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Europe & France
Mardi 28 octobre 2008
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M Aubry et Royal profitent du faible élan de la campagne de M. Delanoë A dix jours du vote des militants, la maire de Lille est au centre des tractations. L’ancienne candidate à la présidentielle fait campagne auprès de la base
plaider en faveur d’un pôle Aubry-Delanoë. « Il me semble que – on verra bien l’ordre – Martine Aubry et ceux qui la soutiennent, et Bertrand Delanoë, sont tout à fait faits pour travailler ensemble à l’issue du Congrès de Reims », a-t-il jugé lors du « Grand-Rendez-vous Europe 1-Le Parisien-Aujourd’hui en France »
ans attendre le vote des adhérents, prévu le 6 novembre, le Parti socialiste se projette déjà dans les jeux d’alliances qui constitueront la majorité issue du congrès de Reims, du 14 au 16 novembre. Alors que la campagne de Bertrand Delanoë patine, malgré les appuis dont il dispose au sein de la direction, de l’appareil et parmi les élus, ses concurrents commencent à croire en leur capacité de s’imposer comme la principale force d’attraction. Laurent Fabius, partisan de Martine Aubry, a lancé, dimanche 26 octobre, sur Radio J « un appel au rassemblement » à destination de Benoît Hamon qui conduit la motion de l’aile gauche du PS. « Ses thèses sont très proches des nôtres », assure l’ancien premier ministre. Si M. Hamon n’exclut pas, sous réserve d’inventaire, un tel rapprochement lors du congrès, il n’est pas dit que ses alliés (Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon, Marie-Noëlle Lienemann, Marc Dolez) partagent ce point de vue. Certains privilégient un ralliement à Bertrand Delanoë, d’autres préfèrent rester autonomes. Par ailleurs, la main tendue de M. Fabius pose problème aux autres partisans de Mme Aubry, notamment aux strauss-kahniens réunis derrière Jean-Christophe Cambadélis, attachés « à une ligne résolument sociale-démocrate ». Tenté de pencher à gauche, l’alliage hétérogène que fédère la maire de Lille est aussi sollicité sur sa droite. Dimanche, Lionel Jospin est sorti de son silence pour
« Marques de nervosité » Ces appels autour de la motion Aubry ressemblent fort à la constitution d’un front « tout sauf Ségolène ». En décidant de « mettre au Frigidaire » ses ambitions de devenir premier secrétaire (à moins que le vote des militants ne l’incite à revenir en arrière), Mme Royal a destabilisé sesconcur-
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Carnets secrets : M. Jospin réclame une commission d’enquête L’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin a réclamé dimanche 26 octobre une « commission d’enquête » sur les activités de l’ancien directeur des Renseignements généraux, Yves Bertrand, dont les carnets secrets ont provoqué une série de plaintes au premier rang desquelles celle de Nicolas Sarkozy. « Le mieux est qu’indépendamment des procédures de justice (…) la majorité, dont le chef porte plainte contre M. Bertrand, et l’opposition (…), tous disent : “Il faut constituer une commission d’enquête autour du fonctionnement des RG pendant cette période.” », a-t-il déclaré lors du « Grand Rendez-vous Europe 1-Le Parisien ». « Ce qui m’importe, c’est que ces pratiques soient révélées, qu’elles soient condamnées absolument, qu’elles ne soient pas perpétuées », a ajouté M. Jospin, cité dans ces carnets. M. Bertrand a aussi déposé plainte après la publication, par Le Point, de ses carnets tirés du dossier d’instruction Clearstream.
rents. Alors que le parti résonne des passes d’arme entre M Delanoë et Mme Aubry, elle se tient à l’écart des combats de personnes mais fait activement campagne. Privée de l’appui de la majeure partie de l’appareil mais forte de sa popularité parmi les militants (et du soutien de plusieurs grosses fédérations comme les Bouches-du-Rhône), la présidente de la région Poitou-Charentes en dit le moins possible sur le congrès du PS lors de ses interventions publiques. Elle préfère se concentrer sur les enjeux de la crise financière, n’oubliant pas de gauchir ses propositions alors que la campagne radicale de M. Hamon rencontre un écho favorable chez les militants. Pour le reste, elle a confié à une équipe de quadragénaires, animée par Vincent Peillon, le soin d’occuper le terrain lors des assemblées générales. Ces derniers jours, une rumeur faisait état d’un rapport confidentiel rédigé par le jospiniste Gérard Le Foll, spécialiste des études d’opinions, mettant en garde le premier secrétaire sur l’existence d’un risque très sérieux de voir l’ancienne candidate virer en tête à l’entrée du congrès. L’émoi a été vif, contraignant M. Le Gall à apporter un démenti officiel. Pour sa part, François Hollande dénonce une « manipulation ». François Lamy, proche de Martine Aubry, s’efforce de considérer ces « marques de nervosité » avec détachement. « En réalité, chacun sait que la motion arrivée en tête devra forcément faire alliance et que ces alliances se noueront en fonction du vote des militants. Or, ajoute-t-il, absolument personne ne peut préjuger aujourd’hui de ce que seront les rapports de force ». A l’Elysée, où les joutes socialistes sont observées avec intérêt, on considère que l’éventualité de voir Mme Royal prendre le contrôle du PS doit être revue à la hausse. a Jean-Michel Normand
JUSTICE LES REPRÉSENTANTS DE L’USM SONT REÇUS À L’ÉLYSÉE
Nicolas Sarkozy se substitue à Rachida Dati comme interlocuteur de l’institution judiciaire L’ELYSÉE a pris la main sur les questions qui relèvent de la chancellerie. Nicolas Sarkozy devait recevoir, lundi 27 octobre, les représentants de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire et modérée) après la mobilisation du corps judiciaire, jeudi, contre la politique menée par la garde des sceaux Rachida Dati. Vendredi, le président de la République était intervenu de Pékin pour réclamer que le parquet général de Paris fasse une requête en rectification d’erreur après la libération d’un violeur présumé, suite à une faute de frappe dans une décision judiciaire. La chancellerie s’était contentée de demander un rapport sur les dysfonctionnements qui avaient conduit à cette libération. Selon Le Parisien du 27 octobre, le président a appelé sa ministre depuis la Chine pour la réprimander : « C’était à toi de demander au parquet de déposer une requête pour rectifier l’erreur de procédure. Ce n’est pas à moi de tout faire », lui aurait-il dit. Cette affaire intervient dans un contexte d’intervention croissante de la présidence. Sous la houlette de Patrick Ouart, conseiller PROCÈS
Fuite d’un accusé avant sa condamnation pour viol
Un homme qui comparaissait libre pour viol devant la cour d’assises de l’Hérault a profité de l’interruption de séance intervenue à la suite des réquisitions de l’avocat général pour fuir, vendredi 24 octobre, juste avant d’être condamné à dix ans de réclusion criminelle. Bruce Allaire, 31 ans, était jugé en compagnie de trois autres accusés – tous niant les faits – pour avoir drogué une étudiante et abusé d’elle en septembre 2005, a indiqué David Charmatz, substitut du procureur général de la cour d’appel de
pour la justice de M. Sarkozy, l’Elysée veille sur les nominations des postes-clés de la magistrature. Cet homme de l’ombre a gagné le rapport de forces qu’il entretenait avec la ministre de la justice, son influence grandissant au fur et à mesure que semblait se confirmer la disgrâce de l’ancienne « ministre préférée » du président. Les erreurs de communication et le manque de sens politique de la garde des sceaux ont élargi le fossé entre l’Elysée et la Place Vendôme. Plusieurs conseillers de M. Sarkozy évoquent désormais son remplacement à la chancellerie lors du prochain remaniement. Faute politique Sous la pression de l’Elysée et face à la colère des magistrats et des surveillants de prison, Mme Dati donne l’impression d’agir à contretemps. Une semaine après un meurtre entre détenus dans une cellule, elle s’est rendue à la prison de Rouen, pour suspendre deux gardiens – réintégrés trois jours après – et faire des annonces précipitées. Résultat : les syndicats de surveillants de prison se sont unis et ont même brièvement Montpellier. « Après les réquisitions, Bruce Allaire a dit à son avocat : “Je vais à l’hôpital, je ne me sens pas bien.” », a ajouté M. Charmatz. Il a alors quitté le tribunal. Mais il n’est pas revenu. L’accusé n’avait jusqu’alors « jamais défailli à aucune des journées de procès » et il s’était présenté à l’entretien préalable avec le président de la cour d’assises qui vise « à juger du risque d’évasion », a précisé David Charmatz. (-AFP). LOI ÉVIN
La publicité pour l’alcool bientôt autorisée sur Internet La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a annoncé qu’elle
menacé d’un blocage des prisons. Après le suicide d’un adolescent à la prison de Metz, les surveillants n’ont pas été inquiétés, mais les magistrats ont été interrogés en pleine nuit. Mme Dati s’est rendue sur place à la veille du congrès de l’USM, où elle a préféré ne pas aller. Une absence qui a été considérée comme une faute politique à l’Elysée. Dans un entretien au Journal du dimanche du 26 octobre, la garde des sceaux s’efforce de rectifier le tir. « Je rencontre des magistrats tous les jours, assure-t-elle. Cette semaine, je me suis entretenue avec les représentants des trois syndicats. » Des entretiens d’où ces derniers sont sortis en parlant d’« incompréhension totale » et de « dialogue de sourds ». « Je suis allée lundi à Metz pour dialoguer avec les magistrats », ajoute la garde des sceaux. Sans préciser que lesdits magistrats l’ont alors boycottée en brandissant des affiches : « Justice bafouée, démocratie en danger ». « Elle est dans la dénégation systématique de tous les problèmes qui se posent », commente le président de l’USM, Christophe Régnard. a Alain Salles
ne s’opposerait pas « à un amendement parlementaire » actualisant la loi Evin « en autorisant la publicité [pour l’alcool] sur Internet », dans un entretien paru dimanche 26 octobre sur le site Lefigaro.fr. « Les producteurs français s’inquiètent de la grande incertitude juridique qui entoure la vente d’alcool en ligne. Dans le même temps, les sites de vente à l’étranger, eux, prospèrent », observe la ministre. Elle juge nécessaire de « moderniser la loi Evin », mais avec des garde-fous en excluant notamment les sites dédiés à la jeunesse et aux activités physiques. (– AFP.)
CENTRE PREMIÈRE CONFÉRENCE NATIONALE DU MODEM
François Bayrou renvoie dos à dos le capitalisme et le socialisme C’EST Marielle de Sarnez, vice-présiden- l’élection présidentielle : celui de te du Mouvement démocrate (MoDem), l’opposant numéro un à la politique de qui a exhumé la proposition du candidat M. Sarkozy. Ainsi a-t-il balayé sans ménagement Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de « faire de chaque Français le proprié- « la tentative un peu burlesque de redorer le taire de son logement ». « Les ménages blason du capitalisme ». « Il n’y a pas beaufrançais sont aujourd’hui les moins endet- coup de chances que ça marche », a jugé tés d’Europe », regrettait-il alors, plaidant M. Bayrou. « Je regrette d’avoir à le dire à pour « changer les règles prudentielles l’actuel président de la République, a-t-il imposées aux banques et développer le cré- poursuivi, mais l’adhésion au capitalisme dit hypothécaire » sur le modèle améri- comme modèle de société est à peu près le cain. « Si le recours à l’hypothèque était contraire de ce que nous pensons, de ce que plus facile, les banques se focaliseraient nous voulons, de ce que nous espérons. » L’ancien candidat à l’élection présidenmoins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la tielle, qui dit « ne pas croire plus à la refondation du capitalisme qu’à celle du socialisvaleur du bien hypothéqué », ajoutait-il. François Bayrou ne pouvait trouver me », veut s’efforcer de faire émerger « un meilleure illustration du peu de crédit que projet humaniste ». Il entend repousser ce qui, à ses yeux, ressort d’« un lui-même accorde aux déclaramodèle de société inégalitaire et tions récentes de M. Sarkozy « C’est ce consumériste ». « Le bouclier fisappelant à « refonder le capitamodèle cal et la loi TEPA, ce n’est pas lisme ». Devant la première [américain] autre chose que cela », a-t-il réafconférence nationale du que l’on voulait firmé. S’emportant contre la MoDem, qui a réuni près de nous imposer volonté de « tout livrer à l’uni2 000 personnes, dimanche en France et vers marchand », il s’est élevé 26 octobre à Paris, il a une nouc’est cela que contre l’extension du travail du velle fois durement critiqué les nous avons eu dimanche, s’est dit en désacchoix du chef de l’Etat. Face à bien raison cord avec la privatisation de La une crise « d’ampleur séculaide refuser » Poste, s’est inquiété d’une réforre », M. Bayrou s’est dit « fier » me du lycée qui le ferait entrer d’avoir fait « de cette question du modèle américain un point de séparation dans la « culture du zapping » et a viveet de confrontation avec Nicolas Sarkozy ». ment dénoncé la prochaine réforme de « C’est ce modèle que l’on voulait nous impo- l’audiovisuel public. Un ton et un discours qui ne déparaient ser en France et c’est cela que nous avons eu pas dans cette salle de la Mutualité où les bien raison de refuser », a-t-il insisté. Moquant la « conversion socialiste » de ténors de la gauche, de toutes les gauches, M. Sarkozy – « ce qui doit bien faire rigoler ont connu leurs heures de gloire. Le du côté du Fouquet’s » –, le président du président du MoDem s’efforce, préciséMoDem s’est attaché à démontrer que les ment, de profiter d’une période où la gauactes politiques de son gouvernement che apparaît atone – à l’exception de son vont à rebours de ses discours. S’il se aile radicale conduite par Olivier Besanceréserve « la liberté d’approuver ce qui va not –, ou accaparée par ses querelles intesdans le bon sens », le député des Pyrénées- tines, pour marquer des points dans cet Atlantiques n’entend pas s’écarter du électorat. a sillon qu’il laboure inlassablement depuis Patrick Roger