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JEANNE
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LIBRAIRIE FISCHBACHER 33, nur DE sErNE,33
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Venez d moí, d,ntesanonyntes qui étes nlesselo's, oü que aol¿ssollez; eenezreous toutes quí pourríu n?ecomprendre et que je sattraís consoler. ,l trac,ers lc¿ ntatiére que j'ignore et le ternps que je clomíne,je vous convie au banquet rogal tles esprits pou,s tout-puissants, Queles ondes étl¿érées portent le nzessageet la conzmunion quí líbére. Qui éc,oquerale chant d,ipin du c&ur solitaíreP Oü nouuera-t-íl l'écha d,esharmoníesprofondes? NuI ne se connatt, quí ne se peut d,onner, et Ia parole prophétíque naít de Ia rencontte d,esíntuítíons. Oü que eaus soyez, ámes anonynzesqui é
[email protected],aenezpourque aotre destín s'ac]tépeet que le nzondes'enríchísse cle nos fbrces uníes!
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TE BRISEMENT DE tA FONME
Notre vieur monde tremble sur sa base. Ce qui a été n'est plus, ce gui vient n'est pas encore.Plus un point fixe oü reposersa pensée fatiguée, plus un ra)¡on de beauté oü rallumer sa foi vacillante. La vérité d'auiourdfhui sera I'erreur de demdin. L'idée du bien tourne au gré du vent, ie devoir s'adaptei la fantaisiedu passantet la conscience affolée céde á I'effroyable pression de la nécessiüé. La certitude a disparu et Dieu n'a plus de nom. S'agit-il d'un recul, s'agit-il d'un progrés? Sans doute, si l'édifice a pu étre renversé, c'est qu'il s'i trouvait iÉs fissures ; si I'homme a osé I'attaquer, c'est qu'il a senti naitre en lui une force nouvelle. Toute force supposeune énergie vitale,
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AU SEUIL D' UN M ONDE NOUYE A U
tout mouvementde vie un progrés, tout progrés un droit; le droit á un capital personnel, á une initiative créatrice. Un cataclysmeextérieurest généralement i le signe d'une maturité intérieure; á mesure i \ que l'esprit progresse,il revét une forme agrandie. Nous avons assisté au brisement de I'ancien idéal, nous nous préparons á I'avénementd'un idéal nouveau.Enúre ces deux étapes il faut endurer I'effondrement du temple effrité et croire dans le vide. Quelle attitudeprendre en présencede cet écroulementfatal ? Gardé par la loi l'homme se croit bon, il se reposedans la forme. Privé de la loi il doit ou succomberou lutter. C'est la rupture avec I'inertie morale, le premier pas vers la sincérité, le point de départ d'une orientationnouvelle. L'homme moderne est habitué á vivre dans I'artificiel d'une vie étrangére ; il tremble d'instinct dovant toute manifesta. üion de la réalité, il ne redoute rien plus que de se voir úel qu'il est, et de tous les attributs de son étre, son humanité lui semblele plushonteux.
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Cependantle salut est dans les yeux qui s'ouyrent, dussent-ils mourir de ce qu'ils voient. Le cataclysme de I'heure présente est une manifestationde l¡r réalité que nous avons ignorée systématiquement.Elle se révéle á nous sansménagementet demande á étre admise sans compromis. Le premier devoir que nous impose I'orientation nouvelle est : t'
\ Le couraged'ouvrir les yeux. '
Ouvrir les 5-eux,c'est découvrir le ver rongeur et risquel I'anéantissementdu sanetuaireauquelnous aycns tlonnéle meilleur de nous-mémes. C'est perdre l¿rdouce illusion des semblants de bonheur, des croyances faciles, des vertus apparentes. C'est accepterle néant qui résulte de tout examensincére,c'est avoir la force de rester seul dans le vide. Cependantsans cet acte de supréme sincérité,nul ne peut prétendre á l'indépendancemorale. Soyonsouverts á ce qui vient, sans nous obstiner á retenir ce qui s'en va. Celui qui se cramponneau passés'engagedans une lutte désespéréecontre une mort certaine. Celui
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qui veut ériger une vérité prématurées'égare dans le vague. Celui-lá seul est sago qui sait abdiquer toute forme en refenant I'esprit, qui sait attendre dans le vide, et 1 lcroire á l'acLioninvisible. Ne vous scandalisezdonc pas, honnétes gens pudiques,si la jeunessese déshabille. 'Il fauüpasser par Ie nu, avant de pouvoir revétir la tunique sainte. Ceux qui se scandalisentdunu, ou s'endélectent,sont desimpurs. L'état présentn'esf pas une fin, mais un passage; personnene peuts'y reposersans ' en mourir. L'état présentn'est que I'usine oü se forge la foi qui susciteraun état futur. ' te seconddevoir que nous imposeI'orien,tation nouvelle est : tavolonté de survivre, Gráce au merveilleuxinstinct de la con. servation qui nous vient sans douté de la certitude inconscientede notre immortalité, nous n'abandonnonsjamais I'espoir d'une survivance possible et nous demeuronscapables,dans les momentsles plus critiques de saisir la planche de saluú qui aurait échappée á notre perceptiouordinaire. Cette
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planche de salut esiste toujours pour celui qui veut vivre. Elle existe aussi dans le cataclysme présent; mais on ne le découvre généralement qu'au rnoment oü on a abdiqué tout le reste' .*. Il faut se mettre au:dessusde la forme ou f périr avecelle. / [ ][alheur aux craintifs qui n'osentpas regardel la vérité en face, aux f¿riblesqui ne peuvent rester unc heule saus appui, aux ultra-scrupuleuxdont les inter"ditsont figé la vie. llalheur aux cceurstrnp fidéles qui perdent á pleuler un passé mort, la force que réclame d'eux l'avenir vivant, ar¡x esprits précongusdont les principes inébranlables barrent l'horizou .des vérités agrandies, car il n'y a plus de place pour eux dans l'ére du devenir qui est I'ére de tous les renversementset de tous les lenouveaux.
< Celui qui voudra sauver sa vie la per' dra. >
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Que voulons-nous sauver? Notre bonheur ? Non pas, mais l'échafauilagede nos conceptionspersonnelles.Qu'il se nomme dogme, religion, loi, patrie, affection,idéal, peu importe, nous en sommes les auteurs, ils représententnotre droit, notre raison d'étre. Perdre ce point d'appui équivaut pour beaucoupá perdreIa vie, le sensde la vre. Celui qui meurt physiquement abdique devant une force qui le dépasse et qu'il ignore; il cessede vouloir, il consent á ne plus étre, il accepúele vide immense et silencieux de I'inconnaissable.C'est un acte d'héroisme,mais il peut I'accomplir, parce qu'un instinct secret lui dit que ce qui s'en va, n'est pas vraiment lui, mais bien plutót \ le bagage encombrant de sa vie qu'il veut libérer. De méme celui qui meurt moralement abdiquedevant la nécessitédu devenir qu'il ne comprendpas. Il consentá.briser I'idolede sa foi, le moule de sa pensée,á. n'étre plus rien de cequ'il a été, de ce qu'il croit devoir étre, pour s'abandonnerau hasard, parce gu'il croit á. la survivance de son ,moi inü&onu, au triomphe du principe divin.
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Mourir, c'est fermer les yeux á la lumiére du monde; mourir, cLst renoncer á l'évidencede ses propres lumiéres. **, Beaucoupne sont pas capables.de se défaire d'un seul coup d'habitudestraditionnelles. Certains plis sont si profondément creusés qu'ils ne peuvent s'effacer qu'en emportant l¿rvie qui les a formés. Il y a des retardatairesdont le sacrificeest nécessaire au dóblaiementde la route,commeil ¿ ¡' des préculseursdont la promotion est indispensableá I'ensemencement du mondenouveau. Celui qui se noie saisit au hasard le secours qui se présente,ce n,est que plus tard qu'il s'en rend compte et qu,il parvient á définir la subsüanceet la forme de l,objet qui l'a sauvé.L'important est le geste. Il se trouve torrjours une planche de salut á la portée de tout gestesincére. Sombrons,mais en nous cramponnant á. la vérité éternelle,qu'aucun temple ne peut contenir, aucuneparole exprimer, qui subsiste par elle-mémesans forme et dont un
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au SEUIL D'uN ltoNDE NouvEAU
ange rnconnunous murmurerapeut-étre un jour le nom. La troisiéme attitude de I'orientation nouvelleest: ta fbi au tlevenir du bien. Sansdoute nul elfort llour le bien n'est perdu, mais, en dehorsde I'actionlaumaine, il existe une force invisible, agissante qui poursuit son ceuvresans intervention volon' taire et consciente;c'est comntele courant d'un fleuve qui porte la barque que nos ranes font avancer Péniblement. Ce courant ne se ralentit pas, il ne s'ar' réte jamais, il conduira infailliblement la barque aulargede I'océan,pourvu que nous le courage de la lui confier. Ilais iI "yont est des pilotesinexpérimentésqui ne discer' nent pas la direction des vagues et s'effor' cent de pousser leur barque en sens contraire du courant. Par moments, le fleuve mystérieux se conforme,ilocile,aux sinuositésdeia berge, par momentsil"s'égaredansles plainessau' pal: momentsil s'enfonce,il devient "ug.r, souterrain et la barque s'arréte devant une
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monfagne de granit. C,est alors qu,il fauú croire á I'actioncachée,car il est aussi évident que toutes choses concourent á l,accomplissementdu bien qu'il esú cerfain gue tout fleuve s'acheminevers la me". La-quatriéme clispositionque nous imposel'état présent est : la patieucede I'attentedansIe vide. pas les évérements: ce qui /.',I: , I'lent ,t-":".t ür'o¡rtót vient nrai et nous t¡.ouve f im\ propres á I'apprécic'r.Il faut tlu tcmp.spour former une l)e.sorlnalitú,il c¡r ftut i:""t""i ptus pour reconslrui¡eun monde, e¡r sorte la =que patienceest presquetout. Le danger de l'heure acüuelleest de vouloir p"o,ro,{o", artificiellement desvaleurs qui ne se rapportent qu'á un développementsupérieur. Nous avons beau demander clu ou,rt, tu neuf est encorehorscle notre portée, irrr* que-nous pouvonsfaire c,est de resúerim_ mobiles et d,attendre dans tu, t¿o¿i""", mais cette atúentene cloiüpas étre .J..,fr"iroment sans espoir. Toute angoissecontient déjá en elle le germe d,,une délivrance á venir.
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Sans doute la vérité ne peut subsister á la longue sans iorme, sans moule. Toutes les luttes, les tensions, les égarementsdes temps modernes ne sont que des efforts désespérésde I'Esprit en quéte d'une forme nouvelle et adéquateá ses aspirations évoluées. Mais si l'Esprit n'a pas trouvé, c'est que lui-méme n'e$t pas encore assez fort. Dés qu'une penséea atteint sa maturité, elle crée naturellementsonexpression.De méme l'áme moderne trouvera sa forme religieuse, morale et sociale,le jour oü elle aura réalisé son vrai caractére. Concevoirle bien est relativementfacile, avoir la patienced'attendreson éclosionest une rude épreuve. Mais celui qui est font, sait attendre dans le vide et compter les heuresqui se succédentsans espoir. Il ne s'émeutpas du silencede la nuit. Il admet la vie méme dans I'immobilité et croit au destin qu'il ne comprend pas. Il sait abdi. quer la forme de son bonheur et ne dil pas: il me faut telle fleur ou je meurs. Il sait abandonnerIa forme de son salut et ne dit pas : en dehors de cette croyance je suis ( perdu; car il se confie á la sagesse qui ditoute chose et le dépas.se. \ "if.
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Le petit enfant,pour assurer sa marche, _ cherche un appui quelconque, mais pour nous qui sommessortis de I'enfanceil n'en est plus. Tous les soutiens de l,heure ac. tuelle fléchissentsous la moindre pression. Il faut se faire á I'idée de la solitude et ne compter que sur soi, c'est-á-diresur le miracle de Dieu en nous.
Vous tendez dans les ténébresvos mains avides d'appui et vous appelez dans Ie vide une vérité qui vous éehappe.Soyezpatients dans votre.attenüe,de crainte dL vous at¿a. cher á une forme passagére.La vérité est lente á éclore, aucun bruit ne l,annonce; elle se forme dans le silence de I'effort pa_ tient, elle naitra du besoin des cceurs af_ It famés. Personne n'aura á vous convaincre I de sa présence,car tout ce qui vibre en vous la confirmera. \ Avez-vous donc si peu de foi, que vousne pouvez vivre une heure sans religion, sans morale eú sans philosophie?
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L.{ FATLLTTEDES FAUSSESvALEUns
VATEURS M TAITTITE DESFAUSSES
Il y a des valeurs méconnues,il en est d'inapparentes,de surfaites. II y a des valeurs classiques,éternelles.Il y a aussi des non-valeurs. Entre toutes ces mesures I'homme peut choisir, son jugement le guide, son critére esten lui. Mais ce critéren'est ni immuable, ni infaillible, il dépendde sa santémorale. Si par suite d'un excés quelconquel'équilible vient á se rompre, la balancedévie, la proportion est déformée. Si ton ceur est impur ton ceil se trouble, ton choix se fausse;iI déplaceles valeurs, dérangeI'ordre universel et transforme le d'une époque mondeen chaos.La décadence une déviation du se manifeste avant tout par jugement.L'homme modernevoit tout á reb,lrrs. Ce n'est pas I'univet'squi a changé tl'aspect,c'est lui qui en défigule le sens.
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Nous vivons sous le régne des faussesvaleurs, elles seulessont remarquées,appréciées. Ce sont elles qui donnent la noie et réglent I'ordre sociai. Il faut étre dans le faux ou dans la solitude, servir le faux ou mourir de faim. D'oü vient cette déviation universelle, quellesen sont les conséquences ? Nos désirs naturels sont généralement justes, ils aspirent au bonheui, l,amour, á au trav¡ril modéré,au bien-étrd nécessaire. au progrés possible.Et les r€ssourcesnormales suffisent aux besoins normaux. Il v a úoujours eu de quoi étre heureux poo" oo"u humanité saine. En lui donnantla vie, Dieu a pouryu á ses bcsoins. Mais le malheur a commencéle jour oü l'homme a voulu plus que sa rationioü il a voulu la jouissancefaclle, le sálaire imméil a congu, en vue de les obtenir, lil:,"1 l'idée de la flaude. Alors son bras s'est lassé de l,effort pa_ tient, sou c@ur a douté de la sagessedi_ vine, il a convoitéles biens apparántsdont son jugementdévovéarraitsorfait la valeur , A foncede se no¡rrrir cl,illusionsl,homme mcderueest devenudabile.
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Touü excésest ur signe de faiblesse.Le corps sain se cotrtenteclune nourriture frugale, l'áme forte n'a que faire d'excitants.La beauténaturelle suffit á nourrir son inspiration toujoursen éveil.Elie oseassumerIessacrificesqui sontle prix detouübienvéritable. Mais I'homme décadent, incapable de goüter la joie virile, ne vibre plus qu'aux plaisirs raffinés, ses ambitions sont déré glées ; il s'épuisedans le surménage amiviste. Inassouvis'par ce régime arüificiel, ses appétits s'exaspérent; aprés les biens apparents,les moyensillicites, tout est bon qui rapporte: le mensonge,le vol, le crime, la guerre. Le sentimentdu devoir est remplacé par une morale utilitaire, que I'on nomme: le droit de l'égoisme,le vol honnéte, le crime mér'itoire. Le chemin droit ne ménequ'aubut; il faut dépasserle but, forcer la dose, sauver á tout prix une humanité gorgée d'abondanceet mourant d'inanition. Sesconséquences. La déviation du sens moral nous a men¡is ü une fausse conception des valeurs, uue lausse évaluationdes hommes.Il en résulüe
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DES FAÜSSES YALEURS
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que personnen'est plus taxé á son juste prix et n'occupe plus la place qui lui revient. La dilection des peuples est confiée á des caractéresmédiocres,égoiptes,ambitieux,qui, partant d'un point de vue erroné, ne peuvent produire que le désordre. Les représentants du riférite, de Ia .ü'raiesagesse,retégués dans I'oubli, sont incapables de produire' et d'utiliser leurs dons méconnus. Tout ce qui dépassela norme du modéle admis est étouffé comme suspect. On a cru- pouvoir se passer de I'initiative personnelle et fabriquer avec des matériaux utiliüaires un idéal á sa convenance,mais le rouage a craqué, car sa force motrice était une faussevaleur, I'égoisme.Une.foisle dé. sastreconsomméon s'est alarmé, on avoulu redresser, on s'y est mal pris, on a accusé les nations et les castes et I'on a cru pouvoir rétablir l'étluilibre en abaissant les unes et en haussant les autres. Cependant,le mal ne venaiü ni d'une nation ni d'une caste. mais de la prépondéraneedes non-valeursadmises dans touies les nations et dans toutee les castes. Aussi longtemps quo lihun¡anite tolÉrera &* r*'gne de* fauss,s*vslsurs, elle coxtlnr¡ere
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AU SEUIL N' UN M ONNN NOUV E A U
de creusersa propre tombe,car rien ne peut subsister qui est arüificiel. Quand I'aberration humaine a mis la derniére pierle á sa tour de Babel, les forces de la nature interviennent et protestent. Elles suscitent un cataclysmeuniversel qui renversed'un coupla cité illusoire' Et I'architecte aveugle peut constater la fragilité de ses plans, et le néant de ses ambitions ; l'occasion lui est"offel'tede reconstruire sur d'autresbases. La guerre a été le résultat et la preuve de la déviation du sens moral, elle peut éüre le moyen et"l'occasionde son retlressement. te discernementdesvraies valeurs. On se demandesi la race adulte faussée par une si longue tradition de mensonge, quide tout temps a vu et aimé le faux, gui en a pris les habitudes et le caractére de telle sorte que l'artificiel est devenuson írtmosphérenormale,la conditionmémede sa vie, pourra jamais retrouver Ie goüt sincére des belles choses? Sans doute il en nel'a pour beaucoupcomme du pauvle ivlogne qui, privé tle sa bouteille, s'affaisse..\ussi
LA FAILLITE DEs FAUSSESVALEUns
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le salut, au point de vue logique, parait presqueimpossible. Mais il existe en chacun de nous un sens cachéet naturel de justice, sernblableá une étoile qui ne s'éteint jamais sousI'amoncellement des nuages et reparait toutes les fois que la nuit est claire. Souvenir d'un idéal entrevu dans un mystérieux passé, parcelle divine, restée vivante dans I'trrgile passagér:e,vision intuitive d'rrn au-delá meilleur,déposépar Dieu dans notre ceur pour témoigner de l'éternelle vérité que ne proclamait plus aucunevoix humaine. Ce phénoméne mvstérieux qui échappe tant aux influencesqu'a la raison humaine, est la seuleexplicationpossible de la survivanceet de l'éternel renouveaudu vrai, qui garde souvent toute sa limpidité dans la vie la plus dissolue,et renait aux époques les plus sombresde l'Histoire. Le corps physique contient, dit-on, des atomes bienfaisants qui repoussentI'invasion des microbes qu.enous absorbonssans cesseet lni assure sa conser.vation.L'á.me hu¡nainepossr)cle, sans cloute,clesemblables Íno\:enstlc défcnse et palvient, i l'aide de ses ¡rarcr-lles divines,a détier les défornta-
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AU SEUIL D'UN MONDE NOUVEAU
tions passagéresde la vie et á garantir son immortalité. Pour redresserune époqueil ne faut pas s'en prendre á l'état des choses mais au point de vue des hommes. Aucune pression extérieure ne peut amener une réforme sociale. Le secours ne vient jamais du verdict des dirigeants, iI résulte du besoin des cceurs opprimés dont les droits méconnusse concentrent,se coalisent eüs'imposenten loi universelle. Ces besoins du vrai, il s'agit de les ressusciter en nous. C'est en évoquanüles choses simples, naives et pures de ses révesjuvéniles,en apprenant á mesurer toutes chosesau critére de son humanité, en osant croire á sa vision,.écouter son ceur, et suivre jusqu'au bout les ordres de sa conscienceintime que I'homme décadent retrouvera I'intuition de ce qui doit étre. Car les faussesvaleurs ne sont qu'apparentes, elles n'ont pas de consistancepar elles-mémes et ne subsistent que parce qu'elles sbnt entretenuespar les insincéres et toléréespar les faibles. Dés qu'une áme !¡d;ipcndantes'opposeá I'idole du momeut,
L.I FAILLTTE
DES FAUSSES V{LEURS
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cette idole aussitót vacille, il ne faut plus gu'un coup de vent pour I'abattre' Qui peut évaluer la portée extraordinaire d'une pen' sée, d'une parole, d'une vie simplementsin' cére ? C'est á I'action secrétc des adorateurs fidéles du vrai, que nous devons toutesles grandes réformes sociales. I'euvre en nous, elle s'aché' Commenqons vera dans nos enfants. Si notre vision doit forcément rester in' compléte nous aurons au moins dégagé la leur des voiles du mensonge' nous aurons frayé le chemindu retour á soi-méme. Avec Ie discernementdes vraies valeurs, ils en acquerront le goüt et la pratique, ils les remettront en honneur, Ieur donnerontla dansleurvie privée,d'oü placeprépondérante elles s'étendrontdansla viesocialepourdécider les gouvernantset régler les institutions.
La voix du passé vous a dit: Obéissez! la loi est infaillible. La voix del'avenirvous dit: Écbutez! l'áme lévren'a prononcés. perqoitdessonsqu'aucune
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A U SEUIL D' UN M 0 NDE No UVEAU
La voix du passévous dit : Multipliez vos vertus I La voix de I'avenir vous dit : Ép"o.rve, lavaleur de votre sincéritéI La voix du passévous a dit : Voici votre Dieu, votre loi, votre salaire! La voix de I'avenir vous dit : Cherchez votre Dieu, créezvotre loi, oubliezvotre sa_ laire I Elle vous dit : Soyez fidéle á ce qui fut I Apprenez maintenant á étre ouvert á ce gui vient, souple au mouyementqui passe! Elle vous a dit : Ordre, paix, securité. L'esprit nouveauvous diú : Lutte. boule_ versemen[,doute. Elle vous dit : Évitez la tentation! L'esprit nouveauvous dit : Risguezvotre salut au nom de la vérité I Elle vous a dit : La négation de Dieu est la fin dc tout. L'esprit nouveau vous dit : Les Dieux ne s'en vont que pour faire place á d'autres. Yoici, tout passe,lout croule,fout disparait, c'estle néant,qu'imporúe I Drns le néautaussiDieuest.
f,ES PRÉCURSEÜRS Les hommesse divisenben deux catégories : ceux qui découvrentla vérité et ceux qui lui obéissent.Le progrés humain ne peut véritablement dériver que de I'une de ces catégories,celle des créateurs,l'autre se trouvant en dehors du cercle direct de l'évolution. Car le progr'ésprocédepar découvertes.Et dans ce senson peut dire que Ie monde ayance toujours, puisque la perception de la vérité s'es[ complétéede siécle en siécle. Lorsquela vérité s'appréfeá revétir une expression nouvelle, elle ne s'impose pas d'un coup en une formule universelleet toute faite, mais elle se manifeste d'abord par dee signes précurseursdans la vie profonde que d'aud*s rirnessensibles.Plus ouver.tes tnnr au-r souffles qui passent, cés ámes
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A U SEUIL D' UN IIONDE NOUVEA U
LE S P N E C U R S E TIR S
vivre seul ce que tous seronbdestinési voir et á vivre ouvertement une heure plus tard. Le róle du précurseurest de tenir allumé le flambeau du beau, du vrai et du bien, alols que toutes les lumiéres du monde s'éteignent,et de témoigner de la vérité que plus personne ne reconnait. Il renait á la veille de tous les.écroulementset reste debout au milieu du caüaclysmeparce qu'il saiü, parce qu'il a déjá vécu dans son microcosmedes phénoménes identiquesá ceux qu'il constabedans le macrocosme.Rien ne le surprend, rien ne le ürouble, car [e mondequi croule autour de lui a déjilcroulé dans son cceur,et de ce qu'il n'en est pas mort, il conclut que I'humanitévivra.Avant lutté et vaincu seul, il sait préter á ses fréres, á l'heure du péril, le coup d'eil tranquille du vieux pilote et I'attente patiente des ports inconnus. Le précurseur est une preuve vivante de la survivancede I'esprit, il est le symbole pelmanent du divin, le médium de la vie invisible. La fin d'une culture provient de la dissociaLiondes penséeset des désirs hunaius;
l'unité étant rompue, le ciment céde et les murs s'effritent. C'est de mémede I'associationdes désirs et des découvertesindividuelles vers une nécessitécommuneque nait la forme d'une révélation nouvelle. Lesrencontres. Si le précurseur est seul á découvrir, il ne peut agir qu'avec I'aide de I'ensemble. La rencontre des ámes évoluéesest un des pointslesplusimportantsdans I'ceuvrede la reconstruction. Chaque rencontre est une tlécouverte,une force pourle bien, une confirmation de la r'érité invisible. Ce qui est pris, seul se fertilise: la femme dont l'*mour est accepté,la graine que la terre absorbe,lapenséequi trouve un écho' Pour que ces rencontresdeviennentpos' s,il¡ler,il faut que l'atmosphérese clarifie. Ftus I'uir tst vicié, plus il devient compact ne nous apercevonsplus qu'á travers eüno'us ea brtuillard. .\ I'heure présente,Ies ámes n'ont plus Ie cournge d'écarüerIe *m.t*6nol*s rü,fua¡¡qui its sclxrre, ui de tendre la main r**; irt ch¿ar¿J'un¿ ¡t¡¡crrntre;ce st¡r¡tdes x
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A U SEUIL D' UN M ONDE NOUVEAU
ocoasionsperduespour la manifestationdu bien. Aussi, jarnaisla soiitudemorale ne {ut plus répandue, Ie désespoiret le suicide du bien pltrs im|lus frequents et la force puissante' I1 y a des chosesque I'on ne peut-pas dile quand on est seul ; pour les exprimer il {aut l'encouragementde la compréhension. L'intuition isolée,le désir flottant et f idée rnorcelée, ne sont que de faibles lueurs qui empóchentI'envahissementcomplet cles ténébres; elles ne seront iamais I'aurore qrri chasse la nuit' C'est ia rencontre de deux forces qui produit l'étincelle et I'union de beaucoupde forces qui répandent la lumióre. Il suffit d'avoir constatéla joie, la rér'élation, le réveil de toutes les {acultés laientes que procure la rencontre d'une áma compréhensi'¡e,pour Inesulrer l'enricirissernentCont bénéficieraitI'humades bonnes volontés" nlté par i'associabion
tA SURVIVA}TCE DE L'ESPRIT
Ceux qui ont erré parmi les ruines antiques, attentifs au silence qui se dégagedes choses oubliées, ont senti la survivance d'un souffie insaisissable,la penséeéúerneile des géniescréateurs. Sousles pierres et les ronces des grands ócroulementssommeille toujours un germe indestructible,qui contientá la foisl'essence du passéet Ia forme de I'avenir. Condamné ü l'i¡rertie tant que défile la foule indiffér*ntr, ce germe éternel se ranime et prend vil: des qurune áme. compréhensives'apywtlchc. Si ¡ttt* n¡*ndc acturl est un vaste champ d* rwlm,,:s di:nt tlrut e.;¡roirscmblc c¡rtlu. C* r:ir[n*c*visible:; r¡rie l'rtn püuma üa'wr*[ dr:¡i ¡:;trr *ilr$r is t'ltr,:trr*qu"il t*t l'étir¡,:.,llr riui f*iü ryfur¡'. fi'* q*i faix¿*it ru*ir,* gh.rirr: n:*t }¡;rn
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A U SIiUIL D,UN tr T ONDENOUVEAU LA
molt, et noussavonsque iamais le palais de nos réves lle poul'ra renaitre de ces pierres elfritées. Et la jeunesse,prompte aux confuiü avechorclusionset au décour"agement, reur ceslieur dévastés' t\l¿risle sage,dont I'oreille attentive s'est exercéeaux vibrationssubtiles,s'arrétepour écouter encole. Des confins des grandes plaines silencieusesmonte comme le mur' mure de l'éternelmatin' et ce murmure, Ie sage le reconnaitpour I'avoir entenduchanter dans son cceurau lendemaindesveilles mortuaires. Qu'importe quetu perdesle salaire de ton effort, ton geste est-iI moins grand parce qu'il s'esttendu vers Ie néant? Etton trésor moins précieuxparce que tes doigts ne peuvent plus en palper les ors ? Voir, sentir et savoir sont de douees choses,comme l'herbe fraiche des prairies qui reposetes pas et parfume ton ceur au réve de l'éternel été' \'Iais ce sont de pauvres petites chosesqu'emportcrontbientót les vents et les frimas. L'Esprit est impérissable'Sa puissance reste égale sous la floraison du printemps et sous Irr faune de I'a.utomne.Endure la
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stéiilité de I'hiver et con[inue ton chemin sur le sol glacé, toi qui crois au travail invisible de la terre ; si tu dépendsde l,Esprit, comrnent ta force pourrait-elle vacillei. au souffle des aquilons? Les heures les plus elficaces sont ]es heures sans espoir,et c'est de la patience immobile que sort la flamme du génie créateur. Ne crains pas de mourir. toi qui as éprouvé la valeur de la vie; ne doute pas du triomphe de I'Esprit, puisque tu as mesuré la vanité de la forme. Élie, dansle clésert,ne croyait plus qu'en s-onceur et dépendaitde l,obolepassagére des oiseauxdu ciel. Si mémeil ne te ""rt"it gue ta vision et ton pain d'exil, repose-toi, tranquiile et souriant, au berceaude I'immortel jardin. Precse¡timents. S'rus sommesinquiets commeá la veille d'une grandedécouverte,nousplovonssous $* t'itl* t-:r:rasant d'un ciel sans échos.et nos wsi¡rr*id*c*ur.rge*s s¿ cherchent stns l:ou_ t$¿r * *treir¡dr,:.
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Autour de nous, c'est I'agitation tébrile d'un moncleen devenir, ionché de parcelles disparates,bribesdeie ne sais quelle image morcelée,sansun point fixe, un abri achevé. Les plus avancés pergoivent cles sons étranges dont I'harmonie leur échappe,ils prononcentdes paroles involontaires dont le sensest caché'C'est cornmeun murmure confus qui monte de toute part, s'approche, puis s'éloigne, qui nous frÓle et nous pénatre; il pose son nom au bout de nos levres, de sorte qu'une vibration, moins que cela, un silenceinielligentsuffirait i le fixer, puis il s'éteint, et nous laisse dans le vide, ce que Ilous ne Itoultant sous la pression.cle pouvons pas dir:e. Peut-étre nos regards, habitués aux limites, sont-ils inhabilesá saisir cetteforme infinie qui embrasseá la fois Ia flore des scienceset des arts,le der¡riermot des religions et des philosbphies,ie secret des fo"".t de l'ámc et de la nature, le lien des caractéresnationaux, toutes les aspirations de la jeunesseévoluée,tout ce qui flotte dars I'atmosphéreinvisible et veille dans ncls iimes avelties, l)¡:i¡l-ri'trcnos conceptions,alourdies par
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des siéclesde matérialisme, ne peuvent-elles pas elrcore s'incliner devant le sanctuaire spirituel,corps astral de nos úempleséteints, dont le Christ a dit que ceux qui y pénétreront ne peuvent s'y agenouiller qu'en esprit et cn vér'ité ? Peut-étrele sage destin attend-il de nous l'humilité qui nous permettra d'accepterce qui nous dépasseI Peu[-étre! Mais les jours se succédentet nous veillons encore ir la pále lueur des pressentiments. Pronostiques. L avénement que nous pressentonstous plus ou moins vaguement,selon le degré de notre intuition, s'annoncedéjá par certains signes extérieursqui, tout en se manifesüant,dansclesdomainestrés différents, sont cependantmarqués du méme sceaudistinctif eüsemblenttendrevers un but unique. Cr:s signes, nous pouvons les constater ch*t¡ucjour, á chaquepas : c'estle progrés d¡: l'tirh¡t¡ti'rnqui favolise le dér-eloppement de ['inrl!vith¡ et tend ü former une l'¿Iceconsr:iculr. uuv€rLe¡t'.rs róalités i¡lmirtérielles.
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AU SEUIL D'UN MONDE NOUVEAU
C'est l'étrange et précoce maturité de la ieunessequi réclamela sincérité,I'indépendance, le droit au bonheur, le retour vers la nature, et semble se préparer d'instinct á une mission nouvelle. C'est l'émancipation dela femme, qui renversenoslieux préjugés, reprend son róle d'initiatrice et appot' á l'humanitéla clef merveilleusede l'inüuition. Nous retrouvons ces mémes symptómes dans l'église qui s'élargit)pourouvrir enfin ses portes aux besoins humains,aux réalités de la vie, á I'anciennesagesse et aux progrés de la science.Nous les retrouvons dans la morale qui s'efforce d'adapter ses lois aux besoinsdu ceur, qui, en honorant le corps, le purifie, en fait un collaborateur de I'áme. Nous les retrouvons enfin dans le domaine plus vaste de la Vérité libérée du dogme, qui sous les noms de théosophie, nous ouvre les portes de I'orient, de sciences chréüiennesnous rend la eonsciencede nos propres forces, de psychanalysenous apprend á les diriger, d'occultismeles soumet en dernier record aux lois mystérieusesde I'nu'delir. de la philoD'autre part, les concessions e*¡ihie qui suspendses conclusionsrationa-
LA
SURYIYANCE DE L'EspRIT
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listes pour faire place il' I'impondérable, I'élément inconnu; Ies nouvellestendances de I'art qui ne veut plus étre une copie de la nature, mais un écho des réalités invisisibles et réclamela sincéritéméme avant la beauté; la nouvelle orientation de la médecine qui ne chercheplus dans le corps, mais dansl'áme,la causede nos maux; Ies découvertesde la science: l'électricité,le raclium, la téIégraphie sans lil, la métapsychique, otc., qui nous ouvrent un immense champ d'exploration,ne sont-ils pasaussiles avantcoureurs d'une nouvelle renaissance ? Sans oublier le róle général des révolutionssociales,qui d'un geste brutal, mais significatif, renversentles barriéres et donnentá chacun le droit de vivre, de se développer et de devenir á son tour un organe de progrés. Toutes ces semencesdu modernisme et bien d'autres encoreplus cachéesmais non moins vivaces, tombéesdans le tenain labouré par les souffrancesde la guerre et la décevancedes fausses valeurs, nous permet-tentd'espérer,en dépit du présentetpar le fait méme d'uneloi de réaction,la moissen tl'unc humnnitéassasieet fortifiée.
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au sEUrL D'uN MoNDENouvÉaü
< Laissons pousserensembleI'ortie et le bon froment; > á I'heurede la récoltela main du grand dispensateurles séparerapour ne plus laissel place qu'á l'éclosion du bon grain, i. I'avénementde l¿rvérité régénéra. ce. Le réveil de I'esprit. < Le vent souffle oü il veut, mais nous ne savonsni d'oü il vient ni oü il va, il en est de méme de l'Esprit r qui, á un moment donnéet sans causepréalable,fécondel'humanité, susciteun merveilleux réveil, puis s'éloigne,livrant I'homme, une fois deplus, aux limites de son propre effort. Le méme phénoménese produit chezI'artiste gui, soLrs I'inspiration d'une force étrangére,devientsoudaincapahlede créer un chef-tl'euvre. Avant, commeaprésla Renaissance, l'ltalie a eu ses artistes,ses génies; cependant,ce n'est que durant I'espacede ces quelques siéclesqu'elle a pu atteintlre á la grandeur. Le phiiosophebalte, le comte Keyserling, supposeque durant ces époques d'apogée les constellationsempiriquessonl disposées
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plus spécialement,de fagon I pouvoir servir de facteur á I'Esprit. < Il suffit, dit-il, de la déviationd'un trait, de l'omissiond'une couleur pour changer totalernentI'expression d'un portrait. Cependant,toute la valeur de la Gioconde consiste en une, expression. Existe-t-il entrel'obligation de I'Esprit et Ie hasard empirique une mystérieuseconcordance? L'apparition d'un génie, I'époquede son ceuvreet le trait qu'il trace répondentils á une nécessitédevantDieu ? Le fait esl que les'miracles de la Renaissancecomme celui de I'art L{ogul poltent indéniablement le caractére d'une gráce et ne sont explicables c{uepar l'intervention d'un esprit indépendant.> Il semble que nous somrnesde nouveauá. la veille d'un de ces grands mouvernentsde l'Esprit, mouvementqui, cette fois, parait vouloir prendre le caractéred'une renaisÉancemorale, plutót qu'éthique. Nous avons traversé Ie siécle de l'apparence, oü le visible, seul, avait son import&nce,l'effort utilitaire sa raison d'étre; le eiücledes appétitsnatériels, des valeurs artifici*lles, des ambitions extérieures; le sitrrle dc I'argent.
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Mais depuis la faillite de I'arrivisme, un doute s'est glissé dans le ceur humain ; il se demande,inquiet, si la possessionreprésentebien l'accomplissement de son réve, et si la raison est le guide infaillible qui I'y méne? Il cherche instinctivementd'autres possibilitésde vivre, et de cet efforüinconscient vers autre chosenait en lui le pressentiment d'une réalité inconnue. Sansdouteil a entenduparler d'un monde invisible qui prime l'évidencematérielle, de joies intimesque rien de pratiquenei ustifie; il n'a pas compris,mais, désabuséde I'Occident, il tourne un dernier regard vers l'Orient et lui demandela solution du probléme de I'avenir. Influencetle l'0rient. L'Orient n'a rien inventé, pas méme le canon, ses greniers sont restés vides ; cependant I'Orient est une force que nous demandons á connaitre. Elle est la force de l'Esprit qui nous a manqué. En effet,I'áme orientale est tournée en sens inverse de la nótre. Bercée par les doucesyapeurs clu nin'ana, elle s'est désin-
téresséede la lutte pour la vie, elle plane et considéreavec pitié nos vaines agitations autour d'un appát dont elle ne comprend méme pas I'attrait. Ce qui est pour nous l'essentielest pour elle I'accessoire,ce qu'elle tient en' suprémehonneur, nous le considéronscomme quantité négligeable. La culture occidentalea produit I'énergie, le courage, Ie bon sens, I'héroisme de l'effort et du sacrifice, le développemeutdes qualités viriles. Elle a fait l'homme d'action. \Iais eIIe a aussi arrené les défauts de ces qualités :le matérialisme,I'esprit mercenaire,le manquede respect,l'égoismebrutal. EIle a créé l'hommedes iouissancesgros' siéres. La culture orientalea produit la sagesse, la connaissancedes secretsde la nature, la contemplation,la patience,la sérénité, le la force tranquille, le dédésintéressement, veloppementdes qualité psychiques. Blle a formé Ie voyant. Ifais elle est aussi tombée sur l'écueil eo¡rtraire:Ie lanatisme, I'aberration, la né' Trose, la négation de la vie, I'incapacité, Elle a formé I'hommeimpersonnel.
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Quenousapporterale réveil de l,Esprit ? Chaquejet de I'Esprit met en lumiére de nouvelles valcurs, modifie noüre point de vue et suscited'autresdevoirs. L'autopsiedescadavres,considérée comme un crime au moyen áge, devient plus tard un bienfait de la science.Les sorciers,con- , damnésau bücher, sont, á une époqueplus avancée,honoréscomme voyants.Nous assistons i un perpétueldéplacementdesvaleurs. L'Espribest commele soleil:á mesure gu'il s'éléve, il nous dévoile de nouveaux horizons,Actuellernent,I'obéissance aveugle a fait placei la préoccupabion de Ia sincérité, le sacrificetraditionnel á la nécessité de l'élan vital. Depuisque nousadmeütons I'importance des fortes personnalités nous sommeslnoins disposésá perpétuerle culte de la faibiesse.Les droits de la jet'.nesse ont diminué les devoirs envers la vieillesse. L'efficacité du róle de l'arnour dans le dévelr.rirpement psychiquea aüténuéla sévéritó tlo¡rtr.¡ntiisait la vie des sens, et nous const¿ri.¿r¡rs chrrquejour avec plus d'inquiélude qu': ln r'':l¿tivitéreconnuede I'argent úend'á
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diminuer la culpabilitú du vol. Partout oü l'hommese découvreet se posséde,iI se dé' elare maitre de Ia loi. Qui peut prévoir jusgu'oünousméneracettenouvelleorientation? Nous sommesen plein pays d'explorationet chaquedécouverteinattenduenous jette tonr á tour dalrs l'enbhousiasmeou dans l'angoisse. Il est certain que les modifications que nous venons de constateren laissent supposer bien d'autres. D'ici cinquanteans, notre changéde fond en point de vue ser¿rpeut-ébre comble,en sorte que nos efforts u[ilitaires nous semblerontridicules, et nos ambitions spirituellesseulesjustifiées' L'équilibre desforcesde la natüre. Celui qui perd sa force dans les nuages ert ¿russiinsenséque celui qui I'avilit tlans ls trlrfic. Si I'orient est tombé dans I'aberla*i{¡n, c'est parce qu'il n'a pas su mesurer *¿¡¡rzülc mystiqueau bon sensde la raison; *ü m$ürüarrivisme m¿rléria.listenous a colldnit* i¡ la ruine, c'est parcequ'il a ignoréles functi,:nstlr: I'iimc. I [,* rtvu,il dc I'Esprit, er] nous plagant en
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présencede nouvellespossibilités,nous met en conflit avec d'anciensdevoirs. lrlousvivons encoreen plein dualisme,il faut choisir entre des valeurs contraires: I'action et la contemplation,l'épanouissement et le sacrifice,le droitde I'individu et I'intérétsocial. Oü t¡:ouverla synthése? Ni dans la fuite ni dans le compromis,mais dans la fr.anche acceptationdu déchirementmomentané,en consentant,d'unepart, aux aspirationsidéalistes de l'áme en réveil, en subissant, de I'autre, la discipline d'un áge de fer, guidé á la fois par l'intuition et par les événements ; le reste se fera tle soi-méme,car tout, dans l'univers, tend á rétablir l'équilibre.Comme elle utilise de pr'éférenceles cótésfaibles de I'individu, elle demande aux races mascuIines le développementdes facultés fémi. nrmes, aux races mystiqueselle imposedes devoirsvirils. Elle veut la répartition égale et mesuréedes énergiesvitales, l'union des qualités internationales,d'oü naitra peutétle le peuple de I'avenir. Aussi l'on se demandesi le mémemalaise qui nous a saisis,ne s'est pas produit égale¡ne¡rten orient, visant á un échangefraterni-'1,ir ure svnthésedes aspirationsde I'oc-
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cidenf et de l'orient, capable de rétablir I"equilibre universel. L'harmouie. Nous avons tous une tenilance á croire r¡uele r'ésultat tlépenddc.i'intensité de I'effort; cependantl'arrivisme occidental n'a fanatisme ¡ns plus enlichi I'Europe que le *pirltuel n'a s¿inctifiéI'Orient. Le résultat ne dépendpas de I'intensité, n*i*i de la qualité de I'effort. 'l'i;llt:r¡ctionréfléchie,continueet modér'ée, compléte que la ¡rr**luira une Guvle plus lrór'oiqued'un excésd'énergie,parce tsn¡*ic¡n
l'usure du i" ry'ull* a su it tra fois résister a cle mouvement le et respecter ii' *un'b*¡nttut¡reni f¡e*in¡ninvisible. l{rnlr.r aetivité trranqu,eson but chaque ne se fitffi qe'rllu usurpe ses droits, qu'elle der' sa ' *$* donnant en elle-méme¡.as larnpe sacrée, la de r**ervc. l'huile ** {nn* at¡t rrc ¡xut tlisposer sans plonge¡' so¡} irr¡ .lu¡¡s la nuit. Elle manque son *km¡n* l'.;is que sou zéle aveugle et ing*mui{*,*iir.¡vt:I'intc¡'veuliurr de I'Esprit &,¡eli ",:.¡:¡'.'r. l'
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Il far¡ten touleschoses,et quelqueurgents que soient les besoins de I'heure présente, savoirat[endreet respecterI'actioninvisible. Dés qu'il y a excés,ii y a erreur,et tant qu'il y a erreur, il y a entrave. L'élémentdestrucleurest toujours mis en mouvementpar nos abus. Quand la jeunessenroderneaura satisfait son zéle impatient et touché la limife de sa forceorgueilleuse,elle reviendradfelle-méme dans la vallée tranquille oü reposela réalité profonde, et oü s'accomplit le travail silencieux de l'Espriú dont nous pouvons étre les dispensateurs,mais jamais les usurpateurs. La fleur de totus ne s'épanouitque sur la nappe limpide des eaux tranquilles, et I'harmoniene peut écloreque lorsque le tumulte des mouvements intérieurs a fait place á la calme vision de l'esprit confiant. L'harmonie est le rhythme vers lequel convergenttous les mouvements dé I'univers, elle est la conditiondu progrésde l'Esprit. L'harmonie vient du sentiment de la mesurequi renait dans le ceur désabuséet succédeaux excésqui caractérisentle début de touteévolulion.
LA S U R V IV A N C E D E I,' E S P R IT
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Nous entrons dans l'harmonie dés qu'il y a accord entre l'esprit et la vie, entre la perceptionet I'action, dés que nous avons atteint l'objectivité d'oü i'on peut voir juste et bien choisir. Dés que nous sommes souples, tlociles,acquiesgants et que le mécanisme de notre volonté marche á I'unisson de la grande roue du destin.
r,r nór,n DE L'INTUITION
IE ROLEDEL'INTUITION On a souventreprochéaur mystiquesde ne pas avoir ce qu'on nomtne en allemand < eine Weltanschauung)). Je sais que I'on considér'egénéralementqu'il est nécessaire d'avoir un icléaltout fait, auquel on essaye de conformer sa vie et d'aprés lequel on iuge le monde. Les mystiques ne sont pas de cet avis et leur < Weltanschauung) consisteprécisément á n'avoir ni systéme religieux, ni régle philosophique,ni rien de ce que l'on peut mettre dans une forme stable et établie. < Les religions>, a dit Léon Denis,< immobiliséesdans leurs dogmes comme des momies sous leurs bandelettes,alors que tout m¿u'cheet évolue autour d'elles,s'affaiLlissentde jour en jour. Comme toutes
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choses, les religions ne meurent que pour renaitre. L'idée que les hommes se font de la vérité, se modifie et s'élalgil avec le temps. C'estpourquoiles religions,qui sont des manifestations temporaires des vues partielles de l'éternelle vérité, doivent se transformerdés qu'elles ont fait leur ceuvre et ne répondentplus au pr.ogréset aux besoins de l'humanité.> < Rien n'échappeá la loi du progrés,Ies religions pas plus que le reste. > C'est pourquoi en matiére de vérité, pius qu'en toute autre chose, noLlscroyons qu'il faut vivre au jour le jour, sans idées préeongues,se.laissant instruire á mesurepar les expériencesde la vie, toujours préts á, reeevoir de Dieu une vérité nouvelle, comme la manne'fraicheque les israélites lecueillaient au désert, et sansdemander si la véritú d'aujourd'hui corroborecelle d'hier, et f,*nviendraencoreaux expériences dedemain. " fiett* souplesseabsoluevis-á-vis du Dieu flm*pirtlteurest I'acte de foi par excellence. ftie* d': fire, rien de stable...,la vérité est l* lrsuvementor¡. commeI'exprime si admiüü,*é*rnr:"nt Gottfried lieller. : rr pi. Iiuhe in ,#*r 5&."u,iu'ü¡r,J. !f
au sEUIL D'ux rtoNDENouvEAU
r,n nór.n nn L'INTUITIoN
Mais alors, objectera-t-on,quel guide les hommesont-ils pour les diriger vers la vérit¿ ? Its n'ont qu'un guide : leur inl,uition, divine, la voix qu'ils appellentla conscience de Dieu. IIs obéissentaveuglémentá cette voix, alors méme que ce qu'elle leur dit semblecontraire á la loi, á la raison, á leur intérét propre. Ils ne choisissentjamais, ils s'inclinent toujours devant ce guide intérieur, dont rien sans douten'expliqueI'existence, que rien ne justifie, mais qui, pour eux, est,la vérité,
encoreinexploré de I'inconscient.De lá son róle prépondérant.Car si I'intelligence,la culture eü la volonté établissent I'importance humaine d'un étre, l'irrtuition dénote presquetoujours sa valeurmorale. On peut dire de I'intuition qu'elle esüle guide de notre destinéeimmortelle, eomme l'intelligenceest celui de notre destinéeterrestre. Et de méme qu'une longue expérience de la vie développeI'intelligence,la succession de plusieurs incarnations de l'áme affine sans doute le don intuitif, de sorte que I'on prétend pouvoir évaluerl'áge d'une áme I son degré d'intuition. Il est certain que les conseils de I'intuition ont souvent raison de ceux de l'intelligence. On dirait que ses yeux voient plus loin, d'un coup d'ceil d'ensemblequi scrute á la fois le présent et I'avenir, alors que I'intelligencene pergoit qu'un seul cótéimmédiat de la destinée. C'est pourquoi l'intuition semt¡lesouventavoir tort, elleéveille la défianceet ne se justifie qu'á la longue, " lorsque notre destinée a dit son dernier mot, L'intuition est un don tellement étranger st¡x fonctions de I'intelligence, que c'est
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Sa nature. L'intuition est un don mystérieux,qui ne procédeni de I'intelligence,ni de l'instruction, ni de la volonté, ni de I'expérience; les hommesles plus doués en sont parfois totalement dépourvus,alors que des étres simples et sans culLure le possédentá un haut degré. II échappeau contrólede toutes les facultés conscienteset prend sa sourcedansl'inconnu.L'intuition est une fonetionde l'áme, qui obeit aux lois de I'au-delá,poursuit un but psychique et s'exercedans le domaine
DC
I ¡t t ii Dt)
AU sriuÍ,
DnuN MoNDE NouvEAU
souvenú au rnoment otr nous parvenons á suspendre nos rai sonnernents Io gi,Eres qu'e{le efitre en fonstion eú nous dicte alors la solution qne nous avions vainernent chei'chée,au moyer d'un effort rnental. Il est des étres si dépourvus de prévoyance, cle sens pratique, que leur avenir nons fait frérnir; ils pass,enÍoependantsans encornbr.edan,s l¿r.vie et réussissent rném,e ot\ dc ptus prudents ,ont éeh,otié.Ce phénomónen'est explicabler{uepal' I'intervention rnystérieusecileI'infuilion, qui leur tient incons'ciemmenl lieu de bon s,ens.Sans doute le chemin du guide intuifif est différent t{e celui que nous dicterait la raison, mais il ab,outitau méme but, il fuvorise r-rotretrien et nous préserve le plus possible du rnalheur. On attribue parfois la protection mystérietse qrri enfoureles enfantsá la vigiiance de leur ange-girrdien;mais s'ils sont gardés, c'est qu'ils sont avertispar une intuition beaucoupplus éveilléeque la nó:trerpar le fait qu'elle n'a pas encore subi au méme degré les déformations de l'éduca[ionpratique. Si l'hommeavait le couragede suivre son
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nór,n DE r,'INTUITION
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intuition comrne I'animal suit son instinct, il éviterait sans doute le surplus de rna.lheurs inutiles dus á ses idées précongues et son éducationfaussé,e. Aprós la faillite des ,qualités positives telles que la prévoyance,la raison, la lodont la guerue Sqr", le calcul, la prud.ence, a formé ia preuve, et cela tout spécialernent en Allemagne oü ce,squtriités avaien,tclcnné toute leur nresure, il f¿ui espérel que I'attenlion hurnainese tournera clésormaisvers l'étude des forces inconscieutesclontI'intuition nousestla plus familiére. t'intuition organe'deI'avenir. Si l'on pense qu'il a fallu á nos savants des siécles d'études et le secoursclesinstrurnentsscientifiquesles plus perfectionnés pour r'ésoudr"e les mémes probli,mes astronomir¡rrcsc¡rede simplesmystiquesavaient {rouvés ja.Jispar le seul moyen de leur intaiti,rn, on pent se renilie cómpte de l,imgwrt;rn*cde cette fonction dans l'organisation Je l'¡rvenir. 1 Lmx grundes découverles d.e tous les k'{mpr fr¡rrnt toujours des procluils dc I'in-
au sEUrL D'uN MoNDr NouvEAU
l'inrelligencen'a su que Ies perfecl*:*; üronneret les utiliser ensuite en les adaptanü aux besoins de la vie. A cetúehul."" surtout oü tout esúénigme, oü nous avons éprouvél'insuffisancedis meilleo"ur-rJ.oo, hop,"in::, il imporüe de s,en e uo g'ulde il'une autre nature, "u.nuit"u dont le regard plonge á la fois dans le mánde dans le monde inconscient,car "onr.iuir, "* lui;;i;."" d'adapter nos expO:,T.^ |"rt" .capable rlencespasséesá nos découvertes a venir. Conditionsde son développemenü. Un organe ne se produit pas á volonté.Il , resurted'une nécessiüéet se développepar la. tendancepersévérantevers cette.nécesslre. Nous avons arnfiitionné des bieus ma_ -qoufit¿. tériels, nous avons acquis ¿*" pratiques.Avanü de devenir ¿u. int,iitii, if faudra que nos désirs .,o¿.r*rni;';r, biens plus subtils et que notre attitude si_ lencieuseet désintéressée remplace le vaclme et I'agitaüionde nos tentances arri_ vlstes.
tA TIBENTE Il n'est plus pcssible actuellementd'exi_ ger de l'humanité u4e obéissanceaver¡gle. L'honrne moderne sent qu,il a droit á uoe initiative, á une vie personnelle.Il veut voir et comprendr.e par lui-méme,et ne consent á obéir qu'i cequ'il reconnaiijuste et néces_ saire. De lá le grand problémede la liberté qui, á I'heure actuelle,bouleverseIe moncle entier. La Liberté ! i\,Iot magique vers lequel tendent tous les ce.Llrs avicles ci'air respirable,tous les esplits en quéte cle vérité. On proclamesa venue, on prépareson régne, on s'arroge tous les dróits- en son trom, et en son nom aussi on se pelrnet tous les abus. lfais parmi les adorateurspassionnésde In lib,.:rté,bien rares sont ceur qui compnennentce qu'est la vraie liberté.
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A U SEUIL D' UN IIONDE NOUVEAU
Pour les uns, la libertéest une choseassez yague, mais désirableparcegu'elles'oppose au joug sous lequel on succombeet qu'elle fait supposerun horizonplus vaste qrri ressembl,-rau bonheur. Pour les autres, la libcrté est simplementla suppressionde la loi et la dispensede I'effor[. Plus de discipline incommode, plusde f,reinaux passions, la jouissancesansobstacles,la fortunesans lirberir. Pour la plupart, la liberté est un pouvoir que I'on acquiert par la force, comme on prend une ville d'assaut et que I'on irnplsc par la raison, conrmeune org¿rnisationsociale. n'faisce sont lá. des conceptionsélémentaires qui n'ont rien á voir avecle probléme de la vraie liberté. La liberté n'est pas une conquéte extérieure, mais un fait intérieur.,une valeur que I'on acquiert en proportion de sou amour désintéressédu bien, de son expérie¡rceapprofondiede la vie, et d'une maitrise complétede soi-méme.Cette maturité psr-chiquenous rend possesselrrs d'un idéal personnel, qui, par ldfait móme de sa force ei dc sa sincérité, ncjus affranchit de certain¡rsidécs et nous donne le droit de vivre
LA
I-IBETITE
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notre vérité. < Le droit est fait irvec du devoir accompli, n a dit Godin, < l'individu ne doit occuperqu'une situationmérifee... Son droit est en proportion égale avec sa c¿1pacité pour le bien. '¡ Celui-lá n'est pas libre qui s'affranchit de la loi, mais celui-lá, seul, est libre qui, I'ayant accompliejusqu'au bout, a le droit dela juger, de s'éleverau-dessusd'elleet de lui dire : < Je suis plus que toi, car tu as été cróépour moi, eb non moi pour'toi. Je t'ai obéi, je t'ai sacrifié mon bonheur,tu n'as plus de droits sur moi. Je ne suis plus ton esclave,j'ai liavé ma liberté, je suis libre. n Iin dehors de cette matrr:'itéspirila tuelle qui justifie notre affranchissemerrt, liberté n'est qu'un prétexte á I'abus, a I'injustice et á l'égoisme. Personnene nait libre: nous naissonstous prisonniers, esclavesdes préjugés de notre époque,de notre pays, des idées de notre famille, des entraves tle notre corps et de notre esprit. Cette atmosphéreétrangére, au milieu de laquelle nous avons grandi, a {ait souventde nous tout autre chosequc ce que nous sommes. Et c'est a nous de dégager notre véri-
rl.'
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A U SEUIL D' UN M ONDE NOUYEAU
table nature de ce moule artificiel et de lui rendre la liberté; ainsi le premier pas vers la liberté est la découverte,la connaissance et la possession de soi.méme. Beaucoup d'étres ue parviennentjamais i cette découverte et se contentent de jouer toute leur vie le róle qu'on leur a assigné.De lá l'état artificiel de notre société et le manque de véritables personnalités,D'autres, plus intuitifs eü plus profonds, parviennentpeu á peu á se rendrecompteeüa se dépouillerde leur travesti. A d'autres enfin, il faut le choc d'un bonheur, d'une douleur, d,un amour pour leur ouvrir les yeux eü leur dévoiler leur vraie nature. La compréhension d'un autre suffit souvent á nous révéler á nous-mémes, car une áme parente . est comme un miroir qui nous renvoie notre propre image. Quelle que soit la cause de cetüedécouverte de soi-méme,elle est certainemenü I'expériencelaplus importante de la vie; je l'ai toujours considéréecomme un rniracle, car rien d'humainne peut I'expliquer. X{aistout ici bas se paye, et la merveilleuse surprise que nous donnela découverte de notre étre véritable n'esüpas exemptede
LA LIB I]RTE
déceptions.En effet, découvrir sa vraie nature, sa véritablevocation, se renclrecompte de ce que la vie auraitpu étre et'se dire que cet idéal est á jamais entravé par les obstacles que nos erreurs passéesont accumulés sur notre chemin,se dire que parce que I'on s'est trompé urie fois en croyant bien faire, il faudra toujours souffrir, perdre á jamais l'espoir de la vie et la possibilité de réaliser sa vocation humaine, se dire que parceque I'on s'est trompé une fois. en voulant étre sincére, on sera condamné au dégradant suppliced'un éternel mensonge,ce n'esücertes pas chose facile, et il faut une grandefoi et beaucorrpde couragepour oser¡ en présencede tant d'obstacles,confirmer et vivre sa vérité personnelle. La découvertede soi-rnémeest aussi une responsabilité et nous expose á de grands conflils. Celui qui se rend compte de I'importance de sa vie intérieure sent que son premier &voir sera désormaisde donner á ce devenir iutérieur toute l'étendue, Ia grandeur, possibles. ffspmnouissement la plante a besoin de soleil, Fnr¡r gmndir, de terr€ ferlile, pour se développerl'áme a
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besoin cle certains élérnents.Or il peut arriver, par suite de, cirrconstances fácheuses, qüe ces éléments se trouvent ho,rs de sa portée, ils représentent le fruit défendu, I'intérét du prochain, auquel la conscience ilrtertlit de porter atEeinte.De lá dilemme : Jusqu'oü I'orclre du deveriir,ordonnépar la loi du plogrés, a-t-il le droit de trionrpher de I'ortlre dc. la conscience? Oü fiuit l'égoismenécesstirc, oü conmencel'ógoisme malfaisant? Il esI certuin que neu$fois sur clix, I'instinct qui nou,sfaii préférer notle Lronheun á celui des autres est purernent et simplement de i'égoisme, un manque d'égard envers le prochain.Le bolchévismeest la conséquence de ces idées et Ia parodie de la vérité que nous venons d'examiner. Cepentlantil peui arriver que la force qui nous ortlonne de p,rursuivre notre évolution, méme au détriment monentaná des auüres'.ne ¡rrovienne pas d'un rnanque de charité, nuris tl'u¡re nticessitú'intérieure si puissantc, rlue uous devons lui obéir, au prix nrrlnle de nos devoirs secoudaires. L'arbrc cl,ansI¿rforüt, en étendirntsesbranches majestueuses,étouffe plus d'uu fréIe
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LA LIBERT!:
AU SEUIL D'UN. IIÍONNE NOUVEAU
Srisseau; cependantsans cette injustice .n'aurionspas de foréts. L'artiste en ivant son réve, foule agx pieds plus ,fnn intérét vulgaire; cependantsans cette iinfraction nous aurions moins de chefs-d'eu'?ru. Jésus en désobéissantá ses parents ii't¡rour suivre sa vocation missionnaire,leur i,.p, eans doute, fait de la peine; cependant i,::#tns cette désobéissancenous ne connai*rions pas l'évangile. Ce qui prouve que t$ruportancedu résultat que nous avons en we justifie parfois les infractions qui en fu-
le prix.
t, .,: t i r . : " I'
llaetellinck a dit < qu'il faut parfois plus üt force pour faire pleurer qou poo" t..odr" üüureuxo. Je crois qu'il faut surtout une con. üEissanceplus approfondiede sa vocabionet un arnour plus désintéressédu bien. ll n'est sans doute jamais permis de sacrifier un autre á son propre bonheur, mais üeulementau bien; et en tant que cet enpersonnelreprésentela vérité, rüchissement rür tout triomphe de la vérité profite non seulementá nous-mémes.mais á tous ceux qui nous entourentet méme á celui au dé[riment duquella vérité a triomphé. ll existe sur notre pauvre tel're une loi D
Firñ
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terrible qui tait que nousl'ivons du sacrifice les uns des autres; eh bien ce sacrifice n'est admissible que si on Ie prend comme une offrande volontaire que nous devons tous au devenir universel, au triomphe du bien sur la terre.
Quand on nous dernandede parler de la liberté, on s'attendplus ou moins á recevoir une clef pour sortir des circonstancesdifficiles oü la vie nous a emprisonnés.Nous ne pouvons pas vous donner cette clef miraculeuse, nous pouvons seulement vous dire commelt on se délivre intérieurement de certaines circonstances, comment on parvient á en moins souffrir et á ne plus ies envisager comme des obstaclesá la vie et au développementpersonnel. Car, en somme, ce qui importe au point de vue bonheur, c'est ce qui se passe dans notre áme, et non ce qui se passe dans uotre vle .
La liberté, je veux dire la liberié extérieure que I'on comprend génénitlement sous ce nom, est sans doute une chose forü
LA LIf]E ItTI'
o'l
relative. Généralement on ne se délivre point, ou trés peu des circonstances,du milieu, dcs liens dans lesquelsla vie nous a placés. On ne se clélivre surtout pas de eon destin. Les événementsqui viennent á t¡otre rencontreont beau passer des larmes au sourire, ils ont toujours le méme visaEe. Nous retrouvonsau fond de l-eurregard une intention identique et obsiinée qui réponcl sans douteá une dispositionintérieure également fatale. En tout cas, pour cLevenir libre ce n'est pas a son dc.stinqu,il faut s'en ¡lrenth'e.Je ne nie pas que la libcrté intérreure, acc¡uiseau prix de longues années d'effort, ne finisse pas par influencer,voire mÉmemodifier les conditionsextérieuresde notre vie. Toute for.ce,et la liberüé est une force, a sa répercussionau dehors,et toute transfomration visible a sa sourcedansune p*nsráeinvisible. NIaisil ne faut pas compter :mm,r cet e[[et dont les causessontnombreuses g* mouventinsaisissableset tourner résol&mcnt nos eflorts de libération vers le ded*os. !{ous sommes avant tout prisonniers de ügus-méme.
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A U SEUIL D' UN M ONDE No UvDAU
Obstacles intérieurs. En effet, si notre milieu nous entrave, c'est que nous n'avons pas su nous affranchir de certaines idées conventionnelles. d'un besoind'approbation,d'habituclesmon'daines,que nous partageonseucoreavec ce milieu. Si les heurts inévitablesde la vie commune découragentnos efforts, c'est parce que nous n'avons pas su nous libérer intérieurement de certaines susceptibilités, amonr propre, petitesse,impatience,manque de compréhensionpour les faiblesses d'autrui, que les lraits maladroits de notre prochain ont encorele pouvoir d'exaspérer. 'Si nous n'avons pas su surmonter l'inquiétude du bonheur, c'est que nous vivons d'illusions, que nous surfaisonsla valeur des objets désirés et que nous ne croyons pas assezá la sagessede notre destin. Si les ennuis de la vie quotiditnne troublent notre sérénité, c'est que nous leur donnonsune trop grande importance et que nous ne savons pas barricader la porte de notre sanctuaire. Ce sont les lacunesintérieures clui
L.c.Lrnnurú
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nous ligotent et qui favorisent les événements fácheux,car si nous étions libres intérieurement,les obstaclesextér.ieurscesse_ raient probablement de nous paraitre des obstacleset cesseraienb peut-étróun jour de l'étre. Obstaclesextérieurs. La liberfé est moins un affranchissement qu'une indépendance. Pour se libérer extérieurement.deux mé_ thodesseprésentent: la voie révolutionnaire, la voie évolutive. La voie révolutionnaire, plus efficace en e.pparenceque la voie évoluüive, est moins átendue,moins durabledans ses effets; elle prucéded'un mouvemenüsincére, légitime, mais.moins,pur dans ses intentioor, q"i tlira la part de doute, d,intérét, d'impaütu:", qui se méle au ceur d.upeuple [ui raisit l'épeepour souleverune juste rOvolte. ST*i ne parvient-il, la plup*i,t do temps, qu'ü dúmolir sans reconstruire,á déclancher tn r¡or¡velleorientation, sans la diriger. La ll,eur dont on force l'éclosion se fané ava¡t &uü,amr¡rs. Le mol'en était humain, son action
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A U 6 EUIL D' UN M ONDE NOUYEAU
reste limitée aux frontiéres de la telre. La réaction si regrettable que nous consüatons actuellementun peupartout, n'estdue qu'aux excésdu bolchévisme.En se servant de la violence,il a seméla terreuret miné la cause de la liberté jusqre dansi'lesesprits les plus ouvertsaux théoriesnouvelles. La méthode rér'olubionnaireinhérente ir Ia mentalité primitive, dont est folmée la masse,fait parlie de ces nécessitésfácheuses,que I'élite tolüremais n'adoptepas. En effet, connaissantles lois de la nature, croyant á l'dction pachée,faisant pour ainsi dire partie de I'universel devenir, le sage ne peut admettre que la réforme évolütive. Se servir de la force br.utale pour brusquer I,esévénements,équivautpour lui á un viol. IJsurperle plan divin c'est entraverson accomplissement. La rélorme évolutive, comme celle qui futproduite pirr les idéesde Jésus,renferme á.la fois l'élémentdestructif qui épure et la force créatrice qui reconstruit. Ne violant aucun droit, elle ne s'exposeá aucunevengeance,ne prétendantá rien d'immérité,elle ne soulévepas la protestation. Participant au plan divin, elle n'entrave aucuneioi na-
r,¡, r,r¡rnrÉ
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turelle et ne court aucun danger de s'égarer ou de déúruiredes forcesutiles. Celui qui, en présencede circonstances brülantes et incompréhensibles,sait croire au devenir du bien inconnu et attenilrel,intervention des forces cachées,est plus fort et.plus utile i la juste cause que celui qui attaque l'ennemi au nom du bon droit et renversel'obstacle. a du courage da4s le bras qui bran..ll.y dit l'épée,il y a de I'héroismedans le ceur silencieuxqui attend et qui croit. Lespetites choses. Chaquechosea sa dimensionpar.ticuliére, mais nous ne la voyons pas touiours comrne elle est, d'aprés sa-valeuir,mais selonle de. gré de nos passions. plus un tempérament est sensible, impressionnable,violent, plus il est susceptibled,erreurs cl'opiique.i'est ainsi qu'il arrive que des choses-im-porúantes nous apparaissentpetites eü des chosesinsignifiantes énormes. Souvent noüre juge_ ment ne devient équitableque du jour-oir il esüobjectif. Nombreux rorrf c"o* qui voient petit, et bien rare les hommes á large vue.
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On dirait que la plupart des gens ont uq malin plaisir á tourner leurs jumelles en sens contraire du bon sens et á rapetisser volontailement l'horizon de leur cercle visuel. A force de voir petit ils deviennent petiúset perdenújusqu'au sens des vastes perceptions. Cette courte vue a le grand inconvénientde les maintenir touiours dans le faux et de les exposersans cósse á des souffrancesinutiles. Un hommequi s'attarde aux petites chosesest comme le voyageur qui marche la téte baissée,absorbé á contempler les cailloux du chemin, tandis que tout autour de lui s'éúendent de glorieux horizons que son eil n'apercevrajamais. En général,si nous gáchonsnotrevie c'estparce que nous attachonsbeaucouptrop d'importanceaux petites choses. Qu'irnporteque nous soyonscompris, apprécié,récompensé. [Jnevéritéméconnuen,en est pas moinsla vérité. Le salaire dépenddu témoignagede la conscience, non de la critique des ignorants. Qu'importe que nos affaires malohent bien, que notre maisonsoit plus ou moins spacieuse,que nos fournisseurs nous trompent, que le mauvaistemps ou la maladie entrave nos projets, ce sont
LA LIB E ITTE
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li de petites choses; ne laissons pas les petites chosesenvahir notre sanctuaire.Sa. chonsá l'occasionh¿lusserles épaules,laisser tomber, passer sur les petitesoffenses, abdiquer nos tlésirs secondaires,sacrifier la lettre á I'eoprit. Ce qui importe, c'est que I'harmonie régne dans notre sanctuaire.Lui procurer des dispositions bienfaisantes, un air ,#or, y cultiver cles fleurs d'amour et d'esflérance est la seule préoccupationdigne de retenir noúreattention. Que de bonnes chosesnous pouvons encore attendre tous sur cette terre. Laisserons-nouscette belle moisson se perdre par la venue d'intrus, des petits soucis,despetites miséresquotidiennes? Il est vrai que notre sanctuairea souvent l'air d'un jardin public, oü chacunentre et sort a sa guise, arrache les branches,foule *ux pieds les gazons, Le sanctuaireest un i*rdin sacréqui demandeinfiniment de soins *ü d'ir"rtelligence pour étre cultivé. C'est du funn oldre de notre sanctuaile que dépend 'nr:tr* santé morale et notre vraie liberté. Dans ce sanctuairerlous possédonstout s$ dünt nousa¡¡onsbesoin.Le-sconnaissances
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AU SEUIL D' UN M ONDE NOUY E A U
du monde entier s'y trouvent. en germe, la possillilitéde tous les bonheurs,la flamme de toutes les passionsy brüle. Nous y se. rons toujours chez nous,.toujours á I'abri de I'invasion des petites choses, toujours libres. < Les sagesde l'Orient et de la Gréce,nous est-il dit, ne dédaignaientpas d,observerla nature extérieure, mais c'est surtout dans l'étude de l'áme, de ses puissancesintimes, qu'ils découvraientles principes éternels. L'áme croyaient-ils,placéeentre deux mondes, le visible et l'occulte, le matérielet le spiriúuel,les observant, les pénétranttout deux, est l'instrüment supréme de la con. naissance. > Il fauúétre grand en toutes choses,ne ja. mais rembourserde la monnaie par de la monnaie; payer largernent sans compter, touiours enor pur, á I'honnétehommecomme au voleur; et I'eussiez-voussurpris aujourd'hui la main dans le sac, faites semblant demain,si cette main vous est tendue, de ne pas la reconnaitre. Le bénéficedu devoir, commela satisfaction du bon droit, sont de petiteschosesdont un grand irommesait se lrasser.Oublier lss
I,A LIB E ITTO
tc
blessurescicatr.isées, se faire insensibleaux égratignuresmesquines,courberles épaules sous les tempétes qui passent,sourire aux grands gestes des petits enfants,c'est agir avec sagesseet assurer sa libelté. Considérer la valeur réelle, pass#r sur les petits défauts,le mal involonüaill, aller á I'intention, passerpardessus,voir d'enhaut,d'une vue d'ensemble,c'est rester dans le vrai et proclamer la justice, car que peut un incident fácheux au cours de la vie et qu'est-ce que la vie en.présencede notre destin éternel ?
L,TN TA N GIR IE
I.'IIYTANGIBLE
que fut le réve de ta vie, illusion ou ^ _Quel folie, ce réve est éterlel. N'abdique pas ton réve, düt.il échouer mille fois sur des plages étrangér,es.Car celui qui douúede son réve renieie clivin. N'atüénuepas son geste, ne I'adaptepas aux choses couranLes, ne te lasse pas'de I'invoquer, car ton réve est le but supréme vers lequel convergenü, sans le savoir-.tous les détoursde úavie.
Etranger i moi-méme,je me ürouvaiser_ rant sur des cheminsinconnus, Il fallait obéir; J'avangai. Car il vaut mieuxmarcherdanslesténébres que s'anéúer dans la lumiére. Sait-on oü
lbn va, Iorsqu'onva oü I'on nd'veut pas aller I La raison se révolte,le bon sensproteste contre la directior;'1 qui va en sens contraire du but. Les poted"uxindicateursont I'air de brigands qui trament noúre perte. Il n'y a plus d'étoile directriceá l'horizon et I'intuition, cetteboussoledu ceur, s'arréte,désorientée au tournant du carrefour.Suis-jeun insenséá mes propresyeux ? Il fallait obéir. J'ai fermé les yeux et j'ai marché, Car il vaut mieux suivre une erreur que douter de son clremin. Petit sentier insensé oü i'er.re, oü je trébuche, oü je me perds; petit sentier oü j'avance encoreet auquel ie crois enfin.
Qu'est-ceque cette clarié qui ne procéde d'aucun soleil, et ceüteespérancevague d'un bonheuragrandi?Qu'est-ceque ces ortiesoü je pose Ie pied doucementcornmesur un banc de mougseet cevent qui, sansme refroidir, emporte mon dernier vétement? Suisje un autre en moi-méme,ou moi-mémeen
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un autre ? Comment la vie a-t-elle survécu au brisement de tout ce qui fut ma vie et la vérité triomphe du reniementde ce qui fut ma vérité ? Etroite éüait ma vision, immense est I'horizon. Tu ne crois pas encore si tu ne crois au-delá dc tout ce que tu comprends, et tu ne vis pas vraiment si tu ne vis par dessustout ce que tu sens. .áme Ma penséeest hurnaine,mon est surhumaine. La vision de mon áme, seule, plonge dans l'éternité, et la réalité commenceoü s'arréte la forme du réel que je vois.
N'explique pas, ne dis pas : Telle pierre est un saphir, telle autre une émeraude,car il est des pierres qui n'ont pas de nom et leur feu subsistede ce qu'il est insaisissable. Si tu les dis vertes ou bleues, ou jaunes, ou rouges, tu les éteins. Oar leur rellet n'est pas fait pour étre pergu par l'ceil l¡umain. Insensé est celui qui veut tout savoir, et ignorant celui qui croit tout expliquer.
I,INTANGIBLE
Arréte-toi t.[ev*nt la porte du dernier sanctuaire, et que ton pied ne souille pas le seuil des demeuressacrées. Oü I'hommefinit, Dieu commence.
Tu n'aimes pas ceci, tu ne veux pas cela, toi qui t'ignores, comment peuxltu savoir te que veub et désire en toi I'Etre véritable? Dieu seul sait oü vont ton désir et ta volonté,
,_#ltgqrqp_Lr !a loglqg_e.Ce désir Il l'accomplit, cette volonté Il la sanctionne,car oü ton étre s'exprime dans toute sa grandeur,.Iáaussi est Dieu. ,** Accepte 'l'humiliation qui te vient des ignorants, et ne te justifie pas aux yeux des inbéciles, car ta force n'est pas dans ton ópéeet dans ta langue, mais dans i'immobiIite sereine de ton ceur sans défense.
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Non, ce n'est pas par manque de courage ou de sincérité, par indifférence ou par paresseque nous acceptonsI'ignorance et que nous nous arréfons devant l'inconuu. Ctest par respectdu mystér'ede la vie et de crainte d'usurper le droit divin. Qui sait, jeunessemoderne, si vos esprits curieuxd'épuisertoutesles jouissances humaines et vos mains avides de défaire le mystére jusqu'en ses derniersreplis, ne risquent pas, en extrayant le ceur des choses qu'ellesdisséquent,de tuer la vie qu'elles veulent connaitre!
Oh I bel amour de Ia jeunesse,qui osera dire que ton pas s'alourdit au cours des ans et qu'un jour, chargé de la poussiéredes chemins.tu laisserastrainer ton aile blanche! Sansdoute, celui qui te dit vieilli n'a yu que ton ombre passer furtivement au seuil de sa demeure.Profane, il n'a jamais connu
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L'TNTANGIBLE
les longues chevauchéesque l'on fait, la main daus la main, au soir des jours brü' lanüs, ni l'étreinte des ámes que n'entravent plus les limites d'ici-bas. Petits sont les amours de ceux qui n'ont aimé que comme I'on aime au printemps.
Oh, tristesse sans fond de mon áme désabusée,tu es comme une coupe que ie tends á la rosée du ciel, car il n'est point ici-bas d'océan assez vaste ni de source assez profonde pour te remplir iusqulau borcl! Peut-étre ton poids fera't'il retomber avant I'heure mon bras fatigué' peut-étre 'te raménerai-le vicle á mds lévres desséchées, peut-étre ne trouverai-ie au fond de.ton ca' ii.u qo'ont seule goutte, mais si pure, qu'ellé reflétera I'image de mon réve de bonheur.
Quelle es'tu, ó main implacable et mys' térieuse, qui touiours, en tout temps, et Dieu 6
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s,ait avec qrelle habileté, esúvenue s'interposer enúrernon.bonheuret moi ? Es-tule signe justicier, qui, d'un lointain karma, se dress,eá I'heure p,rácisepoür me chátier ? Es-tu l'ombre de mon propre bras qu'un geste maladroit dérobe á mon cont,róle? ou le doigt d'un Dieu jaloux qui, en vue de quelque fin inconnue, a voulu sevrer mon áme de toute humainejoie? Que ne puis.je, o rnain fatale, déitourner ton attention et passer un soir inapergupar la porte entr'ouverúede I'Eden que tu gardes.i\{ais rien ne peuf tromper ton impitoyable vigilance, et sur le seuil, toujours, ton verdict m,attencl.
C'est dans lasolitude que j'entends,bat,tre le cceurdu Grilnd Tout, et plus je m,y enfoucr, m,:i:rsje suis seul, car alors j'ai part au banr¡uet immortel de tous ceux qui, comme uroi, soupirérentsous le poids de I'inconnaissll,¡lect e_-raltérentIa coupe de l'idéa} révé. Est-ce parce que mes bras étaient destinés ¿i embrasserle royaume des saints, qu'ils n'ont pu se contenter de
l -'tN tl N GIeL s
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l'étreinte d'un étre ? parce que mon réve re, posait dans I'universimmémorial,qu'il n,a -? pu ici-bas trouver son achévement parce que mon ceur était fait pour puiser dans l'océan de l'universel amour, qu'il n'a pu g'abreuveraux sourcesde cette lerre ? Je fuis la sociétédes hommespour étre moins seul, car dans le silence j'enteuds fécho de la patrie 'lointaine et la nostalgie de mon cceurs'apaiseens'unissantau Grand Tout.
Ne lirnite pas l'amour á la caressed,une m8qe, au dévouementd'un frére, á I'étreinte d'un amant. pgr-t"o,,q! .! Ug ggg1 g.*_-t, Ns l'enserrepas dans I'espaced'une jeus*$$e, dans la durée d'un bonheur. dans l"ivress,:rl'un insfant. !"qmoul est toujours. $lt tnn denrier ami t'aurait-il délaissé en ü¿tdu"rniirre heure, seul sur la plage déserte, [l¡ selliras encore le souffle de l'éternel ['cnr'*:1,:¡rper 4km$*Jr tliins I'espace.Pour ai-
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AU SEUIL D'UN MONDE NOÜYEAÜ
i mer, nul n'a besoin de posséder;l'étranger I qui passe,la plaine qui verdoie, Ie rayon de \ soleil dans la ramure suffit á épanouir ie \ ceur que I'amour embrase. Aimer, ce n'est pas seulement couronner l'élu; aimer c'esúéüreindreI'humanité et se donner á tous.
BONHEÜR INEXPTICABTE f
f, I[ est ns bonheur que rien n'exp]ique, { 4qouu*,nxn*fsvrur rc justifie et gui, ü cerI ütiuwihllnrea, envufuit notre &.med'une proi fffid* h,sngit¡¡de. I lI wst nsmful¡nhlea¡r l¡ien-6&re du corps, ss d&tqnd sous ln tiútle c¿rressedu Imlwd1&'tl " *nlsü, I! s*ü xemblab'leü I'attente de la jeur¡6$sü, qui croit ir la possibilit¿ de tous ses r*vcs. Il est semblable á la plénitude qui fait déborderle ceur de I'amante,lorsqu'elle ge souvient qu'elle est aimée. D'oü vient ce bonheurmystérieux? Quelle esi la baguette magique qui le provoque ? Au bon vouloir de quelle fée devons-nous sil durée ? II ne peut étre une illusion, car il ne_re.Po:9 sur auc-unecause-exüérieure'ét nait" souvent au moment oü toute issue se ferme.
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Il ne peut étre la satisfaction du mérite, car il échappeau contróle de notre bonne volonté, et aucune de nos vertus n,esf capable de le retenir; il ne vient pas méme d'un espoir éternel, car il existe par luiméme et se suffit dans le présent. Ce bonheursans causeest le grand étonnement,la chose imprévue,illogique, inaclmissible á la jeunesse; il échappe aux droits de la raison, commeaux fatalités cle la vie. La chosequi nait de rien, se soutient dans le vide et grandit i mesure que la vie se dépouille. Ah ! Tendre toute sa vie vers une étoile. commevers le seul salut possibleet fermer les yeux, le soir, pour la voir soudainbriller au fond du sanctuaire oü nul Eestehumain ne I'avait allumée! Presser sa main sur son ccur et se dire qu'elle est lá, qu,on la tient enfin pour toujours I pourquoi la trouver,maintenantque nous ayonsrenoncé, et pas alors que notre vie. en dépendait? Pourquoi obtenir pour rien ce que nos efforts avaient jadis tant mérité. Faut-il á l'arbre le temps de grandír avant cleconnaitre la joie úranquille des beaux fruits mürs ? Et n'est-ce qu'á son persévérantla_
IN E X P LIC A B LE
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BON H E U R
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beur que le capitaliste doit de pouvoir uni iour vivre de ses rentes? Q.ue savons-noufi d.e,ssecrets du Grand Tout, dont seul nous dépentlons? jr,fais s'il rn'est arrivé ile sentir le bonheur inexplicable,j,e sais qu,il existe, une r'éalité invisible, des biens qui ne s,ont pas de ce monde, une justice infaillible qui récornpense le mérite méconnu.
II sernble évident que tout étre soit faiü pour le bonheur, que c'est dans le bonheur qu'il at[eint sa pleine stature et par le bonheur qu'il parvient á accomplir sa mission. Aussi est-il probableque toute vie, dans un avenir lointain, doit fatalenent aboutir au bonheur. De lá cette révolte instinctive de la nature contretout ce qui lui met obstacle, l'irassouvible nostalgie et I'indestructibls espérance,qui sont les compagnonshabituels de notre pélerinagelerrestre. Ce qu'il y a d'extraordinaire c,est que , les douleurs et les déceptionsdela vie, loin de larir en nous les facuitésdu bonheur,les éveillent au co.núrairen les agrandissent,les aJfinentau plus haut degré. ll n'est pas de
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au sEUIL D'uN MoNDENouvnArt
comparaison entre I'intensité émotive gue peuüressentirun disgracié de ce monde,et celle dont est capable I'homme habitué aux faveursde la destinée.On dirait que l'áme, élargie par la douleur, s'élargit en proportion pour le bonheur, et celui-lá, seul, sans douüe, dont les souffrances furent constantes, peut arriver á l'état de béatitude. Car il y a deux espécesde bonheur: le bonheur humain et le bonheur surnaturel, l'un produit I'enivrement, I'autre l'exúase; I'un est provoquépar une causeextérieüre, l'autre résulte d'un détachement de toute cause. La leunesse est dépendantede ce qui vient, elle vit d'espérance,elle n'est satisfaite que lorsqu'elle posséde,et son bonheur, quand iI se réalise,risque toujours de devenir égoiste. La jeunessene connait que le bonheur humain. Le bonheur surhumain ne l'attire pas, iI lui semblefait de renoncements, il respire le sourire décoloré des cloitres, il est trop loin de la vie, de la vie gu'elle aime, qu'elle veut, qu'elle attend. La jeunesse se trompe. Le bonheur spirituel est fait de la méme essence que le sien. Les besoins du ceur ne changentpas
INEXPLICABLA
BONHEUN
avec I'áge ; ce que nous avons voulu á dix ans, nous le voulons encoreá vingt, á cinquante ans, nous le voulons aussi ardemment, aussi consüamment;il n'y a qu'une différence,c'est que pour le sage le bonheur nlest plus une questionvitale. Dans la jeunesse,quand le bonheur se brise, il ne reste rien; quand se brise le bonheurdu sage,il reste < Iui >, sa vie, son immortel devenir.C'esüun accident,ce n'est jamais une mort. I,a mort ne peut plus atteindre le sage. Car la sourceoü il puise savie,seses¡rbirs,sesamours,sesbonheurs, plonge dans l'éternité. Le bonheur surhnmain n'est pas seule. ment fait de la méme essence,il produit les mémeseffets que le Jronheurde la jeunesse. Comme lui, il met du soleil sur tout ce qui nous approche, il fait déborder le ceur d'amour et de bienveillance envers l,es honnmes,il s'alimentede toutes les beautés de la nature, il marche dans un réve, porté I¡er des ailes invisibles, inaccessible aux nspéritésde la route, par-dessusles nuages, dans le bleu. dans l'infini. Il est comme le fráre ainé du bonheur humain. comme son i'', g6¡1ps astral, comme son étre spiriúuel.
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au sEUrL o'ux Mo'r*osNouvItAU
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L'enfant a ses joies, elles dépendentde ses jouets, de ses j,eux; la jeunessea les siennes, elles lui viennent de Ia beauté, de, I'amour; mais comme l'enfant ne peut cornprendreles ivressesde I'amour, la jeunessene peut admettrerla félicité des béatiüudes.Et notre vieille sagosse,tout expérimentée qu'elle soit, ne peut concevoirles bonheurs d'outre-tombe.N'usurpons rien; nos organesne s'adaptenfqu'aux conditions que nous traversons. 1\[ais disons-nous bien que si les ressourcesde Dieu sont si nombreusesel si variées, il n'est de raison pour personnede désespérer. Ce que nous n'avons pas regu aujourd'hui, nous pouvonsle recevoil dernail, dans dix ans, dans une autre vie. Toutes les possibilités sont toujours lá, pourvu que notre pourvu qu'il ccur reste gi-p-lu et,-c9-¡t_fia"1.t, s'en remette aux soins du desl,inet qu'il ne mesurepas I'infinité du bonheur et"dela vie * sesconceptionsd'uneheure.
primer; il faudntiitd'autres mots, ure autre compréhension.La béatitude du sage re" pose dans la parbieimmortellede son étre, c'est pourquoi son bonheur paraiü vague, distant, inhumain et peu enviable á qui se sent en chair et en os. C'est sans doute parce qu'il est si difficile de désirer ce que nous ne pouvons imaginer, qu'il est rare que l'on se soucie du bonheur spirituel, alors que la foule des humains se rue sans reláchevers les biens de ce monde.
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T,;ut ce qui se passe dans Ia partie immortelle tls notle éüreest fori diflicile a ex-
On ne peut pas analyserle bonheur spirituel, car il est á tout point de vue inexplicable. Je ne sais pas plus pourquoi aujourd'hui, enpassantpar cechemin,en regardant rctte prairie, je sens monter en noi un débordementde joie et d'espérance,que I'oisoau ne comprendpourquoi, chaque matin, tr'aurorese rallume et réchauffeson nid. Je sais seulementque cela ne tient pas á moi, qge cela me vient du Grand Tout; je sais qu'au moment oü je l'éprouve je suis dans [* vórité, que I'organe qui me le transmet
AU SEUIL DtuN rwoNDE NouvEAU
est indesüructible et que le fait que je l'éprouve est pour moi ü preuye la pius vi_ vante, la plus compléte,la plus éciatante, d'une réalité inviÁible,déta;hée de toure matiére. Car si je puis vivre aussi inúensément en perdant la dépendanceet le contróle des conditions de mon exisúence ter_ restre,c'estque la vie, le bonheur,le rmoi > existent en dehors de ce que j'enüends, cle ce que je vois et touchedans ce monde. eue je,puis par conséguentaimer sanséüreinclre, m'épanouir sans richesses, élre sans org'anes,et continuer sansvéhicule.
Qre de preuves il faut aux hommes pour gu'ils admetúentl'éternité. IIs en appellent á la science,aux reliEi _ons,auxtémoignagestle r'r... nlstolre, au courg des astres. pourguoi chercher si loin ? Chaque homme porjj; dans son-ceur la preuvud. ,oo immáralit¿. Le monde entier s,unirait pour le lui démontrer, il n'y croira qu" 1o"*qu'il l,aüra trouvé en lui. Il nous faut devenir trés simples, aus-*isimplesque ile petits enfants.l,e bo¡rlreuresüune chose trés simple, il con-
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siste á ne pas se cabrer contre les décrets du destin. La foi éternelle est trés simple, elle consisúeá admettre le témoignage qui reposeen nous. Nousvoulonstrop par nous_mémes, comme nous Ie pensons,comlne nous I'entend.ons. , que cette volonté qui prJtend Y"i*,qu'esü-ce üout diriger, qui croit úout savoir etiqui ne sent pas qu'elle se déménerlansl'étroiie cel_ lule d'une conceptionpassagére ? Faisons la-part de noúre"ignorance, faisons la part de notre orgueill que t.il ?... Un pauvre .*.,i ho*"in "..tu"u, qui n,a d'autres ressourcesque sa bonne volont¿. a ta
Les hommess,imaginent que le bonheur epirituel demandeun grand effort. Il n'en demandeaucun, il ne demande pas la centiéme parüie de I'effort qou .roo, dépensonschaquejour pour acquérñ del,argent. Il n'est pas nécessairepour l,obtenir se se hlsser á sa hauteur par une contitension d,esprir, c'esr iui qui d"scena. ::"]l: $¡$qu_ennous.sans aucun secoursde notre part et alors que noüre aütention était occu_
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pée aux peti[s deyoirs quoticliens.Dans le salut, la part de I'homme est si petite, Qu'il pourra toujours se dire, ,uo, dt se ",iiote tromper,qu'il ne I'a pas mérité. Il en est du salut commede toutes les belleschosesgue nous receyonssur la terre. toujoursde-scadeaux.Dés qu,il y a :u ::nt dc-l'acquis,ce n'est plus'Ia cLose spéciale {oi., ul moment précis, répondá notre aspi. raúionla plus personnelie.Il faut y metüre du sien pour en jouir, faire des con"cessions á la réalité, y accommoderson c@ur, et encoreI ... C'esttoujoursde l'á peuprés.Acquérir est un mot humain; c'esi suitout ,r., moderne,qui ne figure pas au dictionnaire -o, desverbesspilituels,oü il est toujours rem_ placépar celui de recevoir.Maintánons-irous dans une attitude réceptive,elle convient á notre insignifiance; n,entravons pas les dessinsdu Grand Tout.
Contiens les lr*r*,rrr"*. de ton coeurboulrvelsé et la question inquiéte de ton esprittroublé; laissela vague déroulerson 4lira et jeter son écumer,." l* Eréve incon-
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nue. attendsl',hc.urecerta,i,ne oü I'onde, fa_ talemenÍ,doit redevenir une nappe limpide" Aie Ia clouceurtranquille des longue, ¡ruúiences,le geste lent qui mesure linfini, ,et le sourire indulgent qui v,oí,tpar dreldI'he¡rre préserrte.Touú mal porte e¡r soi s,on neméd,e et le plus sage d'entre nous est l,humble spectateurde la grande Guvre qui s'achéve sansqu'll y touche. *** Il faut savoir renoncer au < moi > qui veut, pour ne plus étre que le < moi > qui accepte;abdiquer I'intelligen'cequi dirige et se confier en la foi qui suit; jouir de la: vie, non.par la possession de ce que l,on désire, mais par la contemplation .de.ce qui dbt beau.Etre riche du capital acquis et ne plus dépendrede I'aumónedu passant.Saisir au milieu du chaosde la formation l,étoile fixe de l'irnmoltel desúin. Petit monde des chosesqui changent et qui tour á tour ont fait épanouir et saigner mon crcur, je te tiens commeune bulle dans le creuxde rna main. Petit mondedes lollesambitionset de l'aveugleefforf, je me repose
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en regardant monter la fumée de tes vains sacrifices. Et par delá le tumulte de la terre convul. sée, ie laisse I'harmoniebleue des sphéres immortelles descendre en mon ceur, libre de tout lien. A I,A J¡UNESSE
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Placée entre l'égoisme matérialiste et de faux idéals, la jeunesseerre dans le vide. Les médiocres se contentent de jouir, les faibles succombent,les forts luttent sans espoir. Autour du troupeau épars ródent les détracteurs de la culture occidentale, les propagateurs de doctrines neurasthéniques. Et la ieunesse,découragée,se demandeoü puiser la foi qu'il faut avoir pour vivre. Mais la ieunesse est, sincére, du moins elle veut l'étre. C'est lá son ancre de salut et la base de nos futurs espoirs.C'est aussi á ce titre qu'elle a droit á notre respect, méme dans seseneurs. Qu'importe si le navire erre au hasard des gran4es mers si les flots par moment l'entrainent á la dérive ? Qu'importe qu'il soit poussépar I'aquilon ou Ie zéphyr et qu'il ,I
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échoueparfois sur des plages étrangéresI Muni de la boussolede la sincérité,il doit, un jour, arriver á bon port. Sans doute ils serontdes héros,ceux qui auront le courage d'attendre au seuil du sanctuaireéteint; á ceux-láil est promis un nouyeauDieu. Quel estle Dieu, quel'avenir leur prépare? On ne peut construire une chosequ'en se servantdes élémentsinhérentsá cettechose. On ne peut créer un Dieu qu'avec du divin. Ces parcelles divines, nous les retrouvons encoreet surtout: 1o Dans l'héritage sacré du passé; 2o Dans les souffranceshéroiguesdu présent; 3o Dans les aspirationsdu monde en devcnlr. Lesexpériencesdu passé. Actuellemeniil y a dans la jeunesseune si forte réaction contre la trarlition, qu,ellc préfüre renier une vérité dont'elle est convtincue, qu'accepterce qu'eJlen'a pas découvert par elle-méme. La jeunesseest excessive et par Iá méme de courtevue; eile oublie trop souvenbque
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le nouveaune peut naifre que de I'ancienet quedansl'évolutiondesmondes,commedans cellede I'individu, nous sommessolidaires. Laissons-la faire, le geste d'indignation qui lui fait rejeter en bloc notre culture passée est un geste jeune, mais franc. [I part d'une révolúe sincére et d'un enthousiasme vivant. Il est le signe d'une foroe vitale. Si lesjeunescroientpouvoirse passer de lois, de frein, de sacrifice,du devoir aride qui fut pcur nous Ia base de toute eurrr:e durable, qu'ils essayent.N'avons-nouspas cherché,commeeLrx,les chemiusfacilesavant de nousaventurerilansle sentierétroit ? S'ils veulent détruire, qu'ils frappenti peut-étre faut-il le choc de leurs coups inconsidérés pour abattre les cloisonsde nos templessuranués? A chacun le droil de s'éprouler, la lilerté de choisir. Qui sait si, au soír d'une journéetorride, la ieunessedésabuséene reviendra pas aux ruines qu'elle-mémea seméeset si, fouillant **s dúbris néprisés, elle n'y découvrirapas trs.r:roix I üerües, entre ses mains vigourcuses et gai.nt:snotre rieille croix ne sera plus l'insürx¡¡¡ten& ile mori qui étcint le cceur et limite
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la vie, I'instrument de I'intolérance aveugle et des sacrifices inutiles, mais la piochevivante qui sert á frayer la route vers une orientation nouvelle, á gravir les échelonsdesplus vastes sommets. Non la croix que l'église impose, mais la croix que l'honneurhumain réclame.
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le joug injuste; si elle a acguis un droit au bonheur,c'est parce que nous a.rons su sa. crifier nos plus légitimes ioies. Les valeurs véritables sont immortelles, la culture de I'occidentse dépouillede ses haillous, elle ne meurl pas. les souffrancesdu présent.
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L'héritage paternel ne fait pas un homme, mais il permet au fils intelligent de poursuivre sa carriére et d'acquérir de nouveaux biens. Nul efforún'esüperdu. J'ai labouréle jardin, mon fils I'ensemencera.L'effort de l'avenir ne peut étre qu'une continuation de I'efforü ancienvers la vérité universelle dont chaque époque historique, comme chaque avénementreligieux, marqueune étape progressive. Malgré sa faillite apparente la culture occidentalen'est pas un vain mot. A travers de nombreux écueils elle a mené I'humanité aur portes de Canaan. Si la jeunessemo
Jamais, dans I'histoire de I'humanité, la soulfrance n'a atteint á un tel poroxysme, et c'est la jeunessequi en est le plus fortement atteinte. .Commela plante,elle a besoind'espaceet de soleil; c'est á l'époquede sa croissance r¡u'ellerasseml¡lela provision de force dont dépendra sa vie f uture; mais la jeunesse moderne,immobiliséedansl'étroiteet sombre impassede nos conflits européens,se trouve *inns I'obligation ou de replier ses ailes, ou dt risquer de les briser; et I'éternel proBe pose, plus brülagt que jamais : &&,fu¡¡e tmnmer¡ü parer aux nécessitésdu moment wt *hlir n I'ordre d'épanouissementqu'ord*x¡lx¡ola voix du devenir ? Il amire que la vie la mieux organisée *kputit ir r¿neirnpasse.IlTousne pouvons ni
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reculer,ni avancer,les effortsdu passésemblent vains, le présent intenable, l,avenir sans issue. l{ous sommesbloqués, et I'immobilité s'impose.Or I'immobilité est I'ennemi traditionnelde la jeunesse;prolongée, elle aboutit á la mort. Aussi les impassesde la vie ne sont-elles pas des lieux oü l'on demeure, mais des haltesprovisoires,pendantlesquellesla destinée nous invite á consulter á nouveau le plan divin pour nous rendre compte de ce gui nous en a faiú dévier. Lorsque l'obstacle est suggéré par un principe,il risque souventde mutiler notre étre; provenant d'un décret de la nature, il nousféconde, caLentendantnos énerqiesvels la recherched'une issue,il nous fai d¿couvrir de nouveauxhorizons.Quand le chemin est barré, nous nous efforgr:nsd'en trouver un autre; quand I'air nous manquo, nous nous a¡rpliquo¡rsi. respirer autrement. La jeunessesevréeet douloureuses'exerce á pelcevoir un au delá meilleur; de ceú effort, de ces désirs ver.s un monde.plus beau,naitra un jour I'imagedu Dieu avenir. Les événementsagissent sur nous par contradiction; nous cherchonstoujours la
délivranced¿rusune directionopposéeá celle qui nous fib souffrir. C'est parce que la jeunesses'est meurtrie á I'intransigeancedes dogmes, c1u'elleréclame un Dieu plus humain; parce que le matérialisme a étouffé ses meilleuresaspirations,qu'elle revient á. la vie du sentiment; parce qu'elle a été victime de lois aveugles,qu'elleexigeune justice inüelligente;parce qu'elle a vu l'inutilité de nos sacrificesconvenbionnels, qu'elle demande un héroismesenséet parce que nous lui avonspréchéla mort, qu'elle travaille au úriomphede la vie. .Aussi n'cst-ceplus dansles institutionsdu prétendu droit clivin que la jeunessetrouvera r"r I'héritage du Christ, mais dans I'expérience de son ceur meurtri et régénéré,conscient deserreursdu passé,ouvert aux possibilibés d'avenir; dansson ceur qui,en retrouvantsa vraie uature, retrouveralareligicn innóe au rei¡r de toute humariité. Leeaspirationsde I'ámeévoluée. Nos besoins de clalté et de chaleur ont tounnénos regards vers la lumiére et nous ont fniü découvrirles gloires du soieil; la
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consciencedes véritables besoins de l'áme nous dévoilera les attributs et la volonté du nouveauDieu. Le divin qui est en nous se manifesüepar une nostalgie permanente,un mouvementdu cceur;unsentiment.C'estdoncdansle domaine du sentiment que nous trouverons les élémeuts de reconstructiondu principe clivin. Mais le sentiment est tombé en déconsidération aux yeuxdeshommesdenotretemps. Plutót que de chercher Dieu dans son cceur, on le chercheau moyen de l'intelligence, du dogme,de la scienceet I'on aboutit au néant, parce que le divin ne peut répondre qu'á des appels divins. Pourquoi s'est-onéloigné du sentiment? Si le sentiment est déprécié, c'est parce qu'il esttombé au rang des faussesvaleurs, comme la pureié que I'on attribue á I'abstinensesensuelle,la virilité que I'on confond avec la dureté, et tant d'autres valeurs qui ont perdu leur vrai sens au cours de nos siéclesde mensonge. L'emeur qui a le plus contribué ir la déconsidérationdu sentiment, c'est Ie fait qu'on I'a confonduavec la sentimentalité,qui n'est qu'un dilettantisme du sentiment, une dégé-
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nérescencemorale. Ceux qui n'ont plus la force de sentir. tombent dans la sentimentálité, le laisser-aller,la sensualitémorale.Ace titre, certes,le sentiment ne serait plus une force, mais une faiblessequ'onaurait raison de combattre. Comment reviendra-t-on au sentiment? Le jour oü l'on aura reconnu que le bonheur que tous appellent, n'a sa source que dans le ceur, et que la force que I'on réclame est une affaire de sentiment. La virilité, que I'on a I'habitude d'invo' guer contre Ia vie du cceur, ne vient pas mais d'un redressement d'un endurcissement, des vrais sentiments.En condamnantsysté' matiquement chez Ie jeune homme toute manifestation émotive, par une éducation militariste et des études desséchantes,soidisant destinées á lui donner une attitüde mále, á I'aguerrir contrela vie, on a en réaiité paralysé sa virilité et ses moyens de défense. Ne pouvant plus développerses qualités partióuliéret, á1"" lui'méme, il ne sera rien; entre n'étre rien et devenir une chosefaussée,il n'y a pas loin. Si la femme, á bien des égards, mérite á cette heure plus queI'homme le titre de sexe
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fort, elle le doit á son apprentissagedu,sentiment. Quand on anra remis les vraies chosesá leur vraie place,que l'honrme ne devra plus avoir la faussehonte de ce qui n'est plus en déshonneuret osela avouer ses sentiments. comme il avoue maintenant ses connaissances,son adresseet ses calculs, il aura reúrouyésonhumanitéet son Dieu. Et peutétre en manifestant des sentimentsvirils, réussira-t-il á réveiller chez la femme le sentimentféminin, ce qui fait le charme et la délicatessede la vraie femme, perclusde nos jours. Sans l'aide du ceur, l'intelligencemanque de clairvoyance,elle tombe dans le rationaIisme. Sans l'intelligence, le cceur est un guide défectueux,car il perd de vue la réalité. L'intuition est á la fois un mouvement du ceur et de la pensée; elle est l'intelligencede l'áme, la seuleinfailiible. C'est eir reniant son áme que I'homme a perdu Dieu, c'est en remettant en valeur tout ce qui vient de l'áme qu'il le retrouvera. C'est en ton áme, élargie par le bonheur, que tu as découvertle secretde Ia beauté;
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c'est en ton áme labouréeet approfondiepar la.souffrancl .Io" tu as trouvé la force qui triomphe; c'est en ton áme assagiepar l,ex_ périenceque tu saisirasle secretdé la con_ naissancefuture. Conseils aux jeunes. Víryz pqr ta foí. - T,'l¡6¡¡¡¡en'est pas grand par lui-méme,il ne le devientque par la foi. NoÍre capaciténe subsisteqrl" poo." autant que nous restons en contact avec la sourceimmortelle. yoyez la guerre, ce produit le plus parfaiúdti cerveJu le mieux organisé,et regar.dez sa fin. Considérezl,adres_ se de l'arriviste et pesezle maigre bonheur que son gain représente. Vous.prétendezne paspouvoir.croire,parce que vous ne savez á quel saint vouer la flamme qui vous brüle. Mais il y a toujours eu de quoi croire pour celui qui a la foi. Car la foi ne vient pas de ce que l,on sait, mais de cc que l'on sent, sans pouyoir l,exprirner. Quaud bien méme toutes les forrnes de la yérité seraient anéanties,l,Esp.rit demeure ü[c'estau triomphede cetEspriüques'adresse toute foi véritable. C'est parce que rrousne
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savezpas le secret de Dieu que vous lui demandezune explication humaine. Ne rejetez pas en bloc. - Les préjugés, les conventions,les idées précongues,Ies principes traditionnels, sont vos ennemis jurés et vous avez raison de n'en plus vouloir. NIais il est prudent de ne pas rejeter Ie vétementusé avant d'en avoir un autre sous la main, car en restant découverton risque d'étre exposéá tous les vents qui passent. Deuenez cles hommes. - Avant de songer á devenir des avocats, des ingénieurs, des industriels, des commergants,il faut devenir des hommes,des étres qui savent penser, sentir, juger par eu:r-mémes.Et cela, non pas en imitant quelquepersonnage d'élection, en s'appliquant i jouer un róle, en s'affublant de particularités étrangéres á sa nature, en se donnant des airs et une allure, mais en étant simplementsoi-méme et en vivant ce que l'on est. Il faut plus de couragepour oserétresimplementsoi-méme, qu'il n'en faut pour passer un examen,pour endurerunedouleur et mémepour se battre. On ne marche avec assuranceque si I'on marche sous la direction d'une croyance personnelle et d'une discipline intérieure.
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Oser ne pas faire comme les autres, voill ce qui marque un homme. Si nous avions eu des hommeset non des pantins, des machines ou des filous, nous n'en serionspas oü nous en sommes. Pou,r fornzer la ¡tersonnalíté. - Eduquez votre goüt, aimez les belles choses, appliquez-vousá ce qui possédeunevaleur réelle, fuyezles apparences,le dilettantisme,soyez vrais. Gardez-vousde l'égoisme,de la pose, de l'arrivisme, de l'amour, de I'argent, de la contagion de la mode. Recl¿ercl¿ez ce qui est réel. - Le travail n'est pas tout, le plaisir n'est pas tout. La vie n'est ni dans le travail, ni dans le plaisir, vous n'étes nides machines,ni des poupées.La vie est dansles momentsd'émotion, de souffrance,de bonheurvéritable. Prenezde bonnes l¿abítudes.- Le mérile est fait d'un peu de bonne volonté et de beaucoup de bonnes habitudes. On peut assouplir son áme comme on assouplit son &rps, s'habituer á penser aux autres, á rendre service, ir étre bon, á voirles choses sous leur meilleur jour, á réfléchir avec iusüesse,á dire la vérité, á agir avecexactitude, ü prendre goüt aux belles chosesct á
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ce qui est médiocre, comme oa prend -é.liú-.I l'habitude de se lever le matin, rie ,e' ,oucher le soir. Dans une usine, on confie au travail des machinestout ce qui peut se faire autornatiquement:c'.estune déchargede forceet de une épargne de main_d'cuvre que -t.r*pu, I'on peut utiliser pour des ouvrages plus ímportanls. Ce.qui noüs en coüte auiour_ d'hui, se fera demain sans qu,on y pén"", pendant que I'on songe á d'autres lho..* plus agróables.L'exercicedes bonneshabi_ tudesnous dispensede la préoccupationdes petites choses: c'est une libération de l,es_ prit. Pius les devoirs pratiques nous en_ nuient, plus nous devrionsnous appliqueri les remplir machinalementet sans iot".rr*.rtion d'áme.La jeunessea le mépris du dé_ tail, cependantplus on s'en dispensepour s'en débarrasser,plus iI se changeuo putit* ennuis qui nousharcélentau point d'encombrer mémela voie royale. le respectcle vou,s-nzénte. -Ne gas* .lU"" pillez pas votre creur. Ayez le respej el l'adorationde I'amour. Neu{ fois ,rr" }i* 1"" amoursnuisentá I'amour. Et l,on perd.d.ans les petitesilassionset les petibsplaisirs la
A LA JE U N E S S E
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capacité et le goüt du grand bonheur. Dactrezréserver vos meilleures forces pour les grandes heures de la vie. C" qoi .roient tard, n'en vient que mieux nous trouve "t ptus aptes á en jouir consciemment. L,attente et Ia privationdévelopper_rt dans l,homme des qualirés viriles, t"nii" 'q;;;; iJirru" aller sans discernement,exasiére les émo_ tions sans les nourrir. lV. l"iJ-rr, fu poussiéredesroutesenvahirvotre ¡"rn"i, satctuai"e, restezpropres mémeau milieu des déborde_ menüset des folies d,unejeunesse intense. Ayez le sentintent du'rtepoír. -: On uoo, pris.:religion,morale,honneur, idéal. iT"t Liera est déconceltant,mais il n,y a pas de guoi désespérer. Nous avonsdü nous adapter péniblement &.uxformes courantes.rnrrl orr.l., t^ , . -rl
derai"e Joil;ffi; ",1T.:T:i,i?,i*T; porter I' uni fol ,me commr) t ) . , ^, , " ; ^, , .
üo*p..*u;;;'l; i"".#iT' #n,T"T:: sure..-Maisplus on est
responsablede soi, ptrusil far¡t étre consciencie"", fr"Á¡f., á¿.int¡:resse.Cai en étant son propre ¡,riu oo ti*qu1 davanfagede se troüpu", .i {o"nO ons'.,lrontpuc'cst pius grave. Gc¡de:-uot¿sde l,orgueíl et cle l,égotsme.
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A U SEUIL D.UN M ONDE NOUYEAU
- Vous savez plus que n'a su la jeunesse des siécles passés. Mais étre avancé pour son áge, ce n'est pas tout savoir, tout pouvoir, méme gouverner les étoiles et ren' verser les lois séculaires.De savoir que I'on saitbeaucoup, á croire que I'on peut tout, il n'y a qu'un pas; de croire que I'on peut tout, á rapporüer tout il soi, il n'y a qu'un autre pas. Ayez le courage de la souffrance. Ce n'est pas parce que nous avons mal sacrifié á des chosesinutiles, que le sacri' fice a moins de valeur. Rien de grand ne peut naitre ni subsistersans lui. Le sacrifice que uous ne faisons pas volontairement, Ia vie, tóü ou tard, nous l'impose. La souf' france est á la base de tout progrés; sans elle, notre áme ne se débalrasselaitjamais de ce qui lui est étranger et du bagage des médiocritésdont la vie I'a affubléea son in' su. La souffranceest l'éperon qui nous fait mouter de degré en degré les échelonsdu devenir; sans elle nous serions peut-étre heureux, sans elle nous ne connaitrions ia' mais l'évolution du bonheur. Respectezce qui est sacré. - Sans doute 'r¡ous avez raisou de vouloir tout éprouver ;
A I"A, JEIJNDSSE
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mais plenez garde qu,en dépeusanttrop vite votre,capital, vou* n'aniviá2, á étre plo.uo" gr,rand. vous.sexez,vieux. Dépensezulrl" *ngesse, avec rnodération,pour ce qui en vaut la peirre. Gardez votla áme intacte," Car ce qui est conüenu.,, seulndevient forú, et rien n'égale la joie du ce.un sevré. Tout n'es,t ¡r,asfait pour éúre donnénet c,est cle ce que vous, n.'avezpu donner á personne que vo{rs vivrez.un jourNe ntéprisezpas la prud;ence.__ Jeunesse ardente et, généreuse" qui sernez volre or comrre une grande darneprodigua, n,oubliez pas-qu'il y a des voleurs I Je.u¡¡esse euivrée et folle, qui láchez la brid.e et r.euvelsez _ l'obstacle, pr.enezgarde gue clans ]e d.ébordement du fleuve vous ne vous noiiez á voú¡e tour I Car il est un,e usure irréparable. qui vient de l'épuisement prérntrturA de la vie. L'*mc a beau s'élcver clansI'espace, si elle B tnasure pas soo_vol, elle échouera d.ans l* f¡{ni¡¡e-J eulesse avide,,gui ave, vo"l-u tout ü*ry{}rr!üout posséder,qü saitsi vous connai, ,
rü *o yieillissarrtet douúI'appétit évolué sa_ ,rM
eü flruüaissance de .áur.,
á l,abri de
ioa,lusfruits immorielsdelavie! 8
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AU sEUIL D'uN Moxpr
NoIJvEAU
Osezvivre. - J'¡¡i¡¡g,ó jeunesse,vos réves chimériques,vos élansaudacieux,votre mépris de I'obstacle; vos gestessuperbesqui peuvent tout embrasseret votre port de roi qui dominelesmondes.J'aimevotre foi naive en la beauté que vous croyez découvrir a chaquepas, au bonheurque vous mesurezá. la flamme de votre ceur. J'aimele pieux respect qui arréte vos pas au seuil des temples silencieuxet votre sainterévolte en présence de l'injustice. Allez, aimez, croyez,espérez encore.L'illusion esüle chant qui berce nos beaux réves. Peut-étre vaut-il nieux en accepterl'humble mensongeque de vouloír l'implacable lumiére qui brüle nos ailes. Peut-étretrouverez-vous,en joüant, la clef d'or que nous avions mis tant d'annéesá. forger et vous suffira-t-il de regarder en souriant, pour découvrir l'étoile que notre raison a cherchéedans la nuit. Peut-étre qu'un jour, €n nous disant le secret du bonheur, résoudrez-vousle probléme de I'inexprimable vérité.
I'IMMORTAtiTE Notre croyanceen la survivancedesélres, est basée sur Ie témoignagedu bon sens, Ies preuvesde la scienceet sur.toutsur.l,ex. périencede la vie de l'áme. Témoignage du bcn sens. Le bon sensest une faculté Lien humaine, qui échappegénéralementá toute illusion *ent.ilnentalecomnreá toute influence extériture. C'e-"tune pielre de toucheá laquelle ffimwspl)t¡\-clnsóprourrer,froidement et sans g,mu&nt* de nous tlomper, la juste valeur cles MÉ et des óvé¡rements. dnns cetteattitude calme et sensée, ÑhMi l,¡mgprdetutuur clenoi et je coustute que l¿ nature ne se perti, que touü s'y ,1l* +* geü,r uüs 0r'olution lente eü gra-
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A U SiiUIL D U} i NIO.NDENOUVEAU
duée,la matiére anciennearri¡,éeir matulité préparant et suscitant la matiér'enouvelle; le printemps sort de l'hiver, la fleur de la graine, le papillon de la chrysalide,c'est-ádire que llélément qui constituela beauté, I'essence,I'idéeproprementdite, se perpétue á travers le sacrificede ce qui n'eu était que I'enveloppepassagére. Je considéreles événementset la vie des hommes,et ma raison se refuse á admettre f,ant de souffrancesinjustes, de réves inachevés, d'reuvres"incomplétes, de devenirs interrompus, de trésors inutilisés, dont la fin définitive serait insenséeet contraire á I'ordrelogiquedes choses,s'ils ne trouvaienf leur achér'ement,leur compensationet leur applicationailleuls. Je pllpe mon cceur qui a aimé et qui m'al'firme clue I'amour qui subsiste a travers lir tlistance, rnalgr'éle silence et lJe tem¡rset en tiépit méme de I'anéantissement de la matiüre,n'aurait pas de raison d'étre; s'il ne r'épondaiti une réalité éternelle.Oar il esl impossil¡led'atlmettreque Ia sagesse invisible, réfléchie, logique et conséquente que je retrouve dans les moindres lois de I'univers, deviennetout á coup, alors qu'il
t-tt tt¡nto rt'l,t LrrÉ
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s'agit du ploblt)mole plus émouvant de la cr'éation,iuconsór¡ucnl,e, insenséee[,crudlle au point d¿ cr.óerdans le seul but de dé_ truire. Et je me demirndepourquoi cesconStatations de la saine raison humaine auraient rnoinsde poids quarrclil s'agit des réalités itr¡mcrtelles,que lorsqou uo"o, basons nos certitudes telreslres sur des ex¡rériences souventbien moiüsconvaincanLes. [,es lois rle la nature resteltt pariout et toujours fidéles tr elles-mémur, il est peu "f probable que la graut{e roue dcs destin¿es universelics, dont le systérno consis,teá faire sortir l'effet naturellement,in{aillible_ ment et i I'heurepr,écisede sa cause.suspendeson mécanismc,par.ceque, á un moment donné,nous ne pouvorrsplus suivre sa coursetranscendentale. Au co¡rtraire,n'est-il pas beaucoupplus , lqgir¡ue d'admettre qon éu qui s'est passé lei, .** plrsser.a aussi et p"rulUu*"nt Le_¡as ** *gnr*h* ririsonsqui ont déterminénos ex_ y*rrü*ure*terrr:stres, peuvent, sans craindre {*. nr*ustromper,s'appliquerégalementh nos pttri*isns d'outrc -tombe.
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Aü snulr- o'ux MONDENouvEAU
Preuvesscientiliques S'il est un domaine oü les preuves de l'irnmortalité s'accumulentde jour en jour, c'estbien rlanscelui de la science.Les réen particulierclela méde' ceutesdécouvertr:s, cine, de la métapsychiqueet de I'occultisme, ne sont-ellespas venuesébranler labase de nos édifices matériels les mieux établis, nous invi[ant, sous menace de construire dans Ie vide, á procéderá une révision totale de nos principes scientifiques traditionnels? - Parmi les inuomLa nzétapsychíqu.e. tentées par les savants brables expériences de tous les pays, tels que Flammarion, le docteur Geley, xIe1,ers,etc., dont le sérieux et labonne foi ne laissentplus I'ombre d'un doute et dont la < Sociétédes Sciencespsychiques> d¿ Paris et de Londres nous ont donné les surprenantsrapports, je ne veux en citer qu'uneseule,parcequ'elleme semble contenir Ia preuve Ia plus palpable de la survivance, je veur parler de I'expérience de dédoublementou de I'extériorisation. Le corps astral. - Le ptocédé est trop
r,'ruuont,urrÉ
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connu pour nécessiterbeaucoup d'explications. Pendantque le sujet est plongé dans un sommeil narcotique, on parvient á extraire de son corps physiqueet á maintenir i distance, pendant un temps plus ou moins long, un autre corps paleil au premier, mais d'essenceéthérique, assezdense cependantpour que I'assistance puisse le voir, le toucher et méme le photographier. Ce corps astral qui est comm" l'enveloppe de l'áme, échappeá toutesles lois naturelles de lapesanteur,dela densité;il peutapparaiúre et disparaitre, grandir et diminuer, se transporter invariablementet sansvéhicule á travers le bois et le fer et subsisteren dehors des{onctions de notre corps animal. T,{ousdevons donc logiquementen conclure gu"il échapperaégalement aux conditions inhérentes á notre vie terrestre : la VieitIa morü, la décomposition. Il nous Xs,sse, &nisse entrevoir la possibilité d'une durée infi,r¡ie. ñc nombreuses expériencesrprises sur ,fu ltte de rnorts, prouventque le corps as"{tr*} esü si peu dépendant de notre corps mmldri*I, gu'il se consolide en proportion S*r !'cx inction de nos organes charnels,
tzO
au sEUrL ,ni't¡lc uor\Dx NouvEAü
auxguels, au mornentd.ela mort, il ne tient plus que par quelques fils lumineux qui slallongentet ,se détachentavec le dernier souffle. Les apparitions de tous les temps, selles de Jésus marchant sur tres*uo" mornent ",, oü il pense á ses amis en détresse, ont toujo'urs eu lieu au moment oü la pers.onne matérielle se t¡ouve absorbée dans ses pen_ sées,en réve, évanouieou morte. Si'le c-orpséthérique s'atfirrReen prqpor. tion de llextinction des fonction* *rri-",I"*, il,est probable qu'il prendra tout son essor des qu'il ne trouvera plus d,obsüacledans la rÉsistancedu eor,psterrestre. Duns la méilecíne. La pensée créatríce d,e la matiére. -Les expériencesnotéespar le ProfeseeurSchleieh, dans son traitement de l'hystérie, établissentd,une fagon frappante la puissancede la pensee.Il cite entre autl'es les cas suivants : Une dame hystérique cause tranquil,lernent avec lu,i, tout á coup ,etrles,effra¡re, croit entendre le bourdonnernent .d'rine abeille dans la chambre et s'irnagine qu.e I'insecte imaginaire, qui n'est autre qu\rn ventilateur en moüvernent, pourrait la pi-
lrnnuontllnÉ
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gr*: a la figure. Aussi'tót sa paupiérv droite s'enflamr,ne et se gonfle á vue d'eil. {Jne autre fois c'est une jeune fille; eille se croit enceinteet son corps, pendant ne.uf moisoprésentei ce poiut tous las symptómes de la grossessegu'elle déjoue lej observations les plus rigoureus.esde plusieurs rnédecins experts. Un sous'-offieier, atteint pendantla guene -d'une grave fract¡rre du bris, finit. au bout de trois mois de lazaret, par étre complétement guéri, au point de pouvoir dis,braire sesloisirs en jouant de l,harmonica.Un beau jour, un autre soldat, trlesséá la téte. ,est déposésur un lit voisin. Le médecinliex*mine et diagnostiqueimprudemmentun cas éventuelde téfanos,ce qui du reste fut dé_ melti plus tard. Aussitótnotre sous-officier, gai et florissant, est repris de fiévre et rna_ nifeste tles symptómes de tétanos. On no parvient qu'á grand'peineá le sauver. L' au t osuggest ío n peat provoquer toute es_ pécede maladies, la catalepsie,et méme la mort réelle. IJn marchand, blessé au doigt par une ¡tlume, se croit atteint d,un empoisonnement du srng. Il court d'un médeciná I'autre. Ies
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AI; SEUIL L ' ' UN M ONDE NOUVE.{,U
r-tl:lt ¡l otrr¡Llr
suppliantde lui ampuüerle bras avant qu,il r:it tlop tar.d.On I'examine: nulle trace i:. d'rnflammation, de gonllement, de tempé_ rature, á peirre une égratignure insignifiante. On le renvoie""her"loi. li désespéré.Le lendemainon le úrouve "urrt"u mort tlans son lit. nfort pal auto_sugEestion. La faculté de módecinede lY,ini_rersité de Montpellier informe un meurtlier condamné á mort, qu'on va I'exécuter en versant son sang par une incisio¡r de la glande artére. On lui bande les yeux, on lui fait au cou une imperceptible piqüre, tout en faisant jouer á ses cótésune- petite fo.rtaine, doni I'eau rejaillit dans un bássin. Le conjamné croyant enbendrecouler sotl sang expire au bout de peu d'instanüs. Scirleicha eu des clients qui pouvaient proyoquera volorité une fiévre de plus de 40 dcgrés.llabille cite tles cas cl'hémorragie sorfant,de la peau intacte. eue l,on se ra¡rpellele miracle des stigmates, répété plusieurs fois depuis saint Frangoi, ¿ Ar_ srse, et constatérécemmenüencorechez le céléb-rePadre l)io, prés de Naples. Il faut encoreciter les guérisons par ltyp_ notísme, les phénoménesde UtApithíe"ryí
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permetten[á la penséede se mauifesterá drstance d'une faqon visible, auditive eü méme tangible, pour se rendre compte d.e la to_uteluissancede la pensee,qui ne dé_ pend ptrs de la ¡natié." ,r" peut étle limitée á i'étroit espacede"t notre cráne, mais qur rayonne par elle-méme,influe. modifie et créeá volontéla matióre. < Nouspouvonsétablir aveceertitude,qu,il existe une vision sans yeux, une oure sans oreilles et presqueunepenséesanscerveau)), le prouvent certainesopérationsde :omme la téte, tentéespendantla guerre, oü I'on a pu extraire par cuillerées la matiére cérébrale sans atténuer le moins du mond.eIa pcnséedu mnlade. Eu..fait, on ne peut citer auclln organe , dont l'extraction parvienilrait á causer"un donmageréel á ltárne.Le professeurBecker a établi que la mémoire peut étre exclusi_ t:,t:"l psychique et qu'il existe une pensee indépendantede toute matiére. Et ii résult,edes expérierrcesde l(otik, cl'Ochoro_ vrtz du professeurJomokiche Tukevrai, que -et la penséepossédeuue force de réalité si purssantequ'on est parvenuá reproduireses ¡ntnifestationssur laplaquephotágraphique.
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AU sEUrL D'uN MoNur NouvEAU
< Nous sonlmss, s'écrie le professotrr Schleich,comme,enpráse,nce du miracle d¡r monde, car nrousa\ronsici sous les yeux I.a preuve que l'itdée peut réellenz.ent.clevenír p'|lastique et qu',un lzísust'ormatiuus dirige le úissagedu grand tapis de la vie ; du reste, la foi de Platon ryi 'dit : < Au comrrencement éiait I'idtie,,ellecré¿rla matiére>, cell.e tle Hans 'l¡onBulolv qui déclarc: < Au comurencementétait le rytlime > ,et I'admirable parole de la Bible qui nous ¡rffirme qu' < Au com,illencement était le verbe > (le logos)ne seraien,t-elles pas des variationsde la,méme eroyanceen la penséecréatriced'une formo viva'¡l.te,!
et le colps < son palais > termine son ouvrage en disant : < La mort est une aberration humaine.
r,'tMMonr¡.LI'tú
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car étre homme c'est étre l'incarnation dlunc idée. Or tou,teidée est imrnortelle,.I L'occultísme. - S'il faut en croire le témoignage des messagesd'outre'tombe-et pourquoi les dédaignel'et,refuser de les solrr¡r'ettrs au contróIe de, notre bon sens, du rnomentqu'ils ne sont pas en désaccordavee oette, intuition mystérieuse et presque infaillible du ceur, qui, en présencede chaque vérité, nous dit : < c?estainsi !. > - á. en croire, dis-je, cestémoignagestoutá la fois étranges et lamiliers, la rnor,tne serai'tqulun incident assezordinaire, tel qu'il en arrive fréquernmentdans tra vie, pr:ovoquépar uue de plus' otr foroe extérieure, acco.rnpagaé, moins de souffrances. d'un sentiment,d:anéantissement,mais qui ne changel'ien au coürs de notre existenceconsciente,ni au sontiment de notre identifé, et á;la suite duquel nous attendonsle réveil,aussiinaturellement Er'aprés un long évanouissementnous.re. prenons contact avec lá vie active eb inintcrrrrmpue du dehors. Iles lirres tels que < Letterg of a Living de¿d ¡nan ' et < Prir-ateDowding >, s'ils ne s*t¡t püs des produits authentiques d'outreilontienne¡rt'en tout cas des avertis' ü,immm$nq,
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A U SEUIL D' UN M ONDE NOUVEAU
semerts si sincéreset si précieux qu'ils ne peuvent étre qu'un réconfort á toute áme vacillante. On y raconteI'histoire d'un jeune homme tombé á la guerre eb qui, au moyen de l'écriture automatique, décrit les sensations de sa mort. Il était embuscluéau coin d'une forét; la soirée était belle, il regardait au loin, sanséprouverle moindre sentiment de danger immédiat.Soudain il pergoit le sifflement d'une balle, puis une explosioná peu de distancederriére lui. !Jn choc violent le frappe á la nuc¡ue,c'est le seul incident désagréabledont il puisse se souvenir; il se sent tomber á terre e[ aussitót, sans l'intervalle d'un moment d'inconscience,il voit son proprecorps ébenduá ses pieds. Le bruiü de la bataille continue autour de lui, il ententl distinctementle grondementdu ctnon, maisii I'entendcommeen un l'éveebse tlit : r, Je vais tout á l'heureme réveiller, puis il faudra retourner á la tranchée.> ll voit alors venir deux infirmiers qui déposentson corp.s sur un brancard,il les les aidantpar moment suit automatiquemenü. mais comme,au leur fardeau, lourd á porter bout d'un certain temps de marche, ils sem-
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blent s'acquitterfacilcmcnüdeleur besogne, il les laisse continuer seuls et demeure en arriére sur la roubo.Ce n'est que plus tard et peu á peu, pnr l'éloignernentméme de son enveloppeterrestre, qu'il par.vientá se rendre compter¡u'il vient de passer de son corps animal dans solt corps astr¿ll.< Ileaucoup de camaracles,ajoute-t-il, s'en sont allés ainsi, sal]s se douter de ce qui leur était arrivé > . Destémoignages commecelui-ciet comme tant tl'autres, recueillis de la bouche des médiums, ne constituentsans doutepas des preuves concluantes,ils demandentá étre examilés avec prudence, mais ils méritent assurémentnotle attention.et le nratérialiste commeIe lanatiquerllui par principeles reiettent á priori, risquent de sefermervolonl*irement ce qui pourrait bien étre une ¡rorte de sortie que Dieu, dans les époques fu grnnde détresse,ouvre á notre foi vacil¿ast€. In térnoignageintérieur. trtiousaurons beau consulter la raison, multiplier les découverüesde la science,
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sondcr I'ancienne sagesseet' int'erroger les rnystüres des leligions' ees'preuvcsne nous convaincront d'imr'nortalité que poul autant gu'elles seront eonti,r:méespar Ie tónoignngu intérieur. Nous pouvons nous effor' iur. dlu.pé".r, de comprendre,de croire, nous ou.* ouór.,lamais. Car la seule preuve irréfutable cteIa vie étennellane se trouve qu'en nous. Toute cotwiction qui s'appuie sur dm raisons extérieures est sr{etfe aux fluctuations du rnoncle apparent et risque d'ét¡'e renverséeau moindre souffle contradictoire' C'est la conscienceque aous avons de Ia vie de.I'áme, de sa réalitá, de ses forces,de ses lo,is,,.de son essence,qui nous'donne la certituáe de sa d'urée. Celui Eri s'est senti vivle dans son áme s'est senti vivre dans Iléteruité, tout contme celui qui palpe son corps sait qu'il fait partie elu r:égneanimal En dehors ie la connaissa¡¡cede la vie de l'áme, il n'y a pas de certitude immortelle'' Le cloutesur I'avenir ne provient que d'une connaissanceimparfaite du puésent'Car Ia conquétedeI'immortalité s'opéreici-b,as, tout colnmecelle des biens de la terre' Ces sentiments peuvent paraitre confus á qui n'a
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pas I'habitutle d'dcouterles voix intérieures, ils sont déterminantspour I'iniúié. Forcesincoutróléesde Ia nature L'immorúalit¿ de notre étre, comme le nrondeimmortel qui nous entoure, ne Deuvent étre perguspar ies faculúésd.r'"urv"a.l. Nos orgaues visibles ne s,ad.aptentgu,aux chosesvisibles, Mais comme il'existe^ d.ans la naturedesforcesinexplorées,_ les découvertes de i'élecúricité,du radium, des vibrations.atmosphériquesclu télégraphesans fil oevarent palaitre folie á qui ne connaissiiü sücoreque le gazet la vapeur _ il exisLede rü&rne,dans la vie psychique,clesfacullésincünrrüesqui attendent, comme le radium au lit des sourcessolitaires, qu,un hasard, une uúaessité,u¡r désir supérieur,les révélenüá l'ait¿ntion du passant. lfiaie les désirs des hommes dépassentsi rnffimenüIa zonedesjouissancesmatérielles guo les perlesmagiques du mond.espirituel risguent de dormir encorelongtemps áu foncl des mer* iuexplorées.Chez i'o.iJntal, clcnt le tenpúramenü est plus porté vers les ¿boses invisibles, les facult¿s sul:cons_