Bulletin Mai 2006

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Société Botanique du Vaucluse

Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

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n°16 - mai 2006

B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

Chrozophora tinctoria (L.) A. Juss Vue dans une friche de Mazan (Vaucluse) (Illustration d’après Flore de H. Coste - III - page 243 - n°3244)

Sommaire p. 3

-Editorial -Ont participé à ce numéro

Société Botanique du Vaucluse Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9 Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org Courriel [email protected] Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuitement aux adhérents. Les non adhérents peuvent se le procurer en adressant leur demande à l’association. Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE Redaction Les membres du bureau de l’association Maquette et Impression Denis Coquidé - Didier Alapetite

-Botanique vauclusienne -Actualité de la flore du Vaucluse : Plantes nouvelles 2005 et plantes à rechercher en 2006. -Asplenium adiantum-nigrum et Asplenium onopteris en Vaucluse -La Jussie en Vaucluse. -

p. 4

Dossier Chrozophora tinctoria (L.) A. Juss.

-Stage de la Société Botanique du Vaucluse dans le Jura Vaudois (Suisse) du 7 au 11 juillet 2005. p. 15 Botanique générale p. 21 -Groupements végétaux (habitats) dont l’existence est vraisemblable dans les stations visitées au cours du week-end en Cévennes par la S.B.V. ( 25 et 26 juin 2005). Les botanistes vauclusiens voyagent ! P. 23 -Petite introduction à la flore des Alpes Apuanes (Italie) et de ses environs. -Escapade en Anatolie centrale : à la découverte de la flore turque. p 25

Chroniques :

-A propos des O.G.M.- Conférence de M. Jacques Hallard -Les Liliacées-Conférence et diaporama de Pierre Chaintreuil -Activités pédagogiques sous la direction de Roselyne Guizard -Exposition des « Fruits de l’automne » dans le cadre des journées internationales de mycologie tenues à Bedoin ( 20 au 23 octobre 2005). -Sérignan-Plantes rares et jardin naturel- 16 et 17 avril 2005 -Nouvelles de l’Harmas ( Serignan). -Le Darfour (Soudan) c’est aussi la gomme arabique ! Bibliographie

p. 26

Hiver sur le plateau Vivarais-Lignon.

P. 28

Bureau 2006 – Elections du 14 mars 2006- 12 membres. Huguette André Présidente Roselyne Guizard Vice-Présidente Mireille Tronc Vice-Présidente Claire Ventrillard Trésorière Nicole Chiron Trésorière – adjointe Michel Graille Secrétaire Flavien Fériolo Bibliothécaire Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques Marie-Jeanne Pascal Communication et relations avec la presse Autres membres : Alain Chanu, Janine Vizier, Marie-Thérèse Ziano Conseillers scientifiques : Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux. Commission de vérification des comptes : Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.

N° ISSN : 1281-2676 Bulletin de la SBV

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n°16 - mai 2006

Editorial Une assemblée générale différente des précédentes ! Après approbation des bilans moral et financier par les 40 adhérents présents, une fête anniversaire totalement imprévue m’était réservée. 10 ans de présidence ! ont clamé haut et fort Nicole et Roselyne… Elles ont pris l’initiative de marquer cette soirée du 14 mars 2006 en m’offrant un cadeau pour le moins original. Vous qui n’étiez pas de la fête devinez ? le titre du livre et la nature de la composition florale ? la réponse, cherchez-la en lisant le poème qui suit. Surprise, je l’ai été et surtout très touchée par le texte qui se veut léger, enjoué et humoristiquemais n’allez pas croire que la Société Botanique du Vaucluse manque de sérieux ! bien au contraire, la fantaisie et l’humour sont les moteurs de notre dynamisme. Merci Roselyne, merci Nicole, merci à vous tous… et comme il en a été décidé ce soir, nous allons continuer ensemble 2 années de plus. La Présidente:

Huguette ANDRE

Huguette, depuis dix ans Tu as accepté ce carcan Assurant la présidence si peu convoitée Nous délestant de nombreuses difficultés. Grâce à toi, nous ne nous sommes pas quittés. Point de séparation, plutôt de la prospérité. Aussi aujourd’hui, ce sont nos noces d’étain Que l’on aurait pu fêter avec le plantain, Le fusain ou bien le laurier-tin. Mais non, c’est un bouquet d’aromatiques Et cet « Herbier érotique » Pour parfumer ton refuge languedocien Où tu retrouves les temps anciens. Menthe, persil et sarriette Voisineront avec le céleri et la ciboulette, Juste de quoi faire un philtre d’amour Pour adoucir les beaux jours. Car tu le sais, avec la menthe L’amour augmente Et si femme savait ce que le céleri fait à l’homme Elle irait en chercher de Junas jusqu’à Rome. Des coquins vont vouloir arroser le persil ! Méfie-toi, protége bien le pistil ! Et puis on ne sait jamais, En cas de montée de lait A cette douce ombellifère Tu pourras faire une prière. Chemin du bon temps, dans la courette On peut cultiver la sarriette Car ce n’est pas un monastère Mais du bien-vivre un sanctuaire. Sur toi, nous nous sommes souvent reposés. Tu n’as pas fait que les Apiacées ou les Rosacées Ni seulement observer les aigrettes ou les stigmates. Tu as souvent assumé les tâches ingrates Bousculant les autres, rappelant les uns, Insistant auprès de tout un chacun Pour un article, une sortie, une conférence, Faisant toujours confiance Avec ton franc-parler, ton énergie, Ton rire et ton amour de la vie. Aussi, nous souhaitons garder notre présidente Pour continuer à froisser la feuille de menthe et d’oenanthe Et voir fleurir le pregnante et le centrante.

Bulletin de la SBV

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Ont participé à ce numéro Huguette André 30250-Junas [email protected] Françoise Bornand 73420-Vivies du Lac [email protected] Claude Chadefaux 84000- Avignon [email protected] Nicole Chiron 84800-Isle sur Sorgue [email protected] René Delpech 84290-Sainte Cécile les Vignes [email protected] Flavien Feriolo 84000-Avignon [email protected] Bernard Girerd 84250-Le Thor [email protected] Michel Graille 84310-Morières les Avignon [email protected] Roselyne Guizard 84380-Mazan [email protected] Odette Mandron 38700- La Tonche [email protected] Jean-Pierre Roux Antenne Vaucluse - CNBMP [email protected]

n°16 - mai 2006

Botanique Vauclusienne ACTUALITÉ de la FLORE du VAUCLUSE Plantes nouvelles pour l’année 2005 et à rechercher en 2006 Les nouveautés se font de plus en plus rares ! Pour cette année 2005, seules deux espèces inédites ont été observées, auxquelles on peut ajouter deux orchidées jusqu’alors inconnues en Vaucluse, signalées dans Luberon. Mais il faut continuer les observations, et on trouvera ci-après quelques pistes de recherches pour cette année 2006. 1 - Plantes

nouvelles pour l’année 2005

Juncus alpinoarticulatus Chaix subsp. fuscoater (Schreb.) Schwarz (= J. alpinus Vill. subsp. fuscoater Schreb.). Le « jonc des Alpes » est une espèce bien connue en montagne. Elle ressemble à notre très commun « jonc à fruits luisants » (Juncus articulatus L. (= J. lamprocarpus (Ehrh.) Rchb.) mais s’en distingue surtout par ses tépales tous obtus, ses panicules toujours pauciflores et par la présence de longs rhizomes souterrains. Cette plante comporte 2 sousespèces : l’une (subsp. alpinoarticulatus) correspond à l’espèce type et ne descend généralement pas au-dessous de 1500 m d’altitude. L’autre est la sous-espèce fuscoater qui nous intéresse ici. Bien différente de la sous-espèce nominale, elle s’en différencie par des tiges plus élevées (dépassant normalement 25 cm) et des inflorescences comportant de nombreux glomérules (plus de 10) avec des tépales d’un brun -fauve (et non noirâtres comme chez la sous-espèce montagnarde, contrairement aux indications des anciennes flores) De plus, ces 2 sous-espèces ont chacune une répartition bien différente. La sous-espèce fuscoater n’est pas particulièrement montagnarde. C’est un taxon habitant les régions basses et notamment les cours de grands fleuves et l’observation qui vient d’en être faite sur les graviers de la Durance à Mirabeau par H. Michaud, V. Noble, Y. Morvan, G. Guende, et J.-P. Roux confirme bien cette préférence. Ce jonc n’avait pas encore été cité au sud de Manosque, mais il s’agit d’une plante Bulletin de la SBV

très méconnue, les anciennes flores l’ayant mal décrite. Une excellente mise au point sur ce sujet vient de paraître dans le Monde des plantes n° 486 (voir bibliographie en fin d’article) et il est conseillé de s’y référer. On ne saurait trop recommander d’observer plus attentivement les joncs de ce groupe sur tout le cours de la Durance où d’autres stations sont possibles. Il faut ajouter que le lieu de cette observation est particulièrement remarquable puisqu’on peut aussi y noter Polygala exilis DC., Juncus fontanesii Gay et Corispermum gallicum Iljin. Schoenoplectus litoralis (Schrad.) Palla (= Scirpus litoralis Schrad. ) - Cette grande plante des eaux assez profondes ressemble à Scirpus lacustris L. qui est assez fréquente sur le bord des rivières vauclusiennes. Elle s’en différencie nettement par ses tiges fortement trigones. Elle a été découverte par G. Guende, en bordure de l’étang de la Bonde à la Motte-d’Aigues. Cette présence est très intéressante car il s’agit d’une plante seulement connue dans les marais proches du littoral méditerranéen.

2 - Orchidées Vauclusiennes 2.1 Deux espèces nouvelles pour le Vaucluse Notre ami Roland Martin, l’orchidologue bien connu pour ses recherches et sa cartographie des Orchidées du Vaucluse vient d’écrire un livre intitulé « Orchidées sauvages du Luberon » publié par le Parc naturel régional du Luberon. Parmi les nombreuses et intéressantes données sur les Orchidées de notre région contenues dans ce travail, il faut surtout retenir la citation des 2 espèces suivantes, jusqu’à maintenant inconnues dans le département : Epipactis fageticola (Hermosilla) J.& P. Devillers-Terschuren - Il s’agit d’une plante grêle, peu feuillée, à tiges glabrescentes même au sommet et à petites fleurs verdâtres peu nombreuses. Elle est assez proche d’Epipactis rhodanensis Gévaudan et Robatsch, autre taxon récemment reconnu en Vaucluse (précédemment confondu avec E. distans A.-T.) et relativement fréquent dans la plaine. La répartition - 4 -

d’E. fagaeticola dans notre région reste à préciser et doit donc être recherchée (notamment dans la combe de Lourmarin) d’autant plus qu’elle pose un problème taxonomique car il est admis que ce taxon est très proche d’Epipactis phyllanthes G.E. Sm. (peut-être même inséparable !), plante surtout connue en région atlantique. Ophrys forestieri (Reich.) Lojac - Cet Ophrys fait partie du groupe fusca avec un statut encore incertain. Il peut se rapprocher des plantes nommées O. funerea Viviani ou O. sulcata J. & P. Devillers-Terschuren, mais la tendance actuelle serait plutôt de l’inclure dans O. marmorata Foelsche avec O. bilunulata sensu Delforge 1999. C’est une affaire de spécialiste qui reste à préciser. Il est surtout caractérisé par des fleurs petites (labelle de moins de 16 mm) et des labelles souvent munis d’une très étroite bordure jaune relativement large (très étroite chez O. fusca). Cette plante n’a été vue qu’une fois à Mirabeau, sur les bords de la Durance il y a une dizaine d’années. Elle est donc à rechercher. 2.2 Espèces controversées On sait que le traitement des Orchidées n’est pas uniforme et souvent sujet à controverses. Les orchidologues ont tendance à maintenir au rang spécifique des taxons très peu différenciés morphologiquement et difficiles à reconnaître ; la deuxième édition des « Orchidées de France, Belgique et Luxembourg » publiée par la Société Française d’Orchidophilie (2005) qui vient de sortir reste dans cette mouvance en décrivant encore beaucoup d’espèces nouvelles. Par contre, des auteurs moins spécialisés mais travaillant sur l’ensemble de la flore française ne suivent pas toujours cette démarche et proposent des traitements plus réducteurs et plus pragmatiques, regroupant un certain nombre de taxons très proches. Ainsi, dans l’ouvrage sur les Orchidées du Luberon, 5 taxons font partie des espèces contestées et regroupées de la façon suivante : Ophrys araneola Rchb. et Ophrys virescens Philippe : ces deux taxons ne sont plus séparés et regroupés sous le nom global d’ O. virescens Grenier. n°16 - mai 2006

nom global d’ O. virescens Grenier. Ophrys pseudoscolopax (Moggrige) Paulus & Gack : cette plante est considérée comme intermédiaire entre O. fuciflora (F.W. Schmidt) Moench et O. scolopax Cav. et non comme une espèce (d’ailleurs R. Martin le suggère). Anacamptis morio Bateman, Pridgeon & Chase subsp. picta (Loisel.) Jacquet & Scappaticci : cette sous-espèce n’est plus reconnue comme telle, mais seulement comme un aspect de la variabilité de l’espèce. Dactylorhiza occitanica Geniez, Melki, Pain & Soca : ce taxon est maintenant inclus dans D. elata (Poir.) Soó subsp. elata. Limodorum trabutianum Batt : les plantes décrites sous ce nom sont actuellement reconnues comme des cas isolés de dégénérescence, et non comme une espèce. Il ne nous appartient pas de prendre une position définitive devant ces différents traitements qui peuvent encore évoluer ; ils nécessitent de nouvelles observations pour les valider mais il est utile d’en être informé. 2.3 Le sabot de Vénus dans le mont Ventoux Cypripedium calceolus L., la plus prestigieuse des orchidées sauvages de France doit faire l’objet de recherches intensives dans le Ventoux. En effet, un forestier, M. A. Fié, alors qu’il était en poste à Sault, en a observé en 1973 (ou 1974) une plante munie d’une fleur, dans le secteur de la maison du Rat et du domaine de Clare, vers 1500 m. Malgré un certain nombre de recherches ultérieures, l’espèce n’a pas été revue. Cette unique et énigmatique observation remontant maintenant à plus de 30 ans ne permet pas de faire figurer le sabot de Vénus dans l’inventaire départemental, d’autant plus qu’il n’avait jamais été vu auparavant dans le Ventoux et qu’il n’est pas cité en Vaucluse dans la nouvelle flore. On peut seulement l’indiquer à titre historique… à moins d’une retrouvaille vivement souhaitée (prime pour l’heureux découvreur !).

3 - Une plante à rechercher sur les bords de la Durance Conyza floribunda Kunth (=Erigeron flahaultianus (Sennen) Cabrera) - J.-F. Leger, botaniste de Marseille, nous signale avoir trouvé, à l’occasion d’une Bulletin de la SBV

étude de milieu, cette espèce sur les bancs de graviers de la Durance, dans la commune de Châteaurenard mais très près du Vaucluse (détermination vérifiée par E. Véla). Cette espèce a une morphologie intermédiaire entre Conyza canadensis (L.) Cronq.), Conyza sumatrensis (Retz.)Walker. et Conyza bonariensis (L.) Cronq., 3 plantes que nous connaissons bien dans notre région. Cet autre Conyza est signalé depuis assez longtemps en France, mais il a longtemps été mal connu. Il faudrait donc le rechercher sur tout le cours de la Durance, côté Vaucluse. Ces 4 espèces d’origine américaine sont bien décrites dans la « Flore des champs cultivés » de P. Jauzein et peuvent constituer un bon sujet de recherches et d’observations au cours de cet été 2006. Notons pour terminer à leur sujet que la nomenclature la plus récente replace ces plantes dans les Erigeron, soit un retour vers Coste et Fournier !

Conyza floribunda (Vergerette fleurie). Fleurs périphériques filiformes, sans limbe développé. Feuilles principales à longs cils localisés dans le tiers inférieur ; au-delà, marges portant des poils raides courts et arqués. Feuilles médianes plus larges, les inférieures à dents ou lobes assez larges. Inflorescence s’élargissant vers le sommet, en corymbe. Tige à côtes saillantes localement hérissées de soies très raides. (d’après Ph. JauzeinFlore des champs cultivés)

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4 - Recherches à faire dans les parties hautes du mont Ventoux De nombreuses espèces signalées plus ou moins anciennement dans le Ventoux n’ont jamais été revues et son soupçonnées d’être des erreurs ou des confusions. Une première approche (B. Girerd 1984-85) avait été faite il y a 20 ans et un long article à paraître prochainement dans Le Monde des Plantes refait le point sur cette situation embarrassante. Une centaine d’espèces sont proposées à la radiation pure et simple car leur présence est jugée hautement improbable. Par contre les 21 plantes énumérées ci-dessous, figurant dans des relevés phytosociologiques assez récents (Barbéro et Quézel 1975 et Barbéro et al. 1976), n’ont pas été revues et méritent de nouvelles recherches. Nous faisons donc appel à tous ceux qui herboriseront cette année dans les parties hautes du Ventoux en leur demandant d’ouvrir l’œil sur ces espèces. Il est important de bien authentifier les observations par des photos et surtout par des récoltes permettant des examens de détails. Bien qu’aucune des espèces concernées ne soient protégées, les prélèvement de plantes ou de parties de plantes doivent se réduire au minimum nécessaire et en tenant compte de leur abondance ou de leur rareté. Anthyllis vulneraria subsp. alpestris (Kit.) A. & G.) - Ce ne sont peutêtre que des plantes réduites de A. vulneraria subsp. sampaioana Roth., adaptées aux crêtes dénudées et ventées. Astragalus frigidus (L.) A. Gray - Indiquée sous le sommet en versant nord, cette plante avait déjà été signalée à Fontfiole par P. Gontard (1957). Et pourtant il s’agit d’une espèce ne vivant que dans les massifs froids à forte pluviosité ! Avenula versicolor (Vill.) Lainz - Ce taxon déjà signalé par P. Gontard (1957) dans les « casses méridionales », est cité sous le sommet, près de la chapelle. Poa violacea Bell (= Bellardiochloa variegata (Lam.) Kerg.) - Jamais signalée au Ventoux par les botanistes anciens, cette espèce est mentionnée, hors relevé et sans localisation précise, dans l’Anthoxanto-Deschampsietum. Elle est connue à la montagne de Lure. n°16 - mai 2006

Chaerophyllum hirsutum L. - Plante localisée par P. Gontard (1957), sur le versant sud, dans la combe Fiole et figurant dans les relevés concernant la série méditerranéenne du hêtre et du sapin. Espèce à rechercher, car absente dans le sud de la Drôme et à la montagne de Lure (mais abondante en Ardèche). Carex tenuis Host (= C. brachystachys Schr.) - Plante citée sous le col des Tempêtes. Elle est très proche de C. ferruginea (= C. austroalpina Bech.), espèce qui a toujours été signalée dans le Ventoux. Les 2 existent-t-elles vraiment ? Cruciata glabra (L.) Ehrh. (= Galium vernum Scop.) - P. Gontard (1957) cite cette espèce dans le versant nord et à Brantes. Elle figure aussi dans un relevé effectué dans les reboisements de pins à crochets au Contrat. C’est une espèce inconnue dans la Drôme et dans la montagne de la Lance et silicicole de surcroît. Euphrasia minima Jacq. - Une seule citation de cette espèce dans le Ventoux, dans un relevé localisé au Mont Serein (AnthoxantoDeschampsietum). Jamais notée auparavant, il serait bien intéressant de la revoir car il faut remonter assez haut dans les Alpes pour la retrouver. Festuca halleri All. - Déjà observée par les botanistes anciens et récoltée en 1916 par C. d’Alleizette (voir encart couleur), cette graminée figure dans plusieurs relevés dispersés dans toute la partie sommitale du Ventoux, au nord comme au sud. C’est une plante montagnarde absente de la Drôme et de la montagne de Lure. Festuca quadriflora Honckeny (= F. pumila Vill.) - Plante déjà notée par P. Gontard (1957) dans les pierriers supérieurs et figurant dans les relevés effectués près du col des Tempêtes. C’est aussi une graminée montagnarde qu’il serait intéressant de confirmer dans le Ventoux. Festuca violacea Gaud. - Cette autre fétuque montagnarde n’avait pas été signalée par les botanistes anciens. Elle figure dans trois releBulletin de la SBV

vés : Mont Serein, au-dessus du chalet Reynard et pelouse supérieure proche de la plateforme militaire. R. Portal (1999) ne la cartographie pas pour le Vaucluse. Luzula spicata (L.) DC. - Jamais observée auparavant, cette espèce figure dans deux relevés : audessus de Fontfiole et sous le col des Tempêtes, donc dans une zone assez étroite. C’est une plante de haute altitude, particulièrement intéressante pour le Ventoux et méritant de nouvelles recherches. Minuartia verna (L.) Hiern. - La présence de cette espèce au Ventoux est problématique car elle a été citée de façon vague par P. Gontard (1957) et ne figure que dans un relevé des crêtes du Ventouret. On sait que Minuartia villarii (Balbis) Chen. est très répandu dans toute la partie sommitale du Ventoux et on peut penser à une confusion entre les deux taxons. Phleum alpinum L. - Cette graminée proche de Phleum pratense L. est citée par P. Gontard (1957) dans les casses rocheuses supérieures. Elle figure aussi dans plusieurs relevés : chalet Reynard, la Grave et col de la Frache. Elle est absente des montagnes du sud de la Drôme. Phyteuma hemisphaericum L. - P. Gontard (1957) indique cette plante sur les crêtes occidentales et çà et là dans la hêtraie septentrionale. Elle figure également dans les relevés de 1975 effectués dans les prés suspendus au col des Tempêtes et à Fontfiole, conjointement avec P. orbiculare L. var. nanum. On peut bien mettre en doute la présence au Ventoux de P. hemisphaericum par suite de confusion avec les formes naines de P. orbiculare, sachant qu’il s’agit d’une plante de haute altitude, inconnue dans les montagnes proches. Poa chaixii Vill. - Grande plante très remarquable, jamais signalée autrefois. Elle figure dans deux relevés de 1976 concernant les reboisements de pins à crochets (Serres -Gros et col de la Frache). Peut-on penser à une introduction due aux reboisements ?

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Polygala amarella Crantz (= Polygala amara L. ) - D’après P. Gontard (1957), cette espèce serait assez courante sur le versant nord, audessus de 1400 m (Mont Serein, Contrat). Par contre, elle ne figure que dans un relevé de 1975 : pinède de pins à crochets sous le col des Tempêtes. Toutefois, cette présence est bien surprenante pour une espèce connue ni dans la Drôme, ni à la montagne de Lure (confusion possible avec des forme de P. calcarea ?). Polygonatum multiflorum (L.) All. La florule de P. Gontard (1957) indique cette espèce en sous-bois, comme si elle était banale. Par contre elle figure dans un seul relevé de la hêtraie-sapinière du versant nord. Certaines formes multiflores de P. odoratum (Miller) Druce pourraient être une source de confusion ! Ribes uva-crispa L. - Le groseillier-à– maquereaux figurait dans une liste peu fiable établie par E. Charrel (1911) mais non dans la florule de P. Gontard (1957). Un relevé pytosociologique l’indique en trois stations situées dans la série supérieure du pin sylvestre du versant sud (chalet Reynard, le Bâtiment et carrefour de la route des cèdres). Thalictrum aquilegiifolium L. - Pas de citations anciennes pour cette espèce. Par contre elle figure dans un relevé effectué dans la série de la hêtraie-sapinière au nord du Ventoux, sans localisation plus précise. La présence de cette espèce dans le Ventoux est assez surprenante car il faut remonter assez loin dans les Alpes pour la rencontrer. Viola calcarata L. - P. Gontard (1957) cite cette plante d’après les botanistes très anciens, et sans conviction. Un relevé des pelouses de crêtes la localise sous le sommet en regardant vers le nord. C’est aussi une plante paraissant mal placée dans le Ventoux et M. Espeut (in litt.) est persuadé qu’il s’agit d’une confusion avec V. cenisia L. Bernard GIRERD Jean-Pierre ROUX

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Bibliographie BARBÉRO M. et QUÉZEL P., 1975 Végétation culminale du mont Ventoux, sa signification dans une interprétation phytogéographique des Préalpes méridionales. Ecol. Médit. 1 : 3-33. BARBÉRO M., DU MERLE P. et QUÉZEL P., 1976 - Les peuplements sylvatiques naturels du mont Ventoux (Vaucluse). Doc. Phytos. 15-18 : 1-14. BOURNĖRIAS M, PRAT D. et al., 2005 Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. 2° édition, Mèze (Biotope) et Paris (SFO). 1-504. DENTANT C. et TISON J.-M., 2005 Juncus articulatus L. et espèces voisines : compte-rendu des confusions existantes et tentative de clarification des diagnoses, Mond. Pl. 486 : 5-15. GIRERD B., 1984 - Sur la flore du mont Ventoux (Vaucluse). Les plantes rarement observées, disparues ou dont les citations sont douteuses. Mond. Pl. 417-418 : 3-7. GIRERD B., 1985 - Sur la flore du mont Ventoux (Vaucluse). Les plantes rarement observées, disparues ou dont les citations sont douteuses (suite). Mond. Pl. 419-420 : 4-6. GONTARD P., 1957 - Introduction à l'étude phytogéographique du Mont-Ventoux en Provence. II Florule Phanérogamique et des Cryptogames vasculaires. Nat. Mons. (sér. bot.) fasc. 9 : 53139. JAUZEIN P., 1995 - Flore des champs cultivés. INRA, Paris et SOPRA, Vélizy-Villacoublay. 1898, ca. 4000 fig., photos. col. MARTIN R., 2005 - Orchidées sauvages du Luberon. Édisud, Parc naturel régional du Luberon. 1196. PORTAL R., 1999 - Festuca de France. Éd. R. Portal, Vals-près-le-Puy. 1-371

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Asplenium adiantum-nigrum et Asplenium onopteris en Vaucluse La différenciation entre Asplenium adiantum-nigrum L. et Asplenium onopteris L. a longtemps posé des problèmes. Pour Coste, il n’y a qu’une seule espèce, A. onopteris est totalement ignorée. La flore de Fournier, qui considère ces deux taxons comme 2 sous-espèces, les différencie par la forme « peu arquée » ou « en arc prononcé ». Ensuite le premier supplément de Coste (1972) et la flore du CNRS (1973), élevant ces 2 taxons au rang d’espèces autonomes, ont repris exactement les mêmes critères. Ces descriptions étant à peu près impossibles à utiliser, compte tenu de la variation morphologique des feuilles, une grande confusion a régné et toutes les citations faites avant 1980 ne sont pas fiables. On a eu tendance à considérer Asplenium onopteris comme le taxon le plus répandu dans tout le Midi et notamment en Vaucluse, nous allons voir que ce n’est pas certain ! Ce n’est qu’à partir de 1985 que les choses changent. Le guide des fougères et plantes alliées de Prelli (1985) attire l’attention sur la grande ressemblance des 2 espèces et indique que la taille des spores (ainsi que le nombre chromosomique) est seule en mesure de faire la différence. Le 6° supplément de Coste (1985) confirme bien cette nouvelle situation : chez A. adiantumnigrum les spores mesurent plus de 33 µm (de 32 à 42), alors que chez A. onopteris elles sont inférieures à 33 µm (de 27 à 33). Quelques récoltes adressées à Y. Prelli ont déjà donné l’impression que A. onopteris est loin d’être le taxon dominant dans notre région. Parallèlement, les recherches faites dans la Drôme par L. Garraud et J.-L. Amiet ont prouvé que dans ce département A. onopteris est à peu près absent (1 seule station connue). Dans le but de bien connaître la situation de ce groupe en Vaucluse, un programme de récoltes a été organisé avec la collaboration de J.-P. Roux et de G. Guende. Ce travail a permis d’examiner 24 prélèvements et, grâce à la compétence de Giselle Riousset, de Maillane, les spores ont pu être mesurées avec précision au microscope étalonné. - 7 -

Le résultat fait apparaître que 16 plantes sont à grosses spores, donc des A. adiantum-nigrum, et que seules 4 récoltes ont des petites spores pouvant être nommées A. onopteris. les 4 autres présentant des spores avortées. Cette première approche, bien que partielle, permet de conclure que les 2 espèces sont bien présentes dans le département, mais que, contrairement aux idées reçues, A. onopteris est le moins répandu des deux. En effet, A. onopteris n’a été récolté que dans 3 stations situées dans le sud et l’ouest du petit Luberon : Robion, rochers de Baude - Cheval-Blanc, dans la Haute Combe – Puget, vallon de la Tapi. Les plantes à spores avortées proviennent du ravin de la Fontaine de Vaucluse, du massif sableux de Rustrel et du vallon de Badarel aux Taillades. Partout ailleurs, c’est-à-dire dans tous les autres massifs montagneux, on rencontre toujours A. adiantum-nigrum au sens strict (à grosses spores). Les plantes à spores avortées, généralement plus robustes que les autres (jusqu’à 45 cm de haut), donc bien visibles parmi les populations de plantes normales, sont énigmatiques et embarrassantes. L’examen des frondes à la loupe binoculaire permet de remarquer facilement les sporanges qui peuvent se comparer à des « grappes de raisins secs », donc mal formés, et au microscope, on n’observe que les spores sont nettement avortées. Il reste à savoir maintenant ce que sont véritablement ces plantes qui ont été rattachées de façon un peu surprenante à l’hybride A. x ticinense (adiantumnigrum x onopteris). Leur origine hybride est difficile à soutenir car on les rencontre le plus souvent en l’absence de A. onopteris et notamment dans la Drôme. Il s’agit peut-être d’un phénomène végétatif d’une autre nature. Des comptages chromosomiques pourraient peut-être résoudre ce problème.

(Voir encart couleur)

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Morphologie foliaire : Si, comme il est exposé plus haut, les critères de morphologie foliaire donnés par les flores jusqu’en 1980 n’ont pas permis de différencier les deux espèces, il ne faut pas abandonner les observations, car il existe peut-être une piste à explorer. En effet, Il est admis que les rameaux inférieurs des limbes sont moins allongés chez A. adiantumnigrum que chez A. onopteris, leur donnant une silhouette sensiblement différente : en forme de triangle isocèle pour le premier, de triangle presque équilatéral pour le second. La planche ci-jointe réalisée avec 2 récoltes vauclusiennes illustre assez bien cette morphologie ; le rapport entre la longueur des rameaux inférieurs et celle totale du limbe est de moins de 1/3 chez A. adiantum-nigrum, et de presque la moitié chez A. onopteris (cette morphologie est bien mise en valeur dans les photographies de l’ouvrage de Y. Prelli de 2001 pp. 280 et 281). Il est sans doute prématuré de prendre dès maintenant ce critère comme parfaitement fiable car il risque d’être variable et il mérite d’être validé. Il faut donc multiplier les observations dans ce sens car une reconnaissance au moyen de la forme des limbes serait bien utile pour éviter le recours à la mesure des spores, même si cet exercice n’est pas inabordable. Par contre, sur les 2 plantes figurées, on ne remarque pas de différence notable dans la forme plus ou moins linéaire ou plus ou moins arquée des extrémités des rameaux. Ce sont bien ces derniers critères, trop longtemps utilisés, qui sont responsables des erreurs de détermination et par suite de la répartition géographique erronée d’A. onopteris. Il s’agit donc bien d’un appel à collaboration aux botanistes vauclusiens pour faire avancer ce dossier bien passionnant. Tous ceux qui pourraient collecter des échantillons à travers le département sont inviter à le faire et à me les transmettre avec indication précise du lieu de récolte. Bibliographie : PRELLI R., 1985. - Guide des fougères et plantes alliées. . Paris, (Lechevalier) 1 vol. 199 p. PRELLI R., 2001 – Les Fougères et plantes alliées de France et d’Europe occidentale. Paris, (Belin) - 1 vol. très illustré, 431 p

Deux espèces sont présentes dans la région méditerranéenne : Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides. La Jussie : nom latin ancien : Jussiaea grandiflora ou synonyme : Jussieua grandiflora fut dédiée à Bernard de Jussieu (1699 – 1776), célèbre botaniste français qui a participé à l’expédition en Amérique du sud qui, au 18 ième siècle est allée sous l’équateur mesurer un arc du méridien terrestre. Elles se nomment maintenant Ludwigia grandiflora, et l’autre Ludwigia peplonides,elles font partie de la famille des Onagracées. C’est une plante amphibie des climats chauds qui a été introduite en France depuis l’Amérique et qui s’est développée et naturalisée dans les rivières de l’Hérault et du Gard depuis longtemps, puis qui a colonisé les bords du Rhône à Vallabrègues et la Barthelasse et qui commence à envahir les rivières du Vaucluse. Le genre Ludwigia compte plus de 30 espèces, habitant surtout les pays tropicaux ou subtropicaux. C’est une plante aquatique des bords de rivières ou des fossés très humides. Ses tiges rougeâtres et rigides peuvent atteindre 6 mètres de long. Elles rampent ou surnagent en produisant des racines adventives qui s’enracinent et colonisent les berges en une population très dense, qui forme un couvert végétal, cachant le bord de l’eau. Les rameaux cassés ou détachés, de la plante, vont s’enraciner plus loin. De juin à septembre, la Ludwigia peploides (la plus présente dans le Vaucluse) produit de grandes fleurs jaune vif de 3 à 4 cm de diamètre, à5 pétales, 5 sépales et 5 étamines (quelquefois à 6 divisions). Le calice est adhérent à l’ovaire mais ne forme pas un prolongement au-dessus comme c’est le cas pour beaucoup d’Onagracées. Le fruit est cylindrique et allongé, il s’ouvre par 5 (ou 6) valves, il contient un grand nombre de petites graines qui n’ont pas d’aigrette de poils, comme pour d’autres Onagracées. Les feuilles sont alternes, ovale-allongé et rétrécies en pétiole. Les fleurs naissent à l’aisselle des feuilles supérieures : une fleur par feuille. Cette plante vivace, sous nos climats tempérés, se développe vigoureusement, au point de devenir nuisible pour la faune et la flore des rivières. Les Jussies se développent dans les eaux calmes et les endroits où le courant est ralenti. Elles survivent à une période d’assèchement par leur rhizome enfoncés dans la vase.

La densité remarquable des populations de Ludwigia (Jussie) entraîne une fermeture à la lumière des milieux aquatiques, chassant les poissons et les autres plantes aquatiques indigènes. Elle perturbe gravement l’écosystème des zones envahies ; Des plantes aquatiques rares ou fragiles qui s’étaient établies là, disparaissent. La prolifération de la Ludwigia réduit le patrimoine végétal, mais aussi elle fait disparaître des espèces de poissons qui ne trouvent plus de quoi vivre et se développer dans ce milieu perturbé : manque d’oxygène, de lumière et à la végétation appauvrie, car nos animaux (poissons, oiseaux et même ruminants) n’aiment pas la Ludwigia qui n’a donc aucun prédateur dans nos régions ; contrairement à son pays d’origine où elle est broutée par différents insectes ou larves. Après avoir envahi les canaux de Camargue, de l’Hérault et du Gard, on la trouve aujourd’hui, sur les bords de la Durance en Courtine, à Mérindol, vers Cadenet et jusqu’à Mirabeau. On a repéré des stations (voir carte) sur le Coulon Calavon, l’Ouvèze, l’Auzon, la Nesque et surtout dans la plaine entre Carpentras et Sorgues. Elle remonte sur les bords du Rhône jusqu’en Ardèche et Drôme. Les magnifiques fleurs jaunes de la plante sont tentantes, pour les amateurs de plantes, pour décorer les aquariums ou les bassins de jardin ! Elle a été longtemps utilisée pour cela et son aire de dispersion est étendue car la Ludwigia a un grand pouvoir de régénération : à partir d’un rameau qui dans l’eau produit des racines qui fixent et reproduisent une colonie qui peut s’étendre d’un mètre carré par an. Les populations peuvent être si denses qu’elles peuvent freiner l’écoulement de l’eau et favoriser les inondations. Les autorités commencent à s’émouvoir de cette progression. En particulier dans l’ouest de la France où la Jussie a envahi le Marais Poitevin au point d’empêcher la circulation des barques. Dans cette région, de grands moyens ont été mis en œuvre, pour empêcher ou limiter son développement. Dans notre régions des études sont en cours pour trouver des solutions à ce problème .La Fédération de la pêche met en garde les particuliers : ne pas implanter de Jussie dans son bassin de jardin ou son aquarium, ne pas cueillir ou arracher de Jussie,ne pas faucher ou essayer d’enlever les Jussies, ne pas passer en barque sur un herbier de Jussie, car tout cela peut produire des débris de tiges qui iront reconstituer des plantes entières. Deux autres plantes exotiques proliférantes menacent nos rivières et plans d’eau : le Myriophylle du Brésil et la Renouée du Japon.

Nicole CHIRON

Les Jussies dans le Vaucluse. Bulletin de la SBV

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Chrozophora Tinctoria (L.) A. Juss

Connue depuis longtemps …… Cette plante semble être connue par les plus anciens naturalistes ; elle est mentionnée par Théophraste, Dioscoride, Pline ainsi que par des plus modernes tels que Matthiole, Lobel et Clusius ; souvent comparée et même confondue par certains d’entre eux avec d’autres plantes telles que Xanthium (sans doute spinosum) et Heliotropium europeum. Elle est toujours citée pour ses propriétés tinctoriales, rarement pour ses propriétés médicinales. Etonnamment, la trentaine de pieds de Chrozophora de la station de Mazan passent inaperçus au milieu d’une friche envahie par Heliotropium europeum et surtout par Xanthium spinosum de taille exceptionnelle. Plusieurs fois repérée en Vaucluse depuis 1867 Cette espèce méditerranéenne, thermophile, héliophile, est peu commune dans le Vaucluse où elle occupe l’étage mésoméditerranéen (150 à 350 m). Elle est en limite d’aire septentrionale dans la partie centrale du Vaucluse où on la rencontre dans quelques stations en petites populations (de 1 individu à quelques dizaines) en lisière de champs cultivés, dans des friches postculturales ou sur des talus. (voir détail de sa répartition et carte) Vous la reconnaîtrez aisément…. C’est une Euphorbiacée !! Cette plante annuelle de 10 à 40 cm est tomenteuse, grisâtre. (voir les poils étoilés sur la lithographie de JOLY). Elle possède des feuilles alternes, longuement pétiolées, ovales- rhomboïdales, sinuées dentées. On peut observer ses fleurs nombreuses et discrètes en septembre, elles sont unisexuées, jaunâtres : Les fleurs mâles subsessiles en grappes courtes et dressés avec 5-10 étamines bien visibles. Les fleurs femelles par 1-4 à la base de la grappe mâle sont pédonculées avec 3 styles bifides. Le fruit est une capsule assez grosse (7 à 8 mm) penchée, à 3 coques globuleuses, tuberculeuses, monospermes. A maturité, chaque coque s’ouvre brusquement éjectant la graine qu’elle contient à une certaine distance. Ce fruit très caractéristique lui vaut d’être classée dans les Euphorbiacées (autrefois les tricoques) Bulletin de la SBV

Ce genre se distingue nettement du genre Euphorbia où les fleurs unisexuées sont réunies en une inflorescence bisexuée très particulière : le cyathium. 3. Vous n’aurez que l’embarras du choix pour la nommer ….et l’occasion de perdre votre latin !! - Chrozophora tinctoria du grec « chrozo » teindre et « pherô » porté. Ce nom de genre (renforcé par le nom d’espèce) évoque ses propriétés tinctoriales. Cette plante contient un pigment qui a la propriété de changer de couleur selon l’acidité ou l’alcalinité du milieu où il est immergé. - Maurelle (et même parfois morelle) ne pas confondre avec Solanum nigrum ! maurelle signifiant noirâtre fait sans doute allusion à la couleur sombre que prenait la pulpe obtenue après écrasement des feuilles. - Grande Héliotrope : à cause de la confusion avec Heliotropium europeum (Boraginacées) sans doute à cause de la forme et de l’aspect des feuilles. - Tournesol : ne pas confondre avec Helianthus annuus (Astéracées). D’après de Candolle (Phys. Vég. Tome II p 843) par le mot Tournesol, on a voulu indiquer que la couleur du suc de cette plante se modifie par l’action solaire. - Croton des teinturiers : du grec chrôs = teint - Tournesol en drapeaux : voir § suivant - Herbe de Clytie : Clytie était fille d’Océan et de Tethys. Le soleil en tomba amoureux, mais elle se vit bientôt délaissée par le dieu pour Leucothoé , sa sœur. Elle dénonça cette liaison à leur père. Apollon devait changer la délatrice en heliotrope. 4. Vous voulez testez ses propriétés tinctoriales ?…..Il vous faut la recette !! Les habitants de Gallargues- leMontueux (près de Nimes, en Languedoc) ont su de tous temps garder le monopole et le secret de la transformation et du commerce de Chrozophora. Voici la marche à suivre ! Les plantes sont broyées et réduites en une pâte dont on exprime le suc à l’aide d’une presse. Le résidu est humecté d’urine fraîche, puis pressé à nouveau. Les tissus à teindre, des pièces de toile grossière appelées « drapeaux » (voir § précédent) sont trempés successivement dans le suc pur, puis dans celui qui est mêlé d’urine. Chaque trempage

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est suivi d’un séchage au grand soleil … du Languedoc ! Puis, on prépare une couche de fumier, recouverte de paille propre sur laquelle on étend les étoffes à teindre. On expose une heure ou deux les étoffes aux vapeurs d’ammoniaque dégagées par le fumier jusqu’à ce que la couleur bleu apparaisse. (vous pourrez mettre en parallèle des éléments de la mésaventure de Clytie avec le procédé d’obtention de la teinture) Les « drapeaux » emballés étaient ensuite acheminés jusqu’en Hollande. Les Hollandais enveloppaient le fromage dans ces étoffes colorées en bleu. La teinture bleue mise en contact avec les acides lactique et butyrique du fromage virait au rouge et colorait la croûte du fromage.Un tel traitement devait aussi protéger le fromage des vers ! (voir documents joints sur la technique de coloration) Tout ça vous évoque le papier pH du lycée ….. ? mais … Il ne faut pas confondre tournesol en drapeaux et tournesol en pains. Ce dernier se présente sous forme de petits pains cubiques, de couleur bleue cendrée. Il se prépare (comme l’orseille) au moyen de lichens tels que Rocella tinctoria et diverses variétés de Variolaria et de Lecanora, réduits en pâte et mêlés avec des cendres, de la chaux et de l’urine .Pour préparer la teinture de tournesol, on pulvérise le tournesol en pains, on le fait bouillir avec de l’alcool à 85°. On ajoute de l’acide sulfurique pur obtenir une coloration rouge. Les papiers réactifs s’obtiennent par immersion de cette décoction. Depuis longtemps, des colorants synthétiques ont remplacé le tournesol en drapeaux …et le pHmètre les bandelettes réactives. On peut donc protéger Chrozophora. Merci au musée Requien à Avignon, à Couleur Garance à Lauris, à Monsieur Atger, relieur à Gallargues le Montueux. Roselyne GUIZARD BIBLIOGRAPHIE : - Officine de Dorvault - « De la garance au pastel » Michel Garcia et MF Delarozière Edisud nature - La garance voyageuse n° 19 - Flore de Coste III p 243 - Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine - « observations générales sur Chrozophora ….. » par N. Joly 1840 consulté au musée Requien Avignon - Documents prêtés par Mr Atger : Mémoire de l’académie royale 1706 de M Nissolle. Encyclopédie de Diderot et d’Alembert Le savant du foyer par Louis Figuier 1867

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( d’après Ph. Jauzein - Flore des champs cultivés) Bulletin de la SBV

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(Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Diderot et D’Alembert) 1751 - 1772 Bulletin de la SBV

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Carte de répartition vauclusienne de Chrozophora tinctoria (L.) Juss. réalisée par le Service cartographie du Concervatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles Virgile NOBLE

CHROZOPHORA TINCTORIA (L.) Juss.

Informations transmises par Jean-Pierre ROUX

Écologie (dans le Vaucluse) : étage mésoméditerranéen (150-350 m) ; thérophyte acidicline à calcicline, xérophile, thermophile, héliophile : lisières de champs cultivés, friches postculturales, talus. Répartition (dans le Vaucluse) : entre Caze et le Pontet (in M. PALUN, 1867) sous le nom de Croton tinctorium Lin. ; Mazan au Roumiguier (R. GUIZARD, 2005) ; Cabrières-d’Avignon entre le Grand Camp et la chapelle Sainte-Eusèbe (J.-P. ROUX, 2005) en de nombreuses petites populations ; Gordes aux Firmins (B. GIRERD, 2004) ; Saint-Saturnin-lès-Apt (in B. GIRERD, 1991) ; Villars aux Marchands (P. KLAUSNER, 1990) ; Rustrel aux Viaux (G. GUENDE, 2003) ; Cheval-Blanc (in B. GIRERD, 1991) ; Mérindol aux Aires (G. GUENDE et J.-P. ROUX, 2005) ; Lauris au Sui (J.-P. ROUX et M. BARCELLI, 2005) ; Grambois aux Allier (A. SAATKAMP, 2004) ; entre Vitrolles et Lourmarin (in A. PONS, 1951). Note : espèce méditerranéo-touranienne, en limite d’aire de répartition septentrionale dans la partie centrale du Vaucluse. Se présente souvent en petites à assez petites populations (d’un individu à quelques dizaines). Bibliographie : GIRERD, B. 1991- La Flore du département de Vaucluse. Nouvel inventaire 1990. Édit. Société botanique du Vaucluse et Alain Barthélemy, Avignon. [1]-391. PALUN, M. 1867 - Catalogue des plantes phanérogames qui croissent spontanément dans le territoire d’Avignon ou dans les lieux circonvoisins…Avignon. [i-iv], [1]-189. PONS, A. 1951 - La flore de la chaîne du grand Luberon. Bull. Mus. Hist. Nat. Marseille XI : 57-82.

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STAGE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DU VAUCLUSE DANS LE JURA VAUDOIS (SUISSE) DU 7 AU 11 JUILLET 2005 Cette année, le stage d’été se déroulait dans un cadre dépaysant : celui du Jura vaudois, avec la découverte de quelques sites exceptionnels laissant des souvenirs émus. Les 11 participants se sont retrouvés au Brassus, petite ville tout près du Lac de Joux, à 1020 mètres d’altitude, haut lieu de l’industrie horlogère suisse - les uns dans l’Hôtel de la Lande (ancien château du lieu), bien confortable, d’autres dans les environs. L’hôtel avait mis une vaste salle à notre disposition pour les déterminations vespérales. Nous avons été fort bien accueillis par nos amis suisses, qui avaient minutieusement organisé les sorties jour après jour, pilotées chaque fois par des intervenants très compétents, disponibles et attentifs à nos interrogations. Notre pilote en chef, présente près de nous tout au long de la semaine, était Françoise Hoffer, du Cercle Vaudois de Botanique, qui prépare une « Flore de la ville de Lausanne », avec itinéraires de découvertes botaniques en ville (mais oui ! il peut s’y trouver des choses extraordinaires – telle cette station de 300 pieds de Spiranthes spiralis sur le toit d’un garage engazonné !). Le temps a été globalement favorable, quoique bien frisquet la nuit (6°), puisque nous n’avons eu vraiment de la pluie que le premier jour – ce qui est méritoire pour une région aussi plantureusement verte. Les itinéraires des cinq journées nous ont emmenés de part et d’autre du Lac de Joux, depuis le sommet de la Dôle (1677 m) au sudouest du lac, jusqu’à la petite ville médiévale d’Orbe au nord-est, avec une incursion vers Nyon au bord du Léman.

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Le jeudi 7 juillet Le matin : Pelouses près des cibles de tir à Bucley, 580 m C’est Alexandre Vez (du Cercle Vaudois de Botanique) qui nous entraîne, par un temps gris, pluvieux, froid (il pleuvra toute la matinée), sur un site surprenant pour nous, Français, entre Divonne et Nyon, près de la Rippe. Il s’agit de pelouses sèches calcaires situées sous les cibles de tir destinées à l’entraînement ordinaire des citoyens. C’est une zone protégée, en jachère, ensemencée de plantes intéressantes et comportant une vingtaine d’orchidées, hélas peu visibles en juillet. Nous notons Linum tenuifolium, Cervaria rivini (anciennement Peucedanum cervaria), Inula salicina, Securigera varia … En montant, nous trouvons une zone très humide à la base des collines qui nous dominent, abondamment pourvue de Gymnadenia conopsea et G. odoratissima, Epipactis palustris (en colonie), Epipactis atrorubens, Drosera longifolia, Jean-Claude Bouzat y découvre une plante fort rare en Suisse, très menacée et qui ressemble assez à une Oenanthe : Laserpitium prutenicum. Tous deux se trouvent en prairies humides, mais entre autres choses, le Laser a des bractées et des bractéoles – l’Oenanthe, seulement des bractéoles ; le Laser, des méricarpes velus – l’Oenanthe, des fruits glabres.

L’après-midi : sommet de la Dôle, 1677 m Notre guide, plein d’optimisme, décide de nous entraîner vers ce sommet, malgré la pluie persistante, qui va nous accompagner tout au long de la montée, si bien que nous ne regarderons les plantes qu’à la descente, après le déjeuner, à la faveur d’une éclaircie. Depuis le parking, nous montons jusqu’à un chalet à 1550 mètres, qui a été ouvert et chauffé à notre intention par une personne attentionnée et nous sommes bien aises d’y pique-niquer à l’abri, réconfortés en sus par vin et café offerts par le Cercle Vaudois de Botanique. Cette halte est l’occasion d’avoir un petit exposé sur ce sommet de la Dôle – site exceptionnel en Suisse, qui abrite des plantes (500 espèces sur 14 km² ) qu’on trouve très peu ailleurs – par Bulletin de la SBV

exemple Androsace villosa et Minuartia capillacea(seulement sur la Dôle), Aconitum anthora (en 2 régions botaniques seulement sur les 598 que compte la Suisse) …. Cela est dû à sa situation particulière : c’est le premier sommet suisse un peu élevé, dans un axe SW – NE prolongeant la vallée du Rhône, que les espèces montagnardes migrant vers le Nord après les dernières glaciations ont rencontré et colonisé. De plus, il présente des expositions variées : des falaises exposées SE, des pentes au NW avec des mégaphorbiaies … favorisant les influences alpines et méditerranéennes, si bien que quinze espèces ne s’y retrouvent nulle part ailleurs. La pluie s’est enfin arrêtée et nous voici grimpant vers le sommet depuis le chalet . Quelques belles découvertes, s’ajoutant aux plantes habituelles du calcaire subalpin, vont ponctuer ce trajet : Sideritis hyssopifolia (un peu – RRR en Suisse), Campanula thyrsoides bien fleurie (beaucoup), Linum alpinum, Seseli libanotis, Bupleurum longifolium (RRR en Suisse), Bupleurum falcatum (R), Serratula tinctoria subsp. macrocephala (RR), Allium victorialis … Nous parcourons à présent la pelouse du sommet. C’est une crête empruntée par le GR « Balcon du Léman ». En principe, nous devrions avoir une vue superbe sur le Léman et les Alpes, mais là, c’est raté : on est dans les nuages …. Heureusement, de nombreux chamois, peu farouches, captent notre attention. Cette pelouse est bordée de rochers calcaires qui accueillent quelques-unes des plantes les plus remarquables. Notons d’abord quelques orchidées : Nigritella austriaca, Coeloglossum viride, Traunsteineria globosa (beaucoup !), Gymnadenia conopsea, puis quelques raretés insignes : Androsace villosa en fleurs (un seul petit pied), Minuartia capillacea (pas mal de pieds fleuris), Ranunculus thora (seulement les feuilles), Trinia glauca (pieds mâles et femelles), Helianthemum canum, de nombreux pieds de la peu commune Athamanta cretensis, Coronilla vaginalis … Le retour s’effectue en contournant la butte sommitale par une pente rocailleuse suintante orientée Sud-Est pour voir les nombreux pieds de Pinguicula

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vulgaris et P. alpina hélas défleuris (on trouve aussi sur la Dôle exclusivement la rarissime Pinguicula grandiflora). Nous apprenons que les Pinguicula sont à présent reproduits par clonage pour l’industrie pharmaceutique (sirop pour la gorge). Nous apercevons audessus de nous dans le rocher une touffe d’Anthyllis montana (4 pieds seulement en Suisse !). En poursuivant la descente, nous notons Laburnum alpinum, puis Paradisea liliastrum et Lathyrus occidentalis (dans le Jura, présents seulement sur la Dôle, de même que le très rare Aconitum anthora dont nous voyons seulement les feuilles). Nous terminons dans les alpages après avoir longuement examiné un pied de Rosa vosagiaca, stimulés par la curiosité de notre amie Pierrette pour ce genre difficile qui ne cessera de nous poser problème tout au long de la semaine.

Le vendredi 8 juillet Le Parc Jurassien Vaudois : la Combe des Amburnex C’est dans un site magnifique et réputé que nous allons passer cette journée. La météo s’annonce plus clémente : une averse seulement en fin d’aprèsmidi et l’apparition d’un timide soleil bienvenu au moment du pique-nique. Nous sommes accompagnés par le grand connaisseur du Parc, Pascal Vittoz, qui lui a consacré une brochure fort bien faite [« Pâturages et forêts du Parc jurassien vaudois », édition du Parc]. La Combe est située au SSE du Brassus, à l’extrémité NE du Parc qui s’étend du col de la Givrine au Col du Marchairuz. C’est une longue dépression fermée aux extrémités, le point le plus bas étant situé au centre, ce qui engendre des conditions climatiques particulières. En effet le froid s’accumule au fond au lieu de s’évacuer vers l’aval provoquant des températures basses toute l’année ( -10° possibles en juin) et des records de froid en hiver (les plus basses de Suisse pour cette altitude). Après les dernières glaciations, les espèces de milieux ouverts sont arrivées en premier ; les forêts (de pins surtout) se sont installées vers – 10 000 B.C. – les espèces actuelles seulement en – 2 000 B.C., le sapin en premier n°16 - mai 2006

qui a éloigné les autres espèces, hêtre et épicéa. Les fouilles de l’abri Frémont ont montré une occupation humaine dès – 10 000 B.C.et la présence de l’élevage vers – 4 000 (vaches, cochons, moutons), avec les premiers déboisements. Le gros du déboisement commence au Ve siècle avec l’installation des premiers monastères (SaintClaude) et se poursuit au XIIe avec l’implantation de nouveaux monastères (Abbaye du Lac de Joux, Chartreuse de Bonmont). Les cartulaires du XIIe siècle mentionnent la Combe des Amburnex pour le pâturage. Le bois qui joue un rôle très important dans cette économie est surexploité, si bien qu’au XVIIe siècle, les forêts sont ruinées, entraînant la disparition du hêtre, très apprécié pour le charbon de bois et brouté par les vaches. L’arrivée du charbon de terre va diminuer la pression sur les forêts qui regagnent du terrain. La formation typique du Jura, les prés-bois, est le résultat de cette constante évolution et d’un subtil équilibre entre la nature et les besoins changeants de l’homme. Nous allons suivre peu ou prou l’itinéraire décrit dans la brochure, entre le col du Marchairuz (1447 m), au sommet d’un anticlinal et les pâturages des Amburnex , environ 100 mètres plus bas.

Descente en forêt depuis le Col Un sentier très agréable bordé de luxuriantes mégaphorbiaies nous mène vers la Combe. Les Epicéas (autrefois favorisés) dominent, accompagnés d’Abies alba, Sorbus aucuparia, Acer pseudoplatanus (le seul apte à se développer dans les mégaphorbiaies). Ici, les forêts sont plutôt claires, avec beaucoup de lumière arrivant au sol. Les animaux ont longtemps pâturé librement en sous -bois, ralentissant la régénération des arbres (la forêt n’a été fermée au bétail que dans les années 50) et en outre, les forestiers la gèrent en forêt jardinée, la maintenant claire. Dans ce milieu favorable, riche en eau et nutriments, croissent en abondance les grands espèces habituelles : Cicerbita alpina, Aconitum vulparia, Astrantia major,Adenostyles alliariae, Gentiana lutea - en fait, espèce forestière, ainsi que Veratrum album subsp. lobelianum ( qui produit beaucoup de feuilles et ne fleurit que tous les 6 à 7 ans), Ranunculus platinifolius, Thalictrum aquileBulletin de la SBV

gifolium, Petasites albus, Hieracium prenanthoides, Phyteuma spicatum, Heracleum sphondylium subsp. juranum, Salix appendiculata, Lonicera alpigena, Lonicera nigra, Rumex alpestris, Cirsium erisithales, Ranunculus lanuginosus … Notons que les jeunes sapins et épicéas poussent volontiers sur de vieilles souches : ils sont ainsi à l’abri de la neige tardive du printemps qui favorise le développement d’un champignon, le noir de l’épicéa, mortel pour les petits arbres. Les myrtilles s’y développent aussi volontiers, y trouvant l’acidité nécessaire. A la sortie de la forêt, nous traversons un petit vallon très humide (fond argileux) avec Geum rivale, Saxifraga rotundifolia, Glyceria fluitans, Epilobium alpestre et E. montanum, Carum carvi … avant d’arriver dans la Combe proprement dite.

La Combe des Amburnex Sur plus de 7 km, c’est une longue dépression étroite, creusée par l’érosion des couches tendres, riches en argile, de sédiments lacustres accumulés il y a 140 millions d’années alors que les calcaires marins environnants résistaient mieux. A la fin des glaciations, le vent soufflant sur les immenses surfaces de rochers et graviers dénudées des montagnes emporta de fins limons (les loess) et les déposa sur le Jura sur plus de trente centimètres d’épaisseur. Ceux des crêtes, érodés par la pluie, se sont accumulés dans les combes, formant un sol profond et riche, alors que les rochers, dénudés ou couverts d’un sol peu productif, affleurent toujours sur les buttes et crêtes. C’est ce paysage, composé de pentes boisées et replats ou combes en herbe, que nous allons parcourir aujourd’hui. Mais la partie que nous abordons d’abord, à l’extrémité NE de la combe, est le marais des Amburnex (ou marais de la Sèche de Gimel). Marais de la Sèche de Gimel Il s’agit d’un ancien lac de 6 m de profondeur, formé pendant les glaciations grâce à un dépôt d’argile, peu à peu comblé par la tourbe. Ce marais, avec 850 m de long, est le plus grand du Parc et présente plusieurs faciès, dus à la double alimentation en eau : par les sources issues des pâturages et chargées de nutriments azotés – et par l’eau de ruissellement de la rive opposée sur les rochers calcaires. Le niveau d’eau - 17 -

joue également son rôle : des canaux la conduisent vers l’ouest où elle disparaît dans les « emposieux » au pied des rochers. Nous avons donc un marais de transition – zone très inondée à Carex rostrata, Carex diandra, Potentilla palustris, puis un bas-marais calcaire, plus sec, à Carex nigra, C. flava, C. limosa, Swertia perennis, Primula farinosa et enfin un bas-marais acide, plus pauvre en espèces. Nous parcourons ces diverses zones en découvrant quelques espèces remarquables du lieu, espèces arctico-alpines fort rares : Carex heleonastes, Sagina nodosa (très peu), Saxifraga hirculus. Nous avons le plaisir d’en découvrir beaucoup de pieds bien fleuris pour la plus grande joie des photographes. (voir encart couleur) Les pâturages boisés (ou prés-bois) Nous poursuivons notre exploration du marais, puis montons vers des zones de plus en plus sèches, composées de pâturages boisés – paysages typiques du Jura, très appréciés des promeneurs et skieurs. Le pâturage du Couvert de la Sèche de Gimel est une étrange succession de creux et de bosses, due à la dissolution inhomogène des calcaires sous-jacents – les creux avec un sol riche en terre fine et les bosses caillouteuses. Ici règne en maître Veronica spicata , puis Anthyllis vulneraria subsp. alpestris, Cirsium acaule, Carlina acaulis subsp. caulescens, Thymus pulegioides, Helianthemum nummularium subsp. osbcurum, Festuca laevigata subsp. laevigata, Thesium pyrenaicum, Hippocrepis comosa. Dans les pelouses parsemées de gros rochers, voici, étalés ensemble sur ces rochers, deux plantes extrêmement rares en Suisse, bien qu’abondantes ici dans la Combe : Genista pilosa et Daphne cneorum. Elles recherchent des sols oligotrophes, aussi bien sur rochers calcaires que dans les nardaies – ce qui indique une plasticité rare chez les plantes. Nous avons aussi en abondance Carex montana, Draba aizoides, Koeleria pyramidata, Arabis ciliata, Asperula cynanchica. Nous arrivons enfin au lieu du pique-nique, surveillés de près par des vaches bien familières.

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Les lapiaz Nous continuons notre descente vers une succession de lapiaz. Le premier que nous abordons a été autrefois recouvert d’un sol et boisé, car sa surface est lisse et polie. Sinon, la surface soumise à l’érosion est très striée et irrégulière. Il y reste quelques Epicéas très rabougris bien que centenaires, car la faible épaisseur du sol, la sécheresse de l’été, les coups de froid du printemps leur sont très défavorables. Sur les pelouses pâturées, nous trouvons Dianthus superbus, Nigritella austriaca, Narcissus peticus, Genista tinctoria. Nous remontons ces pâturages, en franchissant de temps à autre de très beaux murs en pierre sèche dont le Parc jurassien vaudois encourage l’entretien. Ils séparaient autrefois les propriétés afin d’éviter le mélange du bétail, entourant la totalité de l’alpage, y compris les forêts. Aujourd’hui, ils sont toujours utiles pour séparer les parcs. Nous arrivons ainsi à un beau lapiaz, vrai jardin féérique paré des vives couleurs d’innombrables fleurs : celles des creux du calcaire garnis d’un peu d’humus et ceux des « laisines », fissures plus ou moins larges et profondes. Quand elles sont larges et bien éclairées au fond, elles hébergent une végétation de mégaphorbiaires, mais étroites et profondes, c’est le royaume des fougères. En surface, de grandes taches de Cotoneaster integerrimus, rampant, prostré. Retenons encore une fois d’innombrables pieds de Véronica spicata, Gymnadenia conopsea, Traunsteinera globosa, Aconitum bauhinii (aux tépales glabres), Lonicera caerulea , Polygonatum verticillatum, Solidago virgaurea, Asplenium viride, Cystopteris fragilis, Gymnocarpium robertianum.. Menacés par la pluie, nous écourtons notre visite. Dommage ! ce lapiaz était si beau ! En revenant vers la route goudronnée, nous passons à côté d’un chalet près duquel se trouve un « parc à foin » : c’est un pré clôturé d’un mur et préservé du pâturage et que l’on fauchait à la demande pour nourrir les bêtes en cas de besoin.

Le samedi 9 juillet Autour du Lac de Joux Nous passons cette journée en compaBulletin de la SBV

gnie de Jean-Louis Moret, Conservateur au Musée Botanique de Lausanne, spécialiste des milieux humides et de plusieurs autres amis suisses, fins connaisseurs des lieux. Nous sommes en bonnes mains ! Le temps est beau, ensoleillé – avec la petite pluie inévitable de fin d’après-midi. Le secteur de la Vallée du Joux, de 1000 à 1300 m, est riche de 432 espèces abondantes ou fréquentes, plus 236 espèces rares ou peu abondantes.

Lac de Joux : Poisson » - 1005 m

« Chez-le-

Ce site, à l’extrémité SW du Lac, en bordure, est un marais d’atterrissement en zone calcaire, avec quelques espèces patrimoniales : Iris sibirica, Ranunculus reptans, Sagina nodosa. Nous marchons en direction du lac, à partir de la route au lieu-dit « Le Bas des Bioux », dans un canal de drainage, au milieu d’une végétation exubérante, avec des plantes caractéristiques de la grande cariçaie : Salix myrsinifolia, Glyceria notata, Alisma plantagoaquatica, Scutelleraria galericulata, Pedicularis palustris (très abondante), Galium boreale, Thesium pyrenaicum, Ranunculus trichophyllus. Nous n’examinons pas toutes les plantes : il y en a trop – et nous sommes attirés par le bord du lac ! Notons par endroits une importante irisation de l’eau, due au développement de bactéries (et non à la présence d’hydrocarbures). Nous atteignons une zone boisée (Epicéas, habités par les Roselins cramoisis), puis une roselière à Phragmites australis, la grande cariçaie à Carex elata et enfin une parvo-cariçaie, la plus intéressante. Roselière-Cariçaie Nous rencontrons donc successivement Phragmites australis, puis une zone à Carex elata en touradons (il pousse sur les débris des feuilles des années précédentes, la hauteur du touradon correspondant à celle du battement de la nappe d’eau du lac – 60 à 80 cm). Voici également Carex acutiformis, Phalaris arundinacea, Carex appropinquata dont la présence ici interpelle : ce Carex est un indicateur d’acidité – ou au moins de milieu mésotrophe. En Suisse occidentale, il y a peu de bas-marais acides et au total, peu de C. appropinquata. Beaucoup de Saules : Salix cinerea, S. purpurea, S. triandra, S. pen- 18 -

tandra (le « saule-laurier » aux feuilles brillantes vert foncé – quelques beaux sujets de 5m de haut), S . myrsinifolia, S. repens. Parvo-Cariçaie au bord du Lac Nous voici maintenant les pieds dans l’eau – dans un beau paysage. Le Lac s’étend devant nous avec ses 9 km de long. Il est orienté SW/NE comme le Jura ; il canalise le vent pluvieux du SW et la bise NE du Centre Europe, froide et sèche – ce qui provoque la formation de vagues de 50 à 60 cm, d’où une érosion sensible. Mais ces vagues apportent ici, à l’amont, des plantes aquatiques qui poussent normalement en eau plus profonde (1,5 m), en particulier des Potamots, ce qui en rend possible l’inventaire. Le Lac de Joux est le seul à voir gardé ses Potamots (8 espèces). Il s’agit hélas d’un lac plutôt eutrophe, à cause de la pollution du pourtour et de l’amont, dont le signe le plus visible est la présence d’une algue rouge déposée au bord, appelée ici « le Sang des Bourguignons ». Nous notons Potamogeton crispus, Hippuris vulgaris, Myriophyllum spicatum, Elodea canadensis (autrefois envahissante, à présent contenue) et finissons par découvrir la grande rareté du lieu, Ranunculus reptans – un seul petit pied au ras de l’eau. En arrière, voici une prairie plus sèche, couverte de Dactylorhiza incarnata, avec Schoenus ferrugineus (on trouve Schoenus nigricans plutôt vers 500/600 m d’altitude), Equisetum variegatum, Carex davalliana, Carex hostiana, Carex panicea, Tofieldia calyculata, Pyrola rotundifolia et enfin, une autre rareté, Iris sibirica, en fin de floraison (2 stations dans le Jura, davantage plus à l’Est). En avançant, nous foulons une autre belle pelouse couverte de Epipactis palustris, en pleine floraison : un régal ! accompagnée de Gymnadenia conopsea, Pinguicula sp. (les rosettes de feuilles seulement : P. leptoceras et P. vulgaris sont présentes ici), Parnassia palustris, Gentiana verna, Thesium pyrenaicum, Primula farinosa, Eriophorum latifolium, E. angustifolium, Equisetum palustre, Peucedanum palustre. La très rare Drosera intermedia est présente également, mais non

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aperçue. Un des participants (M.T.) y trouve un pied de Scorzonera humilis, très rare en Suisse et nouvelle pour le site. Cette zone très intéressante est gérée par « Pro Natura » et le Canton de Vaud, qui luttent contre l’envahissement par les ligneux. On a pu déplorer malheureusement, faute d’information suffisante, l’élimination d’un Rhamnus cathartica fort ancien, au tronc de 30 cm de diamètre …

Tourbières de « Derrière-laCôte » - 1080 m Nous allons maintenant parcourir un espace particulier, fort complexe : il s’agit d’un chapelet de tourbières qui se trouve derrière une ligne de côtes au -dessus du Lac vers le SW, au niveau ± 1100 m. Notons que toutes les tourbières sont actuellement protégées en Suisse. Derrière l’Hôpital, chemin des Ecureuils Après un pique-nique fort agréable sous les épicéas, sur une moelleuse couche de mousses agrémentée de Lycopodium annotinum, nous faisons le tour d’une tourbière anciennement exploitée pour le chauffage, dont nous voyons de loin en loin les anciennes fosses d’extraction. Tout de suite, nous avons Betula nana, en buissons ras, fort rare en Suisse (c’est la station suisse la plus occidentale et la plus méridionale – la plus méridionale de toutes étant celle de la Margeride en France). Nous sommes en fait sur une tourbière d’ensellement, avec 3 mètres de tourbe ; les eaux de ruissellement calcaires s’échappant de tous côtés, il s’est formé un sol acide organique. Quand il est suffisamment asséché, on y trouve Vaccinium uliginosum, V. myrtillus, V. vitis-idaea. De chaque côté, des fosses, recolonisées par Carex rostrata, Carex lasiocarpa, Carex appropinquata, Typha latifolia, Potentilla palustris, Menyanthes trifoliata, formant des radeaux flottants. Sur les rives, Molinia caerulea, Salix cinerea x aurita, S. triandra x myrsinifoliam, Phragmites australis (progressant de 30 à 50 cm/an en moyenne). Une surprise : un très grand terrier de blaireaux creusé dans la tourBulletin de la SBV

be. Nous continuons à faire le tour en traversant l’exutoire de l’eau libre, nous enfonçant dans un espace luxuriant, parmi les Epicéas, sur des surfaces de Mousses, Sphaignes, Vaccinium uliginosum et même, Dianthus superbuset c’est en marchant dans les sphaignes que nous regagnons la route d’accès. Autre Tourbière, vers « Chez-les-Aubert » Nous reprenons la route vers le NE et à l’endroit du parking, voici une belle plante, très rare en Suisse (seulement ici dans le Jura, puis en quelques points des Alpes) : Cephalaria alpina (famille des Dipsacacées). Nous sommes sur un site situé à 300 mètres du précédent, dans le prolongement, à la même altitude, en allant au NE vers le Lac. Cette grande tourbière a été en partie transformée en prairie artificielle : déboisée, décapée, purinée et en fait, par endroits, l’exploitation en est maintenant abandonnée ! Nous traversons donc cette prairie pour accéder à la partie boisée qui entoure la tourbière proprement dite, où nous apercevons de l’eau libre avec des tremblants de Potamogeton natans. Betula nana est revenu ici après abandon de l’extraction de la tourbe dans les années 1950. Nous faisons ainsi un circuit sur un sentier aménagé avec pontons de bois. La Sagne du Campe C’est un grand étang d’eau libre tout près de la route près du Brassus en allant vers le Sentier, créé par l’extraction de la tourbe. Nous y allons pour voir une belle population de Carex lasiocarpa fort rare dans le Jura suisse, plus commun dans le Jura français et le reste de la Suisse. Ici elle pousse à la limite de l’eau et beaucoup de pieds sont fleuris – ce qui est peu fréquent. Elle se trouve souvent en importantes populations qui ondulent sous le vent. Les utricules velus très bruns ont une teinte « robe de cheval » ; les feuilles sont arquées, très étroites. Nous avons aussi Carex paniculata, C. rostrata, C. lepidocarpa.

Le dimanche 10 Juillet Le Lac Brenet C’est un temps dégagé, très agréable, qui va ensoleiller cette journée, divisée - 19 -

en deux temps : la matinée autour du Lac Brenet qui est un prolongement du Lac de Joux au Nord et l’après-midi plus loin à l’Est autour de la petite ville d’Orbe. Mais avant d’aller au lac Brenet, Françoise Hoffer nous réserve une surprise dans la gare du village Le Lieu : en effet, sur le ballast, au milieu de rails désaffectés, non désherbés, pousse la rarissime Linaria alpina subsp. petraea ( plante ascendante dès la base, la fleur présentant le lobe de la lèvre supérieure très haut et étroit). C’est une plante des Alpes orientales (Autriche), présente ici essentiellement sur les voies ferrées du Jura en quelques stations (peut-être 6). L’éboulis calcaire à la frontière entre Le Brassus et Bois d’Amont serait la source de ces plantes. C’est notre cicerone de la journée, Philippe Druart, de l’Institut Botanique de Neuchâtel, qui en a entrepris l’inventaire depuis deux ans. Nous commençons notre périple au lieu-dit « Sur le Pont», un espace qui sépare les deux lacs : une étroite langue de terre sépare les deux lacs et en son milieu, passe l’Orbe qui, vers le Sud, s’est jetée dans le Lac de Joux à la Tête du Lac, puis l’a traversé, se retrouve ici et traverse aussi le Lac Brenet où elle disparaît dans de profonds entonnoirs sur la rive W. Après 2,5 km d’un circuit souterrain, elle réapparaît peu avant Vallorbe, dans une grotte. Sur les berges du Lac de Joux, au niveau d’un petit port, nous cherchons vainement Sisymbrium supinum, une rareté protégée au niveau national, petite plante à fleurs blanches poussant sur les berges à eau battante. Mais le niveau actuel des lacs est haut (pourrait descendre de 80 cm) et la plante, que P. Durart a vue en 2003 au moment de la sécheresse, est sous l’eau. Il en est de même d’une autre rareté du Lac de Joux, Arenaria gothica, retrouvée par lui à la même époque. Sous la route, au lieu-dit « Les Epinettes », nous parcourons une vaste prairie très fleurie qui se développe en bordure Sud du Lac Brenet en direction de l’Ouest. Il s’agit d’une prairie régulièrement fauchée par convention avec les agriculteurs, couverte de Gymnadenia conopsea, qui embaume littéralement l’atmosphère, d’ Epipactis palustris très abondant, de Dactylorhiza traunsteineri , rare dans le Jura, plus abondant vers l’Est (plante pauciflore, à feuilles très fines graminiformes), n°16 - mai 2006

Dactylorhiza incarnata (D. majalis, encore plus abondant, est passé depuis longtemps), Listera ovata, Gentiana verna, Pinguicula vulgaris, Primula farinosa et Centaurea scabiosa subsp. alpestris (peu fréquentes dans le Jura), Cirsium tuberosum (peu courante dans le Jura, très rare ailleurs en Suisse), Molinia caerulea en pieds isolés, non en touradons … En avançant, nous pénétrons dans de bonnes prairies à Cynosurus cristatus, puis à Bromus erectus et Koeleria pyramidata (noter que Koeleria vallesiana est très rare dans le NE du canton de Vaud et près du Lac de Neuchâtel et ne se trouve ensuite que dans le Valais). Le tour du Lac - Nous voici à présent au bord de l’Orb quand elle vient se jeter dans le Lac Brenet. Notons Nuphar lutea, Schoenus ferrugineus, Schoenoplectus lacustris (le « Jonc des Tonneliers » : ici, on en faisait des fagots pour filtrer le vin), Blysmus compressus, Asperula cynanchica et Ranunculus acris (peu communes ici). Nous rejoignons maintenant un sentier très agréable qui, faisant le tour du lac, nous ramènera à notre point de départ après un périple de 4,5 km environ. Nous sommes la plupart du temps au pied de falaises calcaires abruptes qui tombent dans le lac, le sentier suivant l’eau de près dans une forêt claire de Saules (Salix cinerea, Salix caprea), avec de grands sujets de Rhamnus cathartica et Viburnum opulus, de nombreux rosiers peu faciles à identifier (risquons cependant les noms de Rosa tomentosa et Rosa canina s.l. – peut-être R. corymbifera). Le sous-bois est riche de nombreuses espèces : Campanula trachelium, C. rhomboidalis, Thesium alpinum, Astrantia major, Lilum martagon, Centaurea scabiosa, Stachys sylvatica, S. alpina, Chaerophyllum aureum, Laserpitium latifolium, L. siler, Orthilia secunda …. Nous arrivons ainsi à « l’entonnoir du Bon-Port » , immense excavation dans le rocher où l’Orb s’engloutit, puis après un passage à l’extrémité Nord du lac dans une zone humide, nous retrouvons un sentier étroit coincé entre le chemin de fer et le lac, toujours dans une zone boisée, où fleurissent Epipactis atrorubens, Neottia nidus-avis, Dactylorhiza fuchsii, Daphne mezereum. Et une surprise de taille nous attend : un tapis continu de milliers de

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pieds de Pyrola rotundifolia en pleine floraison sous les arbres ! Féérique !

Village « Les Clées » et ville d’Orbe Les Clées - Après un pique-nique bien plaisant au bord du Lac de Joux où nous remarquons une belle étrangère plantée dans les jardins et qui s’installe peu à peu dans la nature : Lysimachia punctata, nous prenons la direction de Vallorbe, puis du village des Clées. Nous nous arrêtons au pont sur l’Orbe (528 m d’altitude) où poussent en contrebas Doronicum pardalianches (se trouve ici souvent près des châteaux et serait venue avec les Croisés) et Oenothera glazioviana. Puis nous montons à pied au bord de la route jusqu’au village dominé par un château, où le talus à fauche tardive retient notre attention, avec de nombreuses Campanules : Campanula patula subsp. patula (la subsp. costae se trouve à Neuchâtel), Campanula trachelium, C. rapunculoides, C. persicifolia, puis Anthemis tinctoria, Sedum telephium, Orobanche minor ( – sur Fabacées – ici une quinzaine de pieds), Turritis glabra, Pimpinella saxifraga, Papaver dubium subsp. lecoqii. Quelques personnes s’avancent ensuite jusque sous les murs du château, dans lesquels se développent de nombreux pieds de Ramonda myconi, plante rapportée des Pyrénées par le précédent propriétaire et qui semble bien se plaire ici. Orbe - Fin de journée de détente dans le cadre de la ville d’Orbe avec son quartier médiéval et ses monuments des XVIIe et XVIIIe siècles. Dans les murs des remparts, quelques raretés botaniques :Asarina procumbens abondante et bien fleurie, présente seulement à Orbe, Arabis rosea DC (aussi à Neuchâtel et dans les murs à Besançon) et Hieracium urticaceum (hybride H. amplexicaule – humile selon le 3e supplément à la flore de Coste). Nous avons plaisir à visiter la vaste église d’Orbe, monument complexe commencé au XVe siècle et devenu un temple et à goûter au charme de la vieille place du Marché à la terrasse d’un café accueillant.

Cette dernière matinée, très ensoleillée, nous fait découvrir la zone humide à l’extrémité Sud du Lac où se jette l’Orbe. C’est un site très plaisant, aménagé pour la promenade, situé sur la rive gauche de l’Orbe, avec un poste d’observation qui offre un beau point de vue sur le lac et son écrin de collines. La botanique ne perd pas ses droits et Françoise Hoffer nous montre deux plantes remarquables : Hierochloe odorata (protégée, car considérée comme très menacée en Suisse) et Thalictrum flavum (même statut). Elle nous fait remarquer que ces deux plantes ne se retrouvent pas juste de l’autre côté de l’Orbe, rive droite, au lieu-dit « Chezle-Poisson » où nous étions l’autre jour. C’est ainsi que s’achève ce séjour enrichissant dans le Jura vaudois. Soyons reconnaissants à nos amis suisses qui ont si bien su l’organiser et l’agrémenter de leur présence – sans oublier les responsables de la S.B.V. qui, année après année, mettent sur pied des sessions de très grande qualité pour le plus grand bonheur des participants. Pour terminer, donnons l’adresse du site « Swiss Web Flora » : http:// www.wsl.ch sur lequel on trouve quantité d’informations sur les plantes en Suisse : distribution de toutes les espèces, distribution des espèces rares, répartition des relevés, diversité des espèces, régions florales, bibliographie, liens, etc… A consulter impérativement ! Françoise BORNAND

Le lundi 11 juillet La Tête du Lac de Joux

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Saxifraga hirculus (d’après Ph. Danton et M. Baffray Inventaire des plantes protégées en France Nathan - 1995)

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Botanique Générale Groupements végétaux (habitats) dont l’existence est vraisemblable dans les stations visitées au cours du W.E. en Cévennes de la S.B.V. (25 – 26 juin 2005) (liste non limitative établie par René DELPECH)

Méthode utilisée Les affinités sociologiques des taxons observés par nous au cours de ces deux journées (au nombre de 350, liste certainement non exhaustive pour les secteurs visités) ont été recherchées dans la bibliographie (Braun-Blanquet et al. 1952, Guinochet et de Vilmorin 1973-1984, Rameau 1993, Theurillat et al. 1995, Julve et al. 1997, Cahiers d’habitats Natura 2000 ; 2000-2005). Seuls les niveaux alliance et sous-alliance représentés par au moins deux taxons caractéristiques ont été retenus. La nomenclature utilisée pour les syntaxons est celle du Prodrome des groupements végétaux de France (Bardat et al. 2004). Les références européennes (codes) Corine-biotopes sont mentionnées lorsqu’elles existent. A remarquer qu’une présentation exhaustive des groupements végétaux de ce secteur à un niveau fin (association, sousassociation) exigerait la réalisation, au cours de plusieurs périodes, de nombreux relevés stationnels (voire microstationnels dans certains cas), suivie de leur traitement statistique (AFC ou méthodes dérivées) et de l’interprétation des résultats de ce traitement.

A - Végétation fontinale Epilobio nutantis-Montion fontanae : communautés collinéennes et montagnardes, acidiphiles et héliophiles

B - Végétation chasmophytique (des parois rocheuses) Asarinion procumbentis : communautés cévenoles et pyrénéennes Corine biotopes 62.26

C - Végétation d’éboulis siliceux Galeopsion segetum : éboulis secs, collinéens et montagnards ; Corine b. 61.12

D - Végétations herbacées anthropiques D 1 Communautés nitrophiles à dominance d’espèces vivaces : Arction lappae D 2 Communautés subthermophiles subouvertes de hautes herbes sur substrats grossiers, souvent rapportés : Dauco carotae-Melilotion albi D 3 Communautés nitrophiles annuelles mesophiles non méditerranéennes : Scleranthion annui D 4 Communautés subnitrophiles estivales des stations hyperpiétinées : Polygono arenastri-Coronopodion squamati D 5 Communautés des cultures sur sol acidicline à dominante sableuse : Panico crusgalli-Setarion viridis D 6 Communautés pionnières héliophiles des coupes forestières sur sol acide : Epilobion angustifolii ; Corine b. 31.87.11

E - Végétation des lisières, ourlets et pelouses préforestières acidiphiles sur sol oligotrophe E 1 Communautés montagnardes mesophiles à meso-hygrophiles : Potentillo erectae-Holcion mollis E 2 Communautés subatlantiques à irradiations méridionales : Conopodio majoris-Teucrion scorodoniae

F - Végétation des megaphorbaies F 1 Megaphorbaies planitiaires à montagnardes, meso-eutrophes, riveraines alluviales des stations humides plus ou moins inondables : Convolvulion sepium ; Corine b. 37.71 F 2 Megaphorbaies meso-hygrophiles montagnardes : Adenostylion alliariae ; Corine b. 37.81

G - Végétation des pelouses thérophytiques G 1 Pelouses méditerranéennes acidiphiles à végétation précoce sur sols sableux oligotrophes : Helianthemion guttati ; Corine b. 35.3 G 2 Pelouses non méditerranéennes vernales à estivales sur sables et arènes siliceuses : Thero-Airion ; Corine b. 35.21

H - Végétation hémicryptophytique des pelouses et prés maigres H 1 Pelouses pionnières (plus ou moins riches en annuelles) sur sables acides et sur arènes granitiques : Corynephorion canescentis ; Corine b. 35.21 H 2 Pelouses subatlantiques/subméditerranéennes mesoxérophiles à xérophiles : Mesobromion erecti ; Corine b. 34.326 H 3 Pelouses oligotrophes acidophiles subatlantiques : Violion caninae ; Corine b. 62.30 H 4 ? Prairies hygrophiles à mesohygrophiles oligotrophiques sur sol tourbeux à paratourbeux : Molinion caeruleae ; Corine b. 37.312 H 5 Communautés méditerranéennes mesohygrophiles : Molinio arundinaceae-Holoschoenion vulgaris ; Corine b. 37.4

I - Végétation des prairies semi-naturelles I 1 Prairies eurosibériennes fauchées sur sols engorgés ou inondables mesotrophes : Bromion racemosi (= Calthion palustris) ; Corine b. 37.21 I 2 Prairies méditerranéennes longuement inondables : Paspalo distichi-Agrostion semi-verticillati ; Corine b. 24.53 I 3 Prairies mesophiles à mesohygrophiles, sur sols mesotrophes à eutrophes, fauchées : -a) collinéennes à submontagnardes : Arrhenatherion elatioris ; Corine b. 38.22 -b) montagnardes du Massif Central (et des Pyrénées) : Violo sudeticae-Trisetenion flavescentis ; Corine b. 28.3 I 4 Prairies paturées collinéennes à montagnardes : Cynosurion cristati (ou Centaureo nigrae-Cynosurenion cristati) ; Corine b. 38.1 et 38.112

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J - Végétation des landes, fourrés et manteaux arbustifs J1 Landes : -a) eurosibériennes acidiphiles subcontinentales : Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi (= Calluno-Genistion pilosae) ; Corine b.31.226 -b) méditerranéennes thermophiles acidiphiles : Cistion ladaniferi ; Corine b.32.311 J2 Fourrés et manteaux arbustifs : -a) communautés arbustives sous influence méditerranéenne : Pruno spinosae-Rubion ulmifolii ; Corine b.31.891 -b) communautés des coupes forestières : Sambuco racemosae-Salicion capraeae ; Corine b. 31.872 -c) fourrés à Fabacées arbustives : § subatlantiques subcontinentaux : Sarothamnion scoparii ; Corine b.31.8413 § méridionaux montagnards du Massif Central (et des Pyrénées) : Cytision oromediterraneo-scoparii ; Corine b. 31.8421

K - Végétations forestières et préforestières K 1 palustre ou ripariale Forêts d’Aulne glutineux sur sol longtemps engorgé meso-eutrophe : Alnion glutinosae ; Corine b.44.3 K 2 climacique supraméditerranéenne, caducifoliée ou mixte, collinénne et montagnarde, thermophile : Quercion pubescenti-sessiliflorae ; Corine b. 41.9 K 3 climacique eurosibérienne, caducifoliée ou mixte, surtout montagnarde : -a) acidicline : Fagion sylvaticae ; Corine b. 41.112 -b) acidiphile, montagnarde occidentale sous influence méditerranéenne : Ilici aquifolii-Fagenion sylvaticae ; Corine b. 41.12 K 4 forêts riveraines non marécageuses, méditerranéennes, sur alluvions riches : Populion albae ; Corine b. 44.1412 K 5 végétation arborée ou arbustive méditerranéenne, surtout sempervirente et sclérophylle, fermée (chênaie verte) ; Quercion ilicis ; Corine b. 41.9 ; 45.313 Espèces indigènes observées caractérisant d’autres groupements (liste non limitative) Alisma lanceolatum (Phragmitetalia australis : végétation soumise à inondation régulière et prolongée sur sol minéral eutrophe) Asplenium ceterach, A. trichomanes (Asplenietea trichomanis : végétation vivace non nitrophile des parois et des murs) Asplenium foreziacum, A. septentrionale ( Androsacetalia vandelii : communautés des parois rocheuses non calcaires) Carex curta, Drosera rotundifolia (Caricetalia fuscae : communautés de bas marais acidiclines à acidiphiles) Isolepîs setacea (Nanocyperion flavescentis : végétation pionnière hygrophile, riche en annuelles, sur sols tourbeux oligotrophes à mesotrophes) Peucedanum cervaria (Geranion sanguinei : ourlets préforestiers héliothermophiles et xérophiles) Potentilla reptans (Potentillon anserinae : végétation prairiale mesohygrophile sur sols engorgés ou inondables, piétinés et/ou surpâturés) Scrophularia auriculata (Glycerio fluitantis-Sparganion neglecti : communautés d’hélophytes flottantes et rampantes des eaux stagnantes ou légèrement fluantes, sujettes à inondation estivale) Références bibliographiques AESCHIMAN D. et al. (2004) - Flora alpina, 3 vol. Belin. BARDAT J. et al. (2004) - Prodrome des végétations de France. Publications scientifiques du MNHN ; 191 p. BRAUN BLANQUET J. et al. (1952) - Les groupements végétaux de la France méditerranéenne. CNRS, Montpellier, 297 p. Cahiers d’habitats Natura 2000 (La Documentation Française) : t. 1 Habitats forestiers (2 vol.) (2001) ; 339 et 423 p. t 3 Habitats humides (2002) ; 457 p. t 4 Habitats agro-pastoraux (2 vol.) (2005) ; 445 et 487 p. t 5 Habitats rocheux (2004) ; 381 p. Corine biotopes Manual (Habitats of the European community) Data Specifications, Part 2 (1991) , Luxembourg, 300 p. DELARZE R. et al. (1998) - Guide des milieux naturels de la Suisse ; Delachaux et Niestlé, 413 p. GUINOCHET M. et VILMORIN (de) R. (1973-1984) - Flore de France (5 vol.) CNRS, 1879 p. JULVE P. et al. (1997) - Classification synusiale de la végétation de la France et de la Suisse. Univ. de Neuchatel, 104 p. RAMEAU J.C. et al. (1993) - Flore forestière française vol. 2 (Montagnes), I.D.F., 2421 p. SULMONT E. (2005) - Quelques éléments remarquables de la flore de la haute vallée de la Cèze. Le Monde des Plantes ; n° 486 ; 21-26. THEURILLAT J.P. et al. (1995) - The higher vegetation units of the Alps. Coll. Phytos. 23 ; 189-239. Bulletin de la SBV

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Les botanistes vauclusiens voyagent ! Textes : Flavien FERIOLO PETITE INTRODUCTION A LA FLORE DES ALPES APUANES (ITALIE) ET DES ENVIRONS :

Situé non loin de la mer, en limite nord -ouest de la Toscane, ce parc naturel est d’une beauté à couper le souffle !! Avec des sommets dépassant 1 900 m (Mts Pisanino), les Apuanes sont une barrière naturelle entre mer et plaine du Pô. Parallèles à la longue chaîne de montagnes qui traversent toute l’Italie, elles se trouvent en effet en bordure sud des Apennins. De par leur position, leur forme et leur climat, les Alpes Apuanes ont bénéficié de différentes influences floristiques dans le temps. La flore peut se répartir en 3 groupes majeurs : les espèces que l’on trouve en Italie et dans les Balkans. Les espèces de l’Europe occidentale dont les Apuanes sont souvent la limite orientale de diffusion (comme Ulex europaeus, Euphorbia hyberna,…). Enfin, les plantes peu nombreuses mais significatives d’Europe du Nord, héritage de la dernière glaciation (comme Dryas octopetale, Woodsia alpina, arenaria moerhingioides,…). J’ai eu l’occasion d’y passer en aout 2005, dans la vallée de l’Equi, au nordest de La Spezia. A partir des thermes du village il faut remonter la rivière jusqu’aux pieds des Mts Nattapiana (1781 m) et aux carrières de marbre de Maritio (Carrare n’est pas loin !!).Un chemin plus ou moins carrossable vous y conduit dans un décor superbe à la rencontre d’une flore riche comprise entre 400 et 700 m. On rencontre alors une flore intéressante avec quelques belles endémiques du parc comme Santolina leucantha (syn. S. pinnata), superbe et pure endémique des Apuanes, de 30-40 cm au feuillage très découpé et fin. On la trouve plutôt sur calcaire, au milieu des herbes et des rochers, Bulletin de la SBV

entre 500 et 1500m. Dans ce même vallon j’ai pu rencontrer une autre endémique des Apuanes et des Apennins Tosco-Emilien : Globularia incanescens. C’est une petite plante de 3 à 10 cm, aux fleurs violettes-azur, que l’on trouve sur rochers calcaires, entre 400 et 1600 m. On en trouve aussi quelques stations au bord de mer prés de Portovenere, dans le parc des Cinque Terre (Ligurie). J’ai cherché, en vain, une belle plante italienne que l’on trouve aussi dans les Apennins, au nord de Lucca, ainsi que dans les pré-Alpes vénitiennes : Moltkia suffruticosa. Borraginacée herbacée, rupicole sur calcaire, cette plante est surtout reconnaissable pendant sa floraison bleu-azur (juin-juillet) car elle vit au milieu des herbes. Haute de 30 cm, ligneuse à la base. Par contre j’ai pu observer d’autres vivaces plus courantes comme Minuartia capillacea, Satureja montana, Daphne sp, Anthiricum sp, Teucrium sp.En poursuivant dans le vallon, plus haut à partir de 1000 m, on rencontre une endémique des Apennins et des Apuanes, la superbe Arenaria bertolonii. Petite plante herbacée de 15 cm aux magnifiques fleurs blanches (juillet-aout), elle pousse sur rochers calcaires exposés au nord. On la rencontre jusqu’à 2300 m. A noter qu’elle pousse aussi en Sardaigne et en Corse (et Sicile ?). D’autres endémiques sont présentes dans les Apuanes, mais pas dans la vallée d’Equi : Silene lanuginosa, d’affinité balkanique, herbacée, ligneuse à la base formant avec le temps une rosette aux feuilles vert-clair et aux fleurs blanches. Elle pousse sur calcaire, au soleil, au-dessus de 1000 m. Enfin, symbole du parc, la très belle et très rare Centaurea montis-borlae, que l’on trouve uniquement au Monte Borle, autour de 1280-1300 m. C’est une plante prostrée de 15-30 cm, velue, sur calcaire, aux fleurs rouge-violettes (juillet-aout). Non loin de là, en Ligurie, prés du port de La Spezia, se trouve le parc des Cinque Terre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997. Forcément différent des Apuanes, il n’en est pas moins riche pour la botanique. Ici la colline culmine à 815 m et se jette dans la mer en falaises abruptes, couvertes de bruyères (Erica cinerea) et de châtaigniers qui donnent à - 23 -

l’ensemble un aspect assez inattendu à cette partie de la côte méditerranéenne. On y rencontre quelques endémiques ligures, notamment Santolina lingustica, belle plante de 10 à 40 cm, ligneuse à la base, au feuillage grisâtre et aux fleurs blanches (mai-juillet). Elle pousse en garrigue du bord de mer à 600 m. De même, Centaurea veneris que l’on peut croiser uniquement dans les rochers autour du magnifique village de Porto Venere (le port de Vénus dans l’Antiquité). C’est la plus septentrionale du groupe Centaurea cineraria. Haute de 30-40 cm, elle a de belles fleurs roses et un feuillage découpé. On rencontre aussi Genista salzmanii, endémique tyrrhénienne, qui pousse également en Corse, Sardaigne et Toscane. Ici elle est en limite occidentale, du bord de la mer à 1000 m, en zone rocailleuse. Plante chaméphyte de 30-60 cm, aux fleurs jaunes. A l’ouest du Parc, autour de Portofino, on peut trouver une endémique liguro-provençale : Hyacinthoides italica. Elle est présente dans les fourrées jusqu’à 1700 m. Floraison printanière (février à avril), de belle couleur azur. Autre endémique liguro-provençale, Limonium cordatum, exclusivement présent sur le littoral calcaire, de l’Esterel à Portofino. Plante de 30-40 cm, peu ligneuse, pubescente, avec une rosette dense, à fleurs bleues en juillet-aout. De même, commune à la flore française, Saxifraga cochlearis. Là encore, en limite ouest du Parc, cette jolie plante de 2040 cm, en petite rosette et en coussin, à fleurs blanches, sur calcaire de 200 à 1900 m. Enfin, d’autres espèces plus courantes comme Allium carminatum, Cyclamen hederifolium que l’on trouve de la France aux Balkans, Euphorbia characias ssp wulfenii dans les falaises, Helichrysum sp, .....En plus d’une flore attractive, le parc offre des plages aux eaux limpides (ce qui n’est pas négligeables sous la chaleur du mois d’aout !) et un chapelet de villages colorés, accrochés à la falaise, absolument magnifiques ! Cette côte est vraiment splendide. BIBLIOGRAPHIE : (en italien uniquement !) - I Fiori delle Apuane, M. Ansaldi, E. Medda, S. Plastino, Ed. Mauro Baroni, 1994. - Parchi Nazionali e aree protette d’Italia, Ed. Mondadori, 2004. - Valori e rarità della Flora Ligure, Ed. Le Mani, 2005. - Carte : Alpi Apuane, carta dei sentieri e rifugi, 101102, Ed. Multigraphic, Firenze. - Sites internet : www.parks.it , www.apuane.com - En projet, un ouvrage sur la Flore de Cinque Terre pour 2006 ( ?).

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ESCAPADE EN ANATOLIE CENTRALE : à la découverte de la flore turque.

La flore turque est une des plus riches au monde et certainement la plus riche (avec l’Espagne) d’Europe au sens large. Lors de ce (trop) court voyage en novembre 2005, nous avons pu, avec mon camarade Philippe de la Société Linnéenne de Provence, en saisir une infime partie. Ce coin de la Turquie (autour d’Ankara et du Lac Tuz) appartient en grande partie à la flore iranoturanienne qui s’étend de l’Anatolie et Palestine jusqu’à l’Himalaya occidentale en passant par l’Iran et l’Asie centrale. C’est une zone de fort endémisme floral, avec parfois plus de 25% des espèces. La zone la plus riche étant les plateaux iraniens. Ici la végétation appartient à la steppe herbeuse liée en grande partie à l’action de l’homme, au surpâturage et au climat. Elle se compose de nombreuses espèces basses ou en « coussin » : Astragalus, Acantholimon, Sideritis, Salvia, Alysum, Thymus, Dianthus, …… Le climat y est continental avec une altitude autour de 800-900m (Ankara est à 850m, Kirikkale à 670m, le Lac Tuz (Tuz Gölü à 905m et Konya à 1000m).Climat continental de plateaux aux hivers froids et secs (en novembre il gèle déjà bien !) avec de la neige sur les sommets mais peu en plaine. Les étés sont secs mais moins chauds que ceux du sud de la France. La moyenne annuelle est de 12° et en hiver de – 2,5° ! La période de sécheresse dure environ 5 mois (de fin mai à fin octobre). Les précipitations varient entre 300 et 450 mm selon les endroits. Dans cet aperçu, je n’évoquerais pas les géophytes, dont la Turquie est un des hauts lieux d’endémisme. De toute façon en novembre aucune n’était apparente ! Pendant notre voyage, nous avons traversé différents milieux steppiques : les bords du Lac Tuz, la chaîne de Ker-

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vanseray entre 1200m et 1500m, de Dinek autour de 1100-1200m et le Karaguney autour de Kirikale entre 800 et 1200m. - Le Lac Tuz : C’est le second plus grand lac de Turquie, avec 1500km² (80km de long pour 50 de large).Lac très salé mais peu profond, en moyenne 1-2 m de profondeur, quasiment sec l’été, avec un apport pluviométrique annuel d’environ 250 mm. Au plus prés de l’eau, on trouve une végétation halophyte et à prés salés avec Limonium anatolicum, L. iconicum, Centaurea halophila, Salsola crassa, S. macera, Salicornia prostrata, S. herbacea, Microcnemum coralloides ssp. anatolicum, Salvia halophila. Quand on s’éloigne du bord, on passe à la steppe salée à Artemisia sp, Gypsophila perfoliata, G. eriocalyx, Halimione portulacoides Asparagus iycaonicus, Ferula halophila, Onosma halophilum, Verbascum pyroliforme, l’emblématique Peganum harmala, la magnifique fabacée Sphaerophysa kotschyana. Les collines alentour sont moins soumises à la salinité et elles dépassent rapidement les 1000m. On y trouve une végétation plus variée et plus arbustive : Zygophyllum fabago, Alhagi pseudoalhagi, Astragalus microcephalus, Berberis crataegina, Sideritis sp, Stachys sp, Salvia multicaulis, S. nemerosa, S. cyanescens (endémique), Thymus sipyleus (endémique), Teucrium sp, Silene sp, Gypsophila anosti var. nebulosa, Stipa holosericea, Verbascum sp, Artemisia sp., Achillea santolina, Helichrysum sp , Amygdalus sp. - Les monts de Kervansaray : Situés à l’est du Lac Tuz, prés de la ville de Kirsehir, ils culminent à 1665m. La flore est en grande partie Irano-turanienne avec plus de 15% d’endémiques turques ! Les Astéracées sont dominantes, suivies par les Fabacées et les Poacées. Les reliefs présentent des formations steppiques caractéristiques : Astragalus microcephalus, A. sp, Acantholimon acerosum var. acerosum, Arenaria sp, …. Au pied du versant sud-est on trouve des formations salées avec l’étang de Seyfe à 1100m. Là aussi une végétation typique des milieux salés : Salsola inermis, Salicornia prostrata, Kraschenikovia ceratoides, Camphorosma monspeliaca, Frankenia hirsuta, Limonium globuliferi.

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- Les monts Dinek : Localisés en bordure des monts Karaguney et sur l’axe menant à la Cappadoce, ces « Dagi » sont compris entre 800 et 1750m .C’est un lieu important de la phytogéographie centroanatolienne. La température moyenne est de 12,4°C avec 30°C de moyenne pour le mois le plus chaud (en juillet) et -3°C pour le plus froid (en janvier).La moyenne annuelle des pluies est de 360 mm. Le maximum de pluviométrie se situe au printemps avec 100mm et le minimum en fin d’été avec moins de 20mm.Ces relevés permettent de classer cette région en climat méditerranéen froid semi-aride. Les sols ne sont pas ou peu calcaires avec un socle granitique. Ce sont des sols « bruns » et « rouge-bruns ». Le climax avant la pression humaine sur le milieu est celui du Quercus : Q.cerris var. cerris, Q. pubescens notamment. Les associations végétales dominantes sont l’Arenario ledebourianaAstragalion plumasi ; l’Onobrychido armenae-Thymetalia leucostomi ; l’Astragalion microcephali-Brometea tomentelli. On y retrouve des espèces caractéristiques comme Salvia wiedemannii, S. modesta (endémique), Scutellaria orientalis ssp. santolinoides (endémique), S. orintalis ssp. pinnatifida, Phlomis armeniaca (endémique), Stachys iberica ssp. stenostachya, Marrubium parviflorum, Astagalus micopterus (chamaephyte endémique), A. warburgii, A. karamascius, Onobrychis armena, Hedysarum varium, Genista sessilifolia, G. alba, Chamaecytisus hirsutus, Petrohagia cretica, Silene supina ssp pruinosa, Minuartia harmata , M. woronowii, Arenaria ledebouriana var. ledebourania (endémique), Dianthus anatolicus, Scabiosa argentea, S. rotata, Bupleurum ghardi, Alysum sibiricum (endémique), A. huetii, Iberis taurica(endémique), Onosma sericeum, Hypericum heterophyllum (endémique). -Le Karaguney : cette montagne (1380m) fut longtemps ignorée des botanistes. Pourtant, il y a 15 ans une étude permis de dénombrer 378 genres et 845 espèces ! Situé dans la province de Kirikkale (ville de 200 000 habitants dotée d’une importante usine de pétrochimie), ce lieu est vraiment d’une grande richesse. Les sols sont ici essentiellement gypseux, cependant, dans le centre du massif on observe des affleurements granitiques. On retrouve aussi des sols « bruns » et « rouge-bruns » typiques n°16 - mai 2006

des formations steppiques. La station météo de Kirikkale à 775m donne une température moyenne de 12,2°C. La température moyenne du mois le plus chaud est de 18,4°C et celle du plus froid est de -2,4°C.Les précipitations sont de 384 mm en moyenne avec une période de sécheresse de 6 mois. Le climat y est encore méditerranéen. Quant à la végétation, elle est toujours steppique avec des chênaies dégradées en altitude (Quercus ithaburensis var. macrolepis, Q. cerris var. cerris, Q. pubescens).Les familles les plus représentées sont les Fabacées (102 espèces), les Astéracées (99 espèces), les Poacées (72 espèces), les Lamiacées (54 espèces) et enfin les Brassicacées (44 espèces).En Turquie la flore est dominée par les Astéracées et les Fabacées. A Karaguney, les genres les plus importants sont les Astragalus (27 espèces), les Silene (14 espèces), les Salvia (14 espèces), les Centaurea (9 espèces).On dénombre 106 espèces endémiques (!!) soit 13% de sa flore. Beaucoup sont menacées ou en danger de disparition à cause des activités humaines : agriculture, surpâturage, déforestation, ….En dehors d’une majorité de plantes cosmopolites ou inconnues, la flore Irano Touranienne dépasse largement les autres, avec 60 espèces endémiques ! Les espèces méditerranéennes représentent une petite partie (2 espèces endémiques) et doivent leur présence à une altitude relativement basse et plus chaude surtout prés de la rivière Delice. La liste des plantes étant assez « colossale», je n’en donnerai que quelques exemples rencontrés lors de nos pérégrinations ou qui sont remarquables. De plus, se pose le problème de l’identification lié à la difficulté d’accéder à une documentation précise et fiable ou récente. Enfin, notre séjour s’est déroulé hors période de floraison. Dans ce massif nous avons rencontré de façon certaine quelques arbres et arbustes, en plus des chênes déjà mentionnés : Pistacia terebinthus ssp palestina, Pinus nigra ssp pallasiana, Colutea cilicica, Amelanchier rotundifolia ssp integrifolia, Paliurus spina-christi, Amygdalus orientalis, Prunus spinosa, celtis caucasica, .... En ce qui concerne les « vivaces » leur identification fut difficile, surtout pour le genre : Acanthus hirsutus (endémique), Bupleurum sulphureum (endémique), Achillea cappadocica (endémique),

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Artemisia austriaca, A. sp, Anchusa sp, Onosma armenum (endémique), O. sp, Alysum sp, Dianthus sp, silene sp, Sedum pallidum var. pallidum, Euphorbia sp, Astragalus sp, Hedysarum varium, Oxytropis pallasii, Globularia trichosanta, Marrubium parviflorum ssp oligodon, Phlomis pungens var ; pungens, Salvia ceratophylla, S. viridis, Sideritis sp, Stachys byzantica, S. cretica ssp anatolica (endémique), S. sp, Teucrium sp, Alcea pallida, Clematis oreintalis, Digitalis lamarckii (endémique), Verbascum sp, Stipa arabica, S. pontica, …. Quelques espéces recherchées n’ont pu être localisées ou n’étaient plus visibles à notre grand désarroi ! Je pense notamment à Aristolochia maurorum, Jurinea pontica, Onosma roussaei, Astragalus hamosus, A. lycius (endémique), A. oxytropifolius (endémique), Sophora alopecuroides var. alopecuroides, Marrubium anisodon, Salvia cryptantha (endémique), Scutellaria salvifolia, Morina persica, Acantholimon caesareum (endémique), …. Au final, ce périple botanique fut un véritable « choc » botanique, avec en prime des paysages somptueux. En effet, on « sent » déjà l’Asie centrale avec la steppe à perte de vue. On ne serait pas surpris de rencontrer une …… yourte au détour d’une colline !! D’ailleurs dans la toponymie locale on retrouve ce mot comme dans Sulakyurt ou Akyurt. Les Turcs sont accueillants et curieux de voir deux Français « perdus » dans la steppe et loin de la cote touristique, traversant de tout petit village où stationnent une multitude de tracteurs du Plan Marshall et de vielles charrettes au pied des minarets !! La barrière de langue n’est pas infranchissable, peu de Turcs parlant le français ou l’anglais dans ce coin là de la Turquie. On fait des rencontres toujours inattendues et étonnantes. A DECOUVRIR !! Merci à Ali et à Isham, même s’ils ne liront jamais cet article ! Pour plus de renseignement : [email protected] BIBLIOGRAPHIE :



la Flore des montagnes méditerranéennes, Christian BOUCHER, Ed. Edisud, 2000.



Flowers of the Eastern Mediterranean, Ori Fragman, Ed. A.R.G. Gantner Verlag, 2001.

Chroniques : Michel GRAILLE

A propos des OGMConférence de M. Jacques Hallard : Soirée passionnante avec une présentation équilibrée de l’ensemble des problèmes soulevés par ce dossier d’actualité : -Bases scientifiques, les étapes essentielles dont la suppression de la barrière d’espèce -les évolutions technologiques et leurs applications aux cultures- colza, maïs, soja, coton, avec tolérance aux herbicides et lutte contre les insectes -évolutions chiffrées, problèmes économiques -les dérives ou curiosités -les conséquences éventuelles sur l’alimentation -et pour finir la question de l’instabilité du transgène.

Les Liliacées présentation par Pierre Chaintreuil conférence et diaporama. -Cette présentation, après un exposé sur les problèmes de classification, a été consacrée exclusivement à la nouvelle famille comprenant : Erythronium, Fritillaria, Gagea, Lilium, Lloydia, Tulipa Avec un développement sur certaines tulipes spécifiques aux Alpes.

Activités pédagogiques Par Roselyne Guizard : -Etude d’Euphorbia cyparissias et des Euphorbiacées -Les Astéracées en plusieurs séances et se concluant par un diaporama établi de mains de maître !

Exposition des « Fruits de l’automne » dans le cadre des Journées Internationales de Mycologie tenues à Bedoin (20 au 23 octobre 2005) : -riche exposition mais marginalisée au motif de l’abondance des champignons qui a conduit à condenser la présentation.



Flowers of Greece and the Balkans, Oleg Polunin, Oxford University Press, 1997.



Turkey Journal of Botany n°24 et n°26. Carte Touristique de Turquie, n°86010, IGN, 2001

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Nouvelles de l’Harmas ( « La Provence » du 4 mars 2006) Les travaux avancent à grand pas et l’ouverture partielle est prévue pour le 18 mai : pièces historiques(dont le cabinet de travail), cellier, serre et jardin de 9500 m2 ( bassin restauré avec nouvelle prise d’eau,potager, verger ) pour 500 espèces végétales méditerranéennes – une portion de friche, « l’harmas » sera réservée à l’image de celle où l’entomologiste plaçait ses pièges destinés à l’observation des insectes. Les objets ont été inventoriés et préservés (collection du cabinet de travail) environ 1300 pièces. Les 25000 planches de l’herbier sont en cours de restauration. 5000 sont dès maintenant accessibles sur le site Internet du Muséum national d’histoire naturelle ( www.mnhn.fr ). Les 599 aquarelles de champignons réalisées par le savant sont restaurées et conservées par le muséum à l’abri de la lumière et dans des conditions contrôlées. Un pôle culturel et pédagogique dont la construction est prévue en 2007 viendra compléter le domaine. Sérignan- Plantes rares et jardin naturel-16 et 17 avril 2005. Sur le thème de l’eau…et l’eau du ciel n’a pas manqué !...un véritable déluge durable…sauf pour les veinards du gymnase ! La participation de la SBV a été dense : -Exposition de plantes fraîches -Séances de détermination sur matériel frais avec flores et fiches pédagogiques claires autour des principales familles : André, Mireille et Nicole se sont relayées auprès de quelques volontaires. A proximité de notre stand se remarquaient les démonstrations du Lycée du Parc - Orange- avec Pierre Chanu et ses élèves- belles images des chloroplastes d’Elodea canadensis s’agitant sous la chaleur du microscope et des bras de spores de Prêle se repliant instantanément sous l’effet de l’humidité, Les Ecologistes de l’Euzière qui réalisaient un véritable « tabac » avec les déterminations de salades sauvages,une exposition photographique de la Société Française d’Orchidophilie. Et pendant ce temps , sous un préau bien venté, Jeanne-Marie tenait ses ateliers d’enfants… Bulletin de la SBV

Le Darfour (Soudan) c’est aussi la gomme arabique…!

vernis aux petits pains au lait et une mousse de qualité à la bière. CocaCola, Pfizer et autres compagnies s’agitent, parlant d’une situation dramatique… ! Le pétrole est la première ressource du commerce extérieur mais le pays est principalement agricole avec le coton, l’arachide et la gomme arabique. Jusqu’aux années 80 il représentait plus de 90% du marché mondial de la gomme. Ce taux est en réduction avec l’apparition de concurrents tels que le Tchad et le Sénégal et la mise en œuvre de substituts artificiels. Mais il y a des particularités de climat et de sol dans cette partie du globe qui contribuent à la production d’une résine inégalable selon les experts. La gomme arabique provient d’une espèce particulière d’acacia- l’Acacia senegal- qui pousse dans cette zone semi-aride. Le conflit empêche la scarification des arbres et la récolte. Les personnes déplacées, par ailleurs, coupent les arbres pour usage dans les foyers domestiques ou pour la construction. Ce qui est vital pour eux ! Deux abords inconciliables.

Bibliographie Parutions récentes

Le journal « Le Monde » dans son supplément reproduisant des articles du « New York Times »-30-31 mai 2004, sous le titre « Un arbre soudanais de prix, victime de guerre » décrit les conséquences du conflit actuel sur le circuit de la gomme arabique. La guerre ravageant l’ouest aride du Soudan a entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes dans d’atroces souffrances avec regroupement dans des camps où interviennent les ONG. En 2006 sécheresse et famine complètent le tableau. Mais les affaires continuent et le souci principal de grandes compagnies américaines reste l’approvisionnement en gomme ! Disponibilité du produit, prix qui flambent du fait de la rareté (plus que doublé), gène occasionnée par les sanctions économiques menées par le gouvernement américain au motif de liens possibles avec le terrorisme international, voilà le problème. Utilisée comme émulsifiant dans les boissons non alcoolisées, la gomme assure aux shampooings la bonne consistance, une protection sérieuse aux pilules pharmaceutiques, un bon

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Alix DELAGE Henri FABRE-L’ observateur incomparable. Ed. du Rouergue- 2005 – 24€ Francis HALLE Plaidoyer pour l’arbre Actes Sud- 2005- 29€ David MORE et John WHITE Encyclopédie des arbres - traduit de l’anglais (2002) Flammarion- 2005- 831 pages - 59€ Philippe DANTON et Michel BAFFRAY Inventaire des plantes protégées en France Nouvelle édition AFCEV- Nathan- 2005 Michèle DELSAUTE Herbier de Provence- itinéraire d’une aquarelliste Equinoxe- 2005- 224 pages38€

n°16 - mai 2006

Jean-Pierre DEMOLY et Franklin PICARD Le guide du patrimoine botanique en France Actes Sud- 2005- 1082 pages30€ La France, départements et territoires d’outre-mer inclus, héberge une très grande diversité de plantes, qu’elles soient indigènes ou introduites, sauvages ou cultivées ; un riche patrimoine botanique dont aucun ouvrage, jusqu’ici, n’offrait une présentation aussi détaillée .Première synthèse consacrée à ce sujet, le Guide du patrimoine botanique en France invite à découvrir plus de 600 jardins et parcs d’intérêt botanique. Pour chacun d’eux sont précisées la situation géographique et une sélection de spécimens à y admirer : en tout , plus de 4500 espèces et variétés sont citées, ainsi que de nombreux arbres remarquables par leur âge ou leurs mensurations. Alors que l’intérêt pour la nature et les jardins ne cesse de croître, J.P.Demoly et F.Picard proposent une réflexion sur la notion mê me de patrimoine botanique, et sur la nécessité de le conserver et de l’enrichir pour le transmettre aux générations futures. Ils présentent également les herbiers, bibliothèques et organismes qui permettent de mieux connaître ce patrimoine, ainsi que les grandes figures de la botanique et de l’horticulture qui ont contribué à sa découverte et à sa conservation. Une belle invitation à un tour de France botanique, qui comblera aussi bien les botanistes avertis que les curieux du monde végétal. Les auteurs ne se contentant pas de la France métropolitaine ont étendu leurs descriptions à des territoires lointains : Antilles, Polynésie, Réunion, Mayotte, Terres Australes, Kerguelen, St. Pierre et Miquelon. ( d’après Télébotanica). Roland MARTIN Orchidées sauvages du Luberon Edisud - PNRL- 2005- 17€ Voir à propos de cet ouvrage les observations de B.Girerd et de J.P.Roux dans le document « Actualité de la flore du Vaucluse » de ce bulletin Ouvrage collectif sous l’égide de la Société Française d’Orchidophilie. Direction scientifique : Marcel BOURNERIAS et Daniel PUAT Préface : Gérard G. AYMONIN Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. 2ème édition- 504 pages- 2005Ed. Biotope- Mèze- (Collection Parthénope). Ceux qui connaissent la première édition remarqueront que l’ouvrage a été profondément revu et corrigé : -une trentaine d’espèces nouvelles sont décrites depuis 1998,

-environ deux tiers des photos sont renouvelées, -les planches d’hybrides et d’insectes pollinisateurs sont largement étoffées, -reproduction et systématique sont expliquées sur la base des connaissances les plus récentes, -les textes ont presque tous été réécrits, pour plus de précision, de clarté, et pour mieux refléter l’actualité des connaissances, -les cartes, résultat des données les plus récentes, font apparaître des indices d’abondance ( par départements ou provinces ) permettant de se faire une idée précise du statut local de chaque espèce. (d’après Télabotanica).

Les insectes pollinisateurs. 190 pages-2004- OPIE- La bibliothèque du Naturaliste- Delachaux et Niestlé - 25 euros. Les cultures fruitières, les productions potagères et fourragères, les plantes sauvages ont besoin de l’intervention des insectes pour la pollinisation. Dans 7 chapitres l’auteur présente une synthèse claire, précise et très didactique de ce phénomène biologique si important, illustré de schémas très explicites et de 16 planches en couleurs nous présentant les principales espèces d’insectes pollinisateurs. Cet ouvrage est publié sous l’égide de l’OPIE (Office Pour les Insectes et leur Environnement).

Pierre LIEUTAGHI Petite ethnobotanique méditerranéenne 335 pages- Actes Sud- 2005- 29euros.

La bourrache- une étoile au jardin. Bernard BERTRAND

La Garance Voyageuse Mousses et Hépatiques : petit mémento d’initiation à la bryologie Livret couleur- 20 pages- 7 euros. Le monde des mousses est présenté dans une introduction substantielle. Le cycle de vie est décrit, les principaux termes expliqués, le tout avec le souci permanent d’un langage accessible à tous et d’une illustration de qualité. Des informations pratiques complètent ce guide, sur le matériel nécessaire, les tours de main pour les préparations, les livres, les associations, les sites Internet ,etc…Même si le monde des mousses est moins évident à découvrir que celui des plantes à fleurs, il réserve bien des plaisirs esthétiques et naturalistes à ceux qui voudront s’y pencher. ( d’après Télabotanica). François COUPLAN Dictionnaire étymologique de botanique 240 pages- Delachaux et Niestlé23 euros. 3000 entrées et 180 gravures n/b. Owen JOHNSON et David MORE Guide Delachaux des arbres d’Europe. 464 pages-2005-Delachaux et Niestlé- 39 euros. Jean BRUNETON Plantes toxiques : végétaux dangereux pour l’homme et pour les animaux 2ème édition-564 pages-Ed . Tec et Doc- ParisSur une classification alphabétique des familles de plantes, cette deuxième édition abondamment illustrée dresse, au travers de plus de 350 espèces citées ( dont 100 font l’objet d’une monographie détaillée), un tableau global et résolument pédagogique des potentialités toxiques des végétaux supérieurs André POUVREAU

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L’ouvrage fait le tour de cette plante- ethnobotanique, présentation de la famille, du genre Borrago et autres borraginées, culture, usages médicinaux connus, recettes , légendes. Bibliographie Ed. du Terran - collection « le compagnon végétal- 14 ème titre » 2003- 160 pages- dessins et photos. - 11 Euros.

Ruines-de-Rome. Pierre SENGES. Lierre, ancolie, barbe-de-bouc, ail musqué, cheveu-de-Vénus, renoncule en faux, herbe -au-bitume…sont tout à la fois, le décor, les personnages principaux et les insidieux narrateurs de Ruines-de-Rome, roman d’une sédition botanique. Un employé du cadastre, qu’une retraite sans flambeaux menace, met sa misanthropie ordinaire au service des plus noires prophéties : du jardinage considéré comme un des beaux-arts de l’Apocalypse. Feignant de cultiver son petit lopin de terre, ce paysan amateur et sa boteur authentique couvre la ville de fleurs et d’arbrisseaux décoratifs. Et nul ne devine, derrière l’inoffensif passe-temps, un travail de sape qui dévaste les murs, soulève le goudron et fait retourner l’urbaine civilisation à ses friches premières. Semant sa mauvaise graine, il s’arme de « patience » et d’herbes folles. Il use du moindre prétexte végétal pour satisfaire ses cruautés drolatiques et laisser libre cours au chiendent de la rêverie, non sans nouer quelque idylle clandestine avec sa voisine de potager. Rien n’interdit de lire ce livre comme les Mémoires d’un millénariste, un traité de mutinerie sédentaire, une tragi-comédie à l’eau de rose, un herbier poétique, sinon comme un pur et simple manuel d’horticulture. Ruines-de-Rome a reçu le Prix du Deuxième Roman décerné par l’ADELC en 2003. Ed. Seuil-Collection Points-n° 1260-Prix : n°16 - mai 2006

Hiver sur le Plateau Vivarais-Lignon "Hiver, hiver, vous n'êtes qu'un vilain" chantait Charles d'Orléans.. Pas si vilain !… fouillez vos mémoires d'enfants aux regards éblouis devant les flocons de neige et le grand silence blanc ! Fouillez vos mémoires d'écoliers à l'évocation d'une "Nuit de neige" de Guy de Maupassant . "La grande plaine est blanche, immobile et sans voix. Pas un bruit, pas un son, toute vie est éteinte. Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois." Mes pas crissent sur une neige gelée, comme un silence brisé…les squelettes givrés des arbres, véritable féerie de Maître Hiver qui n'oublie ni la petite brindille, ni le fil des grillages des clôtures estivales et pourtant…Chut ! Silence… quelques Raiponces (Phyteuma spicatum), quelques "bouines" (Renouée bistorte =Polygonum bistorta) font entendre de légers soupirs à la nostalgie printanière, étouffés sous une couche de terre gelée. Les campagnols, appelés ici "ratstaupiers" marquent leur territoire en petites bosses de terre noire sur fond de neige. Les pare-congères font stoïquement face à la "burle" qui hurle lugubrement ce soir et s'engouffre sous la tuile à loups. Brrr… Brrr…Quelques lapins sauvages courent ici et là pour se réchauffer les pattes, à la recherche du brin d'herbe qui aurait, avec insouciance, secoué la neige pour respirer un air vif ! Etrange promenade nocturne dans cette lumière diffractée de l'albédo qui nous offre, grâce au manteau de neige, une "nuit plus claire que le jour" (cf. Baudelaire)…étrange promenade nocturne, inconnue des gens du Sud, où tout a l'apparence de lourds fantômes en manteau de Sapins, de Fayards en rouille givrée, de Bouleaux aux souples ramilles de verre… étrange errance dans une brume luminescente qui erre, s'avance et nous enveloppe frileusement. "Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux ! Un vent glacé frissonne et court par les allées" continue Maupassant, Oui, où sont-ils au cours de ces nuits de vent, de froidure, et de givre ? Pourquoi ne savent-ils point retrouver le nid printanier où se nicher au plus creux ? Pourquoi ? Ces oiseaux d'une extrême fragilité et à la fois si résistants ! Une Aubépine défeuillée leur sert de tremplin pour, d'un vif mouvement d'ailes, capturer une graine de Tournesol déposée sur l'appui du petit fenestron . Oui, les murs sont épais Bulletin de la SBV

dans la région, le bon sens d'antan avait compris comment lutter contre le froid hiver de cette rude région. Mésanges charbonnières, bleues, huppées, nonnettes sont là, vives et affamées, les Pinsons du Nord et les Pinsons des arbres s'abattent au sol et se réfugient dans l'Aubépine en un ballet d'envolées collectives… Le Verdier se fâche du bout de son fort bec têtu , les Chardonnerets vibrent en vivacité colorée, les poitrails rouges des Bouvreuils pivoine signent leur esprit batailleur ! Le Geai des chênes, si furtif en été, se laisse observer attiré hors des bois par la faim : tête d'un roux très doux et plumes rectrices bleues. Chacun, d'ailleurs, a son heure dans le respect de la survie de l'autre… Et puis, et puis, vous qui le connaissez, comment dort le "Jardin botanique" au cours des longs mois de froidure ? Dans un silence feutré de neige, d'une neige qu'aucun promeneur n'a osé déranger, mes pas s'enfoncent sur le sentier sinueux qui reste le guide protecteur de ma promenade ; mais je veux aller saluer la sorcière du jardin , "Botacrabouille" qui, imperturbable, semble se réchauffer aux feux délirants de ses sortilèges en préparation avec les cerises de Belladone dont il ne reste que les calices, avec les baies gelées de DouceAmère , avec les "pommes du diable" de Datura stramonium… qu'il faut "touiller" dans une potion maléfique ! Mais, en secret, les plantes médicinales se concertent pour conjurer les mauvais sorts ! Hi ! Hi ! Hi !… Tout en cheminant dans ce monde cristallisé, quelques Cardères à foulon (Dipsacus sylvestris), rigidement fiers de porter haut leurs têtes ébouriffées acceptent l'hiver. La Tanaisie et les Aster brun rouille se serrent en touffes pour se tenir chaud. Dans un autre coin du jardin, les souples rameaux de l'églantier s'éclairent de rouges cynorhodons. Et le Pin arolle (Pinus cembra), tout heureux de ce froid, rappelle aux autres conifères qu'ils peuvent supporter moins 30° ! Tiens, les grandes Balsamines (Impatiens glandulifera) aux fleurs à éperon vieux rose, gisent brisées en pattes d'araignées géantes qui semblent, en saccades, s'approcher des Typha porteurs de leurs manchons marrons. Puis un Séneçon du Cap (Senecio inaequidens) aux fines étoiles florales desséchées s'incline vers les Physalis aux lanternes rouges quelque peu pâlies mais dont les oiseaux n'ont pas encore dégusté le fruit comestible car ils ont encore en abondance les corymbes rouges des Sorbiers (Sorbus aucuparia). Dans la courbe du sentier, un Genévrier nain fait le gros dos sous quelques plaques de neige accrochées à ses fines aiguilles à côté de la Germandrée (Teucrium scorodonia) aux doux épillets roux. Sur la colline en terrasses à l'ancienne, des médaillons moirés de Monnaie du pape, comme le blanc-moiré de la soutane papale, éclairent la neige. Et les ombelles givrées de la géante Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) - 28 -

scintillent de mille petits diamants. A côté, les Lis martagon portent en chandeliers leurs capsules trimères , le Blechnum spicant, ses arêtes légèrement roussies; la Bruyère cendrée, comme la Callune sa miniature, gardent leurs tiges à mini clochettes à peine décolorées. La Saponaire (Saponaria officinalis ) regroupe ses fruits, l'Epilobe hirsute tient à ses graciles faucilles qui ont laissé s'échapper leur semence au vent d'automne. Mais…mais…si tout ce monde végétal signe l'endormissement, la nécessaire dormance au renouveau de la végétation, on peut au détour d'un regard –ô surprise- surprendre les fines feuilles d'un vert bien franc, bien vivant, et comme dentées de la Petite Pimprenelle (Sanguisorba minor) , les jaillissements en touffes de Juncus effusus , l' humble Cyclamen qui tente de secouer la neige mais pas la marque blanche au cœur de ses feuilles vertes. L'Asaret (Asarum europaeum) , lui, émerge en vert soutenu . Bien sûr la Grande pervenche et l'Hépatique défient le froid. A la lisière de l'Aulnaie, l'Alchémille des Alpes et les fragiles tiges verticillées de l'Aspérule (Galium odoratum) ne veulent pas non plus croire à l'hiver. Quant aux deux Fougères les plus communes, l'une, la Fougère mâle, (sexe fort !) reste bien verte, tandis que la Fougère femelle, dans sa faiblesse repose au sol dans une robe brune. Et l'Hellébore fétide, elle, ne peut que résister en tant que cousine de la Rose de Noël ! Et toute cette vie végétale attend le moment du poète où : "Le temps a laissé son manteau De vent de froidure et de pluie Et s'est vêtu de broderies De soleil brillant, clair et beau" Odette MANDRON (Noël 2005) n°16 - mai 2006

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