La Tyrannie De La Realite

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  • Words: 786
  • Pages: 2
La tyrannie de la réalité Les jeunes étudiants, qui ont hâte d’exalter leur « maturité », se disent réalistes et non idéalistes. Ils croient vraiment avoir atteint le summum de la maturité en optant pour le principe qui dit : « ca a toujours été comme ca, nous n’y pouvons rien ». Examinons cette phrase de plus près. Ca a toujours été comme ca ? Il y a toujours une première fois. Nous n’y pouvons rien ? Nous n’y pouvons rien ou nous pouvons peu ? Tout d’abord, « rien » et « peu » ne sont pas synonymes. Puis, ce n’est pas parce que notre action ne va pas changer le monde entier et ne connaitra pas de gloire universelle que nous devons nous en abstenir. C’est comme si un petit enfant mourant de faim vous demandait à manger et vous refusez de lui donner quoique ce soit sous prétexte que dans tous les cas, que vous l’aidiez ou pas, il y aurait toujours la famine en Afrique. C’est ce qui se passe couramment, mais certes de façon moins évidente. Dans certaines situations, notre inaction et manque d’initiative sont intolérables. L’essentiel ne réside pas dans l’importance du résultat mais dans l’importance de notre effort. Nous ne pouvons affirmer que telle chose est impossible avant d’avoir nous-mêmes agi et accompli notre devoir. Ne pas agir parce que le résultat risque de ne pas nous satisfaire, ne signifie pas pour autant que nous sommes réalistes mais plutôt révèle un caractère lâche et hypocrite. Cette « folie de grandeur des résultats » nous paralyse et fait de nous des observateurs passifs d’une réalité morbide. Plus grave encore, la véritable tyrannie de la réalité se manifeste lorsque la déception et le désespoir atteignent leur apogée. Cet état d’esprit déplorable nous conduit à une dangereuse confusion entre ce qui est et ce qui devrait être. D ans ce cas, que nous finissons par croire que telle situation n’est pas simplement ce qu’elle est mais aussi ce qu’elle devrait être. Ceci met un terme à toute tentative de réforme ou même de remise en cause de la situation. Pourquoi vouloir réformer ce que nous tenons pour bon ? La situation politique au Liban est particulièrement victime de cette pensée. Le réservoir précieux de créativité, d’ambition et de travail que constitue la jeunesse n’est pas exploité à fond en raison de la « démission » des jeunes. Motiver et activer les étudiants est indispensable au développement économique, social et politique du pays. Partout dans les pays développés, c’est au sein des universités que s’avancent et s’achèvent les projets de recherche et les activités novatrices les plus importantes. Cet effort estudiantin contribue considérablement au développement de ces pays. Le Liban qui en a particulièrement besoin, souffre énormément de son absence. Comment donc un jeune étudiant peut-il aider son pays aujourd’hui ? Tout d’abord en ôtant le masque du réalisme hypocrite. Ce qu’il faut savoir c’est que le réalisme ne s’oppose pas radicalement à l’idéalisme. Il ne s’agit pas d’idéologies pour choisir l’une des deux. La sagesse consiste à savoir distinguer la place de chacune et son utilité. En étant idéalistes dans la pensée, nous arrivons à comparer la réalité avec nos convictions. La remise en cause de la situation actuelle serait alors possible. Nées alors une ambition d’agir et une volonté de changement. Le cas inverse aurait obligatoirement empêché tout mouvement de réforme et une soumission à la réalité. Toutefois, s’il nous est utile d’être idéalistes dans notre réflexion, le réalisme, quant aux moyens d’agir, est aussi important. Il ne s’agit pas d’être des penseurs idéalistes qui ne font que rêver et espérer, ou d’autres qui dépensent leur énergie et perdent leur temps gratuitement, en raison du manque de réalisme dans la façon de mener leur projet. Etre pragmatique et réaliste est essentiel lorsque l’on mène un projet concret afin d’optimiser les résultats, mais se cacher derrière le pragmatisme et le réalisme afin d’en faire des prétextes pour ne pas agir, produit les effets contraires de ces

principes qui se veulent avant tout utilitaristes. Dans le cas des étudiants libanais, ce qui pourrait y avoir de plus inutile est l’inaction. Pourtant, l’action ne doit pas être ou extraordinaire ou ne pas être du tout. Un modeste engagement de la part de chacun dans l’exercice de la véritable citoyenneté, qui contrairement aux idées reçues ne consiste pas simplement à exercer ses droits politiques mais inclut tout combat mené en vue d’une amélioration de la société, est déjà un acte utile. Un acte peu utile ou révolutionnaire ? Quelle importance ! C’est d’ailleurs aux circonstances de le décider. Quant à nous, quel que soit le résultat, nous aurions la conscience tranquille d’avoir rempli notre devoir.

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