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au sEUIL n'uN MoNDn NoUYEAU
cientes ont pu se développer davantage. Peut-étreen sera-t-il de méme pour nous, lorsque la souffrance, suite de la guerre, aurá changé I'orientation de l'activité occidentale. Quelques-uns d'entre nous commencent dé¡á á soulever le voile et nous parlent de forces étranges, qui ne nous paraissent surnaturelles que parce que leur mobile nous échappe; monde immense dont quelquesbribes éparsessuffisent á nous en laisser entrevoir I'immense étendue et I'incalculableportée. En nous. II est incontestablequ'il se passe en nous des phénoménesétrangesincompatiblesavec notre caractéretel que nous le connaissons. Qui n'a éprouvé,dans les moments d'abattement et d'inertie morale, le secoursimprévu d'une force qui, soudain, le rendait capable de faire allégrement ce qui auparavant lui était impossible. Nous constatons avec étonnementgue certaines chaines se brisent libérant nosmouvements,que d'elles-mémes, nous pouyons abandonnersans terreur les chosesque nous avions crues indispensables
r,'ilutuont¡,¿rrÉ
L3r
á la vie, qu'il est des heures oü la solitude est peuplée de bienveillance, te ¿¿pou¡tte_ ment accompagnéde joies inexplicaúles,en sorte que nous avons I'impressioo dinaire.d'échapperau pouvoir d.es"*i"uo"événe_ á J'assujetüissement de nos passions, i.1ti: oe posséderet d,embrasser toutes choses -a*u"á la fois, de communiquer avec f., grandes de tous les siécles, de vivre une vie.si vasúe, semblepiacee ¿"Uo"" -qu'elle ou temps et de "o l,espace. Comme un roi áirporu de son royaume, nous commandonsá la matiére, ei touüe ohosemorüellenous esüsoumise. Ces impressions surnaturelles . ne nous vrennent pas de nos facultés ordinaires, elles nous sont transmises par d;;l;;;;"." inconnus. Ce n,est pas un détachemenú des chosesde-la úerre, une usure du temps qui nous,les éprouver,,mais la conscience -fait acqulse d'une autre réalité qui esü l,expé_ rience de Ia vie éternelle. qu'en des heures spécialement , .Ir..l""trnu u¡tu¡trves, d'une clairvoyance spirituelle plus intense,l,on distinguu nuttumáni .r'.roi re qui est immortel de óe qui est our*r". !{ous parvenons ainsi á vivre ¿u"'*ü3ot"
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A U SEUII, D' UN } IONDE NOUVE.{U
trés courts de compléteéternité. Tout ce que nous pensons,sentons,tout ce que nous sonlmesen de teis instants a été et sera toujours, prrce que ces émotionsse passent ,lans la partie iirdestructible de notre étre. Il en est qui savent eeschosesdés leur enfance et d'auircs qui ne les éprouverontque dans une vie-future. Cette impression d'immortalité se manifeste non seulementdans la vie intérieul'e, rnais elle se confirme dans l'ambiance qui ¡rous entoure, et c'est alors commeun accord parfait, une fusion de toute la création dans I'infini.
L'tMtuoRt,tLITÉ
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que üoutesles tragédies humaines passent aussitótau secondplan. D'autres chosesencore reflétent les gloires éternelles: la musique,par exemple,a le clonde noustransporúerimmécliatemánt dans cesrégionsmystérieuses.On saiüquecertains sons ne sont pas de la terre, que certaines harmoniesparaissentdes ¿chosde l,au-clelá. Moins que cela: I'atmosphérecl,uneGuvre d'alb, le souvenir d'un acie héroique,le frólement d'une áme parente,la renJonúred,ur¡ regard sympathique, et tout á coup nous sentonsgue nous ne sommesplus seuls sur une terre qui s'effondre. L'immortellejeunesse.
Autour de nous.
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tr a nature tout particuliérement exhale pal moment ce souffle de l'au'delá. Il y a dans l'intimité des foréús, dans la gloire du co'.rchant,dairs le recueiilement d'une nuit d'été, dans la paix silencieuse des cimes, dans l'éclosion miraculeuse du printemps etle subtil mystérede l'automne, ie pressentimentd'une grandeur éternelle, ,¡ui remplit notre áme d'une telle espérance
Sans doute, le ceur a des ressourcesinépuisableset la vie dessurprisesinattendues ; il serait injuste de limiter le bonheurá cer.taines conditions terrestres. Élareissons plutót son domaine jusqu'á la derníére lirnite du possible. Ce qúi n,empécherapas gu'á un moment donné, l'áge, 1a malaáie, les sacrifices réitérés de la vie viennentfaüalement bar.rer le chemin á l,espérance. Nous pouvons encore exister, nous ne pou-
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l,'llt,vont¡,LltÉ
A U SEUIL D' UN M ONDE NOUVEAU
vons plus vivre, car l'espérance est le seul stimulant du devenir. Si nous ne voulons pas nous éteindre avec le crépuscule, il devient dés lors indispen' sable de substituer aux biens terrestres, devenus inaccessibles,d'autres biens équivalents et capables d'évoquer en nous les mémes sentiments. Les biens immortels ne sont pas autre chose que des biens terrestres vus sous une autre face. En effet, tout objet possédedeux faces: I'une matérielle et passagére,I'autre astrale et éternelle. Il s'agit donc moins, quand la vie nous a dépouillés, de changerI'obiet de nos désirs, que la fagondont nous Percevonsces obiets et d'apprenclre ü discerner á, travers leur apparence ordinaire, l'áme des choses qui nous entourent. Ce n'est pas parce que Ie ceur perd ses facultés d'amour et d'enthousiasme que I'homme vieillit, mais parce que le ieu de la vie a cesséde lui offrir des jouissancesdignes de ses ambitions. Pour celui qui voit le cóté profond des choses cette privation u'existe.pas,car il trouvera toujours dansIa réalité invisible de quoi entretenir sou immortelleieunesse.
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Ce que les chrétiensentendentpar le salut, n'est auüreque le passagede la vision matérielle á la visibn spirituelle. L'homme est sauvé, non quand il est parfait, mais quand il est devenu capablede voir la perfection, de discernerDieu. Dés qu'il s'est rendu compúedu monde invisible qui de tout temps a existé en lui et autour de lui, il possédel'éternité, il est entré dans le paradis, aucune desüructionne peut plus I'atteindre. tra mort. Pour se rendre compte de la vie cl'outretombe, il faut faire un pas de plus. Ici-bas, la réalité immortelle était comme úne parcelle d'or ,enfouiedans un bloc de matiére; il fallait un ceil d'expert pour la découvrir ; li-bas, l'or sera l'élément général, la réalité palpable qui s'impose á. tous. < Nous ne verrons plus comme á travers un voile > dit saint Paul, ( nous verrons face á face, comme nous sommes vus )), et ce que nous verrons sera le cóté lumineux mais agrandi des réalités spirituelles, dé¡e pergues durant notre vie tenestre. Le changementsera
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peu sensible, gradué comme fut le passage de la vision matérielle á la vision spirituelle. Nous nous trouveronsressuscitéseomme nous nous sommestrouvés un jour adolescents puis adultes, par une suite logigue et naturelle du devenir. La mort ne sera pas un étonnement,une illumination soudaine, un saut dans le paradis, mais une évolution lente et g'raduéedu devenir intérieur. Sans doute nous nous trouverons en présence d'une scénenouvelle, mais qui sera tellement amenéepar la scéne précédenteque nous y assisteronssanspresque nous apercevoir du changementdu décor, comm€ au théAtre quand, absorbés par le déroulement de I'action, nous perdons de vue les transformations de la scéne. Voir.
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au s E U rLD ' u N Mo N D EN o u v E AU
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L'enfant dont le reEard s'éveille aux choses qui I'entoureilt t{.hu d" sortir du réve de I'inconscience, pour üsccrner et différencier les objets qu'on lui présente; il veuü comprendre leur forme, savoir leur utilité jusqu'á ce que, ces objets devenus réels et
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familiers pour [ui, il tend ses petites mains pour les saisir. De mórne lc lt':vtlil de l'eil spirituel s'opéreen nolls par rlcgréset passesuccessivementdu prcsscnLiment au désir, á. la volonté, á la possessiou.De sorte qu'á un momenf donnó il parvient non seulementá saisir I'irmc des ciroses,mais á vivre, dés ici-bas, comme dirns un royaume immortel. Considéréeá ce point de vue et mises il parü les souffrancesqu'eile entralue, je ne vois pas ce que la morü peut avoir de si tragique. L'existence terrestle n'a-t-elle pas été l'éteignoir de nos réves, la prison de notre c@ur, Ie tombeau de notre vraie vie, dans Ieguel, par une volorté héroiquede vivre, nousnous sommesmaintenusquelquetemps, agonisants. La résurrection doit étre semblable au renouveauque le prisonnier éprouve au cortnet de la lumiére aprés une longue réclusion" L'espéranceétoufféerenait, le réve oublié reprend corps, toutes les vibrations de la jeuuessesecouentl'áme engourdieet I'on 8e retrouve,et I'on s'atfirme,et I'on osevivre enñn saus entravestout ce que I'on est.
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au srurr, D'uN n¡oNDENouvEAU
La mort ne peut étre un épouvantail au cceur naturel, car elle fait partie des lois universelles auxquelles I'homrne consent, parce qu'il sait qu'elles sont f'aitespour lui. Ce qui a faussé I'idée de la mort, comme cellede la vie, de I'amour, de la beauté,e¡c., ce sont les accoutrementsdont les religions intéresséesI'ont revétue pour servir leurs intéréts. Dieu ne heurte jamais nos sentiments naüurels. Il ne nous demande pas I'impossrble,mais seulementqo" oou* nóu" livrions, tels que Dous sommes, au couranü de l'éüernel destin qu'il a tracé pour nous.
NOUVEIIEORIENTATION DE L'ACTIVITÉHU}IAINE
Le besoin d'activité est un instinct profond que I'on retrouve chez toute créature vivante, depuis le Dieu, créateur du monde, jusqu'á l'hommequi laboureson champ,l'oiseau qui fait son nid et la plante qui puise le suc de la terre. Nous sentons tous, lostinctivement, que nous marchons vers quelque chose qui est I'accomplissementde notre destin et que ce destin ne pouma *E'tchever que par l'emploi judicieux et per¡*mérant de toutes nos faculüés. Plus un étre est avancé, plus le don de lnlqnéme devient une nécessité. l"a travail nous apparait alors commeun ";fr:,,f&l fidele qui nous attend le soir sous la f;:l;r': r--*^ t^:¡ --- l - !-_,,-^r ^--^--Lt: ^^l:¿^:-^ -nous aolitaire et fait oublier le fover
h, gnr nous preud sous le bras et nous
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a u s EU IL D ' u ^ \ rIo rD E Ito u v E A U
entrainepar de lourds matins vers le devoir salutaile, celui sur qui I'on déverseles ardeurs improductives,les tendressesméqui endosse connues,les larmesinconsolées, toutes nos décevancespour en faire un capital d'économiespsychiques,de connaissancesutiles, de vertus solidesdont les revenus nous permettront un jour de vivle dans I'aisance de I'ii.me NIais le travail qui était le signe de la vie est devenu, de nos jours, un instrument de mort, une tension maladive vers un but illusoire, Pour mainúenir en mouvement le formidable rouage de I'arrivisme on a imaginé le moteur de [a volonté, espdcede monstre qui broie tout sur son passage: les montag'nes, les fleurs et le ceur des hommes. On n'estirne plus sa qualite ; sa force, seule, importe; on la tend démesurémentau risque dc faire sauter tout l'arsenal humain. Quelqu'utile que soit la volonté bien empioyée, I'imporiant á ceúteheure n'est pae de vouloir, mais de voir. Ce n'est plus la volonté, mais le regard intérieur qui demande á étre développé.Nous n'avons pas .failli par faiblesse,mais par aveuglement.
N (')u\¡rit.LU
oit Ii.rN't'aTIoli
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La vie modernecst une coursefolle vers un loint¿tinbrumcux, morcelé, chaotique,si v¿rgueque personne ne peut le nommer et que toutes les loutes y ménent. II y a une épidémie de travail comme il y a une épidémie de grippe, dont on ne peut mesurer lcs ravages.Que d'étreshumainsauraientpu éüreheureux,utiles á leur prochain,auraient ¡ru étre sáuvés, si l'on était parvenu á les aruéter une heure dans la poursuite de leur enjeu; mais une heure d'inactivité est égale i¡.une heure de lucidité morale; mieux vaut se tuer i la course que d'entrevoir le néant. L'activité est un dieu redoutable, qui, aous le mauteau du devoir, paralysetoutes les sensibilités,ies intuitions, les recueilleuents et ies réveils de l'áme. Il a appauvri *t vidé I'hommemoderne. sr.t*il devenu une malédiction ? 'Ssree que nous en avors défiguré le **ü¡; ¡ous en avons fait un but, au lieu d'un ' üryF¿o,une manifestationde l'intérét, non de
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Cnc ¿rresest de vivre.- Dés que Ia ré'
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AU SEUIL o'ux MoNrr
NouvEAU
eüla dépensecessentdes'équilibrer, :"pt:ol la vie tarit. L'homme moderne n,a connu que I'effort utilitaire, il a complétementpe"du de vue la nécessitédu travail intérieur. Cependant, il est des valeurs qui ne peuvent se former que dans le silence et I'inaction,parce que leur idéveloppementfait appel á táutes nos énergiesvitales. La force-étrange qui nous frappe chez I'oriental est oo p"ádoii d" ," concentrationimmobile. < Time is moneyr, dit le proverbe américain,mais si Ia perte de temps équivaut á une perüed'argent, elle représente souvent un gain moral. La vie moderne,'compliquée jusqu,á l,excés,a iustifié I'erreur de I'effort utilitaire, lá son chátiment.Nos ambitions nous"'.ri ont en_ lizés dans un cercle vicieur; pour en sor_ tir, il faudra lutter eontre le double obstacle de nos mauvaises habiúudeset des circonstancesfácheuses. Tout travail qui ne procédopas d.'unenécessiúé intérieure devient inutile et nui_ sible. La résultante pratique de notre activiúé européenne représente, cerúes, un capital considérable,mais c,est un capital périmé,
Not-r \¡ELLtr) ORTENTATION
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li,.i,uoncréteI'idée épuisée, a recours d des Royens arúificiels : l,ornement abonde, le geste devient emphaúique, la compositionse surchargepoul. ne laisser en fin de compte gu'"19 forme á effet, vide de toute vie.' .fous
de redressement de l,Europeac_ ,,,1"",:ffg"ls échouent parcequece sonúdesgestes liutt"^
áme, des gestes égoistes. i',;Xons i reconsúruirele monde, il i,, l:"".irriver est inutile de se servir des anciens matéflaux. Ce n'es-tpas avec des pierres effriqtt. nous éIéveronsde nouveauxédifices, .,,11"" u. *l_u" nos vieux systémes que nous res_ . iterons une vie nouvelle. ie travail que ssite l'heure présente est un travail ffiórieur, la mise en action de nouvellesvaen vue de nouveaux intéréts. :
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11"_o"rnousagitons, plus nous entra_ l'éclosionde cesvaleurset moinsnous rs capablesd'accomplir une @uvre . L'áme a besoin de peu de gestes,
l'inspiration des archaiqrr",i'uo*ii
IIl.4
besoin .que de peu de lignes pour s'exprimer. On pourrait presque dire que le mouvement extérieur diminue en proportion de l'évolutionvitale. L'effort moderne doit viser á réduire le geste et á condenserla pensée. Il est en effet beaucoupde fagons de travailler. Un certain travail anime les bras, tend Ie cerveau,mais ignore les vibrations de l'áme. fout, ici-bas, procédepar ér'olution. A mesure que I'homme se développe, sonbut s'éléve,son action évolue, elle doit pftsserdu corps á I'intelligence,de l'intelligenceá l'áme. physique. Béveloppement L'hommeprimitif ueut crottre.' de son corps et se Ii vise au développement enf orcesphysiques.L' ceilauxaguets, dé¡rense le jarret tendu,la hacheá la main, il parcourt la terre saurrage,en quéte de butiu. Puis le soir, las mais rassasié,il regagne sa tribu' II a accornplison destin, il est satisfait' De rnéme que la femme accomplit le sien en plocréant,nourrissant et revétant la race á venir.
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N OU V E LLE OR IE N TA TION
AU SEUIL D,UN M ONDN NOUV E A U
Leur ambition ne dépassait pas la zone de la matiére, leur activité se bornait á I'extension de leurs muscles. I!éveloppementintellectuel. L'homme moderneeeu.tsavoir. L'effort physique a perdu de son utilité. La charrue automatigue a remplacé le travail du laboureur, le nouvel explosif, découvert dans le silence du laboratoire, s'est montré plus efficace que l'endurance d'un baüaillon. La civilisation n'a que faire de bras et de jambes, elle demandedes ceiveaux. Arriver |$ l" connaissancequi assure la richesse, $ünserver la vie est bien, l'agrémenter vaut .l Désormais, toutes Ies énergies vitales Wüt se porter vers les productions de I'in. Surcroit d'études.tension de la ire. Le cerveau est devenu une maü ernmagasinerde la science,un forlaboratoile, d'oü sortiront toutes ions.,les perfectionnements mo-
f;'asüI'exploitationIa plus éteudue, , nmpléte de toutes les facultéshu'; ', '
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AU sEUIL n'ux MoNoE NouvEAU
maines, de tous les produits de la terre, en vue d'atteindre á la iouissance la plus raffinée. N'IaisI'effortdépenséen vue de la richesse, aboutit á Ia misére. Une noisson de croix remplaceles blés mürs, les crix des affamés dominentle fracasdesmachines,et l'homme, étonné,se dema.ndece qui a pu manquer á son héroiqueeffort pour parvenir á sesfins. Il se senten présenced'un mystéreet, comme jadis il a constatéI'insuffisancede sesmuscles, il commenceá douter de la toute'puis', sancede son cerveau.La faillite de son effort mental I'améne á rechercher et á découvrir I'effort psychique. La cülture moderneest un corps déséquilibré clontcertains organes ont été développés démesurémentau détriment des autres. La volonté,la mémoire,le calcul, le savoir, I'esprit pratique ont pris des proportions anormales,ce sont des dons admirables, mais qui out fait leurs preuves; poussésplus loin, ils risqueraientde compromettrel'harmonie. La fin de leur exploitation nous a menésau seuil d'une nouvellephase de itéveloppement.
NoUvELLE onrENTATtoN
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Développement psychique. Ir'homme nouveaupeut aimer. L'exploitation de l'étre physique s,est montréeinsuffisante,celle de l,étre intellectuel, illusoire. Cependantil faut vivre et dépenser. Éclairé par ces expériences,I'homme a constatéla vanité de bien des chosesqu,il croyaiú essentielles.A quoi bon les honneurs, les richesses,les plaisirs qui ne rassasientpas ? A quoi bon paraitre sans étre, posséder" sans avoir ? A quoi bon I'ar.rivisme qui aboutit au bolchévisme? Car, dans la poursuiüepassionnéedes biens extérieuls, il n'a pas eu un moment de vie véritabie et nlors qu'il était nrrivé aux fins cle ses ambitions, il avait perdu la faculté d'en jouir. La faillite de son effort intellectue! ;rl*méne i comprendre Ia nécessité d.,un ,qffio* p"svcirique,I'insuffisance des biens les á chercherles trésors invisibles, l ü**,unesde la raison á prendre conseii
tnüntuition. ',&hwmrne comprend que l'oiseau bleu á" S n*res n'est pas dans le mondequ'il a vu llri' ,
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AU SI]UIL D'UN
IIIONDE NOUVEAU
et conquis, mais dans le sanctuaire qu'il a délaisséet perdu i {pe I'on est heureux,non parce gue I'on posséde,mais parce que l'on sent qu'il s'agit moins d'agrandir ses terres que d'étendre le domaine de ses facultés émotives. Il croyait avoir exploité tous ses dons, fait le tour de tous ses biens et voici qu'un domaineinexploré s'ouvre á des facultés insoupgonnées. La découvertede l'áme et la conquétedu bonheur sont les enjeux proposésá la nouvelle activité humaine. L'activité féconde. Nous trouvons á I'origine des religionsméresd'Égypteque . Comme Toum en face du chaos, nous
NOUYELLE
ORIENTATION
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sommescn présehced'un monde nouveauá créer. Cette création ne peut s'efÍectuerque dans les lnémes conditions, c'est-i-dire par Ie retour i la penséecréatrice, au travail intérieur. En quoi consisüece travail invisible ? En tanb que nous nous plagonsdans la juste attitude intérieure, dans le rayonnement des forces invisibles, nous devenons une puissancebonne,comme le {er que par1 court un courant électrique, devient une puissance de lumiére, tandis gue nos mouvements les mieux combinés sont stérilisés dés qu'ils s'isolent du contactcentral. Ouverts aux influences invisibles. nous i'r,:S*rvenonsá découvrir et á prendre posses¡ion de notre vraie nature; c'est l'école á hquelle se forme le jugement, s'éduquele üÉair, se forge la volonté. ir., l[ e'agit enfin d'élever seb expériencesá h:üauteur du désintéressementen se défai.,;,r,
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*fuI'illusion de la possession. Dés que
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voulons le bien pour lui-méme, nous une force, nous devenonsune aci une certaine hauteur morale, il ¡tü** nécessaire de se dépenser,il suf-
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.,rr;sEUrL D'uN NoNDENouvEAU
tit d'étre pour agir: la vérité élaboréeau fond du sanctuaire émane au deirors un s,¡ufllerégénérateur. Ce que nous pensonssans le dire, d'autres le sentent.Ce que nous voulons sans pouvoir l'accomplir, agit dans I'invisible; ce que nous sommessans pouvoir le vivre, devientréalité universelle. Il peut arriver, par exemple,que votre ami prenne une fausse voie. Vous vous sentez ¡rresséde le prévenir, il suffirail d'un mot pour I'éclairer; vous pouvezá peineatfendre I'heure de sa visite. Pour calmer votre impatience vous condensezvotre impression en une idée pr'écise,vous táchez de la prés:nter sous une forme distincte. Au cours tle cet exercice,la vérité prend corps en vous, elle dcvient une paltie de vous-méme,une réalitc. La nuit se passe, I'ani ne revient pas, r'otle bonne intention s'émousse,votre peine scnrbleperdue.Nullement, car il arrivera lresque infailliblementqu'au moment oü vous yous y attendrezle moins, oü vous aurez1lourainsi dire perdu la chosede vue, votre ami, poussé par des crrusesétrangér'es,agila dans le sensdevotle conseil.Il n'est nrémepas impossiblequ'il vous aborde
N OT]V E I-LD ON IE NTA TION
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un jour avec des paroles identiques á celle gue vous aviez préparées á son intention; venant de vous directement,ellesI'auraient peut-étre froissées; agissant sur lui du dehors, elles I'ont convaincu sans qu'il s'en apergüt. Ou bien vous étes á votre travail, vous cherchez vainement une solution qui vous échappe; le lendemain,sansaucun elfort de votre part, elle vient a votre rencontre en une formule touto laite. Fruit de votre travail invisible et en apparence inutile de ltr veille. Voyez la force d'une parole modérée, d'un geste réprimé, d'un silence réprobateur: Ie regard que Ie Christ jeta sur Pierre renégat, l'atteignit sans doute plus profondénent qu'une épée vengeresse. Le sermon le plus éloquent peut laisser l'áme vide, mais il est impossible,dit'on, de passerinsensible á cóté d'un brahme en priére, debout dans les eaux du Gange et qui ne vit plus que de sa seule vision intérieure.
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AÜ SEUIL D,ÜN MONDE NOUYEAU
la portée du travail intérieur- mais si toute réalité a sa source dans I'inconnu, l'insaisissable,l'immatériel, en sorte gue I'écrqulenrent actuel ne serait qu'unemanifestation, une transsubstantiation, de nos penséesdévoyées, il est probable qu'il suffirait d'un épurement générál de la pensée pour r€construire un monde, dont les éléments échapperont toujours ir nos gestes inhabiles. Lorsque I'idole des fausses ambitions sera tombée,lo désir de l'idéal moral pourra naitre. Et du désir vers d'autres biens sortira la possibilité d'autres institutions. Il n'y a pas de délivrance sans progrés, il n'y a pas de bonheur sans purification. Les circonstancesne changent que pour autant que nous changeonsnous-mémes,et la face du monde ne s'améliorera que lorsque le ceur de l'homme sera devenumeilleur. Ainsi le monde á venir sera la manifestation, la matérialisation de la pensée nouvelle, de cet idéal encore chaotique, mai$ vivant, et en travail de devenir que nous sentons chaque iour davantage se former en nous,
tES GRANI}SRECONSTRüCTEURS
Les lois invisibles, qui seulent décident de la destinéedes peuples,sont contraires aux lois établies sur lesquellesnous fondons nos cités á venir. Ce qui favorise les unes détruit les autres; procédant d'autres causes, elles produisent des effets différents. tr{ais les hommes, ancrés dans leurs systémes étroits qu'ils prennent pour des convictions personnelles, et qui ne sont en réalité que des facsimilés de l'opinion publique, préférent poursuivre leur marche aveugle st inutile que de consulter le sens des réaliüás profondes. Semblables á ces chenilles qu'une main malicieuse a 1*rocessionnaires úSrposéesen rond, ils tournent indéfiniment *ü luegu'á l'épuisement de leurs forces dans t n$me cercle vicieux. Il semble presgue plns ils sont versés dans le mécanisme
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au sEUrL D'uN MoNDENouvEAU
des lois de ce monde, plus ils sont adroits, prévoyants,platiques,savants,plus ils s'éloignentdescausesvéritableset se serventde moyensillusoirs. C'est pourquoi les grands reconstrucüeurs de I'avenir ne ,qontpas ceux que I'on croit: les organisateurs,les politiciens, les révolutionnaires,les diplomates, ceux qui tiennent les conférences,écrivent les traités, font les lois et proclamentla justice, tout ce qui á l'heure actuelle représente la force et attire I'attention, mais au contraire, ceux qu.ele monde ignore et dont le travail parait inutile, tout ce qui doit se taire, se cacher,tout ce qui souffre injusternent et meurt inconr¡u. Les vraies forcesreconstructivessont dans les bonnesintentions qui échouent,la bonté dont on abuse, le désintéressement que I'on méprise, I'honnétetédémodée,l'amour oublié et l'áme méconnue.Voici les ouvriers, voilá les matériaux,on ne les voit pas sur le chantier,car ils üravaillentencoredanslessoubassements del'édificeet leur mortier n'a pas atteint la consistanee voulue; ils travailient en silence,maisleur ceuweestassurée, tanclis que s'agiteau-dessusd'euxla cohortedésordonnéeet bruyante desfaiseursacclamés.
LE S GR A N D S . R E C O N S TñU C TE U R S
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Car il est des temps oü la production du bien devient impossible; alors l'ouvrier fidéle déposeses outils et attend I'heure propice. Son travail consistedésormaisá maintenir dans l'inaction apparentel'intégrité de ses projets entravés. Ce travail de préparation silencieuseest de tous le plus efficace, car il représentela gestation et la formation de l'@uvredont la mise au jour ne sera plus qt'une conséquencenaturelle et facile. Tout ce que nous possédonss'est élaboréen nous, durant les heures douloureuseset insrttisfaisantesde la création cachée, et le monde vivra un jour du seul capital que les humbles ouvriers du bien ont su accumuler et dérober á la décompositiongénérale. forces reconstructivbs. Le cJésíntér'essen?ent. - Ce n'est pas du cerveau, mais du cceur, que sortira I'idée magique de la résurrection ; ce ne sont pas les savants, mais les bons qui, les premiers, pro:loncerontson nom. Le cer.v'eau a su démolir, le ceur seul esü capablede reconstruire. Aucuneforcequiprocédede l'égoisme ne possédele germe vital.
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A U SEUIL D.UN M ONDE NOUYEAÜ
Aussi longtemps que chacun tirera de son cóté, sans égards Pour les intéréts des autres,,il n'y aura de salut pour personne. La tension égoiste déchirele filet ct la péche est gaspillée; dés que se reláche I'effort avide, les mailles se creusent et I'on peut recueillir la part de chacun.Mais les hommes sont si absorbés par la soif de l'intérét, qu'ils u'ontpas ercore réalisé cette vérité si simple: gue c'est en prenant que I'on s'ap' pauvrit; et cela, tout autant dans les affaires de ce monde que dans le domaine moral. Car prendre, ce n'est pas seulemententraver la main invisible qui s'apprétait á nous donner, mais c'est aussi miner son crédit auprés des princes de ce monde qui savent bien, lorsqu'il s'agit de leurs intéréts, discerner entre le risque que leur fait courir le fin calculateur et l'assuranceque leur donne le simple honnétehomme. En cultivant I'esprit d'accaparement,nous allons á rebours du salut et nous tournons le dos á la lumiére. Qui ne travaille que pour soi, devient aveugle et se trompe sur ses propres avantages. Chacun pour soi, c'est en réalité chacun contre soi. Car on fait contre son intérét ce que I'on ne fait que
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par intérét. On ne se sauve jamais au détriment d'un autre, on ne se sauve qu'en sauvaut les autres. Notre bonheur est aussi étroitement lié au bonheur de nos fréres que la vigueur de nos membres dépend de la santé de notre corps. Séparer Ies hommes par la haine, couper les fibres naturelles de la solidarité, c'est appauvrir le sang de tous. L'amour restera toujours la supréme vérité, quelques savantes que soient les lois que l'on veut ériger á sa place ; elles ne seront iamais que des lois stériles, polissant la forme et tuant I'esprit. L'id,ée de possessío L'idée de possession a pris de telles proportions dans notre mentalité moderne qu'elle est devenue une passion. C'est elle qui a engendrétoutes les dissensions,les révoltes,les guerresd'intérút et qui empoisonne encore á I'heure qu'il est I'existence privée de chaque individu. Cette icléeest fausse, elle repose sur ün leurre. , Si nous voulons nous préparer á une ére ',*gilleure, c'est sur ce point sultout qu'il de réformer son point de vue. Le , c'est-á-dire la chose qui importe, &peod pas et ne dépendlajamais de ce
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que nous avons, mais de ce que nous sommes. La fleur que tu cueillesest-elleplus á Loi quand elle est sur ta table que lorsqu'elle croit dans les champs? Ce n'est pas lorsqu'elle est prés de toi, mais lorsque tu es capablede respirer son parfum, qu'ellet'appartient davanüage. La richesse dont on abuse pour servir son égoisme nous appauvrit en réalité, car elle sape en nous la faculté d'en jouir qui, seule, pouvait la rcndre précieuse á nos yeux, Que servirait I'amour á qui n'a plus de jeunesse,ou la lumidre á qui ne voit plus clair ? Il faut ne rien posséderpour savoir que toute choseest á nous. Ne demandonsjamais á avoir, avoir est rine illusion; mais demandonsá pouvoir, car nous ne possédons. réellement que ce rlue peut notre ceur, tluahd il est bon. L' untouret Iu bonte,-Toutes leslumiéres de la tr-'rrene feror¡t pas que }es hommes voient, aussi Ii.rrrqtcrul)s que leur átne n'est pas éclairéu par la fl¿rmmeintérieure de l'amour et de lrrbo¡rté.II esüsi faciled'ainrer et d'étre bo¡r: il suffi[ pour cela que le ceur soit á la bourre place, et cependantc'est parceque cette chosesi simple manque,que
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l'humanitéagoniseet que I'Europes'écroule. L'amour est le plus irrtelligent des conseillers, car il compreud tout "et discerne la cause cacl]óe; la bolté est la suprémesagesse, car elie désarmeI'ennemi sans user ses propl'esforces. J'ai souvent constatéIa solitude de l'égoisme,je n'ai jamais rencontré un étre qui eüt perdu quoi que ce soit ir étre bon. Car Ia bonté attire et proyoque Ia bonté,tandis quel'égoismeéveilleIa haine et empoisonnel'air que nous respirons. Laissons-nous toujours aller aux bons sentimentsqui sont en nous, tout ce qui les réprime nui¡ á nos intéréts. C'est au moment oü nous avons su nous contenir,résister, renoucer,oü nous avons atteint Ia passivité de I'attitude réceptive, que I'objet de notre désir se forme dans I'invisible er se prepare á venil a notre rencontre. Oh ! la plénitude des jours vides, des gestesapaisés, des désirs assouplis, tles bras détendus, oü I'on avance sans volonté vers un l¡ut inconnu, avec, au c€ur, la calme dignité tlu bon droit et Ia douce tristesse de celui t¡ui accepteIe sacrifice immérité. Fiére et dépouillée,l'áme se tient devant Dieu; elle "se demanderien, elle attend la réponsequi
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AU SEUIL D'UN MONDE NOUVEAU LE S GR A N D S R E C ON S TR U C TE U R S
lui est due. Et son silence oblige Dieu á parler. Sans doute sa réponse n'est jamais celle que le ceur attend, mais il est si dépouillé, qu'il sourit au moindre geste bienveillant; il essaye méme de le suivre et découvre alors qu'il méne,contre toute attente, á. des Edens inconnus. Si nous voulons une humanité meilleure, éveillons cheznotre prochain le plus de sentiments nobles dontil est capable.Le moyen est simple: soulignons ses mérites, n'enregistrons pas sesfautes.Passe,oublie, laisse tomber tout ce qui, réalisé, pourraiü proyoquer ton ressentiment.Mais si I'on t'a souri quand tu étais seul, souligne ce sourire, afin que de ton ceur il en rayonne de la lumiére sur la foule qui passe. Car si toutes les forces qui sont dépenséespour soulager l'humanité se concentraienten un seul rayon d'amour, la misére humaine en serait illumiuée au point de paraitre de la richesse. L'or métal n'a jamais servi qu'á couvrir le bonheur qui n'est plus, mais I'or moral couyre toutes les dettes et refaitl'áme neuve. Rendre heureu-x! peu importe que ce soit un parent, un ami ou un ennemi,un animal, un insecte ou u¡re plante; tout ce qui vit
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souffre et demandeá étre soulagé eüc,est ; en diminua¡t la peine universelle que nous allégeons la nótre. Rendre heureux ! non pour recevoir le bonheur, mais pour le plai_ sir de le voir rayonner comme ie soleii s,rr la colline lointaine et inconnue. Le bonheur est si rare, il est si nécessaire;le monde se meurt de sa disette.Il faut que tous nos ges_ üessoient avant tout des gestes qui sément Iebonheur.Qu'irnporteoü tombela semence, . qu'imporüe la fleur qu,elle fera éclore. elle ,trouvera toujours son chemin sur cetteierre dépouillée, et méme si elle devaiú s'égarer sur la laude aride et ne profiüer qu,á to-i qui ,l'as lancée, sa mission ne serait pas perdue l'universel devenir du boulieur par le . ¡1o" ,:lÉen.
-' La,tolérance.-.Chaque individu, comme ' uttaque peupre,* yl: vérité particuliérequi *" rapporte qu'á lui, qui est inhérenteá l Iñ €ssence, une vérité qu,il a le droit de ¡*fln et que nous avons le devoir de respec_ l,po*, 'l'ffi, al,orsméme que sondéveloppement serait sppare¡rceinconciliable avec celui des ités voisines. Ceux qui contemplentle menü du sud ou du nord établissent lrcsition différente des étoiles; leur affir1l
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mation est iustifiée, quoique les étoiles représentent des points fixes. Ce qui nous manque c'est la confiance dans l'opinion d'autrui. On ne peut pas taire taire un droit au profit cl'un autre droit, imposer une formule générale qui les englobe tous' Ceux qui veulent réorganiser I'Europe en I'unissant, paralysent ses meilleutes forces, car les contradictions qui la divisent et I'entrechoquent sont précisémentles symptÓmesde son réveil. Ici aussi il imporfe moins de changerI'ordre des chosesque de modi{ier nos vieux points de vue. Il faut arriver á admettre tous les droits iustifiables en euxmémes, quelqu'incommode qu'en soit Ia classification dans notre esprit limité, car c'est par la mise en ieu des forces contradictoires que s'établit la vériüé: I'unité dans la divelsité. Sans adopter ou rcjeter les opinions des autres, uous pouvous nous y intéresser commeá un phénoménenaturelet sans doute indispensable, qui vaut tout au moins la peine d'étre étudié. Le manque de tolérance est généralementun signe de faiblesse. On ne se cabre contre I'opinion des autres que
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lorsqu'on la craint. 'Tous les malentendus qui déchirent l,Edrope reposent sur une éüroitessed'esprit. C'est savoir bien peu rle chose que do croire que I'univer, ," ,iéro*" au petit coin de terre que, par hasard,nous. avons eu á défricher. Ayons le courage de sortir de nos boites et d'arracher nos étiquettes, de supporter le trouble salutaire du chaos et de p""te""" le désordreau mensonge. On peut é'tre d,un territoire, d'une caste eü d'uni religion par le ceur, c'est-á-dire par les attaches-inúimes {: "" nature, et éürepar l,esprit, c,est_ádire par la compréh.o*ioo, citoyen de I'Uniyers, aclorateurde la Vérité et membre de I'Humanité. La contagion. - Gardons_nousde l,entrainement des foules et de la contagion de l* mode, plagons-noussans cesseenlace de ril$[ernelle vérité et éprouvonstoutes choses m critere des réalités profondes. r'- Llrq¡mmeest un étre remuant et variable,
' 'fril d'impulsions,sujetá touteslesinfluences, p*ndant de mille causes inconnues et qui ¡nnl lui-méme au moindre désarroi, J,il riunt chaquejour remettre chaquechose l¡t lumiére du sanctuaire sileucieux.
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Le sentíment de Ia n?esure.-Le déchainement des passions causé par la guerre a créé autour de nous une ambiance chao' tique et malsaine dont il est difficile d'évi' ter Ia contagion. Il y a une ínfectíon de l'argent, dont nous devons, sans cesse et á mesure qu'il sembleplus nécessaire,nous garder de surfaire la valeur. Une ínfectíon du mouuement, l'activité extérieure, imposée par des circonstances anormales et considérée comme seul moyen de salut est la plaie de I'humanité moderne. Sans doute, pour beaucoup, il faut travailler ou mourir de faim. Mais on peut travailler sans laisser empoisonnersa vie par le microbe de I'extériorisation, travailler sans engager les meilleures forces de son áme, travailler mécaniquementpar habitude, donnerla petite part aux petites choses,tandis que l'áme chevauche sur les cimes du réve et que l'étreinte se réserve pour saisir I'immortel. ll y a aussi I'infectíon de la d,épense" il en est qui se donnent á tort et á, travers par surmenage, par mauvaise habitude, par découragement.Ils n'ont plus la force d'op' por." .rrn. résistance au tourbillon -fébrile qui les entraine. Puis ils sont vides Ie soir,
ils sonúdes corps sansámes, incapablesde discernerles valeurs, impuissants á régler leur emploi. Tout travail qui procéded,unedissipation, non d'une organisationde nos forces, aboutit á l'affaiblissement eüá la pauvreté. Nous n'avons jamais le droit de dépenserle trésor du temple. Celui qui dapassela limite de la dépensepermise, eüt-il acquis un royaume, chemineracommeun mendiant. L'ínfection cle Ia rnésalliance.. nos meilleures forces n'appartiennent qu,á. Dieu, i I'idéal, au progrés inüérieur. Il fauú savoir les ménager en vue d'un noble emploi. Malheur á celui qui confond le but étárnel avec les exigencespassagér.es,qui ne voit que la nécessitéprésente et ignore la réalité profonde. L'ínfection d,u sceptícísrne, quí acceptele douteet la méfiancecommeun mal chronigue ot irrémédiable. En cas d'épidémie on redouble d'hygiéne; poür se garer des infections morales il faut gnltiver le sentiment de la mesure, le disffiusnent de la juste valeur des choses. Opposer résistance... Voilá qui devrait
notre rnot d'ordre sans cesserépété.
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aü sEUrL D'üN MoNnE NouvEAU
Nous ne pouvons pas faire autre chose á I'heure qu'il esb, mais nous pouvons le faire et c'est énorme;c'est presquetout, car celui qui résiste et qui proteste, crée un nouyeau facteur pour Ie bien en devenir. Évolution. d'étreprophétepour Il n'est pasnécessaire prédire I'avenír, il suffit de regarder en soi. Celui qui a su marquer les étapes de sa propre évolution, connait Ia marchedu monde en devenir. Il sait par oü l'on passeet comment on aboutit. L'histoire de notre vie est un résumé de I'histoire humaine, notre áme est un univers en miniature. Comme les hommes,les peuples ont une á.me,et pour qu'un homme ou un peuple puisse remplir toute sa mission, il faut que son áme amive á la plénitude de sa conscience,á I'entiére d'elle-méme.< Le mondeactuel possessi,rn par la crise morale que doit traverser p¿rsse tout étle qui s'achenineversun but ébernel.> En effet nous sommesdes étres naturellement inconscients,qui ne parvenons it la possessionde notre < moi irnmortel > que par le choc des circorlstauces,
La prise de contactavec la réalité est une tragédie : elle impose la triple obligation d'une sincéritéabsolue,d'un courageá toute épreuve, d'une énergie capable de créer un idéal personnel.Devoir mal commodeque beaucoup essayenúd'éviter en se réfugiant dansI'irréel, l'apparence,le mensongesocial. Cette crise morale, qui fait de nous des étres immortels, passepar différentesphases dont voici les principales : L'étape de la sincérité: L'áme, tourmentéepar la vie, se révolte contreI'inadmissibld, s'accrochedésespérément á ce qui n'a plus de consistance;elle. douted'elle-mémeet souffresans espoir,car elle souffredansl'ignorance,ce qui, de toutes les douleurs, est laplus cruelle. Puis vient: L'étape de l'endurance: On souffre, mais avec moins de sensibilité ; l'áme a acquis la r'ésistance,elle est devenueplus apte á se défendre, plus habile & déjouerles ruses du malheur. L'étape de la patience: Elle nouspermetd'endurerplus facilement, ff{rffi que nous avons découvertque tout est t*es${Seret relatif et que, du pire, doit fatalhmsnt sortir le' mieux,
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LES cRANDS RricoNsrRUcrEURs
L'étape de la connaissance: Tout en souffrant encore, nous comrrlengons á comprendre; les causesdeviennent intelligibles, le but sedessineplus nettement, nous découvrons en nous des ressources insoupgonnées. L'étape de l'espérance: Notre réve nous est resté égalementcher, mais nous pouvonsnous en passer,admettre l'idée de vivre sans lui, parce que nous avons trouvé son équivalent dans les joies nouvelles et la perspective d'un inconnu meilleur. L'étape du repos : Nous avons dépasséla erise des événements, nous sommes mattres d'un capital acquis, nous entrons dans la réalité supérieure, d'oü nous découvrons le bonheur inexplicable. Nous prenons possessionde notre immorüalité pour nous reposer enfin dans le devenir éternel. Cette évolution représente la somme,de toutes les vicissitudes humaines, I'inexplicabletragédie de la vie, dont on ne découvre que plus tard le sens et la ligne ascendante. L'humanité modernen'en est encorequ'á sa premiére étape; elle se débat, elle ioute,
elle souffre dans I'ignorance, elle ne voit aucuneissue, elle ignore la ligne ascendante, elle est en < travail de sincérité > et serait en droit de désespérer, si elle n'avait ses précurseurs qui, eux, savent et dont le témoignage est un garant.
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La délivrance, quand elle se produit, est rarement semblableá celle que nous avions prévue. Celle que nous escomptonsi I'heure présente sera probablementaussi trés différente de ce que la plupart des hommes attendent et revétira bien moins le caractére d'une transformation extérieure que celui d'unchangementmoral, d'une nouvelleorientation du point de vue, quelque chose qui naitra de l'intérieur, inconsciemmenü,progressivement, comme une sdve neuve gui renouvellera notre fagon de penser et dg voir et fera de nous d'auürescréatures. Le cceur ardent ne recoit pas toujours lramour qui, seul, lui semblait nécessaire; mais il regoiü de nouvelles facultés qui lui donnentnon seulementla force de s'en passer, maie aussi la capacitéde concevoir d'autres
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ioies dont il ne pouvait soupgonnerl'existence tant que ses désirs étaient absorbés par la convoitise d'un seul et unique trésor. Actuellementtous les regards sont tournés vers l'argent et cepeudantce ne sera probablement pas de I'argent, mais plutét de la faillite de l'argent que sortira la nouvelle orientation qui sauveraI'humanité. Quand nos désirs vers une chosesontsans cessecontre-carrés.commele sont actuellement tous les efforts tentés vers la possession matérielle, c'est un signe que nous faisons fausse route. Impossible d'y rien changer, l'évolution doit suivre son cours progressif, mais le moment viendra oü nos désirs, usés par de continuelles déceptions, parviendront á un état de soumission, de souplesse,de réceptibilité passive, qui favorisera l'éclosion de nouvelles aspirations, de nouveauxhommesetd'un nouveaumonde. Car tout procéded'un désir inassouvi, qui se transformeen une penséefécondeet se ma' térialise peu h peu en une forme concrdte, un monde Ilouveau.
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Vous qui, rósistant á I'entrainement des foules, avezsu resüervous-mémespour at' tester le droit de I'individu, Vous, dont Ie sentiment naturel de justice n'a pas dévié sous l'accumulation des fausses valeurs et qui n'avez pas bronché devant Ie triomphe apparentde l'égoisme,Vous qui ne vous étes pas laissés prendre au son des cloches,á I'ordes parvenus,auxhonneurs des tribunes, á. l'acclamationdes foules, aux pompesdes victoires et qui n'avez pas craint de servir un itléal désintéressé,qui avez su opposer la penséeá Ia force, le mérite á I'intérét, la sagesse aux passions,la foi á la raison. Vous qui n'avezpas eu honte de votre humlnité et qui, ir I'heure présente,osez encore tlire : !e crois, j'aime, i'espére; Vous qui avez continué á. servir Ie liien méconnu et déco¡rsirléré,le bien qui ne rapporte rien r¡n'un peu de paix au cceuret qui, eu pré' scncede la défaite des vérités, n'avezcessé de croire á l'éternellevérité ; Vous qui avez su ir [a lois protester et maintenir, vous taire ,'üiffitt$ cesset de vouloir, voir stns perdre
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famour, gardiens du trésor sacré, prophétes de nos espoirs,héros de demain, Vous étes les seuls sauveursdu monde ! Car, en dépiú du chaos et'de la dérision qui frappe nos reg'ards, nous croyons á la force régénératrice du réve silencieux,en la touúe-puissance du bien caché, et nous savons qu'un jour le monde sera faiú de ce que Vous avez pensé.
VISION I¡'AVENIR Parvenu aux confins des mondes habités, le vieux pionnier s'arréte. Il contemple d ses pieds les ruines des continents oü vaiaement il a cherchéla vérité. Autour de lui i l", déjá tout s'effaoe dans la brume, á I'horizon i,l des plaines un voile opaque lui dérobel'inconnu,I'avenir... la Patrie peut-étre! Mais il n'est qu'un pauvre humain accablé sous le lair du jour, emprisonnédans les limites de ron ignorance; sa táche est accomplie,il n'est plus temps de recommencer.[I dépose rr pioche, étire ses membres fatigués, s'{it€ndsur la mousse et s'endort. Mais en lui s'ouvrent les yeux de I'esprit. l*ve.." II voit !... et se á "rt"oolr. ieune d'un nouveau siécle. Il parcourt avec les sites'd'autrefois. Ce sont touIw mémes plaines, les mémes cloI.
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chers, mais ils ont commechangé d'áme, et font partie d'un monde ressuscité. Oü les monuments du matérialisme se dressaienüjadis, voici paraitre le tróne de I'Esprit. C'est lui qui régne, qu'on honore et que-sert I'ancien troupeau des esclaves de I'argent. Les hommestravaillent et luttent encorc, mais leurs ambitions ont pour objet la conquéte de l'áme. Car á. la plus haute stature morale, est décerné le plus haut rang social. L'arrivisme, devenu spirituel, a ses adeptes,sesfanatiques,ses martyrs. On en voit qui cheminent le long des chemins, le corps couyert de haiilons et le front rayonnant; d'autres jettent leurs rames et confient leur barque au seul souffle de l'intuition. Il en est dont les mains blanches reposentsur des lauriers : ce sont les artisansde la contemplation. La mode du jour a ses héros : Princesde l'art, ils desserventIe culte de la beauté et vivent dans des demeures qui rappellent I'ancienne gloire des Indes. Aucun souci matériel ne doit troubler leur inspiration, car tout ce qu'ils font est sacré. Aristo-
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crates de l'intelligence, leurs palais sonüles rnonopoles de la culture. Maitres de la science,ils exercentdans de vasteslaboratoires les connaissancessacrées, sondent I'invisible et dirigent les forcesmystérieuses de la nature. La jeunessea ses droits, elle s'ébatdans les parcs des ieux et des plaisirs. Son prenier devoir est de s'essayeret de s'épanouir, ¡r'puis de développer et d'utiliser á l'école des c¡rgesle don particulier de chacun. ,. La femme a reconquisson rang d'initia'triee, elle est vénérée comme les anciennes tstales, elle console, soigne, dirige et
r¡.Sroque le chantdesámes. ta Vérité a sestemples,ils sont éntourés :& iardins silencieux et ouverts á tous ceux I s cherchent> dans quelquedomaine que *oit : á travers les religions, I'art, les ieuces et la vie. Ses prétres sont les ado's, les plus désintéressés du Bien. Son se fait par la méditation, la contemde la nature, l'édification de la , et la communion des ámes. Qar il3 Ie bonheur pour tous les hommes. iustice a sesprisons oü les coupables jugés d'aprés leur valeur morale et la
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qualité de leurs intentions, condamnésá un travail moral forcé et détenus en vue de leur amélioration. Dans la campagne qui s'étend á perte de vue, s'éparpillent Ies innombrables demeuresdes artisans. Chacuny possédeson coin de terre, y exerce son métier de prédilecüion,y a droit á ses heures de loisir et de recueillement, car le travail, qui est considéré comme un honneur, doit étre exécuté avec intelligence. Parmi les artisans se ren' contrent les hommes les plus cultivés, chacun se faisant un devoir de participer aux travaux manuels et de partager, pour un temps, la vie du peuple, afin de prévenir les malentendusentre les classes. Tout au loin s'étend la ligne bleue des montagnes, on dit qu'elles recélent des mines d'or, mais personne, sauf quelques vagabonds incultes, ne s'amuse a I'en extraire. A quoi bon ? Ceux qui travaillent u'en ont que faire, ceux qui ne peuventtravailler le reqoivent,et chacun est assezintelligent pour savoir que Ie bonheur ne se paye pas avec du métal. La nature est partout et les villes ellesmémes ne sont plus que des centres de la
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campagne. Chacune d,elles posséde un guartier spécial, réservé aux étrangers, oü des hommesde toutes races viennent s,instruire des coutumes nationales et prendre contactavecle caractérede sesvoisins,afin d'éviter les confliúsentre les peuples. Les nations se groupent par races, et chaque race a la mission de développer le caractére qui lui est propre, en vue de favoriser le progrésdesEtatsConfédérés.Cartout homme est considérécommeoitoyen de I'univers et sedoit ál'humanitéplus qu'á lapatrie. Tout en cheminantparmi ces merveilles, le pionnier écoute,regarde,essayede comprendre. Situé á l'écart, au confin de chaque ville, il a remarqué un vieil hermitage. Il interroge.unpassant : L'étranger le considére avec surprise. - C'est la retraite de nos Initiés. Ilsoc. cupent le premier rang dans le pays, et parmi eux habite le roi, qui est le plus ancien d'entreles sages. Yous possédezencoredes rois ? -- Sans doute, ils ont pour mission de maintenir la bonne entente et l'union entre les peuples. r
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- Sans rivalités ? - Puisqu'ils ont dépassé les ambitions terrestreg. - Et la guerre ? Son compagnonse mit ü rire. - La guerle ! C'est bon pour les sauvages. Mais il parait qu'il n'en existe presque plus, méme dans les foréts de I'Amérique du sud. * A quoi servent vos initiés ? - Comment,vous ne savezpas ?Mais ce sont presgue des dieux, tant ils savent de choses. Ils connaissenttous les secrets de l'á.meet de I'univers ; ils sondentle passéet I'avenir, car ils ont des yeux qui voient dans I'invisible, comme certains animaux voient dans la nuit. Ils discernent les titres de noblessed'aprésle nombredesnaissances et I'anciennetódes ámes. Rien ne leur est étrangeret leur verdict fait loi. Du reste ils travaillent en collaboration avec les savants auxquels ils soumettent leurs expériences, afin qu'ils les utilisentpour le bien dupeuple. - De quelles expériencess'agit-il ? - Elles ont bouleverséle monde et conrbien simplifié la vie I Pour se voir, pour se compréndreplus n'est besoin de véhicule,
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la penséetraverselcs mers et se matérialise á distance. La volonté est un levier auouel rien ne résiste. Il nous suffit d'un l:out d'étoffe, d'un simple caillou, pour cinématographier la vie d'un homme et l,histoire d'un peuple. Le pionnier se frotta les yeux, car il croyait vivre un réve. - Ce n'est pas tout, continua l,étranger. Certains d'entre nous peuvent voir á travers [e bois, le, fer, la chair humaine, et suivre dans l'homme la maladie morale ou physique qoi lu ronge. Nous sommes "o- "álation convermatiére
'-,'' A ce moment ils croisérent une bande de .¡ ,. _ '¡*unes gens, et I'étranger dut inúerrompre sa se pour répondreá leurs acclamations. pionnier remarqua alors qu'il portait des différents de ceux des autres le considéra avec intérét et lui il ; nda h quelle secteil appartenait. "t ¡urcunesecte,reprit l'autre en riant. is un disciplede I'Amour ; noussommcs x dans le pays, hommeset femmes; .mr*squi cherchonsles ámes parentes
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pour les réunir, et qui séparons celles dont I'union est un ob.stacleau progrés. Nous groupons ainsi les étres en familles spirituelles, pour qu'ils s'entraidentet se libérent par Ie contact silencieux des ámes. Nous accordons la liberté des sens á. tous ceux qui sont purs et nous .entretenons la flamme de I'enthousiasmesur l'autel du sentiment. Le pionnier Iui tendit la main avec sympathie, et commeil se faisait déjá tard ii prit congépour rentrer chezlui. Les rues étaient encore fort animées.La jeunessejoyeuse passait en foule, il en éúait qui se tenaient par la main. < Des adeptes de mon beau prophéte ), pensa le pionnier, et il voulut passer outre, lorsque son attention fut attirée par une vieille femme accroupie-au seuil de sa porte et qu'entourait un groupe cl'enfants.Il s'approcha pour écouter. La vieille racontait une légendedu temps jadis < oir I'or > disait-elle, < était adoré comme une divinité, oü les hommesétaient des machines remontées par I'état, oü I'amour était une plaisanterie,la liberté un synonyme tlc prison et le bonheur un mot inconnt. 0ü les hommes parlaient conti-
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nuellementsansiamais se comprendreet les peuples s'entre-tuaient sans savoir pourquoi. Oü le but de la vie consistait á se tromper soi-méme et les autres... pour rien !... > Et quandla jeunesseeut entendu ee récit d'antan, elle se moqua tellement et ria si fort, que le vieux pionnier s'en éveilla. Et lorsqu'il eut ouvert les veux il sentit que, lui aussi, riait. Il resta quelquesinstants le front appuyé dans les mains, car il ne savait plus bien oü iI avait vu ces choses, si c'était dans le passé ou dans l'avenir, en réve ou en réalité. Puis il se souvint de sa course inachevée, se leva et marcha tóute la nuit. Vers le matin ses forcesi'abandonnérent.Alors immobile, les rnainstenduesdans le vide, les yeux perdus d.ansles ténébres, conscient d'une réalité dijh présente,mais insaisissableencore,il
l* invoquaI'inconnu: it,. < Par deláles haineset les guenres;les '¡' *berrations et les douleurs, s'écria-t-il, á lii"tnavers les noires fumées d'une civilisation q¡ni se consume et dont le vent emporte au üoin les cendres mortes, je t'entrevois, ó ffirulde nouveau, patrie de notle humanité nue, oü notre áme errantr¡ et pour-
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A U SEUIL D- UN M ONDE NOUVEAU
chassée retrouvera enfin ses droits et son essor. < Sans doute, un impénétrable silencere' pose sur les mondesdélaissés,aucunsouffle annonciateur ne souléve la poussiére des routes déserteset Dieu n'est pas dans les choses que I'on voiü. Cependant, en mon ceur oü s'abrite l'inexprimable, ie sens monter I'écho d'un chant triomphal, et sur le coteau lointain oü se cache l'inconnu, je vois poindre les lueurs d'une nouvelle aurore ! < Seras-tu, ó monde nouveau' la forme idéale que nous cherchions á travers le labyrinthe de notre art dément? Le point d'appui vers lequel convergeaient dans Ie vide nos énergies dévoyées? Le temple que nous croyons ériger en semantla ruine?.'. < Convulsions des mondes, cataclysmes de la nature qui, tour á tour, abaisscz les monts et comblezles mers sans ralentir la rotation de la terre, vous étes semblables á ces civilisatiorts qui naissent, passent et disparaissentá travers les áges, sansinterromprel'éternel devenir de l'Esprit. < Par-dcssushier, aujourd'hui, demain, ie suis,je me sensdans I'espace,je nre¡ros'
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sédedans lc temps. Oü je suis est la vie, oü vibre la vie est l'éternité. < Bien, mal, imperceptibles oscillations de la balancequi cherchel'équilibre. < Joies, douleurs, convulsionsd,un jour d'oü sortira Demain! < Demain existe, demain s'approche,demain sera ! Aujourd'hui peut s'éteindre... < Ferme les yeux... Regarde! < Civilisation nouvelle, ére de bonheur, verte Canaan... A vous mes fils ! < Le chemin est frayé, les portes sont ouvertes...Passez!> Et le vieux pionnier, abritant de sa main caleuse ses yeux fatigués, vit au loin l'aube blanche se lever sur la terre inconnue. Sans doubeson pied n'effleurerajamais le seuil des demeuresnouvelles, mais qu'importe, puisque son regard en a pergu la gloire ! Il peut mourir en paix car: Voir c'estposséder I
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TABTE DES MATIüRES
Le brisement de la forme . La faillite des fausses yaleurs . tes précurseurs La survivance de I'esprit . Le róle del'intuition La liberté . L'intangible L'inexplicable bonheur A la ieunesse. L'immortalité.
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Nouvelle orientation tle I'activité humaine . Les grands reconstruoteurs . Vision at'evenir .
6374. -
Tours, Imp. E. ARRAULT et CL-
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