ÉVALUATION DES PREMIERS RESULTATS DE LA VACCINATION CIRCOVAC® DANS LE CADRE SON AUTORISATION TEMPORAIRE D'UTILISATION Auvigne V.1, Hérin J.B2. & Joisel F3. (1) EKIPAJ, 35760 Saint Grégoire (2) MERIAL SAS, 29410, Pleyber Christ (3) MERIAL SAS, 69007 Lyon
Introduction La Maladie de l'Amaigrissement du Porcelet (MAP) a été diagnostiquée pour la première fois en France en 1996. En 2000 le Circovirus de type 2 (PCV2) a été reconnu comme un facteur clé dans le déclenchement de la MAP (1). En octobre 2004, une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) a été donnée au laboratoire MERIAL par l'Agence Nationale du Médicament Vétérinaire pour CIRCOVAC ®, un vaccin inactivé contre le PCV2 destiné à la vaccination des truies et cochettes pour la réduction des manifestations de la MAP chez les issus par protection passive. Les premiers élevages ont été vaccinés dans le cadre de l'ATU à partir de novembre 2004. L'objectif de cette étude était de réaliser un premier bilan des effets de la vaccination sur le terrain. Matériels et méthodes Inclusion des élevages Les 26 vétérinaires praticiens ayant une ATU au 31/12/2004 ont été sollicités par courrier. Un total de 40 élevages a été proposé à l’inclusion dont 39 poursuivaient la vaccination. Ces élevages totalisaient 16000 truies (moyenne = 400). Pour être inclus dans l'étude, ces élevages devaient avoir au moins trois bandes issues de truies vaccinées abattues et les enregistrements techniques devaient être disponibles à la bande. Selon ces critères, quinze élevages ont pu être inclus dans l'étude. Les 25 élevages exclus l'ont été principalement parce que les données à la bande étaient inexistantes ou incomplètes (20 cas). Les autres causes d'exclusion étaient l'absence de transmission de données (3 cas) et une mise en place trop récente de la vaccination (2 cas). Les 15 élevages inclus correspondent à 14 troupeaux de truies (2 PSE d'une même maternité collective ont été intégrés) totalisant 4800 truies (moyenne = 340, médiane 150). La répartition géographique des élevages entre la Bretagne (7 cas) et les autres régions est représentative de la structure de l'élevage français. Ces élevages ont débuté la vaccination entre décembre 2004 et début février 2005. Inclusion des bandes L'évaluation de l'effet de la vaccination a été réalisée en comparant les résultats des 3 premières bandes issues de mère vaccinées avec ceux des 3 dernières bandes issues de mère non vaccinées. Dans un cas une bande intermédiaire (truies avec une seule injection) a été exclue. Les données demandées pour chaque bande étaient le nombre de sevrés, l'âge moyen au sevrage, le nombre de pertes en post-sevrage et en engraissement (données obligatoires), le poids en sortie de PS, les dates des abattages, résultats d’abattoir et les dates des pertes (données complémentaires). Ces données ont été traitées avec le logiciel EDIPORC® et les résultats calculés avec la fonction "Gestion Immédiate". Un nombre réduit de critères a été retenu pour limiter les comparaisons multiples. Ces critères sont le taux de perte en post-sevrage, le taux de perte en engraissement, l'âge standard à 30 kg et l'âge standard à 115 kg. Méthodes statistiques Pour chaque élevage les résultats ont été analysés à l'aide du test de Mann & Whitney en considérant la bande comme unité statistique. L'évolution est considérée comme significative si p<0,05 et avec une tendance significative si p<0,30 (Tableau 1). Ceci revient à considérer que les résultats sont significatifs si les trois bandes vaccinées sont les trois meilleures (ou éventuellement les trois moins bonnes). Au niveau global, les résultats moyens des trois bandes "avant vaccination" et "après vaccination" ont été comparés avec le test de Wilcoxon apparié. Facteurs intercurrents Des modifications de conduite d'élevage ou de contexte pathologique entre les deux périodes ont été signalées par les vétérinaires pour 6 élevages. Ce sont : une formule alimentaire moins sécurisée, un passage en génétique mâle piétrain (2 cas), l'apparition d'une pathologie digestive à E. coli, du cannibalisme important sur une bande et une modification du protocole de vaccination SDRP des reproducteurs. Résultats L'analyse globale (Tableau 2) montre une diminution significative (p=0,05) des pertes en post-sevrage entre les périodes "avant vaccination" et "après vaccination". Pour les pertes en engraissement l'amélioration est à la limite du seuil de signification (p=0,08). Aucune différence n'est mise en évidence pour l'âge à
115 kg. L'analyse n'a pas été effectuée pour l'âge à 30 kg du fait du peu d'élevages où cette donnée était disponible Pertes Pertes Age Engr. 30 kg PS
Age 115 kg
Amélioration significative
5
2
0
1
Amélioration tendance
2
4
0
2
Stable
5
8
5
2
Dégradation tendance
1
0
0
2
Dégradation significative
1
1
0
Donnée manquante 1 0 10 Tableau 1 : Classification des évolutions (en nombre d'élevages)
Pertes PS (%) Pertes Eng.(%)
n 14 15
Moy. -1.8 -1.5
Méd. -1.2 -0.5
Meilleure -8.4 -8.5
1 7
Moins bonne +2.9 +1.8
p 0.04 0.08
Age 115 kg (j) 8 -0.5 -1.0 -7.7 +5.6 0.84 Tableau 2 : Evolution des performances entre les bandes "non vaccinées" et "vaccinées" (les nombres sont négatifs en cas d'amélioration) Discussion Ces premiers résultats de la vaccination d'élevages avec CIRCOVAC ® montrent un impact significatif sur les pertes. Il est à noter que les élevages étaient partiellement vaccinés et que les truies avaient reçu seulement deux injections. Or, le titre en anticorps des truies, et donc l'immunité colostrale, augmente avec le nombre d'injections (2). Les indications cliniques fournies par les vétérinaires montrent que la réduction de la mortalité est liée à une diminution des symptômes de MAP, mais il n'a été possible de l'objectiver en l'absence d'information systématique sur les causes de mortalité. L'analyse des exclusions met en évidence la difficulté d’inclure les élevages en conduite à la semaine : seulement 2 des 14 élevages avec une conduite à la semaine ont pu être inclus. Dans ces élevages les mélanges de bande sont fréquents et les enregistrements ont rarement la précision suffisante pour retracer l'historique des bandes. L'étude a été réalisée sur une période courte (6 bandes successives) afin de limiter l'impact d’éventuels événements intercurrents qui peuvent rendre difficile l'interprétation des comparaisons historiques. Il serait cependant intéressant de réaliser des études complémentaires multicentriques sur des périodes plus longues. Il sera également nécessaire de disposer de données de croissance dans un plus grand nombre d'élevages afin d’améliorer la puissance d’analyse de ce critère. Enfin, on peut se poser la question de l'influence de la précision des enregistrements en élevage sur les résultats observés. Une note de fiabilité de l'information a été attribuée à chaque élevage. La fiabilité était jugée bonne quand les enregistrements en élevage ont pu être croisés avec les résultats d'abattage. Or, les résultats semblent meilleurs dans les 5 élevages où l'information a été jugée la plus fiable : les pertes en PS sont significativement améliorées pour 4 d'entre eux et il y a une tendance à l'amélioration dans le 5ème. Remerciements Les auteurs remercient tous les vétérinaires praticiens et Bernard Fily pour toute l'énergie déployée pour la collecte des données. Bibliographie 1- KENNEDY S. et al. J Comp Path, (2000) 122, 9-24 2- CHARREYRE C. et al., Proceedings of the ESVV Congress, Belfast, 11th13th September 2005, Belfast, Northern Ireland, UK Circovac is a registered trade mark of Merial SAS, Lyon, France