Voyageur qui descends par les chemins de France, Vers le midi sonore aux larges horizons, Où d’un rouge plus vif le couchant se nuance, Où s’accroche du ciel au faîte des maisons, Heureux de tes vingt ans et de ton allégresse, Voyageur attiré par les pays latins, Lorsque las de marcher dans l’orgueil des matins Tu rêveras du gîte et de la bonne hôtesse, Il est, dans un pays entre tous encensé, Une cité joyeuse au cœur des plaines vertes Où les portes pour toi seront grandes ouvertes Et qui t’accueillera de ses deux bras dressés. Cette ville où viendront s’endormir tes fatigues Tu la reconnaîtras à ses palais vermeils, A son fleuve grondant qui roule entre ses rives Pêle-mêle entassés des monceaux de soleil. C’est Toulouse ! Salue la vieille capitale ! Ses murailles de brique ont la couleur du jour Dans sa vaste poitrine ont battu tour à tour Le cœur du Languedoc et l’âme orientale. C’est Toulouse ! La sœur de l’antique Athénée, Toulouse dont le front est ceint de violettes La cité des guerriers, des sculpteurs, des poètes Où naquit Raymond Quatre, où Goudelin est né. Elle porte, superbe entre toutes les villes, Au sein de son blason la poésie en fleurs Et dans un hosanna d’immortelle ferveur Erige dans l’air bleu ses roses campaniles. Tu la reconnaîtras à ses chansons des soirs A ses jardins où l’eau miroite sous la roche A ses filles aux seins tendus, dont les yeux noirs Font déjà pressentir l’Espagne toute proche. C’est Toulouse ! Païenne et chrétienne à la fois Avec ses souvenirs que le passé colore Et son vieux Capitole et ses refrains patois, La ville de Pallas et de Clémence Isaure. Alors, ô voyageur désireux de la paix, Quand tu verras au loin sa première tourelle Un invincible amour t’emportera vers elle ! Quiconque l’a connue ne l’oublia jamais. Pierre Jalabert (1880 – 1968)