Société Botanique du Vaucluse
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse
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n°15 - mai 2005
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
Euphorbia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia Lam.) Espèce protégée nationale vue à la sortie du 9 mai 2004 près de Blauvac (Vaucluse). (extrait de « Inventaire des plantes protégées de France » P.Danton et M.Baffray-ED. Nathan-1995) .
Sommaire
Société Botanique du Vaucluse Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9 Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org Courriel
[email protected] Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent
Éditorial Ont participé à ce numéro
p.3
Botanique Vauclusienne
p.4
- Plantes nouvelles pour le Vaucluse - Année 2004 - Les Polypodes du Vaucluse - Sortie du 9 mai 2004 (les marnes et ocres de Blauvac/Mormoiron) avec Jean-Pierre Roux - A la rencontre des orchidées - Note sur la flore des « Busans » - Gordes. - Les enjeux de la biodiversité sur les crêtes du Petit Luberon (La cèdraie et les milieux ouverts sommitaux) - Esprit Requien (1788-1851) un botaniste avignonnais méconnu
Stage de la Société Botanique de Vaucluse en Cerdagne et Capcir dans les Pyrénées-Orientales des 10 au 14 Juillet 2004
p. 15
- Rappel des itinéraires - Quelques uns des milieux et habitats observés
Botanique Générale
p.21
- Plantes envahissantes de la région méditerranéenne. - Liste des plantes envahissantes de la région méditerranéenne (15 fiches) - Encore une envahissante… ! - Week-end dans les Baronnies (22 et 23 mai 2004) - Biodiversité - Informatisation des collections - Arabidopsis thaliana - Mares temporaires - Ambroisie
Informations
p.23 - Un aperçu de nos activités au sein des manifestations à caractères botani ques de la région PACA - S’instruire à Salagon
Notes de lecture
Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuitement aux adhérents. Les non adhérents peuvent se le procurer en adressant leur demande à l’association. Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE Redaction Les membres du bureau de l’association
p.24 - Flora alpina - Des publications récentes pour se repérer dans l’Histoire de la Botanique - Introduction à la botanique - Le courrier de l’environnement de l’I.N.R.A - Atlas en couleurs - Structure des plantes
Bibliographie
p.27
Parutions
p.28
Le coin de la poésie
p.28
Encart couleur au centre du bulletin
pages I à VIII
Maquette et Impression Denis Coquidé - Didier Alapetite N° ISSN : 1281-2676 Bulletin de la SBV
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n°15 - mai 2005
Editorial
Ont participé à ce numéro
Voici le n°15 un peu tardif pour beaucoup de bonnes raisons que je ne vais pas vous exposer. Vous allez pouvoir le lire, le commenter, présenter vos remarques, par écrit ou par courriel, à ce propos je vous donne l'adresse nouvelle:
[email protected] Le site Internet a lui aussi changé : www.sbvaucluse.org Ces changements ont monopolisé beaucoup de temps pour trouver une solution qui conviennent aux membres du bureau, j'espère que cela fonctionnera bien et que tous les adhérents internautes trouveront ce qu'ils désirent. Je dois préciser que ce n'est pas un adhérent qui a pris en charge la création du site mais un professionnel et il en assure la maintenance (auparavant c'était Daniel Mathieu qui avait crée et hébergé le site de la SBV, ce n'était plus actuellement possible pour lui).Deux solutions ont été envisagées soit l'annuler ou le maintenir sous une autre forme. Sur les conseils de Daniel et d'autres internautes nous avons recherché dans notre proche entourage un concepteur de site car aucun de nous n'avait les compétences en la matière. L'assemblée générale a eu lieu le 8 mars 2005 Voici un bref compte rendu moral : 32 personnes présentes sur 134 inscrits (dont 11 nouveaux). Chaque année il y a une dizaine de nouvelles adhésions mais il y a en contrepartie une dizaine de personnes qui ne renouvellent pas leur inscription. Les conférences et les sorties sont suivies par une 30ne d'adhérents. 25 pour la session d'été. La participation aux manifestations publiques : les journées de Sérignan, les fruits de l'automne, ainsi que la fête de l'arbre en Avignon, demeure un peu faible, j'ai fait la remarque suivante :" se sont toujours les mêmes ", il faut que ça change ! Je le souhaite vivement pour que notre association demeure dynamique. Bilan financier présenté par Claire Ventrillard s'avère positif avec 809 €, voici un aperçu les: Recettes Cotisations 2498 Vente publication 703 Subventions Indemnités 1368 Dons 59 Total 4628 € Dépenses Fonctionnement 3772 Achat livre 47 Total 3819 € Le bilan est positif, mais les frais engagés pour la mise en place du site, la réalisation du bulletin, et l'achat d'un vidéo projecteur que nous avons étrenné lors de l'assemblée générale ne figurent pas dans les dépenses (2004). Autre changement (que vous savez déjà pour la plupart), depuis la parution du programme je ne suis plus domiciliée à Montfavet. Je vous rappelle qu'il faut trouver un ou une président(e) vauclusien (ne) c'est bientôt l'année prochaine !!!!!!Pensez-y ! En attendant, je vous souhaite une bonne saison botanique. Je vous signale que vous pouvez nous envoyer vos photos numériques, vos propres observations floristiques à la SBV par courriel elles pourront être éventuellement diffusées sur le site, un autre moyen de participer activement. A bientôt. La présidente, Huguette ANDRE
Josette Argaud 66000 Perpignan
[email protected] André Bart 26170 Buis les Baronnies
[email protected] Jean-Claude Bouzat 34090 Montpellier
[email protected] Sarah Brunel 34000- Montpellier www.ame-lr.org Pierre Duthilleul 84000 Avignon Bernard Girerd 84250-Le Thor
[email protected] Michel Graille 84310-Morières les Avignon
[email protected] Christian Grosclaude 43520-Le Mazet Saint Voy
[email protected] Georges Guende 84400-Apt
[email protected] Roselyne Guizard 84380-Mazan
[email protected] Jean-Pierre Jacob 46150 Boissières
[email protected] Odette Mandron 38700- La Tronche Pierre Moulet 84000 Avignon
[email protected] Jean-Pierre Roux 84200 Carpentras
[email protected] Catherine Salles 26770 Salles/Bois
[email protected]
Vous pourrez noter quelques modifications dans la structure du bureau 2004 : Présidente : Huguette André Conseiller scientifique : Bernard Girerd Vice Présidente : Nicole Chiron - Vice Président : Jean-Pierre Jacob Trésorière : Claire Ventrillard - Trésorière Adjointe : Roselyne Guizard Secrétaire : Michel Graille - Communication : Jeanne -Marie Pascal Bibliothèque : Mireille Tronc - Coordonnateur des relevés botaniques : Jean-Claude Bouzat Autres membres : Janine Vizier, Jean-Pierre Roux, Daniel Mathieu Bulletin de la SBV
Huguette André 30250-Junas
[email protected]
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David Tatin 84660 Maubec
[email protected] Jean Virolleaud 84000 Avignon Claire Ventrillard 84000 Avignon n°15 - mai 2005
Botanique Vauclusienne Plantes nouvelles 2004 Pour cette année 2004, on peut enregistrer 7 espèces nouvelles ou retrouvées pour le département de Vaucluse. Cinq de ces nouveautés (Lagurus ovatus L., Hordeum marinum Huds., Lotus ornithopodioides L., Smyrnium olusatrum L. et Eclipta prostrata (L.) L.) sont des plantes de milieux chauds, jusqu’alors considérées comme des « littorales » et paraissant remonter sensiblement plus au nord de leur localisation habituelle. Faut-il y voir une influence du réchauffement climatique ou de simples apparitions sporadiques ? La découverte de Trifolium strictum L. vient confirmer une fois de plus la richesse floristique du massif des ocres de Gignac-Roussillon. Quant à Lomelosia simplex (Desf.) Rafin., ce pourrait être un taxon jusqu’alors sous-observé. Une sous-espèce nouvelle doit également être prise en compte : Galium palustre L. subsp. elongatum (C. Presl) Lange. Enfin, un curieux hybride entre un Aegilops et un blé mérite notre attention. 91 bis - Lagurus ovatus L. - Cette élégante graminée à inflorescences ovoïdes mollement velues, ainsi que toute la plante, avait été signalée sporadiquement en Vaucluse (bords de la route d’Uchaux à Mornas), paraissant plutôt échappée de jardins comme plante ornementale. Elle semble maintenant mériter de figurer dans la flore départementale puisque, au cours de la sortie de la Société Botanique du Vaucluse du 20 mai 2004, elle a été observée à Avignon, en plusieurs points de la digue de la Durance, entre la gare TGV et la confluence avec le Rhône. Bien connue dans les Bouches-du-Rhône, on peut penser qu’elle a maintenant franchi la Durance, en direction du nord. Son extension éventuelle est à surveiller.
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179 bis - Hordeum marinum Huds. Cette espèce littorale proche d’Hordeum murinum L. s’en différencie par ses épis glauques et beaucoup plus petits et par ses feuilles étroites. Signalée par M. PALUN (1867) sur les bords de la Durance elle avait été observée sur ce cours d’eau en 1997 (H. MICHAUD et J.-P.R), dans les Bouches-du-Rhône, en face de l’ancienne Chartreuse de Bonpas (station à Euphorbia serpens Kunth). Elle vient d’être retrouvée (très importante population) dans le Vaucluse à Bollène au sud de l’usine hydroélectrique A. Blondel. Mais il faut dire que ce site est connu pour la présence d’autres espèces littorales comme Limonium echioides (L.) Miller, ou encore Polypogon maritimus Willd. subsp. maritimus.
larges folioles et à ses gros fruits d’un noir luisant. Mais nous la rencontrons essentiellement à proximité du littoral, notamment dans le Var (très abondante à Porquerolles) et dans les Bouches du Rhône. Les citations éloignées de la mer sont rares et sporadiques (par exemple à Saint-Rémy-de-Provence en 1988). Une population d’une cinquantaine de sujets a été détectée par C. ROULET à Mondragon, au bord de la RN 7, au niveau de la digue ouest du canal de fuite de Donzère-Mondragon. Il s’agit peut-être également d’une présence accidentelle, liée aux grandes voies de communication, probablement aussi à l’origine de l’observation, presque chaque année, de quelques pieds de Ferula communis L. sur les bords de l’autoroute A 7.
890 - Trifolium strictum L. - Cette espèce calcifuge connue sur grès dans les Alpes-de-Haute-Provence (P. LIEUTAGHI à Vachères ; G. GUENDE à Oppedette et au Revestdes-Brousses) vient enfin d’être détectée dans le Vaucluse par un jeune étudiant allemand A. SAATKAMP à Apt aux Jean-Jean, tout près de la station de Lomelosia simplex (Desf.) Rafin. Elle doit se trouver probablement ailleurs et est à rechercher sur l’ensemble du massif de Gignac-Roussillon.
1459 bis - Lomelosia simplex (Desf.) Rafin. – G. GUENDE (ainsi qu’ A. SAATKAMP, M. BARCELLI et J.-P. R.) ont observé à Apt, aux Jean-Jean, des plantes correspondant bien aux critères de ce taxon qui diffère de L. stellata (L.) Rafin. (=Scabiosa monspeliensis Jacq.) essentiellement par des bractées entières et non divisées. Toutefois, il serait utile de faire de nouvelles observations sur ces plantes pour bien confirmer la présence, chez nous, des deux espèces, car il risque d’y avoir eu des confusions précédemment. De plus la synonymie entre L. stellata et S. monspeliensis n’est pas admise par Flora Europaea qui décrit 2 espèces différentes, contrairement aux traitements plus récents (BDNF).
913 bis - Lotus ornithopodioides L. Ce lotier est bien différent des diverses formes de Lotus corniculatus L. que nous rencontrons habituellement dans notre région. Il est beaucoup plus grand, avec des folioles larges et surtout, les longues siliques (plus de 5 cm), fortement arquées, sont réunies en grappes et très voyantes. Normalement, cette espèce reste étroitement liée aux pelouses sèches du littoral. Une population dense, mais peu étendue a été découverte à Avignon, sur la digue de la Durance proche de la confluence avec le Rhône par N. CHIRON. Pour le moment, on peut considérer cette présence comme accidentelle, mais il faudra cependant surveiller son maintien éventuel. 1082 bis - Smyrnium olusatrum L. « Maceron à fruits noirs » - Nous connaissons bien cette grande ombellifère (dépassant souvent 1 m de haut), caractérisée par ses feuilles divisées en
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1522 bis -Eclipta prostrata (L.) L. - Il s’agit d’une Composée annuelle, peu élevée (30 à 50 cm), à feuilles opposées, lancéolées entières ou très faiblement dentées et à petits capitules de fleurs blanches solitaires ou groupés par 3 à l’aisselle des feuilles. C’est une plante hygrophile originaire des régions tropicales, inconnue en France avant 1990, au moment de sa découverte en Camargue. Bien décrite par P. JAUZEIN, elle est citée également dans Flora Europaea (4 : 141) et dans la Flora d’Italia de S. Pignatti (3 : 57). L’un de nous (J.-P. R.) en a observé une petite population à la Roque-surPerne, à proximité du cimetière. Il faudra surveiller si cette présence est accidentelle et sans suite, ou si elle peut s’implanter longtemps, sachant qu’elle n°15 - mai 2005
est bien liée aux milieux aquatiques. Bibliographie : JAUZEIN, P. 1991 - Eclipta prostrata (L.) L. adventice des rizières de Camargue. Monde Pl. 440 : 15-16. 1399 - Galium palustre L. - Cette espèce des milieux humides, caractérisée par ses feuilles plus ou moins obtuses et surtout non mucronées a déjà été observée dans le Vaucluse sous 2 sousespèces distinctes : subsp. palustre et subsp. debile (Desv.) Bonn. & Layens (= G. constrictum Chaub.). A la suite d’observations de C. ROULET dans les fossés et mayres de la région de Lapalud, il convient maintenant d’ajouter une 3e sous-espèce : Galium palustre L. subsp. elongatum (C. Presl.) Lange. Ces trois sous-espèces, qui doivent exister dans plusieurs stations du département, peuvent se reconnaître ainsi : subsp. debile : plante grêle à feuilles très étroites, de 15 mm x 1,5. subsp. palustre : feuilles de plus de 2 mm de large et inflorescences à rameaux et pédicelles réfléchis à la fin de la floraison. subsp. elongatum : feuilles aussi larges que celles de la sous-espèce précédente, mais plante beaucoup plus robuste (dépassant souvent 1 m de haut) avec des rameaux de l’inflorescence dressés, non réfléchis.
Hybride entre un Aegilops et un Triticum (Blé) A proximité d’un champ de blé et parmi des populations d’Aegilops divers, notre ami C. ROULET a eu la chance (et la patience !) de trouver à Lapalud, près du Lauzon, une plante énigmatique, évoquant un hybride. Elle a été transmise à J. MOLINA pour examen et il s’avère qu’il s’agit de : Aegilotriticum x rodetii (Trab.) A. Camus. C’est un hybride entre Aegilops ventricosa Tausch. et Triticum durum Desf. (c’est-à-dire le blé dur). Les hybrides entre des Aegilops et le blé sont connus de longue date (et cités par P. FOURNIER), mais ils sont toujours rares et réduits à des sujets isolés. Un épi d’Aegilotriticum Bulletin de la SBV
x triticoides (Req. ex Bertol.) A. Camus a été récolté par J.H. FABRE à Orange en 1871. C’est un hybride entre Aegilops ovata L. et Triticum aestivum L. Avec des observations attentives, nous pouvons donc espérer découvrir quelques uns de ces hybrides, en bordure des champs de blé. Bernard GIRERD Jean-Pierre ROUX
Les Hieracium forestiers du Contrat (Ventoux) Bernard GIRERD La forêt du Contrat, à l’est du MontSerein est bien connue des promeneurs car c’est la plus montagnarde et une des plus agréables du massif du Ventoux car l’influence des reboisements y est assez limitée. La partie située entre la cabane du Contrat et la grande Combe Faoulaitière abrite les plus vénérables sapins et hêtres, véritables reliques de la forêt primitive, rescapés des grands déboisements anciens. Cette partie de forêt doit faire l’objet d’une protection intégrale. Le sentier de la Frache, tracé au niveau de 1400 m d’altitude, permet une pénétration facile et fort intéressante pour les botanistes qui peuvent ainsi observer à peu près tous les éléments floristiques de l’étage montagnard. C’est aussi le seul endroit du Ventoux (et de tout le Vaucluse) qui abrite une intéressante collection de Hieracium qu’il est possible de qualifier de « forestiers », c’est-à-dire 6 espèces exclusivement liées à la strate arborescente et à peu près inconnues ailleurs en Vaucluse. Sur le même itinéraire, on peut rencontrer, à la faveur de clairières ou de rocailles découvertes, d’autres Hieracium non inféodés à la forêt, comme toute la gamme des espèces glanduleuses (H. amplexicaule et taxons proches), ou les plantes de large répartition dans la région, comme H. glaucinum ou H. bifidum et leurs satellites. Ils n’entrent pas dans cette étude.
sés pour chaque espèce concernent la ou les feuilles caulinaires moyennes (éventuellement la supérieure) et non celles situées en bas de tige. Il convient toutefois d’admettre une marge de variabilité et il faut étudier plusieurs plantes d’une même population. Les 6 espèces concernées peuvent se répartir en 2 groupes : 2 espèces à tiges non ou peu feuillées : Hieracium murorum et Hieracium umbrosum 4 espèces à tiges très feuillées : Hieracium ramosissimum, Hieracium prenanthoides, Hieracium juranum et Hieracium rapunculoides. Les 2 espèces à tiges non ou peu feuillées Ces deux Hieracium présentent des tiges nues ou à 3 feuilles au maximum. Ce sont des plantes bien vertes et munies de poils homogènes, tous fins, non mêlés de poils épais. Hieracium murorum L. Cette espèce se distingue de toutes celles avec qui elle a été trop souvent confondue par les caractères suivants : couleur des feuilles d’un vert pur, un peu brillant, sans macules et aucune tendance à la glaucescence (H. glaucinum qui peut lui ressembler est de teinte nettement glauque et normalement plus précoce avec une pilosité comportant une proportion de poils épais) ; les tiges sont nues ou munies d’une seule feuille bien développée (parfois une 2° très réduite) nettement pétiolée, le limbe, bien distinct étant arrondi et même un peu cordiforme à la base (croquis ci -dessous) . L’inflorescence, sur les sujets normaux forme une ample panicule ramifiée et dense et non fourchue et pauciflore comme chez H. bifidum. Cette plante n’est pas rare dans le forêt du Contrat, mais elle reste liée à sa partie la plus fraîche.
Comme pour tous les Hieracium, la détermination de ces plantes forestières » n’est pas très facile, mais l’approche adoptée ici repose beaucoup sur la forme des feuilles qu’il convient d’observer attentivement ; les dessins réali- 5 -
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Hieracium umbrosum Jord. Cette plante ressemble à la précédente, mais elle s’en distingue par la présence de 2 (ou 3) feuilles caulinaires dont la supérieure est nettement embrassantes, l’autre étant atténuée à la base, avec un pétiole indistinct, bordé d’une aile embrassant légèrement la tige (croquis cidessous de la feuille supérieure et de la feuille caulinaire moyenne). Normalement, ces plantes sont phyllopodes, c’est-à-dire pourvues, au moment de la floraison, de plusieurs grandes feuilles basales encore vertes au moment de la floraison, formant une rosette bien développée. Toutefois, les années très sèches, cette rosette basale est souvent fanée et plus ou moins disparue dès le début de floraison. On rencontre cette espèce dans les mêmes milieux que H. murorum et souvent en mélange.
Les 4 espèces à tiges très feuillées Ces 4 plantes peuvent être assez hautes (jusqu’à 1 m) avec des tiges comportant toujours au moins 5 feuilles (H. rapunculoides), parfois plus de 10 (H. ramosissimum et H. prenanthoides). Pour les étudier il faut toujours commencer par donner un coup de loupe sur les bordures de feuilles à la recherche de poils glanduleux, normalement visibles même sur le terrain !
comportent presque que des poils glanduleux, chez d’autres, il y a un mélange avec des poils simples et parfois même, les poils glanduleux sont très rares (moins de 10 %) et très petits. Ce sont donc des plantes assez variables mais la plupart ont des feuilles caulinaires un peu rétrécies « en violon », embrassantes à la base (croquis cidessous), de teinte sensiblement glauque au moins en dessous, généralement dentées et munies d’un réseau de nervures très apparentes. Les alvéoles des réceptacles sont dépourvues de cils, ce qui permet d’éviter des confusions avec H. viscosum, espèce qui pourrait lui ressembler mais jamais signalée ni observée dans le Ventoux. H. ramosissimum recherche les stations rupestres, plus souvent en bordure que dans la forêt elle-même.
Hieracium juranum Fries Normalement, cette espèce se présente comme un H. prenanthoides plus réduit : dont les feuilles caulinaires sont moins nombreuses, moins nettement resserrées « en violon » et moins largement embrassantes (croquis cidessous) ; les tiges sont garnies, à la base, de feuilles encore vertes au moment de la floraison. De plus, c’est une plante très polymorphe et un peu déroutante, comportant des populations phyllopodes, d’autres aphyllopodes. . Dans le Ventoux, toujours à cause des conditions sèches, les plantes ont vite tendance à se défeuiller à la base, comme chez H. prenanthoides rendant le jugement difficile. C’est de loin, l’espèce la plus répandue dans toute cette forêt dont elle s’éloigne volontiers dans les milieux voisins.
Hieracium prenanthoides Vill. Ce sont des plantes forestières classiques et bien connues par leurs feuilles toutes typiquement en forme de violon (resserrées à leur tiers inférieurs) et largement embrassantes (croquis cidessous) ; la base des tiges est généralement défeuillée ou munie de feuilles sèches dès le début de la floraison. Toutefois, dans le Ventoux, sans doute à cause des conditions plutôt sèches on rencontre peu de sujets très typiques mais surtout des plantes peu élevées à feuilles caulinaires relativement peu nombreuses (guère plus de 10) qu’il est souvent difficile de distinguer de H. juranum. Les populations sont bien localisées dans les parties les plus fraîches de cette forêt.
Hieracium rapunculoides A.-T. Les plantes appartenant à cette espèce ressemblent à des H. juranum mais les feuilles caulinaires, peu nombreuses (souvent pas plus de 5), sont progressivement rétrécies en coin dans leur moitié inférieure, sans tendance « en violon », et très peu embrassantes (cidessous), croquis de la feuille supérieure et d’une feuille caulinaire moyenne). Cette espèce paraît plutôt rare mais elle est peut-être sous-observée à cause de la ressemblance avec H. juranum à laquelle elle est bien mêlée. (elle a été notée vers 1700 m, à la tête de la Grave, sous les derniers pins à crochets du haut du versant nord).
Hieracium ramosissimum Schl. Ce sont, en général, de grandes plantes formant des colonies importantes et à floraison très tardive (août). Elles se différencient de tous les autres Hieracium forestiers par la présence de poils glanduleux en bordure de feuilles. Mais attention, si certains sujets ne
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Les Polypodes du Vaucluse Bernard GIRERD Les Polypodes sont, parmi les fougères de notre région, celles qui sont les plus faciles à reconnaître. Les frondes, simples mais profondément lobées, se développent sur des rhizomes épais et longuement rampants. On les rencontre dans les ravins ombragés de tous les massifs montagneux du Vaucluse, à partir de 100 m d’altitude, jusqu’à plus de 1500 m. Mais les plantes regroupées sous cette appellation collective se composent en réalité de 3 espèces distinctes, souvent encore confondues. Il s’agit de :
Polypodium vulgare L., Polypodium cambricum L. et Polypodium interjectum Shivas Pendant longtemps, (et notamment dans mon inventaire de 1978), on ne reconnaissait que 2 espèces : P. vulgare et P. cambricum (= P. australe Fée, P. serratum Willd.). Depuis, la présence des 3 taxons a été bien confirmée en Vaucluse. Leur détermination est facile avec le récent et remarquable ouvrage de R. Prelli : Les fougères et plantes alliées de France et d’Europe occidentale, Belin 2000). Il faut cependant préciser que l’emploi de la loupe binoculaire est indispensable pour détecter les paraphyses disséminées dans les sores et pour l’observation des cellules mécaniques des sporanges. Polypodium vulgare est l’espèce la moins répandue dans notre département. Elle n’a été notée que sur le versant nord du Ventoux, dans le massif du Saint-Amand et à Rustrel. Elle est surtout caractérisée par un limbe étroit, à bords à peu près parallèles et par une fructification surtout estivale. Par contre, P. cambricum et P. interjectum sont très abondants et souvent en contact dans les mêmes milieux ; leur différenciation est parfois délicate. Dans la combe de la Canaud à Flassan, les deux cohabitent et la planche cicontre permet une utile comparaison des caractères. Les deux plantes sélectionnées présentent, en effet, tous les critères donnés par Prelli, à savoir : Forme générale du limbe : Le rapport longueur/largeur est de ½ pour P. cambricum, et de 1/3 pour P. interjectum.
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Forme du sommet du limbe : Brusquement rétréci en longue pointe pour P. cambricum, progressivement réduit chez P. interjectum. Dentelures des pennes : très marquées chez P. cambricum, presque inexistantes chez P. interjectum. Périodes de fructification : En hiver ou début de printemps pour P. cambricum, fin d’été et hiver pour P. interjectum. C’est pourquoi, sur la planche ci-jointe, les sores sont d’un jaune pâle sur P. cambricum, car en début de formation, alors qu’elles sont brunes et en fin d’évolution sur P. interjectum. Deux autres critères important n’apparaissent pas sur les photos : La présence de paraphyses dans les sores de P. cambricum, alors qu’elles sont absentes chez P. interjectum. Il faut savoir que les paraphyses sont parfois peu visibles et peuvent même paraître absentes sur les plantes sèches ou en fin de fructification. Les deux pennes inférieures de P. cambricum sont redressées vers la face supérieure, alors que chez P. interjectum elles sont normalement situées sur le même plan que les autres. Il ne faut toutefois pas s’étonner de rencontrer des sujets ambigus, car il existe des hybrides entre ce 2 espèces. Et d’ailleurs, les déterminations certaines devraient comporter le dénombrement chromosomique, les 3 taxons étant caryologiquement différents, mais ce critère n’est pas à la portée des botanistes de terrain.
SORTIE DU 9 MAI 2004 (les marnes et ocres de Blauvac/Mormoiron) avec Jean-Pierre ROUX Le rendez-vous était prévu devant la mairie de Blauvac (Vaucluse) d'où nous sommes partis pour effectuer un circuit principalement axé sur les sables ocreux de la commune de Mormoiron. La végétation psammophile y est très caractéristique, formée principalement d’une pinède de pin maritime et d’une lande à bruyères à l’intérieur desquelles des pelouses à annuelles arrivent parfois à s’exprimer. Les années pluvieuses leur biodiversité est exceptionnelle et on y rencontre, loca- 7 -
lement, des espèces à fort intérêt patrimonial. Le premier arrêt est réservé au Vallat du Canadel situé à proximité du village de Blauvac. Ce site appartient à un très long et étroit ensemble qui s’étire sur une dizaine de km de Crillon-le-Brave à Méthamis. Il se caractérise par une alternance de bancs de gypse et d’argile qui conservent l’humidité pendant longtemps et se présentent sous la forme de vallons très pentus et souvent encaissés. Il est à noter que le gypse est encore exploité non loin de là. Dans ces milieux si particuliers et à la végétation clairsemée nous observons une belle euphorbe à tige très fine, à feuilles étroites (1mm) et aux inflorescences petites et peu nombreuses, Euphorbia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia Lam.) endémique provençodauphinoise (surtout Provence et haute Provence), espèce protégée nationalement. Presque tout le reste de la journée se déroulera alors à Mormoiron, dans les sables ocreux d’un secteur qui s’inscrit en arc de cercle en piémont du mont Ventoux pour se terminer au nord à Bédoin. Ces gisements d’ocres qui se retrouvent, dans le Vaucluse, dans le bassin d’Apt ( Gignac/Roussillon) et à Bollène/Uchaux se présentent sous forme de lentilles très irrégulières. On est ici en présence d’un paysage insolite, parmi les plus remarquables du département et façonnés par l’homme qui en a exploité l’ocre depuis le XIXe siècle, exploitation qui se poursuit toujours. Ce sont des sédiments d’origine marine datant du Crétacé qui, par lessivage et altération sous un climat de type tropical, ont donné naissance aux ocres aux pigments si contrastés (du jaune au rouge en passant par le blanc ou le vert). Le deuxième arrêt nous conduit à la Pavouyère. En bordure de route, on rencontre : Bunias erucago L. Corynephorus canescens (L.) P. Beauv. Myosotis ramosissima Rochel Artemisia campestris L. Hypochaeris glabra L. Hypochaeris radicata L. Alkanna tinctoria Tausch (l’orcanette qui est une plante tinctoriale) illustration page 8 Hieracium umbellatum L. Calluna vulgaris (L.) Hull Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray Trifolium dubium Ehrh. n°15 - mai 2005
Aethionema saxatilis (L.) R. Br. Vers le fond de la parcelle, la présence d'une mare, en eau une bonne partie de l’année, apporte un élément de diversification avec entre autres : Carex punctata Gaudin(protégé en région Provence-Alpes-Côte d’AZUR) Populus tremula L. Populus nigra L. Salix cinerea L. Juncus anceps Laharpe (toujours très rare en région méditerranéenne).Le troisième arrêt au Vallat de la Naye permet l’observation de beaux spécimens de pin maritime et de pin pignon ( Pinus pinaster Aiton et Pinus pinea L.), mais également de : Cruciata pedemontana (Bellardi) Ehrend. (= Galium pedemontanum (Bellardi) All.) à la tige grêle portant des aiguillons très petits aux angles Peucedanum oreoselinum (L.) Moench Trifolium subterraneum L. Trifolium diffusum Ehrh., trèfle extrêmement rare sur l’ensemble du territoire national et qui est ici abondant et ce même si, la plantation récente d’une vigne l’a en partie endommagé Vicia sativa L. subsp. amphicarpa (Boiss.) Battand aux fleurs pourpres qui est spécifique de ces milieux et qui mériterait probablement d’être mieux étudiée, tellement elle est particulière. Le quatrième arrêt est situé près de la ferme des Sourds. En bordure d’une piste on rencontre : Lathyrus angulatus L. Trifolium subterraneum L. Valerianella carinata Loisel. alors que dans une friche proche à la très riche biodiversité, on peut noter : Cruciata pedemontana (Bellardi) Ehrend. Spergula pentandra L. Trifolium incarnatum L. Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray Vicia lutea L.
ceptionnel avait été visité à l’automne 2003 où quatre espèces à très fort intérêt patrimonial y avaient été observées : Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A.J. Scott. (= Kochia arenaria (P. Gaertn. & al.) Roth), plante annuelle originaire d'Asie centrale et qui ne s’observe en France, pratiquement plus que dans le Vaucluse (Protégé en région ProvenceAlpes-Côte d’Azur) Cycloloma atriplicifolium (Sprengle) Coulter (figure dans le supplément de la flore de P. FOURNIER, après la table des matières). C’est une espèce naturalisée qui est très rare en France (quelques localités seulement) Ces deux espèces sont des Chénopodiacées liées aux sols sableux et à floraison estivale. Silene portensis L. (plante annuelle du littoral atlantique et qui est protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur) Bufonia tenuifolia L. (Caryophyllacée très discrète qui fleurit plus tôt et affectionne les sols arides) La parcelle qui héberge ces espèces vient de faire l’objet d’une acquisition et une gestion conservatoire devrait être assurée dans les meilleurs délais. Le sixième et dernier arrêt est situé à l’Arcade, à 3 km environ de Mormoiron en direction de Bédoin. On y retrouve le même substrat qu’au premier arrêt, mais avec des espèces bien différentes et dont certaines sont peu communes : Bromus japonicus Thunb. Althaea hirsuta L. Ornithogalum narbonense L. Ranunculus bulbosus L. Sonchus asper (L.) Hill Phragmites australis (Cav.) Steudel Crepis pulchra L. Orchis purpurea Hudson Aegilops cylindrica Host Huguette André et Jean-Pierre Roux
Le cinquième arrêt s’effectue au site de Vacquière. Avant d’y arriver et au bord de la route Mormoiron-Flassan, une vesce aux fleurs d’un pourpre très foncé et aux gousses pubescentes attire notre attention. Il s’agit de Vicia villosa Roth. subp eriocarpa (Hausskn.) P.W. Ball. C’est une espèce qui se rencontre régulièrement dans tout ce secteur et qui a été récemment mise en évidence en France (elle était probablement confondue avec d’autres taxons). A Vacquière même on rencontre en particulier Phleum arenarium L. subsp. caesium H. Scholz. Il est à noter que ce site tout à fait exBulletin de la SBV
Euphorbia graminifolia Vill. ( E. tenuifolia Lam. ) -Protégée NationalePlante vivace glabre de 10 à 50 cm. de hauteur, de couleur entièrement verte, à tige dressée, grêle, raide, feuillée, le plus souvent simple mais portant parfois quelques rameaux floraux sous l’ombelle. Les feuilles sont dressées, un peu fermes, étroitement lancéolées à linéaires (1,50- 6 cm. de long sur 1 à 3 mm. de large), aiguës, uninervées et un peu luisantes ; celles du bas de la tige, rapidement caduques, sont les plus courtes. La floraison a lieu en mai et juin. Les fleurs, monoïques, sont situées à l’extrémité de trois à cinq rameaux, fins et bifurqués, réunis en ombelle terminale pourvue d’un involucre de feuilles lancéolées plus larges et plus courtes que celles de la tige. Les bractées florales, opposées, sont largement ovales lancéolées à triangulaires. Le fruit est une capsule trigone glabre (environ 3 mm. de long), légèrement chagrinée et pustuleuse. Cette espèce assez mal connue a longtemps été considérée comme une endémique du sud-est de la France, mais il semble que sa répartition soit un peu plus large. C’est une plante des lieux humides à marécageux, herbeux, le plus souvent sur sol argileux, également dans quelques dépressions de clairières fraîches de pinèdes, à basse et moyenne altitude (moins de 1000 m.) Comme toutes les plantes de lieux humides, cette euphorbe s’est raréfiée à cause des travaux de drainage et de mise en culture des prairies humides. Par la forme caractéristique de ses feuilles, la discrète Euphorbe à feuilles de graminée est plus facile à déterminer qu’à discerner sur le terrain. (D’après « Inventaire des plantes protégées en France » de P.Danton et M.Baffray –Ed. Nathan)
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A la rencontre des orchidées Sortie du Jeudi 20 Mai 2004 avec
Pierre Duthilleul (qui nous transmet cette note) « C’est par un bel après midi de Mai, le Jeudi 20, que nous nous sommes retrouvés une douzaine, derrière la gare du TGV à Avignon…Parmi ces douze personnes figuraient Huguette André, Messieurs Girerd et Roux, … Toutes les orchidées étaient bien au rendez-vous et fleuries… Nous avons rencontré des milliers de pieds de Serapias vomeracea Anacamptis fragrans ( Subsp. de coriophora ) Ophrys apifera Et quelques Himantoglossum robertianum défleuris… Une participante m’appela pour me montrer une nouvelle espèce, peut-être Serapia lingua que nous n’avons pas encore trouvée sur le 84.Quelle ne fut pas ma surprise de constater que j’avais affaire à un nouvel hybride pour le Vaucluse et fort rare dans toute la Provence. Un seul pied haut de 28 cm. avec 6 fleurs et 3 boutons… Je le suivis pendant plus d’une semaine et le pris en photo, dont voici un bel exemplaire. » Il s’agit d’un hybride Anacamptis coriophora Subsp.fragrans X Serapias vomeracea (Voir l’encart couleur )
Note sur la flore des « Busans » - Gordes. J’ai pu participé le 1er juin 2004, le matin, à une sortie botanique organisée par le Parc naturel régional du Luberon sous la direction de Georges Guende « à la découverte de la flore originale des Busans ». La SBV avait visité le site lors d’une sortie le 26 mars 1995 de Gordes à Sénanque. Le site des Busans, localisé sur la commune de Gordes, à environ 450500 m. d’altitude, à l’extrémité nordorientale du grand vallon de la Sénancole, est incontestablement l’un des plus remarquables du département sur le plan floristique. Le site appartient aux Monts de Vaucluse et est caractérisé par un ensemble de vallons encaisBulletin de la SBV
sés souvent limités par des escarpements parfois en escalier et surmontés de reliefs peu prononcés. Sur le plan géologique, l’ensemble est très complexe car il est affecté par une série de failles. L’assise est constituée de calcaires compacts à faciès urgonien du Bédoulien et plus marginalement, par des marnes du Ludien. Mais une des grandes originalités géologiques des Monts de Vaucluse se situe précisément sur la dalle de calcaire de type urgonien des Busans qui a été profondément corrodé par des bactéries calciphages appelées Microcodium. Cette biocorrosion rend le calcaire très tendre et friable. La roche voit donc sa structure complètement détruite. La masse d’urgonien affectée ici est considérable et exceptionnelle puisqu’elle atteint une épaisseur de plus de 40 mètres. Cette dalle domine une dépression irrégulière, tapissée d’Eocène et d’Oligocène, couches qui se prolongent sur le plateau. Ce même plateau est constitué, au sud-est et à l’est de calcaire urgonien dur et non altéré. Du point de vue climatique, c’est la partie des Monts de Vaucluse la plus chaude et la plus aride, l’eau s’y perd par de nombreuses fissures qui alimentent la Fontaine de Vaucluse. La végétation du site relève globalement du plafond de l’étage mésoméditerranéen, mais l’on y observe des formations affines de l’étage supraméditerranéen (pelouses du Xerobromion). 214 espèces végétales en une dizaine d’associations sont recensées. 9 sont inscrites dans le Catalogue des espèces rares et menacées de la région PACA : Arenaria aggregata (L.) Loisel Carex liparocarpos Gaudin Genista pulchella Vis. Lomelosia graminifolia (L.) Greuter& Burdet Minuartia capillacea (All.) Graebner Ophrys drumana Delforge, protégée nationale Paronychia kapella (Hacq.) Kerner subsp. galloprovinciale Küpfer Scorzonera austriaca Willd. Polygala monspeliaca L. La dalle à Microcodium constitue un des plus remarquables habitats rupicoles pour son contenu écologique aux particularités botaniques hors du commun. On y trouve en effet une association végétale dont c’est le seul point
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d’implantation dans le Vaucluse. La lande à Genêt de Villars (Genistetum villarsii) présente un intérêt patrimonial exceptionnel en raison de la présence d’espèces orophytes ou en limite de leur aire de répartition : Arenaria aggregata -plante formant des coussinets denses avec les fleurs groupées par 4 ou 5 dans chaque cyme. Minuartia capillacea -plante à grandes fleurs blanches dont les pétales sont typiquement arrondis. Paronychia kapella subsp. galloprovinciale -plante vivace à souche sus-ligneuse, tortueuse. Ses fleurs en têtes très serrées, d’un blanc argenté, au sommet des rameaux, sont cachées par des bractées largement obovales, obtuses ou mucronées, scarieuses argentées. Lomelosia graminifolia , seule station du Vaucluse. -plante vivace typique à feuilles longues et étroites, soyeuses argentées. Ses tiges sont nombreuses, simples, ascendantes et elles portent chacune un seul capitule violet pâle, élégant. La présence de flores d’origine diverse : orophile et montagnarde coexistant avec une flore méditerranéenne à base de Pin d’Alep et de romarin interpelle. Grâce à cette richesse patrimoniale, ce site est tout naturellement inscrit dans plusieurs inventaires : Natura 2000, ZNIEFF, Zones de valeur biologique majeure du Parc naturel régional du Luberon. Le Conservatoire- Etudes des Ecosystèmes de Provence- Alpes du Sud (CEEP) travaille sur le site par convention avec la commune de Gordes et l’Office National des Forêts. Plusieurs actions ont été mises en place ces dernières années, notamment grâce à un programme européen de restauration des pelouses sèches : -Restauration des pelouses et des dalles sur les terrains communaux (coupe sélective des pins, des buis et genévriers). L’objectif actuel est de remettre en place une activité de pâturage pour entretenir l’ouverture des milieux. -Suivi scientifique (avifaune nicheuse, entomologie…).
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Sur le plan botanique a été noté en 2004 l’augmentation du nombre des pieds fleuris d’Ophrys drumana et l’observation, à confirmer, d’une nouvelle espèce d’orchidée- Ophrys arachnitiformis. -Information du public (pose de panneaux d’information du public, distribution d’une plaquette). En résumé, une matinée riche en découvertes, dont les apports peuvent être concrétisés grâce aux documents (rapports et photographies) mis à ma disposition avec beaucoup de générosité par Georges Guende, Jean-Pierre Roux et David Tatin, que je remercie très sincèrement. Je les ai copieusement pillés…mais c’est pour la bonne cause !
Michel Graille Sources : -Parc naturel régional du Luberon – Secteurs de valeur biologique majeure Georges Guende- Max GallardoHervé Magnin.- 1999. -Conservatoire Botanique National Méditerranéen- Parc naturel régional du LuberonDiagnostic phytoécologique d’un site d’intérêt communautaire, les Busans ( Gordes, Vaucluse, France). Georges Guende et Jean-Pierre Roux – Décembre 1999. -Conservatoire- Etudes des Ecosystèmes de Provence- Alpes du Sud (CEEP) Haut vallon de la Sénancole- rapport d’activité 2004. David Tatin – Mission Vaucluse. -Société Botanique du Vaucluse- Bulletin n° 1- Janvier 1996. De Gordes à l’abbaye de Sénanque – sortie du 26 mars 1995. Roselyne Guizard. -La flore du département de Vaucluse – Nouvel inventaire- Bernard Girerd.
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Les Busans la dalle à Microcodium
Les enjeux de la biodiversité sur les crêtes du Petit Luberon (La cèdraie et les milieux ouverts sommitaux) INTRODUCTION : La végétation du petit Luberon s’organise selon trois grands ensembles se superposant aux conditions topographiques. Des formations boisées importantes (Chênaies et forêts mixtes ) occupent l’essentiel de l’ubac ,et de l’adret oriental du Petit Luberon. L’adret occidental présente des formations arbustives et herbacées méditerranéennes. Entre les deux versants se trouvent des zones de crêtes avec une nette dominance de pelouses et ligneux bas méditerranéo-montagnards. Les crêtes du petit Luberon sont occupées par un vaste plateau de 600-700 m d’altitude de 16 km de longueur et pouvant atteindre localement 500 m de largeur .Elles sont limitées au sud et à l’ouest par d’imposantes falaises et, s’infléchissent doucement vers le nord par une série d’arêtes secondaires. Ce plateau se caractérise géologiquement par une roche calcaire très dure de type urgonien favorisant un modelé karstique à lapiaz. Si la moitié orientale de ce plateau est occupée aujourd’hui par une vaste cédraie plantée dans les années 1860 ,la partie s’étendant sur la moitié ouest est constituée de milieux ouverts :vastes landes à buis et thym ponctuées de quelques chênes verts et blancs accompagnés d’une riche végétation herbacées conférant à cet espace une vocation - 10 -
pastorale depuis les temps les plus anciens. LA CEDRAIE : La forêt des cèdres du petit Luberon constitue une zone historique de réalisation forestière. L’on vient ici de toutes parts visiter ce peuplement de référence semé vers 1860 par quelques Forestiers convaincus, à partir de graines récoltées dans la forêt nord-Africaine Les premiers arbres arrivés à maturité ont commencé à se reproduire vers 1900.Depuis la forêt s’étend chaque année de plus en plus, puisqu’elle occupe aujourd’hui plus de 250 hectares sur le plateau, qui était couvert au siècle dernier essentiellement de pâturages pon ctués de buis et de quelques chênes rabougris. Rares sont les introductions d’espèces qui ont montré une telle force colonisatrice. Ecologie : Le cèdre de l’Atlas est originaire des hautes montagnes du sud de la Méditerrannée où il se développe naturellement entre 1300 et 2400 m d’altitude .Il s’adapte bien sous nos climats dans les étages collinéen et montagnard où il croit rapidement. Au contraire, dans l’étage méditerranéen, il a une croissance plus lente et une certaine difficulté à se reproduire. Le cèdre prospère sur tous les types de sols, excepté les sols argileux ou mouilleux. En réalité le cèdre ne fait que retrouver ici un habitat qu’il avait déjà occupé anciennement puisque des analyses polliniques de sédiments ont dévoilées son existence en Provence , il y a guère plus de 20 000 ans avant notre ère.
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Sur le Luberon, les cèdres associés à la végétation naturelle, forment un ensemble harmonieux. Par leur silhouette remarquable ils créent un paysage insolite de grand intérêt. Mais lorsque les cèdres dominent, ils modifient les conditions de vie auxquelles les espèces méditerranéennes sont habituées .Seuls quelques buis et chênes résistent à la faible luminosité qui traverse le feuillage des grands cèdres. Ainsi le sous bois de la cédraie, peuplement dense et fermé, est très pauvre en espèces phanérogamiques .Par contre cette ambiance d’ombre et de fraîcheur est propice à une flore cryptogamique et bryophytique extrêmement riche et variée. 350 espèces de champignons se réfugient ici. Parmi celles-ci, certaines ne se retrouvent que dans les peuplements naturels de l’Atlas Nord Africain : Cortinaria herculeus (Cortinaire d’hercule), Pustularia insignis, Urnula pouchetii. D’autres champignons qui poussent normalement en dehors de la région méditerranéenne, rencontrent aussi en ces lieux un habitat unique en Provence favorable à leur développement. De nombreux oiseaux nicheurs trouvent refuge dans cette forêt depuis les plus petits passereaux : Troglodyte, Rouge gorge, Mésanges, Roitelet, jusqu’aux plus gros rapaces : Autour des palombes. L’avifaune de la cédraie est peu représentative de la région méditerranéenne, on y rencontre surtout des espèces ubiquistes des régions tempérées
Le mode de gestion utilisé pour cette forêt est la futaie jardinée : peuplement d’arbres de tous ages mélangés pied à pied. Les vieux arbres arrivés à maturité sont ponctuellement exploités .Ce type de traitement se rapproche le plus du fonctionnement naturel, mais ne peut s’utiliser que pour des espèces d’ombre comme le cèdre capables de se régénérer sous son propre couvert.
Botanique : Le cèdre appartient au groupe des Gymnospermes et il se reconnaît à son port pyramidal, à ses petites feuilles en aiguilles groupées en rosettes et à ses cônes ovoïdes de 5-6 cm dressés vers le ciel. Le genre cèdre se divise en quatre espèces : cèdre de l’Atlas (Maroc Algérie), cèdre du Liban, cèdre de Chypre, cèdre de l’Himalaya. Le cèdre peut avoir une longévité très grande (3000 ans au Liban) et atteindre de grandes tailles : 75m de haut pour l’Himalaya. Le plus haut du Luberon mesure 33m (Communication verbale de M. Toth)
Ennemis : Au printemps sont visibles au sol des amoncellements de feuilles et de pousses. Il s’agit des dégâts provoqués par les chenilles parasites du cèdre. L’une, la tordeuse, provoque la torsion et la cassure de l’extrémité des pousses terminales, l’autre, mineuse défeuille les rameaux pour se nourrir des aiguilles. Il existe également un puceron parasite du cèdre et qui produit un abondant miellat qui colle aux feuilles. La cédraie résiste bien aux incendies, grâce à la fraîcheur qu’elle entretient dans son sous bois.
Conduite des peuplements (Sylviculture) : L’Office national des Forêts gère cette forêt pour le compte des communes de Bonnieux, Lacoste, Ménerbes qui en sont propriétaires.
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Utilisation des produits du cèdre : Le bois de cèdre est mal connu du public ,mais c’est un bois aux chaudes couleurs(brun jaune) recherché, et d’excellente qualité pour la menuiserie (meubles rustiques),les charpentes, les parquets, solives, plafonds, clôtures , portes, chalets. Il a une réputation d’imputrescibilité remarquable au même titre que le mélèze Utilisé dans les temples sacrés de l’Inde et de l’Egypte, des poutres de 2700 ans d’âge y sont encore intactes. La résine du cèdre fournit le fameux baume de cèdre qui entrait dans la composition des produits d’embaumements lors des momifications. La cédraie du petit Luberon a été classée peuplement reproducteur de qualité depuis 1982. Les pépiniéristes viennent s’y approvisionner en graines et elle est un des principaux foyers de production de graines pour les reboisements de la Provence. Le cèdre par sa silhouette remarquable crée des paysages d’un grand intérêt touristique.
Recherches scientifiques : L’unité de recherches forestières méditerranéenne de l’INRA développe plusieurs programmes de recherches pour étudier la croissance du cèdre et sa sylviculture, ses parasites, sa diversité génétique. Une parcelle de cédraie de 15 hectares a été mise en réserve pour
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étudier l’évolution de ces peuplements hors exploitation. LES MILIEUX OUVERTS DES CRETES DU PETIT LUBERON Sur les milieux ouverts exposés des sommets du petit Luberon le climat méditerranéen y est excessif et impose des contraintes sévères : fortes amplitudes thermiques (températures élevées en période estivale, mais gelées prononcées en hiver), précipitations capricieuses (longues périodes de sécheresse suivies de courtes phases de précipitations intenses) et surtout mistral qui au débouché de la vallée du Rhône y atteint une violence extrême. A ces facteurs naturels limitants se sont superposés depuis les temps immémoriaux une autre contrainte : le pâturage. Le blocage de la dynamique végétale spontanée établie pendant des millénaires par la conjonction de tous ces facteurs a crée des biotopes ouverts exceptionnels où se concentrent des espèces végétales et animales de grand intérêt. Il est bien connu que plus les données du milieu sont fortes et originales, plus les systèmes biologiques qui en résultent sont intéressants. Dans le petit Luberon la biodiversité végétale s’exprime beaucoup moins dans les milieux boisés (sauf dans les fonds de combes) que dans les formations de milieux ouverts. Les milieux ouverts des crêtes du Luberon offrent un éventail de biotopes assez larges dont certains restent très rares au niveau national lié à leur marginalité écologique. Tel est le cas de l’association à Genet de Villars (Genista pulchella subsp villarsii) qui est accompagnée d’espèces dont certaines lui sont strictement inféodées d’autres moins fidèles mais rares également. Citons la Sabline agrégée (Arenaria aggregata),la Sabline capillaire (Minuartia capillacea),la Serratule à tige nue (Serratula nudicaulis),la Scorzonère d’Autriche (Scorzonera austriaca),la Renoncule à feuilles de graminées(Ranunculus gramineus),Le Carex à fruits luisants (Carex liparocarpos), le Crepis de Suffrene (Crepis suffreniana),l’Euphorbe à ombelles jaunes (Euphorbia flavicoma),le Plantain argenté(Plantago argentea),la Potentille cendré(Potentilla cinerea) l’Ail jaune (Allium flavum), la Gagée des prés (Gagea pratensis), la Gagée du Luberon (Gagea luberonensis),l’Ophrys aurélien (Ophrys aurelia),l’Ophrys de la Drôme(Ophrys drumana) , L’Ophrys de Provence n°15 - mai 2005
(Ophrys provincialis), L’Ephedre à chatons opposés ( Ephedra distachya), l’Ephedre des monts nebrodes (Ephedra nebrodensis),ces sept dernières espèces étant protégées par la loi. Soulignons que les Ephedres plantes reliques rares à caractères primitifs, véritables fossiles vivants appartenant aux gymnospermes ; trouvent sur les crêtes du petit Luberon avec l’espèce nebrodensis ses plus belles populations en Provence et en France. (ci-dessous)
La marginalité écologique de cette association qui en France ne se rencontre que des Corbières aux Alpes du Sud a favorisé en son sein une flore hautement spécialisée. Du point de vu de la faune on rencontre sur ces crêtes essentiellement des espèces aviennes méditerranéenne ou d’affinités méridionale telle que les rare Vautour percnoptère et l’Aigle de Bonelli qui s’y alimentent, ou la fauvette orphée. On y trouve également d’autres espèces intéressantes ou rares en Provence comme l’engoulevent, le bruant fou, ou le bruant ortolan. Au plan entomologique, ces pelouses constituent un réservoir d’une densité et d’une rareté exceptionnelles, notamment par la présence d’espèces steppiques rares en région méditerranéenne. Plusieurs insectes patrimoniaux fréquentent ces crêtes :le criquet Arcyptera kheili endémique provençal des zones de lapiaz, le criquet de l’aphyllanthe (Euchorthippus chopardi) décrit
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pour la première fois sur le petit Luberon et connu seulement du Vaucluse ,des Bouches du Rhône, des Alpes de haute Provence et des Pyrénées orientale ;la Magicienne dentelée(Saga pedo) orthoptère entomophage qui se nourrit principalement de sauterelles et de criquets est bien représentée ici, le Moiré provençal(Erebia epistygne) et le Nacré de la Filipendule(Brenthis hecate) espèces remarquables de Lepidoptères,la punaise Aradus horvathi espèce endémique de la Provence et gravement menacée d’extinction. Parmi les coléoptères le carabique Pardileus calceatus a été observé pour la première fois ici en Provence. Le pâturage joue ici un rôle crucial dans les réseaux trophiques et le maintien de ces espèces. Il est clair et démontré que l’ écosystème amputé de l’une de ses composantes essentielle l’herbivore suivrait alors une dynamique qui se traduirait par l’atténuation des données stationnelles et l’apparition de stades de recolonisation ligneux différents dans leur structure et composition biologique . Disparaîtraient alors la plupart des espèces végétales et animales des stades ouverts et pionniers à commencer par les espèces fragiles sensibles aux modifications du milieu. A leur place apparaîtraient des espèces plus banales des stades forestiers. D’une manière générale on assisterait à une banalisation de la nature, une perte de biodiversité et une régression d’un certain niveau d’équilibre à l’échelle du massif du Luberon. Au vu de ce constat il ressort que le maintien de ce biotope exceptionnel nécessite de soutenir le caractère anthropique et donc le pâturage comme étant le meilleur mode de gestion et de conservation de la qualité biologique de ces milieux. Compte tenu qu’une gestion d’entretien est nettement plus complexe qu’une gestion de restauration, il est rapidement apparu hautement souhaitable d’éviter le processus de l’embroussaillement et de l’état boisé par le cèdre des milieux ouverts sur la partie occidentale des crêtes du petit Luberon. Pour assurer la pérennité de ces milieux de haute qualité biologique le Parc Naturel Régional du Luberon a depuis 26 ans mis en place des mesures de gestion conservatoires en association avec l’Office National des forêts , les Communes, le C.E.R.P.A.M. (structure régionale de soutient à l’éle-
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vage) et les éleveurs. Les chasseurs sont aussi régulièrement consultés notamment sur les périodes de pâturages. Pour suppléer au manque d’équipement pastoral des points d’eaux ont étés mis en place, des bergeries restaurées, des travaux d’éclaircies débroussaillages ont étés réalisés dont l’entretien est assuré par les troupeaux .Une association des éleveurs a été constituée permettant une gestion collective et responsable de l’ensemble de l’espace. Une mesure agri-environnementale rémunérant les éleveurs a été promue pendant 5 ans (1995-2000) pour favoriser une gestion pastorale visant à préserver ces pelouses. Dans ce cadre un Suivi Scientifique a été mis en place et conduit par l’Université de Marseille (IMEP) IL a visé à évaluer les conséquences écologiques du pastoralisme ayant pour objectif d’entretenir ou de rétablir des milieux ouverts. Par ailleurs comme autre point d’intérêt il convient d’évoquer la beauté de ces sites spectaculaires qui fascinent le promeneur par la vue panoramique qu’ils offrent. Le regard de là haut plonge vers le sud sur la vallée de la Durance qui s’étend jusqu’à la montagne de Sainte Victoire et devine la mer par beau temps. Vers le nord c’est la vallée du Calavon, les Monts de Vaucluse et encore plus loin le Mont Ventoux. L’utilité de ces milieux ouverts comme pare-feu indispensables à la protection des versants plus boisés n’est plus à démontrer également. CONCLUSION : Dans le Parc Naturel Régional du Luberon le maintien de la diversité des espèces et des habitats constitue un objectif prioritairement affiché dans le domaine de la protection de la nature par tous les partenaires gestionnaires d’espaces. Au vu de la connaissance acquise de la valeur de ces deux habitats en présence concomitante (cédraiemilieux ouverts sommitaux) sur les crêtes il a été convenu de garantir le statut-quo dans la répartition actuelle des deux formations biologiques en présence. L’équilibre cédraie- pelouses de crêtes du Petit-Luberon a été formalisé dans le cadre des révisions des documents d’aménagements forestiers des Forêts communales n°15 - mai 2005
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE : Le Fevre F. Diversité génétique de la cédraie du petit Luberon Courrier scientifique du Parc Naturel Régional du Luberon n°3 1999- P 139-140 Fabre J.P. &Chalon A. Recherches sur les ravageurs du cèdre au petit Luberon : exemple de la tordeuse Courrier scientifique du Parc Naturel Régional du Luberon n°3 -1999-p141-143 Fabre J.P. Extension du cèdre et risques d’attaques d’insectes .Revue Forestière Française 1976 –T4-n°2-p 261-269 Courbet F. Recherches sur la croissance et la sylviculture du cèdre de l’Atlas. Quelques résultats obtenus au petit Luberon Courrier Scientifique du parc Naturel régional du Luberon n°3-1999-p 144-149 Guende G. La Flore du Luberon Edisud 2004 -143p Gallardo M. La Faune du Luberon Edisud 1993-143p Favet C. Le Luberon des Insectes Edisud 1998-119p Guende G. Gallardo M. Magnin H. Secteurs de valeur Biologique Majeure Parc Naturel Régional du Luberon 1999 –118p
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Bulletin de la SBV
Esprit Requien (1788-1851) un botaniste avignonnais méconnu Pierre MOULET Museum Requien - 67 rue Joseph Vernet - 84000 Avignon Injustement méconnu du grand public, avignonnais notamment, Esprit REQUIEN est pourtant une des figures les plus attachantes du XIX° siècle de notre ville. Il faut bien dire à sa décharge que le peu de publications rédigées (et sur des sujets assez abscons) milite guère en faveur de sa reconnaissance. Quant aux actions plus prestigieuses auxquelles il fut associé, sa modestie l’empêcha d’en prendre les avantpostes. Qu’on en juge ! Sa naissance. Elle eut lieu le 5 mai 1788 dans une maison de la rue de l’Ombre, toute petite ruelle étroite reliant la rue des Lices à la rue Portail Magnanen et qui porte justement ce nom. Cette demeure était certainement une des plus originales que peut rêver une imagination fantaisiste … Le rez-de-chaussée n’existait pas. Ce n’était qu’un hangar où l’on entassait les produits de la tannerie administrée par un régisseur (A. de Pontmartin). Voilà le décor planté qui laisse augurer du bonhomme. On ne sait rien de son enfance ni de son adolescence, faut-il voir dans cet état de fait une conséquence de la période troublée que notre pays traversa. A peine Requien évoquera t-il, bien plus tard, certains manuels scolaires qu’il utilisait en classe de rhéto mais nul diplôme je crains que la notoriété publique de vos connaissances en histoire naturelle ne puissent suppléer aux parchemins qui vous manquent (Martins, 24 novembre1850). Malgré ce manque, Requien s’adonna sa vie durant à l’étude de l’Histoire Naturelle. Mais là encore nous ne savons pas par quelle voie il est arrivé à cette passion dévorante, tout juste se souvient-il que mon père m’avait rapporté de là [Hyères] un sac de coquillages, circonstance que je n’ai point oublié et qui a peut-être influé sur mes goûts ultérieurs (à sa mère, 21 juin 1837). Toujours est-il que Requien prend de plus en plus d’importance dans les deux voies qu’il suivit sa vie durant : l’Histoire Naturelle et le Bien Public. Requien s’est tellement impliqué dans ces domaines qu’il a été complètement absorbé, phagocyté. C’est pour cela notamment, et à cause de son amour de la liberté et liberté d’action qu’il resta célibataire et n’exerça aucune activité professionnelle ; les revenus de la tannerie familiale mise en gérance et ceux de quelques terres agricoles en maraîchage lui assurant des rentes suffisantes. Ainsi libéré de tout souci (il se trouva en outre un remplaçant pour la conscription), Requien put donc mener, s’adonner à ses deux passions en parallèle. Le Bien Public est une constante chez Requien. L’aide à ses concitoyens moins fortunés, un mot de recommandation … lui paraissaient l’évidence même. Nombreux furent ceux qui eurent recours à la générosité de Requien (qui en abusèrent même parfois). C’est dans cet état d’esprit qu’il - 13 -
faut comprendre son engagement dans la sauvegarde des remparts d’Avignon. La ligne de chemin de fer reliant Paris à la Méditerranée ayant été décidée, on pensa en haut-lieu la faire passer le long du Rhône, à l’emplacement des remparts qui auraient donc été tout simplement rasés. On imagine le tollé que cette décision engendra. Requien se lance dans la bataille pour la conservation de l’enceinte médiévale, soutenu par une grande partie des avignonnais et surtout par Prosper Mérimée qui, Inspecteur des Monuments Historiques agissait dans les ministères pour la maintenance. Encore que Mérimée se sente parfois abandonné par son ami vous êtes de drôles de pistolets … vous ne faites rien pour sauver vos remparts et vous voudriez que nous fassions tout (Mérimée, 13 avril 1846). Le dramaturge incite son ami à agir A votre place je ne me laisserai pas canuler par ces canailles du conseil municipal … Ces gens sont déterminés à ne pas vous laisser en paix. Morbleu ! mettez-leur le feu au cul (Mérimée, 10 janvier 1847). De tractation en compromis, l’affaire se déroula lentement, mais Avignon conserva ses remparts. L’opiniâtreté (et l’opposition du ministère de la Guerre) paya. Requien accepta aussi, en tant que négociant, et à plusieurs reprises, des fonctions au sein du Conseil Municipal ; non pour l’engagement politique que cela représente, mais toujours dans un souci d’aide à la communauté. On lui proposa la législature. Il accepta que son nom figure sur les listes mais faites votre possible non pour me donner, mais pour m’enlever des voix (à d’Olivier, s.d.). L’affaire des remparts amena Requien à quitter Avignon et à s’installer en Corse. Là, il pensait connaître une vie nouvelle dans laquelle l’Histoire Naturelle aurait enfin toute la place. Requien s’intéressa à presque toutes les disciplines, seule la zoologie ne le passionna pas beaucoup à l’exception de la malacologie. Mais la botanique fut la passion de toute sa vie. Dès 1806 (il n’a alors que 18 ans) Requien est en relation d’échange avec quelques botanistes locaux. Rapidement le cercle s’agrandit et en 1809 il correspond avec Loiseleur-Deslongchamps auquel il achètera l’herbier bien plus tard et lui dit j’attends au premier jour M. De Candolle, il ne me trouva pas au mois de juin quoiqu’il se fut détourné de sa route exprès (6 octobre 1809), au même un peu plus tard mon herbier commence à se former j’ai 4000 espèces au moins et pourtant il m’en manque près de 200 de la flore française ou des suppléments. J’ai reçu de belles plantes de M. De Candolle, je lui ai fait reconnaître plusieurs erreurs dans sa flore (à Loiseleur Deslongchamps, 1811).
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A tous ses correspondants, Requien réclame des plantes sèches. Il reçoit beaucoup, mais en contre partie il expédie beaucoup aussi Dans le courant de décembre j’ai fait partir 29 envois et j’en expédierai encore 2 ou 3 avant la fin du mois (à Loiseleur Deslongchamps, 26 décembre 1810). Les envois sont volumineux je peux vous expédier beaucoup d’espèces en 10, 20, 100 échantillons et davantage à l’avenir (au même, 1 novembre 1811) et riches l’envoi que vous venez de me faire, outre quantité de bonnes plantes, en contient 3 ou 4 nouvelles pour la flore (Loiseleur Deslongchamps, 16 septembre 1809). Evidement, il devient rapidement « difficile » je suis fâché que mon dernier envoi de plantes sèches n’ait pas été complètement à votre goût, il faut que votre herbier soit bien avancé puisque sur 66 espèces il ne s’en est trouvé que 3 ou 4 dignes d’y figurer (Granier, 19 avril 1807) ou bien votre herbier est déjà considérable à en juger par la liste de ce qui vous manque, qu’il est difficile de pouvoir y ajouter beaucoup (Loiseleur Deslongchamps, 9 mars 1809). Toutefois, il ne fallait pas le duper sur ce qu’on lui envoyait vous me dites que vous ne m’avez point envoyé de plantes de jardin, dites moi si les roses jaunes et rouges doubles, si l’estragon et la scorsonère viennent dans vos champs ? (à Leautier, 25 décembre 1809), la duperie était d’autant moins admissible qu’il achetait parfois des collections tout bien compté je n’ai trouvé que 500 échantillons qui méritent d’être comptés pour tels, pourtant pour vous montrer que je ne veux point avoir de discussion je vous en paierai le double, savoir 1000 et vos frais (au même, 7 décembre 1809). Après quelques années à ce rythme d’expéditions nombreuses, de courses incessantes et tout le travail de préparation que cela demande, Requien traversa une période à vide. De 1810 à 1814 il abandonna presque totalement la botanique au grand désespoir de ses correspondants. Mais la passion n’était pas éteinte je vous félicite bien sincèrement de votre retour à la botanique … j’ai dû d’ailleurs regretter un correspondant aussi instruit et aussi capable de faire de bonnes et utiles découvertes et rien, je vous jure, ne pouvais me faire autant de plaisir que d’apprendre la résolution que vous avez formée de ne plus abandonner l’histoire des plantes (Loiseleur Deslongchamps, 21 décembre 1814). Requien reprit l’étude de la botanique, mais de manière beaucoup plus calme quoique toujours aussi sérieuse. Les nombreuses courses et excursions en Provence furent l’occasion pour Requien d’une multitude d’observations botaniques qu’il consigna dans un catalogue des végétaux de Vaucluse, opuscule publié dans l’ouvrage de Guérin « Description de la Fontaine de Vaucluse » paru en 1813. En 1825 il publia aux Annales des Sciences Naturelles des « Observations sur quelques plantes rares ou nouvelles pour la flore française », mais nulle Flore comme on le lui demandait il nous faudrait un bon et Bulletin de la SBV
raisonnable praticien des plaines et des monts qui s’armât de courage pour châtier tant de florules, pour constituer enfin une légitime flore française. Tâtez-vous, Monsieur, et voyez si vous ne seriez pas notre Messie en botanique ! Erigez ce monument (Dufour, 27 septembre 1850). Ses observations vauclusiennes lui permirent pourtant de dresser la coupe de l’étagement de la végétation du mont Ventoux, étude parut dans l’ouvrage de Martins « Essai sur la topographie botanique du Mont Ventoux en Provence » (1838) où son nom n’est qu’à peine mentionné. L’autre affaire de sa vie, en matière de botanique, fut le jardin botanique d’Avignon qu’il contribua à créer, qu’il enrichit grâce aux subsides qu’il faisait affluer en Avignon et qu’il meubla grâce aux dons nombreux de la part d’autres établissements similaires, particulièrement le Museum National d’Histoire Naturelle. En marge de la botanique, Requien s’intéressait aussi à la paléontologie. Là encore, grâce à ses connaissances et collectes, il sut créer un réseau de scientifiques et d’amis auxquels il faisait parvenir largement ses glanes fossilifères qui ne manquaient jamais d’intérêt vos fossiles seront présentés à la société [Société géologique de France] dans la prochaine séance … Vous êtes assurés d’avance de l’accueil qu’ils recevront. Ils arriveront dans une séance pour laquelle on nous annonce une lutte assez vive entre deux conchyliologues distingués, Mrs Deshayes et d’Orbigny. Ce qui donnera à cette présentation une sorte d’à propos (Soc. Géol. France, 25 novembre 1843). Alcide d’Orbigny, auteur d’une monumentale « Paléontologie française » eut très souvent recours à lui et le nom de Requien apparaît à de nombreuses reprises dans cette véritable encyclopédie. Le marseillais Philippe Matheron, auteur de la première carte géologique des Bouches-du-Rhône lui dédia un genre nouveau de rudiste découvert à Orgon : Requienia. Il ne publia rien en la matière, laissant à d’autres le soin d’étudier ses collections. La malacologie fut une discipline qui l’intéressa toute sa vie et à laquelle il consacra beaucoup de temps et d’efforts. C’est d’ailleurs pour la malacologie que Requien publia le seul vrai ouvrage qu’il n’a jamais rédigé « Catalogue des Coquilles de l’île de Corse » (1848). En marge de ces activités scientifiques, il en est une, tout à fait indispensable, qui lui demanda également beaucoup d’énergie et d’argent : la recherche et l’achat d’ouvrages. Car, bien sûr, Requien possédait une bibliothèque. Bibliothèque généraliste et bibliothèque scientifique, deux volets d’une même nécessité, celle du savoir. Requien engloutit dans l’achat de livres la majorité de sa fortune. Entre 1823 et 1847 il dépensa plus de 45.500 francs de l’époque pour acquérir manuscrits, chartes et autres écrits relatifs à Avignon et au midi de la France d’une part et, d’autre part, tout ouvrage scientifique propre à l’aider dans ses recherches... Requien ne négligeait rien car il - 14 -
était pénétré de cette idée essentielle, qu’une bibliothèque provinciale doit valoir surtout par la réunion aussi complète que possible des publications sur le pays, et que parconséquent il est absolument nécessaire qu’elle se les procure toutes, sans en dédaigner une seule, même la plus insignifiante (Labande, 1897). Cette bibliothèque scientifique devint rapidement énorme et Requien affirme dans son testament que hors Paris il n’y en a point d’aussi nombreuse. Lassé des tracasseries créées à son encontre lors de « l’affaire des remparts », Requien décida de quitter Avignon et d’aller résider en Corse. Il avait déjà visiter l’île en 1822 et avait été frappé par les richesses naturelles (principalement botaniques) qu’il découvrit. Son intention, dès cette époque, était d’y retourner un jour d’autant que son ami Mérimée lui avait dressé un tableau de l’âme corse qui ne pouvait le laisser indifférent. En 1847 il part pour ne plus revenir en Avignon que brièvement (mars 1850avril 1851). En Corse, Requien consacre tout son temps à la collecte d’échantillons botaniques et malacologiques. A la demande de Mérimée, il consigne aussi toutes les observations archéologiques et ethnologiques qu’il peut. C’est en Corse qu’il rencontre Jean-Henri Fabre. Professeur nouvellement formé et nommé à Ajaccio, ce vauclusien d’adoption était passionné de botanique et de mycologie. Les deux hommes se rencontrèrent et échangèrent une correspondance nourrie dans laquelle Fabre, friand de conseils scientifiques, s’épanche sur son avenir, son manque d’argent (déjà !) et demande l’aide de Requien pour revenir sur le continent. Après un bref séjour en Avignon durant lequel il s’occupa du Musée Calvet (incluant une section Histoire Naturelle), de la Bibliothèque et du Jardin Botanique, établissements dont il avait été nommé directeur en 1849, Requien retourna en Corse soit disant pour récupérer des affaires. En fait, sitôt sur le sol insulaire, il reprend ses courses botaniques mais le 29 [mai] vers les 4 heures du soir, en préparant des plantes sur une table dans sa chambre, il fut frappé d’une attaque d’apoplexie et, malgré les soins les plus prompts et les empressés de trois médecins de ses amis qui ne l’ont pas quitté, il a expiré le 30 mai à 1 heure du matin (Ayme, 5 juin 1851). Ainsi finit, exilé, mais parmi les compagnes de toute sa vie : les plantes, un des plus grands avignonnais, un des plus méconnus aussi. La ville ramena la dépouille de Requien et l’enterra à ses frais. Sur son tombeau on grava ce verset de la Bible Cor rectum inquirit scientiam.En 1853, un décret de Louis-Napoléon Bonaparte transforma le nom du Musée d’histoire naturelle en Museum Requien. En 1866, Fabre fut nommé Conservateur du Musée Requien qu’il dirigera, avec les souvenirs que l’on imagine, jusqu’en 1873. Puis, peu à peu, le Museum tombe dans l’oubli, beaucoup de choses sont enfermées dans des caisses et une infime partie seulement est exposée.
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En 1907 le poste de conservateur est supprimé car jugé inutile. En 1925, un jeune bibliothécaire, Léon Germand, passionné de Sciences Naturelles obtient de son supérieur de s’occuper des collections. Le Museum est sur la voie du renouveau. Devant les richesses accumulées et grâce à la bienveillance de la Fondation Calvet, l’hôtel Raphaelis de Soissans est acheté en 1940 pour y établir le Museum Requien. Par testament du 21 janvier 1849 Requien rappelait les legs de 1839 et 1840 de sa bibliothèque historique et de ses bibliothèque scientifique et collections respectivement à la ville d’Avignon. Aujourd’hui la conservation des collections de Requien soit environ 300.000 plantes, 50.000 fossiles, roches et minéraux, 10.000 coquillages et plus de 3.300 numéros de bibliothèque est la tache principale de l’équipe du Museum. Gestion mais aussi accueil des chercheurs et du public venus travailler sur ce patrimoine inestimable et fragile. 1: actuelle rue Cassan. 2: actuellement classe de Terminale. 3: pour plus de détails voir bulletin SBV n° 4 (juillet 1997) 4: ensemble qu’il appelait « Bibliothèque historique du midi de la France » qui au jour du leg (1839) fut estimé 19.500 francs. 5: cette bibliothèque ne fut pas estimée lors du don. BIBLIOGRAPHIE Correspondants d’Esprit Requien, 4° série. Bibliothèque municipale d’Avignon [manuscrits]. Collectif, 1979.- Histoire d’Avignon. Edisud éd., Aix-en-Provence. GRANIER J., 1980.- Esprit Requien et son herbier. Candollea, 35. GRANIER J., 1984.- Esprit Requien et le musée d’Histoire naturelle d’Avignon. Revue Annuelle d’Information Mairie d’Avignon. LABANDE J.H., 1897.- Avignon (t. 27-2829) in Catalogue Général des Manuscrits des Bibliothèques de France. Départements. Plon éd., Paris. MOULET P., 1989.- Esprit Requien (17881851). Essai de biographie. Fondation Calvet éd., Avignon. MOULET P., 1989.- Esprit Requien, un botaniste provençal au XIX° siècle. Société des Amis du Museum National d’Histoire Naturelle et du Jardin des Plantes. MOULET P., 1997.- Histoire du jardin botanique d’Avignon. Bulletin de la Société botanique de Vaucluse. MOULET P. & GRABIE M.H., 2005.Comptes-rendus d’explorations botaniques en Corse au milieu du XIX° siècle. 130° Congr. Nat. Soc. Hist. Scient., La Rochelle, Histoire des sciences – Voyages et voyageurs. PONTMARTIN A. de, 1886.- Mes mémoires. T. II : seconde jeunesse. Calman-Levy éd., Paris. REQUIEN E., 1848.- Catalogue des coquilles de l’île de Corse. Seguin éd., Avignon. Bulletin de la SBV
Stage de la Société Botanique de Vaucluse
en Cerdagne et Capcir dans les Pyrénées-Orientales des 10 au 14 Juillet 2004 Les participants au stage d’été se sont retrouvés cette année dans les Pyrénées -Orientales et plus précisément en Cerdagne, dans le cadre agréable de l’hôtel Planés de Saillagouse, petite ville à 1300 mètres d’altitude. Josette et Emile ARGAUD nous ont fait largement profiter de leur connaissance du terrain et Milou a particulièrement veillé à ce que le train des botanistes reste compatible avec les impératifs des horaires liés à la marche en montagne. Rappel des itinéraires Au cours de nos cinq journées nous avons pu parcourir plusieurs massifs du Capcir et de la Cerdagne : - le 10 juillet : le Roc d’Aude, depuis les Angles (1650 mètres) nous prenons les remontées mécaniques jusqu’au Pics d’Aude à 2325 mètres, évitant ainsi une trop rude ascension pour ce premier contact avec la montagne. De là, après avoir emprunté une piste de ski et exploré quelques zones rocheuses sous le sommet nous nous sommes dirigés vers l’ouest, en direction du Mont Llaret et du Roc d’Aude (2376 mètres) pour redescendre ensuite vers la cabane et les étangs de la Balmette (2047 mètres) où une pluie fine nous surpris durant le déjeuner. Le retour s’effectua au travers d’une zone tourbeuse dans la forêt de Pinus uncinata et par la descente vers le lac de Balcère à1770 mètres, la navette pour un retour vers les Angles étant partie avant l’heure c’est grâce à l’amabilité de pêcheurs que les chauffeurs purent rejoindre les Angles et venir chercher le gros de la troupe. - le 11 juillet : circuit des petits lacs sous les Bouillouses : la route d’accès au barrage des Bouillouses étant interdite à la circulation nous prenons la navette qui fait régulièrement le trajet et nous descendons au niveau de la petite centrale électrique. L’herborisation débute aux abords de la route et du sentier en direction de l’Estany Negre au bord duquel nous déjeunons. L’après midi nous nous dirigeons vers l’Estany de la Pradella que nous
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contournons vers le sud, avant de remonter vers les Bouillouses par le GR 10. Avant de reprendre la navette certains membres se rendent au site du Malpas à propos duquel MM. Saule et Baudière avaient publié un article en 2001. - le 12 juillet : vers le col de PortéPuymorens : le matin, en direction de l’étang del Passet par le Cortal Michette, nous partons au-dessus de PortéPuymorens, vers 1696 mètres par le sentier « tour du Carlit » et après presque 2 km nous prenons un sentier vers le sud qui nous conduit au parking, à proximité du barrage del Passet où, après un apéritif offert par la société, nous déjeunons. L’après midi nous allons en voiture jusqu’au parking de la gare inférieure du télésiège de la station de ski de la Vignole (1820 m.) pour nous diriger vers l’Estanyol (2045 m.) en empruntant une piste aux abords de laquelle plusieurs milieux intéressants ont pu être explorés. - le 13 juillet : Puigmal d’Err par la vallée d’Err : après Err nous prenons la route qui longe la rivière du même nom jusqu’au parking des Planes (1971 mètres) d’où s’effectue le départ. La route est empruntée sur un peu plus d’un kilomètre, jusqu’à la côte 2077 mètres où, au niveau de la station de traitement des eaux, l’on s’engage sur le sentier longeant le ruisseau en direction SO-NE. La montée jusqu’à la crête, au niveau du petit Pic de Sègre (2810 mètres), se fait au milieu de groupements particulièrement intéressants. Le repas est pris à l’abri des rochers au niveau de la crête, à proximité d’un névé qui s’est maintenu au passage du col. L’après midi nous avons poursuivi par les crêtes en passant sous le sommet du Puigmal pour rejoindre la Tossa del Pas dels Lladres. Le brouillard ne nous a pas permis de poursuivre jusqu’au col de Caralps pour étudier la flore calcicole. Par le Pas dels Lladres (le col des voleurs) et le sentier passant par la Jaca del Prat de Tossa, au sud du
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téléski, nous avons rejoins la route et de là le parking. - le 14 juillet : Massif du Madres : depuis Villeneuve, au nord de Matemale, à 1500 mètres environ, montée en voiture par une piste jusqu’au col de Sansa, à une altitude de 1815 mètres. Nous prenons le sentier en direction de la maison pastorale du Pla de Gril jusqu’à la naissance du ruisseau de la Coume de Ponteils (2257 mètres), tourbière aux abords de laquelle nous déjeunons. De là par le Clot Redon nous atteignons la bordure des falaises dominant les lacs 300 mètres plus bas et par « la Font de la Perdrix » nous passons sous le roc des Gourgs pour redescendre, depuis le col de Passeduc (2284 m), sous le roc de la Pelade, en prenant le sentier qui par le talweg (quelques affleurements calcaires) rejoint la Jasse d’Ancréou.
En grisé : zones d’herborisation - 5 sites Résidence pour le stage : Saillagouse
Quelques uns des milieux et habitats observés Il n’est pas question ici de faire un descriptif complet des espaces parcourus et de ce qui a été vu lors du parcours des itinéraires cidessus, il sera essentiellement fait état de quelques milieux particulièrement marquants et typiques. Tout d’abord il faut souligner l’importance du facteur exposition et la très nette opposition entre les soulanes (adrets) brûlés de soleil et les ombrées (ubacs) aux pentes longuement enneigées. Cette différence apparaît particulièrement dans les espaces couverts par les landes. Bulletin de la SBV
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Les landes Reconnaissable de loin à la teinte vertbleuâtre des buissons arrondis et en été par leur éclatante floraison jaune d’or, la lande à Genêt purgatif (Cytisus oromediterraneus) occupe une place importante depuis le haut de l’étage montagnard jusqu’à la base du subalpin. Ce groupement monotone abrite quelques arbustes et herbacées héliophiles, citons notamment Asphodelus albus, Senecio adonidifolius, Linaria repens, Conopodium majus, Deschampsia flexuosa, agrostis capillaris, Hypericum maculatum, Thymus nervosus, Helictotrichum sedenense, etc. Très sensible aux gelées printanières le Rhododendron (R.ferrugineum) exige une abondante couverture neigeuse protectrice se maintenant tardivement durant le printemps, c’est donc en exposition nord que va se développer la Rhodoraie. Celle ci forme une strate dense et laisse peu de place aux autres espèces, on y rencontre toutefois Vaccinium myrtillus, V. uliginosum, Rosa pendulina, Juniperus sibirica, Calluna vulgaris, Sorbus chamaemespilus, Homogyne alpina, Deschampsia flexuosa, Senecio pyrenaicus, Galium pumilum, Hypericum burseri, Geranium sylvaticum, Gentiana burseri, Saxifraga geranioides, Dianthus barbatus, Allium victorialis, Pulsatilla alpina subsp. apiifolia, Pseudorchis albida, Oxalis acetosella, etc. Ces landes peuvent dans le cadre de la dynamique de la végétation évoluer lentement vers un peuplement de Pins à crochets. A la limite des étages subalpins et alpins et dans les situations les plus exposées aux rigueurs hivernales, soumises aux vents violents et sans couverture neigeuse protectrice va se développer la lande à Azalée naine (Loiseleuria procumbens), lande très rase, avec beaucoup de lichens (Cetraria et Cladonia), très imbriquée avec les pelouses rocailleuses voisines. Un bel exemple de cet habitat a pu être observé sur le massif du Madres, notamment sur le plateau au NW de la Font de la Perdrix. Parmi les nombreuses espèces notées sur ce secteur retenons Vaccinium. uliginosum, Leontodon pyrenaicus, Luzula lutea, Juncus trifidus.
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Loiseleuria procumbens (L ) Desvaux - Azalea procumbens L. C’est un sous-arbrisseau à tiges ligneuses disposées en espaliers plaqués au sol, avec des rameaux étalés ou légèrement redressés garnis de petites feuilles opposées et rapprochées, ovales, coriaces, épaisses, marquées par un sillon central, vertes sur les deux faces. Les petites fleurs roses, dressées sur des pédicelles courts, s’épanouissent en petits groupes de 2 à 6 fleurs en juin -juillet. Le calice à 5 divisions lancéolées est plus court que la corolle qui est découpée jusqu’au milieu en 5 lobes étalés en étoile ou légèrement renversés vers l’extérieur, autour des 5 étamines et du pistil. Le fruit est une capsule ovoïde de 3 mm. de haut environ. Distribution pyrénéenne : espèce typique des landes rases qui s’établissent à la limite des étages subalpin et alpin, sur les versants exposés à l’action violente des vents, qui, outre leur action mécanique propre, décapent le manteau neigeux hivernal, laissent les plantes sans protection, soumises à des conditions de vie extrêmement sévères ; centre et est de la chaîne à partir de la Haute-Garonne et de l’Aragon oriental. Aire : régions froides et hautes montagnes de l’hémisphère nord. Des landes dominées par la Callune (Calluna vulgaris) sont également assez fréquentes, elles abritent nombres d’espèces rencontrées dans les milieux précédents. Vers le col de Puymorens, à 1900 mètres environ, une lande dominée par la Callune hébergeait : Rhododendron ferrugineum, Vaccinium myrtillus, V. uliginosum, Cytisus oromediterraneus, Genista anglica, Rosa
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pendulina, Sorbus aucuparia, Daphne mezereum, Polystichum lonchitis, Athyrium filix-femina, Gymnocarpium dryopteris, Lycopodium clavatum, Polygonatum verticillatum, Luzula nutans, Veratrum lobelianum, Dactylorhiza maculata, D. viridis, Gymnadenia conopsea, Pseudorchis albida, Anthoxanthum odoratum, Deschampsia flexuosa, Festuca eskia, Angelica razulii, Conopodium majus, Meum athamanticum, Adenostyles alliariae, Arnica montana, Crepis lampsanoides, Hieracium pallidiflorum, H. pilosella, H. umbellatum, Homogyne alpina, Prenanthes purpurea, Senecio adonidifolius, S. pyrenaicus, Solidago virgaurea, Coincya cheiranthos, Jasione montana, Stellaria holostea, Knautia maxima, Lotus corniculatus, Gentiana acaulis, G. burseri, Hypericum maculatum, Armeria arenaria, Polygala vulgaris, Anemone nemorosa, Pulsatilla alpina subsp. apiifolia, Trollius europaeus, Potentilla erecta, Cruciata glabra, Galium pinetorum, Thesium pyrenaicum, Linaria repens, etc. Les forêts Les forêts de pins à crochets, essence dominante, presque exclusive, des forêts climaciques subalpines des Pyrénées, occupent une place importante dans le secteur oriental du massif, entre 1700 et 2450 mètres, en particulier en Cerdagne et Capcir. Espèce à vocation pionnière d’une grande amplitude écologique on les rencontre sur les sols les plus divers, dès l’étage montagnard en mélange avec le Pin sylvestre, avec alors des phénomènes d’introgression, et généralement seul à l’étage subalpin. Lors de notre séjour les pineraies ont été notées en particulier lors des excursions sur les massifs du Madres, du Carlit (petits lacs sous les Bouillouses) et au roc d’Aude vers le lac de Balcère. Il s’agissait essentiellement de pineraies à flore acidiphile, associée en ubac au Rhododendron, c’est là que la forêt est la plus dense et aussi la plus riche floristiquement, tandis qu’en soulane elle est accompagnée par les Genévriers et le Raisin d’ours. Sur les soulanes (= adrets) les pineraies sèches de Pin à crochets sur sol siliceux supportent la sécheresse estivale et les très basses températures qu’entraîne un déneigement précoce. Outre le faciès à Genévrier il est possible de noter des peuplements avec le Genêt purgatif et aux altitudes les plus éle-
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vées la présence de la Myrtille des marais. On y rencontre avec Pinus uncinata et en fonction des faciès : Pinus sylvestris, Betula pendula, Juniperus communsis, J. sibirica, Cytisus oromediterraneus, Arctostaphylos uva-ursi subsp. crassifolius, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Veronica officinalis, Linaria repens, Senecio adonidifolius, Melampyrum pratense, Hieracium gr. murorum, Deschampsia flexuosa, Viola riviniana, Luzula nivea, Lathyrus linifolius subsp. montanus, Cruciata glabra, Agrostis capillaris, Festuca eskia, Conopodium majus, Eryngium bourgatii, Jasione laevis, Dianthus deltoides, Prunella hastifolia, etc.. En ombrée (=ubac) et au subalpin moyen le Pin à crochets sera accompagné du Rhododendron et du Sorbier des oiseleurs, la Myrtille sera également présente. D’autres faciès sont fonctions de l’altitude, le Pin pourra être accompagné du Sapin dans les zones les plus basses sur les versants les plus humides, de l’Airelle des marais au subalpin supérieur et, dans les zones les plus élevées, exposées au vent violent et au froid intense, il accompagnera la lande à Azalée naine (Loiseleuria procumbens) et à Camarine (Empetrum hermaphroditum).
ques, qui colonise les pierriers siliceux et les éboulis schisteux et qui a pu être observé au Puigmal.
Dans la forêt de Pins à crochets de Llivia (secteur des Bouillouses) ont pu être notées les espèces ci-après : Ajuga pyramidalis, Arnica montana, Calluna vulgaris, Conopodium majus, Festuca paniculata subsp. paniculata, Genista anglica, Gentiana acaulis,.G. pyrenaica, Homogyne alpina, Jasione laevis subsp. Laevis, Luzula nutans, Meum athamanticum, Phleum pratense, Plantago monosperma, Potentilla erecta, Prenanthes purpurea, Pseudorchis albida subsp. albida, Pulsatilla alpina subsp. apiifolia, Sorbus aucuparia, Trifolium alpinum, Vaccinium myrtillus, Veratrum lobelianum, Veronica officinalis, Viola riviniana. On note donc dans ce relevé nombre d’espèces des pelouses et landes voisines, témoins de la reconquête de la forêt sur les espaces ouverts.
Dans les éboulis schisteux à grains plus fins on a pu observer des éléments de l’association à Iberis spatulatha avec en outre Papaver lapeyrousianum, Ranunculus parnassifolius, Pritzelago alpina, Epilobium anagallidifolium, Galium cometorhizon, Galium pyrenaicum, Galeopsis pyrenaica, Saxifraga exarata subsp. moschata, Viola diversifolia, Myosotis corsicana subsp. pyrenaearum.
Les éboulis et les rochers :
Sur des falaises au dessus de Porté Puymorens, vers el castell dels moros à 1780 mètres, on a relevé Asplenium septentrionale, Campanula rotundifolia, Deschampsia flexuosa, Festuca eskia, Jasione montana, Minuartia laricifolia subsp. diomedis, Plantago holosteum, Sedum brevifolium, S. hir-
Les groupements d’éboulis ont une grande extension dans les montagnes siliceuses, en particulier à la base des crêtes schisteuses. Dans les Pyrénées orientales on rencontre notamment un groupement original, riche en endémi-
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Les pierriers siliceux à gros blocs abritent une association « caractérisée par l’un des plus beaux ornements de la flore pyrénéenne, un Séneçon vigoureux, sous-arbrisseau au feuillage soyeux, blanc de neige, surmonté d’une hampe à capitules jaune-d’or : le Senecio leucophyllus….Le Senecietum leucophyllae introduit une note étrange, presque africaine, dans la désolante nudité des hauts sommets ruiniformes, et sous ce ciel limpide, rappelle un peuplement de Cineraire, image de végétation méditerranéenne ». Avec le Séneçon on commencera à rencontrer le rare Xatardia scabra, «Ombellifère volumineuse, trapue et grasse, presque acaule, à souche puissante, localisée sur quelques crêtes élevées… » (BraunBlanquet), espèce sans adaptation xérophile visible qui s’associe parfois au Senecietum leucophyllae. Dans ces zones nous avons notées en particulier : Senecio leucophyllus, Xatardia scabra, Poa cenisia, Erysimum seipkae, Iberis sempervirens, Arenaria grandiflora, Minuartia recurva, Sédum alpestre, Veronica fruticulosa, etc.
Sur les rochers schisteux, dominants les éboulis, notamment au SW du Petit Puigmal de Segre, ont été notés vers 2700 mètres : Androsace carnea, Primula latifolia, Saxifraga pubescens, S. bryoides, Biscutella pyrenaica et quelques touffes du rare Cerastium pyrenaicum dans les anfractuosités des schistes.
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sutum, Senecio adonidifolius, Silene rupestris, Solidago virgaurea, Spergula morisonii. Dans les éboulis du bas de pente Dryopteris oreades a été noté. Au roc d’Aude, vers le mont Llaret des blocs rocheux abritaient un certains nombre de fougères : Dryopteris carthusiana, D. filix-mas, Polystichum lonchitis, Athyrium distentifolium, Cystopteris fragilis, Gymnocarpium dryopteris qu’accompagnait notamment Saxifraga geranioides.
Cerastium pyrenaicum Gay. Clé : Espèce vivace, pistil à 5 styles, capsule à 10 dents, feuilles ovales, pétales dépassant largement les sépales. Description détaillée : Les tiges souterraines allongées, ramifiées, émettent des tiges aériennes courtes (15 cm. au plus), redressées, munies de feuilles ovales assez larges, rapprochées, densément couvertes de poils droits, non crépus. Les fleurs solitaires ou en petit nombre, s’épanouissent de juillet à septembre. Les pétales échancrés en cœur sont ciliés à la base, ainsi que les étamines ; les sépales lancéolés velus, à bordure membraneuse étroite, sont dépassés par les pétales. Le fruit oblong, droit, est un peu plus long que le calice. Aire : endémique des Pyrénées.
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Pelouses et rocailles Différentes formes de pelouses acidiphiles ont pu être reconnue sur les itinéraires parcourus, leur répartition outre l’altitude, est fonction des contraintes d’exposition, de pente, d’humidité et de la nature des sols. Leur surface est très variable, et peu parfois être très réduite. Ont été noté : Pelouses à Gispet (Festuca eskia), pouvant se présenter sous une forme en gradin ou bien fermée. Cette Fétuque est caractérisée par des feuilles très dures, piquantes et glissantes, elle a été régulièrement observée. Parmi les espèces qui l’accompagnent ont été notées : Veronica fruticans, Campanula ficaroides, Phyteuma hemisphaericum, Trifolium alpinum, Silene rupestris, Festuca rubra, Gentiana acaulis, Conopodium majus, Epikeros pyrenaeus, Meum athamanthicum, Ranunculus pyrenaeus, etc. Pelouses à Nard (Nardus stricta), soit mésophile (Nardaie sèche), en particulier sur les pentes du Roc d’Aude et du Madres, soit humide (Nardaie humide) notamment vers les lacs dans le secteur des Bouillouses. Dans les Nardaies sèches on a noté Carex caryophyllea, C. ovalis, Luzula multiflora, Phleum alpinum, P. pratense, Antennaria dioica, Hieracium lactucella, Leontodon pyrenaicus, Silene rupestris, Trifolium alpinum, T. repens, Lotus corniculatus, Veronica serpyllifolia, etc. Dans les Nardaies humides outre certaines des espèces ci-dessus on va trouver Epikeros pyrenaeus, Potentilla erecta, Phyteuma hemisphaericum, Gentiana verna, Trollius europaeus, etc. Pelouses à Alopecurus alpinus (= gerardi) et Trifolium alpinum, ce groupement qui peut se rencontrer dans les zones où la neige reste jusqu’au début de l’été n’a pas vraiment été observé, même si l’espèce a pu être notée dans le massif du Madres vers 2310 mètres vers le Pla des Gourgs Pelouses alpines couvrant les hauts massifs siliceux parcourus lors de la session, parfois imbriquées avec la lande à Azalée naine ou à Saules rampant et piquetées de rochers affleurants le sol, ou Festuca airoides forme un gazon ras. Ont été noté Botrychium lunaria, Agrostis rupestris, Helitotrichon sedenense, Oreochloa elegans*, Luzula lutea, L. spicata, Juncus trifi-
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dus, Carex curvula*, C. nigra, Pulsatilla vernalis, Bupleurum ranunculoides, Ranunculus pyrenaeus, Iberis sempervirens, Murbeckiella pinnatifida, Cardamine alpina, Draba dubia*, Erysimum seipkae*, Pritzelago alpina, Geum montanum, Potentilla crantzii, Alchemilla saxatilis, Arenaria grandiflora, Cerastium alpinum, Minuartia recurva, M. sedoides*, Silene acaulis, S. ciliata, S. suecisa, S. rupestris, Sedum alpestre, Sempervivum montanum, Mucizonia sedoides*, Armeria alpina*, Genista pilosa, Trifolium alpinum, Anthyllis vulneraria subsp. vlunerarioide, Lotus alpinus, Viola diversifolia*, Androsace carnea*, A. vitaliana*, Saxifraga fastigiata*, S. oppositifolia, S. geranioides, S. exarata, S. moschata, S. pentadactylis*, S. pubescens*, Pedicularis pyrenaica, Polygonum viviparum, Jasione crispa, Gentiana alpina, G. pyrenaica, G. verna, Gentianella campestris, Plantago monosperma, Linaria alpina, Leontodon pyrenaicum, Antennaria carpatica, A. dioica, Aster alpinus, Erigeron aragonensis, Hieracium breviscapum, Leucanthemopsis alpina, Saussurea alpina (Madres), etc. Sur le Madres, un affleurement calcaire à Dryas octopetala et dans des petites dépressions sommitales de Salix pyrenaica et S. herbacea. (* au Puigmal). Les milieux humides Les torrents et leurs abords immédiats hébergent une végétation qui tranche nettement avec celle des milieux environnants, c’est là que l’on va rencontrer le Saxifragetum aquaticae, association endémique des Pyrénées orientales et centrales avec en particulier, aux abords du torent Aiguaneix sur le Puigmal : Achillea ptarmica subsp. pyrenaica, Adenostyles alliariae subsp. pyrenaica, Cardamine amara, Cerastium cerastoides, Epilobium alsinifolium, Gentiana verna, Imperatoria ostruthium, Leontodon duboisii, Luzula desvauxii, Polygonum bistorta, Potentilla crantzii, Primula integrifolia, Saxifraga aquatica, Saxifraga stellaris subsp. robusta, Viola biflora, V. palustris. Sur le massif du Madres, en particulier à la naissance du ruisseau de la Coume des Ponteils et sur les tourbières sommitales du Pla des Gourgs ont été notées Carex echinata, C. nigra, Eriophorom polystachion, E. vaginatum, Trichophorum cespitosum, Juncus fili-
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formis, Drosera intermedia, Pinguicula grandiflora, P. vulgaris, Parnassia palustris, Primula integrifolia, Ranunculus angustifolius, R. aconitifolius, Saxifraga stellaris subsp. robusta, Bartsia alpina, Viola palustris, accompagnées en périphèrie par Salix lapponum, S. repens. Vers le col de Puymaurens, non loin du lac de l’Estanyol, en bordure de ruisselets, outre certaines des espèces cidessus on a pu observer Carex curta, Juncus alpinarticulatus, Luzula sudetica, Narthecium ossifragum, Cirsium palustre, Cardamine amara, Drosera rotundifolia, etc. Ce compte rendu est bien incomplet puisque nombre d’espèces rencontrées et non des moindres n’y sont pas mentionnées, c’est le cas de Lilium pyrenaicum qui à plusieurs reprises et en particulier dans les mégaphorbiaies a pu être observé avec les Aconits et le cortège habituel de ces milieux. Cette région des Pyrénées est particulièrement riche et nous aurons plaisir à y revenir, ne serait ce que pour approfondir la connaissance de certaines espèces et pouvoir différencier Minuartia verna de M. recurva, dont Flora Iberica indique qu'en haute montagne on peut observer des formes particulières, quelques unes convergeant vers M. recurva… Jean-Claude BOUZAT Les vertus de Loiseleuria procumbens (d ‘après Émile) Pendant le stage d’été dans les Pyrénées Orientales remarquablement encadré par Jean-Claude Bouzat et Josette Argaud, nous avons été, non moins remarquablement guidés par Emile Argaud (mari de notre accompagnatrice locale). Et c’est lui qui nous a confié la recette de sa potion miracle contre les calculs rénaux : Faire bouillir une grosse poignée de Loiseleuria dans ½ litre d’eau pendant 5 minutes. Filtrer et boire la tisane. Ne pas jeter les plantes et recommencer l’opération mais cette fois en maintenant à ébullition pendant 10 minutes. La troisième et dernière fois, il faut 15 minutes d’ébullition. Il faut donc boire 1 litre et demi de tisane de plus en plus concentrée (et donc de plus en plus amère) au cours d’une même journée. Loiseleuria procumbens(L.)Desv. est, en catalan, appelée Trenque (prononcez trinque) pedre ce qui pourrait se traduire par casse-pierres, en raison de ses propriétés. Cette plante n’est malheureusement pas commercialisée par les herboristes. Il vous faudra donc récolter vous-mêmes les rameaux terminaux fleuris (la meilleure période de cueillette se situe fin juin) sur les versants nord entre 2000 et 2500 mètres d’altitude. Bonne récolte ! Catherine Salles
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Xatardia scabra (Lapeyrouse ) Meissner. « La monotonie minérale apparente des croupes schisteuses et des éboulis bruns qui croulent depuis les hautes crêtes des Pyrénées catalanes réserve pourtant des rencontres de choix. L’une des plus inattendues est la découverte d’un peuplement de cette ombellifère naine et trapue qui surnage dans la marée mouvante des plaques de schistes.
Senecio leucophyllus De Candolle.
C’est une plante vivace assez remarquable, qui rappelle en réduction (30 cm. au plus), le Seneçon Cinéraire des jardins de rocaille. Le rhizome, entouré par les débris des anciennes feuilles, donne naissance à des rosettes de feuilles pétiolées couvertes sur les deux faces d’un feutrage très dense blanc de neige, à limbe profondément découpé en segments eux-mêmes^dentés ou lobés. La tige florifère munie de quelques feuilles à segments un peu plus étroits, est elle aussi revêtue de blanc pur avec, à son sommet, un corymbe dense composé de capitules jaunes d’or qui s’épanouissent de juin à août. Les fleurs en tube et les fleurs à ligule, ces dernières en petit nombre (58), sont entourées par un involucre blanc laineux. Les fruits couverts de petits poils sont surmontés d’une aigrette de soies disposées sur plusieurs rangs. Aire : Massif Central (Mézenc, où nous l’avons vu en juin 2004), Pyrénées catalanes et ariégeoises).
Dessins et leurs commentaires sont extraits de « La grande flore illustrée des Pyrénées » par Marcel Saule – Ed. Milan – 2002. sauf Eryngium bourgatii de « les Pyrénées » C. Dendaletche ( Ed. Delachaux - Niestlé )
La plante a été dédiée au botaniste catalan Pagès-Xatard (1774-1846 ) pharmacien à Prats de Mollo, qui la récolta pour la première fois vers le col de Nuria.ll collabora avec Lapeyrouse, et lui fit part de ses découvertes. Lapeyrouse appela la plante Selinum scabrum. Meissner créa le genre particulier Xatardia.
http://perso.wanadoo.fr/argaud/ botanique/index.html Herbier virtuel des Pyrénées orientales: ~ 460 espèces. Josette Argaud ; liens photos : J ;Dexheimer. ( Index par espèces noms latins- Photographies- Liens vers d’autres sites intéressants- Scanners de plantes fraîchesAgrandissement d’images possibleBrève description de l’espèce ). Bulletin de la SBV
Le limbe des feuilles, vert Véronèse, trois fois divisé, et dont les lobes comme les nervures sont rudes au toucher ( scabres ) , a un aspect qui rappelle d’autres ombellifères et lui vaut son nom catalan, Julivert d’isard ( Persil d’isard ).Les pétioles des feuilles souvent enfouis dans l’éboulis se dilatent à la base en une large gaine striée, embrassante, teintée de rouge violacé dans la partie qui émerge à la lumière. La tige engoncée dans les gaines des feuilles, porte une ombelle à rayons très inégaux, épais, couronnés par des ombellules denses de fleurs blanc- verdâtre à étamines crème, accompagnées par un involucre de bractées étroites, caduques. Au cours de la fructification la tige s’élève, ainsi que les rayons de l’ombelle, sans excéder une hauteur de 25 cm. Les fruits ovoïdes assez gros, à côtes épaisses, sont surmontés par les styles persistants rabattus. A la suite d’un collet qui traduit par ses stries et son infléchissement l’accroissement de la plante qui lutte contre l’épaississement de l’éboulis, un enracinement puissant plonge sous la couverture pierreuse dans la partie profonde qui emmagasine les éléments fins et les réserves d’humidité indispensables.
Distribution pyrénéenne : éboulis schisteux et calcaires ( espèce caractéristique de ces milieux ) aux étages subalpin et alpin de la partie orientale de la chaîne. Aire : endémique des Pyrénées.
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Botanique Générale (comptes-rendus M. Graille)
Plantes envahissantes de la région méditerranéenne. Cette présentation a été assurée par Sarah Brunel, chargée de mission « plantes envahissantes » pour le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles le mardi 22 février 2005 lors de la réunion mensuelle. Une plante envahissante est par définition une « espèce exotique naturalisée dans un territoire qui modifie la composition, la structure et le fonctionnement des écosystèmes naturels ou semi -naturels dans lesquels elle se propage » (Cronq et Fuller, 1995). Une plante sur mille deviendrait envahissante selon une règle établie par Williamson. Les invasions biologiques sont unanimement reconnues comme un réel problème à l’échelle mondiale. Les organisations internationales et les gouvernements se mobilisent autour de ce phénomène, considéré comme l’une des grandes causes de perte de diversité biologique. Il n’existe pas de « profil type » pour les plantes envahissantes. Celles-ci présentent des traits biologiques très variés. Elles ont souvent une croissance rapide ; des modes de reproduction sexuée ou végétative très actifs. Elles sont ,par ailleurs, très compétitives et résistantes. Souvent, leur caractère envahissant ne se révèle qu’a la suite d’une phase de latence de plusieurs dizaines d’années après leur introduction. Les plantes envahissantes se caractérisent en fait par les nuisances qu’elles génèrent sur l’environnement, sur les activités humaines, sur la santé ou encore sur les paysages. Elles entrent en compétition avec les espèces autochtones et peuvent concurrencer ou menaces des espèces rares, protégées ou à forte valeur patrimoniale. Par leur prolifération, elles modifient également les écosystèmes et peuvent, en conséquence, perturber la faune sauvage. Les modifications du milieu qu’elles entraînent peuvent avoir des répercussions sur le pastoralisme en diminuant la valeur fourragère des pâtures, ou sur la circulation de l’eau en milieu humide. Elles peuvent également devenir des pestes pour les cultures et diminuer les rendements agricoles. Quelques espè-
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ces posent des problèmes de santé publique ; qu’elles soient allergisantes, urticantes ou encore photosensibilisantes. Les habitats naturels soumis à des perturbations d’origine naturelle (incendie, éruption volcanique, crues) et surtout artificielle ( déforestation, mise à nue de la terre, surpâturage) sont généralement les plus sensibles aux invasions végétales. En région méditerranéenne 15 espèces ont perçues comme les plus envahissantes (voir liste jointe). Après enquêtes auprès des gestionnaires d’espaces naturels et de milieux aquatiques (Agence Régionale pour l’Environnement en PACA et l’Agence Méditerranéenne de l’Environnement en Languedoc-Roussillon- avec le concours du Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles) un programme a été mis en place, à la charnière entre le monde des scientifiques et le monde des professionnels -analyses de terrain à l’aide d’observateurs, synthèse des connaissances -expérimentation des méthodes d’action, de contrôle des espèces envahissantes (diverses techniques peuvent être envisagées depuis des mesures de précaution jusqu’à des mesures de contrôle mécanique, chimique ou biologique). Ces plantes, modèles de productivité, d’adaptation et de résistance, sont souvent vendues dans le commerce. Elles présentent d’indéniables qualités ornementales. Elles servent parfois à végétaliser talus, bords de routes et autres lieux incultes. Il sera nécessaire de collaborer de manière accrue avec les organisations professionnelles pour trouver des espèces de substitution répondant aux besoins des consommateurs et s’affranchissant des nuisances liées aux invasions. Ainsi, il sera possible de transformer en atout ce qui aurait pu être considéré comme un frein à la croissance économique d’une filière professionnelle. Tous les problèmes évoqués ci-dessus ont fait l’objet d’un débat avec les sociétaires présents. Un guide a été élaboré. La version papier étant épuisée car il a été largement diffusé, le texte intégral reste accessible en ligne sur le site www.ame-lr.org - 21 -
Liste des plantes envahissantes de la région méditerranéenne (15 fiches) Acacia dealbata Link.-FabacéesMimosa d’hiver. Ailanthus altissima(Miller) SwingleSimaroubacées-Faux-vernis du Japon. Ambrosia artemisiifolia L.-AstéracéesAmbroisie à feuille d’armoise. Amorpha fruticosa L.-Fabacées-Fauxindigo. Baccharis halimifolia L.-AstéracéesSéneçon en arbre. Buddleeja davidii FranchetBuddlejacées-Buddleia ou arbre aux papillons. Carpobrotus acinaciformis(L.) L.Bolus Carpobrotus edulis(L.)N.E.Br.Aizoacées-Griffes de sorcière. Cortaderia selloana(Schultes) Asch.et Graebner-Poacées-Herbe de la pampa. Impatiens glandulifera RoyleBalsaminacées-Balsamine de l’Himalaya. Lippia canescens Knnth-VerbenacéesLippia. Ludwigia grandiflora(Michaux) Greuter& Burdet Ludwigia peploides(Knuth) P.H. Raven - Onagracées-Jussies. Opuntia spp.-Cactacées-Oponces ou Figuiers de Barbarie. Reynoutria japonica Houtt. Reynoutria sachalinensis(Friedrich Schmidt Petrop.) Nakai-PolygonacéesRenouée du Japon et Renouée de Sakhaline. Robinia pseudoacacia L.-FabacéesRobinier faux-acacia. Senecio inaequedens DC.-AstéracéesSéneçon du Cap.
Encore une envahissante… ! Sous le titre « une peste végétale à combattre »,le Courrier de la Nature n° 214-juilletaout 2004, envisage le cas de Phytolacca decandra L.( le raisin d’Amérique) qui envahit la forêt de Fontainebleau, générant des dangers pour les herbivores( sa toxicité est égale à celle du buis) et ayant la propriété de fermer les biotopes. Le seul remède envisagé est l’arrachage soigneux…les bénévoles sont sollicités !
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Week-end dans les Baronnies (22 et 23 mai 2004) 1-Le Devès de Nyons. Herborisation dans la matinée au sommet du Devès. Le détail peut se retrouver dans un article antérieur de « Terres d’Eygues » n° 33- pages 25 à 36 « Ballade floristique sur le Devès de Nyons » par Michel Bernardeau, Jean Laurent, Marie-Hélène Le Roux, JeanLouis Rochas et Vally Laget pour les noms provençaux. Document illustré d’un 4 pages couleurs et accompagné d’une bibliographie. Présentation géologique, géographique et historique. Plantes de la chênaie verte Plantes de la garrigue et des rocailles . Plantes des terrasses. Quelques plantes de l’étage collinéen. 2-Vallée de l’Eygues- plusieurs stations. A retenir deux plantes protégées régionales Biscutella valentina L. subsp. pyrenaica ( A. Huet) Grau & Klingenberg et Biscutella cichoriifolia Loisel 3 Montagne du Raton. A retenir deux plantes protégées -nationale Orchis spitzelii Sauter ex Koch subsp. spitzelii, deux pieds fleuris vers 1220 m. sur terrain marneux humide. -régionale Ephedra nebrodensis Guss. sur crête, vers 1400 m. Les relevés botaniques exhaustifs de ces deux journées ont été dressés par Jean-Claude Bouzat.
Biodiversité. Début juillet 2004, la Société botanique de France a organisé une session sur le site riche en histoire du MontCenis. Lors de l’exploration de la combe de Cléry, toute proche du col du Mont-Cenis à plus de 2000 m. d’altitude, les botanistes ont découvert une plante non encore signalée d’un bout à l’autre de l’arc alpin : la laîche des glaciers (Carex glacialis).Cette discrète plante herbacée n’était connue que dans les régions proches du cercle arctique. Il s’agit d’une découverte exceptionnelle, le recensement d’une nouvelle espèce dans les Alpes étant un fait rarissime. Il s’agit d’une plante réfugiée après la dernière glaciation il y a Bulletin de la SBV
12.000 ans. Elle rejoint la douzaine d’espèces protégées déjà inventoriée dans la combe de Cléry et les autres pentes dans le secteur de la Turra à l’ouest du col du Mont-Cenis. Le milieu est malheureusement mis en danger par un projet de construction de huit remontées mécaniques !!
Informatisation des collections L’informatisation des collections scientifiques est une priorité des muséums. En région PACA, cette tâche, qui s’étend sur plusieurs années, a été initiée avec des logiciels différents. Au niveau national, ce sont les herbiers qui ont été choisis pour être les pionniers en faveur d’une homogénéisation de l’informatisation des données. Le Muséum national d’histoire naturelle propose d’utiliser la base SONNERAT pour rassembler les informations (planches, types nomenclaturaux, fruits, bois,..). Cette base déjà utilisée à Paris permet la constitution d’un catalogue avec l’attribution d’un numéro d’inventaire aux parts. L’ensemble des données sont consultables sur Internet et permet ainsi une large diffusion des informations auprès des chercheurs. Trois musées en France informatisent déjà leurs collections sous SONNERAT : Le Muséum de Clermont-Ferrand, le Conservatoire de Nancy et l’Institut botanique de Montpellier. Dix institutions sont détentrices d’herbiers en région PACA, ce qui correspond à un total de 1,5 million de spécimens environ. (d’après « Actualités- Muséums de la région PACA -n° 10-Automne-Hiver 2004).
Arabidopsis thaliana Une lignée mutante de cette plante favorite des généticiens (« hothead ») ne respecte pas les lois de la génétique ? Selon une étude américaine publiée dans la revue « Nature »,ce végétal disposerait d’un mécanisme de réparation de ses mutations fondé non sur l’ADN mais sur une sorte de copie cachée et ancestrale de ce phénomène (ARN « crypté »).Le caractère mutant disparaîtrait à la 3 ème génération dans 10% des cas. Des critiques de cette étude évoquent des mécanismes de chimèrisme déjà observés chez certaines plantes ornementales. A suivre…
Mares temporaires Le Courrier de la Nature n° 212- mai-juin 2004 signale le bilan en préparation du programme « mares temporaires » de LifeNature. Ces milieux sont en régression constante car méconnus du public et très sensibles aux changements environnementaux Ils hébergent des espèces rares et protégées telles que Ranunculus laterifolius DC.( vue en Ardèche lors d’une sortie de la SBV et Marsilea strigosa (la marsilée pubescente),espèce méditerranéenne de fougère amphibie.
Ambroisie Il faut signaler le très complet « Dossier d’information- Guide méthodologique » La lutte contre l’ambroisie- diffusé par la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales de Vaucluse.Il peut être téléchargé sur le site : www.ambroisie.info
Les planches de l’Harmas sont accessibles sur le site : www.mnhn.fr Institution
Ville
Musée Requien
Avignon
MNH
Aixen-Provence
MHN
Nice
Université Aix-Marseille I
Marseille
MHN
Marseille
Harmas de Fabre Université Aix-MarseilleII
Sérignan du Comtat Marseille
MHN
Toulon
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Herbiers principaux Requien De loiseleurDeslongchamps Dughi Reynier Jahandiez Quezel Vallot Barla Salanon Castagne Contandriopoulos Peunel Metzger Legre Mercurin Fabre
Nombre de spécimens 450000
Informatisés
%
1280
0,3
422000
18000
4,2
250000
20000
8
150000
20000
13,3
150000
0
0
20000
3500
17,5
Huvé Verlaque Boudouresque Berner Albert Lamar Jacquart
20000
5000
25
18900
100
0,5
1480000
67880
4,5
n°15 - mai 2005
Informations Un aperçu de nos activités au sein des manifestations à caractères botaniques de la région PACA La SBV, comme vous l'avez vu dans le programme, participe aux journées "Plantes rares et jardins naturels " à Sérignan. Elles se sont déroulées les 17et 18 avril 2004. Une bonne dizaine d'adhérents se sont mobilisés pour mettre en place une superbe exposition de plantes fleuries du moment, 170 au total. L'exposition a été très appréciée par le public. A l'occasion de cette 4ième participation nous avons décidé de réaliser 5 affiches (70x120cm) à thèmes: Le Mont Ventoux Les Monts de Vaucluse La garrigue Les sables siliceux et les ocres Les milieux humides Pour cela nous avons réuni des diapositives, des photographies de nos adhérents et effectué une sélection pour composer nos planches. Au départ nous ne pensions pas que ce serait aussi laborieux et coûteux, nous y sommes arrivés et le résultat est très convenable (bien sûr il y a mieux !mais nous ne sommes pas des "pros ") Notre participation ne s'arrête pas là, nous avons encadré 4 sorties sur le sentier botanique au cours desquelles se sont noués de bons contacts. Je remercie toutes les personnes pour leur active participation et conseille vivement à tous les adhérents (nouveaux surtout) de s'intégrer à cette manifestation un moyen sur et efficace pour découvrir la flore du Vaucluse, c'est ainsi que les membres fondateurs de la SBV ont progressé… En octobre les 9/10 /11 à Châteaurenard, département limitrophe, nous avons présenté, sur le thème " Fruits de l'automne ", 200 espèces botaniques avec leurs fruits aux côtés de la Société mycologique du Vaucluse. Les dates correspondant avec la Fête de la Science, le lundi nous avons accueilli les classes primaires et secondaires avec leurs enseignants. La récolte, la mise en place, l'encadrement ont été accomplis par un petit groupe très dynamique qui a soif de connaissance et qui aime le faire partager et tout cela dans un esprit de conviBulletin de la SBV
vialité venez ,n'hésitez pas la prochaine fois … Une 3ième manifestation non prévue dans le programme s'est ajoutée en cours d'année. La mairie d'Avignon, par son adjoint délégué à l'environnement, monsieur François Leleu, nous a sollicité pour participer à la semaine "Fête de l'Arbre "du 2 au 6 novembre2004. "Fête de l'arbre" - oui, mais en automne où l'on risque de n'avoir que des arbres défeuillés ! ( difficile alors d'identifier). Après une concertation avec les membres du bureau nous avons opté pour une exposition des arbres à feuilles persistantes (conifères, fagacées,etc.) et la présentation d’un diaporama .Ainsi décidé et proposé, nous avons réalisé pour notre plus grande joie une exposition de 110 espèces botaniques à feuilles persistantes mais aussi à feuilles caduques( les conditions climatiques nous l'ont permis) dans le péristyle de l'hôtel de ville, une magnifique salle d'exposition bien éclairée mais malheureusement située au premier étage ! Le vendredi était réservé aux scolaires et leurs enseignants, avec ateliers et visites adaptées, tandis que le samedi était ouvert à tout public. La récolte, la mise en place, l'encadrement, le diaporama ont nécessité la collaboration d'une dizaine de personnes. L’absence de signalisation appropriée au rez-de-chaussée a probablement perturbé la fréquentation de l’exposition, la proximité de la salle des mariages pour la projection du diaporama le samedi après-midi a donné lieu à quelques difficultés. Malgré cela il s’est trouvé, parmi le public, un couple particulièrement attentif et qui nous a laissé un témoignage bien sympathique de son passage : “ We were so delighted to see this excellent display of the flora of Vaucluse and to find that –traditional Botany- is still flourishing in France. In English schools and colleges the emphasis is all on plant physiology! Philip and Susan Cheetham- Canterbury- England”. En soirée, nous avons pu assister à une conférence sur les « allergies aux pollens, en particulier celles engendrées par la famille des cupressacées » du Dr. Autran. Une documentation très complète a été distribuée. - 23 -
Chers amis adhérents vous qui êtes peut être loin d'Avignon, peu disponible, je tenais à vous dire tout cela, la SBV ne se repose pas sur ses "lauriers". Huguette ANDRE
S’instruire à Salagon - extraits Musée Départemental EthnologiquePrieuré de Salagon 604300 MANE Tel. 0492757050 - Fax. 0492757058
[email protected]. www.musee-de-salagon.com Dimanche 22 Mai : 14 h. à 17 h.- Stage animé par Dorothy Dore, botaniste à Salagon. Initiation à la botanique- Niveau 1. De la loupe binoculaire aux usages traditionnels : reconnaissance de quelques familles de plantes présentes autour du Prieuré, à cette saison. Réalisation d’un herbier de la flore utile en Haute-Provence. Samedi 4 Juin : 11 h.- Conférence animée par Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste. L’évolution des milieux boisés en Haute-Provence. La diversité des plantes ligneuses est plus élevée en région méditerranéenne que dans le reste de l’Europe. Depuis plus de 7000 ans, les sociétés humaines ont profondément modifié le visage primitif de ce couvert végétal aux multiples potentialités. De nos jours, la fin de l’économie rurale traditionnelle fait que le paysage végétal méditerranéen se modifie rapidement, au point d’amorcer un retour vers des états antérieurs à l’histoire. Cela ne va pas sans conséquences biologiques, ni sans enjeux sociaux d’importance et nous fait nous interroger sur son devenir en un temps où la crise de l’environnement oblige à réfléchir sur une nouvelle gestion des milieux forestiers. 15 h.- Table ronde scientifique sur le thème de « L’arbre et l’homme ». Dimanche 2 Octobre : 14 h. à 17 h.Stage animé par François Tessari, responsable des jardins à Salagon. Initiation à la botanique- Niveau 2.
n°15 - mai 2005
Approfondir les connaissances en découvrant l’anatomie simplifiée des plantes à fleurs, le vocabulaire botanique usuel, les méthodes de détermination et les usages de la flore en France. Samedi 15 Octobre : dans le cadre de la Fête de la Science- Conférence animée par Pascal Luccioni, Maître de conférences. Le latin de mon jardin Le latin est la langue officielle des botanistes depuis plus de 300 ans. Mais quel sont les grands traits de cette « langue » artificielle qu’est le latin botanique ?Après avoir donné quelques exemples de sa puissance d’évocation en s’inspirant des plantes présentes dans les jardins de Salagon, P.Luccioni s’attachera à parler des origines historiques du latin et essaiera surtout de nous faire comprendre la formation des noms.
Notes de lecture Flora alpina1 Il s'agit là d'un monument de la science botanique, tant par son ampleur que par son contenu, réalisé par des botanistes de renom avec le concours de nombreux spécialistes au nombre desquels sont cités notamment A. Charpin, L.Garaud, B. Girerd, D.Jordan pour la France et après consultation d'une multitude de documents originaux parmi lesquels 16 Flores dont certaines nous sont familières (Coste, Fournier, Pignattti). C'est le premier ouvrage consacré à la Flore de l'arc alpin dans son ensemble, arc alpin qui sur une surface de 170 000 kilomètres carrés concerne, à des degrés divers, 7 pays : Allemagne, Autriche, France, Italie, Liechtenstein, Slovénie, Suisse et même une petite partie de la Hongrie. Les limites de la dition ont été établies avec précision. Ainsi, pour la France, si seul le département des Hautes Alpes (05) figure dans sa totalité, 8 autres départements sont partiellement représentés : il s'agit des Alpes de haute Provence (04), des Alpes maritimes (06), de la Drôme (26), de l'Isère (38), des deux Savoies (73-74), du Var (83) et du Vaucluse (84), la petite portion de ce dernier département excluant toutefois le Lubéron et le Plateau de Vaucluse. L'ouvrage veut représenter une synthèse des connaissances botaniques acquises depuis le 19° siècle concernant environ 4500 plantes vasculaires illustrées par près de 5900 photographies (ou parfois croquis) d'excellente qualité. Si l'on définit un taxon comme étant une unité systématique de rang quelconque, Flora alpina mentionne 4491 taxons soit le tiers environ des plantes de notre continent européen. Ces différents taxons s'articulent comme suit : 148 familles 933 genres 33 agrégats (dans les genres Alchemilla, Amaranthus, Aster, Hieracium, Leucanthemum, Potentilla, Ranunculus, Rubus, Rumex, Taraxacum ) Bulletin de la SBV
4028 espèces 430 sous espèces. Pour chacune des espèces étudiées, une fiche indique, après le nom scientifique accepté, selon les règles du Code International de Nomenclature (Greutner et al. , 2000), le basionyme (un basionyme est un synonyme portant l'épithète spécifique originale transférée à un autre genre) et les synonymes ainsi que les noms communs les plus répandus en français, allemand, italien, slovaque et parfois anglais. Chaque fiche comporte une carte de répartition selon les subdivisions administratives présentes dans la dition (districts, Länder, départements, provinces ou cantons selon les pays). En outre, d'autres régions hors de l'arc alpin, mais faisant cependant partie du "système alpin" ne sont pas oubliées, c'est le cas, pour la France, du Jura, du Massif Central, des Pyrénées, des Vosges et de la Corse. Pour ces régions, chaque fiche indique seulement la présence ou l'absence de la plante considérée. Les fiches donnent en outre des indications, sous forme de code, concernant la biologie, la phénologie, la chorologie (espèces endémiques, xénophytes ou indigènes), l'écologie et également la phytosociologie (basée sur le synsystème des Alpes de Theurillat et al., 1995). Et, en regard des fiches figurent des photos, voire des schémas, d'excellente qualité. Du fait de la couverture géographique transfrontalière de Flora alpina , les auteurs ont veillé à ce que chaque fiche soit indépendante des langues utilisées dans les différents pays de la dition, d'où l'emploi de codes parfois fastidieux à lire au premier abord. Pour la même raison et également pour ne pas alourdir encore cet ouvrage, on ne trouvera pas dans Flora alpina de descriptions morphologiques ni de clés de détermination , ni non plus d'indications sur la cytologie -nombres chromosomiques-, l'ethnobotanique, la toxicité ou les degrés de menaces, rubriques pour lesquelles les auteurs ren- 24 -
voient aux flores nationales, régionales ou spécialisées, listes rouges, arrêtés législatifs etc…Ces manques peuvent paraître regrettables pour les botanistes de terrain pour lesquels Flora alpina ne constituera qu'un complément , certes très utile, voire indispensable, à d'autres flores plus classiques. A ce sujet, on ne peut s'empêcher de comparer cet ouvrage avec Flora helvetica dont la présentation, dans un format un peu moindre, est proche de celle de Flora alpina, ce qui n 'a rien de surprenant puisque l'un de ses auteurs (K.Lauber) est coauteur de Flora alpina. C'est aussi pour cela que dans les deux ouvrages figurent des photos identiques au format près. Et Flora helvetica comporte comme nous le savons, des descriptions morphologiques et une clé de détermination annexée. Christian Grosclaude 1
Ouvrage réalisé dans le cadre du Conservatoire et Jardins botaniques de la Ville de Genève (CJBG) par D. Aeschimann, K. Lauber, D.M. Moser et J.P. Theurillat ., avec le concours de nombreux autres botanistes. Trois volumes totalisant plus de 2600 pages, dont la version française est disponible aux éditions Belin (prix : 190 €).
Des publications récentes pour se repérer dans l’Histoire de la Botanique 1) Les botanistes et la flore de France: trois siècles de découvertes par Benoît Dayrat Dans le dernier numéro de ce bulletin, était signalée la parution en 2003 sous la houlette du Muséum national d’Histoire naturelle, dans la collection Archives de ce gros livre - 690 pages ! de Benoît Dayrat ; l’auteur est un malacologiste (= spécialiste des Mollusques Gastéropodes! ) averti, post doctorant dans sa spécialité en Californie ; il s’est pris aussi de passion pour ces botanistes qui depuis des siècles ont arpenté le territoire français pour étu n°15 - mai 2005
dier les plantes composant sa couverture végétale et a écrit ce livre en même temps qu’il préparait sa thèse. À partir d’une liste d’espèces valides de la Flore de France présente dans Flora Europaea, et dans l’Index synonymique de Michel Kerguelen, l’auteur a sélectionné les premiers botanistes qui les ont découverts et a rédigé leurs biographies, abondamment renseignées Par exemple, nous voyons ainsi évoquer en plein “âge d’or de la Botanique” le souvenir de Joseph, Xavier, Bénézet Guérin (1775-1850), auteur d’Asplenium petrarchae, et celui d’Esprit Requien (1788-1851) auteur notamment d’Euphorbia corsica. Bien loin de la botanique, Benoît Dayrat n’hésite pas à citer une lettre virulente de Mérimée à son ami Requien à propos du projet de destruction des remparts d’Avignon pour construire le chemin de fer. L’attachement qu’il porte à ces grands anciens transparaît dans son écriture chaleureuse et se communique au lecteur, surtout lorsque celui-ci a déjà tant soit peu fréquenté les bibliothèques sur la piste de vieux botanistes parfois oubliés. Après un avant-propos où l’auteur expose sa méthode, vient une Introduction générale qui survole l’histoire de la discipline et mentionne les botanistes pré linnéens depuis le renouveau de la botanique en Europe au XV° et au XVIe° siècle jusqu’à la dynastie des Jussieu. Ensuite, le corps du livre se divise en quatre chapitres correspondant à quatre grandes périodes de la découverte de la flore de France après Linné, 1) la transition linnéenne (1753-1790), 2) l’âge d’or (1790-1850), 3) vers les grandes flores (1850-1920) 4) la systématique fine (de 1920 à nos jours) Dans la Conclusion l’auteur explicite bien ses intentions ; il veut aller audelà des destins individuels, où il a essayé à la fois de cerner la valeur de l’oeuvre scientifique, mais aussi la personnalité de chaque botaniste évoqué;il veut le replacer dans le contexte des idées de l’époque et de la communauté botaniste. Ainsi l’oeuvre d’Alexandre Boreau (1803-1875), auteur d’une Flore du Centre de la France ne peut être comprise sans l’évocation de son réseau impressionnant de correspondants. De même, li est nécessaire d’expliquer l’importance politique
Bulletin de la SBV
d’un homme tel que Jacques Gay (1786-1864) dans la création de la Société botanique de France. Bref à partir de ces relations humaines, il veut contribuer à l’écriture de l’histoire de la découverte de la biodiversité. Le livre se termine par les outils habituels qui permettent de naviguer dans cette banque imposante de données jusqu’alors éparpillées dans diverses publications plus ou moins confidentielles: Liste des espèces valides par auteur, liste des illustrations, index des noms cités (on y retrouvera quelques noms connus des adhérents de la SBV !), Index général et Bibliographie 2) Le Journal de Botanique de la Société Botanique de France Seuls les sociétaires le reçoivent, mais on peut le consulter à la bibliothèque de la Société Botanique du Vaucluse; on peut aussi se le procurer auprès du trésorier de la SBF, notre ami Rémy Sornicle 6, bd Jeanne d’Arc 45600 Sully-sur-Loire. Vient de paraître la dernière partie d’une série de cinq articles ayant pour thème une Bibliographie sélective des Flores de France ; en réalité, c’est plutôt une base de données réalisée par André Charpin et Gérard-Guy Aymonin, suivant la progression ci-dessous: N°10 Bibliographie sélective des Flores de France nationales, régionales et départementales p.3 à 80 suivie de : Les Sessions extraordinaires de la Société botanique de France (SBF) et de la Société botanique du Centre Ouest (S.B.C.O.) p.81 à 88. Ce numéro 10 tout entier consacré au sujet est paru en juin 1999 On trouvera la suite de cette Bibliographie sélective des Flores de France sous forme de Notices biographiques sur les auteurs cités dans les numéros 20, Décembre 2002 (partie II, A-C), p.65-104; numéro 21, Mars 2003 (partie III, DI), p. 49-88; numéro 25, Mars 2004 (partie IV J-0), p.49-86; numéro 27, Septembre 2004 (partie V, P-Z), suivie de Compléments. p.47-87. Le critère de choix des anciens botanistes, tous décédés, est la publication
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d’une Flore, d’un catalogue, d’un inventaire concernant tout ou partie du territoire français; ont été ainsi rédigées près de 880 notices, toujours assez courtes, mais suffisantes pour décrire le parcours et les activités du floriste; les sources d’informations sont indiquées en notes. C’est une approche simple, bien différente par son écriture et sa densité de celles du livre de Benoît Dayrat, aussi rigoureuse par ailleurs. La liste des auteurs est d’ailleurs bien différente. Les deux productions se complètent donc heureusement ; ce sont deux outils indispensables pour qui veut démarrer une approche historique de la découverte de la flore et de la végétation d’un territoire donné de la métropole. En particulier l’approche départementale dans le numéro 10 est précieuse, car elle peut être utilisée si l’on prépare un voyage ou si l’on veut vérifier d’anciennes données. De même la liste des anciennes sessions, 131 pour la SBF, 27 pour la SBCO facilite une approche à la fois synthétique et détaillée d’un territoire précis. 3) Histoire de la Botanique par Joëlle Magnin -Gonze. Éditions Delachaux et Niestlé -Septembre 2004240 pages. 210 pages, c’est un peu étroit pour loger toute l’histoire de la Botanique depuis l’Antiquité jusqu’aux années 1900 ainsi que de nombreuses illustrations. Lorsque l’auteur a présenté dernièrement son livre à Continent Sciences, l’excellente émission scientifique de Stéphane Deligeorges sur France Culture, on sentait qu’elle avait du se limiter et qu’elle le déplorait; d’autant plus qu’elle ne réduit pas la botanique à la seule floristique mais qu’elle essaie de décrire pour le lecteur la construction progressive, au 19° siècle en particulier, d’une botanique moderne qui va se différencier en de nombreuses disciplines spécialisées, fort bien recensées dans le détail par René Georges Delpech dans un récent message sur Tela Botanica. L’entreprise de décrire une Histoire de la Botanique en Français est méritante; il était devenu très difficile de se procurer un ouvrage ancien traitant du sujet; il est loin le temps où Gaston Bonnier incluait dans son cours de Botanique des pages consacrées à cette Histoire; en son temps, nous avions n°15 - mai 2005
utilisé pour aborder ce sujet les quatre tomes d’une volumineuse Histoire Générale des Sciences publiée en 1961 aux Presses Universitaires de France, par René Taton coordonnant de nombreux auteurs. Il fallait alors mettre bout à bout les chapitres dispersés dans les différents volumes traitant du sujet et ce n’était pas toujours commode. On dispose donc maintenant, sous une forme pratique, d’un ouvrage moderne, une compilation, comme le nomme fort modestement l’auteur, Conservatrice de la bibliothèque des Musée et Jardins botanique du canton de Vaud (Suisse), et qui a ce titre est en contact quotidien avec les livres, parfois fort anciens écrits par les auteurs qu’elle présente. Une courte introduction précède neufs chapitres, à savoir, l’Antiquité, le Moyen Age, les XIVe˚ et XVe˚siècles, le XVIe°siècle, le XVIIe°siècle (16231694); les quatre derniers chapitres traitent du XVIIIe°siècle (première moitié :1694-1753; deuxième moitié 1753-1809), et du XIXe°siècle (première moitié :1809-1851; deuxième moitié : 1851-1912). A partir du 18°siècle , on voit ainsi apparaître progressivement les acteurs de la Botanique classificatrice, de la nomenclature binomiale, de la reconnaissance des sexes chez les plantes; la classification naturelle se précise ainsi que la construction intellectuelle de la botanique évolutionniste; vient la connaissance de plus en plus précise des fonctions biologiques végétales , nutrition, photosynthèse, reproduction, respiration, jusqu’à la découverte de la génétique et de ses développements, qui vont chambouler les classifications. Cet ouvrage permet aussi de percevoir la circulation internationale des idées; tout le monde a entendu parler de l’oeuvre capitale de Linné et de l’importance des idées de Jussieu, de Lamarck et de Darwin, des découvertes de Mendel; peu connaissent les travaux scientifiques d’Eduard Strasburger (1844-1912) professeur à Iéna et à Bonn; il a décrit le premier le processus de fécondation chez les Phanérogames en 1884, et il sera un des premiers à pressentir le rôle essentiel du noyau cellulaire dans l’hérédité. Bibliographie et index divers à la fin de l’ouvrage: l’Index des noms de personnes est riche de 300 noms environ.
Bulletin de la SBV
Enfin un outil intellectuel que personnellement j’apprécie beaucoup lorsqu’il existe, et que je me suis souvent construit lorsqu’il est absent: une chronologie détaillée de -500 avant JésusChrist, jusqu’en 1900 permet par un jeu de couleurs de relier visuellement des événements majeurs et des découvertes importantes, aux personnages évoqués dans les chapitres précédents.
thèses”, Les ripisylves méditerranéennes” compte rendu des journées de Sarrians (84) revue Forêt méditerranéenne 24 (3) en septembre 2003. Plus de 45 revues en rapport avec l’environnement y sont recensées, ainsi qu’une vingtaine de documents divers, plaquettes brochures, cédérom; signalons les 15 fiches décrivant des plantes envahissantes de la région méditerranéenne, dans Plantes envahissantes...2003 coed.AME-AREPACA.
Ce livre met donc en appétit pour aborder plus en détail telle ou telle question de l’histoire de la discipline. Le titre de la collection auquel il appartient “Les références du naturaliste” suffira à indiquer qu’il a sa place dans la bibliothèque de l’amateur comme du spécialiste.
Sur les pages de couverture, présentation d’un animal protégé, en danger certain , et qui dans notre région a fréquenté les genévriers de la prairie du Mont Serein où il thermorégulait au soleil, la Vipère d’Orsini.
Le Courrier de l’environnement de l’I.N.R.A. “Irrégulomadaire”, bulletin de liaison de la Mission Environnement et Société de l’INRA, âgé maintenant de dix-huit ans, c’est une revue envoyée gratuitement à toute personne intéressée qui en fait la demande écrite à INRA ME&S, 147 rue de l’Université , 75338 Paris cedex07. Elle parait 3 fois par an, mais il ne faut pas se cacher que sa survie dépend toujours de la générosité des finances publiques. Le Courrier tire à 13000 exemplaires ; il se prolonge par un site Internet très intéressant www.inra.fr/dpenv. Dans le numéro 51 Février 2004 Analyse environnementale des accords de Luxembourg. Xavier Poux L’environnement en grandes cultures Jean Luc Brochu et al. Cheptel piscicole et milieu aquatique Alexandre Brun. J Michel Pinet Les enjeux de la production de blé biologique. Christophe David et al. Parler des animaux: une rhétorique furtive. Hubert Vincent. etc.... Même si le botaniste pur et dur ne semble apparemment pas trouver son compte dans ce sommaire, les pages de rubriques peuvent à chaque fois être l’objet d’un butinage efficace. Dans ce numéro, au hasard je cite ma récolte rapide: dans “On en parle encore”, l’opinion d’un garde forestier des Alpes maritimes sur la gestion du retour du loup et le problème du pastoralisme en montagne; dans “on signale Livres, “mention du livre de Lucile Allorge” La fabuleuse odyssée des plantes” J.C.Lattés et de celui d’Hervé le Guyader” Classification et évolution” , 124 pages aux éditions Le Pommier, 239 rue St Jacques, 75005 Paris; dans “Rapports compte rendus - 26 -
Numéro 52 Septembre 2004 Des contributions sur des problèmes qui peuvent nous préoccuper : Les pommiers transgéniques résistants à la tavelure Gaétan Vanloqueren et Philippe V.Baret Éléments en trace dans les sols et nos aliments par Michel Mench et Denis Baize. À lire absolument un témoignage de Bruno Latour, sociologue des sciences « C’est la fin de l’insouciance du progrès « article de Y. Miserey paru dans le Figaro en août 2004 qui nous montre qu’on ne peut plus être aveuglément optimiste sur les progrès scientifiques et qu’il est nécessaire pour des sociétés évoluées comme les nôtres de débattre du bien fondé de telle ou telle avancée en vue de choix raisonnés.( OGM par exemple) Dans un autre domaine une étude de la consommation traditionnelle des châtaignes au XXe°siècle en Ille et Vilaine par Samuel Perrichon. On appréciera diversement l’humour des « Râleries d’un promeneur solidaire » de Jean Pierre Nicol, observations sur la dégradation de la campagne issues de promenades pédestres en Brie et à l’entour, facilement transférables en d’autres régions » omniprésence des déchets, chemins en défonce, haies massacrées à l’épareuse, etc. Et puis les rubriques habituelles, livres, revues, colloques, etc.…où chacun peut pêcher ce qui l’intéresse. En couverture Cerambyx cerdo, le Grand Capricorne longicorne , à la fois « trésor de la biodiversité ou ravageur forestier majeur ». À signaler tout de même qu’on peut recycler le papier de la collection de Courrier de l’Environnement pour la remplacer par le cédérom des Cinquante premiers numéros (Prix 50 euros + 5 euros de frais de port) qui tiendra moins de place dans la maison. Jean-Pierre JACOB
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Introduction à la botanique Georges Ducreux - 256p - 20€ - Belin 2004
Cet ouvrage d’initiation écrit pour les étudiants de Deug-Licence dans la collection Belin Sup Sciences est une ouverture pour qui est plutôt familier avec la botanique descriptive, car il aborde le sujet à la lumière des découvertes du siècle précédent( le XXème ! ) qui ont renouvelées notre vision du végétal. Avant d’approfondir on apprécie la clarté de la présentation, des schémas, des tableaux, du vocabulaire, et les sous chapitres qui introduisent une réflexion historique ou économique. Un outil pour aller plus loin, pour mieux communiquer avec la recherche de pointe, et pour éclairer une meilleure perception de la biosphère dont notre monde actuel doit prendre de plus en plus conscience.
Atlas en couleurs Structure des plantes B.G.Bowes- Trad. L.Gauthier –192p.- 45€ Inra Editions
Les schémas de l’ouvrage précédent m’amènent a rappeler cet atlas consacré aux plantes vasculaires dont la description précise et les schémas sont illustrés de très belles images, du végétal à la coupe histologique ce qui permet la liaison avec le réel.
Jean Virolleaud Bibliographie Arbres et Arbustes du Ventoux Bernard Girerd Photographies d’Olivier Madon et Bernard Girerd (111 photos ) Préface de Pierre Lieutaghi Index des noms scientifiques, français, provençaux. Le Ventoux est une montagne mythique. Il a attiré, fasciné et inspiré tout un monde, depuis les admirateurs les plus modestes jusqu’aux personnages les plus célèbres. Cet attrait est essentiellement dû à sa position géographique exceptionnelle ; nul ne peut l’apercevoir, en parcourant la vallée du Rhône et la Provence, sans être saisi d’une envie irrésistible de le gravir. Indéniablement, la végétation qui le recouvre sur ses deux versants constitue son aspect le plus attrayant. Le passage progressif d’une végétation méditerranéenne à une végétation montagnarde est spectaculaire, de même que les plantes alpines intercalées dans les Bulletin de la SBV
pierrailles des crêtes supérieures sont surprenantes et inattendues. Dans le but de s’initier facilement à la connaissance de la végétation du Ventoux, ce petit manuel décrit de façon la plus simple possible tous les arbres et arbustes de plus de 1 m. de haut, naturels ou essences forestières introduites ( en particulier les conifères ), que l’on peut rencontrer dans le massif ( près de 150 espèces ). En rassemblant ici à propos des plantes ligneuses les chroniques à la fois vivantes et précises parues sous sa plume dans les « Carnets du Ventoux «, Bernard Girerd offre un compagnon précieux au randonneur de cette montagne Editions Alain Barthélemy- 127 pages2004- Prix : 20 Euros.
Le livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux Pierre Lieutaghi Avant- propos à la nouvelle édition. Lexique des termes techniques. Clef générale d’identification- Flore simplifiée de tous les arbres, arbustes, arbrisseaux et principaux sousarbrisseaux spontanés, naturalisés ou communément cultivés et des principales espèces ligneuses d’ Europe Occidentale. Bibliographie. Index des termes médicaux, index général. Table révisée des noms botaniques, Table des noms français. Illustrations : dessins de l’édition originale complétés et scanners. Edité pour la première fois en 1969, Le Livre des arbres, arbustes et arbrisseaux,qui associait l’étendue et la rigueur de l’information à une forme accessible à un large public, œuvre de botanique et d’ethnobotanique mais aussi tentative d’écriture, était vite apparu comme la plus riche synthèse de langue française en son domaine. Flore descriptive avec clefs d’identification de toutes les plantes ligneuses de France (région méditerranéenne comprise) et des pays de l’Europe moyenne, développant au besoin des points intéressants de leur biologie, de leur écologie ou de leur distribution, l’ouvrage traite simultanément des principaux aspects de leur rencontre avec les sociétés, dans l’histoire comme de nos jours : emplois artisanaux et industriels, usages médicinaux et alimentaires, « folklore », croyances et
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symboles. Devenu l’un des ouvrages les plus recherchés de l’édition naturaliste française de l’après-guerre, il est enfin réédité. Prix du Conseil de la Société botanique de France en 1971, ce livre reste un texte de référence pour quiconque s’intéresse aux plantes ligneuses de nos climats, en un temps où leur devenir ne va plus de soi, où il convient de reconsidérer le futur des arbres avec les meilleurs repères possibles. Ed. Actes Sud-2004-1322 pages- Prix : 29 Euros.
A la découverte de la flore du Haut-Languedoc. Philippe Durand- François Livet- Jacques Salabert. Constituant la pointe sud-ouest du Massif Central, le Haut-Languedoc accueille une flore riche qui témoigne de ses influences climatiques atlantiques et méditerranéennes et de la diversité des paysages qu’elles composent ( Montagne Noire, Sidobre, Monts de Lacaune, Somail, CarouxEspinouse, vallées du Jaur et de l’Orb, Minervois, Faugérois, Monts d’Orb…). Guide conçu pour l’amateur de botanique, mais aussi pour le touriste curieux de découvrir la végétation de la région, ce livre a été réalisé par des botanistes passionnés et reconnus qui offrent à un large public les résultats de plusieurs milliers d’heures d’herborisation. 400 espèces végétales sont ainsi décrites par un texte apportant les principales informations (Caractères botaniques, dates de floraison, écologie) ; elles sont illustrées par une riche iconographie et par des dessins techniques au trait d’une très grande précision. Les espèces sont groupées en fonction des milieux naturels où l’on peut les rencontrer, ce qui facilite l’identification des végétaux généralement associés dans chaque station. Et s’il désire davantage d’informations, le lecteur trouvera plusieurs relevés floristiques complets pour chaque milieu naturel présenté. Amateurs, spécialistes ou néophytes, chacun prendra plaisir à parcourir cet ouvrage, véritable invitation à découvrir le monde si riche des plantes et la nature préservée du Haut-Languedoc. Ed. du Rouergue / Parc régional du Haut-Languedoc-2004- 383 pages30,50 Euros.
n°15 - mai 2005
Parutions Prodrome des végétations de France. Nombreux auteurs:Jacques Bardat et suivants dont René Delpech. Publications Scientifiques – Muséum national d’Histoire naturelle – 2004 171 pages – 21 Euros. Poa de France, Belgique et Suisse. Robert Portal – 2005- 44,8 Euros port compris chez l’auteur. Les orchidées sauvages de France grandeur nature. Textes et photos de Rémy Souche. Ed. Les Créations du Pélican- 2004. Dictionnaire des arbres et arbustes. Ed. Larousse- 2004. Va paraître prochainement : « Un amour d’orchidée : le mariage de la fleur et de l’insecte » Aline Raynal-Roques, Albert Roguenant, Yves Sell. (Aline Raynal-Roques est l’auteur du livre « La botanique redécouverte »). L’herbier voyageur Histoire des fruits,légumes et épices du monde. Michelle Jeanguyot et Martin SeguierGris.Ed. Plume de Carotte- Toulouse- 2004- 30 Euros
L’herbier du monde. 5 siècles d’aventures et de passions botaniques au Muséum national d’histoire naturelle. Les 350 documents, pour la plupart inédits, sont choisis parmi les huit millions d’échantillons du musée. Ed. L’Iconoclaste- 240 p.- avec le concours du laboratoire Fabre- 63 Euros.
Le coin de la poésie Si comme moi, étant enfant, vous avez lu « les fleurs de la petite Ida » (Hans Christian Andersen), vous savez depuis ce temps que si les fleurs se fanent, c’est que passant leurs nuits au bal, elles sont fatiguées d’avoir trop dansé et la fatigue ça influe sur le teint. Enfant, cette explication me ravit, et il m’arrive encore aujourd’hui, en enlevant une fleur fanée, de lui murmurer : « il ne fallait pas tant danser ». Mais voilà maintenant je sais qu’au grand bal du printemps les fleurs ne font pas que danser, ce sont des ensorceleuses ne songeant qu’a attirer, qu’a capturer des gourmands, des gourmandes de tous les plaisirs : abeilles, bourdons,oiseaux…qui aux pièges suaves qu’elles leur ont préparé ne peuvent résister. Ainsi, non contente d’offrir au bourdon son labelle ventru et velouté, la perfide orchidée apifera l’attire immanquablement en diffusant dans l’air un parfum en tout point semblable à celui de l’abeille ; notre gros bourdon, fou de désir, se rue sur la belle mais hélas en pure perte, ses ardeurs resteront insatisfaites ; et malgré cet échec notre pauvre mâle frustré, coiffé désormais de deux pollinies,va de nouveau vers un autre leurre tenter de prouver qu’il est un vrai mâle… ! « Et quoi me direz-vous ? ,vous ne m’apprenez rien que je ne sache déjà, tout cela ne sont que des stratégies pour assurer la survie de l’espèce, pas de quoi fouetter un chat » Oui, vous avez raison, mais c’est sans compter sur le poète, le rêveur, celui qui voit les choses autrement et pourtant telles qu’elles sont. Alors si vous voulez vous plonger dans « les jupons enroulés d’une rose », « la minceur d’une primevère », « l’ombre violacée d’un muscari » ou vous griser de l’humeur créole d’une passiflore et ne vous commettre qu’avec une reine païenne, alors plongez-vous dans « L’amour au jardin » de Jean-Pierre Otte, poète et grand observateur de la nature, publié aux éditions Phébus (1995) et que j’ai trouvé à la librairie de la Chartreuse de Villeneuve les Avignon. Vous pourrez, le temps d’une lecture, être à la fois, la fleur qui pour son amant a préparé mille recettes de séduction, et cet amant fou qui n’hésite pas à « expirer dans les ténèbres serrées, chaudes et humides »…
Errance botanique en pays vellave (La Grosse Roche) Enveloppés de vent et de vastes horizons Des botanistes* ont perçu l'ample frisson Du sommet où chaque regard s'est perdu Dans un vaste lointain qui met à nu L'Ail de la victoire a conquis nos rêves Et les Sceaux de Salomon, revenants bibliques, S'inclinaient devant la beauté magique Qui semblait murmurer sans trêve : "Ô vieux Terriens, prenez votre temps !" René Char nous nomme des "entr'appelants" Quel écho mystérieux tentions-nous de capter Á travers les floraisons fugitives ? Quel message subliminal se dessinait, Parmi nos multiples perceptions intuitives, En filigrane, sur le Chant du Monde. La hampe enflammée de la Digitale Les casques ensoleillés du Tue-Loup Les Lis martagon à la fierté verticale Les mini grelots du Petit Muguet un peu fou Et les gouttes de sang de Rosa alpina Symphonie aux senteurs de rude climat ! Quel vulnéraire embaumé de vent Sur toi Grosse Roche a don d'apaisement ? Don d'apaisement Á tes pieds, des souliers timides de respect Ont épargné Pinguicule et frêle Parnassie Toutes deux, sur coussin de Sphaignes, tapies Timides de respect. Mais, ô passager solidement chaussé, saistu Que tu provoques un véritable tremblement de terre Le sais-tu ? En failles qui ouvrent naissance à la graine solitaire Depuis si longtemps par les autres étouffée Chacun son temps et sa destinée … "Tu es ce que je fus, tu seras ce que je suis" Grince le portail de Fay sur Lignon… Echo du Chant du Monde ? Odette Mandron Septembre 2004 * de la Société Botanique du Vaucluse : sortie du 26 Juin 2004.
Claire Ventrillard
Bulletin de la SBV
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n°15 - mai 2005