ACTES DE LA 7ème ASSEMBLÉE EUROPÉENNE DES FRATERNITÉS LAÏQUES DOMINICAINES
ANNEXE Vd
HOMÉLIE DU FR. BERTALAN SZABÓ AVEC SAINT DOMINIQUE, SUR LE CHEMIN DE LA CHARITÉ (2 P 1, 2-7 ; Mc 12, 1-12)
Nous lisons dans la deuxième épître de saint Pierre : « Apportez tout votre zèle à joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la tempérance, à la tempérance la constance, à la constance la piété, à la piété l’amour fraternel, et à l’amour fraternel la charité ». L’apôtre saint Pierre montre ici de quelle façon on peut parvenir de la foi à la charité. Toutes les vertus qu’il mentionne sont liées les unes aux autres et nous conduisent vers la charité, sommet de notre vie chrétienne. Comment parvenir de la foi à la charité ? Cette question pose souvent un problème au croyant d’aujourd’hui. L’Evangile nous rappelle sans cesse que la conviction, si intime qu’elle soit, ne suffit pas pour que nous soyons proches de Dieu et des hommes. Nous avons tous besoin de l’amour de Dieu. Nous sommes tous appelés à avancer sur le chemin de la charité et à en témoigner dans le monde. Nous appartenons à un Ordre religieux qui a profondément marqué l’histoire de l’Eglise. Il serait important de redécouvrir la richesse de la tradition dominicaine. La foi, la vertu, la connaissance, la tempérance, la constance, la piété, l’amour fraternel : toutes ces valeurs que nous rappelle l’apôtre saint Pierre dans la première lecture de cette liturgie font aussi partie de notre tradition théologique et de notre spiritualité. Pour nous, l’attachement à ces valeurs ne signifie pas seulement la volonté de conserver l’héritage que l’Ordre dominicain nous a légué. Nous ne serions pas les vrais disciples de saint Dominique si nous ne pouvions pas nous ressourcer justement à partir de ces valeurs. Toutes ces vertus nous conduisent plus près du Christ. Ce sont les traits du Christ lui-même. Nous voulons appartenir au Christ, en marchant sur les traces de saint Dominique. Celui-ci a fondé un Ordre religieux au service de l’Eglise. L’expérience spirituelle de saint Dominique a toujours marqué l’évolution de notre Ordre ; elle nous aide encore aujourd’hui à mieux comprendre ce qu’est l’Ordre dominicain . Chaque fois que l’Ordre a eu besoin d’un nouveau souffle, il a dû revenir à cette expérience fondamentale de saint Dominique, à la charité évangélique qu’il a vécue et qu’il a annoncée. Dans l’évangile d’aujourd’hui, nous avons entendu une parabole qui reflète l’histoire du salut. La parabole des vignerons homicides nous présente un monde déchiré par la violence et par la haine, rejetant successivement toutes les initiatives de Dieu. Les envoyés de Dieu n’ont jamais été bien perçus et bien accueillis. Ils ont été plutôt mal compris, voire rejetés, outragés, persécutés. Il nous arrive de nous heurter à l’indifférence et au refus de nos contemporains. Mais Dieu ne nous abandonne pas. Le Père nous a tant aimés qu’il a fini par envoyer son propre Fils pour notre salut. Le Fils de Dieu a donné sa vie pour nous sur la croix. L’Eglise est née de la souffrance du Christ ; nous sommes tous appelés à témoigner du sens et de la fécondité spirituelle de cette souffrance.
Saint Dominique, lui aussi, a énormément souffert en voyant les erreurs et les égarements des hommes. Cette souffrance l’a poussé à devenir le fondateur d’un grand Ordre religieux. Cette souffrance, semblable à celle du Christ crucifié, a porté ces fruits. De cette souffrance une grande famille de frères et de sœurs est née. Sans cette souffrance, nous ne serions pas ici. Nous aussi, frères et sœurs, nous souffrons en constatant à quel point le monde contemporain s’est éloigné de Dieu. Malgré les moments difficiles, saint Dominique n’a jamais désespéré, parce qu’il connaissait le chemin qui mène de la foi à la charité. Il gardait constamment devant ses yeux les valeurs profondément chrétiennes au moyen desquelles nous aussi, chrétiens d’aujourd’hui, nous pouvons avancer sur le chemin de la charité. Nous qui voulons marcher avec saint Dominique, essayons de vivre nos souffrances dans une fécondité spirituelle par laquelle nous parviendrons toujours de la foi à la charité.