L'éducation de Saint Paul Abbé Régis Spinoza
« Saul de Tarse, Hébreu fils d'hébreux, citoyen romain. » - juif, sang de son sang - de culture grecque (Tarse) - citoyen qui lui donnait le droit de cité (Rome). Saint Paul est appelé l'apôtre des gentils, c'est à dire des peuples païens (romains et grecs essentiellement). Il est « un instrument que j'ai choisi pour porter mon nom devant les nations. » (Acte IX, 15). Les épîtres de Saint Paul témoignent de la dimension universelle du Christianisme qui ne se limite plus au peuple hébreu mais à tout l'univers. A Tarse Son père, citoyen romain, (Acte XXII, 28) souhaitait que son Fils, Saul, reçoive une éducation solide. Il la commença à Tarse. Il apprit l'araméen qu'il parlait couramment (Acte XXI, 40 et XXII, 2). L'école de Tarse était réputée. On y étudiait les lettres, les sciences et surtout la philosophie. Il étudia également le grec, la langue courante du pays. Sa culture grecque donnera à sa pensée, transmise dans ses épîtres, une souplesse intellectuelle peu connue chez les sémites (juifs). A Jérusalem. Il poursuivra son éducation dans la Ville Sainte où il va suivre les leçons du Maître (Rabbi) Gamaliel (Acte, XXII, 3 ; XXVI, 4). Nous ne savons à quel âge. Le programme des études juives d'après les traditions rabbiniques est le suivant : - A 5 ans, le jeune israélite devait lire l'écriture. - A 10 ans, il étudiait la Mishna - A 13 ans, observer les préceptes - A 15 ans étudier le Talmud, c'est-à-dire les commentaires de la Loi. - A 18 ans, le mariage.
Ainsi, il est probable que saint Paul ait rejoint Jérusalem à 13 ou 14 ans. Il partait à Jérusalem pour préparer sa carrière de scribe qui vouaient leur vie à l'étude de la Bible. Gamaliel était certainement un des docteurs de la Loi le plus réputé. Il était défini comme un homme sage et tolérant, très ouvert auprès des païens (surtout les grecs) et même à l'endroit des apôtres. Cela ne diminuait en rien sa notoriété de savant auprès des juifs. Certaines hypothèses affirment que Saul fait la connaissance à Jérusalem de saint Barnabé et Etienne, premier martyr de l'Eglise. L'enseignement juif A cette époque, l'enseignement consistait non pas à prendre des notes mais à répéter ce qui avait été reçu de vive voix par le maître. En premier lieu, le maître dispensait la leçon puis il interrogeait ses élèves et répondait à leur question pour ensuite engager des petits débats entre eux. De l'adolescence de Saul, nous ne savons rien ou peu si ce n'est qu'il surpassait tous ses compagnons d'âge par la ferveur de son judaïsme exalté *. Il était pharisien et s'en faisait gloire. Il affichait son rigorisme et se montrait fier de suivre en tout la plus stricte observance de la Loi. Les pharisiens n'étaient pas un clan politique ni une secte mais une sorte d'élite religieuse soucieuse de respecter la Loi et ses traditions et préconisaient une théocratie qui se définit comme le règne de Dieu sur terre. Rigoristes, du vendredi soir au samedi soir, ils s'interdisaient toutes activités même les plus élémentaires comme par exemple soigner les malades qui n'étaient pas en danger de mort ! Tout cela au nom des interprétations de la Loi. A vingt ans, Saul revient dans sa ville natale. Saul n'a pas connu Jésus à Jérusalem. L'école des scribes terminée, des affaires de sa famille le rappelèrent dans sa ville natale. Le jeune pharisien compléta certainement son instruction, à Tarse, soit en fréquentant quelques écoles, soit surtout par l'observation, en effectuant un travail personnel de réflexion. D'après les Actes des Apôtres et les épîtres, le pharisien rigide qu'il était ne perdait rien de son fanatisme malgré son séjour à Tarse. Quand il revint à Jérusalem, peu de temps après la Passion, ce fut pour s'en fixer à demeure. Il avait alors atteint ou passé la trentaine, l'âge de la pleine virilité, selon la sentence des Pères, l'âge requis pour les honneurs et les fonctions publiques. *Epître aux Galates I,14. Dans le chapitre VII de son épitre aux Romains, S. Paul affirme que seule « la grâce du Christ » pouvait le libérer du joug de la Loi et de ses interprétations.