Klepanec Homily - Fr

  • May 2020
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  • Words: 2,003
  • Pages: 3
ACTES DE LA 7ème ASSEMBLÉE EUROPÉENNE DES FRATERNITÉS LAÏQUES DOMINICAINES

ANNEXE Va HOMÉLIE DU FR. RAJMUND KLEPANEC FÊTE DU SACRÉ CŒUR Il y a presque trois ans que le pape Benoît assume la charge de grand berger. On a beaucoup parlé de ses préoccupations pastorales et de la direction que prend son pontificat. Nous le connaissons comme professeur, théologien, gardien de l’orthodoxie doctrinale. Nous n’ignorons pas, surtout depuis Summorum Pontificium, son intérêt pour la continuité de la tradition liturgique. Mais quelle approche ce Pape a-t-il de la spiritualité et de la vie de prière ? Sa dette envers l’Ordre de St Benoît est claire, mais cette profonde appréciation du monachisme n’est qu’un aspect de sa pensée. En fait, au centre de l’enseignement de ce Pape, se trouve une spiritualité profondément apostolique et christocentrique, qui nous met au défi de favoriser le renouvellement d’une vie de prière catholique solide et dynamique. Lorsque nous examinons de plus près cette spiritualité, nous voyons que pour le Pape, un aspect fondamental de sa mise en œuvre est la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, enracinée dans la tradition mais présentée sous un nouvel éclairage. Dans la première partie de sa première encyclique, Deus Caritas Est (DCE), Benoît donne le ton. Il place au centre de la vie de foi l’expérience de la relation avec la personne de Jésus-Christ lui-même, qui aime le monde avec passion. Il est important de se rendre compte de l’accent qu’il met sur ce point. Dans ses deux premières encycliques, Benoît choisit de nous appeler à une pureté de dévotion pour la personne du Fils et son amour salvifique. Ceci détermine, dans la seconde partie de son encyclique, l’invitation à refléter l’amour du Christ dans son activité missionnaire qu’il lance à l’Eglise et ensuite, dans sa seconde encyclique, Spes Salvi, à répandre l’espérance du salut manifestée à travers le don de soi du Fils de Dieu qui prend la forme de flots d’amour pour le monde. Dans Deus Caritas Est, Benoît ne centre pas directement son propos sur la dévotion au Sacré Cœur. Mais dans une lettre publiée peu après l’encyclique, il établit le lien entre cette dévotion et son enseignement. Dans ce document, adressé au Supérieur Général des Jésuites pour faire mémoire du cinquantième anniversaire de l’encyclique de Pie XII sur le Sacré Cœur, Haurietis Aquas (HA), Benoît montre comment son enseignement sur l’amour chrétien reçoit sa consistance de l’une des deux principales images associées à cette dévotion. Chose intéressante, plutôt que d’attirer l’attention sur l’image plus largement répandue du cœur brûlant, si familière à des personnes d’un certain âge, le pape nous propose l’image biblique plus brutale du côté transpercé du Christ d’où coulent le sang et l’eau. En réfléchissant sur ce point, qui est en fait une image favorite de sa pensée théologique, Benoît dit : nous serons capables de connaître l’amour de Dieu en Jésus-Christ, d’en faire l’expérience, en fixant notre regard sur lui au point de vivre entièrement l’expérience de son amour, afin de pouvoir ensuite en porter le témoignage aux autres. En d’autres termes, la dévotion au Sacré Cœur a en elle-même un rôle d’enseignement car elle renouvelle au niveau de nos sens une expérience vécue de la foi en l’amour du Christ pour nous, qui à son tour nous appelle à témoigner du Christ. En réfléchissant à cela, nous entrons immédiatement dans la profondeur de la spiritualité où s’enracine l’encyclique puisque c’est l’image du côté transpercé que le Pape place à l’origine de ce travail. En contemplant le côté transpercé du Christ, nous pouvons comprendre le point de départ de cette encyclique: Dieu

est amour I Jn 4,8. C’est là que la vérité peut être contemplée. C’est là que notre définition de l’amour doit trouver sa source. Dans cette contemplation, le chrétien découvre le chemin le long duquel sa vie et son amour peuvent avancer (DCE, 12). Ici, une digression est nécessaire pour expliquer quelque chose de l’histoire de la dévotion du Sacré Cœur et de ses fondements théologiques, tels qu’ils sont exprimés en particulier dans Haurietis Aquas, avant de discuter de sa pertinence contemporaine spécifique, à la lumière des perspectives ouvertes par le pape Benoît. Dans Haurietis Aquas, le pape Pie XII souscrit à une phrase d’une encyclique de son prédécesseur, Pie XI, qui qualifie la dévotion au Sacré Cœur de résumé de notre religion (HA, 15). Et il condamne ceux qui considèrent cette dévotion comme un type de piété nourrie non par l’âme et l’esprit mais par les sens et, par conséquent, d’un emploi plus approprié aux femmes, puisqu’elle ne leur semble pas vraiment convenir à des hommes instruits. C’est Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) qui fut le pilier et le principal artisan du long processus qui amena le pape Pie IX à étendre la fête du Sacré Cœur à l’Eglise universelle en 1856, puis Léon XIII, le 11 juin 1899, à ordonner la consécration de tout le genre humain au Sacré Cœur. Marguerite-Marie reçut des révélations au milieu des années 1670. Dans l’une d’elles, le Christ lui permit d’appuyer sa tête sur sa poitrine. Il lui dit qu’il voulait faire connaître les merveilles de son amour à toute l’humanité et qu’il l’avait choisie pour cette tâche, tandis que dans une autre révélation, il demanda à être honoré sous la figure de son cœur de chair. Mais l’Eglise ne s’appuie pas seulement sur les visions de Ste Marguerite-Marie quand elle affirme le lien très étroit entre la forme de la dévotion au cœur du divin Rédempteur et le culte que nous devons rendre à l’amour de la Très Sainte Trinité pour tous les hommes (HA, 20). Les révélations reçues par Ste Marguerite-Marie, insiste Haurietis Aquas, n’apportent rien de nouveau à la doctrine catholique. Leur importance réside dans le fait que le Christ, exposant son cœur très sacré, souhaite d’une manière tout à fait extraordinaire inviter l’esprit des hommes à une contemplation et à une dévotion à l’égard du mystère de l’amour miséricordieux de Dieu pour le genre humain (HA, 97). En d’autres termes, l’évolution de la dévotion du Sacré Cœur, dont on peut trouver les traces dès les 11ème et 12ème siècles, vient du fait qu’elle est entièrement en accord avec la nature de la piété chrétienne puisqu’il s’agit d’une dévotion d’amour (HA, 96). Le cœur du Christ, selon Haurietis Aquas, est essentiellement uni à la Personne du Verbe divin (HA, 21), il faut donc lui rendre ce culte d’adoration par lequel l’Eglise honore la personne du Fils incarné de Dieu lui-même. De façon particulièrement pertinente pour notre propos actuel, Haurietis Aquas cite d’abord saint Thomas d’Aquin – Du côté du Christ a coulé l’eau pour nous laver, le sang pour nous racheter. C’est pourquoi le sang concerne le sacrement de l’eucharistie, et l’eau le sacrement du baptême – et Pie XII poursuit en ces termes : Ce qui est écrit ici du côté du Christ, ouvert par le soldat, doit également être dit de son cœur qui a été atteint par le coup de lance donné par lui pour s’assurer de la mort de Jésus-Christ crucifié (HA, 77-78). C’est pourquoi la blessure du cœur de Jésus devient une expression de la charité spontanée de Dieu et de l’amour passionné du Christ (HA, 78). Ceci peut être clairement vu comme les deux amours dont traite le pape Benoît dans les deux parties de l’encyclique Deus Caritas Est. Nous pouvons maintenant revenir à la pensée du pape sur la pertinence de cette dévotion à l’heure actuelle. Le Sacré Cœur, comme il le conçoit, n’est pas seulement un aspect de sa spiritualité. C’est plutôt, sur le plan de la dévotion, la clé de voûte de son enseignement sur la vie chrétienne, qu’il

présente aux fidèles de cette génération. L’image du côté transpercé devient la source de vie du disciple, et ce de deux façons. Comme le Seigneur nous le dit, déclare Benoît, nous pouvons devenir une source d’où coulent des fleuves d’eau vive (Jn 7,37-38). Cependant, pour devenir cette source, il faut constamment s’abreuver de nouveau à la source originelle qui est Jésus Christ, du cœur percé duquel s’écoule l’amour même de Dieu (Jn 19,34) (DCE, 7). Ainsi, le lien entre le Sacré Cœur et l’enseignement du pape Benoît est clair. Mais qu’est-ce que cela peut signifier pour nous dans le contexte de notre propre église ? Dans de nombreuses régions du monde, par rapport à ce qui se passait il y a 30 ou 40 ans, on observe un fossé considérable sur le plan de notre vie de prière en tant que catholiques. Tandis que beaucoup de paroisses ont des statues du Sacré Cœur, de nombreuses personnes sont rebutées par cette dévotion parce qu’elle leur semble véhiculer une image sentimentale de Jésus sans aucun lien avec la vie de disciple du Christ dans le monde. Il est plus facile de se rendre compte de la valeur des programmes pastoraux de catéchèse et de la vie spirituelle qui se sont mis en place et qui ont fortement redynamisé nos diocèses et nos paroisses. Revenons à la lettre adressée au Général des Jésuites. Nous voyons là que la manière dont le pape comprend le Sacré Cœur comporte deux éléments clé qui figuraient déjà dans cette dévotion traditionnelle, mais qui sont mis en évidence d’une façon qui lui donne une vie nouvelle. L’un de ces éléments est la relation entre connaissance et expérience de l’amour de Dieu. Il est évident, nous dit Benoît, que l’expérience et la connaissance ne peuvent être séparées : l’une fait référence à l’autre. La dévotion au Sacré Cœur est, comme beaucoup de formes de spiritualité populaire, à prédominance sensible, centrée sur la vérité éternelle qui est expérimentée. Le but n’est pas simplement d’aider les gens à connaître la vérité qui est que le Christ est mort pour eux, mais aussi de permettre que cette connaissance s’enracine dans un esprit de gratitude. Ceci conduit à une seconde dimension, l’appel à une vocation apostolique, lorsque nous rejoignons le Christ dans sa mission salvifique d’amour. Quand nous pratiquons la dévotion au Sacré Cœur, déclare Benoît, non seulement nous reconnaissons avec gratitude l’amour de Dieu mais nous continuons à nous ouvrir à cet amour de façon à ce que notre vie en soit toujours mieux modelée…La contemplation adorante du côté transpercé par la lance nous rend sensibles à la volonté salvifique de Dieu… (et) nous renforce dans le désir de participer à son œuvre de salut en devenant ses instruments. Ainsi présenté, le Sacré Cœur de Jésus est reconnu instantanément comme une dévotion ignacienne, comme l’Esprit nous mène à travers notre expérience de gratitude à agir au nom du Christ. Loin d’être sentimentale, cette dévotion nous appelle à faire preuve d’une foi solide en notre salut et à vivre cela comme si notre cœur battait à l’unisson de celui du Christ. La fraîcheur de l’approche de Benoît dans le contexte de son enseignement sur l’amour chrétien soutient une spiritualité qui est profondément expérientielle et apostolique. Ceci joue un rôle important dans l’élaboration de l’enseignement théologique actuel du pape, tout comme la fraîcheur de son appel au renouvellement de la vie de prière. Un tel regard sur la vie spirituelle, tourné vers l’extérieur tout en venant d’une perception des sens, peut porter beaucoup de fruit chez ceux qui sont à la recherche d’une identité chrétienne bien enracinée, à vocation missionnaire. Un défi pour l’Eglise sera de favoriser une spiritualité contemporaine dont la richesse sera sa compréhension théologique de l’appel du disciple chrétien à être enflammé du désir de rejoindre le Christ dans sa mission. L’amour de Benoît pour la dévotion au Sacré Cœur peut servir de stimulant à un renouveau qui renforcera l’Eglise dans sa réponse à l’appel du Christ. En réfléchissant à la planification du travail pastoral, nous pourrons peut-être aussi voir plus clairement comment le renouveau d’une vie de prière conçue sur ces solides fondations est une partie essentielle de la formation permanente dans le domaine de la foi, au centre d’une théologie pastorale orientée vers l’action apostolique, et une aide indispensable au développement d’une spiritualité apostolique christocentrique.

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