Bulletin d’information 21 AOUT 2009 Syndicat national des journalistes CGT (La Nouvelle République)
APRÈS UN PREMIER PAS TRÈS HÉSITANT DU DIRECTOIRE
La mobilisation plus que jamais nécessaire La réunion entre le directoire et l’intersyndicale, jeudi 20 août, a été marquée par un début de prise en compte des demandes et des propositions du CE et des syndicats. Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir : d’abord, revenir sur la décision de fermeture de l’édition du Cher et sur le nombre de licenciements. Ensuite débarrasser les indemnités de licenciement du plafonnement que veut leur imposer la direction et les négocier dans un cadre légal. Pour cela et pour les autres points du PSE, seule notre mobilisation collective, qui a réussi à débloquer (un peu) la situation, permettra des avancées plus significatives.
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ès l'annonce du plan de « sauvegardesuppression » des emplois que le directoire veut nous imposer pour faire face aux difficultés économiques de l'entreprise, l'assemblée générale de grévistes, les syndicats, le comité d'entreprise, toutes les instances représentatives du personnel ont immédiatement contesté la nécessité économique de la fermeture de l'édition du Cher. Dans la foulée, et dans la perspective d'une éventuelle restructuration, elles ont également réclamé rapidement des mesures pour, dans la mesure où des suppressions d’emplois s’avéreraient nécessaires, favoriser les départs volontaires et éviter tout départ contraint. Les réponses de la direction – au comité d'entreprise comme à l'intersyndicale – étaient, jusqu'à hier après-midi, négatives : il n'y avait pas d'alternatives à la fermeture de l'édition berrichonne ni aux 125 licenciements, et le « plan de sauvegarde de l’emploi » n’était négociable qu’à la marge. Or, la dernière proposition directoriale montre que la mobilisation, ininterrompue depuis la mi-juillet et l'annonce fatale du
PSE, commence à porter ses fruits. Sans, bien sûr, accéder à toutes les demandes des salariés inquiets pour leur avenir, le directoire retient notamment l'idée de limiter les « départs contraints » en favorisant les « départs volontaires ». Une avancée que nous pourrions applaudir des deux mains s'il n'y avait un bémol, et quel bémol ! Car la mesure s'accompagnerait d'un plafonnement (pas encore défini, mais dont on comprend qu’il serait inférieur au minimum légal ou conventionnel) des indemnités de licenciement des cadres et des journalistes. Elle pourrait, selon le directoire, permettre une redistribution du « non-versé » à ces derniers pour augmenter les indemnités aux employés et aux ouvriers. Outre que cette disposition reste toujours à nos yeux « illégale », donc impossible à mettre en œuvre (lire ci-dessous), elle dissimule un piège grossier trop souvent utilisé par la direction dans le passé : demander à une catégorie de renoncer à une disposition particulière (qu'elle soit conventionnelle ou légale) en faisant croire qu'elle pénaliserait le personnel qui n'en bénéfice pas. Mais c'est là nier les incontournables particularités des professions et leur histoire, avec des accords ou des dispositions destinés à protéger les salariés d'employeurs peu scrupuleux et négociés âprement au fil du temps (nonpaiement des heures supplémentaires ici, temps de travail réduit là, etc.). Et c’est faire endosser la responsabilité de la volonté patronale de réduire la globalité des indemnités à des salariés qui ne font que la subir. Ce faisant, la direction cherche vraisemblablement à dresser les catégories les unes contre les autres, tentant de mettre un frein à la mobilisation générale et unitaire. Si nous nous félicitons des premières
avancées (timides) de la direction, nous lui demandons de ne pas s'arrêter au milieu du gué. En favorisant les départs volontaires, elle pourrait mettre fin à l'insupportable angoisse des salariés les plus fragiles socialement. En le faisant dans le respect du droit existant, elle s'honorera de ne pas participer au grand détricotage par le bas du droit du travail. Pour obtenir des avancées véritablement significatives, nous ne devons pas, nous non plus, nous arrêter au milieu du gué. La mobilisation qui a permis ce premier pas très hésitant ne doit pas faiblir : rendez-vous le mardi 1er septembre à 14 h 30, carrefour de Verdun, à Tours (et, pour
les Tourangeaux, le jeudi 27 août, à 17 h 30, place de la Préfecture, à l’appel de l’UD-CGT) pour, tous ensemble, montrer notre détermination à refuser la fermeture de l’édition du Cher et les 125 licenciements – 181 à l’échelle du groupe ; 55 à la rédaction : répétons-le, un journaliste sur quatre ! –, et à obtenir un plan de sauvegarde de l’emploi qui ne soit pas socialement et humainement inacceptable. Notre adresse :
[email protected] Et n’oubliez pas le blog des salariés du groupe NR : http://salariesnr.blogspot.com/
Les indemnités légales ou conventionnelles sont le minimum que doit verser l’employeur Même si la question des indemnités de licenciement nous semble quelque peu prématurée, sa survenance dans le débat nous oblige à nous exprimer sur ce sujet. Le plafonnement que veut imposer le directoire serait illégal si les salariés licenciés percevaient une indemnité inférieure à celle que prévoit la loi (pour les journalistes) ou la convention collective nationale (pour les autres catégories). Dans notre cas, un accord d’entreprise (a fortiori une transaction individuelle) ne peut déroger à une convention de branche dans un sens défavorable aux salariés. Quant à la loi, qui concerne notre profession, elle s’impose évidemment à l’employeur : un mois pour chacune des quinze premières années d’ancienneté professionnelle dans l’entreprise ; saisine obligatoire de la commission arbitrale pour déterminer le montant de l’indemnité due lorsque l’ancienneté excède quinze ans.