit. La nourriture y était infâme et cette journée, je ne pus rien manger. Le soir même, celui qui m’avait envoyé ici revint. _Alors le goût de cette cage t’a t’elle fait retrouver la voie de la raison. _Va au diable, fourbe ! _Je vois que notre hôte n’apprécie pas notre hospitalité, c’est pourtant dommage. Enfin les rats l’apprécient eux. Il revint ainsi matin et soir recueillir ma réponse ; réponse qui demeurait inchangée. Au fur et à mesure que le temps passait la faim commença à me tirailler et je dus me résoudre à manger le peu de nourriture que l’on me donnait. Le prince, avant de m’envoyer dans ce cachot, m’avait pris la bourse et les diamants que j’avais volés au roi. Justement à propos du roi, je ne voyais pas comment, en eus-je envie, je pourrai tuer le monarque en étant recherché dans tout le royaume. Quatre jours passèrent, j’étais affamé et la nourriture infecte que l’on me donnait ne suffisait plus à me rassasier. J’en étais venus à essayer d’attraper les rats, sous les yeux amusés des deux gardes. Mais hélas, à par des hématomes, mes sauts n’étais plus que des chutes et ne procuraient rien. Je ne pus attraper aucun de ces animaux qui, bien que si répugnant, étaient devenus pour moi le signe d’un festin illusoire. Le soir du quatrième jour, j’eus une visite étonnante, la fille du roi, une très jeune demoiselle, vint me rendre visite. Elle avait environs seize ans, les cheveux d’un noir obscur et brillant, le visage d’une étonnante finesse et d’une rare beauté. Ses yeux étaient ronds et laissaient paraître distinctement l’étrange profondeur et le charme distingué qui émanait d’elle. Elle avait ses paupières toujours grandes ouvertes, un long nez fin, une bouche large aux lèvres pulpeuses mises en valeur par un lourd maquillage. Elle était assez grande pour son age, ses membres d’une délicieuse rondeur évoluaient délicatement sur la boue qu’elle effleurait de manière distinguée. Elle portait une magnifique robe rouge qu’elle relevait afin d’éviter les éclaboussures, laissant paraître une partie de ses jambes, recouvertes d’un fin bas noir. Elle marchai dans ma direction, l’allure pompeuse et richement vêtue tandis que je venais d’apercevoir dans le coin de ma prison un copieux festin : un rat fatigué s’était arrêté juste devant les barreaux de ma cellule. A cette vue, ma galanterie céda la place à mes instincts de chasseur et réanima une faim incontrôlable. J’approchais doucement de ce dernier, contemplant sa délicieuse forme, ses bonnes pattes, son ventre dodu. Je me lançai de tout mon poids vers cette nourriture mouvante. Poussé par l’élan, je le cognai contre les barreaux de ma cellule et claqua les mains contre le sol pour emprisonner mon dût. Quand je resserrai une ultimes fois mes mains, je vis s’échapper mon festin de ma cellule. Je ne m’avouai pas vaincu et tendis mon bras jusqu’à attraper sa queue. Je vis alors apparaître les pieds si tendre et mince de la jeune demoiselle recouverts de chaussures à haut talon et distrais, je laissai le rat me mordre le doigt et sous la douleur, je laissai partir… Ainsi s’échappa un délicieux repas. Déçu, je me résolus à m’assoire le long des barreaux, en me frottant la tête. La jeune demoiselle, debout en face de moi, me regardait curieusement. _Vous avez mal, me dit-elle d’une voie attendrit.
_J’ai l’habitude, ce n’est pas la première fois. Elle sembla dégoûtée et son regard se détourna quelque peu. _Tenez, prenez çà, me proposa t’elle. Elle me tendit un mouchoir de soie blanche que je posai sur mon front endolori, les barreaux de cette cage avaient engendré une bosse qui me défigurait. _Vous devez accepter, poursuivit-elle avec compassion. _C’est donc pour çà, Il a vu qu’il ne parviendrait pas à ses fins et il vous envoie, déduis-je de cette attitude que je considérais comme lâche et hypocrite. Qu’êtes-vous prêt à faire pour lui ? _La vie est insoutenable avec notre roi, il est si tyrannique. _Ce roi est aussi votre père. _S’il vous plaît accepter. Elle me suppliait avec insistance et avec une tristesse que seul son passé pourrait m’expliquer. Malgré sa situation, je voulais la croire mais je le savais, je ne devais pas. Elle était une excellente comédienne, tout cela pour un frère cupide et orgueilleux, cependant elle laissait, par sa simple gentillesse, un doute qui jamais ne devait s’évanouir. _Vous croyez peut-être que c’est parce que vous avez le pouvoir que vous pouvez manipuler les gens. _S’il vous plaît. Cette fois les larmes semblaient monter sur ses grands yeux d’une beauté enivrante. Comment distingué le vrai du faux, de toutes les façons cela ne devaient pas changer ma position car quelles que soient ses intentions, je ne pouvais tuer ce roi. Cette femme sous ses larmes et son apparente souffrance n’en restait pas moins une dame du peuple. Elle parle de vie insoutenable sans jamais avoir connu ni faim, ni peur du lendemain. Elle fait partie de ceux qui contrôlent la vie de toute une population sans s’être jamais soucier des conséquences de leurs attitudes pour ceux qui doivent les servir comme des bêtes. Je pris conscience de sa sombre comédie, elle en devenait pitoyable. La colère montait en moi et je pestai à son visage contre les gens de son monde. _Vous ne connaissez rien à la souffrance du peuple. Vous pensez peut-être qu’avec votre robe brodée et votre collier de perle je vous trouve à plaindre. Vous n’êtes que des ignares et des égoïstes. _Non ! Soupira t’elle douloureusement en pleurant. J’étais de plus en plus énervé, touché par un combat qui me tenait à cœur. Les yeux dans les yeux, séparé par les barreaux de la prison, je continuai d’enrager en la pointant du doigt. _Qui êtes-vous pour imposer votre volonté aux autres ? L’attrait du pouvoir vous perdra. Les petites gens n’ont que la vie pour eux et vous avec votre faste et vos conditions, vous vous croyez à plaindre. Laissez-moi rire, vous n’êtes que de vulgaires vautours, toujours à emporter le fruit du labeur des autres sans jamais construire. La jeune femme recula de stupeur, lâchant sa robe qui tomba dans la boue et se mit à courir vers la sortie qui menait au château. Ma voie retentissait derrière elle et ne cessait d’être de plus en plus agressive. _Ce sont vous les manants ! Pas nous. Les gardes qui s’étaient éloignés à la demande de la princesse accoururent en entendant mes cris. Je fus cerné par deux lances et je dus me taire jusqu’à la venue du jeune dauphin. Comme à son accoutumé, il devait arriver pour me demander une réponse à sa proposition. Ses échecs répétitifs à mon égard le contrariaient et il devenait de moins en moins patient. De mon côté je m’étais fait une raison et je savais que ma mort était inévitable, seule un miracle pourrait me sauver mais il tardait à venir. Des bruits se firent entendre, le prince arrivait, toujours richement paré, son sourire avait laissé la place à un regard menaçant. Il approcha lentement et se mit en face de moi. Je restai debout à le défier du regard, iol me demanda :
_As-tu bien réfléchi ? Je te laisse une dernière chance de te sauver. Je restai muet et gloussai doucement. Je reculai en continuant de le fixer du regard jusqu’au fond de la cellule. Là, je m’assis dans l’ombre et demeurai immobile. Je sentis le prince exaspéré par mon attitude. Désormais, il ne voyait plus de moi qu’une simple silhouette sombre. _J’admire ton courage mais ce n’est que pure sottise, brigand ! Lâcha t’il en se retournant. Cela risque de te coûter chère. _Et qu’ais-je à perdre ! Grondais-je brusquement. _Ta vie ! Mais peut-être cela t’est-il égal ? Je me rendis compte que ce qu’il disait était vrai. Ma vie, je l’avais laissé avec mon cœur, là où jamais plus je ne pourrais retourner, inaccessible et prisonnier, pour une simple femme. La vie me semblait bien dérisoire, sans consistance. Je n’avais rien sur quoi me rattacher et peutêtre étais-je déjà mort en oubliant qui j’étais. _Si tu n’accepte pas cette opportunité, c’est ce que tu risque de perdre, continua t’il. Allons répond, repris t’il en me faisant face. Si tu ne veux pas m’aider dans la quête, alors tu ne m’es plus d’aucune utilité. Dans deux jours je divulguerais au roi qui à dérober son or et te présenterai à lui. Ton escapade furtive l’a laissé fou de rage, il n’aura aucun remord à te faire monter sur l’échafaud. Il avait dit cela en montrant le sac d’or volé au roi qu’il m’avait octroyé, puis il se retira dans ses appartements. Cette nuit-là, je ne pus dormir, je me remémorai ma vie, mes voles, la forêt, Jenny. Ces anecdotes qui faisaient mon bonheur, et étrangement, les souvenirs les plus agréables étaient ceux passés avec Jenny : le lac, la tour, son sourire et sa grandeur d’âme, tout ce qui me rappelait son être et son talent. J’étais fier de ce que j’avais accompli : avant de mourir, j’aurais au moins fait quelque chose de ma vie…
L’IMPOSSIBLE MARCHÉ Cette nuit là, je pris conscience, je crois, de l’importance de la vie sans pour autant en la peur de la mort. Cette nuit là, le lendemain arriva trop tôt, comment changer la destinée ? Ce matin, le prince ne vint pas et les gardes restaient de marbre. Je mangeai la pauvre nourriture que l’on me donna, les rats ne me faisaient plus envie et me parurent d’une grande lenteur. Des bruits de pas se firent entendre, il devait être midi. Même si ma cellule était très peu éclairée je devinais encore quel moment de la journée on était, notamment grâce aux repas que l’on me fournissait régulièrement et qui devaient, du moins je le supposais, couper équitablement les différents moments de la journée. Ainsi, à l’écoute de ce bruit je crus que le prince revenait recevoir sa réponse. Je ne voulais pas lui accorder cette faveur malgré ses menaces. Les bruits de pas s’intensifièrent et je vis entrer par la porte voûtée, pierrée, du côté du château, la sœur de ce dernier. J’étais encore une fois accolé aux barreaux, droit, debout, fier. _Inutile de venir, ma décision est prise, je ne concéderai rien au prince, lui clamai-je dès qu’elle fut arrivée. _Vous devez monsieur, s’il vous plait. _Pourquoi ? Je sais déjà ce que je risque et suis prêt à l’endurer. _Il ne s’agit pas de vous mais du royaume, je vous en conjure. Vous êtes le seul qui puissiez anéantir le seul responsable de la tragédie de ce royaume. _Pour le remplacer par un autre encore pire. _Avec ce nouveau roi dépend tout notre avenir. _Rien ne changera, il est comme son père. _Vous pouvez le faire changer, vous avez tous les droits. Il serait prêt à tout pour que vous l’aidiez. _Comment ? Avec ce simple mot, il me sembla que la princesse avait perdu tous ses espoirs. La lueur qui faisait briller ses yeux avec autant de raffinement que des étoiles illuminent la voûte céleste s’étaient estomper et avec elle, le plaisir de la regarder. _Nous resterons des esclaves pour eux, murmura t’elle angoissé, la gorge serrée. Adieu ! Je réfléchis à ceci tout le jour. A la tombée de la nuit, le prince, que je n’attendais pas, vint me voir. Assis au fond de la cellule, je ne regardais plus. _Ce soir, je te dénoncerai au roi si tu ne veux pas te soumettre à mon autorité. … Un moment de silence passa, je restai assis terré dans l’ombre, la lueur de mes yeux brillait plus que jamais et le prince ne percevait de tout mon être que ceux-ci. On entendit une nuée de chauve-souris partir, comme effrayés par le drame qui se jouaient devant eux. Je me levai, le prince aperçu l’ombre de ma silhouette s’approcher de lui. J’avançais lentement, laissant peu à peu la faible lumière qui parvenait jusqu’à ma cellule découvrir mon cœur. Arrivé aux barreaux, je ne me trouvais plus qu’à quelques centimètres du jeune homme. Je m’arrangeai pour que mon souffle l’atteigne et caresse son visage tel une provocation. A ce moment il comprit que rien ne pourrait me faire changer d’avis. _Très bien, reprit-il sèchement. Il prit la direction de la sortie et commença à marcher. _J’accepte ! Proclamai-je contre toute attente. Promptement il s’arrêta, puis se retourna lentement. _Tu as enfin trouvé la voie de la raison. Je voie que malgré tes grands airs la mort t’impressionne. Très bien, une de mes servantes te raccompagnera à ta chambre. J’expliquerai
à mon père la situation et demain tu t’immisceras dans la cuisine comme tu l’as fait pour aller dans la chambre de mon père et tu empoisonneras son vin. Qu’en pense-tu ? _Cela se fera selon mes conditions. _Tu auras tout ce que tu voudras après avoir tuer le roi. _Je veux que pendant deux semaines tu m’accompagnes matin et soir pour vivre ma vie, voir celle de ton peuple et après, seulement après, je daignerais te venir en aide. _Tu n’es pas dans une position où tu puisses me demander une telle chose. _Alors tue-moi ! _Très bien, qu’il en soit ainsi, si c’est la seule chose qui puisse te satisfaire…Mais attention, je ne supporterais pas que tu essaies de t’échapper. D’ailleurs à cet effet, tu vivras au château et ta chambre sera surveillée. Quant au matin et au soir je partirais avec toi, accompagné de quelques gardes. _Je veux que tu sois seul. _Non, tu es bien trop malin. _Aurais-tu peur ? Je ne saurais pas armé. _Je n’ai peur de personne et encore moins de toi. _Je te promets de ne pas essayer de m’échapper, et puis, de toute façon, je ne pense pas être si dangereux qu’il faille que tu emmène moult soldats avec toi pour me retenir. _Je viendrais seul avec toi, mais je serais armé et n’essaie pas de me rouler ! Il m’avait dit cela d’un ton menaçant en me pointant son épée sous ma gorge. Ce à quoi je souriais, car mon but était atteint. Il partit enragé en criant : _Demain matin je passerais te délivrer, nous partirons puis je raisonnerais mon père. Ce soir on m’apporta un repas décent et copieux que je mangeai avec entrain. Je me demandais où j’allais être logé, dans une cellule comme celle-ci ou bien dans une des somptueuses chambres de la demeure du roi. A en juger par l’amélioration de ma nourriture, je pensais plutôt à la chambre. Cependant comment le prince allait-il s’arranger avec le roi pour me disculper de mon vol et du rendez-vous avec le roi que je n’avais pas respecté. Peu à peu sur ces quelques pensées je m’endormis. Le lendemain je me réveillai à une heure que j’estimai matinale et j’attendis le prince sur le seuil de la porte de ma cellule, assis. Il arriva très longtemps après mon réveil, si longtemps que je crus qu’il avait oublié. Je pensais que le matin était largement passé quand prince vint me chercher. _Tu es en retard grondais-je en me levant. Le prince se tut et m’emmena à la sortie de la grotte, du côté du bois, afin de rendre ma venue plus naturelle. Rendu devant la vieille porte, les deux gardes qui nous accompagnaient s’arrêtèrent et nous laissèrent partir moi et le prince. J’eus une énorme surprise en m’apercevant, une fois la porte ouverte, que le jour venait à peine de se lever. La douce chaleur du soleil me caressait le visage et m’agressait les yeux. Caché sous l’ombre de ma main je me délectais de ces savoureux rayons. _Je ne pense pas être en retard, répondis le prince souriant. _As-tu déjà pénétré dans un bois, enchaînais-je promptement. L’as-tu déjà découvert ? _Évidement, reprit-il orgueilleusement. _Bon alors, allons-y, j’ai faim. Nous pénétrâmes dans le bois, le prince avec ses riches parures et son arme imposante, se démenant maladroitement dans la végétation. _Pourquoi ne prenons-nous pas un chemin ? Demanda t’il. _Parce que rien ne pousse sur les chemins. Ainsi, en cherchant, nous arrivâmes près d’un figuier avec non loin de là quelques champignons que je savais comestibles. Je ne savais pas encore comment faire changer le prince mais cela restait ma priorité. Le combat dans lequel je m’étais lancé me paraissait
démesuré, cependant quelque chose d’imperceptible au fond de moi-même me poussait à y croire. Je savais que s’il pouvait y avoir la moindre chance pour que ce royaume devienne meilleur, je devais la tenter. Le prince après tout était un homme et je ne voulais pas admettre qu’il ne puisse exister en lui la moindre parcelle de bonté. Je ramassai les figues et en proposai au jeune prince. _Es-tu fou, dit-il avec dédain. Dieu seul sait quelle peste ou choléra se cache derrière ce fruit. Il ne sied pas à un homme de ma condition d’accepter pareille nourriture. _Et que manges-tu alors ? Enfin tu as tort, c’est excellent. Je me délectai de ces quelques fruits sous le regard inquisiteur qu jeune dauphin. Devant ma dégustation, il céda à la tentation. _Donne-moi ce fruit ! Ordonna t’il subitement. Je m’exécutais aussitôt avec plaisir. Pendant que le prince savourait sa figue je lui fit remarquer l’excellent goût de ce don de la nature. Ce dernier se redressa. _J’ai déjà goûté meilleur fruit. _Je n’en doute pas, approuvais-je en m’asseyant à côté de lui. Nous étions côte à côte, lui debout, moi assis sur une grosse racine. _Comment comptes-tu faire oublier au roi mon vol ? Demandais-je inquiet. _Il ne sait pas que tu lui as volé son argent. En faite, lorsqu’il s’est réveillé, l’aube était passé depuis longtemps et il a crut que tu étais déjà parti pour retrouver le dragon. Quant au vol de son or, il ne t’a en aucune façon suspecté et a pendu une servante pour l’exemple. Je n’ai donc qu’à le convaincre de la nécessité que tu avais de partir sans l’attendre afin de chasser son trophée. _Il ne m’a pas suspecté pour le vol ! Répondis-je surpris. _Ayant constaté ton état de sobriété la veille du larcin, il ne pouvait admettre que tu ais pu faire une telle chose. Tu as bien joué la comédie, il en était absolument convaincu. _Et les soldats. _Il valait mieux pour eux qu’ils taisent leur incompétence et je leur ais fait comprendre leurs situations. Je ne sais pas comment tu t’y ais pris mais je tiens en outre à te signaler qu’aucun d’eux n’a pu distinguer ton visage. _J’ai eu beaucoup de chance que les soldats ne m’aient pas reconnue et que ton père n’ait pu se lever à l’aube. _Ce n’est pas de la chance, je savais très bien que mon père serait incapable de se lever à une heure si matinale. Je savais donc pourquoi j’étais encore ne vie dabs le royaume du roi. Je me relevai et décidai de « commencer » l’apprentissage du prince. _Je vais te montrer ce que tu es ? _Comment ? Questionna t’il interloqué. _Suis-moi ! Nous allâmes au cœur de la forêt, je tentai de lui commenter ce monde incroyable qui se dissimule au plus profond des bois pour les voyageurs qui ne savent voir avec leurs cœurs. _Regarde ces arbres, signalais-je. Ils sont grands n’est ce pas. _Pourquoi ? Répondit-il perplexe. _Tu ne t’es jamais demandé d’où venait leur grandeur ? Tu ne t’es jamais demandé ce qu’ils pouvaient voir de là-haut. Que sommes-nous pour ces géants de bois ? Eux si discret, que pensent-ils de nous ? _Un arbre ne pense pas. _Comment le saurais-tu ? _Mais c’est évident ! _Rien n’est évident, comme il n’était pas évident que tu te trouves là maintenant. _Mais là c’est différent, les arbres ne parlent pas. Comment pourraient-ils penser ?
_Et pourtant ils sont là, ils vivent. Te rends-tu compte que si c’est arbre venait à tomber sur toi, tu mourais. Que sommes-nous devant eux ? Puis murmurant je poursuivis « que sommes-nous ? » _Je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour tuer mon père. _Que dis-tu ? Je feignit de ne pas entendre le prince devant une telle insensibilité. _Mon père ne va que très rarement en forêt. _Je pense qu’on peut rentrer, fis-je dépité. Nous fîmes demi-tour. Malgré le profond dégoût que j’éprouvais pour le prince et l’insolent mépris qu’il me vouait, il se créa entre nous une complicité, probablement dut à notre situation, qui peu à peu s’amplifiait. Nous rentrâmes peu de temps avant le souper. Le roi était sûrement levé. Arrivé au palais, le prince somma à sa sœur de prévenir son père de notre arrivé. La gigantesque porte du palais nous fut ouverte par trois gardes magnifiquement parés de colliers d’argents et d’habits aux couleurs chatoyantes. Nous entrâmes, je suivais le prince qui connaissait beaucoup mieux que moi le château. _Il n’est pas encore au repas, m’informa le prince rassuré. _Il t’attend ? _Disons qu’il nous attend. J’ai dit à la servante que je t’avais retrouvée et sommer de stopper ta chasse en l’honneur de notre roi. _Et tu crois qu’il va croire ce baratin. _Non ! Cette réponse me surpris, j’avais commencé à me faire à l’idée que le roi était dupe et confiant. _Mais pourquoi m’avoir emmené ici alors ? _Fais-moi confiance… Nous arrivâmes devant une grande porte blanche. _Il est ici, reprit le dauphin. _Qu’est ce que je fais, maintenant je ne veux plus mourir, enfin pas pour çà ! _Tu ne mouras pas, j’ai besoin de toi. Nous entrâmes dans un grand salon, au milieu de celui-ci, une grande table était affublée, à l’extrémité opposée à la notre, de deux magnifiques fauteuils à la grandeur démesurée. La table était parallèle à la porte. _Il n’est pas là ! Fis-je remarquer au prince lorsque brusquement la porte s’ouvrit et un valet apparut. _Votre altesse, le seigneur Hyalus, dit-il avec élégance. Fastueusement, nonchalamment, paré d’une grande étoffe de soie rouge avec à ses bords une épaisse fourrure blanche, le roi fut présenté à nous. Il était muni de sa précieuse couronne dorée sertie de rubis éclatant avec à son front, sur le devant, une évagination de la base où était disposée une énorme émeraude. Le prince s’agenouilla et j’en fis autant, tout en fixant cette couronne d’une surprenante beauté. _Tu m’as apporté le fugueur, je t’en remercie, fils. Il va connaître le traitement que je réserve à ceux qui se jouent de moi. Gardes ! Escortez le jusqu’à moi. Je fus saisi par deux gardes aux allures de colosses. Je tentai de m’échapper mais je compris bien vite que mes efforts étaient vains, le prince me tint l’épaule avec un air rassurant ce qui calma un peu ma nervosité. Je ne pensais pas pouvoir arriver à échapper aux multiples gardes qui accompagnaient le roi ainsi qu’à ses seigneurs de guerre richement vêtus. Arrivé au pied du souverain, ce dernier demanda à son fils : _Comment l’as-tu attrapé, fils !
_En me promenant dans la forêt, j’ai entendu un énorme bruit et j’ai cru apercevoir au loin des arbres sombrer. Je me suis alors approché et j’ai vu cet homme combattre avec un immense dragon. _Ah ! C’était donc vrai. Il est ici, interromps le roi. Je vais enfin pouvoir chasser le dragon. Comment était-il ? _Des pattes énormes avec des griffes plutôt petites, une queue de plusieurs dizaines de mètres qui fracassait les arbres. _Ton imagination te fait délirer, déclara le roi. Enfin, si cet homme peut le tuer, mon armée le pourra aussi. Mais, crache t’il du feu comme on le dit. _Je le pense oui, car lorsque je suis arrivé des arbres étaient brûlés. _Et où est ce dragon maintenant ? _Je ne le sais pas. Quand je suis arrivé le chasseur de dragon s’est approché pour me dire de partir et le dragon en a profité pour s’enfuir. C’est à cet instant que j’ai arrêté le chasseur et en ais profité pour ramasser une griffe que le dragon avait perdue durant le combat. _Montre-la-moi de suite, réclama le roi, les yeux grands ouverts, pétillant de curiosité face à cette petite représentation du dragon. Le prince sortis de sa poche une énorme griffe faite d’une roche blanche, extrêmement lourde et longue d’une cinquantaine de centimètre à tel point que je me suis même demandé comment j’avais pu ne pas la remarquer auparavant. Cette pièce stupéfia le roi et je vis le chevalier qui avait proposé au roi de me tuer lors de notre première rencontre trembler à l’idée d’affronter un monstre aux griffes si démesurées. Le roi en recevant ce don eut du mal à le soulever et le laissa à son valet. A cet instant il me regarda différemment, impressionné par ce que j’avais dut faire et je crus distingué une certaine joie de ne pas avoir affronté avec moi un tel monstre. Le valet passa la griffes aux princes et chevalier qui parurent stupéfaits. Le souverain s’exclama alors en me regardant : _Chasseur, je suis désormais ravi de t’avoir comme hôte jusqu’à ton prochain départ pour rechercher mon trophée, d’ailleurs à cet effet j’ai réfléchit et je voulais te revoir pour te dire que je pourrais t’accompagner à chasser ce dragon. Mes obligations dans mon royaume doivent me laisser prudent. Soulagé je me redressai et répondis : _De toute façon, je l’ai perdu. Il s’est enfui lorsque monsieur votre fils m’a arrêté et je n’ai plus aucun moyen de le retrouver maintenant qu’il sait que je le traque. Il me faut attendre qu’il se manifeste à présent, et cela peut-être très long. Le roi se tourna nerveusement vers son fils. _Qu’a-tu fais, à cause de toi mon trophée est parti. Pourquoi l’as-tu ramené ? Le chevalier que j’avais reconnu souffla à l’oreille du roi que c’était lui qui avait demandé de me ramener à lui absolument avec une récompense pour qui accomplirait cette mission. _Très bien, reprit le roi. Tu peux partir. _Sir, demandais-je. Puis-je me retirer aussi ? _Faites, faites ! Nous dînerons bientôt à la table d’hôte, au bout du couloir après l’entrée du palais. _Merci, sir, dis-je en quittant la salle, côtoyant les sbires du roi qui, impressionné, me cédèrent la place. Une fois sorti, le prince Hubert m’interpella : _Pourquoi as-tu fais çà ? Ce n’était pas nécessaire. _Pourquoi ne m’as-tu pas dit que le roi me recherchait pour me punir parce que j’étais parti sans lui ? _Tu es pardonné pour cette fois mais n’oublis pas que j’ai les diamants et la bourse que tu as volée et que je peux te faire pendre.
Je souriais à ses propos, car me sachant indispensable à ces projets, je savais intouchable. Il partit dans ses appartements. Moi je visitai encore une fois le château. J’aboutis à un parc où se situait au centre une fontaine : Une épée de pierre était juchée sur un bassin remplit d’eau. Une mélodieuse music attira mon attention et je vis derrière l’épée de pierre, assise sur le bord du basin, la princesse, fille du roi, jouer de la harpe. C’était une mélodie douce et harmonieuse emplit de tristesse, d’ailleurs des larmes coulaient le long de ses joues. Je m’assis près d’elle en la contemplant. _Que fais-tu ? Demandais-je doucement. _Rien, je vais au cuisine de suite, dit-elle en se relevant. _Non, ,que fais-tu maintenant ? Insistais-je. _Excusez-moi, supplia t’elle. Elle gardait ses yeux fixés sur le sol et ne me reconnaissait pas. Je soulevai son visage délicat avec ma main et elle me reconnut. _Vous, vous êtes vivant ! Bégaya t’elle. Et mon frère, où est t’il ? _ C’est une longue histoire. Elle baissa sa voie et me murmura à mes oreilles : _Vous allez tuer le roi ? _Ce n’est pas si simple, mais dites moi, pourquoi voulez-vous voir le roi mort ?Votre frère, je peux comprendre, mais vous ? Elle s’assit sur le bord de la fontaine et je fis de même. _Les femmes ici doivent être soumises aux hommes. Je ne peux sortir du palais, je ne peux parler, et je sais que bientôt, je devrais me marier avec le chef des armées de mon père qui est un homme atroce et brutal. Je crois que je préfèrerais mourir que de vivre de cette façon avec un tel individu. _Vous aimez quelqu’un d’autre ? _Non, rétorqua t’elle. Mais je puis plus vivre ainsi, cloîtrée comme une esclave. Il n’y a aucun intérêt dans une vie comme celle-ci, sans rien ni personne comme ami. _Mais il doit bien y avoir des occupations auxquelles vous pouvez vous adonner. Savez-vous monter à cheval ? _Une femme n’a pas le droit de monter à cheval. _Vous pouvez lire. _Une femme ne peut pas étudier. _Vous devez bien sortir du château de temps en temps ? _Seulement sur ordre roi. Cette discussion laissa la place à un lourd silence lorsque retentit un son de trompette. _C’est l’heure du repas, je dois partir, M’annonça la princesse. _Je vais à la table du roi, vous aussi ? _Oui. _Alors je vous accompagne, vous mangez avec moi. _Une femme ne peut manger que les restes laissés par les hommes après leurs repas.. … Je la suivis néanmoins jusqu’à la salle où l’on devait manger. Là elle partit servir le repas aux cuisines tandis que je m’installai à la table du roi. La salle était composée, sur les côtés, de deux immenses tapis qui représentait les deux emblèmes du royaume, l’un portait une épée, l’autre un rapace. Le sol était recouvert d’un épais tapis rouge et la table ronde, constituée d’un bois luisant qui renvoyait la lumière, était assortie à des chaises munis de petit coussins tendre et soyeux. Sur l’épaisseur de la table était sculpté des soldats, guerriers croisant leurs lames et jouant avec le feu ainsi que les silhouettes des animaux féroces qui les accompagnaient. Les pierres des murs du château n’étaient recouvertes que par les deux tapis arborant les emblèmes du royaume. Deux fenêtres, en face de moi, donnaient sur l’arrière du
château et l’on pouvait distinguer les arbres et les quelques maisons qui bordaient ce dernier. Je crus ainsi reconnaître une immense écurie et un bataillon de soldats en exercice. Le roi n’était pas encore là mais son fils et ses principaux compagnons d’arme étaient présents. Je m’installai à côté du jeune dauphin qui m’avait réservé une place et nous attendîmes le roi. Il vint avec un retard conséquent mais toujours avec la prestance qui est dut à un homme de son rang. Le repas dura longtemps, le roi s’enivrant une nouvelle fois, sous le regard de ses enfants. Les autres repas se passèrent de la même façon, tantôt dans cette salle, tantôt dans le salle du bas, selon les invité reçus, tant et si bien que je ne me souciais plus de l’ivresse du roi. Pendant les repas je parlais très peu et me souciais plutôt de ce que j’allais pouvoir apprendre au jeune prince. Au cours du repas le roi s’aperçut de la familiarité avec laquelle je considérais le prince et me demanda d’où venait celle-ci. Avant que je n’aie eu le temps de m’expliquer le prince exclama : _Depuis que je l’ai vu combattre, je préfère son amitié à son respect ! _Et quelle différence cela fait. Sur ce point ce fut moi qui répondit. _On peut faire des serments à genoux, des phrases élégantes, à un homme que l’on respecte, et le laisser mourir devant soi sans rien regretter mais pour un ami, on est prêt à donner sa vie. Ceci ne laissa pas de marbre le roi qui se senti gêné. Pour ma part, ce qui me semblait le plus important était la parole du dauphin qui certainement lui paraissait anodine mais qui me redonnait confiance en lui. Le soir venu, après un court repas, nous partîmes pour la forêt, ceci se passa de la même façon les trois jours suivants. J’essayais de lui apprendre les caractéristiques des arbres, lui montrant les différents animaux que seul un œil avertît peut distinguer, un terrier de lièvre, de blaireau, le passage d’un sanglier et de ses petits, le combat titanesque de deux cerfs pour la récompense ultime : le droit à l’amour. Le prince lui voyait dans cet affrontement un moyen de faire valoir sa dominance, je dus reconnaître qu’il avait raison, parfois, les animaux ne valent pas mieux que les rois… Le prince se plut à se montrer comme le cerf dominant, les comparaisons ne tarissaient pas cependant je lui fit remarquer qu’il n’avait pour sa part aucun mérite. Avait-il déjà défié d’homme à homme tout les habitant de son royaume afin de leur prouver qu’il était le plus apte à prendre leur tête. _Les cerfs se battent sans tuer alors que toi, qui ne t’es jamais battue, tu as déjà tué. Je lui désignai une pie non loin de là. _Voilà ce à quoi tu ressemble, une pie, voleuse, qui tue souvent pour le plaisir. La comparaison ne lui plut guère. _Je ne ressemble pas à çà, maugréa t’il. J’ai de la prestance moi, je suis respecté. _La pie aussi croit qu’elle a de la prestance, regarde comme elle se tient droite, comme elle fière, et pourtant, tu crois vraiment que les animaux qui l’entour l’envie… Tu n’as pas plus de prestance qu’une pie et les morts ne respectent pas leur bourreau, ils le craignent. _C’est pareil ! _Sauf que si un jour tu n’es plus en position de force, c’est eux qui te tueront. _C’est ce que tu ferais ? Demanda le prince soucieux. _Si j’avais voulu le faire, je l’aurais déjà fait, répondis-je en repartant. Je lui montrais aussi l’attention qu’un chef de meute, chez les loups, portait à ses congénères, malgré les craintes du jeune prince, j’arrivai à le convaincre. C’était le soir du troisième jour, nous cherchâmes longtemps puis m’arrêtant, je crus entendre un léger bruissement. Montant sur l’arbre le plus proche je vis l’animal tant cherché, au sommet d’une côte à une centaine de mètre de nous. Je fis monter Hubert qui vit ses animaux mystérieux. _Créatures du diable, vomit-il. _Tu les crains ces animaux n’est ce pas et pourtant les respecte-tu ?
Il ne me répondit pas. _Si tu le pouvais, continuais-je, tu les tuerais ces « créatures du diable »… … Maintenant tu sais ce que ressentent tes sujets à ton égard. _On rentre, poursuivit le prince. De toute façon si c’est comme çà qu’ils me voient, ils ont raison. Je suis comme ce chef de meute, craint. _Il n’est pas craint, regarde, les autres le voient comme leur chef, pas comme leur bourreau. _Mon peuple devra reconnaître mon pouvoir. Je le materai. Nous rentrâmes, le soir du troisième jour sur ces quelques paroles. Nous rentrâmes au château tard, la nuit était tombée. Je commençais à douter de mes résultats avec le dauphin. Les cinq jours suivants, je prévus de l’emmener dans ses villages. Ceci commença le lendemain matin, nous parcourûmes la forêt puis nous avons fait halte devant un village. La boue et la poussière étaient omniprésentes, les villageois, le visage meurtrit, travaillaient. _Oserais-tu prétendre que ces gens ne sont pas nécessaire pour ton royaume ? Demandais-je au dauphin. _C’est mon peuple, ce sont mes gens, ils doivent m’obéir. _Et si un jour ils ne t’obéissaient plus. Comment pourrais-tu t’y opposer ? _Je les tuerais ! _Et tu mourais avec eux. Je vais te raconter une histoire : C’est celle d’un roi qui pour châtier son peuple du vol de ses bijoux commença à massacrer ses villages un par un en attendant que ses bijoux lui soient rendus. Il massacra ainsi tous les paysans qui composaient son peuple mais il n’avait toujours pas récupéré ses bijoux. Une fois cette partie de son peuple anéantie, la nourriture ne fut plus produite, les armes, chevaux, et bois se fit de plus en plus rare. Les gardes du roi moururent de faim, son commerce chuta et il fut massacré par ses propres soldats, ceux-ci même qui tuèrent les paysans et incendièrent les villages. _D’où tiens-tu cette histoire ? _D’un fait qui s’est produit. _Quel royaume ? _Tu ne le connais pas et cela n’a pas d’importance. _Sais-tu qui avait volé ses bijoux ? _…. _En tout cas, il doit s’en vouloir à présent, enfin, s’il est encore en vie. _A en mourir, certifiais-je en murmurant d’une voie caverneuse et emplit de remord. Les rendez-vous suivants, j’essayais de le convaincre de la nécessité des petites gens et du respect qu’ils méritaient dût à leur travail. Je lui montrais leur sueur, le laissant au soleil des heures durant en lui faisant observer leur travail et leur condition de vie. Un petit enfant, un jour vint à nous, admirant les magnifiques parures du prince il voulut les toucher mais le prince sortit sa dague qu’il pointa sur le corps de l’enfant qui repartit en pleurant. _Ces chiens doivent apprendre qui est le maître ! Affirma t’il avec assurance. _Tu fais un joli maître, attestai-je ironiquement, chef de meute de pacotille. _ Je t’interdis, s’insurgea t’il contrarié. _Aurais-tu peur de la vérité ? _Ton insolence mérite sentence. Le soir je dus subir mon châtiment : cinq coups de fouets. Malgré la souffrance je me relevai en souriant devant le jeune prince et retournai dans mes appartements. De ceci le roi ne savait rien évidemment. Le matin suivant, je pris mes anciens vêtements et ceux que portaient les servants. Une fois arrivées au bord du village je priai le dauphin d’enfiler ces hardes. _Hors de question, objecta t’il, je ne suis point de cette catégorie de gens. _Je veux t’emmener à l’intérieur du village.
_Je refuse de porter ces frasques ridicules. _Si tu rentres comme çà, tu seras dépouillé. _Ils ne peuvent faire cela au futur roi, ce serait une véritable folie. Ils me doivent allégeance et servitude. __Personne ne reconnaîtra comme tel mais plutôt comme un riche voyageur insouciant. Il rentra dans le village, à découvert et se promena parmi ses gens. Je le suivais tout en essayant de le raisonner mais en vain. _Écoute ! Comment pourras-tu te défendre s’ils t’attaquent ? _Ils ne le peuvent pas, ces pauvres diables, reprit le prince méprisant. Les gens commençaient à nous épier ? Peu à peu certains se levaient, prenant leur bêche ou leur hache et marchaient dans notre direction. Un jeune garçon nous bouscula et vola la dague sertis de pierre précieuse du dauphin. _Rends-moi çà bouffon, s’exclama le futur roi en se retournant. Ou je te ferai pendre. _Si tu es encore en vie, reprit un homme posté juste devant moi, sur le chemin que nous empreintions. _Oserais-tu défier l’autorité du roi ? Protesta le prince véhément. Modère tes paroles mécréant, sache que tu parles à ton futur roi. Sur ces paroles le paysan lança la hache qu’il tenait dans sa main. Je poussais le prince à se baisser et en fit de même : La hache se logea juste derrière nous, sur une des poutres des maisons qui nous entouraient. _Je cois qu’il n’a pas bien compris ce que tu as dit, suggérais d’un ton moqueur à mon compagnon en me relevant. _Donne-moi ton or, ordonna le lanceur de hache. _Hors de question manant, rouspéta le dauphin avec vigueur tandis que les fermiers s’approchaient. _Suis-moi, lui murmurais-je en prenant son épée. Une fois retirée de son fourreau je commençai à la remuer dans tous les sens en criant des injures et des obscénités. Puis courant vers la sortie du village, manquant d’embrocher trois hommes, une demi-douzaine de bras et quelques pieds, je pus passer à travers ces colosses avec le jeune prince. Ils étaient stupéfaits, sidérés, me considérant probablement comme un fou et me laissant ainsi passer. Une fois rendu aux abords du village, à bonne distances des paysans, le prince m’arrêta de sa main et me demanda, inquiet : _Est-ce que ça va ? _Rentrons, ils vont bientôt venir. Pendant le trajet du village au château je réussis aisément à convaincre le futur roi de la nécessité de se changer. Le soir même nous allâmes dans un autre village et je pus faire visiter au roi les demeures des cultivateurs et lui faire découvrir l’organisation d’une vie dans un village. La sympathie dont les paysans pouvaient faire preuve étaient remarquable. _Tu vois dans quelles conditions ils vivent, expliquais-je, il n’est étonnant qu’ils t’aient attaqué, avec ton or et tes richesses tu étais une aubaine mais autrement, ils ne sont pas méchants. _Je ferais payer chère au village de ce matin leur insubordination. _Ne leur en veux pas, comment pouvaient-ils savoir ? D’ailleurs tu as de la chance car je pense que s’ils avaient su qui tu étais ou que s’ils t’avaient crû, ils t’auraient sûrement tué, et moi avec toi. _Pourtant, ils ont essayé. _C’était juste pour te faire peur. _Ils n’avaient pas à me désobéir, je ferais brûler leur village.
_Tu as tort ! _Tu ne vas pas discuter mes ordres. _Je croirais entendre ton père. _Je ne suis pas mon père, repris le prince hors de lui. _Prouve-le ! Exclamai-je en le défiant. _Soit ce village sera épargné pour l’instant. _Allez viens ! Lui proposais-je d’un ton plus amical en lui lançant une bêche. Il ne l’attrapa et resta cloîtré. _Tu ne peux pas me faire çà, me lança t’il suppliant. _Attend, je vais proposer au propriétaire de ces outils notre aide. _Mais même eux ne s’aide pas entre-eux ! Clama t’il. _Attend moi là ! Répondis-je contre toute attente. _Ils sont sur mes terres, pourquoi leur demander ? _Ils ne doivent pas savoir qui tu es. Restes-là ! Je revins quelques instants plus tard sous le regard bienveillant et curieux de celui que nous venions aider. Le prince se démenait avec maladroitement avec ses outils et avait grand mal à fournir l’effort nécessaire pour un tel travail. Moi-même je ne maîtrisais point la technique du bêchage. Nous évoluâmes ainsi sur notre petite parcelle de terre sous l’œil amusé du paysan. Il était assez âgé mais toujours plein d’ardeur, le nez aplatie avec de longs cheveux bruns. Son visage était sale et terne, son pantalon était remonté jusqu’au ventre et sa redingote grisâtre laissait voir les bras puissants de ce dernier. Au bout d’une heure où le gentil monsieur nous bombarda de questions, nous partîmes, non sans rires une dernière fois face à ces allégories. Il nous proposa à boire et nous acceptâmes volontiers. Son fils situé à l’autre bout du champ et que nous n’avions pas vu fut appelé. Il nous proposa du vin que nous bûmes mais dès la première gorgée, ma gorge commença à me brûler sous l’action le d’alcool, fort. Je regardai le jeune prince qui dans la même situation que moi avalait verre d’eau sur verre d’eau. Pour ne pas perdre la face devant lui, je me redressai, rouge de sueur et chuchotant péniblement : _Corsé, ce vin ! Le prince vit mon endurance et tenta de me suivre. Nous sortîmes avec la voie cassée, presque éteinte, en essayant de resté digne. Le regard du jeune paysan était amusé. Dès que nous fûmes sortis je me dirigeai vers la rivière qui bordait le village et je plongeais la tête en buvant. Lorsque nous retournâmes au château, j’aperçus chez le prince une certaine fierté à avoir pu effectuer ce travail manuel. Je le questionnai : _Alors que penses-tu de leur travail. _Ils ont le travail qu’ils méritent. Nous, les êtres supérieurs, nous sommes exemptés de ce supplice ingrat. _Il me semblai pourtant que ceci t’avis plu. _Plu ! Tu te trompes. J’espère pour toi que tu respecteras les règles de notre marché. Les deux jours suivants, il plut à grosses gouttes. Le prince et moi-même ne purent sortirent par un tel temps. Ces huit premiers jours avaient été un fiasco total. Comment faire changer cet ignare ? Je restai des heurs durant dans mes appartements, cherchant désespérément une solution. Durant ces huit jours, j’avais juste su m’attirer la sympathie du dauphin ou du moins je le pensais. Il y a tellement de chose que j’ai crus et ce sont avéré n’être que des illusions que je ne sais plus exactement ce que je dois croire à présent. Le matin du neuvième jour, l’on frappa à ma porte. _Qui est-ce ? demandais-je froidement. _Sabrina. _Qui ?? _La fille du roi.
Je me levai et ouvris la porte de ma chambre. _Entrez, je vous en prie, ,dis-je humblement à la princesse. Elle avança et entra fébrilement pendant que je fermait la porte et que je lui proposais de s’asseoir. Elle se mit sur le bord de mon lit, elle portait une fine robe bleu, à peine transparent. Ses cheveux noirs étaient arrangées en une longue natte. Sa robe ses épaules douce et d’une délicieuse blancheur. Ses grands yeux plus beau que l’ébène frappé par le soleil me regardait avec douceur tandis que ses lèvres larges et pulpeuses commencèrent à bouger, libérant leur si douce parole mélodieuse et enivrantes. _Qu’avez-vous ? Pourquoi restez-vous seule tout au long de la journée. Le roi se demande ce que vous faîtes. Serais-ce à cause de la pluie ? _Non, la pluie n’a rien à voir avec çà, repris-je en m’installant à côté d’elle. _Alors qu’avez-vous ? Me demanda t’elle soucieuse, puis chuchotant elle continua : auriez-vous peur de ne plus pouvoir tuer le roi ? _Non, votre roi mérite sûrement la mort qu’il aura mais j’au peur pour son successeur ; Je n’arrive pas à le faire changer. Pourtant, j’ai pensé plusieurs fois y être arrivé mais je ne suis plus sûre de rien, peut-être ais-je eut tort d’espérer. _Peut-être ne vous y prenez-vous pas comme il faudrait le faire avec un futur roi ? _Mais comment s’y prendre autrement ? _Peut-être vous ne touchez pas à ce qui lui importe vraiment. Elle restait douce et mielleuse, le moindre de ses conseil me réconfortait cependant cela ne me donnait aucunes solutions. _Oui, peut-être, répétais-je soucieux et réfléchis. Nous restâmes quelques secondes ainsi à nous observer puis un grand bruit se fit entendre et la princesse déclara qu’elle devait retirer les affaires du roi qui déjà commençait à grogner. Elle partit rapidement, trop rapidement à mon goût, et je vis la princesse passer la porte avec hâte à regret. Désormais je me retrouvais une nouvelle fois seule face à ce but inaccessible. _Ce qui intéresse Hubert, murmurais-je en me couchant sur le lit. Le pouvoir, la guerre, la domination, il est donc impossible qu’il puisse changer.
UNE RENCONTRE IMPRÉVUE Il ne me restai plus que six jour avant la fin de notre pacte. Le matin du neuvième jour, seule une fine pluie subsistait de la bourrasque que nous venions de subir. Le prince et moi-même repartirent pour le village mais cette fois je ne pris pas de vieilles frasques sales et trouées pour y pénétrer. Je voulais montrer le peuple avec un autre regard. Pendant que nous marchions vers le village, je posais quelques questions au prince : _Crois-tu être un grand stratège militaire ? _Je pense avoir assez appris pour prétendre en être un. _Alors je pense que ton armée, aussi forte soit-elle, ne viendra jamais à bout de celle de tes voisins. _Je suis sûre du contraire. Avec une armée aguerrie, je crois pouvoir terrasser n’importe quel ennemie. _Mais ceci sera une tache ardue. _J’en suis convaincue. _Il te faudra du temps. _Où veux-tu en venir ? Le prince devenait suspicieux et ne doutait pas un seul instant de ses conquêtes à venir. Il était habitué à ce genre de discussion avec moi mais n’arriver à discerner mes intentions, ce qui l’énervait un peu. _Il te faudra du temps pour former une armée aussi puissante n’est-ce pas ? Répétaisje. _Bien sûre. _Alors admettons qu’un des royaumes voisin au tien veille envahir ton territoire avant que tu n’ais eu le temps de former ton armée. Comment pourras-tu le repousser ? _Comme on n’a toujours repousser nos assaillants jusque-là. _Vous avez déjà été envahit ? Répétais surpris par cette révélation. _Quelquefois. _Et vous avez toujours vaincu ? _Pas exactement, disons qu’au cour de nos combat nous avons dut concéder quelques territoires. _Et vos assaillant ont accepté ces terres alors qu’ils pouvaient avoir votre royaume tout entier. Je n’étais pas pour ma part un fin stratège militaire et ne connaissais en aucune façon les formalité d’une guerre. Ce que j’apprenais me surprenais, moi qui considérais la guerre comme un massacre ouvert entre deux peuples, je n’imaginais pas une quelconque autre ressource que les hommes et les armes pour faire la guerre. Pourtant en y réfléchissant il me parut évident que d’autre facteurs indispensables guidaient une stratégie militaire et devait par-là même, en définir la fin. _Dans une guerre, poursuivit le stratège. Les deux camps s’épuisent, au bout d’un certain temps, les peuples souffrent, la colère gronde et pendant ce temps là, la faiblesse des deux camps qui s’opposent attirent la convoitise d’autres royaumes. C’est pourquoi nos compromis sont acceptés. _Compromis ?! Clamais-je sidéré par une telle mauvaise fois. Vous avez concédé des terres à vos ennemies. _Justement, je vais y remédier grâce à une armée vaillante. _Et si tu te faisais attaquer pendant que tu guerroies, penses-tu que ton royaume pourrait résister. _Une partie de mon armée restera.
_Alors tu compte attaquer un royaume avec une armée incomplète et tu crois pouvoir vaincre. _Bien sûre. _Parles-tu en tant que stratège militaire ou en tant que fils de roi. D’après tes dires, l’armée de ton royaume, complète, n’a pu venir à bout d’autres armées adverses alors comment ton armée divisée, pourrait-elle venir à bout des mêmes adversaires. De plus, il te faudrait laisser ici une grande armée pour résister et maintenir l’ordre. Une escouade ou un bataillon serait massacré par n’importe quelle autre armée. _Mes soldats seront de grands guerriers. _Des demi-dieux tu veux dire, complétais-je en gloussant de rire. _Tu n’es qu’un ignare. Tu ne connais rien à la guerre. Nous approchions du village, après quelques minutes de marches nous étions à la lisière du bois. _Voilà, nous sommes arrivés ! Proclama le prince. Voici un autre de mes villages. Où sont les frasques que je dois enfiler. _Nous n’irons pas au village cette fois, répondis-je. N’y aurait t’il pas de cachette plus proche ? _Il y a là-bas, répondit le prince en montrant du doigt le bois en face de nous. Nous descendîmes de la butte sur laquelle nous étions et nous nous approchâmes du village. Restant à la lisière du bois, le village n’était plus qu’à quelques mètres de nous. Sans nulle doutes la plupart des habitants du village nous avaient vus mais je savais bien que personne ne s’aventurerait dans le bois et quand bien même cela arriverait, nous aurions largement le temps de fuir et je saurais nous cacher plus habilement. _Que sommes-nous sensé observé ? Demanda mon compagnon impatient. _Ne les trouves-tu pas fort ces paysans ? Pendant un instant, le dauphin me regarda avec une grande inquiétude, il contractait chaque muscles comme s’il craignait une attaque de ma part. _Ce ne sont pas les types de personnes qui m’intéressent. Tu sais que ça pourrait être considéré comme une difformité, une hérésie ce que tu es. _Ce que je suis ? Fis-je interloqué, complètement ignorant des pensées de mon acolytes. Je ne comprenais pas et restait coi devant une telle menace. _Oui, tu es… pas normal. Il gesticulai avec conviction comme pour me montrer l’erreur d’être ce que je suis. Le seul ennuie était que je ne parvenais pas à savoir quel problème était lié à moi. _ Tu ne devrais pas, continua t’il. C’est l’œuvre du diable, l’attirance que tu porte à ces hommes est répugnant. _Mais je ne fais que relater la vérité, trouve des hommes parmi tes soldats capables de faire la même chose qu’eux. _Tu es répugnant, vomit-il. Dieu nous a fait pour procréer, avec les femmes. A quoi les femmes serviraient autrement ? Ceci est contre nature. Je manquai d’éclater de rire sous la pitrerie religieuse de ce porte-parole de l’église. _Qu’y a t’il de drôle ? rouspéta t’il. _Tu n’y es pas du tout, je ne suis point ce que tu crois ? Je te dis cela pour que tu te rendes compte de l’intérêt qu’ils peuvent être pour toi. Ce peuple que tu as devant représente un potentiel énorme. Alors reconnais-tu qu’ils ont de grandes capacités. _Il est vrais que ces manants sont fort, fit le prince manifestement soulagé. Depuis notre travail de la terre il y a trois jours, mes bras me font encore souffrir. _Ils feraient de bons soldats. _Ils ne savent pas se battre, comment pourraient-ils devenir des soldats ?
_Pourtant il suffirait de peu de chose. Imagine, proposais-je avec exaltation. Une tour, une dizaine de tes soldats au maximum juste pour garder la tour et à chacun de ces gens tu donnes une arme. _Qui nommes-tu par ces gens ? Interrompit Hubert. _Les paysans. _Mais ils ne savent pas se battre. _Parce qu’ils n’en ont pas encore eut l’occasion. Donne leur cette chance et si ce village est attaqué, ils se battront avec la rage qu’à un homme à qui l’on enlève le bien le plus chère. Ils se battront avec leur cœur. Fais de ces hommes tes alliés et tu auras l’armée la plus forte de toute la contrée. _Comment pourrais-je faire ? Ils me détestent, c’est toi qui me l’as dit. _Pas encore, refuse certains de tes droits, ne les opprimes plus. Laisse leur assez de liberté pour les rendre heureux et ils t’aimeront. Certes, ils ne partiront pas à la conquête de nouveaux royaumes mais tu auras une force de défense incroyable. Si jamais ton royaume devais être envahit pendant ton absence, ils se battraient pour toi. _N’est ce pas de l’utopie que ceci. _Non, car à travers toi ils auront leurs libertés, leurs nouvelles vies faites de fête et d’honneur, non pas de mort et de terreur. Il suffit que tu leur montres qu’ils peuvent se battre et que tu leur en donnes les moyens. _C’est fantastique, en faisant cela j’aurais des soldats qui m’obéiraient sans rien demander en échange, pas d’argent, juste un peu de reconnaissance. _Évidement, si tu fais ceci, tu ne pourras plus faire marche arrière car si tu les méprises à nouveau, ils auront les moyens de te révolter et de te faire abdiquer… dans le meilleur des cas. Ceci fit réfléchir le prince qui paraissait jusque là très enthousiasmé à l’idée de cette armée mixte, peu expérimenté mais si vaste et confiante. Tout au long de cette mâtinée nous observâmes ces gens qui montraient leurs muscles saillants et le fruit de leurs constructions. Le petit stratège se plaisait à imaginer à chacun d’eux un rôle différent. _Il sera archer, Me disait-il en me montrant un jeune garçon avec son lance-pierre. Lui, il sera en première ligne, lui sera à cheval… Moi qui m’étais préparé à l’échec, voilà que je devais désormais le modérer. Le soir, il en fit de même et nous finîmes au fil des jours par planifier un moyen pour transformer les mentalités, pour reconstruire les villages et les restructurer. En échange le futur roi ne devait plus opprimer son peuple. Je le convaincs aisément de la nécessité que ses gens le considèrent comme un bon roi, qu’ils le respectent et ne le craignent pas. Malgré ceci, j’observai chez le dauphin une certaine réticence à abandonner ses privilèges le rendait soucieux. Deux jours avant la fin de notre marché, ce dernier me conduisit à cheval dans un village un peu plus éloigné que d’habitude. Ce matin là, pendant notre ronde autour de la bourgade, nous entendîmes des voix s’élever. Tout en restant aux abords des maisons, nous aperçûmes ces gens, isolés, qui sûrement se croyaient seule. Il s’agissait d’une jeune femme au prise avec plusieurs villageois. Je décidai de passer mon chemin, les différents agresseurs étant bien plus forts que nous mais le prince lui s’arrêta. Nous étions cachés par un léger buisson mais je ne voulais pas me risquer ici. _Ces disputes ne nous regardent pas, dis-je au prince en tentant de le tirer hors d’ici. _Elle sera mienne ! Annonça Hubert subitement, en fixant ces individus. _Tu dois perdre cette habitude si tu veux devenir un bon roi. _Elle fera j’en suis sûre une parfaite servante. Je tentai de la raisonner mais ce jeune arrogant capricieux ne voulais rien entendre et répondit à mes conseils violemment. _Arrête, tu m’énerves avec tes propos stupides. Je suis encore le maître chez moi.
Sur ces mots, excédé, le prince sortit du buisson et se dirigea vers la jeune qui se débattait au milieu de trois jeunes hommes. Elle était brune, les cheveux mi-longs, vêtu d’une vieille robe salit par le temps. Le prince arrivant à côté d’elle, stupéfiant les autres personnes, s’écria avec autorité : _Au nom du roi, j’emmène cette demoiselle au château. Il la prit par le bras et commença à la tirer hors d’ici mais elle se débattit et dégagea son bras en grognant : _Je n’ai pas besoin de toi pour me débarrasser d’eux. Les trois paysans qui l’entouraient riaient, l’un d’eux s’exclama. _C’est tout ce que tu as trouvé comme protection ? _J’ai pas besoin de me protéger contre vous, reprit la splendide sauvageonne courroucée, même un môme vous ferait peur. _Alors là ! Hurla l’imposant homme du peuple, tu vas regretter de ne pas t’être montrer plus docile avec nous. _Pas un pas au nom du roi, cria le dauphin aux trois hommes. « Il faut reconnaître qu’il a du courage » murmurais-je tapis à la lisère du bois. _Toi le nain tu dégages ! Ordonna énervé, le villageois le plus éloigné de moi. J’étais sortis de ma cachette mais ils étaient tellement absorbés par leur débat que personne ne m’avait remarqué. Les trois vagabonds s’étaient regroupés à ma droite et avançaient, tel des guerriers, à quelques mètres du couple de fortune. Le roi sortit son épée mais il fut aussitôt désarmé par un des hommes qui arrivait sur lui. Il reçut un coup qui le fit tomber à terre. A ce moment là, je courai vers le paysan et bondissant sur lui, je le renversai sur le mur d’une battisse environnante. En me retournant, je frappai ardemment son compagnon qui s’avançait en courant pour secourir son ami. La force avec je lui assénai ce coup le fit tomber à terre, me procurant par la même une pénible sensation à la main et je me courbai en tenant cette dernière endolorie. Pendant ce temps le dernier des assaillants étaient apparut sur le côté et s’apprêtait à me frapper. La jeune ramassa une pierre qu’elle lança sur l’œil de mon ennemie, relevant ma tête je demandai au prince et à la demoiselle de fuir. Avant de partir je frappai par vengeance un des paysans au sol. Après avoir couru un long moment nous nous arrêtâmes à l’intérieur de la forêt qui bordait le village. Épuisés, reprenant notre souffle, j’essayai péniblement de débiter quelques paroles pour comprendre notre situation. _Que… Que te voulaient-ils ? Bégayais-je exténué. _J’ai bousculé l’un d’eux. _Pourquoi ? _Ils sont trop grossier et se croient tout permis. La jeune femme respirait fortement laissant sa forte poitrine se gonfler sous nos regards hypnotisés par une telle beauté. Elle était resplendissante et ses simples habits mettaient en valeur sa fine taille, laissant paraître son caractère téméraire. Sa robe usagée, était plaquée contre ses jambes et ne descendait pas plus bas que ses genoux. Le sourire aux lèvres elle regardait de ses grands yeux verts l’horizon jusqu’à ce que le jeune prince s’exclame. _ Quelle raclé ! « Allez viens-toi » reprit-il méprisant à la jeune femme, en serrant son bras et la poussant à le suivre. _Que fais-tu !? Fit-elle en dégageant son bras une nouvelle fois. _Viens ! Ordonna le futur roi impatient. _Pour qui te prends-tu ? Répondit-elle en s’éloignant. Le jeune prince s’approcha d’elle et voulu l’emmener de force mais elle se débattit et il dut la lâcher. Ayant été frappé à la tête par cette dernière, le prince voulu la suivre pour la rattraper mais je le retins en posant la paume de main sur son torse. _Arrête ! Lui soufflais-je dépité. _Toi, ne me donne pas d’ordre.
Il écarta brutalement ma main et voyant qu’il ne pourrait plus rattraper la jeune femme, il se retourna nerveusement en me jetant un regard glacial. Nous rentrâmes aussitôt ce conflit terminé. Cet événement m’avait ouvert les yeux sur la véritable nature du prince, il était désormais trop tard pour le changer, il resterait un ogre avide de pouvoir et j’allais remplacer un monstre par son homologue sur un trône qui n’aura su être autre chose qu’un abus de plus dans la vie de ces hommes ignorants. Le soir arriva plus rapidement que prévu mais cette fois-ci, découragé, je n’accompagnais pas Hubert dans ses villages, je lui fit part de mon intention de cesser nos promenades, sachant celle-ci inutiles. Je m’attendais à voir le dauphin soulagé mais au lieu de cela, il s’éloigna sans dire un mot, son regard fixant le sol solennellement. Je retournai là où j’avais aperçu la fille du roi jouer de la harpe et pensai qu’elle ne méritait pas un tel sort. Elle était belle et pleine de vie, tout ceci gâcher par la cupidité et l’ignorance de quelques hommes qui au nom d’un dieu ou du pouvoir ont créé une véritable entreprise de démolition de l’âme humaine. Comme par magie, peut-être un des bons côtés du maître de ce monde qui se manifestait enfin, elle arriva près de moi. Sans dire un seul mot nous nous regardâmes, je fixais la harpe qu’elle tenait précieusement, seul sourire à sa vie et seul capable de détourné de la mélancolie qui m’inonde. Doucement ses lèvres commencèrent à bouger mais je la stoppai aussitôt, maintenant ce paisible contacte que l’immobile quiétude rendait infinie. Elle pris sa harpe et sous ses yeux ravis se dessina sur mes lèvres un sourire et mon visage jusqu’ici si triste fut traversé par un éclair de joie. Elle joua longtemps, très longtemps, mais le temps n’avait plus d’emprise sur moi, tant que cette music continuerait d’illuminer mon cœur. Je ne cessais de la contemplé et elle restait attentive aux moindres sons de son instrument. La lune se reflétait dans ses doux cheveux d’un noir plus profond que les cieux. Je contemplais une étoile parmi les étoiles, une étoile condamné au silence parce que je n’avais pas su faire céder la prison qui l'enfermait. Désormais la music envahissait tout mon corps, je ne pensais plus à rien, cet instant magique ne devait pas être troubler. Dans ce silence absolu seul la music régnait et nous restâmes heureux des heures durant, sans un mot, juste des sons et cette image, celle d’une princesse plus belle qu’un soleil au milieu des étoiles caressant une harpe, une simple harpe… La lune avait cessé d’illuminer son visage et ses doigts ne frôlèrent plus sa harpe. _Je dois rentrer, me dit-elle comme navré par une telle fin. Je ne sus rien répondre d’autre que « merci » avant de la voir repartir à regret. Je ne pus me résoudre à retourner me coucher et restai quelques temps à marcher en me remémorant cette music douce et enivrante. Cette nuit-là néanmoins, je vis partir le dauphin avec un petit groupe de soldats puis rentrer un peu plus tard en se dirigeant vers les cachots. Il emmenait grâce à son escouade un prisonnier que la nuit m’empêché de distinguer. Même si je me doutais de son identité je voulus m’en assurer. J’entrai dans la prison du roi où j’avais été enfermé naguère, et je découvris dans un des cachots les mieux entretenus, le plus proche du château, celle que nous avions secouru le soir-même. J’approchais de sa cellule et empoignant les barreaux je lui soufflais, honteux de cette situation : _Je suis désolé… A ces mots, la belle jeune femme s’avança furieusement et me cracha à la figure en vomissant : _Je me fou de vos états d’âme, moi ce que je veux, c’est sortir d’ici. Malgré le mépris qu’elle éprouvait à mon égard, je me résolus de ne pas la laisser seule et ne retournai pas dans ma chambre jusqu’au levé du jour. Je n’avais point confiance envers les gardes qui m’avaient surveillé autrefois et qui désormais gardaient cette cellule. Ces derniers connaissant ma renommé et l’estime que me portait le roi, se cachèrent bien de manifester
leur violence avec la prisonnière que je tentais vainement de réconforter. Peu à peu, le temps passant, je m’endormis sur le seuil de son cachot, fatigué. Le lendemain matin, je fus délicatement réveillé par celle que j’avais tentée de veiller. Une fois sortit de ma torpeur, j’entendis une douce voix me souffler à l’oreille. _Je suis désolé de vous avoir traité ainsi hier ainsi hier soir, ce n’est pas votre faute. _Merci… répondis en me retournant, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous faire sortir d’ici. _Bien mais qui êtes-vous, mon nom est Orthence. Vous n’avez pas l’air d’être un homme de la cour pourtant vous êtes toujours avec le roi. Seriez-vous son valet ? _Non, non, loin de là, je ne suis qu’un nomade qui cherche çà et là de quoi vivre. _…Je me disais bien que vous n’étiez pas comme eux, reprit-elle amicalement en s’asseyant à mes côtés. _Pourquoi, cela se voit-il autant ? A ces mots elle sourit en me répondant qu’elle ne connaissait personne à la cour capable de dormir dans un endroit aussi sordide que celui-ci. _Vous savez, avant d’être de ce côté, j’étais à votre place, à quelques cachot plus au fond. Nous discutâmes ainsi longtemps, je lui racontais comment j’étais venu ici, comment je devins prisonnier moi aussi, du même tyran, et avait la connaissance de la fille du roi. J’omis quelques détail du genre de celle qui m’avait fissuré une dent pour aller chercher un rat. J’espérais pour elle un meilleur sort cependant je savais être impuissant devant la volonté du dauphin. Elle me raconta la vie qu’elle avait menée jusque-là dans son village, son rôle, la profession de ses parents : Des fermiers sans grandes prétentions qui subissaient avec résignation les pressions du roi, ses envies, et maintenant les désirs de son fils… la discussion s’emballait jusqu’à c que coupant nos élans respectifs, le responsable du sort de la captive vint se joindre à nous. _Je vois que tu as eu plus que moi avec cette gueuse, exclama Hubert, vêtus de ses plus riches habits, munie de gants fourrés et de colliers dorés. A la vue de ce dernier je quittai la salle, frôlant le prince indifféremment. _Je ne suis pas une gueuse ! Contesta la femme insoumise. Écoutant ce triste spectacle, je ne pus m’empêcher d’intervenir. Faisant dos au prince, j’exclamai : _Je ne sais pas lequel de vous deux est le véritable mendiant : Est-ce elle, qui gagne sa vie en travaillant la terre ou toi, qui pie leur village en restant assis sur un trône que tu ne mérite pas ? _Je t’interdis…Protesta l’homme aux mains ganté. Je fis alors volte-face et l’interrompis : _Tu ne m’interdis rien du tout, demain je respecterais les closes de notre contrat et je partirais loin d’ici. _Ingrat, l’homme que tu es… _Et que m’as-tu apporté pour mériter ce renom ? _Je t’ai accompagné dans tes sorties ridicules. _Je pensais pouvoir te rendre meilleur mais je m’aperçois que ceci n’était qu’utopie de ma part. Ceux qui sont cupides et ignorants doivent garder ce fardeau toute leur vie. Les gardes brusquement s’étaient levés et s’apprêtaient à me faire payer mon insolence lorsque le dauphin les somma de me laisser partir en les stoppant avec son bras. Je partis vers la sortie prison et n’eut pas le temps d’entendre la prisonnière cracher et vomir des injures sur le prince. Une fois arrivé sur le seuil de la prison je me postai à côté de la porte. Je ne dus pas attendre longtemps avant de voir sortir fou de rage le riche présomptueux s’essuyant le visage, et qui se dirigeait aigri vers le château pour déjeuner. Je le suivis bientôt et pendant le repas,
amassai de la nourriture pour la jeune insolente que convoitait le prince. Je remarquai en outre que ce dernier ne mangeait pas et restait silencieux. Le roi lui, ne semblait pas préoccupé par cette situation et continuait à s’enivrer paisiblement. Le repas terminé, Hubert pris son cheval et partie, seule, vers la forêt tandis que moi, je me dirigeais vers la prison. Arrivé à la sortie de la demeure royale, j’entendis quelqu’un hélé derrière moi. Quittant des yeux Hubert qui s’éloignait du château, je me retournai et vis la magnifique Sabrina accourir dans ma direction. _Monsieur, où allez-vous ? _Voir une amie. Arrivant devant moi elle s’arrêta et me fit part du regret qu’elle eut de ne pas m’avoir revu plus tôt. _J’étais très occupé, éclaircissais-je mystérieux, tout en restant de marbre malgré le charme de la princesse auquel je n’étais pas insensible. Cependant, même si j’essayais de cacher mon inclination, je ne pouvais d’épier inlassablement une telle beauté et restait admiratif devant une telle finesse d’esprit. Ma tentative avec le prince avait échoué mais je restais reconnaissant envers l’investigatrice de cette ingénieuse idée. Sa robe, d’un rouge écarlate, était longue et effilée. Elle ne laissait qu’à peine entrevoir les pieds de la demoiselle. Bordé de dentelle blanche, elle s’amincissait à la taille mettant ainsi en valeur ses seins fins et voluptueux. _Pourrais-je vous accompagner ? Me demanda t’elle brusquement. _Heu…Hein, ! Repris-je surpris en détournant mon regard de cette délicieuse image. _Puis-je vous accompagner ? Répéta t’elle une nouvelle fois. _Oui, bien sûre, je vais à la prison mais ceci n’a rien de réjouissant. Nous nous dirigeâmes vers l’entrée du passage secret menant aux cellules. _Votre amie est captive ?! Qu’a t’elle fait ? _Elle plaît à votre frère, voilà sa seule faute. _Mon frère est capricieux, ça lui passera si elle cède à ses exigences. _Et si elle ne veut pas ? _Je crains qu’elle y soit contrainte, ici, nous ne sommes rien, c’est pourquoi j’aurais aimé changer de roi. Je crus discerner dans ces paroles un espoir, ses cheveux se balançaient aux grés du vent, peu de gardes étaient là. Nous restâmes ensemble, de mon côté je ne partageais pas les mêmes espérances. _Je ne pense toujours pas que votre frère soit meilleur que votre père. _Il ne peut pas être pire. _On dit toujours çà avant… Nous entrâmes dans le souterrain menant aux cachots lorsque je crus entendre la voie d’Orthence ainsi que celle des gardes. _« A l’aide » _ « Laisse toi faire salope » _ « Lâche-moi connard ou tu vas regretter d’être venue au monde… » Dès que j’entendis ces hurlements, je lâchai la nourriture et me précipitai vers le tumulte accompagné de Sabrina. Pendant ce temps, des cries continuaient à se faire entendre. _ « Tu vas voir ce que je vais te faire sale chienne » Un bruit sourd résonna et un soupir de douleur retentit et une voie masculine clama.. _ « Mais c’est qu’elle mordrait » Je vis les deux hommes, l’un était à terre, recroquevillé, en se tenant le sexe, l’autre se tenait debout devant la pauvre prisonnière désarmé. Apeurée, la captive calfeutrée contre le mur regardait ce dernier approcher tranquillement, le sourire aux lèvres. Je m’approchai rapidement de lui et pénétrant dans le cachot, je me projetai contre ce dernier et le plaquai contre le mur. Il me frappa au ventre avec son coude, je lâchai mon emprise sur lui et il en
profita pour me frapper au visage. Étourdis, je me posai contre les barreaux de la cellule. Il s’apprêtait à me battre quand la princesse apparut : _Halte ! Ordonna t’elle avec puissance. Le soldat s’arrêta et doucement, il reprit ses fonctions, me lançant un regard menaçant. Son compagnon lui, tentait péniblement de le suivre, macérant frénétiquement ce qui lui restait de ses organes génitaux. Je me plaçais au côté de la martyr et plaçait sa tête sur mon corps, la laissant souffler puis s’endormir peu à peu, tentant de la rassurer par des mots simples. Sabrina s’installa avec moi et nous restâmes ainsi l’après-midi durant. Surveillée par les gardes, la porte de la cellule, sans un mot, juste demeurait le silence…Un silence dure… Qui fait peur.
LES PROFONDEURS DE L’ÂME Avec le temps, Orthence revint à elle. Le soir arrivait et quoique encore choqué par les dernières péripéties, elle commença à chuchoter les prémices d’une tentative d’évasion. Je restais sceptique quant à la réussite de notre projet, les gardes étaient armées et ne nous quittaient pas des yeux, de plus Sabrina serait après une telle escapade en très mauvaise posture devant son père. Malgré cela, elle émit l’hypothèse d’une diversion, nous partîmes en dehors de la geôle puis demanderions l’appuie des soldats. Cependant si nous sortions du cachot où était enfermé Orthence, les gardes la fermeraient aussitôt. Nous conclûmes que Sabrina resterait ici avec Orthence et que moi je sortirais à l’extérieur héler de l’aide. Ainsi je retirai, une fois à l’air libre je m’apprêtais à hurler quand je vis apparaître le prince Hubert visiblement très éprouvé se diriger vers moi. Ne pouvant plus mener à bien ma mission, je me résolus de l’accompagner et regagnais l’antre souterrain que je venais juste de quitter. Le prince n’avait plus rien de familier avec celui qui jadis se promenait avec moi dans ce royaume. Il y a quelques temps, le prince, s’il n’était pas exalté de joie, semblait satisfait de sa situation, mais depuis que nous avions cessé nos promenades et qu’il avait rencontré Orthence, il était muet. Chacun de ses pas semblait lui coûter la vie, il était devenu vieux et solitaire. Les meneuses de l’expédition devaient certainement s’impatienter où peut-être même s’inquiéter puis elles me virent revenir accompagner du prince. Ce dernier, préoccupé, semblait ne pas se soucier de ma présence, un léger sourire lors de notre rencontre montrait qu’il ne m’avait pas oublié. Les gardes, surpris, voulurent enfermer Orthence et nonchalamment, tandis que l’un tenait la porte, l’autre emmenait la princesse hors du cachot. _Laissez ! Ordonna modestement l’influent homme. Dans un silence absolu, il s’approcha de la cellule ne laissant paraître dans la salle obscure que le clapotement de ses pas sur le sol humide. Sobrement, il prit la porte qui condamnait la fougueuse prisonnière puis avec une voie serrée, il murmura à la détenue : _ Vous pouvez partir… Je n’osais croire à ce que je venais d’entendre. La sœur de ce dernier ravi, ne cessait de le regarder curieusement alors qu’Orthence s’était relevé et avançait jusqu’à lui en soupirant : _Qu’avez-vous dit ? _Partez ! Je vous laisse libre. _Comment ? Pourquoi faîtes-vous cela ? _J’ai appris, avec un ami sincère que l’on ne pouvait tout avoir par le pouvoir. Le geôlier avec lequel j’avais combattu s’exclama : _Mais que faîtes-vous Sir, il s’agit d’une prisonnière. Ce dernier qui sûrement souhaitait finir ce qu’il n’avait pas eu le temps de commencer avec mon amie, me répugnait. Je précisai en m’adressant à celui-ci _Obéit à ton prince et maître, vulgaire soldat. Orthence n’était toujours pas parti puis pénétrant dans sa cellule elle affirma inquiète : _C’est un piège, c’est çà. Vous attendez et une fois que je serais sortie, vous lancerez sur moi vos sbires pour me tuer. _ Si j’avais voulu le faire, je l’aurais déjà fait, fit-il calmement en jetant un regard discret. _C’est vrai, ajoutai-je. Cette prison est remplit de gardes prêts à tout pour satisfaire leur maître. Tout en m’écoutant, elle sortit et s’éloigna. J’entendis le prince soupirer et je le vis courber l’échine, laissant une larme délicate couler sur son visage. Je m’approchai de lui et voulus savoir pourquoi il avait fait un tel geste ?
_Je crois avoir compris, répondit-il attristé, puis rêveusement il poursuivit. « En la voyant, elle, si belle et si farouche, j’ai crû que… Je ne sais pas… Tu crois qu’elle sait ce que je ressens pour elle ? _Si elle ne le sait pas, elle saura. _A l’heure qu’il est, elle est partie. Trop de choses se sont passés. _Il est temps de rentrer prince. Je laissais Sabrina raccompagner le prince dans ses appartements puis je lui lançais : _Je suis sûre que tu feras un bon roi. _Merci, répondit-il douloureusement, mais je ne suis plus sûre de vouloir le devenir. Il partit hors d’ici tandis que moi, emplie de fierté, je le vis disparaître au loin. _Le prince est devenu une lopette s’exclama le garde que j’avais combattu. Voyant une lourde pierre sur le sol je la pris et je proposa au gardien de la cellule d’un ton hargneux. _Qu’a-tu contre le prince vieux gâteux ? _Tu veux te battre, t’en as pas eu assez tout à l’heure ? _Viens ! D’homme à homme. Lâchant ses armes il s’approcha et projetant mon énorme pierre au bout de mon bras je lui assénai un violent coup qui le fit vaciller puis sombrer, assommé. _D’homme à homme mais pas à main nue, crétin. Complétais-je ironiquement en quittant la pièce. Une fois sortie je tachai de retrouver Orthence même si je ne comprenais pas exactement ce qui s’était produit dans l’esprit du prince je sentais que laissez partir l’ensorcelante paysanne serait une erreur. Je partis en courant vers la sortie du château fortifiée. Je ne tardais pas à rencontrer cette dernière et l’accostant, je lui proposai de dormir dans une des chambres du château secrètement. _Désolé, je dormirais mal ici, j’ai trop souffert. _Tu n’as plus rien à craindre, le prince a changé. _Je ne pense pas qu’on puisse changer en si peu de temps. _Oh si ! On peut crois-moi. Cela m’est déjà arrivé, je suis passer de voleur sans cœur en chevalier maladroit en moins d’une heure. On peut changer, cela dépend de ce qu’on ressent. _Impossible ! _Si tu restes, je te raconterais. Malgré quelques hésitations elle céda et je passai ma nuit à raconter à cette dernière ma précieuse aventure. Nous dormîmes dans la même pièce et je goûtai à nouveau aux joies du repos sur le sol. Le lendemain était le jour tant redouté. J’attendis le prince au pied de sa résidence et dès qu’il fut sortit, paré de ses majestueux vêtements, ses cheveux châtains encore un peu ébouriffés, je lui demandai mes instructions. _J’y ai longuement réfléchie, je ne veux plus être roi, du moins pas comme çà. Je neveux pas ressembler à mon père. D’ailleurs toi aussi tu es libre, j’annule notre contrat. _Mais… Il se retourna et mis ses mains sur mes épaules. _Sache que pour moi tu resteras le seul ami que j’ai jamais eu, pour çà je te suis très reconnaissant, maintenant tu peux disposer. Il se rendit dans la salle où devait avoir lieu le repas, je restais bouche-bée sur le palier et le regardais consterné se diriger vers son destin. _Il ne pouvait en être ainsi, me mis-je à penser, il fallait en finir avec ce maudit roi. Sabrina aurait sûrement une solution. Je revins dans mes appartements, l’heure matinale ne permettant pas d’espéré retrouver la princesse. Ce pendant, rendu au seuil de ma porte, j’hésitais….
Orthence dormait encore et Sabrina souhaitait autant que moi voir son frère sur le trône. Je me détournai de cette pièce occupée pour retourner à mon objectif premier. Me dirigeant vers le logement de la dame je commençais à guetter minutieusement les gardes. Une fois arrivé, j’attendis que les gardes soient éloignés pour essayer de rentrer. Hélas la porte était fermée et je dus frapper pour espérer rentrer sans provoquer la peur de la séduisante joueuse de harpe. Il n’y eut aucune réponse, elle dormait encore. Pour espérer rentrer, je devais la réveiller, comment pouvais-je faire assez de bruit pour attirer l’attention de cette ingénieuse sylphide. Après un instant d’intense réflexion, je me résolus définitivement à faire un des stratagèmes les plus couramment utilisé dans cette situation : Je criais de tout mes forces : _AAAH ! Fis-je effroyablement. Les gardes accoururent aussitôt. _Que se passe t’il ? Me demandèrent-ils. _Une araignée, là ! _Quoi ?! Firent les gardes excédés par cette stupide mascarade. _Elle est là !… AAAH ! Insistais-je bruyamment. _Quelle lopette ! reprit discrètement un des gardes en se courbant dans la direction que j’indiquais du doigt. Elle est où ? Là ? Après un tel vacarme je sentis la princesse pousser la porte sur laquelle j’étais appuyé. _Alors elle est où couard ? Questionna un autre soldat. _Elle est partie, vous pouvez disposer. _Et ça chasse les dragons ! Fit le combattant méprisant. Je restait appuyé contre la porte de la princesse, quand je sentis celle-ci bouger avec de plus en plus d’insistance, je m’écartais délicatement. Dès que le visage de celle que recherchait apparut, je bloquai la porte. _Mais que…S’écria t’elle. Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase que, posant ma main sur sa bouche, je lui expliquai doucement et tranquillement la situation. _Il y a un problème avec le prince. _Entrez ! Je l’entendis refermer la porte derrière moi. La chambre était soigneusement rangée. Deux imposant placard à ma gauche laissait entrevoir une multitude de robes magnifique alors que le lit en face de ceux-ci était recouvert d’un fin drap de soie bleu qui pendait sur le sol et sur lequel était placé, accroché à un dais, de long tissus de lin rose. En face de moi, une fenêtre, partagé en quatre carrés de verre laissait entrevoir un splendide soleil levant. _Que se passe t’il avec mon frère ? Demanda Sabrina. _Il ne veut plus être roi. _Je pensais que vous ne souhaitiez pas voir mon frère sur le trône. _Oui mais j’ai changé d’avis, aidez-moi. Je dois trouver un moyen d’assassiner le roi sans être vu ? _Hum… Je possède un flacon de poison que je conserve sous mon lit, cela nous permettra de ne pas le tuer de nos propres mains. _D’abord, c’est moi qui effectuerais cette tache et puis, pourquoi possédez-vous ce flacon ? _Au cas où, si je devais épouser le chef des armées de mon père, c’est gros porc, maladroit et stupide qui est grossier et malfaisant. _En somme, il ressemble à un roi. _Si pour vous un roi c’est çà alors vous pouvez même pas imaginer à quel point il l’est.
_Bon, revenons à notre affaire. Combien y a t’il de garde aux cuisines, j’en ai remarqué deux à l’entrée de la porte et je pense savoir comment les leurrer pour y pénétrer cependant il me faut en être sûre. _Il ne faudra le verser aux cuisines, il y a un goûteur qui examine chaque plat dès sa sortie des fourneaux. Il faudra exécuter mon père pendant le repas. Pétrifié par cette idée, je m’assis sur le lit. _Comment faire ? Avouais-je abattu. _ Lui insérer dans son verre, c’est risqué mais je crains n’avoir pas le choix. _Le faire boire sera facile, le rendre saoul ira avec, mais comment ne pas me faire remarquer par les invités. _Si on veut que la folie soit générale, il faut quelque chose à souhaiter. _Le dragon ! Je suis sûre que si j’annonce au roi avoir retrouver le dragon et être prêt à le chasser, il en sera si heureux qu’il festoiera et cédera surtout si j’arrive à devancer ces envies. _On peut essayer, moi pour ma part je tacherai d’emmener au roi notre alcool le plus fort ainsi qu’à tous les invités. _Très bien, on exécutera notre plan ce soir, le roi sera alors plus entrain à la fête. Je pris la fiole et me préparai à sortir lorsque soucieux je priai à Sabrina de bien vouloir m’expliciter quel genre de poison était-ce. Était-il puissant et rapide ou autre ? _Le roi devra boire environ le quart de la fiole et ne moura aussitôt, il se pourrait qu’il survive un jour ou deux. _«à sera suffisant. Je retournais à mes appartements afin de réfléchir à une stratégie à effectuer mais aucunes idées ne vint à mon esprit. Dès qu’Orthence se fut levé, je la priai de m’attendre et une fois le repas terminé, je lui rapportai une partie de la pitance. Je passai l’après-midi seule dans les bois à penser à ma mission. Le prince demeurait seul sur la cour du château, à côté de la fontaine, lorsque je partis. Il semblai attristé, Orthence, elle visitait discrètement le château en faisant attention de ne rencontrer personne qui pourrait la reconnaître, tandis que Sabrina effectuait les préparatifs de la soirée. Le soir vint rapidement et je n’avais toujours pas élaboré de plan. La fiole caché minutieusement à l’intérieur de ma tunique, je me dirigeai vers la salle où devait se dérouler le repas. Tous les gens étaient déjà installés, j’arrivai essayant de paraître émoustillé par la nouvelle que je devais annoncer. Je m’approchai du maître des lieux en souriant. _Sir, je viens de retrouver la trace du dragon. _Comment ? S’écria t’il plein de joie, mon trophée est revenu. Fantastique, que l’on sorte mon meilleur vin. Ce soir est le mien.. _Toi, fit-il en me regardant, prend place et fête ce miséricordieux événement avec nous. Le soir se passa comme je l’avais prévu, le roi et ses sujets s’enivraient avec délectation et je veillais à ce que cela ne change pas. Moi, pour éviter les foudres du roi, je feignais d’être ivre comme je l’avais jadis et dès qu’une personne perdait son élan je m’approchais et le poussait à poursuivre la fête et à boire. _Vous devriez finir votre verre comte de Procis. Vous ne voudriez pas froisser l’humeur de notre roi et maître. _Je suis désolé, la tête me tourne et… _Moi je ne demande qu’à vous croire mais je doute que le roi lui comprenne votre attitude. Le comte prit son verre, les mains tremblante, et bus ce jus de fièvre.
_Allez, encore…Voilà ! Conclu-je une fois que le comte avait retirer le verre de sa bouche. « Voyez le roi comme il sourit, cependant attention, je crois qu’il vous a l’œil » _Merci, monsieur. _Ceci est normal… Je fis de même avec les autres récalcitrants tant et si bien que l’alcool aidant, tout le monde se senti bientôt surveillé par le monarque qui loin de cette idée fêtait cet heureux événement avec gaieté. Certains malades sortaient mais rare sont ceux qui atteignaient la cour à temps, seul Hubert, peu enthousiasmé par cette farce, n’était pas encore saoul. C’était le moment de faire avaler le fabuleux mélange que contenait la fiole cependant même si la foule pour la plupart ne pouvait plus exprimer une seule parole sensée, mettre le contenu de cette fiole directement dans le verre du roi éveillerait les soupçons, pourtant il fallait trouver une solution et vite. La seule idée qui me vint à l’esprit, risqué, fut de verser le poison dans mon verre. Pour que la mise en scène soit parfaite, je simulais un malaise et accourrant vers la sortis, j’emportais ma coupe. Une fois dehors, je versais le contenue de la fiole dans cette dernière et la proposait au roi enthousiasmé. _Chez moi, lorsque deux personnes passent un important contrat et que chacun est heureux de celui-ci, ils boivent le verre de l’am… de la glorification. Je n’avais pas dit amitié car je sentais bien que le roi portait plus d’attention à la gloire qu’aux amis. De plus glorification était un mot qui avait plus d’ampleur. _Qu’est ce que cela ? Interrogea le souverain. _Chacun boit dans le verre de l’autre pour montrer sa puissance et son autorité. Celui qui boit le plus domine, l’autre se soumet. _Ah ! Ah ! C’est un symbole merveilleux, donne-moi ton verre, je vais te ridiculiser. Il but mon verre d’une traite alors que moi, le regardant, je touchai à peine au sien. _Très bien, soumets-toi maintenant ah ah… _Il sera fait selon vos ordres seigneur. Je m’agenouillai devant celui-ci qui me fit tomber en me poussant du pied devant l’hilarité général. _Donnez-moi vos verres maintenant et soumettez-vous, cria l’homme orgueilleux en faisant le tour de la table et en explosant de rire. J’avais terminé ma mission, mon cœur avait cessé de battre la chamade. Exténué par tant de frayeur, soulagé de cette lourde tache, je sentis mes jambes défaillir et ne me relevais plus de ce sol puant et recouvert des restes du repas. Nageant dans un bonheur divisé entre l’espoir d’un avenir meilleur pour cette contré et l’horreur de l’acte que je venais de commettre, je m’extasiais devant la réussite d’une telle tache. Je sombrais dans un repos lord et ténébreux, d’où personne ne pus me tirer avant le lendemain matin. La nuit passa vite, je me réveillai, allongé dans ma chambre. Je ne savais pas qui m’avait acheminé jusqu’ici et cela m’importait guère. Je n’attendis pas cependant à le savoir. _Vous êtes réveillés ? Me fit constater une voie douce et harmonieuse. Étourdis, j’ouvris les yeux et distinguais qu’une vague silhouette féminine. Peu à peu, la demoiselle approchant, les contours s’affinaient et je reconnus Sabrina. Vêtu d’un simple corsage gris et d’une longue robe blanche, elle s’assit près de moi et, se courbant pour me faire avaler un bol de thé chaud, me laissa humer la douce odeur de ses longs cheveux. _Le roi est mort cette nuit, apporta t’elle souriante. J’étais sûre qu’il ne pourrait pas supporter l’effet du poison longtemps. Dans quelques jours, mon frère sera sacré le nouveau roi de Nemis. _Ils n’ont pas cherché les coupables. _Mon père est mort pendant son sommeil et mon frère ne veut pas de sang. Je crois qu’il sait…
_Cela ne serait pas étonnant. _Bon, fit-elle nerveuse. _Bien continuais-je en ne cessant pas de la regarder. _Je…Je vais vous laisser vous préparer. _Parfait. Nous étions gênés par une pareille situation, l’attention que me portait la princesse m’importait beaucoup. Elle m’avait veillé une partie de la nuit et semblait se rapprocher de plus en plus de moi. _Je … Vous…, Dit-elle avec hésitation. Vous connaissez beaucoup de femmes à travers le monde ? _Oui, j’en ai connu une en particulier. _Ah ! S’écria t’elle alarmé. Je vous laisse maintenant, j’espère vous revoir bientôt. _A bientôt, fis-je pensif. Je n’eus pas de mal à me préparer, elle avait mis sur ma chaise les habits les plus somptueux que j’avais vu jusqu’à présent. Pendant que je mettais mes vêtements, je me demandais où était passé Orthence. Peut-être était-elle partie, en tout cas j’avais fait ce que je pouvais pour la retenir, mon intuition m’avait certainement trahit. Je passai voir le futur roi, comment allait-il réagir ? Je frappai à la porte de la salle où ce dernier devait effectuer les dernières modifications pour l’enterrement de son père. _Entrez ! Je pénétrai dans la pièce, un miroir renvoyait mon reflet et de grandes chandelles illuminaient les alentours. Hubert me tournait le dos et vit mon image apparaître sur le miroir, il s’exclama : _Pourquoi avoir fait cela ? _J’ai fait ce qu’il ma semblé être le meilleur pour votre peuple votre altesse. Il se retourna et me demanda d’approcher. Je m’exécutai avec assiduité. _D’abord tu m’appelles mon altesse et puis…, proclama t’il sévèrement. Félicite le nouveau roi. Il avait pris un ton jovial et me tendait les bras. Je ne pus résister à l’envie qui m’envahissait et bafouant l’étiquette, je me jetais sur mon ami. _Félicitation petit prince. Nus éloignâmes nos corps enlacés et l’homme transformé me remercia en me tenant les épaules. _Comment, je rêve. J’ai bien entendu « merci » Le roi écarta ses mains et soupira discrètement. _Je finis ces préparatifs, tu peux disposer. _Qu’il en soit ainsi, mon ami. Conclu-je en me courbant. Je quittais la salle et allais rejoindre Sabrina à la fontaine, dans le parc du château. Elle était assise, belle comme le jour, douce comme la nuit. Nous discutâmes longtemps. _Orthence est partie, me demanda t’elle. _Oui je crois, mais comment sais-tu qu’elle était ici ? _Je l’ai vu sortir quand je t’ai emmené à ta chambre. Où étais-tu avant de venir ici ? _Je voyage çà et là mais je croyais que tu le savais déjà. _Tu n’as donc pas de chez toi ? s’exclama t’elle surprise. _On peut dire çà. _Ca doit être dure. _C’est juste une autre façon de vivre. _Et tu n’as jamais voulu arrêter cette vie et t’installer. _Ca m’est arrivé oui.
_Ah oui, où çà ? _Dans un lointain royaume, il se nomme Ménélas. _J’en ais entendue parlé, il s’y passe de drôle de choses sais-tu ? _Oui, des choses bien, ce royaume est le plus merveilleux que j’ai eu la chance de visiter. _Cela m’étonne. Le temps passait, Sabrina et moi-même devinrent de plus en plus complice. L’enterrement du roi se fit dans le faste qu’il aurait souhaité je pense. Son tombeau était fait d’or et d’argent avec çà et là quelques incrustation de pierre précieuse. Il fut enterré dans la grande cour, là où avaient déjà été mis en terre les précédents souverains. Après cette somptueuse cérémonie, le prince demanda à ses convives de ne point le déranger et alla se recueillir dans l’église pendant toute la journée. Les jours passaient et je voyais approcher la concrétisation de tous mes efforts. Le roi qui allait gouverner était digne de son rang. Le dauphin et moi-même, nous parlâmes souvent de cette lourde tache. Ce dernier n’avait pas ôté de son esprit le désir de posséder un royaume puissant néanmoins il pensait dans un premier temps à la sécurité du royaume et par la même à rattacher à sa cause toute sa population. Même si je savais qu’il n’oppresserait plus son peuple par nécessité et non pas par envie. Je le sentais plus serein et moins possessif, j’espérais avec le temps voir le bonheur de son royaume mettre un terme à tous ces orgueilleux principes. L’amitié qui nous unissait ne cessait d’être plus fort chaque jour tout comme la complicité qui m’unissait à sa sœur, ce qui semblait le ravir. J’appris à cette dernière les rudiments pour vivre dans la forêt, ce qui nous value de rire beaucoup parfois car mes méthodes n’étaient pas conventionnelles. Je lui appris comment trouver rapidement un abri, ceux qui sont fait pour la pluie et ceux avec lesquels on passe la nuit. Je lui enseignais comment grimper aux arbres et comment rester sur ceux-ci sans tomber. Elle me montra l’organisation du palais, les coutumes, l’étiquette. Je pus enfin approcher un cheval sans en être effrayé, la vie était merveilleuse, j’étais heureux, il ne me manquait qu’une chose… Les préparatifs nécessaires pour le couronnement du nouveau roi étaient prêts, les invités étaient arrivé : Marquis de Joux, Comte de Langfort, Tous ceux qui avaient été là lors de l’assassinat du précédent monarque se trouvaient accompagné par des seigneurs plus puissants encore. La majesté de leurs habits et l’ampleur de leur estime me mis mal à l’aise jusqu’à ce que Sabrina me rejoigne et me montre quoi faire. Le couronnement eut lieu dans l’immense bâtiment juxtaposé au palais, une seule personne dans ce déploiement de magnificence était vêtue simplement comme aurait pu le faire un modeste païen : Le prince Hubert Hyalus. Cette mascarade choqua plus d’un convive, certains ne purent supporter plus d’arrogance, d’autre firent l’éloge de son spectacle ou riaient plus ou moins discrètement. L’évêque paré de pourpre et portant l’emblème du royaume attendit que le jeune homme s’agenouille et délicatement il posa la couronne sur la tête du prince. Puis il y eut des réjouissances auxquels le peuple fut convié, les nobles des entourages furent choqués de voir ces pauvres gens fêter ces événements avec eux et surpris de ne voir ni jeux ni supplices mais juste des saltimbanques divertir le monde présent à cette fête. Les princes et seigneurs qui étaient restés après la mise en scène du nouveau roi furent déçus par cette simple réception et ne mirent que très peu de temps à partir. Hubert fut presque seul devant son peuple, sur le balcon du château où se tenait son père. _Vous êtes mes gens, mon peuple, proclama t’il. Mon rôle est de veiller sur vous et j’espère que vous m’aiderez dans cette quête. Les temps ont souvent été durs, les foudres du destin se sont plus d’une fois abattue sur notre cité. Désormais, j’aspire à des jours meilleurs mais l’heure du repos n’a pas encore sonné. Je reformerais une armée vaillante, l’ordre et la justice règneront de nouveau. Plus personne ne sera bafoué ni exploité. Nous aurons sans nul doute plus de mille dangers à essuyer et plus de mille fois, je souffrirais avec vous. Mais les
terres de Nemis sont à Nemis et, par la grâce de dieu et avec votre aide, nous ferons de ce royaume notre royaume. Cet élan de générosité qui émanait de sa bouche avait enthousiasmé la foule et de partout l’on félicitait et clamait le nouveau roi. Je me mis à côté de lui et dis fièrement : _Si tu agis aussi bien que tu sais parler, tu seras le roi le plus respecté des environs. _Je te le dois mon ami. Le roi resta encore quelques instants au balcon tandis que je m’éclipsais pour rejoindre sa sœur aux abords du château, je la rejoignis ainsi que les gardes qui écoutaient attentivement le discours de leur maître. _Tu as entendu ce qu’il a dit ? L’espace d’un instant, j’ai cru q’un ange s’était dressé devant moi. Sabrina restait rêveuse tout comme la foule envoûtée par ce message d’espoir. _ J’étais aux premières loges. Elle se blottit contre moi et nos corps entrelacés, nous regardâmes la nouvelle lumière qui émanait de la nouvelle couronne. _ Laissez-moi passer, je dois voir le prince mais laissez-moi. Sabrina et moi, nous retournâmes pour savoir d’où venait cette étrange plainte suplicieuse. _ N’est ce pas la voix d’Ortence ? Supposa ma douce compagne _ Attend là, j’arrive. Cette voix effectivement me fit penser à l’ancienne prisonnière du jeune monarque. En approchant de l’entrée du château d’où venait les réclamations successives et saccadées de l’inconnue, je reconnus effectivement la farouche jeune femme. Partagée entre l’espoir et crainte, j’ordonnai aux soldats de la laisser rentrer et de la mener jusqu’au roi. Les gardes, qui connaissaient l’attachement que me portait leur chef, obéirent sans hésiter. Ortence me regarda en souriant puis entra. Je retournais retrouver la ravissante déesse qui m’attendait en laissant planer ce doute horrible : pourquoi Orthence voulait-elle revoir le roi ? Si Orthence désirait mettre fin au règne de notre nouveau roi, je ne pouvais lui ôter cette vengeance ; elle qui avait tant souffert. Dans ce cas j’assisterais à la fin d’un rêve avant qu’il n’ait commencé. Serrant contre moi celle qui m’avait tant donné, je pleurais l’avènement d’un futur incertain. _Que se passe t’il ? Quelque chose te tracasse. La princesse soucieuse de mon inquiétude, voulue partager mon angoisse mais déjà la justice était apparue devant le nouveau roi et ce dernier s’offrait à celle-ci. Accompagnée par les gardes, elle détenait entre ses mains vengeresses, la destinée de la cité. Le roi ouvrit ses bras pour accueillir le verdict et celui-ci ne se fit pas attendre, Son passé accouru vers lui et me rattrapa bientôt. Orthence enlaça son prince et le jugement fut prononcé : Acquitté. La foule se souleva en voyant le nouveau roi embrasser la simple paysanne. Un mariage d’amour était né et le peuple voyait dans celui-ci la venue du roi sauveur. Un élan de joie transporta les convives et même les soldats ne purent rester insensibles à ces ébats. Les compagnons du roi, nobles et conseillés, malgré leurs aversions pour cette union, continuèrent de soutenir leur chef. La demoiselle que j’enlaçais me regarda de même je ne pus m’empêcher d’admirer cette pureté qui comblait mon bonheur. Elle souleva doucement à ma hauteur et m’offrit ses lèvres pulpeuses. Les yeux fermés, elle attendait ma venue, cette si jeune et fébrile beauté se donnait à moi mais avant que ses lèvres touchent les miennes, l’image de Jenny me revint à l’esprit. Je posai entre moi et la princesse un doigt qui mit fin à notre étreinte. Délicatement ses yeux se rouvrirent et éloignant lentement mon corps de moi elle me dit après un moment de silence. _Tu ne m’aimes pas ? _Tu es la fille la plus merveilleuse que j’ai eu l’occasion de rencontrer et de connaître. _Mais ton cœur est ailleurs, il est avec cette femme que tu as sauvée jadis. A ces mots je ne sus quoi répondre et embarrassé par la douleur que je lui infligeais, je retournais au château. _Va la voir, murmura t’elle le cœur serré.
Une larme doucement coula le long de sa joue et tandis que le roi embrassait tendrement sa jeune aimée, elle continua : _Va la voir et demande-lui si elle t’aime, ainsi tu sauras si ton espoir mérite d’exister. Quelle que soit sa réponse, tu devras l’accepter. _Cela ne change rien, elle est à un autre. _Elle est à celui qu’elle aime. Sa voix restait simple et tremblante. Je rentrais au château réfléchir sur mon avenir mais au fond de moi-même, je savais qu’elle avait raison. J’aurais pu rester vivre tel un prince avec mon ami, aimer la jeune fille douce et tendre qui m’attendait mais mon cœur en avait décidé autrement. Je restai dans mon appartement longtemps et je pris des vêtements que je trouvais plus décent. Dès que je me sentis prêt, je résolus à partir. Le soir nous dînâmes dans la pièce où se trouvait les tapis accrochés aux murs, réunis en comité restreint autour de la table rectangulaire, je fis part de mes convives à mes convives de ma décision. La fin du repas était venue et Sabrina qui s’était installé à mes côtés m’encouragea à prendre cette initiative. _Sir, reine, veuill… Le prince ne laissa pas le temps de finir ma phrase. _Je t’ai déjà dit de m’appeler Hubert, mon ami. Quant à ma future femme je ne pense pas qu’elle ait une objection à ce que tu l’appelles par son prénom, comme avant… _Merci votre altesse…Hubert, Orthence, et toi aussi Sabrina, je tiens à vous faire part de mon désir de quitter le royaume. _Hubert qui s’attendait à ce que je demande la main de sa sœur et qui venait juste de prédire à sa compagne cette intention fut interloqué par cette nouvelle. _Mais… Je viens de retrouver la femme que j’aime et mon seul ami veut me quitter. Je pensais pourtant qu’Orthence te plaisait. _Il ne s’agit pas d’Orthence mais de mon passé qui revient à mon esprit. Je dois rejoindre une autre terre pour y retrouver quelqu’un que je connais. _De qui s’agit-il ? Je pourrais le faire venir. _La fille du roi de Ménélas. _Qui ? Mais pourquoi, je pensais que tu avais de l’affection pour ma sœur. _J’aime beaucoup votre sœur il est vrai mais… _Frère ! Coupa Sabrina en dévisageant le roi de ses yeux mouillés. Orthence pris la main du roi et il inclina la tête en signe d’approbation. Je me levai et eus un dernier mot pour celle qui m’avait toujours soutenue : _Ne m’attend pas ! Sur ces mots délicats mon corps se raidit et j’accourus là où se trouvait mon cœur. Je quittais la salle, le château, le royaume, en direction de cette contrée que j’avais tant aimée, en direction de Ménélas.
AU-DELÀ DES RÊVES Je marchai sans me retourner, rêvant de tous les merveilleux moments passés en compagnie de mes amis. J’avais confiance en Orthence et savais le nouveau roi capable de grande chose. Sabrina pourrait enfin connaître la douceur de vivre et de s’exprimer librement. Désormais rien ne l’empêchera de jouer de sa harpe, elle allait connaître d’autres hommes, parler avec eux, le maître de guerre qui lui était promis devra se faire à cette idée, à moins qu’il ne se transforme à son tour pour les yeux de celle qu’il aime. Ceci n’était plus mon affaire à présent, Sabrina allait goûter aux joies d’une vie plus sereine et moins contraignante, sa prison de verre s’était changée en magnifique champ de fleur, un jour elle trouvera la fleur qu’elle attendait, je n’avais pas l’intention de revenir mais seul le destin sait ce qui adviendra, j’avais déjà dit cela pour Ménélas… J’avais mis deux ans pour arriver jusqu’ici, j’espérais pouvoir refaire le chemin inverse en moins d’un an, sans réitérer mes escales et mes voles, le roi de Némis m’ayant donné assez pour subsister pendant plusieurs années. Ce qui me tracassait le plus était que dans certaines contrées, ma tête avait été mise à prix car j’avais été démasqué lors de mes méfaits. Ce pendant le temps avait déjà œuvré pour moi et je pus traverser les différents royaumes sans encombre, tantôt caché dans les marchandises d’un paysan, tantôt en marchant à travers la forêt. Je réappris à dormir sur le sol humide ou sur une simple branche d’arbre. Je connaissais par avance les meilleurs endroits puisque je m’y précédemment aventuré. Au début, mes frasques princières imposaient le respect puis mes vêtements devinrent lambeaux et seul les connaisseurs gardaient un peu de méfiance. Les jours passèrent et ma marche m’amenait inexorablement vers mon paradis perdu. Je rencontrai sur ma route un prince du nom de Louis Philipe de la Mauriancourt, ce dernier m’emmena jusqu’aux abords du royaume de Ménélas en me laissant assez d’argent pour survivre jusqu’au Château. C’était quelqu’un de bien qui m’avait aidé malgré ma piètre prestance. Sa justice l’incitait à punir tous ceux qui désobéissaient à sa loi et il était intransigeant. Ses grands principes ne l’empêchaient de garder un peuple qui lui restait fidèle à cause de sa force mais il jugeait ce mal nécessaire et peut-être avait-il raison. Une fois sur la terre ferme, je continuais ma migration, mon voyage avait durée environs dix mois et je ne fus pas mécontent d’être enfin arrivé à Ménélas. Je ne mis que quelques jours à atteindre le château fortifié, gigantesque mastodonte de fer et d’acier où grand nombre de gens s’affairaient. Une rivière coulait à une centaine de mètres sur le flanc gauche des remparts et une immense tranchée remplit d’eau avait été creusée, limitant l’accès de ces derniers. Cependant le pont-levis était abaissé et je pus accéder jusqu’au seul du domaine royal. Si j’étais impatient de revoir Jenny et son aimé, un doute survint en moi quant à mes intentions. Comment allais-je oser, en cette splendide matinée, bafouer l’honneur de ce valeureux chevalier ? Et pourtant, il me fallait une réponse. Si leur était véritable, elle saurait me refuser et me libérer de ce dure fardeau : l’espoir. Ma raison ne cessait d’espérer ce refus car grâce à lui, tout devenait simple cependant je ne sais pas si mon cœur l’aurait accepté... _Pourrais-je parler au roi ? Criais-je à tue-tête devant une muraille de fer. _Qui êtes-vous ? Répliqua l’un des gardes du haut d’une passerelle au-dessus de moi. _Je suis celui qui, il y a trois ans, ais sauver la fille du roi. Je ne savais pas s’ils se souviendraient de moi. Ce qui me paraissait extraordinaire ne l’était peut-être pas à leurs yeux. Mon cœur se mit à battre la chamade en espérant que mes « hautsfaits » ne se soient pas évanouis dans l’oublie. Le soldat partit et revint quelques instant plus tard sur l’estrade un grand homme paré d’une grande lance et vêtu d’une armure imposante. Le soleil m’empêchait de le distinguer clairement mais il parlait avec autorité et éloquence. _J’espère que tu dis vrai voyageur. A cet instant je ne le savais pas mais cette phrase avait un double sens…L’immense barrière en métal se souleva, me laissant pénétrer dans le royaume. Une fois l’accès libre, j’eus
l’aimable surprise de voir un chevalier aux splendides habits, bien plus beau que tous ceux que j’avais vu jusqu’à présent. Il s’exclama : _Alors te voilà enfin, je me demandais si tu allais revenir un jour, sauveur. Manifestement on ne m’avait pas oublié et cela m’emplissait d’allégresse. _Avec tout le respect que je vous dois chevalier, nous connaissons-nous ? _Tu n’as décidément pas changé. Je suppose que tu veux voir la reine. _La reine ! Répétais-je étonné. Mais… _Oui, le roi est mort il y a plus de deux ans, mais nous parlerons de cela calmement dans ma demeure. Cette nouvelle me fit beaucoup de peine car même si mon contacte avec ce roi fut bref, j’avais une grande estime pour lui. Il avait su faire de ce royaume un monde qui respirait le bonheur et l’entente. Il demeurait le monarque le plus juste que j’eus l’honneur de côtoyer. Je scrutai mon interlocuteur avec intention et je me souvins d’un détail du passé. _Vous…Vous êtes le chevalier noir, celui que Jenny aimait. Il se contenta de sourire et je le suivis vers sa demeure. On me fouilla mais je ne possédais pas d’armes. Beaucoup de choses avaient changé, les soldats étaient plus nombreux, du moins me semblait-il car à ma première venue, je n’avais aperçu que peu de soldats et pourtant, force fut de constater qu’une fois les troupes sorties, son armada était une des plus imposante que j’avais rencontré. Une statue du chevalier avait été sculptée au centre de la cour où jadis je rencontrai le roi de cette fière province. Peu de gens rôdaient autour de nous, la gaîté et la bonne humeur qui avaient régné ici semblaient avoir disparut, serait-ce ma présence ? Peutêtre était-ce juste parce qu’on n’était pas un jour de fête. Je pénétrai dans le palais du roi. J’eus du mal à m’imaginer le roi mort, lui si digne… Il est vrai qu’il m’avait paru fatigué mais je pensais ceci dut à la disparition de sa fille. Le chevalier qui m’accompagnait me pria de rentrez et me fis signe de m’installer à mon aise. _Merci votre altesse, répondis-je avec courtoisie. Je m’installais dans une petite pièce, quelques chaises étaient rangées çà et là autour d’une table ronde recouverte d’une nappe de soie blanche. _Asseyez-vous ! Ordonna mon hôte qui referma la porte. J’obéis et cherchais des yeux celle que j’étais venue chercher. La salle était entourée de bougies éteintes accrochées au mur. Une fenêtre donnait sur la place publique que nous avions traversée et sous cet angle je pus apercevoir un détail qui m’avait échappé en venant : Un échafaud était dressé juste en face de cette fenêtre et les sujets du roi dépouillait la machine à tuer de sa victime. Je commençais à comprendre l’accueil austère des habitants, une exécution venait d’avoir lieu, à moins qu’ils n’aient eu peur du nouveau roi. _J’aime regarder ce paysage, m’avoua le maître des lieux en se plaçant devant cette vision d’horreur, puis se retournant, il me menaça énergiquement : « Maintenant écoute-moi espèce de chien… » Il s’assit sur la table en pointant son doigt sur mon visage. _Si tu crois pouvoir par tes belles paroles renverser l’ordre que j’ai établis tu te trompe ! _Mais je ne comprends pas, répliquais abasourdi pas ses accusations. _Arrêtes, tu veux. Je sais de quoi tu es capable, j’étais là lorsque tu as sauvé Jenny de cette tour. Tu as la chance avec toi et le talent pour l’exploiter : Tu es dangereux ! Sur ces mots je me levai et demandais à parler à la princesse que j’avais secouru jadis, devenue reine à présent. _C’est donc pour çà que tu es venu. Il sortit aussitôt et commanda de façon implacable à un garde de la faire venir. _Mais qui êtes-vous ? Que s’est-il passé ? Questionnais-je.
J’avais mal à croire que cet homme était en réalité celle que chérissait l’élue de mon cœur. Cet être au ton glacial était devenu le roi de cette contré, comment Jenny avait-elle pu accepter une telle attitude ? Le roi resta devant la porte lorsqu’elle rentra. Il l’empoigna par les cheveux et la fit tomber à terre. _Ce monsieur veut te voire ma chérie. Je me précipitai sur ma tendre adorée mais d’un coup de pied au visage le jeune présomptueux me fit renoncer à ma tentative. _Pas touche ! Sale gueux. Dit-il avec dédain. _Ordure ! Vomissais-je en m’essuyant de ma main le sang qui coulait de mes lèvres. Le cruel maître des lieux pris Jenny et s’assirent en face de moi. Je pris place à mon tour, une détermination plus forte que la peur émergeait de mes yeux, je me trouvais cependant dans une mauvaise posture, je ne cessais de penser à la douleur de Jenny. _Fermer ! Ordonna notre bourreau. La porte claqua, me laissant seul avec ce monstre et ma déesse. _Comment avez-vous pu épouser un tel être princesse ? Demandais-je. Des larmes se mirent à couler lentement sur ses joues puis se tournant vers son maori, elle lui cracha avec arrogance à la figure. _C’est finit pour toi ! Poursuivit-elle. Le jeune homme sourit en s’essuyant. J’étais manifestement devenue quelqu’un d’important pour la princesse mais mes capacités n’étaient sûrement pas celle qu’elle pouvait espérer. J’étais venu sans armes, sans armures, sans armées, et je devais braver ce roi. _Un jour, tu deviendras plus docile, répondit l’odieux souverain. Il se dirigea vers la porte et somma aux gardes d’emmener sa femme dans ses logements. Elle se leva et alla d’elle-même rentrer tout en me jetant un regard suppliant et sincère. Son mari, lui, se rassit et continua : _Alors tu veux savoir ce qui s’est passé ? Ca tombe bien, tu vas pouvoir apprécier la qualité de mon stratagème, tu es un connaisseur, on devrait se comprendre. C’était il y a longtemps, mon frère Francis s’éclipsait souvent. Un jour je le suivis et découvris sa liaison avec la fille de notre ennemie. Je rapportai ce fait à notre père et n’ayant jamais été apprécié par celui-ci, mon frère fut écartelé. Mon père m’ordonna de lui indiquer où se rendait mon frère et nous tendîmes un piège à la princesse. Je ne fis pas partis de ceux qui capturèrent cette beauté volage car j’avais d’autres projets. La tour qui servit de base avancée à mon père était piètrement gardée et mon plan fut de sauver de trône ambulant. Quand je parle de trône ambulant, je veux parler de Jenny, en me faisant passer pour mon frère, je pouvais sauver la future reine et laisser le père de cette idiote massacrer le mien. Une fois accepté dans la famille royale grâce ma substitution avec mon frère, il m’était facile de tuer le roi. _Et prendre le pouvoir. _C’est çà, mais tu es intervenu et j’ai dut vous attendre longtemps dans les bois avant de pouvoir ramener la captive et prendre ma place. _Mais comment as-tu pu tuer le père de Jenny ? Je ne m’attendais pas à une réponse, je savais comment on pouvait s’y prendre, j’étais scandalisé de voir avec quelle fierté il se vantait de son crime. _Ce sot s’est fait tuer dans l’écurie, de mes propres mains. Une fois bien installées comme favoris du roi, je n’eus aucun mal à lui succéder. Tous ces longs mois à attendre, sourire, acquiescer aux misérables complaisances du roi. Il y eut cependant un témoin, l’écuyer, mais je n’eus qu’à le dénoncer comme le réel coupable et, de par mon statut, il me facile de l’inculper. Il fut pendue aussitôt après, le pauvre, il se serait tut… Ensuite, tout est une question d’argent et de puissance. Les avantages que j’accorde à mon armée et aux nobles m’ont donné l’appuie de ceux-ci. _«à ne durera pas.
_Un royaume immense m’appartient et ce n’est pas un jeune freluquet comme toi qui va me faire peur. Il se leva, ouvrit la porte et ordonna aux gardes de m’emmener aux cachots. Je fus de nouveau emprisonné et cette fois je n’avais aucun moyen de sortir. La porte du cachot était composée d’une épaisse couche de bois avec, au niveau de mon visage, une étroite fenêtre en arc de cercle composée de quatre barreaux de fer verticaux. Un garde s’approcha de cette ouverture et me prévint simplement que mon exécution était prévue pour demain. « C’est la fin » pensai-je angoisser. J’étais venu rencontrer l’amour et j’avais obtenu un rendez-vous avec la mort : « Quel ironie »
LA CONFIANCE DU PASSÉ Les heures passèrent et la nuit tomba. La prison dans laquelle on m’avait emmené se situait en face du château, de l’autre côté de la place publique. C’était une imposante masure lugubre et solide qui une fois à l’intérieure me fit penser aux catacombes avec leurs multiples galeries. Beaucoup de personnes s’y trouvaient enfermées cependant la cellule où je me trouvais était isolée des autres ; j’attendis seule la venue de ma mort… Soudain, d’étranges bruits se firent entendre, des lames se croisent, des cris de douleur, un combat avait lieu. Un dernier souffle, le son de l’épée sortant de sa victime : Le duel était terminé, seul subsistaient les pas du vainqueur qui se rapprochaient de ma demeure. Qui étaitce : Le geôlier ou… L’autre ? Et si l’homme chargé de me surveiller avait échoué, que voulait cet émissaire ? Était-ce un ami ou un ennemi ? Allait-il me délivrer ou, mandaté par son souverain, me tuer avan,t l’heure de mon exécution ? S’il est vrai que je suis redouté, alors le chevalier noir aurait pu craindre qu’un complot puisse me sauver de l’échafaud. Espérant avoir une réponse à toutes ces questions, j’élaborais un plan et décidai de me cacher a droite de la porte de ma résidence en attendant que l’homme se manifeste. Je le sentis approcher et dès que je l’entendis, je déclarais être l’ami de la reine qu’il venait chercher. Même si je ne connaissais pas les intentions du maraudeur, il fallait qu’il ouvre ma porte si je voulais avoir une chance de m’échapper de ce sinistre endroit. Mon intuition était bonne, c’était bien moi qu’il cherchait. Il commença à examiner la pièce à travers la petite fenêtre tandis que je me préparais à effectuer mon plan. J’étais placé de telle sorte que la porte se rabatte sur moi, me rendant invisible lorsqu’il entrerait. Dès que le mystérieux guerrier eut fini de déverrouiller l’accès, il pénétra dans le cachot où je demeurais, écartant doucement l’épaisse porte en bois, premier rempart contre ma liberté, en murmurant : _Monsieur, où êtes-vous ? N’aillez crainte, je suis votre ami. Dès qu’il fut entré, je sortis discrètement de ma cachette et une fois au-dehors, refermai le seul passage grâce à la clef que l’individu avait laissée sur la porte. Il se rendit compte de la supercherie et se retourna dans ma direction : _Que me voulez-vous et qui vous envoie ? Demandais-je au nouveau prisonnier. Il possédait une armure digne et discrète, sa cape derrière lui donnait l’allure de grands seigneurs indestructibles ? Ce n’était pas un vulgaire soldat, son assurance ainsi que son efficacité en faisait un redoutable adversaire. _Je suis venu vous délivrer, je suis un ami de la… Attendez ! Il me fit signe de me taire, le silence pris place et je pus constater de nouveaux bruits de pas, plus fréquents. _Des gardes nous ont repérés, ils approchent, susurra le curieux chevalier. Je regardais à ma gauche et vis un garde arriver tandis qu’à ma droite une ombre se profilait. Affolé, je rouvris la porte et voulus me mettre à l’abri dans ma geôle mais aussitôt rendu à l’intérieur, l’homme de l’ombre sortie l’épée de son fourreau. « Adieu monde cruel » chuchotais-je en fermant les yeux alors que ce dernier me bousculait. Lorsque je les rouvris quelques instants plus tard, j’aperçus mon libérateur batailler contre le soldat venant de gauche sur le seuil de ma cellule. « Je suis encore en vie » pensais-je plein de joie. Revenant à la triste réalité, j’accourus rejoindre mon protecteur et vis dans ma direction l’autre gardien. Je voulus solliciter l’aide du chevalier mais son combat occupait déjà tout son attention. Le soldat se rapprochait et il me fallait trouver quelque chose. Sans arme ni moyen de fuir, j’arrachai la cape. Noire de mon sauveur et la lança sur le soldat qui accourait. Ce dernier, surpris par ce voile qui cachait sa
vue, stoppa sa course mais prit dans son élan, il fonçait droit sur le chevalier. Le grand épéiste ayant remarqué l’arriver du second adversaire, s’écarta, laissant le coureur embrocher son camarade. L’aveugle assassin retira la cape qui le recouvrait et pu voir l’épée de son associé lui trancher la tête. Celui avec qui j’avais combattu se retourna vers moi et dit : _C’est la reine qui m’envoie vous sortir d’ici. _Je vous suis. Je n’avais pas le choix, j’accompagnai mon libérateur dans ce labyrinthe qui lui semblait si familier. Nous évitâmes les gardes grâce aux connaissance du bienveillant combattant sur les rondes de ces derniers. Nous longeâmes les murs, évitant la lumière et passèrent à travers la surveillance de nos geôliers. L’ombre fut notre allié et nous parvînmes sans encombres jusqu’aux abord de la prison. Un grand porche en fer à deux volets maintenu fermé par un tronçon de bois placé latéralement nous séparait de la liberté et de l’air frais. _Deux gardes sont postés juste derrière ce portail, murmura mon compagnon. Il faudra les abattre sans attirer l’attention des autres soldats aux alentours et je ne sais pas comment faire. _Il y a de la lumière dehors ? _Deux torches éclairent l’entrées, si on veut les tuer discrètement, il faudra les attirer à l’intérieur. _Nous pourrions nous déguiser en l’un des gardes, proposais-je confiant. _Inutile, ils ont l’ordre de supprimer quiconque entre ou sort de cette prison pendant la nuit. _Mais alors comment avez-vous fait pour arriver jusqu’ici ? _Quand mon ami Sébastien, qui est chargé de réglementé l’accès au château, je l’ai aussitôt rapporté à ma reine. Nous savions ce qui allait vous arriver alors je me suis dissimulé dès votre arriver et ait attendu jusqu’au soir. _Un autre gardien surveille l’accès à l’intérieur de la prison ? _Oui mais il vaudrait mieux que personne puissent nous voir. _Je suis d’accord. Le chevalier pris sa dague et partit là où se trouvait ce soldat. Il se posta contre un mur puis surgissant derrière le pauvre homme il lui trancha la gorge sèchement. Je lui fis signe de mon intention à me rendre devant le portail. Des torches éclairaient de part et d’autre l’accès à l’intérieur de la prison. Je me rendis à l’endroit voulu tandis que mon furtif ange-gardien allait en face du passage, à quelques mètre de celui-ci, caché par un mur de pierre. _Seriez-vous capable de tuer un homme à cette distance ? Demandais-je admiratif à l’envoyé de la reine. Il acquiesça de la tête et se terra auprès de son coin de mur. Je dégageais péniblement la poutre qui fixait le portail et l’éloignais de cette zone dangereuse tout en surveillant l’accès. Avant que je n’ais eu le temps de terminer, le porche s’entrouvrit vers l’extérieur, attirant l’attention des gardes et me forçant à cesser mon activité pour me mettre à l’abri. Je me mis à la droite du porche et plaqué contre le mur à une distance assez grande pour que la lumière ne m’atteigne pas, j’entendis les deux gardes s’interroger. _Eh Pierre ! Regarde, le portail vient de s’ouvrir. _Voyons ! Arrête de rêver, un portail comme çà, çà bouge pas pour rien, c’est du solide çà ! J’entendis frapper fortement contre le porche et le vis s’entrouvrir un peu plus. L’espace entre les deux volets devenait conséquent et provoquèrent l’étonnement des deux gardes. _C’est du solide, n’est ce pas, repris ironiquement son camarade. _Ta gueule, çà, çà peut pas être possible. Reste là, je vais voir. _Ouais, ouais, et demande à Norbère ce qu’il foue et fait lui remettre la poutre, qu’il arrête de faire le con !
Le porche s’ouvrit en grand et un des deux soldats entra. _Putain, vociféra le garde en examinant le porche. Une poutre, ça disparaît pas comme çà. Si c’est encore une blague de Norbère je lui fais avaler son épée avec ses tripes. Il s’enfonça dans la prison, s’éloignant de la lumière, maintenant son bouclier devant lui. Peut-être se doutait-il du danger qui le menaçait, dans cette position, mon ami ne pouvait rien faire. Approchant de la poutre, l’homme devenait une menace, je décidai d’attirer son attention en venant vers la lumière sans retenir le bruit de mes pas. Il se retourna et s’exclama : _Norbère ?… Il n’eut pas le temps de dire autre chose, sa bouche resta ouverte et il s’écroula sur le sol, une dague planté dans le dos. Son meurtrier apparut derrière lui tel une ombre menaçante prêt à disparaître à tout moment. _Pierre dépêche-toi ! Hurla le second garde. Je retournai me dissimuler dans le noir tandis que mon compagnon ramassa sa dague et se posta juste derrière le porche. _Pierre ! Le dernier garde avança entre les deux volets mais à peine eut-il dépassé le seuil de celle-ci que le chevalier de la reine avait accompli sa mission. Enlaçant le soldat avec son bras gauche, il enfonça sa dague dans le corps raidit par la terreur de sa victime. Il n’eut pas le temps d’émettre le moindre cri que déjà son heure fatale était sonnée. Le lanceur de dague le maintint debout, il le fit entrer à l’intérieur de la prison et le déposa auprès de son acolyte. Je le rejoignis et nous sortîmes de la lugubre demeure devenue un tombeau. Restant attentif et discret, nous nous dirigeâmes vers la sortie du royaume. Le pont-levis était abaissé mais la barrière de métal se dressait devant nous contre toute évasion. Deux gardes surveillaient l’accès, servant par la même à actionner la manivelle qui servait à ouvrir ou refermer le passage. Ils étaient de chaque côté de la barrière, immobiles… L’envoyé de la reine sortit sa dague et tout en la faisant virevolter entre ses mains, il rejoignit l’homme qui demeurait proche de la manivelle et lui somma d’ouvrir l’accès au nom de sa maîtresse. _Désolé Commandeur, reprit ce dernier. Mais le roi nous a formellement interdis de laisser entrer ou sortir qui que ce soit. _Les ordres ont changé. _Que se passe t’il ? Répliqua l’autre garde en approchant. _Comprenez-moi, poursuivit le soldat en face de mon allié. Je ne puis prendre le risque de désobéir au roi. Apportez-moi la preuve qu’il s’agit là de la volonté de notre seigneur et je vous ouvrirais. A ces mots, un éclair meurtrier passa dans le regard de mon sauveur, il arrêta de jouer avec son arme et l’enfonça dans le corps de son interlocuteur. Le second gardien eut à peine le temps de se saisir de son épée que déjà le maître de guerre avait joué, recevant la dague de ce dernier en pleine poitrine, le détournant mon attention de l’exécution, j’aperçus un homme, probablement un archer, tomber défenseur du château ne bougerait plus. Au même instant un petit cri se fit entendre, de la passerelle d’où il guettait les alentours, s’écrasant sur le sol à plusieurs mètre de son poste. _Nous devrions nous dépêcher de sortir, murmura le grand combattant. J’ai l’impression qu’on ne va pas tarder à nous repérer. Nous commençâmes à tourner la manivelle, la barrière se souleva lentement et nous nous glissâmes dessous afin de sortir de ce sinistre royaume.
LE HÉROS DE LA REINE A peine nous nous fûmes relevés que déjà des archers, plantés sur leurs donjons, nous avaient repérés. Ils décochèrent leurs flèches mais encore une fois la nuit oeuvra pour nous et nous parvînmes aisément à esquiver leurs projectiles perdus dans le vide. Nous courûmes aussi vite que nous le pouvions et l’on ne tarda pas à devenir hors de porté de nos assaillants. Un énorme grondement se fit entendre : la barrière qui nous séparait de nos ennemies se relevait peu à peu. _Suivez-moi, me lança mon téméraire compagnon. Je me gardais bien de le désobéir et l’accompagnais jusqu’au repère voulut. On entendait au loin le martèlement des sabots lorsque le fidèle serviteur de la reine s’arrêta et se dissimula sous un contrebas. Peu confiant j’imitai son initiative et le voyant couché à côté du talus je m’allongeais en priant pour que les cavaliers passent sans nous voir et surtout sans nous écraser. Les chevaux approchaient emmenant avec eux un bruit tonitruant. Le vacarme s’intensifiait, les chevaliers furent bientôt à quelques mètres de nous. Malgré leur dispersion pour nous retrouver, une demi-douzaine de nos poursuivants environs étaient arrivés jusqu’à nous. J’imaginais les sabots froidement annoncer notre mort. Je fermai les yeux et je vis nos deux corps broyés par cette armada, succombant en nous tordant de douleur tandis que les chevaliers continuaient nonchalamment leur chemin, nos cri étant dissimulé par le vacarme des chevaux. A cet instant j’ouvris les yeux et vis mes fantômes s’éloignaient. Mon sauveur m’appela : Nous devions nous mettre en sécurité. Discrètement mais rapidement nous nous éloignâmes du château et de nos assaillants. Nous approchâmes du fleuve et accroupis dans l’eau glacée nous restâmes jusqu’à ce que toutes les ombres soient revenues. La tête hors de l’eau, je contemplai le balai des lumière jusqu’à ce que, épuisé, elles disparaissent peu à peu dans l’antre du roi. Lorsque le calme régna enfin sur la plaine, nous nous relevâmes et gelé par le vent glacé, nous marchâmes en direction de la forêt la plus proche afin de pouvoir y faire un feu sans être repéré. _Demain, nous parlerons à la reine, lança le guerrier sans peur. _Quoi ! Mais vous êtes fou, c’est bourré de soldats. On pourra jamais passer. _Je sais comment déjouer leurs surveillances, faîtes moi confiance. _Je ne doute plus de vous mon ami, mais quelque soit votre quête, elle paraît sans espoir. Pour ma part, je suis libre et je compte pouvoir encore en profiter longtemps. _Vous ne pouvez pas dire çà, pas vous ! Il semblait complètement stupéfait par ma réaction. _Eh ! Pour qui me prenez-vous ? Mon seul but n’est pas de risquer ma vie dans des paris insensés, je n’en ai plus a force, ni le désir. J’étais venu trouver un vieil amour, me voilà en guerre. Très peu pour moi, je pars. _Vous ferez part de vos attentions à la reine demain, si vous en avez… Le courage… Moi je ne l’abandonnerais jamais. Il avait dit cela comme par défit, à chaque phrase il attendait une réaction de ma part, je pense qu’il ne croyait pas à ce que je venais de dire. Ne constatant aucunes réactions de ma part, son visage s’était assombrit et notre discussion prit fin, me laissant honteux mais ravi d’avoir survécut. Arrivé à la lisière de la forêt après une longue marche, nous cherchâmes un abri. Malgré notre obstination nous ne vîmes pour nous protéger des regards indiscrets qu’un gros arbre dont le tronc était creux. Le froid devenant insupportable, nous nous installâmes et parvînmes à allumer, non sans mal, un feu pour réchauffer nos corps. Nous posâmes nos vêtements près du petit ange rouge. Le chevalier dut ôter sa lourde cuirasse et je pus distinguer son visage. Maigre, les yeux marrons, à demi-ouvert, une bouche serrée prolongée par un long menton. Tout comme moi il grelottait, ainsi il me parus plus humain. Ses cheveux, courts, laissaient
voir une longue cicatrice qui lui descendait jusqu’en haut de son œil droit. Il était grand, plutôt maigre avec de larges épaules. Dans un glauque clapotis, nous nous réunîmes au cœur du tronc, devant cette flamme qui ne cessait de s’agrandir. _Ce que vous avez fait pour moi était risqué, fis-je constater au serviteur de la reine. Vous savez sans doute qu’après votre geste, vous ne pourrez plus revenir au château. _Je n’en ai point l’attention. _Alors permettez que je vous invite à poursuivre votre route avec moi ; jusqu’à ce que de meilleurs augures vous guettent. _Désolé, mais je resterais fidèle à la reine, quel qu’en soit le prix, avec ou sans vous. _On pourrait se tutoyer. Le soldat désolé resta muet. _Très bien, bon, alors faute de mieux, me diriez-vous qui vous êtes pour ainsi avoir une telle dévotion pour Jenny. Se redressant fièrement, il me répondit : _ Je me demande comment la reine a pu croire en vous. Je suis un des dix Commandeurs du roi, protecteur du peuple et de la cité, je sers mon maître et la justice, toujours fidèle et jamais soumis. Ma vie est un bras pour la paix et ma foie est inébranlable. Je combats pour la vie. _Très beau, bravo ; mais qu’est ce qu’un Commandeur ? _Il s’agit d’une des plus hautes fonctions qu’il existe à Ménélas. Nous sommes dix à avoir ce statut et le gardons jusqu’à ce que trop vieux, nous soyons dans l’obligation de nous retirer, à ce moment nous pouvons choisir de vivre comme les simples gens ou de rester à la cour conseiller le roi, mais avec le nouvel ordre mis en place les conseillers ont tous été tué, j’avais de bons amis parmi ceux-ci et je n’étais pas le seul. Nous avons été des compagnons d’armes, leur mort nous a beaucoup touché. C’est à nous que revient les missions les plus importantes et les plus délicates. Le roi est plus qu’un maître pour nous, c’est un frère, un ami, et nous sommes dévoués corps et âmes. Lorsque le père de Jenny est mort, nous nous mîmes sous les ordres du nouveau souverain mais on ne tarda pas à condamner ses actions. Notre nouveau maître ne respectait les règles de justice et de liberté précédemment établies. Malgré notre désabrobation nous ne pouvions rien faire. Même si nous étions des combattants émérites, notre petit nombre nous condamnait au silence. Ainsi nous avons attendu longtemps la venue d’un nouveau chef qui nous permettrait de vaincre ce tyran et de ramener les partisan de l’ancien régime à se dévoiler. _Pourquoi me racontez-vous tout cela ? _J’étais là lorsque vous avez menacé il y a trois ans à peine, le roi de votre dague. La folie de ce geste avait éveillé en nous un certain dédain. Pour ma part, je ne voyais en vous qu’un vulgaire maraud inconscient. La mission dont le roi vous chargea nous sembla démesurée. En aucune façon nous pensions vous revoir un jour. Rares sont ceux qui parmi les Commandeurs crurent que vous tenteriez de sauver la princesse, mais tout fut différent lorsque Jenny revint. Elle nous montra avec quelle vaillance vous vous étiez battu pour elle, le courage dont vous aviez fait preuve, les multiples dangers que vous avez surmontés. Peut-être la princesse, dans son élan, avait-elle enjolivé son récit, mais le fait que vous aviez réussit seule, là où une armée avait échoué. Vous aviez accompli l’impossible, à dater de ce jour, vous êtes devenus un véritable symbole de force et de témérité. On parlait de vous comme d’un héros et même lorsque la situation eut changé, lorsque Jenny fut prisonnière dans son propre château, elle continuait à croire en vous. Mais ceci n’a plus d’importance à présent… Ces derniers mots firent retomber le conteur dans la réalité et avec dépit il reprit ses affaires et s’allongea près du feu. _Quel est votre nom Commandeur ? Demandais-je profondément touché par ce récit.
_Quelle importance ! Personne ne connaît le votre et demain vous ne serez plus qu’un souvenir.
LES COMMANDEURS Le lendemain matin, dès l’aube, j’ouvris mes yeux et, encore somnolent, je constatai que ma situation s’était arrangée. _Ah putain ! J’ai pas rêvé, murmurais-je en mettant ma main sur mon front et en laissant ma tête se poser contre le bord du tronc. « Ah putain, ce que s’est bon ! » m’extasiais-je de bonheur. Je venais de réalisé que je n’étais plus en prison et délectais chaque instant passé à l’air libre. Je me levai et aperçus mon sauveur, j’étais disposer à partir au plus vite mais par respect pour le grand homme, je décidai, avant de disparaître, de confectionner pour lui une réserve de nourriture assez important pour qu’il puisse survivre quelques jours sans encombre. Rapidement, je me mis à ramasser fruits, baies et racine pour le valeureux soldat. Une fois la cueillette terminée et après avoir soigneusement déposé mon humble compensation auprès de lui, je partis vers d’autres contrées. _Que faîtes-vous ? Me demanda mon compagnon à peine réveillé. Je savais devoir l’accompagner jusqu’à Jenny et je n’envisageais guère de lui une chaleureuse réaction face à mes intentions. _Je préparais à manger. _Ce que vous avez déjà ramené sera amplement suffisant. Ce soir, nous irons à la rencontre de la reine, elle nous attend. Après cela vous pourrez partir. Je le rejoignis et nous mangeâmes le copieux repas étalé sur le sol. Le temps passait, les heures s’écoulaient lentement devant la perspective d’une liberté méritée. Après s’être reposé nous nous promenâmes dans la forêt ; le lac où jadis je fus prêt à braver mille dangers pour sauver ma bien-aimée était très loin et je n’avais plus envie d’y retourner. Lorsque la nuit fut venue et que l’obscurité eut camouflé nos corps, nous nous dirigeâmes vers le flanc Est du château, à l’opposé de la rivière. Tout au long du trajet, mon guide demeura muet et sure de lui cependant je restai sur mes gardes, cette tranquillité, en un lieu normalement si agité, m’inquiétait. Malgré l’obstination du Commandeur, pour moi c’était clair, les histoires de cette province ne m’intéressais pas et après avoir rencontré la reine, je partirais loin d’ici et rien ni personne ne pourrait m’en empêcher. Nous fûmes aux abords d’une tour qui bordait le royaume et qui restait relié au château par un large rempart quand l’adroit lanceur de dague s’arrêta. Le croissant de lune qui nous avait suivis jusqu’ici avait disparut, laissant l’obscurité maître des lieux. _Elle est là, en haut de cette tour, elle nous attend, m’annonça subitement le mercenaire de l’ombre en s’arrêtant au pied de la tour. _Comment on monte ? Sans dire un mot l’ange de la nuit se mit derrière moi et posa sa dague sur mon dos. Ma vie était désormais à sa merci, jamais je n’aurais cru ce dernier capable d’un tel geste, mais peutêtre par amour pour la reine, par crainte que mon refus ôte tout espoir en celle qu’il vénérait le plus au monde, préférait-il tuer la honte de ses pensées pour éviter le désarroi de sa maîtresse. _Grimpe ! M’ordonna t’il d’un ton amer. _Mais… _Grimpe ! La tour était haute et l’endroit où devait loger l’épouse condamner du roi se trouvait au sommet. Des gardes, çà et là, surveillaient les alentours, effectuant inlassablement les mêmes gestes. Ils semblaient moins nombreux sur cette partie du royaume, le plus proche de nous nous salua, il était au courant de notre ascension mais il ne disait rien et au-contraire, il inspectait les environs pour nous protéger. En haut d’une passerelle, derrière les murailles protégeant la cité, deux têtes immobiles s’entretenaient alors qu’à l’opposé, une autre se dirigeait vers la tour. Ce dernier s’approcha de nous et tourna la tête dans notre direction, je
m’immobilisai aussitôt, mes muscles tremblaient, notre complice au sommet de la tour alla le chercher et détourna son attention. Nous allâmes sur l’autre versant de la tour, mon compagnon continuait de me menacer de son arme et me poussait vers la paroi. La seule fenêtre présente au sommet de la tour venait de s’entrouvrir lorsque j’entrepris l’escalade. Le mur était bien entretenu, aux prises multiples et solides. Je me rappelai ma première rencontre avec Jenny, la dangereuse escalade qui me fit connaître la princesse. Je songeais que cette nuit je verrais pour la dernière fois celle qui a illuminé ma vie. J’eus la désagréable sensation, en voulant me rappeler Jenny, de ne plus maîtriser mes souvenirs. Je me rendit compte que sa physionomie, ses gestes, sa bienveillance, ne m’étaient plus familiers. Je ne l’avais aperçu que quelques instants et je n’avais pas fais attention à elle. Je tentai de me rappeler son visage mais en vain, ce qui m’agaçait encore plus, c’était que jamais je n’avais vraiment essayé de me rappeler ce qu’elle était vraiment, je m’étais toujours contenter d’une impression de bienêtre en repensant à ce qu’elle avait représenté pour moi. J’arrivais sous la fenêtre lorsque le Commandeur me fit pénétrer à l’intérieur de celle-ci. J’exécutai immédiatement cet ordre et toujours silencieux, nous pénétrâmes dans l’antre de la tour. Des « fantômes » se mouvaient dans le noir : Je dus attendre immobile la venue de l’entremetteur. Dès qu’il fut entrer, il referma la fenêtre et tira les rideaux, renforçant l’obscurité de la pièce. J’aperçus une ombre prendre la seule bougie qui subsistait dans les ténèbres puis grâce à de gestes indistincts, d’autres sources de lumière apparurent. Un chandelier à trois têtes fut allumé, créant une vague de clarté qui recouvra la pièce. Je vis la porte qui permettait d’accéder là où nous étions tandis que je reconnus Jenny. Ses longs cheveux roux, ses yeux marrons en amande, sa douce peau blanche, son sourire fin et léger, ses lèvres étroites, légèrement pincées égayant un visage si radieux que tous les rayons des cieux s’y noieraient de désir. Elle était si belle, éclairée par ces simples chandelles. Son corset laissait entrevoir son cou tendre et harmonieux sous un menton peu marqué qui terminait un splendide visage allongé. Sa taille fine laissant apparaître discrètement de petits seins gracieux. Ses jambes longues et effilées, paraissant si frêles sans être maigres, avançaient lentement. Ses petits pieds enrobés de souliers de soie blanche délicatement caressaient la pierre. A ce moment, j’aurais donné n’importe quoi pour pouvoir être, l’espace d’un instant, le sol qu’elle foulait. Sa beauté était si ensorcelante que j’en restai paralysé et pourtant j’étais imprégné d’une envie incommensurable de la serrer contre moi. Elle s’arrêta devant moi et, dans un merveilleux jeux d’ombre et de lumière qui valorisait l’éclatante pureté de ses yeux, elle murmura : _Merci d’être là, je savais que tu viendrais. Le messager de la reine baissa la tête alors que, de sa voie douce et envoûtante elle m’avoua qu’elle n’avait jamais cessé de m’attendre, je ne fis que sourire légèrement devant toutes ces révélations tandis qu’elle poursuivit : _Prends ceci ! Elle me confia sa bague royale. « Ceci est le symbole de ma volonté, elle te permettra de te soumettre les Commandeurs qui seront alors qui tu es. Dans un mois et quatorze jours aura lieu l’anniversaire du roi, là vous pourrez agir. Jean-Baptiste te dira comment retrouver les Commandeurs. Elle se blottit contre moi en me soufflant un affectueux « merci » qui m’emplit de joie. Je mis mes mains sur son corps en priant le sort de ne pas avoir fait le mauvais choix. Je voulus lui révéler mes véritables intentions mais notre ange-gardien ne m’en laissa pas le temps. _Il faut partir, nous risquons d’être vu, dit-il gravement. Je me séparai douloureusement de mon idylle et accompagnai le serviteur. _Bonne chance, souffla la princesse avant que je ne sois définitivement recouvert par la nuit. J’entendis pendant ma descente un étrange brouhaha dans la tour probablement dut à Jenny qui couvrait notre fuite aux yeux des gardes. Une fois rendu sur la terre ferme, mon compagnon me remercia de n’avoir rien révéler à la reine et de lui avoir laissé ses illusions.
_Plus tard, je lui expliquerais que vous êtes mort en combattant pour notre juste cause, en combattant pour elle. _Ce ne sera pas nécessaire, expliquez-moi comment on rejoint les Commandeurs, je suis avec vous. _Vous avez changé d’avis, la reine ne laisse personne insensible. Je m’appelle JeanBaptiste, on peut se tutoyer. _Je ne demande que çà. _On va écraser ce poltron de roi. Tiens prends cette arme, elle te sera sûrement utile. Il me lança l’épée qui lui avait servit jusque là et nous rentrâmes dans notre nouvelle demeure : La forêt. Pendant le trajet il me montra comment je pourrais rencontrer les Commandeurs sans être repéré par le souverain et ses sbires. _Il existe un passage secret, connut par la famille royale seule ainsi que par les dix Commandeurs. Lorsque nous avons appris la mort du père de Jenny et constater la cruauté de son successeur, personne n’a osé révéler ce passage au nouveau roi. Ce passage mène à la salle de commandement. Il était fait pour permettre au roi et à ses proche de s’évader en cas d’attaque. Nous nous en servirons pour pénétrer dans le royaume et pour combattre le roi : « Quel ironie ». Comme ce dernier arrive toujours en retard lors des réunions prévues tous les matins à cette salle, il nous suffira d’y être avant lui ainsi nous pourrons voir pendant un bref instant les dix Commandeurs et leur donner un rendez-vous plus discret. _Ce plan a l’air correct. Quand commence la prochaine réunion ? _Demain, dès que l’église sonnera les neufs coups. _Nous y serons. Jean-Baptiste me conduisit jusqu’à une petite cabane située un peu à l’écart du premier village environnant le château. Un vieil homme nous ouvrit, ils s’enlacèrent longuement avant que mon guide me présente son ami. _Voici Anthony Paris, mon père c’est un ancien Commandeur. Le vieux monsieur nous fit rentrer et nous présenta des chambres dans lesquelles nous pourrons coucher. Il avait le regard sage et me traitait avec beaucoup de bonté. Le Commandeur repoussa la table, un tapis et souleva une trappe qui s’accordait avec le reste du plancher. _On ne pourra rester ici après notre incursion, nous pourrions être repérés. Ceci n’est qu’une des entrées du souterrain menant au château, il en existe bien d’autres s’entrecroisant en formant un réseau de couloir indéchiffrable au non-initié mais n’ait crainte, tous les Commandeurs ont pour devoir de connaître tous les recoins de ce labyrinthe. Si nous sommes pris en chasse, il nous sera facile de perdre nos assaillants. _Sauf si un autre Commandeur nous poursuit. _Cela n’arrivera pas j’espère. Cependant si ce réseau de galerie peut nous sauver la vie, tu ne devras jamais me quitter car si je te perds, je n’aurais pas les moyens de te retrouver te tu resteras piégé. _Je saurais te suivre. Sur ces derniers nous pénétrâmes avec le consentement du conseillé dans les profondeurs de la terre. La trappe se referma derrière nous, longuement et patiemment, mon nouvel ami me montra les différentes facettes du sous-sol du château, j’étudiais minutieusement les gestes et les mécanismes lorsque nous serons enfermés dans cette prison de terre. Les souterrains étaient lugubres, pour nous éclairé nous fûmes obligés de faire du feu sur le seuil de la grotte. A l’aide d’une torche que nous avait fournie le propriétaire de la maison qui réglementait l’accès de cet endroit, nous observâmes l’eau croupissante et le silence pesant de cet endroit terrifiant. Ainsi le chevalier et moi-même fîmes l’allée jusqu’au château, la faible lueur engendrée par le torchon allumé révéla à mes yeux les quelques armoiries de part et d’autres
le long du chemin : Certains recouvert par la rouille, d’autres encore intacte. J’observais le maître des lieux déplacer les épées de certains blasons sans en comprendre la raison. Les repositionnant de manière discrète dans leurs étuis après les en avoir ôté, convertissant la place de deux armes ou renversant leurs positions. Malgré l’instabilité parfois créée, nous continuions toujours notre avancé vers le château ? J’essayais de m’imprégner du savoir que me conférait Jean-Baptiste mais tous ces carrefours, ces chemins qui se croisent et s’entrecroisent étaient bien trop nombreux pour être assimilé. Il me raconta les légendes des temps passés, un roi qui s’était perdu en fuyant contre la révolte de son peuple se serait perdu ici et son esprit hante encore les coins sombres de ce souterrain. Une princesse en sauvant un renard se retrouva nez à nez avec ce dernier dans cette grotte alors qu’une traque avait lieu, on raconte que le renard sortit la princesse égarée mais qu’il ne put réchapper à la meute des chasseurs. La princesse voyant ce cadavre fut si triste qu’elle préféra se terrer dans la grotte et y demeurer, on dit que les gouttes d’eau qui tombent continuellement dans ces souterrains sont celles de la jeune fille qui pleure son renard mutilé à mort et que ses cris résonnent le matin comme un appel de pitié et de compassion pour toute forme de vie, déchirant le cœur de tout homme. Il y avait aussi l’histoire du Commandeur trop prudent qui avait posté ses chiens à toutes les sorties mais qui en les laissant mourir de faim fut dévorer par ses animaux quand il voulut empreinter le labyrinthe et de celui courageux qui affronta une araignée géante dans une galerie délabrée en se faisant aider par l’esprit de ses ancêtres. Jean-Baptiste connaissait une multitude d’histoires, des esprits des défunts Commandeurs qui protègent encore le site et dont les armoiries témoignent du passage à celui des animaux de légende qui terrifient nos pensées. Lorsque nous fûmes enfin arrivés sous la trappe menant à la salle de Commandement, mon ami s’assura que celle-ci n’était pas condamnée puis, dès qu’il eut terminé, il éteignit la torche en m’expliquant précautionneusement ses raisons. _Après avoir rencontré les Commandeurs, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de faire une torche avant de repartir ; de plus il y a fort à parier que nous serons poursuivies. L’obscurité nous aidera à semer nos assaillants. Tu dois dès à présent prendre tes marques dans ce réseau de galeries dans l’obscurité, de ton attention dépendra peut-être ta survie. Au cas où nous serions séparés, j’ai placé toutes les lames des épées arborant notre chemin dans la direction de la sortie, elles seront ton seul guide s’il devait m’arriver malheur. Pendant tout le reste de la nuit nous arpentâmes les couloirs souterrains, lorsque sonna neuf heurs, nous nous trouvions sous la salle de Commandement. Aussitôt, le confident de la reine souleva la trappe, provoquant d’abord l’effroi des convives puis leurs curiosités. _Jean-Baptiste, s’écria ravi, le plus joyaux Commandeurs. En m’extirpant de l’étroite galerie, je constatais que la trappe n’était autre chose que le siège d’un des onze fauteuils encerclant une majestueuse table de marbre. Ce siège était disposé en face de l’imposante porte en bois permettant l’accès à la salle. Les dix Commandeurs étaient là, réunis autour de moi, j’en conclus être sur le trône du roi. Jean-Baptiste me présenta sommairement à ses amis. L’un d’eux avait rejoint avec plaisir mon guide et je vis en l’espace de quelques instants, les hommes les plus valeureux du royaume. _Voici l’homme qui jadis ramena la princesse Jenny saine et sauve, annonça avec éloquence celui qui m’avait accompagné. Il est fermement décidé à la sauver du joug de ce tyran qu’est le prince Guenelon. Dans trois jours, à la nuit tombée, nous vous attendrons, sur le bord du chemin de la forêt des longues eaux, dans la même direction que quand nous contemplions avec l’ancien roi la rivière à travers les arbres. A ceci j’ajoutai : _Ne nous cherchez pas, c’est nous qui vous trouverons Pendant que je finissais ma phrase, la porte s’ouvrit, laissant apparaître le roi stupéfait et ses gardes armés. _Guenelon, vomit Jean-Baptiste
_Vieux fou, que comptais-tu faire ici ? Je voulus m’éclipser par le souterrain mais deux flèches me frôlèrent le visage. _Inutile de vous enfuir, poursuivit le roi. J’ai ici trois de mes meilleurs arbalétriers qui aux moindres gestes ont ordre de tirer. Je vis effectivement les deux soldats recharger promptement leurs arbalètes et nous pointer mon ami et moi de leurs armes meurtrières. Le roi restai de marbre et fière de sa position de force. _Je vois que j’ai encore beaucoup de chose à apprendre sur ce château, constata t’il. Ce passage secret m’était inconnu. _Même les rois ont leurs lacunes, répondit mon allié moqueur. _Tu rigoleras moins pendu scélérat. Gardes ! Saisissez-vous d’eux ! Tandis que les gardes approchaient, Guenelon dit : _Peut-être, je ne sais pas tout mais toi tu ne seras plus rien. J’ai le pouvoir et je suis obéis par tous ici. _Lâchez-les ! Ordonna une voie provenant de derrière notre ennemie, le visage masqué par l’obscurité, pointant son arbalète sur le roi. On distinguait sa cotte de maille et sa silhouette m’était familière. _Pas un geste, ajouta l’ombre en menaçant notre bourreau. Sinon votre chef est mort. _Que fais-tu ? Demanda ce dernier paniqué. Tu es fou. _Pas plus que toi, immortel cafard. Cette réflexion me fit sourire mais devant la situation je ravalais mes gloussements. A ces mots, notre sauveur, blond aux cheveux mi-longs, s’avança, s’éloignant de l’ombre laissée par les murs, laissant distinguer son fin visage aux yeux bleus perçant, et se retourna pour faire face à nos assaillants, emmenant sa victime avec lui. _Guillaume, m’exclamais-je. Que fais-tu là, tu es encore en vie. _On ne se débarrasse pas de moi aussi facilement. _Tu viens de faire la plus grosse erreur de ta vie, laça le prince captif d’un ton méprisant. Laisse-moi partir et j’épargnerais ta misérable vie. _Désolé mais je tiens trop à ma misérable vie pour vous laissez partir. _Si vous me tuer vous êtes mort. _J’ai pas envie de mourir, murmurais-je. Jean-Baptiste s’approcha de moi et me posa sa main sur mon épaule ne m’incitant à sortir. Nous fîmes demi-tour accompagné de Guillaume qui garda le prince sous son emprise jusqu’à ce qu’il rentre dans la grotte. Dès que nous nous fûmes immiscés dans le souterrain, notre guide partit vers la sortit en sommant de ne pas le perdre. Bientôt, une multitude d’hommes armés nous pris en chasse mais après quelques centaines mètres passé dans le souterrain, nos assaillants avaient disparu. _Arrêtez-vous, cria une voie perçante derrière nous. Je suis prêt à tirer s’il le faut. Malgré les menaces nous continuâmes dans les sombres couloirs. Venu des profondeurs de la terre, une complainte comme un gémissement, réminiscence d’un fantôme issue de vieilles légendes, sifflait dans nos oreilles comme un chant de désespoir. Un petit homme à la voie caverneuse posa la main sur l’arc de son acolyte. _Laisse les partir Cairie, si ce qua dit Jean-Baptiste est vrai, il est peut-être notre seul espoir. Nous poursuivîmes notre course effrénée, semant peu à peu les deux personnes qui nous avaient suivies et sombrant dans l’obscurité glacée de ces couloirs tourmentés.
UNE ENTENTE DIFFICILE Dès notre sortie du souterrain, nous commençâmes à chercher un endroit pour passer la nuit à proximité du chemin principal qui traversait la forêt. Le vieux monsieur qui nous avait accueillit nous laissa partir avec élégance, souhaitant bonne chance à son fils qui risquait sa vie. Nous posâmes notre campement dans une petite grotte terreuse qui se trouvait le long d’une abrupte pente à une dizaine de mètres du chemin environs. Notre ouverture dégagée nous permettait de distinguer aisément de l’intérieur de la caverne quiconque passait sur le chemin. Aussitôt installé Guillaume et moi commençâmes à discuter de nos histoires respectives. Jusque là Jean-Baptiste nous avait sans cesse répété la priorité de trouver un abri pour nous cacher. Ce dernier nous rejoignit bientôt pour nous demander de l’aide. _Il est vrai que je trouve notre modeste demeure bien visible, répondit l’arbalétrier. Nous allâmes porter mains forte au sage guerrier et façonner notre abri afin qu’il devienne plus discret, ce qui ne m’empêchai pas de poursuivre la conversation. _Et alors qu’es-tu devenu depuis notre dernière rencontre, l’armée de Ménélas n’a t’elle pas décimé la tienne ? _Si, mais étant un arbalétrier, j’étais en arrière garde, la charge de la cavalerie de l’armée de Ménélas suffit à percer notre position défensive. L’attaque de l’armé se fit aussitôt que nous nous entrâmes au royaume. En fait ! Le secret de leur victoire éclatante est dut à un petit malin ; Alors que les troupes adverses arrivaient sur nous il a catapulté trois énormes rochers sur le château alors que nous étions en train de relever le pont-levis. _Je pensais les châteaux fortifiés préparés à de telles éventualités. _Oui mais là les trois rochers n’étais pas dirigé vers les murs mais sur le pont-levis, et l’un des trois est parvenu à s’immiscer entre le pont et le mur. Ce rocher à littéralement massacrer plus d’une centaine de soldats et désorganisé toute notre manœuvre défensive. Le pont-levis se rabaissa et les troupes ennemies purent envahir la cité. _C’est vrai que j’ai eu beaucoup de chance ce jour là répondit Jean-Baptiste. _Que dis-tu ? S’écria Guillaume. _C’est moi qui aie eu cette idée, lorsque j’ai vu les troupes avancées sur le château, il était facile de comprendre que l’on arriverait jamais à temps et que votre défense serait déjà préparée lors de notre assaut. Malgré la distance je pris cette initiative afin de retarder votre défense. Nous étions loin, le château était hors de porté mais le pont-levis était à bonne distance. Je commandai aux trois catapultes que je dirigeai de charger sur cet objectif. Je demandai à tous les hommes de s’activer et avec vaillance ils parvinrent à les rendre opérationnel en très peu de temps. Après avoir aider les soldats à manœuvrer, je visais minutieusement l’entrée de votre château, en priant pour que toutes les journées passées à affiner ma maîtrise sur l’impulsion donnée au rocher et le contrôle de sa trajectoire portent ses fruits. Mes coéquipiers firent de même et je vis mon boulet voler, passer par-dessus nos cavaliers au galop et accompagné de deux autres lancés par mes acolytes, fondre sur le pontlevis. Le premier rocher frappa à gauche du pont, le second sur le bord droit puis coula sous le flot de boue entourant la forteresse. Avant de sombrer définitivement il croisa mon boulet et sous l’impacte, ce dernier virevolta, et vira brusquement à gauche, le temps d’un dernier vol, puis disparut derrière le pont-levis. _En démolissant une partie du pont, s’empressa d’ajouter l’ancien adversaire. Alors comme çà c’est toi qui as lancé ce rocher. Bravo, quelle adresse. _J’ai toujours aimé jeter les choses, je ne sais pas pourquoi, ça me plait. _Tu aurais certainement fait un excellent archer. _Je ne crois pas, j’ai déjà essayé et je dois dire que je n’ai guère de réussite, mais ce qui concerne les dagues et les catapultes en revanche, je m’en sort plutôt bien. En ramenant une dernière brassée de broussailles en amont de la grotte j’exclamai soulagé :
_Cela devrait suffire pour éloigner les regards, trop de branchages paraîtraient douteux. _Je pense que tu as raison, approuva l’élite des lanceurs de pierres. _Ah ! Nous pouvons enfin nous reposer, je n’ai décidément plus l’habitude de ces basses besognes, pas toi Jean-Batiste, souffla Guillaume épuisé en s’assaillant au bord de la grotte. _Moi de même, acquiesça t’il en l’imitant. _Et toi, fit l’homme aux yeux bleus dans ma direction. _Moi tu sais, j’ai que çà pour venir jusqu’ici. Je me posais en face d’eux et allongeais mes jambes fatiguées. _Comment çà, demanda le Commandeur soucieux. Serais-tu recherché ? _Ouh là ! Si tu savais, répondis-je fataliste. _Même avant ton intervention ici il y a trois ans ? _Bien avant. _Mais alors, pourquoi ne pas t’être réfugié ici lorsque tu as sauvé la princesse. _Des obligations d’ordre… sentimentales. _Ah ! La soif de liberté, la princesse m’a parlé de ton désir mais pourquoi ne pas être venu nous en informer. Le roi te devait une faveur et il respecte ses promesses, il t’aurait protégé quoiqu’il arrive contre celui qui te cherche. -Celui…Tu es bien naïf. Je n’en suis pas sûre mais je dois être recherché dans plus d’une centaine de royaumes différents éparpillés au fil de mes voyages. Le Commandeur stupéfait resta quelques instant sans voix. _Qui es-tu ? _C’est un brigand, s’écria fièrement Guillaume en se levant. Un brigand de renom, il ne vole qu’aux gens les plus les plus fortunés. Les paysans, fermiers doivent lui faire pitiés. Pour les venger un peu, il fait tourner la tête de messieurs les rois tous puissants pour quelques pièces. _Est-ce vrais ? Me demanda Jean-baptiste gravement. _C’est exact. _La bourse de notre roi c’était…. _C’était moi. _… _Mais je tiens à vous dire que chez vous c’était différent, tout était si harmonieux. J’ai ressenti l’étrange force pleine de douceur de votre roi. Ce fus la seule fois où j’ai eu du remord pour mon vol. _Ah oui ! Repris le confident de la reine flatté. Je souris un instant en répondant : _En fait, non ! Mais vous posséder quand même un beau royaume. Tout le monde était détendu, le modeste soldat à la cotte de maille me défendit grandiloquent : _Oui et vous devriez remercier le seigneur qu’il soit voleur car s’il n’avait pas volé votre beau roi, votre jolie princesse à l’heure qu’il est serait morte dans un des cachots de la tour et votre royaume aurait été dévasté. Guillaume me surprenait de plus en plus, il semblait tout savoir sur moi sans que je ne lui ais révélé quoi que ce soit. _Comment sais –tu que j’ai dut me servir de la bourse pour amadouer les gardes ? _Parce que lorsque tu es parti avec la captive, le maître a piqué une de ses gueulantes. Les gardes ont été enchaînés afin d’être pendus à Agemore et torturer, les rumeurs ont raconté comment tu les avais bernés. Du coup, avec l’attaque éclaire de Ménélas, ils ont été libérés avant même d’être arrivé au royaume. D’ailleurs grâce à cette brève attaque, la guerre fut plus
vite gagnée, moins de sang a coulé, il y a eut plus de prisonniers et le roi étant bon, ils furent tous libérés et voulurent tous le servir. _Voilà où nous en sommes, soupira l’homme aux catapultes. Un roi en moins… _…Une raclure en plus, ajouta amèrement Guillaume. _Triste fin, finissais-je enfin. Et pourtant je me suis jamais senti aussi bien. Cette douceur qui autrefois m’avait envoûté, je la ressens une nouvelle fois. J’aime cette forêt, à cet instant où tout m’appartient, je comprends mieux cette sensation que j’ai ressentie et que je ressens encore. Cette mélancolie et ce pouvoir ; et même si tous mes rêves ne sont que chimères, tant qu’il me restera l’espoir je continuerais à croire, aimer…. Mes deux compagnons restèrent figés avec des regards béants. Je me le levai doucement et entrepris de sortir chercher de quoi apaiser la faim qui commençait à me tirailler. _T’as compris toi ? Questionna le jeune blondinet au grand homme. _J’espère que oui. _Ben, alors ! S’étonna Guillaume. Qu’est ce que tu attends, raconte. _Tu le sauras bien assez tôt, j’espère. Je l’aime bien au fond ce petit. _C’est un chic type, sûre, on peut compter sur lui. _Un peu trop peut-être. Il ne connaît pas son importance. Arrivé à une trentaine de mètre, je vis un fourrer rempli de belles mûres. La saison venait de commencer et je me gavais de ces succulentes et prodigieux fruits laissés par la forêt. Lorsque j’en eus assez, je voulus chasser du gibier afin de manger plus allègrement et partis prévenir mes compères de mon projet. A peine avais-je commencé à faire demi-tour qu’un énorme bruit m’arrêta. Trois personnes visiblement dirigeaient un convoi. Il s’agissait de trois des dix Commandeurs qui étaient présent lors de notre irruption au château. Le premier, à l’avant, était petit, maigre avec de grands yeux verts, un large front et de petites oreilles cachées par des cheveux blonds mi-long coupé en cercle. Il avait un visage allongé et une fine bouche serrée, son allure droite laissait voir des bras longs et fins portés par de larges épaules athlétiques. A sa droite se trouvait celui qui avait manifesté un grand plaisir à voir JeanBaptiste. Plus grand, toujours souriant, il portait une tunique aux couleurs flamboyantes. Ses yeux, d’un bleu très clair, scrutaient chaque recoins de l’horizon. Roux, ses cheveux descendaient jusqu’à des oreilles discrètes. Il possédait un nez fin qui surplombait une large bouche entourée par une barbe fine. Son visage légèrement allongé et son corps bien proportionné laissaient supposer que ce dernier avait une bonne santé. Assis sur leurs chevaux ils détenaient tous les deux une épée et étaient vêtus d’une légère armure qui ne recouvrait qu’en parie leur corps et leur crânes. Plus à l’écart, vers l’autre extrémité du convoi, se trouvait le troisième chef de l’expédition. Ce qui me frappa en premier chez lui fut que, en plus de posséder une épée plus fine, il avait, accroché autour de sa taille, trois petites haches meurtrières. Assez petit, il ne possédait ni muscles saillants ni carrures imposante mais par delà son regard presque hagard et son air jovial, on pouvait comprendre qu’il possédait une intelligence redoutable. Je me sentis attiré par lui, son allure, tous ses gestes doux et minutieux respirant l’harmonie et la gentillesse. Il possédait des cheveux bruns, mi-courts, qui arrivaient jusqu’à de grandes oreilles dégarnies. Ses yeux marrons foncés en amandes ne se laissaient pas distraire par le tumulte du convoie. Son nez fin et droit, était brusquement courbé en son milieu. Il possédait des joues légèrement rentrées et une bouche aux lèvres fines qui esquissait un délicat sourire. Un menton assez prononcé terminait son visage, supportant à son extrémité une barbichette étroite et clairsemée. Il ne possédait pas d’armure, comme si la mission qu’il menait ne comportait pour lui aucun dangers. Brusquement, l’escouade s’arrêta. Sur le chemin était éparpillé une dizaine de soldats dirigés par les deux Commandeurs en tête de la petite expédition. Je ne savais pas quoi faire, que voulaient-ils ? Peut-être nous recherchaient-ils, mais comment savoir ? Toutes ces questions allaient bientôt avoir leurs réponses cependant elles arriveraient sûrement trop tard. Il me fallait trouver un
endroit pour me cacher. Les ronces et broussailles dominaient cette région, les soldats devront les fouiller pour nous trouver. La grotte est elle-même peu sûre et trop éloigné pour que je puisse y accéder sans être vu. Je décidai de grimper le plus discrètement possible dans l’arbre le plus proche et le plus facile d’accès. Je trouvai rapidement un arbre à la luxuriante verdure et dès que je fus rendu à son sommet j’espionnai à travers le feuillage les manœuvres de la troupe. Le Commandeur situé à l’arrière avait rejoins les deux autres et s’était placé un peu en retrait sur leur gauche. Le cavalier blond pris la parole : _Retrouvez-moi ces traîtres et ramenez-les-moi… vivants. Les fantassins se dispersèrent et s’avancèrent dans les fourrés. Divisés en deux groupes équivalents, ils examinèrent les lieux de part et d’autre du chemin. Pendant ce temps Guillaume et Jean-Baptiste avaient depuis longtemps compris ce manège. _Il nous recherche murmura l’habile lanceur de dagues. _Ce sont des Commandeurs les trois devant ? Demanda l’arbalétrier aux yeux clairs. _Oui, acquiesça le combattant de renom. Le blond sur son cheval à gauche, c’est Pacome, l’autre cavalier est un ami, Sébastien. J’ai entière confiance en lui. _Et lui à pied ? _C’est David, méfie-toi de lui, il est arrivé juste avant la mort du père de Jenny… Attention les gardes approchent. Ils se tapirent un peu plus et leur voix ne fut plus qu’un souffle dans le vent. _Que faire s’ils nous trouvent ? _On se terrera au fond de la grotte, et si l’un d’eux nous repère malgré tout… Jean-Baptiste eut un regard complice pointé vers l’arbalète de son compagnon. Celui-ci s’en saisit et approuva : _Compte sur moi. En effet, la petite troupe composée désormais de cinq unités s’avançait doucement. Lorsqu’ils arrivèrent à ma hauteur, deux d’entre elles étaient à proximité de mon arbre et personne ne leva les yeux vers moi. Pour mes compagnons se fut différents, un garde s’aventura dans la grotte, ce dernier n’en ressortit pas. « Lâchez-moi, mais lâchez-moi » _Merde ! Chuchota Guillaume, il s’est fait repérer. _Il faut aller le secourir, dit aussitôt le valeureux combattant à ses côtés. Ils allèrent tous deux au bord de la caverne et virent un simple maraudeur entre les mains des envoyés royaux. Guillaume eut un soupir de soulagement : _C’est pas lui ! Pendant ce temps le maraudeur fut relâché sous les ordres de David et Sébastien sonna le moment de la retraite arrivé. Ils s’apprêtèrent à partir lorsque Pacome, après avoir minutieusement compté ses sujets, s’écria. _Halte ! Il manque un homme, ils sont là arrêtez-vous. _Comment ? Questionna l’ami du confident de la reine, arborant ses couleurs chatoyantes. _Il manque quelqu’un, c’est un de ceux qui sont partis de ce côté-ci. Il désigna notre fourré et continua : _J’envoie tous mes hommes. Les deus autres responsables se regardèrent et acceptèrent. Tous les hommes furent bientôt sur nous, encore une fois je passai inaperçus en revanche trois personnes s’apprêtaient à pénétrer dans la grotte. _S’ils sont découvert je serais seul, sans aucunes réponses. Eux, ils sauront quoi faire, pensais-je en voyant les soldats pénétrer dans notre abri. Je sautai de mon arbre en courant, attirant l’attention des gardes qui s’exclamèrent : « C’est lui, rattrapez-le ! » Je fus bientôt pris
et Pacome promptement alla dans ma direction sur son cheval accompagné de Sébastien. Leurs chevaux majestueusement survolèrent les obstacles de la forêt pour arriver jusqu’à moi. Ils étaient encore à une vingtaine de mètre de moi quand je vis arriver à vive allure le dernier Commandeur à pied. Les deux cavaliers n’étaient pas rendus que déjà il était devant moi et m’avait reconnu. Nos regards se croisèrent, il se devait de me dénoncer mais je le devinais réticent à cette idée. Ce fut un court instant, qui détermina mon avenir, je comptais sur mes amis pour me soulever le peuple de Ménélas. Ils en étaient capables et peut-être même, celui qui allait me faire arrêter jouera un rôle important dans cette tache. David, n’avait pas le choix, il prendrait d’énorme risque en me protégeant, seul contre une escouade, notre mort était programmé. _Ce n’est pas lui, affirma t’il. N’est-ce pas Sébastien ? Ce dernier fixa le regard de son allié et à son visage s’illumina. _Sûre, si c’était lui çà se saurait. Quelque chose se passa entre les deux hommes, un message était passé sans que personne ne s’en rende compte. _On l’emmène ? Il a tué un des nôtres ! Demanda le garde qui m’avait capturé. _Relâchez-le ! Ordonna David, On n’a pas le temps de s’occuper de lui. Il me laissa apercevoir, avant de s’en retourner, un léger sourire du coin des lèvres. Ceci étant terminé, tout le monde repartit poursuivre sa mission sauf Pacome qui resta quelques longues secondes à me défier du regard avant de rejoindre ses compagnons puis le cortège s’éloigna et je pus repartir vers mes amis. A peine fus-je rentré que Jean-Baptiste me projeta et m’immobilisa contre le mur. _Plus jamais çà tu m’entends, plus jamais. Je restais ahuris devant ces propos menaçants que je ne comprenais pas. _Doucement ! Émit Guillaume. Il a fait ce qu’il a pu le petit. _Petit ! Tempêtais-je. Je suis peut-être plus vieux que toi. _Enfin, laisse-le, Continua t’il alors que déjà mon agresseur s’éloignait de la grotte. Grâce à lui on est tous là ! _Il aurait pu se faire tuer, brama notre nerveux compagnon. _Mais il y avait Sébastien, tu m’as dit que tu avais une totale confiance en lui. _Peut-être mais il n’aurait rien pu faire si quelqu’un l’avait reconnu. Après ces paroles Jean-Baptiste s’enfonça dans la forêt. Une fois que j’eus retrouver mes esprits je remarquai le jeune soldat ligoter à coté de nous. _Qui est-ce demandais-je à Guillaume. _Un des soldats qui s’est égaré ici. Il s’approcha de lui en lui susurrant : « Mais il va être gentil et se tenir tranquille, tiens, je vais même lui ôter son bâillon. _Qui êtes-vous ? Beugla t’il sauvagement. Relâchez-moi ! Le roi vous fera pendre scélérat… Mon ami remis la muselière au prisonnier en précisant qu’il lui ôterai dès qu’il se serait calmer. _Je ne suis pas d’humeur à entendre ces jérémiades, ajouta t’il. Le silence prit place quelques seconde puis je demandai calmement : _Le blond avant de partir… _Pacome. _Peut-être ! C’était un Commandeur pourtant il m’a semblé prêt à tout pour m’arrêter. J’ai pas confiance en lui, méfie-toi. _Attends, fit mon interlocuteur désabusé. Tout à l’heure, Jean-Baptiste m’a dit de me méfier de David. _Qui ?
_Celui à pied ; Vous croyez pas que vous en faîtes un peu trop. A vous écouter je devrais me méfier de tout le monde. _Oui tu as raison, mais son regard… Fis-je pensif. Bon, allons chercher de quoi manger pour ce soir, il nous reste trois jour avant d’être éclaircit sur eux. _Exacte, et ne t’en fait pas trop ! Si quelques chose devait mal tourner, je serais là pour te protéger. Je t’ai déjà sauvé la vie deux fois, à la tour et à la sortie du royaume, je ne vois pas ce qui m’empêcherait de recommencer. _C’était donc toi, pendant toutes ces années je me demandai si cette flèche qui tua mon agresseur à la sortie de la tour était dut une bévue ou non. C’était toi aussi le garde qui a tombé du rempart ? _Oui _J’espère que je ne solliciterais plus ton aide. _Qui sait ! Jamais deux sans trois….
LA RÉUNION Le soir de cette rencontre nous délivrâmes le soldat. Il était devenu calme et parlait avec circonspection. Réunie autour de feu il ne criait ni ne vociférait plus. _ Que se passe t’il ? Demanda t’il curieux. Nous nous regardâmes et après s’être concerté, Jean-Baptiste décida de révéler à notre ami nos véritables intentions. _Nous sommes ici, caché aux yeux du roi car notre but va à l’encontre de ses objectifs. _ Vous êtes le Commandeur chargé de la sécurité de la reine ? S’écria subitement notre invité. _C’est exact et c’est la reine qui m’envoie ici. L’individu que toi et ton groupe recherchaient n’est autre que celui qui a sauvé la reine il y a trois ans. _C’est lui ! S’exclama le soldat en me regardant. Je me rappelle à présent, la reine avait été enlevée et personne ne réussissait à la trouver quand il est arrivé. Certains troubadours ont même chanté sur son histoire. _Ah oui ! Fis-je émoustiller et flatter. Je peux savoir lesquels. _ Attendez-il faut que je me rappel. A une époque on la chantait partout avec des amis. Il se mit à fredonner un air jovial en chantant : Un jour il est venu, jeune homme sans renommer Il voulait voir le roi, et pour le rencontrer Il défia les marauds, rempart et chevaliers Avec un simple couteau, il alla le chercher Les Commandeurs étaient là, ils vont l’arrêter Mais il est trop rapide, le roi est sous son nez Oh grand feu! Oh grand guerrier! Une épée, un cœur, une main pour les guider Il sonde la terre, il va la sauver Soit prudent! La princesse est en danger. Voyant ce grand guerrier, le roi l’a mandaté Où tout le monde avait échoué, il partit Sans peur il avança au-delà du danger Marcheur infatigable, de jour comme de nuit Chassant les mécréants, les méchants, les bandits Il suivit les indices, pour lui sauver la vie Oh grand feu! Oh grand guerrier! Une épée, un cœur, une main pour les guider Il sonde la terre, il va la sauver Soit prudent! La princesse est en danger. Et la tour se montra mais il ne faillit pas Et la tour se souleva mais elle ne suffit pas Son épée les fit fuir et son bras délivra Celle qu’il cherchait et au château la ramena Mais les flèches fusèrent et pour la protéger
Il sautèrent à la rivière, il fut blessé Oh grand feu! Oh grand guerrier! Une épée, un cœur, une main pour les guider Il sonde la terre, il va la sauver Soyez confiant! La princesse est en sécurité. La douleur le foudroie mais il ne s’arrête pas Deux cavaliers, bandits, voulurent ôter leur vie le héros les brava, malgré son bras meurtrit Les épées claquèrent, un des bandits sombra L’autre fut repoussé puis projeté à l’eau Ils prirent les chevaux, retournèrent au château Oh grand feu! Oh grand guerrier! Une épée, un cœur, une main pour les guider Il sonde la terre, il va la sauver Soyez confiant! La princesse est en sécurité. Il est bientôt trop tard, il faut te dépêcher Des brigands attaquèrent, les chevaux furent volés La princesse s’évanouit, le guerrier la soigna Il attendit longtemps, avant qu’elle se leva Enfin il vit le roi et la laissa aller Car il ne peut rester, ce héros est appelé Il a d’autres vies à sauver. Oh grand feu! Oh grand guerrier! Une épée, un cœur, une main pour les guider Il sonde la terre, il va la sauver Soyez béni! La princesse est sauvée. « Ca me fait bizarre d’être devant celui pour qui cette chanson à été faite. » M’avoua le soldat ému. Moi-même, j’avais beaucoup de mal à cacher ma surprise. _Elle convient bien à ce qui s’est réellement passé ? Me demanda t’il. _C’est une version qui me convient, et encore cette chanson ne dit pas comment j’ai escaladé le mur de la tour… Le militaire était admiratif et j’étais assez fière du résultat cependant devant les regards inquisiteurs de mes deux amis je reconnus que certains passage avaient été un petit peu romancé… _Mais pas assez pour être significatif, complétais-je aussitôt. Tu en connais d’autres ? _C’est celle que je connais le mieux mais il y a aussi L’homme de l’ombre est arrivé Sans armures, sans armées Il vient la retrouver Celle qu’on nous a enlevée
C’est le roi qui l’a appelé Il est venu aussitôt Sa mission est révélée Il part pour l’exécuter Les ennemies du roi seront châtier…. Il ne se rappelait plus des paroles mais continuait à fredonner cet air plus rapide et saccadé avec çà et là quelques morceaux de la chanson. _Vous continuez toujours à chanter ces chansons ? Questionnais-je. _Ceci est difficile avec les nouvelles règles. En plus avant on pouvait se mêler à la foule et rire avec eux, maintenant les soldats sont une caste à part qui ne doit se mélanger aux autres. Mon frère qui vit dans un village proche d’ici ne m’a pas vu depuis plusieurs jours, je ne sais même pas s’il est encore en vie, peut-être que je côtoie tous les jours celui qui l’a tué ou qui a tué un de mes anciens amis… _C’est pour çà qu’on se bat, avoua Jean-baptiste. Pour que l’ancien régime soit instituer de nouveau, on veut que le peuple recouvre sa liberté de nouveau. _Je suis d’accord avec vous mais comment faire ? Indiqua t’il perplexe. Nous ne sommes que quatre. _Dans trois jours se réuniront les Commandeurs, précisa notre arbalétrier. C’est avec eux qu’il faudra compter, grâce à la renommé de notre ami (il me désigna de la main), on compte réunir assez de partisans pour que l’on puisse renverser le roi. _ « Je suis prêt à vous suivre et je pense que je ne serais pas le seul, beaucoup sont ceux qui attendaient un chef digne de confiance » Il me regarda avec dévotion et poursuivit : Vous avez déjà accompli de hait faits d’armes, on chante vos actes de bravoures, je sais que vous saurez le défaire de son trône. La soirée se passa au rythme des chants de notre nouveau convive et des discussions sur les Commandeurs et notre avenir. Il fut décider que le soldat retourne au royaume dès le lendemain, Jean-Baptiste voulut qu’il joue le rôle d’espion et d’intermédiaire avec les autres soldats. Il lui parla aussi un long moment seul à seul avant de revenir s’assoupir au coin du feu. Ce fut une excellente soirée, pleine de rire et de souvenir, le simple soldat nous parlait avec tendresse du passé et de ses relations avec l’ancien monarque. Pas une fois lors de ces revues fréquentes, il ne serrait la main ni ne parlait à ceux qui étaient près à donner leurs vies pour lui. Il lui avait déjà parlé ainsi qu’à certains des Commandeurs, mon opinion sur le roi était juste et je m’endormis ravis par cette révélation, déçu par sa mort mais ravis. Trois jours passèrent pendant lesquels je ne cessai de penser au moyen de vaincre l’infâme usurpateur du roi. Une seule solution vint à mon esprit mais je préférais en garder le secret jusqu’à la réunion. Cette idée me vint lorsque Jean-Baptiste émit les raisons pour lesquelles les soldats restaient fidèles au nouveau roi : « Il promet plus d’or et d’avantages, les soldats les plus égoïstes se sont réjouis de cette initiative tandis que les autres durent se taire par peur d’être pendus. La rébellion est très sévèrement réprimée et le manque de communication créé un climat de suspicion favorable au roi. Si on pouvait se rallier ces hommes dégoûtés par les nouvelles pratiques du souverain, on pourrait lever une petite armée et peut-être rivaliser face au nouveau roi. Mais comment convaincre ces gens sans semer la méfiance et le doute chez les généraux ? » Plus ces paroles se déroulaient dans ma tête, plus je me disais que ma solution était une assurance nécessaire à notre victoire. « Le royaume est sans cesse saccagé et pillé par nos propres soldats. Le monde basé sur le respect que nous avions créé est désormais un souvenir. Je pense que les soldats qui avaient de la famille dans les villages sous la responsabilité du
royaume sont navrés par cette situation car les fermiers sont devenus les jouets des humeurs du roi. » _A quoi penses-tu ? Me demanda Guillaume en faisant rôtir un lapin juste saigné sur le seuil de la grotte. _C’est ce soir que les Commandeurs doivent venir et nous n’avons aucuns plan à leur soumettre. _Nous ne leur avons pas promis un plan mais une aide. Tout se passera bien, ce n’est pas aujourd’hui que tu dois avoir peur. _Mais de cette réunion dépendra notre vie. _Ben justement profites en un peu, tiens prends çà. Il me tendit un morceau de la viande qu’il faisait cuir tandis que Jean-Baptiste arrivait avec un fagot de brindilles et de bois morts. Ces trois jours avaient été ensoleillés, l’été avait enfin porté ses fruits et l’ombre des arbres étaient devenu un agréable recours contre les rayons ardents du soleil. _Alors, on commence à festoyer sans moi, exclama mon cher protecteur aux mains agiles. Nous nous essayâmes autour du feu et commençâmes à manger. Une fois le soir tombé, nous méditâmes sur la venue de nos futurs associés. _ S’ils doivent venir, ce ne sera pas avant la nuit tombé, précisa Jean-Baptiste en savourant un morceau du lapin. _J’ai été au lac nettoyer nos défroques, ajoutais-je. _Bien, bien, je pense qu’ils nous en rapporteront d’autres. _Y aura t’il des armes et des armures ? Demanda Guillaume. _A cela je ne puis répondre, désolé. _Nous le saurons bien assez tôt, rappelai-je à mes compagnons. _Exact, acquiesça l’arbalétrier aux océaniques. Cependant, je vous propose de rester cacher lorsque vous rencontrerez les Commandeurs, je n’ai pas confiance en eux. _Moi j’ai confiance répliqua le chevalier sans armure. _Comment peux-tu jurer pour tous ces gens, tu m’as toi-même dis de me méfier de certains d’entre eux. Je resterais ici quelques instants, le temps de m’assurer de leurs intentions. _Ils voudront te voir. _Dit leur que je suis mort, et si le rendez-vous n’est pas un piège je me joindrais à vous. Ainsi fut convenu notre rendez-vous et par ce contrat précaire, assuré notre sécurité. Dès que le repas fut terminé et notre feu éteint, nous attendîmes nos invités. _Le temps passe et la nuit tombe, fis-je constater à Jean-Baptiste. Que feras-tu lorsqu’ils seront arrivés ? _Je te présenterais à eux, je pense qu’ils t’ont déjà reconnu mais mieux vaux s’en en être sûre. _Mais pourquoi ? Tu sais aussi bien que moi que je ne réussirai pas à renverser le roi. Je ne sais pas me battre, je ne suis pas un guerrier, je suis juste un voleur, peut-être émérite mais pas combatif. _Tu es devenu un symbole, le symbole que tout est possible. Je ne sais pas ce qui s’est passé il y a deux ans ni par quels subterfuges tu as pu revenir vivant avec la princesse, mais ton acte t’a valu pour beaucoup d’entre-nous du respect et même de l’admiration. Si tu es là, ce n’est pas pour ta propre personne mais pour ce que tu représentes. _Et tu crois que ça suffira à les mettre de notre côté, répliqua notre cuisinier. _Ils le sont déjà mais doutent que nous puissions vaincre, même avec eux. _Et je crains que nous puissions les convaincre sans un plan.
_Le stratagème n’a pas d’importance Guillaume, le rôle des Commandeurs était diriger les troupes pendant la bataille. C’est notre travail et notre devoir que de savoir créer des plans, encore faut-il avoir des troupes à commander et c’est sur ce point qu’il est important, annonça t’il en me désignant. Peut-être suffira t’il à raviver la flamme de justice qui habite encore beaucoup de nos soldats. _En somme, je suis un fétiche, signalai-je. _En quelque sorte. Je pris un reste du repas encore très chaud tandis que mes deux compagnons finissaient leurs parts. _Est-il bon mon lapin ? Questionna Guillaume souriant. _Comme toujours, tu le sais bien, répondis-je en le taquinant. _Mais c’est tellement bon d’entendre des compliments. Le temps passa, bientôt il n’y eut plus rien à manger, une longue attente commençait. _Tu crois qu’ils vont venir ? Demandais-je à Jean-Baptiste. _Ils seront là à l’heure prévue. Les minutes s’écoulaient tandis que le temps, lentement et inextricablement faisait son œuvre. _Les voilà fit constater le confident de la reine. Je descends les rejoindre. Vous venez ? Comme convenu, je le suivis tandis que mon vieil ami refusa d’un signe de la tête et, prenant son arbalète, alla se poster au bord de la grotte afin de surveiller notre entrevue ? Dès que nous fûmes arriver devant eux, mon compagnon embrassa ses amis. Devant moi, se trouvaient sept imposants soldats parés de leurs lourdes armures, cette précaution inutile me fit sourire : Comment trois pauvres hors-la-loi pouvaient les provoquer ? A gauche se trouvait le plus raffiné des sept : Grand, mince, il tenait un casque parfaitement lustré entre ses mains gantées de soie blanche, laissant apparaître de longs cheveux blonds qui mettaient en évidence des yeux ronds d’un vert étincelant. Son visage, ovale, était prolongé par une bouche fine et étroite et un menton effilé. Le long de sa jambe, rentré dans un fourreau était logé une épée légère au manche damasquiné d’or et d’argent. A ses côtés je reconnus l’homme qui nous avait sauvés lors de notre évasion avec Guillaume dans le tunnel menant à la salle de Commandement. Sa silhouette très caractéristique ne faisait aucun doute, c’était lui qui avait empêché Cairie de nous tirer dessus. Petit, trapus, d’une large prestance, les contours de son armure me donnaient de frissons : Des pics acérés capables d’embrocher un homme sortaient de ses genoux, de ses coudes et de ses épaules, cependant son large sourire ainsi que son corps enrobé le rendait attendrissant. A travers son casque, une longue balafre lui traversait l’œil droit pour s’arrêter au-dessus d’une bouche aux lèvres larges et épaisses. De petites mèches brunes étaient visibles çà et là sur son visage et laissaient découvert des yeux d’un marron très sombre. Ses bras étonnamment puissants étaient entrecroisés sur son torse. Accroché derrière lui, masqué par son imposante armature, une immense hache à deux lames brillait sous la lueur de la lune. En face de Jean-Baptiste se tenait un grand homme élancé tenant fermement dans la paume de sa main gauche une lance qui, appuyé sur le sol, pointait de sa lame dévastatrice le ciel étoilé. Il ne portait pas de casque et n’était vêtu pour se protéger que d’une fine cotte de maille. Il possédait de longs cheveux roux qui masquaient en partie ses étroites épaules et ne laissaient paraître sur son visage que ses yeux, qui étaient marrons et à demifermés, ainsi qu’un nez aquilin et une mince bouche aux lèvres serrées. Si Jean-Baptiste semblait à l’aise avec le Commandeur qui lui faisait face, de mon côté, ma vue était obstruée par un géant de fer et d’acier. Cet individu était posté là, masquant l’horizon de mon regard, les bras croisés, vêtu d’une armure incomplète s’ajoutant à sa puissance naturelle. Sa large poitrine, surplombant mon crane était à l’image de son corps : Musclé et immobile. Tout en lui semblait démesuré, chacun de ses membres valait plus de deux fois les miens ; rien en lui ne laissait place à l’égarement, tout était fait de muscles amples et bien construits et aucun d’entre eux n’étaient contractés. Naguère, la simple idée de me retrouver devant une personne
comme celle-ci m’aurait glacé d’effroi, j’étais en face de cet homme et dans mon malheur, j’étais quand même heureux de constater que mes idées reflétaient bien la réalité. Néanmoins, j’entrepris quand même de lever la tête pour apercevoir son visage. Il était grand, très grand et ses larges épaules le rendaient immense. Il avait un menton à peine visible, une bouche, un nez et des oreilles minuscules ainsi que des yeux noirs, légèrement ovoïdes, scrutant inlassablement un horizon qui me dépassait. Il ne possédait pas de casque et sa tête, ronde, était recouverte d’une chevelure blonde qui lui arrivait jusqu'à mi-oreille. Derrière son large torse, se trouvait le meilleur ami de Jean-Baptiste, leur longues embrassades ainsi que leur regards complice ne faisaient aucuns doutes, la relation qu’ils entretenaient semblait être bien plus que de l’amitié. Les liens étroits qu’ils entretenaient devenaient presque intimes. Ce dernier, toujours souriant était de carrure raisonnable. Ses cheveux étaient roux et courts, son visage légèrement ovale était très vite remarqué par ses grands yeux bleus complètement ouverts. Il ne possédait comme seule protection qu’une simple tunique bleue et une épée manifestant ainsi la confiance qu’il avait envers ses amis. A ses côtés, un homme de la même taille, avec une armure plus complète et une plus grande épée, attendait. Un menton en galoche terminait son visage ainsi qu’une large bouche aux lèvres épaisses, ceci accompagné d’un grand nez pointu et de deux yeux bleus, allongés qui lui conférait un étrange visage. Ses cheveux, bruns, ondulés étaient coupés de façon circulaire jusqu’au front avec une raie légèrement décalée vers la droite. Enfin le dernier des Commandeurs, David, était celui qui m’avait paru sympathique lors de notre confrontation avec le convoie il y a quelques jours. Sa présence me rassurait et calmait mon anxiété. Il avait cet aura de compassion et de gentillesse qui, derrière un sourire complaisant, n’empêchait pas de voir le danger dans les trois petites haches et sa fine épée, accrochées à la ceinture. A son sourire je répondis en l’imitant. De taille moyenne, son corps semblait à la fois frêle et décontractées. Un cou imposant supportait une tête ovale allongée par un menton prolongé d’un léger bouc. Son regard, doux presque mélancolique, laissait penser, par la profondeur de ses yeux et les cernes qui les entouraient, que sa vie était un combat perpétuel pour la paix, des autres et de lui-même. Ses cheveux, courts, laissaient un front dégarni à la base et des oreilles décollées, visibles. Ses joues, légèrement rentrées, emprisonnaient une bouche fine et grande. Il n’était vêtu que d’une simple tunique jaune, sans armure, j’en conclus, peut-être hâtivement, qu’il me faisait confiance. Tous ces chevaliers étaient visiblement entraînés au combat et leur assurance les fortifiait. Dans cette assemblée, seule l’homme à l’armure aux pics acéré était à ma hauteur, les autres me dépassaient sans efforts. Plus je regardais ces sept personnages, plus j’avais cette étrange sensation d’admiration et de mépris pour ces gens dont le rôle n’était que de se battre mais qui avaient le courage de le faire. Ces sept… « Ils sont sept » Pensais-je brusquement, ils étaient à peine arrivé que déjà un problème s’annonçait, je me devais d’en informer mon compagnon qui ne manifestait aucune crainte. _Ils son sept, murmurais-je au confident de la reine avant même qu’il n’ait eu le temps de me présenter ses amis. _Quoi ? Fit-il discrètement en se tournant vers moi. _Ils sont sept. Mon acolyte détourna la tête et poursuivis : _ Il manque Cairie et Pacome, messieurs. Le petit guerrier balafré s’avança et répondit : _Je vois que vous avez remarqué. _Tu sais Garot, dit le complice de Jean-Baptiste en gardant un profond sourire. Quand on est sept personnes au lieu de neuf, çà se voit. _Tu as raison Sébastien. _Et alors, qu’est ce qu’ils trafiquent ? Demandais-je inquiet en scrutant les alentours.
_Oh, oh ! Calme-toi mon gars, fit avec une voie rauque Garot, visiblement amusé par mon emportement. _Je suppose que si on te dit qu’ils sont occupés à compter leurs cheveux, çà ne te suffira pas, poursuivit Sébastien d’un ton moqueur. _Non. _Ouuaiis !! Cria David sans explications. Ca va, ils sont partis ramener ton ami Guillaume ici, écoute ! Le silence se fit et l’on entendit au loin le bruit des feuilles mortes crépitées. Soudain, s’ouvrit entre les buissons délimitant la route, une faille d’où Guillaume apparut, comme poussé dans le dos, puis avança jusqu’au chemin. Derrière lui apparut, une longue et fine épée à la mains, Pacome en tenu de combat. _Je vous avais bien dit qu’on ne pouvait pas se fier à ce manant. Regardez qui nous attendait là-haut ! s’exclama t’il _Pacome ! Vomissais-je en le fixant du regard. _Ah ! Depuis quand on leur apprend à parler aux bouseux ! Il s’avança dans ma direction, rendu devant moi, j’osais affirmer : _Je t’aime pas ! _Et moi j’aurais ta peau comme trophée ! Il me poussa de son index. David arriva pour nous séparer en m’expliquant que le caractère de Pacome était quelque peu instinctif, voir même animal et qu’il n’accordait pas facilement sa confiance. « Tu devrais mieux choisir tes amis » poursuivit le méfiant soldat. Pendant ce temps, un homme de taille normale, maigre, un arc bandé d’une flèche à la main, suivait les traces des deux nouveaux venus. Les épaules serrées, il passa au travers des buissons. Il possédait de longs cheveux noirs et de fins yeux à peine ouverts. Son visage semblait desséché par le temps, il ne possédait pas d’armure et avait pour seule arme une dague accrochée à sa taille et un arc. Dans son carquois, une vingtaine de flèches, serrées, attendait l’heure de leurs ultimes lancés. Comme Pacome était devant moi, j’en conclus que cet archer qui rejoignait notre réunion était Cairie, l’homme qu’il y a peu de temps, Garot empêcha de tirer sur nous. _Alors, comment se passe la réunion ? Demanda le maigre homme ridé. _Comme tu le vois, elle commence, prends place, je t’en prie. _Il serait préférable de se mettre plus à couvert, suggéra guillaume. Ce chemin est trop fréquenté pour être sûre. _Que manigance-tu avec ton ami, répliqua Pacome en nous dévisageant moi et le jeune blondinet. _Oh ! Moi je pense que ça ira. Arrête d’être si méfiant, ils ne sont que deux. Poursuivit David en essayant de calmer son confrère. _Ca, c’est ce que tu crois… Garot se mêla, avec son imposante voie, à la conversation. _C’est l’homme qui, il y a deux ans, a sauvé la reine au péril de sa vie, j’estime que pour ce qu’il a fait, il mérite le respect. _Et qu’est ce qui nous dit que c’est lui. _La reine m’a donné çà ! Répondis-je en montrant, le poing serré, le sceau que Jenny m’avait confié. Pacome, stupéfait, s’écria : _Rend-moi çà, espèce de voleur ! Mais Jean-Baptiste s’interposa. _J’étais présent lorsque la reine lui a confié ce présent. Je peux le jurer sur ma vie. Sébastien soutint les paroles de son ami aussitôt accompagné de Jean, David, Garot et de son voisin Roy, le plus élégant des Commandeurs qui se présenta courtoisement devant moi avant de prendre la défense de mon ami. Peu à peu tout le monde fut d’avis de quitter cet endroit
pour un lieu plus sûr et ce fut le confident de la reine qui dirigea le groupe jusqu’au seuil de la grotte où nous avions attendu la venue des Commandeurs. Nous fûmes tous assis autour des restes du feu qu’avait créer Guillaume pour notre repas et la réunion allait enfin pouvoir commencer. Notre meneur de notre groupe pris la parole. _Nous sommes ici pour trouver un moyen de détrôner l’usurpateur du roi. _J’ai promis à mon défunt maître de protéger sa fille, annonça Jean-Baptiste. Et je tiendrais ma promesse, coûte que coûte. _Moi aussi, acquiesça Alphonse, la montagne de muscle en face de moi. _On en est tous là ! Conclut l’homme aux hachettes. Mais comme çà, on ne peut rien faire. _On pourrait convaincre le peuple de se joindre à notre cause, proposais-je fièrement. L’ancien roi les traitait avec respect et dignité alors que celui en présence bafoue leur vie, sans nul doute pour venger la mort de leur protecteur et retrouver leurs droits, accepteront-ils de se joindre à nous. Jean-Baptiste répondit que ces gens ne nous seraient d’aucune utilité car ils ne savaient pas se battre. _Ils ne savent que se battre, compléta le plus élégant des Commandeur. A ceci, Clément ajouta jovialement : _Moi, je dis que le roi il aurait dû garder le droit de cuissage. La bonne baise pour apaiser les mœurs, y’à que ça d’vrai ! _Comment ?! Répliqua Jean outragé. _Évidemment, poursuivit Sébastien en parodiant Clément. Vu que le roi, c’était le matador des nuits blanches, il aurait eût toutes les femmes à ses pieds et personne n’aurait osé se rebeller quelque soit sa décision de peur d’être sauvagement agresser par son épouse. Garot, avec parcimonie, voulu recadrer le sujet. _Arrête tes conneries Sébastien, on parle sérieusement là. _Il a raison le petit, acquiesça Alphonse. Garot soudainement regarda le géant aux muscles saillants d’un air féroce et en se levant, lui fît remarquer d’un ton menaçant : _C’est moi que tu traites de petit ! Son interlocuteur se leva calmement devant lui jusqu’à ce que ce dernier soit face à face avec le nombril du grand homme, puis répondît en désignant Sébastien : _Non, c’est lui !! Alors tous les autres Commandeurs, sauf Garot, s’exclamèrent : « Alphonse !!! » et le petit homme à l’armure redoutable ajouta avant de s’asseoir : _T’as de la chance toi, t’as de la chance. Les deux compères se réinstallèrent côte à côte. Jean proposa de réunir tous les soldats qui regrettaient le temps passé et qui n’étaient pas dominé par l’orgueil du prince d’Agemore. _Excellente idée, soutînt Sébastien. J’en connais justement quelques-uns un dans ce cas. _Moi aussi, ajouta Garot. Des anciens combattants qui n’ont pas oublié leurs devoirs de soldats. Et en plus poursuivit David, ils pourraient prévenir des amis, peut-être même y a t’il déjà une société secrète contre le souverain. Nous pourrions être agréablement surpris. _Ou nous pourrions mettre au courant des traîtres et être tous pris, Compléta Pacome soucieux. _Mais pourquoi les informer de notre projet, proposa guillaume. Il vous suffit de leur dire d’être prêt à notre appel. Ainsi, aucun risque de fuite puisqu’ils ne sauront rien de notre plan qui d’ailleurs reste à faire.
_Nous avons déjà bien avancé, nous avons des renforts, repris le confident de la reine avec optimisme. Maintenant il nous faut une date pour agir, une date où le roi baisse sa garde, est à découvert. _Dans trente-quatre jours, c’est l’anniversaire de sa consécration en tant que roi, informa son meilleur ami. _Ce sera aussi celle de sa chute ! _Et une semaine vous suffira pour prévenir tous nos alliés ? Demandais-je. _Ouais ! Fit David motivé et sur de lui. _Mais avec le soutient des paysans la victoire serait plus sûre. _Hors de question ! Vitupéra Roy. Ces gueux ne servent à rien. _C’est vrai, acquiesça Garot. Pour notre Quête, j’ai peur qu’ils ne soient d’aucune utilité. _Assurément. Personne ne contredit l’homme aux cicatrices et le reste de la réunion se porta sur les détails de notre insertion dans le château. Nous résolûmes de passer, Jean-Baptiste, Guillaume et moi sous la forme de pouilleux et une fois à l’intérieur, en plein cœur de la cérémonie, nous devions nous découvrir pour attirer l’attention du roi et des gardes sur nous. A ce moment les Commandeurs à proximité du roi étaient chargés de l’éliminer tandis que nos alliés étaient sensés nous protéger de nos poursuivants. Simple en théorie !! A la fin de la réunion, juste avant le levé du soleil, nous nous levâmes tous et rejoignîmes le chemin. Juste avant de partir, David alla dans ma direction en me chuchotant à l’oreille que l’idée de mettre des paysans dans l’affaire était bonne et que quelqu’un devait les prévenir à l’aide de mon sceau, preuve de la volonté de la reine. _Moi, j’irai ! Affirma Guillaume en se rapprochant de nous. Toi tu dois rester ici pour être présent lors du jour convenu, Jean-Baptiste est contre cette idée et les autres Commandeurs ne doivent rien changer à leurs habitudes pour ne pas éveiller les soupçons. Il ne reste plus que moi pour cette mission. Donne-moi le sceau ! David acquiesça devant les paroles de Guillaume et je remis hésitant le sceau si convoité. _Tu penses y arriver ? Demandais-je en lui tendant ce précieux joyau. _J’espère… _Ce sera dure, ajouta David. Il est fort possible que l’on te prenne pour un menteur ou un voleur même avec ce sceau. _Je sais. _Tu risques ta vie, alors bonne chance. _Ouais ! _Ouais ! Nous vîmes David s’éloigner puis, dès qu’il disparut à l’horizon, avalé par le château fortifié, Guillaume m’enlaça avec affection avant de disparaître à son tour sous le regard incompris de Jean-Baptiste et ma profonde admiration.
ANGOISSE Le jour tant attendu était arrivé et nous n’avions toujours pas eu de nouvelles de guillaume, s’il avait échoué, j’espérais tout de même le revoir vivant. Mon acolyte et moi avions voler juste après la réunion des haillons que nous devions mettre aujourd’hui mais à bien juger l’état de nos propres vêtements, harassés par un mois passé dans la forêt, ils pouvaient très bien faire l’affaire ; de plus nous nous sentions plus à l’aise dans nos guenilles. Cette matinée je fis mon ultime entraînement avec mon libérateur. Je pris l’épée que Garot m’avait offerte pendant la réunion, une épée où était gravée : « l’honneur des Commandeurs », une épée qui avait sans doute cents guerres et milles batailles, une épée dont Sébastien m’avait dit qu’elle n’avait presque jamais sorti de son fourreau puisque son propriétaire préférait se servir de sa hache, une épée jalousement gardée en vue d’une occasion comme celle-ci : « Une épée de Commandeur » A la fin de notre combat, Jean-baptiste me félicita comme à son habitude pour les progrès que je faisais, mais dans ses yeux, je vis bien le désespoir de ne plus le voir, car malgré mes efforts, jamais il n’avait été tracassé par mes attaques. C’était peut-être là la force des Commandeurs, mais j’étais aussi un piètre combattant : tomber à cause du poids de l’épée de l’épée ou enfoncer son arme dans un arbre sans pouvoir la retirer, tel était mon lot quotidien d’erreurs sans compter les fautes techniques où je mettais mon corps trop en avant. Le soleil était au zénith et la fête devait être à son paroxysme. Ce matin, contrairement à notre habitude, nous n’allâmes pas au lac que Jenny avait coutume de fréquenter lorsque son père était encore seul maître de ce royaume, nous nous dirigeâmes vers le château. Jean-Baptiste pris nos armes et dès que nous fûmes rendus sur le pont-levis, il se dirigea vers un des soldats ralliés à notre cause pour être fouillé. Ce soldat était le frère de celui que nous avions relâchez lors de ma première altercation avec Pacôme. Nous étions tous deux camouflés sous un drap gris sale afin de dissimuler notre visage. Ce stratagème, simple, s’était pourtant avéré efficace, sans doute l’alerte que Guenelon avait lancée jadis s’était apaisé. Le soldat qui fouilla mon ami avait constaté la présence des armes et sous un regard bienfaiteur, nous pûmes passer. Des chuchotements passèrent entre les deux hommes : _Le temps est venu, préparez-vous, murmurait le Commandeur _Je vais prévenir mon frère, répondit le garde. Comme prévu nous allâmes devant le roi qui, placé sur une estrade, observait méticuleusement la foule. A ses côtés se trouvaient les neufs Commandeurs eux-même entourés d’une vingtaine de soldats. Je cherchais Jenny du regard mais elle n’était pas là. Au fur et à mesure de notre avancé, Jean-Baptiste sembla de plus en plus perplexe : _C’est étrange, me susurra t’il. Le roi est toujours entouré des Commandeurs dans une fête comme celle-ci mais jamais autant de fantassins ne l’ont accompagné. _C’est une nouvelle habitude. _J’aime pas ça ! Mon ami tourna une nouvelle fois la tête pour observer les alentours tandis que fixait Guenelon sur son trône. Tous les Commandeurs avaient sur eux leurs puissantes armures, Garot lui, faisait toujours une aussi terrifiante impression. _Tu crois qu’ils pourront se défaire des gardes qui les entourent ? Demandais-je à mon compagnon en regardant la digne assemblée qui se portait devant mes yeux. _Avec l’effet de surprise, ce sera un jeu d’enfant. Notre marche nous amena progressivement au pied de l’estrade du roi, côtoyant par la même occasion nos futurs ennemis situés çà et là devant l’estrade. _Comment ferons-nous pour reconnaître nos allier du côté des soldats ? _Tu te souviens de l’homme que nous avions ligoté, je lui ais demandé de positionné tous ceux qui regrettaient l’ancien roi autour des fortifications, il n’attend qu’un signe de notre
part pour leur révéler nos intentions. Nous ne devons nous préoccuper que des ennemis qui viennent au centre, mais avant cela, les Commandeurs doivent immobiliser le roi afin que tu puisses prendre la parole et crier qui tu es. Le souverain nous passa du regard et se leva subitement en frappant des mains. _Bravo, Bravo ! Fit-il en nous fixant des yeux. D’un seul coup tous les soldats furent en alerte. Une vingtaine d’épées sortirent du fourreau des gardes entourant les Commandeurs. Garot, à l’aide de son armure, bouscula avec fougue son ravisseur en le blessant mortellement au torse. Ce dernier tomba au sol à quelques pas de nous et Garot émoussé, commença à sortir son arme lorsque Roy lui pointa son épée sous la gorge. _Du calme ! Fit-il au preux combattant. _Chien galeux ! Grogna le petit homme en lâchant le pommeau de sa hache. _C’est un honneur. A l’autre bout Clément avait sortit deux grandes dagues et il les tenait sous le cou de David et Jean. _Traître ! Vomit le guerrier en serrant furieusement sa lance. _Vas-y, essaie ! S’exclama le grossier être au visage étrange. Là où il y a de la gêne il y a pas de plaisir. _Laisse le faire ! Reprit David. L’organisateur de cette machination prit la parole. _Vous pouvez enlever vos déguisements. Nous-même, dans cet élan de folie, nous avions été pris à parti et les soldats qui, il y a quelques secondes étaient devant l’estrade, désormais étaient placé à quelques mètres de nous. Jean-Baptiste, l’épée à la main, dut se résoudre à abandonner le combat, il jeta violemment sa couverture au sol en injuriant nos agresseurs. Je me débarrassais également du drap qui m’encombrait et entendis derrière moi le pont-levis se relever suivit peu de temps après par l’abaissement d’une barrière de métal, nous coupant ainsi définitivement du monde extérieur. Les Commandeurs qui ne nous avaient pas trahis et nous-même, fûmes ramener devant le souverain, à plusieurs mètres de lui. Les archers avaient tous leurs flèches pointées sur nous. Guenelon, maintenant entouré de Roy et Clément, souriait, debout sur l’estrade devant nous. _Pensiez-vous réellement que je serais assez stupide pour me faire prendre à une aussi piètre conspiration. Heureusement, j’ai pu constater que tous mes seconds n’étaient pas indignes de la confiance de leur roi. Néanmoins, je vais vous faire une faveur. Il se mit à hurler avec une grande éloquence que tous les soldats ralliés à notre cause pouvaient nous rejoindre sans danger et qu’ils seraient simplement bannis du royaume. Un silence long et imposant pris place. _Je crois que manifestement tout le monde est ravi de me voir comme roi, conclut-il devant le mutisme de tous. On entendit alors une voix s’écrier loin devant nous. _Non !!! Je reconnus un visage familier, notre ancien prisonnier devenu soldat de sa majesté était prêt à nous suivre dans l’échec. Sa voie en appela d’autre, des gens nous rejoignaient, de plus en plus, bientôt, ce fut plus d’une centaine de ses compatriotes : fantassins, archers ou autres qui se placèrent à nos côtés. Ils venaient de partout, je commençais à reprendre espoir lorsque Jean-Baptiste tempéra ma joie. _Il ne faut pas que nos alliés se montrent. _Ils doivent sûrement croire que cela fait parti de notre plan, poursuivit Sébastien à ses côtés. _C’est facile de le dire maintenant, remarqua David. Tous nos alliés nous avaient rejoins lorsque notre bourreau repris la parole.
_Ah ! Ils sont tous là, posez vos armes ! Ordonna t’il. Tout le monde obéit sans résistance néanmoins seules les armes les plus visibles tombèrent, petites haches et dagues restèrent cachées. _Je vais pouvoir me débarrasser de tous mes ennemis d’un seul coup, et ceci grâce à ta venue, petit voleur. Pacôme cria : _Tu le paieras ! Je me retournais vers lui sans conviction, blessé par cette injure mais il ne me regardait pas. _C’est ce qu’on verra ! S’exclama Guenelon. Maintenant mourez. Il tendit son bras vers le ciel, les archers le long des murs nous pointèrent de leurs flèches, puis il commença à le baisser d’un geste sec, notre avaient sonné, et j’emmenais dans ma tombe un peuple que j’admirais. Où ira cette tranquillité, cette clémence pleine de conviction, cette joie exalté par tout un peuple ? Je préférais mourir plutôt que de voir la fin d’un rêve. Son bras tomba mais un énorme tonnerre de hurlements et d’appels venus de l’extérieurs l’arrêta. Jean-Baptiste me regarda : _Guillaume ! M’écriais-je. Nous fîmes volte face. Mon ami pris son arme et la leva poing en l’air en brandissant d’une voie forte notre nouveau but : _Il faut baisser le pont-levis ! _Tirez ! Ordonna le roi décontenancé. Les flèches plurent du ciel et je vis le confident de la reine pourfendre avec rage les ennemis qui l’empêchaient d’arriver à la manivelle qui tenait, à l’aide d’une corde, le pont fixe et debout. Alphonse et Sébastien le suivirent, le protégeant des assauts adverses. Le géant de chair et d’acier reçu une flèche à côté de l’épaule droite mais malgré sa blessure, il continuait de renvoyer les attaques avec aisance, propulsant en un seul tour de bras plusieurs soldats. Sébastien lui, fut bientôt arrêté par trois sbires du roi. Les épées se croisèrent, éclatant de mille feux sous la pression toujours plus grande de nos ennemies. Beaucoup de nos alliés avaient péris lors de la première rafale de projectiles lancée à notre insu. Autour de moi, les cadavres, toujours plus nombreux, s’amoncelaient. Cairie, dès que les flèches cessèrent de siffler, posa un genou à terre et pris son arc. Machinalement il le banda, visa et tira ses flèches une à une sur les archers perchés en haut des murs. A chacune de ses actions, un homme tombait, intarissable et minutieux il vengeait nos amis perdus. Garot resta à ses côtés, se battant avec la rogne qui lui est familière, quiconque osait s’approcher. Ils s’étaient tous deux avancés pour atteindre plus facilement les individus sur le flanc gauche du château. David, lui, tenta de suivre Jean-Baptiste mais il fut arrêté à quelques mètres de moi par un soldat. Jean voulut rejoindre les appartements du château. A ma gauche, Clément s’approcha de Cairie par derrière et, pendant que Garot tentait vainement de se débarrasser de ses assaillants, trancha la tête de l’archer d’un coup net. Garot ne put rien faire, horrifié, je reculai pour m’éloigner de ce cauchemar. _Baisse-toi ! Me cria David en lançant une de ses haches dans ma direction. J’obéis aussitôt à cet ordre, la hache me passa dessus et se planta contre l’estrade. Derrière moi, Roy eut le temps de s’écarter pour l’esquiver. David courut dans ma direction puis brandit son épée sur l’élégant traître. Je m’écartais sur la droite et vis les deux maîtres de guerre déployer leur talent. Les épées s’entrechoquèrent avec une violence inouïe. Roy déploya tout son adresse pour attaquer. Les armes se frôlèrent, brisèrent l’acier. David, malgré toute sa volonté, fut tenu en échec et reculait devant les assauts toujours plus ordonnés qu’il subissait. Il fut stoppé par un chariot, son adversaire en profita pour lui porter un violent coup au visage. Les épées se touchèrent une nouvelle fois puis s’immobilisèrent un instant. Le preux combattant aux hachettes poussa de toutes ses forces et projeta son ancien compagnon d’arme en arrière. Il le rejoignit aussitôt, para l’attaque de Roy et enfonça son épée dans le
corps de ce dernier. Pendant ce temps Garot s’était débarrassé de ses assaillants avec une rage dévastatrice et frappa de sa hache Clément. Le meurtrier de Cairie recula un temps pour l’éviter et contre-attaqua de bas en haut, entaillant Garot au ventre. L’homme plein de haine riposta, les lames se croisèrent, sous le choc, le bras de Clément s’écarte. Garot porte un ultime coup sur le front de son ennemi mais il se protège à temps cependant son épée est projetée au sol et se brise en deux. Clément cherche derrière lui ma dague qu’il possède mais le petit Commandeur, la lame de sa hache à terre, le percute de son épaule aux pointes acérées, avant qu’il n’ait eu le temps de le poignarder. Clément est jeté en arrière et contemple son sang avant de sombrer. Jean-Baptiste, de son côté, continuait de s’approcher de la manivelle, couvert sur le flanc par Sébastien et Alphonse. Le plus grand des Commandeurs saignait abondamment, en plus de sa flèche sur l’épaule gauche, il avait reçut en plein torse une sévère entaille qui le faisait visiblement souffrir néanmoins, il continuait de jouer son rôle activement, mais la fatigue se faisait sentir. Un garde intrépide enfonça une lance dans l’abdomen du géant de chair. Un cri de douleur et de rage déchira le ciel. D’un geste de son épée, Alphonse trancha la lance puis de manière saccadée, attaqua les soldats. Deux d’entre eux tombèrent dès le premier assaut, un autre fut écrasé sous le poids de l’arme du Commandeur. Un ennemi s’immisça au corps à corps avec le géant et lui asséna une ultime blessure. Alphonse dans dernière tentative terrassa son agresseur et avant de sombrer porta un dernier coup. Son épée s’encra profondément dans le torse d’un soldat et son maître ferma les yeux, laissant ses deux acolytes submergés par le flot qu’il tenta vainement de retenir. JeanBaptiste, légèrement blessé sur le devant de l’épaule, fut surpris, juste devant la corde qui maintenait le pont-levis, par les soldats venant dans son dos. A peine eut-il le temps de jeter un regard derrière lui que déjà, la vague humaine échappé d’Alphonse était à ses pieds. L’un d’entre eux, pointa sa lame dans le dos du preux chevalier. A cette vu, Sébastien légèrement en retrait, s’interposa et ne put éviter le coup fatal qui était dédié à son ami. Sébastien se mit à genoux et cria « vive la reine » avant que l’on ne lui tranche la gorge. Son ami n’eut pas le temps de voir toute la scène que le gardien du pont-levis arriva devant-lui. Surpris, il réussit à prendre l’initiative en attaquant frontalement son adversaire. Ce dernier para la tentative de Jean-Baptiste et riposta en traversant par son épée l’abdomen du chevalier. Il se trouva profondément mutilé et s’écroula de tout son long vers la manivelle. Il tenta avant de sombrer, à bout de bras, de rompre la corde en frappant avec son arme et le peu de vie qui lui restait sur le tronçon de bois où était enroulé cette dernière. Celui qui jadis s’occupait avec aisance et habileté des catapultes gisait là, à demi-mort, dans son sang. La corde, malgré l’acte de vaillance de Jean-Baptiste, n’avait pas cédé. Ainsi devait se finir notre combat…
RÉSURRECTION Une multitude d’images vinrent à moi lorsque je vis, à terre celui qui m’avait tant donné. Jean-Baptiste, à quatre pattes, regarda une dernière fois la corde tendue qui retenait notre espoir. Son meurtrier voulut en finir mais l’homme de confiance de la reine, poussé par la force de l’espoir, se releva. Encore trop faible pour rester en équilibre, il tituba vers l’avant, plantant son épée dans le corps du bourreau et, en tournant sur lui-même, il tendit le bras. Grâce à la force centrifuge, la lame de son épée se planta contre le mur, au bord de la grille devant l’entrée du château, tranchant au passage la corde tendue dans les airs qui retenait le pont-levis. D’un simple geste, l’immense porte de bois s’écroula et claqua sur le sol avec un bruit de tonnerre. Des clameurs s’élevèrent, un gigantesque flots de mains et d’acier apparut sur le devant des barreaux qui protégeait encore précairement la cité. Guillaume couvrait ses gens de son arbalète en tirant sur quiconque avançait pour stopper l’invasion. Jean-Baptiste put mourir en paix, en esquissant un dernier sourire. Les villageois, munis de leurs outils, soulevèrent le dernier obstacle et affluèrent dans l’arène, bouleversant l’équilibre. Cependant les paysans étaient à l’extrémité opposée au notre et les renforts du roi, qui venaient d’arriver, nous mettaient entre deux feux : Enfin surtout moi… Je sortis mon épée car la miraculeuse chance qui m’avait tenu hors des combats jusqu’ici semblait m’avoir abandonné. Je me dirigeais dès lors vers les demeures où régnaient Guenelon lorsque deux gardes s’interposèrent devant moi. L’un me frappa horizontalement et l’autre frontalement, effrayé je m’accroupis et fermais les yeux. Au bout de quelques instants, une lame s’enfonça sur le sol à mes côtés. J’entendis celui qui voulait m’entailler le ventre vomir : « Calomnie » Son attaque était passée sur ma tête et avait atteint son acolyte ; depuis il essayait d’extraire son arme du corps livide de l’homme qui laissait la sienne reposer à quelques centimètres de moi. J’en profitai pour le pourfendre tout en restant abaissé. Je me relevai lorsqu’une autre épée faillit me trancher la gorge. Regardant vers le ciel, je vis un soldat se tenir debout derrière moi avec la lame de son épée pointée sur mon visage. Une hache le frappa en plein torse me sauvant et je vis, en face de moi, à quelques mètres, David qui venait de la lancer. Je lui souris en esquissant un geste de remerciement mais il ne bougea plus, une épée sortant de derrière lui venait de lui perforer le bas du corps. « Rester debout, c’est trop dangereux »pensais-je ? Je me suis mis à ramper vers ma destination. Je rencontrai Jean, l’arme à la main, en alerte. Il me regarda dépité en me lançant : _Relève-toi. _Je ne suis pas un guerrier, lui répondis-je tremblant de peur. _Tu me déçois beaucoup. Derrière lui, à l’horizon, frôlant le mur, je vis le roi proscrit pénétrer par une étroite entrée, dans le donjon. A cette vision, un élan de fougue et de colère m’envahit. Je revis Jenny, son visage, ses mains, ses yeux, je me relevai et accouru vers l’étroit passage. Sur mon chemin, trois soldats assaillant Garot de leurs armes me force à m’arrêter. Je me mets à combattre deux d’entre eux en même temps. Jean sidéré par ce changement radical d’attitude s’écrie : « Mais que fais-tu ? » Il connaissait mes piètres performances de combattant et s’effrayait d’une telle ardeur, qui pourrait me mener à ma perte. Écartant d’une parade l’épée du soldat de droite, je passe entre mes adversaires et me précipite là où avait disparut la source de ma rage. Mes deux assaillants me poursuivent mais malgré leurs grandes volontés, leurs armures les retardes et j’arrive à entrer dans le donjon avant qu’ils n’aient eut le temps de me rejoindre. Entraîné par leurs élans et le poids de leurs attirails, ils ne peuvent stopper leurs courses. Le passage étant trop étroit pour deux, ils sont projetés contre les bords de l’entrée et sous le choc, tombent, évanouis. Une série d’escaliers en colimaçon sont disposés à l’intérieur, autour d’un pilier central. J’entends au loin l’ancien maître de cette contrée gravir les marches et j’en fait de
même. A peine ais-je commencé que deux autres sbires du roi me stoppent en haut des escaliers. Je recule, évitant leurs attaques lorsqu’arrive derrière moi l’homme sournois et méprisant de la réunion. _Pacôme ! Vomissais-je. Il sortit son épée et frappa dans ma direction, je me poussa sur la droite pour l’éviter et je vis son arme se heurter à celle d’un des gardes prêt à m’attaquer. _Je t’ais mal jugé petit voleur, tes intentions étaient sincères. Allez, va dépêche-toi, sauve-la. Un des soldats poursuit menaçant : _Et Comment compte t’il passer ? _Passe ! Répond Pacôme. Je m’en occupe. Lui faisant confiance, je fonce dans les deux hommes, une épée fond sur moi, un claquement métallique se fait entendre et je continue à courir sur les pas du souverain. Arrivé au sommet s’ouvre une salle sur le côté dont la porte, large et muni de barreaux, fait penser à celle d’un cachot. Sur le bord gauche de la pièce, un grand lit à baldaquin s’étend et devant moi une cheminée est encastrée dans le mur avec des armoiries accrochées dessus. Sur le bord droit, une balustrade dissimulée par de fins rideaux blancs donnent directement sur la cour où se déroule le combat. Dès mon arrivé, Jenny, au prise avec Guenelon au centre de la salle, accourt à mes côtés et m’enlace. Son oppresseur s’approche en grognant : _Je ne mourais pas seul. Je pousse ma compagne à terre et la suis, esquivant de justesse l’épée du roi. Je me relève aussitôt du côté de la cheminée. La princesse se jette sur son mari mais ce dernier la repousse sur le lit. L’épée de l’impitoyable guerrier frôle son corps ; Jenny s’étend sur le lit, du sang coule le long de son corps et sa robe blanche en quelques secondes devient rouge. Pris d’une haine sans mesure contre le responsable de cette tragédie, je me mis à le frapper frénétiquement, le faisant reculer jusqu’au mur de la salle, à côté de la porte. Guenelon bloqué, réussi à parer un de mes coups frontaux et coince mon épée au sol sous la sienne puis, avec son pied me propulse à l’autre bout de la salle. A quelques mètres de la cheminée, je trébuche et retombe, la tête sur une marche au seuil du foyer de celle-ci. Assommé, je restai immobile quelques instants, lorsque j’ouvris les yeux, Guenelon était debout, devant moi, mon corps entre ses jambes et son épée sur mon cou. L’arme se lève, je sais mon heure arrivée mais refuse de voir la mort par de si viles mains. Je ferme les yeux, un bruit se fait entendre, en regardant à nouveau le roi, je vois son épée venir taper sur le bord de ma tête bientôt accompagner de son corps. Après avoir repoussé le tyran mort, je vois Guillaume en joue avec son arbalète devant lui. Je me précipite sur Jenny, elle ne répond plus, je lui caresse le front, son visage, prend sa main mais l’histoire s’est refermé sur elle. Mes pleures n’éclairent plus son sourire ; Guillaume m’annonce qu’il me faut désormais arrêter ce conflit puisque le roi est mort. _Vas-y toi, moi, je retourne d’où je viens, répondis-je en me relevant et en partant. Mon corps a disparut dans les dédales du château quand l’arbalétrier annonça la fin du règne du roi. Je vis son corps tomber dans la foule, l’homme sans nom disparut à jamais…
Il voulait tout changer mais son histoire elle restait la même : Celle d’un homme sans nom, sans rien. Le pire est que lui-même le savait, son destin n’était qu’un témoignage. Sans son existence, l’ancien roi d’Agemore aurait tué Jenny et Ménélas aurait conquit Agemore. Sans doute le roi serait mort de tristesse. Un dénouement semblable sauf peut-être pour Hyalus, peut-être… Ou pas ?
Chevalier Chargé des catapultes et de la protection de la reine
Chevalier
Jean-Baptiste : confident de la reine, maigre, les yeux marrons à demi-ouvert, une bouche serrée prolongée par un large menton, grand, large d’épaules, ancien artilleur capable de manier avec précision la catapulte, a aussi comme autre spécialité de savoir lancer les dagues avec une dextérité impressionnante . Sébastien : meilleur ami de Jean-Baptiste, chanceux, toujours souriant et prêt pour une nouvelle expérience, de la même taille que celui qui raconte l’histoire, visage légèrement ovale, yeux bleus en amandes grands ouverts, roux, manie l’épée.
Fantassin
Garot : petit, très large d’épaules, très costaud, enrobé, des yeux marron, bras disproportionnés ( presque plus long que les jambes), visage et corps balafrés : marques de ses anciens combats, bouches large et épaisse, une voie caverneuse, loyale, très amicale et rigolo mais bourru, cheveux très courts éparpillés, le visage rond, porte beaucoup d’affection pour Cairie, nerveux, armure ornée de pics, manie la hache.
Chevalier Lanceur
Jean : Grand, élancé, un grand sens du respect et de la loyauté, long cheveux roux, tient ses promesses, manie la lance.
Chevalier
Alphonse : le plus grand et le plus costaud des Commandeurs, yeux noirs, sobre, un peu niais, blond, manie une énorme épée.
Archer
Cairie : maigre, épaules serrées, voix perçante, œil fin à peine ouvert, cheveux noir et long, taille normale, manie l’arc.
Fantassin
David : assez petit, cheveux noirs moyennement courts coupés au bol, bouche large et fine, nez aquilin, grandes oreilles, visage étroit, joue et yeux rentrées. Il est le seul à accepter le soutient des paysans, il possède une épée très fine avec trois haches qu’il sait lancer.
Chevalier
Fantassin
Chevalier
Pacome : menteur, sournois ( du moins c’est l’avis du chevalier sans nom), il doute de mes intentions, très suspicieux, petit, maigre, larges d’épaules, le visage allongé, grands yeux verts, blond. Il est dur d’obtenir sa confiance mais une fois obtenues, il devient le plus dévoué et le plus loyal allié, manie une épée. Roy : Grand, mince, parle bien, cheveux long et blond, yeux verts et arrondis, visage ovale, menton affiné, bouche mince et allongée, toujours d’accord avec le plus grand nombre, son épée est aussi plus longue que les autres, manie une fine épée ( proche de celle qu’utilisent des mousquetaires). Clément : franc parleur (parfois grossier, aime parler des femmes), taille normale, cheveux marron, yeux bleus, menton en galoche, carrure normale, épéiste.
Ceux qui se font tuer lors de l’ouverture du pont-levis Celui qui dit au héros de se relever et de se battre Celui qui suit le héros dans l’entrée prise par le roi Celui avec lequel le héros se bat contre trois soldats
Celui qui bat Roy
Ceux qui battent Clément
JEAN-BAPTISTE et SEBASTIEN : La famille de Jean-baptiste appartient depuis des générations aux Commandeurs. Dès qu’il eut l’âge, il rentra dans la soldatesque du roi. Là, son courage et sa fierté y furent remarqués, il montrait avec motivation sa détermination à pouvoir prôner la renommer de son nom sans pouvoir en pâlir par ses propres actions. Il voulait être digne de son histoire. Ce fut naturellement que, lorsque son père prit sa retraite, il prit sa place. Un test lui fut cependant alloué : Voyager pendant un an au-delà des limites du royaume afin d’y accomplir son rôle de chevalier, c’est à dire protéger la veuve et l’orphelin, combattre les injustices etc.… Un an passa, quand Jean-Baptiste revint, il était harassé de fatigue et manifestement très éprouvé par ce qu’il avait vu. Aussitôt arrivé, il demanda au roi de repartir afin de pouvoir rétablir la paix et la justice là où il avait vu le sang et la peur. Nul ne sut ce qu’il advint pendant six mois, dans tous les cas, il avait réussi son test, celui d’avoir voulu, malgré les difficultés, retourner dans le vaste monde pour protéger les plus faibles. Cependant JeanBaptiste prit son rôle tant à cœur qu’il se fit beaucoup d’ennemis dans les hautes strates de la société des royaumes qu’il visitait. Six mois plus tard, un soldat inconnu, d’un royaume assez éloigné, le ramena avec une flèche dans le dos. Pendant plusieurs semaines Jean-Baptiste resta dans un état critique, le soldat inconnu, lui demeura pendant tout ce temps à son chevet. Quand le preux convalescent revint à lui, son sauveur fit tout pour lui rendre sa rééducation moins difficile. Une grande amitié naquit entre les deux hommes. Voyant cette dévotion, le roi convoqua ce fameux soldat et lui demanda son nom, « Sébastien » répondit-il. Après quelques missions avec son ami, Sébastien ne tarda pas à être promu Commandeur à son tour. Ce qui commença à heurter les esprits fut l’attachement que se portait les deux Commandeurs. Certaines personnes jasaient, des rumeurs circulaient, l’Église se stupéfia de cette situation. Contre tout et pour tout le roi ne voyait dans ces deux être que deux hommes qui le servaient loyalement avec ardeur et tout leur cœur. Il les convoqua tous deux et au grand étonnement des deux invités, il les rassura en leur montrant qu’il serait toujours là pour les soutenir. Le roi tint sa parole et ne se laissa pas manœuvrer par les menaces de l’Église, rendant Jean-Baptiste et Sébastien complètement dévoué et admiratif devant lui. Ils étaient désormais plus que tout fiers d’obéir aux ordres d’un tel monarque et capable de le suivre jusqu’en enfer pour le remercier de son geste. Lorsque le roi mourut bien plus tard, ils en furent très affectés. Le dernier ordre du roi envers ses deux serviteurs fut de protéger sa fille. Jean-Baptiste qui avait un caractère assez proche de celui de la reine, se rapprocha d’elle et devint rapidement son confident. Il put ainsi s’assurer de sa santé et la protéger contre le nouveau monarque : GUENELON
GAROT et CAIRIE : Dans sa jeunesse Garot était un téméraire garçon très fier et hautain. Lorsqu’il rencontra Cairie il fit ce qu’il avait coutume de faire avec les frêles hommes de son entourage, il l’humilia et lui fit bien remarquer que sa carrure ne lui permettait de rivaliser avec lui. Pour se venger d’une telle honte, Cairie se mit à manier la seule arme qu’il pouvait maîtriser et manipuler : l’arc, et y excella. Un jour, les deux compères se retrouvèrent en tant que soldats, Cairie interpella Garot qui marchait avec une bande de soldats. Garot ne possédait encore l’effrayante armure qu’il se fera faire en devenant Commandeur. _Te souviens-tu de moi ? Garot hésita un instant puis la mémoire lui revint : _Ah oui ! Je me rappelle, tu es le petit poltron !! Je ne pensais qu’on prenait les squelettes ici. _Je suis loin d’être aussi faible que tu le penses et je n’ais pas peur de toi, s’insurgea le combattant au corps si vulnérable. Que dis-tu ? Avec le physique que tu as, tu te casseras en deux avant-même d’avoir pu prendre ton arme. _Je te défie de me toucher ! _Pauv’type ! Garot poussa Cairie puis se retourna en se moquant de lui. Aussitôt, une flèche jaillit de nulle part et frôla la joue de l’insolent guerrier, formant une de ses premières cicatrices. Garot se retourna la main sur sa hache mais Cairie avait déjà bander son arc et une flèche était prête à venger son honneur. Garot se mit à rire et lâcha la paume de son imposante arme. _Un arc ! Larme des lâches, s’écria t’il avant de partir. Le sort voudra qu’ils se retrouvent pour protéger un convoie d’or acheminé vers un autre royaume, le perdre signifierait la guerre avec ce royaume. Garot était avec ses amis et se moquait bien de Cairie quand arrivé dans un vallon ils tombèrent sur une embuscade. Des rochers surélevés de part et d’autre du chemin pleuvaient des flèches. En quelques seconde la moitié du convoi fut décimée. Cairie se saisit de son arc et, se portant contre le chariot, se mit à tirer frénétiquement sur la paroi devant lui. Avec dextérité il banda son arc, à chaque flèche lancées un homme tombait des rochers. Quant presque tous les soldats du convoi furent morts, l’assaut fut lancé afin de supprimer les survivants. Garot rescapé, se bat comme un diable mais sous le nombre des assaillants, il perd vite le contrôle. Un à un ses amis tombent sous les coups de l’ennemi. Cairie lui, s’est caché sur la paroi qu’il a dégarnie de tout assaillants et tire ses flèches. Derrière Garot, un soldat s’apprête à lui porte un coup fatal quand une flèche l’atteint en pleine poitrine. Garot à juste le temps de se retourner pour apercevoir son sauveur posté contre la paroi. Cairie envoiera d’autres flèches qui appuieront le combat de son compagnon. L’armée ennemie enfin se retira sur le flanc opposé à celui où était posté Cairie. L’archer et l’homme à la hache se retrouvent contre le chariot, ils sont les seuls survivants. _Je suis désolé pour ce que je t’ais dit sur ton arc, tu m’as sauvé la vie, reconnut Garot. _Je n’ais fait que mon devoir. Un silence froid se pose entre les deux soldats, reste d’une querelle qui ne s’est pas encore consumée. Cairie tente de tirer à l’arc mais le chariot n’offre pas de bon point de vu. Garot prit alors un bouclier pour se protéger des flèches et dit à son compagnon: _Suis-moi ! Je te couvre. Placé devant lui, Garot emmène Cairie là où ses flèches pourront atteindre leurs cibles. L’entraînement intensif de Cairie porta enfin ses fruits et les ennemis tombèrent un à un de
leurs cachettes. Un nouvel assaut est lancer mais seul six personnes sortent des rochers, arrivé à Garot ils ne sont plus que trois. _Halte ! Cria Cairie. Et je vous laisse la vie sauve. Les armes furent rendues et les deux compères revinrent avec les trois prisonniers. Après cette aventure, ils furent nommés Commandeurs et ne se séparèrent plus jamais, liés comme les doigts de la main. Garot préférant se tuer lui-même plutôt que de voir Cairie en difficulté.
JEAN : Jean était un soldat avec un comportement exemplaire : calme, obéissant, dévoué. S’il était extrêmement déluré et farfelu pendant son temps libre, il redevenait l’homme strict et droit dès que le travail le prenait. Jean fut remarqué à cause d’une erreur du roi : Lors d’une campagne, ce dernier posta quatre de ses soldats à l’entrée d’une grotte et leur somma avec insistance de ne quitter leurs positions sous aucuns prétextes. Ce lieu était supposé être une entrée vers un centre de rencontre contrôlé par une milice qui depuis plusieurs mois exécutait traîtrise et raquette auprès du roi et les gens de son peuple. La loi du silence était maintenue par ces gens sans scrupule qui tuent, pillent, violent, en basant leur force sur les armes. Cette situation devenait intolérable mais le roi malgré ses tentatives ne parvenait à rien. Même parmi ses soldats, la milice s’immisçait et le roi commençait à être attaqué de façon directe. Pendant cette campagne, l’armée du roi put intercepter une partie de cette milice en plein acte de pillage. Garot et Cairie, alors Commandeur, entrèrent discrètement dans une taverne et y décimèrent tous les brigands qui s’y trouvaient. Le silence fut total mais l’armée royale ne passa pas inaperçu. Chez les gens de la milice, le regroupement fut sonné. Garot et Cairie, tout près de l’action, purent voir le chef donner ses ordres. Avant que l’armée n’attaque, les brigands prirent femmes et enfants comme otages. _Si vous faîtes un pas de plus, cria le chef du groupe impitoyable. Je tue tous ces gens ! Laissez-nous partir et il n’y aura pas de sang. Jean-Baptiste et son père, aux côtés du roi, lui soufflèrent que ces gens étaient condamnés. Ces brigands n’ont pas pour habitude d’épargner qui que ce soit, néanmoins, le monarque ne voulait pas prendre la responsabilité de la mort de ces femmes et enfants. Cairie lui, ne pouvait entendre cela et banda son arc, une flèche alla se figer sur la tête du chef des brigands. Sans chef, ces derniers furent désemparés et une partie s’enfuirent vers le point de replis. Ceux-ci furent rattrapés et exterminés. Les autres gardèrent leurs otages et à bonne distance du roi, lâchèrent leurs victimes et partirent sur leurs chevaux. Ils furent aussitôt poursuivit mais plusieurs d’entre eux disparurent dans les bois. Les prisonniers furent amenés au château et entendus, le roi était heureux de ne pas avoir fait couler plus de sang que nécessaire, il le fut moins quand trois jours plus tard, ses prisonniers furent retrouvés morts, alors qu’ils s’apprêtaient à parler harassé par de longues heures de torture. Autant de faits qui occupaient la tête du souverain qu’il en oublia Jean et les trois autres soldats posté sur le point de fuite des brigands. Sept jours passèrent sans que le roi ne se souvienne de ces hommes. Lors d’une inspection des gardes faites par les Commandeurs Jean-Baptiste et Sebastien, l’absence des quatre gardes fut remarquée. Le roi en fut avisé et se souvint, aussitôt il alla en personne et avec trois Commandeurs les chercher. Arrivé sur les lieux, restait Jean, il avait maintenu sa position pendant sept jours sans jamais avoir quitté son poste, obéissant avec dévotion aux ordres stricte du roi. Autour de lui, deux soldats étaient morts, l’autre s’était enfuit. Les brigands rescapés de la manœuvre du roi s’étaient replié ici et les quatre soldats avaient dû les affronter. Sur le sol étaient étendu les cadavres de tous les brigands, Jean était blessé au bras, maigre et à demi-conscient, il se reposait sur sa lance comme sur un bâton et tentait ainsi de se maintenir désespérément droit. Il essaya de faire bonne mine au roi mais son visage n’était plus qu’une grimace. Il fut ramener au château sur-le-champ et soigné. Après quelques temps il recouvra ses forces, le roi ne cessa d’admirer sa volonté et sa confiance : Tenir sept jours ainsi sans faillir à sa tache ni en douter, voilà qui lui paraissait extraordinaire pour un simple soldat. Jean entra dans les Commandeurs quelques mois plus tard, après avoir fait leur connaissance et y être accueillit comme ami.
ALPHONSE : Quand Jenny n’était alors qu’une enfant, elle alla un jour se promener dans un des villages à l’intérieur des fortifications et y trouva un spectacle pitoyable. Un grand garçon, beaucoup plus âgé qu’elle, se faisait insulter et vilipender par ses camarades comme un paria. Avec force et rage elle s’interposa pour protéger le grand gaillard et faire la morale à tous ces jeunes sans cœurs qui se moquait de la crédulité du grand homme. Quand les railleurs furent partis, la victime fut agréablement surprise par le geste plein de compassion de la jeune fille qu’il ne reconnaissait pas comme étant la princesse. Il se releva et Jenny put constater qu’elle venait de défendre un géant à la musculature impressionnante. _Mais pourquoi te laisses-tu faire ? Demanda t’elle. _J’ai peur de leur faire mal, répondit le grand homme avec une gentillesse enfantine qui se lisait dans son regard. _Ils profitent de toi ! Ne le vois-tu pas ? Défends-toi ! _Je ne préfère pas… c’est gentil ce que tu as fait, merci. Alphonse fut marqué par cette générosité et touché. Quand il sut qui était cette petite personne, il le fut plus encore et ne cessa de se renseigner sur la dauphine et son entourage. Un jour il vit une femme se faire battre devant lui et il la reconnut comme étant l’une des servantes de la princesse. Alphonse secourut la jeune femme et devant l’acharnement du groupe d’hommes qui la tenait, il s’énerva. Une bagarre éclata où l’impressionnante force du géant se réveilla enfin. Ceux qui avaient connu le paisible imbécile capable de supporter toutes les souffrances se retrouvèrent face à un volcan enflammé plein de rage et de force. Les agresseurs furent jetés avec violence sur les tables et contre les murs. Stupéfait par autant de colère, ils partirent et le monstre de haine redevint la calme montagne devant les yeux de la jeune servante. La dauphine apprit ce haut-fait et se souvint de cet homme. Le roi en fut aviser et Alphonse fut supplié par ce dernier de bien vouloir accepter un poste à haut rang dans sa soldatesque. En vérité, la jeune servante, impressionné et séduite par la bravoure de son sauveur n’avait de cesse de parler de lui à sa maîtresse et Jenny, très amusée à l’idée d’une telle idylle, avait demandé expressément à son père de lui accorder ce poste afin de trouver un moyen de les rapprocher. Alphonse accepta aussitôt et accomplit sa tâche avec assiduité. Ce qui choqua le roi fut la fougue avec laquelle sa nouvelle recrue protégeait sa fille et ceux qui en étaient ses amis. Un simple regard de travers, une parole ou un geste déplacé faisaient le grand protecteur. Le roi remarqua aussi que pour s’assurer de la sécurité de Jenny, Alphonse était prêt à faire des incartades à sa fonction, il ne demeurait pas cependant insensible aux avances de la jeune servante. Le jour où le roi et sa fille furent convié à une réunion dans un pays voisin à propos d’une association de commerce très bénéfique et accepté par les deux royaumes, Alphonse laissa son devoir et les suivit. Cet accord n’était du goût de tout le monde et ce qui arrangeait certains se faisait au détriment d’autre marché concernant d’autres contrées, se fut donc sans étonnement que le roi constata qu’une attaque tente de l’empêcher d’arriver à destination. Cependant le nombre de soldats qui entouraient la famille royale n’étaient pas suffisant pour contenir les assaillants. Malgré les dangers, Alphonse se lança à corps perdu dans la bataille, ce qu’il n’avait pas remarqué, c’est que derrière lui deux petites légions suivaient aussi le roi dirigé par deux Commandeurs : Clément et Jean-Baptiste, prêts à intervenir. Les deux Commandeurs voyant l’ardeur d’Alphonse retardèrent leur venue. Le géant de muscle écartait à lui seule par un simple coup de sa solide épée plus de dix soldats. Sans même la venue des renforts les assaillants furent repoussés. Jean-Sébastien et son groupe n’ont eut qu’à se préoccupé des archers situés à l’arrière. Face à ce courage, le monarque fut impressionné, Alphonse se sentit, lui, gêné de ne pas être en train d’obéir à son maître mais ce dernier le remercia et le pria de rester avec eux. Alphonse fut élevé au rang de Commandeur et malgré sa grande naïveté, devint un excellant chevalier.
DAVID et PACÔME : David naquit dans un royaume voisin de celui de Ménélas. Dans ce royaume, le recrutement des soldats se faisait très jeune aussi, dès l’âge de seize ans David fut incorporé. Profondément pacifiste, il n’aimait pas cette vie. Le roi, cupide, donnait des ordres qui bafouait la vie humaine. Avide de terres, il provoqua plusieurs guerres, pour ne pas mourir, David appris à se battre ; Malgré ses réticences, il s’avéra être très doué et put ainsi survivre. Deux ans passèrent jusqu’à ce qu’un petit voleur sans nom vienne gagner la confiance du souverain pour mieux le duper et le voler. David cet homme s’enfuir et, au lieu de le rattraper pour le capturer comme l’aurait fait n’importe quel soldat, il suivit ses pas et, afin de réchapper à cette vie sanglante qu’était la sienne, il tenta de faire comme ce petit voleur et de vivre dans les bois. Il marcha de nombreux jours et au hasard de ses pas, entra dans le royaume de Ménélas. Il ne s’avéra pas aisé de vivre dans les bois, il fut attaqué par des brigands qui le dépouillèrent et le laissèrent comme mort au milieu de nulle part. Des mains le recueillir et l’emmenèrent plus profondément dans la forêt. Quand David se réveilla, il était allongé au creux d’un confortable lit fait de feuilles et de lierres tressés. _Comment vas-tu, jeune homme ? Demanda une voie fébrile. Un vieil homme à la longue barbe blanche apparut de derrière un couloir de cette petite hutte en bois où l’aventurier avait été recueilli. _Qui êtes-vous ? Questionna le convalescent en se remontant sur le lit. _Ce serait plutôt à moi de te poser cette question, mais enfin, ainsi va la jeunesse, je suis Elwin. _Elwin ?! C’est pas courant comme nom. _Mon vrai nom est David Taillefer mais je préfère Elwin, ça sonne mieux à mes oreilles. Le vieil homme souriait, amusé et reprit : _Et toi, comment te nommes-tu ? David réfléchit un peu avant de lancer : _Ed Narot ! Enfin mon vrai nom est David Joyeux mais je préfère Ed-narot, ça sonne mieux à mes oreilles. Les deux hommes rire et David passa ainsi trois années de sa vie. Le vieux monsieur était un druide érudit et ermite, sage d’entre les sages, il apprit à David tous les aspects bénéfiques ou mauvais des herbes et des racines. Ces trois années lui permirent d’apprendre beaucoup mais il arriva un moment où le jeune élève voulut parti afin d’aider les gens, les soulager de leurs douleurs en leur faisant profiter de son savoir. Elwin sembla ravi par une telle attitude. _Mais ne risques-tu pas d’être attaqué par les brigands ? Demanda l’homme avide d’aventures. _La discrétion règne ici, répondit le druide. Je suis invisible. David s’éloigna. _Si tu me cherche un jour, continua son professeur. Je ne serais pas loin… L’élève se retourna mais la hutte avait disparu, camouflé par le bois, presque invisible… Le jeune érudit alla de village en village et soigna les vieux, les femmes et les enfants, tous ceux qui en avaient besoins. Bientôt ses dons furent reconnus à travers tout le royaume et l’on attendait avec impatience la venue du guérisseur du ciel. Le roi fut ravi d’apprendre qu’une telle personne existait dans son propre royaume et voulut la rencontrer. Ce dernier en profita pour lui présenter des blessés et constater ainsi la valeur de sa médecine. Le roi était accompagné de sa fille et après une longue discussion, ils virent le maître à l’œuvre. Le savoir-faire du jeune druide surpris le monarque qui voulut aussitôt faire de lui un de ses infirmiers, afin qu’il soigne ses soldats. Devant les réticence de David il fut convenu qu’il aurait tout ce qui est nécessaire, le meilleur cheval, des sujets, pour qu’il puisse comme avant
continuer à soigner les gens de son peuple. La démonstration était terminée cependant David voulut examiner la princesse : _Puis-je voir mademoiselle votre fille seule s’il vous plait mon roi ? _Pour une consultation ? _C’est cela… Le roi donna son accord et les deux personnes se retrouvèrent seules. _Vous aussi vous êtes malade mademoiselle. _Je pense avoir attrapé une petite fièvre il est vrai mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’en alerté mon père. Il a déjà tant de souci… _Cette maladie existe il est vrai mais elle se guérira d’elle-même, vous reviendrez demain et je vous en apporterais un remède qui devrait vous aider. Cependant je crois déceler une maladie bien plus profonde encore, une chose vous ronge mademoiselle, je le lis dans vos yeux mais je ne peux le deviner, peut-être si vous vouliez vous confier pourrais-je vous aider ? _Je ne comprends pas ce que vous dîtes. _Oh si vous le savez, une désillusion, une peur, qui vous ronge le cœur. Quelqu’un de votre entourage ? Le prince ? Le roi ? La princesse se sentit gêné et troublé, l’homme qui lui faisait face lisait dans son cœur avec une grande sincérité. Ses paroles emplissaient son esprit, David sentit qu’elle voulait parler mais quelque-chose la retenait. Elle ne le connaissait pas et le jeune druide ne pouvait la forcer à se révéler à un homme qu’elle ne connaissait que de renommé. Il voulut la rassurer en lui tenant les épaules avec affection. _Avouez-moi ce qui vous préoccupe, un secret est toujours plus facile à porter à deux… La princesse s’enfuit subitement et le jeune docteur la laissa aller, peut-être que si elle s’était révélée l’histoire aurait pu être changer … Le temps passa jusqu’à ce que David, en soignant un traître appartenant à une milice faisant régner la terreur dans le royaume, fut attaqué par un groupe de soldats armés. Les soldats appartenaient à la même milice que le traître couché et torturé par le roi. Ils étaient là pour éliminer ce témoin souffrant qui risquait de parler et avaient déjà tué les gardes et les médecins qu’ils avaient croisés. David était avec une jeune et ravissante infirmière qui mettait beaucoup d’ardeur à l’aider et auquel il était très attaché. Ils s’étaient liés d’amour une première fois mais cela avait cessé cependant David la chérissait beaucoup. Les intrus virent le corps de leur proie et semblèrent ne pas se soucier de la vie des deux personnes qui prenaient soins de lui. Le druide eut peur pour son amie, les combattants avaient sorti leurs armes et ne semblaient vouloir épargner personnes. L’infirmière tremblait de peur, les instincts de soldat de David se réveillèrent. Le premier tueur se dirigea vers l’infirmière, David apparut dans son dos et lui planta un couteau dans la gorge qu’il retira aussitôt pour le planter dans le cœur du suivant. Deux épées étaient au sol, lâchées par les cadavres. Le druide lança la première sur un troisième soldat et se saisit de la seconde pour combattre les trois autres mercenaires. Le premier qui brandit son arme eut le bras coupé tandis que les deux autres, surpris de voir leur adversaire s’accroupir, ne purent voir l’épée du frêle infirmier arriver sur eux. Celui de droite eut la jambe brisée presque amputée alors que l’autre, gêné par son acolyte qui s’effondrait, n’eut pour dernière vision que celui d’une épée entre ses yeux. En tombant ce dernier tua son complice, engendrant un véritable bain de sang dominé par un homme chargé de sauver des vies. Les deux autres miliciens qui montaient la garde à l’entrée de la salle accoururent, David se saisit d’une hachette dont il se servait pour chercher certaines racines et l’envoya sur le torse du garde. Il stoppa net sa course et s’écroula, puis le vaillant druide fit un long bruit sourd et menaçant en tapant du pied : « Houa !! »
Voyant le frêle homme en transe au milieu de tous ces corps, le soldat fut pris de panique et se précipita vers la sortie. Pacôme fut le premier arrivé sur les lieux, il croisa le regard du brigand apeuré en rentrant dans la salle jonchée de cadavres. _Vous allez bien ? Demanda t’il. _Nous oui ! Acquiesça david. Mais ce n’est pas leurs cas. _Quelqu’un nous a trahis, on ne peut pas laisser ces prisonniers dans un endroit connu de tous. _ As-tu une idée ? _Emmène la femme qui t’aide. Il faut faire vite, les autres vont bientôt arriver. On va mettre les deux prisonniers dans un des recoins du château et seul nous trois serons au courant. _Cela limitera les risque de fuites ! _Exacte, et je pense pouvoir vous faire confiance, vu ce que vous venez d’affronter. _Partons vite ! Ils emmenèrent les deux prisonniers dans une grande salle sans meuble et sombre, en évitant les troupes de renforts du roi qui venaient constater les faits. Pacôme n’était alors qu’un simple soldat, méfiant mais prêt à tout pour servir son roi. Le prisonnier manchot fut enchaîné contre le mur tandis que l’autre fut ligoté sur le lit. Dès qu’il furent installé, Pacôme rejoignit les soldats et les commandeurs dans la salle de soin tandis que David s’occupait, malgré le méprit de ce dernier, le soldat qui avait tenté de l’assassiner. _Que s’est-il passé ? S’écria Sébastien. _Il y a eut une bagarre ici, constata Jean-Baptiste. Pacôme ! Appela t’il soudain. Ce dernier vint de suite. _Tu étais le plus proche des lieux, qu’as-tu vu ? _Je crains que la milice ait prit le prisonnier et avec lui David et celle qui l’aidait. Je suis arrivé trop tard. _Merde, vociféra Sébastien. Mais comment ont-ils su ? _Il doit y avoir d’autres traîtres, affirma Pacôme. Le ménage fut fait et les corps furent enterrés. Le lendemain, Pacôme alla voir les prisonniers tout en rapportant assez de nourriture pour David et son amie. _Maintenant ordure ! Vomit le soldat sur le captif allongé. Tu vas me dire où se trouvent tes copains, à moins que tu préfère que je continus la torture selon ma méthode. Il glissa la lame de sa dague le long du torse du traître et le coupa jusqu’au nombril. Ce dernier retint ses cris afin de ne pas céder à cette méthode. _Si tu parles ! Menaça celui qui était venu le tuer hier. Tu es mort. D’un geste brusque Pacôme enfonça sa dague dans le cœur de l’homme accroché au mur. _Ils ont tenté de tuer, tu n’as plus rien à espérer et si tu ne parles pas, c’est moi qui te tuerais. Je te laisse deux heures. Pacôme sortit en trombe, les deux heures passèrent et Pacôme ne revint pas. Trois heures puis quatre, David s’inquiétait tandis que le prisonnier semblait ravi de cette situation. Au détour d’un couloir, le brave soldat s’était prendre par les gardes de la milice et était en train de subir mille souffrances. _Dis-moi où se trouve le prisonnier ! Hurlai un homme richement paré à ses oreilles. Pacome avait été emmené non loin du château, dans une crypte isolée d’où aucuns bruits ne sortaient. Là-bas son regard croisa une nouvelle fois le regard de celui qui l’avait vu la veille avant d’être torturé par le commandant de cette congrégation. _Vous êtes le chef de la rébellion ! Vomit Pacôme. _Ce monde ne reconnaît pas notre véritable valeur. _Vous avez les même droits que le peuple. _Ceci n’est pas suffisant.
Sur ces mots le chef atténua son ardeur et se pencha à l’oreille de son otage et lui glissa : « Je mérite mieux que çà non ? » Pacôme lui cracha au visage, il fut fouetté et à nouveau écartelé. _Où est le prisonnier ? Hurlait le chef avec sa cravache mais Pacôme tenait bon… David était inquiet, il décida de trouver lui-même où se trouvait les traîtres. Il retira le bâillon du soldat couché sur le lit et lui montra une feuille boursouflée où se tenait, à l’intérieur de chaque boursouflure, de minuscules vers blancs qui gesticulaient. _C’est inutile, je ne parlerais pas ! Affirma le prisonnier. _Mais je ne veux pas que tu parles, je vais te tuer ! S’exclama David. Et tu vas devenir un sujet d’étude. _Allez-y ! Cela vaut mieux que de se faire prendre par la milice. Le druide mit bien en évidence sa feuille et commenta : _Tu vois cette feuille ! Tu vois les petits vers à l’intérieur. Je me sers souvent des aspects bénéfiques des plantes mais à chaque don il y a un revers. Ces vers attendent patiemment qu’un herbivore dévore cette herbe. Sais-tu pourquoi ? Parce que c’est dans le corps des animaux qu’ils commencent leur véritable développement, la feuille se désintègre dans ton corps et ces vers sortent alors de leurs cocons. Ils sont carnivores et tu représentes pour eux une réserve de nourriture immense. Aussitôt sortis ils pondent, pondent, pondent, une grande quantité d’œufs, après ils mangent tes intestins. Au début tu ne sens pas grand chose mais bout d’une ou deux heures, tu sens la première série d’œufs éclore et pondre à leur tour. Tu sens alors tes viscères grouillés par ces petites bestioles, tu les sens attaqué tes jambes, ton pancréas, ton estomac. Dans la meilleurs des cas les personnes infectées meurent en quelques jours, dans ce cas les vers se sont directement attaqués au cœur. Oh ! La personne se sent se vider de son sang évidemment mais c’est un moindre mal parce que le plus souvent sont intelligents et pour garder de la viande fraîche, ils te maintiennent en vie et garde ton cœur pour la fin. Ils montent directement au cou, dévore ta langue. Tu les sens passer le long de ta gorge et ta langue commence à se délier délicatement puis à se faire dévorer. Je pense que le moment le plus affreux est quand ils arrivent au cerveau mais tu vas le constater par toi-même. David s’apprêta à enfoncer la feuille dans la bouche de l’homme sidéré et complètement terrifié. _Ils sont à la crypte, sous le cimetière de Saint-François. _On y va comment ? _Il y a une trappe au premier donjon, dans la salle le plus au fond, il y a un passage qui mène directement. _Vite dépêchons ! Dit David à son amie. Il faut prévenir les Commandeurs. Et toi ! Fait-il en posant la feuille sur le ventre du prisonnier. Si tu m’as dit des conneries, tu y auras droit. Ils sortirent de la salle, David demanda à sa servante d’aller chercher et prévenir les Commandeurs. _Moi, je vais directement à la crypte, il n’est peut-être pas trop tard.. L’infirmière s’apprêta à partir mais elle demanda avant s’il était vrai qu’il existait dans les herbes des animaux aussi dangereux que ces vers carnivores. _ Maintenant lui le croit, fit David satisfait de sa ruse. Il se dirigea au donjon et fonça vers la trappe. En passant il récupéra, en plus de son épée, une dague et deux hachettes pendues sur le mur pour le décorer. Arrivé devant la crypte, il fit face à une porte gardée par deux hommes, les deux hachettes firent leurs œuvres et ils s’écroulèrent en silence. David ramassa la source de sa victoire et entra fièrement dans la salle où étaient regroupé le chef de la milice et tous ses vils complices. Une hachette fut lancée et
trancha la corde qui suspendait Pacôme par les mains. IL tomba et regarda le chef qui l’avait torturé en jurant : « Vengeance ! » Mais ses mains restaient liées et une épée était déjà pointée sur lui alors que David était encerclé par trois adversaires qui lui firent rendre ses armes. _Je suis désolé de t’avoir entraîné dans cette histoire, David, dit Pacôme. Le guerrier druide souriait, une flèche fusa et tua sur le coups un de ses trois bourreaux. Alphonse apparut derrière lui tel une montagne et cria : « baisses-toi ! » David s’exécuta et les deux autres traîtres furent envoyés dans les cieux. Il envoya sa dague et blessa celui qui tenait en respect Pacôme, ce dernier lui prit son arme et le poussa vers les autres soldats qui accouraient. Il esquiva les armes ennemies et se dirigea vers David qui ramassa une arme et le rejoignit. _Coupe-moi çà ! Demanda l’homme aux mains liées. David pointa son épée sur lui et tua le garde derrière Pacôme qui le menaçait puis trancha ses liens. Jean s’affaira sur le flanc droit, entra Garot et Cairie, la hache tournoyante balayait les airs. Un soldat résista : son arme fut projetée en l’air aussitôt suivie de sa tête. Roy, grand bretteurs s’amusaient avec quatre soldats qui ne parvenaient pas à l’égratigner, à chaque nouveau venu vers lui un soldat tombait, si bien que jamais il n’eut ni plus ni moins que quatre soldats devant lui. Roy volait, sautait sur les marches et apparaissait derrière ses ennemies en se jouant de leurs intentions. Pacôme murmura en voyant le chef de la milice : « vengeance » et se précipita sur lui. Il le rua de coups et avança sans peine. _Je vois que malgré la torture tu es resté bien valide, dit le chef de la milice d’un ton ironique. Je n’aurais pas dû être aussi gentil. Deux traîtres défièrent Pacôme mais s’écroulèrent devant la rapidité de ce dernier. Il reçut une estafilade au bras par son ennemi juré. Il cria et s’élança vers ce dernier, un garde accouru vers lui mais David le bloqua, les épées claquèrent. _C’est pas tes affaires ! Lui annonça le druide en prenant sa dague et en lui plantant dans le corps. Clément tua son vis à vis mais un autre soldat le surpris et son arme vola. Roy tua d’un coup deux de ses adversaires et d’un bond il attrapa une épée qu’il lança à Clément. _Tiens ! _Merci ! L’arme alla se figer dans le corps du garde qui avait attaqué pendant que deux autres traîtres s’écroulaient, perdu par deux dagues lancées par Jean-Baptiste. Un autre resta figé en l’air, planté au bout d’une lance, les pics acérés de Garot embrochaient les rares hommes qui approchaient de Cairie. Le combat entre Pacôme te Cairie fut intense. Ils se retrouvèrent sur un espace surélevé, un coup de pied envoya le loyal soldat à terre, réveillant de récentes blessures et le chef de la milice en profita pour brandir son épée vers son cœur. Les jambes du vil adversaire se heurtèrent à l’épée de David et ce dernier, les jambes tailladées, se mit à genoux tandis que l’épée de Pacôme fusait dans sa direction et lui traversa la tête. La bataille ne tarda pas à se terminer sous la pluie de flèches envoyée par Cairie et les coups dévastateurs d’Alphonse. Pacôme à qui la place de Commandeur était depuis longtemps réservé fut promu et David s’assit à ses côtés chez les Commandeurs. Une grande estime les réunis tous deux même si leurs caractères bien distincts ne le montre pas souvent. Les Commandeurs furent enfin au complet au nombre de dix ce qui n’est pas pour déplaire au roi. Le druide cependant remarqua une appréhension chez ce dernier, la précipitation avec laquelle il avait fait de lui un Commandeur en avait surpris plus d’un, Jean-Baptiste notamment montra qu’il aspirait à ce que ceci se fasse plus lentement de façon à ce que tous les Commandeurs puissent se familiariser avec ce prétendant. Le futur donna un fondement aux craintes de David et la réponse face aux tracas qu’il avait décelé chez la princesse. Le roi fut assassiné peu de temps après et celui qui était destiné à prendre sa place : Guenelon, put enfin assouvir ses ambitions.
ROY : Tout comme Jean-Baptiste, Roy a lui aussi sa famille dans les Commandeurs depuis des générations. Depuis sa plus tendre enfance, le père de Roy lui enseigna l’escrime. Arrivé en tant que soldat, il fut reconnut comme le meilleur bretteur de toute l’armée. Lorsque son père mourut, tué lors d’une bataille, il prit naturellement sa place. La galanterie ainsi que la bienséance de Roy en fit un invité reconnut et convoité. Beaucoup de princesses aimaient sa présence et le roi était souvent flatté par ses compliments et ses manières. Quoique peu apprécié par la dauphine il en demeurait un être remarquable au comportement irréprochable, dans les batailles comme dans la cour. Roy cependant ne fut vraiment reconnu en tant que Commandeur seulement après un bal donné dans un royaume voisin. Le roi et sa fille vinrent seul et Roy y fut aussi invité. Grand fut la surprise du roi quand il s’aperçut que chaque convive avait son cavalier. Pour lui-même, cela ne posait aucun problème car on savait qu’il portait encore le deuil de sa femme mais la solitude de la dauphine fit jaser la cour. Roy de son côté avait déjà une cavalière, la fille d’un duc de cette contrée. Afin de ne pas rendre mal à l’aise la dauphine, Roy s’inventa un frère et prit l’identité dans ce bal aux allures festives, de deux personnes. Ce mensonge, énorme pour le roi mais extrêmement risqué le fit sourire : Prendre un si grand risque pour un simple bal, juste pour la joie de sa fille. Ce geste le toucha et depuis ce jour, Roy entra définitivement dans la famille des Commandeurs.
CLEMENT : Clément est le fils de riches fermiers au rythme de vie rustique et sans complexe. Il a été habitué aux filles faciles et aux amours volages. Lorsque la milice apparut dans son village et commença ses actes de raquêtes et d’intimidations, Clément demanda au forgeron de créer des armes et forma un petit groupe de jeunes paysans prêt à se battre. Dans le secret le plus absolu il créa une résistance qui s’entraînait et s’entre aidait. Dès armes furent distribué et lorsqu’ils furent prêts, ils se soulevèrent contre la milice et tuèrent sans manière ceux qui étaient venus les piller. Ceci fut néanmoins un échec car la vengeance de la milice fut terrible et le village fut détruit. Après un tel acte le roi fut très affecté et apprit le courage de Clément. Étant un des rares survivants il fut incorporé comme soldat où ils devint excellent. Sa haine contre la milice le rendait dévastateur contre eux. Ses hauts-faits d’armes lui valurent d’être nommé Commandeurs et il put ainsi progresser dans l’art de combattre.