Koosraj Kora Venciah:
[email protected] A PROPOS DE ADHYATMA DARSHANAM
A-dhy-âtmâ-darshanam: C'est l'essence de ce qu'est la spiritualité dans toute sa simplicité et sa vraie splendeur. A: indique le présent, l'importance de vivre et de maintenir toute son attention autant qu'il soit possible dans le présent, l'instant immortel et réel. Dhy: désigne l'importance de cultiver une attention éveillée, observatrice et capable de réfléchir grâce à sa propre intelligence et de pénétrer au plus profond de la réalité, peu importe sous quelle forme qu'elle se présente à nous. C'est cela qui fait jaillir la lumière de la connaissance spirituelle qui révèle la vérité. Atmâ: désigne la base de la réalité, de la conscience qui fait l'expérience de la réalité. Atmâ est la suprême vérité sur laquelle repose chaque chose, entité et évènement de l'existence. Puisqu'elle est en toute chose, elle doit être omniprésente et infinie. Atmâ, l'être, est la pure conscience animatrice, illuminatrice et libératrice sans laquelle rien ni personne ne peut exister. Atmâ est toujours liée au sujet, à l'être qui est conscient de sa propre présence. Darshanam: désigne une vision intime et intuitive de la réalité telle qu'elle se présente à nous et de la vérité sur laquelle se tient la réalité. C'est cela la réalisation spirituelle, l'illumination, qui ne s'appuie pas sur les croyances, les traditions, les rites, les symboles, les autorités externes et les expériences d'autrui. On appelle
cela Sâkshâtkâra ou Satdarshanam: la vision intime de la vérité dans la lumière de la pure conscience de l'être. Les Oupanishads contiennent les visions les plus sublimes des rishis [les visionnaires], qui ont sans cesse cherché à réaliser la suprême vérité de l'être, de l'âme. Les rishis sont les premiers véritables scientistes de la spiritualité, qui ont légué les fruits de leurs recherches et expériences à la postérité. Les plus sublimes trésors de la sagesse védique laissés par les rishis sont les quatre mahâvâkyâs, qui représentent également les quatre étapes de l'initiation et de la réalisation spirituelle. Les quatre mahâvâkyâs sont:- Pragnyânam brahma: la pure conscience réceptive est la suprême vérité, Ayam âtmâ brahma: la pure conscience animatrice, illuminatrice et libératrice de l'être en chacun est la suprême vérité, Tat tvam asi: Cela tu es [essentiellement], Aham brahmâsmi: Je réalise que je suis l'Etre Suprême. LA CONNAISSANCE ESSENTIELLE L’ESSENCE DE LA CONNAISSANCE SPIRITUELLE Adhyâtmâ Darshanam, qui se traduit comme la vision spirituelle, nous enseigne que l’Ame est l’intégralité de la conscience dans son état primordial d’indivisibilité, de pureté, de perfection et d’immobilité. C’est l’état décrit comme le témoin intemporel, incommensurable, silencieux et passif. C'est la dimension de l’Etre Supraconscient, où le tout s’est fusionné dans le moi intégral et où le moi intégral s’est dissipé dans l’Etre, qui rayonne dans la lumière de sa propre conscience infinie, indivisible, parfaite, ineffable et immuable. La conscience est, quant à elle, l’essence, la substance et la somme de toutes les expériences dans leurs multiples possibilités et variétés. C’est la conscience qui rend l’expérience possible car elle est de la nature même de la connaissance. Dans sa pureté et son essence, elle est la lumière, l’aura de l’Etre, de l’âme - la présence. Dans sa forme, elle est l'expérience: être conscient de quelque chose.
L’expérience constitue tout ce qui est connu et connaissable. C’est un processus naturel de la conscience par lequel le connaissable est rendu connu et le connu est, à son tour, reconnu et maintenu en existence grâce à des symboles générés par l'intellect. L’expérience est, en effet, la réalité, la forme que prend la conscience en activité, en devenir, à travers les instruments de l'expérience, les sens. L'expérience est ainsi un processus naturel et biologique qui sert à transformer la conscience en des objets de l'expérience à travers les instruments de l'expérience. [ex: objet, périence: perception]. Les trois éléments de la conscience qui sont présents dans l'expérience sont: le sujet qui fait l'expérience, l'objet dont le sujet fait l'expérience et l'interaction entre le sujet et l'objet. Il faut savoir que l'expérience est rendue possible grâce à l'isolation de la conscience, qui devient une unité de la conscience à travers un organisme: un corps et ses facultés d'expérience [une incarnation de la conscience, un individu]. Donc, l'expérience se fait toujours à partir d'un centre, d'un point particulier de la conscience, d'un individu, d'une personnalité, d'un ego. Sans cette isolation [individuation] de la conscience, aucune expérience n'est possible. Les composants de l’expérience, qui est la forme manifeste et active de la conscience, sont : 1. Les objets de l’expérience- qui évoluent dans un contexte de l’espace et du temps. Espace, temps et évolution constituent le champ de l'expérience. Les objets de l’expérience, dont est constitué notre univers, sont essentiellement faits de : son, lumière, goût, odeur et texture dans toutes leurs variétés et diversités. Les autres objets de l’expérience sont les fruits du contact entre le siège de l’expérience, c’est-à-dire l’esprit, à travers ses instruments sensoriels, et la réalité des objets et évènements. Ces objets prennent la forme des impulsions, émotions, idées, pensées, croyances, et des réactions physiologiques, affectives et psychologiques. Ils prennent surtout la forme de l’information: l'élément essentiel de la connaissance, de la conscience. 2. Les instruments de l’expérience- les organes du corps qui évoluent dans un contexte de santé et d’efficacité fonctionnelle. Tout en étant eux-mêmes des objets de l’expérience, les instruments sont des outils indispensables servant à la production de l’expérience des objets connus et connaissables. Les instruments naturels de l’expérience, les capteurs des objets des sens, sont : les yeux, les oreilles, la langue, le nez et la peau du corps. Ils sont en effet les extensions naturelles de siège de l’expérience, du cerveau, le centre de l’esprit. Les autres instruments inventés par l’esprit de l’homme sont les outils de la technologie scientifique, qui peuvent faire voyager l'esprit à travers l’espace et le temps afin de générer des données et ainsi produire ou reproduire des expériences jusqu'ici inaccessibles aux sens qui n'opèrent que dans l'instant du présent. Sans les instruments naturels, il n’y a point d’expérience, donc point de conscience manifeste et active [la réalité phénoménale]. 3. Le siège de l’expérience- qui donne une forme particulière à l’expérience à partir des données générées par les instruments. Le siège de l’expérience, communément appelé l’esprit, donne la forme à l’expérience dans un
contexte de présence et d’absence d’attentivité et de réceptivité, dans un contexte d’éveil et de sommeil, dans un contexte de projection et d’absorption. Ainsi, grâce au siège de l’expérience, qu’est l’esprit, on prend conscience des objets de l’expérience, y compris des instruments, et du siège lui-même dans un contexte défini par le temps et de l’espace. Et de ce fait, on obtient la conscience de soi et des objets et de tout ce qui se passe entre le moi et les objets. Les principaux éléments de l’esprit, du siège de l’expérience, [c’est-à-dire les facultés de la conscience, de la pensée] sont : -l’impulsion: les pulsions de base, les emotions, les sentiments, les désirs, les besoins vitaux, qui sont amoraux, illogiques et immatures -le mental : qui rend l’expérience et la prise de conscience possible concrètement au sein de l’espace et du temps. C'est l'arène de la perception, de l'association et de la réaction. Donc, le mental perçoit à un moment donné les objets dans l'espace conscient de l'esprit et réagit émotionnellement et psychologiquement aux objets grâce au processus de l'association qui se fait en collaboration avec la mémoire. -l’intellect : qui compare, évalue et analyse l’expérience sensorielle et mentale et tire des conclusions; qui ensuite décide de la marche à suivre et dirige l'action si le mental réactif lui laisse suffisamment d'espace et de marge de manoeuvre. -la mémoire : qui enregistre et enmagasine les données sensorielles, les expériences, les réactions et les conclusions et qui, de surcroît, les maintient en existence dans l'espace du subconscient, qui demeure perpétuellement en activité. Grâce à la mémoire, le mental peut ainsi faire l'association entre les objets et évènements du passé et ceux du présent. -l’ego : la conscience restreinte de soi, du moi, automatiquement générée à partir des données actives de la mémoire, des pulsions biologiques, des expériences du mental et des conclusions et jugements de l’intellect. C'est le point d'intersection entre le mental, l’impulsion, la mémoire et l'intellect. Le mental, l’impulsion, et la mémoire sont intimement associés de même que l'intellect, la créativité et l'égo sont étroitement liés. Ces facultés de la pensée interagissent activement durant l'état d'éveil où l'esprit agit sur le plan conscient. Par contre, durant le rêve qui opère dans l'espace subconscient de l'esprit, c'est le mental réactif, impulsif et la mémoire qui sont prédominants. Durant le sommeil profond, qui s'opère dans l'espace inconscient de l'esprit, les facultés de la pensée sont mis au repos. Il n'y a que l'activité inconsciente qui se fait automatiquement sans l'intervention de la pensée et de la conscience active et objective. L’ego, qui n’est en réalité qu’une pensée prédominante parmi tant d’autres à un moment donné et dans une situation donnée, établit son règne au centre du siège de l'expérience. En effet, la pensée est l’essence du siège de l’expérience; elle est l'activité incessante de la conscience active. La pensée est une formation d’images sélectives et une formulation des mots, des symboles qui désignent, qualifient et évaluent des réalités, qui sont maintenues en existence au sein de l'espace de la
mémoire, de la connaissance acquise. Le sentiment égoïque du moi est donc l’essence du siège de l’expérience, de l’esprit, car c’est lui qui offre une identité [une couleur] particulière, unique et surtout la continuité à la conscience individuelle ainsi générée. Toute expérience est ainsi filtrée par l'ego, le point focal de la personnalité individuelle liée à un corps particulier. L’ego, qui est l’essence de la conscience en activité, de la conscience évolutive et objectifiée, opère principalement dans le contexte du temps, de l'espace et de la réaction. Il donne de la continuité au plaisir et fait tout pour fuir la souffrance, engendrant ainsi la dualité, le conflit des paires opposées. Etant une pensée prédominante à un point nommé, l'ego opère sous l'influence de la dichotomie de la pensée. Puisque chaque pensée possède son opposé, chaque sentiment possède son opposé, chaque action possède son opposé, l'ego qui est un amalgame de pensée, sentiment et action ne peut éviter cette dualité, ce conflit des paires opposées. Donc, une pensée prédominante peut à un moment donné vouloir quelque chose et, en même temps ou immédiatement après, une autre pensée prédominante peut vouloir le contraire. Cela produit un conflit perpétuel au sein de l'activité de la pensée, de l'ego et inévitablement provoque une importante fuite d'énergie psychique. La Réalité, quant à elle, est tout simplement une chose ou une situation qui existe comme un objet d’expérience. Cet objet peut être réel ou illusoire. Elle est, en effet, la conscience objectifiée dans ses multiples manifestations physiques, biologiques et psychiques. 4. La base permanente et éternelle de l’expérience- c'est l’unique principe qui permet à l’expérience de se manifester dans toutes ses formes et avec toutes ses possibilités. C’est le fondement de tout ce qui est connu et connaissable, donc de l’expérience, de la conscience active et de la réalité. C’est la pure conscience illuminatrice [pra-gnyânam], qui précède [pra] toute expérience et toute prise de conscience [gnyânam]. C’est le véritable connaisseur suprême, le témoin de tous les objets du champ, de tous les instruments et de tous les sièges de l’expérience, incluant l’ego, la conscience restreinte et hétérogène, le pseudo connaisseur. Sans cette base impérissable, immuable, mystérieuse et parfaite, il n’y ni champ, ni objets, ni instruments ni siège ni ego, ni conscient, ni subconscient, ni inconscient. Bref, aucune expérience. La base est le permetteur, le support, la pure essence de toute la manifestation, qui est constitué à partir des trois composants de l’expérience [trimourti : objet, instrument et siège]. Elle est, à la fois, partout et en tout, demeurant dans un état [être] de non différentiation, non dualité, d’unicité, de passivité et d’immobilité parfaite. Cette base non-manifestée est la Vérité et tout ce qui repose sur cette unique Vérité constitue la réalité, le cosmos, l’univers qui évolue dans toute sa diversité et sa complexité. La Vérité est le véritable ‘sujet’ de l’expérience et la Réalité est l’objet de l’expérience. L’ego, qui est aussi un objet de l’expérience, essaie de se faire passer pour le sujet, mais c’est un imposteur, un pseudo-sujet. Son imposture génère principalement l’insécurité, le sentiment d’être incomplet, et l’illusion chez l'individu. Et bien évidemment, tout ce que l’illusion, l’insatisfaction et l’insécurité peuvent engendrer.
L’ego est bâti à partir de l’expérience, de la connaissance, de la mémoire emmagasinée au subconscient d'un siège particulier. L'ego fait son apparition bien après la naissance du corps suite à l'activation de la pensée consciente. La pensée est une expression, une forme active, de cette connaissance personnelle et, somme toute, restreinte. Donc, l’ego et la pensée sont essentiellement la même chose. La conscience égoïque est restreinte car elle est inévitablement liée à un corps particulier et aux expériences faites et obtenues à partir de ce corps et de ses organes et facultés. Ainsi, l’ego et la pensée ne sont que des objets connus et connaissables qui font partie de la réalité relative. L’ego engendre une division [sujet/objet] au sein de l’expérience afin de pouvoir s’affirmer et maintenir sa continuité dans la réalité. Il s’affirme comme le connaisseur, le sujet, et tous les autres éléments de l’expérience deviennent ses objets, le connu. Il faut savoir que même les dieux conçus et imaginés par l’esprit de l'homme ne sont, en effet, que des objets de l’ego [la pensée égoïque], qui s’en sert sur le plan psychologique afin d’arriver à ses fins égoïstes dans la réalité. La Méditation consiste avant tout à comprendre cette science de l’expérience et de la conscience et ensuite à entreprendre un retour de la conscience active inférieure sur sa base, son fondement: la pure conscience animatrice, illuminatrice et libératrice de l’Etre. Il est essentiel de bien réaliser que cette base n’est pas un objet de l’expérience, du connu. Elle est au-delà du connu et du connaissable. Elle est la pure conscience de l’Etre qui tout simplement "connaît" ou révèle ou brille de sa propre lumière ['Awareness' en anglais]. Connaître est sa nature, sa forme et sa fonction. "Connaître" signifie 'donner naissance à' et 'mettre en réalité.' L’expérience existe uniquement parce que la Vérité est là. La Vérité, que nous sommes tous en essence, ne connaît pas à travers les mots, les images, les symboles mentaux, la mémoire, le raisonnement qui limitent la compréhension. L'esprit mécanique et inférieur dépend d'eux afin de connaître quelque chose, d'avoir une connaissance à propos de quelque chose. La Pure Conscience Illuminatrice connaît [illumine, révèle] tout, directement, sans créer de division, de fragmentation, de distance, d’obstacle dans l’expérience et la réalisation. Car c'est Elle qui est la Source, la Substance et le Substrat de toute l'existence. En découvrant et discernant La Pure Conscience, la Lumière de l'Etre en soi, il y a simultanément la réalisation de la totalité, du cosmos. Réalisant cette suprême vérité comme le créateur et le préservateur de toute l'existence, l’ego, la pensée, le pseudo connaisseur lié à un corps particulier, s'immobilisé, comme stupéfait. Il dépose ses armes et boucliers, ses conceptions limitées et sa fausse vanité et se soumet complètement à la base universelle, à la pure conscience sans frontière et sans limitation. Cette action éclairée conduit à la liberté, à l'émancipation. Pendant la méditation, l'observation attentive et éveillée, lorsque la conscience active s'est volontairement et dans une grande mesure soumise à la base, à l’être, survient alors subtilement une nouvelle conscience du présent et surtout une observation éveillée, silencieuse et détachée de la conscience immobile et silencieuse. L’ego et l’activité de la pensée qui l’entoure sont vus tels qu’ils sont en
vérité : des objets de l’expérience qui virevoltent au sein de la réalité. Cette vision est elle-même la pure conscience, la supraconscience ou la supra-connaissance. Cette supra-connaissance de la conscience immobile et effacée est la clé de l’illumination spirituelle. Puisque l’ego est l’essence de la réalité, la supraconnaissance de l’ego équivaut à la supra-connaissance de la réalité. C’est cela la clé de la réalisation spirituelle. Socrate invitait chacun à atteindre cet état lorsqu’il exhortait : « Connais ton moi – Know thyself. » La supraconscience est comparable à l’espace vide, pur et silencieux de l’infini qui irradie de sa propre lumière à chaque instant de l’éternité et qui en réjouit sans interruption. Sous la forme du vide et de la plénitude de l’instant, elle pénètre toute chose indistinctement car elle est l’âme, l’être de la réalité, du cosmos, de l’univers et de chaque entité de la création, de la conscience objectifiée. Nul ne pourra jamais faire l'expérience de La Base car Elle deviendra aussitôt un objet de l'expérience qui sera par la suite maintenu sous l'emprise de la pensée. Elle est audelà de l'expérience, de la réalité phénoménale. La seule façon de La connaître, de La réaliser est de L'Etre tout simplement. Il faut pour cela délaisser tous les intermédiaires, tous les outils de l'expérience et se fusionner en l'Etre à travers la pure conscience de l'instant présent, la présence. Quoiqu'il n'est pas possible de faire l'expérience de la Vérité de l'Etre que nous sommes en essence, il faut toutefois souligner que la Vérité peut se manifester, peut briller dans sa splendeur dans le miroir de la pure conscience, de la conscience qui a volontairement suspendu toute activité de la pensée. La pure conscience est par conséquent le seul moyen grâce auquel La Vérité puisse se manifester. Une fois que La Vérité s'est manifestée à travers le miroir de la pure conscience, le conscient va immédiatement et automatiquement l'objectifier et cela produira une expérience spirituelle, qui transformera à jamais la conscience active. Car la pure conscience du supraconscient ne cessera plus de briller et d'irradier la lumière de L'Etre Suprême, que nous sommes tous en vérité. La Vérité est le principe qui anime et illumine la conscience en activité. Elle est donc porteuse et dispensatrice de la vie cosmique et de la lumière de la conscience qui anime et illumine toute chose connu et connaissable. Car sans Elle, il n'y a aucune expérience de quoi que ce soit ni de qui que ce soit. Elle existe et pourtant elle est sans forme particulière, sans localisation particulière. Elle est indistincte, unilatérale, unique, immuable, immobile, ineffable, irréductible, absolue. C'est Elle qui anime, active et illumine la conscience, la prise de conscience, l'expérience. Toutefois, il n'y a qu'à travers la conscience, maintenue à un niveau de grande pureté, que l'on puisse la réaliser. Elle est donc la demeure de la pure conscience et de la conscience active. Elle existe au noyau central de la conscience. Elle est la vie et la lumière qui contient tout en sa présence sans borne et qui est également et simultanément présent en chacun, en tout, partout. Quelques Clarifications :
-à travers les outils de la technologie scientifique, le siège de l’expérience [l'esprit] peut arriver à connaître, à prendre conscience, des faits et données qui sont instantanément inaccessibles aux instruments naturels : comme les astres, les planètes, les galaxies, etc. Le siège peut également connaître des faits et données antérieurs à sa propre apparition: comme la naissance du système solaire, les dinosaures, etc. La prise de connaissance de ces faits et données produit des expériences, qui font par conséquent partie intégrante de la conscience active du siège. Tout ce que les sciences et les technologies peuvent nous apprendre devient automatiquement des objets de l’expérience, de la conscience. -les objets de l’expérience sont intimement liés aux instruments et au siège de l’expérience. Ils existent et évoluent tous dans un contexte de diversité, d’évolution, de flux, de fragmentation, d’instabilité. C’est le monde du devenir : la réalité qui change d’apparence et de rythme. -quand le siège de l’expérience n’est pas en état d’éveil, l’expérience du présent échappe à ses instruments et aux facultés de la conscience. Cela produit une expérience inconsciente. Dans cet état, la conscience est inconsciente car elle ne produit pas d'objets, elle ne se transforme pas en objets. Il n'y a pas de division de la conscience en sujet, objet et interaction entre le sujet et l'objet. Mais cet état de la conscience n'est pas permanent. Par ailleurs, quand le siège n’est que partiellement éveillé, une partie de l’expérience du présent peut être enregistrée par certaines des facultés de la conscience. Cela produit une expérience subconsciente ou semiconsciente. Cet état n'est également pas permanent. -quand le siège de l’expérience est éveillé, attentif et actif dans l'instant présent, l’expérience est consciente car il y a les fonctions de l'esprit, de la pensée telles que perception, association, évaluation et décision. Quand le siège de l’expérience est éveillé, attentif mais passif dans le présent, il y a une expérience supraconsciente car la pensée n'intervient pas dans la perception. Les facteurs qui engendrent la diversité, la fragmentation, la division, la dualité de l’expérience sont ainsi inactifs. Dans cet état de la pure conscience, il y a une grande paix, un sentiment de perfection, d’être infini, éternel, indivisible propre à la pure conscience. -la méditation consiste à atteindre cet état de la pure conscience, la base permanente et omniprésente de l’expérience. Il faut pour cela : *se déconnecter de la conscience inférieure qui évolue dans, et se limite à, la diversité et le devenir [le corps, les sens, le mental, l’ego, le désir, la souffrance, la violence, l’instabilité, le plaisir, le pouvoir, etc.] * tourner l’attention vers la base de l’expérience qui est au-delà des activités mécaniques et réactives du siège de l’expérience * s’engager à vivre dans la réalité du présent tout en étant attentif à l’espace de la pure conscience qui pénètre tout, partout, afin que la base, qui emplit et soutient l’espace et l’instant présent, puisse se dévoiler plus aisément. * vivre d’une telle manière à ne pas provoquer un excès d’agitation et de conflit au sein du siège et chez les instruments de l’expérience. L’agitation excessive engendre la réactivité mentale qui déroute et dégrade l’énergie de l’attention. Sans l’énergie de l’attention, la base ne pourra jamais être réalisée.
-la base de l’expérience est perpétuellement dans un état d’unicité, d’être, de perfection, d’immobilité et d’intégrité. C’est cela la vérité, la vraie conscience éternelle, omniprésente, infinie et parfaite. Elle est omniprésente car elle permet à chaque élément de l’expérience d’exister et de se manifester dans la création. Elle est éternelle car elle est la source et le substrat du temps, de l’espace et de l’évolution. Elle est parfaite car elle est toujours complète et ne dépend de rien ni de personne pour se compléter, pour s’accomplir. Comprendre La Base: -la base, l'essence, l'élément de base de l'univers matériel, du cosmos, est la particule de la matière et de l'énergie. Sans la particule, il ne peut y avoir d'univers. -la base, l'essence, l'élément de base de tout organisme vivant est la cellule vivante, qui est une organisation extraordinaire de particules de la matière et de l'énergie associées au principe du souffle de la vie. Sans la cellule vivante, il ne peut y avoir d'organisme vivant. -la base, l'essence, l'élément de base de l'expérience est la conscience. La conscience signifie connaître, prendre conscience de quelque chose. Ainsi, être conscient signifie être conscient d'un objet de l'expérience à travers les instruments et le siège de l'expérience. L'expérience, de par sa nature, divise la conscience en sujet et objet. Le monde des sujets et des objets de l'expérience constitue le champs de l'expérience où tout se passe. C'est cela le champs de la réalité, du cosmos, la forme de la conscience. La conscience ainsi manifestée chez chaque unité de conscience devient le sujet qui fait l'expérience en opposition aux objets connus dans le champs de l'expérience. Ainsi, il y a conscience ou expérience de soi et des autres [non-soi] dans le monde de la réalité. Mais, le moi, le sujet n'est en effet rien d'autre qu'un objet de l'expérience car il est aussi généré par l'expérience, par la conscience, par l'expérience consciente. La conscience manifestée, la conscience transformée en objets matériels, se manifeste à trois niveaux. Il y a l'expérience consciente pendant l'état d'éveil où tous les instruments du corps physique et le siège de l'expérience sont actifs. Il y a ensuite l'expérience sub-consciente pendant la rêverie où les instruments du corps physique sont temporairement inactifs et où la pensée, l’impulsion et la mémoire avec leurs cortèges d'images, de valeurs et de sons symboliques sont actives et à l'avant plan du siège. Le mental réceptif, l'intellect et l'ego, qui sont des facultés conscientes, sont relégués à l'arrière plan et n'arrivent pas à s'imposer. Il y a aussi l'expérience inconsciente où les instruments du corps et les facultés de l'esprit sont complètement absorbés dans l'inconscience du sommeil profond. Il y a l'expérience du vide, de l'absence, de la discontinuité. Qui fait cette expérience du vide, qui n'est pas la destruction complète de l'organisme et de ses facultés mais uniquement une absence de conscience d'objets et de sujet? Car pendant cet état d'inconscience d'objet et de sujet, cette unité de la conscience qu'est l'organisme aussi bien que son champs de d'expérience avec tous ses objets, entités et évènements sont maintenus en existence; ils continuent d'exister inconsciemment. Quel est ce principe vital et
permanent qui maintient tout en existence [dans un état indistinct], même en l'absence de la conscience consciente et subconsciente? N'est pas cela la suprême vérité, la suprême identité, le vrai sujet impérissable et immuable. Sans Cela, il n'y a ni champs de l'expérience, ni objets de l'expérience, ni sujets de l'expérience ni états de conscience. C'est Cela la base de toute l'existence, de la réalité. C'est cela la vérité que nous sommes au delà des modifications du temps, de l'espace et de l'évolution. Cela est Etre Infini et Eternel, Conscience Immuable et Indestructible, Perfection Absolue et Impérissable. Cela est notre véritable identité impérissable et parfaite.
LA PRATIQUE SPIRITUELLE
Adhyâtmâ Darshanam
Selon Adhyâtmâ Darshanam, la pratique spirituelle consiste à observer attentivement, à connaître, chaque expérience et surtout à bien surveiller le siège qui produit l’expérience. Il faut pour cela s’observer constamment et être bien attentif à la réalité du présent. Il faut surtout bien comprendre et réaliser que toute expérience est faite de conscience: inanimée, animée, subconsciente, consciente, inconsciente, supraconsciente. Tout est essentiellement une manifestation de la conscience, perçue à travers les instruments et le siège de l’expérience dans le champs de l'expérience. Tous les objets de l’expérience: les choses, les situations, les émotions, les sensations, les désirs, le plaisir, la souffrance, la naissance, la mort, l’évolution, bref tout ce qu’on peut connaître directement ou indirectement, tout ce dont on peut faire l'expérience, sont des manifestations de la conscience en activité. La conscience [matérielle] en activité est perpétuellement dans un état de devenir tandis que la pure conscience passive, la base immobile de l’activité, est perpétuellement dans un état d’être, de pure conscience et de plénitude. Réaliser cela équivaut à connaître la suprême vérité. Etre cela équivaut à être la vérité ultime. C’est cela le secret de la réalisation de la Suprême Vérité et de la libération de la conscience. Afin de voir la réalité en face, il nous suffit de délaisser nos croyances, espérences et rêveries, n'est-ce pas?. De la même manière, pour arriver à réaliser notre suprême vérité, il suffit de délaisser notre identité liée à l'expérience et d'être tout simplement la base indestructible de la réalité à chaque instant. L'expérience est comme un mirroir qui déforme notre perception. Tout le
monde voit le soleil se lever à l'est et se coucher à l'ouest; ce n'est qu'une perception liée à l'expérience. Ce n'est pas la vérité. La méditation consiste à se libérer de toutes les chaînes du passé, de l'expérience, qui nous contraignent à nous limiter sur le plan du devenir, de la perception déformée et de l'avoir. Il faut pour cela rester bien éveillé à chaque instant autant et aussi longtemps que possible, tout naturellement et spontanément. Vivre et apprécier le moment présent afin de permettre à la lumière de la pure conscience de percer le voile du rêve et de l’irréel qui dicte et limite notre expérience. Eviter tout conflit inutile et toute action qui puisse chasser la paix spontanée et le loisir naturel de l’esprit. La méditation nous permet de voir clairement et de discerner le vrai du faux et de rejeter le faux instantanément. Voir le faux, l’irréel comme le faux, l’irréel et, par la suite, être capable de rejeter le faux, l’irréel exigent de l’intelligence, du courage et une certaine maturité spirituelle. La méditation nous simplifie; la méditation simplifie tout. Elle nous conduit à la Vérité tout simplement. Encore faut-il avoir le courage et la passion de persévérer. La réalisation n’est jamais compliquée ni le chemin qui y mène. Nous sommes ce chemin et nous sommes le but, la destination finale. C'est un voyage du moi au Je, de l'ego à L'Etre, de l'ombre à la lumière, du réel au vrai. Méfiez-vous! Le vrai maître spirituel n’est pas celui qui arrive à produire le plus grand nombre de dévots et de disciples et qui les maintient sous son emprise mais plutôt celui qui produit de maîtres, des êtres libres et illuminés. Le vrai maître c'est vous lorsque vous réalisez la suprême vérité, lorsque vous réalisez que vous êtes la suprême vérité. Soyez le maître de votre destinée spirituelle et réjouissez vous! 3. LES BASES DE ADHYATMA DARSHANAM: (i) AUM
Pranava
(ii) SHAM
Prashânti
(iii) KARMA
Pouroushârthas
ADHYATMA DARSHANAM ET SANATANA DHARMA:
LES BASES DE ADHYATMA DARSHANAM Les trois thèmes prédominants et essentiels de Adhyâtmâ Darshanam sont: AUM, SHAM ou SHAANTI et KARMA. Une connaissance de ces trois thèmes aide énormément à la vraie compréhension et à l’appréciation de Sanâtana Dharma.
1. AUM est le nom qui indique la Force originelle, le Principe ultime [pra] sans laquelle rien ne [na] peut exister [va]. Aum est ainsi appelé Pranava: qui détient le destin de l’univers sous son pouvoir. Aum est la Volonté Suprême, l’Intelligence Universelle et l’Agent Cosmique. Aum est Absolu : ne pouvant pas être manipulé par la pensée et l’imaginaire de l’homme. Aum est au-dessus et audelà de tout. En invoquant AUM les sages hindous, les rishis, essaient de se mettre en rapport spirituel avec La Puissance Ultime, La Source de toute la création phénoménale. En ce faisant, ils espèrent tirer un maximum de bénéfices spirituels découlant de ce rapprochement avec La Source Suprême. Le bénéfice majeur étant de connaître et de réaliser leur propre vérité. C’est cela la base de la Spiritualité, de la vraie spiritualité. Aum âtmâ me shoudhyantâm jyotir aham viraja vipâpmâ bhouyâsam Antarâtmâ me shoudhyantâm jyotir aham viraja vipâpmâ bhouyâsam Paramâtmâ me shoudhyantâm jyotir aham viraja vipâpmâ bhouyâsam -La réalisation spirituelle de Aum purifie mon esprit, ma perception, ma conscience extérieure; je me vois dans ma vraie lumière et je réalise la dimension qui est au-delà des imperfections et des péchés. -La réalisation spirituelle de Aum purifie ma conscience intérieure, mon intuition; je me vois dans ma vraie lumière et j’atteins la dimension qui est au-delà des imperfections et des péchés. -La réalisation spirituelle de Aum purifie mon supraconscient, mon intelligence supérieure; je me vois dans ma vraie lumière et j’atteins la dimension qui est au-delà des imperfections et des péchés. Aum est aussi La Suprême Force Créatrice qui s’est transformée en la nature, l’univers et tous ses entités et forces. En prenant conscience des forces de la nature et de l’univers et en leurs rendant hommage, les sages visionnaires rendent ainsi hommage à La Suprême Source. Cet hommage est initialement pur et désintéressé car en ce faisant ils cherchent principalement à apprécier, et à se mettre en rapport avec, La Source, Aum. Les sages ont toujours associé Ritam [l’ordre cosmique, l’harmonie universelle] et Satyam [la vérité, la base de toute l’existence] à Aum. Aum ritam cha satyam châbhî-dhât Tapaso’ dhya-jâyata. Tato râtry a-jâyata
Tatah samoudro arnavah Aum Samoudrâd ar-na-vâd adhi Samvatsaro ajâyata. Aho râtrâ-ni vidadhad Vishvasya mishato vashi Aum Soûrya-chandrama-sau dhâtâ Yathâ poûrvam akalpayat Dîvam cha, prithivîm cha Antariksham atho souvah L’Univers a été crée à partir de La Conscience [abhîdhât], qui est l’Initiatrice de toute activité cosmique [tapaso : transformation de l’énergie] selon les lois cosmiques [ritam] qui repose sur la vérité [satyam]. En Elle a duré la nuit cosmique [râtri]; et après la nuit, à l’aube de la création, s’est activé l’océan causatif [samoudra] des potentiels, qui contient le parcours et le destin de la création. Avec l’explosion des potentiels cosmiques au plan causal inconscient et indistinct, ont émergé l’espace et le temps [samvatsara]. Ensuite, avec la progression de l’évolution [mishato] des potentiels de l’univers [vishva], les divisions de jour [aho] et nuit [râtri] ont fait leur apparition dans le système solaire. Car à partir de La Conscience génératrice [dhâtâ] ont été projetés [akalpayat] le soleil [sourya] et la lune [chandram]; la galaxie lumineuse [divam] et la terre [prithivi]; l’atmosphère [antariksham] et les différents mondes lumineux dans le ciel [svah] comme cela avait été fait auparavant [yathâ poûrvam- comme pendant le jour de la précédente création]. Selon les sages védiques, la première chose à manifester de la Source Cosmique [Conscience] activée a été le noyau primordial resplendissant. Ce noyau primordial est en quelque sorte le foetus cosmique qui fait son apparition dans l’utérus cosmique de la Source Universelle. C’est ce noyau qui devient l’univers dans toute sa diversité et son immensité. C’est ce noyau qui est la réalité primordiale [ritam] qui repose sur la vérité suprême [satyam]. Elle se manifeste initialement comme une lumière rayonnante [hiranya]. Ainsi, les sages védiques chantent : Hiranya-garbhah samavartat-âgre bhoûtasya jâtah patir eka âsit Sa dâdhâra prithivîm dyâm out emâm kasmai devâya havishâ vidhema Le noyau primordial [garbha] resplendissant [hiranya] qui existait avant [agre] la création de l’univers [samavartat],
Est l’unique [eka] Source [jâtah], le Soutien [patir] des mondes [bhouta] et créatures [jâtah], C’est Lui qui est le support [dâdhâra] de cette [emâm] terre et aussi [out] des cieux [dyâm] ! Quel [kasmai] est le moyen [vidhema] d’établir un rapport [havisha] avec cet Etre transcendantal [deva]? Ya âtmadâ baladâ yasya vishva Oupâsate prashisham yasya devâh yasya châyâ amritam yasya mrityouh kasmai devâya havishâ vidhema Source de la prise de conscience [âtmadâ] et de la vitalité, qui est recherchée [oupâsate] et glorifiée [prashisham] par les sages du monde entier [vishva devâh], Celui dont la présence [châyâ] anime ce qui est immortel [amritam] et ce qui est mortel [mrityou] Quel [kasmai] est le moyen [vidhema] d’établir un rapport [havisha] avec cet Etre transcendantal [deva]? Yah prânato nimishato mahitvaika Id râjâ jagato babhoûva ya îshe asya, dvîpadash-chatoushpadah kasmai devâya havishâ vidhema Celui qui grâce à Sa puissance et majesté [mahitva] est le Seul et Unique [eka id] Souverain [râjâ] qui a manifesté [babhoûva] le royaume des mondes [jagato] des objets [nimishato] et des créatures [prânato] Et qui anime [îshe] les bipèdes [dvîpada] et quadrupèdes [chatoushpada] de la terre Quel [kasmai] est le moyen [vidhema] d’établir un rapport [havisha] avec cet Etre transcendantal [deva]? Yena dyaur ougrâ prithivî cha dridhâ yena svah stabhitam yena nâkah yo antarikshe rajaso vimânah kasmai devâya havishâ vidhema Celui qui [yena] maintient en ordre [stabhitam] fermement [dridhâ] les extraordinaires [ougrâ] corps célestes [dyaur] et la terre [prithivî] dans leur orbite et parcours Celui qui a établi le ciel [svah : l’espace sidéral] et la substance primordiale [nâkah] Et qui règne [rajaso] sur tout ce qui circule [vimânah] à travers les dimensions éthériques [antarikshe] de l’atmosphère terrestre Quel [kasmai] est le moyen [vidhema] d’établir un rapport [havisha] avec cet Etre transcendantal [deva]?
Prajâpaté na tvad-etany-anyo Vishvâ jâtâni paritâ babhûva Yat kâmâs te juhumas tanno Astu vayam syâma patayo rayînâm Support Suprême des créatures [Prajâpati], il n’y a nul autre que Toi [na tvad-anyah] qui a manifesté Ta grandeur [paritâ babhoûva] à travers tous ces [etâni] mondes [vishvâ] et creatures [jâtâni]. Nous soumettons à Toi [te jouhoumah] les desirs [yat kâmâh] que nous avons [tanno astou] de Te connaître. Puissions-nous [vayam] devenir [syâma] les bienheureux récipiendaires [patayo] de la richesse de Ta Grâce [rayinâm]. Sa no bandhour janitâ sa vidhâtâ Dhâmâni veda bhouvanâni vishvâ Yatra devâ amritam ânashânâs Tritiye dhâmann adhyair-ayanta La Suprême Conscience [Sa] est notre [nah] compagnon intime [bandhou], notre source [janitâ], et le maître de notre destin [vidhâtâ]. Elle connaît et illumine [veda] toutes les régions [dhâmâni] des mondes [bhouvanâni] de l’univers [vishvâ] dans sa totalité. C’est là [yatra] que les sages [devâ], ayant goûter [ânashanah] à la béatitude de l’éternité [amritam], arrivent [adhyair ayanta] après avoir traversé le monde [dhâman] des trois états [tritîye : conscient, subconscient et inconscient]. Quelle belle et pure glorification de Aum dans cet hymne. Mais malheureusement, par la suite, à cause de la corruption de la pensée égoïque, il y a une absurde et futile tentative de la part de certains esprits malins de manipuler et de capturer les forces de la nature émanant de La Source afin de les mettre à leur propre service. Ainsi, les divers rites et mantras ont fait leur apparition. C’est en soi une forme de sorcellerie, de magie blanche, qui consiste à attirer, adoucir, aduler, corrompre à travers de offrandes et incantations spécifiques une force ou plusieurs forces de la nature et finalement les contraindre à agir en notre faveur. Cette approche corrompue fait partie de toutes les religions primitives dans leur quête de sécurité et de certitude. Mais à quel point et degré est ce que cela marche? C'est une toute autre histoire. La plupart des personnes, adoptant une approche égoïque et corrompue, s’adonnent à ces pratiques illusoires et psychologiquement immatures. Puisque Aum est absolu et impersonnel, donc au-delà de la pensée, de l’imagination et de la manipulation humaine, certaines personnes, pour des raisons diverses, ont essayé de le rendre plus accessible et « humaine » et moins absolu et parfait. Ils ont attribué des caractéristiques humaines à L’Originel et ont ainsi mentalement inventé un substitut imaginaire qui a fini par remplacer la vérité.
Ainsi, Aum est remplacé par un dieu plus ou moins humain avec des pouvoirs extraordinaires mais qui peut être subtilement manipulé par les humains. Ce dieu des religions est en quelque sorte un surhomme car il a été conçu par les hommes pour les besoins humains. En dégradant [avatâr] le principe absolu à un niveau humain afin de le rendre plus accessible et objectif, les hommes ont donc inventé les dieux [mourtis : personnalités divines], qui ne sont en vérité que des concepts, symboles et idées surimposés sur Aum, l’absolu. Certaines cultures ont attribué des formes à leur dieux ; d’autres ont préféré le garder invisible. Avec ou sans forme, dieu reste un concept fondamentalement humain. Avec la naissance de dieux, les légendes se sont multipliées. Les bibles et les prophètes ont fait leurs apparitions. Les religions se sont organisées et érigées en des systèmes de pouvoir et d’autorité. La sorcellerie, la magie, les symboles, les rites se sont pleinement développés et la spiritualité s’est complètement éclipsée. L'importance des dieux a complètement voilé celle de Aum. Il n’y a qu’à observer les religions du monde pour prendre conscience de ce triste constat. Les dieux sont invoqués pour « avoir » tandis que Aum est invoqué pour « être » tout simplement. Au chapitre 7, la Bhagavad Gîtâ attire notre attention sur l’adoration des dieux et offre une fort belle analyse de la situation. 7.20. Il y a ceux dont la sagesse a été subjuguée par la puissance de leurs désirs matériels et égoïstes, sous l’emprise de la nature matérielle, qui s’adonnent à l’adoration des divers dieux en adoptant des règles et rites qui correspondent à chacune de ces divinités. 7.21. Quelque soit le concept, l’image de dieu qu’un tel dévot, désirant un objet mondain, choisit d’adorer selon sa croyance et sa disposition personnelle, c’est en effet son vrai Moi, La Conscience Illuminatrice, Aum, qui est son réel support et sa véritable destinée. 7.22. Poussé par sa croyance aveugle et ses besoins mondains, il adore ce concept et il pense obtenir de cette divinité les objets du plaisir qu’il désirait et qui sont autrement si facilement accessibles car ils ont été ordonnés par le vrai Moi, La Conscience de L'Etre. [Nul ne peut rien obtenir d’un quelconque dieu s’il ne fait pas l’effort nécessaire (karma) et si cela n’est pas dans l’ordre des choses accessible [prâpti]. Le dieu n’est qu’un prétexte, un faux intermédiaire inventé par l’esprit de l’homme, aveuglé par ses impulsions et désirs]. 7.23. Le fruit, le résultat, autrement si facilement accessible, obtenu par ces gens d’intelligence limitée, est de nature périssable et éphémère. Ceux qui adorent les dieux imaginaires atteindront le monde illusoire des dieux [la perdition] tandis que ceux qui se sont dévoués au vrai Moi, l’Unique Etre, la Vérité implacable, atteindront la Vérité.
7.24. Ceux qui ne comprennent pas la véritable nature invisible du vrai Moi [Etre] s’imaginent que le vrai Moi se manifeste à travers une forme particulière alors que le ‘Je suis’ est l’Etre Suprême qui ne peut être perçu ni par l’esprit ni par les sens ; le ‘Je suis’ est l'existence transcendantale. 7.25. Le vrai 'Je' [Etre] ne peux pas être perçu par tout le monde car le Je est voilé par le brouillard de l’activité cosmique phénoménale [yogamâyâ]. Par conséquent, les ignorants du monde n’arrivent pas à reconnaître le Je : le vrai Moi qui est incréé et immuable [parfait]. 7.26. Arjouna ! Le 'Je' connais tout le passé, le présent et l’avenir des entités, mais nul ne peut connaître le vrai Moi. Au chapitre 8, la Bhagavad Gîtâ s'approfondit d'avantage sur l’Etre Suprême et le moyen sûr de l’atteindre. 8.11. Je vais t’expliquer brièvement à propos du But Suprême, qui est appelé l’Indestructible par ceux qui connaissent l’essence des Védas [la sagesse spirituelle]. Dans cette dimension indestructible, les êtres éclairés, libérés des appêtits mondains, pénètrent et par l’amour de qui ils suivent la voie de l’Infini [brahmachâri]. 8.12-13. Fermant toutes les portes des sens, et maintenant l’esprit fermement dans le cœur spirituel, ensuite fixant le souffle vital dans la conscience consciente, pratiquant la méditation selon le Yoga en se fixant sur Aum, qui est l’unique principe impérissable et ne prenant conscience que du Moi Supérieur [le vrai Soi], celui qui arrive ainsi à se libérer en abandonnant l’identification au corps atteint le But Suprême. 8.14. Pârtha ! Le ‘Je suis’ est facilement accessible au yogi qui est constamment éclairé, qui a l’esprit libre de toute distraction et illusion et qui est constamment conscient de la Présence du Je [son vrai Moi]. 8.15. Pour les grandes âmes, qui ont atteint la suprême perfection et le but ultime et qui se sont unis au vrai Moi, il n’y a plus d'enchaînement de leur conscience dans le monde éphémère qui est rempli de souffrance. 8.16. Arjouna ! Les mondes qui évoluent dans ce grand cosmos [âbrahma-bhouvanâl-lokâh] sont assujettis à la loi de l'enchaînement ; mais quand on a atteint le vrai Moi, il n’y a plus d'enchaînement de la conscience. 8.17. Il faut savoir que la durée complète d’une journée du grand cosmos est de mille éons, et sa nuit est de mille éons. Ceux qui savent cela connaissent ce qu’un cycle cosmique. 8.18. Au début du jour cosmique, toutes les entités distinctes émergent de l’Indistinct, de la dimension latente ; quand arrive la
nuit cosmique, elles vont se dissoudre dans ce qu’on appelle l’Indistinct, le non-manifesté. 8.20. Mais au-delà de la nuit de l’Indistinct, il existe une autre dimension non-manifestée qui est éternelle et immuable. Elle ne périt pas alors que toutes les entités périssent. 8.21. Cette même dimension non-manifestée, qui est considérée comme étant Indestructible, est aussi appelée le But Suprême. C’est cela la suprême Demeure de l'Etre atteignant laquelle nul ne sera plus sujet à l'enchaînement. 8.22. Pârtha ! Cette Suprême Présence [Pourousha - Je], éternelle et non-manifestée, qui est présent à l’intérieur de toutes les créatures et partout dans cet univers et dans laquelle réside l’univers, ne peut être atteinte que par le dévouement total et exclusif. Il faut aussi savoir que Aum est également appelé Pourousha, l’Etre intérieur, la pure conscience de l’Etre qui se trouve au plus profond et à la base de chaque individu. Pourousha peut aussi se traduire comme Présence, ou même conscience illuminatrice. Au sujet de Pourousha, le Rig Veda nous illumine de la façon suivante : Sahasra shîrshâ pouroushah sahasrâkshah sahasrapât sa bhoûmim vishvato vritvâ atyatishthad dashângoulam Aum, La Présence Indestructible, la pure conscience en nous et en tous, est Omnisciente, Omniprésente et Omnipotente. Elle perçoit à travers les milliers [sahasra] d’esprits [shîrshâ], Elle voit à travers tous les yeux [âksha] et Elle voyage à travers toutes les pattes et tous les pieds [pâd]. Elle emplit la terre [bhoumi] et l’univers [vishvam] dans sa totalité et s’étend au-delà de l’univers par dix mesures [dashângoulam]. Elle est immanente et transcendantale. Pourousha evedagüm sarvam yad bhoûtam yaccha bhavyam outâmritat-vasyéshânah yad annenâti-rohati Aum, l’Etre qui habite en nous et en tous, est véritablement toute l’existence [sarvam]- tout ce qui a existé dans le passé [bhoutam] et tout ce qui existera dans le futur [bhavyam]. Il est aussi [out] le Support et Motivateur [îshânah] des forces immortelles de l’univers (devas-amritat vasya). En sus de cela, Il est au-delà [ati-rohati] de toute cette [yad] diversité caractérisant l’univers matériel [annena]. Etâvân asya mahimâ
ato jyâyâ-ümsh-cha poûroushah pâdo’sya vishvâ bhoûtâni tripâd asyâmritam divi Autant est la gloire [mahimâ] de l’Etre, qui a manifesté Sa puissance dans Sa création. Mais, Il est infiniment supérieur à Sa création. L’univers des choses, créatures et évènements [vishva bhoûtâni] ne représente que le quart [pâdo] de Sa Majesté. Les trois quarts [tripâda] de Sa Gloire demeurent dans un état de Conscience Illuminée Indestructible [amritam divi]. Tripâdourva oudait pouroushah Pâdo’syehâbhavât pounah Tato vishvang vyakrâmat Sâshanâ-nashane abhi Les trois quarts de la Pure Conscience s’étendent l’au-delà de l'expérience matérielle, dans le royaume de l’Etre [la vérité]. Le quart de Sa Gloire se manifeste encore et encore [pounah] comme la création dans le monde du devenir et de l'avoir [la réalité]. Ensuite, Elle anime et illumine les créatures vivantes et active les objets inertes. Aum est invoqué trois fois au début de toute pratique spirituelle. La raison est très simple: car Aum est la Source d’où la création a émergé. Aum est la Base qui préserve l’organisation de univers suivant son évolution. Aum est La Destination finale où la création, après sa destruction, va se dissoudre. Ainsi, Aum est le substrat et la substance de Création, Préservation/Evolution et Destruction de l’univers et de tous les objets qui évolue dans la création. Aum est essentiellement la base et la destination éternelles de toute l’existence. Les Védas nous instruisent à propos de Aum de la manière suivante : Aum amrito’pastaranam asi swâhâ Aum amrita pidhânam asi swâhâ Aum satyam yashah shrir mayi Shrih shrayatâm swâhâ. Aum est [asi] la base [oupastaranam] éternelle [amrita] et c’est la vérité [svâhâ]. Aum est la destination suprême [pîdhânam] éternelle [amrita] et c’est la vérité [svâhâ]. Que je trouve refuge [shrayatâm] chez Aum qui est fait de vérité [satyam], gloire [yasha], richesse [shri] et beauté [shrih]. Ce que je dis est la stricte vérité [svâhâ]. L’initiation au secret, à la grandeur et à la réalisation de AUM, L’Etre, se fait traditionnellement par le biais de Gâyatri Mantra. Cette initiation est aussi appelée Oupanayanam [ouvrir l’oeil secret de la sagesse spirituelle, voir la face cachée de la réalité] et Gouroumoukha [la parole éclairée qui nous guide vers la réalisation spirituelle]. L’initiation spirituelle, Gâyatri, est un chant [gâya] qui
comporte une série de trois [tri] clés importantes. Gâyatri est considérée comme un mantra car la réalisation de chacune de ses clés possède la capacité de libérer [tra] notre mental [manam] de l’ignorance et de l’obscurité. GAYATRI MANTRA: Gâyatri Mantra nous illumine sur la nature de AUM et sur la pratique spirituelle à entreprendre afin de réaliser le but de la vie et d’atteindre la réalisation spirituelle, l'illumination. C’est cela qui pourrait nous aider à connaître le vrai bonheur et but de la vie. Aum Bhoûr bhouvah svah Aum Tat savitour varenyam Bhargo devasya dhîmahi dhiyo yonah prachodayât Aum AUM : L’Etre Suprême est ETRE-CONSCIENCE-PERFECTION [BeingKnowing-Enjoying]: BHOUR : le principe originel incréé et indestructible qui est la base de toute l’existence. Toutes les choses dépendent de Aum afin d’exister car c’est la force génératrice de Aum qui a manifesté toute la création. Mais Aum ne dépend de rien ni de personne pour exister et briller. Aum, l’Etre, n’apparaît pas ni ne disparaît; Aum est l’âme de toute l’existence, la vie de toute l’existence. Sans vie et sans âme, rien ne peut exister. BHOUVAH : le principe originel et indestructible qui est la base de toute l’évolution. Toutes les choses de l’univers dépendent de Aum afin d’évoluer et de se développer. Guidée par La Suprême Conscience ou Intelligence, l’évolution suit son cours et tout s’organise dans l’univers. Au niveau des êtres vivants, Aum se manifeste comme la conscience, qui les permet de faire des expériences, de se développer et de connaître. Mais AUM ne dépend de rien ni de personne afin de connaître car AUM est Suprême Intelligence et Conscience; Sa nature est de tout connaître, de tout révéler, partout et tout le temps. Rien ni personne ne peut échapper à la conscience de Aum. SWAH : le principe originel et indestructible qui est la base de la perfection et de l’harmonie. Toutes les choses de l’univers dépendent de Aum afin d’atteindre leur finalité, leur perfection, et de compléter leur parcours. Il y a certains qui réussissent et d’autres qui échouent à arriver au bout du parcours. Mais Aum ne dépend de rien ni de personne pour Sa perfection; Aum est La Suprême Perfection, La Plénitude. Aum est éternellement complet et parfait. AUM, qui ETRE-CONSCIENCE-PERFECTION, peut être accessible et réalisable à travers la pratique spirituelle TAT : Aum est un principe secret et suprême [transcendantal] car Aum n’est pas un objet de la création. SAVITOUR : Aum est La Source génératrice et révélatrice de toute la création qui se cache au plus profond de chaque entité et de chaque objet de l’univers VARENYAM : Aum est Unique et Extraordinaire car Aum captive notre attention et nous rend humble et soumis à La Loi Cosmique.
Donc, l’approche spirituelle consiste à diriger son attention au plus profond de soimême afin d’atteindre la dimension secrète et sacrée de La Suprême Source de toute la création. BHARGO : Aum est le parfait, lumineux et excellent DEVASYA : principe qui se situe au-delà de la matière et de la pensée: l’Etre pur transcendantal, DHIMAHI : sur lequel il faut méditer constamment avec un mental calme et détaché. Donc, une fois la dimension sacrée est identifiée, la pratique spirituelle de demeurer éveillé peut commencer. La pratique spirituelle consiste à se diriger avec chaque mouvement du souffle l’attention du mental, silencieux et libéré des images et bruits mondains, vers la dimension sacrée et parfaite de L’Etre-ConscienceBonheur. DHIYO : la pure conscience spirituelle, ainsi générée, YO-NAH : en nous, grâce à cette reconnaissance et cette pratique spirituelle PRACHODAYAT : nous guidera et nous élèvera afin que nous puissions éliminer les obstacles de la vie et agir de telle façon à atteindre l’épanouissement et le bonheur à chaque instant de la vie. AUM : Ce rapprochement spirituel avec la dimension sacrée et parfaite en nous, assisté par la bonne conduite que cela impose à chaque instant de la vie, peut nous procurer SHANTI : la paix dans nos relations avec les autres SHANTI : la sérénité de l’esprit SHANTIH : le bonheur profond et durable de l’Etre. GAYATRI MOUDRA: Gayatri Moudrâ, enseigné aux jeunes, est une façon symbolique mais efficace de mieux comprendre les clés mystiques de Gâyatri. Cette moudrâ est exécutée dans la posture assise après quelques profondes respirations. Le dos doit être maintenu droit et les yeux clos. AUM : posture de namaskâra avec les mains jointes devant soi BHOUR : les deux mains sont placées sur le nombril, le centre d’où émerge le souffle de la vie. Aum est la vie qui nous anime et nous maintient en vie. BHOUVAH : les deux mains placées sur le coeur [poitrine gauche], le centre des émotions. Aum est la force qui maintient le coeur en activité et nous permet d’avoir des émotions et réactions. SWAH : les deux mains placées sur la tête, le centre de la conscience. Aum est la force en nous, permettant de faire des expériences, de connaître et de comprendre. AUM : Posture de namaskâra TAT SAVITOUR VARENYAM : les deux mains placées sur le centre de la poitrine où se trouve le coeur spirituel
BHARGO DEVASYA DHIMAHI : la main gauche est placée sur la nuque et les extrémités du pouce et de l’index de la main droite sont jointes et placées sur le Trikouti, l’Oupanayanam, le troisième oeil. La pratique de la méditation qui consiste à pénétrer au plus profond de l’esprit, de la conscience. DHIYO YO NAH PRACHODAYÂT : les deux mains placées sur la tête se glissent du sommet de la tête et descendent sur le visage en caressant les deux yeux et les joues. AUM : retour à la posture de namaskâra. Les plus petits enfants sont initiés à cette science spirituelle en dessinant une personne assise avec AUM ou un soleil brillant au centre de son cœur. Les rayons de Aum émanant du cœur partent vers tous les organes principaux du corps : la tête, les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, les bras, le bas-ventre et les jambes. Il y a un chant védique qu’on associe souvent à cet exercice. Aum vâng ma âsye’stou Aum nassor me prâno’stou Aum akshnor me chakshour astou Aum karnayor me shrotram astou Aum bâhvor me balam astou Aum ourvor me ojo’stou Aum arishtâni me’angâni Tanous tanvâ me saha santou Aum, la base unique sur laquelle repose et dépend toute l’existence, est comme la parole [vâk ou vâng] qui émane de ma bouche. Car une bouche muette est sans vie et donc sans âme. A travers la parole, je déduis Aum. Aum est comme le souffle de la vie [prâna] qui circule à travers mes narines. Car sans le souffle vital, on cesse de vivre. Le souffle est la vie, l’indication de l’âme. Aum est comme la vision [chakshou] qui anime mes yeux. Car les yeux aveugles sont sans vie et sans âme. Ils sont inutiles. Aum est comme la capacité d’entendre et d’écouter [shrotram] qui anime mes oreilles. Car les oreilles sourdes sont sans vie, sans âme et donc inutiles. Aum est comme la force physique [balam] qui anime mes bras et me permet d’agir. Sans cette force d’action qui circule dans mes bras je ne peux rien faire ni accomplir. Donc, mes bras seront inutiles, sans vie et sans âme. Aum est comme la mobilité qui anime mes jambes et les permet de se déplacer. Sans cette force physique, je resterai immobile et mes jambes seront inutiles, sans vie et sans âme.[Aum est aussi comparable à la virilité et la fertilité [ojas] qui anime l’organe génital car sans virilité et fertilité, il ne peut y avoir de procréation. Et la race s’éteindra].
Aum est surtout cette vie, cette force, qui anime et active tous les organes sains [arishtâni] de ce corps grâce auxquels je peux bien vivre. A propos de Savitour, La Source, il y a un chant védique qui nous illumine: Aum vishvâni deva savitar Douritâni parâsouva Yad bhadram tanna âsouva Aum est la Source [savitar][ de l’univers [vishvâni] et le Principe qui est au-delà de la matière et de la pensée [deva]. La réalisation de cette dimension mystique, qui se trouve au-delà de notre ego, nous permet de transcender [parâsouva] les obstacles et imperfections [douritâni] associés au monde matériel, dominé par la pensée. Elle [tat] nous [nah] permet d'atteindre [âsouva] ce qui est bon et auspicieux [bhadram]. Gâyatri Mantra parle également des sept vyâhritis, des sept états de la conscience, de Aum. Ils sont : bhouh- la conscience inanimée, bhouvah- la conscience animée, svah- la conscience sémi-consciente, mahah- la conscience rationnelle et mature, janah- la conscience éveillée et créative, tapah- la conscience en mutation, et satyah- la conscience de la vérité, la réalisation de la vérité de l’Etre. Bref, Gâyatri nous enseigne que tout est fait de conscience vibrant à un certain niveau de l’évolution. Le but suprême de l’évolution est satyah, mais l’évolution ne conduit pas automatiquement et inévitablement à ce but suprême. Il doit y avoir un élément d’effort conscient et personnel afin d’atteindre un état rationnel, un état éveillé dans le présent vierge et omnipotent et une mutation de la conscience évolutive afin que la dimension parfaite et indestructible de l’Etre, du vrai Je, du vrai sujet, puisse se révéler. Par ailleurs, Gâyatri Mantra décrit la dimension parfaite de l’Etre, de la pure conscience, Aum, comme suit : Aapo- transparente et omniprésente, jyoti- de nature resplendissante et illuminatrice, rasa- pure essence immatérielle, amritam- indestructible, brahma- absolue, bhour- existente, bhouvah- consciente, svah- parfaite.
LES BASES DE ADHYATMA DARSHANAM:
(ii) SHAM Prashânti
2. Le second thème prédominant de Adhyâtmâ Darshanam est SHAM ou SHÂNTI. Sham et Shânti sont traduits comme la grâce et la paix. La grâce et la paix sont considérées comme essentielles au bonheur de la vie. Sans eux, la vie
n’a pas de sens. La paix [shânti] est la suprême [pra] richesse et vertu de l'être humain; c'est pourquoi elle est appelée Prashânti. La grâce et la paix sont les résultats d’une vie bien vécue selon les règles de la droiture, de l'humanité, de l'intelligence et de la justice. Elles sont les fruits de la connaissance de la vérité et de la pratique de la droiture: la vérité en action. A travers la grâce et la paix, on peut connaître l’amour vrai aussi bien que la compassion. Aum, la pure conscience, est de la nature de cette suprême paix [sham], de cette parfaite douceur [shiva] et de cet immense bien-être [maya]. Les Védas chantent : Aum namah shambhavâya cha mayobhavâya cha Namah shankarâya cha mayaskarâya cha Namah shivâya cha shivatarâya cha Aum est glorifié comme étant de la nature [bhava] de la paix [sham] et du bonheur [maya]. Aum est glorifié comme étant le dispensateur [kara] de la paix [sham] et du bonheur [maya] Aum est glorifié comme étant la parfaite douceur [shiva] et la suprême grâce de l’Etre qui nous libère [tara] de nos chaînes. Quelques chants védiques sélectifs qui traitent de la grâce et de la paix: Sham no devir abhishtaya âpo bhavantou pîtaye Shanyor abhi-sravanntou nah. Cette grâce [et cette paix : sham], qui se trouve en nous, est de nature immatérielle [devir] et elle est très convoitée partout et toujours car elle nous donne une immense satisfaction. Que cette paix divine rayonne toujours autour de nous! Tat shamyor â vrinî mahe gâtoum yagyâya gâtoum yagyapataye daivî swastir astu nah swastir mânoushe-bhyah oûrdhvam jigâtou bheshajam shanno astou dwipade, sham chatoushpade Que la paix [shamyor] transcendantale [tat] descende sur nous ! C’est la chanson [gâtoum] que les maîtres spirituels [yagnyapate] chantent [gâtoum] pendant la pratique spirituelle [yagnya]. Que toutes les bénédictions immatérielles, associées à cette fraîcheur spirituelle, descendent sur nous! Que grâce à elle, tous les humains soient heureux et épanouis [sou-asti]! Qu’ils s’élèvent et découvrent la vraie santé! Que cette douce paix en nous rejaillisse sur tous les êtres de la terre, bipèdes et quadrupèdes! Shan no mitra sham varouna Shan no bhavatou aryama Shan no indro brhaspati
Shan no vishnour ouroukrama Namo brahmane namaste vâyou Tvam eva pratyaksham brahmâsi Tvam eva pratyaksham brahma vadishyâmi Ritam vadishyâmi satyam vadishyâmi Tan mâm avatou tad vaktâram avatou Avatou mâm avatou mâm avatou vaktâram Que cette paix immatérielle soit présente en nous durant le jour [mitra] et pendant la nuit [varouna] Que cette paix [shan] se manifeste en nous durant tout notre parcours [aryama] Paix ! Tu es notre support [indra] et notre suprême guide [brihaspati] Paix! Tu es omniprésente [vishnou] et omnipotente [ouroukrama] On t’appelle [namo] l’Etre Suprême [brahman] et on te glorifie comme la Vie [vâyou] Tu es en effet [tam eva] l’Etre Cosmique [brahman] qui est visible [pratyaksham] à travers toute la création En effet [eva], j’affirme [vadishyâmi] que Toi [tvam], L’Etre Suprême [brahman], Tu es perceptible [pratyaksham] à travers tout l’univers, qui est Ta Forme Visible. Ce que je dis [vadishyâmi] est La Réalité [Ritam : que je perçois], ce que je dis est La Vérité Absolue [satyam] Que cette réalisation mystique [tat] me [mâm] protège [avatou] et protège celui qui la dispense [vaktâram] Paix immatérielle, protège-moi, protège moi et protège le maître, qui m’a donné cette réalisation. Aum
dhyauh shântir, antarikshagm shântih, prithivî shântir, âpah shântir, aushadayah shântih, vanaspatayah shântir, vishvedevâh shântir, brahma shântih, sarvagm shântih, shântir eva, shântih sâ mâ, shântir edhi… Aum, l’Etre Suprême, se manifeste en nous comme une paix transcendantale. Cette paix [shânti], qui est en nous, emplit la région du ciel [dyaus- solaire/astrale], la région atmosphérique [antariksham- image intérieure/éthérique], la terre [prithivîterrestre/ physique] ; elle emplit les eaux [âpah], les végétations [aushadayah], les grandes forêts [vanaspatayah]. Elle emplit la conscience des sages [devâh] du monde entier [vishve], elle emplit l’univers [brahma]. Dans toutes les directions [sarvam], il n’y a en effet [eva] que cette immense fraîcheur. Que cette paix éternelle et universelle [sâ] demeure en moi [mâ] pour toujours.
LES BASES DE ADHYATMA DARSHANAM: Pouroushârtha
(iii) KARMA
3. Le troisième thème prédominant de Adhyâtmâ Darshanam est KARMA : l’action, le devoir, l’engagement, l’effort et le comportement. Selon l’hindouisme profond, chaque entité de l’univers est dans une grande mesure contrainte par les lois universelles à agir afin de survivre et de s'épanouir. L’humanité n’est pas exempte de cette obligation d’agir. Mais l’action de l'humain doit être guidée par une science [veda, vidyâ], par une moralité [dharma] car elle produit inévitablement des conséquences et résultats, qui à leur tour, entraînent d’autres actions, conséquences et réactions. C’est cela qu’on appelle le cycle de l’action et de la conséquence. Ainsi, l’action de l’humanité devient un devoir social qui doit être guidé par les pouroushârthas, les quatre buts de l’action qui assurent la réussite et qui procurent la paix et le bien être. Les quatre pouroushârthas, qui doivent être atteints par l’effort et l’éducation [artha] de l'humain [pourousha], sont : Dharma [la droiture, la justice, les vertus sociales], Artha [la richesse matérielle et spirituelle ; l’effort], Kâma [le plaisir, la procréation, la famille] et Moksha [la réalisation de la vérité immortelle qui détruit l’ignorance, l’illusion, les superstitions, l’attachement à l’irréel]. Selon les Védas, l’étude sincère et l’effort continu de chaque personne [pouroushârtha] doivent être constants afin de lui permettre d’être apte à bien agir à chaque instant de la vie. Le sage chante les louanges de l’effort d'étudier et de ses bienfaits : Stoutâ mayâ varadâ veda-mâtâ prachodayantâm pâvamânî dvijânâm Ayouh, prânam, prajâm, pashoum, kîrtim, dravinam, brahmavarchasam Mahyam datvâ vrajata brahmalokam.
J’étudie et j’apprends [stoutâ] les enseignements essentiels [véda] qui, telle une mère [mâtâ], me [mayâ] guident [prachodayantâm] en m’offrant [varadâ] la chance et l’opportunité d’épanouir pleinement sur le droit chemin. Ils purifient [pâvamâni] et élèvent l’intelligence des chercheurs sincères et sérieux de la vérité [dvijânâm]. Grâce à cette connaissance, je peux respecter et apprécier l'importance de la vie [ayou], la santé [prânam], les citoyens [prajâm], les animaux [pashoum], l’honneur [kirti], la richesse [dravinam] et la sagesse spirituelle [brahma varchasam]. Ainsi, je comprends comment acquérir une bonne espérance de vie, une bonne santé et vitalité, une bonne vie sociale, des capitaux, une bonne réputation, de la prospérité à léguer et de la sagesse spirituelle. Grâce à cette connaissance, je peux aussi atteindre la dimension indestructible de Brahman, l’Etre Suprême, La Pure Conscience Absolue en nous et que nous sommes en vérité. Selon le Manou Smriti des Védas, les dix signes et vertus de la pratique de Dharma sont : Dhriti kshamâ damo-steyam Shaucham indriyanigraha Dhîr vidyâ satyam akrodho Dashakam Dharma lakshanam Dhriti : la persévérance [la volonté], Kshamâ : le pardon [la patience, la tolérance], Dama : la maîtrise de l’esprit, Asteyam : le respect des biens d’autrui [l’incorruptibilité], Shaucham : l’hygiène [la pureté, la chasteté], Indriya-nigraha : le contrôle des sens [la discipline], Dhir : l’intelligence, l’intuition, Vidyâ : l’éducation, la formation continue, la perfection de la connaissance, Satyam : la vérité, l’intégrité, l’honnêteté et Akrodha : la non-violence, la nonbrutalité, l’innocence - constituent les dix signes d’une personne sociable et civilisée qui pratique Dharma. La justice [dharma] protège ceux qui pratiquent et préservent les codes de la bonne conduite [dharma] : Dharmo rakshati rakshitah. Une personne pratiquant les codes de la bonne conduite, imposés par la société dans laquelle il vit, n’a peur de rien. Celui qui n’a peur de rien, qui est sans angoisse, est une personne heureuse et paisible qui a toutes les chances d’épanouir librement et pleinement. Ainsi, à
travers l’éducation, la socialisation et l’effort sincère, chacun doit essayer de se libérer des tendances négatives et anti-sociales pour son propre bien-être et pour maintenir la paix et l’harmonie dans la société. L’importance de la droiture dans la vie sociale est capitale car chaque individu est socialisé en internalisant les normes, valeurs et règles de la société. Sa conscience est dominée par ces facteurs de contrôle. Donc à chaque fois qu’il transgresse la loi, la règle, les normes, la moralité, sa conscience réagit et il se sent mal dans sa conscience. Il y a un conflit moral dans sa conscience qui chasse sa paix, son calme et son bien-être. Les enfants de Bala-Vikas apprennent cette formule très intéressante à propos de la droiture : S’il y a la droiture dans le cœur, il y a la beauté dans le comportement ; S’il y a la beauté dans le comportement, il y a l’harmonie dans la famille ; S’il y a l’harmonie dans la famille, il y a de l’ordre dans le pays ; S’il y a de l’ordre dans le pays, il y a la paix dans le monde.
Ainsi l’homme doit constamment se préparer, s’efforcer à agir de sorte qu’il n’entre pas en conflit avec la société et avec sa propre conscience morale. Chaque action, chaque devoir, chaque sacrifice qu’il fait doit être guidé par ce principe. Dharma, la droiture, est donc l’élément clé de son comportement qui faciliteArtha : l’acquisition et la gestion des biens et richesses à travers le travail, l’exercice d’un métier, Kâma : l’engagement dans la vie de couple, de famille, de société afin de s’épanouir socialement et sexuellement Moksha : la spiritualité, la réalisation de la vérité immortelle et absolue qu’est l’âme, l’être au plus profond de sa propre conscience.
La Bhagavad Gîta, qui est considéré comme un Dharma Shâstra, un guide spirituel par excellence, traite du Karma de la façon suivante : -Tu as le droit, la liberté de t’engager dans des activités (tu as le choix de, et le contrôle sur, tes actes), mais tu n’as aucun pouvoir sur les fruits de ton action,
de ton effort [car il y a bien des conditions indépendantes de ta volonté qui interviennent afin de produire les résultats]. Ne sois pas obsédé par les résultats égoïstes de tes actes pour te lancer dans l’action ; ne te décourage pas, en devenant frustré et inactif, si tes actes ne produisent pas les résultats escomptés. [2.47] -Dhananjaya ! Tes efforts et actes doivent être fondés sur le Yoga : la pratique éclairée de Dharma. Renonçant à l’anticipation et l’égoïsme [l’immaturité], tu dois demeurer calme et paisible. Serein au moment du succès et de l’échec ; c’est cette égalité d’humeur qui est définie comme le Yoga. (samatvam yoga ouchyaté). [2.48] -Il est certain que nul ne peut rester inactif même pour un bref instant ; car tout le monde est impuissamment poussé à l’action par des impulsions innées, générées par l’activité matérielle (prakriti-jair-gounaih). [3.5] -Donc, accomplis tes devoirs, fais l’effort nécessaire ; car l’engagement est supérieur à l’inactivité, la démission. En évitant l’effort, il est impossible de se maintenir en vie. [3.8] -L’action irréfléchie et immature enchaîne l’homme à de graves conséquences, mais pas quand il agit en sacrifiant ses impulsions égoïstes [avec maturité]. Donc, Kaunteya, accomplis ton devoir efficacement, libéré des obsessions en consentant à faire des sacrifices [à agir avec maturité]. [3.9] -Donc, accomplis ton devoir efficacement, sans obsession et de façon désintéressée. Agissant ainsi consciencieusement, l’individu atteint la dimension suprême de l’Etre [car sa conscience est claire, limpide, pure et transparente]. [3.19] Les Védas nous guident également à propos des devoirs et obligations quotidiens qui assurent la paix, le progrès et le bien-être. Considérons à présent quelques versets védiques à ce sujet. Mâtr devo bhava Pitr devo bhava Achârya devo bhava Atithi devo bhava
Une mère [mâtri] doit se conduire [bhava] de sorte que ses enfants la respectent comme un être de lumière [deva] et acceptent d’être guidés par elle ; Un père [pitri] doit avoir un comportement exemplaire pour qu’il puisse briller aux yeux de ses enfants ; Un précepteur [âchârya] doit projeter une image parfaite pour briller aux yeux de ses élèves ; Un invité [atithi] doit parfaitement se conduire pour briller aux yeux de ses hôtes et être respecté. Bhadram karnebhih shrinouyâma devâh Bhadram pashyem âkshabhir yajatrâh Sthirair angaih Toushtouvâgvam sastanoubhir Vyarshema devâhitam yad âyouh Ô forces supérieures [devâh]! Que nos oreilles se délectent à écouter ce qui est bon et auspicieux! Que nos yeux se délectent à voir des choses nobles et auspicieuses! Que les membres de nos corps demeurent fermes! Que nos corps restent robustes et en bonne santé! Que nous puissions avoir la bénédiction divine et vivre une vie remplie de joie et de bonheur!
Satyam broûyât priyam broûyât Na broûyât satyam apriyam Priyam cha nân-ritam broûyât Eshah dharmah sanâtanah Dites [brouyat] ce qui est vrai [satyam], dites ce qui est doux et plaisant [priyam] Ne dites pas une vérité déplaisante et blessante [apriyam]
Combien même plaisant [priyam] puisse être un mensonge [anritam], ne le dites jamais ! C’est ça l’enseignement de La Religion Eternelle et Universelle
Agne naya soupathâ râye asmân Vishvâni deva vayounâni vidvân Youyodhy asmat jouhourânam eno Bhoûyishthân té nama-ouktim vidhema Lumière sacrée émanant de la conscience éveillée [agni]. Conduit [naya] nous [asmân] sur le noble chemin [soupathâ] de Ta Grâce [râye]. Lumière immatérielle de la conscience [deva], Tu connais [vidvân] tous nos actes [vayounâni] dans le monde [vishvâni]. Détruit [youyodhi] en nous [asmat] nos vices [jouhourânam] et péchés [eno]. Encore et encore [bhoûyishthân], nous offrons [vidhema] à Toi [te] nos salutations [nama ouktim].
Saha nâv avatou saha nau bhounaktou, saha vîryam karavâ vahai tejasvi nâv adhitam astou mâ vidvishâ vahai Unissons-nous pour nous protéger mutuellement! Unissons-nous pour trouver le bonheur commun! Unissons-nous pour accomplir de grands oeuvres! Que notre étude soit brillante et réussie ! Que nous ne nourrissions jamais de haine !
Sangatchchadhvam sam-vadadhvam samvo-manânsi jânatâm Devâ bhâgam yathâ poûrve sanjânânâ oupâsate Ô citoyens! Vivez en harmonie et accord, en co-opérant les uns avec les autres. Parlez une langue commune et pensez comme un seul esprit. Tout comme les anciens sages, chefs et maîtres de l'humanité, accomplissez vos devoirs comme un acte d'offrande sans jamais flancher. Le Karma [l’action, l’effort, l’engagement, le devoir, le comportement] de l’humain sur la terre est crucial car l’équilibre de la nature et de la société dépend énormément du comportement et des activités de l’homme. C’est lui seul qui peut faire de sa vie et celle des autres et des générations futures un paradis sur terre ou un véritable enfer. Ainsi, associé au Karma est l’immense responsabilité des acteurs: la responsabilité individuelle et collective. La loi des causes et conséquences, aussi appelée la loi du Karma, reflète cette philosophie. Ce qui est semé en terre fertile produira inévitablement des fruits. Cela signifie que les graines de l’action semées par un individu dans le champs de l'activité humaine porteront inévitablement leurs fruits et que ce sont les humains en premier lieu qui les récolteront. Puisque l’individu ne vit pas seul dans sa société et dans la nature, les conséquences des ses actions affecteront inévitablement la société et la nature. Quelqu’un qui commet un crime n’est pas le seul à être puni car toute sa famille et les générations futures auront à faire face aux effets de son acte. De la même façon, quelqu’un qui a fait une découverte scientifique ne sera pas le seul à en tirer bénéfice, car toute sa famille, la société, le monde entier et les générations futures en profiteront. C’est vraiment absurde de limiter les conséquences de l’acte uniquement à la personne impliquée. L’homme meurt mais les effets de ses actes persistent dans le monde. La loi du Karma doit toujours être vue et comprise dans une perspective globale et trans-individuelle. La nature et le cosmos opèrent toujours dans une totalité. La théorie de la réincarnation et de la transmigration des âmes associée à la loi du Karma est une conclusion exagérée qui limite l’opération de la loi du Karma à la dimension individuelle. C'est une perversion de l'esprit et une abérration mentale. Quoi qu’il y ait une majorité de gens qui y croient car elle semble reposer sur une certaine rationalité, cela ne signifie pas qu’elle soit vraie. Il est plus plausible de comprendre que les effets des actions des humains se transmettent d’une génération à l’autre que de croire que la même personne doit renaître pour payer ou
jouir les fruits des ses actes. Afin de rationaliser cette théorie, les anciens ont été contraints d’inventer la théorie de l’immortalité d’une âme individuelle qui change de corps de génération en génération. Mais à quoi bon punir une personne qui ne souvient même pas de ses crimes ? En quoi cela le contraindra à se repentir et à se rectifier? Vraiment absurde! Bien comprendre le Karma signifie bien comprendre Dharma, Artha, Kâma et Moksha [pouroushârtha]. Dharma est en effet un code de la vie qui assure la paix et le bonheur, Artha consiste à bien comprendre le sens de la vie, Kâma est l’application éclairée du code, Moksha signifie l’illumination de la conscience qui cause la destruction [ksha] de toutes les illusions et perversions [moha]. L’élimination des illusions rapproche l’humain de la réalité et c’est au fond de la réalité que l’individu éclairé découvrira la Suprême Vérité de son être. Selon les Védas, la réalisation de la Suprême Vérité est le but ultime de la vie. Car la Suprême Vérité est Aum : l’origine, le substrat, l’essence, la substance, l’âme de la réalité. Dans le Râmâyana, Dasharatha signifie la pratique des dix vertus de Dharma, qui facilite la réussite des quatre buts de la vie. Dasharatha n'est-il pas le père de Râma, Lakshmana, Bharata et Shatroughna?