Comment le sauvetage des banques aggrave la crise Analyse postée le 28 Avril 2009 sur http://www.daily-bourse.fr/
Partie 1: Le point sur l'exposition aux risques Cinq des plus grandes banques US sont détentrices de la majeure partie des actifs toxiques. Geithner, le secrétaire d'état américain aux finances, dont il convient de rappeler qu'il avait fraudé le fisc américain (http://www.e24.fr/economie/monde/article44258.ece) avant d'entrer en fonction, tente de dissimuler le fait que ces 5 banques sont les plus fragiles et les plus exposées, alors qu'il avait expliqué publiquement qu'il ne viendrait pas en aide aux banques les moins solides. Bien que des mécanismes de démantèlement de ces établissements soient prévus par la loi, Geithner tout comme Obama se refusent à y recourir, retardant et aggravant tout à la fois les conséquences économiques de la faillite du système bancaire. Car c'est bien d'une liquidation en règle dont il faut parler, qui est clairement visible à la lecture du graphe du secteur bancaire.
Les plus grandes banques sont aussi les plus exposées au risque Comme le rapporte globalresearch.ca, lorsque Geithner, le secrétaire d'état américain aux finances s'est expliqué à la télévision, il a déclaré qu'il ne ferait pas d'effort en faveur des banques les plus faibles, mais tenterait de renforcer le système bancaire en apportant une aide aux établissement les plus solides. Le secret de Geithner est que ce sont seulement quelques établissements bancaires, qui sont en fait les 5 plus grandes banques américaines (plus l'anglaise HSBC), détentrices de la presque totalité des actifs toxiques, qu'il essaye de sauver, alors que ces banques sont en fait les plus faibles justement du fait de ces détentions. Une exposition massive aux actifs pourris Ces actifs toxiques, que Warren Buffet a qualifié d'armes de destruction financière massive, sont notamment des dérivés hors bilan, et tous les dérivés "OTC", dont font notamment partie les trop fameux CDS, pour Credit Default Swaps. Le montant de ces CDS, publié tous les trimestres n'est malheuresement pas encore mis-à-jour sur le site isda.org, et l'on est en droit de se demander si ce retard n'est pas, de fait, le résultat du souhait de camoufler une évolution dramatique depuis l'été dernier, alors que leur montant total s'était effondré de $5,6 trillions (5600 milliards) ou encore:
5 600 000 000 000 000 $ soit environ 1/3 de la valeur du PIB des USA, au cours du premier semestre 2008
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Un mensonge sur le risque bancaire En clair, la solidité des banques est fallacieusement présentée comme proportionnelle à leur taille selon le principe immuable du "Too big to fail", alors que la proposition devrait être inversée. Si ces banques doivent être sauvegardées, c'est parce qu'elles font partie du cartel de la Fed et qu'elles tiennent les rennes du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique cf http://www.theatlantic.com/doc/200905/imf-advice. Selon les données officielles du "Federal Office of Comptroller of the Currency’s Quarterly Report on Bank Trading and Derivatives Activity", les 5 banques en question détiennent 96% de tous les produits dérivés en valeur nominale, mais supportent également 81% de l'exposition totale nette au risque de crédit en cas de défaillance. Ces cinq banques sont par ordre décroissant du montant des dérivés détenus: 1. 2. 3. 4. 5. 6.
JPMorgan Chase : $ 88 000 milliards (ou 88 trillions) Bank of America : $ 38 000 milliards Citibank : $ 32 000 milliards Goldman Sachs : $ 30 000 milliards Wells Fargo-Wachovia Bank: $ 5 000 milliards HSBC Bank USA : $ 3 700 milliards
Le sauvetage de AIG, qui a absorbé $180 milliards, a surtout servi à honorer les engagements des CDS d'AIG visà-vis de ses contreparties: Goldman Sachs, Citigroup, JP Morgan Chase et Bank of America. Ces 5 institutions s'imaginent à ce jour être tellement importantes qu'elles sont en mesure de dicter la politique économique du gouvernement fédéral des Etats-Unis. La solution existe pourtant Il existe pourtant une loi qui permettrait de s'affranchir du problème d'insolvabilité des banques, et qui consisterait à les mettre sous administration judiciaire, afin d'effectuer un audit qui permettrait de faire le tri dans les actifs et le passif de ces établissements. La direction irresponsable est renvoyée, les actionnaires sont spoliés, puis les banques sont fractionnées en des unités plus petites, qui peuvent ensuite être revendues le jour ou elles deviennent rentables. Le pouvoir qu'on ces banques à exercé un chantage sur le pays, et l'économie toute entière, serait ainsi réduit de manière significative. Le sauvetage des banques aggrave le problème Selon F. William Engdahl, c'est préciseraient ce que Geithner tente d'éviter par tous les moyens, alors que le cancer financier est concentré au sein de ces cinq banques, et qu'il est impératif de l'isoler afin que son hôte, l'économie réelle, puisse se rétablir. Chaque heure perdue par l'administration Obama à mettre cette procédure en application a un coût énorme pour l'économie mondiale, avec un effet boule de neige qui s'amplifiera au fur et à mesure que les pertes sur les dérivés hors bilan s'aggraveront. Cette évolution programmée aura pour conséquences toujours plus de faillites d'entreprises, de défaillances hypothécaires, et une hausse ininterrompue du chômage, alors qu'elle est la conséquence de la politique délibérément conduite par Geithner et le président Obama, qu'ils aient ou non pris le temps de saisir ce que leur décisions implique.
Une liquidation en règle Pour prendre la mesure des problèmes qui pèsent sur le système bancaire, on ne peut que constater la différence dans l'évolution de son indice de référence, avec celui d'un indice majeur large comme par exemple le SP500: • La faiblesse relative de l'indice SP500 était latente durant la remontée des cours de 2003 à 2007 (cinq bougies vertes successives sur l'échelle annuelle) puisque ni le Macd, ni le Stochastique ne redressaient suffisamment la tête. • La chute brutale en 2008 a donc mis en place des divergences baissières (traits rouges) qui annoncent un objectif technique clair (flèche rouge) • L'indice a perdu 57,7% de sa valorisation totale jusqu'à son récent rebond. • Celui-ci s'est mis en place par le biais de divergences haussières hebdomadaires (traits bleus) • La tendance hebdomadaire est neutre depuis trois semaines.
On peut donc conclure que les évolutions du SP500 (c'est-à-dire des indices en général) suivent des règles graphiques conventionnelles.
Ce n'est pas contre pas le cas des banques comme le reflète le Philadelphia Bank Index: • Aucun signe technique précurseur n'était visible sur l'échelle annuelle avant l'effondrement brutal qui a démarré en 2007. • L'indice a perdu plus de 85% de sa valeur entre son sommet de 2007 et le point bas de Février 2009. • Malgré cette chute considérable, on observe tout juste une divergence stochastique hebdomadaire, ce qui caractérise la faiblesse du rebond en cours. • La tendance hebdomadaire reste toujours - bien que faiblement - baissière.
De manière tout à fait claire, la chute du secteur bancaire a tout les aspects d'un évènement techniquement imprévisible, mais qui prend graphiquement la forme de l'éclatement d'une bulle, ceci dans le cadre d'une liquidation en règle du secteur. La cause de cet effondrement ne peut donc qu'être fondamentalement inhérente au système, dont les problèmes sont loin d'être résolus.
Le système financier mondial court un risque majeur Le secteur bancaire ne doit actuellement son salut qu'aux interventions monétaires massives des organismes financiers étatiques, dont les actions ne suffisent même plus à masquer l'étendue du problème, puisqu'elles en sont à permettre aux banques commerciales des manipulations à grande échelle des marchés financiers et de ceux des métaux précieux, comme nous le verrons dans la seconde partie de cette analyse. Liens de lecture complémentaires en français au sujet du plan Geithner et des actifs toxiques: Actifs pourris: pour quelques milliards de plus! http://moktaramablog.over-blog.com/article-29817712.html#marque5 http://www.pauljorion.com/blog/?p=2654
Partie 2: Manipulations boursières ? Les manipulations boursières touchent l'ensemble du marché. Si la plupart des investisseurs espèrent que la hausse actuelle des marchés permettrait d'entrevoir le début de la fin des problèmes économiques, il s'avère que la plupart des volumes traités sont issus de fonds quantiques, dont environ la moitié des volumes traités sur le marché du NYSE sont reliés aux programmes de trading de la banque commerciale Goldman Sachs.Hors volumes de ces fonds quantiques, les marchés montent dans le vide. Cette manipulation haussière des bourses mondiales n'aurait eu comme seule finalité que de permettre à Goldman Sachs de procéder à sa seconde augmentation de capital en sept mois. Pendant que les institutionnels, Goldman Sachs en tête, font monter les marchés dans le vide, les "insiders" vendent à tour de bras comme jamais depuis le début de la baisse des marchés. La fin de la suractivité des programmes de trading, qui pourrait coïncider avec la récente augmentation de capital de Goldman Sachs, pourrait être le prélude à un retournement brutal des marchés financiers.
Comment les fonds quantiques et Goldman Sachs font monter les marchés dans le vide Deux articles récents de Zéro Hedge mettent en évidence que la hausse considérable des programmes de trading des grandes banques commerciales constituent l'essentiel des volumes traités sur les marchés dans la phase actuelle de rebond. Un article très technique du 10 Avril fait le point sur les programmes de trading "quantiques" qui constituent la majeure partie des transactions sur les marchés financiers, très loin devant les achats ou les ventes des clients. Ces échanges s'effectuent à fréquence élevée sur de petit blocs négociés en permanence entre un nombre restreint de fonds quantiques et de programmes de trading. Selon l'auteur de l'article, cet apport de "liquidité" ayant pour but de fluidifer le marché est présenté comme une aberration de marché dans le cadre du "deleveraging" à grande échelle des programmes quantiques, dont l'issue sera un retournement brutal des marchés à échéance de quelques semaines tout au plus. Dans un autre commentaire du 23 Avril, Zero Hedge montre que le programme de trading principal de Goldman Sachs représente, comme au cours des semaines précédentes, plus de cinq fois le nombre de titres négociés par ses clients privés et professionnels, tout en progressant de 150 millions de titres d'une semaine sur l'autre. La somme des volumes négociés par Goldman Sachs représente à lui seul plus la moitié du montant des programmes de toutes les entreprises membres du marché du NYSE.
Augmentation de capital de Goldman Sachs au bout de la hausse de Septembre D'après Stacy-Mary Ishmael, ce rallye serait une manœuvre opérée par Goldman Sachs pour l'essentiel, dans le seul but de mener à bien une opération de recapitalisation récemment effectuée. Comme le rapporte Les Echos, il s'avère que Goldman Sachs avait déjà réalisé une levée de fonds de 10 milliards de $ le 24 Septembre 2008, répartie entre une augmentation de capital de 5 milliards et le soutien financier de Warren Buffet pour le même montant. Le titre Goldman Sachs clôturait à $133 ce jour là, après avoir réalisé un point bas inférieur à 86 $ le 18 Septembre. Le titre s'est maintenue au niveau du prix de l'augmentation de capital pendant quelques jours avant de replonger pour s'enfoncer en dessous de 50$ le 21 Novembre.
On peut rappeler le commentaire de deux gérants de fonds relayés par les échos à cette date: « La valorisation est très bonne et avec ce que met en place le gouvernement pour dégeler les marchés de dette, c'est le meilleur moment pour acheter.» « C'est un vote de confiance sur un plateau d'argent, On ne peut pas faire beaucoup mieux que ça ! » Dans le même temps, Buffet déclarait: « Il n'y a pas plus bel établissement que Goldman à Wall Street, l'entreprise est extrêmement bien gérée » C'est par le biais de sa holding Berkshire Hathaway que Warren Buffet s'est porté acquéreur d'actions préférentielles de Goldman Sachs lui donnant accès à un dividende de 10 % contre l'attribution d'options lui permettant d'acheter 5 milliards de dollars d'actions à n'importe quel moment dans les cinq prochaines années, à 115 dollars par action.
D'ou viennent les profits de Goldman Sachs ? Le 14 Avril, Goldman Sachs annonçait "des résultats bien supérieurs aux attentes, dégageant un bénéfice net de 1,81 milliard de $ au titre de son premier trimestre clos le 29 février après avoir avoir dégagé des revenus record sur les marchés de taux, des changes et des matières premières, comme le rapport La Tribune. Compte tenu de la contraction du crédit bancaire, ces résultats sont forcément issus des programmes quantiques de Goldman Sachs, la question qui se pose réellement étant de savoir à quelles contreparties ces profits ont été prélévés? Une nouvelle augmentation de capital au bout d'une nouvelle hausse? Mais en même temps que Goldman Sachs annonçait ses résultats, la banque déclarait avoir levé 5 milliards de dollars supplémentaires, dans le but affiché de rembourser l'aide reçue du gouvernement dans le cadre du TARP (le plan de sauvegarde des actifs toxiques). Absence de participation des institutionnels mais aussi silence radio de Warren Buffet cette fois-ci, qui se fait diluer dans l'opération, comme l'explique Stacy-Mary Ishmael, qui considère également que cette nouvelle augmentation de capital est essentielle à Goldman Sachs pour se prévenir de pertes futures en raison d'une surévaluation considérable de ses actifs ou du prix de ses propres actions. Le prix de cette nouvelle augmentation de capital pourrait donc selon elle constituer la fin du rallye haussier sur les marchés.
Les insiders liquident leurs positions Dans le même temps, les directeurs et insiders des sociétés américaines profitent de ce rallye haussier le plus puissant depuis 1938 pour se débarrasser de leurs titres au rythme le plus élevé depuis le début de ce marché baissier, comme le rapporte Bloomberg le 24 Avril. Ce communiqué vient confirmer le graphe suivant posté sur un forum de discussion canadien, bien que celui-ci ne soit ni commenté, ni daté:
Et si la fin du rallye était proche? Lorsque ce rallye arrivera à son terme, la rechute a toutes les chances d'être violente, comme je l'exposais encore dans une précédente analyse. La récente augmentation de capital de Goldman Sachs a d'ailleurs peut-être déjà sonné le glas du rallye haussier.
Partie 3: Manipulations sur le comex L'exploitation de données officielles du gouvernement US permet de mettre en évidence que JP Morgan dans le cas de l'argent, et HSBC dans le cas de l'or, sont les deux grands acteurs de la manipulation du prix des métaux précieux sur le marché du COMEX. Ces deux banques ont vendu des positons futures massives pour tenter de contenir le prix de l'or et de l'argent. Alors que l'attrait des investisseurs pour ces métaux précieux n'en est qu'à ses prémices, et que des quantités considérables de devises sont recyclées dans l'achat de métaux précieux, le levier utilisé par ces banques va se retourner contre elles. La hausse de l'or et de l'argent semble inévitable, et scellerait dans ce cas le sordide destin de ces deux banques.
Sur le site marketforceanalysis.com, Adrian Douglas fait une investigation très détaillée de la manipulation du marché des produits dérivés de l'or et de l'argent sur le marché du COMEX. Tout d'abord, qu'est-ce que le COMEX? Il s'agit d'une division du New York Mercantile Exchange (NYMEX), qui consitue le principal marché sur lequel sont négociés des futures et des options sur les métaux précieux. Sur ce marché, les banques commerciales sont presque toujours vendeuses sur l'or et l'argent. L'exploitation des données disponibles depuis le CFTC sur les interventions réalisées sur ce marché révèlent que de Juillet à Novembre 2008, deux banques commerciales ont augmenté leur détention de positions vendeuses sur l'argent de 9 à 99%, et donc en contrôlant pratiquement la totalité des positions vendeuses, ont contrôlé le prix de l'argent, ce qui est illégal.
La corrélation entre ces positions vendeuses et le cours de l'argent est évidente. Sur le graphe suivant, la courbe rouge représentée en échelle inversée correspond aux rapport des positions vendeuses nettes (NS pour "Net Sales") des banques par rapport à l'ensemble des négociants professionnels. La quantité vendue était équivalente à 1/3 de la production minière annuelle.
Dans le cas de l'or, de Juillet à Novembre 2008, trois banques commerciales ont augmenté leur détention de positions vendeuses jusqu'à détenir 66% du total des positions vendeuses des négociants professionnels. Ces 3 banques ont acheté des contrats sur l'or afin de le faire monter, pour mieux le faire baisser ensuite, en détenant une majorité des positions vendeuses, ce qui revient à un contrôle du prix de l'or, ce qui illégal. Ces positions vendeuses était équivalente à 10% de la production d'or annuelle.
Ce sont - encore une fois -, les grandes banques commerciales qui manipulent les marchés des métaux précieux, tout comme ce sont de grandes banques commerciales qui manipulent les marchés financiers, bien que ce ne soit pas forcément les mêmes. Il semblerait que ces établissements se soient distribués les tâches, ou plutôt les sales besognes, de tripotage des marchés.
Qui sont les pirates du COMEX? En exploitant de nouveau les données du CFTC, Adrian Douglas met en évidence que les deux banques principalement impliquées dans ces manipulations ne sont autre que JP Morgan et HSBC, qui détiennent à elles seules une majorité des contrats dérivés OTC (pour "Over The Counter"), des produits négociés de gré à gré. La raison pour laquelle ces deux banques ont manipulé le COMEX est qu'elles détenaient des positions monstrueusement excessives et non régulées de dérivés, qu'elles devaient à tout prix réduire. Par ces interventions sur le COMEX, la réduction de la valeur combinée des détentions des dérivés sur l'or et les métaux précieux a atteint 20 milliards de dollars sur une période de trois mois, de quoi acheter 54% de toute la production annuelle d'or et d'argent. Coïncidence: JP Morgan est le gardien de l'argent qui est supposé être acheté pour le compte du fonds d'investissement SLV, tandis que HSBC est le gardien de l'or qui est supposé être acheté au nom du fonds d'investissement GLB. Le SLV, tout comme le GLB, sont négociés sur les marchés financiers. Ces deux banques ont néanmoins parié à l'aide de dérivés sur des marchés non régulés des montant bien supérieurs aux seules quantités physiques qu'elles ont été en mesure d'acquérir, un comportement bien étrange pour des entités qui sont censées être les garants des dépôts de leurs clients. Bien entendu, ces manipulations, mises en évidence par l'exploitation de rapports gouvernementaux exclusivement, reçoivent l'approbation des autorités financières. Les marchés de l'or et de l'argent ont été bridés depuis plus de 15 ans dans le but de maintenir des taux d'intérêts bas et un dollar fort afin de permettre aux Etats-Unis de vivre au dessus de leurs moyens, selon la conclusion de Douglas. Qui a acheté de l'or? La manipulation du cours de l'or et son incapacité à s'affranchir définitivement de la barrière des 1000 dollars conduit au commentaire maintes fois entendu que le prix de l'or est excessif, et que l'engouement des investisseurs a conduit à la formation d'une bulle. Il convient tout d'abord de remarquer que la proportion de l'or dans les portefeuilles d'investissement est à ce jour quantité pratiquement négligeable. Hormis quelques investisseurs visionnaires, très peu de personnes individuelles ne détiennent physiquement de l'or. Selon plusieurs sources, il apparait que tout au plus 1% de la population du monde occidental aurait réalisé des investissements dans l'or ou l'argent, tandis que la plupart des placement diversifiés ont un taux d'investissement dans l'or de 0%, alors même que des fonds de placement spécialisés commencent seulement à attirer les investisseurs. Cette situation contraste très fortement avec celui d'une bulle sur le point d'imploser, contrairement à ce qui s'est par exemple produit sur le pétrole durant l'été 2008, époque à laquelle il était estimé qu'au moins 60% du prix du pétrole était la conséquence de la spéculation non régulée sur les futures de la part des fonds spéculatifs, des banques et des groupes financiers. Nous sommes actuellement à des lieues d'une situation d'euphorie généralisée et de participation massive de la part des investisseurs en ce qui concerne l'or et les métaux précieux, au contraire de ce qui s'est passé sur l'immobilier ou les actions par exemple. Si beaucoup de personnes parlent de l'or, c'est peut-être pour se rendre intéressantes et montrer qu'elles y connaissent quelque chose, mais bien peu ont réellement franchi le pas et pris la décision tout à fait audacieuse de retirer des billets à la banque pour les échanger contre des pièces ou des lingots. La prochaine fois que quelqu'un vous dit qu'il faut acheter de l'or, posez lui donc la question de savoir s'il y a déjà procédé par lui-même...
Y a-t-il une bulle sur l'or? La comparaison entre la bulle de l'or et celle du pétrole est couramment citée. Pour avoir une vision claire sur ce sujet, j'ai donc représenté côte-à-côte le prix des futures sur ces deux sous-jacents, en étalonnant les deux graphes sur plus ou moins le même type de point bas, celui d'une longue période de congestion qui a pris fin au début des années 2000. J'ai également ajusté l'échelle de la progression du prix en pourcentage. La surprise est grande quand on se rend compte que le pétrole léger avait progressé de plus de 1400% par rapport à son point bas de 1986 (j'aurais aussi pu choisir celui de 1996, qui en est très proche), tandis que l'or a tout juste pris 260% par rapport à son point bas de 2001.
Il apparait très clairement sur le graphe de droite que la spéculation a joué un grand rôle dans l'envolée du prix du pétrole. Ce ne peut être la spéculation qui entraine le prix de l'or à la hausse puisque, comme nous l'avons vu, le prix des métaux précieux est contrôlé par des positions vendeuses pour qu'il ne monte pas. Le phénomène spéculatif joue donc dans le sens inverse de ce qui s'est passé pour le pétrole, et il est donc tout à fait faut de parler de bulle d'un point de vue spéculatif.
L'or, investissement ou placement spéculatif? L'or n'étant actuellement toujours pas considéré comme un placement, il suffirait d'un très faible niveau de réallocations des liquidités en sa faveur de la part des seuls investisseurs les plus fortunés, pour provoquer un impact majeur sur son prix. Ce mouvement a déjà commencé, car comme le rapporte Reuters le 23 Avril, les fonds d'investissement basés sur l'or ont reçu 456 tonnes d'or supplémentaires au cours du seul premier trimestre 2009, contre 321 tonnes pour toute l'année 2008, d'après le World Gold Council.
Dans le même temps, la Chine continue d'accumuler de l'or grâce à ses réserves de dollars US, selon le communiqué du 24 Avril posté sur lesaffaires.com. En six ans, la Chine a ainsi amassé plus de 400 tonnes d’or, soit l’équivalent du montant que le Fonds Monétaire International se propose de vendre lors des trois prochaines années. La Chine serait certainement très intéressée par le rachat de l'or du FMI, plutôt que de conserver des dollars US dont la valeur se déprécie jour après jour. La Chine détiendrait actuellement des devises étrangères pour une valeur d'environ 2300 milliards de dollars, et dont la majeure partie sont effectivement des dollars. Avec cette monnaie, la Chine serait en mesure de se payer d'un seul coup près de 80 000 tonnes d'or. Tandis que les prix futures de l'or sur le COMEX restent modérés, le prix réel du lingot affiche une prime conséquente compte tenu du manque de vendeurs face à une demande forte. Des pénuries semblent se répandre pour ce qui concerne les lingots de petite taille notamment et les pièces.
HSBC, ça va baisser! Dans la première partie de cette analyse, il était expliqué que JP Morgan et HSBC sont dans le classement de tête des banques détentrices de produits dérivés. Les positions vendeuses sur le COMEX en font partie, si je ne m'abuse. Entre le prix des métaux précieux qui ne demande qu'à monter, et les gardiens de ces mêmes métaux par le biais du SLV et du GLB, qui ne détiennent très probablement pas les quantités physiques de métal qu'elles sont censées conserver, il suffirait probablement qu'une proportion modeste d'acheteurs du GLB ou du SLV demande à recevoir la contrepartie physique de leurs avoirs pour mettre ces banques en faillite. Cette faillite pourrait tout aussi bien se produire si le prix de l'or ou de l'argent se mettait à progresser brutalement, comme le démontre le graphe suivant sur lequel on constate que l'évolution du prix de l'or et celui du cours de HSBC sont pratiquement symétriques.
Ces pirates implacables que sont les banques commerciales JP Morgan et HSBC, qui ont vendu des promesses qu'elles ne seront pas en mesure de tenir, finiront par être prises à leur propre piège. Le levier qu'elles ont utilisé contre les investisseurs depuis si longtemps scellera leur propre arrêt de mort. Les problèmes ont d'ailleurs semble-t-il commencé à entamer sérieusement les fondations de la banque anglaise, qui cherche à vendre pour 3 mds d'euros d'immeubles: son siège de Londres, son siège de Paris, ainsi que plusieurs bureaux de New-York, pour n'en être plus que locataire. Cette décision intervient suite à la levée récente de 12,9 milliards d'euros par le biais d'une augmentation de capital.